Dossier des Participants 2013

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IMAGINAIRES DE L’EDEN IMAGINAIRES DE L’EDEN IMAGINAIRES DE L’EDEN Aubrac Espalion Nasbinals Saint-Urcize Saint-Chély d'Aubrac DIX-HUITIÈMES RENCONTRES D'AUBRAC DU 19 AU 23 AOÛT 2013

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IMAGINAIRESDE L’EDEN

IMAGINAIRESDE L’EDENIMAGINAIRESDE L’EDEN

AubracEspalion

NasbinalsSaint-Urcize

Saint-Chély d'Aubrac

DIX-HUITIÈMES RENCONTRES D'AUBRAC

DU 19 AU 23 AOÛT 2013

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LE MOT DU PRESIDENT Avec le thème des « Imaginaires de l’Eden », troisième volet de ce cycle des Rencontres d’Aubrac porté par « L’esprit des lieux », qui nous a fait « revenir » à Jérusalem, puis chercher l’Eldorado, nous tenterons de comprendre ce qui peut bien pousser les mortels que nous sommes à se voir, un jour futur ou déjà ici-bas, en de plus verts pâturages.

Entre croyance et réalité, rêve de délices et cauchemar, le paradis pourrait bien se dérober et la naïveté gouverner à la sagesse. Mais il faut croire que ce désir de frapper à la porte du jardin d’Eden est plutôt bien enraciné, tenace, si l’on s’arrête un peu sur les formes qu’il a pu prendre ou si l'on considère ses multiples renaissances.

Chercher à localiser avec intelligence le Paradis céleste pour les uns, le Paradis terrestre pour d’autres donnerait semble-t-il des couleurs à la vie. Les artistes, poètes, peintres, musiciens eux ne s’y sont pas trompés, rivalisant d’imagination dans des descriptions inspirées ou des visions de chemins conduisant au paradis. En témoignerait également l’ardeur des hommes à défricher leur terre d’accueil pour le meilleur ou… le pire.

Au cours de ces journées, nous cheminerons du mythe du bonheur originel, lieu de délices et de perfection, de l’âge d’or perdu, aux représentations des passages vers l’au-delà. Nous irons également vers les lieux d’utopie que l’on pourrait qualifier de quêtes d’Edens « ici et maintenant ».

Les utopies sociales et politiques du XIXe siècle ont ainsi fait naître de nouveaux modèles communautaires jusqu’aux systèmes politiques projetés comme de véritable Edens sur terre. Aujourd’hui, la mondialisation condamne à l’exil, à l’errance, des millions d’immigrés poussés hors de chez eux vers un ailleurs rêvé comme un Eden. Mais le rêve tourne le plus souvent à la trahison, à l’abandon, chacun se retrouvant alors dans son odyssée personnelle.

Aux limites des enthousiasmes des pionniers, des réussites partielles et échecs considérables répondent aussi les voies individuelles en quête de paradis artificiels ou de démarches de recherche d’équilibres débouchant sur la reconnaissance d’un éden intérieur par la méditation personnelle, la pratique d’activités privilégiant l’harmonie de sens.

C’est à ce foisonnement d’idées, de recherches, de pratiques, sous les latitudes les plus diverses que nos Rencontres se relieront.

Fruits littéraires et artistiques en abondance, témoigneront de ces quêtes d’édens célestes et terrestres pour nous inviter au franchissement des portes de ces édens perdus, rêvés, retrouvés.

De Saint-Urcize à Saint-Chély d'Aubrac en passant par l'église de la Dômerie du XIIe siècle, la Maison de l'Aubrac, le Jardin botanique et les jardins privés au cœur du village d’Aubrac, lecteurs, conteurs, musiciens, chanteurs, plasticiens, cinéastes, créateurs de goûts créeront des dialogues entre la littérature, la poésie, l’histoire, les religions, la philosophie, l'invitation au voyage, la création artistique, la musique et les saveurs.

Bienvenue à tous ! Francis Cransac

05 65 48 07 52 / 06 08 05 49 77 Association à la Rencontre d’Ecrivains Ambessière 12 470 Saint-Chély d’Aubrac [email protected] www.rencontres-aubrac.com

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LUNDI 19 AOÛT 18h00 St-Urcize (Jardin de la famille Gaillard) - Spectacle d'ouverture

Le Cantique des oiseaux d'Attâr Lecture d'extraits du Cantique par Leili Anvar (traductrice), et Frédéric Ferney accompagnés par Fady Zakar (rabab afghan et sindhi sarangui)

Chants d’oiseaux par Jean Boucault et Johnny Rasse Le Cantique des cantiques par Igal Shamir (violon)

MARDI 20 AOÛT 9h00 ACCUEIL DES PARTICIPANTS à St-Chély d’Aubrac (Salle des fêtes)

Jean-Claude Fontanier, conseiller général de l’Aveyron

9h40 OUVERTURE DES RENCONTRES Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée, chargée de la décentralisation

10h00 ORIENTATIONS DES JOURNÉES

Francis Cransac, président de l’Association À la Rencontre d’Écrivains Olivier Germain-Thomas, écrivain

10h15 Le mythe de l’Age d’or et sa postérité

Emmanuelle Collas, maître de conférences à l’Université de Haute Alsace 10h35 Le chemin vers l’Eden dans le Cantique des oiseaux d’Attâr

Leili Anvar, maître de conférences à l’INALCO, traductrice du Cantique

11h10 Fruit du jardin Agnès Échène, chercheuse EHESS, diseuse

11h20 La clôture de Paradis

Xavier-Laurent Salvador, maître de conférence (hdr), Paris XIII, membre du CNU 11h40 Paradis de lumière : d'Ibn Arabî à Dante et d'autres...

Abdelwahab Meddeb, romancier, poète, essayiste, universitaire 12h10 Instantanés d’Eden

Pascal Monteil, plasticien

Échanges avec le public par Philippe-Jean Catinchi, Le Monde

13h00 Bœuf d’Aubrac grillé proposé par Lucien Conquet, Laguiole 15h00 Un autre paradis perdu, la Sarcotide de Masénius

François Ploton-Nicollet, maître de conférences à l’université d’Orléans, chargé d’enseignement à l’école des chartes

15h30 L’île de l’éternel printemps

Chiwaki Shinoda, professeur émérite de l’Université de la ville d’Hiroshima

16h Fruit du jardin Agnès Échène, chercheuse EHESS, diseuse

16h15 Le Paradis dans Les Mille et Une Nuits

Nacer Khemir, conteur, cinéaste

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17h Parade au paradis (des paradisiers) Fabienne Raphoz, poète, éditeur Échanges avec le public par Olivier Germain-Thomas

18h30 Vernissage de l’exposition « Eden » à la Maison de l’Aubrac

Pascal Monteil, plasticien, avec le soutien de la Propriété Caillebotte Violaine Collas, nez chez MANE Présentation par Abdelwahab Meddeb

19h30 Dîner à Aubrac dans le jardin de l’Hôtel de la Dômerie, Bouquet d’Eden conçu par Patrick Léger et Marie-Claude David

21h00 AUBRAC, Eglise de la Dômerie (12e)

Concert : Entre ciel et terre Pierre Hamon (flûtes), Jean Boucault et Johnny Rasse (chanteurs d’oiseaux), Joël Grare (cloches, litophone, percussions)

MERCREDI 21 AOÛT 9h00 ACCUEIL DES PARTICIPANTS à St-Chély d’Aubrac (Salle des fêtes) 9h10 L’Eden, un monde de délice suprême des kabbalistes et des taoïstes

Muriel Chemouny, chargée de mission à la Maison des Sciences de l’Homme, Paris 9h30 Le Plaisir et l'étude : le Paradis dans quelques sources juives

Jean Baumgarten, directeur de recherches au CNRS et au Centre d’Études Juives 10h Le nombril du monde

Vincent Wackenheim, écrivain 10h15 Post Mortem ou Éternité intemporelle ?

Henri Atlan, médecin, philosophe, écrivain 11h00 L’île-Paradis de Paul et Virginie : Eden et utopie ?

Jean-Michel Racault, professeur émérite de l’Université de la Réunion 11h45 Tintin au pays de l’Eden

Jean-Marc Terrasse, directeur de l’Auditorium et des manifestations culturelles du musée du Louvre

Échanges avec le public par Xavier-Laurent Salvador

13h00 Aligot au Buron de Canuc, route de Laguiole, proposé par Jeune Montagne 15h10 Lettres d’Abyssinie d’Arthur Rimbaud

choisies et lues par Matthieu Dessertine (avec le soutien de la Fondation La Poste) 15h30 L’Orient du monde dans Vert Paradis de Max Rouquette

Philippe-Jean Catinchi, Association des amis de Max Rouquette 16h Rainer Maria Rilke : Le paradis intérieur du poète

Ronald Perlwitz, professeur à l’Université de Hagen

16h 30 Fruit du jardin Agnès Échène, chercheuse EHESS, diseuse

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16h45 Un art de vivre par l’Ayurvéda Kiran Vyas, écrivain, philosophe, thérapeute, fondateur de Tapovan (Open Université de yoga et d’Ayurvéda)

17h20 Chemins d’accès vers l’illumination au temple de Borobudur

Olivier Germain-Thomas, écrivain

19h00 À Aubrac (devant la Maison de l’Aubrac) Réalisation en public et en direct des 18es Rencontres d’Aubrac du 19/20, journal de France 3, par la rédaction toulousaine, diffusion de reportages et intervenants en plateau

19h30 Dîner végétarien ayurvédique (saveurs, parfums et couleurs de 25 épices)

conçu et réalisé par Haribhai Paliwal, cuisinier indien À Aubrac, Chez Virginie et Daarwin, dans le jardin de L’Annexe d’Aubrac

21h00 AUBRAC (Église de la Dômerie)

Musique indienne Ustad Usman Khan (sitar) Prakash Kandasamy (tabla)

JEUDI 22 AOÛT

9h00 ACCUEIL DES PARTICIPANTS à St-Chély d’Aubrac (Salle des fêtes) 9h10 Le nom de Martin Eden

Isabelle Astruc, psychanalyste 9h30 L’Eden inventé par la RDA

Ulrich Schödlbauer, professeur à l’université de Hagen, écrivain, essayiste 10h10 Jardins japonais

Danielle Elisseeff, ingénieur de recherche à l’EHESS, professeur à l’École du Louvre en Histoire générale de l’art de la Chine et du Japon

10h45 Christiana 1971 : retour sur un Éden promis

Philippe Di Folco, écrivain, scénariste, ancien élève de l’EHESS-CRAL 11h10 Des Edens ratés

Hakan Günday, écrivain turc Timour Muhiddine, maître de conférences à l’Inalco, éditeur

11h50 « Il n’y aurait pas d’Eden… »

Marie-Hélène Lafon, écrivain

Échanges avec le public animés par Philippe-Jean Catinchi

13h00 Buffet autour du lac d’Aubrac proposé par Thierry Maurin, traiteur à Espalion 15h10 Lecture de lettres de Gauguin à sa femme et à ses amis

choisies et lues par Matthieu Dessertine (avec le soutien de la Fondation La Poste) 15h20 Le jardin des délices

Marie-Laure Alvès, chercheuse 15h40 Edens musicaux (communication illustrée d’extraits de musiques filmées)

Christian Labrande, auteur, réalisateur de films musicaux, producteur à l’Auditorium et des manifestations culturelles du musée du Louvre

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16h10 Serpent d'Infant Chantal Robillard, conteuse, Igal Shamir, violon

16h30 Lecture de Lettres à Poisson d’or de Joë Bousquet

Matthieu Dessertine, comédien (avec le soutien de la Fondation La Poste) 17h Les Edens cinématographiques de François Truffaut,

Dominique Auzel, professeur d’histoire du cinéma à l’Université Toulouse le Mirail 17h30 Tentatives d’Edens retrouvés dans les jardins des sens

Michel Bras et Violaine Collas (nez chez Mane) 19h15 Concert à AUBRAC : église de la Dômerie (12e)

Le Livre Vermeil de Montserrat (production La Camera delle Lacrime) Bruno Bonhoure - Direction musicale, chant (ténor) & bombo leguëro Jean-Lou Descamps - Vièle à archet et tanbura Sarah Lefeuvre - Chant (soprano) & flûtes à bec Stefano Genovese - Psaltérion, tambour sur cadre Khaï-dong Luong - Conception artistique, mise en scène & scénographie présentation par Philippe-Jean Catinchi

21h St-Chély d’Aubrac (salle des fêtes) Sheherazade (81’) Film de Nacer Khemir, projection en présence du réalisateur

VENDREDI 23 AOÛT

9h45 ACCUEIL DES PARTICIPANTS au cinéma REX à Espalion 10h30 Eden à l’ouest (2009)

Film de Costa-Gavras (110’) scénario de Jean-Claude Grumberg avec Anny Duperey, Eric Caravaca, Ulrich Tukur, Riccardo Scamarcio

12h30 Buffet proposé par Thierry Maurin, traiteur, sur les berges du Lot, en contrebas du Vieux Palais

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ACCÈS AUX SITES DE LA MANIFESTATION

Aubrac

Condom d’Aubrac

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LOCALISATION DES SITES DE LA MANIFESTATION

À SAINT-CHÉLY D’AUBRAC

SALLE DES FÊTES dans Saint-Chély d’Aubrac prendre à droite, direction de Bonnefon parking accueil communications du mardi, mercredi et jeudi film du jeudi soir

À AUBRAC

DÔMERIE concert du mardi soir concert du mercredi soir concert du jeudi soir

AUTRES LIEUX Saint-Urcize (Maison Gaillard) : concert du lundi Station Union Aubrac (lieu dit « Le Pouget ») : repas du mardi midi Jardin de l’Hôtel de la Dômerie à Aubrac : repas du mardi soir Buron de Canuc : repas du mercredi midi Jardin de l’Annexe d’Aubrac (chez Virginie et Daarwin) : repas du mercredi soir Lac d’Aubrac : repas du jeudi midi Cinéma REX à Espalion : film du vendredi Berges du Lot à Espalion : buffet du vendredi midi

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par Leili ANVAR, Frédéric FERNEY, et Fady ZAKAR

Le Cantique des oiseaux d'Attâr

Écrit à la fin du XIIe siècle, ce poème persan chante le voyage des oiseaux, métaphore de l’âme, vers Sîmorgh, oiseau mythique, manifestation visible du Divin. Le Cantique des oiseaux est un récit initiatique dans lequel chacun peut voir le reflet de lui-même. Ce qu’Attâr exprime résonne et vibre dans tous les cœurs.

BIOBIBLIOGRAPHIES Leili Anvar, née en 1967 à Téhéran (Iran), est chercheuse et maître de conférences en langue et littérature persane. Ancienne élève du lycée Razi de Téhéran qu'elle quitte en 1982, de l'École normale supérieure (Lettres 1987), docteur ès lettres et agrégée en anglais, Leili Anvar est une spécialiste reconnue de littérature persane qu’elle enseigne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Leili Anvar est chercheuse en littérature persane à l'Institut national des langues et civilisations orientales au sein de deux équipes de recherche : CERLOM (rattachement principal) et UMR Monde iranien et indien - Collaboration avec l'IISMM (EHESS) (rattachement secondaire). Par ailleurs elle est chroniqueuse sur Radio France (Les Racines du ciel) ainsi que pour Le Monde des religions, où elle s'occupe de la rubrique « lettres spirituelles ». Ses travaux sont principalement consacrés à l'étude de la littérature mystique ainsi qu’à la littérature amoureuse et ses développements spirituels. Leili Anvar contribue à la connaissance du soufisme et de la culture

persane. Traductrice et spécialiste de littérature mystique, en plus d’un certain nombre d’articles universitaires, elle a notamment travaillé sur l’œuvre du poète Djalâl ad-Dîn Rûmî. Elle a publié Rûmî aux éditions Entrelacs, ouvrage sur la vie et l’œuvre du poète mystique persan du XIIIe siècle, suivi d’une anthologie de ses œuvres. Elle a dirigé la publication d'une anthologie de poésie arabe, persane et turque intitulée Orient – Mille ans de poésie et de peinture pour laquelle elle a traduit les poèmes persans, en 2009. On lui doit aussi la biographie de la poétesse kurdo-persane, suivie d’une anthologie de ses œuvres, Malek Jân Ne’mati : Malek Jân Ne’mati, « la vie n’est pas courte, mais le temps est compté ».

Fady Zakar est un explorateur du vaste et fertile terroir des musiques traditionnelles. D’origine libanaise et algérienne, ayant vécu en Algérie, en Irak et en Italie, il se passionne pour les musiques du monde et ce qu’elles véhiculent. Il fonde son langage en s’inspirant de sources aussi variées que celles de l’Inde, d’Asie Centrale, du Moyen-Orient, du bassin méditerranéen, d’Afrique de l’Ouest et du Moyen-Âge et développe une approche personnelle autour de l’idée, de l’émotion, du geste et du son pour épanouir sa créativité. Cela lui permet d’évoluer au sein de groupe musicaux mais aussi dans un cadre de spectacles vivant avec des conteurs, des comédiens, des danseurs ou encore au cours d’ateliers à vocation pédagogique. En 1992 il s’installe en France à Sophia Antipolis, du côté de Nice, pour y entreprendre des études scientifiques (Math Sup et Math Spé) et découvre la musique de l’Inde dont il adapte et intègre alors certains éléments esthétiques et techniques à son jeu de guitare. Il obtient son diplôme d’ingénieur généraliste en bâtiment en 1998 et après quelques mois d’exercice décide de se consacrer uniquement à la musique. Il

rencontre alors Mahjoub Elhadari qui l’initie au luth guembri de la tradition gnawa du Maroc et intègrent ensemble la formation Dol de Nice qui distilles les polyrythmies mandingues d’Afrique de l’Ouest, les rythmes du Brésil et les chants gnawas. En 2000, il s’installe à Toulouse et après trois années de tâtonnements et de petits métiers, débute une nouvelle période de vie. Il nourrit une expérience en tant qu’animateur d’éveil musical et d’initiation à la percussion pour enfants dans des centres de vacances à dominante artistique. Il se forme à la fabrication et au jeu de la kora, harpe emblématique d’Afrique de l’Ouest, s’aventure dans l’accompagnement musical des contes et évolue en tant que percussionniste dans le milieu des fêtes médiévales.

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Attiré depuis longtemps par les mélismes des musiques d’orient, il s’initie finalement aux vièles dilruba et sarangui de l’Inde et entreprend en 2006 un premier voyage au Rajasthan : il y rencontres des musiciens, chanteurs et danseuses issus de diverses castes du désert du Thar. Il réalise un film « Rajasthan, à la rencontre des musiciens populaires ». Dès son retour riche de cette imprégnation, il développe son expression sur la vièle sindhi sarangui et sur les flûtes doubles alghora spécifiques de cette région de l’Inde. Toujours en autodidacte sans cesse curieux, mais néanmoins éclairé par les nombreux documents disponibles et par des rencontres avec des musiciens traditionnels, il poursuit son exploration. Il découvre alors la musique du Baloutchistan. Grâce à la rencontre avec l’ethnomusicologue Jean During et à Abdulhaman Surizehi, maître baloutch de la cithare benju, il se procure la vièle sorud et le luth tambourag joués uniquement dans cette région. Cela lui permet de relier dans sa pratique des aires culturelles voisines : Baloutchistan (iranien et pakistanais), Sind pakistanais, Rajasthan. En 2010, au cours d’un second voyage en Inde, Fady va se concentrer à nouveau sur les musiques traditionnelles populaires du Rajasthan et accompagné de Meenakshi Dhawle, indienne, vivant à Paris, ils découvrent la région voisine du Kutch, frontalière avec le Pakistan. Ensemble ils recueillent des interviews de musiciens dans les villages. Ce périple sera bien sûr musical mais fera également l’objet d’un travail photographique et vidéo. Une exposition photo, une série de petits films, la rédaction d’articles et une conférence sont en cours de préparation. La voie autodidacte que suit instinctivement Fady Zakar s’inscrit dans un cadre déterminé par les critères esthétiques et techniques des diverses traditions musicales abordées où règne l’approche modale. Il ne se revendique pas musicien traditionnel et privilégie l’inspiration personnelle. Ce chemin artistique est pour lui une manière d’aborder l’autre et le monde dans leur diversité.

