DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les...

14
RAPPORT NEI HIVER 2015 DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES BOURSIÈRES Perspectives des marchés pour 2016

Transcript of DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les...

Page 1: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

RAPPORT NEI HIVER 2015

DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES BOURSIÈRESPerspectives des marchés pour 2016

Page 2: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au moment où s’est déroulée par table-ronde « Donnés aberrantes, prévisions et tendances boursières » organisée par Placements NEI les 24 et 26 novembre 2015. Ces opinions peuvent changer au gré des évolutions boursières et diverger de celles exprimées par d’autres collaborateurs des mêmes sociétés. Les informations et opinions exprimées durant la table-ronde ne constituent pas un conseil en placement. Tous les titres mentionnés ne sont pas nécessairement détenus par Placements NEI et constituent pas des recommandations ou des sollicitations visant l’achat ou la vente de ces titres. Principal Global Investors a participé à la table-ronde le 24 novembre 2015; Amundi Asset Management, Addenda Capital Inc. et OtterWood Capital Inc. ont participé le 26 novembre 2015. La mention de titres particuliers par les gestionnaires de portefeuille se base sur les informations des portefeuilles à la date de la table-ronde. Toute référence à une société, un titre, un secteur, ou un marché en particulier ne doit pas être interprétée comme une intention de réaliser des transactions concernant un fonds géré par Placements NEI. Ces documents peuvent contenir certains énoncés de nature prospective. Veuillez noter que ces énoncés ne représentent pas des garanties concernant des rendements futurs et les résultats réels peuvent être substantiellement différents de ceux évoqués. Il n’existe aucune garantie que les objectifs de placements seront atteints ou qu’un placement donné s’avérera rentable. Des commissions, commissions de suivi, frais de gestion et dépenses peuvent tous être associés à des investissements dans des fonds communs de placement. Veuillez lire le prospectus sur les fonds communs de placement avant d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur change fréquemment et le rendement antérieur peut ne pas être reproduit. Placements NEI, Fonds Éthiques, Fonds Nord-Ouest, Faire des gains. Faire la différence et Un meilleur rendement à moindre risque sont des marques déposées et des marques de commerce détenues par Placements NordOuest & Éthiques s.e.c.

22015 • 2016

Commençons par revenir sur l’année qui s’est écoulée. Qu’est-ce qui vous a surpris en 2015? ..........................................................................3

La volatilité boursière du troisième trimestre 2015 représente-t-elle une correction classique ou s’agit-il de quelque chose de plus sérieux? ......................................................................................................................................................................................................................4

Le ralentissement en Chine : Les autorités chinoises en ont-elles fait assez et doivent-elles en faire plus en 2016? .................................5

Parlons des marchés émergents : Dans quelle mesure le ralentissement affecte-t-il votre catégorie d’actif? .............................................6

À quel point les difficultés des économies des marchés émergents et de la Chine peuvent-elles nuire au secteur des matières premières et des ressources du Canada? ..............................................................................................................................................................8

Quelles peuvent être les conséquences de l’élection d’un gouvernement fédéral libéral majoritaire sur l’économie canadienne et les marchés financiers? ......................................................................................................................................................................................8

Où dénicher des opportunités obligataires dans le contexte actuel de faibles taux? ..............................................................................................9

Quelles sont vos anticipations en matière de hausse des taux d’intérêt aux États-Unis pour 2016? ...............................................................10

Les actions américaines peuvent-elles continuer à progresser en 2016? ..................................................................................................................10

La BCE semblant décidée à prolonger ses assouplissements monétaires, pensez-vous que les effets soient durables? ...................... 11

La Conférence sur les changements climatiques des Nations unies aura-t-elle un impact sur certains secteurs dans lesquels vous investissez? .............................................................................................................................................................................................................12

Quelle philosophie ou méthode de placement faut-il privilégier pour obtenir un meilleur rendement en 2016? .......................................13

DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES BOURSIÈRESPerspectives des marchés pour 2016

Page 3: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

32015 • 2016

MYLES BRADSHAW Notre plus grande surprise a été le niveau général de volatilité. Deux épisodes survenus en 2015 méritent particulièrement d’être soulignés : Le premier, au cours du deuxième trimestre, lorsque les rendements des obligations d’État allemandes ont été ramenés de 5 pdb à 100 pdb en l’espace de quelques semaines. Le second, au cours du mois d’août, lorsque les actions américaines ont enregistré une correction de 10% qui s’est propagée aux actifs à risque, en raison d’un léger repli de 4 % du Renmimbi chinois. Ces fluctuations ont été en réalité provoquées davantage par des facteurs techniques, en particulier le manque de liquidité sur le marché, que par une évolution des données fondamentales. J’en ai été surpris, car la Banque centrale européenne est censée supprimer la volatilité. En outre, des événements aussi peu significatifs ne devraient pas avoir de telles conséquences alors que les taux d’intérêt américains plafonnent à 0 %.

JOSH RANK De mon côté, trois événements m’ont interpellé en 2015. Premièrement, la Réserve fédérale n’a pas relevé les taux tandis que l’économie américaine paraît relativement vigoureuse. Le statu quo de septembre a provoqué davantage de questions que de réponses auprès des investisseurs. Deuxièmement, la dévaluation du yuan s’est avérée encore plus consternante pour les perspectives de croissance en Chine et même dans les marchés émergents. Troisièmement, la faiblesse des cours des matières premières persiste. L’amplitude de la chute des prix des matières premières (pétrole/minerai de fer/cuivre/or) n’était pas nécessairement une surprise, mais sa durée étonne tout le monde. En ce qui concerne le pétrole en particulier, nous pensions que l’offre diminuerait plus rapidement et que les prix remonteraient plus vite, une fois l’équilibre offre/demande rétabli. Ce déséquilibre s’est toutefois maintenu en grande partie à cause des gains de productivité enregistrés par les sociétés, lesquelles ont diminué leurs coûts de production de sorte à maintenir leur rentabilité, malgré des prix de vente plus faibles.

