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La sécuritéalimentaire est lepremier des enjeux socio-économiques dans lespays en dévelop­pement: plus de la moitié de leurpopulation se trouve confrontée au risque en matière d'ali­mentation. Contrairement à l'autosuffisance, qui n'en estqu 'une des parties constitutives, lasécuritéalimentaire est unfait socio-économique complexe. Elle nepeut être réduiteà l'un oul'autre des domaines qui la composent (production, approvisionnement et consommation),ladéterminent (politiques alimentaires,politiques micro - et macro-économiques) ou à l'actiondel'un ou l'autredes acteursquiY opèrent (individus, Etats, organisations nationales et inter­nationales). Depuis 1983, le Grand Programme" Maîtrise de la SécuritéAlimentaire" de1'Orstom aborde cetteproblématique demanièretransversaleetpluridisciplinaire, en coopéra­tion avec despartenaires nationaux et internationaux, suivant trois axesessentiels :-Analyse de lapau uretéet de l'insécurité alimentaire, ca l' les situations rencontrées dans lespaysen voie de développementdémontrent laforte liaison existant entre ces deux réalités.- Etudes et évaluation des systèmes d'information et observatoires, car l 'analyse et l'amélio­ration m éthodologique des moyensde mieux connaîtreet gérer la sécurité alimentaire sontessentielles dans uneproblématique dont lepremierterme est celui de " maîtrise ' .- Régulations des systèmes alimentaires des paysdu Sud en temps de crise, car la connaissancedes réactions des acteurs à des stimuliexternes, parfois non directement liés ct la sécurité ali­mentaire, estfondamentalepour la détermination depolitiques adaptées.

Rizières dans leKamataka en Inde :exigeantes enmain-d'oeuvre, ellesparticipent double­ment à la sécuritéalimentaire.

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MAÎTRISE DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ

Pauvreté et sécurité alimentaire en Asieplanète pour 70 % de la popula­

tion mondiale . Cet ensemble

g éographique n'est pas

homogéne : l'Asie du Sud, du

Pakistan au My anmar

(Ex Birmanie), regroupe encore

près de la moiti é des pauvres

du monde pour une population

qui re p résente enviro n 30% de

la population mondiale, alors

qu e l'Est connaît un e régress ion

sign if icative de ses n ivea ux de

pauvreté ab solus et relatifs.

L'in sécurité alimentai re

demeure un ph énomèn e de

masse au sein d 'un monde rur al

dans lequel paysans sa ns terre,

petits ex p loitant s et arti sans ne

produ isent pas suffisamment

pour leur autoconsommation et

ne disposent pas des re ve nus

leur permettant d 'acc éder

régul ièrement au march é. Ils

sont confron tés à un e vulnéra­

bilité périodique définie, de

façon plus complexe q ue la

"soud ure", par un e conjo nc t ion

dans le temps d'une multiplicité

de risques.

Doryane K ermel -To r res

Rizière enThaïlande.

L'Asie, qui a connu la plus

vigoureuse cro issance d e la

product ion alime ntaire par

habitant, bouscule le schéma

qui at t ribuera it à la seul e aug­

m entation d e la production

vivrière la solution des problèmes

alimentaires. En témoi gn e la

situation de pays exportateurs

de produits alimentaires ­

Thaïlan de- ou autosuff isants ­

Ind e, Indonés ie , Ph il ippin es­

dans lesquel s sous-alimentation

et malnutrition, globalement en

rég ression , touchent toujou rs

une partie de la population.

En ce qui con cerne les famines,

les pouvoirs publi cs ont fait la

preuve ces d eu x dernières

décenn ies d e leur capacité àmieux en contrô le r les risques,

à l 'e xc eption des "famines

politiques " des pays en guerre.

Le ca s de l'Asie illustre l'inter­

relation des fa cteurs qu i jouent

sur la sécurité alimentaire , en

particul ier l'inég ale di st ribution

des rev enus et d es fruits de la

croi ssance. L'Asie regroupe

près d e 72 % d es pauvres de la

Par sécur ité alimentaire, on entend lapossibilitéde disposer enpermanenced'une alimentationsu ffisante pour êtreenbonnesanté et mener un vie active.On se place donc du point de vue desindividus c'est-a-ciredans une visionmicro-économi quede l'alimentati on .Troisconditionssont essentielles pour per­mettre à une popul ation de senourrir :- queroureglobaledeproduitsalimen­taires, domestiques ou importés, soi tsuffisante pour répondre à lademande.- quecesproduitssoient disponiblesetparviennent aux ménages. par lebiaisd'un système de distribution approprié.De nombreuses con traintes peuventrendrecetapprovisionnementdifficile:isolement des régions de pr oduct ion ,manqued'infrastructuresrout ières et demoyens de transport , situaiions demonopole des commerçants etc.- que les ménages soient en positiond'acquérir les produ its souhaités. Ce laimpose à lafoisque lesproduitsmissurle march é correspondent auxhabitudesalimentai res et que les ménages aientdes revenu ssuffisantspour lesacheter.Ouand ces trois co nd itions ne sont pasremplies simultanément, l'insécuritéali ­mentaire peuts'établirsoitdefaçon chro­nique, lorsque les ménagesnepeuventde laçon permanenteachelerou produiredequoi se nourr ir, soit defaçon tem­poraire, comme conséquence d'unebaisse de la prod uclion agr icole, d'unehausse des prix à la consommation,d'une perte de revenu. Les famines sontlapire lorme d'insécu rité temporaire.Elles peuvent avo ir plusieursorigines:guerres, inondations, mauvaisesrécoltes,elc. Cependanl, en géné ral , ce n'est pas ,la chute de l'offre alimenta ire qui estcause de la fam ine, mai s la perte derevenuréel des ménages qui lesempêched'acheter lesproduitsdispon ibles

1/3 du revenu moyen , ou tous ceux quisont parmi les20%lesplusbasdans lahiérarchiedes revenus Cependant, déli­nir lapauvretépar le seul revenu paraîtdeplusenplusinsuffisant pourenexpri­mer toutes les formes. Pour ces raisons,on tendà mesurer la pauvrelé au moyend'indicessynthétiquesbaséssur lasalis­faction desbesoinsessentiel s(cf l'Indicede Développement Humain du PN Ll D).Par exemple, onprend ra encompte laprésencede déséquilibresnutritionnels,le niveau d'a lphabétisation , l'état sani ­taire, le typed'hab itat. etc

