DOSSIER DE PRESSE SCENE ARTISTIQUE DU MOYEN-ORIENT

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Service de presse : Rémi Fort et Margherita Mantero Assistante : Maïté Rivière Tél. : 01 53 45 17 13 – Fax : 01 53 45 17 01 e-mail : [email protected] ; [email protected] [email protected] FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS 2007 12 SEPTEMBRE – 22 DÉCEMBRE 2007 36 e ÉDITION DOSSIER DE PRESSE SCENE ARTISTIQUE DU MOYEN-ORIENT Festival d’Automne à Paris 156, rue de Rivoli – 75001 Paris Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

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Service de presse : Rémi Fort et Margherita Mantero Assistante : Maïté Rivière

Tél. : 01 53 45 17 13 – Fax : 01 53 45 17 01 e-mail : [email protected] ; [email protected]

[email protected]

FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS 2007 12 SEPTEMBRE – 22 DÉCEMBRE 2007

36e ÉDITION

DOSSIER DE PRESSE SCENE ARTISTIQUE DU MOYEN-ORIENT

Festival d’Automne à Paris 156, rue de Rivoli – 75001 Paris

Renseignements et réservations :

01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 2

Calendrier / Sommaire Abbas Kiarostami / Looking at Tazieh page 3 Centre Pompidou / 19 au 22 septembre Rabih Mroué / Qui a peur de la représentation? page 5 Centre Pompidou / 26 au 29 septembre Décadrages page 10 Performances, rencontres, projections, concerts Point Éphémère / 5, 6, 7, 12, 13 et 14 octobre Mahmoud Darwich page 19 Maison de la poésie / 4 et 5 octobre Rabih Mroué / Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril page 5 Théâtre de la Cité Internationale / 8 au 14 octobre La Ferme du Buisson / 20 et 21 octobre Walid Raad / I Feel a Great Desire to Meet the Masses Once Again page 23 Centre Pompidou / 12 et 13 octobre Rasheed Al-Bougaily / Nouri Iskandar / Saed Haddad / Rashidah Ibrahim page 25 Daniel Landau / Hossam Mahmoud / Alireza Farhang / Shafi Badreddin Hiba Al Kawas / Samir Odeh-Tamimi / Kiawash Sahebnassagh 3 concerts / 13 et 14 octobre / Opéra National de Paris / Bastille-Amphithéâtre Images du Moyen-Orient page 33 Jeu de Paume- site Concorde / 16 octobre au 18 novembre Hassan Khan / Kompressor page 38 Le Plateau – FRAC Ile-de-France 24 octobre au 18 novembre Lina Saneh / Appendice page 41 Théâtre de la Cité Internationale / 22 au 28 octobre Emanuel Gat page 46 Petit torn de dança / My favourite things / Through the center, all of you, at the same time and don’t stop Maison des Arts Créteil / 25 et 26 octobre Amir Reza Koohestani / Recent Experiences page 42 Théâtre de la Bastille / 8 au 18 novembre Joana Hadjithomas et Khalil Joreige / Où sommes-nous ? page 15 Espace Topographie de l’Art / 10 novembre au 9 décembre Programme Théâtre, Musique, Danse, Arts Plastiques, Cinéma page 57 Les mécènes du Festival d’Automne à Paris page 61

ABBAS KIAROSTAMI

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 3

Abbas Kiarostami Looking at Ta'ziyè

Looking at Ta'ziyè

Création théâtre/vidéo-performance Un projet d’Abbas Kiarostami

Festival d’Automne à Paris Centre Pompidou

du mercredi 19 septembre au samedi 22 septembre

18h30 et 20h30

10 € à 14 € Abonnement 10 €

Durée : 1h10

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Coréalisation Les Spectacles vivants-Centre Pompidou ;

Festival d’Automne à Paris Production KunstenFESTIVALdesArts

2004 / Bruxelles, Teatro di Roma avec le soutien du Taormina Festival Art

Avec le soutien d’agnès b.

En 2000, le Festival d’Automne présentait sous un chapiteau du Parc de la Villette, pour la première fois en Occident, un rituel de Tazieh. Unique forme de tragédie traditionnelle dans le monde musulman, liée aux cérémonies de commémoration du martyre de l’imam Hossein (petit-fils du prophèteMahomet) mort en 680 à la bataille de Kerbala, le Tazieh prend la forme d’une oeuvre dialoguée en vers, accompagnée de musique et interprétée uniquement par des hommes. Puisant leur matière première narrative dans l’histoire d’Hossein, de Mahomet, de l’imam Ali (le père d’Hossein) et d’autres grandes figures du chiisme, les spectacles deTazieh peuvent également intégrer des récits empruntés au Coran ou à la Bible, ainsi que des fragments de l’histoire de l’Iran et de la littérature persane. Prétextes à de grands rassemblements populaires, ils offrent une occasion unique d’observer les sentiments que nourrissent les Iraniens à l’égard de la religion et de la tradition. Une occasion pareille se devait d’être saisie, tôt ou tard, par le cinéaste Abbas Kiarostami (Palme d’or à Cannes en 1996 pour Le goût de la cerise), dont les films, entre documentaire et fiction, s’enracinent - profondément dans la terre iranienne – la scrutation attentive du réel allant de pair avec une interrogation intense sur le langage du cinéma. Réalisé en Iran par Abbas Kiarostami, Looking at Ta'ziyè est une installation vidéo-scénique associant trois points de vue différents, diffusés simultanément sur trois écrans, d’une même cérémonie – la responsabilité du montage est laissée au spectateur, libre d’associer et d’interpréter ces images à sa guise. Une rétrospective intégrale des films d’Abbas Kiarostami est présentée au Centre Pompidou à l’occasion de l’exposition Érice-Kiarostami : correspondances du 19 septembre au 17 janvier.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris

Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13

Centre Pompidou

Agence Heyman-Renoult 01 44 61 76 76

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ABBAS KIAROSTAMI

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 4

Abbas Kiarostami Né à Téhéran en 1940, où il se forme à l'École des Beaux-Arts, Abbas Kiarostami est reconnu depuis le début des années 90 comme le chef de file du cinéma iranien. Peintre et dessinateur d'affiches de cinéma avant de devenir cinéaste, il se consacre toujours activement à la photographie, notamment de paysages. Révélé au grand public avec Le goût de la cerise (1997, Palme d'or à Cannes), Le vent nous emportera (1999, Grand Prix du jury à Venise) et tout récemment Ten (2002), tourné en vidéo numérique, ses films se distinguent par leurs dispositifs formels et narratifs complexes, allégoriques et ironiques mais aussi par leur manière oblique mais incisive d'interroger la société iranienne, la condition des femmes, et plus généralement les rapports entre tradition et modernité Abbas Kiarostami au Festival d’Automne : 2000 : dans le cadre d’un panorama sur le cinéma iranien

RABIH MROUÉ

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 5

Rabih Mroué

Qui a peur de la représentation?

Festival d’Automne à Paris Centre Pompidou

du mercredi 26 septembre au samedi 29 septembre

Comme Nancy aurait souhaité

que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril

Festival d’Automne à Paris Théâtre de la Cité Internationale

du lundi 8 octobre au dimanche 14 octobre

La Ferme du Buisson Scène nationale de Marne-la-Vallée, Noisiel

dans le cadre du Festival Temps d’images samedi 20 octobre

et dimanche 21 octobre

Make me stop smoking

performance au Point Ephémère dans le cadre de Décadrages

samedi 6 octobre 20h

2 pièces de théâtre 1 performance participation aux tables-rondes « Décadrages » Rabih Mroué Né en 1967 à Beyrouth, Rabih Mroué est comédien, metteur en scène et auteur. Il a étudié le théâtre à l’Université Libanaise de Beyrouth et a commencé à produire ses propres pièces en 1990. Il fait parti d’une nouvelle génération d’artistes libanais qui connaissent une diffusion internationale. Ses spectacles intègrent des performances et desvidéos et sont en prise directe avec la réalité économique et politique de son pays. Il réalise ainsi des pièces quasi-documentaires dans lesquelles fiction et réalité se mêlent. Elles ont été montrées à Beyrouth, au Caire, Paris, Vienne, Tunis, Amman, Bâle, Barcelone, Bruxelles et Berlin. Parmi ses dernières créations : Face A/Face B (2001); Three Posters (2000); Come in Sir, we will Wait for you Outside (1998); Extension 19 (1997); La Prison de sable (1995); The Lift (1993); L'Abat-jour (1990). Rabih Mroué participe aux tables-rondes organisées dans le cadre de Décadrages, deux week-end consacrés à la scène artistique du Moyen-Orient, au Point Ephémère les 5, 6, 7 et 12, 13, 14 octobre – page 10

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RABIH MROUÉ

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 6

Rabih Mroué Qui a peur

de la représentation?

Qui a peur de la représentation? Une performance de Rabih Mroué

Écriture et direction, Rabih Mroué Scénographie, Samar Maakaroun

Avec Lina Saneh, Rabih Mroué Traduction de l’arabe, Catherine Cattaruzza

Festival d’Automne à Paris Centre Pompidou

du mercredi 26 septembre au samedi 29 septembre

26 au 29 septembre 20h 30

10 € à 14 € Abonnement 10 €

Durée : 60’ Spectacle en arabe et en français

surtitré en français

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Production The Libanese Association for Plastic Arts

(AshkalAlwan) Beyrouth; Théâtre Hebbel/Berlin; Siemens Arts Program;

Centre national de la Danse/Pantin Coréalisation Les Spectacles vivants-Centre Pompidou;

Festival d’Automne à Paris Avec le soutien du TQW, Vienne

Avec le soutien de l’ONDA pour les surtitres Avec le soutien de la Mairie de Paris

et de Culturesfrance dans le cadre de « Beyrouth à Paris »,

juin 2007- mai 2008 Avec le soutien de la Fondation d’Entreprise

CMA CGM et de Zaza et Philippe Jabre Remerciements au Service de Coopération et d’Action

Culturelle de l'Ambassade de France au Liban

Un homme et une femme installent le décor, déploient un écran et disposent leurs ustensiles sur une table : chronomètre, feuillets, épais catalogue. Ils s’arrêtent pour tirer à la courte paille. «Ah, désolé, c’est toi (Elle, Lina Saneh) qui va “représenter” ». En arabe, le mot “représentation” (tamthil) a trois sens : le jeu, l’interprétation, et l’acte de violenter un corps. Ici, la progression de la violence prend appui sur le contraste de plus en plus éclatant entre des histoires vécues, gravées dans la chair de l’Histoire, et une autofiction qui, petit à petit, se glisse dans le maillage de la réalité. Qui a peur de la représentation ? Quel est le rôle de l’artiste dans un pays fragile, marqué par la guerre civile ? Quelle est la place de l’individu dans une société régie par de toutes-puissantes communautés religieuses? Contre le silence, Rabih Mroué et Lina Saneh disent,représentent et osent la représentation, avec humour et témérité, confrontant les actions d’artistes des années 1960-1980 (Joseph Beuys, Orlan ou Marina Abramovic) aux réalités présentes de la guerre civile.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Centre Pompidou Agence Heyman-Renoult 01 44 61 76 76

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RABIH MROUÉ

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 7

Rabih Mroué Comme Nancy aurait souhaité que

tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril

Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril / How Nancy wished that everything was an april fool’s joke

Mise en scène, Rabih Mroué Texte, Fadi Toufic et Rabih Mroué

Scénographie et graphisme, Samar Maakaroun Animation, Ghassan Halwani

Collection d’affiches et recherche, Ziena Maasri Avec Lina Saneh, Hatem El-Imam,

Ziad Antar, Rabih Mroué

Festival d’Automne à Paris Théâtre de la Cité Internationale

du lundi 8 octobre au dimanche 14 octobre

20h, dimanche 17h30 9 octobre rencontre avec les artistes

à l’issue de la représentation relâche mercredi

10 € à 21 € Abonnement 10 € et 12, 50 €

La Ferme du Buisson Scène nationale de Marne-la-Vallée, Noisiel

dans le cadre du Festival Temps d’images samedi 20 octobre

et dimanche 21 octobre 20 octobre à 19h et 21 octobre à 16h

13 € et 20 € Abonnement 13 € / Durée : 1h30

Spectacle en arabe surtitré en français

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Coproduction Tokyo International Arts Festival ; Ashkal Alwan/Beyrouth 2007 ; Temps d'images / Ferme

du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée ; Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de la Mairie de Paris et de Culturesfrance dans le cadre de « Beyrouth à Paris »,

juin 2007- mai 2008 Avec le soutien de la Fondation d’Entreprise CMA

CGM et de Zaza et Philippe Jabre Remerciements au Service de Coopération et

d’Action Culturelle de l'Ambassade de France au Liban

« Moi, je mens beaucoup. J’adore mentir. Parce que mentir est la seule chose qui me permet d’être différent de l’animal. Les parents interdisent à leurs enfants de mentir. Ils les élèvent pour devenir francs, honnêtes, “domestiques”. Des animaux domestiques dans la société. » Ce court extrait d’un texte écrit en 2002 en dit long sur la manière dont Rabih Mroué, jeune auteur, acteur et metteur en scène libanais, appréhende la vie et le théâtre. Talentueux adepte du mentir-vrai cher à Aragon, Rabih Mroué situe le mensonge – un mensonge éminemment romanesque – au coeur de ses créations. Il y noue des intrigues dans lesquelles réalité et fiction se (con)fondent, communiquant ainsi au spectateur un trouble qui ne cesse de croître au fur et à mesure de la représentation. Rabih Mroué travaille en étroite complicité avec Lina Saneh, tous deux ayant suivi à Beyrouth – où ils sont nés, respectivement en 1967 et 1966 – le cursus théâtral de l’université libanaise. Maniant l’irrévérence et les faux-semblants avec une même agilité, ils façonnent, ensemble ou séparément, des dispositifs scéniques – au confluent du théâtre, du documentaire (ou documenteur…) et de la performance – dont l’inventivité n’a d’égale que l’acuité. Inutile de préciser que leur audacieuse liberté de ton, n’épargnant rien ni personne, n’est pas du goût de tout le monde au Liban… Dernier spectacle en date issu de l’imagination fertile de Rabih Mroué, How Nancy wished that everything was an april fool’s joke propulse quatre personnages – qui, sans interruption, meurent puis renaissent pour reprendre le combat – dans un maelström d’affrontements fratricides et, au moyen d’une noire ironie, rend saillante toute l’absurdité des conflits qui n’en finissent pas de déchirer le Proche et le Moyen-Orient.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Théâtre de la cité internationale Philippe Boulet 06 82 28 00 47 La Ferme du Buisson Fédérique Champs 01 55 00 70 45

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RABIH MROUÉ

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 8

ENTRETIEN AVEC RABIH MROUÉ Comment est née votre performance Qui a peur de la repré sent at ion ? – et plus précisément, comme êtes-vous venu à cette idée de mêler, au sein d’un même « spectacle », l’histoire du body-art (une « tradition » occidentale) et celle de la guerre civile au Liban ? Rabih Mroué : « En fait, il ne s’agissait pas d’un parti pris de départ, cette idée s’est imposée d’elle-même. Cette performance fait partie de ma recherche et de mon travail, et il y a une sorte de continuité entre Qui a peur de la représentation ?, Looking for a missing employee, Biokraphia, etc. Pour cette performance en particulier, je suis parti d’une question. J’étais, en un sens, fasciné par le travail des body artists – cela ne veut pas dire que je veuille faire la même chose, mais que je suis vraiment fasciné par leurs actions et leurs propositions. Et je me suis demandé pourquoi, dans les religions arabes, et spécialement au Liban, cette forme d’art n’existait pas. Cela a été le point de départ, en fait. Cette question m’a conduit à m’engager dans cette performance et de la relier avec cette histoire libanaise. Ce lien n’a aucunement vocation à établir des relations entre les deux : il ne s’agit en aucun cas de sous-entendre que l’histoire d’Hassan Mamoun* puisse être considérée, d’une manière ou d’une autre, comme une œuvre d’art. Je ne cherche pas non plus à dire que la violence que les body artists exercent sur leur corps doit être considérée comme un crime. Il y a une division très franche entre les deux histoires. Toutes deux ne peuvent se rencontrer qu’au théâtre, sur scène – et elles ne se rencontrent vraiment sur scène qu’à travers la peau d’un écran. Je m’explique l’absence d’une telle forme d’art au Liban par le fait que nous n’avons pas encore vraiment achevé notre modernité. C’est une idée centrale dans mon travail ainsi que dans celui de Lina Saneh. Nous ne cessons de nous battre pour nos droits, pour avoir un Etat avec des citoyens et une loi écrite – ce qui n’est pas encore le cas au Liban, dont l’Etat reste confisqué par les confessions religieuses. Diriez-vous que la violence est le point commun de ces deux trajectoires parallèles, et de cette performance ? Rabih Mroué : « Si vous voulez, oui, le thème principal est la violence – sans perdre de vue toutefois qu’il n’y a aucune comparaison

entre ces deux formes de violence. Ce que j’ai essayé de faire, c’est de la rendre commune à ces deux histoires en passant, exclusivement, par le langage. J’ai bien senti, lorsque j’ai présenté ce spectacle à Beyrouth, puis en Europe, que le niveau de langage entre ces deux lignes parallèles était différent. Le public européen a vraiment fait le lien avec le body-art et à travers cela, il a pu faire le lien avec notre histoire, se l’approprier, et percevoir l’arrière-plan politique, lié à l’histoire de la guerre civile. Toutefois, lorsque ce public a écouté l’histoire d’Hassan Mamoun, j’ai toujours senti qu’il passait à côté – et c’est bien normal – de bon nombre de nuances, car c’est vraiment une histoire locale, raconté dans la langue du Liban. À l’inverse, à Beyrouth, la plupart des spectateurs, parce qu’ils ne connaissaient pas l’histoire du body-art, ont pensé que j’avais inventé les performances dont il est question ! Il y a là une belle matière à réflexion…. Vous parliez tout à l’heure de continuité entre vos travaux : comment s’intègre C omme N anc y aurait sou hait é q ue t out c e c i ne fut q u’un pois s on d ’ avr i l dans celle- ci ? Dans quelle mesure ce nouveau spectacle va-t-il plus loin ? Rabih Mroué : « Il y a toujours une préoccupation principale que l’on retrouve dans ce nouveau travail : je continue à faire des performances, ou des pièces de théâtre, dans lesquelles on parle de l’action, mais on ne la montre pas ; il n’y a pas d’action dans mes pièces, seulement des gens qui parlent de l’action, comme si cette action allait advenir – ou bien s’était déjà produite. Nous sommes donc, en un sens, comme des historiens lorsqu’ils écrivent l’histoire, qui ne peuvent être à l’intérieur de l’action, mais toujours soit un peu devant, soit un peu derrière. Il en va de même avec Comme Nancy…: j’essaie toujours de ne pas produire des images – et si je le fais, cela passe excluisvement par le langage. Il est toujours question du corps, mais en même temps, cela souligne l’absence du corps : on en parle mais on ne le montre pas, le corps est présent, et il est en même temps absent. C’est un autre des grands sujets communs à tous nos travaux : la manière dont on peut représenter le corps au théâtre. Nous pensions aux corps qui ont été marqués, littéralement, tatoués par la guerre civile libanaise. Par le passé, nous avons fait beaucoup de performances, un théâtre très physique, dans lequel nous essayions de trouver un langage du corps au théâtre ; mais nous nous heurtions toujours au même problème : le corps que nous représentons sur scène est

RABIH MROUÉ

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 9

toujours moindre que celui dont nous avons fait l’expérience à travers notre vie quotidienne durant la guerre, il manque toujours quelque chose… Le langage serait donc le moyen de combler cet écart, de traduire la réalité de ce corps ? Rabih Mroué : « C’est exactement ce que nous essayons de dire. Le corps est là, mais en même temps, on ne peut le montrer : on peut donc essayer d’en parler… En un sens, je pense que nous avons donné beaucoup plus de place au langage, au pouvoir du mot – alors qu’à une époque, nous nous montrions très méfiants à l’égard du texte au théâtre, et étions plutôt à la recherche de choses visuelles, physiques. Aujourd’hui, nous pensons qu’il est plus puissant d’utiliser le langage, et en un sens, beaucoup plus politique. C’est aussi grâce au langage que les quatre personnages de la pièce peuvent mourir, puis ressusciter sans cesse ? Rabih Mroué : « Oui, mais c’est là encore peut-être un autre niveau… Cela peut se rattacher au monde virtuel dans lequel nous vivons, ces jeux virtuels dans lesquels on peut mourir, mais aussitôt après revenir continuer le jeu. Pour moi, ce n’est pas une blague, lorsque je pense aux trente ou quarante années de notre guerre civile, je me dis que c’est un peu la même chose, en un sens : comme si nous mourions, puis ressuscitions pour poursuivre la même guerre, le même jeu, sans jamais penser à ce qui s’est passé, aux raisons pour lesquels nous agissons ainsi… En un sens, c’est une manière de dire que nous avons le devoir de réfléchir à notre histoire, sérieusement, car nous ne pouvons continuer ainsi… Cela ressemble à une plaisanterie, ou une métaphore, mais pour nous qui avons fait l’expérience de la guerre civile, il n’est pas facile de vivre aujourd’hui cette sorte de retour à une nouvelle guerre civile ; nous n’avons pas envie de mourir une nouvelle fois, nous en avons assez. De même que votre travail progresse entre la performance et le théâtre – entre le jeu et la parole, comme vous l’avez déclaré dans un entretien –, vous semblez vous situer également entre deux sortes de publics : d’un côté, le public libanais – vis-à-vis duquel vous jouez un rôle politique, en le confrontant à des épisodes de l’histoire de votre pays qui sont souvent passés sous silence –, et de l’autre le public occidental, qui n’est pas forcément familier de cette

histoire… La dimension politique de votre théâtre semble être réellement plurielle : comment faites-vous pour combiner ces deux dimensions ? Rabih Mroué : « D’abord, il faut rappeler que j’ai étudié le théâtre, et mon parcours vient du théâtre : même lorsque je fais des performances, cela vient toujours de ce background. Dans ma tête, il y a un metteur en scène de théâtre, et si je veux débattre artistiquement et esthétiquement, c’est d’abord avec ceux qui font du théâtre. Je ne place pas mon travail dans l’histoire de l’art, ou de la danse, mais dans l’histoire du théâtre. Et c’est pourquoi j’insiste toujours sur le fait que je fais des pièces de théâtre, non des performances : parce que je cherche à provoquer, moi-même en premier lieu, mais aussi les gens de théâtre ; s’ils ne considèrent pas ce que je fais comme des pièces de théâtre, alors, réfléchissons ensemble à ce qu’est définition du théâtre, remettons en question ce que peut être le théâtre aujourd’hui – à l’heure où le théâtre traverse une crise… Pour revenir à votre question, le public auquel je songe, en fait, c’est moi-même. Lorsque je fais une pièce, je ne pense pas au public, qu’il soit libanais ou européen. Ce serait un piège. Il n’est pas possible de ranger les publics européens dans un seul panier : les spectateurs à Amsterdam sont vraiment très différents de ceux de Berlin ou de Paris. Et il en va de même dans mon pays : le public de Beyrouth n’est pas le même qu’à Tripoli, ou dans d’autres villes du Liban. Concevoir un travail pour un public est une mission impossible. Je pense que la meilleure manière de faire est de réfléchir à soi-même en tant qu’artiste, et de questionner et remettre en question toutes les normes, les stéréotypes et les clichés que l’on peut avoir. La principale personne à laquelle s’adressent les pièces que je fais, c’est donc moi-même. Ainsi, je pense pouvoir atteindre des publics formés d’individus, qui ne sont pas une masse. C’est un point important, et en même temps, c’est toujours abstrait : je ne peux dire ce qui arrive à mon travail lorsque je le présente à un public – la manière dont ce dernier le reçoit, et ce qu’il va en faire. Cela reste de l’abstraction. On fait un travail pour le présenter en public, mais lorsque cela se produit, on ne peut savoir ce qu’il va en advenir… » Propos recueillis par David Sanson *Hassan Mamoun est un fonctionnaire (ex-soldat) qui, douze après l’arrêt de la guerre civile, defraya la chronqiue en tuant une dizaine de personnes

DÉCADRAGES

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 10

Décadrages

Coordination et conception, Catherine David

Conseiller artistique musique, Halim Dekkiche

Festival d’Automne à Paris

Point Éphémère Deux week-ends d’octobre :

vendredi 5, samedi 6 et dimanche 7 vendredi 12, samedi 13 et dimanche

14

Cinéma et performance : entrée libre Concerts : 13€

PASS week-end : 20€

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Avec le soutien de l’American Center Foundation

Remerciements à Marantz, matali crasset, et au Lieu Commun

Iraq, Liban, Palestine, l’actualité souvent dramatique de cette région du monde, les images stéréotypées et les informations simplifiées qui nous en parviennent font écran à d’autres images et d’autres discours, plus complexes et plus nuancés. Nul ne peut nier, en effet, qu’au Moyen-Orient le long XXe siècle n’ait été marqué par les violences coloniales, les partitions diverses et l’instrumentalisation des particularismes et des différences ; ni ignorer le rôle dévastateur des autocraties régionales, ou les stratégies (néo)coloniales et impériales reconduites avec la première Guerre du Golfe en 1990 et la « Guerre contre le terrorisme » déclenchée après les attentats du 11 septembre. Mais on ne peut sérieusement réduire à la violence et au chaos les productions sociales et culturelles développées depuis plus d’un siècle, les avancées et les reculs des recherches formelles et des idées solidaires des projets d’émancipation, ni les tentatives actuelles de produire des analyses lucides et des représentations qui puissent s’opposer aux formes mortifères d’une tradition mystifiée dans les conservatismes et académismes divers. Ce programme du Festival d’Automne souhaite ainsi donner parole et visibilité à trois générations d’artistes et d’auteurs dont les textes, les films, les œuvres ou les analyses témoignent de regards contrastés et souvent sans indulgence sur les problèmes, les enjeux et les attentes de leurs sociétés tels qu’ils s’expriment (plus ou moins difficilement) au quotidien dans les différents pays. Loin des clichés et des explications sommaires, ils nous confrontent aux réalités complexes et aux paradoxes d’une modernité contrariée qui est aussi la nôtre, pour peu que nous sachions nous départir des nostalgies orientalistes et abandonner le voile de nos illusions. Deux week-ends durant, le Festival d’Automne à Paris investit tous les espaces du Point Ephémère, bar et restaurant compris, pour des projections cinéma et vidéos, des rencontres, des performances, des concerts… Deux week-ends consacrés à la scène artistique contemporaine du Moyen-Orient.