Frédéric Ferney, né à Paris en 1951, est un écrivain, essayiste et journaliste littéraire. Agrégé d'anglais, Frédéric Ferney a enseigné au lycée Buffon à Paris, au lycée Chateaubriand à Rome, puis a travaillé comme assistant à l'université Paris VIII, avant de diriger les pages lettres, arts, spectacle du Nouvel Observateur. Il a ensuite été éditeur et critique dramatique au Figaro puis critique au Point. Il a reçu le prix de la Fondation Mumm pour ses chroniques de théâtre. Par la suite, Frédéric Ferney a présenté le programme « Philosophies » sur la chaîne éducative La Cinquième, devenue France 5, il a créé et animé une émission littéraire, le dimanche matin, toujours sur France 5, intitulée d'abord Droits d'auteurs, puis rebaptisée Le Bateau livre, à bord de la péniche L'Escale. La suppression de l'émission a été annoncée le 7 juin 2008. Il a également animé le Club Saint-Pierre en 2002, une émission fondée sur des interviews d'écrivains au cimetière du Père-Lachaise.

Alors qu'il rédigeait des billets sur son premier blog, Le Bateau libre, il a été à plusieurs reprises, chroniqueur pour l'émission Dans le texte, diffusée sur le site d'Arrêt sur images. Il a repris son émission, désormais enregistrée en public, sur le Web, en juin 2009, sur le site LeBateauLibre.net, qui n'existe plus. Son autre blog Le Bateau Livre, qu'il alimente au gré de ses trouvailles, s'est aussi arrêté en décembre 2011. Il a publié de nombreux ouvrages et fait partie, entre autres fonctions, du jury du Prix du Style. En février 2012, il a rejoint la rédaction de La Revue, un mensuel généraliste et francophone. À la radio, il est, depuis 1979, critique à France Culture, et participe actuellement à La Dispute, une émission présentée par Arnaud Laporte (dont le volet littéraire est diffusé le vendredi soir) en alternance avec d'autres critiques.

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par Jean BOUCAULT et Johnny RASSE

Chants d’oiseaux

Dès la prime enfance, voisins dans village, à une lieue à vol d’oiseaux de la Baie de Somme, nos deux chanteurs découvrent très vite leurs dons pour l’imitation des chants d’oiseaux.

De la cour d’école aux marais, ils peaufinent leurs dons pour se présenter aux concours d'imitation de chants d’oiseaux, qu’ils remportent brillamment.

Viennent les émissions radiophoniques et télévisuelles, puis les premières expériences scéniques au Théâtre de Poche Montparnasse, la clôture du Festival Animalier de Namur...

En 2006, le directeur du Festival des Forêts à Compiègne leur propose un concert avec le pianiste-compositeur-improvisateur Jean-François Zygel.

Ce sera le début d’un long périple musical, qui, au gré des concerts, leur permettra de côtoyer une multitude de musiciens venus du classique, du jazz et des musiques traditionnelles.

Depuis, ils ont créé le collectif « Les Chanteurs d’Oiseaux » avec pour finalité d’utiliser le chant d’oiseau, matériau brut et originel, de le mélanger pour mieux le transcender, à toute forme d’art vivant ; musique, théâtre, danse, arts circassiens.

Improvisateurs, ils dialoguent à tous vents avec Jean-François Zygel, Michel Godard, David Venetucci, Pierre Hamon, Joël Grare.

Cʼest avec ces deux derniers que Johnny Rasse et Jean Boucault créent Birdyphonia à Marrakech au printemps 2012.

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par Igal SHAMIR

Le Cantique des cantiques

Basé sur le travail de Suzane Haïk Ventura (La Musique de la Bible retrouvée) trouvant le système de déchiffrement de la musique biblique, instauré à Jérusalem par le roi David, Igal Shamir, violoniste, laissant la base textuelle de l’œuvre du Roi Salomon, réalise par l’adaptation musicale un Cantique pour violon solo, réalisant un pont entre antiquité et modernisme ; liés toujours aux même origines hébraïques.

Le Cantique des Cantiques, dit aussi Cantique de Salomon, est un livre de la Bible. Son titre en hébreu est השירים שיר, Chir ha-chirim. Bien qu'inclus dans la Septante, il n'est retenu dans le canon juif qu'au Ier siècle de l’ère chrétienne. La Mishna évoque de vives discussions au sujet de son intégration dans ce canon. Il a pu y trouver sa place suite à l'interprétation allégorique de rabbi Akiba, qui voit dans le Cantique des

cantiques une déclaration symbolique de l'amour entre Dieu (YHWH) et son peuple, Israël. Il est récité lors de Pessah, la Pâque juive. La tradition juive le classe parmi les cinq meguilloth, qui sont des rouleaux attachés à des fêtes liturgiques. Le nom de Dieu n'y apparaît pas, si ce n'est sous une forme abrégée, Flamme de Yah (Ct 8.6), Yah étant un diminutif de YHWH. Il fait partie des Ketouvim (autres écrits) dans le Tanakh — la Bible hébraïque — et des Livres poétiques dans l'Ancien Testament — la première partie de la Bible chrétienne. On considère qu'il fait partie de la littérature sapientiale (de sagesse), sans doute l'une des raisons qui font qu'on a voulu le relier au roi Salomon. Le Cantique des Cantiques revêt la forme d'une suite de poèmes, de chants d'amour alternés entre une femme et un homme (ou même où plusieurs couples s'expriment), qui prennent à témoin d'autres personnes et des éléments de la nature. C'est l'un des livres de la Bible les plus poétiques. Sa composition est attribuée à un compilateur du ive siècle av. J.-C. qui y aurait fondu différents poèmes. On a même avancé l'hypothèse que le Cantique des Cantiques ait pu avoir été rédigé par une femme, comme le pense par exemple l'exégète André Lacocque, étant donné la large place qui y est laissée aux personnages féminins. On retrouve des parallèles à de nombreuses expressions du Cantique dans la littérature du Proche-Orient ancien, notamment dans les poèmes d'amour égyptiens. Le cadre géographique et social est suggéré par quelques noms propres (Jérusalem, Tirça, le Liban), mais de telles références ne permettent pas de fixer avec certitude la date et le lieu de rédaction du Cantique des Cantiques. Le livre a d'abord été rejeté à cause de son caractère profane, dont témoignent les nombreuses images érotiques comme : « Tes seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle » ou « Ta poitrine comme les raisins mûrs ».

IGAL SHAMIR Igal SHAMIR, est né à Tel-Aviv en 1938, de parents émigrés. Attiré par la musique dès l’âge de 5 ans, Igal Shamir prend des cours de musique avec un professeur d’origine russe. À 8 ans, il donne son premier concert en public. Repéré par Yehudi Menuhin, il obtient, en 1958, une bourse au conservatoire Royal de Belgique. Prix du conservatoire de Bruxelles et de Genève, il poursuit sa carrière d’interprète classique sur les scènes internationales. Dans les années 1970, il signe des enregistrements chez RCA et CBS (La 40° de Mozart, Le Fabuleux violon d’Igal Shamir, Tchaïkovsky, Autobus vert) ou Disc’AZ (La Folia Viva Paganini). Igal Shamir a publié plusieurs ouvrages (Le violon pour tous) chez Paul Beuscher. Il enseigne le violon et la musique de chambre à la Schola Cantorum de Paris. Il travaille régulièrement pour des émissions de radio, en particulier avec André Velter, sur France Culture, ou pour des festivals avec des cinéastes, des plasticiens. Il est fait chevalier des Arts et des Lettres. Il est également l’auteur d’un roman La Cinquième corde (Presses de la cité) qui inspira le film Le Grand blond avec une chaussure noire.

Son roman Le Violon d’Hitler, paru en juin 2008, aux éditions Plon, est un thriller palpitant. Il a été réédité en Livre de poche. En juin 2010, il a publié un nouveau roman Via Vaticana, aux éditions Plon. Depuis 1999, Shamir est un habitué des Rencontres d’Aubrac où il propose des aspects musicaux inédits pour accompagner les thèmes des Rencontres : de l’adaptation du texte de Jorn Riel, Le Jour avant le lendemain, avec Denis Wetterwald à une création Fragments amoureux de La Reine de Sabbah avec Dido Lykoudis, en passant par la Légende du Golem avec Ben Zimet, le développement de son propre Concerto pour Babel, l’interprétation d’un raga indien aux côtés de Jean-Claude Carrière parlant du Mahâbhârata, une lecture spectacle de Poèmes et chroniques de la résistance au nazisme avec l’acteur Maurice Bénichou et un parcours festif et zygomatique, Le Gai Savoir de l’absurdie juive, avec le chercheur Jean Baumgarten.

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par Emmanuelle COLLAS

Le Mythe de l’Âge d’or et sa postérité

« Dans cet âge antique, que nous avons appelé l’âge d’or… » D’Hésiode à Ovide : entre imaginaire et politique

L’histoire commence non pas tout à fait à l’origine du monde, mais au temps de Cronos, alors que Zeus est déjà roi. Il est alors un endroit en Grèce, près de Corinthe, à Mékoné, où dieux et hommes vivent ensemble. On y mange, on y boit, on se réjouit, on écoute les Muses chanter la gloire de Zeus et les aventures des dieux. Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. La plaine de Mékoné est une terre de richesse et d’abondance. C’est la paix, un temps d’avant le temps. Un Age d’or, quand les dieux et les hommes n’ont pas encore été séparés. Un âge d’or où le monde divin n’est pas encore livré à la guerre car antérieur à la lutte entre Cronos, avec les Titans, et Zeus, avec les Olympiens. C’est au milieu du VIIIe siècle avant notre ère que le poète grec Hésiode fut le premier à nous conter ce mythe d’un monde meilleur où régnait dans une nature généreuse une profonde harmonie entre les hommes et les dieux. Pourquoi imaginer un tel mythe qui rejoint l’Eden biblique et qui réapparaît régulièrement dans l’histoire antique, que ce soit au Ve siècle avec Platon, au IVe avec Dicéarque et Théophraste ou, bien plus tard, chez les poètes du Ier siècle avant notre ère, Catulle, Horace, Virgile ou Ovide ? Que fut l’âge d’or pour le poète ? Inutile de se demander s’il croyait à ce mythe. En revanche, il peut être utile d’inscrire le mythe de l’âge d’or dans l’histoire pour tenter de saisir le fonctionnement d’un imaginaire et son exploitation poétique dans une société en crise ou à la dérive. Et peut-être trouverons-nous dans cet exemple vieux de deux mille ans des similitudes étranges avec notre monde contemporain.

BIOGRAPHIE Maître de conférences à l’Université de Haute-Alsace, Emmanuelle Collas est historienne de l’Antiquité. Entre le littéraire et le politique, elle dirige depuis 2005 Galaade, une maison d’édition indépendante au catalogue de plus de 100 titres, notamment en littérature étrangère. En 2009, elle a fondé Oogone : c’est au cœur de cette structure qu’a été imaginée et organisée la Fête de la philo. Galaade est une maison d’édition littéraire indépendante créée à Paris en 2005 par Emmanuelle Collas. Son catalogue est constitué de textes de fiction française et étrangère qui paraissent à la cadence d'une douzaine de titres par an. Privilégiant une politique d'auteur, Galaade est l'éditeur de Béatrice Douvre, Javier Calvo, Alain Fleischer, Avirama Golan, Nilüfer Göle, Daniel Handler, Arnošt Lustig, Tuna Kiremitçi, Greil Marcus, Juan José Millás, Steven Millhauser, Maurice Olender, Helen Oyeyemi, Raja Shehadeh Igor Štiks, Murat Uyurkulak, Alberto Ruy-Sanchez, Hakan Günday... Galaade est également l'éditeur français du romancier américain Irvin Yalom, auteur du best-seller Et Nietzsche a pleuré. En 2007, Près de la mer, d'Abdulrazak Gurnah a reçu le Prix RFI Témoin du monde et La Chasse aux évidences, de Maurice Olender, le Prix Roger Caillois de l'essai. En 2008, Vasilsca, de Marc Lepape, le Prix Première des auditeurs de la RTBF et le Prix Emmanuel Roblès puis, en 2009, le Prix du Premier Roman de l'Université d'Artois et le prix IDCOMMUNES et enfin, en 2010, le Prix Marie-Claire Blais. Le recueil Mon heure sur la terre. Poésies complètes 1936-2008 de Claude Vigée obtient la Bourse Goncourt de la Poésie en 2008 et, la même année, la Médaille de bronze du Best Book Design from all over the World est attribuée à l'ouvrage de Jean Daniel, Israël, Les Arabes, la Palestine, ex-aequo avec celui d'Alain Fleischer, Les Laboratoires du temps. Le Prix littéraires des Jeunes européens revient en 2009 à Juan Bonilla pour Les Princes nubiens. En 2010, le Concours des plus beaux livres français récompense le volume Signes et figures, de Pancho Graells, le Prix du livre corse est attribué à Marie Casanova pour Et l'odeur des narcisses et le Prix des lecteurs du Livre de Poche est remis à Trudi la naine, de l'américaine Ursula Hegi. Galaade est engagée dans les débats contemporains par (essais de fonds et textes d’intervention avec la série « Auteur de vue ») : Tariq Ali, Patrick Chamoiseau, Hrant Dink, Edouard Glissant, Avirama Golan, Edwy Plenel, Raja Shehadeh, Oliver Stone, Dubravka Ugresic…

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par Leili ANVAR

Le chemin vers l’Eden dans le Cantique des oiseaux d’Attâr

« J’ai survolé longtemps les plaines et les mers J’avançais pas à pas, la tête dans les cieux J’ai franchi les montagnes, les vallées, les deserts J’ai parcouru un monde dans le temps du déluge » (distiques 705 et 706) Il faut, pour aborder Le Cantique des oiseaux, oublier ses repères. Accepter le voyage. Se lancer dans l’inconnu. Se perdre. Se brûler. S’anéantir. Prendre son envol, l’envol de l’âme, vers des contrées inconnues. Avec humilité… Humilité face à une langue nouvelle dont les métaphores sont souvent teintées de larmes et de sang, humilité au cœur d’un texte où poésie et mystique sont intimement mêlées. Mais quelle aventure exaltante ! Lorsque les oiseaux, sous la guidance de la huppe, messagère du roi Salomon, se décident à partir à la recherche de l’Être Suprême et à tout abandonner sans retour, leurs désirs et leurs peurs rejoignent les nôtres. ‘Attâr les illustre par autant d’anecdotes mettant en scène toutes sortes de personnages : rois, princes et princesses, amoureux, sheykhs, derviches, mendiants… Des milliers d’oiseaux se mettent en route dans le désert et traversent sept vallées : celle du Désir – « Ce sont tes yeux, hélas, qui sont toujours fermés / Entre dans le désir et alors tu verras / Que la porte jamais n’est fermée devant toi ! » (distique 3355 ) –, celles de l’Amour, de la Connaissance, de la Plénitude, de l’Unicité, de la Perplexité, et, enfin, celle du Dénuement et de l’Anéantissement – « C’est un monde d’oubli, d’absence et de silence / Où l’âme déambule hagarde, muette et sourde » (distique 3969). Chef-d’œuvre de la spiritualité soufie – branche mystique de l’islam à son apogée aux XIIe et XIIIe siècles –, Le Cantique des oiseaux est écrit vers 1177 par Farîd od-dîn ‘Attâr, le poète apothicaire de Nichapur, en Iran actuel. Fondé sur les principes de la sagesse universelle plutôt que sur une théologie stricte, le soufisme prône comme accomplissement suprême l’unicité en Dieu par l’anéantissement du soi. Cette pensée trouve son expression la plus aboutie dans la poésie, sublimée sous la plume d’‘Attâr dont l’oeuvre a profondément influencé les poètes des générations suivantes.

BIOBIBLIOGRAPHIE Leili Anvar est normalienne, agrégée et docteur en littérature. De père iranien et de mère française, elle est actuellement maître de conférences à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et collabore aux travaux et séminaires de l’Institut d’étude de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman. Traductrice et spécialiste de la littérature mystique et de l’écriture féminine, elle a travaillé notamment sur la littérature amoureuse et ses développements spirituels ainsi que sur l’importance de la voix des femmes dans l’Iran et l’Afghanistan actuels. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages, parmi lesquels : - Orient, Mille ans de poésie et de peinture (Éditions Diane de Selliers, 2004). - Malek Jân Ne’mati : « La vie n’est pas courte mais le temps est compté » (biographie d’une poétesse mystique kurde contemporaine, suivie d’une anthologie, Éditions Diane de Selliers, 2007). - Rûmî, la Religion de l’Amour (Seuil, 2011). Elle tient également régulièrement une chronique sur France culture (émission les « Racines du Ciel ») et dans le Monde des religions (rubrique « Lettres spirituelles »). 2012 Le Cantique des oiseaux, de Farid-Al-Din Attar, Éditions Diane de Selliers 2010 Les Femmes, l'amour et le sacré, avec Jean Clair et Abdelwahab Meddeb, Albin Michel 2007 Malek Jân Ne'mati, la vie n'est pas courte mais le temps est compté, Éd. Diane de Selliers 2004 Rûmî, Entrelacs 2009 Trésors dévoilés, Anthologie de l'islam spirituel, Seuil 2004 Orient - Mille ans de poésie et de peinture, Éditions Diane de Selliers

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par Agnès ECHENE

Fruit du jardin

Quelques impertinentes questions autour du jardin d’Eden… Et s’il n’y avait justement pas de jardin dans le véritable Eden ? Et pourquoi d’un coup d’aile Lilith l’a déserté ? Comme Faunus et Fauna, tandis que Flora, la belle romaine… Mais on aspire au jardin, n’est-ce pas ? Comme Peter Pan, en son île de la Serpentine.

BIOGRAPHIE Anthropologue, chercheuse à l’EHESS de Toulouse-Le Mirail, Agnès Echène travaille sur les relations de parenté dans les premières littératures. Elle est par ailleurs directrice de compagnie théâtrale, formatrice-consultante en communication, essayiste, conférencière et diseuse.

BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES Miniatures contées d’Agnès Échène, Rencontres imaginaires en Aubrac, Argemmios éditions, 2013 (suivi de Serpent d’Infant de Chantal Robillard, avec un avant-propos de Francis Cransac et une préface de Philippe-Jean Catinchi) Ce recueil réunit les textes des Portraits de femmes de Jérusalem (dessinés pour les Imaginaires de Jérusalem en 2011), des Pépites (ciselées pour les Imaginaires de l’Eldorado en 2012) et les Fruits du jardin (offerts pour les Imaginaires de l’Eden en 2013). Mutation de la paternité à l’aube du roman, Editions Universitaires Européennes, 2010 Moyen-Âge en badinage, in Saynettes pour princesses & chevaliers, coll., Éditions Retz, 2006 Petits festins de Michel Bras (Éditions du Rouergue - 1995) Lévezou, cheminements (Éditions Subervie - 1998) PUBLICATIONS Ulysse en paternité, in Le Paon d’Héra n° 10, Éditions du Murmure, sept. 2013 Société matrilinéaire et pouvoir des femmes, in dir. L. Machet, S. Ravez, P. Sardin, Les mères et l’autorité, mythes et réalités, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013 Frère et sœur, le couple idéal ?, in La Grande Oreille (Frère, sœur, contes d’amour et de haine), n° 48, 2011 Demeter ou la voie de la mère, in Our Mother/Nos mères, revue Mediterraneans/Méditérranéennes n° 15, Editions de la MSH, 2011 Les « crimes » de don Juan, in Le Paon d’Héra n° 7, Éditions du Murmure, 2011 Arachné contre les modernes, une approche anthropologique d’un conflit politico-religieux, in Amaltea, revue de mythocritique (2010) La participation du père à la naissance..., regard dans l'après-coup de la séparation, in revue Dialogue n° 190 (Erès) - 2010/4 Médée contre les modernes in Le Paon d’Héra, n° 5 Éditions du Murmure, 2009 La cruelle princesse ou la fille rebelle de l’Orient à l’Occident, in dir. Chraibi A. & Ramirez C., Les Mille et une nuits et le récit oriental en Espagne et en Occident L’Harmattan, 2009 Mélusine, ancêtre de lignée, in Les Mères de la patrie, Caen, Cahier de la MRSH, 2007 Pour en savoir plus La Dive http://www.la-dive.com

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par Xavier-Laurent SALVADOR

La Clôture de Paradis

Le paradis est un lieu que protègent une épée flamboyante et une clôture : c'est l'image traditionnelle du lieu de paix dans l'imaginaire médiéval. De là découle une représentation déceptive de toute herméneutique : découvrir dans la mort le lieu dont le vivant rêve et qu'il ne fait qu'entrapercevoir dans la sagesse et la foi. Cette dynamique inspire la symbolique des romans médiévaux et nous croyons en trouver quelques échos dans la culture cinématographique moderne.