CHRISTINE HUGHES En ce qui me concerne, j’ai été très surprise en 2015 par le temps qu’il a fallu à la baisse du prix du pétrole pour se traduire par une reprise des dépenses de consommation. Je pensais au départ qu’il aurait fallu moins de six mois, mais aucun effet n’a été ressenti avant presque une année. Malgré ce retard, les dépenses de consommation ont réellement accéléré (quoique de façon un peu moins nette pour les biens), alimentant probablement l’actuel rythme de l’économie américaine.

Perspectives des marchés pour 2016NEI : Nous évoquerons au cours de cette table ronde entre gestionnaires de portefeuille les données aberrantes, prévisions et tendances des marchés pour 2016. Je suis en compagnie de quatre membres de l’équipe de gestion de portefeuille de NEI : Myles Bradshaw d’Amundi Asset Management, Christine Hughes d’OtterWood Capital Management, Jim MacDonald d’Addenda Capital et Josh Rank de Principal Global Investors. Commençons par revenir sur l’année qui s’est écoulée. Qu’est-ce qui vous a surpris en 2015?

JIM MACDONALD Comme chaque année, de nombreuses choses m’ont surpris. Les variations de change ont pesé lourd dans le rendement des actions étrangères. Comme vous savez, le marché boursier américain n’a pas enregistré une excellente année, mais si vous tenez compte des rendements en dollars canadiens, la situation est bien meilleure. Les gains ont été encore plus élevés sur les marchés EAEO (Europe, Australasie et Extrême-Orient) en monnaies locales. Même si le ralentissement de l’économie chinoise était prévu, nous nous attendions à davantage de vigueur au niveau mondial pour 2015. Le statu quo de la Réserve fédérale nous a surpris, alors que c’était pour nous la grande inconnue. Nous pensions comme tout le monde qu’elle relèverait les taux plus tôt dans l’année, vers le mois de septembre. Au risque de paraître à contre-courant, les hausses de taux sont normalement des bonnes nouvelles, et l’incertitude concernant la première hausse aux États-Unis depuis 2006 a pesé sur le marché.

Le statu quo de la Réserve fédérale nous a surpris, alors que c’était pour nous la grande inconnue. Nous pensions comme tout le monde qu’elle relèverait les taux plus tôt dans l’année, vers le mois de septembre.

JIM MACDONALD

Page 4: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

42015 • 2016

JOSH RANK La situation au troisième trimestre nous est apparue comme une correction boursière provoquée par les incertitudes émanant de la situation en Chine : effondrement du marché boursier, grossier soutien par les autorités, dévaluation soudaine du yuan après des années d’appréciation. Ces événements ont poussé les investisseurs à se demander : « Est-ce que ça va donc si mal en Chine? » Si la Chine devait enregistrer un atterrissage brutal, nous pensons que les répercussions auraient été massives justifiant les inquiétudes enregistrées au troisième trimestre. Nous estimons que la croissance en Chine se stabilise, mais à un niveau inférieur à celui anticipé par les autorités. Le pays dispose toujours de nombreux leviers pour stimuler son économie et il les exploite à plein. Une croissance acceptable dans les marchés développés devrait permettre de limiter l’endettement et éviter un excès d’émissions en provenance des marchés émergents, prévenant ainsi une crise financière d’amplitude plus importante.

CHRISTINE HUGHES Je crains que quelque chose de sérieux ne se trame. Nous avons vu un repli sévère au troisième trimestre, puis un rebond qui m’a paru très faible et de qualité médiocre. À court terme, nous n’anticipons aucun problème. Les difficultés de cet été se révéleront au cours des deux premiers trimestres de 2016, et il me semble que la conjoncture sera délicate pour les marchés émergents, les matières premières et le niveau d’endettement.

JIM MACDONALD Je pense également que la volatilité du troisième trimestre est une correction boursière typique. De nombreuses raisons expliquent la reprise de volatilité constatée durant le trimestre, notamment les fluctuations de devises et de matières premières, la faiblesse de l’économie mondiale, l’incertitude à propos de la Réserve fédérale américaine et l’augmentation des enjeux géopolitiques. Si on se fie aux deux dernières années, les marchés boursiers ont effectivement enregistré une très nette progression. La volatilité du dernier trimestre apparaît donc plutôt normale, contrairement aux périodes précédentes au cours desquelles les principaux marchés s’appréciaient sans aucune correction. Je pense que le niveau élevé des valorisations en ce moment rend les actions plus vulnérables à l’actualité et aux corrections que durant les années précédentes de ce cycle haussier.

MYLES BRADSHAW Selon moi, il s’agit d’une correction boursière typique. Nous devons savoir pourquoi le repli a été aussi brutal. La dévaluation du renminbi a surpris les investisseurs. Ils ont commencé à se demander si les autorités chinoises disposaient d’informations économiques auxquelles ils n’avaient pas accès. Dès l’instant où apparaît une incertitude, tout le monde commence à réduire ses positions à risque. L’événement s’étant déroulé en été, lorsque les marchés sont très peu liquides, la volatilité boursière a été exacerbée, créant ainsi un

NEI : Certains ont déclaré que la volatilité de cette année vous a surpris. Il n’y a aucun doute que la volatilité du troisième trimestre a constitué un des principaux événements de l’année. Est-ce selon vous une correction boursière typique ou pourrions-nous avoir à gérer un phénomène plus sérieux?

Je crains que quelque chose de sérieux ne se trame. Nous avons vu un repli sévère au troisième trimestre, puis un rebond qui m’a paru très faible et de qualité médiocre.

CHRISTINE HUGHES

Selon moi, il s’agit d’une correction boursière typique. Nous devons savoir pourquoi le repli a été aussi brutal. La dévaluation du renminbi a surpris les investisseurs. Ils ont commencé à se demander si les autorités chinoises disposaient d’informations économiques auxquelles ils n’avaient pas accès.

