DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA ...

10
LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008 DOSSIER HALTÉROPHILIE: STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION INTRODUCTION L’haltérophilie est un «vieux sport» qui évolue. Si la gestuelle technique est dorénavant est à peu près maîtrisée par tous les pays suivant la morphologie de chaque athlète, ce sont les formats de compétition et donc sur les stratégies de préparation qui subissent des transformations majeures. Ces changements sont liés à des événements géopolitiques et à des évolutions règlementaires : en 1989 la chute du mur de Berlin met fin à l’emprise de l’URSS sur les pays de l’Europe de l’Est. De nombreux entraîneurs bulgares partent dispenser leurs savoirs dans des pays étrangers. Cela élève globalement le niveau des performances mondiales. En 1992 l’éclatement de l’URSS en pays indépendants fait augmenter le nombre d’athlètes de très haut niveau sur les compétitions internationales. Des évolutions réglementaires interviennent alors pour réguler ces nouveaux flux : en 1995 le mode de qualification pour les JO change ; on passe d’un système de qualification individuel à un mode de qualification par équipe donnant un quota de qualifiés pour un collectif féminin ou masculin. Cette qualification se déroule sur les deux championnats du monde senior précédant l’épreuve olympique. Cela fait augmenter le nombre de participants lors de ces compétitions avec une moyenne de 50 concurrents par catégorie. En 2005 la progression minimale entre les essais passe de 2.5 kg à 1 kg. Ce changement accorde une place prépondérante à la tactique. La performance internationale ne se juge plus uniquement sur la réussite d’une barre record mais sur une capacité à réussir un maximum d’essais sur des barres record. 1.a Le 1.b Le HALTEROPHILIE STRATEGIE DE PREPARATION A LA COMPETITION Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 14

Transcript of DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA ...

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008

DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION

INTRODUCTIONL’haltérophilie est un «vieux sport» qui évolue.Si la gestuelle technique est dorénavant est àpeu près maîtrisée par tous les pays suivantla morphologie de chaque athlète, ce sont lesformats de compétition et donc sur les stratégies depréparation qui subissent des transformationsmajeures. Ces changements sont liés à desévénements géopolitiques et à des évolutionsrèglementaires : en 1989 la chute du mur deBerlin met fin à l’emprise de l’URSS sur les

pays de l’Europe de l’Est. De nombreuxentraîneurs bulgares partent dispenser leurssavoirs dans des pays étrangers. Cela élèveglobalement le niveau des performancesmondiales. En 1992 l’éclatement de l’URSS enpays indépendants fait augmenter le nombred’athlètes de très haut niveau sur lescompétitions internationales. Des évolutionsréglementaires interviennent alors pourréguler ces nouveaux flux : en 1995 le modede qualification pour les JO change ; on passed’un système de qualification individuel à unmode de qualification par équipe donnant un

quota de qualifiés pour un collectif féminin oumasculin. Cette qualification se déroule sur lesdeux championnats du monde senior précédantl’épreuve olympique. Cela fait augmenter lenombre de participants lors de ces compétitionsavec une moyenne de 50 concurrents parcatégorie. En 2005 la progression minimaleentre les essais passe de 2.5 kg à 1 kg. Cechangement accorde une place prépondéranteà la tactique. La performance internationale nese juge plus uniquement sur la réussite d’unebarre record mais sur une capacité à réussirun maximum d’essais sur des barres record.

1.a Le

1.b Le

HALTEROPHILIE

STRATEGIE DE PREPARATION

A LA COMPETITION

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 14

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR P.15

n our lesdanter leionspar

male. Ceantee neunessirord.

DESCRIPTION DE L’ACTIVITEEn haltérophilie, il s’agit de soulever unebarre lestée de poids en respectant descritères techniques. C’est un concours, le résultat correspond au classement dessportifs ayant soulevé les barres les plus lourdes. Deux techniques différentessont reconnues et imposées : l’arrachéd’une part et l’épaulé-jeté d’autre part (cf.

figure 1). Selon les concours on reconnaît3 classements : un par technique + letotal correspondant à l’addition des poidsà l’arraché et à l’épaulé-jeté (parexemple championnats du monde) ou unseul classement basé sur le total (c’est leformat Olympique actuel). Il existe un concours indépendant pourles hommes ou les femmes et ondistingue des catégories de poids :

Femmes : 48/53/58/63/69/75/+75

Hommes : 56/62/69/77/85/94/105/+105

Pour chaque mouvement, les athlètesdisposent d’un maximum de trois essaispour réussir la meilleure performancepossible. En cas d’égalité entre deuxathlètes, c’est leur poids de corps qui lesdépartage, au bénéfice du plus léger.