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DÉCADRAGES

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 11

Programme vendredi 5 octobre 18h30 About Baghdad (2004) Documentaire de Sinan Antoon 20h Cocktail 22h Concert Discipline Projet de Joseph Ghosn, Joakim Invité : Charles Berberian samedi 6 octobre 13h Ouverture de l’espace d’exposition* 14h Table ronde : Culture et mémoires d’Iraq 20h Make me stop smoking Performance de Rabih Mroué 22h Concert du groupe Munma (Beyrouth/Liban) dimanche 7 octobre 13h Ouverture de l’espace d’exposition* 14h Table ronde : Pratiques esthétiques contemporaines : productions, enjeux et publics

vendredi 12 octobre 13h Ouverture de l’espace d’exposition* 19h Shabikhani (2005) Documentaire de Bahman Kiarostami 22h Concert Leïla (Londres/Iran) samedi 13 octobre 13h Ouverture de l’espace d’exposition* 14h Table ronde : Cinémas documentaires, histoires et sociétés 19h Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe (2006) Documentaire d’Hala Alabdalla et Ammar Albeik 22h Performance DJ d’Hassan Khan Soirée autour du nouveau projet d’Ilhan Ersahin : Istanbul Sessions dimanche 14 octobre 13h Ouverture de l’espace d’exposition* 14h Table ronde : Engagements culturel et politique des femmes au Moyen-Orient

*L’espace d’exposition accueillera cinq écrans vidéos sur lesquels seront projetés des films documentaires et de fiction de réalisateurs issus de la scène artistique du Moyen-Orient.

Programme #1 Rond Point Chatila, Maher Abi Samra, 2004, 52' st anglais Ce sera beau, Wael Noureddine, 2005, 30'st fr July Trip, Wael Noureddine, 2007, 35' st fr Programme #2 Interview with a housewife, Sherief El-Azma, 2001, 7' st anglais Toi, Waguih, Namir Abdel Messeh, 2005, 28' st fr Nayère, les chants de liberté, Mina Saïdi Sharouz, 54' st fr

Programme #3 Something Sweet, Hala Mohammad, 2005, 47' st anglais Baghdad days, Hiba, Bassem, 2005, 40' st anglais

Programme #4 Dardasha Socotra, Safaa Fathy, 2006, 1h30' st fr Posthume, Ghassan Salham, 2007, 28' st fr Slippage, Ali Cherri, 2005, 11' Programme #5 Since You Left, Mohammad Bakri, 2005, 58' st ang Chic Point, Sharif Waked, 2003, 7'26 A Candle for the Shabandar Cafe, Emad Ali, 2007, 23'st anglais *Barada, Joude Gorani, 2006, 12' (sous réserves)

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Tables rondes samedi 6 octobre 14h-18h / Culture et mémoires d’Iraq : À travers les œuvres et les témoignages de trois poètes appartenant à trois générations différentes et ayant quitté l’Iraq à des moments-clefs de l’histoire tourmentée du pays, un parcours littéraire et politique des cinquante dernières années. En présence de : Sinan Antoon, Saadi Yousef, Kadhim Jihad Sinan Antoon Né à Bagdad en 1967, Sinan Antoon est poète, romancier et traducteur. Il a étudié la littérature anglaise à l’Université de Bagdad avant d’émigrer aux États-Unis après la guerre du Golf de 1991. Il a étudié à Georgetown et Harvard. Il est actuellement professeur assistant de culture arabe à l’Université de New York. Ses poèmes et articles ont été publiés dans an-Nahar, as-Safir, Masharef, al-Adab, The Nation, Middle East Report, al-Ahram Weekly, Banipal, le Journal of Palestine Studies et The anthology Iraqi Poetry Today (Londres, 2003). Il est l’auteur d’A Prism, Wet with Wars (le Caire, 2003), et I`jam (Beyrouth, 2004). Sinan Antoon est retourné en Irak en 2003 en tant que membre d’InCounter Productions pour filmer un documentaire, About Baghdad, sur la vie des Irakiens dans l’Irak de l’après Saddam. Actuellement, Sinan Antoon vit à New York. Saadi Yousef Né à Bassora en Irak en 1934, Saadi Yousef a longtemps enseigné la littérature arabe dans les lycées de son pays, puis en Algérie, avant d'occuper un poste de direction au ministère de la Culture à Bagdad. Un nouvel exil, en 1979, l'a conduit successivement à Beyrouth, Batna, Nicosie, Aden, Belgrade, Tunis, Paris, Damas, Amman, Londres enfin où il réside actuellement. Depuis 1952, il a publié plus de vingt-cinq recueils de poésie, ainsi que des essais, des chroniques, des nouvelles et un roman, Le Triangle du Cercle, et des traductions en arabe de plusieurs poètes majeurs du XXè siècle, dont Garcia Lorca, Cavafy et Ungaretti. Une anthologie de ses poèmes, Loin Du Premier Ciel a été publié en français chez Sindbad/Actes Sud en 1995.

Kadhim Jihad Hassan Né au sud de l'Irak en 1955, Kadhim Jihad Hassan est poète, traducteur, critique littéraire et maître de conférences au département d'études arabes INALCO à Paris. Il a notamment traduit en arabe Jacques Derrida et La Divine Comédie de Dante. Il a publié plusieurs essais et recueils de poèmes, en arabe et en français, dont, récemment, Le Roman arabe (Sindbad / Actes Sud, 2006) et La Part de l'Etranger (Sindbad / Actes Sud, 2007). dimanche 7 octobre 14h-17h / Pratiques esthétiques contemporaines : productions, enjeux et publics En présence de : Rabih Mroué, Lina Saneh, Khalil Joreige & Joana Hadjithomas, Barbad Golshiri, Abdellah Karroum Rabih Mroué Né en 1967 à Beyrouth, Rabih Mroué est comédien, metteur en scène et auteur. Il a étudié le théâtre à l’Université Libanaise de Beyrouth et a commencé à produire ses propres pièces en 1990. Il fait parti d’une nouvelle génération d’artistes libanais qui connaissent une diffusion internationale. Ses spectacles intègrent performances et vidéos et sont en prise directe avec la réalité économique et politique de son pays. Il réalise ainsi des pièces quasi-documentaires dans lesquelles fiction et réalité se confondent. Elles ont été présentées à Beyrouth, au Caire, Paris, Vienne, Tunis, Amman, Bâle, Barcelone, Bruxelles et Berlin. Parmi ses principales créations : Face A/Face B (2001); Three Posters (2000); Come in Sir, we will Wait for you Outside (1998); Extension 19 (1997); La Prison de sable (1995); The Lift (1993); L'Abat-jour (1990). Lina Saneh Actrice et metteur en scène libanaise, née à Beyrouth en 1966, Lina Saneh a effectué ses études de théâtre à l’Université Libanaise à Beyrouth, puis à la Sorbonne Nouvelle à Paris. Elle fait partie de cette génération communément désignée comme la “génération de la guerre” ou “de l’après-guerre” et son travail intègre la particularité de l’expérience libanaise, questionne les signes de la réalité sociale et politique quotidienne. Depuis 1990, son travail est essentiellement basé sur le jeu de l’acteur, le

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corps, l’espace : créer avec le corps de l’acteur, l’environnement urbain, ses conflits, ses contradictions. Elle questionne, par ailleurs, la pratique théâtrale et s’intéresse, de fait, aux formes pluridisciplinaires, multi-médias, perfor- -mances, vidéo art et installations. Ses principales mises en scène sont: Mouchakassa (1993); Les Chaises (1996) ; Ovrira (1997); Extrait d’Etat Civil (2000) ; Biokhraphia (2002). Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Plasticiens et cinéastes, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés en 1969 à Beyrouth où ils vivent et travaillent. Ils écrivent et réalisent en 1999 leur premier long-métrage de fiction Al Bayt el zaher (Autour de la maison rose), puis deux documentaires : Khiam (2000) et le film Al mafkoud (Le film perdu) (2003), tourné au Yémen, qui sont présentés dans de nombreux festivals de films, centres d’arts et musées internationaux. Fin 2003, leur moyen-métrage Ramad (Cendres) est sélectionné pour les Césars 2005. A perfect day, leur second long-métrage de fiction, paraît en 2005. Leur dernier film, tourné en début d’été à Beyrouth, rassemble Catherine Deneuve et Rabih Mroué. Auteurs d’installations au sein de galeries ou d’institutions, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige s’intéressent à l’émergence de l’individu dans des sociétés communautaires, au rapport l’image et à la représentation, à la difficulté de vivre un présent, d’écrire l’Histoire… Barbad Golshiri Barbad Golshiri est né en 1982 à Téhéran. Il a étudié la peinture à l’Ecole d’Art et d’Architecture, à l’Université Azad, à Téhéran. Il effectue ses premières expérimentations plastiques en utilisant des journaux et des photos. Dans le même temps, il écrit en tant que critique dans des journaux et revues d’art. Il travaille sur différents médiums : vidéo, installation, photographie, internet et typographie. La plupart de ses œuvres se construisent à partir du langage auquel il essaye de faire perdre de son unité en introduisant une « (inter)textualité irrationnelle ».

Abdellah Karroum Né en 1970, au Maroc, Abdellah Karroum travaille en tant que chercheur indépendant, éditeur et commissaire d’exposition. Il est le fondateur et le directeur artistique de plusieurs projets : L’appartement 22, un espace expérimental de rencontres, d’ expositions et de résidence d’artistes fondé en 2002 à Rabat ; le Bout du Monde, une expédition entreprise depuis 2000 ; et les Editions Hors-Champ, revues d’art qui sont publiées depuis 1999. Il est Docteur en Communication, Arts visuels, et Arts du Spectacle de l’Université de Bordeaux 3 depuis 2001, et travaille actuellement sur une thèse à l’EHESS sur l’art contemporain au Maghreb et ses connections internationales. Il a été commissaire de nombreuses expositions pour le Capc de Bordeaux et pour la Biennale d’Art Contemporain Africain DAK’ART , en 2006. samedi 13 octobre 14h-18h / Cinémas documentaires, histoires et sociétés En présence de : Bahman Kiarostami (*sous réserve), Hala Alabdalla, Ammar Albeik, Omar Amiralay *Bahman Kiarostami risque de ne pas être autorisé à quitter l’Iran dans les prochains mois suite à l’interdiction de son dernier film Anonymous

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Bahman Kiarostami Né à Téhéran en 1978, Bahman Kiarostami est réalisateur. Il a travaillé avec son père Abbas Kiarostami sur plusieurs films avant de diriger A Journey to the Land of the Traveller (1997), un documentaire enregistrant les rencontres de son père avec les acteurs principaux d’un de ses films vingt ans après. Depuis Bahman Kiarostami a réalisé plusieurs documentaires qui ont été projetés dans de nombreux festivals à travers le monde dont : Tabaki (2001), un documentaire sur les pleureuses professionnelles en Iran ; I Saw Shoosh (2002) qui s’inspire d’un poème de Mehdi Akhavan-Sales ; Leech (2002) un film autobiographique qui explorent les relations du fils avec son père ; Noor (2003), produit par la chaîne ARTE et qui porte sur la musique baroque et grégorienne donnée dans les églises arméniennes d’Iran. Pour ce dernier film, il a reçu le prix du meilleur réalisateur 2003 du Festival du Film du Moyen-Orient à Beyrouth. En 2005, il réalise Shabikhani, un documentaire sur la vie quotidienne d’acteurs du Ta'ziyè. Bahman Kiarostami est aussi traducteur et a travaillé en tant que producteur pour la chaîne franco-allemande ARTE. Il vit à Téhéran. Hala Alabdalla et Ammar Albeik Hala Alabdalla est née à Hama en Syrie en 1956. Elle a fait des études scientifiques et de sciences sociales en Syrie et à Paris. À partir de 1985, elle se consacre au cinéma et continue à travailler entre la Syrie, le Liban et la France pour coproduire, co-écrire ou co-réaliser des longs-métrages et des documentaires syriens, libanais et français. Ammar Albeik est né à Damas en 1972. Il est d’abord photographe avant de se tourner vers la réalisation en 1997. Il réalise des courts-métrages et notamment : Moisson de lumières (1997), Ils étaient là (2000), 16 mn (2001), Le Fleuve d’or (2002), Boulevard Assad (2002), Mon oreille peut voir (2002), Quand je colorie un poisson (2002), ainsi qu’un long-métrage documentaire, Clapper (2003). Récemment, ils coréalisent un long-métrage documentaire Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe qui a remporté, en 2006, le prix du documentaire ex-aequo à la 63e Mostra de Venise. Omar Amiralay

Photographe et cinéaste syrien, Omar Amiralay est né en 1944 à Damas, en Syrie, et a suivi des cours d’art dramatique à Paris avant de rejoindre l’IDHEC, l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques, en 1968. Dès les années 1970, il réalise et co-réalise plusieurs documentaires en Syrie dont La Vie quotidienne dans un village syrien. En 1980, il s’installe à Paris et réalise une vingtaine de documentaires pour la télévision française, parmi lesquels Le Malheur des uns (1981), Un parfum de Paradis (1982), L’Ennemi intime (1985), À l’attention de Madame Le Premier ministre Benazir Bhutto (1989), Par un jour de violence ordinaire, mon ami Michel Seurat (1995). Il y a tant de choses à raconte (1997), obtient le Grand Prix IMA du long-métrage documentaire lors de la 4e Biennale des Cinémas arabes à Paris. Omar Amiralay est l’auteur d’une œuvre cinématographique qui explore les réalités et les contradictions qui touchent les sociétés arabes contemporaines. Entre documentaire et fiction, son travail propose une interprétation du réel. Il questionne les notions de vérité et de mémoire en établissant un dialogue subjectif et complice avec la vie et les gens. dimanche 14 octobre 14h-17h / Engagements culturel et politique des femmes au Moyen-Orient À travers leurs parcours personnels et artistiques singuliers de cinéastes, de musicologue, de poètes et d’écrivains ces auteurs témoignent de la complexité des engagements culturel et politique des femmes dans la région En présence de : Safaa Fathy, Etel Adnan, Schéhérazade Qassim Hassan, Hala Abdallah Yacoub, Samah Selim Safaa Fathy Safaa Fathy est née à Minia en Egypte en 1958. Cinéaste et écrivain, elle a fait des études de Théâtre à la Sorbonne. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes en arabe et en français (Où ne pas naître, Editions Paris-Méditerranée, 2002, et Tourner les mots, Au bord d'un film, avec Jacques Derrida, Editions Galilée, 2000). Depuis 1993, elle a réalisé de nombreux documentaires dont Ghazeia, Danseuses d'Egypte (1993), Maxime Rodinson : l'Athée des Dieux (1996), D'Ailleurs Derrida (2000) et Dardasha Socotra (2006).

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Etel Adnan Née en 1925 à Beyrouth, Etel Adnan a été l'élève de Gabriel Bounour, fondateur de l'Ecole Supérieur des Lettres de Beyrouth, avant de partir étudier la philosophie à la Sorbonne, à Harvard et à Berkeley. Elle a ensuite enseigné la philosophie. Artiste multiple, Etel Adnan est auteur et peintre. Elle écrit en français et en anglais des livres relevant de tous les genres littéraires : poésie, roman, essai, autobiographie… Elle est traduite en arabe, en italien et en allemand. Certains de ses poèmes ont été mis en musique par des musiciens prestigieux tels que Tania Leon, Henri Treadgill, Gavin Bryars, Anna Lockwood et Zad Multaka. Ses œuvres ont été données en festivals dans plusieurs pays. Elle a collaboré avec Robert Wilson pour l'Opéra de ce dernier, CivilwarS dont elle a écrit la partie française qui fut jouée à Bobigny en 1985. Le poème Jennine a été mis en scène en 2006 par Theodoros Terzopoulos au théâtre Attis d'Athène. Elle a également écrit deux pièces de théâtre, Comme un arbre de Noël présentée à San-Francisco et "L'actrice" mise en scène par Ligeon Ligeonnet à Paris. Scheherazade Qassim Hassan Scheherazade Qassim Hassan est une ethnomusicologue iraquienne,. C’est une spécialiste de la musique du Moyen-Orient. Elle a fondé et dirigé le centre de musiques traditionnelles à Bagdad et créé un département d’archives sonores composées par l’important réseau de musique du pays. Elle a enseigné à l’Université de Bagdad et en France à l’Université de Nanterre. Actuellement, elle est membre associé du laboratoire de recherche en ethnomusicologie au CNRS et préside le groupe d’étude de musique du monde arabe attaché au conseil international pour les musiques traditionnelles. Elle a publié des ouvrages et articles en français, anglais et arabe. Samah Selim Née en 1966 en Egypte, Samah Selim est chercheur indépendant et spécialiste de la littérature arabe populaire au début du XXe siècle. Elle a étudié la Littérature anglaise au Barnard College à New York et la Littérature arabe à Columbia University à New York. Samah Selim vit à Marseille. Elle a notamment publié The Novel and the Rural Imaginary in Egypt, 1880-1985 (London, Routledge Press, 2004).

Projections Performances (en première partie de soirée) vendredi 5 octobre 19h About Baghdad (2004) Documentaire de Sinan Antoon Durée : 90 mn About Baghdad est le premier film irakien réalisé depuis la chute du régime de Saddam Hussein. En juillet 2003, Sinan Antoon, écrivain et poète irakien en exil, retourne à Bagdad pour filmer sa ville après des années de guerre, des décennies d'oppression, jusqu'à l'occupation actuelle. Il explore la complexité des relations d'après-guerre entre les Irakiens et les Américains à travers le regard des Bagdadis (poètes, politiciens, chauffeurs de taxi, retraités...). Nous retrouvons un peuple fatigué, traumatisé et incertain quant à son futur mais déterminé et uni dans la tentative de construction d’une nation forte. Sinan Antoon Né à Bagdad en 1967, Sinan Antoon est poète, romancier et traducteur. Il a étudié la littérature anglaise à l’Université de Bagdad avant d’émigrer aux États-Unis après la guerre du Golf de 1991. Il a étudié à Georgetown et Harvard. Il est actuellement professeur assistant de culture arabe à l’Université de New York. Ses poèmes et articles ont été publiés dans an-Nahar, as-Safir, Masharef, al-Adab, The Nation, Middle East Report, al-Ahram Weekly, Banipal, le Journal of Palestine Studies et The anthology Iraqi Poetry Today (Londres, 2003). Il est l’auteur d’A Prism, Wet with Wars (le Caire, 2003), et I`jam (Beyrouth, 2004). Sinan Antoon est retourné en Irak en 2003 en tant que membre d’InCounter Productions pour filmer un documentaire, About Baghdad, sur la vie des Irakiens dans l’Irak de l’après-Saddam Hussein. Actuellement, Sinan Antoon vit à New York. samedi 6 octobre 20h Make me stop smoking

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Performance de Rabih Mroué Durée : 1h 50 mn Dans sa performance Make Me Stop Smoking, Rabih Mroué tente de recomposer, à l’aide de nombreux documents anonymes et personnels, les paysages libanais détruits par les crises et les guerres : vidéos, photos, coupures de journaux et renseignements donnés pas des témoins oculaires. Il les assemble pour créer un système complexe de narration. Il questionne ainsi la véracité des archives autant que la valeur de cette réalité reconstruite. Que se passe-t-il quand un paysage oublié se rematérialise à partir de représentations archivées ? Rabih Mroué Né en 1967 à Beyrouth, Rabih Mroué est comédien, metteur en scène et auteur. Il a étudié le théâtre à l’Université Libanaise de Beyrouth et a commencé à produire ses propres pièces en 1990. Il fait parti d’une nouvelle génération d’artistes libanais qui connaissent une diffusion internationale. Ses spectacles intègrent performances et vidéos et sont en prise directe avec la réalité économique et politique de son pays. Il réalise ainsi des pièces quasi-documentaires dans lesquelles fiction et réalité se confondent. Elles ont été présentées à Beyrouth, au Caire, Paris, Vienne, Tunis, Amman, Bâle, Barcelone, Bruxelles et Berlin. Parmi ses principales créations : Face A/Face B (2001); Three Posters (2000); Come in Sir, we will Wait for you Outside (1998); Extension 19 (1997); La Prison de sable (1995); The Lift (1993); L'Abat-jour (1990). vendredi 12 octobre 19h Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe (2006) Documentaire d’Hala Alabdalla et Ammar Albeik Durée : 110 mn « Dans ce film, la carte de mon pays, la Syrie, se résume à des amis et des routes de repérages. Je parle à ces routes, je livre mes doutes et mes certitudes en cherchant des lieux de tournages pour mes films en attente depuis 20 ans. Mes amies passent à

l'aveu devant ma caméra, s'expriment à ma place et allègent le brouillard de mes yeux. Je me refuge auprès de la mer : c'est mon enfance effacée, c'est mon énigme, c'est la tombe sacrée de la poésie. Je partage le terrain de ce film intime avec Ammar, qui réussit à capter Youssef, mon mari, et me le livre chargé de ses tableaux et de son doux exil. Ammar m'aide à passer à l'acte et à réunir mes films suspendus dans un seul. Un film comme un puzzle en noir et blanc fait d'allers et retours qui dirait la prison et l'exil, le passé et le présent, l'amour et la mort. Un film qui dirait l'importance de la poésie. »

Hala Alabdalla

Hala Alabdalla et Ammar Albeik Hala Alabdalla est née à Hama en Syrie en 1956. Elle a fait des études scientifiques et de sciences sociales en Syrie et à Paris. À partir de 1985, elle se consacre au cinéma et continue à travailler entre la Syrie, le Liban et la France pour coproduire, co-écrire ou co-réaliser des longs-métrages et des documentaires syriens, libanais et français. Ammar Albeik est né à Damas en 1972. Il est d’abord photographe avant de se tourner vers la réalisation en 1997. Il réalise des courts-métrages et notamment : Moisson de lumières (1997), Ils étaient là (2000), 16 mn (2001), Le Fleuve d’or (2002), Boulevard Assad (2002), Mon oreille peut voir (2002), Quand je colorie un poisson (2002), ainsi qu’un long-métrage documentaire, Clapper (2003). Récemment, ils coréalisent un long-métrage documentaire Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe qui a remporté, en 2006, le prix du documentaire ex-aequo à la 63e Mostra de Venise. samedi 13 octobre 19h Shabikhani (2005) Documentaire de Bahman Kiarostami Durée : 52 mn Chaque année, durant le mois sacré de Muharram, des personnes ordinaires, vendeurs, conducteurs de camion et marchands de tapis, revêtent des costumes pour reconstituer la mort de l’Imam Hossein, le petit-fils du prophète, pour le Tazieh. Ce film propose un regard nouveau sur cette tradition. En écartant la scène et les accessoires, Bahman Kiarostami convie des acteurs et des musiciens venant de tout le pays jusqu’à Téhéran pour

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jouer devant un écran blanc (pour les besoins du film). Le montage du film alterne entre les scènes de vie quotidienne des acteurs (shabihs) et des scènes de théâtre rituel. Bahman Kiarostami Né à Téhéran en 1978, Bahman Kiarostami est réalisateur. Il a travaillé avec son père Abbas Kiarostami sur plusieurs films avant de diriger A Journey to the Land of the Traveller (1997), un documentaire enregistrant les rencontres de son père avec les acteurs principaux d’un de ses films vingt ans après. Depuis Bahman Kiarostami a réalisé plusieurs documentaires qui ont été projetés dans de nombreux festivals à travers le monde dont : Tabaki (2001), un documentaire sur les pleureuses professionnelles en Iran ; I Saw Shoosh (2002) qui s’inspire d’un poème de Mehdi Akhavan-Sales ; Leech (2002) un film autobiographique qui explorent les relations du fils avec son père ; Noor (2003), produit par la chaîne ARTE et qui porte sur la musique baroque et grégorienne donnée dans les églises arméniennes d’Iran. Pour ce dernier film, il a reçu le prix du meilleur réalisateur 2003 du Festival du Film du Moyen-Orient à Beyrouth. En 2005, il réalise Shabikhani, un documentaire sur la vie quotidienne d’acteurs du Tazieh. Bahman Kiarostami est aussi traducteur et a travaillé en tant que producteur pour la chaîne franco-allemande ARTE. Il vit à Téhéran.

