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Cartes officielles de contamina- tion des sols au Japon par les retombées radioactives / com- ment les interpréter ? / Quels sont les niveaux de radiation résiduels ? Objectif de l’article De nombreux citoyens français ou japonais interrogent la CRIIRAD sur les risques qu’il y a, en 2012, à vivre ou à séjourner dans tel ou tel secteur du territoire japonais du fait de la conta- mination durable de l’environnement par les retombées consécutives à la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011. Il faut rappeler en premier lieu que ces installations continuent à rejeter des substances radioactives dans l’atmosphère (heureusement à un niveau qui n’a pour l’instant aucune commune mesure avec les rejets massifs de mars 2011), mais surtout, personne ne peut garantir qu’une nouvelle catastrophe ne puisse survenir compte tenu, par exemple, des difficultés qu’a TEPCO à refroidir correctement les réac- teurs et de la fragilisation des bâti- ments (en particulier les piscines d’entreposage des combustibles usés hautement radioactifs ..). Si l’on s’en tient uniquement à la question des doses liées aux retom- bées de mars 2011, il faut rappeler que le fait de vivre sur un territoire contaminé entraîne une exposition aux radiations ionisantes par de multiples processus ou « voies d’ex- position ». Pour évaluer les risques pour la santé, il faut calculer les doses de radiation provenant de toutes les « voies d’exposition ». Il faut tenir compte en particulier de : • l’irradiation externe par les radionu- cléides présents dans l’air ambiant, ce qui suppose de connaître leur concentration dans l’air exprimée en Becquerels par mètre cube. • l’irradiation externe induite par les dépôts de substances radioactives sur les surfaces (toitures, sols). Cette contamination peut être exprimée en Becquerels par mètre carré (Bq/m2) ou en Becquerels par kilogramme de sol (Bq/kg). • l’irradiation interne par inhalation d’air contaminé, qu’il s’agisse des masses d’air contaminé en prove- nance directe de la centrale nucléaire accidentée ou, à plus long terme, de la remise en suspension des poussières radioactives déposées sur les sols ou la végétation. Cette remise DOSSIER JAPON CRIIRAD - Trait d’Union n° 54 4 RISQUES LIÉS À L’IRRADIATION EXTERNE SUR LE TERRITOIRE JAPONAIS SUITE AUX RETOMBÉES DE LA CATASTROPHE DE FUKUSHIMA EN MARS 2011

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Cartes officielles de contamina-tion des sols au Japon par lesretombées radioactives / com-ment les interpréter ? / Quelssont les niveaux de radiationrésiduels ?

Objectif de l’article

De nombreux citoyens français oujaponais interrogent la CRIIRAD sur lesrisques qu’il y a, en 2012, à vivre ou àséjourner dans tel ou tel secteur duterritoire japonais du fait de la conta-mination durable de l’environnementpar les retombées consécutives à lacatastrophe nucléaire de Fukushimaen mars 2011.

Il faut rappeler en premier lieu queces installations continuent à rejeterdes substances radioactives dansl’atmosphère (heureusement à unniveau qui n’a pour l’instantaucune commune mesure avec lesrejets massifs de mars 2011), maissurtout, personne ne peut garantirqu’une nouvelle catastrophe nepuisse survenir compte tenu, parexemple, des difficultés qu’a TEPCOà refroidir correctement les réac-teurs et de la fragilisation des bâti-ments (en particulier les piscinesd’entreposage des combustiblesusés hautement radioactifs ..).

Si l’on s’en tient uniquement à laquestion des doses liées aux retom-bées de mars 2011, il faut rappelerque le fait de vivre sur un territoirecontaminé entraîne une expositionaux radiations ionisantes par demultiples processus ou « voies d’ex-position ». Pour évaluer les risquespour la santé, il faut calculer lesdoses de radiation provenant detoutes les « voies d’exposition ».

Il faut tenir compte en particulier de :

• l’irradiation externe par les radionu-cléides présents dans l’air ambiant,ce qui suppose de connaître leurconcentration dans l’air exprimée enBecquerels par mètre cube.

• l’irradiation externe induite par lesdépôts de substances radioactivessur les surfaces (toitures, sols). Cettecontamination peut être exprimée enBecquerels par mètre carré (Bq/m2)ou en Becquerels par kilogramme desol (Bq/kg).

• l’irradiation interne par inhalationd’air contaminé, qu’il s’agisse desmasses d’air contaminé en prove-nance directe de la centralenucléaire accidentée ou, à plus longterme, de la remise en suspension despoussières radioactives déposées surles sols ou la végétation. Cette remise

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RISQUES LIÉS À L’IRRADIATION EXTERNE SUR LETERRITOIRE JAPONAIS SUITE AUX RETOMBÉES DELA CATASTROPHE DE FUKUSHIMA EN MARS 2011

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en suspension peut intervenir lors detravaux (chantiers, labours), d’incen-dies, d’opérations de brûlage ou d’in-cinération, ou du fait de phénomènesnaturels (vents, typhons, embruns enbord de mer).

• l’irradiation interne par ingestiond’eau ou d’aliments contaminés,etc..

Pour chacune de ces voies d’exposi-tion, on peut calculer la dose subiependant une durée donnée ou pourune situation donnée. Mais pour faireune estimation complète, il faut dis-poser d’une masse très importante dedonnées scientifiques.

Dans ce numéro du Trait d’Union nousallons donner des éléments permet-tant d’estimer uniquement l’exposi-tion externe induite par les retombéesau sol à partir des dépôts exprimés enBq/m2.

De nombreuses personnes ayant faitpart également de leur difficulté àcomprendre les données techniqueset les unités (Becquerel, Sievert, etc..),cet article reprend quelques notionsde base en physique nucléaire etradioprotection. Ces notions, traitéesdans la partie 1, peuvent être utiles àtous nos adhérents même s’ils ne sontpas directement concernés par lasituation au Japon.

PARTIE 1 :RAPPEL DE NOTIONS DE BASE

Les Becquerels

La centrale nucléaire de FukushimaDaiichi a rejeté dans l’atmosphère (etdans le milieu marin) des quantitéscolossales de substances radioactives.

Quelle que soit la substance considé-rée, la quantité de matière radioac-tive se mesure en Becquerels.

Un Becquerel (1 Bq) correspond à unedésintégration d’atome radioactifpar seconde.

Pour chaque substance radioac-tive, il existe une correspondanceentre la quantité en grammes decette substance et le nombre deBecquerels. Cette correspondancedépend de la probabilité qu’acette substance radioactive de sedésintégrer pendant un laps detemps donné.

On appelle période physique d’unélément radioactif le temps qu’ilfaut pour que la moitié des atomesradioactifs se soit désintégrée. Plusla période physique est courte, plusla probabilité de désintégration estélevée et moins il faut d’atomes(donc de masse de matière) pourun même nombre de becquerels.