MYLES BRADSHAW

Page 5: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

52015 • 2016

cercle vicieux au cours duquel la baisse des actifs à risque entretenait les préoccupations des investisseurs et précipitait le mouvement baissier. Il me semble que les événements suivants m’ont confirmé qu’il s’agissait d’une correction boursière typique : 1) le ralentissement chinois n’est pas aussi grave qu’on ne le pensait avant le mois d’août 2) la dévaluation du renminbi ne reflète pas l’évolution significative de la politique économique chinoise, et 3) les données économiques américaines ont démontré de nouveau une certaine vigueur, suggérant que, dans l’ensemble, les États-Unis et les économies occidentales résisteraient à ce ralentissement en provenance de la Chine.

NEI : Restons sur la question de la Chine : nous avons vu que les effets d’un ralentissement en Chine peuvent jouer sur le moral des investisseurs à l’échelle mondiale.

a) Quelle est votre opinion sur l’initiative du gouvernement jusqu’à présent; pensez-vous que celui-ci en a fait assez; pourrait-il en faire davantage en 2016 et dans quelle mesure cela affectera-t-il vos différentes catégories d’actifs?

b) Compte tenu de ce que le gouvernement chinois a déjà fait et du fait qu’il dispose d’opportunités pour en faire davantage en 2016, pensez-vous que la Chine puisse atteindre son objectif de croissance de 6,5 % pour 2016?

JIM MACDONALD Les Chinois font tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir leur croissance, tout en évoluant progressivement vers une économie orientée vers la consommation et non plus vers les exportations. La transition a peut-être été trop abrupte au cours des derniers trimestres, occasionnant un certain nombre d’erreurs. Leur promotion des premiers appels à l’épargne publique à la Bourse de Shanghai comme solution alternative de financement pour les sociétés en difficulté s’est avérée une double erreur. Ils ont effectivement eu à renflouer le marché lorsqu’il a vacillé, alors que cet effondrement nuisait à de nombreux investisseurs qui auraient pu contribuer à relancer la consommation en Chine. La dévaluation de la monnaie chinoise a été interprétée comme une action désespérée pour certains observateurs, mais nous avons au contraire estimé qu’elle était sensée. Le yuan étant lié au dollar US, il s’est apprécié jusqu’à freiner les exportations. La dévaluation était un choix logique. La Chine a depuis diminué ses taux d’intérêt et ses exigences en matière de réserve, offrant le plus de soutien possible à son économie. Bien qu’un léger ralentissement puisse persister, nous estimons que la Chine dispose d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir son économie, laquelle pourrait atteindre un taux de croissance d’environ 6,5 % en 2016.

MYLES BRADSHAW Le gouvernement chinois a récemment admis que la croissance serait plus faible l’année prochaine, réduisant sa cible à 6,5 %, contre 7 % auparavant.. Ils se sont donc donné du mal : assouplissement de leur politique monétaire, baisse des taux d’intérêt et apport de liquidités aux banques de sorte que celles-ci puissent refinancer les gouvernements régionaux Nous tablons sur une croissance légèrement plus faible en Chine, soit environ 6 % en taux annuel. Je pense qu’il serait raisonnable de s’attendre à un effort supplémentaire de la part des autorités pour traiter cette situation, notamment par de nouveaux assouplissements monétaires et budgétaires. Je ne pense pas qu’une croissance légèrement plus faible pose un risque systémique aux actifs à risque à l’échelle mondiale. Les devises matières premières subiront toujours une pression baissière, reflétant le fait que les taux d’intérêt dans les pays producteurs, tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, offrent davantage de valeur qu’aux États-Unis. En outre, le resserrement de la Réserve fédérale et l’assouplissement de la Banque populaire de Chine risquent de créer une pression sur les taux de change de la région Asie-Pacifique. Toutefois, il s’agit davantage d’un établissement relatif des prix que d’une réévaluation de la croissance mondiale reflétée par les bons du Trésor ou le marché boursier.

Page 6: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

62015 • 2016

CHRISTINE HUGHES Le gouvernement chinois a fait tout ce qui était en son pouvoir ou presque pour traiter les enjeux auxquels il est confronté, tout en évitant une panique généralisée. Il dispose d’une certaine marge de manœuvre pour diminuer encore les taux d’intérêt ou mettre en œuvre des mesures de relance budgétaire que la population attend mais, en tout état de cause, je ne pense pas que cela sera suffisant. L’endettement est tout simplement trop élevé dans le secteur immobilier, tout comme pour les entreprises détenues par l’État. Tous ces problèmes accableront notre économie et se révéleront en 2016, particulièrement au premier semestre. Évidemment, l’effet sera direct sur les marchés émergents, mais pourraient menacer à terme les marchés développés, notamment les États-Unis. La Chine ne sera absolument pas en mesure d’atteindre un taux de croissance de 6,5 %, mais plutôt de 4 % et peut-être moins. Les contraintes auxquelles la Chine fait face et la sévérité de son ralentissement économique ne sont pas de très bon augure.

JOSH RANK Les pouvoirs publics ont réagi lentement, reconnaissant qu’ils avaient un problème d’endettement et ne souhaitant pas l’exacerber. Cependant, ils commencent à s’inquiéter de la croissance et à redoubler d’efforts. Cela risque de créer des problèmes plus graves par la suite, lorsqu’il faudra bien commencer à réduire l’endettement. L’effet potentiel pour les titres à rendement élevé dépendra de l’appétit pour le risque des investisseurs. Si le ralentissement en Chine se poursuit ou s’aggrave et que des préoccupations plus sérieuses se matérialisent, il me semble que les actions pourraient alors dévisser, occasionnant indirectement un effet sur la valeur relative des placements à rendement élevé. Toutefois, il me semble que cette catégorie d’actif s’est déjà repositionnée, car nous avons remarqué une divergence relative avec les actions à partir de fin septembre 2015, l’indice S&P500 ayant progressé de près de 11 % alors que les placements à rendement élevé n’ont avancé que de 1 %1 . Nous doutons que le taux de croissance officiel de l’économie chinoise soit effectivement de 6,5 %2 en ce moment. Il nous semble que le taux réel pourrait n’être que de 4 % ou 5 %, l’économie chinoise est tellement opaque que personne ne sait vraiment. Les dépenses de consommation semblent avoir résisté, mais le secteur industriel est en réalité proche de la récession. Les entreprises chinoises détenues par l’État continuant à produire, les problèmes d’offre excédentaire persistent.

