DOSSIER

Les valeurs de l’armée de TerreN°

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04 P EntrEtiEn avEc lE cEmat

06 P unE chancE pour tous

08 P lE codE du soldat, unE référEncE

10 P lE sEns dE l’EngagEmEnt

12 P la résErvE

Textes : ADC Jean-Raphaël DRAHI Photos : ADC JR DRAHI, CCH Jérôme SALLES, CCH Guillaume CABRE, CCH Nicolas de POULPIQUET, SGT Jérémie FARO/ECPAD, CFIM 9e BIMa, Pascal REBY.

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Les valeurs de l’armée

de Terre« Les jeunes sont zappeurs, manquent de volonté ou de discernement ». Voilà des critiques souvent entendues. Et pourtant... ces jeunes sont constants dans leur engagement. Aujourd’hui ils combattent sans faillir dans le désert malien, par 50°C avec des charges de plus de 40 kg. Ils sont nombreux à avoir répondu à l’appel de leur pays après les attaques de novembre 2015, en rejoignant les rangs de l’ar-mée de Terre. Sur le terrain, les militaires alliés au contact des troupes françaises font tous le même constat : « Leur comportement individuel et collectif en opérations est remarquable ». Ils posent souvent la même question : « Comment font-ils pour obtenir un

tel résultat1 ? ». À travers la qualité de la formation initiale, le rôle du commandement pour permettre à chacun de progresser, ou encore les témoignages de réussite de certains d’entre eux, Terre informa-tion magazine fait le point sur un des ciments de notre armée : l’engagement au service des valeurs de la République, pour le bien commun et avec une pleine acceptation du sacrifice. n

1 Cf Valeurs au service de la France, LCL Guyot, musée de l’Artillerie.

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« Nos valeurs sont une incitation à l’action »

rissent et les vivent au jour le jour. Ils sont liés à la liberté, parce qu’ils sont amenés à combattre ici et là-bas pour cet universel qui vaut d’être défendu partout dans le monde. Les militaires aiment pro-fondément l’égalité, parce qu’ils portent tous le même uniforme, se soumettent à la même disci-pline et progressent à la seule mesure de leurs mérites et de leurs capacités. Enfin, ils sont unis par une profonde fraternité d’armes, parce qu’ils ont besoin les uns des autres et appartiennent à une communauté humaine forte et confiante, qui ne laisse personne au bord du chemin.TIM : Comment les plus jeunes parviennent-ils à s’approprier ces valeurs ?GA BOSSER : Je constate que les jeunes qui entrent dans l’armée de Terre sont en quête de valeurs. Ils utilisent le mot ”servir”, qui ne leur fait pas peur. Ils ont soif d’idéal, d’engagement, d’une grande cause qui les dépasse. Ils viennent chercher du sens, mais aussi un cadre. Ils cherchent profondément à s’inté-grer dans un collectif et dans une dynamique de dépassement de soi. En opérations et au quotidien, ils font souvent preuve d’un courage, d’une disci-pline et d’une disponibilité qui forcent l’admiration des Français. L’armée de Terre a donc raison de croire en eux et en leur potentiel ; j’ai plus que jamais la conviction que l’on peut encore leur trans-mettre nos valeurs aujourd’hui.TIM : Comment ces valeurs sont-elles entrete-nues au quotidien ? GA BOSSER : Comme l’y invite le Livre Vert sur l’exer-cice du métier des armes que l’armée de Terre vient

