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RECYCLAGE > AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE > PRIVILÉGIER LES USAGES ALTERNATIFS AU PARTAGE DE LA RARETÉ TERRITOIRES > L’EAU ENJEU MAJEUR POUR LES COLLECTIVITÉS LOCALES EUROPE Dossier : L’APPORT FRANÇAIS À LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L’EAU LES PRIORITÉS DES ÉLUS FRANÇAIS AU PARLEMENT EUROPÉEN L’école française de l’eau l’eau Mag Mag 14 FRENCH WATER novembre 2009 Paul MICHELET, Directeur général de l'Agence de l'eau Rhin-Meuse Odile GAUTHIER Directrice de l’Eau et de la Biodiversité Patrick BERNASCONI Président de la FNTP

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RECYCLAGE > AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

> PRIVILÉGIER LES USAGES ALTERNATIFSAU PARTAGE DE LA RARETÉ

TERRITOIRES > L’EAU ENJEU MAJEUR POUR LES COLLECTIVITÉS LOCALES

EUROPEDossier :

L’APPORT FRANÇAIS À LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L’EAULES PRIORITÉS DES ÉLUS FRANÇAIS AU PARLEMENT EUROPÉEN

L’école française de

l’eaul’eauMagMagN°14

F R E N C H WAT E R

novembre2009

Paul MICHELET, Directeur général de l'Agencede l'eau Rhin-Meuse

Odile GAUTHIERDirectrice de l’Eau etde la Biodiversité

Patrick BERNASCONIPrésident de la FNTP

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EntretienOdile GAUTHIER, Directrice de l’Eau et de la Biodiversité

TribuneLes collectivités, acteurs de la relance Patrick BERNASCONI, Président de la FNTP Territoires

TerritoiresAgence de l’eau Rhin-Meuse : une dynamique au cœur de l’EuropeEntretien avec Paul MICHELET, Directeur Général de l'Agence del’Eau Rhin-Meuse

Lège-Cap-Ferret : concilier qualité des eaux et environnement Entretien avec Michel SAMMARCELLI, Président du SIBA, Maire de Lège-Cap-Ferret

Médiation : faciliter le dialogue entre les consommateurs et les entreprisesEntretien avec Marc CENSI, premier Médiateur de l’eau

Du nouveau du côté de la FP2E : médiation, accord avec les chambres d’agriculture… Entretien avec Béatrice ARBELOT, Déléguée générale de laFédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E)

Quelles solidarités face à la crise? Entretien avec Xavier PINTAT, Sénateur de la Gironde, Président de laFédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)

Le rôle de l’ingénieur conseil – maîtrise d’œuvre ou Assistance à Maître d’Ouvrage (AMO) Entretien avec Marcel JOURNEZ, Ingénieur conseil chez AmiodagEnvironnement

Recyclage des eauxLa réutilisation des eaux usées traitées :l’avis des expertsLa gestion des eaux et territoiresEntretien avec Jean-Pierre CANLER, Ingénieur de recherche auCemagref à Lyon

Reuse : analyser l’empreinte écologique de tout projetEntretien avec Pierre ROUSSEL, Président de la commission permanente des ressources naturelles du Conseil Général del’Environnement et du Développement Durable (CGEDD)

La solution réside moins dans le partage de larareté que dans l’emploi de ressources alternatives Entretien avec Antoine FREROT, Directeur Général de Véolia Eau

L'usine de Grasse : une qualité du rejet supérieureaux exigences prévues pour les zones sensiblesDévelopper le reuse de demainDes eaux recyclées pour la culture de roses hors-solTraitement des eaux usées à Mhaya (Maroc) par lagunage aéré de type OxylagComment recycler les effluents industriels avec des générateurs d’ozone

Qualité et Développement durableRéaliser des inventaires de patrimoine pour tousles services d’eau potable et d’assainissement Entretien avec Pascal FARJOT, Président d’ITEA, syndicat desindustriels du transport de l’eau et de l’assainissement

Conception des débourbeurs séparateurs à hydrocarbures, domaines d’application et environnement normatifAmélioration des sols par inclusions rigidesRécupération des eaux de pluie : des installateurs«labellisés» ; accompagner les professionnelsEau, milieux et usages : orientations 2010 de l’AFNOREntretien avec Jean-Michel REMY, Responsable Développementsecteur Eau à AFNOR Normalisation

magazine

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 1

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Alain ROUSSEPrésident de l’UIE

Alain ROUSSEPrésident de l’UIE La France, en cette fin

d’année, règle le défi que lui a imposél’Europe dans le cadre de la directiveeuropéenne sur les eaux résiduairesurbaines.Début 2008, 53 stations d’épurationétaient en infraction avec les normeseuropéennes sur les eaux usées.Grâce à un effort financier importantdu Ministre de l ’Écologie , duDéveloppement Durable et de la Mer,Jean-Louis BORLOO, et du secrétariatd’État à l’Écologie, dirigé par ChantalJOUANNO, aux collectivités locales età la mobilisation importante desmoyens d’études et de réalisation desindustries et entreprises du SNITER etdu génie civil de l’eau, deux des syndi-cats de spécialité de l’UIE, seule uneagglomération pourrait être en retard.Notre pays va donc échapper à l’amen-de de 150 millions d’euros que devaitlui imposer l’Europe pour non confor-mité de ses réalisations dans l’eau. Les émissions de gaz à «effets de serre» ont augmenté dans la plu-part des pays européens et devraientcontinuer à s’intensifier à l’avenir.L’augmentation des températures ontdes impacts forts sur nos rapportsavec la nature. Les ressources natu-relles dans l’eau, que nous fournitnotre planète, soutiennent la plupartde nos activités économiques et lacohésion même de nos sociétés.La nature est le fondement de notresociété et non un simple décor.Une réunion majeure des NationsUnies sur le changement climatiquedoit se tenir en décembre prochain àCopenhague. Cette réunion sera le plusimportant rassemblement pour l’envi-ronnement après le protocole de Kyoto.L’étendue des problèmes environne-mentaux ne doit pas nous condamnerà l’inaction. Elle doit nous sensibiliserdavantage à nous encourager à déve-lopper de nouveaux schémas plusdurable pour vivre, grandir, produireet consommer.Il s’agit de réévaluer les éléments fondamentaux de la vie. A une époqueoù les marchés monétaires cherchentleur chemin, l’environnement peutleur servir de guide. ◗

N°14 - Novembre 2009

Les dossiers des Industriels et Entrepreneurs du Cycle de l’Eau Edité par l’UIE - 10, rue Washington - 75008 PARIS - www.french-water.com

Directeur de la publication : Alain ROUSSE • Rédacteur en chef : Sophie SCHNEIDER [email protected] - Tél. : 09 51 75 09 97 - Fax : 01 47 36 23 99 - 41, rue Saint-Sébastien- 75011 Paris • Editeur Conseil : Jean-Pierre KALFON - Éditions OPAS • Comité deCoordination et Régie Publicitaire : Editions OPAS - 41, rue St-Sébastien - 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 11 00 - Fax : 01 49 29 11 46 • Dépôt légal 92892 • Maquette : H.COM• Imprimerie : One Communication • © photos de cette édition : Tous Droits Réservés

La rédaction n’est pas responsabledes documents qui lui ont été adressés

L’UIE estadhérente de la

FNTP

Dépôt légal novembre 2009ISSN en cours

Chimie et traitement de l’eauANC : 10 questions à Hubert WILLIG, Président de l’IFAA

EuropeEau et Union Européenne Sandrine BELIER et Catherine GREZE, Députées européennes

La politique européenne de l’eau et de l’assainissement Françoise GROSSETETE, Députée européenne

Changer les comportements Corinne LEPAGE, Députée européenne

Vers un accord mondial sur le climat : Copenhague, la dernière ligne droite Karl FALKENBERG, Directeur général de l’environnement à la

Commission européenne

Sécheresse et surexploitation de l’eau : il faut agirRobert COLLINS, AEE

L’ASTEE : un congrès européenParticiper en amont à l’élaboration du droit européen Entretien avec Gérard PAYEN, Président du comité des affaires

européennes et internationales de l’ASTEE

Plate-forme européenne de l’eau WSSTP : Eau de Berlin, un des acteurs majeurs Entretien avec Jörg SIMON, Président Directeur Général de

Berliner Wasserbetriebe et Directeur participations de

Berlinwasser Holding

Définir les priorités de la recherche future dans le domaine de l’eau Entretien avec Yann Moreau-Le Golvan, Directeur de Recherche

du Kompetenzzentrum Wasser Berlin (KWB)

Chantiers - ExportRépondre aux besoins du Moyen-OrientLe Caire, Bagdad, Melbourne : des solutions innovantes

Recherche et innovationL’ultrafiltration de pointe

INRA : une meilleure protection des ressources physiquesEntretien avec Jean-Philippe STEYER, Directeur du Laboratoire de

Biotechnologie de l’Environnement (LBE)

PublicationsLe SNITER présente son expertise en fiches techniquesEntretien avec Didier LE TALLEC, Président de la Commission

Technique du SNITER

Plaquette sur la récupération des eaux de pluieLe Guide GCEE/CRAMIF récompensé au salon BATIMAT

FormationL’ESITC (Ecole Supérieure des Ingénieurs des Travaux de la Construction) de Cachan : un pavillon de l’eau et de l’environnementEntretien avec Olivier AUCOUTURIER, Directeur technique

Actualités82

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Commission européenne serontrespectés à horizon 2011. Dans ledomaine de la protection des milieuxnaturels et des masses d'eau querecouvre la Directive Cadre sur l'Eau,nous devons également relever undéfi majeur : atteindre le bon état deseaux d'ici 2015. Les plans de gestiondoivent être définis d'ici à la fin del'année au sein de chaque SDAGEtandis que les programmes demesures doivent être mis en place,pour atteindre les objectifs de bonétat définis. Ils entreront en vigueurau 1er janvier 2010. La France s'estfixée l'objectif ambitieux d'atteindreun taux de bon état écologique pour2/3 des masses d'eau. Des déroga-tions par rapport à la date de 2015seront posées au cas par cas, mais ladynamique est lancée.

L'arrêté interministériel sur la réutilisationdes eaux usées traitées paraîtra avant la fin de l'année

Quel est le rôle de la DGALN ?Quelles en sont les structuresdéconcentrées sur le terrain ?

La DGALN élabore, anime et évalueles politiques de l'urbanisme, de laconstruction, du logement, despaysages, de la biodiversité, del'eau et des matières premières nonénergétiques. A ce titre, elle gèredes dossiers à la fois nombreux etvariés, relevant de ces différentsdomaines. Elle s'appuie sur lesDREAL (Directions Régionales del'Environnement, de l’Aménagementet du Logement) et les DDT(Directions Départementales desTerritoires) qui se mettent en placeactuellement dans le cadre de laRéforme Générale des PolitiquesPubliques (RGPP).

Parmi les dossiers prioritairesdans le secteur de l'eau figurenotamment l'arrêté «reuse»,permettant la réutilisation deseaux usées après traitement ; oùen sommes-nous ?

Le sujet est ancien : en effet, l'enca-drement actuel remonte à 1991, dateà laquelle avait été rendu un avis duConseil Supérieur d'Hygiène Publiquede France. Le projet d'arrêté rédigé endébut d'année 2009 avec le ministèrede la Santé restait dans l'attente del'avis de l'AFSSET, qui a été rendu le8 octobre.

Il concerne l'irrigation des cultures etl'arrosage des espaces verts.

Elaboré après échanges avec diffé-rents interlocuteurs concernés, dont

les industriels de l'eau, il vise àrépondre à la rareté de la ressourcesur certaines zones du territoire.

Il doit aussi proposer, après analyse,un cadre légal à certaines initiativesqui ont été adoptées déjà dans cedomaine, par exemple, pour irriguerdes cultures.

Forts de cet avis, une nouvelle consul-tation interministérielle interviendrapour une parution de cet arrêté avantla fin de l'année.

Il s'agit de garantir la protection de lasanté publique et de l'environnement.Le cas de l'arrosage gravitaire et dugoutte à goutte sont relativementsimples. En revanche, une prudenceparticulière est de rigueur s'il y aaspersion de l'eau réutilisée aprèstraitement : en quoi la dispersion des gouttelettes et leur aspersionpeuvent-elles nuire à la santé, à lafaune, à la flore ou à la ressource?Sur ces questions, une grandeprudence est nécessaire. La France adans ce domaine un niveau d'exi-gence supérieur à celui de l'OMS (1).

Qu'en est-il de la mise auxnormes DERU et de la DCE, deuxdossiers emblématiques auniveau européen ? (2)

Concernant la mise aux normes desstations d'épuration par rapport à laDirective Eaux Résiduaires Urbaines,comme l'a indiqué le 28 septembre2009 Chantal Jouanno, secrétaired'Etat chargée de l'Ecologie, lors desa visite au SIAAP, les engagementsde la France à l 'égard de la

Odile GAUTHIER,Directrice de l'eau et de la biodiversité à la Direction générale de l'aménagement,du logement et de la nature (DGALN)au Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du DéveloppementDurable et de la Mer

Entretien

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Cette fin d'année voit, parmi une actualité chargée dans le secteur de l'eauau sens large, deux grands temps forts : la parution en octobre de troisarrêtés en matière d'Assainissement Non Collectif et celle, avant décembre2009, de l'arrêté concernant la réutilisation des eaux usées traitées…Entretien avec Odile GAUTHIER, Directrice de l'eau et de la biodiversité àla Direction Générale de l'Aménagement, du Logement et de la Nature(DGALN).

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 3

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Par ailleurs, si l'on évoque lesdossiers phare actuellement pour laDirection de l'Eau et de la biodiver-sité, la France a pris un engagementfort lors du Grenelle de l'environne-ment en protégeant quelque 500captages d'eau potable contre lespollutions diffuses agricoles d'ici à2012. Des travaux de délimitationsont en cours sur la base de la listede captages qui a été publiée cet été.

Les Français, encouragés par desaides financières, s'équipent pourrécupérer l'eau de pluie ; quellessont ici les perspectives ?

Sur le plan réglementaire, un arrêtéparu en 2008 a défini les modalitésd'utilisation des eaux de pluie, à l'in-térieur comme à l'extérieur des bâti-ments. Un travail normatif est encours avec les professionnels propo-sant des équipements destinés àrecueillir et à stocker les eaux depluie. Une plaquette d'information aété éditée à leur attention, fixant uncertain nombre de bonnes pratiques,avec l'aide des professionnels.

À ce sujet, notons que le projet de loi Grenelle 2, examiné au Sénat enoctobre 2009, a prévu que les parti-culiers récupérant des eaux de pluiepour un usage à l'intérieur des bâtiments devront en informer lemaire de la commune.

Que dire des arrêtés adoptés enmatière d'assainissement noncollectif et du plan national d'assainissement non collectif ;quel en est l'esprit ?

Parmi les trois arrêtés publiés auJournal Officiel du 9 octobre, l'unconcerne l'agrément dont devrontdisposer les personnes chargées decollecter les matières de vidange desInstallations d'Assainissement NonCollectif ; le second concerne lesmissions de contrôle et vise à facili-ter le travail des SPANC (ServicePubl ic d 'Assainissement NonCollectif) en précisant les points àcontrôler a minima ; le troisièmeconcerne les prescriptions techniquesà respecter pour les installationsd'ANC et donne les procédures àsuivre pour agréer de nouveauxdispositifs de traitement. Lorsqu'unsystème épuratoire bénéficie d'unmarquage CE, le fabricant fournira lesessais réalisés lors du marquage pourétablir les performances épuratoiresde l'installation.

Le plan national défini dans cedomaine vise à donner une homogé-néité supérieure aux pratiques desSPANC sur le terrain en matière decontrôle en leur proposant des outilsméthodologiques et à leur permettre

d'intégrer plus aisément les évolu-tions réglementaires.

Il faut noter que le projet de loiGrenelle 2 a prévu qu'un avis duSPANC sera joint de façon systéma-tique avec le dossier du permis deconstruire, concernant l'installationdes particuliers. C'est une nouveautéimportante. ■

(1) Organisation Mondialede la Santé(2) Directeur Cadre surl’Eau (DCE), Directive EauxRésiduaires Urbaines(DERU)

UIE 10 rue Washington, 75008 PARIS Tél. : 01 45 63 70 40

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4 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

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Entretien

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Mais cet engagement ne trouvera toutson sens qu’à la condition que nosentreprises puissent traverser la crisesans trop de dommages.

Si le premier semestre s’est caractérisépar une chute significative des marchésconclus, variable néanmoins selon lessecteurs d’activités, plusieurs élémentspermettent d’anticiper une reprise desinvestissements au second semestre,en particulier grâce à l’action des collectivités. Ainsi, dans le cadre desconventions pour le remboursementanticipé de la TVA, près de 20000

collectivités locales ont signé uneconvention pour un volume total de 54 milliards d’euros d’investissementsdont environ 20 milliards concernent lesTravaux Publics. Par ailleurs, le premierétat d’avancement des 10000 projetspermet de constater le démarrage oul’achèvement de 40% des projets recen-sés pour 2009.Dans le secteur de l’eau,42 usines de traitement restent à mettreau niveau avant 2012 pour répondre auxnormes européennes exigées pour laqualité de l’eau à rejeter dans lesmilieux naturels.

Malgré ces premiers signes positifs, desinquiétudes persistent pour une repriseen 2010. Les collectivités ont montré leurvolonté d’être des acteurs de la luttecontre la crise en ne réduisant pas leursinvestissements, mais elles ne doiventpas s’arrêter à mi-chemin et doivent jouercomplètement leur rôle économique enmenant une politique d’achat respon-sable. Nos entreprises sauront être despartenaires responsables à leur coté. ■

Patrick BERNASCONI, Président de la FNTP

Tribune

Parce que nous sommes aussi bâtisseurs d’infrastructures dans le secteurde l’eau, nous savons que l’avenir s’écrit à partir de projets à caractèrepérenne et de fondations solides. C’est pourquoi nos entreprises se sontengagées résolument dans le développement de l’innovation, la réutili-sation de matériaux, la propreté des chantiers, la formation et la sécurité.Le développement durable est ainsi porteur d’initiative, de progrès etd’une meilleure utilisation de nos ressources en réconciliant l’environne-ment, le social et l’économie.

Les collectivités,acteurs de la relance

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Patrick BERNASCONI et Patrick DEVEDJIAN, lors de la présentation du plan de relance, le 24 mars 2009

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œuvre les objectifs des nouveauxschémas directeurs d'aménagementdes eaux, qui constituent la déclinai-son française des plans de gestion debassins voulus par la Directive Cadresur l'eau. Dans cette optique, les deuxleviers opérationnels dont disposel'agence, les redevances et les aides,sont mobilisés pour impulser, inciter àl'action, mais aussi pour informer,conseiller, contribuer à optimiser leschoix et donc les rendre plus perti-nents. La plus-value qu'apportel'agence dans les missions qu'elleassure repose sur «l'intelligenceécologique» que nous devons êtrecapables d'injecter dans le dispositiffinancier.

Qu'entendez-vous par «intelli-gence écologique» ?

Cela veut dire que, dans tous les cas,l'Agence de l'Eau se doit d'inscrire sonaction d'abord dans une logique derésultats pour le bon état des eaux, enfavorisant la mise en œuvre desmeilleures solutions au titre de l'intérêt général, dans le cadre de la gestion concertée du bassin.

Nous apportons nos compétences etnotre savoir-faire pour accompagnerdes projets cohérents, techniquementet financièrement optimisés, efficacespour l'environnement et la préserva-tion des milieux aquatiques.

Agence de l’Eau Rhin-Meuse :

une dynamique au cœur de l'Europe

Pouvez-vous tout d'abord nousprésenter l'Agence de l'eau Rhin-Meuse ?

Le territoire d'action de l'Agence del'Eau est constitué de l'ensembleformé par les parties françaises desbassins versants des deux grandsfleuves internationaux que sont leRhin et la Meuse. L'organisme, que jedirige depuis l'automne 2008 aprèsavoir été pendant près de cinq annéesDirecteur Régional de l'environne-ment de Lorraine, compte 230 colla-boratrices et collaborateurs, toussitués à Rozérieulles, dans la banlieuede Metz. Le conseil d'administration(35 membres) est présidé par JacquesSICHERMAN, ingénieur général desPonts et Chaussées, et c'est ClaudeGAILLARD, ancien vice-Président del'Assemblée nationale, conseillerrégional et actuellement chargé demission auprès du Premier ministre,qui préside le comité de bassin (100membres).

Quelles sont les caractéristiquesparticulières du bassin Rhin-Meuse ?

C'est le plus transfrontalier desbassins métropolitains, avec quatrepays limitrophes (Suisse, Allemagne,Luxembourg et Belgique) et uneembouchure commune dans la mer duNord pour le Rhin et la Meuse aux

Pays-Bas. Il a la particularité den'avoir aucune façade maritimedirecte.

Neuf pays pour le Rhin et sesaffluents, la Moselle et la Sarre, etquatre pour la Meuse sont concernéspar les districts internationauxauxquels il appartient. La partie fran-çaise couvre 6 % du territoire nationalet regroupe 8 % de la population.

Les pressions (pollutions) sont-elles fortes dans le bassin ?

Nos vallées constituent des axeséconomiques importants concentrantdes populations urbaines larges, oùl'activité industrielle s'est considéra-blement développée, même si lesreconversions récentes sont venuesapporter une nouvelle donne. D'où despressions importantes sur la qualitéde la ressource, et depuis parfois delongues années. Les nappes sontabondantes et représentent 15 % deseaux souterraines captées en Francemais elles subissent, elles aussi, despressions du fait de l'activité agricole,notamment en Alsace, avec la grandeculture céréalière.

Quelles sont les missions del'Agence de l'Eau ?

Sur notre territoire, la Loi sur l'Eau etles Milieux Aquatiques (LEMA) nousdonne pour mission de mettre en

A l'heure de l'adoption des deux schémas directeurs d'aménagement etde gestion des eaux qu'implique l'hydrographie particulière du bassinRhin-Meuse, la plus transfrontalière des agences de l'eau se prépare à de nouveaux défis, qui sont aussi ceux de ses quatre pays voisins, pourcontribuer à mettre en place les garanties d'une protection durable etéconomiquement soutenable du «patrimoine eau» et de ses usages. Une activité particulièrement d'actualité, au moment où se discutent les lois Grenelle et où les nations tentent d'anticiper les conséquences duchangement climatique. Entretien avec Paul MICHELET, Directeur généralde l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse.

Paul MICHELET,Directeur général del'Agence de l'eauRhin-Meuse

Territoires

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8 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

TerritoiresVotre action n'est donc pas quefinancière ?

Non, bien entendu. Au-delà desmesures - j'insiste - motivées par larecherche du bon état des eaux, etpour être en situation d'apporter lesmeilleures réponses aux défis qui seposent, l'Agence de l'Eau développedes compétences complémentairesdites de «gouvernance» : connais-sance, planification, prospective,économie, communication et informa-tion, relations internationales etaction humanitaire… Ces missionsétant valorisées grâce à la qualifica-tion de nos équipes.

Comment allez-vous prendre encompte les objectifs des futursSDAGE ?

Les SDAGE, qui sont l'expression fran-çaise des plans de gestion de bassindemandés par la Directive Cadre surl'eau, sont en passe d'être approuvés

après cinq années de concertation,des centaines de réunions, deuxconsultations ayant rassemblé plus de cent cinquante mille avis du publicet des assemblées.

Le programme en cours va être révisépour prendre en compte les nouvellespriorités issues du Schéma, maisaussi du Grenelle de l'environnement,comme la restauration de la conti-nuité écologique (trame bleue), laprotection des aires d'alimentationdes captages d'eau potable, la réduc-tion des substances dangereuses oula recherche d'une gestion plus«économe» de la ressource.

Qu'est-ce que la mise en œuvrede la Directive Cadre sur l'eauimplique particulièrement pourvous ?

La DCE fixe comme objectif global unretour aux équilibres quantitatif etqualitatif, proches de ce qu'ils ©

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moyen apporté aux collectivités parl'agence pour la collecte et le traite-ment des eaux usées (mise auxnormes des STEP) s'élève à 35 %.

Quels sont les outils mis en place,dans l'optique d'une coopérationtransfrontal ière , pour unemeilleure préservation de labiodiversité et la prévention desrisques (pollution, inondations) ?

La consultation internationale sur nosplans de gestion s'est achevée récem-ment. Avec la Directive Cadre sur l'eau(DCE), les États membres disposentd'un cadre commun unique et cohérentpour la politique et la gestion de leurressource. Le Rhin et la Meuse,fleuves internationaux, font l'objet deplans de gestion dits «faîtiers», prépa-rés dans le cadre des trois commis-sions internationales existantes, oùnous prenons une part très active ausein de la délégation française, avecplus de deux cents journées deréunions internationales par an. Pourla Moselle et la Sarre, l'Agence del'Eau assure la conduite d'opération duplan faîtier international.

Quels sont les enjeux spécifiquesde la gestion de l'eau sur lebassin, liés notamment aucontexte frontalier ?

Globalement, les enjeux des Etatsriverains répondent aux mêmes préoc-cupations de réduction des rejets desubstances dangereuses, d'inversionde la tendance à la dégradationphysique des milieux aquatiques, etde promotion de l'utilisation durablede l'eau pour les générations futures.A cela s'ajoutent les incidences duchangement climatique, qui posentégalement de graves problèmes enmatière de sécheresses et d'inonda-tions.

La directive inondations d'octobre2007, qui va d'ailleurs être transposéedans le droit français avant la fin del'année, est un nouvel enjeu, déjàabordé par le passé, mais qui va l'êtresur des bases renforcées, pour lestravaux des commissions interna-tionales. ■

devraient être naturellement avec unimpact modéré des activités humaines.Eux seuls pourront garantir une protec-tion durable du «patrimoine eau» et deses usages économiquement suppor-tables à long terme par la collectivité.Voilà donc notre feuille de route sur leplan des enjeux techniques.

Mais un autre aspect fondamentaltient aussi à la géographie qui impose,dans le cadre communautaire de laDCE, une exigence de cohérence àl'échelle des grands bassins versantsinternationaux des fleuves. La coordination avec nos voisins allemands, luxembourgeois, belges, et même néerlandais et suisses s'en trouve donc considérablementrenforcée.

Peut-on parler de nouveauxenjeux qui se dessinent à l'heurede l'approbation des SDAGE ?

L'état des lieux réalisé en 2005montre des résultats positifs auregard de beaucoup d'efforts consen-tis au cours des dernières décennies.Cependant, il faut consolider l'acquiset s'attaquer aux nouveaux problèmesqui surgissent.

Nous devons en effet bien nousrendre à l'évidence que ce qui freinedésormais l'atteinte du bon étatchimique des masses d'eau, y comprisdes eaux souterraines, sont desproblèmes liés aux apports diffus de substances dites «dangereusesprioritaires» comme celles dérivées du pétrole (les hydrocarbures aroma-tiques polycycliques, HAP), les phtalates, par exemple, ainsi que lesproduits phytopharmaceutiques(pesticides à usage agricole et nonagricole, causes de la plupart desdéclassements), les métaux lourdsd'origine industrielle, et les nitrates,toujours…

Il ne faut pas non plus sous-estimer lemauvais état écologique de certainesmasses d'eau en raison des altéra-tions physiques des milieux (litsmineurs, berges, lits majeurs, dériva-tions, barrages…). Les enjeux depréservation de la biodiversité et des

zones humides nous obligent à réussir à inverser la tendance.

Quels sont les résultats visés ?

L'objectif prévu dépasse sensiblementle cap des deux tiers des masses d'eaude surface en bon état écologique en2015, il est conforme au Grenelle et aété annoncé au public dans la consul-tation. En revanche, comme je l'ai ditprécédemment, seulement 30 à 40 %présentent des résultats satisfaisantsdu point de vue chimique. Il n'y aurapas de miracles à court terme : lareconquête sera longue.

2015 est également l'échéance fixéepour ce qui concerne la qualité desaires d'alimentation des captages,ainsi que la réduction des substancesdangereuses (moins 50 % pour lesplus toxiques d'entre elles).

Quel est le coût estimé despremières mesures qui vont êtreprises ?

Le coût total d'investissement dupremier programme de mesures(période 2010-2015) est d'environ 1,8 milliard d'euros, ce qui représentemoins de 80 euros par an et par habi-tant en moyenne. C'est sensiblementdans le prolongement des investisse-ments actuels, mais il faudra veiller à«faire efficace» : ne pas obligatoire-ment dépenser plus, mais certaine-ment dépenser mieux.

Où en est la mise en œuvre de ladirective relative aux eaux rési-duaires urbaines ?

Le retard pris par les collectivités deplus de 2 000 habitants pour les équi-pements d'épuration des eaux uséesurbaines s'est résorbé rapidementgrâce à une politique énergique del'Etat et aux moyens financiers publicsimportants. Pour ces grandes agglo-mérations, l'essentiel est derrièrenous en termes d'infrastructuresnouvelles. Reste l'enjeu des pluspetites collectivités, pour lesquellesune action forte et structurée est àconduire à court terme.

A titre d'exemple, en matière de luttecontre les pollutions, le taux d'aide

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En outre, le SIBA exerce ses compé-tences statutaires à l'intérieur dudomaine public maritime, constitué duplan d'eau du bassin d'Arcachon, deses rivages et de certains de ses ports.

Avec quelles missions ?

Les missions du SIBA s'articulentautour de quatre volets : l'assainisse-ment des eaux usées urbaines, lestravaux maritimes (dragage deschenaux, réensablement des plages,

Lège-Cap-Ferret :

concilier qualité des eaux et environnement

Quelles sont les principalescaractéristiques du territoire ?

Le relief est marqué, à l'ouest, par unecôte océane d'aspect sauvage, carac-térisée par son cordon de dunes (celledu Pyla, haute de 104 mètres, consti-tue un site national), au nord-est parune côte à pente faible présentanttoutes les caractéristiques du plateaulandais, au nord et au sud, enfin, parla présence de prés salés et de zoneshumides endiguées.

Les conditions du milieu ambiant ontfavorisé le développement de l'ostréi-culture qui, avec ses parcs, sesvillages et ports ostréicoles typiques,marque fortement la région.

L'attrait du plan d'eau et de la forêt a,par ailleurs, entraîné un développe-ment rapide des activités touristiques,conduisant à une urbanisation croissante des rives du Bassin.

L'activité industrielle est égalementreprésentée à Facture-Biganos, où sesitue la papeterie Smurfit Kappa. Cettedernière, compte tenu de l'importancede ses rejets d'eaux industrielles, aconstitué un élément essentiel dansl'élaboration du réseau d'assainisse-ment des eaux usées du Syndicat.

Quelles sont les compétences duSIBA ?

Le SIBA est né, en novembre 1964, dela mobilisation des élus locaux pour la

protection de l'environnement et del'ostréiculture du bassin d'Arcachon. Ila pour principale vocation deconstruire et d'exploiter un réseaud'eaux usées d'origines urbaine etindustrielle. Il exerce les activitésliées à ses compétences statutairessur le territoire des dix communesriveraines : Arcachon, la Teste-de-Buch, Gujan-Mestras, le Teich,Biganos, Audenge, Lanton, Andernos-les-Bains, Arès, Lège-Cap-Ferret.

A l'ombre de la dune du Pyla, le bassin d'Arcachon recèle quelquestrésors écologiques : l'île aux Oiseaux, la réserve naturelle du bancd'Arguin, le delta de la Leyre et le parc ornithologique du Teich, pourles plus significatifs. Ce vaste plan d'eau salée de 18 000 hectares,fortement soumis à l'influence des marées, est donc l'objet d'enjeuximportants : maintenir et développer l'activité humaine liée à la mer etau tourisme, tout en préservant la qualité des espaces naturels. C'esttoute l'ambition du Syndicat intercommunal du Bassin d'Arcachon (SIBA),dont les grandes orientations nous sont ici présentées par son Président,Michel SAMMARCELLI.

MichelSAMMARCELLI,Président du SIBA,Maire de Lège-Cap-Ferret

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Cap Ferret - Sécheur Innoplana - développé par Degrémont

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désenvasement des ports, balisagedes chenaux), l'hygiène et la santépublique (sécurité alimentaire, urba-nisme et assainissement, qualité del'environnement) et la promotiontouristique (valorisation de l'image dubassin d'Arcachon).

Le Syndicat a par ailleurs développéun out i l dénommé «Systèmed'Information Géographique» (SIG),terrestre et maritime.

La Directive Cadre Européenne(DCE) impose de veiller au bonétat des masses d'eau d'ici 2015.Comment se traduit-elle sur l'ensemble du Bassin, comptetenu de la problématique environ-nementale ?

Si la Directive Cadre Européenne sur l'eau fixe aujourd'hui l'objectif d'atteindre le bon état écologique desmilieux aquatiques d'ici 2015, les dix communes riveraines du bassind'Arcachon, réunies au sein du SIBA,ont fait de la maîtrise de l'eau et del'assainissement une priorité environ-nementale dès 1964 !

Depuis plus de quarante ans, en effet,le Syndicat s'emploie à mettre en placeet à maintenir un immense réseau decollecte et de traitement des eauxusées sur près de 1 000 kilomètresalentour. Il mène des actions décisives

« ZÉRO REJET DANS LE BASSIN »

depuis 1964, le SIBA a investi 290 millions d'euros et mis sous terre un

réseau de :

- 1 000 kilomètres de canalisations, (ce qui équivaut à la distance

Arcachon-Amsterdam) ;

- 1 000 pompes ;

- 400 postes de pompage ;

- 4 bassins de rétention ;

- 3 stations d'épuration en service.

75 000 abonnés (soit 99 % de la population) sont desservis par l'assainisse-

ment collectif.

dans un seul but : préserver l'équilibreentre une nature fragile et un nécessaire développement écono-mique durable du territoire. Un seulchiffre : nous rejetons en mer, auwharf, dans l'océan (au sud), un volumejournalier moyen de 60 000 m3 par jourd'effluents urbains et industrielsépurés. L'Industrie Smurfit assure elle-même le traitement de ses eauxavant rejet dans nos canalisations.

Les investissements du SIBA, déjàconsidérables, seront toujours appe-lés à évoluer afin de satisfaire uneapproche globale basée sur les trois

axes fondateurs du développementdurable : l'équité sociale, l'environne-ment et l'économie.

Rappelons que tous ces efforts reposent sur le principe initial etfondamental, adopté dès 1968 :

«Zéro rejet dans le bassin !»

Un projet emblématique en termede technologie innovante ?