ASSURER LA SÉCURITÉALIMENTAIRE

PAUVRETE ET INSECURITEALIMENTAIRE

La défin ition la pluscourammentadmisede lapauvretéest une insuff isance derevenusempêchant de seprocurer lesbiens et services nécessairesà lacou­verturedes besoins fondamentauxPlusprécisément,onpeut dislinguer lapauvretéabsolue de lapauvreté relative.La pauvreté est dite absoluequand lerevenu est insu ffisan t pourachete r lepan ier de biens alimentairesqu i permetd'assurer unesu rviequotidien ne Ainsipour maintenir lecorps humainenétatde tonctionner, il faut consommer unminimum de 2 100ca lories par jour etpar tête (norme de l' Organ isationMondialede laSanté) Leseuil de pau ­vreté ab so luest alors déterminépar lemontant d'argent nécessai re à l'achat desproduits fournissant ceminimum calo­rique Dans la prat ique, la déterminationeffective de ce seu il pose de nombreuxprob lèmes méthodolog iques, cequi acondu it ce rtains chercheurs du pro­gramme " Maîtrise de la SécuritéAlimentaire" à rechercher et proposerdes indicateurs tel squ'unsala iremini ­mum entermes réels (nombrede calo­ries obtenues par heuredetravail), etnon plus monétairesOn parle de pauvreté re lative lorsqu'onsebasesur ladistributi on desrevenuspour déterminer leseuil depauvretéausein d'une populati on On abandonnnealors l'idéed'unenormeabsoluecommelaconsommati oncaloriquemi nimale .C'est lacomparaison avec l'ensembledesrevenusqui permet alorsdedéter­miner lelaitd'êt repauvreou non. Parexemple, onconsidérera comme pauvrestousceuxqui ont un revenu inférieur à

i, comme l'affi rment les statis­tiques, lesressourcesalimen­tai res sont globalement suffi­san tes ,sur notre planè te , poursatisfaire la demande del'ensemble des populations,

pourquoi lafa imexis te t-el leencore denosjours?Pourquoitant desous-nutri­tion ? Ces questions sont légi times etrenvoient direc tement auprob lèmedelapauvreté. Certainespersonnes,certainesfamilles on! unrevenu insullisant pourseprocu re r la nourriture nécessaire àleur survie. Il yaactuellement environ1,3 milliard de personnes dans cellesituati on sur les5milliardsd'habitan tsduglobe

QU'EST-CE QUE LA PAUVRETÉ?

O nSH>>! Ac r l l ,' L I T ES 17

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­III-ututoa

La sécurité alimentaire : une offre diversifiée correspondant aux modèles de consommation locaux.

Pour en savoir plus _Ouvrages collectifs du Grand

Programme " Ma ît r ise de lasécurité alimentaire"Le fait alimentai re: débats etperspectives - 1992 - Calvo E.,

Cou rade G. (éds) Revue Tiers­Monde, XXXIII: 725-871.La sécurité al imentaire à l'heuredu néo-libéralisme - 1991 ­

Courade G., Peltre-Wurtz J .

(éds), Cah. Orstom, sé r. Sci.Hum. 27, n01-2, 3-292.

Economie al imentaire: la purgelibérale - 1990 - Contamin B.,

Cou rade G. (éds.), Politique

Africaine, 37 : 3-82.

Nourrir les villes en Af rique au

Sud d u Sahara - 1988 - ALTER­

SIAL, CERED, MSA, Paris,

L'Harmattan, 421 p.

Terres, comptoirs et silos: des

systèmes de production aux

polit iques al ime ntaires - 1987 ­

Ker mel-Torres O., Roca P.J .

(éd s .) Ceget, MSA, Par is,

Orstom, 263p.

18 O R 5 T O M A C TU,H llf. .-;

Pauvreté et sé curité alimentaireRoch (J.) -1993 - "La faim, unfléau social " - La Lettre de l'UNI­CEF, n° 29, mars 1993.Kermel-Torres (O.) - 1992 - " La

faim dans le monde" - inEncyclopédie de Géographie.Economica. Par is. p. 779 -785.Peltre-Wurtz (J.) - 1989 -

Comida y pobreza. El testimonio

de doze familias pobres de

Quito - Orstom , Quito, 363 p.Kermel-Torres (D.) - 1989 ­

"Sécurité, auto-suffisance, auto­

nomie : la stratégie alimentaire

de l'Inde" - Economie rurale 190 :

27-31.

Franqueville (A.), Laure (J.) ­

1988 - "Malnutrition et pol itiques

agro-alimenta ires en Bolivie".

Cah . Orstom Sei. Hum. 24 - 2:199 -211. Paris

Laure (J.) - 1987 - Les paysans

et la crise - INAN /Orstom. La

Paz , 320 p.

Systèmes d'information

Minvielle (J.-P .) - 1994 - " Le

QUOI et le COMMENT de l' infor­mation pour la gestion des poli­tiques alimentaires en Afrique" ­Canadian Journal of African

Stud ies/Revue Canadienned'Etudes Africaines 28-2,M invielle (J.-P .) -1993 - "L' infor­mation sur les prix en Afrique de

l'ouest" - STATECO 74: 5 - 24.M invielle (J.-P .) -1990­

Problématique régionale et har­

monisation des systèmes

d 'information sur les marchés.

Le système EMA : vers des cen­

trales d' information nationales

et régionales - Commu nicat ion

au colloque CILSS /Club du

Sahel sur les "Systèmes d' infor­

mation sur les marchés céréa­

liers : mise en oeuvre et impact

sur les po liti ques céréalières" ­

Avril 1990 - Bamako.

Régulat ions des systèmes

alimentaires

Chaléard (J .-L.), 1994 - " Temps

des villes, temps des vivres :l'essor du vivrier marchand enCôte d'Ivoire". Thèse deDoctorat d'Etat en Géographie.Par is X Nanterre, 1045 p.

Courade (G.) sous la directionde, 1994 - Le village camerou­nais à l'heure de l'ajustement,Paris, Karthala, 410 p.

Courade (G.), Peltre-Wurtz (J.),

1991 - "La sécurité alimentaire àl'h eure du néo-l ibéralisme". Cah.