ARRACHÉ / EPAULÉ-JETÉLe mouvement de l’Arraché (Figure 1a)

demande à l’athlète de soulever la barrede terre pour immédiatement «passerdessous» et remonter la barre au dessusde la tête, à bout de bras. Le mouvement de l’épaulé-jeté (Figure1b)

s’effectue en deux temps : il s’agitd’abord de venir épauler la barre et de seredresser avec la barre à hauteur desépaules pour ensuite la jeter au dessusde la tête. Ce mouvement demande plusde puissance et de force aux athlètes ; ilssoulèvent plus lourd qu’à l’Arraché quiest considéré comme un mouvementplus technique.

Certains athlètes sont plus spécialiséssur un mouvement en fonction de leurmorphotype, de leur habileté ; d’autressont polyvalents et parviennent àmaintenir un niveau équivalent quel quesoit le mouvement considéré. Nousverrons que cette spécialisation peutavoir des conséquences sur l’approchetactique pour les compétitions.

FORMAT DE COMPÉTITIONLa compétition se déroule sur une seulejournée par catégorie (les différentescatégories sont programmées surplusieurs jours). La pesée a lieu le jourmême de la compétition et chaqueathlète doit annoncer ses barres de départ afin d’être réparti sur différentsplateaux de compétition (A,B,C…) parniveau regroupant une dizaine deconcurrents, en fonction de leur niveau.

L’haltérophilie est apparemment le sport explosif par excellence. L’effort est bref et poussel’athlète au maximum de ses possibilités musculaires. Pourtant en 2005 un légerchangement règlementaire vient bouleverser cette conception et modifier profondément lanature de l’activité pour donner à la tactique une place importante dans la stratégie depréparation à la compétition.

Derrière cet aspect, l’article aborde la délicate question de la stratégie de préparation desathlètes à la compétition… les entraîneurs savent bien combien ces instants qui précèdentimmédiatement la compétition sont déterminants. En haltérophilie cette question estparticulièrement saillante pour la performance : le laps de temps où l’athlète peut s’engageret produire des efforts reste éphémère en compétition. Il s’agit de l’amener progressivementà accepter de s’engager à produire des efforts maximum tout en restant dans des cadrestechniques qui ne tolèrent aucun écart.

Cet article décrit l’analyse de l’activité produite par le staff de l’équipe de France sur cettequestion : la planification de entraînement intègre les composantes des efforts liés à lapréparation à la compétition, dans la dynamique temporelle des concours, tant ils sontintégrés à la production de la performance finale.

Franck Collinot, Entraîneur National, Equipe de France d’haltérophilie

Gilbert Avanzini, Rédacteur INSEP

1.a Le mouvement de l’Arraché

1.b Le mouvement de l’Epaulé-jeté

Figure 1 : Les deux mouvements de

l’haltérophile Venceslas Dabaya lors des

championnats du monde 2005 à Doha.

N

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 15

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008

DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION

La compétition démarre toujours parl’arraché et se finit par l’épaulé-jeté. Entre lesdeux mouvements le concours s’interrompt10 minutes, ce qui ne signifie pas que lessportifs bénéficient d’une pause puisqu’ilsdoivent se préparer et s’échauffer pour lasuite du concours à l’épaulé-jeté. Oncommence par les barres les plus basses eton monte progressivement sans jamaisrevenir en arrière. Chaque athlète dispose detrois essais au total pour réussir une barrequi doit être annoncée à l’avance au jury del’épreuve. L’ordre de passage se fait enfonction des barres annoncées (des pluslégères au plus lourdes). Les dernièresévolutions règlementaires liées à laprogression par 1 kg au lieu des 2,5 kgprécédents ont eu des effets majeurs sur lacompétition.

RALLONGEMENTDE LA DURÉE DE COMPÉTITIONAvant le début des années 1990, lorsqu’unhaltérophile réalisait un 1er essai, il attendait

environ 5 à 10 mn pour réaliser son 2ème essaiparce que le nombre d’athlètes n’était pastrop important lorsqu’on compare avec laprésence observée aujourd’hui. Dorénavant,la densité d’athlètes de bon niveau imposeune attente qui peut aller de 15 à 20mn entreles essais.

Le mode de compétition haltérophile quiautrefois consistait à répéter trois essais engérant un temps d’attente assez court et enne réalisant pas ou peu de barres àl’échauffement est maintenant révolu ; il estnécessaire pour réussir au plus haut niveaude développer des capacités adaptatives aunouveau format de compétition (plusd’athlètes et augmentation des barres de 1 kgen 1 kg). Il impose un temps d’attente biensupérieur entre les barres, donc un travaild’échauffement et de préparation spécifique ;Le temps de compétition est ainsi prolongé etpour envisager de réussir il faut intégrer cettecomposante. Des considérations tactiquess’ajoutent à la contrainte de la durée de lacompétition et créent une dynamique

temporelle susceptible de modifier laquantité et la qualité des mouvementscomme nous allons le démontrer. Il s’agitdonc de concevoir des formes spécifiquesd’entraînement qui puissent permettre auxathlètes de s’adapter à cette nouvellesituation.