Le SIBA s'est fixé pour objectif,toujours en harmonie avec lesservices de l'Etat, de rester à l'avant-garde de l'action pour le maintien, entoutes circonstances, de la qualité deseaux, tant pour la baignade que pourles activités conchylicoles. La solutionapportée par la société Degrémont(spécialiste du traitement des eaux ausein du groupe Suez Environnement)répondait à ces exigences. C'est pourquoi le SIBA a choisi de lui confierla réalisation de ses deux stations d'épuration (plus de 40 millions d'euros d'investissements de 2005 à2007). Des technologies novatriceséquipent chaque usine : une décanta-tion primaire physico-chimique accé-lérée par décantation lamellaire, leDensadeg®, associée au procédé defiltration biologique Biofor®. La combi-naison de ces deux systèmes, tout engarantissant les niveaux de traitementles plus poussés, permet, par rapportaux techniques plus classiques, dediviser par six l'emprise au sol, tout enmaîtrisant les impacts sur l'environ-nement. ■

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Lege Cap Ferret - Station épuration de Biganos

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Médiation : faciliter le dialogue entreles consommateurs et les entreprises

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Ingénieur de formation, Marc CENSI est le Président fondateur del'Assemblée des communautés de France, qu'il a dirigée jusqu'en2008. Il a été choisi comme premier Médiateur de l'eau pour sesconnaissances des services d'eau et d'assainissement, et sa capacité d'écoute et de compréhension des attentes des consom-mateurs. Une expérience due en grande partie à ses nombreuxmandats électoraux, et en particulier celui de maire de Rodez, fonction qu'il a exercée durant vingt-cinq ans.

Marc CENSI, premier Médiateur de l'eau

Pourquoi créer aujourd'hui uneMédiation de l'eau ?

La Médiation de l'eau a été créée pourfavoriser le règlement amiable deslitiges entre les consommateurs et lesentreprises chargées de la gestion desservices publics d'eau et d'assainis-sement, membres de la FP2E*.

Cette initiative illustre la volonté desprofessionnels comme des associa-tions d'élus de trouver plus facilementet de façon plus sereine des solutionsaux litiges pouvant survenir avec lesconsommateurs. C'est aussi, pour lesdélégataires, le moyen d'améliorer laqualité de leurs services et de satis-faire leurs clients en prenant mieux encompte leurs attentes.

Comment définiriez-vous votremission ?

Ma mission est de rapprocher les pointsde vue pour ouvrir la voie à une résolu-tion négociée. En effet, les conventionsde délégation de service public qui lientles entreprises aux collectivités ne leurdonnent pas toujours la liberté deproposer un accord amiable. Mon inter-vention offre ainsi une alternativesouple à une procédure contentieusedevant un tribunal.

Cependant, les parties restent libresd'accepter ou non la solution que je

leur propose. Celle-ci ne les prive pasnon plus, le cas échéant, d'engagerune action en justice, la médiationayant pour effet de suspendre lesdélais de recours légaux.

Pourquoi avoir accepté cettemission ?

La cause de l'eau concerne tout lemonde. Ses enjeux sont si importantsaujourd'hui qu'elle justifie à mes yeuxun véritable engagement au servicedes autres. Ma longue expérience entant qu'élu local va certainementbeaucoup m'aider dans ce domaine.

Avec qui et comment allez-voustravailler ?

L'association est dotée d'un Conseild 'or ientat ion, que je préside,composé de ses membres fondateurs(l'AMF**, l'AdCF*** et la FP2E*), ainsique de représentants d'associationsde consommateurs et de personnali-tés qualifiées.

Il se réunit au moins une fois par an,à l'occasion de la présentation durapport annuel. Enfin, le Conseild'orientation assure un suivi de laMédiation et émet un avis sur lesrecommandations que j'ai formulées.

Quelles sont selon vous lesv a l e u r s d é f e n d u e s p a r l aMédiation ?

Ce sont bien entendu les valeurs de laCharte des médiateurs du servicepublic, c'est-à-dire l'écoute, le respectdes personnes, la volonté de recher-cher des solutions amiables, l'équité,l'impartialité, l'application du principedu contradictoire, la confidentialité…et la transparence ! Si, parfois, leconsommateur peut se sentir isoléface à un service public ou à une entre-prise, l'intervention du Médiateurpermet de rééquilibrer les rapportsentre les parties. Son rôle est aussid'apaiser le dialogue en cas de litiges,afin que le recours au juge ne soit pasla seule et unique solution.

Quels sont les objectifs que vousvous fixez pour cette premièreannée ?

Il s'agit de la première année d'installation de la Médiation, il estdonc très difficile de fixer un résultatà atteindre, notamment sur le planquantitatif (nombre de lit iges résolus…). Je vais m'efforcer avanttout de proposer des réponses dequalité aux inquiétudes des consom-mateurs.

Dans un an (soit fin 2010), nous feronsun premier bilan public de laMédiation de l'eau. Sur cette base,nous serons capables de nous fixerdes objectifs mesurables. ■

Marc CENSI

* FédérationProfessionnelle desEntreprises de l’Eau ** Association desmaires de France, *** Assemblée descommunautés de France.

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d’Agriculture visant à définir lesbonnes pratiques partenariales afinde lutter contre ces pollutions.

Comment réadapter les métiersface à la baisse de la consomma-tion d'eau ?

Rappelons tout d'abord que nousbénéficions, en France, d'uneressource relativement abondante(sauf dans les quelques zones quiconnaissent périodiquement unesituation de sécheresse).

En revanche, la question de la qualitéde la ressource est plus que jamaisd'actualité ; elle est liée, entre autres,à la mise aux normes européennesdes stations d'épuration.

Or, la baisse tendancielle de laconsommation impacte l'ensemble duservice de l'eau ; nous devons parconséquent réfléchir à de nouveauxmodes de rémunération. Plusieurspistes sont envisagées. En premierlieu, il est désormais indispensable, enparticulier dans le cadre d'appelsd'offres, d'anticiper la baisse à venirdes volumes. Par ailleurs, il serait judi-cieux de prendre en compte lesnouvelles missions d'intérêt généraldes services (intervention sur la protec-tion de la ressource en amont, etpréservation de la biodiversité en aval)dans l'établissement d'un nouveaumodèle contractuel. Le consommateurdoit-il continuer de prendre en chargela totalité de ces coûts ? N'y a-t-il paslà un arbitrage à opérer ?

La dernière édition de l'étudeNUS Consulting vient de paraître.Avez-vous un premier commen-taire à faire ?

Réalisée selon les mêmes critères envigueur depuis plusieurs années(analyse comparative des prix del'eau dans les cinq plus grandes villesde dix pays européens), cette étudeconfirme les résultats de 2008. La France se situe à 10 % sous lamoyenne de ses voisins. C'est unebonne nouvelle pour les consomma-teurs français.

Les entreprises de l'eau sont trèsactives en matière de FSL (Fondsde Solidarité pour le Logement).Pouvez-vous faire le point sur laréflexion menée par la FP2E enmatière de tarification sociale ?

La Fédération a beaucoup œuvré,depuis 2004, pour le développementde conventions avec les départe-ments donnant lieu à la prise encharge des factures d’eau des plusdémunis au titre des FSL. En 2008, 33 500 dossiers ont été traités, pourun montant de 2,2 millions d'euros.

Malgré son efficience, ce dispositifn'est toutefois pas pleinement satis-faisant, que ce soit pour les consom-mateurs ou pour les services sociaux,car il intervient a posteriori. Desréflexions sont menées sur la mise enplace d'une tarification sociale, afinde prévenir ces situations. Un groupede travail a d'ores et déjà été créédans le cadre du Comité national del'eau. La FP2E encourage fortementl'émergence d'un système d'identifi-

cation en amont des publics suscep-tibles de bénéficier d'une aide pour lerèglement des factures, tout enrappelant que son application revien-drait alors aux services sociauxspécialisés.

La protection de la ressource :comment les entreprises de l'eauinterviennent-elles aux côtés descollectivités pour faire face auxnouvelles exigences réglemen-taires ?

La protection de la ressource est unepréoccupation importante pour lesentreprises de la FP2E. Cinq centscaptages prioritaires ont été définispar le Grenelle de l'Environnement. Ilsfont l'objet d'un plan d'action ciblé envue de leur préservation de toutes lespollutions diffuses.

Nous avons signé le 29 octobre 2009 un accord avec l’AssembléeP e r m a n e n t e d e s C h a m b r e s

La FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau) est le porte-parole des entreprises distributrices d'eau sur les thèmes où l'intérêtcommun est engagé, et notamment sur la qualité de l'eau, la préserva-tion des ressources, les attentes des consommateurs et le cadre régle-mentaire des métiers de l'eau. Entretien avec Béatrice ARBELOT,Déléguée générale de la FP2E.

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Du nouveau du côté de la FP2E :

médiation, accord avec les chambres d’agriculture...

Béatrice ARBELOT,Déléguée générale

de la FP2E,Fédération

professionnelle desentreprises de l'eau

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Marc RENEAUMEest président de la FP2E depuisjuillet 2008.

La Fédération Profession-

nelle des Entreprises de

l’Eau (FP2E,) regroupe la

quasi-totalité des entre-

prises privées assurant la

gestion des services d’eau

et d’assainissement :

Alteau, Lyonnaise des

Eaux, Nantaise des Eaux

Services, Saede, Saur,

Société des Eaux de Fin

d’Oise, Sogedo, Veolia Eau

et leurs filiales.

Pour en savoir plus : www.fp2e.org

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Le 5e Forum Mondial de l'Eau àIstanbul a évoqué un «droit àl'eau». Que peut-on espérer du prochain, qui aura lieu àMarseille ?

Les forums mondiaux sont de formi-dables outils pour faire avancer laproblématique de l'eau sur la scèneinternationale, ne serait-ce que par laprise de conscience collective qu'ilssuscitent.

Ainsi, à Istanbul, très concrètement,un help desk a été créé. Cet orga-nisme est destiné à appuyer les parle-mentaires dans leur travail législatif.

De plus, une réflexion a été engagéesur la notion de «droit à l'eau». Ce quiest en jeu, c'est sa reconnaissanceuniverselle (en France, il a acquisforce de loi avec la Loi sur l'Eau et lesMilieux Aquatiques de 2006). La ques-tion est de savoir dans quelle mesure

leur service : facilités de règlement,sites Internet, etc. Cependant, les récla-mations existent toujours, et certaines,bien que peu nombreuses, peuvent setransformer en litiges.

Cette instance a été créée à l'initia-tive des entreprises de la FP2E,conjointement avec l'AMF(1) etl'AdCF(2). Cette alternative a pourprincipal objet de confronter lespoints de vue du consommateur etde l'entreprise concernés de façon àaboutir à une solution non judiciaire.De plus, la Médiation contribuera àfaire évoluer le service, en mettanten exergue les motifs récurrents decontent ieux . A cet e f fe t , leMédiateur de l'eau, Marc CENSIétablira un rapport annuel de sonactivité qui permettra de dégager lesaxes d'amélioration possibles, maisaussi les actions envisageables pouréviter les litiges futurs. ■

il est opposable et quels seraient lesmoyens de son application.

Le droit à l'eau sera un véritable challenge pour le forum qui se dérou-lera à Marseille. Ce sera pour nousl'occasion d'expliquer nos métiers,encore trop méconnus, et de sensibi-liser les citoyens à l'importance duproblème de l'accès à l'eau. Nousaurons enfin à cœur de mettre envaleur ce qui est une chance pournotre pays : une eau de très bonnequalité, en bonne quantité et à un prixtrès raisonnable par rapport à celle denos voisins européens.

La création d'une Médiation del'eau est officielle depuis finoctobre. Pouvez-vous nous endire quelques mots ?

Depuis de nombreuses années, lesentreprises de l'eau ont mis en place desactions visant à améliorer la qualité de

(1) Association desMaires de France

(2) Assemblée desCommunautés de France

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Quelles sont les attentes nouvellesdans le domaine de l’eau ? Quellessont les pistes pour y répondre ?

Nos concitoyens attendent désormaisde leurs élus qu’ils mettent en placeune bonne gouvernance des servicesd’eau et d’assainissement. Cela signifienotamment que les décisions concer-nant leur organisation et leur mode degestion – régie ou délégation – doiventêtre prises en toute transparence etaprès une comparaison approfondiedes solutions envisageables. C’est cequi a été fait récemment, par exemple,par la Ville de Paris, qui a choisi la régie,et par le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France (SEDIF), qui a retenu la gestiondéléguée.

La FNCCR réalise actuellement, pour lapremière fois en France, une analysecomparative des services d’eaupotable. Une trentaine de collectivitésvolontaires, réparties à peu près à égalité entre régies et délégations, y participent. C’est une démarche quiprolonge celle des indicateurs de performance déjà rendus obligatoiresdans le rapport annuel. Les élus pourront ainsi mieux évaluer leurs services d’eau potable en les compa-rant à ceux d’autres collectivités. Latransparence réclamée par les consom-

Territoires

Le 34e congrès de la FNCCR a eu lieu àAnnecy, du 22 au 24 septembre 2009.Plus de 1 100 congressistes s’y sontrendus, pour l’essentiel des élus, parle-mentaires, conseillers régionaux etgénéraux, élus municipaux, représentantles collectivités en charge des servicespublics d’énergie, d’eau et d’assainis-sement, de déchets et de télécommuni-cations. Entretien avec Xavier PINTAT,Sénateur de la Gironde, Président de la FNCCR, Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies.

mateurs sera ainsi augmentée, et le«coup de projecteur» ne sera plus dirigéuniquement sur le prix de l’eau, qui n’estqu’un des éléments – certes important– du service rendu aux usagers, mais quine saurait traduire à lui seul le bon ou le mauvais fonctionnement. Les collec-tivités se donnent progressivement lesmoyens de mieux maîtriser l’ensemblede la distribution d’eau potable et de l’assainissement des eaux usées, ce qui devient nécessaire pour releverles nombreux défis auxquels ce secteurest confronté, tant sur le plan environ-nemental, social, économique que technique.

L’intercommunalité dans ledomaine de l’eau a été au centred’un important débat au cours ducongrès de la FNCCR. Quels sontles enjeux ?

L’intercommunalité a toujours été unfacteur de progrès dans le secteur del’eau et de l’assainissement. Elle permetde mutualiser les moyens d’expertise et,le cas échéant, d’exploitation. On réa-lise ainsi des économies d’échelle touten rendant les services plus perfor-mants. En 1999, la loi Chevènement a donné un nouvel élan et suscité lacréation de communautés urbaines,communautés d’agglomération et com-

munautés de communes. Cela a souvententraîné un regroupement des servicesd’eau et d’assainissement et une uni-formisation du prix au sein de chaquecommunauté. Les usagers-consomma-teurs ont généralement apprécié cessimplifications de l’organisation des ser-vices, qui rendent leur fonctionnementplus facilement compréhensible.

Aujourd’hui, le gouvernement souhaitealler encore plus loin en matière d’intercommunalité. Il prépare un projetremodelant assez profondément le paysage des collectivités locales. Letexte envisagé conduit notamment às’interroger sur la place respective del’intercommunalité à fiscalité propre(communautés urbaines, communautésd’agglomération, communautés de communes) et de l’intercommunalitéspécialisée (syndicats de communes etsyndicats mixtes). Cela fait partie desquestions importantes sur lesquelles leParlement devra se prononcer dansquelques mois.

Lors du congrès d’Annecy, les membresde la FNCCR ont souhaité que la futureloi préserve les spécificités du secteurde l’eau et de l’assainissement. Nousavons adopté une motion mettant l’accent sur la solidarité entre lesurbains et les ruraux. Ils partagent les

Quelles solidarités territoriales face à la crise économique et écologique ?

18 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

L’Impérial

Xavier PINTAT,Sénateur de laGironde, Président de la FNCCR,Fédération Nationaledes CollectivitésConcédanteset Régies

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Territoires

mêmes ressources en eau puisque lesvilles s’approvisionnent dans les campagnes environnantes. Ils doiventaussi bénéficier de conditions de des-serte comparables, pour ne pas péna-liser certaines zones de notre territoire.Par ailleurs, la motion rappelle l’exis-tence de grands syndicats mixtes, sou-vent de taille départementale, qui ont sufaire la preuve de leur efficacité soitpour gérer directement les servicesd’eau et d’assainissement, soit pourapporter une assistance aux collecti-vités localement responsables. Noussouhaitons que la loi ne remette pas encause l’organisation et le fonctionne-ment de ces grands syndicats mixtes.

Le congrès de la FNCCR a égale-ment évoqué le développementdurable dans les services d’eau etd’assainissement. Quelle en est laréalité sur le terrain ?

La démarche de développementdurable, combinant performance économique, responsabilité sociale etrespect de l’environnement, devient unenécessité pour les services d’eau etd’assainissement. Des outils existentpour la mettre en œuvre, tels que le référentiel SD 21000 et le modèleAFAQ 1000NR développés par AFNORCertification. Des collectivités commen-cent à utiliser ces outils, par exemple leSyndicat des Eaux et de l’Assainisse-ment du Bas-Rhin, dont l’engagement,

les pratiques et les résultats en matièrede développement durable ont été éva-lués par AFNOR Certification, à la fin del’année 2008, au niveau «exemplarité»,le niveau le plus élevé obtenu à ce jourpar un organisme public en France. Parailleurs, l’ASTEE*, qui est une associa-tion rassemblant des spécialistes dansles domaines de l’eau et de l’environ-nement, a élaboré un guide préconisantdes méthodes qui permettent deconnaître et de maîtriser les émissionsde gaz à effet de serre des servicesd’eau et d’assainissement.

La protection des ressources utiliséespour la production d’eau potable est unautre élément d’une politique de déve-loppement durable, impliquant généra-lement un partenariat entre les collecti-vités utilisatrices de l’eau et d’autresparties prenantes (les petites collecti-vités, les propriétaires fonciers, les agri-culteurs, les aménageurs, etc.). Notrecongrès a été l’occasion de présenterdes exemples de démarches de ce type,qui ne sont pas simples à organiser.Malgré la prise de conscience quasiunanime aujourd’hui qu’il faut défendrele patrimoine commun que constituentles ressources en eau, il subsiste sou-vent des conflits d’intérêt créant destensions entre les acteurs. Pour être effi-cace, il est nécessaire d’agir à uneéchelle géographique suffisammentlarge, car on ne règle pas les problèmesde gestion de l’eau si l’on n’intervientpas sur la totalité d’une nappe ou d’uncours d’eau. Les collectivités respon-sables de services d’eau potable ne sesituaient pas toujours au bon niveau jus-qu’à présent, en raison du morcellementexcessif de ces services – sauf dansquelques départements. Mais, dans cedomaine de la protection des res-sources, l’action des collectivités devraitégalement pouvoir se renforcer au coursdes prochaines années, grâce au déve-loppement de l’intercommunalité. ■

Congrès d’Annecy.

Intervention

Michel DESMARS

En matière de protection de la ressource, le développement de l’intercommunalité

facilite l’action des collectivités locales.

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 19

* ASTEE : Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement

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En 2007, après trente

ans de carrière dans les

grands groupes de

traitement des eaux,

Jacques Debuire décide

de créer Loïra pour

« redonner à nos enfants

l'envie de l'eau ».

La société se propose

de concevoir et de

construire des stations

innovantes, sur mesure,

dans le respect

des principes du

développement durable.

3 questions à Jacques DEBUIRE,dirigeant-fondateur de Loïra

Témoignage de Monsieur Ferdinand Daguerre,président du syndicat intercommunal URA (PyrénéesAtlantiques) : « Loïra m'a apporté un savoir être dansl'écoute, l'innovation dont j'avais besoin mais aussiun très grand professionnalisme. »

« Notre ambitionest de proposer ànos clients desprojets quiintègrent, en touteindépendance, lesexigences les plusélevées de qualitéécologique et deprotection de laressource en eau. »

Comment gérez-vous vos projets ?

A Mondouzi l , aux portes deToulouse, nous avons conçu unprojet d'unité de dépollution évo-lutif, modulaire, pour anticipertoute évolution de charge orga-nique ou hydraulique. Ce projet,conformément aux souhaits deMonsieur Medina, maire de lacommune, répond aux normes deprotection européennes alorsqu'elles ne lui sont pas encore impo-sées. A l'instar de celui-ci, tous nosprojets sont conduits en partena-riat. Nous menons en amont unevéritable réflexion entre le clientet le chef de projet, pour adapterchaque proposition à des besoinsprécis. Notre force réside aussidans notre totale indépendancepour le choix des techniques quenous préconisons, guidés par lepragmatisme et le souci de proté-ger l'environnement. Jamais nousn'oublions que l'homme est aucentre de nos préoccupations :maître d'ouvrage, maître d'œu-vre, exploitant, riverain, parte-naire, et générations futures.

Propos recueillis parValérie Ravinet

LoïraZA des landes, allée du Cers,31 850 MondouzilTel : 05 61 61 01 [email protected]

Quelles sont les activités de Loïra ?

J'ai réuni autour de moi une ving-taine d'ingénieurs hautement qualifiés, qui maîtrisent toutes lestechniques de potabilisation et dedépollution connues à ce jour.Ce savoir-faire s'enrichit d'unedémarche de recherche et déve-loppement, pour la mise au point detechniques nouvelles, et dont letravail fait l'objet de trois dépôts debrevets internationaux.Fruit d'une véritable écoute active dela part de l'ensemble de l'équipe desattentes de notre client, notre objec-tif est de concevoir et construire desstations de traitement d'eau perfor-mantes, pragmatiques et respec-tueuses de l'environnement. Nous intervenons dans le cadrede création ou de complémentsde filières, ou de réhabilitation d'usines en mettant au service de nos clients, publics ou privés,tout un éventail de techniques.

Qui sont vos clients ?

La majorité de nos donneurs d'or-dre est composé d'élus, maires,présidents de syndicats ou de com-munautés de communes. Noustravaillons également pour lecompte d'industriels ou d'aména-geurs privés. Par exemple, dans lebassin Adour-Garonne, nous cons-truisons depuis janvier la stationd'épuration de Bassussarry, com-mune du Pays Basque. Ce pro-gramme consiste à réhabiliter uneusine, en retenant un procédéde filtration membranaire. Grâce à cette technique de pointe, la protection stricte du milieu récep-teur est assurée par la réutilisation de l'eau ainsi traitée, qui permetl'arrosage du golf de Makila, situéà proximité. C'est un projet quiconcerne 8 000 habitants, d'un coûtde 2,6 millions d'euros.

PUBLISCOPIE

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plans détaillés, coûts d’investisse-ment et de fonctionnement), enrespectant les objectifs, les exigenceset les contraintes déterminés par lemaître d’ouvrage.

A la suite du projet, le maître d’œuvrerédige le dossier de consultation desentreprises, dans le respect du Codedes Marchés Publics (appel d’offresouvert ou restreint avec solution debase, marché négocié avec solutionde base, dialogue compétitif avecprojet étudié partiellement), en fournissant toutes les données nécessaires pour que les entreprisespuissent remettre un coût sur lequelelles sont engagées.

Hormis le projet, l’AMO exerce, pourles autres parties d’études, unemission sensiblement identique àcelle du maître d’œuvre. Ensuite, ilrédige également le dossier deconsultation des entreprises dans lerespect du Code des Marchés Publics(appel d’offres en conception réalisa-tion), en fournissant toutes lesdonnées nécessaires pour que lesentreprises puissent remettre un coûtsur lequel elles sont engagées. Dansce cas spécifique de consultation, il est conseillé au groupement d’en-treprises de s’adjoindre un bureaud’ingénieurs conseils qui mettra à leur service son savoir-faire dans ces domaines particuliers et sera «l’élément neutre» entre les diffé-rentes entreprises participant à laconstruction de l’ouvrage.

La différence entre les deux n’est-elle pas trop subtile ?

Au travers des réponses à la questionprécédente et en synthétisant à

Le rôle de l’ingénieur conseil :maîtrise d’œuvre ou Assistance à Maître d’Ouvrage (AMO)

Dans le domaine de la réutilisa-tion des eaux traitées en sortie destation d’épuration, quel est lerôle de l’ingénieur conseil auxcôtés des collectivités ?

Peut-être, avant de définir le rôle desingénieurs conseils, y a-t-il lieu derappeler ce qu’est le maître d’ouvrage :c’est l’entité publique (collectivitéreprésentée par ses élus) qui financel’ouvrage et qui prend toutes les déci-sions (choix du terrain, ambition duprojet, contraintes et respect du pland’urbanisme, choix de l’entreprise) ense faisant aider par ses propresservices et, éventuellement, d’unbureau d’ingénieurs conseils.

En tant que conseiller de la collecti-vité, nous assurons également un rôlepolitique, avec la sensibilisation desélus et des fonctionnaires territoriauxà la réutilisation des eaux traitées desstations d’épuration. En effet, ceseaux, après un traitement complé-mentaire et approprié à la typologiedes besoins, pourront être redistri-buées auprès d’une clientèle ciblée etinventoriée.

Dans le cadre de la politique du déve-loppement durable, notre démarchene se limite plus aux régions qui souf-frent de la sécheresse, mais a étéétendue à l’ensemble du territoirenational.

Le prolongement de cette premièrephase vise à établir une adéquationentre les besoins quantitatif et quali-tatif exprimés, les difficultés déceléeset les outils à mettre en place pourassumer les nécessités inhérentes àla réalisation du projet.

A cet instant, il est nécessaire, pour lacollectivité, de bien appréhender lesujet dans sa globalité. En fonction dela complexité du projet, elle pourrasélectionner un bureau d’ingénieursconseils, soit en qualité de maîtred’œuvre, soit en tant qu’assistant àmaître d’ouvrage (AMO).

Pouvez-vous nous rappeler ledistinguo entre ces deux «métiers» ?

Le maître d’œuvre est amené à conce-voir et à réaliser, sur le plan technique,une série de solutions économique-ment et techniquement acceptablespar la collectivité, dont une sera développée pour devenir le projet(mémoire justificatif et descriptif,

L’ingénieur conseil est à la fois un créateur et un expert. Rigoureux etobjectif, il garantit à son client la parfaite finalisation du programme quilui est confié. Impliqué durant toute la durée du projet, il assume une fonction multiple : définition des besoins, analyse des diagnostics, estimation des résultats… Entretien avec Marcel JOURNEZ, ingénieur conseilchez Amodiag Environnement.

Marcel JOURNEZ,ingénieur conseilchez AmodiagEnvironnement

22 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Territoires

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Installation devant recevoir une unité membranaire pour obtenir une eau d'excellente qualité à partir des eaux traitées sur la station d'épuration de LE TOUQUET.

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l’extrême, la clé de compréhension estsimple : le maître d’œuvre a un rôle deconception, l’AMO n’en a aucun.

Revenons, si vous le voulez bien,à l’évocation de la partie «Etudes»de votre mission…

A l’étape qui concerne les études, lequestionnement repose sur la destina-tion des eaux traitées issues de lastation d’épuration, qui vont devoir subirdifférents niveaux de traitement, plus oumoins sophistiqués, selon leur usage.

De ce fait, à ce stade de l’étude, lemaître d’œuvre et l’AMO effectuentun travail similaire (recueil descontraintes amont – connaissancesdes quantités et de la qualité de l’eauen sortie de la station d’épuration,contraintes de site – données topo-graphiques, surface de terrain dispo-nible, qualité des sols au droit desfuturs ouvrages, contraintes aval –besoins des destinataires du projeten termes de quantité – débits depointe et volume total à mettre à leurdisposition – et de qualité – typologiedes usages envisagés).

Plusieurs solutions schématiquesseront étudiées, au moins, par lemaître d’œuvre et peut-être parl’AMO, afin de démontrer la faisabi-lité et de mettre à jour les différentsavantages et inconvénients des planstechniques et technologiques, sansoublier les enveloppes économiquesd’investissement et de fonctionnement.

A l’issue de ce travail, le maîtred’œuvre produira, au niveau projet(mémoire justificatif et descriptif,plans-guides de détails de tous lesouvrages, coûts d’investissement etde fonctionnement), la solution qu’il aconçue. Elle deviendra la solution debase lors de la mise en concurrencedes entreprises.

L’étape suivante consiste, tant pour lemaître d’œuvre que pour l’AMO, en laconstitution du dossier de consultationdes entreprises comportant les différentespièces administratives et techniques.

Le maître d’œuvre doit fournir unesolution de base que les entreprisesdevront chiffrer tout en respectant laqualité des matériaux ainsi que lamanière de les mettre en œuvre, qui

auront été définies et indiquées dansle cahier des charges.

L’AMO ne fournira que l’ensemble desprescriptions encadrant la qualité desmatériaux, ainsi que la manière de lesmettre en œuvre, sans fournir de solu-tion de base. S’il a réalisé une solu-tion schématique démontrant la faisa-bilité, il pourra la joindre, à titre infor-matif, dans le cahier des charges.

Pendant la phase de consultation, tantle maître d’œuvre que l’AMO répon-dent aux éventuelles questions desentreprises. Une fois les offresremises, et après ouverture par laCommission d’Appel d’Offres (CAO),l’un comme l’autre établissent lescomparatifs technico-économiquesqui permettront à la CAO de choisirl’entreprise chargée de construirel’ouvrage. Une fois le choix effectuépar la CAO, le dossier de marché estconstitué et le maître d’ouvrage doitassurer les informations légalesprévues par le Code des MarchésPublics. Le dossier de marché estensuite signé par le maître d’ouvrageet l’entreprise avant d’être transmisen préfecture ou sous-préfecture pourobservations éventuelles sur le dérou-lement des opérations. A partir de ladate de réception par la préfecture oula sous-préfecture, celles-ci ont deuxmois pour formuler des remarques ensachant que le marché est exécutoireimmédiatement après sa réception(attention au délai de transport !).

Nous parvenons maintenant audéroulement des travaux…

Que ce soit pour le maître d’œuvre oupour l’AMO, cette étape est trèsimportante. Chacun d’eux va devoirs’assurer, et de manière permanente,que le contrat passé et signé par l’en-trepreneur ou le groupement d’entre-prises respecte bien les engagements(qualité, budget, délais) vis-à-vis dumaître d’ouvrage.

Pendant le déroulement des travaux,hormis le fait que le maître d’œuvreaura, contrairement à l’AMO, pourmission de viser tous les plans d’exé-cution de l’entreprise – électricité,génie civil, équipements –, le restedes missions est sensiblement lemême entre ces deux acteurs. En

effet, ils ont à charge de surveiller les travaux jusqu’à leur réception(réunions de chantier, visites inopi-nées, résolutions de problèmes...),pour que l’exécution des ouvrages sedéroule en parfaite conformité avec lemarché, ainsi que la responsabilité deviser les situations financièresprésentées par l’entreprise.

Ils sont véritablement les garants durespect du contrat et des «facilita-teurs», auprès de tous les intervenants.

Enfin, le maître d’œuvre commel’AMO participent aux opérations deréception de l’ouvrage.

Est-ce qu’il y a des souhaits parti-culiers au sein de la professionque l’ingénieur conseil souhaite-rait faire ?

Des discussions, entre les entrepriseset les ingénieurs conseils, se dérou-lent actuellement pour prolonger unedémarche qui avait abouti à l’éditiond’un premier fascicule : «Le guidepratique pour la bonne application desprocédures d’achats publics en traite-ment des eaux». Aujourd’hui, lesmêmes partenaires élaborent desdocuments complémentaires, desti-nés à faciliter et assumer correcte-ment les rôles respectifs des collecti-vités, des entreprises et des ingé-nieurs conseils.

Ces fiches, qui prévoient des évolu-tions nécessaires, démontrent l’inté-rêt de la présence d’un bureau d’in-génieurs conseils au sein de cettechaîne complexe. Elles devraient êtredistribuées au Salon des maires, les17, 18 et 19 novembre prochains. ■

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 23

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Installation de déferrisation des eaux traitées sur la station d'épuration de Le Touquet

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L'intégration de la réutilisation deseaux usées traitées dans la planifica-tion de l'eau à long et moyen termesest une condition indispensable àl'équilibre du cycle naturel de l'eau età la conservation des ressourcesnaturelles pour le prochain millénaire.La réutilisation est l'un des piliers dela nouvelle géopolitique de l'eau, lagestion intégrée des ressources. Carle potentiel du marché de la réutili-sation des eaux usées épurées estconsidérable. Actuellement, seule-ment 2 % des eaux usées collectéessont réutilisés, soit plus de 7 milliardsde m3 en 2005. A très court terme, lescapacités mondiales installées pourtraiter les eaux usées tripleront pourpasser de 20 millions de m3/jour en2005 à 55 millions de m3/jour en2015, soit une croissance annuelle de10 à 12 %. Si les eaux uséesurbaines, épurées ou non, ont long-temps été employées principalementpour l'irrigation agricole, il en vaautrement aujourd'hui.

La réutilisation diversifie sesusages

Face aux pénuries en eau douce, laréutilisation diversifie ses usages enmilieu urbain : irrigation des espacesverts, lavage des rues, protectionincendie, et réalimentation desressources naturelles (nappes souter-raines ou réservoirs). Mais bienqu'elle bénéficie de nombreux atoutspour promouvoir les usages d'eaurecyclée et que l'Hexagone soitreconnu comme le pays européen

La réutilisation des eaux usées traitées : l'avis des experts

«La réutilisation des eaux usées offreune opportunité unique et rationnelled'augmentation de l'approvisionne-ment traditionnel en eau. Commeélément important et multidiscipli-naire de développement et degestion des ressources en eau, laréutilisation peut permettre decompléter le cycle d'approvisionne-ment en eau grâce aux eaux usées.Le succès du développement de cetteressource alternative dépend del'examen attentif et de la synthèse detous les éléments de l'infrastructureet de la planification des installa-tions, de l'implantation de traitementdes eaux usées, de la fiabilité desprocédés de traitement, des analyseséconomiques et financières, et de lagestion des services d'eau.»

C'est sur ces paroles que TakashiASANO, Professeur émérite au dépar-tement Génie civil et Environnementde l'Université de Californie à Davis,recevait à Stockholm en 2001, leStockholm Water Prize.

Cet avis est partagé par tous lesspécialistes de la réutilisation deseaux usées. Valentina LAZAROVA,chef de projet au départementProcédés opérationnels - pôleAssainissement et EnvironnementCIRSEE - de Suez Environnement,dresse un constat fort simple :«L'enjeu environnemental est plané-taire. Il faut cesser de surexploiter lesressources naturelles, notamment lesressources d'eau non renouvelables,et encourager les comportements

citoyens et écologiques respectant lecycle de l'eau. La France doit déve-lopper des pratiques de réutilisationdes eaux usées.» Akiça BAHRI, directrice Afrique du bureau régionalde l'Institut international de gestionde l'eau (International WaterManagement Institute, IWMI),observe quant à elle que «la réutilisa-tion des eaux usées est appelée à sedévelopper, à se diversifier et à êtresocialement plus acceptée. Elle entrenaturellement dans le circuit des eauxet ne peut en être dissociée. Desefforts restent à faire dans denombreux domaines afin de mieuxmaîtriser l'utilisation de ces eaux. Dessystèmes de traitement fiables etéconomiquement viables demandentà être développés. Les effets à longterme de la réutilisation des eauxusées et des opérations de rechargedes ressources naturelles sont égale-ment à prendre en compte.»