NEI : Il semble que les craintes d’un ralentissement de la croissance ne concerne pas uniquement la Chine, mais également le reste du monde compte tenu de la récente révision à la baisse des prévisions de croissance mondiale de l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement économique) pour 2016 en raison du ralentissement des échanges). Selon vous, dans quelle mesure les marchés émergents vont-ils peser dans votre catégorie d’actif?

Sources:1 Barclays Capital and Bloomberg2 Bloomberg

CHRISTINE HUGHES L’impact d’un dollar américain fort sur toutes les dettes libellées en dollars américains est le principal problème qui se posera aux marchés émergents. La faiblesse des marchés émergents risque de s’accentuer en 2016 et pourrait mettre en péril le système financier tout entier. Glencore, un opérateur sur marchandises de premier plan qui intervient principalement sur le marché des métaux, a été durement touché par le ralentissement des marchés émergents et des ventes des matières premières; ses swaps sur défaillance se sont détériorés de jour en jour au cours du quatrième trimestre 2015. Je pense que Glencore a de bonnes chances d’être en défaut l’année prochaine et je m’inquiète de l’effet de contagion qu’un tel événement pourrait avoir sur le reste des marchés émergents.

Il nous semble que le taux réel pourrait n’être que de 4 % ou 5 %, l’économie chinoise est tellement opaque que personne ne sait vraiment. Les dépenses de consommation semblent avoir résisté, mais le secteur industriel est en réalité proche de la récession.

JOSH RANK

La faiblesse des marchés émergents risque de s’accentuer en 2016 et pourrait mettre en péril le système financier tout entier.

CHRISTINE HUGHES

Page 7: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

72015 • 2016

NEI : M. Bradshaw, vous avez dit que vous prévoyiez des pressions sur les marchés de plusieurs grands pays. Pensez-vous qu’un nouveau ralentissement sur les marchés émergents soit possible?

Sources:3 Barclays Capital

JIM MACDONALD Bien qu’ils ne fassent pas tous partie de la région EAEO, les marchés émergents ont néanmoins été les moteurs de la croissance de l’économie mondiale après la crise financière et nous ont redonné espoir au début de la phase de redressement. Malheureusement, ils ont récemment perdu de l’élan. Alors que l’Inde et la Corée du Sud ont encore une influence positive, la plupart des marchés se sont effondrés et certains, notamment le Brésil et la Russie, sont même en difficulté. La hausse de la devise américaine nuit aux marchés émergents puisque la plupart de leurs projets étaient financés par de la dette en dollars américains. En raison de la forte progression du dollar américain, les capitaux se sont taris dans ces marchés, et certains pays comme le Brésil et la Russie font face à des problèmes particuliers. Nos économistes prévoient un léger rebond des marchés émergents hors Chine en 2016, mais ils pensent que les problèmes pourraient persister au Brésil, en Russie et en Chine. C’est bien évidemment un facteur limitant pour l’ensemble du marché EAEO. En ce qui concerne notre portefeuille, son exposition aux marchés émergents n’est qu’indirecte. C’est-à-dire que nous ne possédons pas de titres de sociétés basées dans ces pays, mais avons investi dans des multinationales qui tirent une bonne partie de leur revenu des consommateurs des marchés émergents. Cela nous permet de tirer parti de la croissance de ces marchés, tout en réduisant les risques politiques et de change inhérents aux placements directs dans ces pays.

JOSH RANK Oui, nous craignons un nouveau ralentissement dans les marchés émergents. Dans l’ensemble, les sociétés des marchés émergents ont vu leur dette augmenter de manière conséquente. Les profits ayant laissé place à des pertes, les remboursements de dette deviennent problématiques. Le désendettement est toujours accompagné d’un ralentissement de la croissance et c’est ce qui pourrait bien se passer. Fondamentalement, les marchés émergents influent très peu sur notre catégorie d’actif, puisque ces sociétés ne représentent pas l’essentiel de notre stratégie de placement. Par ailleurs, la catégorie des titres à rendement élevé est ancrée sur les marchés développés, puisque environ 80 % des titres sont émis par des sociétés domiciliées en Amérique du Nord et les 20 % restant concernent majoritairement des sociétés basées en Europe de l’Ouest3 . Ceci dit, il existe un risque potentiel pour les titres à rendement élevé en termes d’appétit pour le risque des investisseurs. Si le ralentissement se poursuit ou s’accélère en Chine (et que les inquiétudes concernant la croissance mondiale se confirment), alors le cours des actions s’effondrera sans doute, entrainant des répercussions sur la valeur relative de la catégorie des titres à rendement élevé.

MYLES BRADSHAW Les perspectives de croissance pour les marchés émergents resteront probablement mitigées, mais je pense qu’elles s’améliorent. On le voit dans les prévisions officielles qui laissent penser que la récession pourrait être moins sévère en 2016 qu’en 2015 dans des pays comme le Brésil et la Russie. D’après moi, les valorisations sont devenues plus intéressantes en 2015, mais les données fondamentales restent un problème. Beaucoup d’économies des marchés émergents sont encore en difficulté face à la chute des prix des matières premières, et leur capacité d’adaptation est limitée par les politiques locales. De plus, nous allons potentiellement être confrontés à une augmentation des taux de la Fed, ce qui veut dire que les capitaux internationaux convergent vers les États-Unis, au détriment des marchés émergents. Une situation à laquelle les gouvernements des marchés émergents doivent s’adapter. Nous observons attentivement la catégorie d’actif, mais nous ne sommes pas prêts à réaliser un placement stratégique majeur. Nous préférons attendre d’avoir une vision plus précise de la réponse des gouvernements locaux et de l’impact d’une hausse du taux d’intérêt américain sur les flux de capitaux internationaux.

Page 8: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

82015 • 2016

NEI : Nous savons que les secteurs des ressources et des matières premières du Canada souffrent d’une faible demande mondiale. Christine, quelles sont vos prévisions pour le Canada compte tenu des informations que nous avons à ce jour?