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Ces chiffres permettent de compren-dre pourquoi la non maîtrise des rejetssur un réacteur nucléaire pose autantde problèmes. De très faibles niveauxde contamination (exprimés en gram-mes) peuvent en effet correspondre àdes taux de radiation très importants.

Les rayonnements ionisants

Lorsqu’un atome radioactif se désintè-gre, il émet des rayonnements invisiblesmais très puissants que l’on appellerayonnements ionisants. Il peut s’agir departicules (alpha, bêta, etc.) ou deradiations (X, gamma, etc.). Le césium137, le césium 134 et l’iode 131, parexemple, émettent en se désintégrantdes rayonnements bêta (électrons) etdes rayonnements gamma (ondesélectromagnétiques).Si l’on a devant soit un kilogramme deterre contaminée par 100 Becquerelsde césium 137 (100 Bq/kg), cela signifiequ’à chaque seconde, au sein de cekilogramme de terre, 100 atomes decésium 137 se désintègrent. Il y a donc,

à chaque seconde, émission de 100particules bêta car l’émission de parti-cules bêta est le mode de désintégra-tion principal du césium 137. En outre, lenouvel atome créé (baryum 137m)évacue son trop plein d’énergie sousforme de rayonnements gamma dontl’énergie et la probabilité d’émission estcaractéristique de chaque substanceradioactive. Dans le cas du césium 137,la désintégration (transformation enbaryum 137 stable) s’accompagne del’émission de 85 rayonnementsgamma, en moyenne. L’énergie dechacun de ces rayonnements gammaest de 661,7 keV (661 700 électrons-volts).

Avec 100 Becquerels de césium 134, il ya émission, à chaque seconde, de 100particules bêta et de divers types derayonnements gamma. Il s’agit enmoyenne de 97,6 rayonnementsgamma d’énergie 604,7 keV ; 85,4rayonnements gamma d’énergie795,87 keV ; 15,4 rayonnementsgamma d’énergie 569,3 keV, ainsi que

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T1 / correspondance entre masse et nombre de becquerels

Comme indiqué dans le tableau T1 ci-dessous un microgramme de césium137, de période physique égale à 30 ans, correspond à 3,2 millions de bec-querels. Pour l’iode 131, de période physique beaucoup plus courte (8 jours),un microgramme de matière représente 4,6 milliards de becquerels.

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Dans l’exemple du kilogramme de terre contenant 100 becquerels deCésium 137, si toutes les radiations étaient émises dans la même direc-tion, un détecteur placé à proximité du kilogramme de terre mesureraiten théorie 100 coups par seconde pour les rayonnements bêta et 85 coups par seconde dus aux rayonnements gamma soit 185 coupspar seconde.

En pratique, ces radiations sont émises dans toutes les directions. Ledétecteur ne va donc « capter » que celles qui se dirigent dans sa direc-tion. La quantité de radiations qui va le traverser dépendra en particu-lier de sa taille (plus il est volumineux, plus forte sera la probabilité queles radiations émises lui passent à travers) et de la distance entre ledétecteur et la source (lorsqu’on éloigne le détecteur, le nombre derayonnements susceptibles de le traverser diminue).

De plus, ce n’est pas parce que des radiations se dirigent vers le détec-teur qu’il va effectivement les détecter. Les radiations peu pénétrantes,comme les rayons bêta, ne parviennent pas à traverser les parois duboîtier de certains détecteurs.

Quant aux radiations très pénétrantes (gamma), elles pénètrent biendans le détecteur mais ne sont pas forcément détectées. En effet ungrand nombre de rayons gamma va pouvoir passer à travers le détec-teur sans interagir avec les atomes du détecteur donc sans céderd’énergie dans le détecteur.

Dans cet exemple, le taux de comptage final ne sera pas de 185 c/smais bien souvent nettement inférieur au coup par seconde.

C’est pourquoi il est en général très difficile de convertir des coups parseconde obtenus avec un radiamètre en Becquerels, à moins de réali-ser une calibration spécifique qui dépend de nombreux paramètres.

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d’autres rayonnements gamma avecune plus faible probabilité d’émission.Dans cet exemple, les 100 Becquerelsde césium 134 émettent plus de 300rayonnements ionisants par seconde(plus de 300 coups par seconde).

Ces deux exemples montrent que cha-que substance radioactive émet desradiations de nature ou d’énergie spéci-fiques. C’est pourquoi, selon la naturede la substance radioactive, un mêmenombre de becquerels peut entraînerdes irradiations très différentes.

En outre, ces radiations sont plus oumoins pénétrantes. Elles vont se dépla-cer plus ou moins loin depuis la sourced’émission, être plus ou moins « arrêtées »par les matériaux situés entre la sourceet notre corps (air, murs, vêtements,épaisseur de notre peau, etc), pénétrerplus ou moins profondément à traversnotre organisme.

Les rayonnements bêta comme ceuxémis par le césium 137 sont assez peupénétrants. Même les plus puissants sonttotalement arrêtés par 4 mètres d’air ou

4 millimètres d’eau.Les rayonnements gamma sont beau-coup plus pénétrants. Les rayonne-ments gamma du césium 137 peu-vent ainsi parcourir 61 mètres dansl’air avant de perdre la moitié de leurénergie et 7 centimètres dans l’eau.Cela signifie qu’après avoir parcouru61 mètres dans l’air, certains de cesrayonnements continuent leur che-min, soit intacts, soit quelque peuaffaiblis, et vont irradier la matière(déposer leur énergie) un peu plusloin.

C’est parce que les rayonnementsgamma sont si pénétrants, qu’il estpossible de réaliser des cartes de lacontamination du sol par le césium137 (et le césium 134) en utilisant desdétecteurs embarqués sur des avionsou des hélicoptères.

C’est aussi pour cette raison que lesradiations émises par le césiumradioactif déposé sur le sol peuventtraverser les murs et les fenêtres etatteindre les habitants à l’intérieur desbâtiments.

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Mesures du taux de radiation gamma dans une maison à Iitate. CRIIRAD - Mai 2011

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Ce phénomène est illustré dans lavideo tournée par la CRIIRAD le 29mai 2011 dans la ville de Fukushima(Japon) située à environ 60-65 km dela centrale nucléaire accidentée (voirhttp://www.youtube.com/watch?v=vCuiYVrvZ7c ).

La scène se déroule au rez-de-chaus-sée d’un bâtiment du quartier Watarilors d’une réunion de travail entre laCRIIRAD et des citoyens japonais dontmonsieur Wataru Iwata (co-fondateurdes initiatives Project 47 et CRMS) etdes responsables de l’initiative « Fukushima Network for SavingChildren from Radiation », dontMonsieur Nagate (ex-représentant),Mme Marumori (désormais DirectriceExécutif du CRMS) et Mme Sato.