BIOGRAPHIE Xavier-Laurent Salvador est Professeur agrégé de lettres modernes, maître de conférences (HDR) et assesseur de l'UFR lettres au sein du laboratoire CNRS Lexique, Dictionnaire, Informatique du PRES Sorbonne Paris Cité. Linguiste, traductologue spécialiste de la langue médiévale, il co-dirige l'équipe de chercheurs du projet Créalscience (www.crealscience.fr) qui a pour objet la rédaction du Vocabulaire des sciences médiévales prévu en 2014 aux éditions Champion. Il a soutenu cette année une Habilitation à Diriger les Recherches sur ses thèmes de prédilection qui a été saluée par la communauté scientifique des linguistes traductologues et des littéraires. Membre des jurys de l'Agrégation et du CAPES, il est également l'auteur d'un ouvrage, Vérité et écriture(s) paru aux éditions Champion, consacré à la langue des premières traductions en prose de la Bible et a achevé la retranscription du Livre de l'Exode de la Bible historiale (Champion, en cours d'édition) en même temps qu'il a travaillé à la publication d'une anthologie, Lire le Moyen Âge, prévue pour la fin d'année. Il a publié une trentaine d'articles spécialisés. Il est enfin l'auteur d'une enquête folklorique sur les origines du motif symbolique du pont dans divers récits d'inspiration chrétienne: Le Pont des âmes, paru aux éditions Signatura. Il a fondé l'entreprise I-Def (www.i-def.fr) consacrée aux liens Université - Entreprises.

BIBLIOGRAPHIE 2003 Vérité et écriture(s), éditions Champion 2005 La Clôture, Actes du colloque interdisciplinaire et international qui s’est tenu à Bologne et à Florence les 8,9 et 10 mai 2003, Claude Thomasset (dir.) et Xavier-Laurent Salvador (éd.), Bologne, CLUEB 2006 L’usage du texte littéraire en classe de langue (vol. I), Bologne, CLUEB 2012 Le Pont des âmes, éditions Signatura

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par Abdelwahab MEDDEB

Paradis de lumière : d'Ibn Arabî à Dante et d'autres...

Abdelwahab Meddeb, né en 1946 à Tunis, est un écrivain, poète et animateur de radio franco-tunisien. Directeur de la revue internationale et transdisciplinaire Dédale, om enseigne la littérature comparée à l’Université Paris-X. Il anime également l’émission hebdomadaire « Cultures d’Islam » sur France Culture. Abdelwahab Meddeb grandit dans une famille traditionnelle, conservatrice et pieuse. Il commence à apprendre le Coran sous l’autorité de son père dès l’âge de quatre ans puis entre à l’école franco-arabe de Tunis deux ans après, dans une annexe du Collège Sadiki consacrée à l’enseignement primaire. A partir de quatorze ans, il se passionne pour la littérature française en lisant ses grands classiques. Après trois années à l’université de Tunis, il entame des études de lettres et d’histoire de l’art à l’Université de la Sorbonne Paris-IV et s’établit à Paris en 1967 où il vit depuis. Il obtient au terme de ses études une licence en 1969 et une maîtrise de lettres en 1970. Parmi ses premières publications datant du milieu des années 1970 figurent des essais (parus notamment dans Les Cahiers du cinéma et Les Temps modernes) et des poèmes (édités par la revue Change). Entre 1972 et 1973, il collabore avec la maison d’édition Dictionnaires Le Robert pour des notices concernant l’Islam et l’histoire de l’art. Entre 1973 et 1974, il devient lecteur aux Editions du Seuil. De 1974 à 1988, il est conseiller littéraire et directeur de collection aux éditions Sindbad et contribue à faire connaître les auteurs classiques des littératures de langue arabe et persane ainsi que les grandes voix du soufisme. En 1983, il traduit en français le roman Saison de la migration vers le nord de Tayeb Salih. De 1987 à 1995, il enseigne à titre de professeur invité et maître de conférences aux universités de Genève, de Yale, de Florence et de Paris-Descartes en soufisme. En 1991, il soutient à l’Université d’Aix-Marseille une thèse de doctorat s’intitulant « Ecriture et double généalogie », la « double généalogie » étant celle de l’Europe des Lumières et du monde arabo-islamique. Il donne également des cours à l’Ecole Supérieure d’Electricité et dirige un programme de recherches à la Fondation Transcultura. Entre 1992 et 1994, il codirige la revue Intersignes avec le psychanalyste Fethi Benslama et fonde en 1995 sa propre revue baptisée Dédale. En 1997, il fonde également une collection du même nom à la maison d’édition Maisonneuve et Larose. A partir de 1995, il enseigne la littérature comparée (Europe et monde islamique) à l’Université Paris-X2. A la demande de Patrice Gélinet, alors directeur de la station radiophonique France Culture, il crée en octobre 1997 l’émission hebdomadaire « Cultures d’Islam ». Depuis, il participe également, en tant qu’auteur et chercheur, à de nombreux débat ou séminaires consacrés aux rapports entre l’Islam et l’Europe et collabore à plusieurs revues, dont Esprit ou Communication. Il a également collaboré à deux films : La Calligraphie arabe (1986) de Mohamed Charbagi et Miroirs de Tunis (1973) de Raoul Ruiz. Il a en outre traduit certaines œuvres de soufis tels que notamment Sohrawardi ou Abû Yazid al-Bistami. En 2002, il reçoit le prix François-Mauriac pour La Maladie de l’Islam et le Prix Max Jacob pour son recueil de poésies Maître des oiseaux. En 2007, il reçoit le Prix Benjamin-Fondane pour Contre-prêches.

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par Pascal MONTEIL

Instantanés d’Eden

Pascal Monteil est né à Nîmes en 1968. Il vit, travaille et enseigne (Art et Architecture) à Paris. Aux Rencontres d’Aubrac, l’artiste plasticien exposera certaines des œuvres de sa dernière série « Enfer / Eden », dont le diptyque "l’Eden", et deux grands portraits "Le Moine" et "Omar Khayyam". Ses œuvres mais plus encore sa dernière création, l’Eden, sont autant d’invitations à un lointain voyage intérieur. Nourries par ses nombreux séjours en Orient (Iran, Turquie, Israël), en Inde et au Japon, les œuvres de Pascal Monteil exhument – à partir de plusieurs milliers de fragments photographiques et picturaux- des mondes ignorés, des mondes oubliés, des mondes aperçus dans des rêves très anciens. L’Eden est un montage numérique assemblant plus de 10000 sources photographiques et picturales (peintures, dessins…) et a nécessité 18 mois de travail. Au final, c’est une tour de Babel contemporaine, mystique et infernale. Il a exposé à Paris, Lyon, ainsi qu’à l’étranger (Bangkok, Bombay, Carthagène, Calcutta, Delhi, Fès, Séoul, Tel Aviv…). Sa dernière série vient d’être présentée à l’Orangerie de la Propriété Caillebotte (Yerres, 91). Un catalogue a été édité à cette occasion ainsi qu’un livre d’Art aux Editions Jean-Fabien G. Phinera. Sites et actualité artistique sur: http://www.pascalmonteil.net

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par François PLOTON-NICOLLET

Un autre paradis perdu, la Sarcotide de Masénius

« Le poème latin du R. P. Masenius Jésuite que nous donnons au public est digne de l’admiration et de l’estime de tous les hommes de Lettres. Cet ouvrage parut à Cologne en 1661, et enseveli pour ainsi dire dans l’Allemagne, il était perdu pour nous, sans l’accusation de Plagiat reproché à Milton. La lecture de cet ouvrage doit faire plaisir aux savants : elle les met en état de juger si Milton a pris dans Masenius le fond de son poème du Paradis Perdu ; s’il lui doit ses beautés, et jusqu’à quel point il l’a imité ou traduit. » Abbé Dinouart, traducteur de la Sarcotide de Masénius en 1757.

BIOGRAPHIE Né en 1980, savoyard d’origine, François Ploton-Nicollet est ancien élève de l’École nationale des chartes, agrégé de grammaire et docteur en études latines. Philologue de formation, il consacre ses recherches à la civilisation romaine et à la littérature latine ; il s’intéresse en particulier à la poésie de cour et aux rapports entre littérature et pouvoir sous l’Empire romain et au début du Moyen Âge. Actuellement pensionnaire de la Fondation Thiers, il enseigne la langue et la littérature latines à l’École nationale des chartes, à l’Université de Paris IV-Sorbonne et à l’Institut national du Patrimoine. Il siège au jury du concours d’entrée à l’École nationale des chartes et au comité de rédaction de la Revue des Études latines. Il est membre du bureau de la Société d’Études médio- et néo-latines (SEMEN-L) et de celui de l’association « Textes pour l’Histoire de l’Antiquité tardive » (THAT). Numismate à ses heures perdues, il est aussi membre correspondant de la Société française de Numismatique (SFN).

BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : - avec Benjamin Goldlust, Le païen, le chrétien, le profane. Recherches sur l’Antiquité tardive, Paris, PUPS, 2009. - avec Thierry Sarmant, Catalogue des jetons des institutions centrales d’Ancien Régime de la Bibliothèque nationale de France, Paris, BnF, t. 1, 2010. Choix d’articles : - « La topique de la "nourrice divine": un motif récurrent dans la poésie d'éloge depuis Stace jusqu'à Sidoine Apollinaire », dans La lyre et la pourpre ; Poésie et politique de l’Antiquité tardive à la Renaissance, dir. N. Catellani-Dufrêne et M. Perrin, Rennes, PUR, 2012, p 33-57. - « Entre éloge de la nature et récriture précieuse : le carmen III de Mérobaude », dans Le païen, le chrétien, le profane. Recherches sur l’Antiquité tardive, dir. B. Goldlust et Fr. Ploton-Nicollet, Paris, PUPS, 2009, p. 43-63. - « Ioca monachorum et pseudo Interpretatio sancti Augustini (version du manuscrit Sangallensis, Stiftsbibliothek, 908) », dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen-Âge, 73, 2007, p. 109-159.

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par Chiwaki SHINODA

L’île de l’éternel printemps

Les anciens Japonais croyaient en l’existence d’un lieu appelé île de l’éternel printemps au delà de l’horizon, à l’est ou au sud. Ils le nommaient « Tokoyo » : le monde de la vie éternelle. Il y est fait mention plusieurs fois dans la Chronique ancienne, Kojiki. La première raconte l’arrivée et le départ du dieu de Tokoyo, Sukunahikona. Il était arrivé au Japon dans une petite barque, en éclairant les flots, et en était reparti en sautant sur les rochers qui se trouvaient à la pointe de la presqu’île du sud. Le nom de Tokoyo apparaissait également dans la scène de l’antre du soleil dans laquelle on apprend que la déesse Amaterasu restait cachée et que les dieux rassemblés cherchaient les moyens de l’en faire sortir. L’un d’entre-eux proposa de faire venir l’oiseau de Tokoyo pour annoncer la naissance de l’aube. C’est ainsi que dès l’apparition du soleil, on croit entendre le chant de ces oiseaux, et l’on constate que des flots illuminés parviennent de cet endroit vers le rivage d’Ise, le sanctuaire de la déesse solaire. La plage d’Ise bénéficie encore des vents odorants de l’est venant de ce paradis. On a l’habitude d’aller sur cette plage pour fêter le premier lever du soleil, qui se lève entre deux rochers sacrés, juste au dessus du mont Fuji qui se trouve au delà des flots. Le mont Fuji renvoie à l’immortalité comme en témoigne l’histoire du coupeur de bambou qui se termine par la scène du rituel de l’empereur montant sur ce mont pour y brûler l’encens de l’immortalité, donné par la princesse brillante avant son retour vers la lune. Le mont Fuji, vu de loin, du rivage d’Ise se confond ainsi avec l’île de l’éternel printemps. Un peu plus tard, le texte de la Chronique régionale rapporte qu’un culte très populaire se développait au pied du mont Fuji. Tout le monde se précipitait devant un insecte qu’on croyait être l’incarnation du dieu de l’immortalité. Il s’agissait d’une larve d’une certaine espèce du papillon vivant sur des orangers. Ce mouvement populaire fut vite réprimé, mais un empereur ordonna à un homme d’aller chercher le vrai fruit de l’immortalité. L’homme revint un jour avec une branche d’arbre ressemblant fort à l’oranger. Ces trois informations nous donnent le début de l’aperçu de cette île de l’éternel printemps : elle se trouve au-delà des flots de l’est, dans la direction du mont Fuji, vu de loin sur les flots… Avec l’arrivée du bouddhisme, on commença à imaginer ce paradis dans une autre direction, cette fois vers le sud. Si le bouddhisme du petit véhicule nie l’existence du paradis, celui du grand véhicule dit qu’il y en a plusieurs, et la Terre pure d’Amidabha vers l’ouest est considéré comme le plus célèbre. Mais ce paradis est si loin que les Chinois et les Japonais ont préféré un autre paradis qui se trouve juste au-dessus de notre terre, c’est le paradis ou le ciel suprême de Maitreya, appelé Tshusita. Les Japonais désirant un paradis à proximité, ils devinrent adeptes d’Avalokiteshvara, dont le paradis Potalaka doit se trouver au-delà de l’horizon du sud. Si cet enseignement était vrai, l’ancienne croyance dans l’île de l’éternel printemps ne serait pas contradictoire. On imaginait que cette île devait se trouver ver l’est, mais on n’avait qu’à rectifier un peu la direction, le Potalaka se trouvant vers le sud. C’est d’ailleurs de là que les ancêtres des Japonais seraient venus en pirogues. Et depuis le neuvième siècle, plusieurs moines s’embarquèrent vers ce paradis, s’enfermant dans une petite barque hermétique, sorte de coffre dérivant au gré des vents et des flots. Ce voyage suicidaire vers le paradis de Potalaka se répèta régulièrement jusqu’au XVIIIe siècle. On peut voir la liste des noms de ces moines dans le temple qui se trouve au pied de la chute de Nachi à Kumano, le sanctuaire d’Avalokitesvara. L’archipel japonais est donc entouré du paradis d’Avalokitesvara, vers le sud, par celui de Maitreya au dessus, celui d’Amitabha vers l’ouest. L’île de l’éternel printemps doit être dans l’une de ces trois directions, ou vers le mont Fuji…

BIOGRAPHIE Chiwaki SHINODA est né en 1943 sous le bombardement américain. Il fait ses études à Yokohama, Tokyo, Grenoble et Paris. Il a enseigné à Shizuoka, Nagoya, et Hiroshima. Auteur de Serpents galants et d’autres, La Métamorphose des fées, Dieu dragon et princesse tisserande, Des récits de loup-garou en Europe, Châteaux d’Espagne – univers imaginaire de Nerval, Fêtes perdues – univers mental de Nerval, Mythes, symboles et Littérature. Depuis 1997, il organise une série de colloques internationaux de mythologie comparée, se déroulant alternativement à Nagoya, à Kyoto et à Nara, sur les thèmes de Chasse nocturne, Déesse infernale, Enfant-Dieu, Merlin, Démons et Oni, Mythes de la mer, Monstres maritimes, Dieux maritimes, Horai ou l’Iles d’Avalon, Soleil et lune, Mort et ressurrection, Oiseau-orage (2006, 11e rencontre). Il dirige un Groupe de recherche sur la mythologie comparée (GRMC) pour lequel il a publié Mythe du déluge et prépare La Vie après la mort, La mythologie du ciel, La mythologie zoologique. Il participe pour la huitième fois aux Rencontres d’Aubrac auxquelles il apporte, outre ses communications, un précieux concours en s’en faisant le porte parole enthousiaste auprès de ses collègues universitaires japonais qu’il contribue à faire venir en Aubrac.

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par Nacer Khemir

Le Paradis dans Les Mille et Une Nuits

Nacer Khémir (خخممييرر االلننّااصصرر), né en 1948 à Korba, est un conteur, écrivain et réalisateur tunisien. Très tôt bercé par l'univers du conte, il obtient en 1966 une bourse de l'Unesco pour étudier le cinéma à Paris. En 1972, il part à la recherche des conteurs dans la médina de Tunis et ce travail de collecte lui inspirera quatre films dont le premier, L'Histoire du pays du Bon Dieu, voit le jour en 1975. Avec la publication en 1975 de L'Ogresse, un conte calligraphique, il participe au renouveau du conte en France, notamment en initiant des ateliers de formation de conteurs. Conteur contemporain, il se situe toutefois dans la tradition des conteurs d'Orient et donne à entendre des adaptations des contes issus de la tradition orale tunisienne. En 1982 et 1988, il raconte durant un mois Les Mille et Une Nuits au Théâtre national de Chaillot à Paris : 25 heures de récit (une histoire par soirée) dans une scénographie de Yannis Kokkos. Sa collection Les mille et une facéties de Nacer Khemir renvoie directement aux contes des Mille et Une Nuits. L'auteur y fait référence dans ses interviews comme l'un des souvenirs les plus importants de son enfance. Dessinateur et sculpteur, Khemir est aussi calligraphe et expose ses travaux, notamment au Centre Pompidou en 1980 et au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. En 1986, il sort Les baliseurs du désert qui n'est toutefois pas projeté dans le monde arabe, ce qui pousse Khemir à s'indigner « face aux sociétés arabes mettant à l'écart leur propre culture ». Le collier perdu de la colombe, qui rencontre beaucoup de succès, n'est pas non plus projeté dans le monde arabe, y compris en Tunisie. Sorti en 2005, son troisième long-métrage, Bab'Aziz, le prince qui contemplait son âme, est coproduit par huit pays dont l'Allemagne, la France, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas et l'Iran. Les 1001 Nuits restent un fil rouge permanent de sa réflexion. Il s’en entretient mêlant la voix du chercheur André Miquel à la sienne dans un documentaire de référence. En 2012, il est, avec Aboubakr Chraïbi, un des commissaires de l’exposition 1001 Nuits proposée à l’Institut du Monde Arabe à Paris pendant six mois. Aujourd’hui, Nacer Khemir poursuit sa quête spirituelle au cinéma en s’attachant à « désensabler » des pans souvent méconnus du riche patrimoine culturel arabe, telle la figure de ce penseur essentiel à la recherche duquel il part dans son dernier film.

Publications 1975 L'Ogresse, éd. Maspero, rééd. Syros Jeunesse, 2001 1995 Paroles d'Islam : La Vérité ne peut être contenue dans un seul rêve, éd. Albin Michel, Paris, 1998 Chahrazade, éd. Le Mascaret, Lormont 1999 L'alphabet des sables. De l'alphabet arabe comme alphabet des sables, éd. Syros Jeunesse 1999 Le conte des conteurs, éd. Syros Jeunesse 2000 Le juge, la mouche et la grand-mère, éd. Syros Jeunesse 2000 J'avale le bébé du voisin, éd. Syros Jeunesse 2001 Le conte des conteurs, illus. Hassan Masssoudy, éd. Syros Jeunesse 2001 Le chant des génies, éd. Actes Sud Junior, Paris 2001 Le Livre des génies, éd. Syros, Paris 2002 Le Livre des Djinns, éd. Syros, Paris 2003 La quête d'Hassan de Samarkand, éd. Actes Sud Junior

Filmographie (réalisateur) 1976 L’Histoire du pays du Bon Dieu 1986 Les baliseurs du désert 1991 Le collier perdu de la colombe 2005 Bab'Aziz, le prince qui contemplait son âme 2007 Die Tunisreise de Bruno Moll, Nacer Khemir se confronte au voyage de Paul Klee à Tunis 2011 En passant par André Miquel 2012 Sheherazade 2013 Looking for Muhyiddin

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par Fabienne RAPHOZ

Parade au paradis (des paradisiers)

Que le paradis ait été imaginé sur terre, ou qu’on l’ait envoyé au ciel, l’oiseau, cette évidence, est par nature celui qui fait le lien entre les deux. Mais « paradis » est aussi nom d’un oiseau…

BIOGRAPHIE FABIENNE RAPHOZ, auteure, éditrice, ornithologue amateur, co-dirige depuis 1996, aux côtés de Bertrand Fillaudeau, les éditions Corti, où elle crée trois collections : La collection MERVEILLEUX : http://www.jose-corti.fr/Lescollections/Merveilleux.html La collection BIOPHILIA : http://www.jose-corti.fr/Lescollections/Biophilia2.html La SERIE AMERICAINE : http://www.jose-corti.fr/sommaires/Autourde.html

BIBLIOGRAPHIE personnelle sélective Poésie PENDANT (Héros-Limite, Genève, 2005) : un recueil de 61 poèmes ; JEUX D'OISEAUX DANS UN CIEL VIDE, AUGURES (Héros-Limite, Genève, 2011) : un recueil poétique consacré aux quelque 180 familles d’oiseaux ; TERRE SENTINELLE, un recueil qui fait se rencontrer les sciences du vivant et la poésie (Héros-Limite, Genève, à paraître en janvier 2014) ; Essais, anthologies LES FEMMES DE BARBE-BLEUE, UNE HISTOIRE DE CURIEUSE, Métropolis, Genève, 1995 ; DES BELLES ET DES BETES : une anthologie commentée autour du thème des fiancés animaux dans les contes (collection Merveilleux, Corti, 2003) ; L’AILE BLEUE DES CONTES, l’oiseau : une anthologie commentée sur la figure de l’oiseau dans les contes populaires du monde entier, (Collection Merveilleux, Corti, 2009) ; Edition naturaliste des VOYAGES de William Bartram, Biophilia, Corti, 2013.