CHRISTINE HUGHES Les relations privilégiées que le Canada entretient avec les États-Unis nous ont vraiment aidés en 2015, parce que l’économie américaine s’en est plutôt bien tirée. Dernièrement, la presse a fait état de l’affaiblissement de notre marché immobilier. Je partage cette inquiétude, qui vaut également pour le marché boursier dans son ensemble. Parce que nos banques détiennent toutes ces hypothèques dans leurs livres, un affaiblissement du marché de l’immobilier nuira potentiellement à leurs résultats de façon importante. Compte tenu des risques sur le marché immobilier, les banques canadiennes restent beaucoup plus chères que les banques américaines et internationales. Il s’agit de ma principale préoccupation pour 2016. Même si les valorisations de nos banques rejoignent celles de leurs homologues américaines et internationales, la baisse sera significative en pourcentage. Néanmoins, si leurs titres se négocient comme dans les années 1990, le repli pourrait être encore plus important. Dans de telles circonstances, tous les efforts de la Banque du Canada pour assouplir ses politiques seront vains, puisque les banques commenceront à renforcer leurs normes de prêts. Nous commencerons à observer ce phénomène dans les enquêtes auprès des responsables du crédit, lesquels montreront vraisemblablement que les prêts ne sont pas octroyés, malgré l’assouplissement de la banque centrale.

NEI : M. MacDonald, d’un point de vue international, quel impact les secteurs des ressources et des matières premières auront-ils sur l’économie canadienne dans un futur proche, selon vous?

JIM MACDONALD Nous estimons que le secteur des ressources atteindra bientôt le creux de la vague, mais qu’il ne devrait pas rebondir considérablement au cours de l’année à venir. Cela dépendra fortement de votre estimation des prix du pétrole. La clé est de vendre l’offre excédentaire qui existe déjà sur le marché ainsi que la grande quantité de stocks disponibles. L’atteinte d’un creux représenterait déjà une amélioration pour le Canada, mais il nous faut un marché américain vigoureux afin d’écouler nos autres exportations et ainsi de compenser la faiblesse du secteur des ressources de l’Ouest canadien. La reprise de l’économie canadienne ne peut être que progressive, car tous les autres pays tentent de gagner des parts de marché aux États-Unis avec une devise aussi faible que la nôtre. Cela ne sera pas facile, même si nous bénéficions d’une grande proximité géographique et relationnelle avec la première économie mondiale. La faiblesse des taux et la possibilité de relance budgétaire sous forme de dépenses apporteront normalement de l’eau au moulin, et nous ne pensons toutefois pas que les taux descendent encore.

NEI : Quelles seront les conséquences de l’élection d’un gouvernement fédéral libéral majoritaire sur l’économie canadienne et les marchés financiers?

CHRISTINE HUGHES Historiquement, les marchés boursiers ont mieux progressé avec un gouvernement libéral majoritaire qu’avec un gouvernement conservateur majoritaire4 , les libéraux me semblant apprécier davantage les déficits. Cela peut s’avérer positif à court terme, puisqu’il s’agit de croissance et de hausse du marché boursier. À long terme, en revanche, les déficits risquent de compromettre l’équilibre du budget fédéral.

La reprise de l’économie canadienne ne peut être que progressive, car tous les autres pays tentent de gagner des parts de marché aux États-Unis avec une devise aussi faible que la nôtre. Cela ne sera pas facile, même si nous bénéficions d’une grande proximité géographique et relationnelle avec la première économie mondiale.

JIM MACDONALD

Sources:4 Canacord Genuity

Page 9: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

92015 • 2016

NEI : M. MacDonald, à votre avis, quelle sera l’incidence de l’élection d’un gouvernement fédéral libéral majoritaire sur l’économie et les marchés financiers?

NEI : Bradshaw, vous apportez une perspective non canadienne, quelle est votre opinion sur ce gouvernement majoritaire pour les investisseurs en obligations mondiales?

JIM MACDONALD Les mesures de relance budgétaire promise par les libéraux pourraient apporter 0,5 % de croissance à l’économie canadienne, mais de façon seulement progressive en 2016, pour se ressentir pleinement en 2017. Sinon, nous pensons comme le marché et ne voyons pas grand avantage à ce nouveau gouvernement qui d’ailleurs nous préoccupe un peu, en raison de son manque général d’expérience. Il me semble plus en mesure de faire évoluer le Canada dans la bonne direction sur la question du climat, reste à savoir si cela profitera à l’économie à court terme.

MYLES BRADSHAW Je ne vois pas grande incidence pour les obligations mondiales et même pour les obligations canadiennes, l’impact devrait être léger. Il me semble que le gouvernement canadien poursuivra une politique économique de relance ou, en tout cas, moins austère que le gouvernement précédent. Le phénomène se déroule par ailleurs un peu partout, même au Royaume-Uni. Je ne pense pas que le Canada ait atteint un niveau de dette insoutenable pour le marché obligataire. En tout cas, si le gouvernement souhaite relancer l’économie par son action, la politique monétaire pourrait devenir moins nécessaire et la perspective d’une baisse des taux s’éloignerait. En réalité, il me semble que le vecteur de rendement essentiel pour les obligations canadiennes dépendra du prix des matières premières et de son incidence en termes d’investissement dans ce secteur d’activité. Il s’agit du réel enjeu, peu importe le parti au pouvoir au Canada.

NEI : Les banques centrales ont conservé des taux d’intérêt bas afin de stimuler la croissance, encourageant ainsi les investisseurs à rechercher du rendement de toutes les façons possibles. Pour MM. Rank et Myles : Pensez-vous que la tendance se poursuivra en 2016? Le cas échéant, où se trouveront les opportunités sur le marché obligataire?

MYLES BRADSHAW Il me semble clair que la hausse des taux d’intérêt américains pourra ralentir la course au rendement en dollars de l’investisseur. La tendance a pesé sur les marchés émergents une bonne partie de l’année. Si vous analysez la situation d’un point de vue mondial, la BCE renforce sa politique de relance et le Japon poursuit ses assouplissements quantitatifs, des aspects qui poussent les investisseurs à rechercher du rendement en dehors de leurs marchés locaux. Il faut également tenir compte de leur désir accru pour une gestion plus active, davantage centrée sur le rendement global, grâce à une panoplie de placements plus large, selon des stratégies plus diversifiées qu’un simple prélèvement d’un revenu sur le portefeuille obligataire en tant que tel.