Orstom, sér. Sei , Hum . 27 (1-2) :

3-13.

Cou rade (G.), 1990 - "Peut-il y

avoir des po lit iques d'autosuffi ­

sance alimentaire? ", Politique

Africaine, 39 ("L'Afrique

Autrement "): 79-97.

Courade (G.), 1989 - " Le ri sque

d'insécurité alimentaire: de

l'i mprudence écologique au

démantèlement de l'Etat-provi­

dence. " ln Eldin et Mi llev ill e

(éds.) : Le risqu e en Agriculture,Pari s, Orstom: 575-597.

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MAÎTR ISE DE LA SÉCUR ITÉ ALIMENTAIRE : LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ

Pauvreté et sécuritéalimentaire en Amérique latineEn Amérique latine, la mesure de

la pauvreté est normalisée et lecoût du panier alimentaire

nécessaire à la survie familiale

fait part ie des statistiques régio­nal es, urbaines et rurales de la

plupart des pays. Cette norme

est l'un des outils qu i permettent

de classer et comparer, mais

elle n'aborde pas le contenusocial de la pauvreté et laisse le

champ libre aux études régio­

nales. En Amérique centrale, un

indice simple des possibilités

d'accès à l'alimentation est uti­lisé par le programme "Maîtrise

de la séc uri té alimentaire" : le

pouvoir d 'a chat en termes réelsdu salaire min imum. Les pr ix des

biens alim entaires ou des diffé­

rents types de calories y sontexprimés en temps de travail

payé au salaire minimum. En éli­

minant les aspects monétaires,

cet indicateur facilite les compa­

raisons entre pays. En Amériqueandine, les recherches sur la

c onsomma tion alimentai re en

mili eux ru ral et urbain révèlent la

relat ion directe qui existe entreca ren ces nut rit ionnelles, dénu­

trition infanti le et pauvreté tantéconomique que sociale, cette

dernière étant , en particulier,

mesurée par le niv eau de la sco­

larisation.

ELABORER UNE STRATÉGIEALIMENTAIRE

Les stratégies alimentaires ont pour butdelutter cont re ces états d'insécuritéper­man enteou tem poraire, en veillant àassurer desdisponibilitéssuffisantes enproduitsalimentaires et unaccès àcesprodui ts pour rou les les catégories depopulations. Il s'agit là plus d'une visionmacro-économiquede l'alimenta tion.Comme ce sont lespauvresqui souf­frentleplus del'insécuritéalimentaire,il estclair qu'i l yaconvergen ce en tre lalutte contre lapauvre té et la recherchede la sécuri té alimentaire. Ainsi lesstra­tégiesalimentaires s'in tègrent-ellesdansunestra tégie gl obalede lutte contre lapauvreté .

Une des pr éo ccupations des

ch ercheurs est d'identifier les

réalités sociales qui se cachentderrière ces no rmes budgé­

taires et nutritionnelles de lapauvret é. La précarité est le

con cept dominant qui apparaît

au lo ng d 'enquêt es qualitatives,

mont rant un e réalité quoti­

di enne d ifférente des normes

gén éralement admises: lespaniers al im entaires familiaux

s'avèrent plu s réduits et les

dép enses liées à l'endettement

plus élevées. L'existence derev enu s faibl es et diffus,

dépensés dan s l'urgence sans

conscienc e d 'avoir été gagnés,est l'une des caractérist iques

les plus préoccupantes de cessituations ext rêmes : un salaire

fixe, même mis érable, permet

de gérer vi e matérielle et

sociale , alors que des revenusrares et imprévisibles empê­

chent to ut projet, si limité soit ­

il. La pauvreté recouvre alors

deu x ré al it és bien différentes:

passer d e la pr écarité à la régu­larité p erm et d e prévoir, de

mieu x maît ris er . Ce passage estess enti el. Au x experts de ne

pas l'occulter !

Jacqueline Pelt re-WurtzAndré Franque vil le

Ces stratégies visent àassurer un équi­libreentre l'offreet lademande depro­du its alimentairesdans lelong terme.Elles peuvent êtreintégrées au sein deprogrammes d'ajustement structu rel*pour tenter de cor rige r l'effet de ceux-cisur l'ali mentat ion desménages les pluspauvres.On agit sur l'offreen augmen tant lapro­du ct ion par l'amél ioration de l'efficac itédomestiqueetde lacompétitivité inter­nati onale du système agricole. Oncherche àaugmenter laproductivitéenagissant sur les fac teurs de prod uction(par exemple, en favorisant lamécan i­sa tion et l'utilisation d'int rants chi ­mi ques) ou sur lesmotivalions des pro­ducteurs (par exemple, enaugmentantles prixà laprod uc tion, ou l'accès au

crédit) . On favorise les importationsdesubstitution par laproduction domes­tique. On s'appuie alors sur les lois dumarché en élabl issant lavér ité des prixtout enfavorisant l'initiative privée.Onagi t sur lademandeen baissant lesprix à la consommationde certainspro­duitsou en augmentant les revenus. Lesmesuresd'ajustement ont un effet sur lademande de produitsalimenta ires desménages. Ces derniers voient eneffe tleur revenu diminuer en fonction despo litiques budgétai res (hausse desimpô ts el taxes, suppressiondes sub­venti ons), des hausses des prixdes pro­duits alimenta ires, eldes changementsoupertesd'emploi qui peuvent survenir.Ils peuvent, en co nséquence, être ame­nésà modi fier leurshabi tudesen rédui­sant la consommationde certains pro ­duitsou en effecluanl des substitutions.L'aidealimentai re extérieure est un élé­ment impo rtant de ces stra tég ies.Cependanl, siellepermetà courl termedepall ier une pénurie d'offre de produ itset de répondreà lademande, elle peutent raîner à moyen terme des effets per­vers,susceptib les de compromettre leséq uilibres.

Il convient.enfin,denoter quedenom­breuses mesures, mises en placedansle cadredes programmes d'ajustementstructurel , ont des effets indirects, tantsur l'offrede produits alimentaires quesur leur demande. C'est le cas desdéva­lua tionsmonétaires, des réformesde lafiscal ité ou des rest rictions du créd it,dont leseffetssur la sécu rité al imenta ire,pasloujours facilesàévaluer, sont géné­ralement considérés comme négatifs.