IMPORTANCE ACCRUEDE LA DIMENSION TACTIQUEDepuis la nouvelle règle de progression de1 kg, les aspects tactiques prennent uneplace de premier ordre pour réussir enconcours : ce point de règlement augmentela dimension stratégique en compétition,puisqu’elle autorise le marquage direct entreadversaires : il suffit pour battre un athlète desoulever 1 kg de plus que lui, alors quelorsque la progression se faisait de 2,5 en 2,5 kg c’est plus le potentiel de l’athlète quiréglait les choix de barres (figure 2).

Figure 2 :

Pour dépasser un

adversaire, la progression

par 1 kg autorise un

marquage de l’adversaire,

le concours est tactique.

Avec la progression par

2.5 kg l’athlète est

confronté à ses propres

limites, le concours est

auto référencé.

Mélanie Noël

Championnat du monde 2007

Mélanie Noël

Championnat du monde 2007

Estelle Lechat

Championnat du monde 2007

DES FORMES SPECIFIQUESD’ENTRAINEMENT Avant le changement de format decompétition, l’entraînement était structuréautour d’une suite de phases ordonnéesfinalisées par la recherche de l’effortmaximum : cela consistait dans un premiertemps à préparer physiquement l’athlète,puis ensuite à augmenter sa force maximalepour enfin développer une endurancespécifique qui lui permette d’enchaîner troistentatives à effort maximal lors descompétitions. Ce schéma a évolué pourintégrer le nouveau format des compétitionsinternationales haltérophiles.

Dorénavant il faut ajouter à ces troistentatives (d’affilée), une capacité à gérer unedurée d’effort qui peut aller jusqu’à 45mn parmouvement (temps consacré à l’arraché etl’épaulé-jeté) à cause du nombre importantd’adversaires de même niveau.

De plus, il faut développer une endurancepsychologique de résistance à la fatigue etune compétence à produire des efforts enconditions d’incertitude et d’émotion car letaux de réussite en compétition prend uneimportance capitale.

PLANIFICATIONDE L’ENTRAÎNEMENTEn règle générale, l’équipe de France se fixe

deux objectifs prioritaires (Figure 3) qui sont leschampionnats d’Europe (avril/mai) et leschampionnats du Monde (octobre/novembre)pour les années non olympiques. Pour l’annéeolympique, les championnats du Monde sontremplacés par les Jeux Olympiques(août/septembre). Pour s’adapter à une saison à deux objectifsmajeurs sans trop fatiguer les organismes,l’équipe de France organise ses efforts surdeux cycles de préparation (figure 3) dansl’année, entrecoupés d’une période detransit ion. Chaque cycle se décline en 4 périodes de préparation finalisées surl’objectif principal et structurées de façon spécif ique afin d’amenerprogressivement l’athlète à un pic de forme :

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 16

+ Global /Spécifique

Exercices Techniques : très proches des mouvements complets, ils peuvent être simplifiés ou complexifiés par des contraintes mécaniques

Exercices 1/2 Techniques : ils se centrent sur une partie des mouvements complets et dénaturent la dynamique globale en mettant l’accent sur certains passages

Renforcement Musculaire Spécifique :

Renforcement Musculaire Général

Activités complémentaires

+ Analytique /Général

Figure 4 : L’entraînement se réparti en utilisant des exercices dans cinq

catégories déclinaison des exercices sur un axe

global/analytique général / spécifique

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR P.17

laents’agit

quesaux

velle

n deune

enentetion,ntree deque

5 en qui

un

on

un

re,

ue.

par

st

res

est

t lesles

bre)nnéesontues

ctifsmes,

surans

e deline sur

ées ner

me :

Figure 3 : la planification

de la saison

haltérophile se

décompose

en 2 cycles de 4

périodes.

• Préparation physique spécifique,(sur environ 6 à 10 semaines)

• Pré-compétition(sur environ 6 à 10 semaines)

• Compétition (4 à 6 semaines)

• Transition (1 à 2 semaines)

Ces objectifs de développement se réalisent dans cet ordre, maispeuvent se chevaucher au fil de la planification annuelle qui sedécoupe en plusieurs périodes. Il est important d’avoir optimiséle premier objectif avant de passer à l’étape du deuxièmeobjectif, puis d’atteindre le deuxième avant de passer à l’étapedu troisième etc.…

Ces différents objectifs de développement se réalisent sur lesdifférentes périodes d’entraînement que nous avonsmentionnées. Au delà des objectifs qualitatifs, la quantitéd’entraînement évolue aussi à l’approche de l’objectif compétitif,mais nous n’approfondirons pas cette dimension dans cet articlepour mettre l’accent sur l’approche qualitative. On peut concevoirl’entraînement et l’orienter en choisissant les éléments, lessituations qui le composent. Ils se déclinent sur un continuum(cf. figure 4) qui combine les dimensions analytique/global etgénéral/spécifique. Ils confèrent une texture spécifique àl’entraînement qui est orienté en fonction des périodes depréparation.