Si vous souhaitez être actif et disposer d’une protection en cas d’une hausse rapide des taux aux États-Unis, ces fonds communs mondiaux de capitaux nous semblent plus adéquats en cas d’aplanissement de la courbe des taux aux États-Unis, soutenant les taux à 10 ans contrairement à la portion à deux ans qui dépend étroitement de l’action de la Fed.

JOSH RANK Je pense que cette recherche de rentabilité ne risque pas de s’arrêter demain matin. Même avec une légère hausse des taux aux États-Unis, les marchés à rendement élevé ont démontré une corrélation historiquement faible avec les taux des emprunts d’État. La catégorie d’actif inscrivant maintenant des rendements à 8 %, elle devrait donc s’attirer les faveurs des investisseurs institutionnels et particuliers au cours des 12 prochains mois. Les économies européennes poursuivant leur lente reprise, les obligations Yankee nous paraissent renfermer de la valeur. Il s’agit d’obligations à rendement élevé émises par des sociétés européennes sur le marché américain (et libellées en $ US).

Page 10: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

102015 • 2016

NEI : M. Bradshaw, vous amenez un point intéressant à propos des taux d’intérêt. Pour les autres, quel serait l’effet de la hausse attendue des taux d’intérêt aux États-Unis? Commençons par M. Rank.

JOSH RANK Les écarts sur les titres à rendement élevé dépassant les moyennes historiques (à + 600 pdb), nous anticipons qu’une hausse des taux ait un effet très limité sur la catégorie d’actifs compte tenu de rendements à 8 %. Sur le plan historique, les titres à rendement élevé ont démontré une très faible corrélation avec les obligations d’État (virtuellement nulle), notamment grâce à une marge de sécurité adéquate par rapport aux bons du Trésor, laquelle devrait se répéter en 2016. Toutefois, en raison d’une divergence de politique monétaire à l’échelle mondiale, nous nous attendons à ce que la volatilité demeure élevée.

JIM MACDONALD Nous ne nous attendons pas à une hausse importante des taux d’intérêt en 2016. Même si une embellie modeste se dessine l’année prochaine, l’économie mondiale nous parait toujours trop faible, l’endettement reste élevé et le risque de déflation persiste. Même si les taux fédéraux pouvaient observer une ou deux augmentations en 2016, les marchés boursiers aux États-Unis ou ailleurs ne devraient pas en pâtir. La Réserve fédérale a clairement indiqué qu’elle amorçait doucement une normalisation. Il ne s’agit pas d’un resserrement à la manière de ce que nous avons connu dans le passé. Le marché boursier s’est nourri d’un excès de liquidité qui toutefois demeure réel en Europe, au Japon et même maintenant au Canada, grâce à des relances monétaires et budgétaires complémentaires. Nous ne nous attendons pas à ce que la hausse des taux aux États-Unis pénalise les marchés boursiers nord-américains ou de la région EAEO. Nous pensons que ceux-ci ne souffriront que lorsque les banques centrales amorceront un réel resserrement, mais ça n’est pas pour tout de suite.

CHRISTINE HUGHES Si les taux d’intérêt grimpent réellement aux États-Unis, nous sommes certains que les marchés émergents commenceront à sérieusement souffrir. Le principal mécanisme créant une tension sur les marchés émergents est constitué par la vigueur du dollar et par son effet sur les titres de créance libellés en dollars US hébergés sur ces marchés. Il ne s’agit pas tellement de l’avantage procuré par une hausse des taux d’intérêt, soit 0,25 % de versements supplémentaires, mais plutôt de l’incidence d’un dollar US fort sur le coût de ces dettes pour les étrangers. Le billet vert remontera nettement puisque la Fed se prépare à relever ses taux, tandis que l’Europe et le Japon impriment de la monnaie à un rythme jamais atteint, risquant l’implosion de leur devise. Vous obtenez donc une fluctuation monétaire extrême et je ne pense pas que le système financier mondial puisse l’absorber. Cette faiblesse se répandra ensuite aux marchés développés et concernera tous les actifs à risque : actions, matières premières, titres à rendement élevé et prêts bancaires. Je crains que nous soyons confrontés à des problèmes de défaillance et j’ai déjà identifié potentiellement Glencore à ce propos.

NEI : Les valorisations aux États-Unis ne sont pas vraiment abordables depuis le rebond rapide d’octobre dernier. Les actions américaines peuvent-elles progresser en 2016?

CHRISTINE HUGHES À mon avis, les actions américaines ne pourront pas progresser l’année prochaine. On assistera à deux séquences : une première qui sera aussi délicate que les problèmes mentionnés plus tôt, au cours des deux premiers trimestres; puis une seconde, une fois la situation de l’endettement dans les marchés émergents clarifiée.

JIM MACDONALD Seule une hausse des bénéfices peut permettre aux actions de progresser. Nous nous attendons, et souhaitons, une hausse des bénéfices en 2016, sans grand effet sur les valorisations. À l’exception du secteur de l’énergie, l’année 2015 n’a pas été mauvaise. Les bénéfices du secteur de l’énergie de l’indice S&P ont abandonné 53 %, une situation relativement dommageable dans l’ensemble. Nous nous attendons en 2016 à ce que les bénéfices, notamment pour les sociétés pétrolières, rebondissent et nous apportent une légère croissance. Les valorisations sont onéreuses actuellement, plus qu’avant, et selon nous la volatilité ne fera qu’augmenter à mesure que les ratios cours/bénéfices remontent. Compte tenu de marges déjà relativement élevées, nous recherchons une croissance des revenus afin que les bénéfices gonflent à mesure que la reprise prend de l’ampleur.

Page 11: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

112015 • 2016

NEI : Les assouplissements quantitatifs en Europe semblent avoir animé la croissance économique, sans avoir toutefois eu d’effets favorables sur l’inflation, qui demeure anémique sur ce continent. La Banque centrale européenne souhaitant vraisemblablement étendre ou intensifier ses assouplissements, peut-on s’attendre à un effet durable? En d’autres termes, ne s’agit-il pas d’argent facile qui gonfle le prix des actifs?