Jean-Luc Dubois

Vendeur de céréaleset d'épices en Inde: la

sécurité alimentaire,c'est aussi ètre en

mesure d'utiliser lesépices traditionnelles

pour cuisiner.

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SYSTEMES D'INFORMATION ET OBSERVATOIRESDisposer de produitsalimentaires, c'estbien, mais encorefaut- il s'armer depatience avant de semettreà table.Pilage du pitiml (mil)en Haïti.

L'ALIMENTATION,LIN FAIT SOCIO-ÉCONOMIQUE

GLOBAL...

Durant la décennie 80 d'importanlschangements sont intervenus dans letrailement de laquestion alimentaire.Sur le plan analytique, leplus tonda­mental aété, dès la fin des années 70,le passage du concept d'autosuffisanceàcelui de sécurité alimentaire. Déliniepar la FAü comme étant la "garantie pourtous el àtout moment d'un accès aussibien physique qu'économique à l'al i­mentation de base nécessaire", celte

nouvelle approche allail dorénavant au­delà de la seule prise en considérationdes secteurs productifs agricoles natio­naux En intégrant dans les déterminantsde la sécurité alimentaire, les paramètresde l'environnement général (marchésnationaux et internationaux, caractéris­tiques de lademande, solvabilité desconsommateurs, niveaux de revenus),elle révèlail une nouvelle vision dumonde et de nouvelles perspectivesd'action, cohérentes avec lecontextegénéral de libéralisation des économies.Celte évolution s'accordait, sur le planpolitique, au déploiement de l'option

libérale généralisée, avec la mise enoeuvre des Programmes d'AjustementStructurel. L'option interventionnistepour sa part, formalisée dans le conceptde Stratégies Alimentaires, qui faisaitappel aux interventions publiques, nedevait pas survivre aux désengagementsdes Etats

... QUI NÉCESSITE UNE INFORMA­TION COMPLEXE

Dans ce contexte, tant du point de vueanalytique que politico-économique,l'information devenait indispensable

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MAÎTRISE DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: LE DÉFI DE LA COM PLEXITÉ

pou r lapréven tiondes crises, la com­préhension de l'économiealimenta ireet , plus généralement, l'analyseet lagestion de lasécurité alimen ta ire. Cettevisionélarg ie du prob lèmeimposait laconceplionet laréalisalion denouveauxinstruments d'inlormation, systéma­tiqueset permanents, ca ractérisés parune grande diversité d'objectifs, deméthodeset de dénominations, corres­pondant aux différents champs de lamaîtrise de lasécuritéalimentaireCe lte maürise s'exerce à différentsniveau x,allant des interventions spéci­fiques et pon ctu elles de gestion descrises alimenta ires localisées dans letempset l'espace(FAO, PAM )aux poli­tiques macro-économ iques de laBanque Mondiale en passant par lesactions intermédiaires de recherched'équilibres régionaux (France, ACDI ,CEE)Ce contexte iusftrait l'ouverturepar leGrand Programme d'un axe derecherchesur lessystèmesd'info rma­tion et les ob servatoires pour lamaî­Irisede la sécuritéalimenta ire.Cet axe aborde lessystèmesd'informa­tionsu ivant lesdeux grandes catégoriesque so nt d'une part la gestion desurgences (crisesalimentairesellami­nes).d'autre part lagestiondu moyenterme

GlossaireAj ustement structurel : politi queéconomique libéra le mise enoeuvre par les Etats sous lapression des créanciers interna­tionaux pour rétablir les grandséquili bres (recettes/dépenses,exportations/importations, ser­vice de la dette/recett es) etcomportant restrictions budgé­ta ires, retrait de l'Etat et relanceéconomiq ue.

Protec t ion sociale : système decouvert ure des risques indivi­

duels (famille, maladie, retraite)et sociaux (chômage, pauvreté)utilisant une panoplie de méca­nismes de transferts, de com ­pensations ou de prise en

charge reposant sur l'assu­rance , l'assistance, la pré­voyance et la solidarité. Si le

système européen repose surl'Etat (Etat-providence), il

LES CRISES ALIMENTAIRES :LE COUPLE

PRÉDICTIONlPRÉVENTION

Depuis lemilieu desannées80,avec lamiseen oeuvredes Systèmes d'AlertePrécoce, desprogrèstrès importantsontétéaccomplis dans laprédiction descrises alimentai res. Ces SAPont faitl'objet de reche rchespoussées, menéesdans des directions diverses (ind ica­teursnutri tionnels, économiques ,agri­co les, utilisésseulsoucombinés),ainsique de réali sationsconvaincantessur leterrain . Cepen dan t ces indi scutablesavancéesdelapréd ict ionn'ont pas étéaccompag nées deprogrès identiques enmat ière de prévention, ce qui aconduitcer tains chercheurs à lier leursrech erches méthodolog iques sur lessystèmes d'information à ce llessur leuradéquauonauxsystèmesdedécisionqu'ilssont censés alimenter.Un desaspectsdu problèmerésidedansle fa it que , dans ce doma ine de la ges­tion descrises, les processus de déci ­sionnécessitent une info rmationréunis­sant deux qualités diflicil ement conci­liables •rapiditéet précision Les sys­fèmes d'alerte les plus sensibles repo­sent sur des appréc iations qua lita tivesdes indicateursde care nce . su ivi nutri­ti onnel ou médical des populations, esti-

dépend en Af rique, de la famillede moins en moins la rge(fami Ile-providence).Marc hé : dans le discours libé­rai, le Ma rché (avec un grand M)est supposé par le simple jeu del'o ff re (produc ti on) et de lademande (besoins solvables àsatisfaire) permettre la satisfac­tion de s besoins alimentairesde chacun. L'ensemble desménages et intervenants sontsupposés ne suivre que leurintérêt et réag ir mécaniquementaux prix dans un systèmeconcurrentiel si bien que lesinterventions étatiques sont

perçues comme des "distorsions".Les "imperf ections" tou tefois dece marché abstrait sont si nom­