Planification et diversification

Tous les experts s'entendent pourreconnaître que l'élément principalréside dans une bonne planification.«Les futurs projets de réutilisationdes eaux usées dépendront d'unemeilleure planification et d'unmeilleur aménagement des opéra-tions de réutilisation. Ceci impliquel'amélioration de l'évaluation et de laprise en compte des facteurs tech-niques, sociaux, économiques, régle-mentaires et environnementaux, et larecherche d'une meilleure organisa-tion sur le plan institutionnel.»

Tous les experts en eau s'accordent à dire qu'au regard desenjeux environnementaux la réutilisation des eaux usées trai-tées est aujourd'hui l'une des priorités internationales. LaFrance, pourtant leader sur les techniques de traitement del'eau, accumule les retards sur le développement de cespratiques. Une situation d'ailleurs généralisée à la plupartdes pays d'Europe, où manque une vision sur le sujet et unelégislation pour accompagner sa mise en œuvre.

Valentina LAVAROZA,

Chef de Projet auDépartement Procédés

Opérationnels - Pôle Assainissement

et Evnironnement Cirsez Suez

Environnement

Recyclage des eaux©

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Akiça BAHRI,Directrice Afrique

du bureau régional del’Institut International

de Gestion de l’Eau

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Takashi ASANO,Professeur au

département Génie civilet Environnement de

l'Université de Californieà Davis

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 25

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ayant pris le plus d'initiatives dans ledomaine de l'irrigation agricole, laFrance freine des quatre fers, en particulier en ce qui concerne l'irriga-tion des golfs et des espaces verts,soit l'usage qui connaît le plus fortdéveloppement dans les pays limi-trophes et dans le monde. De fait, laréutilisation des eaux usées traitéesmunicipales connaît une expansionrapide à l'international : certains paysde la Méditerranée, les Etats-Unis,l'Australie, la Namibie, Singapour oule Japon ont des objectifs très ambi-tieux. Principalement, les projets deréutilisation des eaux usées traitéesont une vocation agricole, mais oncompte également des projets derecharge de nappes (Orange County),des projets environnementaux, à desfins industrielles, pour des usagesdomestiques (chasses d'eau) ou muni-cipaux et enfin à des fins potables,après un séjour dans le milieu naturel,comme aux Etats-Unis ou à Singapour,ou en distribution directe comme àWindhoek (Namibie).

en compte. La question est à traiterau cas par cas dans le cadre de schémas d'aménagement et degestion des ressources en eau. Lesdifférentes formes de réutilisationpossibles sont à prospecter et àcomparer sur le plan coûts-avan-tages.» Valentina LAZAROVA ajoute :«C'est la bonne gouvernance qui estla clé principale du succès de la réuti-lisation de l'eau. La motivation etl'engagement fort des élus locaux ontété et restent la force motrice desprojets réussis de recyclage des eauxusées en France et dans le mondeentier. La bonne gouvernance inclutl'intégration de différents usagesd'eau recyclée dans la planification àmoyen et à long terme d'une gestionintégrée des ressources, la mise enplace d'une tarification adaptée del'eau potable et de l'eau recyclée, lechoix adéquat du traitement d'affi-nage des eaux usées en fonction desusages et, bien sûr, la collaborationde toutes les parties prenantes avecune bonne stratégie de communica-

Pour Akiça BAHRI, «si la réutilisationagricole des eaux usées est appeléeà demeurer l'utilisation prédomi-nante, la récupération des eaux uséesdoit être pensée dans un cadre pluslarge où les différentes formes deréutilisation possibles seront prises

tion et d'éducation des usagers et du grand public.»

Légiférer pour avancer

Assurer la réintégration des eauxusées traitées dans le circuit de l'eaupasse par une nécessaire législation.

Pourtant, à l'échelle internationale,on relève une grande diversité destextes et des normes en matière deréglementation de la réutilisation deseaux usées traitées. En Europe, l'éla-boration d'une standardisation est encours. L'Espagne et l'Italie ont déjàadopté des réglementations entermes de différents usages d'eaurecyclée. Dans ce contexte, selonValentina LAZAROVA, «il faut espé-rer que l'avance technologiqueimportante de la France dans ledomaine du traitement des eauxusées et la publication récente desréglementations assez complètes etdétaillées sur la réutilisation deseaux usées permettront à notre paysde récupérer rapidement son retardet de mettre en place des projets derecyclage des eaux usées viables,sans risques sanitaires et avec desbénéfices environnementaux etéconomiques bien identifiés. La miseà la disposition des municipalitésd'une ressource alternative d'unequalité et d'une quantité adéquateset constantes peut contribuer audéveloppement durable des régionstouchées par les pénuries d'eau etpar les sécheresses de plus en plusfréquentes. Le défi principal entermes de contrôle des risques sani-taires est la bonne gestion de laqualité de l'eau recyclée. Lesnouvelles techniques de suivi encontinu de la fiabilité des procédésd'affinage tertiaire des eaux usées etde la qualité de l'eau produitepermettent de mieux contrôler unéventuel risque sanitaire que lesprélèvements ponctuels de suivi desparamètres microbiologiques. Il faut souligner que les avancées technologiques dans le domaine du traitement des eaux usées permet de produire une eau recyclée demeilleure qualité que l'eau superfi-cielle, voire de certaines eaux souter-raines, grâce aux procédés avancésd'ozonation, d' i r radiat ion UV, d'absorption par le charbon actif et grâce aux technologies membra-naires de microfiltration, ultrafiltra-tion, nanofiltration et à l'osmoseinverse.» ■

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26 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Recyclage des eaux

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La gestion des eaux et territoires

Le Cemagref, parmi différents enjeux, s'attache notamment à la restau-ration du bon état écologique et chimique des milieux aquatiques d'ici2015. Entretien avec Jean-Pierre CANLER, Ingénieur de recherche auCemagref à Lyon.

Quelles sont les activités duCemagref dans le domaine del'eau et plus spécifiquement àLyon ?

Le Cemagref est un institut derecherche finalisée de référence pourla gestion durable des eaux et desterritoires. Organisme public, il a pourmission de répondre à des questionsconcrètes de société dans le domainede la gestion durable des eaux et desterritoires en produisant des connais-sances nouvelles et des innovationstechniques utiles aux gestionnaires,aux décideurs et aux entreprises. Ilest l'organisme de recherche le plusimportant dans le domaine de l'eau,avec pour axes de recherche desenjeux du développement durable :- La gestion de l'eau (transport et

stockage) et des services publicsassociés

- Les risques liés à l'eau : risques tor-rentiels et avalancheux, risques deruptures digues et barrages,régimes hydrologiques

- Les technologies et procédés del'eau et des déchets

- La qualité des systèmes écolo-giques aquatiques

biologiques (aérobie ou couplageaérobie/anaérobie) les plus adaptéset certains aspects de la probléma-tique boue : séchage solaire, réduc-tion et traitement pour les systèmesextensifs.

Le Cemagref Lyon mène-t-ilnotamment des recherches surla réutilisation des eaux uséesaprès traitement pour certainsusages ?

La réutilisation des eaux usées traitées sera à terme un enjeu impor-tant pour préserver la ressource.

D'un point de vue réglementaire, unprojet d'arrêté en cours de discussionpermettra aux collectivités de mieuxcerner les conséquences sur la problématique de la réutilisation.

Au Cemagref de Lyon, ce sujet adébuté par un premier travail biblio-graphique afin d'orienter les futursaxes de recherche.

Nous nous centrerons sur les filièresamont à optimiser ou à recommanderavant une réutilisation des eaux.

Pour l'aspect sanitaire qui vise lesaspects relatifs aux baignades ou auxélevages de coquillages, ce travailpourrait être développé par l'équipede Rennes. ■

A Lyon, Le Cemagref oriente sesrecherches dans le domaine de l'eauen tant que ressource naturelle etmilieu vivant. Il s'intéresse aussi à lagestion des équipements pour l'eauet l'assainissement.

Comment s'organisent lesrecherches sur les eaux usées.Quelles sont les équipes qui enont la charge et quels domainessont ciblés plus spécifiquement ?

Dans le domaine des eaux usées,notre axe de recherche intègre l'épu-ration, le traitement des effluentsd'élevage ainsi que la maîtrise desémissions vers le milieu naturel. Il apour objet de fournir à l'ensemble desacteurs publics et privés concernés leséléments nécessaires à l'améliorationde la conception et de la gestion tech-nique des filières de traitement deseaux résiduaires et des effluentsd'élevage dans une optique de préser-vation et d'utilisation durable des res-sources. Nos enjeux scientifiquesvisent à faire progresser les connais-sances là où elles sont insuffisantespour atteindre une compréhension desprocessus permettant d'élaborer despréconisations pertinentes de concep-tion, de dimensionnement ou de gestion technique et énergétique desinstallations de traitement.

Sur Lyon, les travaux de recherchesont déclinés en trois domaines d'activités : * Procédés intensifs qui visent des

collectivités de plus de 2 000 Équi-valents Habitants

* Procédés extensifs inférieurs à2000 Équivalents habitants

* Le non collectif ou l'assainissementindividuel

Ils abordent principalement les différentes filières de traitement

Jean-PierreCANLER, Ingénieurde recherche auCemagref à Lyon

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Bactéries filamenteuses

au microscope (x 500)

Station boue activée

(bassin d’aération

+ clarificateur)

Recyclage des eaux

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 27

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«Dans ce cadre, indique PierreROUSSEL, nous sommes saisis dedemandes de natures variées. Parexemple, il s’agit d’analyser l’impactsur le milieu naturel et la ressourceen eau des neiges, ou les enjeux àrelever en matière d’environnementdans le Marais poitevin, ou encorel’influence du changement climatiquesur la ressource en eau, notammentdans le Massif central, qui estconcerné par trois SDAGE*. Endehors de ces demandes, la commis-sion se saisit librement de certainssujets, comme la compensation de laperte de biodiversité à l’occasiond’un projet (chantier, par exemple), unsujet qui rejoint celui de l’applicationen France des Directives Projets etPlans et Programmes.»

La réutilisation des eaux usées traitées fait partie des thèmes quiretiennent l’attention du CGEDD. «Il peut être intéressant de réutiliserles eaux usées ou les eaux de pluieaprès traitement pour certainsusages, note Pierre ROUSSEL, notam-ment pour arroser des espaces verts,des golfs ou des jardins de particu-liers ; le recours à de telles pratiquesdépend aussi de la nature de la ressource en eau et de l’empreinteécologique des moyens mis en placedans ce but. Notons que, sur un sujetvoisin, Paris et Marseille étaient enFrance les deux seules villes qui dis-posaient de deux réseaux distinctsd’adduction, dont l’un était consacréaux besoins en eau non nécessaire-

Pierre ROUSSEL préside la commission permanente des ressources natu-relles du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable(CGEDD). Cette entité créée en juillet 2008 de la fusion du Conseil Généraldes Ponts et Chaussées et du Service de l’Inspection Générale de l’Environnement a deux grandes missions : analyser le fonctionnement desservices de l’Etat et conseiller les pouvoirs publics.

ment potable, et que, sauf erreur,Marseille a abandonné. Dans cedomaine, il ne faut pas poser de prin-cipes fermes, mais étudier chaqueprojet au cas par cas.»

Polytechnicien et ingénieur du GénieRural des Eaux et Forêts (GREF), ancienPrésident de l’ASTEE et Président del’OIEau, Pierre ROUSSEL est aussiV i c e - p r é s i d e n t d é l é g u é d el’Association Française pour laP révent ion des Catas t rophesNaturelles. Dans ce cadre, il intervientaussi sur la transposition en droit français et sur la mise en œuvre de la Directive Européenne relative auxinondations. Il a suivi les législationssur l’eau, notamment en tant que Chefde service à la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) duministère de l’Intérieur, Directeuradjoint puis Directeur de l’eau auministère de l’Environnement,Président de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée et Corse, Chef del’Inspection générale de l’environne-ment au ministère de l’Ecologie (2006-2008), après un début de carrière auministère de l’Agriculture. ■

Reuse : analyser l’empreinte écologique de tout projet

Pierre ROUSSEL ,Président de la commission perma-nente des ressourcesnaturelles du ConseilGénéral del’Environnement et du DéveloppementDurable (CGEDD)

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 29

* SDAGE : SchémaDirecteur d’Aménagement

et de Gestion des Eaux

Recyclage des eaux

Étudier au cas par cas tout projet lié à la réutilisation

après traitement des eaux usées

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30 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Recyclage des eaux

retraitées. Autour de Berlin, il recyclel'eau pour la recharge de nappesphréatiques. Windhoek, capitale de laNamibie, est une autre de ses réfé-rences. Veolia Eau et ses partenairesy exploitent une usine de recyclagedes eaux usées qui alimente la population en eau potable. Sans elle,il manquerait à Windhoek 35 % des ressources pour satisfaire lademande. Aujourd'hui, la conceptionet la mise en œuvre de procédéspoussés de retraitement est plus quejamais une piste de développement.Veolia a, dans ce cadre, signé enAustralie, avec AquaNet Sydney, le plus important projet privé de recyclage des eaux usées du pays,destiné à alimenter un réseau declients industriels.

Doha, capitale du Qatar, mise surle traitement des eaux usées

Veolia Eau a signé avec Ashghal, l'au-torité en charge des travaux publicsde la ville de Doha, un contrat portantsur l'exploitation et la maintenancede deux usines de traitement d'eaux

La solution réside moins dans « le partage de la rareté »

que dans l'emploi de ressources alternatives

Antoine FRÉROT, Directeur général deVeolia Eau, s'est longuement penchésur les eaux usées recyclées dans sonouvrage, L'Eau, pour une culture de laresponsabilité. Il y estime notammentque «là où l'eau est en quantité insuf-fisante, la solution réside moins dans“le partage de la rareté“ que dansl'emploi de ressources alternatives».Deux techniques sont aujourd'hui enpleine expansion car elles ouvrentl'accès à des ressources non conven-tionnelles : le recyclage des eauxusées et le dessalement d'eau demer. Ces procédés sont employésdepuis des siècles mais les avancéestechniques survenues au cours desdernières décennies ont considéra-

blement étendu leur champ d'appli-cation. Les eaux usées ont ainsigagné le statut de ressource. Si ceque l'on croyait pléthorique estdevenu moins abondant, ce que l'onregardait comme un déchet s'esttransformé en ressource. L'eau usée,cette «eau hostile», est désormaisjugée utile. «Recycler les eaux uséesest sans nul doute une piste promet-teuse susceptible de fournir de grosvolumes d'eau. Aussi prévoit-on, aucours de la prochaine décennie, unquadruplement des infrastructuresmondiales installées pour leur recyclage. Sur le plan financier, lerecyclage est source d'économiespour la collectivité. En effet, dans lesrégions arides, l'eau recyclée coûtemoins cher que l'eau dessalée ouimportée. Cette technologie estdoublement gagnante. En réinjectanttout de suite les eaux usées recycléesdans le cycle local de l'eau, d'unepart on crée une nouvelle ressourcequi permet d'instaurer une consom-mation plus “soutenable“ de l'eau,d'autre part on diminue l'impact envi-ronnemental de l'assainissement»,ajoute Antoine FRÉROT.

Le recyclage des eaux usées traitéesest un secteur d'avenir pour lequelVeolia déploie d'ores et déjà touteson expertise. Le groupe a denombreux exemples à son actif : àSingapour, des usines de microélec-tronique sont alimentées en eau ultrapure produite à partir d'eaux usées

A l'instar de son Directeur général AntoineFRÉROT, qui a consacré un ouvrage au recyclagedes eaux usées, Veolia Eau multiplie les initia-tives pour se renforcer dans ce secteur d'avenirqui réunit toutes les conditions liées aux enjeuxplanétaires de développement durable. Doha etChartres en sont de parfaites illustrations.

Antoine FRÉROT, Directeur général

de Veolia Eau

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usées qui, une fois recyclées, serontintégralement réutilisées pour l'irrigation et l'agriculture.

Conclu pour une durée ferme de septans - avec option complémentaire detrois ans - ce contrat représente unchiffre d'affaires total (hors option)cumulé estimé à 44 millions d'euros.La première usine, Doha South STP,dispose d'une capacité de traitementdes effluents domestiques de 112 000 m3/jour. Construite en deuxtranches, elle s'est dotée d'une installation de traitement des bouesactivées par aération de surface, puis d'un réacteur de type SBR,«Sequenced Batch Reactor». Laseconde usine, «Industrial Area STP»,traite 12 000m3 d'effluents par jour.Egalement construite en deuxtranches, elle dispose d'une usineSBR et aura bientôt un espace dédiéau traitement des boues (diges-teurs/centrifuges). Durant toute ladurée de ce contrat basé sur la perfor-mance, Veolia Eau apportera sonsavoir-faire managérial pour garantirle maintien en bon état des installa-tions de l'usine et le respect desnormes de qualité TSE (TreatmentSewage Effluent) à 95%. Elle assu-rera la gestion des pannes et desurgences, mais aussi celle des inter-faces travaux pendant la future phased'agrandissement de Doha South STP.Ce nouveau contrat confirme notreposition de leader dans une région dumonde où, depuis quelques années,les défis liés à l'assainissement et àla réutilisation des eaux usées sontau cœur des préoccupations desautorités locale», déclare AntoineFRÉROT. «Ces défis imposent de sedoter de savoir-faire professionnelsafin d'optimiser la gestion des infra-structures et de valoriser au mieuxles ressources en eau.»

Une empreinte écologiqueréduite pour Chartres Métropole

Chartres Métropole a adhéré auconcept du recyclage des eaux usées.La nouvelle station de traitement deseaux usées mise en place par Veoliaau sein de la communauté d'agglomé-ration intégrera les enjeux de réduc-tion des émissions de gaz à effet deserre grâce à la production d'énergiesrenouvelables. La partie conception etconstruction de ce projet sera confiéepar Veolia Eau à un groupement d'en-treprises associant OTV/Veolia EauSolutions & Technologies (filiale deVeolia Eau), mandataire du groupe-ment, et la société Ternois.Lors de sa mise en service (trente-quatre mois après l'ordre de servicede lancement des études), la stationaura une capacité de traitement de164 000 Équivalents Habitants, quipourra être étendue à 200 000 d'ici lafin du contrat. La nouvelle installationmettra en œuvre des solutions tech-nologiques éprouvées, sélectionnéesà partir d'une Analyse de cycle de viemenée par Veolia Eau. La technologiedes boues activées à très faiblecharge a été retenue par ChartresMétropole en raison de son impactlimité sur l'environnement. Ceprocédé permettra d'obtenir uneexcellente qualité d'eau traitée etparticipera à une diminution de l'em-preinte écologique globale du site :faibles consommations énergétiques,moins de réactifs utilisés. Les bouesseront stabilisées par digestion. Lebiogaz issu de la digestion alimenteraune cogénération favorisant ainsi laproduction d'une énergie totalementrenouvelable. Cette énergie permet-tra, d'une part, de chauffer les locauxet, d'autre part, de revendre l'électri-cité à EDF à un tarif préférentiel. Une chaudière, alimentée par du

Miscanthus (graminée) cultivé enpartie sur le site de la station, viendracompléter le dispositif de productionde chaleur. Les boues seront transfor-mées sur site en compost normalisépar une unité entièrement confinée.

L'intégration architecturale et paysa-gère de la station a fait l'objet d'étudesapprofondies, le site devant s'intégrerparfaitement dans le cône de visiondepuis la Cathédrale de Chartres. Pource faire, un travail de végétalisationdes bâtiments sera réalisé. Le traite-ment architectural inclura un circuitpédagogique conçu pour respecter lefil de l'eau et séparé de l'exploitationpour assurer la sécurité des visiteurs.Enfin, la maîtrise des nuisances olfac-tives sera assurée par la présenced'unités de traitement biologique etphysico-chimique de l'air.

L'ensemble des ouvrages sera conçusuivant la Charte de Haute QualitéEnvironnementale Ecolia 21, unedémarche d'éco-conception définiepar OTV/Veolia Eau Solutions &Technologies.

«La nouvelle usine de ChartresMétropole combinera des technolo-gies durables, une empreinte écolo-gique réduite et une intégration sansnuisance pour les riverains. Il s'agitd'un engagement fort et déterminantdont Veolia Eau souhaite faire unexemple au service du développe-ment durable, pour ses clients collec-tivités publiques», souligne AntoineFRÉROT. Dans le cadre du contrat,Veolia Eau a pris des engagements deréduction des émissions de gaz àeffet de serre et de développementde la biodiversité. Des suivis de l'évolution de l'impact carbone parhabitant et de la qualité des écosys-tèmes aquatiques seront réalisés. ■

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La réutilisation de l'eau est un marché à fort potentiel : le «réuse» est enplein essor depuis 1997. On estime la croissance -en capacité installée-de cette technologie dans le monde à +181 % dans les 10 ans à venir.Inscrite dans la logique du développement durable, elle présente plusieursavantages. Elle assure une ressource alternative à moindre coût tout enlimitant les pénuries d'eau et en préservant les ressources naturelles. Dansle monde, Degrémont, filiale de Suez Environnement, spécialiste mondialdes usines de traitement d'eau, a construit plus de 50 usines permettantla réutilisation d'eaux usées traitées (soit 10% du marché en capacité installée), pour une capacité totale de 2,4 million m3/jour. Parmi les projets exemplaires, figure notamment l'usine de traitement des eauxusées de Grasse équipée de la technologie baptisée «réacteur membra-naire biologique»

L'usine de Grasse :une qualité du rejet supérieure aux

exigences prévues pour les zones sensibles

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Aujourd'hui, seulement 2% des eauxusées collectées dans le monde sontréutilisées dans l'industrie, l'agricul-ture ou pour réalimenter les nappesphréatiques soit environ 7,1 milliardsde m3 en 2005. Mais de nombreuxpays confrontés à des périodes desécheresse récurrentes se tournentvers la réutilisation des eaux usées. La réutilisation de l'eau est un marché à fort potentiel.

Pour Jean-Louis CHAUSSADE,D i r e c t e u r G é n é r a l d e S u e zEnvironnement, «la réutilisation del'eau, comme le dessalement de l'eaude mer, a longtemps été considéré àtort comme une technologie réservéeaux pays arides. Mais la sécheressepersistante en Europe ces dernièresannées montre qu'une bonne gestiondes services d'eau et un usage rai-sonné de la ressource par les consom-mateurs ne suffisent pas toujours, ilfaut aujourd'hui se tourner vers cessolutions alternatives qui permettrontde mettre en place une gestiondurable de la ressource en eau».

Dans les dix prochaines années, lescapacités mondiales installées pourtraiter les eaux usées tripleront pourpasser de 20 millions de m3/j en 2005à 55 millions de m3/j en 2015 (soit unecroissance annuelle de 10 à 12%).

Dans certains pays, comme la Chine,les capacités installées seront multi-pliées par dix entre 2005 et 2015. Lesinvestissements cumulés entre 2005et 2015 seront de l'ordre de 24 MdsUSD. La zone Moyen-Orient et Afriquedu Nord aura le plus fort développe-ment, en attirant 31% des investisse-ments totaux, soit 7 Mds USD.

Les Etats-Unis et l'Europe de l'Ouestreprésenteront chacun 24% desinvestissements additionnels. Faitsignificatif : les investissements dansles pays européens seront les plusimportants dans le monde à partir de2010.

Choisir la technologie adaptée

Le choix des méthodes de traitementdépend de plusieurs facteurs dont lesplus importants sont la qualité deseaux usées et le type de réutilisation.En fonction des conditions locales etdes critères technico-économiques,

différentes technologies extensives ouintensives peuvent être envisagées.Les techniques extensives (lagunage,infiltration-percolation, infiltra-tion dans les sols et les aquifères) sont bien adaptées aux conditions climatiques des régions tropicales etsubtropicales.

Leur faible coût et l'exploitation relativement facile leur confèrent desavantages non négligeables pour lespays en voie de développement. Les technologies intensives (filtration,traitements physico-chimiques, membranes) et, en particulier, les procédés avancés de désinfection(chloration, irradiation UV, ozonation)garantissent une meilleure qualité del'eau produite.

Focus sur la station de traitementde Grasse

Depuis 1991, la municipalité deGrasse mène une politique offensiveen matière d'assainissement. Le dispositif mis en place compte 4 stations d'épuration : celles dePlascassier et de la Marigarde qui ontété totalement rénovées et moderni-sées ; la station de la Paoute et lesRoumiguières, dont le collecteurd'eaux usées écoule les évacuations.Pour ce dernier, son procédé très inno-vant est une première technologiqueen France.

De fait, pour préserver les eaux de laSiagne, rivière classée «milieu sen-sible» qui dessert une zone de pisci-culture et qui sert de captage pourl'alimentation en eau potable de laville de Cannes, Degrémont, a équipéla nouvelle station d'épuration desRoumiguières (située à quelques kilomètres de Grasse) de membranesd'ultrafiltration, associées à un traite-ment biologique : une technologieaussi appelée technologie «réacteurmembranaire biologique».

Les membranes constituent une barrière physique absolue des bacté-ries et des différents éléments en suspension dans l'eau. L'eau circule àl'intérieur de la fibre dont la paroi estfaite de pores des milliers de fois pluspetits que ceux de la peau humaine :les membranes d'ultrafiltration arrê-tent donc systématiquement toutes les

particules. L'eau est ainsi dépolluéesans ajout de produits chimiques.L'usine de Grasse permet d'obtenirune qualité de rejet dans le milieunaturel telle qu'il serait envisageablede réutiliser cette eau pour l'arrosaged'espaces verts ou l'irrigation.

La qualité du rejet étant supérieureaux exigences prévues pour leszones sensibles, la ville de Grasseanticipe ainsi la réglementationeuropéenne qui vise au bon étatécologique des masses d'eau à l'ho-rizon 2015 et protège efficacementla faune et la flore de la Siagne. Lasolution mise en œuvre se caracté-rise également par sa compacité.Elle nécessite en effet trois foismoins de superficie que les installa-tions conventionnelles.

Cette nouvelle station est aussi l'occasion de sensibiliser le public auxenjeux de l'environnement et auxinvestissements et infrastructuresnécessaires à sa protection. Pour cela,un parcours pédagogique à travers despanneaux explicatifs et des points devue panoramiques au coeur du sitepermet de découvrir en toute sécuritéla nouvelle installation.

La réutilisation de l'eau s'annonçantcomme une ressource alternatived'avenir, les collectivités ont de plusen plus souvent recours à des usineséquipées de membranes d'ultrafiltra-tion dans le cadre de leurs nouveauxprojets de stations d'épuration.

Outre Grasse Degrémont a à son actif,parmi les projets récents, l'usine deMilan San Rocco qui distribue 350 000m3/jour d'eau traitée aux agriculteursde la région pour l'irrigation et une réalisation en cours de constructionpour la ville de Doha au Qatar, qui permettra d'utiliser en agriculture 135 000 m3/jour d'eau traitée. ■

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Jean-LouisCHAUSSADE,Directeur Général deSuez Environnement,membre du ComitéExécutifde GDF-SUEZ

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181 rue de Picardie 45160 Olivettél : 02 38 63 89 07 fax : 02 38 63 89 08

Travaux Spéciaux Génie Civil de l’Eau

Châteaux d’eau, réservoirs,

cuvelages,

Stations de traitements des eaux,

stations d’épuration.

ZA de Chassenay39 Rte de Varenne - 41400 ANGÉ

Tél. : 02 54 32 22 80 - Fax : 02 54 32 58 [email protected]

TRAVAUX PARTICULIERSTRAVAUX PUBLICSFORAGES DIRIGESASSAINISSEMENT

EAU POTABLEVOIRIE

GAZ

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Toulouse et du Crecep Paris. Ce projetde partenariat public/privé, coordonnépar Saur, est dédié au recyclage del'eau usée épurée par l'association deprocédés biologiques et membra-naires. Il s'agit d'optimiser les filièresde traitement afin que celles-cigagnent en compétitivité et soientgénératrices d'applications à l'échelleindustrielle à court et moyen termes,afin de répondre aux attentes crois-santes des collectivités et des indus-triels. Les axes de recherche et dedéveloppement adoptés par le groupeSaur dans le domaine du «reuse»portent sur l'abattement des micro-polluants et des micro-organismes,ainsi que sur l'optimisation technico-économique du couplage entre lesprocédés biologiques et membra-naires. Il s'agit également de recueillirdes données complètes et pousséesafin d'envisager avec les autoritéssanitaires l'élargissement des champsd'application du «reuse» en France, etde réduire le coût des traitementstertiaires par osmose inverse, ou nano-

Développer le «reuse» de demain

Dans un contexte de besoins crois-sants en eau liés à la consommationhumaine, à l'agriculture et à l'industrie,et d'inégalités géographiques entermes de ressources en eau, le recyclage des eaux usées épuréesconstitue une alternative à l'utilisationsystématique de l'eau potable. Le principe du «reuse» consiste à récupé-rer les eaux usées traitées à la sortiede la station d'épuration, si besoin àleur appliquer un traitement supplé-mentaire, et à les utiliser pour desapplications n'exigeant pas unequalité d'eau potable : l'arrosage d'espaces verts et de terrains de sport,l'irrigation agricole, les process industriels, mais également le rechargement de nappes souterraines.

L'objectif du groupe Saur est d'acqué-rir une compétence et une connais-sance sur l'ensemble des traitementspossibles, afin d'être en mesure de proposer des solutions adaptées à chaque application spécifique, ainsi qu'à la réglementation propre à chaque pays.

Dans le même temps, et malgré le fort potentiel qu'offre le «reuse», son développement en France reste encorelimité. C'est pourquoi le groupe Saurmultiplie les initiatives sur l'Hexagone.Plusieurs raisons expliquent cettesituation : les restrictions réglemen-taires et l'absence de textes encadrantl'ensemble des applications du re-use.Les expériences de «reuse» à l'étran-ger, ainsi que les avancées techniqueset scientifiques accomplies dans cedomaine, devraient néanmoins favori-ser l'évolution de la réglementationfrançaise et le développement decette technique.

Un partenariat de recherche pouroptimiser les filières de traitement«reuse»

Le groupe Saur s'est activementengagé dans le Programme deRecherche sur les Écotechnologies etle Développement Durable (PRECODD),financé par l'Agence Nationale deRecherche (ANR), aux côtés duCemagref Bordeaux, de l'Insa LISBP

Au même titre que la réduction de la consommation d'eau potable à l'échelledu citoyen, des villes ou des acteurs agricoles et industriels, le recyclagedes eaux usées épurées est un des éléments clés de la démarche globalede meilleure gestion de la ressource en eau. Afin de promouvoir une gestionraisonnée de celle-ci et de contribuer à cette démarche, le groupe Saur s'engage dans le développement de cette voie d'avenir et multiplie lesinitiatives en faveur du recyclage des eaux usées épurées : le «reuse».

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Mission

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Rack simple étage

Vue du dessus

Infographie AquaRM®

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filtration. Ces avancées techniques ettechnologiques constituent l'un desenjeux pour l'évolution de la régle-mentation et le développement du «reuse» en France et en Europe.

Le Guilvinec, Le Bono et Auraycomme champs d'expérimenta-tion de nouvelles combinaisonsde traitement des eaux usées

La station d'épuration du Guilvinec(Finistère) de 26 000 p.e., construite parStereau et exploitée par Saur, est équipée d'un bioréacteur à membranesAquaRM®. La qualité des eaux traitées,de type eau de baignade, a permisd'envisager leur recyclage direct.Depuis 2006, après autorisationpréfectorale sur accord de la Ddass,l'eau usée épurée issue de la stationdu Guilvinec est recyclable pour l'arrosage des espaces verts et lenettoyage de la voierie de la commune,sans traitement complémentaire.

Saur a engagé un large programme derecherche pour étudier de nouvellescombinaisons de traitement sur diffé-rents types d'eau. Il s'agit de mettre aupoint des procédés d'épuration pluspoussés et de tester les performancesde l'osmose inverse en traitementcomplémentaire à l'AquaRM®. L'osmoseinverse peut, en effet, constituer uncomplément adapté à des probléma-tiques précises, des exigences réglementaires particulières, uneapplication spécifique en industrie, oupour des applications nécessitant defaibles teneurs en sels dissous.

Sur les stations du Guilvinec et duBono, les résultats de la combinaisondes procédés AquaRM® et osmoseinverse démontrent le très bon poten-tiel de recyclage de l'eau produite,avec une qualité chimique et micro-biologique permettant d'envisager la réalimentation de nappes ou debarrages situés en amont des usinesde production d'eau potable.

Par ailleurs, afin de prolonger l'étudesur les différents types de membranesà même d'être utilisées en traitementtertiaire, le groupe Saur teste actuel-lement le comportement des membranesd'ultrafiltration en aval du traitementbiologique de la station d'épurationd'Auray (Morbihan), pour une qualité

de l'eau et une utilisation similaires àl'AquaRM®. Ici l'ultrafiltration permetde produire une eau exempte dematières en suspension et désinfec-tée. L'eau traitée peut être recycléepour des applications, telles que l'irrigation, l'arrosage de terrains desport ou d'espaces verts, des utilisa-tions industrielles, ou le lavage de véhicules. Cette alternative, pluscoûteuse que l'AquaRM®, peut êtreenvisagée sur des stations existantesà traitement biologique classique.

Saur exporte son savoir-faire

Saur met la touche finale à la futurestation d'épuration de Nicosie (Vathia-Gonia) à Chypre, d'une capacité de 200 000 p.e., qui consti-tue une référence en membranes eauxusées et «reuse» d'Europe, toute laproduction d'eau étant réutilisée pourl'irrigation. Conçue et construite parStereau, sa mise en service est prévue pour fin 2009. Elle sera ensuiteexploitée par Saur pour dix ans. Pourrépondre au cahier des charges trèsexigeant des autorités chypriotes,Stereau a conçu un procédé de traite-ment AquaRM® extrêmement poussé,la norme azote requise étant très strict : NGL (azote global) à 5 mg/l. Un traitement tertiaire de finition UV complète le dispositif pour obtenirégalement un traitement bactériolo-gique très poussé : coliformes fécauxinférieurs à 5 ufc/100 ml dans 80 %des cas (15 ufc/100 ml pour les 20 %restants). En termes de qualité d'eautraitée, cette combinaison de traite-ments assure des performances sesituant bien au-delà des exigencesréglementaires européennes usuelle-ment en vigueur.

Le «reuse» pour l’arrosage desgolfs

Fort de sa présence dans les golfs etde son expertise technique enmatière de «reuse», Saur a égalementmené une action en faveur du recyclage des eaux usées épuréespour l’arrosage des golfs.

La station de Saint-Palais-sur-Mer(Charente-Maritime) qui traite leseaux usées de l’agglomération royannaise est équipée d’une unitéde traitement complémentaire dédiée

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Station d’épuration du Guilvinec

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au recyclage des eaux épurées.Depuis 1991, une partie de l’eau traitée est stockée dans une lagunesur le golf de Royan, destinée à l’arrosage. En 2005, 250 000 m3 d’eauont ainsi été recyclés. Une démarchede «reuse» a également été mise enplace sur le golf des Portes en Ré(Charente-Maritime).