Dans cet extrait, le responsa-ble du laboratoire de la CRII-RAD utilise un appareil dedétection professionnel(scintillomètre DG5) pourmontrer l’intensité du tauxde radiation gamma, mêmeà l’intérieur d’un bureau. Lestaux de radiation sont expri-més ici en coups parseconde (c/s).

Le niveau normal enregistréavec ce scintillomètre esthabituellement de 50 à 150c/s en fonction de la teneuren éléments radioactifsnaturels dans les sols. Aulaboratoire de la CRIIRAD, àValence, on mesure entre 60et 80 c/s.

Au centre du bureau du quartierWatari, le taux de radiation est envi-ron 10 fois supérieur à la normale. Onmesure 700 c/s au contact du par-quet et 1 000 c/s à 1 mètre au dessusdu parquet.

Le taux de radiation augmente ens’élevant parce que l’on est davan-tage soumis aux puissantes radiationsgamma émises par le césium qui s’estdéposé sur le sol du parking à l’exté-rieur du bâtiment. On voit bien que lesradiations viennent de l’extérieur carle taux de radiation augmente ens’approchant de la baie vitrée (envi-ron 1 400 c/s) puis en faisant 2 pas àl’extérieur (plus de 2 000 c/s). D’autresmesures effectuées sur le parkingdonnent 2 800 c/s à 1 mètre du sol et4 000 c/s sur les graviers.

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Mesures CRIIRAD à Fukushima City, quartier Watari sur le parking : 4 000 c/s au sol

et 2 800 c/s à 1 mètre. Mai 2011

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Dans cette video, le taux de radiationest également mesuré devant lafenêtre, à l’intérieur du bâtiment,selon qu’il n’y a que de l’air entre ledétecteur et la fenêtre ou un corpshumain qui fait office d’écran. La pré-sence d’un corps humain fait passerle taux de radiation de 1 300-1 400 c/sà 1 000 – 1 100 c/s. Ceci montrequ’une partie des radiations a étéarrêtée dans le corps humain et quedonc de l’énergie a été déposéedans l’organisme par ces radiationsionisantes.

La dose

La dose est la quantité d’énergiedéposée dans le corps humain par lesrayonnements ionisants émis par lessubstances radioactives qui sont pré-sentes dans notre environnement.

Lorsque ces substances sont à l’exté-rieur de notre organisme, on parle dedose liée à l’irradiation externe.

IRRADIATION EXTERNE

Cs 137 et Cs 134 En Bq/m2 ou Bq/kgCONTAMINATION AU SOL

Dépôt d'énergie

dans le corpshumain

en microsievert

Rayo

ns Gam

ma

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Lorsqu’elles sont à l’intérieur de notreorganisme après avoir été inhalées ouingérées, on parle d’irradiationinterne suite à une contaminationinterne.

Dans les deux cas, la dose s’exprimedans la même unité le Sievert (Sv).Un Sievert vaut 1 000 milliSieverts (mSv)ou encore 1 million de microSieverts(µSv).

Les risques sanitaires

L’énergie des radiations ionisantes esttrès élevée.

Pour le césium 137 par exemple, lesrayonnements gamma ont une éner-gie de 661 keV soit 661 000 électrons-volts.

Pour comparaison, l’énergie desrayons lumineux visibles émise par lesoleil est de quelques électrons-volts.Ainsi, un seul rayon gamma « émis parun seul becquerel » de césium 137transporte plus de 100 000 fois plusd’énergie qu’un rayon lumineux dusoleil.

Or nous savons qu’une trop forteexposition au soleil peut créer desbrûlures (coup de soleil) et des can-cers (mélanomes). C’est un peu lemême phénomène avec les rayon-nements ionisants (alpha, bêta,gamma, etc.). Chaque rayon indivi-duel traversant notre organisme estsusceptible d’induire une mutation del’ADN cellulaire pouvant aboutir àl’apparition d’un cancer, plusieurs

LE GRAY ET LESIEVERT

Il existe en réalité une pre-mière grandeur appelée doseabsorbée exprimée en Gray(Gy) et qui correspond àl’énergie déposée dans l’or-ganisme par les rayonne-ments ionisants (alpha, bêta,X, gamma, neutrons, etc..).

Un Gray correspond à unJoule d’énergie déposé parkilogramme de tissus humains.

Les conséquences sanitairesde ce « dépôt d’énergie »dépendent en fait de lamanière dont cette énergieest déposée à l’échelle cellu-laire. Le Sievert a été introduitpour tenir compte du fait quedifférents types de radiationsdéposent cette énergie demanière plus ou moins « dense ».

Dans le cas où les radiationsionisantes à l’origine de ladose sont des rayonnementsbêta ou gamma, commeceux émis par l’iode 131, lecésium 134 ou le césium 137,un Gray égale un Sievert.

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années et le plus souvent plusieurs décennies après l’irradia-tion. Heureusement, la probabilité esttrès faible. Notre organisme est tra-versé en permanence par des radia-tions provenant du cosmos et de la désintégration des élémentsradioactifs naturels présents dans lesol (uranium, thorium, potassium).Cette radioactivité « naturelle » , mêmeà très faible dose, est déjà à l’originede cancers. Le risque d’apparitionde cancers ou d’autres pathologiesest lié à la dose reçue et de manièrecumulative.

La Commission Internationale deProtection Radiologique (CIPR)considère que le modèle de risquele plus « plausible » est le modèlelinéaire sans seuil, c’est-à-dire queplus la dose cumulée augmente,plus le risque de décès par canceraugmente (linéarité) et que le risqueapparaît même au niveau des trèsfaibles doses comparables à laradioactivité naturelle.

Puisque toute dose de radiation,même très faible, augmente les ris-ques sanitaires, la CIPR a mis enplace trois principes pour protégerl’homme contre les rayonnementsionisants induits par des activitésnucléaires :

• la justification : on ne doit pasexposer les gens à des radiations àmoins que ce ne soit justifié,

• l’optimisation : si une activiténucléaire est justifiée, l’industriel doitmettre en œuvre tout ce qui est rai-sonnablement possible, sur le plansocio-économique, pour que les

doses soient les plus faibles possible,

• la limite de dose au-delà delaquelle le risque sanitaire est jugé « socialement inacceptable ».

En situation normale, la CIPR recom-mande que l’exposition descitoyens (en dehors de la radioacti-vité strictement naturelle et desdoses liées aux pratiques médicales)reste en dessous de 1 milliSievert paran, soit 1 000 microSieverts par an.C’est la dose maximale annuelleadmissible.

Selon la CIPR, le risque de décès par cancer est estimé à 5 morts pour 100 000 personnes exposées à 1 milliSievert. Attention, cette dosedoit être calculée en ajoutant lesdoses par irradiation externe etinterne et pour tous les radionucléi-des issus de toutes les sources decontamination.