Les concerts (en deuxième partie de soirée) Ces soirées proposent une vision concrète de la création musicale d'artistes qui ont un lien avec le « Moyen-Orient », avec des pays aussi divers que l’Iran, le Liban ou la Turquie. L’objectif est d'éviter les clichés, de mettre en lumière la richesse de musiciens qui participent au renouveau des musiques actuelles. Ces soirées s'articuleront autour d’artistes issus de la scène Electro. Seront présents: Ilhan Ersahin (créateur de Wax Poetic), le Français Joseph Ghosn et Joakim. avec le projet Discipline, ou encore l’artiste londonienne Leila, dont les deux premiers albums (Like Weather et Courtesy Of Choice) ainsi que les collaborations avec Björk ont fait d’elle une des références incontournables de la scène des musiques Electro. Ces créateurs de sonorités éclectiques nous mènerons aux frontières de l'Electro, du Jazz et des musiques « d’ailleurs ». vendredi 5 octobre 22h Concert Discipline Projet Beyrouth de Joseph Ghosn, Charles Berberian Invité : Joakim Discipline Discipline est né vers la fin des années 1990 avec un premier projet, 4 Moogs, en hommage à des compositeurs minimalistes : Steve Reich, Terry Riley, La Monte Young. Après quelques albums, la musique de Discipline s’est étendue aux racines libanaises, d’abord, sous la forme d’un disque sorti au Liban, Gospel, puis sous celle d’un projet particulier pour le label parisien Tiger Sushi. Intitulé Beyrouth, il est composé d’un DVD et de deux 45 tours. Sur le DVD, on peut voir deux films montés à partir d’images de famille tournées en Super 8 au Liban au début des années 70. La bande-son se développe parallèlement. Elle est jouée par Discipline tandis que les images, parfois en boucle ou superposées, avancent selon leur propre gré. Cette confrontation laisse entrevoir tous les possibles d’un pays qui attend la guerre et d’un enfant dont le destin est incertain. En 2005 et 2006, Discipline a joué aux côtés de nombreux musiciens (Merzbow, Zbigniew Karkowski, Stars of the Lid, My Cat is an alien) et dans plusieurs pays.

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Discipline est composé de Joseph Ghosn (laptop, effets) Charles Berberian (guitare, effets). Joseph Ghosn, né et élevé à Beyrouth, est aussi journaliste aux Inrockuptibles. Charles Berberian qui a passé sa jeunesse au Liban est aussi dessinateur et scénariste de bandes dessinées avec Philippe Dupuy (Monsieur Jean …). Joakim (synthés analogiques), dont le dernier album Monsters & Silly Songs est paru sur le label allemand k7 est aussi le fondateur du label parisien Tiger Suchi et un invité occasionnel de Discipline. samedi 6 octobre 22h Le groupe Munma (Beyrouth/Liban) Jawad Naoufal Né à Beyrouth en 1978, Jawad Naoufal entreprend des études audiovisuelles et cinématographiques à l’Institut des Etudes Scéniques, Audiovisuelles et Cinématographiques à Beyrouth et choisit de se spécialiser dans le sound design. En 2001, Jawad crée Altered Ear, un laboratoire de recherche et de composition sonore explorant plusieurs modes de composition musicale assistés par ordinateur. Né d’un désir de se tourner vers la production, Altered Ear se veut une plateforme de croisements des disciplines multimédia. Dans ce contexte, Jawad élabore en 2002 la conception et le mixage sonore du court-métrage Faim de com, par la réalisatrice Caroline Tabet. En 2004, Altered Ear entame une collaboration avec le collectif de photographes Engram, créant la conception sonore de l’exposition et performance multimédia Numbers, présentée en 2004 au Liban et en 2005 en France. La plateforme Altered Ear s’est ramifiée depuis, donnant naissance à trois formations, Aequo, AEX, et Munma. Munma Munma est le dernier projet en date créé au sein de Altered Ear. Cette formation puise dans les harmonies et rythmiques orientales pour composer des plages sonores statiques et architecturales via un langage musical mélangeant sonorités électroniques et réelles. Les six morceaux de 34 jours font référence à la dernière guerre ayant eu lieu au Liban en 2006. vendredi 12 octobre 22h

Leïla (Londres/Iran) Nous avons proposé à Leila, artiste londonienne de premier plan, complice de Björk, Aphex Twin, Galliano… d’imaginer une soirée où l’on pourra voir plusieurs facettes de sa création. Leila Leila Arab, née en Iran, musicienne, dj et ingénieur du son, productrice, artiste d'enregistrement, émigre à Londres après la révolution islamique en 1979. Elle se fait remarquer tout d'abord en tant que claviériste pendant les tournées de Björk et de Galliano et est considérée comme une des artistes les plus innovateurs de la musique électronique. Elle devient rapidement complice d’Aphex Twin, avant de signer chez Rephlex Records son premier album Like Weather, un album monumental futuriste. Son premier succès se fait avec le morceau Don't Fall Asleep. Elle signe en 1999 un contrat avec le label indépendant XL Recordings qui lui assure désormais la distribution. Son deuxième album, Courtesy Of Choice est sorti à la fin de l'année 2000. Son style musical est proche de l’Ambient, du Soul/IDM et de l'Experimental électronique. Ses morceaux sont basés complètement sur ordinateur et claviers, mais font entendre des sons organiques et vivants. En plus de sa participation à nombreuses compilations et albums d’autres artistes, Leila Arab a réalisé deux albums propres : Like Weather, 1998, Rephlex Records et Courtesy Of Choice, 2000, XL Recordings samedi 13 octobre 22h Performance DJ d’Hassan Khan Soirée autour du nouveau projet d’Ilhan Ersahin : Istanbul Sessions Incidence / Live Electronica Hassan Khan présentera un mélange d’anciens morceaux (dont KOMPRESSOR), et de nouvelles compositions telles que lust, figure, ou ground , une sélection tirée de son nouvel album, tabla dubb. En avant-première et spécialement pour cette soirée, il interprétera trois titres inédits: host, GRAHAM, et beautiful music. Khan manipule chambre d’échos, filtres, processeurs, ordinateur portable, synthétiseur virtuel ainsi qu’ un mélange de sections mixées

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pré-enregistrés (cordes, rythmic tabla, nây) et de sons live. Hassan Khan Le travail d’Hassan Khan a Le Caire pour origine et se nourrit de la réalité urbaine de cette métropole de seize millions d’habitants. À la fois lascive et surveillée à outrance, cette gigantesque plaque tournante, traversée de réseaux idéologiques divers, gère l’individu et la société dans une friction de matrices orientales et occidentales. Télévision et religion, tabla et guitare électrique, beauté kitsch et promiscuité, tout se mélange et se problématise dans une accélération des données contemporaines de la nouvelle actualité du Moyen-Orient ou, par extension, de toute ville démesurée. Son travail a été présenté, entre autres, à la 8e Biennale d’Istanbul (2003), la 1ère Triennale Torino (2005), la Biennale de Séville. Ses expositions individuelles ont été présentées à Londres (Gasworks Gallery, 2006), à Toronto (2005, A Space Gallery) à Paris (Galerie Chantal Crousel, 2004) et au Gezira Art Center du Caire (1999). Khan a récemment sorti l’album Tabla Dub sous le label musical 100COPIES. Il vit et travaille au Caire. Ilhan Ersahin Ilhan Ersahin est le fondateur de Nublu Records et leader de Wax Poetic. Wax Poetic se compose de 4 personnes mais une vingtaine de musiciens gravitent autour. Dans le premier volume, Ilhan retourne dans la patrie de son père, pour y peindre son propre tableau de la Turquie moderne, un portrait street-art vibrant et actuel. Il s’entoure ici de musiciens locaux pour créer un mélange où l’Electro et la musique traditionnelle turque se marient à merveille. Le prochain volume sera Brasil, avec la participation de musiciens brésiliens. La série finira à Copenhagen avec les collaborations des Brazilian Girls, Saul Williams, N'Dea Davenport et Norah Jones avec qui il a co-écrit de nombreux titres par le passé.

MAHMOUD DARWICH

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Mahmoud Darwich Fleurs d’amandier

et plus loin encore

Avec Mahmoud Darwich, André Velter, Jacques Darras, Bernard Noël, Charles Juliet, Armand Gatti,

Ludovic Janvier, Zéno Bianu, Elias Sanbar

Festival d’Automne à Paris Maison de la Poésie

jeudi 4 octobre et vendredi 5 octobre

Soirées dirigées par Claude Guerre

Maison de la Poésie 4 et 5 octobre 20h 30

12 € et 15 € Abonnement 12 €

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

La Maison de la Poésie fête en octobre le poète palestinien Mahmoud Darwich. Cycle de lectures, conférence sur la poétique arabe, actualité littéraire chez Actes Sud, films, vingt représentations du texte Murale dans une mise en scène de Wissam Arbache, récital à l’Odéon Théâtre de l’Europe… Deux soirées exceptionnelles, Fleurs d’amandier et Plus loin encore, sont données sous l’égide du Festival d’Automne. Mahmoud Darwich dit les poètes du monde qui l’ont accompagné toute sa vie, Lorca, Yeats, Ritsos, Akhmatova, Aragon, Neruda, Saint John Perse et d’autres, devant les poètes français André Velter, Jacques Darras, Bernard Noël, Yves Bonnefoy, Charles Juliet, Armand Gatti, Ludovic Janvier, Zéno Bianu qui, à leur tour, lui répondent dans leurs vers et dans les siens.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Maison de la Poésie Sarah Meneghello 01 44 54 53 14

POÉS

IE

MAHMOUD DARWICH

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 21

Mahmoud Darwich Mahmoud Darwich est né en 1942 à Birwa, près de Saint-Jean-d'Acre. Il connaît l'exil dès 1948. Sa famille se réfugie alors au Liban, puis revient clandestinement en Palestine en 1950. Darwich se lance alors dans un militantisme qui lui inspire certains de ses poèmes les plus connus et le mène en prison à plusieurs reprises. Dans les années 70, il prend la décision de quitter la Palestine pour l'Égypte, puis le Liban jusqu'à l'invasion israélienne de 1982. Tunis et Paris sont ensuite ses principales résidences jusqu'aux accords d'autonomie de 1994. Mahmoud Darwich vit désormais à Ramallah après de longues années d’exil. Il est considéré comme l’un des chefs de file de la poésie arabe contemporaine ; il anime une des principales revues littéraires, Al-Karmel. Son œuvre comprend vingt grands recueils de poésie ainsi que plusieurs ouvrages en prose et de nombreux articles. Elle est traduite dans plus de quarante langues. Mahmoud Darwich réinvente dans ses recueils une langue empreinte des modèles de la littérature arabe médiévale ; il réhabilite les muallaqu’ats délaissées par ses contemporains et redonne ses lettres de noblesse à une langue ancestrale en l’ancrant dans un présent qu’il souhaite au plus proche du réel. Un réel violemment rattrapé par l’Histoire : « Notre problème littéraire permanent, à nous, Palestiniens, est que nous sommes condamnés à être les enfants du moment immédiat, parce que notre présent ne se résout ni à commencer ni à finir. » Le prochain recueil de Mahmoud Darwich sera publié par Actes Sud le 3 septembre 2007, il s’intitulera Comme des fleurs d’amandiers ou plus loin. Il est traduit par Elias Sanbar.

Principaux ouvrages Aux éditions Actes Sud : Comme des fleurs d’amandier et plus loin encore, Poèmes, textes arabes traduits de l'arabe (Palestine) par Elias Sanbar (sept. 2007) ; Entretiens sur la poésie, Avec Abdo Wazen et Abbas Beydoun (Essai littéraire, 2006) ; Ne t'excuse pas (Poésie, 2006) ; Au dernier soir sur cette terre (Poésie, 1994) ; Murale (Poésie, 2003) ; Le lit de l'étrangère (Poésie, 2000) ; La Palestine comme métaphore (Entretien, 1997) ; Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? (Poésie, 1996) ; Une mémoire pour l'oubli (Récit, 1994). Autres : La terre nous est étroite et autres poèmes (poèmes, Gallimard, 2000) ; Palestine, mon pays : l'affaire du poème (Editions de Minuit, 1988) ; Rien qu'une autre année, anthologie 1966-1982 (Editions de Minuit, 1988) ; Les poèmes palestiniens (Cerf, 1970). Les autres événements à la Maison de la Poésie Mahmoud Darwich, le Palestinien, poète universel : Samedi 6 octobre à partir de 21 h Nuit blanche à Paris 2007 Mahmoud Darwich Mardi 16 octobre à 19 h Conférence sur la poétique arabe Vendredi 19 octobre à 21 h Nuit de l’écrit Mahmoud Darwich Samedi 20 octobre à 15 h Lire en fête La république des poètes, 1 Renseignements et location : 01 44 54 53 00 www.maisondelapoesieparis.com

WALID RAAD

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 22

Extraits d’En t re t i e n s su r la po é s i e (avec Abdo Wazen et Abbas Beydoun), traduits de l’Arabe (Palestine) par Farouk Mardam-Bey Actes Sud, Collection "Mondes Arabes", octobre 2006 Abdo Wazen – Comment réagissez-vous quand on vous considère comme le poète d’une cause, "le poète de la résistance", ou "le poète de la Palestine" ? Mahmoud Darwich : « Je n’y peux rien, sinon dire et répéter que je refuse d’être enfermé dans cette appellation. Certains, qui me qualifient de la sorte, le font innocemment : ils sont solidaires du peuple palestinien et croient honorer ma poésie en l’identifiant avec la cause de ce peuple. En revanche, il existe des critiques littéraires pervers qui cherchent à dépouiller le poète palestinien de ses attributs poétiques et à la réduire à un simple témoin. C’est un fait : je suis Palestinien, un poète palestinien, mais je n’accepte pas d’être défini uniquement comme le poète de la cause palestinienne, je refuse qu’on ne parle de ma poésie que dans ce contexte, comme si j’étais l’historien, en vers, de la Palestine.

Abdo Wazen – Mais vous êtes un poète-symbole, que vous le vouliez ou non ! Mahmoud Darwich : Tous les poètes voudraient que leur voix exprime des préoccupations collectives, mais peu parviennent à ce que leur poésie se transforme, aux yeux du public, en symbole. Je n’ai pas cherché cela. Je dois mon statut particulier aux circonstances, à la chance. Je n’ai donc nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit. J’aimerais, au contraire, qu’on me libère de cette charge très lourde. Certes, je me sens honoré par le fait que ma voix se multiplie, que mon "moi" poétique dépasse ma personne pour incarner un être collectif. Quel poète ne souhaiterait pas que se poésie connaisse une large diffusion ? Je ne crois pas les poètes qui mesurent la qualité d’une poésie à l’aune de son "splendide isolement". La diffusion, grande ou petite, d’une poésie n’a rien à voir avec sa qualité littéraire. L’idéal serait de réunir qualité littéraire et grande diffusion. Sinon, à quoi servent les lectures publiques ? Et pourquoi publier des livres si l’on peut se passer des lecteurs ?

Abbas Beydoun – Que pensez-vous de la définition de la poésie comme "parole en images" ? À quel point est-ce exact si l’on compare la poésie … à l’astronomie ? Mahmoud Darwich : Depuis les premiers textes poétiques oraux jusqu’à nos jours, nous ne connaissons pas de définition de la poésie qui soit valable pour tous les temps et tous les lieux. On dit que la poésie se définit par son contraire. Mais quel est le contraire de la poésie ? On répond que c’est la prose et on ajoute que la différence entre poésie et prose est que la première se fonde sur la métaphore. Mais la prose, elle aussi, peut recourir à la métaphore. La différence réside-t-elle alors dans l’imaginaire ou dans le rythme ? La prose n’en est pas exempte. En fait, on ne définit pas de la sorte le poème mais le poétique. La vraie question est de savoir comment le poétique se réalise dans le poème. Je pense que les images sont une condition nécessaire mais non suffisante. Le poétique ne se réalise que par l’architecture du poème et son système rythmique – et chaque poète a évidemment les siens propres. Quand je lis un recueil de poèmes, je tente d’abord de bien les comprendre. Dans le monde arabe, les poètes de la période intermédiaire qui a suivi celle des "pionniers" avaient tendance à surcharger les poèmes d’images, y compris d’images gratuites qui n’avaient aucune fonction esthétique et ne relevaient d’aucune logique structurelle. Ce genre d’images épuise le poème et rebute le lecteur. »

WALID RAAD

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 23

Le texte ci-après fut prononcé à Ramallah lors de la cérémonie de dédicace du recueil C omme le s f leu rs d ’amand iers ou plus lo i n. « (…) Je sais qu’on va m’accuser, encore une fois, d’être contre la modernité arabe que les névrosés définissent selon les deux critères suivants. Le premier, c’est le mouvement de repli du moi sur sa subjectivité qui ne laisse aucune possibilité à l’intime de s’ouvrir sur l’extérieur. Quant au deuxième, c’est le rejet du poème composé selon la métrique classique hors du "paradis de la modernité" car, à leurs yeux, point de modernité en dehors du poème en prose. Je sais également que mon nouveau recueil de poèmes, de même que les précédents, fournira à mes nombreux ennemis encore plus d’armes pour commettre ces assassinats symboliques si répandus au sein de la culture de la haine. On dira – comme on l’a déjà fait et comme on le fera encore – que j’ai abandonné "la poésie de la résistance". Je reconnaîtrai devant ces juges sévères que, si j’ai bien renoncé à écrire la poésie politique et limitée quant à ses significations, je n’ai pas pour autant renoncé à la résistance esthétique au sens large. Ce n’est pas que les conditions ne soient plus les mêmes ou que nous soyons passés de "la résistance au marchandage" comme le prétendent les docteurs ès poésie héroïque, mais c’est parce que le style poétique doit sans cesse changer. Le poète doit constamment améliorer ses outils poétiques et élargir son horizon humain : il ne doit pas répéter mille fois le même discours, sous peine d’exposer la langue poétique au risque de l’épuisement, du vieillissement et de la standardisation, et de tomber dans le piège qui lui a été tendu, celui de la sclérose et du ressassement. Renonce-t-on pour autant à l’esprit de la résistance ? En effet, l’esprit de résistance peut-il se limiter à des propos tels que "Inscrit ! Je suis arabe" ou à la répétition du slogan " je résisterai encore et encore"? Il n’est nullement nécessaire pour un résistant, tant du point de vue poétique que du point de vue pragmatique de dire qu’il aime. C’est Ghassan Kanafani qui nous a appelés "les poètes de la résistance", sans que nous sachions que nous l’étions. Nous écrivions notre vie telle que nous la vivions et la voyions. Nous consignions par écrit nos rêves de liberté et notre obstination à vivre comme nous le souhaitions. Nous dédiions nos poèmes d’amour à la patrie et à des femmes bien réelles… car tout n’est pas symbole : un tronc d’arbre élancé ne renvoie pas nécessairement à la taille fine d’un homme vice-versa ! Il est vrai que le poète ne peut se libérer des conditions historiques qu’il vit, mais la poésie nous offre une marge de liberté, et une compensation métaphorique à notre impuissance à changer la réalité. Elle nous relie à une langue se situant au-dessus des conditions qui nous

enchaînent et nous empêchent d’être en symbiose avec notre vécu humain. Elle peut également aider le sujet à se comprendre lui-même en se libérant de ce qui l’empêche de voler librement dans un espace sans limites. Dire que le sujet a le droit d’être reconnu en tant que tel dans un groupe, c’est une façon comme une autre de vouloir la liberté des individus qui composent le groupe. De ce point de vue, dans le contexte d’une lutte de longue haleine, cette poésie qui exprime notre humanité et nos préoccupations individuelles – qui ne sont jamais seulement individuelles – est une poésie qui représente la dimension humaine subjective de l’acte de résistance poétique, même quand c’est une poésie qui parle de l’amour, de la nature, d’une rose que l’on contemple ou de la peur qu’inspire une mort ordinaire. Il n’est pas vrai que le poète palestinien n’a le droit de s’asseoir sur une colline pour contempler le coucher du soleil ou de prêter l’oreille à l’appel du corps ou de la flûte lointaine, que si son âme est morte, si l’esprit du lieu est mort en lui et que le cordon ombilical entre lui et sa prime nature soit à jamais coupé. Être palestinien n’est ni un métier, ni un slogan. Un palestinien est d’abord un être humain qui aime la vie, tremble à la vue des fleurs d’amandier, a la chair de poule au contact de la première pluie de l’automne, fait l’amour pour assouvir un désir physique naturel et non pas pour répondre à un mot d’ordre, fait des enfants pour transmettre le nom et conserver l’espèce et la vie et non pas par amour de la mort, sauf s’il s’avère par la suite que la mort est préférable à la vie ! Cela revient à dire que la longue occupation n’a pas réussi à effacer notre nature humaine, ni à assécher notre langue et nos sentiments face aux barrières qu’elle dresse devant nous. C’est un acte de résistance que de voir la poésie assimiler la force de la vie ordinaire qui est en nous. Pourquoi alors accusons-nous la poésie d’apostasie lorsqu’elle assume les beautés sensibles et la liberté d’imagination qui sont en nous et résiste à la laideur par la beauté? La beauté est en effet liberté et la liberté beauté. C’est ainsi que la poésie qui défend la vie devient une forme de résistance … (…) » Texte paru dans Al-Karmel (Ramallah) n° 85, 2005

WALID RAAD

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 24

Walid Raad

I Feel a Great Desire To Meet the Masses

Once Again

Festival d’Automne à Paris Centre Pompidou

vendredi 12 octobre et samedi 13 octobre

20h30

10 € et 14 € Abonnement 10 €

Spectacle en anglais non surtitré Durée : 2h

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Coréalisation Les Spectacles vivants-Centre Pompidou, Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de la Mairie de Paris et de Culturesfrance

dans le cadre de « Beyrouth à Paris », juin 2007- mai 2008

Avec le soutien d’agnès b., de la Fondation d’Entreprise CMA CGM

et de Zaza et Philippe Jabre

« En novembre 2004, de retour à New York après une visite à ma famille, je suis détenu et interrogé par la police et le FBI pendant plusieurs heures à l’aéroport International de Rochester. Alors que mes bagages sont ouverts devant moi, je reste perplexe devant ce que je découvre (photographies, enregistrements, essais et livres, relevés bancaires…) et devant les circonstances à l’origine de ma situation. Cette rencontre est une expérience parmi d’autres expériences similaires, semblable à celles de Khaled el-Masri, Maher Arar ou Mamdouh Habib. Masri, par exemple, fut kidnappé en 2003 par la police macédonienne, drogué et expédié vers l’Afghanistan où il fut détenu, torturé et interrogé par des offciers américains avant d’être livré au gouvernement allemand. Cette forme de kidnapping cautionnée par les gouvernements fut initiée dans les années 1990 par la CIA mais a augmenté tragiquement ces quatre dernières annés. I Feel a Great Desire to Meet the Masses Once Again nous livre des récits, des réflexions et des pensées sur ce thème de la détention et de sa médiatisation. »

Walid Raad

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Centre Pompidou Agence Heyman-Renoult 01 44 61 76 76

PERF

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ANCE

CONCERT

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 25

Walid Raad Né à Chbanieh au Liban en 1967, de mère palestinienne et de père libanais, Walid Raad vit à Beyrouth et New York où il enseigne à l’école d’art Cooper Union. Son travail de vidéaste est une réflexion sur l’image possible de la réalité d’un pays en guerre. Depuis dix ans, il participe au projet The Atlas Group. Artiste plasticien travaillant particulièrement avec les médias et les nouvelles technologies, il a notamment réalisé Up to the South en 1993 et Missing Lebanese Wars en 1996 ou The Dead Weight of a Quarrel Hangs (1996-1999) et a participé à “The Atlas Group Project”, exposition à la National Galerie im Hamburger Bahnhof à Berlin (22 sept. 2006 – 7 janv. 2007). Ses performances et installations sont présentées sur les grandes scènes mondiales, comme la Documenta de Kassel et la Biennale de Venise.