Bien entendu à ces exercices s’ajoutent des situations particulières que nous

ne détaillerons pas ici mais qui portent sur la qualité de l’échauffement afin

de préparer le sportif physiquement et mentalement à affronter un

effort particulièrement intense.Les étirements sont largementpratiqués, la souplesse estune qualité physiqueessentielle à développer. Elle doit être travaillée

régulièrement. Les exercices de gainagedu bassin, indispensables chez leshaltérophiles de haut niveau. Ils serventà la prévention des blessures et à laperformance. «Etre bien gainé», est unecondition d’efficacité au moment de la poussée des jambes et de la tractiondu dos, des épaules et des bras. En effet,cette solidité du corps au moment oùl ’effort est très v iolent , permet à l’haltérophile d’imposer sa force à labarre au lieu de la subir.

• Augmenter son potentield’entraînement

• Développer sa forcemaximale

• Développer sa force explosive

• Développer une endurancespécifique à la force explosive

• Développer une endurance«psychologique» à l’effort

La planification répond à plusieursobjectifs de développement qui tendentprogressivement à développer lescapacités de l’athlète à produire desefforts enchaînés pour lever des chargesmaximales, en prenant en compte lescontraintes de l’événement compétitif. La progression s’organise autour de lacombinaison chronologique de lapoursuite des objectifs suivants :

OBJECTIFS

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 17

PRÉPARATION PHYSIQUESPÉCIFIQUEChez les haltérophiles de haut niveau on neparle pas de préparation physique généralemais plutôt de préparation physique spécifique.En effet ils réalisent leur préparation physiqueen salle avec des exercices spécifiques etutilisent très peu d’activités extérieuressupposées avoir une incidence directe surleur activité.La préparation physique spécifique marque le début de laplanification annuelled’entraînement. Ils’agit de «chercher àconstruire l’athlèteavant de construirel’haltérophile». Elle sedécompose en unesous période dereprise et une sous période dedéveloppement. - La reprise dure 3 à 4 semaines et doitpermettred’augmenterparal lèlement etprogressivement levolume et l’intensitéde l’entraînement. Ala fin de cette sous période, l’athlète doit êtrecapable de tenir un entraînement biquotidienà une intensité d’environ 75% de l’objectif finalfixé. Elle répond à l’objectif d’augmentationdu potentiel d’entraînement de l’athlète. - Le développement marque le début de laprise de force maximale dans les mouvementsde Renforcement Musculaire Spécifique et deRenforcement Musculaire Généralisé.Effectivement, on ne peut pas parler de forcemaximale dans les mouvements techniqueset semi techniques. Ce travail de prise de forcemaximale qui interviendra jusqu’en périodede pré compétition, s’entretient jusqu'àl’objectif final.

PRÉ-COMPÉTITIONCette période d’entraînement est certainementla plus difficile de la planification. Le volumereste important avec la continuité du travail dedéveloppement dans les mouvements deRenforcement Musculaire Spécifique, maissurtout à cause du volume et de l’intensité dansles mouvements techniques et semi techniquesqui augmentent très nettement. Lerenforcement musculaire généralisé diminueet les activités annexes disparaissent.

COMPÉTITIONC’est la plus courte de la planification ; lapériode de compétition est la plus difficile surle plan nerveux puisqu’on cherche àoptimiser le travail réalisé depuis le début dela planification sur les mouvements decompétition,. Dès le début de cette période, l’athlète doitêtre capable de réaliser une performancetrès proche de l’objectif final visé quis’explique pour plusieurs raisons :

- le stress lié à la compétition est absent.- le poids de corps est plus élevé.- l’objectif de développement de la force

explosive est atteint.Afin de développer l’endurance spécifique à laforce explosive, il faut chercher à réaliserprogressivement plusieurs simples 1 entre 95

et 100% du maximum, le but étant d’arriver àen réaliser 4 à 5 sur un même mouvement.Pour varier les séances et pour collercomplètement à la réalité compétitive, desséances sont réalisées en gammes montantes.Une première gamme jusqu’à la barre de

départ, puis on repartde 70% pour refaireune gammesupérieure à la barrede départ. Cesséances permettent àl’entraîneurd’observer la capacitéde récupération del’athlète et de travaillerl’approche stratégiquepour la compétition. Les séancesd’entraînementpeuvent avoirplusieurs thèmespour un mêmemouvement : on peutdemander à l’athlètede réaliser plusieursgammes dans unpremier temps, puislui demander dans un

second temps de prendre un temps derécupération très court (1 à 2 mn).Ces thèmes de séance veillent à être prochesdes conditions de compétition en exécutant desgammes montantes afin de rester échaufféentre les essais. Il est possible aussi de travaillersur une récupération incomplète, ce qui arrivelorsque l’athlète «se succède» à lui-même encompétition.Afin de palier aux imprévus (une contestationauprès du jury, par exemple) qui allongent lapériode d’échauffement, on procède de tempsen temps à un «blocage d’échauffement». Leprincipe consiste à laisser l’athlète s’échauffer,puis de l’obliger pendant une dizaine de minutes,à rester sur la même charge et à réaliser troisséries. L’ inverse est aussi valable.L’échauffement peut être écourté par des