TERRE InfORMATIOn MAGAzInE : Que vous inspire ce terme de ”valeurs” ?GÉnÉRAL D’ARMÉE BOSSER : C’est un mot auquel il faut sans doute rendre sa juste place. S’il a parfois été mal considéré autrefois, il court peut-être le risque aujourd’hui d’envahir notre quotidien à tort et à travers. Il faut rappeler que les valeurs sont des idéaux auxquels on adhère au-delà de tout calcul et en sacrifiant parfois son intérêt individuel. Au fond, elles représentent ce qui n’a pas de prix, ou plutôt ce pour quoi on est prêt à payer le prix le plus élevé, c’est-à-dire le prix du sang. S’interroger sur les valeurs, c’est donc se demander ce pour quoi nous sommes prêts à mourir, et c’est sans doute pour cela que l’armée est parfois regardée lorsqu’on aborde ce thème. TIM : Quelles sont les valeurs propres à l’ar-mée de Terre ?GA BOSSER : Il y a une équation particulière entre les valeurs de la France et la façon dont elles sont vécues dans l’armée de Terre. L’armée n’existe que par la volonté de la Nation d’assurer sa défense par la force des armes. Elle ne revendique pas l’exclusi-vité de valeurs qui lui soient propres, mais cultive et pratique au quotidien les valeurs qu’elle a fonction de défendre, c’est-à-dire celles qui fondent la com-munauté nationale. Prenons par exemple la devise de la République française, « Liberté, égalité, fraternité », inscrite sur les frontons des écoles et des édifices publics. Ce sont trois belles valeurs. Mais les soldats ne peuvent pas se contenter de les admirer de loin ! Ils s’en nour-

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La notion de ”valeurs” parle à certains, moins à d’autres. Pour com-prendre ce qu’elle implique pour l’armée de Terre, rien de mieux que d’avoir la vision de son chef. Entretien avec le général d’armée Jean-Pierre Bosser.

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« La Nation confie la responsabilité de combattre

en son nom. »

ont fait cette victoire […] Grâce à eux, la France, hier sol-dat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’Humanité, sera tou-jours le soldat de l’idéal ». Je crois que les soldats de l’armée de Terre sont et seront toujours les soldats de l’idéal. n

de rééditer, je propose à tout soldat de commencer par regarder et aimer le drapeau ou l’étendard de son régiment. Il y verra d’abord nos trois couleurs, qui lui rappellent que l’armée est au service de la Nation. C’est la Nation qui lui confie la responsabilité de com-battre en son nom, d’accomplir sa mission avec éner-gie et abnégation, y compris au péril de sa vie. Ensuite, il lira l’inscription ”Honneur et Patrie”, ou ”Honneur et Fidélité” dans la Légion étrangère. Existe-t-il un meil-leur guide pour l’action ? L’honneur incite à conserver l’estime de soi et des autres. C’est un aiguillon qui pousse chacun à se surpasser en triomphant de ses faiblesses. Quant à la Patrie, elle est un territoire à défendre, mais plus encore une manière d’être ensemble, une fidélité à une idée qui rassemble, un sentiment d’appartenance. Enfin, sur l’autre face de l’emblème, le soldat lira les noms des batailles dans lesquelles le régiment s’est illustré. Ces batailles lui rappellent qu’il est l’héritier d’une lignée glorieuse. Ses aînés se sont battus durement pour conserver à la France sa force et sa grandeur. Du rappel de leur sacrifice se dégage pour chacun une invincible espé-rance.TIM : Pourquoi sont-elles si importantes ?GA BOSSER : Les valeurs sont essentielles parce qu’elles sont toujours une exigence à reprendre et à remettre en œuvre. Elles exercent un attrait, elles nous mettent en mouvement, elles sont une invita-tion à l’action. Elles nous apportent finalement plus de terre promise que de terrain gagné ! Clémenceau a dit, lors de la séance du 11 novembre 1918 à l’As-semblée nationale : « Honneur à nos grands morts qui

Dans l’armée de Terre, le terme ”escalier social” est une réalité. Par le mérite, la volonté, la manière de servir ou de com-mander, chaque militaire a la possibi-lité d’accéder à des fonctions de niveau supérieur. Près de la moitié des officiers et deux tiers des sous-officiers sont issus de la promotion interne.