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par Francis NOYRIGAT

JARDIN BOTANIQUE DE L’AUBRAC

Le Jardin Botanique de l’Aubrac vous ouvre son espace d’accès à la salle scénographique de la Maison de l’Aubrac où a lieu le vernissage de l’exposition Eden le 20 août de 18h30 à 20h. Ce petit parcours, dans le haut du jardin, vous permettra de survoler son espace culturel pluridisciplinaire encadré par l’exceptionnel panorama de la grande Prairie d’Aubrac. Ce paysage de pâtures, classé Espace Naturel Sensible par le département de l’Aveyron se prolonge bien au-delà sur plus de 30 000 hectares et voit chaque année transhumer près de 30 000 vaches et leur veau. La flore très diversifiée de cet immense écosystème, unique en Europe, est mis en valeur par sa présentation au Jardin Botanique. Il en est de même de la richesse des hêtraies claires et des nombreuses lisières de l’Aubrac. On y retrouve aussi une tourbière active avec ses multiples plantes rares, protégées (le jardin a obtenu des dérogations de détention dans un but pédagogique) et souvent reliquats de l’époque glaciaire, parfois très surprenantes comme les plantes insectivores. Herbier vivant de la flore du futur Parc Naturel Régional de l’Aubrac, le Jardin rassemble plus de 650 espèces sauvages de son territoire. Cet ensemble remarquable est conçu comme un outil d’ouverture à la connaissance de la nature et des multiples interactions entre flore, géologie, histoire et économie actuelle ou passée. L’équipe du jardin le conçoit comme axé sur « La Science pour tous, coté jardin! » tant l’Aubrac, sa flore, sa géologie et son histoire sont une excellente occasion de montrer tout l’intérêt de la pluridisciplinarité.

BIOGRAPHIE Physiochimiste de formation, il a été responsable de recherche dans l’industrie chimique pendant 35 ans. Son expérience l’a amené à faire partie de la Commission d’évaluation de l’impact des produits sur l’environnement, et à être nommé expert auprès de l’OCDE. Sa séparation brutale, lors de ses années de pensionnat au Lycée de Rodez, d’avec la nature bocagère, des vignes en terrasses et des châtaigneraies de la vallée du Lot, est à l’origine de son goût pour la botanique et la géologie, renforcé plus tard par la nécessité professionnelle de subir « Paris, ses pavés et ses marbres, et sa brume et ses toits... » La passion de son père pour le paysage de l’Aubrac, la chasse et la pêche, lui ont permis d’approfondir, chaque fois qu’il y revenait, la richesse exceptionnelle de cette région. Parallèlement, grâce aux archives rassemblées par un grand oncle paléographe, il découvrait le rôle important de la Dômerie d’Aubrac et son impact positif sur la flore des pâturages. Dans le but de mieux faire connaître ces richesses naturelles et historiques, il a, dans le cadre de l’association ADASA, créé un jardin botanique des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. L’ADASA a publié cinq volumes des ses promenades géologiques et pétrographiques. Les Editions du Rouergue ont édité deux très beaux albums et guide de Francis Nouyrigat : Flore d’Aubrac et Fleurs et paysages de l’Aubrac

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Pierre HAMON (flûtes), Jean BOUCAULT (chanteur d’oiseaux) Johnny RASSE (chanteur d’oiseaux) Joël GRARE (cloches, litophone, percussions)

Entre ciel et terre

Quel est cet étrange percussionniste, qui d’un battement d’aile nous donne le tempo et qui d’un bruissement de plume nous donne à entendre l’insoupçonné ? Quel est ce flûtiste sylvestre qui d’un souffle profond transforme un gazouillis lointain en une mélopée envoûtante, à faire mourir d’envie le rossignol ? Qui de l’homme ou de l’oiseau à chanter les beautés du monde en premier ? Quid de ces hommes oiseaux, aux voix plus divines qu’humaines, qui dialoguent au firmament avec les dieux de la nature. Un monde d’avant la musique, lorsque celle-ci cherchait à naître, à gronder, à tonner, à imiter monts, ruisseaux, minéraux, végétaux, faune, flore, les oiseaux précisément. Une musique sauvage, d’avant les règles, qui se racontent entre les notes, entre murmures et cataclysmes et qui vous transformera, vous, auditeur, en aventurier. Déambulation au son d’une cloche que frotte un archet, il fait nuit, le voyage peut commencer…

Le choix d’instruments “premiers” fleurant bon la terre avec une “lutherie sophistiquée” a été de pair avec la volonté d’aller par delà une musique naturaliste. L’imitation nous a servi de faux amis pour s’en évader. A chaque pièce nous avons privilégié une instrumentation dépouillée et singulière, plutôt qu’une pluralité, afin de privilégier le mystère voir l’hypnose. Mais il est de bon ton que quelques exceptions infirment la règle et tiennent l’auditeur en alerte. Il n’en sera pas dit plus, la parole n’a plus sa place et nous avons banni de nos chants le perroquet. Nous posons nos plumes et jetons l’encre, pour vous nous serons des calligraphes sonores. Les percussions Des matières aussi “brutes” que faire se peut :

- “Pris dans la nature” (jeu de pierre accordées – lithophone, bambou tel quel ou taillé en lamelle, flamboyant ou caroube, haricot-sonnaille, pris sur l’arbre du même nom, eau, feuillage, selon disponibilité et saison) - “Façonnées par l’homme” (un jeu de cloche de vaches rondes en acier accordées – Devouassoud de Chamonix, sanza du Burkina Fasso, grande sanza diatonique de 4 octaves crée par Dieter Hermann, poterie africaine du Niger – udu, cajon, grand tambour sur cadre avec grelots du Kérala, flûte nasale amérindienne, Trompiki - c’est une surprise, toupin en ré – la plus grosse cloche de vache du monde, tong-tong - tambour de bois indonésien, Mou-Yu - cloches en bois chinoises, jeu de mini-claves - création de Dieter Hermann, shakers en tous genres - grelots, pailles, graines, sable)

Les flûtes Flûte oblique en os de vautour: copie de la flûte préhistorique trouvée dans la grotte d'Isturitz au pays basque Flûtes en terre cuite et bambou des des civilisations anciennes d'Amérique: Quena de ceramica Chincha ( Pérou) , Antara Nazca ( flûte de pan en céramique de la civilisation Nazca, Pérou) ,Quena Mama ( Bolivie), flutes Aztèques, ocarinas, sifflets et flûte triple serpent de la civilisation du Golfe ( Mexique), flûte d'amour des indiens d'Amérique du Nord, gaita hembra des indiens Kogui ( Colombie) Flûtes traversières en bambou ( Pifano du Brésil, bansuri d'Inde) flûte Dizi à membrane (Chine) Frestel ( flûte de pan médiévale) Flûtes médiévales... Les chants d’oiseaux Merle noir, grive musicienne, rossignol philomèle, troglodyte, pinson des arbres, avocette, huppe fasciée, sarcelle d’hiver, chevalier aboyeur et chevalier Gambette, héron cendré, faisan de colchide, tétras lyre… Coucal du senegal, aigle pêcheur, dendrocygne fauve et veuf, grue couronnée, oedicnème, vanneau téro, engoulevent terne et le rare chant du kiwi… Avec Joël Grare, Pierre Hamon, Jean Boucault et Johnny Rasse

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Joël Grare Batteur-percussionniste passionné par toutes les cultures de la route de la soie, Joël Grare se constitue un instrumentarium allant des tambours japonais aux cloches de vaches de Chamonix. Avec ces cloches il compose “Follow”, pour une chorégraphie de Zheng Wu, créée à la biennale de Venise en 2002, objet d’un premier cd sous son nom chez Alpha. D’un esprit curieux, il aime multiplier les aventures musicales; Flamenco avec Daniel Manzanas, “World-Jazz” avec Didier Malherbe, Baroque avec le Poème Harmonique, Lyrique avec Patricia Petibon, concerts improvisés avec Jean-François Zygel. En mars 2008, sortie du cd “Paris-Istanbul-Shangaî”, fruit de sa rencontre avec un violoniste chinois, un contrebassiste turc, un joueur de théorbe et une danseuse flamenca. Il compose cette même année la musique du film de Philippe Bérenger, “Cahier d’un retour au pays natal”, tiré du poème d’Aimé Césaire. Pour le théâtre, il signe au printemps 2009, celle de “Cami”, pièce mise en scène par Laurent Pelly au Théâtre National de Toulouse.

Discographie sélective : Joël Grare : « Follow » et « Paris-Istanbul-Shangaï » chez Alpha « Cahier d’un retour au pays natal » DVD Film de Philippe Bérenger chez Les Films du Paradoxe « L’odyssée de l’espèce » d’Yvan Cassar chez Universal « French Touch » DVD récital de Patricia Petibon à Gaveau chez Decca « Tournée des stades 2003 » CD et DVD Johnny Hallyday chez Universal Vincent Dumestre et le Poème Harmonique chez Alpha « Je meurs sans mourir » de Boësset « Cadmus et Hermione » Lully (DVD) Jean-François Zygel : « La boite à musique » (saison 1&2) DVD

Pierre Hamon Après des études scientifiques supérieures, validées par l’obtention du diplôme d’ingénieur physicien de l’Institut d’Optique de Paris-Orsay, Pierre Hamon se consacre entièrement à sa passion de toujours, la musique. Après avoir appris à jouer en autodidacte la flûte à bec au cours de son adolescence, il profite de ses études à Paris pour suivre les master classes de Franz Bruggen et va ensuite se perfectionner auprès de Walter Van Hauwe à Amsterdam. Sa fascination pour la musique médiévale l’amène à s’intéresser au jeu d’autres instruments à vent médiévaux comme la cornemuse, les flûtes doubles, l’association flûte à 3 trous-tambour et tout naturellement à leurs correspondants dans les musiques traditionnelles du monde

entier. En 1998, il devient disciple du grand maître indien Hariprasad Chaurasia, pour l’étude de la musique hindoustanie et de la flûte Bansuri. Son esprit toujours curieux et en perpétuelle recherche des gestes musicaux fondamentaux de l’humanité le mène depuis quelques années vers l’univers fascinant des flûtes précolombiennes et des traditions amérindiennes… Son instrumentarium est véritablement exceptionnel en flûtes du monde… Après avoir collaboré avec les ensembles historiques du renouveau de la musique ancienne , comme Les Arts Florissants (Atys , Médée…) et l’ensemble Gilles Binchois, il devient en 1994 le collaborateur privilégié et fidèle de Jordi Savall, avec qui il continue d’enregistrer et de se produire dans le monde entier. Co-directeur avec Brigitte Lesne de L’ensemble Alla Francesca, avec lequel il a enregistré une quinzaine de Cds, il s'est consacré depuis 2007 avec le chanteur Marc Mauillon à plusieurs projets autour du Musicien-Poète Guillaume de Machaut, qui ont fait l'objet d'enregistrements discographiques particulièrement primés et salués par la critique française et internationale. Outre ces ensembles , il aime les expériences et rencontres musicales et adore se produire avec des musiciens tels que Joël Grare, Carlo Rizzo, Jean-François Zygel… mais aussi les expériences plus solitaires et intérieures comme le récital solo (Lucente Stella, Hypnos). Depuis 1993, il est professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, et est régulièrement invité pour des séminaires où « classes de Maîtres » par les grands instituts d’enseignements de la musique ancienne dont la Schola Cantorum Basiliensis.

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Jean Boucault et Johnny Rasse Difficile de décrire, en quelques lignes, ces deux étranges oiseaux, mais, en préambule, voici ce que dit d’eux Jean-François Zygel : « On a toujours cru qu’il y avait deux types d’hommes : ceux qui sont malheureusement au ciel et ceux, bien vivants, accrochés à la terre mais c’est oublier nos deux amis qui par leur don réunissent la terre et le ciel, le matériel et l’immatériel. » Comment imaginer que, dès les premiers trilles, le spectateur s’évade de la salle de concert pour rejoindre la grande scène de la nature.

Nos deux chanteurs, durant leur enfance, étaient voisins dans un petit village à une lieue, à vol d’oiseau, de la Baie de Somme. Fréquentant la même école, les mêmes terrains de jeux et les mêmes marais, ils découvrirent très vite leur don pour les imitations de cris d’oiseaux. Ce don, ils l’exercèrent et le peaufinèrent alors dans un seul but : briller lors des concours de chants d’oiseaux. Leur talent les amènera à participer à diverses émissions radiophoniques et télévisuelles (émissions sur la nature, émissions de divertissement, journaux télévisés régionaux et nationaux), au bruitage d’une pièce de théâtre au Théâtre de Poche Montparnasse à Paris, à l’animation de la soirée de clôture du festival animalier de Namur. En 2006, une idée, des plus improbables, sera concrétisée par le directeur du Festival des Forêts à Compiègne: celle de placer, sur la même scène, le pianiste compositeur et improvisateur Jean-François Zygel et « ces deux oiseaux ». Depuis, ils ont lancés le collectif «Les chanteurs d’oiseaux» avec pour but d’utiliser le chant d’oiseau, comme matériau brut et originel, afin de le transcender et de le mélanger aux différents arts : musique classique, jazz, théâtre, danse, mime. L'improvisation fait partie intégrante de l'axe artistique de ces deux chanteurs ; ils collaborent sur de nombreux projets avec les plus grands dans ce domaine, Jean François Zygel, Michel Godard, Joël Grare, Pierre Hamon David Venitucci… en laissant toujours une place au spectaculaire. Ils sont invités sur le disque « Improvisation » (Naïve) de Jean-François Zygel. En 2012 ils créent « Le bal des oiseaux » un spectacle musical à Marrakech.

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par Muriel CHEMOUNY

L’Eden, un monde de délice suprême des kabbalistes et des taoïstes

A voir combien l'« Eden » est encore largement présent dans notre vie, véhiculé par les colporteurs de rêves, aux desseins plus ou moins louables, il est manifeste que celui-ci éveille toujours autant l'enchantement. Car si les uns en tirent parfois honteusement profit, les autres en font assurément une source de création inépuisable... Mais qu'en est-il de l'Eden, celui de la Bible, associé aux prémices de l'humanité ? Un jardin mystérieux ? Le Paradis perdu ? Le Paradis à venir ? Quelle est la signification étymologique, symbolique, métaphysique de ce mot hébreu ? A la lumière de la Kabbale, notamment de son Livre de la Splendeur, le Zohar, se déploie un monde en devenir, l'Eden, annonçant l'aube d'un délice infini. Vaste plan téléologique, auquel la pensée initiatique taoïste et son vieux maître Laozi se font l'écho à maintes reprises. BIOGRAPHIE Muriel Chemouny est chargée de mission à la Fondation Maison des sciences de l'Homme (ESCoM - équipe de sémiotique cognitive et nouveaux Médias). Elle est responsable du site de ressources audiovisuelles sur la littérature ALIA - "Atelier Littéraire d'Ici et d'Ailleurs" - développé dans le cadre d'un projet ANR ASA-SHS (Atelier de sémiotique audiovisuelle en sciences humaines et sociales). Sa formation de sinologue et d'hébraïsante l'a conduite à s'intéresser plus particulièrement à la mystique juive et au taoïsme. ALIA Le site ALIA (Atelier Littéraire d’Ici et d’Ailleurs) - développé par Muriel Chemouny dans le cadre du projet ANR intitulé Atelier de Sémiotique Audiovisuelle en Sciences Humaines et Sociales - propose des reportages, colloques, séminaires, entretiens avec des chercheurs-enseignants des plus grandes universités européennes et internationales, des personnalités du monde littéraire, des artistes, etc., en libre accès. PUBLICATIONS La quête de l'immortalité en Chine - Alchimie et paysage intérieur sous les Song, Paris, Dervy, 1996 Confucius : les entretiens du maître avec ses disciples, Paris, Mille-et-Une Nuits, 1997, rééd. 2002 Archives audiovisuelles, sous la dir. de Peter Stockinger, Paris, Hermès Science Publications, 2011 Nouveaux usages des archives audiovisuelles numériques, sous la dir. de Peter Stockinger, Paris, Hermès Science Publications, 2011 Introduction to Audiovisual Archives (ed P. Stockinger), ISTE Ltd and John Wiley & Sons Inc, London, 2011 Digital Audiovisual Archives (ed P. Stockinger), ISTE Ltd and John Wiley & Sons Inc, London, 2011 "Indexer une vidéo", article paru dans la revue Archimag, février 2011 LIENS http://semioweb.msh-paris.fr/corpus/alia/FR/Default.asp

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par Jean BAUMGARTEN

Le Plaisir et l'étude : le Paradis dans quelques sources juives

Les récits des sages, rabbins, talmudistes, kabbalistes sont souvent contradictoires. Ils reflètent les discussions entre écoles et la multiplicité des visions du jardin d'Eden. Dans ce tohu-bohu de mythes, ce pullulement de légendes, de fables où chacun expose ses visions et ses rêves, nous étudierons quelques présentations du paradis dans des textes rabbiniques, notamment des commentaires, des mémoires et des récits concernant l'ascension de l'âme vers le jardin d'Eden. Toutes ces narrations sont centrées sur l'idée du plaisir de l'étude infinie et du monde à l'envers de délices éternels.

BIOBIBLIOGRAPHIE Jean Baumgarten, Directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre d'études juives (CEJ) du Centre de recherches historiques (CRH) de l'EHESS, Paris. Auteur d'ouvrages et d'articles sur la langue et la littérature yiddish anciennes, l'histoire de la culture ashkénaze et du livre juif en Europe (XVIe-XVIIIe siècle). Publications Le Commentaire sur la Torah : Tseenah u-reenah de Jacob ben Isaac Ashkenazi de Janow, traduit du yiddish et édité par J. Baumgarten, Paris, Verdier, 1987 (2e éd., 1994) Le Yiddish, Paris, P.U.F., 1991 (2e éd., 1993 ; traduction en italien, Florence, 1992 ; traduction en japonais, Osaka, 1993) Introduction to Old Yiddish Literature, Oxford, Oxford University Press, 2005 Récits hagiographiques juifs, Paris, Editions du Cerf, 2001 (traduction en italien, Rome, 2005) Histoire d’une langue errante, Paris, Albin Michel, 2002 La Naissance du hassidisme : Mystique, rite, société (XVIIIe-XIXe siècles), Paris, Albin Michel, « Bibliothèque histoire », 2006 Récits hagiographiques juifs, traduction en italien, Rome, Libreria Editrice Viella, 2008 Le Peuple des livres. Les ouvrages populaires dans la société ashkénaze XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Albin Michel, 2010 Ouvrages collectifs Les Etudes juives en France : situation et perspectives, édité par ALVEREZ-PEREYRE F. et BAUMGARTEN J., Paris, Editions du CNRS, 1990 Mille ans de cultures ashkénazes, édité par BAUMGARTEN J., ERTEL R., NIBORSKY I. et WIEVIORKA A., Paris, Liana Lévi, 1994 Le Yiddish : histoire, culture, société, édité par BUNIS D. et BAUMGARTEN J., Paris, Editions du CNRS, 1999 L’Inconscient du yiddish, édité par KOHN M. et BAUMGARTEN J., Paris, Anthropos, 2003 Linguistique des langues juives et linguistique générale, ouvrage collectif dirigé par ALVAREZ-PEREYRE F. et BAUMGARTEN J., Paris, Editions du CNRS, 2003 Les Origines du judaïsme, collectif édité par BAUMGARTEN J. et DARMON J., Paris, Les liens qui libèrent, 2012

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par Vincent WACKENHEIM

Le nombril du monde

Toujours la branche, plus ou moins feuillue et sinuante, sous le pinceau de Dürer, de Cranach, de Grünewald, vient fort opportunément cacher ce qui ne saurait être montré – sauf qu’au paradis régnait l’état de nature. Mais rien, bien au contraire, pour dissimuler ce qui ne se justifie pas, entendez ces autres orifices : voilà Adam et Eve, champions de la première fois, qui exhibent pour jamais et parfois fièrement ces stigmates incongrues que sont leur nombril, pour le coup très politiquement corrects – mais illogiques. Deux poids, deux mesures. C’en est à croire que l’absence aurait pu paraître plus incongrue encore. Mickey a quatre doigts, et pas de nombril. L’imposture, que dis-je le scandale, court toujours. Jusqu’à Ubu. On respire.

BIOBIBLIOGRAPHIE Vincent Wackenheim, éditeur, écrivain, né en 1959 en Alsace, a été directeur général des Editions Prat, d’ESF éditeur et des Editions du Rocher. Il est actuellement responsable de la mission Débat public, ce qui inclut la Documentation française, au sein de la DILA (Direction de l’information légale et administrative). Il prend souvent l’autobus.