breuses dans le domaine ali­mentaire (info rmation insuffi­

sante, co ncurrence tro nquée,

mations des disponibl esalimentaires,etc. Dans ce domaine dél icat, tant po urlesagencesinlernati onalesque pour lesgouvernementsnationaux,manqueal orsl'objectivitéaccordée aux évaluationsquantitatives : l'informati on n'est pasneutre, ellees t toujours soupçonnéed'êtremanipulée. On peul par ailleursestimerque, au de là de lasimplealerte,les SAPdevraien t également formu le rdes propositi ons de réponse aux crisesdécelées : qu els produi ts, en quell esquantités, à livrer oùet quand ?Faceàcela, les messages simples et intelli ­gibles proposéspar lessystèmesquan­titatifs apparai ssent,aprio ri,plus objec­tifs et plus lacilement ulilisables par lesdécideurs: un bilan alimentai re met tan ten rel at ion prod uction, popu lat ion elnormesdeconsommation,devrait four­nir immédiatement uneréponsechiffréede l'éventuel déficità combler. En fait,ces indicateursnepeuvent être calculésqu 'avec un retard leur enlevant unegrande partie de leu r ulilitéDe plu s, le ur précis ionest gé né ra le­ment insuflisantepour uneutilisationstatistiquement pert ine nte . les inter­valles de confiancesont souvent telle­ment importantsque, danscerta ins cas ,ils ne permettrai ent mê me pas de dif­férencier avec cer titude un défici t d'unexcédent.

etc .) que sa mise en oeuvre neproduit que rarement les effetsqu'en décrit la théorie.Dé- régu lat io n : arrêt des inter­ventions de l'Etat et rétablisse­ment du marché par éliminationdes distorsions de toutesnatures comme les subventionsaux aliments consommés parles plus défavorisés."Mai n invi sib le" : Notion clas­sique définissant le principe del'économie libérale pure où la loide "offre et de la demanderégule le marché des biens etdes revenus sans interventiond'aucune autorité. Cette notion- ou ce postulat- s'oppose auprincipe d'une économie plani­

fiée ou d'une économie libéralekeynési enne où l' état stimule lemarché pour des actions àcaractère social.

Quito - EquateurMercedes nettoye unemarmite près du tuyau

d'arrivée d'eau .Derrière elle, un saccontenant des bou ­

teilles plastiquesramassées dans les

poubelles et lesdécharges à vendre

à des ramasseursspécialisés.

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Céréales et unités demesure sur unmarchéhaïtien : à chaquecéréale correspondune unité demesurepropre.

Quito· EquateurRamassage des cartonset des plastiques surune décharge (Navidad,Alicia, Luz et aupremier plan Ramon,un petit trisomique).

22 O RS TO ' 1 A CT UALITÉS

LA MAITRISE DE LA SÉCURITÉALIMENTAIRE: LE DÉFI

DE LA COMPLEXITÉ

Lamultiplication des sources d'infor­mation aamené un accroissement consi ­dérable du vo lume d'information créé,maisaussi , en conséquence immédiate,unedoubleinterrogation.Toutd'abord,sur lapertinence et l'uti lité réelle de tellesmasses de données hétérogènes et lapossibi lité de les articu ler dans desschémas d'analyse appropriés. Ensuitesur la nécessité de coordonner ces mul­tiples initiatives pour en optimiser lesrésu ltais. Lesanalystes de l'économiealimentairesont ai nsi conf rontés àdiversprob lèmes.Au niveau de lacréation d'info rmationelle-même, il s'avère que des résultatscontradictoires obtenus sur des variablesapparemment semblables (prix ou éva­luat ionsde productionpar exemple) ,pardes définitions divergentesdes catégo­rieséconomiques étudiées ou par desimpossibilitésméthodologiquesde com-

LA NÉCESSITÉ D'UN EFFORTPOLITIQUE ET INSTITUTIONNEL

POUR LA RÉALISATIONDE SYSTEMES D'INFORMATION

INTÉGRÉS

On constate, à de très rares exceplionsprès, qu'il manque au xdivers systèmesd'information mis en oeuvre lacoordi ­nation nécessai reavec les sys tèmes dedécision. les choix des données à récol ­ter et des informations à produire, end'autres termes de l'offred'information ,sont généralementenecluésde manièreuni latéraleàpartir d'une demande sup-·posée. Dans ce contexte de carence dedialogue, ilest peuétonnant qu'offre eldemande d'information ne se rencon lrentpas toujours Comme l'ont bien montréles travaux menés au Bénin en 1991,cette déconnexion entre systèmesd'information et sys tèmes de décis ionne peut conduire à laco nstitu tion dessystèmes de gestion efficients.Parallèlemen t, su r leplan institutionnel,lamultip lication non coordonnée desintervenants dans lacréation d'informa­tion s'avère extrêmement coû teuse. entempsetenargent : l'absencede mise encommundesacquisméthodologiques,ladiffusion réellefaible, voireinexistante,des résultatsobtenus, lamauvaise iden­tification des prob lématiques et desobjectifs , conduisent trop souvent à lamise en oeuvre de nouvelles enquêtespour chaquequestionspécifique.Il est désormaisadmisque la maîtrise de

paraison desdonnées en tre el les, au lieu la sécuritéalimentaire, en Alrique ded'améliorer l'intell igibilitédes phéno- l'Ouest en particulier, doit être envisagéemènes étud iés peuvent avoir des effets au niveau régional (e nsembles de plu-contraires. Au niveau scientifique, la sieu rs pays) Al'heureactuelle, lorsquepolymorphie de l'objet étudié rend le politique interpelle les Systèmesnécessaire la mise en œuvre c'ap- d'Information sur les Marchés, on se rendproches allant de l'anthropologie des compte que ceux-ci , par la diversité desréseauxmarchands aux études statis- approches nationales, de leurs rné tno-tiquesdeprix,enpassant par lasocle- dologies et de leurs probl émati ques, neéconomie des filières de commerciali- permettent pas les ag régat ions néees-sat ion. Il en découle d'évidentes sai res à l'analysed'ensemb les plurina-comp lexités analytiques jusqu'à ce jour tionaux. Plus ou moins bien armés pourmal maîtrisées : si dans les systèmes les études des marchés nationaux, ilsexistants lacréation d'information de . apparaissent démunis face à l'étude dubasenepose pas de difficultés maieu- marché régional et international.res, les plus importantescarences se Ens'appuyant sur les acquis de lader-manifestent au niveau de l'analysedes nière décennie, il devient désormai sdonnées et de leur structu ration en infor- urgentde repenser ces systèmes d'infor-mations syn thét iques pou r l'aide à la mations et leurs complémentar itésfacegesti on et la décision .Au niveau métho- àune problématiq ue delamaîtrise de ladolog ique enfin, on se trouve confronté sécurité alimentaire qui implique nonaux difficultés de l'harmonisation des seulement l'amélioration des connais-concepts et des méthodes et de l'emool- sauces, maiségalement l'amé liorationtement deséchellesentre lesdiffé ren ts des moyensd'action.niveaux locaux, nationaux et internatio-naux. Jean-Paul Minvielle