Le golf Les Mathes Palmyreexploite tout le potentiel du«reuse»

Le tout nouveau golf Les MathesPalmyre, à proximité de Royan, béné-ficie du recyclage des eaux uséesépurées de la station de Saint-Palais-sur-Mer, et de celles des Mathes(station d’appoint inaugurée enoctobre 2008) pendant la saisontouristique. Afin d’assurer la redistri-bution de l’eau des deux stations versle golf (situé respectivement à 7 et 3 km de distance), la commune desMathes a investi dans la réhabilita-tion d’une ancienne canalisation.

Le «reuse» pour l’irrigation agri-cole et l’arrosage des espacesverts

Saur compte de nombreuses réfé-rences en matière de recyclage agricole des eaux épurées. Sur lastat ion de Saint-Mathieu-de-Tréviers (Hérault) exploitée par Saur,les effluents épurés sont redirigésvers un réseau d’irrigation assurantl’arrosage permanent d’un bois. Sur l’Ile de Ré (Charente-Maritime),l'eau traitée par la station d'Ars-en-Ré est recyclée, après traitement parfiltre à sable, pour l'arrosage desterrains de sport, des espaces vertset l'irrigation de champs. ■

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Recyclage des eaux

Des eaux recycléespour la culture de roses hors-sol

Depuis 1994, le CREAT, service d'expé-rimentation de la chambre d'Agriculturedes Alpes-Maritimes, initie la mise enoeuvre du recyclage de solutions fertili-santes afin de contribuer à l'obtentiond'une agriculture mieux intégrée dansl'environnement.

Dans ce département l'horticulturepratique la monoculture de rosessous serre et 90% des nouvelles plan-tations sont effectuées en conditionshors-sol, essentiellement sur perliteou pouzzolane. La récupération dessolutions drainées permet de limiterles rejets et la consommation d'eauet de fertilisant (gain de 60%) maisnécessite certaines précautions. Eneffet, le recyclage d'eaux de drainage

ayant subi le contact de racinescontaminées par des pathogènes(Agrobactérium) risque d'entraîner ledéveloppement de maladies sur l'ensemble de la culture. Avant désin-fection le taux de contamination esttrès élevé : de l'ordre d'un milliard de bactéries par litre. Les tests effectués par le CREAT montrent quel'utilisation du chlore gazeux est lameilleure solution pour assurer de

façon optimum cette désinfectionsans augmentation du pH de l'eaurecyclée et avec une maintenanceminimum, quelle que soit la turbiditéde l'eau. De plus les économies réali-sées permettent d'amortir l'investis-sement très rapidement. ■

©DR Schéma de principe CIFEC

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Située entre Fès et Mekhnès, elleprésente un intérêt pour irriguer lesespaces verts et certaines culturesfourragères.Le procédé retenu est une filtrationtertiaire de type DYNASAND® sui-vie d'une désinfection par ultra vio-lets. Il a été proposé et réalisé par lasociété l'Eau Pure. Celle-ci fournitdéjà des eaux exemptes de germespour une grande cave viticole cham-penoise depuis 2001 grâce à uneunité de traitement membranaire.

Cette station d'épurationd'une capacité de 5 500Équivalents Habi tantsextensible à 11 000construite pour le comptede l'ONEP (Office Nationalde l'Eau Potable maro-cain) est prolongée par untraitement tertiaire desti-né à réutiliser les eaux enirrigation.

Traitement des eaux usées à Mhaya (Maroc)

par lagunage aéré de type OXYLAG®

Réacteur biologique avec séparation desboues par membranes d'ultrafiltration

Lagunage aéré par insufflation d'air (OXYLAG®)

Station d'épuration CVC (Centre Vinicolede la Champagne) à Chouilly-Epernaydans le département de la Marne

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L'ozone nouvelle génération

De nombreuses installations indus-trielles cherchent aujourd'hui denouvelles façons d'accroître leur produc-tivité tout en utilisant des procédésécologiques. Or, l'ozone est aujourd'huil'agent chimique le plus économiquepour la désinfection et le recyclage deseaux usées et permet d'éviter touteprésence de composés chlorés (AOX)ultérieure. Offrant un fort rendementréactionnel avec l'absence de déchets,l'ozone présente tous les atouts d'unproduit chimique «vert» à haut potentielpour toutes les applications impliquantun processus d'oxydation.

Issue des derniers développementsdes laboratoires d'Ozonia, la gamme

de générateurs d'ozone XF™ vientrenouveler les standards à l'échellemondiale. Après l'élaboration d'unebase de calcul concernant le design,l'équipe de recherche a développé unenouvelle technologie de diélectriquesdestinée à remplacer l'actuelle AT™(Advanced Technology). Cette solutionbrevetée, appelée IGS™ (IntelligentGap System), permet d'atteindre desniveaux de production et de concen-tration d'ozone jusqu'alors inconce-vables. Ces générateurs sont associésau nouveau système d'alimentationélectrique MODIPAC™. Equipés d'unités de destruction d'ozone, ilssont conçus pour renforcer la sécuritédes équipements et en faciliter lamaintenance.

Les générateurs d'ozone XF™s'implantent à Taïwan

Les fabricants d'écran LCD (LiquidCrystal Display) utilisent de grandesquantités d'eau ultra pure (plus de 5 000 m3/h pour une seule usine). AU Optronics, leader taïwanais et troisième fabricant mondial d'écransLCD, s'est, depuis plusieurs années,engagé en faveur de la protection de l'environnement à travers une politique de développement durablenommée «Green Solutions». Leséconomies d'eau s'inscrivent doncdans une stratégie globale, visant àréduire la consommation énergétiqueet les gaspillages, tout en réduisantles coûts de production.C'est donc très logiquement qu'AUOptronics a fait appel à Ozonia pourrecycler ses eaux usées. En 2007,quatre usines de traitement ont étéimplantées à Taïwan et une nouvelleunité a été construite début 2009,pour une capacité totale de 30 à 100 kgO3/heure.Après traitement, l'eau recyclée estréinjectée dans le processus deproduction d'eau ultra pure. Lors de l'installation des générateurs,une équipe dédiée s'est rendue surplace avec pour objectif de garantir lafiabilité des équipements et d'offrirune assistance continue. Les initiatives de la stratégie «GreenSolutions» de AU Optronics commen-cent à porter leurs fruits : en 2008, la consommation en eau a diminué de85 % par rapport à 2004 ! ■

Recyclage des eaux

OZONIA, DES COÛTS D'INVESTISSEMENT

ET D'EXPLOITATION DRASTIQUEMENT RÉDUITS :

- Concentrations en ozone dans le gaz vecteur de 6 à 14 % en poids.

- Une production d'ozone unitaire de 24 à plus de 250 kg/h à partir d'un seul géné-

rateur.

- Les diélectriques IGS™ sont plus robustes que ceux en verre.

- La plus faible consommation électrique disponible sur le marché.

- Facteur de puissance : 0.99.

- Distorsion harmonique totale (répondant aux standards américains

IEEE 519).

- La tension d'exploitation d'environ 4 000 V est inférieure à celle du verre.

- Chaque diélectrique est testé à deux fois la tension d'exploitation avant instal-

lation - ce qui n'est pas réalisable avec les diélectriques en verre.

- Les générateurs sont directement montés sur un châssis permettant une inspec-

tion facile et un accès simplifié pour les opérations de maintenance.

- Technologie employée pour le traitement des eaux usées urbaines et des

effluents industriels.

Employé dans le traitement des effluents industrielspour la destruction ou l'élimination des moléculesorganiques complexes, des cyanures et des phénolsprovenant des industries chimiques, l'ozone présenteun potentiel d'oxydation de 50 % plus élevé que celuidu chlore. Cette propriété a poussé de nombreusesentreprises à l'utiliser dans leur processus de fabri-cation. Ozonia leur propose des solutions technolo-giques innovantes. Démonstration…

Comment recycler les effluents industrielsavec des générateurs d'ozone

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Générateur d’ozone, connection des tubes

diélectriques avec fusibles de protection

Générateur d’ozone

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 41

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Qualité et développement durable

Européenne de 2000, avec notammentles problèmes du retard de traitementdes eaux résiduaires urbaines. Enoutre, le réchauffement climatiquemettra à terme des régions entièresprès du seuil de stress hydrique. D'unpoint de vue technique, les migrationsvers les zones littorales et la concen-tration urbaine sont de nouveaux défispour la gestion de l'eau en France.

Quel est l'apport du Grenelle del'Environnement pour le cadrejuridique ?

Le Grenelle de l'Environnement alargement souligné cette nouvelleproblématique. Pour définir correcte-ment ces investissements, il convientde réaliser, pour tous les servicesd'eau potable et d'assainissement, desinventaires de patrimoine comme leprécise l'article 58 du projet de loi duGrenelle II. Cet article précise en effetque ces services ont l'obligation d'ef-fectuer un inventaire afin de diminuerles pertes d'eau au niveau desréseaux. En cas de fuite supérieure àun seuil départemental fixé par arrêté,des travaux devront être réalisés.Cette nouvelle mesure est assortied'un système de bonus-malus permet-tant d'avoir un cercle vertueux enmatière de gestion de patrimoine. LesAgences de l'Eau sont les interlocu-teurs privilégiés pour aider à mener àbien ces inventaires et pour évaluer lesbesoins d'investissement. A ce jour,seules quelques grandes collectivitésy sont parvenues.

Quelles sont les raisons d'investirdans les réseaux ?

Il est urgent de réfléchir aux investis-sements de renouvellement desréseaux afin de faire face à troisenjeux majeurs. Pour le développe-

Réaliser des inventaires de patrimoinepour tous les services d'eau potable et d'assainissement

Les réseaux d'eau en France sontun patrimoine vieillissant. Qu'enest-il exactement ?

Les réseaux en France d'eau potableet d'assainissement représententrespectivement des linéaires de 280 000 km et 850 000 km. Cesréseaux sont des infrastructures aumême titre que les voies de communi-cation et nécessitent un entretien etune gestion patrimoniale réguliers. Ils correspondent aux notions de «bien public», leur bon entretienpermet d'économiser des ressourcesprécieuses en eau et d'éviter despollutions par les eaux usées. Ainsi, ils sont essentiels à la vie de la collectivité, de l'agriculture et, biensûr, de l'industrie. Ce linéaire de

canalisations représente en France unpatrimoine vieillissant, insuffisam-ment entretenu, avec notamment destaux de fuite pour l'eau potable de prèsde 30%. L'alimentation en eau potableest achevée depuis vingt ans, mais il devient crucial de définir unprogramme d'investissement coor-donné. Au rythme actuel de renouvel-lement, les études récentes (parmilesquelles «Le patrimoine des canali-sat ions d'AEP en France» deJean-Michel CADOR, Université deCaen, mars 2002, étude menée surhuit départements français) démon-trent qu'il faudra près de deux sièclespour renouveler ce patrimoine en eaupotable et près de cent soixante-dixans pour l'assainissement (donnéesIFEN SCEES 2004). Selon l'enquêtePatrimoine, il conviendrait de mobili-ser un milliard d'euros annuel enFrance. Une prise de conscienceréaliste doit voir le jour.

Malheureusement, souvent encore, iln'y a intervention que lorsqu'il y aurgence, comme lorsqu'une canalisa-tion de gaz explose. En ce qui concernel'eau, c'est pareil : les réseaux ne sevoient pas, ce sont les «parentspauvres» de l'eau en termes de déper-dition, mais le risque est important. Auniveau des collectivités, les implica-tions sont nombreuses, tant en termesde développement durable que dequalité sanitaire ou encore de respon-sabilité juridique.

De nouvelles contraintes ont-ellesvu le jour ?

Des contraintes récentes augmententen effet l'urgence de ces investisse-ments, comme les pollutions desnitrates, la présence de micropolluantset, bien entendu, la Directive Cadre

Il est urgent de réfléchir aux investissements de renouvellement desréseaux. Il s'agit de protéger et d'économiser les ressources en eau potableet de limiter les pollutions en eaux usées dévastatrices pour la faune etla flore.

42 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Pascal FARJOT,Président de l'ITEA,syndicat desIndustriels duTransport, de l'Eau etde l'Assainissement

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ment durable, il s'agit de protéger etd'économiser les ressources en eaupotable, et de limiter les pollutions eneaux usées dévastatrices pour lafaune et la flore. En termes de santépublique, il faut développer les inter-connexions qui permettent d'éviter lacaptation des eaux polluées par desnitrates. Enfin, pour faire face au chan-gement climatique, nous devonspréparer l'avenir et répondre auxfutures sécheresses de demain. Lacarence de l'eau en quantité et enqualité pénalise fortement les écono-mies. Au- delà de ces enjeux, l'impactpositif à long terme sur l'économie desinvestissements dans le secteur del'eau a été démontré, notamment parles études de l'OMS. J'ajoute que desavancées sont réalisées en ce quiconcerne la normalisation et la certifi-cation. Les matériaux choisis pour lerenouvellement des réseaux, s'ils sontde qualité, sont plus pérennes.L'équation est simple : moins dedépenses d'énergie et moins de renou-vellement entraînent, à terme, deséconomies conséquentes.

L'état des réseaux d'assainisse-ment est-il encadré ?

Il existe des textes, des préconisationsdu Code des Marchés, et la professions'organise. Ainsi, les adhérents duSyndicat ITEA, conscients d'être tousdes promoteurs de la qualité de l'eauet des défenseurs de sa valeur,travaillent sur la mise au point d'uneCharte du développement durable etdu respect de l'environnement propreà leur profession. Nous menons égale-ment une réflexion sur la normalisationapplicable aux canalisations. Il y aaussi la Charte nationale de qualité desréseaux d'assainissement établie etsignée par des associations et fédéra-tions de maîtres d'ouvrages, des représentants de l'Etat, des instancesde bassin, des collectivités territo-riales, des syndicats et comités debureaux d'études et d'entreprises depose, des sociétés de contrôle, dessyndicats de fournisseurs et d'autresassociations d'exploitants, et denormalisation. La Charte de l'environ-nement de l'AMF (Association des

Qualité et développement durable

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 43

maires de France) demande dans son3e axe de «préserver les ressourcesnaturelles», et de «veiller au bon étatdes réseaux de distribution de l'eauafin de lutter contre les fuites, quiengagent un gaspillage de laressource». Le Grenelle I ajoute, dansson article 28, qu'«une action spéci-fique sera lancée pour généraliser ladétection des fuites dans les réseaux etprogrammer les travaux nécessaireslorsque les pertes d'eau présentent uncaractère excessif…». Ceci serarenforcé par l'article 58 du Grenelle II.Les Attestations de Conformité Sanitaire (ACS) du ministère de la Santé- décret du 3 janvier 1989, article 7,complété par l'arrêté du 29 mai 1997 -déclarent : «Les matériaux utilisés dansles systèmes de production ou de distri-bution et qui sont en contact avec l'eaudestinée à la consommation humainene doivent pas être susceptibles d'alté-rer la qualité de celle-ci.» ■

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Qualité et développement durable

le plus souvent liée au risque acci-dentel de déversement d'hydrocar-bures, et doit être définie sous laresponsabilité des maîtres d'œuvre etdes maîtres d'ouvrage.

A noter l'existence de solutions tech-niques, comme les décanteurs parti-culaires, adaptées au traitement de lapollution chronique issue de cessurfaces où les matières en suspen-sion chargées en polluants prédominent.

3. La conception des ouvrages

C'est la norme européenne NF EN858-1 qui définit la conception desdébourbeurs séparateurs à hydrocar-bures, sur les points suivants :

• Matériaux de fabrication et critèresde résistance mécanique.

• Capacité des débourbeurs en fonc-tion des applications.

• Capacité à piéger les hydrocar-bures, et à atteindre les classes derejet normatives : Classe 1 avec unrejet < 5 mg/l et Classe 2 avec unrejet maximal de 100 mg/l.

Bien que les concentrations courantesen hydrocarbures soient inférieures à4250 mg/l, valeur retenue pour déter-miner la classe de rejet d'un sépara-teur, le protocole d'essais reste trèspertinent pour juger de la perfor-mance de ces ouvrages.

• Capacité de stockage en hydrocar-bures.

• Dispositif d'obturation automa-tique, dont le protocole d'essaispermet d'évaluer l'étanchéité.

• Dispositif de détection des hydro-carbures obligatoire.

Conception des débourbeurs séparateurs à hydrocarbures,

domaines d'application et environnement normatif

1. Les évolutions normatives

Les débourbeurs séparateurs deliquides légers, couramment appelésdébourbeurs séparateurs à hydrocar-bures, font l'objet de critiques sur lesaspects performances et maintenance.

Proposés sur le marché françaisdepuis une trentaine d'années, cesouvrages ont fortement évolué,notamment avec la mise en place desnormes françaises et européennes. Al'origine, et sur la base de la normeallemande DIN 1999 publiée en 1976,ces ouvrages étaient constitués desimples volumes pour les fonctionsdébourbage et déshuilage et d'undispositif d'obturation automatiquepermettant d'isoler la sortie du sépa-rateur en cas de saturation de lachambre de stockage en hydrocar-bures ; leurs applications étant axéessur les stations-service et les parkings.

Dès les années 1990, des travauxnormatifs européens ont été engagés,et ont conduit, dans un premier temps,à la publication de normes expéri-mentales (XP 16-440 et XP-P16-441)en France, puis de normes euro-péennes, actuellement applicables :

• NF EN 858-1 intitulée «installationsde séparation de liquides légers»,partie 1 : principes pour la concep-tion, les performances et les essais,le marquage et la maîtrise de laqualité, publiée en 2005.

• NF EN 858-2 intitulée «installationsde séparation de liquides légers»,partie 2 : choix des tailles nomi-nales, installation, mise en serviceet entretien, publiée en 2003.

Afin de renforcer ces documents surle marché français, l'AFNOR a élaborédeux autres normes complémentairesaux normes européennes :• NF P16-442 intitulée «mise en

œuvre et maintenance des sépara-teurs de liquides légers et débour-beurs», publiée en novembre 2007.

• NF P16-451-1/CN, complémentnational à la norme NF EN 858-1,publié en 2007.

Ces documents décrivent à la fois lesdomaines d'application, de concep-tion et de maintenance des débour-beurs séparateurs à hydrocarbures.

2. Les domaines d'application

Imposés par l'arrêté du 7 janvier 2003relatif aux installations classées de larubrique 1434 pour les stations-service, dans le cadre des ICPE(Installations Classées pour laProtection de l’Environnement) soumisà déclaration ou à autorisation oudans le cadre de conventions de rejetavec les collectivités, les débourbeursséparateurs à hydrocarbures sont utili-sés sur les applications suivantes :aires de distribution de carburant,aires de lavage, aires de dépotage,parkings couverts, ateliers méca-nique, où les hydrocarbures libres sontbel et bien présents sous forme depollution chronique et/ou accidentelle.

Ces applications sont clairement défi-nies dans la norme NF EN 858-2, quipermet également de déterminer lataille nominale de l'installation.

En ce qui concerne les grandessurfaces imperméabilisées (parkingsou voiries), l'installation d'un débour-beur séparateur à hydrocarbures est

L'ISGH, syndicat professionnel des Industriels de Séparateurs à Hydrocarbureset à Graisses, sous l'égide de l'UIE, a pour objectifs de dynamiser le marchédu prétraitement afin de mieux répondre à l'ensemble des acteurs et dedémontrer la pertinence technique de ces ouvrages.

44 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Christophe CHATEL,Président de l’ISGH

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Le syndicat professionnel ISGH arenforcé ces critères normatifs pard'autres exigences au sein de saCharte, comme le temps de séjourminimal dans le débourbeur sépara-teur fixé à 190 secondes, l'accessibi-lité, etc.

Afin d'atteindre la classe de rejet 1,couramment exigée, différentsconcepts de coalesceurs sont retenuspar les fabricants. Les coalesceurs lesplus rencontrés sont constitués demousse filtrante, de cellules coales-centes ou de blocs lamellaires ; cesderniers sont à privilégier pour unemajorité d'applications, car ils appor-tent une plus grande résistance, àcondition que ces dispositifs soientaisément accessibles lors des opéra-tions de maintenance.

4. La maintenance des ouvrages

Opération indispensable et détermi-nante pour conserver l'efficacité deces ouvrages, les opérations de main-tenance consistent à vérifier réguliè-rement l'évolution des niveaux deboues et d'hydrocarbures, ainsi que lebon état du dispositif coalesceur et dusystème d'obturation automatique.

Depuis plusieurs années, les disposi-tifs de mesures de la couche d'hydro-carbures, mais également des boues,simplifient fortement la maintenancede ces ouvrages, avec une exploita-tion en phase avec les capacités destockage et rétention du débourbeurséparateur, gage d'un parfait équilibreentre efficacité et coût d'entretien. Ledispositif d'alarme de détection deshydrocarbures est obligatoire, commestipulé dans les normes NF EN 858-1et NF P 16-442.

Des actions sont également en coursavec les sociétés de service en curagede ces ouvrages afin de les accompa-gner dans les opérations de vidangeet d'échanger sur leurs retours d'expériences.

5. Le marquage CE et la marque NF

Rendu obligatoire par l'arrêté du 2 7 j a n v i e r 2 0 0 6 d e p u i s l e1er septembre 2006, le marquage CEapporte un engagement du fabricantsur la conformité des débourbeursséparateurs à hydrocarbures, princi-

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 45

Les opérations de maintenance etd'exploitation, simplifiées avec lesdispositifs de détection d'hydrocar-bures et de boues, restent incontour-nables pour que l'installation deprétraitement conserve ses fonctionsinitiales.

D'autres solutions techniques, commele décanteur particulaire, notammentaxées sur l'interception des finesparticules fixant les polluants issusdes surfaces imperméabilisées,complètent les réponses techniquesdisponibles en termes de traitementde la pollution chronique des eauxpluviales.

Le syndicat professionnel ISGH, quiregroupe une grande majorité desfabricants, poursuit son évolution ens'appuyant sur sa Charte, mais égale-ment en menant des actions avec lesprofessionnels de l'exploitation, lesentreprises de travaux public. ■

www.isgh.fr

palement sur les aspects sécurité etdurabilité de la norme européenne NF EN 858-1.

La marque NF, volontaire, garantit parun organisme tierce partie la confor-mité de l'ensemble des chapitres de lanorme précédente, à son complémentnational mais également à son règle-ment d'application. Cette dernièreapporte de véritables garanties à l'ensemble des acteurs : prescripteurs,utilisateurs, exploitants…

Conclusion

Les dernières évolutions normatives,renforcées par le marquage CE et lamarque NF, et la volonté des membresde l'ISGH, permettent de définir etconcevoir des débourbeurs sépara-teurs à hydrocarbures adaptés àchaque application, en vue d'uneexploitation aisée. La marque NF anotamment été retenue par lesAgences de l'Eau comme critère d'éligibilité aux aides au financement,et ceci jusqu'à 50 % des dépensesengagées.

Pour en savoir plus :www.isgh.frwww.afnor.orgwww.cerib.comwww.cstb.fr

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L'amélioration des sols par inclusionsrigides est une méthode de plus enplus utilisée pour le renforcement de l'assise de ces ouvrages. La technique consiste à transférer lacharge due à l'ouvrage vers descouches de sol peu compressibles parla combinaison d'inclusions traver-sant le sol compressible et d'unmatelas de transfert. Ce matelas quiassure le transfert des charges appli-quées vers les têtes d'inclusions estle plus souvent constitué par desmatériaux granulaires et parfois par

des matériaux traités en place(chaux/ciment). L'objectif de ce pro-cédé est de réduire les tassements àdes valeurs inférieures aux limitesadmissibles pour ces ouvrages.

Un projet national de Recherche et deDéveloppement ASIRI (Améliorationdes Sols par Inclusions Rigides) esten cours et géré par l'IREX (Institutpour la Recherche Appliquée etl'Expérimentation en Génie Civil). Ce projet regroupe des Maîtresd'Ouvrage, des Entreprises, desBureaux d'Etudes et d'Ingénieries,des Organismes de Recherche ainsique les Fédérations FNTP et FFB et apour objectif d'établir à des recom-mandations pour la mise en œuvre dela technique des Inclusions Rigides.

L'Entreprise PINTO, spécialisée dansle Génie Civil de l'Eau et les fonda-tions spéciales intervient dans ceprojet avec notamment la participa-tion à une thèse doctorale en colla-boration avec l'INSA de Lyon et le

Les stations d'épuration sont souvent implantées sur des sites où les solssont caractérisés par des paramètres géomécaniques médiocres et une compressibilité élevée. Les charges apportées par les ouvrages peuventengendrer sur ces terrains des tassements significatifs susceptibles d'affecter leur structure et de générer des dommages importants.

laboratoire LCPC à Nantes. L'objectifde cette thèse de recherche est decomprendre les mécanismes de transfert des charges dans lesmatelas réalisés avec matériaux gra-nulaires ou des matériaux traités.

Seront exploités pour l'approfondis-sement de ces connaissances, lesrésultats des essais en centrifu-geuses, essais en vraie grandeur,essais en laboratoire ainsi que des modèles numériques. Différentesétudes seront menées, par ailleurs,pour mettre en évidence le comporte-ment des inclusions rigides sous sollicitations sismiques.

Le projet National ASIRI aboutira à larédaction d'un futur guide sur l'amé-lioration des sols par inclusionsrigides, alternative particulièrementintéressante pour les fondations sursols moyennement ou fortement compressibles, notamment pour lesstations d'épuration. ■

Amélioration des solspar inclusions rigides

Qualité et développement durable

Essais en centrifugeuse

Exécution d’inclusions - Entreprise PINTO (www.pintogc.com)

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«Mais la commission qui se réunittrois fois par an doit examiner un trèsgrand nombre de dossiers, qui pour-rait rapidement faire grimper cechiffre à 300 ; voire 500 labellisés»,assure Gérard BOBIER, le Président dela CNATP. Il faut noter que Qualipluien'est pas réservé aux adhérents de laCNATP, et que c'est aujourd'hui le seullabel en France dans le domaine de larécupération de l'eau de pluie. ■

Récupération d’Eau de Pluie :

Des installateurs «labellisés»

L'objectif est de créer un véritableréseau de professionnels formés à l'installation des techniques de récupération d'eau de pluie.

L'obtention du Label passe par uneformation de deux jours sur lecontexte environnemental et les différentes techniques, et la remised'un certain nombre de documentsindispensables, tels que les assu-rances en responsabilité civile et

décennale, ou encore l'obligationd'être à jour de ses obligationsfiscales et sociales.

Le détenteur du Label - délivré pourdeux ans - doit être capable de jouerson rôle de conseil en amont de l'ins-tallation, par la connaissance desdernières réglementations et normestechniques.

Actuellement, une trentaine d'entre-prises ont été labellisées.

Initiée en 2005 en Poitou-Charentes par la Chambre Artisanale desPetites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), la marque Qualipluie a étérachetée en 2007 par la Chambre Nationale de l'Artisanat, desTravaux Publics et du Paysage (CNATP) pour lui donner une portéenationale.

sation et sécurité des usagers, miseen œuvre, relation avec les clients.

Avant la fin du 1er trimestre 2010, denombreux outils, au service desformateurs, seront disponibles, enparticulier un kit pédagogiquecomprenant une clé USB avec l’en-semble des présentations, les docu-ments stagiaires et des exercicesavec corrigés. Une vidéo illustrant lamise en œuvre d’un système de récu-pération d’eau de pluie viendracompléter ce kit.

Ce scénario pédagogique sera dispo-nible sur le site www.ifep.info,rubrique «documents utiles». ■

Accompagner les professionnels

Réglementation, guide, plaquette,projet de norme, mise en place deLabel… la récupération de l’eau depluie et son usage à l’intérieur et àl’extérieur des bâtiments s’organi-sent.

Face à un besoin d’information de plusen plus fort, l’IFEP, Syndicat desIndustriels Français de l’Eau de Pluie,développe des outils adaptés pouraccompagner les professionnelsconcernés par la mise en œuvre dessystèmes de récupération d’eau depluie.

Concrètement l’IFEP va mettre enplace un réseau de formateurs dansce domaine. Un référentiel a été

rédigé et fait l’objet d’unerelecture par un grouped’experts, il présente lesdifférentes séquences àmettre en œuvre dans uneformation : contexte, régle-mentation et normalisation,dimensionnement, signali-

L’IFEP, Syndicat des Industriels Français de l’Eau de Pluie, met en placeun réseau de formateurs pour accompagner les professionnels concernéspar la récupération des eaux de pluie.

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Qualité et développement durable

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stockage et de gestion des eauxpluviales urbaines.

Il convient également de noter lesréflexions lancées à la fois au niveaueuropéen et ISO sur la réutilisationdes eaux usées, ainsi qu’une nouvellethématique développée à l’ISO sur lerechargement artificiel des nappesphréatiques.

Par ailleurs, des travaux de normalisa-tion français ont été lancés en 2009 etse poursuivront en 2010 sur les bonnespratiques du métier du génie écolo-gique visant la préservation ou laremise en état de la biodiversité appli-qué aux zones humides et rivières.

Qu’en est-il des spécificationsdes produits de l’eau et dumarquage CE ?

Le développement de normes sur lesproduits du secteur de l’eau venant enappui de la directive produits deconstruction et du marquage CE sepoursuit. Concernant le marquageCE/EAS sur les produits en contactavec l’eau destinée à la consomma-tion humaine, seule l’élaboration denormes européennes de méthodesd’analyse harmonisées se poursuit, leprincipe d’un système d’attestation deconformité unique étant pour lemoment en stand-by. Par contre,l’Attestation de Conformité Sanitairefrançaise (ACS) est relancée ; lesméthodes d’essai initialementdécrites dans des circulaires DGS sonttransformées en normes NF en appuià l’ACS.

Eau, milieux et usages : orientations 2010 de l’AFNOR

Quelles sont les dispositionsnormatives en cours pour laprotection des milieux aqua-tiques ?

La normalisation est historiquementpositionnée sur les méthodes d’ana-lyses, et, tout naturellement, c’est surce thème que porte une part impor-tante des travaux normatifs français,européens ou internationaux. Auniveau européen, la normalisation fournit des outils métrologiques pourrépondre aux objectifs fixés par laréglementation européenne (DirectivesCadres sur l’eau, sols, boues, nouveaumandat de normalisation qualité del’eau, etc.). Il en est de même au planfrançais (Loi sur l’Eau, réglementationsanitaire), l’accent étant mis sur lesrègles de prélèvements et d’échan-tillonnage, et plus généralement sur latransformation des normes françaisesd’analyses existantes pour les rendrecompatibles avec la Directive Cadre surl’Eau (DCE).

Concernant les boues de stationsd’épuration, les actions de coordina-tion avec les autres comités tech-niques concernés par le Programmehorizontal CE «mesures environne-mentales, matrices air/sol/boues/déchets» se poursuivront, ainsi que lasérie de guides de bonnes pratiquessur la valorisation des boues, en agriculture par exemple.

Un meilleur positionnement desacteurs français dans les structures

transverses de suivi du Programmehorizontal sera également recherché,par exemple via la prise d’animationdu groupe de travail «organique» de laTask Force 151 du Bureau techniquedu CEN, en charge de la coordinationdes travaux normatifs dans le cadredu Programme horizontal.

Concernant les forages d’eau, après lapublication de la norme générique surles ouvrages de captages des eauxsouterraines, l’activité porte sur lesforages dédiés à la géothermie, lasonde et le système de canalisationsassocié.

Qu’implique la gestion durabledes ressources en eau ?

La gestion durable des ressources en eau implique la prise en compte de l’ensemble des ressources dispo-nibles et la préservation de la qualitédes eaux souterraines et de surface.Cette problématique d’actualitéémerge aujourd’hui en normalisationau travers de sujets relatifs auxressources «alternatives» en eau.

On peut citer par exemple les travauxnationaux sur les systèmes de récu-pération et d’utilisation des eaux depluie à l’extérieur et à l’intérieur desbâtiments en vue d’une norme NFvenant en appui des dispositionsréglementaires issues de la Loi surl’Eau (crédit d’impôt), ou l’enquête de faisabilité d’une normalisation française sur les ouvrages de

La normalisation participe aux réponses nationales et mondiales appor-tées aux grands enjeux des secteurs de l'eau. Elle intervient au plan international dans les débats autour du développement durable, de lagouvernance et de l'accès à l'eau. Elle appuie la réglementation euro-péenne dans le cadre de la «nouvelle approche». Elle fournit des cadres et référentiels qui favorisent la sécurité sanitaire des produits et des infrastructures d'eau et la gestion des risques ; elle règle les interfaces et apporte une certaine professionnalisation des relations clients/fournisseurs. Entretien avec Jean-Michel REMY, Responsable développe-ment secteur eau à AFNOR Normalisation.

Jean-Michel REMY,Responsabledéveloppementsecteur eau à AFNORNormalisation

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Qualité et développement durable

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L’évolution vers la qualité nonseulement des produits maiségalement des opérations liéesaux réseaux est porteuse d’acti-vité en terme de normalisation.Que se passe-t-il au niveau dessystèmes d’alimentation en eaupotable et au niveau de l’assai-nissement ?

Concernant les systèmes d’alimenta-tion en eau potable, l’activité en coursau niveau européen porte essentielle-ment sur les réseaux intérieurs auxbâtiments. Les normes sur les réseauxextérieurs (NF EN 805) sont publiéesmais pourraient être révisées prochai-nement. Au niveau français, les DTUcorrespondants, gérés par le Bureaude Normalisation des Techniques duBâtiment (BNTEC) sont rendus «euro-compatibles». La télé-relève descompteurs d’eau est également unenouvelle thématique de travail duCoS, à la fois au niveau national et auplan européen, en réponse au mandatde normalisation M/441 «compteursintelligents» donné au CEN par laCommission européenne.

Concernant l’assainissement, la miseen œuvre et la gestion des réseauxextérieurs aux bâtiments restent unsujet phare qui intègre maintenant ladimension développement durable.L’Assainissement Non Collectif (ANC)est également un axe de travail fort encollaboration avec les ministères del’Ecologie et de la Santé, qui révisentactuellement la réglementation ANC,que ce soit sur les filières et petitesinstallations d’assainissement, ou surles opérations de mise en œuvre, decontrôle, et d’exploitation des filières,ainsi que sur les compétences desagents.

La qualité et l’évaluation de laperformance des services d’eauet d’assainissement restent unsujet d’actualité tant au niveaunational avec les évolutionsréglementaires récentes (indica-teurs de performance obliga-toires), qu’au plan mondial dansle cadre des débats sur la gouver-nance de l’eau et des travauxnormatifs à l’ISO/TC 224. Où en estle programme ?

Ce comité technique a terminé unepremière phase de son programmeavec la publication des trois normesservices à l’usager, gestion des infrastructures d’eau potable et d’assainissement, qui doivent êtretransposées en normes NF ; il entamemaintenant une phase de test desnormes, notamment dans les pays envoie de développement, et de compi-lation des retours d’expériences surces normes. Par ailleurs, de nouvellesthématiques de travail sont lancéessur la gestion du patrimoine physiquedes infrastructures d’eau et la gestionde crise des services publics d’eau.