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008

DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION

Figure 5 : Objectifs recherchés sur chaque période de préparation, et répartitions qualitatives

des exercices supports

David MatamBenjamin Hennequin

David Matam

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 18

er ànt.llerdes

ntes.e departaireme

arreCesent à

acitén de

illeriqueon. ces

voirmesêmepeuthlèteeurs

unpuiss un

s de

chesdesufféiller

rrivee en

ationnt lamps. Leffer,

utes,troisble.des

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR P.19

changements soudains de barres pourtantannoncées au départ par les concurrents.L’idée est de s’assurer que l’athlète estcorrectement échauffé, puis de lui proposerune gamme montante inédite très rapideafin de l’habituer à gérer une situation decette nature. Enfin, pour terminer la préparation, nouscherchons à développer l’endurancepsychologique à l’effort. Pour cet objectifde développement, il faut s’entraîner àréussir. Logique, mais pas si évident… De nombreux athlètes se rassurent en réussissant une barre proche dumaximum … au bout de la 4ème ou 5ème

tentative. Or nous ne disposons que de trois essais par mouvement encompétition (et pas par barre !). Il faut doncinciter les athlètes à augmenter leur taux deréussite en les contraignant à ne pas raterplus de deux fois sur la même charge. Laméthode peut sembler frustrante pour lesathlètes mais elle est terriblement prochede la réalité.L’entraînement consiste donc à provoquerde la désadaptation psychologique et de ladésadaptation musculaire pour contraindreet habituer l’athlète à se régler malgré dessituations extrêmes et diverses.Effectivement, en compétition de nombreuxéléments peuvent s’avérer aléatoires :l’organisation technique de la compétition(panne informatique, arrêt de la compétitionen cas de contestation auprès du jury,temps d’échauffement allongé pours’adapter aux médias télévisés…), lenombre d’adversaires, la forme physiquede la journée, la durée de la compétition,des changements tactiques brusques dela part des adversaires… L’athlète doit êtreprêt à répondre présent à tous typesd’événements indésirables et ne doit pasattendre la compétition pour travailler surces situations.

TRANSITIONC’est une période de repos relatif qui suitun des deux objectifs majeurs de la saison.Cette période se compose de mouvementsde renforcement musculaire généralisé et

d’activités annexes qui ont pour but depermettre à l’athlète de récupérerphysiquement et psychologiquement. Ellepermet en outre de ne pas repartir de zérolors de la reprise de l’entraînement.

DÉROULEMENT D’UNE COMPETITIONLa pesée est effectuée 2h avant le débutde la compétition. Lors de la pesée onannonce ses barres de départ (à l’arrachéet à l’épaulé-jeté), en sachant que lerèglement stipule que le total indiqué nedevra pas varier à – de 20 kg sous peinedisqualification de l’athlète de la compétition(certains annonçaient des barres hautespour bénéficier des retransmissions Tvplutôt arrêtées sur les meilleurs).L’information donnée est strictementconfidentielle, elle est donnée face au jury,à huit clos, les informations sontretranscrites sur un carton puis transmisesen fin de pesée au secrétariat pour affichagesur le tableau public. Selon leursperformances annoncées, les haltérophilessont répartis en plusieurs plateaux de compétition distincts on dit plateau A, B, C… qui n’ont pas lieu en même temps,

parce qu’on réserve les meilleurs pour la dernière partie de la compétition entableau A ; ils correspondent à des finales(attendues…) avant la lettre, puisqu’enprincipe les meilleurs compétiteursconstituent ce dernier groupe. Lacompétition démarre par les plateauxregroupant les athlètes les moins fortspour terminer par le plateau A ; les athlètesdu groupe A connaissent donc les résultatsde leurs adversaires des autres plateauxavant qu’eux-mêmes ne débutent.On commence toujours par le mouvementde l’arraché, puis c’est l’épaulé-jeté qui suitavec 10’ de pause en les deux mouvements.La dynamique temporelle de la compétitionest très différente selon les profils deshaltérophiles et le format de compétition estémergeant. Ces éléments ont desconséquences sur la durée et le rythme, quivarient selon la densité des concurrents, lesbarres de départ, les maximum, les barresréussies ou échouées, les changementsd’annonce, les poids de corps…

SE PRÉPARERÀ DES EFFORTS INTENSESLes haltérophiles ne peuvent pas tirerdirectement sur des barres élevées (c’est-