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MAÎTRISE DE LA SÉCURITÉ ALIM ENTAIRE : LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ

Les systèmes d'information pour la sécurité alimentaireBien que les frontières ne soi ent

pas toujours clairement défin ies

entre les différents types, lessystèm es d'information intéres ­

sant la sécurité alimentaire peu ­

vent être regroupés en qu atre

grand es catégories. Les tro ispr emi ères concernent les sys­

tèmes créant de l'informat ion

primaire, la quatrième ce ux cen­tral isant et traitant de s données

issues de différentes sourc es

prim aires.- les Syst èmes d'Alerte Préco ce

(SAP) ont pour fonct ion la ge s­t ion des crises alimenta ires. Ilscr éent de l'information conjonc­

turelle à très court term e (d is ­ponibilités alimentaires immé­diates, ét at nutritionn el despopul ations). Leur efficac ité

dépend essentiel leme nt de leurrapi di té de réponse . Ils peuvent

êt re mis en oeuvre sous des

modal it és très diverses, parex emple par des institut ions

nat ionales, des coordinations

d'institutions ou des organisa­

tions non gouvern em entales. Ilen résulte une large gamme de

méthodologies q ui , de l'agrono­mie à la méd ec in e , a ll ien tap proches qu al itat ives et quan­titatives. On en trouve desexemples da ns la plupart des

pays du Sah el.- les Systèmes d 'Information sur

les Marchés (SIM) sont fo calisés

sur trois c omposa nte s de la

sécurit é alimentaire : la disponi­bilité des produ its, leur c irc u la­

tion et leur accessi bi lité (phy­

sique et éc onomi que). Ils

produisent à la fo is de l'informa­tion conjonctu relle (prix, quanti­

tés échangées) et de l'informa­

tion structurelle de moyen terme(circuit s et fili ères de commer­cial isation) . En raison de leur

ouverture géograph iqu e et th é­

matique, ils sont souvent orga­nisés sur un e base pluri -institu­

tionnelle.

- les Observatoires s'attachent

à la compréhension générale de

l'économ ie alimentaire et de son

évolu ti on à moyen term e. Pourcette rai so n, la com po sa nte

rech erche y es t plus importante

qu e dans les catégories pr écé­dentes .- les Systèm es de Coordination

de l'Information (FEWS de

l'USAID, SMIAR de la FAO) cou­vr ent des ensembles de plu­

si eurs pay s. Ils co llec tent géné­

ralem ent des données primaires

c réées par d 'autres systèmesou ins ti tut ions nationales qu' ils

tr aitent et st ruc turent afin de

gén èrer une information norma­lisée, homogène dans l'espac e

et dans le temps.On pourra trouver un exemple

d 'appu i du Grand Prog ramm eMaît rise de la Sécurité Alimen ­taire à la réal isation d 'un sys­

tèm e nat ional d 'informat ion sur

les pri x au B én in d an s le

numéro 37 d' ORSr OM Act ualités.

Jean-P aul Minvlelle

Quito - Equateu rNatividad prépa rant

son repas dans sacabane de planches,

sa fille Gladys installéesur son dos du matin

au soi r.

............................................................................................................................ .........................................................................................................

Une aire de battage duriz et du ragl dans le

Kamataka, en Inde : laplupart des t ravaux

sont encore faitsmanuellement et rétri­bués pour certa ins enproduits alimentaires.

FAIRE FACE À L'INSÉCURITÉALIMENTAIRE

LA RESPONSABILITÉDES SOCIÉTÉS ET DU POLITIQUE

De la famill eà l'en semblede lacom- L'abandon detechniques fiables, commemunauté inter nationale, l'offre et la lapratique du stockagefamilial dans cer-demande al imentaires ne s'ajustent pas, laines régions africaines pour faire facedans l'espace el dans letemps, par la audéfi cit céréalier de lapériode de sou-seulegrâcedela"main invisible'". De dureent re deux récoltes, tra nsfère lamoins en moins de ménages, même charge de la sécurité alimenta ire àdans les zones enc lavées des nations d'autres instances. Là où les condit ionspauvres, vivent de leur propre produc- de production sont précaires, la vigilancelion vivrière(au to-subsistance), et l'on s'impose donc sur le plan local , natlo-sait que les rai sonsdes grandesdisettes nal ,voireinternational.Elle fait souventet famines actuel lessont rarement natu- délaut.relie s. L'interventiondes Etats aété detous temps nécessaire pour garantir desapprovisionnements régul iers et suffi­sants comme l'ont montré lesempiresch inoisou romain . Lesca lamitésnatu­relles sont connues et souvent prévi­si bles . les systèmes d'a ler te précoces(en cours de per fectionnement) per­mettent de mobi liser des moyens per­linents pour fa ire face, en complémentdes techniques deprévention pratiquéessouvent par lespopulationsenpareillesituation.

LES REGULAnONS DES SYSTEMESALIMENTAIRES DES PAYS DU SUD

EN TEMPS DE CRISE

Quanti tativement, la production agrico leexcédenta ire de quelquespays pourraitnourrir les pays déficitaireselles popu­lationssous-alimentées nonsolvab les.Au se in d'une même ramille, chaquemembre n'apas un accès tou jours équi­table au plat fam ilial, si bien que descarences, des insuffisances ou des casde malnutritionsont observés. Denom­breuses populationsruralesou urbainessont , dans bien des lieux, dépendantespour leur al imentation des transferts derevenu s, des distributi onsexception­nelles ou régulières de vivres et detoutes les formes de so lidarités qui seman ilestent dans les sociétés . L'insé­curi té alimentai rese manifesteà diverseséchelles (famille, village, région ,groupedéfavor iséou physiolog iquement vu l­nérable).Elleconstitue la preuve du dys­fonctionnement du système al imentaireplanétaire, un exempleenest l'approvi­sionnement rizicolede l'Afriquesub­saharienne par l'AsieduSud-Est.