Il est aussi l’auteur de romans parus chez Deyrolle éditeur, au Temps qu’il fait, au Dilettante (Coucou, La Revanche des Otaries, La Gueule de l’emploi, 2011) et aux Editions Léo Scheer (L’Ordre des choses, 2012). Un Petit éloge de la première fois est paru chez Gallimard, en Folio 2€, en septembre 2011. Des participations à des revues (La NRF, Obsidiane, L’Atelier contemporain, Secousse, Légendes, le Nouveau recueil, La Revue littéraire, Décapage…) et de la critique. Rien de grave, en somme.

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par Henri ATLAN

Post Mortem ou Éternité intemporelle ?

Parmi les gloses sur le jardin d'Eden où la mort n'existait pas, une métonymie l'associe à la sagesse éternelle du jardin de la connaissance. D'après une légende talmudique quatre parmi les plus grands sages du talmud entrèrent dans ce jardin dans une espèce de voyage mystique pas forcément mystérieux mais apparemment dangereux pour leur équilibre. C'est là que s'ouvre la perspective d'une immortalité intemporelle dans l'existence présente plutôt que celle d'un paradis post mortem. BIOGRAPHIE Henri Atlan (né le 27 décembre 1931 à Blida en Algérie) est un intellectuel, médecin biologiste, philosophe et écrivain juif français. De 1983 à 2000, il a été membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) en France pour les sciences de la vie et de la santé. Il est aussi professeur émérite de biophysique et directeur du centre de recherche en biologie humaine de l'hôpital universitaire d'Hadassah, à Jérusalem, et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Soulevant les problèmes fondamentaux touchant la vie et la science, savant et philosophe, spécialiste de Spinoza, Atlan met en regard la science, les textes bibliques, mythologiques, talmudiques, la philosophie, etc. Ses travaux interrogent la nature complexe des relations entre la science et l'éthique, de même que la compatibilité entre une pensée scientifique préoccupée souvent déterministe et la compréhension des complexités, source continue d'indéterminismes. Sa pensée contribue notamment à éclairer les questions de société que soulèvent le clonage, les découvertes récentes sur les prions, ou la biologie du développement. BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE Les Etincelles de hasard, Seuil, tome 1 Connaissance spermatique, 1999; tome 2 Athéisme de l'Ecriture, 2003. De la fraude. Le monde de l'onaa, Seuil, 2010

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par Jean-Michel RACAULT

L’île-Paradis de Paul et Virginie : Eden et utopie ?

Paul et Virginie, publié en 1788 comme une illustration romanesque des thèses philosophico-scientifiques des Etudes de la nature (1784), est à peu près tout ce qui surnage aujourd’hui aux yeux du grand public de l’œuvre abondante et méconnue de Bernardin de Saint-Pierre. Sous la trompeuse simplicité d’une idylle tropicale un peu fade, il y a un récit moins naif qu’il n’y paraît, doté d’enjeux philosophiques et théologiques majeurs, ancré dans quelques-uns des mythes fondateurs de notre culture, particulièrement ceux qui sont issus du texte de la Genèse. L’espace clos au cœur de l’île où vivent les deux enfants est une recréation du Jardin d’Eden. Eux-mêmes assimilés à Adam et Eve, ils connaissent au sein d’une Nature identifiée à la Providence un état de perfection prélapsaire qui pourrait servir de modèle à l’humanité déchue. Mais l’entrée dans l’adolescence entraîne la perte de l’innocence et bientôt la désagrégation de la communauté, que la mort toutefois réunira de nouveau. Le mythe de l’Eden programme aussi la chute et le motif du paradis perdu. Peut-on le reconquérir ? Réinstaurer ici-bas le paradis terrestre, tel serait le programme de l’utopie . Ou bien est-ce seulement dans le paradis céleste de l’au-delà que peut se projeter l’espérance en un monde parfait ? Le roman explore simultanément ces deux voies.

BIOBIBLIOGRAPHIE Jean-Michel Racault vit depuis une quarantaine d’années dans l’océan Indien. Normalien, agrégé de Lettres modernes, il est actuellement professeur émérite à l’université de La Réunion. Ses domaines de recherche, orientés vers les « classiques » de la thématique insulaire (Defoe, Verne) et vers les « littératures de l’ailleurs » aux 17e et 18e siècles (Cyrano de Bergerac, Foigny, Veiras, Raynal, Parny) , portent sur les utopies, les robinsonnades, les récits de voyages, les mythes littéraires de l’océan Indien. Il a aussi beaucoup publié sur un écrivain quelque peu délaissé, Bernardin de Saint-Pierre, qu’il a contribué à faire redécouvrir à travers l’édition critique de Paul et Virginie et l’organisation en 2009 d’un colloque consacré à cet inventeur de l’exotisme. Il dirige l’édition des Œuvres Complètes de Bernardin de Saint-Pierre, dont le premier tome paraîtra en 2014 aux Editions Classiques Garnier. Bibliographie (ouvrages récents liés au sujet)

- L’utopie narrative en France et en Angleterre, 1675-1761, Oxford, The Voltaire Foundation, 1991 et 2010 (nouvelle éd.) - Paul et Virginie, (édition critique du roman de Bernardin de Saint-Pierre), Le Livre de Poche Classique, 1999 - Nulle part et ses environs. Voyages aux confins de l’utopie littéraire classique, 1657-1802, Presses de l’université de Paris-

Sorbonne, 2003 - Voyages badins, burlesques et parodiques du 18e siècle, Presses de l’université de Saint-Etienne, 2005 - Mémoires du Grand Océan. Des relations de voyages aux littératures francophones de l’océan Indien, Presses de l’université de

Paris-Sorbonne, 2007 - Robinson et compagnie. Aspects de l’insularité politique de Thomas More à Michel Tournier, Editions Pétra, 2010 - Bernardin de Saint-Pierre et l’océan Indien (éd., en collab. avec Ch. Meure et A. Gigan), Editions Classiques Garnier,

2011 Articles récents en rapport avec l’intervention :

- « Le Paradis terrestre », in M.-Ch. Pioffet (éd.), Dictionnaire analytique des toponymes imaginaires dans la littérature narrative de langue française (1605-1711), Presses de l’université Laval ( Canada), 2011, p. 375-381

- « L’inceste à l’origine. Fictions insulaires et institution imaginaire de la société », in Ch ; Martin (éd.), Fictions de l’origine, 1650-1800, Desjonquères, 2012 , p. 135-163

- « L’Homme et la Nature chez Bernardin de Saint-Pierre », Dix-Huitième Siècle, n° 45, « La Nature », 2013 (sous presse)

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par Jean-Marc TERRASSE

Tintin au pays de l’Eden

Petit bonhomme à la houppette jaune et à l’élégance anglaise, Tintin nait belge et neutre dans un monde colonial et blanc. Les Européens disent la bonne parole, sont détenteurs du savoir, de la vraie foi, et ils exportent leurs certitudes démocratiques même aux cow-boys. L’or noir c’est le pétrole qui fait des envieux, le coke n’est pas du charbon, mais le nom de code par lequel des vilains Arabes sans scrupules désignent les pèlerins noirs pour la Mecque qu’ils transforment en esclaves. Les méchants ont des noms imprononçables (dans les premières versions ils étaient juifs), les fétiches cachent des diamants et ont leur place dans les musées, les vraies ruines écossaises servent de repaire aux faux monnayeurs et les attributs du pouvoir sont des sceptres d’or. Il y a aussi des rêves prémonitoires, des Japonais belliqueux et des Chinois opiomanes. Les cigares contiennent de la drogue et les Incas font des sacrifices humains au soleil. Les Bordures sont fourbes et les Syldaves sont braves. Par bonheur Tintin va mettre de l’ordre dans tout ça. Ce que nous raconterons ici c’est que, si cet ordre est bien celui qu’on vient de décrire dans les premières aventures, il change de nature à partir des années 50 quand Hergé redessine les premiers albums et conçoit les suivants. Et pourtant l’or va toujours couler à flots, remplissant les caisses de l’éditeur Casterman (puis de la société Moulinsart), parce que l’évolution de l’auteur est aussi celle de la société blanche et occidentale. N’oublions pas, enfin, qu’avec Tintin, Hergé invente un genre littéraire et artistique nouveau qui connaitra le succès que l’on sait.

BIOGRAPHIE Du genre cosmopolite sans en être particulièrement fier, Jean-Marc Terrasse a vécu en Allemagne, en Autriche, en Grande-Bretagne, plus brièvement en Suède, au Brésil et au Canada et principalement en France. Il dirige aujourd’hui l’Auditorium du Louvre. Journaliste, il a écrit quelques ouvrages et essais dont le dernier « Closer » (éditions Dilecta) est consacré au peintre Jérôme Lagarrigue et contient un texte de Mathias Enard.

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par Matthieu DESSERTINE

Lecture de : Lettres d’Abyssinie d’Arthur Rimbaud

Lettres de Gauguin à sa femme et à ses amis Lettres à Poisson d’or de Joë Bousquet

« Cette route compte sept étapes au-delà de l'Hawach et douze de l'Hawach au Harar sur le plateau Itou, région de magnifiques pâturages et de splendides forêts à une altitude moyenne de 2 500 mètres, jouissant d'un climat délicieux. Les cultures y sont peu étendues, la population y étant assez claire, ou peut-être s'étant écartée de la route par crainte des déprédations des troupes du roi. Il y a cependant des plantations de café, les Itous fournissant la plus grande partie des quelques milliers de tonnes de café qui se vendent annuellement au Harar. Ces contrées, très salubres et très fertiles, sont les seules de l'Afrique orientale adaptées à la colonisation européenne. »

Arthur Rimbaud, Voyage en Abyssinie et au Harar (20 août 1887) « L'homme a été expulsé du Paradis. Il veut y retourner sans quitter ce monde. Je n'ai pas d'autre ambition. »

Joë Bousquet, in Traduit du silence, L'Imaginaire, Gallimard, Paris

BIOGRAPHIE Matthieu Dessertine est un acteur français. Il a suivi le cycle préparatoire du Cours Florent en 2003/2005, puis la classe libre du Cours Florent en 2005/2007, enfin en 2007/2010 le Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD).

FILMOGRAPHIE Cinéma 2004 : Garde à vue (court-métrage) 2006 : Rachel de Frédéric Mermoud (court-métrage) - Boris 2007 : La Consolation de Nicolas Klotz (court-métrage) - Alex 2008 : Une nuit en mai de Louise Jailleret (court-métrage) – Lucien Télévision 2004 : Robert de la jungle 2006 : C com ç@ de François Gobert - Adrien 2006 : Préjudices, épisode Élite nationale, de Frédéric Berthe - Sébastien Lefranc 2007 : Commissaire Cordier, épisode Classe tout risque de Thierry Petit - Damien Belloc 2009-2011 : Diane, femme flic, neuf épisodes - Thomas Carro 2011 À la recherche du temps perdu de Nina Companeez 2011 : La Mauvaise Rencontre de Josée Dayan - Loup 2012 : Clash, épisode Olivia : Hymen de Pascal Lahmani - Sam

THÉÂTRE 2005 : La Mort, création collective, mise en scène Julien Kosellek 2006 : Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud, mise en scène Benjamin Porée, Théâtre de l'Ange en Avignon 2009 : Les Enfants de Saturne d'Olivier Py, mise en scène de l'auteur, Odéon-Théâtre de l'Europe Ateliers Berthier - Virgile 2010 : La Coupe et les lèvres d'Alfred de Musset, mise en scène Jean-Pierre Garnier, Théâtre de la Tempête 2010 : Agnus dei, soliloque noir de Victor Cova, mise en scène Simon Bourgade, Théâtre de l’Élysée de Lyon 2010 : Andromaque de Racine, mise en scène de Benjamin Porée, Théâtre de Vanves 2011 : Coït de Léon Masson, Théâtre du Marais 2011 : Roméo et Juliette de William Shakespeare, mise en scène Olivier Py, Odéon-Théâtre de l'Europe - Roméo 2013 : Phèdre de Sénèque, mise en scène Élisabeth Chailloux, Théâtre des Quartiers d'Ivry - le messager

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par Philippe-Jean CATINCHI

L’Orient du monde dans Vert Paradis de Max Rouquette

L’enchanteur ébloui, c’est le titre que Philippe-Jean Catinchi donne à l’un des premiers articles qu’il consacre à l’œuvre de Max Rouquette, dans Le Monde des livres du 15-03-1996, à l’occasion de la parution de deux volumes de traduction en français de Vert paradis aux Éditions de Paris. « L’univers ébloui et douloureux que porte Rouquette, ce monde de l’ordre du frémissement, de la palpitation secrète, appelle un langage propre…», non le français que Max Rouquette trouve « extérieur, étranger » mais l’occitan qui lui paraît « plus près des êtres et des choses ». « Enchanteur de l’émotion ineffable, Max Rouquette tente sur l’universel le chant d’une langue restituée ». Le chant retrouvé, c’est à la fois le travail d’alchimiste sur la langue mené au plus profond de soi et l’éblouissement qui en résulte. Même si le monde que l’écriture fait sortir des limbes a l’éclat et la dureté de la pierre. L’enchantement rouquettien est toujours à la pointe de la lucidité. L’écriture est tendue entre des deux extrêmes, à tout moment. Certains sont allés au fond de l'Orient chercher la réalité des choses, chercher le fin mot ou le sens du silence. Par cet utile détour, ils ont compris la parabole des « montagnes et des rivières » et découvert ce qu'avant eux avait trouvé Keyserling : “ l'Orient est en nous. Il y a un Orient intérieur que connaissent bien le poète, l'enfant et la femme, et qui est l'autre nom d'une disponibilité, d'une puissance d'être et d'imaginer ”. On ne peut qu'être convaincu de la vérité de cette pensée, après avoir lu Vert Paradis ; nul mieux que Max Rouquette n'a exprimé le profond Orient du monde... BIOGRAPHIE Cap corsin, né au sein d’une famille de musiciens, Philippe-Jean Catinchi est par ordre alphabétique, adepte de la course d’orientation et de la course en montagne, admirateur de Vladimir Nabokov et d’Italo Calvino, agrégé d’Histoire, animateur de débats sur la littérature ou l’histoire, auteur de livres pour la jeunesse et d’un essai sur les polyphonies corses, escrimeur, grand-père du petit Léo, journaliste au Monde, membre de divers jurys (Goncourt des Lycéens, Prix du livre d’Histoire du Sénat...), père de trois enfants, régulièrement au Musée de Cluny (Paris Ve) pour y animer la soirée Un livre, un mois, spécialiste de marguerite Yourcenar et soucieux d’éviter les étiquettes réductrices. Une gageure en somme.

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par Ronald PERLWITZ

Rainer Maria Rilke : Le paradis intérieur du poète

Parmi les légendes qui constituent notre image du poète Rainer Maria Rilke, il y a celle du poète mal adapté à son époque, mal adapté à la vie. A cet égard Rilke porte témoignage d’un ailleurs qui prend l’aspect d’un espace angélique, tandis que ses mots, devenus transparents, laissent passer derrière leur sens premier les signes d’une ‘belle vie’, ou, comme l’explique Philippe Jaccottet, « semblent se dissiper comme une buée devant le premier jour du monde ». Mais si ses poèmes paraissent comme des fenêtres sur un paradis devenu de plus en plus improbable, tout se trouble quand le regard se porte sur cette utopie même. Ce paradis est-il à la hauteur de la promesse de félicité qui en émane ou représente-t-il plutôt le lieu le plus étranger au monde ? Le jardin est bien là, mais les signes viennent d’être inversés. Ainsi Rilke conduit la poésie jusqu’au point ultime du paradoxe qui consiste à parler d’un paradis qui ne peut pas être, ou plutôt à évoquer un paradis qui ne sera jamais autre chose que la vie elle-même.

BIBLIOGRAPHIE Sources : Rilke, Rainer Maria : Werke, kommentierte Ausgabe in vier Bänden mit einem Supplementband. Berlin, 1996-2003. Rilke, Rainer Maria : Œuvres poétiques et théâtrales, sous la direction de Gerald Stieg, Paris, Gallimard 1997. Littérature critique (extraits) : Freedman, Ralph: Rilke, La vie d’un poète, Paris, Actes Sud 1998. Fülleborn, Ulrich (éd.) : Rilke ein Dichter der Zukunft, Frankfurt 1997. Jaccottet, Philippe: Rilke, Paris, Éditions du Seuil 2006. Kassner, Rudolf: Rilke, Pfullingen 1976. Perlwitz, Ronald : Rilke und die Philosophie, dans : Manfred Engel (éd.), Rilke-Handbuch, Stuttgart, Metzler 2004. Schödlbauer, Ulrich: Rilkes Engel, Heidelberg, Manutius 2002. Steiner, Jacob: Rilkes Duineser Elegien, Bern, München 1969.

BIOGRAPHIE Ronald Perlwitz est Maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV).

De 2006 à 2011, Directeur des études de langues et affaires, université Paris-Sorbonne Abu Dhabi. Depuis 2011: Enseignant invité à l’université de Bayreuth et à l’université de Hagen. Thèse de Doctorat sur L’invention du Moyen Âge dans l’œuvre d’E.T.A. Hoffmann. Des implications romantiques à l’idée d’un Moyen Âge révolu. Publications sur le romantisme allemand, Richard Wagner, Franz Kafka, Rainer Maria Rilke, la poésie allemande contemporaine. Agrégé d’allemand. Ancien élève de l’EAP (Ecole des Affaires de Paris).

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par Kiran VYAS

Un art de vivre par l’Ayurvéda

« S'il y a un paradis sur terre, c'est ici, c'est ici, c'est ici » « Un grand poète perse écrivit cette phrase en parlant du Kashmir en Inde comme d'un endroit où il y aurait une atmosphère de sérénité, de beauté, où il y aurait des arbres, des fleurs, des ruisseaux, des rivières, des lacs, des montagnes, des fruits, et surtout des personnes de grande beauté intérieure et extérieure avec une bonne santé physique, émotionnelle et psychique. L'art de vivre selon l'ayurvéda est précisément cet idéal pour l'individu, pour l'humanité et pour la Terre. Créer ce paradis terrestre d'abord dans son environnement physique avec un grand amour et un grand respect pour la Terre (la santé de l'homme n'est rien d'autre que le reflet de la santé de la Terre). Puis créer une société et un environnement social comme le rêvait Tagore où il y aurait la musique, la danse, la peinture, et l'art dans toutes ses diversités. Finalement, l'esprit, le mental doivent être calmes et apaisés et l'âme ou notre for intérieur doit être sur le chemin du progrès, de l'évolution et dans l'état de joie. » Nous parlerons ensuite des trois vecteurs nécessaires pour créer le capital Santé : Ahara ou la diététique, Vihara ou le mode et la façon de vivre, Manovyapara ou l'état d'esprit, comment le mental doit se porter et agir. Nous verrons aussi comment se soigner en cas de déséquilibre ou de maladie. Tout cela commence, selon l'ayurvéda dès la naissance et même avant la conception jusqu'au dernier souffle. L'ayurvéda est une science, un art de vivre, une philosophie que chaque individu peut mettre en pratique à son niveau, à son époque et dans son pays.

BIOBIBLIOGRAPHIE Kiran Vyas est né à Lakhtar (Gujarat) en 1944. De 1944 à 1958, il vit près de son père qui travaille à l’ashram de Sabarmati avec le Mahatma Gandhi dont il reçoit les grands principes philosophiques. Il rencontre de hautes personnalités parmi lesquelles Sardar Patel (Vice Premier Ministre de L’Inde), Vinoba Bhave (Successeur de Gandhi) et des artistes, disciples de Rabindranath Tagore. Il effectue ses études à l’ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry jusqu’en 1968. Il y reçoit l’enseignement de la Mère. De 1968 à 1975, Kiran Vyas fonde et dirige trois écoles expérimentales en collaboration avec son père à Bhilad, Bardoli et Nargol, au Gujarat. L’éducation est basée sur la créativité, l’entraînement physique, mental et une aspiration spirituelle. De 1976 à 1983 Kiran Vyas travaille à l’UNESCO Paris comme représentant permanent et membre du Conseil Mondial de l’INSEA (Société Internationale pour l’Education par l’Art, Organisation non gouvernementale). Il est aussi Conseiller auprès des ministres de l’Education des pays membres de l’UNESCO et collabore à la refonte du système éducatif primaire au Québec. Durant cette période, il est également Membre du Conseil de l’AFEC (Association Francophone de l’Education Comparée). A ce titre Kiran Vyas rencontre Madame Thatcher, alors Ministre de l’Education en Grande Bretagne. Il effectue des voyages d’études et de conseils en Suisse, Grande Bretagne, Belgique, Luxembourg, Italie, Autriche, Israël et Canada. En France, lors d’une réunion des Maires des grandes villes du monde, il rencontre Monsieur Jacques Chirac, alors Maire de Paris. Il fait la connaissance de Madeleine Renaud et de Jean-Louis Barrault grâce à Dominique Santarelli, ainsi que d’autres personnalités parisiennes, comme Pierre Nora, historien et Membre de l’Académie Française, Jean Daniel, écrivain et directeur-fondateur de l’hebdomadaire le Nouvel Observateur et l’architecte Ricardo Boffill à qui il donne des séances de yoga à titre privé. Avec Yvon Lemince, prêtre catholique, président de l’association « L’Autre Rive », Kiran Vyas anime des séances de méditation pour un petit groupe qui donnera naissance à TAPOVAN.