Figure 6 :Illustration de durées

variables de compétition,

selon le profil

des haltérophiles

Figure 7 : Exemple de gamme montante pour un essai à 150 kg à l’arraché

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 19

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008

à-dire proches de leur maximum), ils doiventau préalable s’échauffer, mais pas comme onpeut habituellement le voir dans les autresactivités sportives. Il s’agit de menerprogressivement le sportif à «tirer sur degrosses barres» en affinant son mouvement etses sensations afin de rendre possible laperformance. Ce ne sont pas simplement desconditions physiologiques (montée entempérature du corps, échauffementarticulaire …) favorisant l’effort qui sontrecherchées ; l’athlète doit être prêt à s’engagersous des barres lourdes, en toute sécurité. Ilfaut savoir que le mouvement n’est pas produitde la même façon selon les chargessoulevées ; les dynamiques changent, latemporalité n’est pas identique. Penser quec’est le même mouvement qui est utilisé avecplus ou moins d’intensité pour une chargelégère ou pour une charge très lourde est doncune erreur. Le timing, les enchaînements, lesappuis, les contrôles n’ont alors plus rien à voir,c’est en fait tout le pattern de mouvement quise transforme. C’est la raison pour laquelle ilparaît fondamental d’amener progressivementle sportif vers des barres lourdes. L’approchepréconisée en équipe de France est la gammemontante : elle consiste à soulever des chargesde plus en plus importantes en entrecoupantles efforts de repos partiels.La gamme montante est indispensable pourréaliser une barre en compétition, sa duréetotale est d’environ 20’, mais varie selon lesathlètes. Les repos entre les sériess’échelonnent de 1’ à 3’. Ainsi en fin de gamme,le sportif va être prêt pendant un laps de tempsrelativement court.C’est toute la difficulté de la compétition tactiquequi s’exprime avec cet impératif de gammemontante, parce que la durée exacte de lacompétition n’est jamais fixée d’avance. Il s’agittoujours de s’adapter à des évènementsinattendus, c’est d’ailleurs un véritable jeutactique qui se déroule lors d’une compétition. On part toujours sur une stratégie fictive quin’intervient jamais, parce qu’il existe toujoursdes impondérables auxquels il faut s’adapter ;le match n’est jamais prévu d’avance parce quechaque événement s’inscrit dans le temps etmodifie la dynamique de la compétition.

DÉROULEMENT DU CONCOURSLe concours démarre par les barres les plusbasses annoncées et on monte toujours lescharges, de 1 kg par 1 kg (depuis 2005). Chaquehaltérophile dispose de 3 essais, pour chaquemouvement, que ses barres soient ou nonréussies (contrairement aux activités telles quele saut en hauteur ou la perche pour lesquellesune réussite donne à nouveau 3 essais). Chaqueathlète peut donc tenter 6 essais en tout sur lacompétition (3 pour l’arraché, 3 pour l’épaulé-jeté). Lorsque l’athlète est appelé sur le plateaude compétition, il dispose d’1’ pour passer, saufs’il se succède à lui même (par exemple s’iléchoue ou s’il est le dernier compétiteur en lice)auquel cas 2’ de récupération lui sont accordées.

devancer en plaçant 139 kg sur la barre, puisqu’àcharge égale c’est le poids de corps quidépartage, avec avantage au plus léger. Ainsiil n’a pas à tenter 138 kg, mais utilisera une deses deux possibilités de changements pourpasser directement à la barre supérieure.

EFFORTS CONSENTISIllustration du déroulement d’une compétitionavec l’ensemble des gammes montantes et les efforts réellement produits par l’athlèteengagé. Il s’agit des championnats du monde2006 et de l’haltérophile de l’équipe de FranceDabaya.Au début de la compétition, le Français saitdisposer d’un temps d’attente correspondantaux 8 essais de ses concurrents avant des’engager lui-même sur le plateau decompétition et débuter son concours. Sonéchauffement démarre 10’ avant le début dela compétition avec une gamme montante

DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION

L’haltérophile choisit sa première barre lors dela pesée, et peut changer à deux reprises sacharge, soient 2 changements par essai (ensachant que si le concours a démarré, il ne peutpas demander en dessous de la charge en cours).Entre le mouvement d’arraché et celui del’épaulé-jeté, 10’ de pause sont imposées.1 heure avant le début réel de la compétition,toutes les barres «annoncées» sont présentéesdans un tableau électronique au vu de tous lescompétiteurs, dans l’ordre du tirage au sort. Cetordre a des incidences sur la tactique et chaqueplace présente des avantages et desinconvénients, par exemple un tirage plaçantun athlète plutôt vers la fin sera pesé en dernieret disposera de moins de temps de préparationqu’en début de liste, mais à barre égale ilpassera en second (il dispose alors du choix detenter ou non, en fonction du résultat, en fonctiondu poids de corps). Illustration en – de 62 kg hommes: Un athlète de 61,67 kg (on arrondit au dixièmede grammes) réussit lors de son premier essai138 kg à l’arraché ; son adversaire direct pèse61,88 kg et se situe après lui au tirage au sort.Pour le battre il sera préférable de tenter de le

décidée à l’avance pour une barre de départchoisie à 143 kg (cf. tableau n°1).