CONCERT

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 26

SCÈNE ARTISTIQUE DU MOYEN ORIENT - MUSIQUE

Rasheed Al-Bougaily Hiba Al Kawas

Shafi Badreddin Alireza Farhang

Saed Haddad Rashidah Ibrahim

Nouri Iskandar Daniel Landau

Hossam Mahmoud Samir Odeh-Tamimi

Kiawash Sahebnassagh

Nieuw Ensemble Garry Walker, direction

Ensemble L’Instant Donné Opéra National de Paris / Bastille - Amphithéâtre Samedi 13 octobre 16h Samedi 13 octobre 20h Dimanche 14 octobre 20h Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Opéra National de Paris Pierrette Chastel 01 40 01 1

MUS

IQUE

CONCERT

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 27

SCÈNE ARTISTIQUE DU MOYEN ORIENT - MUSIQUE 11 compositeurs de 8 pays du Moyen-Orient

(Koweït, Liban, Syrie, Iran, Jordanie, Egypte, Israël, Palestine/Israël) 14 œuvres dont 3 commandes

7 solistes invités : oud (2), qanun, djozé, kamanché, setar, ney Douze ans après le cycle « Éclats d’une génération dispersée », consacré – avec déjà la complicité du Nieuw Ensemble d’Amsterdam – à la génération de compositeurs chinois née pendant la Révolution culturelle, et en miroir de celui-ci, le Festival d’Automne invite à la découverte des voix d’un autre monde. Trois concerts sont ainsi l’occasion de découvrir nombre de compositeurs originaires d’Égypte, d’Iran, d’Israël, de Jordanie, du Koweit, du Liban, de Palestine, de Syrie, ainsi que quelques grands solistes de ce Moyen-Orient. Au-delà des frontières, des écarts – essentiellement celui qui sépare l’Iran et la musique d’origine persane de la musique des pays arabes et d’Israël – et de la diversité des langages, ces musiciens peuvent constituer trois groupes : ceux qui, sans s’être privés d’aller jadis en Occident, ont préféré s’établir chez eux pour y poursuivre leur carrière et y développer une œuvre pas moins contemporaine ; ceux qui, après leurs études, sont retournés dans leur pays, pour y essaimer, transmettre et, sans cesser de se nourrir d’allers-retours vers notre continent, opérer une manière de synthèse ; ceux qui, après être venus y étudier, se sont installés durablement enOccident – à Amsterdam, Berlin ou Paris – pour se fondre dans le vocabulaire de la musique occidentale, sans se préoccuper de leurs folklores et leurs racines. Autant de lignes de vie qui ne viennent que complexifier et enrichir un peu plus une géographie et une production artistiques « où l’Histoire (intime ou politique) s’invite avec force ».

Depuis un an, Kiawash Sahebnassagh, ancien élève de Beat Furrer à Graz, fait analyser à ses étudiants de l’Université de Téhéran la musique de Gesualdo ou de Messiaen, sans que ses propres créations le voient cependant s’éloigner radicalement des chemins de la tradition persane. De même, les partitions de l’Israélien Daniel Landau ou de la Koweitienne Rashidah Ibrahim,mêlant instruments orientaux et occidentaux, dégagent une impression frappante, tenace et capiteuse : si l’on distingue parfois des accents connus, jusque dans certains

frottements harmoniques, ces musiques exhalent des parfums orientaux, dégagent une énergie véritablement inouïe, rare, font résonner les infinis échos d’autres traditions immémoriales. Une personnalité telle que la Libanaise Hiba Al Kawas incarne toute la complexité d’un art musical où le savant épouse le populaire comme la musique rythme le quotidien : cette chanteuse célèbre dans son pays (elle s’est produite aux côtés, entre autres, de José Carreras) revendique parallèlement un statut de compositeur qui se nourrit, par exemple, de sa rencontre avec Franco Donatoni.

Plus près de nous, influencées par la pensée d’Edward Saïd, les oeuvres du Jordanien Saed Haddad, établi en Allemagne après avoir étudié à Londres auprès de George Benjamin, font résonner un monde étrange et familier, dont l’Orient constitue le canevas, la trame profonde.

Pas vraiment étrangers, tout en témoignant d’une science et d’une complexité incomparables, les langages musicaux de ces artistes du Moyen-Orient émanent d’une génération directement en prise avec le monde d’aujourd’hui. En effet, à l’exception de Rashidah Ibrahim (Koweitienne, née en 1954 en Indonésie) et de Nouri Iskandar (né en 1938 à Alep en Syrie), tous les compositeurs en présence sont nés entre 1965 et 1973. Une génération qui transporte avec elle une géographie nouvelle, une autre généalogie ; une génération en laquelle cohabite une intime pluralité de racines, dont témoignerait par exemple le parcours d’un Samir Odeh-Tamimi, Palestinien né en Israël et aujourd’hui établi à Berlin. Ces langages musicaux sont aussi liés à des sonorités : le qanun (cithare turco-arabe à soixante-douze cordes), la flûte ney, le kamanché (vièle à pique également très répandue dans la région du Caucase), le djozé (vièle à quatre cordes), le luth oud, mêlés aux timbres du Nieuw Ensemble et de l’Ensemble L’Instant Donné, se font ici les virtuoses porte-voix de ces musiques qui viennent révéler l’art de trouver une voie, un chemin.

CONCERT

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 28

Concert I

Rasheed Al-Bougaily, Deewan, création Nouri Iskandar, Mawal Kurdeli pour trio à cordes Saed Haddad, On Love I pour qanun et ensemble

Daniel Landau, Ana Shahid pour qanun, ensemble et electronique

Kiawash Sahebnassagh, nouvelle oeuvre pour setar et ensemble,

commande du Festival d’Automne à Paris

Taoufik Mirkhan, qanun Massoud Shaari, setar Jamil Al-Asidi, qanun

(pour l'oeuvre de Daniel Landau)

Nieuw Ensemble Direction, Garry Walker

Festival d’Automne à Paris Opéra National de Paris Bastille-Amphithéâtre samedi 13 octobre 16h

Rencontre avec les compositeurs à l’issue du concert

7 € à 14 €

Abonnement 7 € et 10 € les trois concerts des 13 et 14 octobre :

21 € (sur réservation 01 53 45 17 17) Durée : 70’

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Conseiller artistique, Joël Bons En collaboration avec le Nieuw Ensemble

Amsterdam Coréalisation Opéra national de Paris;

Festival d’Automne à Paris Avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale et de la Sacem

Concert II

Rasheed Al-Bougaily, Ashaat pour deux violons, alto et violoncelle Hossam Mahmoud, Duo pour hautbois et darbouka, Tarab pour violon, alto et violoncelle Nouvelle œuvre pour sept instruments, commande du Festival d’Automne à Paris Samir Odeh-Tamimi, Li-Umm-Kámel pour flûte, piano et percussion, Ahinnu II pour flûte, hautbois, clarinette, percussion, violon, alto, violoncelle Kiawash Sahebnassagh, Zrwan II pour flûte et percussion Ensemble L’Instant Donné

Festival d’Automne à Paris Opéra National de Paris Bastille-Amphithéâtre samedi 13 octobre 20h 7 € à 14 € Abonnement 7 € et 10 € les trois concerts des 13 et 14 octobre : 21 € (sur réservation 01 53 45 17 17) Durée : 65’ Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com Conseiller artistique, Joël Bons En collaboration avec le Nieuw Ensemble Amsterdam Coréalisation Opéra national de Paris; Festival d’Automne à Paris Avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale et de la Sacem

CONCERT

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 29

Concert III

Rashidah Ibrahim, Music for ney and chamber orchestra Alireza Farhang, nouvelle oeuvre pour kamanché,

oud et ensemble Commande du Festival d’Automne à Paris

Shafi Badreddin, nouvelle oeuvre pour ney, oud, qanun et ensemble

Hiba Al Kawas, Ru'ia Fi Maa (Vision in Water) pour ensemble Création

Samir Odeh-Tamimi, Madih pour ney, oud, qanun, djozé et ensemble

Wafaa Safar, ney

Taoufik Mirkhan, qanun Laith Abd Al-Amir, oud

Bassam Hawar, djozé Houman Roomi, kamanché

Sardar Mohammadjani, oud

Nieuw Ensemble Direction, Garry Walker

Festival d’Automne à Paris Opéra National de Paris

Bastille – Amphithéâtre dimanche 14 octobre 16h

Rencontre avec les compositeurs

à l’issue du concert

7 € à 14 € Abonnement 7 € et 10 €

les trois concerts des 13 et 14 octobre : 21 € ( sur réservation 01 53 45 17 17)

Durée : 75’ Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Conseiller artistique, Joël Bons En collaboration avec le Nieuw Ensemble

Amsterdam Coréalisation Opéra national de Paris

Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale et de la Sacem

Remerciements au Service de Coopération et d’Action Culturelle de l'Ambassade de France au Koweït et au Service de Coopération et d’Action

Culturelle de l'Ambassade de France au Liban

Biographies des compositeurs : Rasheed Al-Bougaily Rasheed Al-Bougaily est né au Koweit en 1971. Il étudie la composition, de 1995 à 1999, auprès du compositeur libanais Abdalla El-Masri, à l’Institut supérieur de musique de Koweit où, après l'obtention de son diplôme, il enseignera pendant deux ans. De style classique, ses premières œuvres – pour piano, piano et flûte, ou encore piano, violoncelle et clarinette – témoignent déjà d’une couleur personnelle.Boursier, Rasheed Al-Bougaily quitte le Koweit pour suivre les cours de Willem Jeths au Conservatoire Fontys de Tilburg (Pays-Bas). Outre des pièces pour violon ou piano, il compose un quatuor à cordes Ahaat, créé par le Quatuor Verhaeren, une œuvre pour orchestre de cuivres et sa première partition pour orchestre symphonique, tout en analysant le répertoire du XXe siècle, le jazz, avec Maino Remmers, et l’orchestration.En avril 2003, Rasheed Al-Bougaily est l’invité d’honneur du « Composers Symposium » au Palais de la Reine Beatrix des Pays-Bas. Il étudie encore la musique électronique avec Roderick de Man et suit les séminaires de Karlheinz Stockhausen et de Richard Toop en Allemagne. Titulaire d'un master (2005), il envisage de retourner s’établir à Koweit City en 2008. Hiba Al-Kawas Hiba Al-Kawas est née à Saida au Liban en 1972. Diplômée de l’Université du Liban en sciences expérimentales et en psychologie clinique, elle étudie le piano, le chant, la composition et la musicologie au Conservatoire national supérieur du Liban. Une bourse lui permet de travailler avec Carlo Bengonzi à l’Académie Chigiana de Sienne, en Italie, où elle rencontre aussi Franco Donatoni, dont elle suit l'enseignement.Membre du Conseil du Conservatoire national supérieur du Liban, où elle enseigne le chant et la composition, et d'autres conseils, dont celui de l’Unesco, Hiba Al-Kawas participe activement à la vie musicale du Liban. Depuis son premier concert, à l’âge de six ans, Hiba Al-Kawas a chanté sur de nombreuses scènes du Moyen-Orient et d’Europe, et participé à des enregistrements avec l’Orchestre symphonique de Dnepropetrovsk (Ukraine), sous la direction de Viascheslav Blenov. En 2000, Aspiration n°1 est

CONCERT

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sélectionné au Concours de composition de Cracovie, où elle revient à l’invitation de l’Association des compositeurs de Pologne. Pleusis n° 1, œuvre en trois mouvements dédiée à Nazik Al-Hariri en remerciement de son soutien et de ses encouragements, est créé par le l'Orchestre symphonique national du Liban, sous la direction de Harout Fazelian. En 2005, elle a composé Sada Al Akwan (Echos de l’univers) pour voix et ensemble, créé par le Nieuw Ensemble lors de la Semaine Musicale de la Fondation Gaudeamus à Amsterdam. Ses œuvres, pour orchestre symphonique, ensemble ou soliste, où figurent des instruments traditionnels du monde arabe, associent des éléments de musique orientale et des techniques occidentales de composition contemporaine. Désireuse de créer un jour un opéra arabe, elle propose à l’écoute des « arabic operatic songs », ou « arias en arabe », et s’attache tout particulièrement à la prosodie. Shafi Badreddin Né au Liban en 1972, de nationalité syrienne, Shafi Badreddin entreprend une formation en électricité. En 1992, il est admis à l'Institut supérieur de musique de Damas, où il étudie le 'oud et la clarinette. Deuxième prix au concours mondial organisé par la Ligue des États arabes à Beyrouth, en 2001, il se rend en France dès l'année suivante, pour étudier la composition et l’électro-acoustique au Conservatoire de Lyon, auprès de Christophe Maudot et de Serge Borele. Il suit les cours d’analyse de D. Gaude et de direction d’orchestre de Jean-Sébastien Béreau, à Dijon, et de C. Jans, à Luxembourg. De retour en Syrie en 2006, il enseigne la composition, l'orchestration, la musique de chambre et le solfège. Shafi Badreddin s’attache à la création d’un langage musical contemporain syrien à partir de son apprentissage des techniques occidentales. Alireza Farhang Alireza Farhang, né en 1969, prend ses premières leçons de musique à l’âge de six ans, avec son père, avant d'étudier le piano, auprès d’Emmanuel Melikaslanian et de Raphael Minaskanian, et la composition à l’Université de Téhéran, sous la direction d'Alireza Mashayeki, qui lui révèle des aspects importants et décisifs de son univers musical.Après avoir enseigné à l’Université

de Téhéran et fondé une école de musique, Alireza Farhang choisit, en 2002, de se perfectionner auprès de Michel Merlet à l’École normale de musique de Paris. Titulaire d’une bourse Alfred-Roussel, il obtient ses diplômes supérieurs en composition et en orchestration, puis suit le cursus de composition d'Ivan Fedele au CNR de Strasbourg. À l’occasion de masterclasses à la Villa Medicis, il étudie avec Brice Pauset et Joshua Fineberg. Alireza Farhang rencontre Toshio Hosokawa, Olga Neuwirth et Gérard Pesson à Metz, lors du Centre Acanthes, où l’Orchestre National de Lorraine joue l'une de ses pièces.Sélectionné pour le nouveau cursus européen (ECMCT) qui se déroulera à l’Ircam et à la Technische Universität de Berlin, il termine actuellement, à la Sorbonne (Paris-IV), une thèse sur « l’intégration des éléments musicaux des cultures extra-européennes dans la musique basée sur le timbre », sous la codirection de Marc Battier et de Tristan Murail. La musique traditionnelle exerce une forte influence sur son œuvre, où se conjuguent deux univers musicaux, l'un oriental, l'autre occidental. Une vaste étude de la structure du son lui permet de révéler certains rapports psycho-acoustiques avec le répertoire mélodique de la musique persane. Saed Haddad Né en 1972 en Jordanie, Saed Haddad vit en Allemagne depuis 2005. Docteur en philosophie, il étudie avec George Benjamin, à Londres, puis avec Louis Andriessen et Helmut Lachenmann. Il enseigne à l’Académie de musique de Jordanie (2001-2002) et donne des cours dans différentes universités européennes. En 2005-2006, Saed Haddad reçoit plusieurs commandes : un quatuor pour le Quatuor Arditti, On Love pour qanun et ensemble, créé par le Nieuw Ensemble en 2005, une pièce pour l’Ensemble Modern, créée au Festival de Donaueschingen, et une commande d’État en France. Ses œuvres sont jouées par la plupart des ensembles européens et sa première composition pour orchestre symphonique, un concerto pour piano, sera créée au Festival de Morgenland, en 2008. Universal Vienne est son éditeur depuis 2006. « En tant qu’Arabe chrétien et compositeur de musique occidentale, je m’identifie

CONCERT

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comme un “autre” dans le contexte culturel de l’Occident. Et pourtant, je me sens aussi “autre” en regard de mon propre héritage culturel - où la musique contemporaine n’existe pas et où elle n’est ni comprise, ni appréciée. Cette “altérité” constitue un élément de résistance, tout en restant une partie d’un tout. Elle recherche une expression alternative, qui se distancie tout autant des deux traditions, témoignant cependant de l’une et de l’autre. » (Saed Haddad, 2005) Rashidah Ibrahim Rashidah Ibrahim est née en 1954 à Bogor, à l’Ouest de Java, de mère koweitienne et de père indonésien. Ses premières influences sont celles du gamelan et de la musique traditionnelle du pays Sunda. À l’âge de seize ans, elle part avec sa famille pour le Koweit, où elle découvre le répertoire arabe. Son éducation musicale débute en 1972, date de l’ouverture de la première école koweitienne de musique, l’Institut d’études musicales. Elle entreprend des études de composition au Higher Institute of Musical Arts, avant d’y enseigner le piano, l’harmonie, le contrepoint, le clavier et l’analyse. Boursière, elle prépare son master et son doctorat à la Temple University (Philadelphie), sous la codirection de Matthew Greenbaum et de Maurice Wright, et obtient son diplôme de composition en 1996. Rashidah Ibrahim vit aujourd’hui au Koweit. Rashidah Ibrahim a publié ses recherches sur la flûte ney aux éditions de l’Université Temple de Chicago. Nouri Iskandar Né à Alep, en Syrie, en 1938, Nouri Iskandar est diplômé de l’Institut supérieur de musique de l’Université du Caire. En 1973, il participe au premier festival professionnel de musique syrienne, à l’Auditorium de l’Unesco à Beyrouth. Dès les années 1960, il avait composé des partitions fortement influencées par la musique traditionnelle de son pays. Certains de ses chants comme O habibo habibo, Zliqe frsi ou Lo tehfokh sont devenus populaires. Parqana (Le Salut) est son œuvre la plus connue. Nouri Iskandar compose pour violon, pour quatuor à cordes, pour 'oud solo et trio à cordes, tout en écrivant de nombreuses musiques de films. Il travaille à la mise en évidence des origines de la musique folklorique syrienne arabe,

ancrées dans les hymnes religieux syriaques. En 1992, il publie une notation, établie par ses soins, du « Beth Gazo », Le Grand Livre des hymnes (Treasury of Chants) de l’église syriaque, qui constitue une documentation unique et considérable. Environ 700 hymnes demeurent, dont on retrouve des traces dans la civilisation sumérienne et acadienne. Nouri Iskandar participe à des concerts de ses œuvres en Syrie et en Europe. Il dirige le Conservatoire de musique d’Alep, où il réside. Daniel Landau Daniel Landau est né en 1973, à Jérusalem (Israël). Compositeur et réalisateur, il se partage entre les Pays-Bas, où il termine en 1999 ses études de composition au Conservatoire Royal de La Haye, et Israël. Plusieurs de ses œuvres sont données par des ensembles néerlandais (l’Orchestre De Volharding, le Nieuw Ensemble ou le Groupe de percussions de La Haye), au Paradiso d’Amsterdam ou au Concertgebouw, et dans plusieurs festivals, parmi lesquels le Festival international du film de Sitges, le Festival international de musique de Bath, le Festival Bartok, le Festival du Centre historique de Mexico... Aujourd’hui installé à Tel Aviv, vivement intéressé par le théâtre, le film documentaire et les marionnettes, Daniel Landau réalise films et performances qui explorent les limites du langage cinématique. En témoigne la performance Welcome to Grid City à Utrecht, second épisode de The Worlds of Milosh, œuvre musicale narrative avec vidéo, créée en collaboration avec des auteurs, des acteurs et des réalisateurs de programmes informatiques.www.bzaz.org Hossam Mahmoud Né au Caire en 1965, Hossam Mahmoud étudie les musiques arabes et européennes à l’Institut pour l’éducation musicale de l’Université de Helwan, et apprend à jouer de l’alto, du piano et du 'oud. Depuis 1990, il vit en Autriche. Élève de Beat Furrer, à Graz, et de Boguslav Schaeffer, à Salzbourg, où il obtient en 1998 son diplôme au Mozarteum, avec la plus haute distinction, il est lauréat du Prix du gouvernement de Salzbourg (en 2000 et en 2005) et reçoit en 2002 une bourse de l’État autrichien.Son catalogue comporte de la musique de chambre, des œuvres symphoniques, des pièces avec