MYLES BRADSHAW Il faut se souvenir de deux choses : D’abord, nous pensons que l’inflation globale accélérera rapidement l’année prochaine, car le pétrole s’est stabilisé quelque peu depuis sa dégringolade de 50 % au dernier trimestre 2014. Deuxièmement, c’est l’inflation de base qui intéresse les banques centrales. La principale inquiétude de la BCE est la crédibilité de son objectif d’inflation de 2 %, à la lumière des différents indices de hausse des prix jusqu’à présent enregistrés. 1) L’inflation de base à 1,1 % demeure trop faible. 2) Les anticipations d’inflation à moyen terme sur le marché n’ont pas beaucoup évolué au cours des neuf derniers mois d’assouplissements monétaires. Bien que je m’attende à ce que la BCE poursuive ses assouplissements, je pense que chaque euro supplémentaire apporte un effet plus faible que le précédent, mais toutefois positif pour le marché. Comme l’ont montré les États-Unis, les assouplissements monétaires peuvent être durables, si et seulement si, ils se traduisent par une restauration de la confiance et une hausse du PIB nominal qui justifie une hausse des valorisations des actifs à risque. Les États-Unis ont amorcé leurs assouplissements quantitatifs il y a environ huit ans, il nous faudra donc encore un certain temps pour mesurer les effets de ceux entrepris en Europe.

JOSH RANK L’inflation ne me semble plus être un problème en Europe. La faiblesse de l’inflation s’explique aujourd’hui principalement par l’effondrement du prix des matières premières et par la surcapacité existante sur le marché de l’emploi de la zone euro. Les assouplissements quantitatifs ont certainement créé de l’« argent facile » mais, dans l’ensemble, la région se remet de sa crise financière, grâce notamment à une monnaie unique dépréciée et au plongeon enregistré par le pétrole. Nous observons un redressement des obligations de sociétés, les petites entreprises pouvant accéder plus facilement aux crédits dont elles ont besoin.

CHRISTINE HUGHES Je ne pense pas que les effets des assouplissements quantitatifs seront durables, les dernières mesures de ce type ne l’ayant pas été. La BCE évoque déjà un accroissement de son programme, lequel a pourtant commencé il y a moins d’un an. Nous nous attendons à ce que les actifs gonflent en conséquence, mais personne ne sait combien de temps cela durera. Les gains complémentaires dépendront largement du montant d’argent ainsi créé. Le problème d’une relance monétaire complémentaire de la part de la BCE se pose par rapport au dollar US, dont la valeur augmentera encore alors que l’endettement mondial libellé dans la devise américaine est déjà très élevé. Toute hausse du billet vert augmentera le service de la dette, au détriment de tous.

JIM MACDONALD Nous estimons que l’économie européenne accuse un retard probable d’au moins deux ans par rapport aux États-Unis, car la résolution de la crise du crédit a été laborieuse et parce que le problème de la monnaie unique s’accompagne de difficultés budgétaires distinctes les unes des autres. Les États les plus fragiles du pourtour méditerranéen ont besoin d’une monnaie qui réagira en fonction de leurs difficultés, mais l’euro reste relativement fort en raison de la stabilité des membres nord-européens, particulièrement la puissante Allemagne. Aucune solution miracle n’est disponible, il faut simplement donner du temps au temps. Le problème grec a de nouveau fait les manchettes au premier semestre 2015 et pourrait bien resurgir prochainement. Son effet négatif sur le marché se dissipe toutefois tranquillement. Les effets positifs des assouplissements monétaires pourraient également s’estomper mais, tant qu’ils demeurent, le marché boursier ne peut qu’en bénéficier.

Bien que je m’attende à ce que la BCE poursuive ses assouplissements, je pense que chaque euro supplémentaire apporte un effet plus faible que le précédent, mais toutefois positif pour le marché.

MYLES BRADSHAW

Page 12: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

122015 • 2016

NEI : La conférence sur le changement climatique des Nations unies qui se tenait à Paris a braqué les projecteurs sur les secteurs de l’énergie et des ressources en général. Vous attendez-vous à un impact sur certains secteurs dans lesquels vous investissez?

JIM MACDONALD J’en suis convaincu. À long terme, la question du climat continuera de peser sur le secteur de l’énergie et aura également une incidence croissante sur de nombreux autres secteurs. Nous nous attendons à ce que la conférence permette des avancées, mais la solution politique ne peut venir que dans un second temps. Les dirigeants du monde entier quitteront Paris avec un mandat plus clair qu’auparavant, mais il ne faut pas en conclure que celui-ci sera ratifié par tous les pays stratégiques, notamment par les États-Unis, compte-tenu de l’impasse politique dans laquelle ils se trouvent actuellement. La question des enjeux climatiques continuera à bénéficier de gains ici et là, comme la nouvelle taxe carbone de l’Alberta (chaque petite avancée compte dans cette province), mais un accord général permettant un changement de législation par rapport à l’utilisation du carbone est bien plus complexe. Il nous faudra miser sur une évolution progressive à ce titre ou sur les progrès technologiques. Souhaitons simplement que nous n’attendions pas un événement catastrophique pour que la situation évolue d’un coup d’un seul.

JOSH RANK L’investissement responsable est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’analyser les pratiques d’affaires des sociétés dans lesquelles nous investissons les actifs de nos clients. Nous nous attendons à ce que les feux de l’actualité brillent de plus en plus sur les sociétés des secteurs des ressources naturelles et de l’énergie. Même si l’impact direct sur les placements est très limité à court terme, celui-ci devrait prendre de plus en plus d’importance au fil du temps.

MYLES BRADSHAW Je ne m’attends à aucun changement radical sur le marché obligataire à la suite de la conférence de Paris. J’ai l’impression que la volonté de privilégier de plus en plus l’énergie renouvelable est clairement partagée, en partie en raison de la sensibilisation aux changements climatiques, mais aussi à cause de la pollution à l’échelon local. Nous ne sommes pas exposés significativement aux secteurs de l’énergie et des ressources, mais je ne m’attends pas à ce que la conférence de Paris provoque de grands remous.