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par Olivier GERMAIN-THOMAS

Chemins d’accès vers l’illumination au temple de Borobudur

Au cœur de Java, se dresse le plus grand sanctuaire bouddhique du monde : Borobudur. Ses huit étages contiennent des énigmes. Peut-on les éclairer ? Et que dire du dernier stûpa qui représente la vacuité ? Est-il une figuration de l’Eden ? Comme le terrain est dangereux et, à ce titre, stimulant… En marche vers le sommet !

BIOBIBLIOGRAPHIE Olivier Germain-Thomas ne refuse pas l’étiquette d’écrivain-voyageur, qui va si bien à ce marcheur, né en 1943 à Brive, docteur en esthétique, ancien producteur à France Culture de l’émission « For intérieur », romancier et homme de culture imprégné par les spiritualités du monde. Sa passion pour l’Inde a quarante ans d’âge. Étudiant en philosophie à la Sorbonne, il travaillait à une thèse sur le nirvâna du bouddhisme avec Jean Grenier. À 24 ans, il se sent appelé par l’Inde. Il effectue alors le premier voyage d’une longue série qui bouleversera sa vie en l’enrichissant. Il a la chance de découvrir le bouddhisme avant la bouddhamania. Il a, entre autres, publié La Tentation des Indes, (Folio Gallimard) En chemin vers Bouddha (Albin Michel), La Traversée de la Chine à la vitesse du printemps (Le Rocher), Marco Polo (Gallimard), Empreintes du sacré, avec des photographies de Ferrante Ferranti (La Martinière) et, en 2013, Manger le vent à Borobudur (Gallimard). Il a reçu, en 2006, le Grand Prix de littérature décerné par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre (Prix Henri Gal – Institut de France). Pour son livre, Le Bénarès-Kyôto, récit de voyage par voie terrestre et maritime à travers l’Asie, il a obtenu, en novembre 2007, le prix Renaudot.

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Ustad USMAN KHAN (sitar) Prakash KANDASAMY (tabla)

Musique indienne

Dans la tradition indienne, la musique (comme la poésie) a toujours représenté l'approche intérieure de l'Homme vers le son primordial (Shabda) et au-delà, vers la communion à l'Inconditionné (Symbole du Verbe originel, le fameux son Aum). C'est dans cette perspective spirituelle que travaille Ustad Usman Khan, reconnu comme l'un des plus grands joueurs de sitar actuellement.

Ustad Usman Khan est né dans une grande famille de musiciens. Il est le fils aîné d’Ustad Abdul Karim Khan, directeur de la Faculté de Musique de l’université de Karanataka à Dharwad et le petit fils du légendaire Ustad Rehmat Khan, l’un des neuf joyaux (navaratna) de la court du Maharaja de Mysore (actuellement l’état de Karnataka, dans le Sud de l’Inde). Formé par son père, son jeu emprunte librement aux deux principaux styles (gharana) du sitar : le gayaki ang (style vocal) et le tantu ang (style instrumental). Loin des exubérances démonstratives en vogue, son jeu brille par sa finesse de son toucher et une recherche de la pureté dans sa musique.

Usman Khan occupe aujourd’hui une place de choix au sein de la communauté musicale indienne. Sa maîtrise de l’instrument tend à faire oublier à l’auditeur toute la difficulté quasi permanente d’une interprétation musicale pleine de délicatesse et d’innovations.

Prakash Kandasamy

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par Isabelle ASTRUC

Le nom de Martin Eden

Il s’agit de s’interroger sur la question souveraine du nom. Du nom que l’on porte et du nom qui nous porte. Pourquoi Jack London a-t-il « baptisé » son personnage Martin Eden ? À quelles nécessités - consciente et inconsciente – son choix a t-il pu répondre ou correspondre ? Petite investigation, donc. On soulèvera donc brièvement, mais sûrement, la question du nom des personnages dans le roman et, plus symboliquement, celle du nom propre. Cela en s’arrimant au texte lui-même et avec le soutien de quelques éminents théoriciens.

- Et en vingt minutes, top chrono !

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par Ulrich SCHÖDLBAUER

L’Eden inventé par la RDA

Ulrich Schödlbauer enseigne comme Professeur à l‘université de Hagen et a publié en plus de nombreux textes de théorie littéraire et de philosophie une importante œuvre poétique. Parmi ces recueils de poésie, on notera Ionas (partiellement traduit en Français dans Poésie 2001, Aujourd’hui la poésie allemande), Organum Mortis (2003) et PoliFem (2004). Les poèmes qu’Ulrich Schödlbauer a choisi de lire lors des Rencontres d’Aubrac 2013 sont pour la plupart extraits de la seconde partie d’Organum Mortis et reprennent, comme l’ensemble du cycle, la tonalité traditionnelle du livre des morts des Anciens Égyptiens et des Tibétains. Le thème de la mort, du passage, de l’au-delà y est toutefois varié en fonction de l’actualité politique et sociale, ici, celle de la RDA et des ruines du paradis qu’elle avait entrepris de construire sur terre. Ulrich Schödlbauer est également éditeur de l’une des principales revues allemandes dédiées aux transferts culturels : Iablis (www.iablis.de).

BIBLIOGRAPHIE O.R: Gedichte, Heidelberg, Manutius 1994. Entwurf der Lyrik, Berlin, Akademie Verlag 1994. Die Ethik der Nassrasur: Erzählungen, Heidelberg, Manutius 1997. Das Ende der Kritik, Berlin, Akademie Verlag 1997. Uhuru Peak, Heidelberg, Manutius 2001. Ionas, Heidelberg, Manutius 2001. Aujourd’hui la poésie allemande: Ionas IV. Trad. Ronald Perlwitz. In : Poésie 2001, Revue bimestrielle de l’Association Maison de la Poésie de la Ville de Paris. Paris 2001. Das Land der Frösche, Heidelberg, Manutius 2001. Rilkes Engel, Heidelberg, Manutius 2002. Organum Mortis, Heidelberg, Manutius 2003. PoliFem, Heidelberg, Manutius 2004. Das anthropologische Experiment, Heidelberg, Manutius 2005. Das Ungelebte, Heidelberg, Manutius 2007. Hiero: Studie/Roman, Heidelberg, Manutius 2010.

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par Danielle ELISSEEFF

Jardins japonais

Lorsque les jardins aristocratiques apparaissent, leurs créateurs puisent leur inspiration aux sources de la peinture de rêve qui met en scène soit les Îles Paradisiaques où séjournent les immortels taoïstes, soit ce « Jardin des plaisirs » (Rakuen) dans lequel, selon les enseignements du bouddhisme de la « Terre Pure », les âmes attendent leur ultime réincarnation avant de pouvoir enfin entrer au Nirvâna. Selon la mode et les rêves de son temps, Michinaga se fit construire, à l’écart de la capitale, un jardin de paradis, un lieu calme et magique où les œuvres de l’homme répondaient aux beautés de la Nature.

BIOGRAPHIE Danielle Elisseeff, née Poisle, est une historienne française spécialiste de la Chine, née en 1938. Élève de l'École nationale des chartes, elle y rédige une thèse intitulée La connaissance de la Chine en France au XVIIe siècle (1964), titulaire d'un doctorat du Centre de recherche sur l’Extrême-Orient, Danielle Elisseeff est également professeur émérite au Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine de l'EHESS. Elle enseigne également jusqu'en 2010 à l'École du Louvre l'archéologie ainsi que les arts de la Chine et du Japon. En Mai 2011, elle réalise un cycle de conférences à l'Auditorium du musée du Louvre sur le thème Hybrides chinois : la quête de tous les possibles.

BIBLIOGRAPHIE Nicolas Fréret, Réflexions d’un humaniste du XVIIIe siècle sur la Chine, Paris, Collège de France, Institut des Hautes Études Chinoises, 1978 L'Art de l'ancien Japon, avec Vadime Elisseeff, Paris, Éditions Citadelle & Mazenod, 1980 Moi, Arcade, interprète chinois du Roi Soleil, Arthaud, Paris, 1985 Hideyoshi Bâtisseur du Japon moderne, Fayard 1986 La Femme au temps des Empereurs de Chine; livre de poche, 1988 Chinese Influence in France, Sixteenth to Eighteenth Centuries aux éditions Thomas H.C. Lee China and Europe, Images and Influences in the Sixteenth to Eighteenth Centuries, Hongkong, Presse universitaire chinoise, 1991 Histoire de Chine : les racines du présent, Paris, Éditions du Rocher, 1997 La civilisation de la Chine classique, avec Vadime Elisseeff, Paris, Arthaud, 1993 Histoire du Japon : entre Chine et Pacifique, Paris, Éditions du Rocher, 2001 Les arts de l’Extrême-Orient, 3ème édition, Paris, Presses Universitaires de France, 2010 Confucius, Les Mots en Action, Paris, Gallimard, 2003 XXe siècle : La grande mutation des femmes chinoises, Paris, Bleu de Chine, 2006. ISBN : 978-2-84931-009-0 L'Art chinois, Paris, Éditions Larousse, 2007 Archéologie et arts : la Chine, du Néolithique à la fin des Cinq dynasties, Paris, Édition Ecole du Louvre-Réunion des Musées Nationaux, Collection Manuels de l'École du Louvre, 2008. ISBN : 978-2-9041-8723-5 Cixi impératrice de Chine, Paris, Librairie Académique Perrin, 2008 Dans la ville chinoise. Regards sur les mutations d un empire, Collectif, Barcelone, Actar Publishers, 2008 Le grand livre des sciences et inventions chinoises, avec Jean-Michel Billioud et Emmanuel Cerisier, Paris, Bayard Jeunesse, 2009 Jardins japonais, Paris, Nouvelles éditions SCALA, 2010

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par Philippe DI FOLCO

Christiana 1971 : retour sur un Éden promis

Comment, il y a 42 ans, est née la ville libre de Christiania à Copenhague (Danemark) ? Pourquoi est-elle à ce jour toujours active ? Ville-Etat inscrite dans le paysage portuaire de la capitale danoise, Christiania possède une constitution (« 9 lois »), une monnaie, un drapeau, des frontières « ouvertes ». Une telle chose serait-elle possible en France ? Environ 1000 habitants vivent là, dans ce qui était une ancienne caserne militaire américaine. Communauté autogérée, véritable « utopie concrète », que nous révèlent donc les enfants de Christiania à l'heure où leur héritage semble se diluer dans un interminable procès des années Free Love ? Leurs luttes face aux promoteurs, aux juristes, aux politiques sont édifiantes et nous permettent de repenser les territorialités, la résistance, la liberté, la nation, l’héritage et le droit à faire sécession. BIOGRAPHIE Né en 1964, ancien élève du laboratoire Art et langages (EHESS), Philippe Di Folco est écrivain et scénariste. Il est à ce jour l'auteur de plus d'une trentaine d'ouvrages (romans, essais, beaux livres). BIBLIOGRAPHIE Les Secrets de la mafia, les organisations criminelles face à l’Etat, Librairie Vuibert, 2013 L’Empereur du Sahara, Galaade éditions, 2013 Lavomatic, Stéphane Million éditeur, 2013

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par Hakan GÜNDAY et Timour MUHIDDINE

Des Edens ratés

L'Eden, c'est Taksim ! Dans Istanbul, le quartier qui s'étend de la Place Taksim (où se sont déroulés les évènements de mai-juin 2013) a toujours été un Eden et un Enfer dans l'imaginaire turc. Lieu problématique et ambigu de la Bohème alla turca, site privilégié de l'utopie politique, sociale et artistique, cette "ville seconde", en tous points différente de la péninsule historique (mais aussi des innombrables quartiers périphériques et neufs), concentre l'ire du pouvoir : l'islam - cette fois "peu modéré" - du parti AKP ne peut accepter cette promesse d'Eden sur terre. Le sien ne se conçoit qu'aux cieux... BIBLIOGRAPHIE Günday, Hakan, D'un extrême l'autre, Galaade, 2013 Uyurkulak, Murat, Tol, Galaade, 2010 Erbil, Leylâ, Jour d'obscurité (Actes Sud, 2012) Gürsel, Nedim, La Première femme (Le Seuil, 1986) Mungan, Murathan, Les Gants et autres nouvelles (Actes Sud, 2011) Özlü, Demir, Un rêve de Beyoglu (Pétra, 2009) Sur les rives du soleil (Collectif), (Galaade, 2013) Yücel, Tahsin, Gratte-ciel (Actes Sud, 2012) Hakan Günday Né à Rhodes en 1976, Hakan Günday a trente-six ans. Il vit à Istanbul. Francophone pour avoir suivi dans sa jeunesse son père diplomate à Bruxelles et dans nombre de pays d’Europe, il s’est passionné pour Voyage au bout de la nuit de Céline, qui a beaucoup influencé son écriture et son regard sur le monde. Après des études littéraires à l’université Haccetepe d’Ankara, il a poursuivi des études de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles et à l’université d’Ankara. Hakan Günday est l’auteur de sept romans. D’un extrême l’autre, qui a reçu le prix du meilleur roman de l’année 2011 en Turquie, est son premier roman traduit en français. Timour Muhidine Timour Muhidine est spécialiste de la littérature turque. Né en 1959 à Koweït d'un père syrien issu d'une famille turque et d'une mère française, Timour Muhidine habite en France depuis 1962. Après son enfance à Arras, il a fait des études d'anglais et d'allemand à Lille et Paris, avant d'apprendre le turc et de travailler comme chercheur en 1993 et 1994 à l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul. Timour Muhidine enseigne la littérature turque à l'Inalco, il est aussi romancier et traducteur, notamment de Nedim Gürsel et de Ahmet Hamdi Tanpinar. Il est l'auteur de commentaires des œuvres de Jules Gervais-Courtellemont reproduite dans Ottomanes. " Chats dégueulasses et jeunes bâtards : une littérature Underground ", La Pensée de Midi n°29 (2009) " Turquie : une littérature politique ?", Siècle 21 n° 15 (2009) " Une littérature dans l'attente d'un grand roman urbain ", Revue Urbanisme n° 374 (2010).

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par Marie-Hélène LAFON

« Il n’y aurait pas d’Eden… »

Au commencement serait la terre, et des hommes au travail, des hommes enfoncés dans le travail qui nourrit les corps et les plie, les rabote et les broie. Des hommes, et des femmes, et des arbres. BIOGRAPHIE Marie-Hélène Lafon est née en 1962 dans le Cantal, dans une famille de paysans. Elle est agrégée de grammaire (1987) et docteur es lettres (1993). Elle vit et enseigne à Paris. Elle écrit depuis 1996 et publie depuis 2001 romans et nouvelles, essentiellement chez Buchet Chastel (sauf mention contraire). BIBLIOGRAPHIE La demie de six heures (nouvelle), in Nouvelles d'Aubrac (ouvrage collectif), 2001 Le Soir du chien, roman, 2001 Liturgie, nouvelles, 2002 Sur la photo, roman, 2003 Mo, roman, 2005 Organes, nouvelles, 2006 La maison Santoire, nouvelle, Bleu Autour, 2007 Les Derniers Indiens, 2008 L’Annonce, 2009 Gordana, nouvelle, Le Chemin de Fer, 2012 Les pays, roman, 2012 Album, 2012 Traversée, Créaphis Facim, 2013

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par Marie-Laure ALVES

Le Jardin des délices

Il y a le bien célèbre tableau d’un des maîtres de la peinture néerlandaise, Jérôme Bosch, le jardin des délices (1503). Un triptyque qui semble représenter le passage du Paradis à l’Enfer, d’un jardin d’amour bénit par Dieu à une apocalypse humaine. En son centre, le jardin des délices, qui donne son nom au triptyque. Un tableau qualifié d’allégorie fantastique où les corps nus, chastes, les animaux, les choses s’associent de manière multiple : « chaque organe, chaque chose, n’importe quoi qui s’entremêle fait de la personnalité tout à fait une fiction1. » Que ce tableau ne soit régit par aucun ordre, par aucune loi, ni esthétique, ni loi morale, est ce qui le rend si attrayant, si fascinant. C’est précisément de cette création du peintre, désigné par Freud comme sublimation2, dont nous parle Jean-Noël Picq dans un commentaire du tableau de Bosch, filmé par Jean Eustache (1980). Documentaire qui emprunte le nom de l’œuvre de Bosch, le jardin des délices. On y entend un enchaînement d’associations dans un but de jouissance hédonique, mais sans organisation, sans que le sexe soit là pour illustrer le primat du génital « peut-être que ce tableau prouve qu’on jouit sans sexe ; le sexe n’est que la canalisation de la jouissance ―, y arrive qui peut, s’en contente qui veut. » C’est du point de vue de cette jouissance débridée, donnée en pâture à l’œil3 que nous parlerons.

BIOGRAPHIE Née en 1983, Marie-Laure Alvès est diplômée de l’Ecole de Communication Visuelle et Arts Graphique d’Aix-en-Provence. Depuis 2007, est graphiste conceptrice, spécialisée dans la typographie et l’édition (www.marielaurealves.fr). Depuis 2010, elle est attachée à la communication de la revue culturelle Il particolare. Revue d’art – littérature et théorie critique.

1. Jean Eustache, Le jardin des délices, 33’, 1980.

2. Jacques Lacan, Le Séminaire, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Le Seuil, 1973.

3. Ibid.

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par Christian LABRANDE

Edens musicaux (communication illustrée d’extraits de musiques filmées)

Quand on évoque un éden musical on pense à un espace intérieur celui du solipsisme de l’amateur en relation avec sa passion. Mais la musique peut aussi être le vecteur du « principe espérance » commenté par Ernst Bloch, où l’aspiration utopique n’est plus rêvé dans un ailleurs insulaire et marginal mais comme la réalisation d’un rêve dans la nature et dans l’histoire, un Eden terrestre La recherche de cet Eden musical est un thème qui traverse nombre d’œuvres, des opéras au premier chef (Les Boréades de Rameau, Kitèje de Rimsky Korsakov…). Mais il hante également les aspirations de musiciens comme, dès la Renaissance, Caccini, puis Berlioz, Wagner, Verdi qui ont, les uns et les autres, nourri ou réalisé des projets de Thébaïdes musicales. Un siècle plus tard, les mouvements d’émancipation des années 1960 voient se multiplier les grands rassemblements autour de musiques qui synthétisent les aspirations libertaires de la jeunesse : les festivals de Newport, Woodstock, Monterey sont autant de concrétisations de cette volonté de créer un espace et un temps échappant à l’histoire. Cette intervention illustrée d’archives filmées, montrera les liens qui unissent, malgré leurs diversités, ces diverses épiphanies d’un Eden musical.

BIOBIBLIOGRAPHIE

Si la musique est évidemment au cœur du parcours de ce Parisien né en 1948, l’histoire et la philosophie tiennent aussi une place importante. Après des études de ces deux « matières », Labrande se consacre à l’édition et au journalisme. De 1972 à 1976, il est responsable pour la collection 10/18 d’une série d’ouvrages consacrés au mouvement ouvrier. Il est l’auteur de la Première internationale et de la Contre révolution bureaucratique et est responsable de la réédition des écrits de Cornelius Castoriadis publiés dans la revue Socialisme et Barbarie et d’ouvrages de Raoul Vaneigem. Côté presse, Christian Labrande collabore à des revues audiovisuelles et musicales (Hi-Fi Stéréo, World Broadcast News, Sonovision, Diapason)

Depuis 1988, il est donc responsable des programmations Musique filmée et Classique en images à l’Auditorium du Louvre. Il organise les reprises de ces manifestations aux quatre coins du monde : Amsterdam (NFM), New York (Lincoln Center où il est, là aussi, le responsable de la programmation de musique filmée depuis 2001), Londres (Barbican Center, Kings Place), Tokyo, Lucerne, Barcelone, etc.

En décembre 1999, il est le programmateur de la série Rock en Scope à la Cité de la Musique. Il organise également le Festival Verdi à l’écran qui a eu lieu à Parme et Paris à l’Auditorium du Louvre au cours du premier trimestre 2001 pour la commémoration du centenaire de la naissance de Giuseppe Verdi.