En cas de catastrophe nucléaire, lasituation devient ingérable et denouvelles « normes » sont édictées,c’est ainsi que le gouvernementjaponais a mis en place en 2011 unenorme de 20 milliSieverts par anpour statuer sur la nécessité d’éva-cuer ou non une zone contaminéesuite à la catastrophe de Fukushima.Cela revient à accepter un niveaude risque très élevé, d’autant queles personnes concernées ont biensouvent reçu entre mars et avril 2011des doses très nettement supérieu-res à 20 milliSieverts.

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PARTIE 2 :COMMENT ESTIMER L’IRRA-DIATION EXTERNE INDUITEPAR LA CONTAMINATIONDES SOLS AU JAPON ?

Lorsque l’on vit sur un territoire conta-miné par des substances radioactivescomme le césium 134 et le césium137, le premier risque à prendre encompte est l’irradiation externe,c’est-à-dire le fait que des radiationsionisantes émises par le sol contaminétraversent notre corps et y déposentde l’énergie. En effet, même dansl’hypothèse où l’on réussirait à neconsommer que des denrées saines(importées par exemple), il est très dif-ficile de se protéger de l’irradiationexterne.

Pourquoi ne considère–t-on que lecésium 134 et le césium 137 ?

Les différentes données disponiblesindiquent que les dépôts radioactifsles plus importants sont intervenus surles sols du Japon autour du 14 au 16mars 2011 et du 21 au 23 mars 2011,mais cela dépend évidemment de lalocalisation par rapport à la centralede Fukushima Daiichi et des condi-tions météorologiques.

Nous verrons ci-après que le MEXT(Ministère japonais de l’Education, laCulture, les Sports, la Science et laTechnologie) a publié à partir dedébut mai 2011 des cartes des retom-bées de césium 137 et de césium 134.

Cela ne signifie pas que seuls ces deux radionucléides étaient présentsdans les retombées initiales et il fau-drait tenir compte des autres substan-ces radioactives, si l’on voulait calcu-ler les doses des premières semainesaprès la catastrophe.

Il y avait en effet en réalité dans lespanaches radioactifs des dizaines desubstances radioactives différentes,des produits de fission, des produitsd’activation et également des trans-uraniens (isotopes du plutonium parexemple).

Dans les premiers jours et premièressemaines après l’accident, les isoto-pes radioactifs de l’iode et du tellureont délivré des doses plus fortes que lecésium 134 et 137, que ce soit parinhalation1 ou irradiation externe ouencore par ingestion2 d’alimentscontaminés.

Les éléments radioactifs dont lapériode physique est de quelquesheures, jours ou semaines comme parexemple l’iode 132 (2,3 heures), l’iode131 (8 jours), le tellure 132 (3,26 jours),

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1. Voir par exemple le communiqué CRIIRAD du 17 mars 2011 sur la contamination de l’air à Tokyo :http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/11-03-17-CPtokyo.pdf 2. Voir par exemple le communiqué CRIIRAD du 20 et 21 mars 2011 sur la contamination des denrées ali-mentaires : http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/11_03_20_Japon_Aliments.pdf ethttp://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/11-03-21_Aug_contamination.pdf

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le tellure 129m (33,6 jours) et le césium136 (13,2 jours) ont décru fortementdans les semaines qui ont suivi lesdépôts. Il est donc raisonnable deconsidérer que début mai 2011, l’es-sentiel de l’irradiation externe dueaux dépôts radioactifs au sol étaitbien due au césium 134 et 137.

La CRIIRAD a d’ailleurs pu le vérifier aumoyen d’un spectromètre gammade terrain et d’échantillonnages desols effectués au Japon entre le 23 mai et le 2 juin 2011. Une contami-nation en iode 131 des sols restaitmesurable en plusieurs endroits, dontla ville de Fukushima ou encore surdes sols de la préfecture d’Ibaraki.Mais l’activité massique résiduelle del’iode 131 était nettement secondairepar rapport à celle du césium 134 et137 (moins de 2 % sur deux stations enville de Fukushima, moins de 5 % àHitachi - préfecture d’Ibaraki).

A l’inverse, il faut garder à l’esprit quepour rendre compte de la contami-nation des premières semaines, il fau-dra disposer de données beaucoupplus complètes que les seules cartesde dépôt en césium 134 et 137. Il fau-dra reconstituer les niveaux de conta-mination initiaux de l’air, des sols, desaliments par toutes les substancesradioactives qui étaient présentes(isotopes radioactifs de l’iode et dutellure, gaz rares isotopes du kryptonet du xénon, plutonium, etc..)

Ceci est illustré par exemple par le

graphique ci-contre élaboré par desuniversitaires japonais3.

A partir de la contamination relevéeles 28 et 29 mars 2011 dans des sols dusecteur de Iitate, entre 25 et 45 kilo-mètres au nord-ouest de la centralede Fukushima, ces chercheurs ontcalculé le débit de dose théoriqueinduit par les dépôts intervenus princi-palement le 15 mars 2011.

Il faut souligner que ce type de calculne tient pas compte de l’irradiationexterne induite par les substancesradioactives présentes dans l’air(Bq/m3) et non encore déposées surle sol. Il ne rend compte que de l’irra-diation gamma qui vient du solcontaminé par les dépôts.

Ce graphique indique, pour chaquesubstance radioactive déposée sur lesol et encore mesurable fin mars 2011,le débit de dose gamma ambiant à 1 mètre au dessus du sol contaminé.Ce débit de dose est exprimé enmicroGray par heure ce qui équivautà des microSieverts par heure (voirpartie 1). Au fur et à mesure du tempsqui passe, les radionucléides àpériode courte se désintègrent et aubout de 90 jours l’essentiel de l’irradia-tion résiduelle est due au césium 134(courbe avec triangles verts) et aucésium 137 (courbe avec croix violet-tes). La dose résultante induite par lasomme des doses induites par cha-que radionucléide est la courbe avecpoints de couleur marron.

3. Imanaka T., Endo S., Shizuma K., Sugai M., Ozawa S. Interim report on radiation survey in Iitate village areaconducted on March 28th and 29th / Publié le 4 avril 2011.

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Dans cet exemple, on constate que le taux de radiation induit par les dépôtsde substances radioactives sur le sol a diminué d’un facteur proche de 10 enune quarantaine de jours.

Après 90 jours, le taux de radiation reste néanmoins très élevé (près de 10 µSv/h soit plus de 100 fois la radioactivité naturelle) et la dose maximaleannuelle admissible de 1 milliSievert par an est atteinte en restant une centained’heures sur ce territoire. Lors de la mission sur place de fin mai 2011, l’équipeCRIIRAD a relevé effectivement au sud d’Iitate des débits de dose de 13 µSv/hdans la cour d’une ferme non évacuée. Nous avons vivement invité les habi-tants à quitter cette zone.