OR5 T O"1 A CT UA LI T ÉS 23

Page 10: Dossier : Maîtrise de la sécurité alimentaire : le défi de ...

...-ututoA

Quito - EquateurLes enfants des"basureros" (ceuxqui cherchent dansles poubelles et lesdécharges) surle terrain de travailde leurs parents.Ils vivent pieds nusau milieu desdétritus.

24 O R ' T ( ) '" A('TUA I III ,

La sécuritéalimentaire : une

offre adaptée auxcapacités écono­

miques desconsommateurs.

'1- '\ \\

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MAÎTRISE DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ

Seguridad alimenlaria, un problemacomplejo

Le projet OCISCA : réseau d'Observatoires du Changementetde l'Innovation Sociale au Cameroun

Il en résulte que la sécurité alimentaire,d'agronomique avant la révolution géné­tique (mis au point de variétés à hautpotentiel de production, en milieucontrôlé), est devenue une question éco­nomique dans le contexte d'une crois­sance portant production, revenus etconsommation vers des sommets. Elle

La seguridad alimentaria es elproblema mas grave al que seenfrentan los patses en vias dedesarrollo, donde mas de lamltad de la poblaci6n se veamenazada por la desnutrici6n.Desde 1983 Orstom lIeva acabo un extenso programapara combatir este problema.Seguridad alimentaria significacontar con los medios necesa­rios para procurar una alimen­taci6n que garantice una vidasana y activa. No es 10misrnola seguridad alimentaria que laautosuflclencla en alimentos,puesto que hay gente que sutrehambre en paises dondela producci6n de alimentoalcanza para todos. Por otraparte, son cada vez menos lasfamilias que viven de su proplaproducclôn de viveres, inclusoen las zonas rurales mas aleja­das; hoy en dia el numero depersonas que dependen deimercado para su alimentaci6nes cada vez mayor, siendo que,pol' 10general, el hambre no sedebe a fen6menos naturales,slno a la pérdida dei poderadqulsltlvo.Mipues,là seguridad alimen­

~~riaêsùrtaprClëfetn~~!~~rnûl­~iple.queinvolucralaproduc-

"{ei6n Ycêf'm.ercâdO d~Clferta"{!~ce~tivo~para Iôs produë­tdrés,sistetnas viables de pro­

} ; ladistribuci6n (pro~

â's de mOrlopoHzaci6tfdéproduct~5 ' âlîmenticios',

l'ne~i?s .de comunica~i6n ytransporte); la demanda 501­'~~~tê/tJoq~e implica .un,l,rl~teso regulat )y los habi~?s

c'alimenticios ( los allmentos dis­ponibles deben ser aquêflosq~é, fâ""'pbblaci6n acepte).IrtlpH:afa puesta en,marcha de

,poHticas alimentarias y politi­'cas ecorl6micas. En fin, tieneque ver tanto con los lndlvl-

devient sociale aujourd'hui, en mettantà l'épreuve les systèmes de protectionsociale complexes au Nord et le sub­ventionnement des aliments de basedans certains pays du Sud.

L'ALIMENTAll0N, AUJOURD'HUIPROBLEME SOCIAL

duos como con el Estado y conlos organismos nacionales eintemacionales.La estrategia de Orstomaborda esta problernâtlcadesde tres puntos principales:La pobreza : En este punto esimportante definir indicadoresrealistas y faciles de aplicar; unejemplo seria el câlculo deinumero de calorïas por hora detrabajo 0 el Indice de desarrollohumano dei PNUDH. La estra­tegia alimentaria debe tomarmuy en cuenta la lucha contrala pobreza.Los sistemas de informaci6n,la predicci6n y la prevenci6ndei hambre: Es mucha 10quehasta ahora se ha logrado enesta estera, sin embargo, ypuesto que se trata de un pro­blerna tan cornple]o, aünresulta dificil identificar el mejorconjunto de indicadoreS yhomogeneizar estrategias enpaises distintos, etc. El traosjode OCISCA en Camerun ès unejemplo prometedor.El control de los sistemas deaümentaclën en tiempos decrisis : Alimento para todossignifica conciliar intereses dis­tintos a todos los niveles,

.desdë el plMO individual hastael internacionaLSedébe rnott-vara los productores y satis­facèr las diversas necesidadesa la vez: Oesgraciadamente, elajuste estructural, adéinâs deIncremèntar enormemente lapobreza, deja en libre juego lasfuerzas de mercado, cornel:e2secu~ncia, Iosaûmerïtossantonsiderados como sim­ples bièriés èconôrnlcos corner­clallzables corne clJalquier otro.Resulta pues indispensableestudiar los aspectes socialesy culturales qùe rigen la pro­ducci6n, la distribuci6h y èlcon sumo de los alimentos.

La "révolution verte" des agronomes n'apas permis d'éradiquer lasous-alimen­tation même si l'offre alimentaire plané­taire est suffisante bien que mal répar­tie. L'Afrique sub-saharienne est devenuedépendante alors que l'Union Indiennes'en sortait dans les années 80. La crois­sance économique en régime concur­rentiellaissait espérer l'abaissement descoûts de l'alimentation permettant auxplus pauvres d'acquérir leur ration ali­mentaire. Aujourd'hui, les mesuresd'ajustement produisent massivementde lapauvreté: d'économique, le pro­blème devient social. La nécessité derégulations entre des besoins culturel­lement diversifiés, souvent non sol­vables, et une production alimentaire quidoit rémunérer ses producteurs n'estcontestée par personne. Ces régulationsdoivent s'exercer à différentes échelles:familiale, étatique, sous-continentale etmondiale. Elles ont pour fonction d'arbi­trer entre les différents intérêts en pré­sence :ceux des consommateurs et desproducteurs, mais aussi de tous lesintermédiaires assurant la transforma­tion, ladistribution et l'approvisionne­ment dans l'espace et dans le temps.Les récentes négociations du GATT(Accord International sur leCommerceet les Droits de Douane) montrent lesdifficultés rencontrées pour arriver à unaccord 1

La crise globale qui secoue leCameroun et les thérapeutiquesmises en oeuvre sont autant destress subis par les populations.Cette dé-régulation d'un sys­tème alimentaire auto-suffisantrend de plus en plus difficile lasurvie de chacun tout en pro­duisant de nouveaux exclus etpauvres. L'insécurité alimentairese développe donc à vive alluredans certains contextes plusexposés que d'autres: planta­tions villageoises, quartiersdéshérités, par exemple.Les équipes camerounaises duprojet OCISCA s'efforcent,depuis 1992, grâce à des obser­vations légères et pluridiscipli­

naires répétées dans le tempset dans des lieux critiques, deproduire des instantanés duchangement social en cours.