La gestion de la sécurité et desrisques sanitaires pour l’environ-nement est une thématique émer-gente. Que recouvre-t-elle ?

Cette thématique impacte de plus enplus les activités de normalisation dusecteur de l’eau (plate-forme sur lesrisques légionelles, protection desforages d’eau, gestion de crise desservices publics d’eau, travaux àproximité des réseaux/DICT). Elle faitégalement l’objet d’une normalisationtransversale (évaluation du risque…),sur laquelle le CoS portera la voix desacteurs de l’eau.

Eau et développement durable :quelle vigilance ?

L’eau, la protection de laressource et l’économie deson usage, est un desaspects majeurs d’unedémarche de développe-ment durable. De ce fait, ladimension développementdurable est sous-tenduedans chacun des axes stra-tégiques ci-avant (gestiondurable et gouvernance del’eau, réutilisation de l’eaude pluie et de l’eau usée,géothermie…)

A l’inverse, la plupart des initiativeset travaux de normalisation trans-verses dans le champ du développe-ment durable ont une composanteforte «eau» (qualité environnementaledes bâtiments, écoquartiers, quartiersd’affaires durables, empreinteeau…). Le CoS «Eau : milieux etusages» doit suivre ces sujets trans-versaux et soutiendra la position desacteurs de l’eau dans les instances denormalisations correspondantes.

Le décret de juin 2009 régit lesystème de normalisation (révi-sion du décret de 1984) et renforcele rôle de l’Etat. Comment l'AFNORva-t-il l’intégrer ?

Un des objectifs majeurs de la révi-sion du décret était la prise en comptedu contexte d’internationalisationcroissante des travaux de normalisa-tion. En 1984, 80 % des normespubliées étaient franco-françaises.Aujourd’hui c’est l’inverse, 90 % desnormes publiées en France sont d’ori-gine européenne ou internationale.

Dans cet esprit, on peut citer parmi lesévolutions du nouveau décret la créa-tion d’un comité de pilotage pour lepositionnement à l’international, laprésence des bureaux de normalisa-tion sectoriels au nom d'AFNOR, oul’unification de la représentation européenne et internationale.

Concernant le rôle de l’Etat, il s'agitplutôt d’une clarification du rôle desdifférents acteurs au niveau national(rôle du délégué interministériel auxnormes (DIN), évaluation des bureauxde normalisation), et international.Les relations entre norme et règle-ment ont par exemple été clarifiéesavec un guide publié par le SQUALPIsur les bonnes pratiques de référen-cement des normes dans la régle-mentation, et la consultation gratuitesur le site AFNOR des normes renduesd’application obligatoire.

Concernant l’implication des partiesprenantes, le décret définit les catégories d’acteurs exonérées departicipation aux frais d’élaborationdes normes ; parmi elles, et c’est unenouveauté, les PME, mais égalementles organismes scientifiques et techniques, ou les associations deconsommateurs et de salariés. ■

Qualité et développement durable

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 49

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Qualité et développement durable

La profession est réunie au sein d’unsyndicat le SYPRODEAU qui repré-sente une trentaine de sociétés enFrance et plus de 25 000 collabora-teurs. Le SYPRODEAU est un syndicatsectoriel de l’UIC, Union desIndustries Chimiques, et par ailleursmembre associé de l’UIE, l’UnionNat iona le des Indus t r i es e tE n t r e p r i s e s d e l ’ E a u e t d el’Environnement. Le SYPRODEAUparticipe à des groupes de travail dela Commission Européenne ou d’or-ganismes de normalisation commel’AFNOR1 ou le CSTB2.

L’activité de traiteur d’eau ne serésume pas à la seule commerciali-sation de préparations chimiques,Ses représentants sont des parte-naires indispensables de nombreusesprofessions et collectivités. Leur butest la protection de la santé humaineet celle de l’environnement. Ils pren-nent en compte constamment lescontraintes industrielles et publiques,techniques et règlementaires afin del’atteindre. Celafait tout l’intérêt deleur démarche etles motive quoti-diennement. ■

www.syprodeau.org

Chimie et traitement de l’eau

De l’empirisme à la High Tech.

Le traitement chimique de l’eau estné au début du XXe siècle lorsque leschauffeurs des machines à vapeurs’aperçurent que la fécule despommes de terre qu’ils faisaient cuire dans la «bâche» de leur machinerendait plus friable le tartre qu’ilsdevaient régulièrement piquer.

Du traitement chimique des eauxdestinées à produire de la vapeur, lestechniques se sont rapidement éten-dues à toutes les eaux industrielles.

Le conditionnement de l’eau consisteà adapter les qualités physico-chimiques d’une eau naturelle àl’usage à laquelle elle est destinée. Ilest donc universel.

Il faut tout d’abord traiter les eauxd’alimentation : élimination des parti-cules solides, minérales, organiquesdes eaux, traitement des eaux depiscine ou de fontaines sur les basesde traitements biologiques, des eauxde consommation des particuliers pardésinfection et suppression du tartre.Le conditionnement se prolongeensuite lors de l’utilisation dans lescircuits industriels de chauffage et deréfrigération dans le but d’éviter lacorrosion, le primage ou l’entartragedes installations. Il est donc essentiel

pour assurer leur longévité et leur bonfonctionnement.

Le traitement chimique concerneégalement les eaux de processcomme par exemple celles de l’in-dustrie du papier, de l’industrie agroa-limentaire ou de l’industrie pharma-ceutique. Il met alors en œuvre lesprocédés physico-chimiques les plusperformants et modernes.

Parallèlement à la mise en œuvre detoutes ces techniques le métierévoluait vers un métier de fournisseurde services et d’expertise technique.

Le souci de l’environnement dansun contexte réglementairecontraignant.

Destinée à l’origine à assurer un bonusage technique des installationsindustrielles, la protection de la santépar la fourniture d’eau potable etcelle de l’environnement par le trai-tement des rejets ont largementcontribué à l’essor de la profession.

Agissant sur une matière premièreessentielle à la vie et destinée à êtrerejetée dans le milieu naturel, lesprofessionnels de la chimie de l’eauont de tout temps considéré lescontraintes environnementalescomme une obligation fondamentalede leur métier. C’est ainsi que l’offrede produits suit constamment l’évo-lution des réglementations nationalesou européennes.

Localement, l’intervention des profes-sionnels de la chimie de l’eau se fait leplus souvent dans le cadre imposé parles arrêtés de classement de leursclients industriels auxquels ils seconforment de la manière la plusstricte.

«La chimie de l’eau, la maîtrise des programmes de traitements, le soucide la santé humaine, le respect de l’environnement, représentent un quotidien pour les Adhérents du SYPRODEAU*».

50 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Gilbert BRELET,Président duSYPRODEAU*

1 Agence Française de Normalisation

2 Centre Scientifique et Technique du Batiment

* Syndicat National des Fabricants de ProduitsChimiques de Traitement et d’Assainissementde l’Eau

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Chaudière de production de vapeur

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Quant à la position française qui aconsisté dans ce dossier à opter pourplus de qualité et d’efficacité, je latrouve juste et légitime.

Il est tout de même normal qu’un Étatmembre comme la France, qui avecplus de 5 millions d’installationsrecensées, représente à elle seuleplus de 50% du marché à côté de 27 autres pays, ait son mot à direquant à la qualité des installationsqu’elle accueille sur son sol. J’ajouteque l’ANC n’est pas une spécialitéeuropéenne mais française et qu’ilest sain que notre pays tire le marchévers le haut.

Tous les fabricants n’ont pasobtenu leur marquage CE sur labase de critères identiques.Comment régler cette difficulté ?

Certains fabricants ont effectivemententamé leur démarche à une époqueou les règles du jeu n’étaient pasencore ce qu’elles sont aujourd’hui.Je pense notamment à la règle des

10 Questions à Hubert WILLIG, Président du Syndicat des Industriels Français de l’Assainissement Autonome (IFAA)

Quel regard portez-vous sur lecontenu des nouveaux arrêtés quiviennent d’être publiés au journalofficiel ?

Ces arrêtés sont le fruit de plusieursannées d’âpres discussions. La gestation a été longue et difficile, cequi s’explique par de nombreusesraisons, notamment par le fait quel’Assainissement Non Collectif n’estplus régi par un texte mais par trois,ce qui n’a pas facilité l’émergenced’un compromis. La phase de négociations délicates avec Bruxellesau sujet de la libre circulation desproduits nous a également coûtépresque une année... Mais enfin cestextes sont publiés et j’en suis trèssatisfait.

Pensez-vous qu’ils soient denature à stabiliser le cadre régle-mentaire de l’ANC ?

Ces textes ont l’immense mérite declarifier les choses. Le marchéFrançais de l’Assainissement NonCollectif, du fait de son potentiel, est

très attractif, surtout en période decrise... Alors qu’il y a trois ans àpeine, une vingtaine d’opérateurs separtageaient ce marché, on encompte aujourd’hui plus d’unecinquantaine. Il aiguise donc uncertain nombre d’appétits ce qui aconduit certains acteurs à s’affranchirde certaines règles, parfois les plusélémentaires, à commencer par lerespect de la règlementation envigueur. Des excès ont été commis,notamment par ceux qui ont consi-déré, à tort, que la réglementationétait devenue caduque du fait dumarquage CE. Cette époque est révo-lue et l’arrivée de règles claires etincontestées ne peut qu’assainir lesecteur de l’ANC, ce dont je ne peuxque me réjouir.

L’arrêté prescriptions prévoit fina-lement deux procédures d’évalua-tion formalisées pour les micro-stations selon qu’elles ont, ou non,obtenu le marquage CE. Cecompromis vous satisfait-il ?

Je le trouve juste. Le marquage CEest une démarche volontaire. Il estparfaitement logique que ceux qui sesont engagés dans cette démarche,sur une base volontaire je le répète,ne soient pas contraints de faireprocéder à une nouvelle évaluationde leurs systèmes. Il est tout aussilégitime que ceux qui souhaitentpénétrer ou même prospérer sur lemarché français mais qui n’ont pasentamé cette démarche fassent, toutcomme leurs confrères, la preuve dela qualité et de la conformité dessystèmes qu’ils commercialisent ense soumettant à une évaluation pluscomplète.

Dans cet entretien, paru initialement dans la revue «L’Eau, l’Industrie, les Nuisances», Hubert WILLIG analyse les mesures récentes concernantl’assainissement autonome.(1)

Hubert WILLIG,Président du Syndicatdes IndustrielsFrançais del’AssainissementAutonome (IFAA)

Qualité et développement durable

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Hubert WILLIG : «Si l’on parvient à créer une égalité

de traitement, à supprimer les distorsions et à

instaurer des aides, le secteur de l’Assainissement

Non Collectif peut devenir une vitrine de ce que

l’on peut faire en temps de crise. C’est aussi

comme cela que l’on effacera le mot «crise» de la

tête des gens et que l’on prouvera qu’en France

on sait aussi être solidaire».

Hubert WILLIG : «Le marquage CE est une

démarche volontaire. Il est parfaitement logique

que ceux qui se sont engagé dans cette démarche,

sur une base volontaire je le répète, ne soient pas

contraints de faire procéder à une nouvelle évalua-

tion de leurs systèmes».

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Qualité et développement durable150 mg/l de DBO5 passée récemmentà 300 mg/l de DBO5. Cette particula-rité concerne d’ailleurs la plus grandepartie des fabricants puisque ceux quiont obtenu le marquage CE sur la base300 mg/l se comptent sur les doigtsd’une seule main. Là encore, l’équitéprévaudra et ceux des fabricants quisont titulaires d’un marquage CE sur labase des 150 mg/l devront sesoumettre à des évaluations complé-mentaires.

N’y-a-t-il pas un risque, au moinsthéorique, que les fabricants demicrostations marquées CE qui nesatisferaient pas à la procédured’évaluation simplifiée n’invo-quent une violation du droitcommunautaire ?

En théorie, le risque existe mais il meparait mineur. Je crois sincèrementqu’un fabricant qui a pour ambition deconquérir un marché a tout intérêt às’inscrire dans une autre logique quecelle de l’affrontement juridique.D’abord parce qu’il a intérêt à montrerqu’il à la capacité d’aboutir dans sadémarche en se soumettant auxmêmes évaluations que ses confrères.

Ensuite parce que si l’un de sesproduits ne satisfait pas à la procédured’évaluation, ce ne sera certainementpas sur l’intégralité du dossier maisplutôt sur un ou plusieurs pointsbloquants qui ne seront sans doutepas insurmontables. Il faut, dans cedomaine comme dans bien d’autres,parier sur l’intelligence des acteursmême si des considérations d’ordreéconomique conduisent parfois à desdébordements.

La norme européenne doit entreren révision en 2010. Quelles sontvos attentes concernant cetterévision et quelle est votre stratégie ?

La suite logique des arrêtés, c’esteffectivement la révision des normesnotamment de la norme XP DTU 64-1P1.1 et P1.2.

Mais il faut également redéfinir lecontexte de tout ce qui relevait de lanorme EN 12 566-3, c’est à dire lesmicrostations ou autres filièrescompactes qui ne figurent pas dans la

XP DTU 64-1. Nous avons l’avantageavec la XP DTU 64-1 d’avoir en Franceune norme expérimentale, qui, contrai-rement à ce que l’on croit tropsouvent, est tout à fait applicable. Ellen’est expérimentale, que parce qu’onne peut pas la transcrire en normefrançaise du fait qu’il y a des travauxeuropéens liés à la Directive ProduitsConstruction (DPC). Le Fascicule dedocumentation - FD 12566-2 :Systèmes d’infiltration dans le sol aun statut normatif inférieur à unenorme ou à un DTU. Ainsi, la norme XPDTU 64-1 prévaut sur le fascicule FD12566-2 en terme de règles de l’artpeut être révisé.

La révision de la norme XP DTU 64-1prendra au moins 2 ans. Quant à lanorme européenne, sa révision néces-sitera au moins 5 ans. Je pense qu’onaura beaucoup de mal a trouver unconsensus européen pour réviser cedocument FD 12 566-2 ou alors il fautélargir le texte. Il y a en Europe uncontexte géographique qui fait quel’on ne peut pas appliquer les mêmesrègles en Scandinavie que celles quel’on appliqueraient en Espagne parexemple.

Le deuxième arrêté s’attache aux missions de contrôle que lescommunes doivent mener sur latotalité des installations d’ANCd’ici au 31 décembre 2012. Quepensez-vous du contenu de cescontrôles et pensez-vous que lescommunes aient les moyens derespecter cette échéance ?

L’arrêté me parait très clair dans sarédaction et sa mise en œuvre serasans doute facilitée par la sortie d’unecirculaire ou d’un plan d’actions.Quant à l’échéance du 31 décembre2012, elle me parait réaliste.Beaucoup de chemin a été parcouruces dernières années. Toutes lesenquêtes montrent que bon nombre deSpanc ont déjà programmé leurs plansde contrôle. Ceux qui ne l’ont pasencore fait ne pourront qu’être incitésà se lancer sans tarder.

Parallèlement à ce mouvement, desexpériences vont être menées avec lacréation de services uniques de l’as-sainissement regroupant l’assainisse-ment collectif et non collectif. Le feuvert a été donné il y a un mois pourentamer ces tests. Deux régions en

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En France, l’Assainissement Non Collectif concerne plus de 17% des foyers soit plus de 13 millions de personnes.

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France expérimentent déjà ce serviceunifié, dont le Bas-Rhin avec le SDEAqui gère aussi bien la distribution del’eau que l’assainissement collectif etnon collectif.

Bien sûr, ceci ne signifie pas que lasolution du service unifié soit univer-selle. Mais elle peut constituer une solution si elle est adaptée auxconsidérations locales en palliant lemanque de temps et de moyens.

La CLCV affirme déjà être saisiequotidiennement par un nombrecroissant de particuliers qui seplaignent du déroulement descontrôles et de l’attitude decertains SPANC qui obligeraient àréaliser des travaux pouvantatteindre 10.000 e alors qu’aucunrisque sanitaire et/ou environne-mental n’est avéré. L’évolution dela règlementation ne risque-t-ellepas de multiplier les litiges de cegenre ?

Le fait d’instaurer des obligations decontrôle et de réhabilitation augmentebien entendu le risque de voir se multi-plier des litiges tels que ceux que vous

décrivez. Peut-on pour autant imputerce risque à la règlementation ? Je nele crois pas. C’est plutôt du côté de samise en œuvre qu’il faut regarder. Ilexiste aujourd’hui des distorsionsimportantes qui vont de 1 à 5, voire de1 à 10, pour le coût d’un même serviceselon qu’un citoyen habite ici ou là, etparfois même au sein d’un mêmedépartement. C’est inacceptable. Lameilleure façon de limiter les litigesconsiste à traiter tous les citoyensconcernés par l’ANC de la mêmefaçon, quel que soit l’endroit ou ils setrouvent sur le territoire national.

Comment faire pour y parvenir ?

J’ai engagé des démarches auprès de certains parlementaires pour lessensibiliser sur quelques points qui meparaissent importants.

Le premier consiste à ce que soit crééà l’échelon du bassin, ou mieux encoreà l’échelon national, un barème forfai-taire qui permette à chaque citoyenconcerné par l’ANC de payer, à pres-tation égale, le même montant où qu’ilse trouve sur le territoire national.L’idée consiste à éliminer toute distor-

sion pour créer une égalité de traite-ment entre tous les citoyens. Dans lemême esprit, j’ai également plaidépour une révision des politiques desAgences de l’Eau dans le sens d’uneuniformisation des aides, qui, commevous le savez, ne sont pas actuelle-ment les mêmes partout.

J’ai également plaidé pour la créationd’une aide systématique pour l’ANC,qu’elle soit forfaitaire ou non. Pourquelles raisons ? Parce que c’estnécessaire et intelligent. C’est néces-saire parce que nous savons que nousallons devoir réhabiliter à court termeplus de 2 millions d’installations. Enpériode de crise, à l’heure ou appa-raissent des tensions en matière depouvoir d’achat, ceci ne pourra pas sefaire sans une incitation forte. C’estintelligent parce que ces réhabilita-tions doperont le marché et favorise-ront la création de plusieurs milliersd’emplois. Au total, un rapide calculmontre que les recettes fiscales etsociales compenseraient largementles aides accordées.

Si l’on parvient à créer une égalité detraitement, à supprimer les distorsionset à instaurer des aides, le secteur del’Assainissement Non Collectif peutdevenir une vitrine de ce que l’on peutfaire en temps de crise. C’est aussicomme cela que l’on effacera le mot«crise» de la tête des gens et que l’onprouvera qu’en France on sait aussiêtre solidaire.

Qu’attendez-vous du plan nationald’actions de l’ANC annoncé par leministère de l’Ecologie ?

Ce plan national d’actions doit, à monsens, à l’image d’une circulaire admi-nistrative, faciliter et fluidifier la miseen œuvre des trois nouveaux arrêtés.Je souhaite que cette mise en œuvresoit rapide. Un objectif plus ambitieuxde ce plan pourrait être d’inciter lesAgences de l’Eau à uniformiser leursaides... ■

(1) Entretien réalisé par

Vincent JOHANET - EIN n°325

Hubert WILLIG : « La suite logique des arrêtés, c’est effectivement la révision des normes notamment de la norme

XP DTU 64-1 P1.1 et P1.2. Mais il faut également redéfinir le contexte de tout ce qui relevait de la norme EN 12 566-3,

c’est à dire les microstations ou autres filières compactes qui ne figurent pas dans la XP DTU 64-1 ».

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Qualité et développement durable

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Wangner, afin de proposer un travail à la qualité maitrisée, a constam-ment mis un point d ’honneur à faire monter ses équipements par sespropres équipes de montage. Cela a toujours permis de contrôler lesdélais, les coûts ainsi que les détails faisant toute sa renommée.

WANGNER assainissementTraitons l’eau aujourd’hui pour mieux vivre demain

Le siège de la société WANGNER estsitué depuis 20 ans à MAGNY LESHAMEAUX (78). Une agence Nord est

également implantée à BOULOGNE SURMER (59). Wangner réalise annuellement une dizaine de stationsd’épuration dont la taille va de 1 000 à 20 000 Equivalents Habitants.

La taille très humaine de cette PME de 15 personnes a toujours permisde répondre aux plus hautes exigences des clients, tant en termes deflexibilité que de disponibilité. WANGNER a toujours eu comme objec-tif premier de garantir un résultat de grande qualité à ses clients.

La vie d ’une PME passe obligatoirement par cet objectif prioritaire car aucune erreur ne lui est pardonnée ; elle doit constamment présenter une excellente santé financière, des références irrépro-chables ainsi qu’une renommée sans faille afin de gagner des marchés.

Wangner, en cherchant toujours à innover, a développé ses proprestechniques et matériels avec par exemple :

• L’AQUANET, tamis rotatif comfiné à alimentation externe

• Le TURBONET, traitement et élimination des flottants sur filière boue

• Le REDUCNET, lame calibrée de réduction des à-coups hydrauliques

• Le GIRANET, distribution homogène des boues deshydratées.

Wangner assainissement, PME indépendante basée dans lesYvelines, est spécialisée dans la conception et la réalisationde stations d’épuration depuis plus de 30 ans.WANGNER a été créée en 1969 et compte maintenant près de 800 références en France, ce qui en fait l’une des principales PME française du monde du traitement des eaux résiduaires urbaines.

PUBLISCOPIE

Fabien DROUET, PDG de WANGNER

Station d’épuration de PRESLES (95)

Station d ’épuration de RICHEBOURG (78)

Une PME réactive 800 Références

30 ans

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Le marché des stations d’épura-tion de petites et moyennescollectivités en France présenteun paradoxe. En effet, lesmarchés attribués s’articulentessentiellement autour de 2types de travaux : les travaux degénie-civil et les travaux d ’équi-pement. Les travaux de génie civilreprésentent en moyenne 65% del’investissement, ne laissant auxépurateurs que 35% de l’inves-tissement.

Le paradoxe se situe dans le faitque, bien que ne représentantque le tiers des sommes investiesdans une opération, les épura-teurs sont les titulaires (oumandataires) de ces marchés etdoivent donc assumer toutes lesresponsabilités et les risques vis-à-vis des maîtres d’ouvrage.

WANGNER a donc créé son propre service génie civil, dans l’optiquede mieux répondre à ses obligations ainsi qu’à l ’attente de ses clientset pour apporter un savoir-faire supplémentaire.

Tout en conservant ses partenaires historiques pour la réalisation dugros œuvre, la volonté de WANGNER, grâce à ce service, est de mettreen synergie les compétences et impératifs de ces 2 métiers afin d’optimiser au maximum nos offres, nos délais et nos conduites detravaux.

Parallèlement, WANGNER sera en mesure d’assurer la sous-traitancedirecte de certains travaux tels que voiries, canalisations, espacesverts…

La direction de ce service a été confiée à Julien GUEZOU. Ce techni-cien confirmé et de grande qualité humaine a à cœur de faire en sorteque WANGNER reste une PME innovante et attractive et sur laquelleles collectivités peuvent continuer de compter afin de mener à bienleurs projets. ■

PUBLISCOPIE

ZA de Gomberville4 Rue Salvador ALLENDEBP 1378114 MAGNY LES HAMEAUX

Tél : 01-30-52-11-20Fax : 01-30-52-16-54

Mail : [email protected]

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Au plus près des besoins de nos clients«Aujourd’hui, plus que jamais,nous sommes à la disposition de nos clientsavec des interlocuteurs expérimentés et investis d ’une mission commune :apporter une réponse professionnelle et durable à chacune de ses considérations.

WANGNER compte notamment en son sein :

• un service d ’ingénierie pour l ’ensemble des études projet et exécution

• un service architectural intégré au bureau d’études

• un service génie civil

• un service de mise en service

• Un service de suivi d ’exploitation proposant des contrats sur mesure

Il est en effet primordial d’assurer un suivi bien au-delà des travaux afin d’épauler nos clientsen apportant notre expérience et notre savoir-faire».

Nicolas WALLON,Directeur commercial

Julien GUEZOU, directeur duservice Génie civil dont le but est deproposer un savoir faire complémen-taire à notre métier de base afind’apporter des solutions intelli-gentes, innovantes et au prix le plusjuste à nos clients.

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Europe

Il est donc temps de faire des choixresponsables en matière de produc-tion agricole. Ainsi, pour envisager deretrouver une qualité satisfaisante denos eaux, il est indispensable derepenser en profondeur les règles denotre PAC, qui n'incitent en rien lesagriculteurs à économiser l'eau et àen préserver la qualité. L'Europe adonc le devoir d'accompagner lesecteur agricole dans une nécessairetransition vers une agriculture biologique, seul mode de productionépargnant son environnement.

Les initiatives allant dans ce sens sontdéjà nombreuses au niveau européenet prouvent que les mesures de cetype coûtent globalement moins cherà la collectivité qu'un traitement del'eau curatif. Ainsi, depuis 1991, laville de Munich encourage un passageà l'agriculture biologique sur les 2 250hectares de terres agricoles situés àproximité des captages d'eau potable.Ce soutien passe par un accompa-gnement à la fois technique, financieret commercial coûtant 750 000 a paran à la municipalité, soit moins de 1 centime d'euro par mètre cube d'eaudistribuée. A titre de comparaison, lecoût de la dénitrification (évitée grâceà la politique préventive de Munich)est estimé en France à 27 centimesd'euros par mètre cube d'eau distri-buée. Il existe aujourd'hui en Europede nombreux exemples de ce type. Ils prouvent qu'en matière de gestionde l'eau, ce serait une erreur de nes'intéresser qu'aux aspects purementcuratifs plutôt que de prendre leproblème dans son ensemble. Uneerreur à la fois écologique, sociale etéconomique. ■

Sandrine BÉLIER

La Directive Cadre sur l'Eau, dont l'ambition est d'harmoniser les politiques de l'eau, tant sur les plansnationaux qu'européen, reprend etcomplète les réglementations antérieures (…)

Sa mise en œuvre se révèle, dans lesEtats membres et notamment enFrance, en dessous des nécessités.Nous savons désormais que 50 % desmasses d'eau françaises n'attein-dront pas le «bon état écologique»imposé pourtant par la DirectiveCadre sur l'Eau et repris par leGrenelle de l'Environnement fixantcomme objectif 66 % des massesd'eau en bon état d'ici 2015 (…)

Un des plus grands obstacles au bonétat des eaux est aujourd'hui la pollution diffuse (pesticides, nitrates,phosphore et nouveaux polluantsémergents (…)

Les nitrates restent une importantesource de pollution. Les premièresinformations récoltées par l'Europesur l'application de la Directivenitrates montrent d'ailleurs qu'encore30 % des cours d'eau ont subi unedégradation entre 2004 et 2007. Quece soit pour les eaux souterraines oules eaux superficielles, le ratio est lemême : la qualité de 70 % de cesvolumes d'eau est restée stable ous'est améliorée entre 2004 et 2007,tandis que 30 % ont connu une dégra-dation en termes de pollution auxnitrates.

Envi ron 15 % des points desurveillance présentent en moyenneannuelle une concentration en

nitrates supérieure à 50 mg par litre(qui constitue le seuil de pollutionadmissible pour la santé publique). La Directive Cadre sur l'Eau, qui estdevenue la «directive mère» de laDirective nitrates, demande aux Etatsmembres de mettre en place desprogrammes de surveillance, sanstoutefois avoir encore précisé s'ils sesuperposeront ou intégreront ceux dela Directive nitrates. Nous devrionsdonc connaître dans un avenir procheune révision de cette dernière (…)

La situation nous impose de penserles instruments et les politiques demanière plus transversale et pluscoordonnée.

Catherine GRÈZE

(…) Il y a quelques jours la proliféra-tion record des algues vertes sur lesplages bretonnes, ainsi que la recon-naissance de leur toxicité - voire deleur caractère létal - faisaient la unedes journaux.

Comment peut-on ainsi laisser s'aggraver la situation ? Dépollution,assainissement : chaque année, nousdépensons toujours plus pour rendrenotre eau potable. En matière de luttecontre l'algue verte, par exemple, pasmoins de 700 millions d'euros defonds publics ont été dépensésdepuis 1995 dans les programmes de dépollution. Ainsi, s'il est bienheureux que l'amélioration de laqualité des eaux fasse l'objet demesures de préservation prévues parla Directive Cadre sur l'Eau, commentaccepter que la politique quantitativede l'eau aboutisse aux effets inverses ?

La Directive Cadre sur l’Eau exige la mise en œuvre de politiques trans-versales. Il faut prendre le problème dans son ensemble.

56 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Sandrine BÉLIER,Députée européenneGroupe des Verts

Des politiques transversales

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Catherine GRÈZE,Députée européenneGroupe des Verts

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La politique européenne de l’eau

et la question de l’assainissementTout au long de la dernière campagne des électionseuropéennes, nous avons largement mis en avant lebesoin d'une Europe plus politique, plus proche descitoyens, incarnée par des projets concrets. La poli-tique européenne de l'eau, comme beaucoupd'autres d'ailleurs, est justement un exemple depolitique qui touche directement nos concitoyens. Lagestion de l'eau offre un exemple méconnu parl'opinion publique d'une politique conçue à l'éche-lon européen et mise en œuvre au niveau local.

Françoise GROSSETÊTEDéputée européenne Parti Populaire Européen (PPE)

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affaire de densité de population ettoutes les collectivités n'ont pas fait lesaménagements nécessaires pourrépondre aux nouvelles exigencesréglementaires. En nombre de stations,deux bassins sont plus particulière-ment concernés par ces retards : celuide Seine-Normandie, avec 56 stations,et celui de Rhône-Méditerranée etCorse avec 45 stations dont 21 sur lelittoral méditerranéen.

Même si d'ici la fin de l'année, 48 stations supplémentaires serontconformes et une trentaine auront peuou prou démarré leurs travaux, «celanous laisse encore 68 stations quin'ont pas dépassé le stade desétudes, soit 16 millions d'habitantsconcernés», a déploré Jean-LouisBORLOO, ministre de l'Écologie, del'Énergie, du Développement Durableet de la Mer (MEEDDM) à l'occasionde l'inauguration de la station d'épu-ration de Biganos dans le bassind'Arcachon.

Nous devons davantage aider nos éluslocaux qui rencontrent de très grandesdifficultés face à l'application de cesdirectives européennes. Les mairessont souvent démunis face au coût del'assainissement et il est nécessairede les accompagner au mieux dansleurs démarches pour bénéficierd'aides européennes en la matière.N'oublions pas que ce sont eux quisont amenés à nettoyer les plages !

La Directive Cadre sur l'Eau de 2000constitue une étape clé de la politiqueeuropéenne de l'eau. Elle s'inscritdans cette stratégie de préservationde l'environnement, priorité essen-tielle de l'Europe relayée par la Francelors de sa présidence de l'Union Européenne au second semestre2008. Cette directive innove en définissant un cadre européen pour lapolitique de l'eau, en instituant uneapproche globale autour d'objectifsenvironnementaux avec une obliga-tion de résultats pour ses nombreusesdirectives filles. Elle fixe un objectifclair et ambitieux : le bon état deseaux souterraines, superficielles etcôtières en Europe en 2015, datebutoir pour atteindre l'objectif.

Sans procéder à l'historique de la politique européenne de l'eau,permettez-moi simplement d'évoquerl'immense chantier de l'assainisse-ment qui a débuté en Europe au débutdes années 1990 avec la fiabilisationdes réseaux de collecte des eauxusées et leur traitement dans lesstations d'épuration. La DirectiveCadre de 1991 sur les eaux résiduairesurbaines, retranscrite en droit françaisdans la Loi sur l'Eau de 1992, exigeaitque toutes les villes et villages disposent d'un système d'assainisse-ment selon un calendrier qui dépen-dait de la taille des collectivités et deleur date d'adhésion à l'Union Européenne (2005 pour les 15

premiers Etats membres, 2015 pourles 12 derniers Etats l'ayant rejoint).Cet acte majeur a resitué la politiquede l'eau au cœur de la politique environnementale européenne.Partout en Europe, on se mit àconstruire, remettre aux normes oufiabiliser les réseaux de collecte deseaux usées et les stations d'épuration.C'est à cette directive que l'on doit lameilleure santé des rivières et leretour d'espèces piscicoles dans descours d'eau autrefois dévastés par lesrejets urbains. On recense aujourd'hui32 espèces de poissons dans la Seine,contre seulement 3 en 1970, alorsqu'on pourrait croire l'inverse !

Ces politiques ont cependant un coût,car il a fallu mettre en place unnouveau service public de dépollutiondes eaux usées, qui a eu pour consé-quence une augmentation des facturesd'eau pour les usagers. Les élus, lesadministrations et les opérateurs n'ont,selon moi, pas suffisamment expliquéce prix de l'eau dû à un objectif envi-ronnemental. Par sa superficie, laFrance est l'un des plus vastes pays del'Union européenne, mais en termes dedensité, il se situe dans la moyenneeuropéenne. Son étendue (550 000km2), sa population (61 millions d'habi-tants) et ses 36 000 communes impli-quent la multiplication des servicesd'assainissement. Le pays dispose de 17 000 stations d'épuration.L'assainissement est avant tout une

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Cela nécessite des investissementspublics pour la mise à niveau de cesstations. L'investissement public pourla mise en œuvre de la Directive desEaux Résiduaires Urbaines et pour larestauration de la qualité de l'eaudevrait être en France un investisse-ment porteur d'avenir au sens de lacommission JUPPÉ-ROCARD sur legrand emprunt. La politique commu-nautaire de cohésion (Fonds deCohésion et FEDER) est un instrumentmajeur pour la mise en œuvre de ladirective, la mise aux normes desstations existantes et, in fine, le réta-blissement de la qualité des eaux. Lapolitique de cohésion prévoit deconsacrer au moins 10 milliards d'eu-ros sur la période 2007-2013 ausecteur de l'eau.

Cependant, une meilleure articulationentre fonds structurels et partenariatspublic-privé (y compris dans ledomaine de l'eau et pas seulementdans les grandes infrastructures detransports) est absolument néces-saire. Un des objectifs principaux del'UE dans ce contexte de relanceéconomique sera de forger un parte-nariat plus étroit entre le secteurpublic et le secteur privé. La conjonc-ture actuelle nous incite au recoursaux partenariats public-privé. La poli-

tique de cohésion est un instrumentclé pour mettre en œuvre cet objectif.Mais pour ce faire, elle doit faciliter lamobilisation des fonds européenspour le financement de partenariatspublic-privé et simplifier, harmoniserles conditions d'attribution des fondseuropéens aux projets générateurs derecettes, quel que soit le mode degestion retenu pour ces projets.