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EEvvoolluuttiioonn tthhééoorriiqquuee dduu ddéébbiitt ddee ddoossee ((mmiiccrrooGGrraayy ppaarr hheeuurree)) eennffoonnccttiioonn dduu nnoommbbrree ddee jjoouurrss ééccoouullééss ddeeppuuiiss llee 1155 mmaarrss 22001111

((sseecctteeuurr II ii ttaattee))

jours

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Comment calculer le débit de doseartificiel (µSv/h) sur un terrain conta-miné par les retombées de Fukushima

Il y a naturellement dans le sol dessubstances radioactives (uranium,thorium, potassium 40) qui émettentdes radiations gamma. On appellecela le rayonnement tellurique. Il fauttenir compte également des radia-tions cosmiques qui représentent enmoyenne 0,0375 µSv/h à basse alti-tude.

La somme de ces deux composantesinduit des débits de dose naturels quisont classiquement de l’ordre de 0,1 µSv/h à la surface de la terre.

Sur la base des mesures de laconcentration en éléments radioac-tifs naturels dans des sols prélevés auJapon fin mai 2011, la CRIIRAD a éva-lué le taux de radiation telluriquenaturel. En rajoutant la composantecosmique nous avons évalué parexemple les niveaux naturels entre0,06 µSv/h (Ishioka et Tokyo) et 0,1 µSv/h (Marumori), mais de fortesvariations peuvent être enregistréesen fonction des caractéristiques géo-logiques des terrains.

Pour évaluer l’impact lié à des retom-bées artificielles, il faut examiner l’irra-diation « ajoutée » par la contamina-tion, c’est-à-dire le débit de dose arti-ficiel qui va s’ajouter à la radioactiviténaturelle. En multipliant ce débit de

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q DOSSIER JAPON

Si l’on cherche à évaluer en 2012 les niveaux de radiation résiduels induitspar les dépôts radioactifs de mars 2011, il est donc bien légitime de neprendre en compte que4 les césium 134 et 137 pour estimer l’expositionexterne, c’est-à-dire le taux d’irradiation induit par le sol.

Les calculs ci-après portent sur l’irradiation résiduelle actuelle et non passur la reconstitution des doses particulièrement importantes subies dansles premières semaines après la catastrophe.

4. En toute rigueur, pour des évaluations à très long terme, il faudra par contre tenir compte du fait que, sila plupart des radionucléides vont voir leur radioactivité baisser au cours du temps, pour d’autres, la radioac-tivité va augmenter. C’est le cas de l’américium 241 de période longue (433 ans). Cet élément radioactif,émetteur alpha et gamma va voir son activité augmenter dans les sols au fur et à mesure de la décroissancede son père, le plutonium 241, émetteur bêta de période 14,4 ans. Des chercheurs japonais ont en effetdémontré que la catastrophe nucléaire de Fukushima avait entraîné une contamination des sols par des iso-topes de plutonium, et principalement par le plutonium 241, au nord-ouest et au sud de la centrale, dans lazone 20 à 30 km (valeur maximale mentionnée 34,8 Bq/kg, à 26 km au nord-ouest de la centrale). [JianZheng et al. / Isotopic evidence of plutonium release into the environment from the Fukushima DNPP acci-dent / Scientific Reports / 8 March 2012]. En ce qui concerne l’irradiation externe, les isotopes du césiumvont rester les principaux contributeurs pendant des décennies.

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dose (en microSieverts par heure) parle temps passé sur le terrain conta-miné (exprimé en heures), on peutcalculer la dose artificielle cumulée.

Dans le cadre de ce premier article,nous allons donner des éléments per-mettant aux personnes concernéesde procéder à une estimation dudébit de dose artificiel actuel à partirdes cartographies officielles en utili-sant les cartes qui portent sur lesretombées surfaciques au niveau dusol exprimées en becquerels parmètre carré (Bq/m2).

On trouve dans la littérature descoefficients moyens5 permettant decalculer le débit de dose gamma à1 mètre du sol [exprimé enmicroSievert par heure (µSv/h)] enfonction de la contamination surfa-cique pour chaque radionucléideconcerné (Bq/m2).

Pour le césium 137 nous retiendrons lavaleur de 2,11 µSv/h pour 1 million deBq/m2. Comme le césium 137 nedécroît que très lentement (environ 5 % en 2 ans), on peut utiliser les car-tes de dépôt de césium 137 d’ avril2011 ou novembre 2011 (voir ci-après), sans que cela ne changebeaucoup le résultat.

Il faut également tenir compte de l’irradiation induite par le dépôt decésium 134. Pour le césium 134, le coef-ficient reliant les Bq/m2 et le débit dedose en microSieverts par heure est de

5,47 µSv/h pour 1 million de Bq/m2.

La comparaison de ces 2 coefficientsmontre que le césium 134 est 2,6 foisplus « irradiant » que le césium 137.Nous avons vu dans la partie 1 que sadésintégration donne lieu à des émis-sions plus nombreuses de rayonne-ments gamma avec, pour certains,une énergie supérieure à la raiegamma principale émise par lecésium 137.

La contamination en césium 134(période physique 2 ans) va décroîtrebeaucoup plus rapidement que celledu césium 137 (période physique 30 ans), il faut donc vérifier à quelledate sont exprimés les dépôts decésium 134 sur les cartes.

Pour simplifier, nous proposons den’utiliser que les cartes de dépôt decésium 137. On peut ensuite déduirepar le calcul le dépôt de césium 134associé. Il suffit pour cela de connaî-tre le ratio initial Cs 137 / Cs 134 dansles retombées.

Les mesures réalisées par le labora-toire de la CRIIRAD sur 18 échantillonsde sols prélevés fin mai et début juin2011 de Tokyo (sud de Fukushima) àMarumori (préfecture de Miyagi aunord de Fukushima) permettent deproposer une estimation de 1,1 pourle ratio moyen Cs 137 / Cs 134 à ladate du 15 mars 2011.

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5. Ces coefficients sont donnés à titre indicatif pour une première évaluation. En effet, le débit de dosedépend de la répartition du dépôt dans le sol et de la densité du sol.

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Nous avons effectué dans le tableau T2 ci-dessous un calcul de l’évolution dudébit de dose (µSv/h) lié au césium 134 et au césium 137 au cours du temps(tous les 30 jours) pour un territoire ayant subi une retombée initiale de 30 000 Bq/m2 en césium 137 (et donc de 1,1 fois 30 000 soit 33 000 Bq/m2 encésium 134).

TT22 // eessttiimmaattiioonn dduu ddéébbiitt ddee ddoossee «« aarrtt ii ff iicciieell »» àà 11 mm aauu ddeessssuussdd’’uunn ssooll ccoonnttaammiinnéé ppaarr 3300 000000 BBqq//mm22 ddee ccééssiiuumm 113377 ((eett eenn

tteennaanntt ccoommppttee dduu ddééppôôtt ddee ccééssiiuumm 113344 aassssoocciiéé))

Le débit de dose résiduel « artificiel » dû au césium 137 et 134 est, dans cetexemple, de 0,2 µSv/h le 1er juin 2011 ; 0,17 µSv/h le 27 janvier 2012 et 0,14 µSv/h le 22 décembre 2012.