Pendant son échauffement, les essais adversesprévus au nombre de 8 passent à 12 comptetenu des échecs et des modifications de barresde départ. Cela oblige à prolonger l’échauffementen rajoutant 2 barres (1 répétition d’un simpleà 110 kg et une répétition d’un simple à 120 kg)pour «combler» les 6’ de temps rajouté suiteaux changements et rester prêt lors du passageà 143 kg.Le Français débute son concours en réussissant143 kg, et demande 146 kg pour l’essai suivant.Le clan français sait qu’il reste 4 essais adversespour cette deuxième tentative. Le but à cemoment consiste à rester échauffé en effectuantune barre de préparation qui soit au alentourde 90% de son record : il ne s’agit pas deredescendre trop bas à l’échauffement afind’éviter de perdre les sensations techniques,ni de tirer trop lourd et générer de la fatiguenocive.L’attente s’allonge et passe de 4 essais attendus (6’ environ) à 7 essais (10’30) car 3 adversaires échouent et repassent des barres inférieures à la tentative du Français.

Le staff français décide d’effectuer à nouveaula barre à 90% pour attendre…Pour son deuxième essai, le Français échouesa tentative sur le plateau à 146 kg. et attend 2essais (3’) avant de tenter et réussir son 3ème

essai de compétition à 146 kg. Il sera classé 3°et sera sur le podium à l’arraché qui n’est passon mouvement de prédilection.A ce niveau du concours, le Français a 4 kg deretard sur le Chinois qui est plus léger au poidsde corps. Il doit donc réaliser 5 kg de plus quelui à l’épaulé-jeté pour gagner le concoursgénéral. Il accuse également 1 kg de retard surle Turque qui lui aussi est plus léger au poidsde corps et doit le battre de 2 kg pour lui ravirsa deuxième place suite à l’arraché. A l’épaulé-jeté, Dabaya annonce une barre de départ à182 kg afin d’impressionner ses adversairespsychologiquement. A l’échauffement la gamme montante prévueétait de : (cf. tableau n°2)

Barre de départ choisie à 143 kg :

3 répétitions de triplés* à 20kg (3 essais enchaînés)

3 répétitions de triplés à 50 kg

2 répétitions de doublés à 70 kg

1 répétition d’un doublé à 90 kg

1 répétition d’un simple à 110 kg

1 répétition d’un simple à 120 kg

1 répétition d’un simple à 130 kg

1 répétition d’un simple à 140 kg

Gamme montante prévue à l’échauffement

2 répétitions de doublés à 60 kg

1 répétition d’un doublé à 90 kg

1 répétition d’un simple à 120 kg

1 répétition d’un simple à 140 kg

1 répétition d’un simple à 165 kg

1 répétition d’un simple à 175 kg

Tableau n°1

Tableau n°2

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 20

Ils laissent passer les 5 premiers essaisadverses au concours de l’épaulé-jeté puisils commencent l’échauffement. L’avantagede débuter leur concours dans les derniersleur permet d’observer chaque stratégieadverse mise en place par les adversaires.Sur la gamme de préparation, les échecsles obligent à faire un passage à 150 kg quin’était donc pas prévu au départ. Lesprincipaux adversaires (le Turque et leChinois) se dévoilent rapidement : le Turqueest éliminé car il échoue à trois reprises à170 kg, tandis que le Chinois démarre à172 kg. Il faut aussi surveiller le Bulgarequi était 4ème à l’arraché avec 143 kg (maisplus lourd que le Français).Le match final (total Arraché + Epaulé Jeté)va se jouer entre les trois hommes…lechinois a 4 kg d’avance sur le Français (quiest + lourd en poids de corps) qui disposelui même de 3 kg d’avance sur le Bulgare(plus lourd que lui).

Le Bulgare démarre à 172 kg et est suivipar le chinois (plus léger que lui au poidsde corps)… tous les deux réussissent ; lefrançais ne démarre toujours pas sacompétition à l’épaulé-jeté… le Bulgareveut passer le chinois et réussit 175 kg …le chinois tente directement 177 kg afin debattre le Bulgare et préserver son avancesur le français (qui a annoncé 182 kg, qui a4 kg de retard sur lui à l’arraché et qui estplus lourd en poids de corps). Il les réussit. A ce stade de la compétition, le chinois 1er

(150+177=327 kg) et le bulgare 2ème

(143+175=318 kg) ont utilisé 2 de leurs 3essais, le français n’a toujours pas démarré. Le Français anticipe et change sa barre dedépart pour prendre la tête du concours àl’épaulé jeté et se placer 2ème au général. Ilréussit 178 kg et lâche le bulgare au total

(reste 2 essais). Puis tente et réussit 182 kgpour tenter de prendre la première placedu total au chinois qui le devance toujoursdes 4 kg pris à l’arraché (150 contre 146),le chinois ayant déjà soulevé 177 kg, il fauttenter 177 + 5 soit 182 kg car le chinois estplus léger au poids de corps.A ce niveau de la compétition il reste 1 essaipour chaque concurrent.