En tant que conseiller pour les archives audiovisuelles, Christian Labrande a effectué différentes études pour des organismes comme la Bibliothèque du Congrès à Washington, la Bibliothèque de France et des sociétés de production comme Idéale audience, I3 productions.

En tant qu’auteur, réalisateur ou producteur, Christian Labrande est responsable de nombreux documentaires musicaux pour la chaine Arte. Il est auteur, 1991 à 2002 de la série Musicarchives (53 x 30 min) Depuis 2002, Il est directeur artistique de la de la série musique et histoire dont huit épisodes ont été réalisés par Michel Follin, Iossif Pasternak, Pierre Henri Salfati, Philippe Béziat…

Christian Labrande a reçu à quatre reprises le Grand Prix de la critique pour la meilleure diffusion musicale audiovisuelle ; il a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture, à l’époque Christine Albanel, et a remporté, en tant que co-auteur, le Prix Sacem du documentaire de création en 2008 pour Passion Boléro, réalisé par Michel Follin.

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par Chantal ROBILLARD accompagnée par Igal SHAMIR

Serpent d'Infant

Pique le serpent l'enfant dans le désert, plonge en piqué le pilote de guerre abattu, dans la mer. Remonte dans son paradis astéroïdien le petit blondinet, retrouver ses volcans, soigner sa rose. Descend (se) reposer dans un champ d'algues l'auteur, qui se disait « fait pour être jardinier ». Et le renard, et le baobab ? Et la gourmette, et la carlingue ? Perdus, retrouvés ? Plongez avec Chantal Robillard et Igal Shamir dans le mythique jardin du petit Prince et de Saint-Exupéry...

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par Dominique AUZEL

Les Edens cinématographiques de François Truffaut

François Truffaut a créé en près de trente ans une œuvre originale et cohérente qui tisse des liens secrets ou avoués entre ses propres films, mais aussi avec ceux qu’il a admirés, nous renvoyant joyeusement à quelques grands films du cinéma mondial. Ces « Édens cinématographiques », autant de clins-d'œil, d'allusions et de références parfois cachés, seront étudiés au travers de 3 de ses plus grands films : Les Quatre-Cent coups, La nuit Américaine et Le Dernier métro. Autant de pistes pour retrouver les références éclairées et éclairantes d'un cinéphile acharné et passionné pour qui le cinéma était peut-être plus important que la vie. Des Édens cinématographiques qui sont des moments privilégiés, des moments où Truffaut respire par rapport à son sujet, des moments où il prouve que le cinéma toute sa vie durant aura été son paradis sur terre...

BIOGRAPHIES Dominique Auzel est professeur associé au Département Archives et médiathèque de l’Université de Toulouse-II-Le Mirail où il enseigne l’histoire et l’esthétique du cinéma et les techniques éditoriales. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur l’histoire et l’esthétique du cinéma dont Georges Rouquier – De Farrebique à Biquefarre (éditions des Cahiers du cinéma). Il est par ailleurs Directeur littéraire aux éditions Milan. Jean-Claude Grumberg (né à Paris en 1939) est un écrivain pour enfants, dramaturge et scénariste français. Avant de devenir auteur dramatique, Jean-Claude Grumberg exerce plusieurs métiers, dont celui de tailleur, milieu qu'il prend pour cadre de sa pièce L'Atelier. Il découvre le théâtre en étant comédien dans la compagnie Jacques Fabbri. Il devient écrivain en signant en 1968 Demain, une fenêtre sur rue, puis des textes courts, comme Rixe, qui sera joué à la Comédie-Française. Il écrit sur ce qui le hante depuis tout petit : la disparition de son père dans les camps d'extermination nazis : Maman revient pauvre orphelin, Dreyfus (1974), l'Atelier (1979) et Zone libre (1990). En 1998, L'Atelier, pièce reprise au Théâtre Hébertot à Paris, connaît un grand succès et reçoit en 1999 le Molière de la meilleure pièce du répertoire. Au cinéma, il est scénariste de : Les Années Sandwiches, codialoguiste avec François Truffaut et Suzanne Schiffman pour Le Dernier Métro, La Petite Apocalypse de Costa-Gavras, Le Plus Beau Pays du monde de Marcel Bluwal (1999), Faits d'hiver de Robert Enrico (1999). Pour la télévision, il écrit les scénarios de Thérèse Humbert, Music Hall, de Marcel Bluwal, Les Lendemains qui chantent, de Jacques Fansten et Julien l'apprenti, de Jacques Otmezguine. Jean-Claude Grumberg a reçu le Grand prix de l'Académie française en 1991 et le Grand prix de la SACD en 1999 pour l'ensemble de son œuvre ; le Molière du meilleur auteur dramatique en 1991 pour Zone libre, et en 1999 pour l'Atelier. En 1999, il se tourne vers un nouveau public avec Le Petit Violon, pièce de théâtre destinée aux enfants. Jean-Claude Grumberg devient un auteur de littérature de jeunesse figurant sur la liste officielle des œuvres destinées au cycle 3 éditée par le Ministère de l'Education Nationale. Jean-Claude Grumberg est le père de l'actrice Olga Grumberg.

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par Michel BRAS et Violaine COLLAS

Tentatives d’Edens retrouvés dans les jardins des sens

« La langue inconnue, dont je saisis pourtant la respiration, l’aération émotive, forme autour de moi, un léger vertige » - Roland Barthes, L’Empire des signes

« Le printemps était éternel et les paisibles zéphyrs caressaient de leurs tièdes haleines les fleurs nées sans semence. Bientôt après, les champs, sans culture, jaunissaient sous les lourds épis ; alors des fleuves de lait, des fleuves de nectar coulaient çà et là et l’yeuse au vert feuillage distillait le miel blond. » - Ovide, Les Métamorphoses

Que ce soit dans le jardin d’Éden ou aux temps anciens de l’âge d’or, la nature y apparaît clémente et généreuse, trouvant écho dans les vers de Baudelaire :

« La Nature est un temple où de vivants piliers […] Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, — Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

et dans les mots de Giono ou de Süskind :

« C’était seulement le printemps qui sortait de la terre. Le nuage renait peu à peu sa couleur sombre à l’image des lourdes ramures. Elle avait aussi la lourdeur de la grande masse d’arbres, son l’halètement et son odeur d’écorce et d’humus »

« Tout ce qui fait une belle et grande odeur, tout ce qui fait un parfum : délicatesse, puissance, durée, diversité, et une beauté irrésistible, effrayante. » L’un est chef cuisinier, l’autre est parfumeur. Deux expériences créatrices qui témoignent d’un savoir-faire et qui font appel à la perception, à l’observation, à l’architecture, à l’association, au sens, au goût, à la couleur, aux saveurs, à l’odeur, aux parfums, au plaisir, à la sensualité, à l’humanité, à la beauté, à la poésie ou à la mémoire. Qu’est-ce qui les réunit ? Qu’est-ce qui les sépare ? Y-a-t-il de la gourmandise dans un parfum ? Y-a-t-il un nez dans la cuisine ? Nous mangeons, nous sentons, mais ce sont eux qui jouent, se souviennent, imaginent, écrivent, dessinent, testent et produisent. Où commence la création ? Existe-t-il un Éden du goût ? De l’odorat ? Que serait le parfum de l’Éden ? Le dessert de l’Éden ? C’est à un véritable itinéraire, « Odyssée de la nourriture et du parfum », dans le jardin des sens que nous vous convions en compagnie de Michel Bras et de Violaine Collas.

BIOGRAPHIES Michel Bras (le "s" se prononce), né à Gabriac dans l’Aveyron le 4 novembre 1946, est un grand chef cuisinier français. Son restaurant, situé à Laguiole, a obtenu sa troisième étoile au Guide Michelin en 1999. Il est également classé « Relais & Châteaux » depuis 1992. Il fait une cuisine dite « créative » souvent associée aux herbes fraîches et fleurs des alentours. Michel Bras est aussi le créateur d'une recette de fondant au chocolat, dont il existe maintenant de nombreuses imitations. Depuis juin 2002, Michel, épaulé par son fils aîné Sébastien, a ouvert un second restaurant gastronomique au sein de l'hôtel Windsor d'Hokkaido, au Japon. Le chef/directeur en place depuis novembre 2011 est Cédric Bourassin accompagné de Guillaume Vegreville en tant que directeur de salle. Enfin, Michel Bras et l'entreprise japonaise KAI (spécialisée dans la confection de couteaux et autres lames) travaillent ensemble depuis maintenant quelques années ; ils ont mis au point une gamme de couteaux destinés en majorité aux professionnels de la restauration. Michel et son fils sont mis à l'honneur dans le film documentaire Entre les Bras. Violaine Collas est une Parisienne par excellence. Ses parents lui ont appris l’amour de la haute cuisine. Alors que son frère devint œnologue, elle décida d’étudier l’art de la parfumerie à l’ISIPCA. Dans la première société où elle travailla, elle eut la chance d’être formée par Dominique Ropion en parfumerie fine. Elle travailla plusieurs années en Personal care, et acquit ainsi une double expertise. Elle finit par retourner à ses premières amours : la parfumerie fine. C’est en 2011 qu’elle rejoint Mane. Violaine aime travailler avec des accords contrastés, qu’elle harmonise ensuite progressivement.

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« Dans un monde en perpétuel mouvement, le goût et l’odorat sont des émotions difficiles à identifier. Pourtant, MANE a une capacité unique à saisir ce qui bouge, ce qui change, ce qui émeut, chaque individu aussi bien que les nouvelles tendances de la société. Notre défi est d’assurer la pérennisation du modèle économique de l’entreprise et d’éduquer la 5ème génération de la famille MANE, déjà présente dans l’entreprise, à épouser et améliorer cette vision avec enthousiasme et passion illimitée. » - Jean M. MANE, Président du Directoire

Né d’une aventure familiale, démarrée en 1871, quand Victor MANE initia la production de matières aromatiques à partir de fleurs et plantes de la région, MANE est devenu un groupe international. La petite distillerie a grandi avec succès pour devenir une société de premier plan au niveau mondial dans le secteur des parfums et des arômes, guidée sans interruption par la famille MANE. Quand, en 1995, Maurice MANE se retire pour devenir Président du Conseil de Surveillance, son fils ainé Jean est nommé Président du Groupe et son fils Michel Président de la région Amériques. MANE est aujourd’hui le premier groupe français et un des leaders mondiaux de son secteur. Le siège est basé au Bar-sur-Loup, dans le sud-est de la France, près de Grasse. Le Groupe est présent sur tous les continents grâce à ses 37 centres de recherche et développement et ses 21 sites de production. Il affiche continuellement depuis près de 10 ans des résultats en forte croissance. La division arômes fournit des solutions gustatives pour les produits alimentaires de la vie quotidienne, des snacks aux boissons, en passant par la confiserie, les produits laitiers et les arômes salés. La division parfumerie est au service du monde de la beauté, créant la signature captivante de fragrances prestigieuses et parfumant les produits qui nous accompagnent tous les jours, tels que gels douche, shampooings, déodorants ou crèmes. Pour développer ces parfums et arômes exceptionnels, la société est dotée d’équipements de pointe, de ressources et centres scientifiques, technologiques et créatifs de premier ordre à l’échelle mondiale. Laissons s’exprimer le Parfum Les deux piliers de MANE, Créativité et Technologie, guident nos parfumeurs dans leurs créations. Nos studios de création fine fragrance sont basés dans les deux capitales mondiales de la mode et du luxe, Paris et New York, où MANE donne naissance à des parfums sophistiqués et innovants, initiateurs de nouveaux territoires olfactifs. Ingrédients exceptionnels, technologies remarquables et compréhension avancée des attentes des consommateurs nourrissent l’imagination de nos créateurs pour donner vie à des parfums visionnaires, destinés à devenir les classiques de demain. Nos équipes R&D travaillent pour enrichir la palette des parfumeurs avec des molécules de synthèse et des produits naturels uniques, grâce à des départements de recherche intégrés et aux travers de nouvelles technologies de pointe. De l’association étroite entre technologie et créativité nait l’innovation. De l’innovation vient la capacité de saisir ce qui change, ce qui enthousiasme, ce qui émeut le consommateur. Nos procédés d’extraction vous transportent au cœur de la Nature, des extractions traditionnelles aux molécules obtenues via les biotechnologies, jusqu’aux extraits Jungle Essence™. Notre engagement pour le naturel et la détermination à réduire l’impact de notre activité sur l’environnement nous poussent à satisfaire les réglementations et les certifications les plus exigeantes, en aidant nos clients et partenaires à formuler plus propre pour vivre mieux. Nous sommes pionniers dans la défense d’une approche éthique des affaires. Nous militons pour la protection de l’environnement. Dans son engagement pour la protection de la planète, MANE est signataire du Pacte Mondial des Nations Unies, des Actes de l’Initiative Caring for Climate et membre du Comité de Sécurité, Santé et Environnement de l’IFRA/IOFI. Nous soutenons les actions des Nations Unies en faveur des droits de l’homme et de l’éthique du travail, des affaires et de l’environnement. Nos initiatives ont une portée internationale. MANE est animé d’une passion sans limites. La passion d’une famille, la passion de nos collaborateurs et l’implication de nos équipes, qui se retrouvent dans nos produits. En 2010, MANE a reçu le « Grand Prix de l’Entreprise Familiale et Patrimoniale » qui récompense les sociétés familiales dont les résultats financiers et les choix opérationnels incarnent au mieux les attentes françaises en termes de développement durable, cohésion sociale et respect des critères éthiques. En 2011, Jean M. MANE a été élu « Entrepreneur de l’Année » par Ernst & Young, prix destiné à récompenser chaque année le chef d’entreprise d’une société française aux performances remarquables. Cette passion nous donne l’énergie de réagir avec succès, dans un monde en perpétuel mouvement et anime notre volonté de projeter MANE dans le futur. NOUS SUIVONS NOTRE PROPRE VOIE POUR MAGNIFIER LES EMOTIONS…

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Bruno BONHOURE - Direction musicale, chant (ténor) & bombo leguëro Khaï-dong LUONG - Conception artistique, mise en scène & scénographie Jean-Lou DESCAMPS - Vièle à archet et tanbura Sarah LEFEUVRE - Chant (soprano) & flûtes à bec Stefano GENOVESE - Psaltérion, tambour sur cadre

Ouvrage majeur de la littérature musicale de la fin du XIVe siècle, les dix mélodies du Livre Vermeil de Montserrat, revêtent un caractère attachant. Le codex, en son ensemble, est un manuel doté d'une fonction spécifique car il s'adresse aux moines chargés d'accueillir les pèlerins au sein de l'Abbaye de Montserrat. Plusieurs de ces chansons sont écrites pour que leur apprentissage soient aisé : chansons à refrain, rondes chantées et dansées, mélodies reprises par le « public » après l'intonation donnée par un meneur... Les œuvres complémentaires aident sans doute un peu plus à la compréhension de l'un des aspects de notre démarche : donner à entendre trois facettes de l'identité de la Catalogne millénaire. « Le Chant de la Sibylle catalane » ouvrira notre concert. Ecrit à la même époque que le Livre Vermeil de Montserrat, ce chant est une lecture prophétique insérée dans la liturgie de la nuit de Noël. La voix de la Sibylle envoûte autant qu'elle effraie, elle a le pouvoir d'un prophète et l'accent populaire du devin. Le Livre Vermeil de Montserrat est vraiment « redécouvert » en 1885 lorsque que le manuscrit est rendu au monastère, au même moment où il est question de l'indépendance identitaire de la Catalogne vis-à-vis du reste de l'Espagne. Ce répertoire devient donc à cette époque le symbole fort de l'identité de la Catalogne. Le chant populaire « Els Segadors » (les moissonneurs en catalan) clôturera ce concert. Choisir d'interpréter ce timbre dans sa forme ancienne, c'est se souvenir qu'il s'agit de la chanson de ralliement des catalans républicains pendant la guerre d'Espagne, interdite par la dictature franquiste avant de devenir, à partir de 1993, l'hymne officiel de la Catalogne. Une nouvelle façon pour nous, sans doute, de poursuivre nos lectures des grandes chansons de résistance et de pèlerinage...

LES ARTISTES

Bruno Bonhoure porte en lui l'héritage des chants qui rythmaient la vie des habitants du Nord Aveyron. Comparé au « bildung » par Carlo Ossola (Professeur au Collège de France) ou à Giovanna Marini par Lionel Esparza (France Musique), la qualité vocale, la présence scénique et la personnalité de Bruno Bonhoure en font l'un des ténors français les plus attachants. Directeur musical de l'ensemble La Camera delle Lacrime, ce musicien défend et valorise la langue occitane au travers de spectacles pluridisciplinaires. Ses dernières créations offrent une nouvelle lecture de ces répertoires musicaux historiques et ont été saluées par l'Académie des Arts, Lettres et Sciences du Languedoc.

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Khaï-Dong Luong, concepteur de spectacles et metteur en scène, poursuit ses expérimentations sonores et visuelles au travers des spectacles "La Nuit, La Night, La Nuèch" (création 2011 mêlant musiques patrimoniales et boucles électroniques) et "Resistencia, les Chants de la Liberté" (création 2012 co-produite avec l'ensemble Diabolus in Musica). Sa vision contemporaine de l'interprétation des répertoires de musiques anciennes l'emmène à considérer de nouveaux modes de transmission, à l'image du projet de spectacle participatif qu'il va réaliser en compagnie de Bruno Bonhoure au cours de l'année 2013.

Jean-Lou Descamps suit d’abord une formation classique (CNR de Lille). Ses débuts professionnels l’emmènent à l’Opéra du Nord (Lille), l’Orchestre des Prix du CNSM de Paris, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine. (Mais à la même époque, il a déjà « tâté » du rebec et branché son violon sur un ampli Marshall). Et tout naturellement, ses attirances musicales le conduisent peu à peu à travailler avec des artistes très divers, pour partager leur musique sur scène ou en studio, et souvent s’investir dans l’écriture de leurs arrangements. Dans le domaine de la musique traditionnelle, il joue avec les Chieftains (Irl.), Mariana Ramos (Cap-Vert), Bako Dagnon (Mali), Carlos Nascimento (Angola) et participe pendant 8 ans au Festival Interceltique de Lorient. En musique médiévale, il se produit avec Ultreia (Musée National du Moyen-Age), Obsidienne (E. Bonnardot), Galata (M. Imbert), Millenarium (C. Deslignes), Amadis (C. Jousselin), EIA !, l’Ensemble Aromates (Michèle Claude) (Moyen-Orient/baroque), Perceval (Guy Robert), Compagnie « Le Voir Dit ». Il joue

également en jazz avec Chico Freeman, Richard Galliano, David Murray (spectacle Pouchkine), Totem Trio, DB and the BlueXtor’s. Il accompagne également en chansons et variétés : Francis Cabrel, William Sheller, Jane Birkin, Lokua Kanza, Anne Peko, Thomas Fersen, Enzo Enzo, Bald (Daniel). Pour Francis Cabrel, il écrit les réarrangements pour quatuor à cordes de l’album « D’une ombre à l’autre » / Tournée acoustique, et dans l’album « Samedi soir sur la Terre », il a orchestré et dirigé les cordes de « La Corrida ». On trouve sa trace sur un grand nombre d’albums de tous styles (de Alias L.J à Orishas en passant par Bruel, Kekele, Sekouba Bambino, Thione Seck…), ainsi que dans quelques B.O. de films ou même à l’écran : « La Dilettante » (avec C. Frot), ou « le Rose et le Noir » (G. Jugnot) sortie 2009.

Sarah Lefeuvre Stefano Genovese

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film de Nacer KHEMIR (81’) scénario de Nacer KHEMIR

Shéhérazade (2011)

Shéhérazade, c’est cette princesse qui racontait chaque nuit une histoire à son Sultan de mari, lui promettant la suite la nuit suivante et qui sauvait ainsi sa tête, car le Sultan, après avoir été trompé et pour ne plus l’être, avait décidé de faire exécuter ses épouses le lendemain de la nuit de noces. Ces récits, qui s’emboîtent les uns dans les autres, provenant d’Inde ou de Perse et colportés par les marchands, forment le corpus des contes des Mille et Une Nuits. Ils ont traversé les siècles, transmis oralement par des générations de conteurs, et font maintenant partie, non seulement de la culture arabe, mais aussi du patrimoine universel. Il était donc logique, bien qu’audacieux, que le réalisateur Nacer Khemir filme, en toute simplicité, le conteur Nacer Khemir. Une scène plongée dans la pénombre, éclairée presque uniquement par une multitude de petites bougies, symbolisant les feux du désert, où le conteur est simplement assis sur une chaise. La magie du verbe peut alors se déployer et envoûter la salle du théâtre à Tunis – celle du cinéma aussi. Cela n’a l’air de rien, mais le charme agit, on écoute et on voudrait que cela ne finisse pas. Quelques séquences viennent illustrer les récits, filmés avec soin, dans des tons en harmonie avec le récit, mais cédant le premier rôle à la parole, afin que notre capacité d’écoute ne soit pas distraite. Ce dispositif, apparemment modeste, revêt, en fait, une richesse extraordinaire et, surtout, souligne le caractère oral de tous ces contes. Ou la parole contre la mort, surtitre à double sens donné au film, car aussi bien pour l’artiste que pour Shéhérazade, c’est la parole qui lui permet de continuer à exister.