On pourrait aussi évoquer la DirectiveNitrates de 1991. L'excès de nitratesdans l'eau distribuée, les fameux 50mg/L servant de limite de potabilité, peuten effet causer des problèmes de santéchez les personnes vulnérables. Maisl'excès de nitrates provoque surtout l'eu-trophisation des eaux côtières. Ce que vitla Bretagne est un exemple frappant dece que l'on ne doit plus accepter ! Entrelisier et marée verte, la Bretagne est unexemple malheureux : 43 000 m3 d'alguesvertes ont pollué l'an dernier les côtesbretonnes ; l'azote et le phosphorepolluent les terres cultivées et l'eaudevient imbuvable du fait d'une teneur ennitrates supérieure à la limite autorisée.Cette situation est intolérable et nousdevons tout faire pour soutenir les éluslocaux dans leur recherche de solutions.

Heureusement, l'Europe est présentepour aider à la dépollution de cesterritoires.

La Directive Cadre sur l'Eau de 2000se donne pour objectif le bon état deseaux communautaires pour 2015. Ils'agit d'une vaste entreprise depréservation et de reconquête desressources, dans une logique dereconstitution du «capital écologique»de l'Europe. Il y a urgence, car 70 %des masses d'eau européennes sontclassées à risque.

Certes, il y a eu un certain nombred'avancées autour de la DirectiveCadre sur l'Eau et de ses directivesfilles cherchant à protéger lesEuropéens et leur santé avec l'établissement des normes d'eaupotable ou le classement des eaux debaignade, mais le chantier resteencore considérable pour atteindre lesobjectifs fixés par l'Union. C'est à ceprix que nous améliorerons la qualitéde l'eau pour les générations futures.Les politiques communautaires nedoivent pas être ressenties commeune contrainte. Je ne cesse de répéter que l'Europe se préoccupe del'intérêt des citoyens. C'est bien le cas de la politique européenne del'eau et de l'assainissement. ■

Françoise GROSSETÊTE

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Station d’épurationRodez-Bénéchou.

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Deux arrêts concernent la qualitéde l'eau potable en 2001 et en2004, en particulier le non-respectde la «norme» nit rate. Si laCommission Européenne a acceptéen 2007 de suspendre sa décisionde poursuivre la France devant laCJCE pour non-exécution de l'arrêtde 2001, il lui appartiendra fin 2009d'apprécier les résultats obtenuspar le plan français de réduction de30 % des apports d'azote épandusdans les bassins versants de 9 points de captage d'eau. Dans la troisième affaire relative à laD i r e c t i v e E a u x R é s i d u a i r e sUrbaines, la Cour constate lemanquement français pour ne pasavoir désigné comme zone sensibleà l'eutrophisation la rade deLorient, l'estuaire de l'Elorn, lesbaies de Douarnenez, de Vilaine etde Concarneau, et le golfe duMorbihan. La lecture de cet arrêtest instructive au sujet de la déter-mination des zones contribuantsignificativement au processusd'eutrophisation.

Ces exemples démontrent la difficulté de l'exercice et le tempsnécessaire aux changements decomportements. Mais nous n'avonsaucun choix. La protection de laqualité et de la quantité des eauxdouces est un impératif non seule-ment pour les milieux et leur équi-libre, mais encore tout simplementpour la vie humaine. ■

Corinne LEPAGE

Changer les comportements

Si actuellement 2 % des terres subissent une «extrême sécheresse», ce chiffre devrait passer à 10 % dès2050, souligne le rapport «Feeling theheat» de l'ONG britannique Tearfundpublié en octobre 2006.

La gestion de l'eau aujourd'hui doitprendre en considération le traite-ment des zones de rencontre entre laterre et la mer, le partage de laressource, la qualité de l'eau du robinet en France et dans le monde,la dégradation des eaux brutes, la dépendance des secteurs indus-triels et énergétiques (systèmes de refroidissement), la production énergétique (barrage ou agroénergie) ou encore la collusion entre la gestionde l'eau et la Politique agricolecommune dans les choix et les non-choix agricoles.

La pollution marine provient à 80 %de sources terrestres par le déverse-ment des fleuves et des rivières et par l'atmosphère.

La pollution diffuse à partir des terresagricoles reste la principale source de nitrates dans l'eau. Les nitrates continuent d'endommager l'environ-nement par leur contribution à l'eutrophisation des eaux côtières etmarines et à la pollution de l'eaupotable, particulièrement par lacontamination des nappes phréa-tiques. L'eutrophisation est définiepar la directive 91/271/CEE comme«l'enrichissement de l'eau enéléments nutritifs, notamment descomposés de l'azote et/ou du phos-phore, provoquant un développementaccéléré des algues et des végétauxd'espèces supérieures qui entraîneune perturbation indésirable de

l'équilibre des organismes présentsdans l'eau et une dégradation de laqualité de l'eau en question». Cettepollution a été mise récemment enexergue par les algues vertes. Lesdifférents rejets entraînent une eutrophisation liée à un apport excessif de nutriments. Il existe enoutre plusieurs types d'algues et lesconséquences sur l'environnementsont diverses.

L'Union Européenne a produitplusieurs directives sur l'eau : laDirective Eaux Résiduaires Urbaines91/271/CEE, la Directive Nitrates91/676/CEE et la Directive 2006/7/CEconcernant la gestion de la qualitédes eaux de baignade. La DirectiveCadre 2008/56/CE a recommandéune réduction au minimum de l'eutrophisation.

Récemment, la Directive Cadre2008/56/CE a inséré parmi lesdescripteurs qualitatifs permettant dedéfinir un bon état écologique dumilieu marin la réduction au mini-mum de «l'eutrophisation […], enparticulier pour ce qui est de seseffets néfastes».

Conformément aux exigences poséespar la Directive 2004/35/CE sur laresponsabilité environnementale,notamment fondée sur le principe dupollueur-payeur, la loi du 1er août 2008et ses décrets d'application offrentdes potentialités non négligeables.

Par trois fois, la France a étécondamnée par la Cour de Justicedes Communautés Européennes(CJCE) pour manquement aux obli-gations communautaires dans ledomaine de l'eau en Bretagne.

La moitié des fleuves et des lacs en Europe et en Amérique du Nord sontgravement pollués. En Chine, 80 % des déchets industriels sont rejetéssans aucun traitement dans les rivières et les fleuves. Dans les pays endéveloppement, 20 % des espèces aquatiques ont disparu.

Corinne LEPAGE,Députée européennemembre du groupe ADLE, Vice- Présidente de la Commissionenvironnement, santépublique et sécuritéalimentaire

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touche très durement, devra provenirde financements publics. L'UnionEuropéenne a pris cette question àbras-le-corps et s'est engagée àcontribuer justement à ce finance-ment. La Commission Européenne aproposé que, selon la clé de distribu-tion internationale choisie (niveau desémissions ou capacité de payer),l'Union pourrait assumer de 10 à 30 % de cette somme, soit jusqu'à 15 milliards d'euros par an. Le ConseilEuropéen se prononcera sur cetteproposition à la fin du mois d'octobre.Nous attendons de nos partenairesqu'ils précisent l'effort qu'ils seraientprêts à consentir eux aussi.

Cet effort financier est évidemmentétroitement lié aux actions que lespays en développement, et toutspécialement les plus avancés d'entreeux, accepteront d'entreprendre. Afinde contribuer à l'effort internationald'atténuation du changement clima-tique, ils devront, en 2020, réduired'une façon importante le taux d'augmentation de leurs émissions :de l'ordre de 15 à 30 % par rapportaux projections actuelles de leursémissions futures.

La réunion de Copenhague est uneopportunité historique qui ne se représentera pas. L'heure n'est doncplus ni aux jeux diplomatiques, ni àl'optimisme béat, encore moins aupessimisme alarmiste. Elle est à l'action déterminée, ambitieuse etcourageuse. Une résolution qui anime,aujourd'hui, l'Union Européenne. ■

Karl FALKENBERG

Vers un accord mondial sur le climat :

Copenhague, la dernière ligne droite

Dans ce contexte, plusieurs scénariisont envisageables. L'un est le scénario que nous ne pouvons pasnous permettre, celui du blocage, surfond de divisions Nord-Sud, de tiédeurdes engagements et de manque de solidarité financière avec les paysen développement. L'autre, celui pourlequel l'Union Européenne se bat, se fonde sur la nécessité d'agir rapidement, concrètement, et de trou-ver un accord global et ambitieux.

Pour que celui-ci se réalise, il faut toutd'abord que les pays développés clarifient leurs ambitions en matièrede réductions de leurs émissions degaz d'ici à 2020. Selon les travaux duGroupe d'experts Intergouvernementalsur l'Évolution du Climat (GIEC), lespays développés devraient s'engagerà réduire leurs émissions de 25 à 40 % en dessous du niveau de 1990d'ici à 2020 pour limiter à deux degrésCelsius le changement climatique.L'Union Européenne, pour sa part,s'est engagée à le faire, et réduira sesémissions de 20 % à cette date, quoiqu'il arrive, et de 30 % si nos parte-naires font des efforts comparables.

A ce sujet, quelques voix se sontexprimées pour affirmer que des taxesaux frontières seraient nécessairespour protéger les pays qui réduisentleurs émissions de CO2. Cela n'est, à mon sens, ni une solution viable ni nécessaire pour l'instant. Aucontraire, la meilleure façon d'éviterles problèmes de compétitivité etd'exportation des émissions decarbone est d'obtenir un accord ambitieux à Copenhague. Sansaccord, l'Union Européenne a décidéde réduire de 20 % et non de 30 % sesémissions de gaz, et de mettre enplace un système d'allocation gratuitedes certificats d'émissions pour lessecteurs exposés à la concurrenceinternationale, un ajustement supplé-mentaire n'est donc pas nécessaire. Si nos concurrents font des effortscomparables, corriger à la frontièresera inutile.

Il est aussi très clair que, sans solida-rité financière, nous n'aurons pasd'accord : on estime à 100 milliardsd'euros les moyens nécessaires àpartir de 2020 pour que les pays envoie de développement puissent faireface aux coûts de la réduction desémissions de C02. Une partie de cettesomme sera financée par les pays envoie de développement les plus avan-cés eux-mêmes (entre 20 et 40 %),une autre partie pourrait provenir desressources générées par un marchédu carbone global et performant(jusqu'à 40 %). Le reste, de 20 à 40 milliards d'euros, dont près de lamoitié sera nécessaire aux pays lesplus pauvres pour pallier les impactsdu changement climatique, qui les

Les scientifiques sont unanimes : les évolutions climatiques ont un impact surla ressource en eau. Karl FALKENBERG précise ici ses attentes à l’égard dela Conférence de Copenhague. Les quelques semaines qui nous séparent dela Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, en décembreà Copenhague, sont essentielles. Elles doivent révéler dans quelle mesureles dirigeants mondiaux sont prêts à s'engager pour atténuer le changementclimatique et se préparer à ses impacts négatifs, qui, nous le savons, se fontdéjà sentir, et se réalisent plus rapidement que nous le pensions.

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Karl FALKENBERG,Directeur Généralde l’Environnementà la CommissionEuropéenne

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Le cas de la France

En France, aucun risque de pénurieglobale en eau n'est à redouter. Notrepays dispose en effet d'une capacitéde stockage en eau élevée, du fait desa pluviométrie, de ses grandesmontagnes, de son réseau hydrogra-phique étendu et de ses importantesnappes souterraines. Le territoiremétropolitain bénéficie en moyennede 480 milliards de m3 de pluie par an,auxquels viennent s'ajouter 11 milliardsde m3 provenant des fleuves trans-frontaliers, Rhin non compris. Sur cetotal, environ 321 milliards de m3

s'évaporent dans l'atmosphère.

Le bilan des ressources internesen eau de la France s'élève doncà 170 milliards de m3 par an, soit environ 2 800 m3 d'eau par habitant etpar an. Mais les ressources en eauxfrançaises sont, comme partout,inégalement réparties. En effet, lamoitié de l'écoulement total concernemoins du quart du territoire. Les prélè-vements et la qualité des eaux varientégalement selon les régions. Ainsi, en Bretagne, la proximité du socle granitique limite la capacité de stockage souterrain et rend les eauxde surface vulnérables aux effluentsd'élevage, ce qui complique leur traitement en vue de les rendrepotables. La région méditerranéenne,quant à elle, subit un climat sec etviolent. Le grand Sud-Ouest connaît un risque non négligeable de séche-resse. Enfin, en région parisienne, la demande en eau dépasse les capacités naturelles de la Seine.

Sécheresse et surexploitation de l’eau,

il faut agir

«Des terrains de golf à la fabricationde livres, de l'huile d'olive aux vaccins,tous les biens et services dont nousdépendons, pour nombre de nos activités quotidiennes, exigent uneressource vitale : l'eau. Or, tropsouvent, cette eau est surexploitée enEurope.» Le rapport de l'AgenceEuropéenne pour l'Environnement(AEE), intitulé «Ressources en eau del'Europe - faire face à la pénurie d'eauet à la sécheresse» est sans appel.Pointant cette surexploitation, ilmontre que le «stress hydrique»,coutumier des pays du Sud, s'étenddésormais à certaines régions duNord. Une situation qui pourrait biens'aggraver, le changement climatiquerisquant d'entraîner dans le futur unesévérité et une fréquence accrues dessécheresses, en particulier durant lesmois d'été. L'Europe extrait quelque288 km3 d'eau douce par an, ce quireprésente en moyenne 500 m3 parpersonne. Selon le professeurJacqueline MCGLADE, directriceexécutive de l'AEE, «en matière d'eau,nous vivons au-dessus de nos moyens.La solution à court terme à la rareté del'eau a consisté à extraire des volumestoujours plus importants de nosnappes de surface et souterraines.Cette surexploitation ne peut plusdurer. Elle a de fortes répercussionssur la qualité et la quantité de l'eaurestante, ainsi que sur les écosys-tèmes qui en dépendent.»

Les préconisations de l'AEE

En clair, il est désormais nécessaire defaire passer nos priorités de gestiond'une augmentation de l'offre à une

baisse de la demande, ce qui impliquela mobilisation de diverses stratégieset pratiques. Parmi elles, l'AEE préco-nise que dans tous les secteurs, ycompris l'agriculture, l'eau soit factu-rée sur la base du volume utilisé. Deplus, les gouvernements devraientappliquer à plus grande échelle desplans de gestion de la sécheresse etse concentrer sur une gestion desrisques plutôt que sur une gestion decrise. L'AEE estime aussi qu'unecombinaison de méthodes de sélec-tion des cultures et de techniques d ' i r r igat ion, associées à desprogrammes de conseils aux exploi-tants agricoles, pourrait contribuer àaméliorer sensiblement l'efficacité del'eau à usage agricole. Les culturesbioénergétiques, grandes consomma-trices d'eau, devraient être évitéesdans les régions touchées par la pénurie. Autre cheval de bataille, lalutte contre les fuites constatées dansles systèmes d'approvisionnement eneau de la population. Dans certainesrégions d'Europe, la perte en eau dueà des fuites peut dépasser 40 % del'approvisionnement total ! De ce pointde vue, les mesures visant à sensibili-ser l'opinion publique, tels que le label écologique, l'éco-certification etles programmes éducatifs dispensésdans les établissements scolaires,sont essentielles. Enfin, il faut savoirqu'une extraction illégale d'eau,souvent à usage agricole, est large-ment répandue dans certaines régionsd'Europe. Une surveillance adaptée et un système d'amendes ou de pénalités pourraient être instauréspour y remédier.

Un nouveau rapport de l'Agence Européenne pour l'Environnement (AEE)confirme une surexploitation de l'eau dans de nombreuses régionsd'Europe. Ses recommandations s'orientent vers une approche novatricede la gestion des ressources.

Robert COLLINS,l’un des auteurs durapport de l'AgenceEuropéenne pourl'Environnement(AEE), intitulé«Ressources en eaude l'Europe - faireface à la pénuried'eau et à la sécheresse»

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 61

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En quoi les ressources en eausont-elles surexploitées dans denombreuses régions d'Europe ?

Quatre secteurs principaux sontgrands consommateurs d'eau : laproduction d'énergie (qui restituetoutefois une importante partie del'eau utilisée), l'agriculture, l'approvi-sionnement domestique et letourisme. Si les données varient considérablement d'un pays del'Europe à l'autre quant à la part dechaque secteur, certaines régions fontl'objet d'une surconsommation combinée de ces différents secteurs,qui aboutit à une pénurie des écosystèmes d'eau douce. Certes, laDirective Cadre Européenne sur l'Eau(DCE) oblige les Etats membres àatteindre le «bon état écologique» desmasses d'eau pour 2015 mais, pour cefaire, il faut aussi que l'eau soit dispo-nible en quantité suffisante. Or,aucune norme quantitative n'estactuellement appliquée au niveau de

l'Union Européenne. En général, lesgouvernements de chaque pays défi-nissent au cas par cas la quantitéd'eau que chaque secteur d'activité esten droit d'utiliser.

Dans quelle mesure la France est-elle également concernée ?

Comme pour les autres régions autourde la Méditerranée, dans le Sud de laFrance, la conjugaison de l'agricultureet du tourisme génère une pressionsignificative sur les ressources en eau.

La réutilisation après traitementdes eaux de pluie ou des eauxusées a-t-elle été retenue parl 'EEA comme une solution intéressante ?

Dans son rapport, l'EEA a en effetconsidéré que la réutilisation de ceseaux pouvait constituer une mesureutile, mais jusqu'à présent il n'y aaucune législation européenne quiaille dans ce sens. ■

www.eea.europa.eu/fr

L'EAU EUROPÉENNE EN CHIFFRES

Dans l'ensemble de l'Europe, 44 % de l'eau

prélevée est utilisée à des fins de production

d'énergie, 24 % pour l'agriculture, 21 % pour

l'approvisionnement de la population et 11 %

pour l'industrie. Cependant, ces chiffres

masquent des différences significatives dans

la répartition de la consommation des

ressources en eau sur le continent. Dans le

sud de l'Europe, par exemple, l'agriculture

représente 60 % du total de l'eau prélevée et

atteint 80 % dans certaines régions.

En Europe, les eaux de surface, comme les

lacs et les rivières, fournissent 81 % du total

de l'eau douce prélevée et constituent la prin-

cipale ressource en eau pour les secteurs de

l'industrie, de l'énergie et de l'agriculture. En

revanche, l'approvisionnement du public

exploite davantage les nappes souterraines

en raison de la qualité généralement

meilleure de leur eau.

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L’Agence Européenne pour l’Environnement à Copenhague

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62 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

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Les textes européens, aujourd'hui àl'origine de la plupart des lois et desréglementations nationales dans lesdomaines de l'eau, de l'assainisse-ment et des déchets, touchent directement les acteurs des servicespublics locaux.

Dans cette optique l'ASTEE, habilitéeà faire des recommandations aux pouvoirs publics, a décidé de consacrer son 88e congrès au proces-sus de préparation, de décision et demise en œuvre des textes européens.

Une réflexion donnant à voir comment,dans ce contexte, l'action des autori-tés françaises organisatrices desservices publics se situe par rapport àcelles des autres Etats membres.

«Nous observons une convergenceévidente entre les engagements despolitiques locales et des politiqueseuropéennes dans le domaine dudéveloppement durable, et ce àquelque niveau que ce soit», indiqueJean-Paul CHIROUZE, Président del'ASTEE. «Les difficultés essentielles

ne portent donc pas sur le fond maissur la capacité à assumer ces préco-nisations de façon cohérente, tant auplan étatique que local.»

La préoccupation première de l'ASTEEreste la prise en compte des attentesdes collectivités territoriales, pourlesquelles il n'est pas toujours aiséd'être partie prenante lors des discussions européennes. D'une partparce que seul l'Etat y participe,d'autre part parce qu'elles sont repré-sentées par des structures peu arméesau plan technique.

C'est là que l'ASTEE intervient. Pourapporter ses compétences, elle doitpréalablement déterminer commentœuvrer avec les associations dans uncontexte multipolaire et multidiscipli-naire. Une telle diversité impose detravailler sur des registres techniqueset politiques.

Ceci suppose une coopération efficaceentre niveaux nationaux, régionaux et locaux. La réglementation estcomplexe et foisonnante car il s'agitde fournir la bonne solution au bonmoment et de respecter les impératifsdémocratiques et de société encommuniquant au mieux.

Enfin, il y a un fort enjeu lié à l'emploi, la France étant le deuxièmepourvoyeur en Europe d'emplois environnementaux.

Outre la question de l'Europe, ce 88e congrès s'est articulé autour durapprochement possible avec les associations généralistes nationales

dans le domaine de l'eau : l'Académiede l'Eau, l'Association Française pourl'Eau, l'Irrigation et le Drainage (AFEID)et la Société Hydrotechnique deFrance (SHF), toutes appelées àtravailler plus transversalement sur lethème «Eau et Territoires».

«Cette initiative, indique Jean-PaulCHIROUZE, est née de la sagesse denos associations qui ont pensé qu'ilserait bon de travailler ensemble, etde la volonté de l'Etat de ne subven-tionner qu'un travail concerté.»

Le congrès a souligné la difficulté qu'ily a à comparer en toute transparencel'information au niveau de chaque Etat, et à évaluer le travail restant àréaliser par ceux-ci, pour permettre aux collectivités d'anticiper, en dépit desdifficultés, de la complexité du dossieret de l'inertie des parties concernées.

En conclusion, il a été rappelé combienl'Europe est un élément de renforce-ment des réglementations environne-mentales et combien celles-ci incitentl'innovation. Car tout en apportant descontraintes, l'Europe fournit dans lemême temps de l'aide et des outils.Toutefois, les actions fortement volon-taristes restent nécessaires et lespréconisations des collectivités doiventpasser par les Etats et le lobbying.

Enfin, rendez-vous a été pris pour leprochain congrès de l'ASTEE de juin2010 à Strasbourg sur le thème :«Services publics locaux de l'environ-nement : réussir la mutation desmétiers ». ■

L'ASTEE

un congrès européenC'est fidèle à sa mission de réflexion sur les multiplesaspects méthodologiques, techniques et réglementairesliés à la qualité de l'eau, de l'air et aux ressourcesénergétiques que l'Association Scientifique etTechnique pour l'Eau et l'Environnement (ASTEE) a tenuson 88e congrès les 10, 11 et 12 juin derniers à Nicesur le thème : «Services publics locaux de l'environ-nement et l'Europe : enjeux et opportunités».

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 63

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Jean-Paul CHIROUZE, Président de l’ASTEE

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Le 88e congrès de l’ASTEE deNice a traité du thème «Les services publics locaux de l’environnement et l’Europe :enjeux et opportunités». Il s ’agissait d’une première.Pourquoi ce choix ?

Les lois et réglementations relatives àl’eau et à l’environnement appliquéesen France sont inspirées à 80 % pardes textes européens. La dimensioneuropéenne est donc majeure pourl’organisation des services publicslocaux de l’environnement, le cœur del’activité de l’ASTEE. Au congrès deNice, nous avons étudié en séanceplénière les organisations territorialesde différents pays, dont la France, très différentes les unes des autres, ainsique la diversité des enjeux et desmodalités de la gestion de l’eau, trèsvariables également d’un pays à l’autre. Ainsi par exemple, enGrande-Bretagne, les communes n’ontaucune responsabilité dans l’alimen-tation en eau potable. De la mêmemanière, l’importance du recours à lagestion publique ou déléguée des services locaux de l’environnementdiffère énormément suivant les pays.

C’était aussi l’occasion de sensibiliserles représentants de collectivités terri-toriales à l’intérêt d’être représentés auniveau européen pour suivre en amontl’élaboration des textes. L’ASTEE a créérécemment un Comité dédié à l’Europedont le but est d’accompagner sesmembres dans ce suivi.

Les collectivités locales peuvent «peser»davantage sur l’élaboration destextes au niveau européen. Entretienavec Gérard PAYEN, Président du Comitédes affaires européennes et internatio-nales de l’ASTEE.

Au congrès de Nice, cet été, nousavons aussi analysé les processuseuropéens, aussi bien pour la prépa-ration d’une directive que pour le suivide sa mise en œuvre par les Etats.Nous avons étudié les pratiques à privilégier pour éviter d’être frappé depénalités par la Commission Euro-péenne, en détaillant précisément lemécanisme de suivi, des premièresobservations aux éventuelles sanc-tions et pénalités financières ; nous yavons abordé également la questiondes indicateurs de suivi, un sujet rela-tivement neuf, mais qui conditionnefortement le jugement des autoritéseuropéennes sur la mise en pratiquedes directives européennes par lesEtats. Car ici, chaque pays a sesusages, avec le risque que cela suppose de comparaisons entre paysutilisant des données mal harmoni-sées. En France, nous devons nousmontrer plus attentifs au contenu desinformations transmises à Bruxelles età leur interprétation à l’étranger.

Dans le domaine de l’eau, au seindu Comité européen de l’ASTEE,quels textes suivrez-vous avecune attention particulière aucours des mois à venir ?

Comme l’a indiqué le représentantde la Commission Européenne présentlors du congrès, les directives déjàadoptées répondent bien aux diffé-rents enjeux liés à l’eau.

Il serait inexact pour autant de parlerde pause réglementaire au niveaueuropéen ; en effet, certaines direc-tives vont être révisées, par exemple

pour les critères de potabilité ou lesboues d’épuration. Par ailleurs, uneactivité importante est en cours enmatière de normalisation. Il est donc essentiel de se montrer attentifà cette dimension européenne. LaFrance, si elle compte une forte technicité dans le domaine de l’eau et exporte son savoir-faire dans lemonde entier, n’a pas toujours su sel’approprier.

Quel est votre sentiment après lechoix de Marseille pour recevoirle Forum mondial de l’eau de 2012 ?

C’est une chance extraordinaire pourles acteurs français qui vont accueillirle monde entier. Le Forum va mobiliserde nombreux membres de l’ASTEE.L’association participe d’ores et déjà aux réflexions menées par lePartenariat Français pour l’Eau. LeForum de Marseille sera une ren-contre majeure, alors que se posent àl’échelle de la planète des enjeux telsque celui de l’accès à une eau potableet à un assainissement de qualité pourdes milliards d’habitants, sans oublierl’impact du changement climatiquesur les ressources en eau. ■

Gérard PAYEN (à gauche), Président du Comité des affaires européennes et internationales de l’ASTEE et Jean-Paul CHIROUZE (à droite), Président del’ASTEE.

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«Participer en amont à l’élaboration

du droit européen»

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travaillaient dans l'entreprise. Avec un taux de formation de 9,7 %, nouscaracolons en tête des sociétésoffrant une formation professionnelleen entreprise - un chiffre qui n'est pas valable qu'à Berlin. La qualité des prestations de la société estconfirmée par la certification de l'entreprise dans son ensemble,conformément aux standards envigueur pour la gestion de la qualitéet de l'environnement (DIN EN ISO 9001 et DIN EN ISO 14001).

Comment la Berliner Wasserbetriebe(BWB) se situe-t-elle au sein de la plate-forme technologiqueeuropéenne eau (WssTP) ?

Ces dernières années, BWB a collaboré avec plusieurs des groupesde travail du programme pilote sur le management de l'eau en zoneurbaine, sur des thèmes tels que lemanagement des infrastructures oul'évolution de la demande en eau desusagers. BWB est partenaire du projetde recherche «Prepared» financé parle 7e PCRD et Berlin sera une desdouze villes européennes offrant des sites de démonstration dans lep r o j e t p o u r l ' é v a l u a t i o n d enouvelles méthodes ou technologies.BWB a aussi rejoint un consortium -avec IWW Muelheim - en formationpour répondre à un appel à projetciblant des services urbains de l''auencore plus performants, avec enparticulier le développement deméthodes pour le management optimisé des infrastructures. La collaboration avec la plate-formeWssTP permet d'améliorer l'efficacitéR&D et d'accélérer l'obtention derésultats tangibles par l'échange

Plate-forme européenne de l’eau WSSTP :

Eau de Berlin, un des acteurs majeurs

Pouvez-vous nous présenter laBerliner Wasserbetriebe ?

La société Berliner Wasserbetriebeest la plus importante entreprise dugroupe Berlinwasser.

L'approvisionnement en eau à Berlinest une tradition de longue date del'entreprise, dont les débuts remon-tent à la construction d'une usine deseaux en 1856. Aujourd'hui, la BerlinerWasserbetriebe est un prestataire deservices moderne et écologique quidispose d'une technologie de pointe ;elle approvisionne 3,9 millions depersonnes en eau potable à Berlin etdans le Brandebourg. Outre l'approvi-sionnement en eau, la société prenden charge l'assainissement écolo-

gique des eaux usées, ce qui fait d'elle l'un des détenteurs de savoir-faire les plus importants dans lesecteur de l'eau au niveau interna-tional. Responsable à la fois de l'approvisionnement en eau potable etde l'assainissement des eaux usées de la capitale allemande, la BerlinerWasserbetriebe est la plus grandesociété intégrant cette double activitéen Europe. Les recettes s'élèvent à 1,2 milliard d'euros. Le résultat d'exploitation (EBIT) s'élève à 400,1 millions d'euros. En 2008, laBerliner Wasserbetriebe s'est enga-gée dans des projets d'investissementà hauteur de 232,9 millions d'euros. A la fin du mois de décembre 2008, 4 802 employées et employés

Le point sur la contribution de l'entreprise à la plate-forme technolo-gique européenne eau WssTP. Entretien avec Jörg SIMON, Présidentdirecteur général de Berliner Wasserbetriebe et directeur participationsde Berlinwasser Holding.

Jörg SIMON,Président DirecteurGénéral de BerlinerWasserbetriebe etDirecteurparticipations deBerlinwasser Holding

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Station de traitement des eaux de surface du Lac de Tegel (Berlin)

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géographiques. Par ailleurs, dans labranche, les différents prix sont encours de discussion.

Dans certains cas, les autorités anti-trusts allemandes vérifient queles prix sont équitables, en comparantavec d'autres sociétés du secteur.

Un des enjeux les plus importants,c'est le recul constant de la consom-mation directe d'eau. L'impact surles sociétés d'approvisionnement eneau et d'assainissement des eauxusées est sévère - en particuliercompte tenu du fait qu'une grandepartie des coûts des entreprises sontdes coûts fixes.

Tant que les modèles de tarificationen place refléteront de façon tropinsuffisante la structure des coûts dela branche, le champ d'action desentreprises diminuera.

A l'avenir, le législateur doit offrir uneplus grande flexibilité. En outre, lerecul de la consommation a des effetsdirects sur l'approvisionnement eneau et sur l'assainissement des eauxdans la région.

Le niveau des nappes phréatiquesmonte de nouveau, par exemple, et enraison des temps de séjour importantsdans les réseaux, ceux-ci sont mis àrude épreuve. ■

d'informations avec un réseau international d'experts, et par la collaboration sur des sujets clés et lamise en commun des efforts derecherche. Au niveau européen, lacoopération, la communication et lamise en réseau minimisent les risquesde financer des études régionalesredondantes et améliorent le «retoursur investissement en R&D», tout enaccélérant l'accès des exploitants auxnouvelles techniques dans l'ensembledes Etats membres.

Quels sont les enjeux à court,moyen et long termes ?

Actuellement, les entreprises d'approvisionnement en eau voientleur environnement et leur champd'action subir des modifications. Lesexigences relatives à la politique de l'environnement vont encore se renforcer, suite à la Directive CadreEuropéenne sur l'Eau, entrée envigueur en 2000.

Il faudra répondre aux exigences dequalité plus élevées par une augmen-tation des performances (grâce à unquatrième niveau de traitement dansla station d'épuration, par exemple).

Des investissements importantsattendent la société d'approvisionne-ment en eau et d'assainissement deseaux usées, qui devront être financés

par le prix de l'eau ou par des taxes. Ilreste également à éclaircir la questionde la gestion du conflit d'objectifs,résultat de l'augmentation significa-tive de la performance d'assainisse-ment : ceci réclame une quantitéimportante d'énergie, qui entraîne àson tour une augmentation des émissions de CO2.

Le changement climatique pose aussiun défi à la gestion de l'eau. Est-cequ'il faudra apporter des changementsà l'infrastructure, du fait de la modifi-cation des conditions climatiques ? Àl'avenir aussi, le secteur des eauxsouhaite garantir la sécurité élevée del'approvisionnement en eau - approvi-sionnement dont la qualité n'est plusà prouver.

Toutefois, les pronostics actuels rela-tifs au changement climatique sontencore vagues. Au début de l'année2009, le président de l'AgenceFédérale des Réseaux a relancé laquestion d'un modèle compétitif plusapproprié pour le secteur de l'eau enAllemagne.

Suite aux débats sur une possible libé-ralisation, le gouvernement fédéral aadopté en mars 2006 une stratégie demodernisation, qui fait en partie placeà des éléments de concurrence, maisprotège dans le fond les structuresexistantes, ainsi que les monopoles

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Station d’épuration de Ruhleben (Berlin)

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orchestre les efforts des différentsgroupes de travail.

Notre participation s'est révélée rapidement positive pour le Centre. Le projet de recherche FP7 «adapta-tion du secteur de l'eau aux impactsd u c h a n g e m e n t c l i m a t i q u e ,”Prepared”» initié par la plate-forme,et dont le KWB est l'un des trois coordinateurs, vient d'être sélectionnépar la Commission Européenne.

Quels sont les enjeux à court,moyen et long termes ?

Grâce à la plate-forme, le KWBaffirme sa position en tant qu'acteureuropéen du secteur de l'eau etaugmente considérablement sesopportunités de collaboration avecd'autres instituts et organisations derecherche.

Le KWB, avec ses partenaires, contri-bue à définir les priorités de rechercheet développement qui dessineront lestechnologies, pratiques et régulationsfutures dans le domaine de l'eau.

L'un des enjeux majeurs sur lequelnous concentrons nos effortsconcerne les changements environne-mentaux globaux. Les impacts deces changements, dès à présentmesurables, nécessitent un effortd'adaptation auquel le monde de larecherche se doit de contribuer activement et efficacement. ■

Que représente le KWB ?

Basé à Berlin, le KWB est une entreprise issue d'un partenariatpublic/privé, fondée en décembre2001 sous la forme juridique d'uneSARL reconnue d'utilité publique. Lesassociés du KWB sont Veolia, leBerliner Wasserbetriebe, ainsi que leTechnologiestiftung InnovationszentrumBerlin (TSB) qui représente le Sénatde Berlin.

Le KWB a pour mission de renforcer laposition de Berlin en tant que centreéconomique et technologique inter-national dans le domaine de l'eau.

Le KWB réunit en son sein des chercheurs issus des universités deBerlin et des instituts berlinois derecherche, ainsi que ceux du groupeBerlinwasser et de Veolia Eau.

Une telle combinaison permet auxassociés et aux partenaires de

réaliser les projets de recherche encoopération et d'apporter desréponses concrètes aux enjeuxactuels du secteur de l'eau.

Sous quelles formes le KWBapporte-t-il sa contribution à laplate-forme WssTP ?

Le KWB est membre de la plate-formeWssTP depuis 2008. Déjà largementprésent dans les projets de rechercheeuropéens (FP6-FP7), nous souhaitonsapporter l'expertise du centre etrelayer les réflexions développéesavec nos partenaires publics et privés.