Une chance pour tous les différents échelons de commandement sont indissociables de l’investissement personnel.« L’implication des cadres est un acte essentiel de la promotion sociale, mais il implique un sacrifice, sou-ligne le LCL Pascal de la DRHAT. Il est naturel de vou-loir garder ses meilleurs éléments au sein de sa section. Pourtant, l’armée de Terre encourage à les faire évo-luer. C’est un abandon personnel au profit du collectif. Les chefs ayant eux-mêmes bénéficié de cet escalier social, auront à cœur de donner leur chance à d’autres après eux. C’est un cercle vertueux. » À l’École militaire interarmes de Coëtquidan, le sous-lieutenant Guil-laume en a bénéficié. Engagé volontaire au 3e RIMa en 2009, il a lui-même obtenu la confiance de ses cadres pour accéder à de plus hautes fonctions. « L’armée m’a donné la chance d’exercer mon métier avec toujours plus de responsabilités. Dans deux ans, une fois arrivé en régiment, j’aurai à cœur de conseiller les plus jeunes et de les accompagner dans leur pro-gression. C’est aussi le moyen de rendre à l’Institution tout ce qu’elle m’a donné. »

« L’oPPorTuniTé DE ProgrEssEr sociaLEmEnT dans notre armée est une vérité historique, affirme le général Marc Conruyt, sous-directeur des études et de la politique de la DRHAT1. Notre histoire militaire récente nous offre de nombreux exemples de chefs issus du rang ou du corps des sous-officiers. » Volonté affirmée de la politique de gestion, le recrutement interne pour accéder au corps supérieur est une des priorités de la direction des ressources humaines. « C’est une singularité de l’armée de Terre, insiste le général. En 2018, 50 % de nos officiers sont d’anciens sous-officiers, et plus de 60 % de ces derniers sont issus du rang. Peu d’organisations peuvent s’enorgueillir de favoriser à ce point la promotion interne. »

ACCÉDER à DE PLuS hAuTES fOnCTIOnSSi les chiffres du recrutement interne au sein de l’Institution se maintiennent depuis plusieurs années, la seule volonté individuelle ne suffit pas. Les moyens pour se préparer, la détection des meil-leurs potentiels, ou encore l’accompagnement par

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DES CADRES RECRuTÉS DAnS LES RAnGSEn constante évolution, les parcours proposés aux militaires sont concrets. « Principalement basé sur l’idée de méritocratie, notre système s’appuie sur les valeurs profondes de l’armée de Terre, affirme le géné-ral Conruyt : la promotion au mérite fondée sur la seule qualité du soldat, la valorisation des talents de chacun au profit d’un collectif efficace et le crédit porté à l’expérience. Une fois leur formation terminée, le retour en régiment des jeunes sous-officiers semi directs favorise la cohésion et fortifie l’esprit de corps. Tout cela dans le même but : consolider la capacité opéra-tionnelle de l’armée de Terre. » L’armée de Terre « Au Contact » en remontant le volume de ses effectifs, a souhaité amplifier le recrutement interne de ses cadres. Cette dyna-mique, loin d’être un effet de mode, s’inscrit dans la durée et permet de maintenir un volume constant de cadres directement recrutés dans ses rangs. « Pendant mon temps de chef de corps, mon comman-dant en second était un ancien sous-officier, ayant passé le concours des OAEA2 et étant devenu officier supérieur, raconte le général Conruyt. Pour son départ, il a défilé juste derrière le drapeau du régiment. C’était pour lui un des moments les plus forts de sa carrière. Cette image est l’exemple même de l’escalier social dont nous parlons si souvent. Gravir les marches une par une au service de la France, fidèle à ses valeurs. » n

1 Direction des ressources humaines de l’armée de Terre.2 Officier d’active des écoles d’arme.

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Le saviez-

vous ? En 2018, 30 militaires du rang ont intégré la promotion de l’école militaire interarmes pour entrer dans le corps des officiers.

En 1999, un livret au format carte de crédit était distribué à toute l’armée de Terre. Vingt ans plus tard, les 11 commandements du code du soldat restent une référence, une ligne de conduite.