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film de COSTA-GAVRAS (110’) scénario de Jean-Claude GRUMBERG avec Anny DUPEREY, Eric CARAVACA, Ulrich TUKUR, Riccardo SCAMARCIO

Eden à l’ouest (2009)

Un film de : Costa-Gavras Avec : Riccardo Scamarcio, Eric Caravaca, Ulrich Tukur, Anny Duperey, Juliane Köhler, Antoine Monot jr., Florian Martens, Michel Robin, Konstantinos Markoulakis, Bruno Lochet, Aymen Saïdi, Léa Wiazemsky Pays : Grèce, France Genre : Drame Durée : 01:51 min Année de production : 2009

SYNOPSIS En compagnie d'autres clandestins, Elias vient de fuir un pays inhospitalier, avec le rêve de s'installer à Paris. Mais le cargo qui le transporte est arrêté par des gardes-côtes. Elias plonge et se retrouve peu de temps après sur une plage du Sud de l'Europe. Il rentre clandestinement dans l'enceinte d'un très chic club de vacances et parvient à se faire passer un temps pour un membre du personnel. Mais Elias est rapidement démasqué et il doit quitter le club. Le clandestin se retrouve sur les routes et tente de rejoindre la capitale française en comptant sur la sympathie des gens qu'il croise. Il se retrouve vite dans des situations inattendues... Natif d'une contrée imaginaire dont la misère l'a chassé, Elias cherche son paradis. Son périple commence dans un éden d'opérette, camp de vacances improbable où des touristes désœuvrés occupent leurs soirées en chassant le clandestin... Au fil d'un parcours à suspense, Elias trébuche et rebondit, de mauvaises rencontres en générosités de passage. Une touriste allemande le cache dans son lit, des camionneurs gays l'entourent de leurs prévenances, un couple de nouveaux riches le prend à témoin de sa crise conjugale avant de l'abandonner en pleine montagne... Né en Grèce, arrivé à Paris en 1951 et naturalisé français dix-sept ans plus tard, Costa-Gavras sait mieux que personne ce qu'immigrer veut dire. Eden à l'Ouest n'a pourtant rien du récit autobiographique classique. Fable sur l'exclusion et la solidarité, cette fantaisie douce-amère en dit autant sur la condition des immigrés clandestins que sur la mentalité de leurs pays d'« accueil ». Costa-Gavras assume jusqu'au bout un traitement en mode mineur, entre satire et légèreté. Dans un clin d'œil discret aux trognes du cinéma muet, Riccardo Scamarcio, les yeux ronds et le corps leste, joue d'ailleurs volontiers sur un registre franchement burlesque. En refusant de se poser en moralisateur, le cinéaste se situe au-delà de ce cinéma de la dénonciation dont il a longtemps été l'un des maîtres. Lucide, voire cruel sous son apparente naïveté, son film n'accuse personne mais touche tout le monde.

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Les Rencontres d’Aubrac dans le programme des AAR

Le programme des AAR (archives audiovisuelles de la recherche) conçu depuis 2002 par le professeur Peter Stockinger et son équipe de l’ESCOM de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme se donne pour objectif principal de collecter et diffuser dans le monde entier le patrimoine mondial et vivant des sciences humaines et sociales envisagées comme un moyen fondamental pour comprendre d’une manière comparative et critique le monde moderne dans toute sa complexité. Rendre ce patrimoine accessible contribue à la mise en place de politiques sociales, économiques, culturelles, scientifiques capables de penser et de réfléchir la diversité des traditions et des cultures comme une ressource unique dont dispose l’homme pour « habiter ce monde » et pour faré face avec intelligence et cœur aux grands défis actuels et futurs. Lorsqu’en 2006, Peter Stockinger, directeur de ce programme, et Elisabeth de Pablo, responsable éditorial du portail AAR, nous ont fait la proposition d’entrer dans ce fonds de ressources encyclopédiques, nous avons accueilli cette perspective avec émotion et un véritable enthousiasme. Le travail accompli par les ingénieurs présents pour capter l’intégralité des journées des Rencontres d’Aubrac, puis celui des chercheurs pour l’indexation avant la mise en ligne effective sur le site des AAR ont été salué comme des collaborations exemplaires. Ce partage des savoirs, ce lien établi par les AAR avec des chercheurs, des enseignants, des étudiants, des curieux du monde entier correspond à souhait à l’envie qui a présidé au développement des nos Rencontres. Pour la sixième fois, cette équipe nous reviendra et vous pourrez cet automne retrouver les vidéos des Rencontres d’Aubrac sur le site : archivesaudiovisuelles.fr

La vidéothèque AAR La vidéothèque est composée d’un riche fonds de ressources audiovisuelles. Outre des ressources scientifiques et pédagogiques (cours, conférences, séminaires, etc.) la vidéothèque contient également des documentaires, des reportages, des prises de vues et des enregistrements d’événements et de manifestations socialement importantes (pratiques sociales, traditions et métiers, représentations et expositions artistiques, etc.) Composée actuellement de plusieurs milliers d’heures de vidéos en ligne, la vidéothèque s’enrichira au fur et à mesure grâce aux apports intellectuels, financiers et logistiques des nombreux partenaires et amis du programme AAR. Le site ALIA (Atelier Littéraire d’Ici et d’Ailleurs), développé par Muriel Chemouny dans le cadre du projet ANR intitulé Atelier de Sémiotique Audiovisuelle en Sciences Humaines et Sociales, propose également des points de vue scientifiques et artistiques sur la littérature et autours d’elle. semioweb.msh-paris.fr/corpus/alia/fr

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Liste des Participants

Acapandié Dominique infirmière Chalon-sur-Saône (71) Aiguier Joëlle professeur de chant Lyon (69) Alexandre Jean-Pierre journaliste Radio Temps Rodez (12) Alvès Marie-Laure chercheuse Marseille (13) Amat France retraitée Prades d'Aubrac (12) André Gérard équipe TV France 3 Toulouse (31) Anvar Leili maître de conférences, traductrice, journaliste Paris (75) Astruc Isabelle psychanalyste Paris (75) At Françoise Albi (81) Atlan Henri médecin, philosophe Jérusalem (Israël) Aubert Aline professeur à la retraite Chateaurenard (13) Auguy Martine taxi Saint-Chély d'Aubrac (12) Auguy Jacques taxi Saint-Chély d'Aubrac (12) Auguy Jean-Denis photographe Saint-Chély d'Aubrac (12) Auguy Maryse commerçante Saint-Chély d'Aubrac (12) Auguy-Billoré Christiane Marchastel (48) Aurenty Roselyne CNRS / Danse Thérapie Marseille (13) Aussibal Fabien organisation Espalion (12) Austruy Chantal relations publiques Millau (12) Auzel Dominique maître de conférences, éditeur Toulouse (31) Aymard Bénedicte service culture CG 12 Rodez (12) Ayral Marc délégué Groupe La Poste Rodez (12) Balabaud Elisabeth ortophoniste retraitée Guitinières (17) Balabaud Charles professeur émérite - Univ. Bordeaux 1 Guitinières (17) Balistrand Myriam retraitée St Côme d'Olt (12) Barbier Gaëlle enseignante Saint Brieuc (22) Barès Jean-Pierre retraité EN Condom d'Aubrac (12) Barlet Marion étudiante Paris (75) Barthomeuf Sonia professeur agrégé d'Anglais Conflans Ste Honorine (78) Barthomeuf Michèle professeur d'Anglais à la retraite Mende (48) Baumgarten Jean directeur d'études CNRS Paris (75) Bellineau Monique psychologue St Sulpice de Royan (17) Besacier Marie Chalon-sur-Saône (71) Blanchecotte Dominique Fondation La Poste Paris (75) Blanquet Pierre-Marie vice-président CG 12 Rodez (12) Blanquet Christine infirmière Rodez (12) Boisson Geneviève retraitée St Chamond (42) Bonald Christian éleveur Salgues (12) Bonhoure Bruno chanteur, directeur d'ensemble musical Saint Denis (93) Bonnet Élyne libraire Rodez (12) Bonneville Fabienne professeur de lettres St Etienne (42) Boucault Jean chanteur Bougerol Benoît directeur Librairies Rodez (12) Bouhot Jean-Paul chercheur CNRS Lyon (69) Boursinhac Bernard Entraygues (12) Boussin Soizic Vazerac (82) Boyer Raoul curé Espalion (12)

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Bras Michel chef cuisinier Laguiole (12) Brielle Michèle équipe TV France 3 Toulouse (31) Brun Monique retaitée de l'enseignement Valence (26) Brun Bernard urbaniste Valence (26) Burguière Hélène enseignante Rodez (12) Cadon Claudette retraitée Calvi (20) Capelle Cathy chef d'entreprise Bozouls (12) Carrié Michel St Chély (12) Carrière Corinne équipe TV France 3 Toulouse (31) Castex-Ey Joan-Francesc Barcelone (Espagne) Cathala Anne-Marie retraitée psycho scolaire Rodez (12) Cathala Christophe journaliste Centre-Presse Rodez (12) Catinchi Philippe-Jean journaliste Paris (75) Catusse Eliane présidente de Vallon de Cultures Mouret (12) Causse Maurice agriculteur Aubrac (12) Chandon Lucien consultant Amiens (80) Chauchard Martine professeur de lettres à la retraite Espalion (12) Chauchard Gilbert professeur à la retraite Espalion (12) Chaussade Claire documentaliste retraitée Cébarat (63) Chemouny Muriel chercheuse Paris (75) Christian Meltz Cassagnabère (31) Collas Emmanuelle éditrice Paris (75) Collas Violaine nez Levallois (92) Conquet Michelle styliste St Chély (12) Conquet Lucien boucher Laguiole (12) Coste Eliette assistante sociale Ceyras (34) Cougard Pascale professeur de lettres à la retraite Aix (13) Cougard Alain médecin retraité Aix (13) Cransac Francis enseignant Paris (75) Cransac Mathieu organisation Londres (Angleterre) D'Orsi Christine retraitée Champs sur Marne (77) David Marie-Claude hôtelière Aubrac (12) David Anne professeur des écoles Salles la source (12) de Barbeyrac Cécile coach Riedisheim (68) de Barbeyrac Henri coach Riedisheim (68) Delaure Arlette retaitée de l'enseignement Onet le Château (12) Deligne Jean-Loup équipe TV France 3 Toulouse (31) Depis Guilaine attachée de presse Paris (75) Descamps Jean-Lou musicien Dessertine Matthieu comédien Paris (75) Di Folco Philippe écrivain Paris (75) Dinse Sylvie enseignante d'histoire et géographie Villefranche de Panat (12) Dornier Alexandre agent immobilier St Etienne (42) Doukhan Nicole expert orthodontiste Paris (12) Dubal Léo physicien St Georges de Lévejac (48) Dubezy Yannick équipe TV France 3 Toulouse (31) Dumas Christian technicien son La Primaube (12) Durand Caroline conseillère livre DRAC Midi-Pyrénées Toulouse (31) Dussidour Jean-Louis attaché territorial Bédarieux (34)

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Échène Agnès écrivain Clausevignes (12)

Elisseff Danielle directrice de recherches Ehess, École du Louvre Paris (75)

Escoffier Anne-Marie ministre Paris (75) Eskenazi Sylvia cadre dans la communication Paris (75) Fauconnier Françoise retraitée St Affrique (12) Ferney Frédéric écrivain, journaliste Paris (75) Foissac Hélène Rodez (12) Fonlupt François père-évêque Rodez (12) Fontanier Jean-Claude maire, conseiller général Saint-Chély d'Aubrac (12) Fougerolle Guy Le Vésinet (78) Fougerolle Monique assistante Le Vésinet (78) Fournier Annick conseiller technique Venerque (31) Fournier Michèle Albi (81) Fournier Laetitia Office de tourisme Saint-Chély d'Aubrac (12) Gand Martine Beaune (21) Garnier Michel équipe TV France 3 Toulouse (31) Gasc-Barès Geneviève Maire Condom d'Aubrac (12) Gaumont Véronique Gautier Annie enseignante Marchastel (63) Gayette Georges retraité Prades d'Aubrac (12) Genovese Stefano musicien Gerland Simon directeur Festivisuel Montpellier (34) Germain-Thomas Olivier écrivain Paris (75) Ghuys Martine artiste Marchastel (48) Giannieri Nicole La Fouillouse (42) Ginisty-Andrieu Bernard directeur d'école Bezonnes (12) Girot Gabrielle organisation Lyon (69) Grare Joël musicien Paris (75) Gratton Michel retraité St Jean de Boiseau (44) Gros Valérie hôtelière Aubrac (12) Guibbal Catherine formatrice adultes Rodez (12) Guibbal Jean-Louis médecin Rodez (12) Guion Pierre retraité Olemps (12) Guitton Chantal architecte Lyon (69) Guitton Claire retraitée de la fonction publique Bagnères de Bigore (65) Günday Hakan écrivain Istanbul (Turquie) Hamon Pierre musicien Paris (75) Jacob Michel juriste Bruxelles (Belgique) Jacqmin Rémy lecteur à voix haute La Chapelle St Aubert (35) Jaoul Danielle retaitée de l'enseignement Mont-Louis (66) Jobin Evelyne directrice bibliothèque municipale Saint Brieuc (22) Kandasamy Prakash musicien Inde Khemir Nacer cinéaste Tunis (Tunisie) Labrande Christian scénariste, producteur Paris (75) Labro Eliane retaitée de l'enseignement Marcillac (12) Labro Jacques retaité de l'enseignement Marcillac (12) Lacroix Alexis CNL Paris (75) Lafon Marie-Hélène écrivain Paris (75)

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Lalle Jean-Michel président mission de la culture CG 12 Rodez (12)

Lamour Béatrice éducatrice spécialisée Villeneuve les Raguelonnes (34)

Lançon Nicole conservatrice en bibliothèque Rodez (12) Landès Didier régisseur lumière Belcastel (12) Larrey Monique professeur St Georges de Lévejac (48) Le Dauphin Bernard antiquaire Paris (75) Le Dauphin Sophie antiquaire Paris (75) Lebrun Isabelle conservatrice en bibliothèque Toulouse (31) Lecroc Jean-Marc libraire Rodez (12) Ledru Eric médecin, chercheur sciences humaines St Paulien (43) Lefeuvre Sarah chanteuse Paris (75) Léger Dominique Avallon (89) Léger Anne-Marie Avallon (89) Léger Patrick hôtelier Aubrac (12) Lemaire Jean-Claude psychanaliste Graissac (12) Lérisse Cyril hôtelier Aubrac (12) Lion Dominique équipe TV France 3 Toulouse (31) Luong Khaï-dong scénographe Saint Denis (93) Mainguet Anne-Marie retraitée Clamart (92) Malet Claude retraité Rodez (12) Malvezin André professeur de lycée honoraire Clermont-Ferrand (63) Malvy Martin président région Midi-Pyrénées Toulouse (32)

Marest Suzanne Vice-Président du Comité Français de la Couleur Paris (75)

Marpillat Claire auxilliaire de vie Les Rives (34) Martel Christian directeur CDDP Rodez (12) Martin Daniel journaliste La Montagne Clermont-Ferrand (65) Martinez Bernard cadre Narbonne (11) Marty Roland équipe TV France 3 Toulouse (31) Matthieu Dauban étudiant Les Salces (48) Maurin Thierry traiteur Espalion (12) Mazars Stéphane sénateur de l'Aveyron Rodez (12) Meddeb Abdelwahab écrivain, journaliste Paris (75) Menatory Hugues journaliste Midi-Libre Rodez (12) Mercier Patrick taxi Espalion (12) Miquel Aline retraitée Béziers (34) Moisset Eliane Espalion (12) Molina Constance professeur Brameloup (12) Monteil Pascal plasticien Paris (75) Morvan Maryvonne Vazerac (82) Moulin Joëlle directrice médiathèque Rodez (12) Muhidine Timour maître de conférences, éditeur Nougaret Jean-Auguste directeur service culture Mairie Rodez (12) Noyrigat Francis ingénieur Aubrac (12) Olivié Simone retraitée Firmi (12) Olivié Michel retraité Firmi (12) Painvin Catherine styliste Aubrac (12) Paliwal Haribhai cuisinier Inde Pascale Meltz Cassagnabère (31)

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Pégurier-Lacroix Marie-Elisabeth retraitée de la fonction publique Bédarieux (34)

Perlwitz Ronald maître de conférences Paris, Bayreuth Pictet Catherine Paris (75) Ploton-Nicollet François maître de conférences Orléans (45) Pohorylès Marc Albi (81) Poignet-Konefal Christelle équipe TV France 3 Toulouse (31) Poisson Christian peintre plasticien St Gély-du-Fesc (34) Poisson Pascale conteuse St Gély-du-Fesc (34) Portal Jean-Michel retraité Juillan (65) Portal Sylviane retraitée Juillan (65) Pouille Descours Thérèse Le Puy en Velay (43) Pradel Christine psychologue clinicienne Castelneau le Rez (34) Racault Jean-Michel professeur d'université Saint Denis (La Réunion) Raphoz Fabienne éditrice Paris (75) Rasse Johnny chanteur Ratelle Agnès retaitée de l'enseignement Chateaurenard (13) Raynal Michel retraité Toulouse (31) Raynal Martine retraitée Toulouse (31) Raynal-Puech Anne-Marie Marcillac (12) Remise Bernard hôtelier Saint-Urcize (15) Remise Isabelle hôtelière Saint-Urcize (15) Remise Lucile hôtelière Saint-Urcize (15) Rioux Solange retraitée EN Rodez (12) Robillard Chantal écrivain Strasbourg (67) Rodrigues Marie commerçante Albi (81) Rossignol Emilie étudiante Avignon (84) Roth Alain service culture région Midi-Pyrénées Toulouse (31) Roumagnac Claude directeur service culture CG 12 Rodez (12) Roussel Jean-Louis vice-président mission de la culture CG 12 Saïd-Omar Thanayi organisation Paris (75) Salazard Virginie hôtelière Aubrac (12) Salvador Xavier-Laurent maître de conférences (hdr) Paris (75) Salvador Florence professeur des écoles Paris (75) Salvat Bernadette enseignante retraitée Coudols (12) Samson Catherine rédactrice Clairvaux (12) Schödlbauer Ulrich professeur d'université Hagen (Allemagne) Schulman Élie conseiller culture Paris (75) Shamir Igal musicien Paris (75) Shinoda Chiwaki professeur d'université Hiroshima (Japon) Smith-Vaniz Valentine étudiante Rodez (12) Smitz-Vaniz Garance étudiante Rodez (12) Souty Philippe La Celle St Cloud (78) Souty Chantal La Celle St Cloud (78) Sudre Roselyne architecte Albi (81) Tama Jean président de l'association RAJEL Paris (75) Tama Rosette psychanaliste Paris (75) Taquet Henri directeur artistique retraité St Urcize (15) Tejsen Paolina assistante sociale Marseille (13)

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Terrasse Jean-Marc directeur Auditorium du Louvre Paris (75) Terrasse Barbara professeur d'allemand Orthez (64) Terrasse Léopold écolier Orthez (64) Tournier Marie-Paul professeur Villelaure (84) Tournier Antoine responsable PNR Aubrac Aubrac (12) Usman Khan Ustad musicien Inde Valadier André Jeune Montagne Laguiole (12) Valette Ghislaine retraitée Montpeller (34) Valin Julie équipe TV France 3 Toulouse (31) Vaysset Jean-Louis éleveur La Bastide d'Aubrac (12) Vennesson Antoinette retraitée St Urcize (15) Vennesson Guy retraité St Urcize (15) Verrière Michèle retraitée Millau (12) Viale-Lambert Hélène retraitée Abergement Clemenciat (01) Viale-Lambert Jean-Paul retraité Abergement Clemenciat (01) Victor-Pujebet Guillaume immobilier Paris (75) Vidal Hervé psychiatre retraité Onet le Château (12) Virenque Marie infirmière Onet le Château (12) Vyas Kiran philosophe Tapovan (Inde) Wackenheim Vincent écrivain Paris (75) Wackenheim Hélène étudiante Paris (75) Walkowiack Claire équipe TV France 3 Toulouse (31) Zakar Fady musicien Paris (75) Ziegler Eric enseignant Quaix en Chartreuse (38) Ziegler Barbara Quaix en Chartreuse (38)

Liste arrêtée au 10 août 2013.