Le KWB participe activement auxgroupes de travail «gestion des eauxde pluie», «ressources en eau alter-native», et «recharge artificielle desnappes».

Depuis janvier 2009, le KWB arenforcé sa position et préside lecomité de coordination, l'entité qui

Yann MOREAU-LE GOLVAN, directeur de recherche du KompetenzzentrumWasser Berlin (KWB), revient sur la façon dont l'entreprise, en qualitéde membre de la plate-forme européenne de l'eau, contribue au rayon-nement berlinois dans le domaine de l'eau.

Yann MOREAU-LEGOLVAN, directeurde recherche duKompetenzzentrumWasser Berlin (KWB)

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«Définir les priorités de la recherche qui dessineront les technologies,

pratiques et régulations futures dans le domaine du cycle de l’eau»

www.kompetenz-wasser.de

WssTP, Water Supply and Sanitation Technology Platform,

est la plate-forme européenne d’échanges dans les

domaines techniques et scientifiques de l’eau.

WSSTP constitue la structure de présentation et de coor-

dination pour les projets européens de développement de

nouvelles technologies en liaison avec la Commission

européenne (DG Recherche et DG Environnement).

Créée en 2005, présidée par Diane d’ARRAS depuis sa

création, elle réunit aujourd’hui 49 membres, dont l’UIE

qui est membre fondateur.

www.wsstp.eu

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potable à Nagpur en Inde. Le contratde Riyad a d'ailleurs été distingué«contrat de l'année» 2008 par leGlobal Water Intelligence. De même,une joint-venture a été mise en place avec Mubadala DevelopmentCompany (fonds souverain émiratipour soutenir le développement deVeolia Water AMI au Moyen-Orient et

Répondre aux besoins du Moyen-Orient

«Les interventions de Veolia Eau enAfrique, au Moyen-Orient et en Indes'inscrivent dans le cadre de partena-riats de long terme avec des États etdes villes, pour les aider à mettre enœuvre les politiques qu'ils ont défi-nies et qui contribuent à améliorerleurs services essentiels» : telle est lavision de Patrice FONLLADOSA, PDGde Veolia Water Afrique, Moyen-Orient et Inde (AMI). Veolia WaterAMI apporte ainsi à ses clients uneexpertise technique pointue, unsavoir-faire managérial approfondi etdes solutions sur mesure pourrépondre à leurs besoins et à ceux de

la génération future. En 2008, les acti-vités du groupe se sont renforcées,particulièrement au Moyen-Orient eten Inde, notamment avec la gestiondes services d'eau et d'assainisse-ment de Riyad, les contrats pour laconstruction et l'exploitation de deuxusines de traitement des eaux uséesà Abu Dhabi et d'une usine d'eau

Opérateur desservices d'eaupotable,d'assainissementet d'électricitédans les paysémergents,Veolia Water AMI - Afrique, Moyen-Orient, Inde - y dessert plus de 12 millionsd'habitants.

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Vue sur le réservoir d’eau dessalée, composé de deux compartiments d’une capacité de 80 000 m3 d’eau

potable chacun (soit une autonomie de l’équivalent de deux jours de consommation d’eau).

Vue sur le poste de post-traitement, où est reminéralisée l’eau dessalée en calcaire, fluor et chlore avant stockage.

L’USINE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER DE SÛR, DANS LE SULTANAT D'OMAN

Cette usine, d'une capacité de production de 80 200 m3/jour, va permettre l'approvisionnementen eau potable des 350 000 habitants de la région de Sharqiyah.

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en Afrique du Nord). «Dans les pays émergents, souligne PatriceFONLLADOSA, les contraintes sontnombreuses : raréfaction desressources en eau douce ; urbanisa-tion mal maîtrisée qui risque d'effa-cer les progrès obtenus en termesd'extension de la desserte ; crisefinancière mondiale qui réduit lescrédits nécessaires au développe-ment de nouvelles infrastructures ;négociations avec les autoritéspubliques pour assurer l'équilibreéconomique des services...». Faceà des réalités parfois difficiles, l'innovation sera toujours nécessaire.Veolia Water AMI y consacre d'importants moyens. «C'est en cesens que nous déployons, sur toutesces régions, une démarche intégrée d'accès aux services essentielsnommée ACCES. Cette ingénieriesociale sur mesure vise à adapter nosservices, capitaliser sur l'existant,créer des solutions innovantes,évaluer nos activités et sensibiliserles consommateurs.»

Sûr accueille une nouvelle usinede dessalement par osmoseinverse qui pourvoira aux besoinsen eau des 350 000 habitants de larégion

Veolia Eau, pour le compte du ministère de l'Economie nationale du

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N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 69

sultanat d'Oman, s'apprête à livrer, àla fin de l'année 2009, une importanteusine de dessalement par osmoseinverse située près de Sûr.

Chargée de sa conception et de saconstruction, via sa filiale Veolia EauSolutions & Technologies (VWS)et en consortium avec la sociétéBahwan Engineering Company, Veolia Eau est en charge égalementde son exploitation pour une durée de vingt-deux ans. L'usine, d'une capacité de 80 200 m3/jour, vapermettre l'approvisionnement en eaupotable des 350 000 habitants de larégion de Sharqiyah.

L'eau de mer est en majeure partiecaptée depuis une vingtaine de puitscreusés sur le rivage et en complé-ment par une prise d'eau en mer. Ce mode complémentaire d'approvi-sionnement offre une grande flexibilité en termes de débit dans laproduction d'eau potable et unegrande sécurité de fonctionnement,particulièrement en été, saison deprolifération d'algues.

Dans le cadre de cette nouvelle installation, l'eau de mer est soumiseà un prétraitement très poussé par flottation et filtres sous pression,permettant d'éliminer algues et résidus, quelle que soit la qualité de

l'eau. Elle est ensuite dessalée parpassage sous très haute pression àtravers deux étages de membranesd'osmose inverse (8 trains d'osmoseinverse au premier étage et 4 trains ausecond), puis reminéralisée en phasede post-traitement.

Afin d'optimiser le bilan énergétiqueet environnemental de l'installation,le projet a privilégié la récupérationd'énergie, qui constitue une partimportante de celle nécessaire aufonctionnement de l'ensemble.

Veolia Eau assure, depuis la signaturedu contrat en 2007, l'exploitation de l'usine de dessalement existante(d'une capacité de 12 000m3/jour)et a pris les commandes de lanouvelle unité.

«Avec cet important contrat de dessalement d'eau de mer parosmose inverse, Veolia Eau confirmesa place prépondérante dans laconstruction d'installations et laconception de technologies de dessalement, tant par osmose inverseque par technologie thermique, avec à ce jour 15 % des capacités installées dans le monde, soit 7, 418 millions de m3/jour,» conclutPatrice Fondallosa. ■

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Vue extérieure du hall de membranes d’osmose inverse.

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A Al Rusafa à Bagdad, le contratportant sur la conception, la fournitureet l'aide à la construction d'une usinede production d'eau potable présented'intéressantes caractéristiques detransfert de savoir-faire. Signé en association avec les sociétés Al Mabrook et Issam Al IraqiConstruction Contractors, groupementirakien, il porte sur la conception,l'achat des équipements et la forma-tion de personnel à la constructiond'une usine de production d'eaupotable de 910 000 m3/jour. Il permet-tra la fourniture d'eau potable à 4 millions d'habitants de Bagdad, qui jusque-là en étaient privés.Degrémont assurera la conceptiongénérale de l'usine, l'achat des équi-pements, leur livraison et la formationdes ingénieurs irakiens au montage età la mise en route de l'usine. La miseen œuvre du contrat s'effectuera intégralement dans les pays duProche-Orient où Degrémont est déjàprésent avec des équipes d'ingénieurs :en Egypte, en Jordanie et au Liban. Leséquipements seront livrés en Jordanieet le personnel irakien sera formé àleur utilisation et au déploiement surdes usines exploitées actuellement parDegrémont dans les pays limitropheset en France. D'un montant de 150 millions d'euros, ce contrat seraentièrement financé par le client final,Bagdad Water Authority, sous formed'acomptes. L'usine de très grandecapacité (910 000 m3/jour) complètera

le dispositif actuel de production d'eaupotable de la ville de Bagdad, quicompte aujourd'hui deux usinescomparables. Degrémont a réaliséplus d'une trentaine de projets de trai-tement d'eau en Irak, depuis le débutdes années soixante. A travers safiliale, Suez Environnement estprésent au Moyen-Orient avec desopérations aux Emirats Arabes Unis,au Qatar, en Egypte, au Liban, auBahreïn et en Jordanie. Au Qatar, deuxusines de recyclage des eaux uséessont en fin de construction, pour laville de Doha et la ville nouvelle deLusail. A Barka, à Oman, Degrémontconstruit une usine de dessalementd'eau de mer par osmose inverse,couplée avec une centrale construitepar GDF SUEZ Energy International.

Préserver la ressource en eau et assurer la sécurité sanitaire, faciliter laréutilisation des eaux usées, améliorer la gestion des boues pour mieuxles valoriser et diminuer le recours aux énergies fossiles… L'activité deDegrémont, filiale de Suez Environnement, tend vers un même objectif :optimiser le traitement de l'eau en fournissant à ses clients des usinesfiables et efficaces, qui s'intègrent pleinement dans leur projet écono-mique, social et environnemental. Le groupe a remporté récemmentplusieurs contrats à Bagdad pour la production d'eau potable, au Cairepour l'assainissement et, plus récemment, en Australie pour une usine dedessalement.

Degrémont contribue à la dépollu-tion de la Méditerranée et intensi-fie sa présence au Caire

Degrémont a signé près de 55 millionsd'euros de contrats pour la stationd'épuration du Caire, la plus grandeusine de traitement d'Afrique. En jeu,la conception, la construction et l'exploitation de l'extension de l'usined'épuration de Gabal El Asfar, enEgypte. L'usine, située à l'est du Caireet d'une capacité de 1 500 000 m3/jour,traite aujourd'hui les eaux usées de 9 millions d'habitants du Caire. La construction de l'extension de 300 000 m3/jour supplémentaires est entièrement financée par l'Etat égyptien. Cette extension permettra de desservir 1,8 million d'habitantssupplémentaires. Ce contrat de

Le Caire, Bagdad, Melbourne : protéger les ressources en apportant des solutions innovantes

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Design, Build, Operate (DBO), pour la plus grande usine d'épurationd'Afrique, porte sur un montant total de 34 millions d'euros pourDegrémont. La nouvelle tranchecomporte un dessablage-déshuilage,une décantation primaire, un traite-ment biologique pour l'élimination de la pollution carbonée et une clarifi-cation finale. Ce nouveau contrats'ajoute au renouvellement parl'Autorité publique en charge desinfrastructures d'eau et d'assainisse-ment (CAPW) du contrat d'exploitationde l'usine d'épuration existante deGabal El Asfar, pour une durée de troisans supplémentaires. Sur lapremière période d'exploitation(2005 à 2007), Degrémont amontré sa capacité à recruter,former et partager son savoir-faire avec le personnel local pouroptimiser le fonctionnement del'usine. Le transfert de savoir-faire aainsi permis d'augmenter la capacitéde traitement de l'installation de 25 %.A travers ces deux contrats, les auto-rités égyptiennes illustrent l'impor-tance de faire appel à la doublecompétence de concepteur-construc-teur et d'exploitant proposée parDegrémont pour ce type d'installationcomplexe. La présence de Degrémonten Egypte remonte à 1948, année quivit la construction de la première usinede production d'eau potable àSherbine, dans le delta du Nil.L'ensemble des stations d'eau potable,conçues et construites par Degrémontdepuis lors, alimente 70 % des 18 millions d'habitants de la région duGrand Caire.

Australie : plus important projet departenariat public-privé au mondedans le secteur du dessalement

Suez Environnement, au travers de safiliale Degrèmont, a remporté cet étéun contrat portant sur la constructionet l'exploitation de la plus importanteusine de dessalement d'Australiepour un chiffre d'affaires global de 1,2 milliard d'euros. Ce projet d'usinede dessalement d'eau de mer menépar l'Etat de Victoria a été conçu ausein du Consortium AquaSure (SuezEnvironnement/ Degrémont, Thiess,entreprise australienne de construc-tion et de services et Macquarie

Group, fournisseur international deservices bancaires, financiers, et degestion de fonds) et permettra derépondre à environ un tiers desbesoins en eau de l'agglomération deMelbourne dès la fin de l'année 2011.Il s'agit là du plus important projet departenariat public-privé au mondedans le secteur du dessalement. Ilprévoit le financement, la conceptionet la construction de l'usine d'unecapacité de 450 000 m3 d'eau potablepar jour et du réseau d'acheminementde l'eau de 85 km, puis l'exploitationde l'usine jusqu'en 2039. Le montanttotal de l'investissement s'élève à 2 milliards d'euros. Ce contrat repré-sente un chiffre d'affaires total de 1,2 milliard d'euros sur trente ans pourSuez Environnement et Degrémont,avec une phase de conception et deconstruction de l'usine d'ici décembre2011. Située à 80 km de Melbournesur le détroit de Bass, l'usine dedessalement d'eau de mer répondraaux exigences environnementales eténergétiques du gouvernement deVictoria, faisant appel aux technolo-gies les plus modernes de Degrémontet de ses partenaires.

A terme, une ligne de traitementsupplémentaire est envisagée pourassurer une augmentation de la capacité de production d'eau potableà 600 000 m3/jour. Comme Degrémontet ses partenaires procèdent pourchacun de leurs contrats, l'usine seratotalement intégrée dans son envi-ronnement et préservera le milieunaturel par la création d'un espaceécologique et la réduction de l'impactenvironnemental : toiture végétale,programme ambitieux de végétalisa-tion du site et protection de la faune.Par ailleurs, l'énergie nécessaire à laproduction et à la livraison de l'eaupotable sera à 100 % renouvelable,provenant notamment d'un nouveauparc éolien situé dans l'Etat deVictoria. Après l'inauguration de laplus grande usine de dessalement del'hémisphère Nord à Barcelone débutjuillet, cette nouvelle usine deviendrala plus grande entreprise de dessale-ment de l'hémisphère Sud, confirmantla position de Suez Environnement etDegrémont dans le domaine du dessa-lement d'eau de mer par osmoseinverse. ■

Maquette projet

Melbourne

Chantiers - Export

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 71

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Recherche et innovation

trée, elle est ensuite collectée et dirigée vers la sortie de l'Ecoskid™.

Toute la charge entrante a été accu-mulée à la surface et forme un«gâteau», qui doit périodiquementêtre éliminé par passage sous pres-sion de perméat chloré à contre-courant. C'est le rétrolavage. Son prin-cipe consiste à faire passer de l'eauultrafiltrée en sens inverse à traversles membranes, décollant et cassantles particules du «gâteau» qui sontalors évacuées par le circuit de rejet.

L'Ecoskid™ bénéficie d'un procédéparticulier et breveté : les modules sontrétrolavés les uns après les autres :

- dans un premier temps, l'eau bruteest ultrafiltrée par les modulesn'étant pas en rétrolavage ;

- c'est ensuite cette même eau ultrafil-trée qui alimente le(s) module(s) enrétrolavage via leur sortie eau traitée ;

- plus ou moins chargée, elle est alorsévacuée dans la bâche des rejets parles vannes de sortie de modules etpar celle de rétrolavage.

En outre, l'Ecoskid™ dispose de deuxautres fonctionnalités : un rétrolavageparticulier couplant air et eau, et unedéconcentration de la boucle degavage appelée «flush».

Une technique innovante pourune eau ultrafiltrée

A Gémenos (Bouches-du-Rhône), lastation d'eau potable intègre deuxunités Ecoskid™ chacune équipée de20 modules INEA™ (pour une produc-tion de 5 000 m3/jour). C'est en effetla solution d'ultrafiltration Aquasource,innovante et écologique, qui a étéchoisie par la communauté urbaineMarseille Provence Métropole pourréhabiliter l'usine.

Qu'est-ce que l'ultrafiltration ? Il s'agitd'une barrière physique qui retienttoutes les particules d'une taille supé-rieure à 0,01 micron : pollen, algues,parasites, bactéries, virus, germes etmolécules organiques. Le résultat estune eau parfaitement pure et limpide,avec un équilibre en sels minérauxmaintenu et une turbidité inférieure à0,1 NFU, dans tous les cas de figure.

Les unités équipées de membranesfonctionnant sous pression disposentde deux modes de filtration : letangentiel et le frontal. Jusqu'àprésent, ce dernier, pourtantmoins coûteux en énergie,n'était utilisé que pour traiterles eaux dites «faciles» ou«prétraitées». Grâce auxnouvelles fonctionnalités, il estdésormais utilisé pour le traite-

ment des eaux plus turbides ou avecdes variations de turbidité plus impor-tantes, comme c'est le cas avecl'Ecoskid™.

Cette gamme a pour principale qualitéd'accroître la compétitivité des unitésen réduisant le prix d'acquisition del'usine (jusqu'à 30 %) ainsi que celuides équipements annexes : pompes,bâches, etc.

En minimisant la surface au sol, ellecontribue aussi à la réduction des coûtsde génie civil. Ces unités, de par leurconception et leur process, pour unemême qualité d'eau brute, consom-ment jusqu'à 25 % d'énergie en moins.Après plusieurs années d'études ettests, la gamme Ecoskid™développéeet lancée par Aquasource en 2003,comptabilise plus de 25 références enFrance et à l'étranger.

Ultrafiltration et rétrolavage

Concrètement, l'eau brute est préfil-trée à 130 microns au travers d'undispositif de nettoyage automatique.

Le volume à traiter est mesuréau moyen du débitmètreavant d'être dirigé vers lesmodules d'ultrafiltration, etdistribué par les vannes d'ali-mentation. Sous l'effet de lapression, l'eau traverse lesmembranes ; une fois ultrafil-

72 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

L'ultrafiltration

de pointe

Les unités Ecoskid™ ont étédéveloppées pour mettre à ladisposition des exploitants unealternative plus économique etplus écologique que les tech-niques d'ultrafiltration tradi-tionnellement commercialiséessur le marché. Elles ont récem-ment été choisies pour équiperl'usine de production d'eaupotable de Géménos, dans lesBouches-du-Rhône. Explications.

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Ecoskid™

Aquasource

EauProcess

Madagascar

800 m3 jour

Ecoskid™ Aquasource Eaupotable 2000 m3 jour

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Recherche et innovation

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 73

PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE INEA™

- Abattement bactériologique et kystes > 7 log

- Abattement viral > 6 log

- Membrane à haut débit de filtration

- Excellente résistance mécanique

- Fréquence de régénération très réduite

- Certification eau potable : en France (DGS), USA (NSF), Japon (AMST)…

AQUASOURCE, CARTE D'IDENTITÉ

Aquasource est une entreprise de la division Technologies du groupe

Degrémont (Suez Environnement). Pionnière de l'ultrafiltration, elle parti-

cipe activement et mondialement depuis sa création, en 1984, aux avancées

technologiques du secteur, en plaçant les problématiques industrielles et

environnementales au cœur de ses préoccupations. Les procédés dévelop-

pés par son propre laboratoire de recherche lui permettent de proposer des

solutions d'ultrafiltration innovantes, performantes et écologiques pour le

traitement des eaux potables, des eaux industrielles ou le recyclage des

eaux. L'entreprise conçoit et fabrique des fibres et des modules intégrés par

des partenaires OEM (Original Equipment Manifacturer) ainsi que ses

propres unités compactes d'ultrafiltration. Cette double activité industrielle

garantit la maîtrise des procédés, leur fiabilité. Les usines de traitement

utilisant les membranes Aquasource sont installées dans plus de 25 pays

dans le monde et réparties sur plus de 260 sites.

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Ecoskid™ Aquasource 4000 m3 jour

Ceci a pour but d'améliorer l'efficacitédu processus et permet à l'Ecoskid™de traiter des eaux plus difficiles.Ainsi, par le biais d'une fréquenceprogrammable selon la qualité del'eau, l'Ecoskid™ augmente ou réduitautomatiquement les périodes derétrolavage et de flush, pour unemeilleure adaptation aux variations dela qualité de l'eau.

Par ailleurs, les unités Ecoskid™installées à Géménos sont aussi lespremières à être équipées avec lanouvelle membrane en triacétate decellulose, INEA™, développée parAquasource.

Le polymère triacétate de celluloseest peu sensible au colmatage et soncaractère très hydrophile permet desconsommations énergétiques minimi-sées (jusqu'à 50 watt/m3 d'eau traitée).

INEA™ est une membrane en fibrecreuse. La filtration se fait de l'intérieur vers l'extérieur. Afin depermettre une utilisation aisée, lesfibres sont assemblées dans unmodule et collées aux deux extrémi-tés par de la résine, ce qui assure uneséparation parfaite et permanenteentre l'eau brute et l'eau ultrafiltrée.De plus, ce matériau s'inscrit dans unedémarche de développement durablecar son fonctionnement nécessite peud'utilisation de produits chimiques. ■

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Ces actions ont plus particulièrementpour objet d'étudier, sous un anglepluridisciplinaire, les processus detransformation microbiologique deséléments polluants majeurs ou sousforme de traces. La finalisation étantd'épurer des effluents ou de traiter, entermes de réduction des quantités ou de détoxification, des résidus organiques solides.

Nos interventions se positionnentdonc en amont des milieux récepteursnaturels ou cultivés. Nos outilsd'étude sont des réacteurs biolo-giques. Les processus de transforma-tion des polluants sont en effet réalisés par des communautés microbiennes de composition, dediversité et de dynamique fonction-nelle complexes. Les caractéristiquesde ces communautés, ajoutées au faitque leur mise en œuvre ne peut seréaliser qu'en milieu «ouvert», nousconduisent à rechercher, pour chaquecas étudié, une action de dépollutionspécifique. Cette dernière estdéployée en orientant les réactionsmicrobiennes de transformation, parune intervention sur les conditionsopératoires du bioprocédé.

INRA : une meilleure protection

des ressources physiques

Pouvez-vous évoquer les originesdu Laboratoire de Biotechnologiede l'Environnement et nous dire àquelles fins il a été créé ?

L'histoire du laboratoire est particu-lièrement riche en événements. Elledébute en avril 1875, lorsque lecomice agricole de Narbonnedemande la création d'une «stationexpérimentale de viticulture et d'œnologie, avec un enseignementnomade…». Cette requête se voitsatisfaite le 10 janvier 1895 à traversla parution d'un arrêté ministériel.Provisoirement logée dans des locauxmis à disposition par une personnalitévigneronne, la Station de recherchesviticoles et œnologiques s'implanteen 1934 en bordure de la ville deNarbonne. La même année, la Sociétéde pêche de l'Aude adresse unedemande à la Station pour éviter queles poissons des différents coursd'eau ne meurent à la suite des rejetsdes caves et distilleries vinicoles.

Sensibil isé aux problèmes de pollutions urbaines et agricoles, leDirecteur de l'époque, MichelFLANZY, met en œuvre des solutionsphysico-chimiques associées à destests in vivo sur des ablettes.

Le «bouchon» est lancé : la diversifi-cation des coproduits et la valorisa-tion de sous-produits de la vigne sontparties prenantes des travaux derecherche d'une station œnologique.Cette idée ne s'est jamais éteinte et aconduit à la création du Laboratoire de Biotechnologie de l'Environnementdes Industries Agroalimentaires(LBEIAA) à la fin des années 1980. Et,suite à l'élargissement de ses domainesd'application, le LBEIAA devient le LBEau milieu des années 1990.

Unité propre de recherche de l'INRA,le LBE est rattaché aux départementsEnvironnement et Agronomie (EA) etMicrobiologie et Chaîne Alimentaire(MICA) ainsi qu'au centre INRA deMontpellier.

Quelles sont ses orientationsactuelles ?

Composé de trois équipes (microbio-logie moléculaire, ingénierie desprocédés, transfert technologique), leLBE mène aujourd'hui une recherchefondamentale et appliquée dans ledomaine du traitement des pollutionsliées au carbone, à l'azote, au phosphore, aux composés tracesorganiques et aux éléments microbio-logiques indésirables. Il a égalementune activité de valorisation de lamatière présente dans les rejets,notamment par production d'énergiesous forme de biogaz.

Le laboratoire conduit ses travaux derecherche et de développement dansle cadre du traitement biologique desrésidus solides et des effluentsliquides, d'origine domestique, agricole et agro-industrielle.

Considéré comme le principal responsable de l'effet de serre, le dioxyde decarbone (CO2) est issu de l'utilisation de combustibles fossiles. Les nouvellessources d'énergie devront donc présenter comme caractéristique, un bilanpresque nul en CO2. A ce titre, la production de bioénergies à partir de résidus issus de l'activité industrielle ou urbaine est particulièrement intéressante. Entretien avec Jean-Philippe STEYER, Directeur du Laboratoirede Biotechnologie de l'Environnement (LBE) de l’INRA de Narbonne.

74 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Jean-PhilippeSTEYER, Directeurdu Laboratoire deBiotechnologie del'Environnement(LBE) de l’InstitutNational de laRechercheAgronomique (INRA)

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Le LBE de l’INRA estrattaché aux

départements«Environnement et

Agronomie» et«Microbiologie et

Chaîne Alimentaire»ainsi qu’au Centre

INRA de Montpellier.

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Pouvez-vous détailler ce dernierpoint ?

Les processus de transformation deséléments polluants sont étudiés àdifférents niveaux :

• à l'échelle du processus, par caractérisation des cinétiques, dessystèmes clés physiologiques, des dynamiques de populations microbiennes ;

• à l'échelle du procédé, par le développement de nouveaux typesde procédés d'épuration, par l'optimisation de l'hydrodynamiqueou de la conduite des bioréacteurs,ainsi que par la mise en œuvre detechniques physico-chimiques deco-traitement.

La prise en compte de ces deuxéchelles a toujours guidé nos actionsde recherches. L'objectif étant dedévelopper des dispositifs de dépol lut ion, sous contraintes économiques et réglementaires, pourparvenir à des bioprocédés perfor-mants, fiables, sobres et évolutifs.

Dans le prolongement, et sans reniercette approche, nous tentons àprésent d'élargir l'échelle de nosrecherches. Il s'agit en particulierd'étudier et de proposer des filièresdurables de traitement des effluentset des résidus solides.

Le terme «durable» doit évidemmentintégrer, dans la définition et la miseen œuvre de systèmes de traitement,

Recherche et innovation

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 75

LA DIGESTION ANAÉROBIE

Ce procédé n'est autre que l'exploitation par l'homme d'un processus de

fermentation méthanogène de la matière organique. Les micro-organismes

métabolisent la matière organique en absence d'oxygène et produisent du

biogaz, composé de méthane et de gaz carbonique.

Les caractéristiques physico-chimiques du biogaz sont proches de celles du

gaz naturel, ce qui permet sa valorisation sous diverses formes :

- énergie thermique (chaudière ou groupe frigorifique) ;

- énergie mécanique (moteur à gaz, turbine à vapeur, turbine à gaz) ;

- production simultanée d'énergie thermique (chaleur ou froid) et de travail

par cogénération ;

- production simultanée de chaleur, de travail et de froid par trigénération ;

- carburant automobile (après purification poussée, compression et

stockage) ;

- injection dans le réseau de gaz de ville.

la contrainte économique (minimisa-tion des investissements, diminutiondes intrants de fonctionnement, optimisation et maintien des perfor-mances).

Ajouté à cela, il convient de tenircompte également de contraintesadditionnelles :

• environnementale (à savoir lamaîtrise de l'impact en termesquantitatif et qualitatif des produitsrésiduels de traitement sur lesmilieux récepteurs) ;

• sanitaire (en particulier la diminu-tion des risques liés aux élémentsorganiques, minéraux et microbio-logiques indésirables) ;

• sociétale (notamment la productiond'éléments objectifs d'innocuité, detraçabilité, pour renforcer l'accep-tabilité des systèmes de traitementproposés).

Pour répondre à cet objectif de déve-loppement de filières durables dedépollution, la démarche adoptéeconsiste, d'une part, à améliorer les technologies existantes et,d'autre part, à proposer de nouveauxsystèmes, voire de nouveauxconcepts. Pour ce faire, nous cherchons à profiter des multiplescompétences disciplinaires présentesau LBE : écologie microbienne, géniemicrobiologique, génie des procédéset mathématiques appliquées, pourne citer que les principales. ■

DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL

L'industrialisation d'un procédé SBR (de l'anglais

«Sequencing Batch Reactor »), en configuration aérobie,

a été réalisée en collaboration avec une société narbon-

naise : les Ateliers d'Occitanie. Les applications ont porté

sur des effluents très variés : caves vinicoles, eaux

blanches de coopératives fromagères du massif juras-

sien et de très petites fromageries de Haute-Savoie,

mélanges eaux blanches-lactosérum de fromageries

caprines, unités d'abattage et de conditionnement de

canards gras.... Au stade industriel, les résultats

obtenus sont excellents et, quel que soit le domaine

d'application, le coût du traitement des eaux usées

s'avère négligeable.

Le procédé SBR connaît un succès important en France

et les Ateliers d'Occitanie ont vendu leur 100e station SBR

en 2008.

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Les travaux de recherche et dedéveloppement s’inscrivent dans lecadre du traitement biologique desrésidus solides et des effluentsliquides, d’origine domestique, agricole et agro-industrielle.

Une recherche fonda-mentale pour le traite-ment des pollutionsliées au carbone, àl’azote, au phosphore,aux composés tracesorganiques et auxéléments microbiolo-giques indésirables.

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Publications

bleurs-dégraisseurs) est souventd'avantage lié aux débits d'eau à trai-ter qu'à leur teneur en déchets à élimi-ner. Cependant, le dimensionnementde certains traitements complémen-taires (traitement biologique desgraisses principalement) et desouvrages de stockage ainsi que lescoûts d'évacuation des déchets sontdirectement liés aux qualités et quan-tité de déchets, que l'expérience montretrès variables, et dépendent de para-mètres plus ou moins connus, tels quela longueur du réseau notamment.

Sauf cadre quantitatif commun fixépar le cahier des charges, et comptetenu de la forte variabilité d'un site àl'autre, qui rend impossible une prévi-sion précise des quantitatifs attendus,les offres des divers candidats rela-tives aux coûts d'évacuation de cesdéchets ne sont souvent pas compa-rables en pratique. Faute d'uneconnaissance précise des quantitésde déchets reçus sur un nouveau site,le SNITER propose pour éviter desécarts injustifiés dans les offres queles données de base des cahiers descharges soient fondées sur les valeursindiquées dans cette fiche et qui sontle résultat de retours d'expérience desentreprises membres et d'études duCEMAGREF.

Le SNITER, porte-parole des industries de traitement des eaux usées,

présente son expertise en fiches techniques

Fiche 1 - Délai d'étude conseilléd'un projet de traitement des eauxusées

L'expérience des entreprises adhé-rentes du SNITER montre que lesdélais de l'étude, de la réception dudossier de consultation dans l'entre-prise à la remise de l'offre chez lemaître d'ouvrage, sont souvent insuf-fisants pour réaliser des offres opti-misées d'un point de vue techniqueaussi bien qu'économique.

C'est pourquoi les membres indiquentdans cette fiche les délais raison-nables correspondants pour destailles d'usines données. Dans le prin-cipe, toute entreprise membre duSNITER peut demander à celui-ci d'in-tervenir auprès des donneurs d'ordreslorsqu'il s'agit de délais accordés pourla remise des offres. A cet effet, laprofession a établi des règles dedéontologie fondées sur des principesd'égalité et de confidentialité. Soit ledélai accordé pour l'offre est inférieurà celui qui est recommandé par leSNITER, soit le délai accordé estconforme mais des conditions parti-culières de l'appel d'offres nécessi-tent un délai supplémentaire pourprésenter des offres de qualité. Dansce dernier cas, deux membres au mini-mum doivent en avoir fait la demande.

Fiche 2 - Réceptions partielles

La prise de possession par le maîtred'ouvrage de certains ouvrages ouparties d'ouvrages est parfois néces-saire pour lui permettre d'assurer lacontinuité du service. Dans d'autrescas, la prise de possession partielleprésente un intérêt dans la prise encharge de l'usine de traitement d'eauou de boues. Les principes définisdans le CCAG(*) de travaux sont équi-librés et justes. Aussi, des possibilitésde réceptions partielles clarifieraientla situation et la responsabilité dechacun dans un cadre équilibré. Aprèsanalyse de la situation, le SNITERrecommande dans cette fiche que leCCAP(**) du Dossier de consultationdes entreprises prévoie lorsque c'estnécessaire les conditions d'applica-tion des réceptions partielles.

Fiche 3 - Déchets de prétraite-ment

L'objectif du prétraitement est dedébarrasser les eaux usées à traiterde déchets spécifiques qui poseraientproblème dans la suite du traitement.Le dimensionnement des ouvrages deprétraitement (dégrilleurs, dessa-

Le Syndicat National des Industries du Traitement des Eaux Résiduaires(SNITER) réunit des entreprises de toutes tailles spécialisées dans la concep-tion et la réalisation d'installations de traitement d'eaux résiduairesurbaines et industrielles, de traitement et de valorisation des boues. Ausein du SNITER, la Commission technique édite à l'intention des maîtresd’œuvre et maîtres d’ouvrage, des fiches techniques qui permettent d'apporter, sur des thèmes précis, un éclairage indispensable issu de l'expérience de ses membres.

Focus sur ces sept «modes d'emploi» par Didier LE TALLEC, Président de laCommission technique du SNITER et Directeur régional adjoint d'OTV FranceAgglomération parisienne.

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Didier LE TALLEC,Président de laCommissiontechnique du SNITERet Directeur régionaladjoint d'OTV FranceAgglomérationparisienne

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(*) CCAG : Cahier des clauses administratives générales(**) CCAP : Cahier des clauses administratives particulières

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Fiche 4 - Traitement biologiquedes graisses

Les graisses peuvent être endogènes,produites sur le site même desstations d'épuration, au niveau desunités de dégraissage mises en placedans le cadre du prétraitement deseaux brutes, ou exogènes, issues d'untraitement de capture externe (restau-rants, collectivités, industriels, autresstations d'épuration…) et dépotéessur le site de la station d'épuration envue de leur traitement avec lesgraisses endogènes. Les graisses fontl'objet d'une séparation lors duprétraitement des eaux brutes. Onassiste à un fort développement de laréalisation, dans les stations de traitement d'eaux usées, d'unités de traitement biologique propres auxgraisses. Leur objet principal est detraiter les graisses par une biomassespécifique, jusqu'à ce qu'elles soientplus facilement assimilables par labiomasse présente dans le réacteuroù elles seront ensuite égalementtransformées en biomasse. Onconstate parfois une tendance àoublier l'objectif normal du traitementbiologique des graisses, et à dériververs un traitement biologique quasi-ment complet, avec des exigences deperformances extrêmes, inutilementonéreuses, et dépassant les besoinsprécédemment exprimés.

Cette fiche reprend les performancesminimales que l'on est en droit d'attendre sur ce type de filières, et cedans un cadre de dimensionnementraisonnable. Elle se base sur le retourd'expériences partagées des entre-prises membres du SNITER.