LES RÉGULATIONSSOUS AJUSTEMENT

La régulation étatique fait l'objet depressions. Les arbitrages sociaux etfamiliaux dans les comportements deproduction, de consommation ou desolidarité obéissent à des considéra­tions économiques, mais aussi cultu­relles et sociales qu'il fait étudier surleterrain.Nécessairement coûteuse, larégulationétatique subit le contrecoup immédiatde l'ajustement structurel qui estd'abord un programme de dé-régula­tion*.Dans cette perspective, les alimentssont considérés comme des bienséchangeables au même titre que tousles autres.Pourtant leur caractère vital, au planindividuel comme national, les rendentjusticiables d'un traitement particulierpour ceux qui se préoccupent de la maî­trise de la sécurité alimentaire.La primauté des comptables dans lagestion des systèmes alimentairesnationaux ades conséquences gravesdans le quotidien des ruraux et des cita­dins exclus qu'il convient d'analyserpour informer des décideurs piégés parladette.

Georges Cou rade

Le programme saisit les évolu­tions des revenus, des charges,des dépenses et de la consom­mation alimentaire. Il permet des'interroger sur le devenir dessolidarités de toutes natures etla demande de crédit hors dusecteur bancaire traditionnel.Les tontines (associationspopulaires d'épargne et de cré­dit) et l'évolution de l'entraideentre citadins et ruraux ont étéétudiées dans une chefferiebamiléké et dans un village bétià 60 km de Yaoundé. Le pro­

gramme explore les innovationssociales et techniques mises enoeuvre pour survivre au quoti­dien et faire face aux besoins

tels qu'ils sont exprimés parchacun.

Georges Courade

OR:;TO!'.t ACTUALITÉS 25

Page 12: Dossier : Maîtrise de la sécurité alimentaire : le défi de ...

MAÎTRISE DE LA SÉCURITÉ ALIM ENTAIRE: LE DÉFI DE LA COMPLEXI TÉ

Food security :acomplex issue

~...-Ilo"

Cedoss ier aétécoordonnéparJean -Paul Minvrelle-Département "Sociétéurbanisation,développement" UR "Modèleset réal itésdu dével oppement"

",~!

Sigles utilisés•J1 CILSS Comité Inter-états deLutte

contre la Sécheresse dans leSahe l

La sécurité alimen taire : DlAPER Pro jet Diagnostic Permanentdes produits disponibles FAC Fonds d'Aide et desur les marchés. Coopération...................... FAO Organisation des nations

Faubourg de Quitouniespour l'alimentation etl'agriculture

Equateur . Rosa dans FED Fonds Européen desa cuisine. Les murs Développementde planche de la FEWS Famine Early Warningcabane sont tapissés Systemde toiles de sacs dej ute et de torchons

GTZ Coopérationallemande

pour couper le vent OCDE Organisationde Coopération

(3200 m d'altitude) , et de Développement

pas d'eau courante Economiques

mais un réchaud à PAM Programme Alimentaire

gaz. MondialPN UD Programme des Nations

Unies pourleDéveloppement

SMIAR Système Mondiald'Information et d'AlerteRapide su r l'Alimentationetl'Agriculture

USAID UnitedStatesAidForInternational Development

26 OR5T OM A CTUALITÉ S

Food security ls the most cru­cial soclo-economic issue fordeve loping countries, wheremore than half the populationis at risk of undemourishment.Orstom has been running amajor program on this topicslnee 1983.Food security means alwayshaving the means to obtalnadequate nourishment fo rgood health and an active Iife.It replaces the notion 01 foodself-sufficiency, for somepeo ple may go hungry in acountry that produees enoughfood for ail. Moreover, indivi·dual self -sufficiency (subsls­tence farming) is less and lessw idespread, even in remoterura l areas; more and morepeople today depend on themarket lor thei r food . whilefamine is generally due not tonatural causes but to loss ofearn ings, disruption due towar, etc.So food security is a multipleproblem, involving productionand market supply (incentiveslor producers; viable produc­tion systems); distribution (pro­blems of lood trade monopoly;roads and transport); solventdemand (which implies a regu­lar income) ; and eating habits(foods available must be thosethat people will accept) . Ilinvolves food policy and eco­nomie policy. It lnvolves lndi­viduals, the State and national

and internat ional orqanlza­tions. Orstom's research approa­ches the pro blem from threeangles:Poverty. Here it is important todefine realistic, applicable lndi­cators, such as the number ofcalories obtalnable per hour oflab er, or the UNDP HumanDevelopment Index.Food strategy must Incorpo­rate the fight agains t poverty.Informati on systems, predic­tion and famine prevenlion.Much work has been done inthis sphere but, with such acomp/ex problem, muchremains to be done to identifythe best set of ind icators andhomogenize approaches ln dif ­ferent countries, etc , The workof OCISCA ln Cameroon is apromising example.Regulatlng food systems inlimes of cri sis. Food for ailmeans reconciling conflict ingInterests at all ievels, from thelocal to the planetary.Producers must be rewarded,whlle Insolvent demand mustbe met. But structural adjust­ment, besides greatly increa­slng poverty, has lorc iblyimposed the "free play of mar­ket forces" , treat lng food as apurely economic issue, a mar­ketable commodity Iike anyother . Research is needed intothe cul tural and socia l aspectsthat govern food production,distribution and consumption.

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Minvielle Jean-Paul (ed.), Kermel Torrès Doryane, Peltre

Wurtz Jacqueline, Franqueville André, Dubois Jean-Luc,

Courade Georges

Dossier : Maîtrise de la sécurité alimentaire : le défi de la

complexité

ORSTOM Actualités, 1994, (44), p. 16-26. ISSN 0758-833X