CONCERT

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informatique et du théâtre musical. Il s’agit le plus souvent de commandes d’institutions, à l’instar de la Société internationale Paul-Hofhaymer, du stArtFestival et de l’Institut Da Ponte.Sous la direction de Herbert Grassl, et mis en scène par Christian Olivier, ses deux spectacles Prisca et Pygmalion, inspirés des œuvres théâtrales de Tewfiq Al-Hakim, sont donnés en Autriche, au Caire et à Alexandrie.La musique de Hossam Mahmoud se caractérise par un style singulier, un talent et une sensibilité reliant les deux mondes musicaux qui sont les siens. Le compositeur est souvent invité à donner des concerts de 'oud ainsi que des conférences en Autriche et dans d’autres pays européens. Samir Odeh-Tamimi Né en 1970, près de Tel Aviv, le compositeur israélo-palestinien Samir Odeh-Tamimi joue pendant plusieurs années dans différents ensembles de musique traditionnelle arabe et témoigne d’un vif intérêt pour la récitation coranique et les rituels de l’Islam. De 1992 à 1996, il étudie la musicologie en Allemagne, à l’Université Christian-Albrechts de Kiel, et suit les cours de composition de Younghi Pagh-Paan et les cours d’analyse de Günther Steinke, à l’Institut des arts de Brême. En 2003, il obtient le Premier Prix de la Fondation Elisabeth-Schneider et commence à être reconnu en Allemagne. En 2007, Samir Odeh-Tamimi est en résidence à la Casa Baldi à Rome. Le Sénat de Berlin vient de lui octroyer une bourse pour un séjour de six mois à Paris. Samir Odeh-Tamimi vit désormais à Berlin. Ses œuvres, commandes de l’Ensemble Phoenix de Bâle, de l’Orchestre symphonique de Bochum, du SWR ou de Radio-France, sont données notamment en Israël, en Allemagne, en Italie et en France.Ses oeuvres sont publiées par Ricordi à Munich. Kiawasch Sahebnassagh Né en 1968, à Téhéran, Kiawash Sahebnassagh étudie le piano et la théorie, puis, dès 1988, le setar (luth à trois cordes, à long manche), la théorie de la musique persane et l’improvisation, tout en composant pour la radio et la télévision iranienne. En 1994, il se rend en Autriche, où il suit à Graz les cours de composition et de théorie de Beat Furrer, les cours

d’harmonie de Bernhard Lang et les cours de contrepoint et de microtonalité de Georg Friedrich Haas. Diplômé entre 2001 et 2003, il approfondit ensuite ses connaissances de la musique électronique et de l’ethnomusicologie, et obtient en 2003 une bourse d’État, en Autriche. Kiawash Sahebnassagh réalise un cycle de concerts avec les membres de la jeune génération de compositeurs de Graz et fonde l’association Nava pour la musique persane, dont il est président. Membre fondateur du Zeitfluss Ensemble, il retourne en automne 2006 à Téhéran, où il enseigne la composition, l’orchestration et la théorie à l’université. Son catalogue, de l’instrument soliste à l’orchestre, compte une cinquantaine d'œuvres, dont des musiques pour des films de Peter Tscherkassky, Farshad Fadaian et Pedram Zolgadri, et une installation lors de l’Expo 2000 de Hanovre et une autre pour Musikprotokoll 2000, à Graz. Ses œuvres sont régulièrement données en Europe, à New York et à Téhéran. Ensemble L’Instant Donné L’Instant Donné est un ensemble instrumental qui se consacre à l’interprétation de la musique de chambre d’aujourd’hui. Au-delà de la défense et de la promotion d’un répertoire, l’ensemble met en avant un état d’esprit collégial, un travail d’équipe qui privilégie autant que possible les projets de musique de chambre non dirigée, la connivence établie entre les musiciens étant à leurs yeux une des clefs majeures de l’interprétation. Chaque membre prend également part aux décisions artistiques et organise la vie quotidienne de l’ensemble. L’Instant Donné apporte beaucoup de soin au déroulement du concert : lumières, déplacements, changements de plateau sont pensés dans le but de servir la musique au plus près, d’aiguiser l’écoute. Aussi la représentation est appréhendée comme une unité traversée par un même tracé dramaturgique. Il s’agit de revenir à l’essence même du concert, de l’alléger de tout habillage superflu pour ne livrer que l’indispensable. Rien de révolutionnaire, certes, simplement la volonté de favoriser l’épanouissement de l’aura des œuvres (pour citer Walter Benjamin). Le répertoire s’étend de la fin du XIXe siècle à nos jours, avec suivant l’inspiration des incursions vers les époques antérieures. Toutefois, la programmation est

CONCERT

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principalement consacrée aux compositeurs avec lesquels l’ensemble collabore étroitement. Ainsi s’est développé au Théâtre L'Échangeur (Bagnolet) un cycle de concerts monographiques (André Boucourechliev, Gérard Pesson, Frédéric Pattar, Beat Furrer, Johannes Schöllhorn, Stefano Gervasoni...) fruits d’un travail particulièrement approfondi et soutenu autour d’une figure musicale. L'Instant Donné est installé à La Villa Mais d'Ici à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) où il bénéficie de vastes locaux de répétitions, véritable centre névralgique du groupe, lieu primordial de vie, de rencontres, d’échanges et de création. L'Instant Donné se produit en France et à l’étranger dans des festivals ou des salles tels que l’Opéra Bastille / Amphithéâtre, l’Auditorium du Louvre, la Cité de la Musique, IRCAM – Festival Agora, Instants Chavirés (Montreuil), MUSICA (Strasbourg), GRAME – Musiques en scène (Lyon), Opéra de Lille, L'Allan – Scène nationale de Montbéliard, Festival de Michoacán à Morelia (Mexique), Auditorio Nacional de Música à Madrid (Espagne) etc… En 2007, il est invité pour la première fois par le Festival d’Automne pour deux concerts. Nieuw Ensemble Le Nieuw Ensemble a été fondé en 1980 à Amsterdam. L’ensemble se compose d'une structure instrumentale unique, réunissant les instruments à cordes pincées comme la mandoline, la guitare ou la harpe et les vents, cordes et instruments à percussion. Ed Spanjaard en a été le principal chef depuis 1982. L'originalité de la formation du Nieuw Ensemble l’a conduit à constituer son propre répertoire La relation fidèle qu'il entretient avec des compositeurs de différentes cultures, pays et générations a permis la création de plus de quatre cents œuvres, dont celle de compositeurs comme Berio, Carter, Donatoni, Ferneyhough, Kagel, De Leeuw, Kurtag, Loevendie et Nono). Depuis 1991, son directeur artistique Joël Bons a fait connaître en Europe de jeunes compositeurs chinois comme Tan Dun, Mo Wuping, Qu Xiaosong, Guo Wenjing et a pris l’initiative de créer l’Atlas Ensemble, en 2002, pour réunir les familles d’instruments et provoquer la création d’œuvres nouvelles.

Le Nieuw Ensemble s'est produit à la Biennale de Venise, à Settembre Musica à Turin, aux Wittener Tage für Neue Kammermusik, aux Donaueschinger Musiktage, au festival Musica à Strasbourg, au Holland Festival, au festival Ars Musica à Bruxelles, à l'Automne de Varsovie, au festival de Huddersfield, et au Festival d'Automne à Paris. Garry Walker Garry Walker est chef invité principal du Royal Scottish National Orchestra, chef invité permanent du Royal Philharmonic Orchestra et chef principal du Paragon Ensemble. Né à Edinbourg, Garry Walker apprend le violoncelle à partir de sept ans et devient membre du National Youth Orchestra of Scotland. Il étudie au Royal Northern College of Music et à la Manchester University et, élu Junior Fellowship in Conducting au Royal Northern College of Music en 1997, il travaille avec Edward Warren et Timothy Reynish. Il apprend à diriger les répertoire du baroque au contemporain. En novembre 1998, il dirige Pollicino de Hans-Werner Henze au Royal Northern College of Music Festival et dirige ensuite le Royal Northern College of Music Sinfonia au Festival de Montepulciano en Italie. Sa relation avec le Royal Philharmonic Orchestra commence en octobre 1999 quand il se fait remarquer remplaçant Daniele Gatti pour le concert d’ouverture de saison au Barbican. En 2000, il participe aux masterclass de Pierre Boulez avec le London Symphony Orchestra ; il est ensuite invité à l’Académie d’Aix-en-Provence avec Pierre Boulez. Garry Walker a travaillé avec les orchestres du Royaume-Uni, il participe au Festival d’Edinbourg depuis 2002. En Allemagne, il a travaillé avec l’Junge Deutsche Philharmonie, le Bochum Symphony Orchestra puis, en 2003, avec le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin et, en 2005, avec l’orchestre NDR de Hanovre. En 2004, il fait ses débuts avec le Gothenburg Symphony Orchestra, puis avec l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg et le Collegium Musicum au Denmark. Parmi ses futurs engagements, des concerts avec l’Orchestre Philharmonique de la BBC, le Scottish Chamber Orchestra en plus de ses collaborations habituelles. Il dirigera pour la première fois à l’English National Opera en 2007-2008 Le Tour d’écrou ainsi que l’Orchestre de l’Opéra de Lyon pour la création de Curlew River dans la mise en scène d’Olivier Py.

CINÉMA

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Images du Moyen-Orient

Rétrospective Omar Amiralay et cinémas d'Egypte, Iran, Israël,

Jordanie, Liban, Palestine, Syrie Fictions et documentaire

Programmation : Danièle Hibon

Festival d’Automne à Paris

Jeu de paume - site Concorde du mardi 16 octobre

au dimanche 18 novembre

Les projections auront lieu tous les jours sauf le lundi Tarif plein : 6 €, tarif réduit : 3 €

Programme détaillé www.festival-automne.com

www.jeudepaume.org

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Tenter de montrer des « Images du Moyen-Orient », c’est tenter de faire surgir de territoires aussi différents que l’Égypte, Israël, le Liban, la Palestine ou la Syrie, des préoccupations et des manifestations communes aux artistes et aux cinéastes dans l’état d’urgence actuel. Quels que soient les moyens de production, le plus souvent très restreints, voire inexistants, ces cinémas ont en commun d’être en conversation avec le cinéma du monde. Que ce soit en Égypte (ou en Syrie) où l’infrastructure existe mais est en crise, ou au Liban où les caméras n’ont pas cessé de tourner pendant l’été 2006, force est de constater que c’est dans cette région du Moyen-Orient que s’invente une approche indépendante et créative de nouvelles formes de narration, entre fiction née des drames et faits-divers de la vie quotidienne, et documents « pris sur le vif » où la subjectivité occupe une position centrale. Tous les sujets traités sont politiquement et socialement brûlants, la fiction mêle gens de la rue et acteurs, le documentaire se fait écho de la situation politique (souvent sécuritaire). L’espace restreint – chambre ou café – où l’on est confiné et l’espace détruit de la ville donnent naissance à de nouvelles formes esthétiques de représentation, mentale ou fantasmée, de la réalité, de l’espoir, de l’avenir. Ces aspects contradictoires et complémentaires apparaissent dans le choix de ce programme : – talents émergeants en Égypte s’attaquant aux tabous de la vie quotidienne dans les films de Tahari Rashed, Hala Lofti, Célame Barge, Emad Mabrouk, Islam Azzazi… ; – histoires d’amour inabouties en Iran avec trois longs métrages de fiction à découvrir : Quelques jours de plus de Nikki Karimi, Zamestan (C’est l’hiver) de Rafi Pitts, Tout doucement de Maziar Miri ; – documentaires en Israël de Eytan Hanis, Nurith Aviv, Avi Mograbi, Amos Gitaï… ; – témoignages individuels et cinéma collectif au Liban sur la guerre de l’été 2006, avec Le Dernier Homme et Posthume de Ghassan Salhab, de nombreux courts métrages documentaires ou de fiction de Maher Abi Samra, Akram Zaatari, Ali Cherri, Nadine Ghanem, Rania Stephan, Ziad Antar, Wael Noureddine… ; – pour la Palestine, le remarquable premier long métrage Atash (Soif) de Tawfik Abu Wael, la vie dans les camps palestiniens du Liban avec Chacun sa Palestine de Nadine Naous et Léna Rouxel, les témoignages tragiques recueillis par le collectif Summer 2006, Palestine… ; – et, pour la Syrie, la rétrospective des films d’Omar Amiralay qui, depuis trente ans, nous démontre que les « Images du Moyen-Orient » sont celles d’un grand cinéaste.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris

Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13

Jeu de Paume

Manon Sellier – Zavalichine 01 47 03 13 22

CINÉ

MA

CINÉMA

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Programmation (en cours) SYRIE Omar Amiralay (rétrospective page 4) LIBAN Prêt à porter Imn Ali par Dima el-Horr Un cercle autour du soleil par Ali Cherri Face A/Face B par Rabih Mroué The Candidate, In the House, All is well on the Border, Les Bédouins du desert, quatre films par Akram Zaatari Women in Hezbollah par Maher Abi Samra Tango of Yearning, Civil War, Nightfall, trois films par Mohammad Soueid No connection par Myriam Sassine To the Lebanese Citizens, Slippage par Ali Cherri In Between par Nadine Ghanem Breaking News par Hisham Jaber Lebanon/War par Rania Stephan Thank you par Ziad Antar You can come in par Mahamoud Hojeij Merely a smell par Maher Abi Samra Et aussi des films de Wael Noureddine, Daniele Arbid ... ÉGYPTE Films de Youssri Nasrallah Ain Shams par Ibrahim el Batout Call Center par Mohammad Hammad Day and Night par Islam Azzazi Dead Money et House of Flesh par Rami Abdul Jabbar The fifth Pound par Ahmed Khaled On a Monday par Tamer el-Said The dead Won't Mind par Emad Mabrouk Made in Egypt par Karim Goury Ces filles-là par Tahan Rached ISRAËL Journal de campagne par Amos Gitaï D'une langue à l'autre et Makom, Avoda par Nurith Aviv Pour un seul de mes deux yeux par Avi Mograbi

PALESTINE Chacun sa Palestine par Nadine Naous et Léna Rouxel Palestine ...all is fine par Akram Safadi The Roof par Kamal al-Jaafari Palestine Blues par Nida Sinnokrot A Long Palestinian Film par Sobhi al Zubeidi Hopefully for the Best par Raed Helou Et une mosaïque de treize films réalisés l'été dernier par un collectif de jeunes cinéastes, Summer 2006, Palestine IRAN Zamastan (C'est l'hiver) par Rafi Pitts Do Kamanchech (Two Bows) par Bahman Kiarostami Tehran Has no more Pomegrenates par Massoud Bakshshi Et trois longs-métrages de fiction sur des histoires d'amour inabouties: Quelques jours de plus par Nikki Karimi Tout doucement par Maziar Miri Un jour de plus par Babak Payami Tout ce qui est montré dans ces programmes a été tourné en 2006/07 Le programme définitif et des renseignements complémentaires sur les films et les réalisateurs seront disponibles en septembre.

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Omar Amiralay Photographe et cinéaste syrien, Omar Amiralay est né en 1944 à Damas, en Syrie, et a suivi des cours d’art dramatique à Paris avant de rejoindre l’IDHEC, l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques, en 1968. Dès les années 1970, il réalise et co-réalise plusieurs documentaires en Syrie dont La Vie quotidienne dans un village syrien. En 1980, il s’installe à Paris et réalise une vingtaine de documentaires pour la télévision française, parmi lesquels Le Malheur des uns, en 1981, Un parfum de Paradis, en 1982, L’Ennemi intime, en 1985, À l’attention de Madame Le Premier ministre Benazir Bhutto, en 1989, Par un jour de violence ordinaire, mon ami Michel Seurat, en 1995. Il y a tant de choses à raconter, en 1997, obtient le Grand Prix IMA du long-métrage documentaire lors de la 4e Biennale des Cinémas arabes à Paris. Omar Amiralay est l’auteur d’une œuvre cinématographique qui explore les réalités et les contradictions qui touchent les sociétés arabes. Entre documentaire et fiction, son travail propose une interprétation du réel. Il questionne les notions de vérité et de mémoire en établissant un dialogue subjectif et complice avec la vie et les gens. «Un de mes choix a été mon engagement, depuis mes débuts dans le cinéma, dans le film documentaire. Un genre que j’ai transformé en une approche des gens, une interprétation du réel, et une conviction intime que le cinéma peut traiter directement avec la vie, avec ses histoires et ses héros de tous les jours de manière beaucoup plus riche et plus intensive que ce qu’un simple passant comme moi serait capable d’imaginer ou de créer à partir de rien. (…) Un autre aspect de mon travail cinématographique qui traduit une de mes angoisses majeures, c’est la recherche de la vérité, une vérité dont l’un des piliers, à mon avis, est le doute. Une forme de suspicion que je considère comme une vertu, et non comme un péché selon la formule attribuée au Coran, “Tenir en suspicion est presque un péché”, comme le veulent ceux qui s’en remettent aux vérités révélées et aux Livres saints. Car toute vérité, à mon sens, est douteuse, ambiguë, relative, tant que la conscience humaine et

l’Histoire ne l’ont pas soumise à une interrogation, à la loi du questionnement. C’est peut-être cela qui explique cette oscillation dans mes films entre le documentaire et la fiction, que j’attribue à une tendance enracinée en moi à me frotter au doute, à chatouiller l’ambiguïté. En deux mots,mon cinéma pourrait être résumé à cela: chatouiller la vie…» Films présentés dans le cadre de la rétrospective Les Poules (Al Dajaj) 1977, 35 mm, nb, 40’, vostf L’État syrien encourage les habitants d’un village-pilote, Sadad, à délaisser leurs activités traditionnelles pour se lancer dans l’élevage de poules et la production d’œufs. Cet élevage devient monstrueux puis connaît une récession. Le malheur de s un s… (Masa’ibo Qawmen) 1982, 16 mm, couleur, 52’, vostf Dans le quartier de Chiah, à Beyrouth-Ouest, deux cent cinquante mille musulmans chiites vivent dans la psychose de l’attentat aveugle. L’invivable est mis en scène en tragi-comédie de la folie collective. Rituel lent avec deux personnages : le premier, Haj Ali, entrepreneur de pompes funèbres, qui a appris son métier pendant la guerre civile libanaise. Le second, plus fascinant peut-être parce qu’il résume le drame libanais, a été capturé au cours d’un combat puis relâché sain et sauf par les milices de droite parce qu’il était muet. Le Sarc ophage de l ’amou r (Al Houb Al Mawood) 1985, 16 mm, couleur, 50’, vf À ces femmes – star de cinéma, avocate, femme de ménage, écrivain, jeune célibataire – qui se racontent en tableaux délicats, tendus et subtilement composés, font écho des récits d’hommes : intimité d’une société vue sous un de ses aspects les plus contemporains.

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I l y a t ant de c hose s enc ore à rac ont er (Hounalika Achya’a Kathira Kana Youmken An Yatahadath Anha Al Mar’e) 1997, vidéo, couleur, 50’, vostf Le grand dramaturge Saadallah Wannous, ami et coauteur du cinéaste, se meurt, épuisé par un cancer qui, dit-il, s’est déclaré pendant la guerre du Golfe. Dans le silence d’une chambre d’hôpital, les images du passé semblent encore hanter cet homme malade de la « cause arabe », dont la parole sombre et implacable exprime les désillusions et le sentiment d’échec de toute une génération. La Vie q uot id ienne dan s un v i l lage sy r ien (Al Hayat Al Yawmiya fi Qariya Sourriya) 1974, 35 mm, nb, 85’, vostf Conception : Omar Amiralay, Saadallah Wannous Le film dévoile le contraste violent entre le discours officiel sur la réforme agraire et la réalité des paysans abandonnés face aux propriétaires féodaux. À l ’at t ent ion de M adame le Premier min is t re Benazir Bhut t o (Ila Janab Al Sayyda Raisat Alwezara’ Benazir Boto) 1989-1994, 16 mm, couleur, 62’, vostf En 1988, Benazir Bhutto est élue à la tête du Parti du peuple pakistanais et devient Premier ministre du Pakistan. L’année suivante, Omar Amiralay se rend au Pakistan pour tenter de comprendre le personnage dans sa réalité. Mais ses tentatives répétées pour obtenir un entretien avec elle restent vaines ; l’absence devient la matière même du film. L’E nnemi int ime (Al Adou Al Hamim) 1986, 16 mm, couleur, 54’, vf Les attentats qui frappent Paris en 1985 déclenchent une vague d’hostilité envers les immigrés arabes et les musulmans de France. Ben Massoud raconte son arrivée à Marseille, ses espoirs et sa déception. Bassam, Syrien naturalisé français, propriétaire d’un restaurant et imam, se sent intégré tout en conservant sa culture et sa foi. Cette galerie de personnages approchés avec délicatesse et ironie désamorce les focalisations médiatiques sur cette « question de société » tout en affirmant une implacable critique des intégrismes.

D é luge au pay s du Baas (Toufan Fi Balad Al Baas) 2003, vidéo, couleur, 46’, vostf Trente-trois ans après son premier court métrage, le cinéaste avoue regretter son « erreur de jeunesse », son ode au barrage de l’Euphrate, fierté du parti Baas au pouvoir. L’action se déroule dans le village de El Machi, entité qui se fait « résumé » d’un pays que le parti Baas façonne depuis quarante ans. Omb re e t lumière (Nouron wa Zilal) 1994, vidéo, couleur et nb, 52’, vostf Scénario et réalisation collective : Omar Amiralay, Mohamed Malas, Oussama Mohammad Pionnier du cinéma syrien, inventeur, technicien et metteur en scène du premier film syrien parlant (Ombre et lumière, 1948), Nazir Chahbandar veille sur les restes du studio qu’il construisit dans les années 1940, figure fragile et déterminée d’une passion pour le cinéma. Un par fum de pa radi s (Ra’Ihato Al Janna) 1982, 16 mm, couleur, 42’, vf Été 1982, deux mois après le déclenchement de l’opération Paix en Galilée, l’armée israélienne envahit le Liban et pilonne Beyrouth pour en chasser les Palestiniens. Dans la ville déchirée, la télévision enregistre les déclarations des responsables politiques. À Beyrouth-Ouest, Libanais et Palestiniens, civils et combattants mêlés, racontent leurs errances et leurs deuils dans une ville en train de disparaître. Le 15 juillet 1982, peu avant le départ de l’OLP de Beyrouth, Arafat déclare que ses soldats ont un moral excellent et qu’ils sentent « comme le parfum du paradis ». L ’Homme aux seme l le s d ’or (Al Rajol Zou Annal’ Azzahabi) 2000, vidéo, couleur, 55’, vostf En 2000, Rafiq Hariri, entrepreneur et milliardaire, était le leader de l’opposition libanaise après avoir été Premier ministre. Au cours de leurs rencontres, le cinéaste a exploré les paradoxes du pouvoir et mis en scène les mésaventures qui guettent l’intellectuel critique, la force et le charisme du personnage.

CINÉMA

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 38

Par un jou r de v io lenc e ordina ire , mon ami M ic he l Seurat … (Fi Yaom min Ayyam Al Ounf Al Adi, Sadiqui Michel Seurat…) 1996, 16 mm, couleur, 50’, vostf Conception : Omar Amiralay, Mohamed Malas Le 22 mai 1985, Jean-Paul Kaufman et Michel Seurat sont enlevés par le Djihad islamique sur la route de l’aéroport de Beyrouth. Seurat meurt après neuf mois de séquestration. Les voix de sa compagne et de son ami, quelques objets, un clair-obscur : la figure absente de cet homme passionné d’Orient est au centre des mots et des rares documents. Une figure que guette l’amertume de la déception.