Publications

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 77

Fiche 5 - Phosphore dans les eauxusées

Dans les zones sensibles à l'eutrophi-sation des milieux récepteurs, les eauxusées sont usuellement traitées pourabaisser leur teneur en phosphore. Le traitement du phosphore est réalisépar une combinaison variable de trai-tement biologique (avec réalisationd'une partie du traitement en zoneanaérobie) et de traitement chimique(précipitation par un sel métallique).Un gros effort a été fait depuis unequinzaine d'années pour réduire lesrejets phosphorés dans les eaux usées domestiques et industrielles.Concrètement, l'expérience du SNITERmontre que les concentrations enphosphore ont baissé très sensible-ment. Cette évolution des rejets dephosphore devrait permettre un gainen investissement (équipements etstockages de réactifs) et, surtout, encoût d'exploitation (réactifs). Or lesmembres ont constaté que des appels d'offres prennent les valeursanciennes de production de phosphorepar Equivalent Habitant comme référence, entraînant une mauvaiseoptimisation des traitements et dessurcoûts bien inutiles. A défaut d'ana-lyses, le SNITER propose dans cettefiche les hypothèses de charges enphosphore, ainsi que la compositionde ce phosphore à prendre en comptedans les données de base du Dossierde consultation des entreprises.

Fiche 6 -Traitement des odeurs

Les entreprises du SNITER rencon-trent à l'occasion de la lecture de

dossiers de consultat ion des entreprises des impositions de filièrede traitement d'air vicié accompa-gnées d'exigences de performancesincompatibles. Les entreprises dans le cadre de cette fiche font des propositions raisonnables en termesde faisabilité pour des installations detraitement d'air.

Cette fiche reprend alors les perfor-mances en termes d'unité d'odeur maisaussi de concentration que l'on est endroit d'attendre en fonction du type defilière de désodorisation choisi.

Fiche 7 - Bilan d'exploitation

Cette fiche présente de façon synthétique la manière dont un biland'exploitation devrait être établi lorsd'un projet de station d'épuration.Destinée à donner une vision objec-tive de l'ensemble des coûts directsengendrés par une station d'épura-tion, la Commission techniquepropose un modèle de bilan sousforme de tableur Excel qui reprend lespostes de coûts rencontrés.

L'objectif affiché et voulu par lesentreprises membres est qu'à partirde ce modèle les maîtres d'ouvragepuissent analyser clairement lesdépenses et comparer de façon aiséeles différentes offres concurrentes.Les entreprises recommandent aussique la charge polluante à prendre encompte dans les bilans soit bienannoncée et expliquée dans le dossierde consultation afin de ne pas engen-drer de biais dans les comparatifsd'offres. ■

www.sniter.comrubrique «Publications»

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Publications

l'Artisanat, des Travaux publics et duPaysage (CNATP), le Service deRecherche et d'Ingénierie en Protec-tion Sanitaire (SRIPS), les IndustrielsFrançais de l'Eau de Pluie (IFEP) etl'Association française des pompes etagitateurs, des compresseurs et de larobinetterie (Profluid). Le CSTB a aussiparticipé au titre d'expert.

Le résultat ? Un document d'une vingtaine de pages, qui détailles u c c e s s i v e m e n t l e s a s p e c t s réglementaires et financiers, laconception et la mise en œuvre desinstallations, leur surveillance et leurentretien, et qui comporte en soncentre un schéma détaillant deuxsolutions d'installation.

«Le texte explicite les obligationsréglementaires et fait également des recommandations, les deuxaspects étant distinctement présen-tés», tient à préciser Bernard deGOUVELLO. L'ensemble, volontaire-ment didactique, permet de répondreaux interrogations de tous les instal-lateurs, qu'il s'agisse de maçons, deplombiers, de couvreurs, etc.

Tiré à 50 000 exemplaires, laplaquette sera distribuée dans lessemaines qui viennent auprès de tousles organismes concernés, à chargepour eux de les diffuser auprès deleurs adhérents. Une demi-journée deprésentation de ce travail est égale-ment prévue avant la fin 2009. ■

Plaquette sur la récupération

des eaux de pluie

Arroser son jardin, laver sa voiture,remplir sa piscine… : l'eau de pluieest une ressource naturelle inépui-sable, qui cumule les avantagesécologique et financier. L'arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l'intérieur et à l'extérieur des bâtiments a su concilier la nécessitéde répondre à l'engouement croissantpour cette récupération et celle degarantir la sécurité sanitaire desconsommateurs dans l'utilisationd'une eau qui n'est pas potable. Maisil était nécessaire qu'il s'accompagne

d'un certain nombre d'ou-tils pratiques, pour assis-ter les professionnelsdans la conception et lamise en œuvre desinstallations de récupé-ration. C'est chose faiteavec la plaquette intitu-lée «Systèmes d'utilisa-tion de l'eau de pluie,règ les e t bonnespratiques à l'attentiondes installateurs»,éditée conjointementpar le ministère del'Ecologie, de l'Energie,du Développementdurable et de la Mer( M E E D M ) e t l eministère de laSanté et des Sports.

Un outil didactique

C'est Bernard de GOUVELLO, ingé-nieur-chercheur au Centre Scienti-fique et Technique du Bâtiment(CSTB), qui a animé le groupe detravail à l'origine du texte. Son objec-tif ? « Proposer un outil à la fois opéra-tionnel, rapide, fiable, pédagogique. »

Afin de donner toute sa légitimité aupropos, le groupe de travail a égale-ment réuni un panel de représentantsd'organismes concernés par l'installa-tion, notamment la Fédération Française du Bâtiment (FFB), laConfédération des Artisans et desPetites Entreprises du Bâtiment(CAPEB), la Chambre Nationale de

Une plaquette vient d'être éditéepar les ministères de l'Ecologie etde la Santé, ainsi que le CentreScientif ique et Technique duBâtiment, pour aider les installa-teurs dans la mise en œuvre dessystèmes de récupération de l'eaude pluie.

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Le Guide GCEE / CRAMIF

récompensé au salon BATIMAT

Le guide «Prévention des risques lorsde la réhabilitation d'un châteaud'eau» élaboré conjointement par la CRAMIF, Caisse Régionaled'Assurance Maladie d'Ile-de-France et le GCEE, syndicat profes-sionnel regroupant les entreprisesdu Génie Civil de l'Eau et del'Environnement, a été récompenséle 5 novembre 2009 lors du salon BATIMAT.

«Ce prix est une reconnaissanceimportante et ut i le de notredémarche de qualité et de sécurité»se félicite Gérard LECA, président du GCEE.

Ce guide annoncé dans l'EcoleFrançaise de l'Eau de décembre de2007, a été finalisé dans son conte-nu en juin 2008 et diffusé dès septembre 2008. L'Objectif partagédes organismes de prévention et desentreprises est d'améliorer la sécuri-té et les conditions de travail dessalariés, de promouvoir les solutionsles mieux adaptées aux risques et defaciliter les choix techniques sur lesmatériaux ou les dispositions à pré-voir. A cet effet, ils visent à faire

bénéficier l'ensemble desintervenants des disposi-tifs de sécurité mis aup o i n t c e s d e r n i è r e sannées.

Depuis 30 ans la réhabili-tat ion des châteauxd'eau et réservoirs s'estaccélérée en raison duv e i l l i s s e m e n t d e souvrages et de la néces-sité de la adapter auxn o r m e s a c t u e l l e s .Ainsi, plusieurs cen-taines d'ouvrages sont

réhabilités chaque année.

La rénovation d'ouvrages étant unediscipline transversale recouvrantplusieurs domaines techniques etrèglementaires, la CRAMIF et leGCEE ont souhaité à travers ce guidefaire le point sur les problèmes ren-contrés et sur la prévention desrisques encourus lors de ce typed'opération.

Le guide porte sur l'évaluation desrisques et le choix des mesures deprévention et des pratiques en liai-son avec les entreprises et dans lestrict respect des différents aspectsde la réglementation (environne-ment, technique, sécurité …).

Ce guide s'adresse aux Maîtres d'ou-vrage, aux Maîtres d'œuvre, aux

coordonnateurs de sécurité, auxorganismes de prévention, auxentreprises et, bien sûr, aux premiersconcernés, les salariés.

Pour les différentes problématiquesrencontrées, le guide recense lesmoyens existants et les bonnes pra-tiques en mettre en œuvre. Le rôledu maître d'ouvrage est particulière-ment détaillé à chaque étape, car ilest souvent concerné en amont.

Enfin, le rappel des références régle-mentaires et de la documentationexistante permettent au lecteurd'approfondir les connaissancespour une application plus adaptée àchaque cas particulier.

Le guide est bâti en 13 fiches théma-tiques allant du diagnostic initial auxrisques routiers, en passant les tra-vaux en hauteur, la mise en œuvredes résines, le revêtement defaçades et de couverture …. ■

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Gérard LECA,Président du GCEE

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Le guide est consultableet téléchargeable gratuitement sur les sites gcee.fr et cramif.fr

Publications

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 79

Page 82: Dossier : EUROPE · - 75011 Paris • Editeur Conseil: Jean-Pierre KALFON - Éditions OPAS • Comité de Coordination et Régie Publicitaire : Editions OPAS - 41, rue St-Sébastien

Une thématique majeure

Lutte contre le réchauffement clima-tique, raréfaction des ressources, maîtrise de l'énergie, contrôle de l'impact des déchets sur le milieunaturel… La protection de l'environ-nement s'avère aujourd'hui un vecteurprioritaire en termes de recherche etde développement. A cet effet, l'ESITCde Cachan a conçu le «Pavillon del'eau et de l'environnement». Cettestructure, édifiée sur le campus del'Ecole Spéciale des Travaux Publics(ESTP), vient désormais élargir etactualiser les domaines de compé-tence des laboratoires du site, historiquement dédiés à la construc-tion, en développant une activité derecherche dans le domaine du traitement de l'eau.

Les moyens pédagogiques

«Le secteur du bâtiment et des travauxpublics, souligne Hervé FOMBARONDirecteur de l'ESITC de Cachan, offredes métiers à multiples facettes, où latechnique, le commercial, le juridique,la gestion, le travail d'équipe et lafierté de bâtir des ouvrages uniques,témoins de leur époque, façonnentdes vies professionnelles capti-vantes… Des métiers aux valeurshumaines, dans lesquels le respectdes autres et de leur travail est la cléd'une intégration réussie.»

C'est donc dans un contexte d'exi-gence que l'ESITC accueille les futursingénieurs. Ces derniers, formés parles responsables du laboratoire à unedémarche «recherche et développe-ment», doivent eux-mêmes initier etmener à bien des projets industriels.Ainsi, les élèves de quatrième annéeréalisent trois travaux pratiques aucours desquels sont développées troisphases essentielles à la dépollutiond'une eau en vue de son usage commeeau potable :

Habilitée par la Commission des titres d'ingénieur depuis 1992, l'EcoleSupérieure d'Ingénieurs des Travaux de la Construction de Cachan (ESITCCachan) se fixe une double mission : former les jeunes bacheliers au métierde constructeur et, au-delà, leur permettre de trouver un emploi.

• la décantation-coagulation-flocula-tion, dont le pilote permet aux étudiants de comprendre à échelleréduite les mécanismes des stationsde traitement d'eau potable ;

• le traitement des différents polluantschimiques (silice, fer, agressivité del'eau, PH trop ou pas assez élevé)afin de sensibiliser au mieux les étu-diants aux différentes sources natu-relles ou indirectes de pollutiond'une eau ;

• le traitement des différents polluantsd'origine biologique (nitrates,nitrites, sulfates, phosphates) afin dedémontrer les impacts de l'activitéhumaine, de l'agriculture et des éle-vages sur la qualité des eaux.

L'investissement matériel

Le Pavillon de l'eau et de l'environne-ment comporte 14 paillasses. Il estéquipé pour qu'y soient effectués destravaux pratiques sur le thème du traitement de l'eau et des analysesphysico-chimiques de la qualité des eaux.

L'ESITC de CachanUn Pavillon de l'eau et de l'environnement

Formation

Olivier AUCOUTURIER,Directeur technique

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80 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

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Est présent actuellement dans le labo-ratoire l'ensemble du matériel de base :produits chimiques, hottes, balances,étuves, centrifugeuses, distributeursd'eau ultrapure, burettes manuelles etphotomètres, osmoseurs inverses…

D'autres équipements sont amenés àvenir compléter le parc expérimental,comme un titrateur potentiométrique,un chromatographe, un spectroscoped'émission optique ou un spectromètred'absorption atomique.

Des équipements plus spécifiquesseront nécessaires en fonction de lathématique de recherche qui seraretenue (montage de lixiviation,colonne de filtration, analyseur demétaux lourds…).

L'ESITC a également acquis un piloteautomatisé de coagulation-floculation.Cet appareil permet d'observer demanière ergonomique et pédagogiqueles différentes phases qui conduisentd'une eau chargée (feuilles, boue,algues, particules colloïdales) à uneeau claire apte à être traitée pour lapotabilisation.

Le développement de la recherche

Créer de toutes pièces puis développerune activité de recherche ne peut sefaire qu'avec des partenariats, lesquelsont été initiés depuis près d'une annéeavec divers établissements et qui doivent se concrétiser dans les mois àvenir.

Un conseil scientifique - sous la présidence de M. SAUNIER, PrésidentDirecteur Général de l'entreprise BTRIndustrie spécialisée dans le domainede l'eau, et regroupant d'ores et déjàdes représentants de grandes entre-prises du secteur de la construction(Colas, VINCI, Eiffage…), de l'USIRF(Union des Syndicats de l'IndustrieRoutière Française) ainsi que des repré-sentants du Laboratoire central desPonts et Chaussées et de l'ESTP (EcoleSpéciale des Travaux Publics duBâtiment et de l’Industrie) - aura pourmission de préciser les grandes orien-tations à retenir et de donner ses direc-tives aux personnes chargées de déve-lopper la recherche appliquée sur cethème.

Deux thématiques se dégagent etseront présentées à la prochaineréunion de ce conseil.

- La première porte sur la gestion de lapollution générée par les chantiers,pollution potentiellement contami-nante pour les eaux.

- La seconde étudie les moyens deconfinement des pollutions pour lapréservation de la qualité des eauxsuperficielles et souterraines. Les

ouvrages concernés sont les cellulesde stockage des déchets, les lagu-nages, les bassins d'infiltration oud'écrêtement de crue ou, plus géné-ralement, les barrières de rétention.

Enfin, le projet d'un sujet de thèsecoencadré par l'ESITC et une école doc-torale sera proposé dans l'année àvenir, en partenariat avec une entre-prise du BTP, sans doute dans le cadred'un contrat CIFRE.

Ces travaux, en lien avec des entre-prises ou des organismes extérieurs,génère une autre manière de découvrirle monde du travail. Et, comme tient àle préciser Olivier AUCOUTURIER,Directeur des études : «Mon souci estde maintenir un dialogue permanentavec les entreprises, dont le dévelop-pement entraîne une perpétuelle adap-tation de l'enseignement. Que ce der-nier soit en parfaite adéquation avecles exigences du secteur professionnelreste une de mes préoccupations prin-cipales.»

L'ESITC tient par ces différents atoutsà se positionner favorablement dans lecircuit de recherche et de développe-ment, préconisé par les différents orga-nismes de l'enseignement supérieurfrançais. ■

www.esitc-cachan.fr

Formation

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Hervé FOMBARON, Directeur de l’ESITC

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 81

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Quels sont les principaux apportsde l'Académie de l'Eau ?

Parmi les apports les plus originaux del'Académie de l'Eau, il convient deciter la prise en compte de la dimen-sion socio-culturelle dans la gestiondes ressources et des usages de l'eau.Pour ce faire, elle a organisé uneexposition intitulée «L'esprit de l'eau»au cours du 3e Forum Mondial de l'Eau en mars 2003 dans le Jardin botanique de Kyoto. Puis avec leSecrétariat International de l'Eau, elle a lancé, lors du 4e Forum en mars2006 à Mexico, les Rencontres inter-nationales «eau et cinéma», qui ont été renouvelées au 5e Forumd'Istanbul en mars 2009. L'Académiea également joué et joue encore unrôle important pour promouvoir lareconnaissance du droit à l'eau.Beaucoup grâce à elle, ce nouveaudroit figure à l'article premier de la Loisur l'Eau et les Milieux Aquatiques(LEMA) de décembre 2006. Elle poursuit son action sur cette délicatequestion au niveau international, touten travaillant à définir la notion de droit à l'accès à un assainissementde base.

Quels sont les grands chantiersen cours ?

Il faut souligner à ce propos la forteimplication actuelle de l'Académiedans deux domaines particulièrementcomplexes et sensibles. Il s'agit de lagestion concertée des eaux transfron-talières, notamment les systèmesaquifères transfrontaliers sur lesquelselle travaille actuellement, à lademande de l'Agence Française deDéveloppement, en partenariat avec le Programme Hydrologique Interna-tional (PHI) de l'UNESCO, le Bureau de

La parole à l’Académie de l’Eau : favoriser la nécessaire intégration

des multiples aspects de la gestion de l'eau

Quelles sont les caractéristiquesde l'Académie de l'Eau ?

L'Académie de l'Eau a été créée en1993 à l'initiative du ministère del'Environnement et des six comités debassins français. Son Président fondateur était le Professeur JeanDAUSSET, Prix Nobel de Médecine,récemment disparu. Elle est actuelle-ment présidée par le Professeur Marc GENTILINI, ancien Président de la Croix-Rouge française et Présidenthonoraire de l'Académie Nationale de Médecine. Parmi les nombreusesassociations du secteur de l'eau,l'Académie de l'Eau occupe une placeoriginale par sa composition, par savocation comme par ses méthodes de travail. Sa composition, largementpluridisciplinaire - des sciencessociales et humaines aux sciences del'ingénieur -, ne comprend pas seule-ment des spécialistes de l'eau, maisaussi des responsables économiquesou politiques, et des représentants dela société civile. Un certain nombre deses membres sont issus d'autres paysindustrialisés ou en développement.Sa vocation, transversale et intersec-torielle, favorise la nécessaire inté-gration des multiples aspects de lagestion de l'eau. Ses méthodes detravail sont fondées sur les enseigne-ments tirés de l'expérience concrète,

puis la conceptualisation et enfin leretour à l'expérience du terrain ; elless'appuient sur des groupes de travail,thématiques ou régionaux, dont lesréflexions et les propositions sontdébattues et mises au point lors decolloques ou de manifestations internationales.

Cette organisation ne doit-ellepas s'adapter à un contexte enconstante évolution ?

Depuis quelques mois, en effet,l'Académie de l'Eau participe active-ment à un processus de rapproche-ment avec l'Association Scientifiqueet Technique pour l'Eau et l'Environ-nement (ASTEE), la Société Hydro-technique de France (SHF) etl'Association Française pour l'Eau, l'Irrigation et le Drainage (AFEID), avec lesquelles elle collaborera plusparticulièrement sur les sujetssuivants. Il y a tout d'abord deux axesà enjeux techniques que sont lagestion des aires d'alimentation descaptages au regard de la maîtrise descontaminations diffuses (agricoles etautres), et la restauration hydroécolo-gique des milieux aquatiques, enparticulier dans sa dimension hydro-morphologique. Viennent ensuitedeux axes à enjeux socio-écono-miques forts : les capacités contribu-tives et externalisées, et la mise enplace des programmes de mesures ausens de la Directive Cadre Euro-péenne sur l'Eau (DCE) et leur suivi-évaluation. En axe prospectif, noustravaillons sur la prise en compte duchangement global, dont l'évolutionclimatique, dans la gestion multi-usages de la ressource en eau.

Jean-Louis OLIVER, Secrétaire général de l'Académie de l'Eau, exposeles missions et le fonctionnement de l'institution et présente les princi-paux chantiers en cours. En fil rouge des préoccupations de l'Académie,le droit à l'eau et à l'assainissement.

Jean-Louis OLIVER,Secrétaire généralde l'Académie de l'Eau

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Istanbul

5ème Forum Mondial

Actualités

82 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

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Recherches Géologiques et Minières(BRGM) et l'Office International del'Eau (OIEau). Est en cours égalementune réflexion sur l'alimentation en eaupotable et l'accès à l'assainissementdes populations en situation de crise(catastrophes naturelles ou technolo-giques, troubles intérieurs ou Etatsfragiles, conflits armés), en partena-riat avec le Groupe Urgence-Réhab i l i ta t ion -Développement(URD), spécialisé dans le secteurhumanitaire. Enfin, conformément àsa vocation, l'Académie réfléchitd'ores et déjà dans la perspective du6e Forum mondial de l'eau que laFrance accueillera à Marseille enmars 2012. Elle le fait en étroite liai-son avec le Partenariat Français pourl'Eau (PFE) dont elle est un desmembres fondateurs, tout en conti-nuant à coopérer avec ses autrespartenaires naturels, publics, privés etassociatifs. ■

Depuis sa création en 1993,

l'Académie de l'Eau travaille

pour une meilleure prise en

considération de la dimen-

sion culturelle de l'eau.

Cette année, à l'occasion du

5e Forum de l'Eau qui s'est

déroulé du 16 au 22 mars

2009 à Istanbul, elle a orga-

nisé le 17 mars au pavillon

du Conseil Mondial de l'Eau

une table ronde internatio-

nale de haut niveau intitulée

«Les Médiateurs de l'eau»

et a inauguré le même jour,

sur l'Espace France, un site

Internet interactif dédié aux

relations entre l'eau et la

culture. Ce site, hébergé à

l'adresse www.eaudiversi-

teculturelle.org, se compose

de plusieurs rubriques qui

couvrent des thèmes très

variés, tels que : «l'eau

dans les mythologies» ;

«rites et pratiques quoti-

diennes liés à l'eau» ; «lien

L'EAU ET LA CULTURE SUR LA TOILE

entre l'eau, les arts et les

civilisations» ; «eau, sciences

et techniques» ; «rivières,

écologie et aménagements» ;

«eau, santé et environne-

ment» ; «eau et organisation

politique et sociale». Une

partie du site est consacrée

plus spécifiquement aux

exemples pratiques et aux

cas de terrain. Enfin, une

rubrique est réservée aux

recommandations adres-

sées aux divers acteurs

œuvrant dans le domaine de

l'eau.

Pour l'Académie de l'Eau,

l'ouverture de ce site répond

à un enjeu double : d'une

part mettre en valeur et

rendre publics les travaux

réalisés dans le passé dans

le domaine des relations

entre eau et culture, et

d'autre part ouvrir un lieu de

dialogue et d'enrichisse-

ment sur cette thématique

extrêmement large. L'outil

interactif développé permet

en effet d'accueillir toutes

sortes de contributions

signées aux différentes

rubriques. Les internautes

peuvent également engager

des discussions théma-

tiques dans le blog. Par

ailleurs, l'Académie de l'Eau

fait régulièrement connaître

l'avancement de ses travaux

grâce à un «flash d'informa-

tion».http://www.eaudiversiteculturelle.org/

Académie de l’eau

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Actualités

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 83

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Actualités

Le succès croissant du ForumMondial de l'Eau, qui lors de sa pré-cédente édition à Istanbul a réuniprès de trente mille personnes, estsans doute avant toute autre chosele signe d'une prise de conscience :l'eau non potable est la premièrecause de mortalité dans le monde.

On sait hélas que l'urbanisationcomme le réchauffement climatiqueaggraveront encore ce phénomène dramatique. Dans ce contexte, lechoix de la ville de Marseille pour

accueillir en 2012 la 6e édition duForum paraît récompenser l'engage-ment dans ce domaine de notrepays, qui s'est doté d'une politiquede l'eau depuis 1964. «La Francedoit avoir un rôle moteur pour repla-cer ce sujet en tête des objectifspour le développement», a soulignéChantal JOUANNO, secrétaire d'Etat à l'Ecologie.

Chantal JOUANNO, Jean-LouisBORLOO, ministre de l'Ecologie, etJean-Claude GAUDIN, maire de

Marseille, entendent inscrire le 6e Forum dans la continuité de sesprédécesseurs, tout en mettant l'accent sur une nouvelle gouvernan-ce autour du modèle du Grenelle del'Environnement, ainsi que sur lethème du droit d'accès à l'eau et àl'assainissement au bénéfice despays les plus pauvres.

Des discussions commenceront l'anprochain au niveau des régions etdes continents, avant de passer auniveau mondial lors du Forum. ■

Marseille accueillera le prochain Forum Mondial de l’Eau

Jean-Claude GAUDIN,Maire de Marseille,Vice-président du Sénat

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©DR Marseille

Depuis le 1er Octobre 2009, EricDEHOUCK est nommé DirecteurGénéral de Aquasource. Il prendcette responsabilité après avoirexercé plusieurs fonctions enmarketing et vente notamment

a u x U S A e t a u C a n a d a .Aujourd'hui, 85% des communesfrançaises qui sont équipées demembranes d'ultrafiltration eneau potable utilisent des mem-branes Aquasource. ■ Eric DEHOUCK, Directeur Général d’Aquasource

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Nomination de M. Dehouck

à la tête d’Aquasource

84 L’école Française de l’Eau N°14 - NOV. 2009

Marseille accueillera le prochain Forum Mondial de l’Eau

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Alain Rousse, ingénieur électricien,ancien élève de l ' Inst i tut duCommerce Extérieur et du Collège desHautes Études de l'Environnement, a débuté sa carrière à la DATAR au sein du Ministère de I'Equipement.Il est actuellement Directeur GénéralAdjoint d’OTV SA, et PrésidentDirecteur Général de MSE, sociétéqu'il a créé en 1998. Il est égalementPrésident de l'UIE (Union Nationaledes Industries et Entreprises deI'Eau et de I'environnement).

Depuis la création en 1979 de l'AFITE,comme l'a rappelé Alain ROUSSE sonnouveau président lors du colloqueorganisé à l'occasion du trentièmeanniversaire de l'association, lemétier d'ingénieur conseil a considé-rablement évolué. Il est dorénavant unvéritable professionnel de l'environ-nement industriel et agit, indépen-damment de toute considérationpartisane ou politique, au cœur mêmede l'activité de l'entreprise, tour à tourconseiller auprès des décideurs,

animateur d'équipes, facilitateur,expert et chef d'orchestre au sein del'entreprise. Ainsi l'AFITE, associationforte de 1200 adhérents, est-ellereconnue par l'ensemble des acteursprivés et publics comme un acteurmajeur dans le domaine de la réduc-tion des nuisances industrielles. ■

N°14 - NOV. 2009 L’école Française de l’Eau 85

Le Conseil d'Administration de I'AFITE (Association Française des Ingénieurset Techniciens de l'Environnement) élu lors de I'Assemblée Générale du 9 iuin dernier a désigné son nouveau Président en la personne d'Alain ROUSSE.

Alain ROUSSE, nouveau Président à I'AFITE

Alain ROUSSE,nouveau Président de l’AFITE

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Le 16 septembre dernier s'est tenuel'Assemblée Générale de l'UIE (Union Nationale des Industries etE n t r e p r i s e s d e l ' E a u e t d el'Environnement), organisée, cetteannée à Drulingen, en Alsace, par lasociété SOTRALENTZ.

Cette journée a donné lieu à la réélec-tion du bureau l'UIE :

• Président : Alain ROUSSE(Président Directeur Général deMSE, Directeur Général adjointd’OTV SA)

• Trésorier : Hubert WILLIG

(SOTRALENTZ) et Président de

l'IFAA (Industriels Français de

l'Assainissement Autonome)

Alain ROUSSE, Directeur Général adjoint d'OTV SA etPrésident Directeur Général de MSE (filiales de Véolia), est àla tête de l'UIE depuis 1995.

réélu Président de l'UIE

Elle coordonne par ailleurs le Label Aquaplus qui récompense les acteurs de l'eau qui agissent pour ledéveloppement durable dans ses trois dimensions environnementale,sociale et économique. ■

• S e c r é t a i r e s : S t é p h a n e BAVAVEAS (société EPARCOAssainissement, vice-président del'IFAA) et Jean-Louis LARUELLE(Société QUILLE, vice-président duGCEE, Génie Civil de l'Eau et del'Environnement)

L'UIE est membre de FédérationNationale des Travaux Publics (FNTP).L'UIE est aussi membre fondateurd e l ' a s s o c i a t i o n « É c o l eEuropéenne de l'Eau» réunissantles acteurs publics et privés dans ledomaine de l'eau.

L'association «École Européenne del'Eau» édite la revue Ecole Françaisede l’Eau diffusée en France et àl'étranger à 13 000 exemplaires.

Actualités

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• Réservoirs de stockage aérien avecbacs de rétention pour éviter lesfuites et les infiltrations dans le sol ;

• Appareils et filières d'assainissementautonomes individuels ou regroupéspour le traitement des eaux uséesdomestiques ;

• Cuves de récupération d'eaux de pluie pour les réutiliser à l'intérieurde l'habitat et éviter le gaspillage de nos ressources en eau douce.

SOTRALENTZ Construction privilégie le chemin de fer

L'utilisation du chemin de fer par SOTRALENTZ Construction pour lalivraison des matières premières représente une économie de 440camions par mois. Pour la livraison de ses produits, la filiale privilégieégalement le panachage. Enfin, l'ensemble de l'acier utilisé pour lafabrication des treillis et armatures est issu du recyclage.

SOTRALENTZ Industrie : L'innovation au service des énergies renouvelables

Face à la diminution de nos ressources en énergies fossiles, l'utilisa-tion des énergies renouvelables est devenue l'enjeu principal des poli-tiques environnementales. SOTRALENTZ Industrie conçoit et fabriquedes éléments mécano-soudés et usinés, destinés au développementde ces énergies : éoliennes, nucléaire…

Sotralentz : le développement durable au cœur de nos métiers

Le polyéthylène : une matière valorisée

Pour les emballages industriels et les cuves, SOTRALENTZ Emballageet SOTRALENTZ Habitat privilégient le polyéthylène haute densité(PEHD). Réutilisable, cette matière peut être reconditionnée. Lors duprocessus de fabrication, la matière non utilisée (ébavurage, chutes…)est systématiquement refondue. La matière est donc utilisée entière-ment, sans pertes ou déchets superflus.

En fin de vie, le PEHD peut être détruit par incinération. Son pouvoircalorifique est aussi élevé, à quantité égale, que le pétrole. Il ne produitni gaz ni composé nocif pour l'environnement, et évite ainsi uneconsommation d'énergie fossile non renouvelable.

SOTRALENTZ Emballage : IBCs recyclés

SOTRALENTZ Recycling Service est un réseau mondial de récupérationet de valorisation des emballages industriels SOTRALENTZ, plus parti-culièrement de la gamme des IBCs SLX. Ce service exploite toutes lesfilières de recyclage de l'emballage industriel :

• Valorisation par réemploi des emballages ;

• Valorisation par reconstruction ;

• Valorisation par recyclage du PEHD.

SOTRALENTZ Habitat : Des produits pour un environnementprotégé

L'évolution de notre mode d'habitat est devenue une priorité à l'heureactuelle : mode de chauffage, gestion des eaux usées, utilisation deseaux de pluie, etc. SOTRALENTZ Habitat développe toute une gammede produits innovants, qui contribuent chacun au développementdurable :

Groupe industriel diversifié, SOTRALENTZ s'engage depuis de nombreusesannées pour le développement durable, qu'il a placé au cœur de ses activités. Fort d'une expérience centenaire, le Groupe a su faire évoluerses métiers tout en y intégrant les enjeux environnementaux. Il ne s'agitpas seulement d'une volonté. Nous mettons un point d'honneur à ce queces engagements se traduisent par des mesures concrètes pour chacunede nos filiales.

PUBLISCOPIE

En polyéthylène haute densité, les IBCs de SOTRALENTZ Emballage sont recyclés, comme ceuxde la gamme SLX.

Pour la production de treillis soudés, comme icipour la construction d'une station d'épuration,la livraison des matières premières par railreprésente une économie de 440 camions parmois pour SOTRALENTZ Construction.

Parmi les leaders sur le marché,SOTRALENTZ Habitat propose dessolutions adaptées pour la gestion deseaux de pluie, l'assainissement noncollectif et le stockage aérien.

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SOTRALENTZ Bois : une gestiondurable pour une planète protégée

Pour le traitement thermique du bois,SOTRALENTZ Bois utilise uniquementdu bois issu de forêts européennesgérées de manière durable. Aucun addi-tif chimique n'est utilisé lors de ceprocessus qui chauffe le bois à 240°C.Ainsi traité, le bois ne subit plus aucunchoc thermique et ne «travaille» plus. ■

PRÉSENTATION

Le Groupe SOTRALENTZ compte actuellement 7 domaines d'activités

distincts et plus de 1 300 collaborateurs répartis dans 6 pays d'Europe :

France, Allemagne, Espagne, Luxembourg, Pologne et Roumanie.

CONSTRUCTION

Drulingen (F), Trèves (D),

Horath (D), Brasov (RO)

Treillis soudés et armatures

INDUSTRIE

Drulingen (F), Sarralbe (F),

Trèves (D), Brasov (RO)

Chaudronnerie lourde,

mécano-soudure, usinage

EMBALLAGE

Drulingen (F), Lantaron (E),

Skierniewice (PL)

Emballages industriels en polyéthylène

HABITAT

Drulingen (F), Lantaron (E),

Skierniewice (PL)

Gestion des eaux de pluie, assainisse-

ment non-collectif, stockage aérien

LOGISTICS

Wecker (L)

Logistique et transport routier

BOIS

Brasov (RO)

Traitement thermique du bois

ITC

Drulingen, Sarralbe,

Vendenheim (F)

Centre de Formation Industriel

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PUBLISCOPIE

SOTRALENTZ Industrie conçoit des éléments mécano-soudés pour les énergies renouvelables, comme ici un mât d'éolienne.

Site SOTRALENTZ de Drulingen - Siège Social

Sur son site à Brasov, en Roumanie, SOTRALENTZ Boiss'est spécialisé dans le traitement thermique du bois,sans additifs chimiques.

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UIE 10 rue Washington, 75008 PARIS Tél. : 01 45 63 70 40

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Index des annonceurs

• Aquasource 16

• Bardin 34

• ENGEES École Nationale du Génie de l'Eau et de l'Environnement de Strasbourg 28

• Entreprise Pinto 17

• Eurochlore 36

• FNTP Fédération Nationale des Travaux Publics 40

• Huot 2

• Johnson Screens 14

• KSB SAS 28

• Loira SAS 20-21

• MSE Malataverne service environnement 3e de couverture

• OTV SA 24

• Résina SA 17

• RYB SA 4e de couverture

• Saint Gobain PAM 36-43

• Sewerin 6

• SIAAP 2e de couverture

• Sotraib Eau 34

• Sotralentz Habitat 34Sotralentz : le développement durable au cœur de nos métiers 86-87

• Vinci Construction France 10

• Wangner assainissement Traitons l’eau aujourd’hui pour mieux vivre demain 54-55

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