CHRISTINE HUGHES L’impact le plus net concernera les secteurs utilisant des combustibles fossiles. Ainsi, les entreprises qui transportent ces combustibles, celles qui effectuent les forages ou qui fabriquent les oléoducs, ainsi que toutes les sociétés industrielles qui produisent des wagons de chemin de fer pour transporter du pétrole brut seront affectées à long terme.

L’investissement responsable est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’analyser les pratiques d’affaires des sociétés dans lesquelles nous investissons les actifs de nos clients.

JOSH RANK

Page 13: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

132015 • 2016

NEI : Nous avons eu l’occasion d’entendre des opinions et des idées particulièrement intéressantes dans ce groupe composé de quatre professionnels des placements de premier plan. Bien que certaines incertitudes demeurent pour 2016, nous disposons maintenant de certaines pistes pour dénicher les opportunités. Je conclus par ces mots notre table ronde. Je tiens à remercier nos gestionnaires de portefeuille pour le temps consacré à exposer de façon particulièrement transparente leurs analyses, non seulement à propos de l’année écoulée, mais également pour l’année prochaine.

NEI : De façon générale, nous constatons de nombreuses incertitudes, économiques comme géopolitiques, à l’approche de la nouvelle année (ex. hausse des taux d’intérêt, politique des banques centrales, mutations de l’économie chinoise). Dans ce contexte, quelle philosophie ou méthode de placement faut-il privilégier pour obtenir un meilleur rendement en 2016?

JOSH RANK De notre côté, nous pensons qu’une approche agile sera de mise en 2016, compte tenu des nombreuses difficultés évoquées ci-dessus. La sélection de titres (stock picking) et le recentrage sur les données fondamentales des sociétés seront stratégiques, les événements négatifs caractéristiques exacerbant les fluctuations de cours en raison de l’intolérance générale des investisseurs à cet égard.

MYLES BRADSHAW Placement actif et diversification. La première question est : « Quel est le rôle des obligations? » Celui-ci n’a pas changé. L’ajout d’obligations à votre portefeuille réduit sa volatilité sans affecter ses rendements compte tenu d’une corrélation négative avec les actions. Il faut ensuite se poser la question de l’amélioration du rendement global par rapport à ce qui peut être obtenu sur le marché obligataire. À mon avis, il faut scruter les marchés mondiaux à la recherche de valeurs relatives et de stratégies directionnelles permettant d’enregistrer des rendements excédentaires. Cette démarche est cruciale pour 2016.

CHRISTINE HUGHES Nous privilégions une approche défensive, en actions comme en obligations, rehaussée de stratégies de protection telles que celles que nous utilisons. Vous pouvez couvrir votre exposition aux actifs à risque grâce à des stratégies sur option de vente. Les corrections boursières ne suivent pas une trajectoire rectiligne, ainsi on peut miser sur des rebonds, tels que celui que nous avons eu après les creux de septembre. Toutefois, s’il s’agit d’une réelle phase baissière, ces rebonds ne sont pas durables. Je pense qu’au cours de l’année prochaine la meilleure méthode de gestion sera constituée d’une position défensive et de la superposition de stratégies de protection.

JIM MACDONALD À notre avis, une excellente sélection des titres reste la meilleure méthode de placement à long terme. Un style de gestion axé sur des entreprises mondiales ayant des activités sur des secteurs en croissance structurelle, un positionnement de premier plan sur leur marché et une équipe de direction chevronnée devrait très bien fonctionner dans presque tous les environnements.

Page 14: DONNÉES ABERRANTES, PRÉVISIONS ET TENDANCES … · Perspectives des marchés pour 2016 Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au

142015 • 2016

Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au moment où s’est déroulée par table-ronde « Donnés aberrantes,

prévisions et tendances boursières » organisée par Placements NEI les 24 et 26 novembre 2015. Ces opinions peuvent changer au gré des évolutions

boursières et diverger de celles exprimées par d’autres collaborateurs des mêmes sociétés. Les informations et opinions exprimées durant la table-ronde

ne constituent pas un conseil en placement. Tous les titres mentionnés ne sont pas nécessairement détenus par Placements NEI et constituent pas des

recommandations ou des sollicitations visant l’achat ou la vente de ces titres. Principal Global Investors a participé à la table-ronde le 24 novembre 2015;

Amundi Asset Management, Addenda Capital Inc. et OtterWood Capital Inc. ont participé le 26 novembre 2015. La mention de titres particuliers par les

gestionnaires de portefeuille se base sur les informations des portefeuilles à la date de la table-ronde. Toute référence à une société, un titre, un secteur,

ou un marché en particulier ne doit pas être interprétée comme une intention de réaliser des transactions concernant un fonds géré par Placements NEI.

Ces documents peuvent contenir certains énoncés de nature prospective. Veuillez noter que ces énoncés ne représentent pas des garanties concernant

des rendements futurs et les résultats réels peuvent être substantiellement différents de ceux évoqués. Il n’existe aucune garantie que les objectifs de

placements seront atteints ou qu’un placement donné s’avérera rentable. Des commissions, commissions de suivi, frais de gestion et dépenses peuvent

tous être associés à des investissements dans des fonds communs de placement. Veuillez lire le prospectus sur les fonds communs de placement avant

d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur change fréquemment et le rendement antérieur peut ne pas être reproduit.

Placements NEI, Fonds Éthiques, Fonds Nord-Ouest, Faire des gains. Faire la différence et Un meilleur rendement à moindre risque sont des marques

déposées et des marques de commerce détenues par Placements NordOuest & Éthiques s.e.c.

Fonds gérés

Addenda CapitalFonds d’actions internationales Éthique NEI

Amundi Asset ManagementFonds d’obligations mondiales à rendement global NEI

OtterWood Capital Management Fonds Macro de répartition d’actifs canadiens NordOuest NEIFonds équilibré Éthique NEI

Principal Global InvestorsFonds Spécialisé d’obligations mondiales à rendement élevé NordOuest NEI