En comparant aux évaluations des taux d’irradiation naturels, on constate quesur les terrains contaminés par 30 000 Bq/m2 de césium 137, le taux de radia-tion artificiel de 0,2 µSv/h (en juin 2011) correspond à 2 à 3 fois le niveau d’irra-diation naturel ambiant qui existait avant la catastrophe.

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Comment calculer la dose artifi-cielle « externe » cumulée dans letemps ?

• A / Evaluation par excès dans l’hypo-thèse où 100 % du temps serait passé àl’extérieur.

Le fait de résider sur un territoire conta-miné à un niveau de 30 000 Bq/m2 encésium 137 peut entraîner une exposi-tion supérieure à 1 milliSievert par an(soit 1 000 microSieverts par an).

Comme indiqué dans le tableau T2,une personne qui passerait 100 % deson temps à l’extérieur sur ce sol conta-miné recevrait une dose cumulée « arti-ficielle » de l’ordre de 100 microSievertstous les 30 jours. Entre le 29 décembre 2011 et le 22décembre 2012, la dose cumulée seraitsupérieure à 1 300 microSieverts etdonc à la dose maximale annuelleadmissible.

• B / Evaluation en tenant compte dutemps passé à l’intérieur des bâtiments(atténuation des radiations).

Le résultat ci-dessus surestime la réalitécar on ne passe pas tout son tempsdehors et il est vrai qu’à l’intérieur desbâtiments, le taux de radiation « artifi-ciel » dû à la contamination des solsextérieurs est diminué du fait de l’atté-nuation fournie par les murs du bâti-ment.

Cette atténuation n’est cependant pasde 100 % surtout dans le cas du Japon.En effet dans l’habitat traditionnel onrencontre beaucoup de vastes baiesvitrées et cloisons en bois qui atténuentnettement moins les rayons gammaque des murs en béton.

La CRIIRAD a pu le constater sur placeen mai-juin 2011. Les résultats des mesu-res effectuées avec un compteur pro-portionnel LB123 sont reportés dans letableau T3 ci-dessous.

TT33 // MMeessuurreess ddee ddéébbiitt ddee ddoossee eeffffeeccttuuééeess ff iinn mmaaii 22001111 ppaarr llaaCCRRIIIIRRAADD ddaannss llaa pprrééffeeccttuurree ddee FFuukkuusshhiimmaa.. CCoommppaarraaiissoonnss eennttrree

iinnttéérriieeuurr eett eexxttéérriieeuurr ddeess hhaabbiittaattiioonnss

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Dans l’exemple de la ferme à Iitate-Nagadoro, le débit de dose mesuré enextérieur était de 13 µSv/h. A l’intérieur, ilétait encore de 5,48 µSv/h dans le salon(contre la fenêtre) et de 2,5 µSv/h aucentre du salon. Pour calculer le débitde dose à l’intérieur, il faut donc multi-plier les valeurs mesurées à l’extérieurpar 0,19 et 0,42 respectivement.

Dans la ville de Fukushima, quartierWatari, au niveau d’une maison indivi-duelle, le débit de dose mesuré en exté-rieur dans le jardin était de 2,2 µSv/h. Al’intérieur, il était encore de 0,6 µSv/hdans le salon (à 1 mètre du sol) et de0,38 µSv/h au contact du tatami là oùdorment les enfants. Pour calculer ledébit de dose à l’intérieur il faut doncmultiplier les valeurs mesurées à l’exté-rieur par 0,27 et 0,17 respectivement.

Nous proposons dans le tableau T4 ci-dessous, toujours pour un terrain conta-miné par 30 000 Bq/m2 de césium 137,une évaluation de la dose cumulée du29 décembre 2011 au 22 décembre2012 en fonction de divers scenarii(variation du temps passé à l’extérieuret à l’intérieur, différents facteurs d’atté-nuation par les murs de l’habitation).

On obtient dans ces trois exemples desdoses cumulées comprises entre 710 et935 microSieverts.

Ces valeurs plus « réalistes » correspon-dent à la dose calculée en supposantque l’on passe 100 % du temps à l’exté-rieur (1 360 microSieverts), multipliéeselon les scenarii par un facteur 0,52 à0,69.

CRIIRAD - Trait d’Union n° 54

q DOSSIER JAPON

TT44 // éévvaalluuaatt iioonn ddeellaa ddoossee eexxtteerrnneeaarrtt ii ff iicciieell llee ccuummuullééeeeenn ffoonnccttiioonn ddee ssccee--nnaarrii ii ddee vviiee ppoouurr uunntteerr rraaiinn ccoonnttaammiinnééppaarr 3300 000000 BBqq//mm22 ddeeccééss iiuumm 113377 ((eenntteennaanntt ccoommppttee dduuccééss iiuumm 113344 aassssoo--cciiéé)).. PPéérriiooddee :: ff iinnddéécceemmbbrree 22001111 ààffiinn ddéécceemmbbrree 22001122..

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Pour estimer la dose « artificielle »totale, il faudrait ajouter aux doses ci-dessus :

• les doses liées à la contaminationinterne (ingestion et inhalation),

• celles liées à l’irradiation externelorsqu’on est plus proche du sol exté-rieur. Une personne n’est pas en effet

toujours debout sur le sol (dose éva-luée à 1 mètre au dessus du sol). Dansde nombreuses actions du quotidien,on se trouve à quelques centimètresvoire au contact du sol : travail deschamps, chantier, camping, pic-nic,jeux d’enfants, etc… Dans ce cas, ledébit de dose augmente nettement.

CRIIRAD - Trait d’Union n° 5421

Ces évaluations « préliminaires » montrent que vivre sur un territoire conta-miné à plus de 30 000 Bq/m2 en césium 137 (et en tenant compte ducésium 134 associé), peut conduire à dépasser la dose maximaleannuelle admissible de 1 milliSievert par an pour une résidence sur placede fin décembre 2011 à fin décembre 2012.

Tout dépend du mode de vie, du type d’habitat, etc. Il est donc extrême-ment important d’informer les populations concernées sur la façon d’es-timer les doses et les risques afin qu’elles puissent apprécier au mieux lasituation et prendre les meilleures dispositions possibles.

Pour une contamination en césium 137 de 10 000 Bq/m2, on peut faire desévaluations de dose en reprenant les calculs ci-dessus et en divisant par3. On obtient, selon le mode de vie, des doses externes cumulées de plu-sieurs centaines de microSieverts qui ne sont donc pas négligeables sur leplan de la radioprotection. Il est donc souhaitable de tenir compte decette contamination, même pour les territoires qui, sur les cartes ci-après,ont un dépôt de césium 137 en dessous de 10 000 Bq/m2.