HASSAN KHAN

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 39

Hassan Khan Kompressor

Festival d’Automne à Paris

Le Plateau - FRAC d’Île-de-France Angle de la rue des Alouettes

et de la rue Carducci - 75019 paris

du vendredi 24 octobre

au dimanche 18 novembre mercredi au vendredi 14h à 19h,

samedi et dimanche 12h à 20h Entrée libre

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Coproduction Le Plateau FRAC Île-de France Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de l'American Center Foundation et de Sylvie Winckler

Remerciements à la Galerie Chantal Crousel

Une exposition où le rêveur décline une série de rêves sous différentes formes. Kompressor est une variation, la seconde, réalisée à partir d’une performance donnée en 2006 par Hassan Khan, à la galerie Gasworks de Londres, intitulée Kompressor ; une ré-articulation dont le titre, désormais en italique, porte la trace dans sa graphie. «Kompressor n’est ni une oeuvre monumentale, ni une collection de travaux disjoints mais bien plutôt un instant à peine perceptible, – a liminal moment. Un dispersement. Une modulation. Oui, Kompressor est une machine. C’est un moteur. Il s’agit d’une référence délibérée, portée par le titre et la façon dont il surgit lors de la performance, à la manière d’une image ou d’un logo. Vous perdez les informations premières mais ce faisant l’oeuvre devient autre chose que ce qu’on attendait d’elle. C’est un espace où à divers endroits une autre densité est atteinte. Bien que les rêves semblent être l’expérience la plus intime qu’un être puisse vivre, ils recèlent, dans le même temps, une forme d’“extériorité” ; on peut aller à leur rencontre, ils sont des moments où l’être peut se surprendre lui-même. Ce n’est pas une pratique conceptuelle dans le sens le plus classique du terme, où l’on mettrait en place un système, et où à travers ce système, on viserait un certain résultat ou l’analyse et la critique de quelque chose. C’est une pratique qui tente d’habiter une place plus ambiguë, qui est, je pense, plus connectée à la façon dont les cultures et les peuples fonctionnent. C’est un concept aux prises avec le réel. »

Hassan Khan

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris

Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13

Le Plateau

Christelle Masure 01 53 19 88 11

ARTS

PLAS

TIQUE

S

HASSAN KHAN

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 40

Hassan Khan Le travail d’Hassan Khan a Le Caire pour origine et se nourrit de la réalité urbaine de cette métropole de seize millions d’habitants. À la fois lascive et surveillée à outrance, cette gigantesque plaque tournante, traversée de réseaux idéologiques divers, gère l’individu et la société dans une friction de matrices orientales et occidentales. Télévision et religion, tabla et guitare électrique, beauté kitsch et promiscuité, tout se mélange et se problématise dans une accélération des données contemporaines de la nouvelle actualité du Moyen-Orient ou, par extension, de toute ville démesurée. Son travail a été présenté, entre autres, à la 8e Biennale d’Istanbul (2003), la 1ère Triennale Torino (2005), la Biennale de Séville. Ses expositions individuelles ont été présentées à Londres (Gasworks Gallery, 2006), à Toronto (2005, A Space Gallery) à Paris (Galerie Chantal Crousel, 2004) et au Gezira Art Center du Caire (1999). Khan a récemment sorti l’album Tabla Dub sous le label musical 100COPIES. Né en 1975 à Londres, il vit et travaille au Caire.

HASSAN KHAN

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 41

ENTRETIEN AVEC HASSAN KHAN On dit de votre travail qu’il se nourrit de la rencontre parfois violente entre les traditions égyptiennes et la culture occidentale. Qu’en pensez-vous, est-ce que cette description vous paraît exacte ? Hassan Khan : « Le problème est que cette description est utilisée systématiquement comme s’il s’agissait d’une vérité absolue applicable sans distinction que l’on parle du travail d’artistes contemporains égyptiens indiens, congolais, iraniens… C’est de la paresse intellectuelle puisque l’on refuse de rentrer dans les spécificités de chaque travail et que l’on réduit tout à une dichotomie opposant tradition et modernité. Tout ceci est basé sur une série de préjugés. Comme si un artiste était forcément le représentant d’une vérité culturelle (dans ce cas de la tradition), que les pays tels que l’Egypte (ou l’Inde, le Congo ou l’Iran) étaient des pays qui proposaient forcément une tradition (contre la modernité de l’Ouest) et comme si les œuvres n’avaient rien à proposer au niveau de la forme mais, dans le meilleur des cas, étaient des œuvres qui ne parlaient que d’une présumée rencontre entre tradition et modernité (celle-ci étant habituellement assimilée à l’Ouest ou l’Occident). En fait, l’intérêt pour ces œuvres est uniquement mû par une inquiétude politique vis-à-vis d’un « autre inconnu » qu’on analyse à partir de soi-même, de sa propre culture. Les œuvres sont vouées à occuper la position, au mieux, de supplément à un mouvement d’idées et à des pratiques esthétiques dominantes et légitimées. Pour le dire simplement, je rejette ces affirmations trop signifiantes politiquement.

Vous dites de Komp ressor qu’il s’agit d’une seconde version « réarticulée » d’une exposition présentée en 2006 à la galerie Gasw ork s de Londres. Comment rendez-vous compte de cette « ré-articulation » ? Hassan Khan : KOMPRESSOR est un logo, une marque, en fin de compte un mécanisme, une façon de travailler, de comprendre comment est-ce que des œuvres peuvent être présentées. J’ai utilisé ce logo pour la première fois à l’exposition dans la galerie Gasworks en 2006. L’exposition était composée de différents éléments (images, sons, interventions architecturales) qui entraient en écho les uns

avec les autres d’une façon spécifique basée sur la manière dont ils étaient présentés dans l’espace physique de la galerie. Pour l’exposition du Plateau à Paris, certains de ces éléments seront repris mais de nouvelles pièces seront aussi produites à cette occasion. L’espace du Plateau est très différent de celui de la galerie Gasworks et il présente, à ce titre, un défi différent et par extension demande une intervention différente. J’aime utiliser le mot « d’articulation » parce que cela relie le projet entier à l’idée d’une manifestation bien qu’il ne s’agisse pas d’une manifestation mystique, invisible ou mystérieuse mais bien plutôt d’une manifestation qui suppose une forme d’agencement actif. Une disposition de « présence ».

Vous parlez de Kom presso r comme d’un espace où l’on peut aller à la rencontre de ses rêves mais pour autant en prise avec le réel. Comment expliquez-vous ce paradoxe ? Hassan Khan : Le sous-titre de KOMPRESSOR est « une exposition où le rêveur traduit une série de rêves sous différentes formes » – les rêves sont habituellement utilisés pour découvrir de nouvelles formes. L’exposition n’est pas une de ces actualisations de rêves ou de pièces se réclamant de représenter les rêves, mais plutôt une tentative de production d’un mécanisme (d’où le mot traduire) dans lequel l’artiste est impliqué dans une sorte de « pas-de-côté » par rapport à leur intention (les rêves sont tous hautement intimes et absolument étrangers et c’est ce paradoxe que je trouve intéressant) ainsi que par une source matérielle qui n’est pas complètement contrôlée. J’aimerais aussi indiquer que je n’ai jamais prétendu qu’il s’agissait d’un espace où l’on rencontrait ses rêves, c’est un endroit où, j’espère, le public sera engagé dans quelque chose qui n’est pas réductible. Une expérience qui touche différents registres sans que cela propose ou indique une quelconque explication. Le sous-titre présente l’exposition entière comme le résultat d’une activité conceptuelle. Dans KOMPRESSOR, je vise à trouver le moment, quand c’est possible, où l’on oublie ce qu’on est en train de faire exactement, autant que la distance, une écoute qui tient à un matériau qui ne se fie pas à un index de compréhension et de cheminement linéaires. » Propos recueillis par Maïté Rivière pour le Festival d’Automne à Paris

HASSAN KHAN

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 42

Lina Saneh Appendice

Appendice de Lina Saneh

Avec Rabih Mroué et Lina Saneh

Festival d’Automne à Paris Théâtre de la Cité Internationale

du lundi 22 octobre au dimanche 28 octobre

20h, dimanche 17h30

relâche 24 octobre 10 € à 21 €

Abonnement 10 € et 12,50 € Durée : 50’

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Coproduction Association Libanaise pour les Arts Plastiques, Ashkal Alwan ; Festival d’Automne à Paris

Remerciements : Fadi Abdallah, Albert Abi Azar, Mansour Aziz, Rémi Bonhomme, Toni Chakar, Lama Charafeddine, Ali Cherri, Marie Collin,

Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Bernard Khoury, Krystel Khoury, Nathalie Khoury, Jalal El Mir, Tarek Mrad, Hania Mroué (Cinéma Metropolis

Beyrouth), Rabih Mroué, Walid Raad, Celesta Rottiers, Hussein Saleh, Andrée Sfeir (Galerie Sfeir-Semler),

Mounira El Solh, Christine Tohmé et Jalal Toufic Avec le soutien de la Mairie de Paris

et de Culturesfrance dans le cadre de « Beyrouth à Paris »,

juin 2007- mai 2008 Avec le soutien de la Fondation d’Entreprise

CMA CGM et de Zaza et Philippe Jabre Remerciements au Service de Coopération et d’Action

Culturelle de l'Ambassade de France au Liban

« J’ai toujours rêvé d’être incinérée à ma mort, chose interdite au Liban, car toutes les religions monothéistes refusent l’incinération et pratiquent la mise en terre. Ce problème n’est pas uniquement dû à une mentalité sociale religieuse conservatrice, mais aux lois libanaises, à la Constitution de l’Etat qui ne nous reconnaît pas en tant qu’individus ayant des droits citoyens hors des communautés religieuses. Aussi sommes-nous obligés de suivre les lois religieuses pour tout ce qui concerne les statuts personnels.» Pendant le spectacle, Lina Saneh est assise sur une chaise ; elle restera assise, immobile tout au long de la performance, mains croisées sur les cuisses, face à un pupitre. Rabih Mroué, qui joue son mari, se tient derrière un pupitre, lecteur du récit de l’expérience à laquelle veut se livrer son épouse. Ayant entendu dire que dans les hôpitaux on brûle les membres et organes excisés de certains malades, Lina Saneh s’est emparée de cette information pour en faire le point de départ du spectacle Appendice. Elle envisage ainsi de se faire opérer en plusieurs étapes afin de prélever, au fur et àmesure, divers membres et organes de son corps, qu’elle brûlera après l’opération. « L’ambition de ce projet est de faire de mon corps un lieu de lutte, un champs de bataille entre promesses de liberté et de modernité (de tout Etat, au-delà de l’Etat Libanais) et les forces identitaires et communautaires qui, partout, veulent ériger leurs systèmes en modèles universels et, par suite, impératifs. Il s’agit de pouvoir discuter les tensions qui se jouent, sur l’espace d’un corps (et sa liberté), le langage de la Loi (et ses impératifs et qualifications), le commerce moderne (et sa “monnaie” virtuelle), et l’art (et ses instances constituantes).»

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris

Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13

Théâtre de la cité internationale

Philippe Boulet 06 82 28 00 47

THÉÂ

TRE

LINA SANEH

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 43

Lina Saneh Actrice et metteur en scène libanaise, née à Beyrouth en 1966, Lina Saneh a effectué ses études de théâtre à l’Université Libanaise à Beyrouth, puis à la Sorbonne Nouvelle à Paris. Elle fait partie de cette génération communément désignée comme la “génération de la guerre” ou “de l’après-guerre” et son travail intègre la particularité de l’expérience libanaise, questionne les signes de la réalité sociale et politique quotidienne. Depuis 1990, son travail est essentiellement basé sur le jeu de l’acteur, le corps, l’espace : créer avec le corps de l’acteur, l’environnement urbain, ses conflits, ses contradictions. Elle questionne, par ailleurs, la pratique théâtrale et s’intéresse, de fait, aux formes pluridisciplinaires, multi-médias, performances, vidéo art et installations. Ses principales mises en scène sont: Mouchakassa (1993); Les Chaises (1996) ; Ovrira (1997); Extrait d’Etat Civil (2000) ; Biokhraphia (2002). Rabih Mroué Né en 1967 à Beyrouth, Rabih Mroué est comédien, metteur en scène et auteur. Il a étudié le théâtre à l’Université Libanaise de Beyrouth et a commencé à produire ses propres pièces en 1990. Il fait parti d’une nouvelle génération d’artistes libanais qui connaissent une diffusion internationale. Ses spectacles introduisent des performances et vidéos et sont en prise directe avec la réalité économique et politique de son pays. Il réalise ainsi des pièces quasi-documentaires dans lesquelles fiction et réalité se mêlent. Elles ont été montrées à Beyrouth, au Caire, Paris, Vienne, Tunis, Amman, Bâle, Barcelone, Bruxelles et Berlin. Ses dernières créations sont : Face A/Face B (2001); Three Posters (2000); Come in Sir, we will Wait for you Outside (1998); Extension 19 (1997); La Prison de sable (1995); The Lift (1993); L'Abat-jour (1990).

ENTRETIEN AVEC LINA SANEH L’idée d’Appendic e est née d’une expérience personnelle : votre souhait de vous faire incinérer à votre mort, qui s’est heurté à la législation libanaise, qui n’autorise pas cette pratique. Cela révèle, dites-vous, cette contradiction d’un Etat prétendument moderniste et laïc qui reste pourtant assujetti aux normes des communautés religieuses... Vous avez donc décidé de faire incinérer, de votre vivant, certaines parties de votre corps que vous vous feriez ôter lors d’opérations chirurgicales – mais là encore, vous vous êtes heurtée à la loi de votre pays (alors que, dans le cas d’œuvres d’art, les législations européennes et américaine autorisent au contraire ce type d’opérations)... De là serait née l’idée de cette performance, dans laquelle vous (re)présentez cette histoire et ce projet : quel est précisément le rôle de ce spectacle ? est-elle la première étape d’un processus ? envisagez-vous réellement de mettre en application ce projet d’ablations et d’incinérations successives – cette œuvre de « body-art » ? s’agit-il en fin de compte de théatre, de performance, de body-art ? Lina Saneh : « Vous avez bien raison d’insister sur les parenthèses quand vous m’interrogez à propos de ce que je (re)présente dans ce travail, et je reviendrai tout de suite sur mon choix du terme “travail” et non pas “œuvre” de “body-art”, ou de “théâtre”, ou de “performance”, ou même de “spectacle”... Car justement, ce que ce travail essaie de faire c’est de perturber encore et toujours, autant que possible, les rôles attendus, habituels, normalisés, d’un travail artistique. Et je dis bien : “essaie autant que possible”, car il n’est plus inhabituel ni surprenant de nos jours de perturber lois et frontières. La tâche de l’artiste est moins que jamais facile. Et ce à quoi s’attaque ce travail plus précisément, c’est de brouiller encore plus les frontières que mon partenaire de travail, Rabih Mroué, et moi avons depuis déjà longtemps travaillé à repenser : à savoir, non pas seulement les frontières entre vrai ou faux, réel ou fiction – frontières les plus visiblement et directement bafouées dans nos autres travaux –, mais aussi celles

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entre représentation ou présentation, spectacle ou disours/conférence : quand commence l’un, quand finit l’autre ? à quel moment ? à quel(s) signe(s) ? Il fallait bousculer, à nouveau, ce que nous avions nous-mêmes si difficilement acquis. En donnant à repenser critiquement les lois archaïques et totalitaires (qu’elles soient religieuses ou séculaires), ce travail se demande quelle représentation serait possible dans un monde où les absolus prétendent que les mots sont les choses et, par suite, que l’arbitraire conventionnel, c’est-à-dire le social, le culturel, l’artificiel, le choix personnel et individuel, l’autre possibilité, le nouveau, le neuf, n’ont pas de place possible. Et quand je dis : “quelle ‘représentation’ serait possible”, je pense tout autant au niveau artistique que politique que ce mot véhicule. Car ils vont nécessairement ensemble. Ainsi ce travail se rabat sur la parole, le logos, qui est à mon avis, aujourd’hui, l’action politique la plus importante et la plus urgente, ainsi que l’action théâtrale par excellence. Tout en étant consciente du dilemme de ce que je propose : si la représentation s’avère non pas impossible mais si difficile, de plus en plus difficile dans un monde à nouveau croyant dans les axes du Bien et du Mal, comment la parole politique pourrait-elle, dans ces mêmes conditions, avoir plus de facilité à se manifester ? C’est que, quand on ne croit pas aux frontières claires et nettes et étanches, on se préserve une liberté de se mouvoir et de glisser d’un endroit à l’autre, liberté qui fait fi des définitions. C’est pourquoi je ne sais pas si ce travail est du “body-art”, ou du “théâtre”, ou de la “performance”... Que reste-t-il du théâtre quand il est réduit à la parole et à l’être-là ? Que reste-t-il du spectacle, quand il n’y a pas grand-chose à voir ? Que reste-t-il de la performance quand pratiquement très peu d’actions “vraies”, “réelles” sont faites, là, en direct, en ce moment, et qui ne sont pas répétables ? Que reste-t-il du body-art quand tout ce travail sur le corps est impossible et réduit à un pastiche en paroles, un projet à venir ? (Paroles qui ont toutefois, au moins, encore le pouvoir d’effrayer, dans cette partie du monde qui est la mienne.) Et pourtant, ceci n’est pas simplement un discours, ou une conférence, ceci n’est pas

la négation du théâtre, ni de la performance, ni... Ce travail est une présentation de ce que la représentation artistique et théâtrale est : être, c’est déjà tout un jeu de rôles et rien qu’un jeu de rôles. On ne nous fera pas oublier ces vérités pourtant communes au nom de puritanismes fondamentalistes. Ce travail est une (re)présentation de l’absence. De la disparition. Du néant. La forme « scénographique » de cette performance est en apparence assez statique, voire « clinique » : comment l’avez-vous conçu « dramaturgiquement » (ou « plastiquement ») ? Lina Saneh : « Ce que j’ai essayé de faire dans Appendice, c’est de radicaliser certains des propos esthétiques que nous avons toujours tenus dans nos travaux, Rabih Mroué et moi, mais pour aboutir à un résultat qui s’éloigne assez, en fait, du genre de travail auquel le public qui nous connaît s’est habitué. Tout en essayant de tourner une page dans mon travail, j’ai tissé des liens étroits avec nos pièces de ces quelques dernières années. Et ceci, tant par la reprise, la citation (visuelle ou orale), ou au contraire par la négation, le refus, l’abandon, ou encore l’exagération ou la radicalisation... Par exemple, alors que dans la plupart des autres pièces – dont Qui a peur de la représentation ? de Rabih Mroué –, il y a tout un travail sur l’espace scénique, qu’un écran le plus souvent, sinon plusieurs, divise(nt) en plusieurs espaces qui jouent des rôles différents l’un par rapport à l’autre ; de même, cet/ces écran(s) et ces espaces ainsi créés dessinent les parcours faits dans l’espace scénique de la part des acteurs, ou/et configurent leur distribution. Et à travers ces scénographies, il y a non seulement un travail d’interrogation sur le rôle de l’image, mais aussi un travail de mise en abîme. Dans Appendice, il y a une absence de l’image qui se fait sentir, qui pèse, ainsi qu’une absence de toute profondeur : la scénographie est plate, sans profondeurs ni mises en abîme (sauf au niveau de la parole), sans couleurs, et focalisée sur un point de la scène. Là où, au contraire, j’en ai surajouté, c’est en optant pour une scénographie et une mise en scène plus statiques que jamais, et

LINA SANEH

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 45

en prenant le parti du moins d’effort possible (qui se nie lui-même), du moins de jeu physique et corporel possible (qui a pour effet en réalité de décupler à la fois la force de présence autant que celle de l’absence), le moins de “représentation” possible (pour mieux la révéler partout), et un minimalisme qui ne cède en rien... Quant à la reprise et la citation, elles sont surtout visibles au niveau du texte et de quelques idées, telle la vente du corps, qui reprend à sa manière la fin de Biokhraphia... Le résultat est tout à la fois clinique et espace de galerie d’art moderne et contemporain. Il est aussi une page blanche sur laquelle se découpent deux signes noirs qui tentent, à des rythmes différents, d’inscrire des paroles. Où se situe la frontière entre la réalité et le jeu, la fiction ? Rabih Mroué joue le rôle de votre mari, qui raconte l’histoire de sa femme – une histoire qui est la vôtre... Lina Saneh : « Oui... Et vous avez oublié que Rabih Mroué est mon mari qui joue le rôle de mon mari, qui raconte l’histoire de sa femme – moi –, une histoire qui est la mienne... Et pourtant, ceci n’est pas une biographie, mais une biokhraphia... Votre propos, dites-vous, est de faire de votre corps « un l ieu de lut t e , un c hamp de b at ai l le » permettant de cristalliser « le s t ens ions q ui se jouent ent re l ’Art , l ’Argent , la Loi e t le C orps lu i-même »… Lina Saneh : « Si je ne puis être incinérée à ma mort comme je le désire, si l’incinération est interdite au Liban, ce n’est pas uniquement à cause des religions monothéistes qui refusent l’incinération, ni seulement à cause d’une mentalité sociale religieuse et conservatrice, mais aussi à cause des lois libanaises et de la Constitution de l’Etat libanais, qui ne nous reconnaissent pas en tant que citoyens ayant des droits hors de nos communautés religieuses, et ne nous protègent pas en tant qu’individus ayant des aspirations autres que celles de nos “tribus”. Pourtant, cet Etat, et les différents gouvernements et responsables politiques de différentes tendances idéologiques qui se sont succédés à sa direction depuis son indépendance en 1943, n’ont de cesse de nous promettre l’édification d’un Etat constitutionnel de droit et d’institutions supposées garantir et préserver la loi, la liberté d’expression, de travail, de

commerce, etc., selon le modèle libéral et moderniste. En vain. Ce projet est bien sûr empêché par les forces locales des communautés religieuses qui s’interposent entre l’Etat et le citoyen (tel que la Constitution elle-même l’a permis), et qui régissent l’un et l’autre (l’Etat et le citoyen) à leur guise, et les tiennent en otage. Mais il est tout autant certain que, les uns plus que les autres, y trouvent bien leur compte aussi... Quoi qu’il en soit, de toutes ces promesses, les seules tenues sont la liberté de l’initiative commerciale privée et des transactions bancaires. Voilà donc à quoi l’Etat moderne se réduit : au mercantilisme, au capitalisme sauvage et chaotique ! Par ailleurs, on devine que, dans un tel contexte, les interdits et les tabous touchent d’abord toute liberté relative au corps, car c’est dans ce dernier que se mesure en premier et se rend visible l’affirmation de l’individu face aux groupes dits “naturels”, innés. Quant à l’art, il est compris en termes de folklore, d’attraction touristique et d’entertainment. Bref, en termes de ce qui pourrait s’intégrer dans le cycle commercial de la production, consommation, gain financier. Étant donné tout ce qui précède, qu’adviendrait-il si je jouais le jeu du pouvoir en place au Liban et de l’idéologie régnante ? Si j’usais de mon corps, instrument de mon travail d’artiste par excellence, dans un esprit et but commerciaux chers aux Libanais, qui se targuent fièrement d’être des commerçants nés depuis les Phéniciens, et trouvent ainsi leur raison ancestrale logique de s’intégrer de cette manière au système mondial, tel qu’ils l’ont compris et réduit à leurs convenances ? La prostitution n’est pas interdite au Liban. Et dans l’art, le corps de l’artiste est bel et bien en jeu, et, entre autres, en jeu financier, commercial, et à plus forte raison au théâtre et dans la danse. Qu’est-ce qui relève de l’ordre de l’art, qu’est-ce qui n’en relève pas ? Quelles sont les limites ? Qui en donne la qualification ? L’institution artistique et culturelle ? La Loi ? Laquelle ? La loi du marché ? Le regard de l’artiste ? Et en cas de conflit de qualifications, qui aura le dernier mot ? Qu’ils se combattent donc entre eux aux tribunaux après ma mort ! Et que le plus fort gagne ! Car quand, à la fin de la pièce, je me retourne vers l’institition artistique comme dernière instance de refuge pour ma liberté individuelle, je ne me fais pas