Le code du soldat, une référenceDAnS LE ThÉâTRE DE vERDuRE du camp militaire de Coëtquidan, les jeunes recrues du centre de for-mation initiale des militaires du rang (CFIM) de la 9e BIMa récitent d’une seule voix la parole d’honneur du soldat de France. Celle-ci marque en quelques mots leur attachement aux valeurs militaires qui sont développées dans le code du soldat. C’est aussi le signe de leur entrée dans la famille militaire, notamment par l’acceptation d’une ligne de conduite impulsée par l’application de ce code.« Les valeurs sont le fondement même de la vie mili-taire, affirme le lieutenant-colonel Olivier Volpi, chef du CFIM. Les premiers jours, ces notions sont abs-traites pour nos jeunes engagés. Elles se concrétisent un peu plus lors de la première cérémonie de montée des couleurs. Pour beaucoup, le salut au drapeau est la matérialisation de leur engagement au service de la France. Les différentes étapes de la formation vont ensuite forger leur esprit collectif. Ils comprennent vite la nécessité d’agir en groupe, garant de la réussite de la mission. Durant les douze semaines de formation, nous consacrons plusieurs heures au code du soldat. Nous reprenons chaque paragraphe en détail : c’est essentiel. »

un fIL ROuGEÉcrit en 1999, le code du soldat avait pour objectif de fournir à chaque militaire de l’armée de Terre un document, capable de fixer les lignes de conduite et

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À la fin de la formation au CFIM de la 9e Bima, les militaires du rang récitent solennellement le code d’honneur du soldat de France.

avec conviction la parole d’honneur du soldat de France apprise par cœur. Dans une attitude déjà martiale, il mesure la portée de ces paroles. « À ma première montée des couleurs, j’ai pensé au débarque-ment de Normandie, ma région d’origine. J’imaginais ces soldats se sacrifier pour le même drapeau que je sers aujourd’hui. C’est une immense fierté de prendre leur suite. J’espère sincèrement en être digne. » n

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Le code du soldat, une référencede comportement en Opex, en Opint, en service ou dans la vie civile. « Il n’y a rien de révolutionnaire dans ce code, souligne le LCL Philippe, directeur du musée de l’Artillerie. Mais il permet de simplifier le règlement de discipline générale. C’est un fil rouge, une voie à suivre pour ne jamais oublier la spécificité de notre métier. Les onze articles qu’ils comportent sont d’ail-leurs repris dans toutes les écoles de formation initiale. » Sur les murs des bataillons de l’École militaire inte-rarmes (EMIA), les valeurs de l’armée de Terre s’af-fichent en lettres capitales : Honneur, sacrifice, dis-cipline, courage. « Nos jeunes élèves-officiers ont besoin de textes de référence pour guide, affirme le capitaine Alan, chef de section à l’EMIA. Le code du soldat en est un. Le caractère du chef se forme dans les premiers mois ici à Coëtquidan. Ces onze commande-ments lui permettent d’appliquer des règles simples, certaines individuelles pour donner l’exemple, d’autres collectives pour commander ses hommes, notamment en opérations. »

COuRAGE, hOnnEuR, SACRIfICE« L’enseignement des valeurs est aussi vieux que le métier de soldat, ajoute le LCL Philippe. Les supports ont évolué, mais l’esprit reste le même. Le code du sol-dat permet de s’adresser à tous les militaires. Courage, honneur, sacrifice : rien n’a vraiment changé. »La cérémonie de fin de formation au CFIM se ter-mine. Sur les rangs, le marsouin Donovan reprend

LE cODE D’hOnnEuR Du LégIOnnaIRE Historiquement, la Légion étrangère est la première à se doter d’un code d’honneur dans les années 1980. Ce code, dont la genèse remonte au Mémento du soldat de la Légion étrangère de 1937, présente, sous la forme de maximes, un guide éthique à destination de la troupe. Chaque jeune légionnaire le reçoit dans sa langue maternelle lors de son engagement. La signification et la portée de ce document lui sont expliquées lors de sa formation initiale. Le code d’honneur est la référence permanente. Il vaut pour les actes les plus ordinaires de la vie courante (élégance de la tenue, camaraderie au quotidien...) et pour les règles de comportement au combat, qui inculquent au jeune légionnaire l’héritage de ses prédécesseurs.