Note : la réalisation d’estimations plus complètes des doses subies sort du champdu présent article.

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Nature des données présentées dansles cartes du MEXTLes cartes officielles publiées par leMEXT sont accessibles sur le site :

http://radioactivity.mext.go.jp/en/monitoring_around_FukushimaNPP_MEXT_DOE_airborne_monitoring/

Pour chaque préfecture ayant faitl’objet de mesures, le MEXT met à dis-position 4 cartes qui portent sur :

• La quantité de césium 137 déposéeau sol, exprimée en becquerels parmètre carré (Bq/m2).

• La quantité de césium 134 déposéeau sol, exprimée en becquerels parmètre carré (Bq/m2).

• La somme des dépôts de césium 137et 134, exprimée en becquerels parmètre carré (Bq/m2).

• Le débit de dose gamma ambiant à1 mètre au-dessus du sol exprimé enmicroSieverts par heure (µSv/h). Il s’agiten réalité de la moyenne estimée dansun rayon approximatif de 300 à 1 500mètres sous la sonde aéroportée (cerayon dépend de l’altitude de vol). Ilsemble que ces débits de dose intè-grent la radioactivité artificielle et natu-relle. Car sur les cartes publiées endécembre 2011, la légende originaleest « This map contains air dose rates bynatural radionuclides ».

Les contrôles ponctuels effectués auJapon par le laboratoire de la CRIIRADfin mai-début juin 2011, en une dizainede lieux différents (secteur Tokyo, pré-fecture Ibaraki, préfecture deFukushima, préfecture de Miyagi), ontdonné des évaluations du dépôt decésium 137 cohérentes avec les don-nées officielles. C’est pourquoi nousnous permettons de mentionner ces

données officielles, compte tenu de lavision d’ensemble qu’elles apportentdu fait de l’utilisation de moyens lourds(mesures aéroportées et héliportées).

Cela ne signifie pas que la CRIIRAD esten mesure de garantir la validité deces cartes officielles mais qu’il paraîtraisonnable de les utiliser pour effec-tuer de premières estimations.

Bien entendu, il est préférable d’utiliserun radiamètre (compteur Geiger) pourmesurer précisément le niveau deradiation effectif sur le terrain et exami-ner sa variabilité du fait de la présencede points d’accumulations (fossés,zones de gouttage des toitures ou desarbres, secteurs situés en contrebas deterrains pentus, zones d’épandage decendres, proximité de filtres de climati-seurs, etc..).

L’évolution des cartes du MEXTLa première série de cartes a étépubliée par le MEXT le 6 mai 2011 soit 7 semaines après le début des retom-bées radioactives qui ont été particu-lièrement intenses entre le 12 et le 22 mars 2011. Ces cartes établies avecl’aide des américains (le DOE c’est-à-dire le Ministère de l’Energie américain)ne concernaient que les alentours dela centrale nucléaire de FukushimaDaiichi, dans un rayon de 80 kilomè-tres.

Elles ont été réalisées au moyen desondes gamma aéroportées. Les pre-mières cartes ont été réalisées à partirde survols effectués par avion et héli-coptère du 6 au 29 avril 2011 à une altitude comprise entre 150 mètres et 700 mètres. Le DOE a effectué lesmesures dans un rayon de 60 kilomè-

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tres et le MEXT entre 60 et 80 kilomètres.Compte tenu de la décroissance desdébits de dose et des activités avec letemps, les résultats obtenus avant le 29 avril 2011 ont été « ramenés » par lecalcul à la date du 29 avril.

Par la suite, de nouvelles versions deces cartes intégrant d’autres préfectu-res au-delà des 80 km, ont été publiéespar le MEXT. Elles comportent à cha-que fois un zoom sur la ou les préfectu-res qui ont fait l’objet des contrôlesaéroportés et des cartes de synthèsequi regroupent toutes les données àl’échelle du Japon.

Les premières cartes du MEXT ne ren-daient pas compte de l’étendue dudésastre

La carte officielle des dépôts decésium 137 publiée par le MEXT le 6 mai 2011 est reproduite page 24. Onconstate que la contaminations’étend bien au-delà du périmètred’évacuation de 20 kilomètres. Dansla zone de 30 à 60 km, en particulierau nord-ouest de la centrale, des territoires ont reçu des dépôts de césium 137 estimés entre 1 et 3 millions de Bq/m2 (couleurjaune).

Des portions du territoire de la ville deFukushima, situées au niveau du cer-cle de 60 km sont contaminées entre 300 000 et 600 000 Bq/m2.Malheureusement les deux tons debleu retenus pour les zones 300 000 à600 000 Bq/m2 et inférieur à 300 000Bq/m2 sont difficiles à distinguer.

La CRIIRAD a demandé, lors des confé-rences de presse auxquelles elle a par-

ticipé à Fukushima le 30 mai 2011 et àTokyo le 31 mai et 1er juin 2011, que lesautorités publient des cartes pour l’en-semble du territoire japonais (et passeulement pour un rayon de 80 kilomè-tres) et que la résolution de ces cartessoit affinée afin de faire apparaître descontaminations en césium 137 de l’or-dre de 10 000 Bq/m2 et en dessous etnon pas avec une limite inférieure à 300 000 Bq/m2 qui est bien trop élevée.

A partir des calculs effectués ci-dessus(tableaux T2 à T4) on peut constater eneffet que vivre 1 an sur un territoirecontaminé en césium 137 à plus de 300 000 Bq/m2 peut conduire à dépasser 7 voire 9 milliSieverts (de décembre2011 à décembre 2012), rien que dufait de l’irradiation externe. Ce sont desvaleurs 7 à 9 fois supérieures à la dosemaximale annuelle admissible … d’au-tant que les personnes concernées ontpu recevoir dans les premières semai-nes des doses extrêmement élevées etqu’en restant sur des territoires conta-minés elles subissent une contamina-tion interne dont il faut tenir comptepour évaluer la dose totale.

En outre, la carte du 6 mai 2011 pouvaitlaisser croire aux citoyens qu’il n’y avaitpas de contamination au-delà des 80 kilomètres.

L’analyse des mesures officielles dedébit de dose ou de contamination del’air effectuées par exemple à Tokyo,ou encore les mesures réalisées par laCRIIRAD le 23 mai 2011 dès l’atterris-sage à l’aéroport de Tokyo Narita mon-traient des taux de radiation élevés àplus de 200 kilomètres de la centralede Fukushima. Les cartes publiées pro-gressivement par le MEXT ont faitapparaître cette réalité.