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Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 46

trop d’illusion, même si mes doutes ne sont pas énoncés à haute voix. Après tout, l’institution artistique est investie d’un pouvoir questionable comme toute autre, elle bénéficie d’une autorité critiquable, et jouit d’une reconnaissance officielle plus que douteuse. Mais on ne peut prétendre être innocent et en dehors du réseau. C’est de l’intérieur qu’on peut lutter. Sans trop d’illusion. Appendice traite surtout de l’échec. Votre nationalité confère à votre travail une portée singulière, dont les enjeux vont bien au-delà du « body-art » – dont vous dites vous-même qu’en étant accepté comme une forme « institutionnelle » en Occident, il a perdu sa portée politique, mais qui, au Liban, reste une forme d’expression quasi « taboue ». Comment est reçu là-bas votre travail en général, et Append ic e en particulier – qui est coproduit par l’Association Libanaise pour les Arts Plastiques –, quelles ont été les réactions face à celui-ci ? Lina Saneh : « Il est trop tôt encore pour dire que le body-art est une forme d’expression qui resterait taboue au Liban. Trop tôt. Le body-art suppose des individus libres vivant dans des pays démocratiques où l’Etat, au sens moderne du terme, est présent, peut-être même trop présent... et là peut-être résiderait le problème à l’origine de cette forme de critique et de questionnement artistique qu’est le body-art. Et ce dernier suppose aussi peut-être un Etat fort, industrialisé, capitaliste, ayant une histoire colonialiste et impérialiste... En ce sens, le body-art n’est pas d’abord tabou, mais n’a plutôt pas encore sa place ici, dans cette partie du monde. En second lieu, il est sûr et certain que montrer et manipuler ses organes sexuels et génétiques publiquement, ce que recquiert souvent mais non nécessairement le body-art, est tabou. Mais tout acte qui revendique l’individu est refusé politiquement et idéologiquement par les différentes forces au pouvoir (ou qui se disputent le pouvoir). En tout cas, notre travail n’a rien à voir avec le body-art ; Qui a peur de la représentation ? cite le body-art. Appendice a suscité une grande polémique et a divisé, enfin!, à nouveau le public. Le travail radicalise encore plus les propos tenus jusqu’ici dans notre travail, et secoue les habitudes que nous avons nous-mêmes forgées. Ce qui est important, c’est qu’elle a fait parler le public. Des discussions passionnées pendant des jours

et des jours... Et chacun veut y mettre ce qu’il pense que j’aurai dû ajouter ou faire, parce qu’il y a selon lui quelque chose qui manque. Mais Appendice parle-t-elle d’autre chose que du manque ? » Propos recueillis par David Sanson

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Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 47

Emanuel Gat Petit torn de dança

My favourite things Through the center, all of you,

at the same time and don’t stop

Petit torn de dança Musique, Qui vou audir cançon, Le Poême harmonique,

direction Vincent Dumestre Interprètes, Roy Assaf, Avital Mano

My favourite things

Solo d’Emanuel Gat Musique, John Coltrane

Through the center, all of you, at the same time and don’t stop

Musique, Squarepusher Interprètes, Maia Salon, Eroy Assaf, Emanuel Gat,

Noa Gilmelstein, Avital Mano, Irad Mazliah, Noa Shavit, Moran Zilberberg,

Chorégraphie, lumière et costumes, Emanuel Gat

Festival d’Automne à Paris Maison des Arts Créteil

jeudi 25 octobre et vendredi 26 octobre

20h 30

Durée : 1h30

10 € à 20 € Abonnement 10 € et 15 €

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Production Emanuel Gat Dance Coproduction Festival Movimentos ;

Festwochen der Autostadt/Wolfsburg ; Centre national de la danse/Pantin ;

Maison des Arts Créteil ; Arcadi ; Coréalisation Maison des Arts Créteil ;

Festival d’Automne à Paris

Figure à part de la scène contemporaine, le danseur et chorégraphe Emanuel Gat place les œuvres musicales au coeur de son travail avec la compagnie qu’il a fondée en 2004 à Kyriat Gat, à une soixantaine de kilomètres au sud de Jérusalem. Le Requiem de Mozart, le Voyage d’hiver ou Le Sacre du printemps l’ont révélé au public. Une musique qu’il aborde sans complexe (il faillit jadis devenir chef d’orchestre), mais avec une souveraine maîtrise, une manière évidente de ciseler l’énergie, de « jouer des corps comme des facettes d’un kaléidoscope » (Rosita Boisseau). Cependant, la danse est aussi pour Emanuel Gat un médium qui lui permet d’aborder et de traduire, avec la plus grande sincérité et la plus grande acuité possibles, son quotidien, celui d’un jeune homme de 36 ans établi, avec sa famille, à proximité de la bande de Gaza. C’est le cas, par exemple, lorsqu’il entreprend en 2003 de danser Ana wa enta, pièce sur le mariage entre deux hommes, écrite par un artiste israélien travaillant avec des Palestiniens : Emanuel Gat a trouvé dans la danse le lieu de tous les engagements. C’est ce mélange de robustesse et de délicatesse, d’agilité et d’intimité qui donne à son travail cette dimension singulière, bien peu orthodoxe, que l’on retrouve ici à travers un triptyque balayant deux cents ans de création musicale. Un duo, tout d’abord, Petit torn de dança, sur des airs populaires français du XVIIIe siècle, interprétés par Le Poème Harmonique, puis un solo où Emanuel Gat se mesure au saxophone de John Coltrane sur My favourite things, standard immortalisé par celui-ci. Enfin, Through the center, all of you, at the same time and don’t stop, pour huit danseurs, est fondé sur une musique de Squarepusher : la figure de ce trublion virtuose de la scène électronique correspond bien à Emanuel Gat, et sa musique tout autant, à la fois fluide, harmonieuse, et parcourue de rythmes saccadés et bancals.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Maison des Arts de Créteil Bodo 01 44 54 02 00

DANS

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Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 48

Emanuel Gat Emanuel Gat est né en 1969 en Israël. En 1992, il fait ses débuts comme danseur dans la compagnie Liat Dror & Nir Ben-gal. En 1995, il devient chorégraphe indépendant. Il crée un premier solo Quatre danses sur une musique de J.S Bach et un duo, Bananes, en collaboration avec un danseur bédouin. Il fonde ensuite le projet Al-Kuds duo dans le cadre duquel il crée deux spectacles de satire politique de type cabaret avec Mriano Weinstin : Polipopipop (1996) et Gol (1998). Puis vient Kasha (1999), un duo sur une musique de sa création. En 1998, il est convié à participer au festival Dance Project à Munich. Parmi ses dernières créations : Goodyear (2000), une pièce pour huit danseurs, A local recital (2001) un solo en collaboration avec cinq chorégraphes israéliens différents, Ana wa Enta (2002), un duo chorégraphié avec Niv Seinfeld, Two Stupid Dogs (2003) une commande du festival d’Israël pour cinq danseurs sur une musique du groupe de rap MWR et Hamza Al-Din, The Rite of Spring, un duo sur la musique de Schubert et Winter Voyage, pièce pour cinq danseurs sur une musique de Stravinsky (2004). Il fonde sa compagnie en 2004. Elle est composée de douze danseurs. Emanuel Gat réalise les lumières et les costumes de ses spectacles. Il en compose régulièrement les musiques. En 1995, il reçoit le Ballet Master Albert Gaubiers Fund du Danemark pour son œuvre, en 2003, le "Rosenblum Award for Performing Arts”, et le Hasia Levy Agron Choreography Prize, Il reçoit également le prix du Ministère de la culture israélien en 2005. En 2006, il est le lauréat de l’Israel Cultural Excellence Foundation, une des plus grandes reconnaissances pour un artiste israélien. Emanuel Gat travaille, par ailleurs, à la création d’un lieu en Israël, the Kiryat Gat Choreographic Centre, qui sera à la fois un lieu de recherche et d’expérimentation chorégraphique pour lui-même et sa compagnie mais aussi pour d’autres chorégraphes.

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ENTRETIEN AVEC EMANUEL GAT La musique a toujours semblé être à la base de votre travail de chorégraphe : pour quelle raison, et comment s’est développé chez vous – qui avez un temps envisagé de devenir chef d’orchestre–cet amour de la musique ? Emanuel Gat : « En fait, mon travail est beaucoup moins guidé par la musique qu’il ne peut donner l’impression de l’être. À une période, pendant quelques années, je me suis certes attaché à comprendre les possibilités et les défis créatifs du travail avec les chefs-d’œuvre du répertoire musical, mais je ne dirais pas que c’est quelque chose de fondamental dans mon œuvre. C’est une phase que j’ai traversée, et comme cela correspond à la période où ma compagnie s’est fait connaître, j’imagine que c’est l’image qu’on lui attribue… Je m’intéresse bien davantage, en fait, à la déconstuction chorégraphique, à la réunion des mouvements et de la composition. C’est toujours cela, mon point de départ, et tout le reste arrive par la suite, au cours du processus créatif. Pour la dernière production (celle que nous allons présenter à Paris), je suis revenu, dans la dernière pièce (Through the center, all of you…) à une manière de travailler que j’affectionne particulièrement – qui consiste à concevoir la plus grande partie de la chorégraphie avec une musique différente de celle qui sera utilisée au final. Comment et pourquoi avez-vous fait le choix des musiques – John Coltrane, des airs populaires français du XVIIIe siècle, Squarepusher – sur lesquelles sont basées ces trois pièces ? Emanuel Gat : En général, il n’y a ni “comment”, ni “pourquoi”. Je me contente d’aller dans la direction où il me semble que des choses intéressantes puissent advenir. Ce n’est que plus tard – en général, après que la pièce a été créée – que je commence à m’interroger sur le pourquoi. Comment avez-vous organisé ce spectacle, la dramaturgie qui unit ces trois pièces – un solo, un duo et une chorégraphie pour 9 danseurs ? Emanuel Gat : Il n’y a derrière cette soirée aucune idée narrative ou dramatique. Ce sont trois pièces strictement autonomes, dont le seul point commun est qu’elles seront créées le même jour (d’où ce titre de 3 for 2007). Ces trois aventures chorégraphiques étaient pour moi l’occasion de vérifier à quel endroit de

mon processus créatif je me trouvais à un moment donné. Votre travail semble également caractérisé par une forte dimension politique, intimement liée à votre situation personnelle… Emanuel Gat : Je n’essaie jamais de faire de la danse politique – je ne trouve pas ça intéressant. Je pense que si une œuvre d’art est construite avec soin et si elle possède le poids artistique nécessaire, alors un aspect politique se dégagera inévitablement, à côté de l’aspect personnel. Comment définiriez-vous votre conception de la danse aujourd’hui ? Emanuel Gat : Je pense que la danse, en tant que forme artistique, offre une manière de s’exprimer qui est unique, différente de tout autre art vivant (musique, théâtre, etc.). Je suis fasciné par les possibilités qu’offre ce médium, et je me sens souvent frustré en voyant la manière dont cet outil si puissant est négligé. Comment votre travail est-il reçu dans votre pays ? Comment crée-t-on lorsque l’on vit à quelques kilomètres de la bande de Gaza ? Emanuel Gat : Créer de la danse en Israël n’est pas une chose évidente. Le manque de moyens financiers rend souvent les choses difficiles. Nous avons eu la chance de pouvoir tourner à travers le monde avec mes pièces, ce qui permet de maintenir en vie la compagnie. Quant au fait de vivre en Israël, peu importe à quelle distance de la bande de Gaza, c’est une chose complexe à tous les niveaux. Ce pays est ma patrie, mais en même temps, je me sens étranger, extérieur à la plupart des choses qui se passent ici. » Propos recueillis par David Sanson

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Amir Reza Koohestani Recent Experiences

Recent Experiences

Une pièce d’Amir Reza Koohestani Adaptation d’Amir Reza Koohestani du texte original de

Nadia Ross et Jacob Wren Scénographie, Amir Reza Koohestani

Assistant à la mise en scène, Mahin Sadri Traduction française, Tinouche Nazmjou

Costumes, Merh Theatre Group Interprètes Baharan Baniahmadi, Saeid Changizian,

Mitra Gorgi, Sahar Dowlastshani, Setareh Pessyani, Foad

Mokhberi

Festival d’Automne à Paris Théâtre de la Bastille du jeudi 8 novembre

au dimanche 18 novembre

8 au 18 novembre 21h, dimanche 17h relâche le 12 novembre

13 € et 20 € Abonnement 13 €

Spectacle en persan surtitré en français durée : 85’

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17

www.festival-automne.com

Producteur exécutif, Mehr Theatre Group (Shiraz)

Coréalisation Théâtre de la Bastille, Festival d’Automne à Paris

Administration de tournée et diffusion lelabo Admistration de tournée et régie générale, Pierre Reis

« J’aimerais que tu sois sûre de mon amour pour toi.Tu peux être sûre que je t’aimerai toujours. De plus en plus. Tu es tout pour moi. Tout ! Je n’ai plus rien à moi. Même ce que j’étais avant, c’est toi maintenant. Je n’arrive pas à bien m’expliquer, je sais pas si tu comprends ce que je veux dire. Je veux dire, je t’aime. Je t’aime au-delà de ce qu’on peut appeler “aimer”. J’aimerais rester avec toi, tant que tu voudras. Je voudrais avoir une chance de te connaître. Te connaître mieux que toi-même. Voir comment tu changes. Te voir vieillir, voir comment tes jolis yeux qui me regardent se creusent ou comment ton visage se ride. Je n’ai aucune idée de ce que tu seras quand tu vieilliras. Les mains blanches ne tremblent jamais, c’est Dieu qui l’a dit, et tes mains sont comme la neige… Rien que pour ça, je dois remercier le ciel. Je garderai pour toujours cette image de toi en mémoire.» Une longue table semblable à celle que l’on trouvait dans Dance on Glasses, son précédent spectacle, mais cette fois, plus d’appartement, plus de lieu : ne reste que le flottement du temps. Les nourritures terrestres que l’on est ici convié à partager sont cueillies à la vie de gens habitant à la frange des principaux événements du siècle. Sur quatre générations, des histoires de famille nous sont délivrées le plus simplement du monde : avec des voix douces, des regards, des sourires et des larmes. Les six acteurs se déplacent d’un siège à un autre. Ils ne cherchent pas à incarner leurs personnages mais prêtent simplement leur voix. Recent Experiences, adaptation de la pièce canadienne écrite par Nadia Ross et Jacob Wren,met en scène, avec pudeur et humilité, l’épopée de gens ordinaires qui tentent d’échapper à l’usure du quotidien.

Contacts presse : Festival d’Automne à Paris Rémi Fort, Margherita Mantero 01 53 45 17 13 Théâtre de la Bastille Irène Gordon 01 43 57 78 36

THÉÂ

TRE

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Amir Reza Koohestani Né en 1978 en Iran, Amir Reza Koohehani publie à 16 ans des histoires dans les journaux de Shiraz. Attiré par le cinéma, il suit des cours de réalisation et de prise de vue. Pendant un an, il joue aux côtés des membres du Mehr Teatrical Group avant de se consacrer à l’écriture. Il réécrit The Height (mise en scène par Danial Taiebian), et écrit en 1999 And the Day Never Came (jamais représentée) puis The Murmuring Tales. Deux ans plus tard, il achève Dance on Glasses qui fait l’objet d’invitations par le Theater der Welt à Bonn, le Chekhov International Théâtre Olympiad à Moscou, le KunstenFESTIVALdesArts 2004 à Bruxelles où fut créé en 2005 Amid The Clouds. Recent Experiences fut présenté à la Maison des Arts de Créteil en mars 2006. Le Théâtre de la Bastille a invité Amir Reza Koohestani avec Amid The Clouds et Dance on Glasses en 2005.

ENTRETIEN AVEC AMIR REZA KOOHESTANI Comment avez-vous découvert cette pièce de Nadia Ross et Jacob Wren, et qu’est-ce qui a motivé votre désir de travailler sur ce texte ? Avez-vous vu la version mise en scène par les auteurs qui avait été créée eu kunstenFESTVALdesarts ? Comment avez-vous procédé pour l’adapter en langue farsi – et à l’Iran d’aujourd’hui ? Amir Reza Koohestani : « J’ai vu la version qu’en ont donnée les auteurs au festival Theater der Welt, à Bonn, en 2002. J’ai été fasciné par la façon dont ils traitent le “temps”, je veux dire, comment ils parviennent à dramatiser une longue période de temps (105 années) en seulement 80 minutes. Ils y sont parfaitement arrivés. J’ai aussi aimé le travail des acteurs, si proche de ce que j’ai l’habitude de faire avec eux. Pourtant, honnêtement, à l’époque, je ne pensais pas travailler sur cette pièce. Quelques jours plus tard, à mon retour à Shiraz, j’ai reçu une copie de la pièce, envoyé par l’ITI [internationalen Theaterinstitut, Ndlr.] allemand. À la même période, un théâtre municipal de Téhéran m’a demandé de jouer une pièce contemporaine, sous forme de lecture, au festival de “An afternoon with Theatre”. C’est ainsi que j’ai décidé de travailler sur Recent Experiences, et que, par conséquent, il m’a fallu traduire ce texte. J’ai demandé à un de mes amis, diplômé en littérature anglaise, de m’aider, pour être sûr de ne rien en perdre. Au début, j’ai pensé à traduire mot à mot pour obtenir une version purement persane du texte, mais ensuite, au cours du processus de traduction, j’ai eu l’impression que la langue de la pièce, et ce que j’avais pu voir de leurs travaux [Nadia Ross et Jacob Wren font partie de STO Union, collectif pluridisciplinaire canadien, Ndlr.], ne convenait pas à notre langue et à notre culture. Par exemple, en persan, nous avons deux structures complètement différentes pour les phrases conventionnelles et informelles. Et dans la version originale, il y avait quelque chose d’un réalisme magique nord-américain, une dimension poétique et réaliste en même temps qu’il est difficile de rendre en persan, tout au moins sous forme dialoguée. J’ai donc pris l’idée principale de chaque scène dans la version des auteurs, l’ai retravaillée pour écrire de nouvelles scènes à partir des originales. Prenons par exemple le dialogue entre les amants, au début : j’ai essayé de le transformer en dialogue amoureux persan, ce qui est plutôt évident. Néanmoins, j’ai une vision quelque peu différente des personnages. Personnellement, je préfère ne pas avoir de scène ou de dialogue en

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particulier qui soit directement surréaliste, et qui puisse donner une idée gnostique ou religieuse, même si, je le reconnais, je n’ai pas d’explication réaliste pour les rendre plus objectifs. J’ai eu le sentiment qu’il y avait des passages de ce genre dans la version originale – par exemple, lorsque l’une des deux jumelles est assassinée, il y a cette scène qui la montre cherchant sa famille, l’observant à travers les nuages ; comme vous le verrez, j’ai réécrit cette scène où elle décrit sa condition physique dans la tombe. D’autres différences entre les versions sont apparues du fait de notre scénographie et de la mise en scène : par exemple, nous avons besoin d’une pause pour que l’un des acteurs se tourne et change son siège, ce qui implique qu’il n’ait pas de texte à dire, et nous a obligés à supprimer certaines répliques, ou à en ajouter à d’autres personnages. La scénographie, justement, avec cette longue table, évoque celle de votre pièce D anc e On Glasse s : verriez-vous des points communs entre ces deux œuvres – et entre R ec ent E xperienc e et votre propre travail d’écriture ? Amir Reza Koohestani : « Dans Dance On Glasses, on a deux points, deux personnages sur scène, aux deux extrémités d’une table de quatre mètres, ce qui nous donne l’impression qu’à un certain point ils pourraient exploser, et je ne veux pas seulement dire physiquement, mais aussi mentalement. Parce qu’ils ont tous deux construit leur propre territoire, et qu’il n’ont ni tendance, ni raison de bouger, ou au moins se rapprocher de l’autre. En d’autres termes, la scène semble physiquement statique, mais il y a entre ces deux personnages instables beaucoup d’injures verbales, de violence non physique, ce qui produit cette atmosphère de chaos. En revanche, Recent Experiences est pour moi un spectacle purement statique et stable, qui n’est pas interrompu par des éclats de voix, des mouvements brusques ou des actes inattendus. Dans Recent Experiences, nous avons travaillé sur la répétition d’un “destin”, qui passe à travers différentes générations ; j’ai donc décidé de partir, pour la scénograhie, de l’idée de “cercle”. Mais à la place d’une table ronde, j’utilise une table en longueur, parce que je crois que cette histoire parle d’une famille, et que ce sont les femmes de la famille qui la racontent. Plutôt que de s’asseoir autour d’une table ronde, elles font

le tour de la table de dîner, elles apparaissent et disparaissent d’un côté ou de l’autre. Ainsi, si, pour Dance On Glasses, nous avions travaillé sur deux points séparés par une ligne, dans Recent Experiences, on a le rectangle à l’intérieur du cercle. Mais on peut également trouver des points communs entre ces pièces. Dans les deux cas, les acteurs sont assis à une table. J’aime cette image. Je vois maintenant que cette image était la principale chose qui me manquait dans Amid the Clouds. Lorsqu’un personnage parle en se tenant debout, en marchant, ou même en étant simplement assis, il ou elle a la possibilité de soulager la tension de son corps et le public doit regarder ailleurs, sans réellement se focaliser ou se concentrer ; alors que lorsqu’un personnage est assis à une table, toute la tension s’accumule sur son visage et ses mains. C’est l’image à la fois la plus expressive et la plus minimale de l’être humain. Comme je l’ai dit, Recent Experiences a d’abord été donné dans le cadre d’un festival de lectures, mais les acteurs n’avaient pas le texte en main ; ainsi, lorsqu’on nous a demandé de le jouer également au théâtre, j’ai décidé de ne rien changer. Je considère donc toujours ce spectacle comme se situant à mi-chemin entre la lecture de texte et la performance. Car si nous n’avons pas la version imprimée du texte, nous n’avons pas non plus les images extérieures qui pourraient permettre de parler de “performance”. Quelles réactions a provoquées la création de ce spectacle à Téhéran ? Amir Reza Koohestani : « Les représentations en Iran ont été magnifiques. J’avais peur que le public s’ennuie, mais ça n’a pas été le cas. Plus de 30 représentations à Téhéran ont affiché complet : impressionnant, pour une pièce aussi calme et a-dramatique (au bon sens du terme). Mais l’une des choses qui nous manquent en Europe, c’est le fait que les comédiens portent les mêmes vêtements que le public iranien : à Téhéran, au début du spectacle, on ne peut distinguer les acteurs des spectateurs – alors qu’en Europe, ils portent des habits différents. Mais bon, je continue d’aimer ça, parce que cela produit un autre contraste, vous savez ; le calendrier chrétien raconté par des musulmans, ce pourrait être ça, l’aspect politique de la pièce, non ? » Propos recueillis par David Sanson

JOANA HADJITHOMAS KHALIL JOREIGE

Dossier de presse Scène artistique du Moyen-Orient– Festival d’Automne à Paris 2007 – page 53

Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

Où sommes-nous ?

Festival d’Automne à Paris Espace Topographie de l’Art

15 rue de Thorigny - 75003 Paris

du samedi 10 novembre

au dimanche 9 décembre mercredi au dimanche 15h à 19h

Entrée libre

Renseignements et réservations : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com

Avec le soutien de la Fondation d’Entreprise CMA CGM,

de Zaza et Philippe Jabre et de l'American Center Foundation

Remerciements à Marantz

D ist rac t ed Bul le t s Beyrouth en feu La vidéo donne à voir cinq vues panoramiques de Beyrouth filmées de nuit à l’occasion de périodes de réjouissances,marquées par des feux d’artifices, tirs en l’air et balles perdues. Chaque événement (célébration religieuse ou fête populaire, comme lors de la réélection du président) se tient dans des quartiers distincts, illuminant chaque fois la ville sous un angle différent. Le film laisse deviner une géographie complexe, où s’entrecroisent traditions, religions et cultures… Khiam 20 0 6 Jusqu’à la libération du Sud Liban en mai 2000, il était impossible de se rendre au camp de détention de Khiam. Il n’y en avait aucune image. Après son démantèlement, le camp a été transformé en musée. Lors de la dernière guerre de juillet 2006, le camp a été totalement détruit. Aujourd'hui, le camp accueille des expositions qui mettent en scène la destruction créant une confusion temporelle.Ce dispositif questionne notre position de spectateur, le rapport à l’image, à sa mise en abyme.