Le saviez-

vous ?

rejoindre les rangs de l’armée de Terre est une démarche personnelle. Le vécu, l’environnement familial et professionnel, contribuent à donner à chacun un sens fort à cet acte volontaire. Témoignages.

Le sens de l’engagement

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LIEuTEnAnT AuRÉLIEChef de section, 93e régiment d’artillerie de montagneAprès sa formation académique, le lieutenant Aurélie a d’abord choisi de servir dans l’artillerie de montagne. Une décision mûrement réfléchie. « Je me suis intéressée à l’armée de Terre pen-dant ma classe préparatoire. J’ai tout de suite été attirée par ses valeurs. Les rapports humains, l’esprit d’équipe, un commandement proche des soldats… c’était exactement ce que je cherchais. Chaque matin, je ne pars pas travailler, je pars servir. Cela donne un sens différent à tous mes actes et décisions. » Après un déploiement au Mali et deux missions Sentinelle, Aurélie sert désormais en CFIM1. « La formation initiale est un moment crucial. Je parlerai aux soldats de patriotisme, d’esprit de sacrifice, de respect de soi et des autres. Je prends mon rôle de cadre très au sérieux, pour inculquer aux plus jeunes toutes ses valeurs qui font le ciment de nos unités. C’est une mission fantastique. » n

1 Centre de formation initiale militaire du rang.

SERGEnT MEhDIChef de pièce Mistral, 3e régiment d’artillerie de marineSans diplôme et avec une idée assez floue de son avenir, Medhi voit d’abord dans l’armée une solution professionnelle de transi-tion. Il s’engage en 2013 comme jeune Bigor à Canjuers. « J’avais décidé de rester seulement deux ans. Aujourd’hui, je suis sous-officier et je me sens pleinement à ma place dans l’Institution. Je le dois à un lieutenant qui, lors d’un déploiement au Liban, m’a pris sous son aile et m’a poussé à présenter l’examen d’entrée à l’ENSOA1. Je voulais réussir pour le remercier de sa confiance. Maintenant c’est à mon tour d’encadrer les plus jeunes, de les accompagner et de trans-mettre les valeurs de notre armée. La fraternité d’armes a donné un sens à ma vie. Ma femme me le fait souvent remarquer, je suis devenu un homme, fier de son engagement et de son drapeau. » n

1 École nationale des sous-officiers d’active.

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BRIGADIER-ChEf YOAnnPilote vBCI, 5e régiment de dragons« J’ai arrêté mes études d’économie lorsque j’étais en licence, explique Yoann. Comme beaucoup de jeunes, je cherchais à donner un sens à ma vie, trouver un cadre. Assez naturellement, je me suis tourné vers l’armée. Après une première formation de maître-chien, j’ai bas-culé vers l’escadron VCBI du 1er régiment de chasseurs d’Afrique et j’ai passé plusieurs qualifications sur ce véhicule. Après quelques années, j’ai souhaité me rapprocher de ma famille. Sans hésiter, mes cadres m’ont tout de suite aidé à rejoindre le 5e RD. C’est exactement l’état d’esprit dont je rêvais. De l’écoute, de la confiance. On nous responsabilise, ce qui nous oblige à toujours nous dépasser. La fra-ternité est une valeur forte pour moi. Mes camarades peuvent compter sur moi. En retour, je serai toujours disponible pour eux. Nous sommes des frères d’armes : c’est un sentiment unique. » n