CRIIRAD - Trait d’Union n° 5423

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24CRIIRAD - Trait d’Union n° 54

Results of airborne monitoring by MEXT and DOE(Surface deposition of Cs-137 inside 80 km zone of Fukushim a Dai-ichi NPP)

Annex4

Deposition of Cs-137 (Bq/m2)[Converted into the value as of April 29]

Fukushima Dai-ichi NPP

Areas where readings were not obtained

Shirasaka

Takahagi

Ishikawa

Tanagura

Koriyama

Ryo-ZenSoma

Watan

Fukushima

Sukagawa

Otakine-yama

Iwaki

Ueda

Shirasaka

Isohora

Takahagi

Ishikawa

Tanagura

Koriyama

Ryo-ZenSoma

Watan

Fukushima

Sukagawa

Otakine-yama

Iwaki

Ueda

Première carte des dépôts de césium 137 (Bq/m22) publiée par le MEXT (valeurs ramenées au 29 avril 2011)

FUKUSHIMADAIICHI

Source : Site web du MEXT

Dépôt de Césium 137en Bq/m2

< 300 000

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CRIIRAD - Trait d’Union n° 5425

Les cartes plus récentes

Le MEXT a progressivement réalisé et publié des cartographies plus précises etsur davantage de préfectures.

Nous reproduisons ci-après certaines des cartes publiées le 16 décembre 2011sur le site web du MEXT. Sur ces cartes, les retombées sont ramenées au 5 novembre 2011.

Pour ce qui concerne les dépôts de césium 137 dans la zone des 80 kilomètres,les nouvelles cartes font apparaître l’intensité des retombées à partir de 10 000Bq/m2 et non plus de 300 000 Bq/m2, ce qui constitue un progrès notable.

VOIR CARTE page 26

Ces nouvelles cartes montrent également l’étendue de la contamination surle territoire japonais puisque les données publiées portent sur 22 préfectures.

La CARTE page 27 indique par exemple la somme des dépôts en césium 134et césium 137 exprimés en Bq/m2 et ramenés au 5 novembre 2011

Dans cette version, la limite basse est fixée à 10 kBq/m2 soit 10 000 Bq/m2 eton constate que des zones où la contamination dépasse 10 000 Bq/m2 sontidentifiées par exemple dans des préfectures situées au nord de la centralede Fukushima (Miyagi, sud d’Iwate, est de Yamagata, Akita), à l’ouest(Niigata) et au sud (Ibaraki, Tochigi, Gunma, Chiba, Tokyo, Saitama et plusponctuellement à l’est de Nagano et au nord-est de Yamanashi).

Il faut bien entendu que ce travail de cartographie soit poursuivi sur l’ensemble du territoire japonais afin d’identifier toutes les zones touchées.

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Page 23: DOSSIER JAPON RISQUES LIÉS À L’IRRADIATION … · Cartes officielles de contamina-tion des sols au Japon par les retombées radioactives / com-ment les interpréter ? / Quels

26CRIIRAD - Trait d’Union n° 54

q DOSSIER JAPON

Shirasaka

Takahagi

Ishikawa

Tanagura

Koriyama

Ryo-ZenSoma

Watan

Fukushima

Sukagawa

Otakine-yama

Iwaki

Ueda

Shirasaka

Isohora

Takahagi

Ishikawa

Tanagura

Koriyama

Ryo-ZenSoma

Watan

Fukushima

Sukagawa

Otakine-yama

Iwaki

Ueda

60km

30km

80km

20km

Estimation des dépôts de césium 137 en Bq/m22 (MEXT) dans un rayon de 80 km (valeurs ramenées au 5 novembre 2011)

Source : Site web du MEXT

> 3 000 000

1 000 000 - 3 000 000

600 000 - 1 000 000

300 000 - 600 000

100 000 - 300 000

60 000 - 100 000

30 000 - 60 000

10 000 - 30 000

≤ 10 000

Dépôt de Césium 137Bq/m2

54 16/04/12 17:15 Page 26

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CRIIRAD - Trait d’Union n° 5427

Akita

Iwate

MiyagiYamagata

Fukushima

Nllgata

Nagano

Yamanashi

Saitama

Toyama

Gifu

Shizuoka

Ibaraki

Chiba

Tochigi

Gunma

TOKYO

Estimation des dépôts de césium 137 et césium 134 en Bq/m22 (MEXT)

(valeurs ramenées au 5 novembre 2011)

Source : Site web du MEXT

> 3 000 0001 000 000 - 3 000 000600 000 - 1 000 000300 000 - 600 000100 000 - 300 00060 000 - 100 00030 000 - 60 00010 000 - 30 000 ≤ 10 000

Dépôt de Césium 134 et 137

Bq/m2

54 16/04/12 17:15 Page 27

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28CRIIRAD - Trait d’Union n° 54

q DOSSIER JAPON

Akita

Iwate

MiyagiYamagata

Fukushima

Nllgata

Nagano

Yamanashi

Saitama

Toyama

Gifu

Shizuoka

Ibaraki

Chiba

Tochigi

Gunma

TOKYO

Estimation des dépôts de césium 137 en Bq/m22 (MEXT)

(valeurs ramenées au 5 novembre 2011)

Source : Site web du MEXT

> 3 000 0001 000 000 - 3 000 000600 000 - 1 000 000300 000 - 600 000100 000 - 300 00060 000 - 100 00030 000 - 60 00010 000 - 30 000 ≤ 10 000

Dépôt de Césium 137Bq/m2

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La carte ci-contre indique les dépôts du seul césium 137 exprimés en Bq/m2 etramenés au 5 novembre 2011. Ces valeurs peuvent être utilisées et coupléesavec les calculs proposés dans le tableau T2, pour effectuer des calculs dedébit de dose et en déduire les risques liés à l’exposition externe pour les per-sonnes qui résident sur ces territoires.

Comme indiqué plus haut, il paraît raisonnable de considérer que sur les sec-teurs où le dépôt de césium 137 dépasse 30 000 Bq/m2 certains groupes depopulation pourraient dépasser 1 milliSievert par an sur l’année 2012.

Bien entendu l’intensité de la contamination est très variable d’un point à unautre. Sur un même terrain, à quelques mètres de distance, on peut enregistrerdes différences d’un facteur 2 et bien plus. Et les cartes du MEXT donnent desmoyennes valables dans un rayon de 300 à 1 500 mètres. Le plus fiable est alorsde faire des mesures directement sur le terrain au moyen d’un radiamètre cor-rectement calibré.

On voit que pour effectuer des estimations précises de l’exposition externecumulée, il faut en réalité tenir compte de nombreuses données. C’est pour-quoi les salariés et bénévoles de la CRIIRAD ne peuvent pas répondre demanière précise et catégorique aux questions posées par les citoyens surl’évaluation des risques radiologiques actuels au Japon.

Nous y reviendrons plus en détail dans d’autres articles complémentaires carpour parler des risques, il faudra traiter de la question de la contamination desaliments, de la contamination de l’air et du danger que présente toujours lacentrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Rédaction : Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable dulaboratoire CRIIRAD

CRIIRAD - Trait d’Union n° 5429

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