Trophée de guerre La série photographique Trophées de guerre montre des véhicules militaires qui avaient été abandonnés ou repris à la libération du Sud en 2000 et qui faisaient l’objet d’une exposition temporaire au camp-musée de Khiam. Ces trophées ont été à nouveau détruits une seconde fois par la guerre de juillet 2006. Ils apparaissent ainsi décalés et étranges, pathétiques, dénonçant même leur instrumentalisation Ils opèrent également un glissement temporel, ils sont les indices d’une autre guerre, les témoins d’une nouvelle. … un lo int ain s ouveni r … un lointain souvenir est une longue frise photographique de plus de 6 mètres de long qui propose de voir ce que deviennent les images des héros après les guerres. En 2001, les 34 poteaux de la grande avenue de Ouzai, un quartier populaire de la banlieue chiite de Beyrouth, ont été photographiés et recensés, du nord au sud, recto verso. Chaque poteau est orné de cadres, chaque cadre accueille une photo, celle d’un jeune homme, un « martyr ». Certains cadres sont vides, comme en attente des martyrs à venir. En 2007, les 34 poteaux de la grande avenue de Ouzai ont été à nouveau photographiés. Les poteaux sont repeints, l’avenue restaurée mais les photos des martyrs de 2001 s’étiolent dans

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leur cadre, effacées progressivement par le temps, l’usure. On ne les reconnaît plus. Il n’en reste souvent qu’une silhouette fantomatique qui hante ces cadres

Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Plasticiens et cinéastes, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés en 1969 à Beyrouth où ils vivent et travaillent en tant que cinéastes et plasticiens. Ils écrivent et réalisent en 1999 leur premier long-métrage de fiction Al Bayt el zaher (Autour de la maison rose), puis deux documentaires : Khiam (2000) et le film Al mafkoud (Le film perdu) (2003), tourné au Yémen, qui sont présentés dans de nombreux festivals, centres d’arts et musées internationaux. Fin 2003, leur moyen-métrage Ramad (Cendres) est sélectionné pour les Césars 2005. A perfect day, leur second long-métrage de fiction, paraît en 2005. Ils terminent actuellement la postproduction d’un long-métrage Je veux voir avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué. Ils sont aussi les auteurs de plusieurs installations video et photographiques. Parmi lesquelles les vidéos : Don’t walk, Rondes, Images Rémanentes et les installations photographiques : Beyrouth, fictions urbaines, Le cercle de confusion et Wonder Beirut qui comporte plusieurs volets dont Le roman d"un photographe pyromane, Cartes postales de guerre ou Images Latentes. Auteurs d’installations au sein de galeries ou d’institutions, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige s’intéressent à l’émergence de l’individu dans des sociétés communautaires, au rapport l’image et à la représentation, à la difficulté de vivre un présent, d’écrire l’Histoire… En France, ils sont représentés par la galerie In Situ, Fabienne Leclerc. Pour plus de renseignements : www.hadjithomasjoreige.com

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ENTRETIEN AVEC JOANA HADJITHOMAS ET KHALIL JOREIGE Où sommes-nou s ? est le titre de votre prochaine exposition. Vous y présentez trois œuvres différentes, trois moments de « votre réalité libanaise ». Quel sens donnez-vous à ce titre? Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : « Nous ne désirons pas donner un seul sens à ce titre. C’est une question que l’on pose autant à nous-mêmes qu’aux visiteurs de l’exposition. Depuis quelque temps, nous cherchons à réaliser un autre régime d’images ou des vidéos que nous qualifions de symptomatiques. Nous utilisons ce terme pour nous différencier des images métaphoriques ou symboliques. Nous cherchons des images qui font parties d’un bloc d’espace-temps précis, qui sont une émanation du réel que nous enregistrons, et dont les interprétations renvoient à notre position et à la position de celui qui les regarde. Que ce soit avec Distracted Bullets, Khiam 2006 , Trophées de guerre ou le travail sur les martyrs, notre recherche interroge donc d’abord notre position et les protocoles de captation, de production de ces images. Mais elle tente aussi de mettre en place un rapport plus complexe du visiteur avec les images qu’il regarde. Comment envisage-t-on notre rapport à ces images politiques, complexes et délicates ? Où se place-t-on pour les regarder ? Le « nous » fait donc référence à nous deux en tant que producteurs d’images mais aussi au sens plus large à ceux qui regardent. « Être là », c’est une manière de questionner notre rapport au monde mais aussi de façon plus directe un aveu du questionnement de plus en plus aigu auquel nous devons faire face : hors d’une division du monde de plus en plus binaire, d’un schéma manichéen et simplificateur sur quel territoire évoluons-nous ? Dans quel lieu nous reconnaissons-nous ? Y en a-t-il encore un ? Pouvons-nous investir de façon politique un autre territoire ? Notamment celui de l’art ?

Khiam 20 0 6 est un complément au film réalisé en 2000. En revenant sur Khiam

20 0 0 , tentez-vous de créer une sorte de continuum historique à l’intérieur de votre œuvre? Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : Nous avons été amené à travailler sur Khiam à nouveau après la guerre de Juillet-Août 2006 qui a opposé Israël et le Hezbollah. En continuant en 2006 un travail sur le camp de Khiam, nous ne tentons pas tellement d’établir une continuité mais plutôt de considérer les dernières évolutions ayant frappé le camp. Khiam devient alors d’une nouvelle façon un lieu de travail et d’interrogation sur notre rapport aux images. Jusqu’à la libération du Sud en mai 2000, il était impossible de se rendre au camp de détention de Khiam géré par la milice supplétive d’Israël, l’armée du Liban Sud. On entendait parler de ce camp dont on ne voyait jamais aucune image. Il y avait comme une impossibilité de la représentation. Dans le film Khiam que nous avons terminé en 2000, trois hommes et trois femmes témoignent de la vie quotidienne au camp. Ils racontent comment on survit entre quatre murs dans une cellule d'isolement d'1m80 x 80 seul pendant plusieurs années ou dans une pièce de 2m25 x 2m25 partagée à six. Pourtant, face à l'absence des choses élémentaires et nécessaires, les détenus ont développé et échangé des techniques de fabrication étonnantes pour communiquer avec l'autre, créer, désobéir, préserver une humanité que ce genre de camp tente d'annihiler. Au moment de la libération du Sud et le démantèlement du camp en mai 2000, on pouvait se rendre à Khiam. L’image était enfin à proximité, celle de la présence physique du camp du moins. Quelque temps plus tard, le camp a été transformé en musée. Lors de la dernière guerre de juillet 2006, le camp a été totalement détruit. En visitant le camp, nous avons été surpris d’abord par l’ampleur des destructions mais également par la mise en scène déjà déployée autour de cette destruction. Aujourd’hui, le camp accueille des expositions qui mettent en scène la destruction, créant une confusion temporelle. Au milieu des décombres surgissent des panneaux en acier qui représentent le camp à sa libération, avant sa destruction.

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Ils sont posés au milieu des nouvelles ruines et transforment le camp détruit à nouveau en musée. Ce dispositif questionne notre position de spectateur, le rapport à l’image, à sa mise en abyme. La confusion temporelle permet une distance critique nécessaire pour élaborer une re-articulation de l’image politique et notamment de la propagande du pouvoir en place. L’image proposée met en scène non seulement les lieux mais aussi la tentative de s’approprier ces lieux-là, ce territoire. Une autre série d’images récentes a été photographiée dans les ruines du camp. Il ne reste dans le camp que quelques éléments militaires encore reconnaissables. Il s’agit des trophées de guerre, des véhicules militaires israéliens ou de son armée supplétive, l’armée du Liban Sud, pris en 2000 lors de la libération du Sud. Ces trophées étaient exposés durant l’été dernier dans le camp dans le cadre d’une exposition temporaire. Mais durant la guerre de juillet 2006, lors de la destruction du camp, ces engins militaires ont eux-mêmes été détruits. Ils ont donc été détruits une seconde fois par l’armée israélienne à laquelle ils appartenaient à l’origine. La première fois en 2000, ils ont été détruits par le Hezbollah pour leur fonction, la seconde, en 2006, pour leur symbolique. En cela, ils dénoncent même leur instrumentalisation et semblent étranges et anachroniques. Ils produisent une étrange sensation de décalage et deviennent symptomatiques. Ils opèrent également un glissement temporel, ils sont les indices d’une autre guerre, les témoins d’une nouvelle. Ces images sont politiques non pas seulement parce qu’elles tentent de dénoncer la guerre, son abjection et surtout son absurdité mais aussi parce qu’elles cherchent à produire des champs de signification hors des propagandes des uns et des autres et d’interroger à partir de dispositifs, une position, celle où nous nous trouvons. Rabih Mroué, Linah Saneh et Walid Raad sont invités par le Festival d’Automne à Paris cette année, quelles affinités existe-t-il entre vous? Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : Nous avons une relation forte, une grande amitié avec ces trois artistes. Nous sommes de la même

génération. Nous nous sommes retrouvés au début des années 90, au lendemain de la guerre. On a commencé par travailler chacun de son côté, en dehors de cadre institutionnel, de logique de marché. Petit à petit, un réseau s’est constitué et a formé une « constellation » forte. On travaille à partir de problématiques libanaises avec des pratiques qui ne séparent pas la politique de l’esthétique. Ces pratiques, bien qu’elles revendiquent une inscription très « localisée », très critique par rapport à notre société entretiennent un vrai dialogue avec l’extérieur, trouvant un écho avec les problématiques les plus contemporaines. Il y a parfois des résonances dans certains de nos travaux et beaucoup d’affinités entre nous, si bien que souvent nous finissons par discuter, échanger, partager nos idées, nos projets, nos interrogations…C’est une vraie stimulation et souvent un réconfort. » Propos recueillis par Maïté Rivière pour le Festival d’Automne à Paris (juillet 2007) Si l’on regarde attentivement l’ensemble des projets que vous avez développés ces dernières années, il est évident que vous avez entrepris un travail critique sur la production des images. Pensez-vous que l’image peut encore avoir une valeur de document ? La mise en scène, presque muséographique au camp de Khiam et les photographies des martyrs le long de la route allant de Beyrouth vers le sud occupent physiquement et symboliquement le territoire. Ces dispositifs sont-ils encore efficients pour conserver la mémoire d’un passé tragique ou les actes héroïques d’individus engagés dans l’histoire ? Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : « L’exposition Où sommes-nous ? s’articule autour de plusieurs travaux photographiques et vidéo qui posent ces questions. Ainsi, l’installation Distracted Bullets (Balles distraites) montrent 5 vues panoramiques de Beyrouth, filmées durant des festivités où abondent feux d’artifices et tirs de joie. Devant nous, la ville s’enflamme. Ces célébrations religieuses ou politiques montrent la division du pays et dessinent une géographie politique, certaines régions se réjouissant plus que d’autres.

JOANA HADJITHOMAS KHALIL JOREIGE

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Mais d’où viennent toutes ces armes à feu ? Et combien de personnes qui ont survécu aux guerres civiles périssent victimes de balles perdues ? On tente de connaître leur nombre, mais elles ne sont recensées nulle part. L’Histoire ne les a pas retenus, leur mort n’a pas fait événement… Mais que retient l’Histoire ? Que transforme-t-elle en document ? Et que peut l’image dans tout cela ? » C’est bien cela qu’interroge aussi l’installation photographique, … un lo int ain s ouveni r : Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : « En 2001, les 34 poteaux de la grande avenue de Ouzai, un quartier populaire de la banlieue chiite de Beyrouth, ont été photographiés et recensés, du nord au sud, recto verso. Chaque poteau est orné de cadres, chaque cadre accueille une photo, celle d’un jeune homme, un « martyr ». Certains cadres sont vides, comme en attente des martyrs à venir. En 2007, les 34 poteaux de la grande avenue de Ouzai ont été à nouveau photographiés. Les poteaux sont repeints, l’avenue restaurée mais les photos des martyrs de 2001 s’étiolent dans leur cadre, effacées progressivement par le temps, l’usure. On ne les reconnaît plus. Il n’en reste souvent qu’une silhouette fantomatique qui hante ces cadres. Que deviennent les « héros » des uns et des autres après les guerres ? Les héros des guerres anciennes face aux héros des nouvelles guerres ? Quelle est la mémoire de l’Histoire ? »

D ist rac t ed Bul le t où l’on voit Beyrouth de nuit à différents moments clés politiques ou religieux semble déjouer pour un temps la violence du réel. Vous avez tourné récemment un film – Je veux vo ir - avec Catherine Deneuve au Sud Liban. Quel est le pouvoir du cinéma ou plus généralement de l’art face à un tel conflit ? Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : « C’est au sens propre du terme ce que nous interrogeons dans le film. Que peut le cinéma ? Nous posons cette question de façon littérale et nous tentons une expérience. L’icône d’un certain cinéma, Catherine Deneuve et notre acteur fétiche, Rabih Mroué vont partir ensemble vers le Sud du Liban, vers le village de Rabih qui a été détruit durant la guerre. Mais il n’y a pas été depuis. À travers ce voyage et la présence de Catherine et de Rabih, nous tentons de voir si le cinéma peut ouvrir de nouvelles routes. Là aussi, au sens littéral, puisqu’à la frontière entre Israël et le Liban, nous tentons de faire ouvrir une petite route interdite. C’est là, où nous nous plaçons. Le pouvoir du cinéma et de l’art c’est peut-être de faire ouvrir une route, de poser inlassablement les questions qui fâchent, de refuser les modes binaires et manichéens. De créer un autre territoire. » Propos recueillis par Jean-Marc Prévost (Septembre 2007)

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Programmation Danse, Musique, Théâtre, Arts Plastiques, Cinéma

ARTS PLASTIQUES

Alexandre Ponomarev Verticale Parallèle Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière 13 septembre au 14 octobre * Hassan Khan / Kompressor Le Plateau – FRAC Ile-de-France 24 octobre au 18 novembre

Le Louvre invite Anselm Kiefer 25 octobre au 7 décembre * Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Où sommes-nous ? Espace Topographie de l’Art 10 novembre au 9 décembre

DANSE

Rachid Ouramdane / Surface de réparation Théâtre 2 Gennevilliers 5 au 27 octobre

Mathilde Monnier / Tempo 76 Théâtre de la Ville 9 au 13 octobre

Meg Stuart / BLESSED Théâtre de la Bastille 24 octobre au 2 novembre

* Emanuel Gat Petit torn de dança / My favourite things / Through the center, all of you, at the same time and don’t stop Maison des Arts Créteil 25 et 26 octobre

Eszter Salamon / AND THEN Centre Pompidou 7 au 10 novembre

Emmanuelle Huynh / Le Grand Dehors Centre Pompidou 14 au 17 novembre

Bill T. Jones / Walking the line Musée du Louvre 20, 22, 24 novembre Raimund Hoghe / Boléro Variations Centre Pompidou 21 au 24 novembre Merce Cunningham Crises / EyeSpace / CRWDSPCR Théâtre de la Ville 4 au 9 décembre Compagnie Via Katlehong / Robyn Orlin / Christian Rizzo / Imbizo e Mazweni Maison des Arts Créteil 6, 7 et 8 décembre Alain Buffard / (Not) a Love Song Centre Pompidou 12 au 16 décembre

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THÉÂTRE

Lars Norén / Pierre Maillet / Mélanie Leray / La Veillée Théâtre de la Bastille 17 septembre au 20 octobre *Abbas Kiarostami / Looking at Tazieh Centre Pompidou 19 au 22 septembre Josse de Pauw / RUHE Maison de l’architecture 24 au 30 septembre *Rabih Mroué Qui a peur de la représentation ? Centre Pompidou 26 au 29 septembre Arne Lygre / Claude Régy Homme sans but Odéon-Théâtre de l’Europe aux Ateliers Berthier 27 septembre au 10 novembre Benjamin Franklin / Stéphane Olry Treize semaines de vertu Château de la Roche-Guyon 29 et 30 septembre Archives nationales / Hôtel de Soubise 24 octobre au 4 novembre Odön von Horváth / Christoph Marthaler Légendes de la forêt viennoise Théâtre National de Chaillot 4, 5 et 6 octobre *Rabih Mroué / How Nancy wished that everything was an April Fool’s joke Théâtre de la Cité Internationale 8 au 14 octobre La Ferme du Buisson 20 et 21 octobre Anton Tchekhov / Enrique Diaz Seagull-play / La Mouette La Ferme du Buisson 12, 13 et 14 octobre Lars Norén / Le 20 Novembre Maison des Arts Créteil 16 au 26 octobre

Ricardo Bartís / De Mal en Peor MC 93 Bobigny 16 au 21 octobre *Lina Saneh / Appendice Théâtre de la Cité Internationale 22 au 28 octobre Jean-Luc Lagarce / Roldophe Dana Derniers remords avant l’oubli Théâtre de la Bastille 23 octobre au 25 novembre La Ferme du Buisson 27 novembre au 2 décembre La Scène Watteau / Nogent-sur-Marne 6 au 8 décembre Tim Etchells / That night follows day Centre Pompidou 1, 2 et 3 novembre Paroles d’acteur / Julie Brochen Variations / Jean-Luc Lagarce Théâtre de l’Aquarium 6 au 11 novembre Rodrigo García Et balancez mes cendres sur Mickey Théâtre du Rond-Point 8 au 18 novembre *Amir Reza Koohestani Recent Experiences Théâtre de la Bastille 8 au 18 novembre Marivaux / Luc Bondy La Seconde Surprise de l’amour Théâtre Nanterre-Amandiers 17 novembre au 21 décembre William Shakespeare / Dood Paard Titus Maison des Arts Créteil 6, 7 et 8 décembre Thomas Bernhardt / tg Stan “Sauve qui peut”, pas mal comme titre Théâtre de la Bastille 11 au 22 décembre

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MUSIQUE

Morton Feldman / Samuel Beckett Neither, opéra en version de concert Orchestre symphonique de la Radio de Francfort Direction, Emilio Pomarico Soprano, Anu Komsi Cité de la Musique 22 septembre Edgard Varèse / Amériques ( version de 1929) Pierre Boulez / Notations I-IV, VII Mark Andre / …auf…II Enno Poppe / Obst Matthias Pintscher / Towards Osiris Ensemble Modern Orchestra Direction, Pierre Boulez Salle Pleyel 30 septembre Hugues Dufourt Cycle de quatre pièces pour piano François- Frédéric Guy, piano Auditorium / Musée d’Orsay 3 octobre *Rasheed Al-Bougaily / Nouri Iskandar Saed Haddad / Rashidah Ibrahim Daniel Landau / Hossam Mahmoud Alireza Farhang / Shafi Badreddin Hiba Al Kawas / Samir Odeh-Tamimi Kiawash Sahebnassagh 3 concerts Nieuw Ensemble Direction, Garry Walker 13 et 14 octobre Ensemble L’Instant donné 13 octobre Opéra National de Paris / Bastille-Amphithéâtre Le Sacre du printemps Musique, Igor Stravinsky Concept et interprétation, Xavier le Roy Design sonore, Peter Boehm Centre Pompidou 19 et 20 octobre Franco Donatoni / Flag Le Ruisseau sur l’escalier / Hot Jérôme Combier / Stèles d’air Salvatore Sciarrino / Introduzione all’oscuro Ensemble intercontemporain Direction, Susanna Mälkki Centre Pompidou 26 octobre

Anton Webern / Deux pièces Arnold Schoenberg / Ein Stelldichein Frédéric Pattar / Outlyer Mark Andre/ Zum Staub sollst Du zurückkehren… Ensemble L’Instant Donné Auditorium du Louvre 9 novembre Béla Bartók / Contrastes Salvatore Sciarrino / Caprices n° 1, 2, 4 6 Jörg Widmann Sphinxensprüche und Rätselkanons Matthias Pintscher Study III for Treatise on the Veil Salome Kammer, soprano Jörg Widmann, clarinette Carolin Widmann, violon Jean-Efflam Bavouzet, piano Auditorium du Louvre 16 novembre Jörg Widmann / Quintette pour clarinette et quatuor à cordes Wolfgang Amadeus Mozart / Quintette pour clarinette et quatuor à cordes, K 581 Jörg Widmann, clarinette Quatuor Hagen Auditorium du Louvre / 23 novembre Edgard Varèse / Déserts Jörg Widmann / Echo-Fragmente / Armonica Igor Stravinsky / Le Sacre du printemps SWR Orchestre Symphonique de Baden-Baden et Fribourg Direction, Sylvain Cambreling Opéra National de Paris / Bastille 25 novembre Xavier Dayer To the sea / Promenade de Ricardo Reis Sonnet XXIV / D’un amour lancé Chants de la première veilleuse Shall I Revisit These Same Differing Fields Mais je me suis enfuis Marie-Adeline Henry, soprano Ensemble Cairn Auditorium / Musée d’Orsay 5 décembre Colloque: Lieux de musique II Maison de l’architecture 12 décembre

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PERFORMANCES

*Walid Raad / I Feel a Great Desire to Meet the Masses Once Again Centre Pompidou 12 et 13 octobre *Décadrages Scène artistique du Moyen-Orient Performances, rencontres, projections, concerts Point Éphémère 5, 6, 7, 12, 13 et 14 octobre

POÉSIE

*Mahmoud Darwich Maison de la Poésie 4 et 5 octobre CINÉMA

*Images du Moyen-Orient Jeu de Paume- site Concorde 16 octobre au 18 novembre Cinéma en numérique Cinéma l’Entrepôt 28 novembre au 4 décembre

* EN GRIS : SCÈNE ARTISTIQUE DU MOYEN-ORIENT

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Le Festival d’Automne à Paris est subventionné par Le Ministère de la culture et de la communication Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles Délégation aux arts plastiques (Cnap) Délégation au développement et aux affaires internationales Direction Régionale des affaires culturelles d’Île-de-France La Ville de Paris Direction des affaires culturelles Le Conseil Régional d’Île-de-France Le Festival d’Automne à Paris bénéficie du soutien de : Adami Culturesfrance Direction Générale de l’Information et de la Communication de la Ville de Paris

Onda Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture Sacem

Le Festival d’Automne à Paris bénéficie du soutien de l’Association Les Amis du Festival d’Automne à Paris Les mécènes Julia et Rafic Abbasov – Art Energy Foundation agnès b. American Center Foundation Arte Baron Philippe de Rothschild S.A. Caisse des Dépôts Fondation Clarence Westbury Fondation d’Entreprise CMA CGM Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

HenPhil Pillsbury Fund The Minneapolis Foundation & King’s Fountain Zaza et Philippe Jabre Mécénat Musical Société Générale TAM, lignes aériennes brésiliennes Top Cable Sylvie Winckler Guy de Wouters

Les donateurs Jacqueline et André Bénard, Patrice Boissonnas, Michel David-Weill, Sylvie Gautrelet, Zeineb et Jean- Pierre Marcie-Rivière, Sydney Picasso, Nathalie et Patrick Ponsolle, Ariane et Denis Reyre, Hélène Rochas, Béatrice et Christian Schlumberger, Nancy et Sébastien de la Selle, Muriel et Bernard Steyaert Banque Franco-Libanaise, Colas, Compagnie de Saint-Gobain, Crédit Coopératif, HSBC France, Rothschild & Cie Banque, Société du Cherche Midi Les donateurs de soutien Jean-Pierre Barbou, Annick et Juan de Beistegui, André Bernheim, Béatrice Bodin, Christine et Mickey Boël, Bertrand Chardon, Michelle et Jean-Francis Charrey, Catherine et Robert Chatin, Rena et Jean-Louis Dumas, Susana et Guillaume Franck, Carole et Jean-Philippe Gauvin, Agnès et Jean-Marie Grunelius, Florence et Daniel Guerlain, Ursula et Peter Kostka, Micheline Maus, Ishtar et Jean-François Méjanès, Anne-Claire et Jean-Claude Meyer, Annie et Pierre Moussa, Martine et Bruno Roger, Pierluigi Rotili, Didier Saco, Catherine et François Trèves, Reoven Vardi, Vincent Wapler

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12 SEPTEMBRE – 22 DÉCEMBRE 2007