CAPITAInE MOuLAY-RAChIDAdjoint section, centre du soutien des opérations et des acheminementsEn dix-neuf années de service, le capitaine Moulay-Rachid a porté de nombreux grades. Engagé volontaire en 1999, il entame sa car-rière au peloton de circulation routière du 503e régiment du train de Souge. « Je croyais déjà en certaines valeurs, notamment le patrio-tisme. La France est le pays d’adoption de ma famille, nous lui devons beaucoup. Servir sous son drapeau était naturel pour moi. » Après quatre années, le jeune brigadier intègre l’ENSOA, mais il ne veut pas s’arrêter là. « J’ai toujours voulu évoluer, me remettre en question. Le concours d’officier était une évidence. Mes chefs m’ont soutenu pour le préparer. C’est aussi ça la force de l’armée de Terre  : donner les moyens de progresser à ceux qui le souhaitent. Je crois à l’égalité des chances dans l’armée de Terre. Chacun trouve sa place quelles que soient ses origines sociales. » Aujourd’hui, le capitaine Moulay-Rachid pense à l’avenir, mais aussi à son nouveau rôle de chef. « Beaucoup ont cru en moi, c’est maintenant à mon tour d’aider les plus jeunes et de transmettre ces valeurs qui forgent notre histoire commune. » n

chaque année, des milliers d’hommes et de femmes décident de s’engager dans la réserve opérationnelle. En quête d’idéaux ou d’aventure, tous épousent les valeurs de l’armée de Terre et en deviennent les ambassadeurs.

La réserve, une valeur ajoutée

« un ÉTAT D’ESPRIT REMARQuÉ Au SEIn DE L’EnTREPRISE »« Le niveau général est assez élevé. Les cadres, les étu-diants, les techniciens arrivent avec une maturité et un goût des responsabilités déjà fortement développé. En contrepartie, ils repartent avec un état d’esprit, une manière d’être différente, souvent remarqués au sein de l’entreprise. » Pour les employeurs, les valeurs por-tées par les réservistes constituent un atout dans le monde du travail. « C’est indéniable. Nos cadres déve-loppent un style de management différent, plus humain et tourné vers la réussite du collectif. Les plus jeunes sont souvent remarqués car ils sont plus rigoureux et volon-taires », affirme le chef de corps. L’adhésion aux valeurs militaires est une préoccupation constante du commandement. « C’est un parcours initia-tique, reconnaît le lieutenant-colonel Nicpon. La cérémo-nie de fin de FMIR1, la marche à la fourragère, les soirées régimentaires, nos parrainages ou nos bulletins d’informa-tion, tous ces rendez-vous créent un esprit de groupe, une fraternité d’armes permettant à chacun de trouver sa place au sein du régiment. J’ai un profond respect pour tous mes hommes qui décident de mettre de côté leur vie familiale e t professionnelle pour servir. Aujourd’hui, certains citoyens sont encore pétris des valeurs de la France, mes hommes en sont le parfait et remarquable exemple. »1 Formation militaire initiale de réserve.

« unE unITÉ DE RÉSERvE EST unE MOSAïQuE de personnalités et de compétences, explique le lieutenant- colonel Claude Nicpon, chef de corps du 24e régiment d’infanterie (24e RI). Chaque parcours est différent, mais la motivation est souvent la même : donner du sens à son engagement en servant un collectif. » Depuis 2013, les 700 hommes et femmes du 24e RI de Vincennes, unique régiment de réserve de l’armée de Terre, portent fièrement l’uniforme. Sur le territoire national ou parfois en Opex, ils montrent toute la détermination des réservistes à partager les mêmes valeurs que leurs camarades d’active. « Ils recherchent un état d’esprit souvent oublié dans le monde de l’entre-prise, constate le chef de corps. La cohésion, la rusticité et une certaine résilience. Nous avons remarqué une aug-mentation du nombre de candidats à l’engagement après les attentats de novembre 2015. Des citoyens souhaitent prendre part activement à la défense du territoire. » En 2017, le régiment a cumulé plus de neuf mois de mis-sions Sentinelle en auto relève. Cette année, après plusieurs déploiements, il sera d’alerte pendant la période des fêtes de fin d’année. En Opex, les départs s’effectuent à titre individuel souvent basés sur la compétence professionnelle civile du réserviste.Passerelle entre les mondes civil et militaire, la réserve opérationnelle tire le meilleur de cette ”double vie”.

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