Le Français est premier à l’épaulé-jeté(182) et au total avec 146 + 182 soit 328 kgcontre 150 + 177 = 327 kg pour le chinois

et 143 + 175 = 318 kg pour le Bulgare.Le Chinois tente alors 182 pour à la foisreprendre la tête du concours au total etremettre la pression sur le Français en casde réussite, mais il échoue. Le Françaissait alors qu’il est devant son adversaire

chinois qui ne dispose plus d’essai possible.Reste le bulgare en course qui tente 186 kgpour repasser devant le chinois pour ladeuxième place et éventuellement devantle français à qui il reste encore un essai. Iléchoue, le français est alors assuré de lapremière place, à l’épaulé-jeté et au total,il tente 186 kg pour enfoncer le clou etmettre encore plus de distance avec sesadversaires, et réussit sa tentative. Il estchampion du monde avec 5 kg de margesur le second.

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR P.21

Franck Collinot au coaching rapproché de

Dabaya lors des championnats du monde 2005

Tableau 1 :

Performance du Français

Dabaya lors des championnats

du monde 20051. Dabaya Vencelas FRA 68,55 143.0 -146.0 146.0 3. 178.0 182.0 186.0 1. 332.0

Place Nom Pays Poids TotalÉPAULÉ-JETÉARRACHÉ

1. 2. 3. pl. pl.1. 2. 3.

2. Shi Zhiyong CHN 67.20 145.0 -150.0 -182.0150.0 1. 172.0 177.0 3. 327.0

3. Demirev Demir BUL 68,90 143.0-146.0 -147.0 -186.04. 172.0 175.0 4. 318.0

part

rsesmpterres

mentmple0 kg)suitesage

santvant.rsesà ceuanttour

s deafinues,gue

sais car des

çais.

veau

houend 23ème

é 3°pas

g deoidsque

oursd suroidsravirulé-

art àires

évue

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 21

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR N°04 - ÉTÉ 2008

DOSSIER HALTÉROPHILIE : STRATÉGIE DE PRÉPARATION À LA COMPÉTITION

ORGANISATION DU COACHINGDE L’ÉQUIPE DE FRANCEDepuis 2005, date du changement de règlementqui réduit les montées de barres de 1 kg en1 kg, l’accent est mis sur le coaching et sonorganisation. En équipe de France, ce ne sontpas moins de 3 coachs qui œuvrent lors descompétitions majeures pour mettre en placeune stratégie qui soit la plus efficace possible.Les tâches se répartissent ainsi :

Figure 8 : Plan d’une salle type de compétition et positionnement des différents coachs

• 1 coach tactique, observateur destactiques adverses, des changements debarres d’annonce, suit les gammesadverses, estime les futurs choix …• 1 coach tactique, observateur des essais,estime le temps de passage, d’attente,compteur. C’est aussi celui qui fait la navetteavec le coach le plus proche de l’athlète.

• 1 coach rapproché ne se centre que surle compétiteur en restant auprès de lui ensalle d’échauffement (cf. plan d’une salletype de compétition) et prend en compte lesdonnées fournies par les coachs tactiques.

Le choix de la barre de départ est bien entendudéterminant pour la compétition. Il s’agit decomposer avec l’état de forme du moment del’athlète, avec le niveau de la concurrence, avecle potentiel de l’athlète par rapport à sesdernières performances, avec sesperformances à l’entraînement, ainsi qu’avecles notions stratégiques inhérentes à lacompétition. Les coachs sont donc amenés à procéder àune estimation afin de bien démarrer lacompétition en cherchant à prendre d’embléeun ascendant sur les concurrents d’ambitionéquivalente. Il ne s’agit ni de placer l’athlètedevant un challenge qui lui paraisseinsurmontable, ni de choisir des barres trop

faibles qui puisse minimiser son niveau et toucher sa confiance. L’athlète doit être placédans une zone optimale d’engagement qui se traduise par le fait qu’il puisse s’engagerfortement lors de son action avec unedétermination maximale, parce qu’il sait qu’il est en mesure de réussir sa tentative lors de son essai. Cette approche estgénéralement discutée avant les compétitionsavec les athlètes et elle dépend de ce qu’ilsattendent de leurs coachs. Certains préfèrentêtre exonérés des choix de barres pour ne se centrer que sur leur préparation et leureffort, tandis que d’autres sont plus efficacesen étant impliqués directement dans le choixde leurs barres.

Bien entendu ce sont des éléments quiconditionnent fortement la réussite enhaltérophilie ; tout doit être synchronisé pourque le niveau de préparation et la volontémarquée de l’athlète coïncide avec son entréesur le plateau de compétition. Lors decompétition de haut niveau, cet état depréparation est éphémère, la fenêtretemporelle d’action est très réduite et ne durepas. Une attente trop longue dans cesconditions peut s’avérer désastreuse pour laperformance. C’est la raison pour laquelle lestaff est composé de coachs d’expérience ; ilsont à la fois une bonne connaissance dufonctionnement de l’athlète en situationsextrêmes sur le plan émotionnel et à la foisune bonne lecture des dynamiques temporellesdes compétitions.

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 22

LES CAHIERS DE L’ENTRAINEUR P.23

Cahier-INSEP-4 2/07/08 23:42 Page 23