DONIZETTI LUCIA DI LAMMERMOOR - Opéra de Rouen · 2015. 9. 23. · Lucia di Lammermoor, La Fille...

SAISON 15-16

DONIZETTI

LUCIA DI LAMMERMOORLyrique

Fiche pédagogique

Quelques mots entre vous et nous…

Nous sommes très heureux de vous accueillir à l’Opéra de Rouen Nor-mandie. Cette fiche pédagogique a été rédigée afin de vous accom-pagner au mieux lors de votre venue pour Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti. Cet opéra sera peut-être une première expérience pour certains de vos élèves, une expérience renouvelée pour d’autres, nous espérons qu’il sera en tout cas un moment de découverte, d’éveil et d’émotion partagée.

Vous trouverez dans ce document quelques pistes vous permettant d’approfondir le travail en classe ou d’échanger simplement avec vos élèves avant votre venue à l’Opéra.

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et des réactions de vos élèves. Un spectacle se prépare, se vit et se prolonge ensemble !

Coordination de la fiche pédagogique: Florence De MeyerRédaction de la fiche pédagogique : Vinciane LaumonierMise en page : Célestine Dahan

Photo de couverture : Emmanuelle Brisson

Pour profiter au maximum du spectacle, voici des informations géné-rales et quelques recommandations à destination de vos élèves :

Informations générales• Pour les séances scolaires, le placement se fait en fonction du ni-veau de classe afin d’offrir à tous la meilleure visibilité. Nous vous re-mercions de respecter les places qui vous seront proposées par notre personnel d’accueil.• N’oubliez pas de nous prévenir en amont si vous avez besoin de places supplémentaires.• Les élèves sont sous la responsabilité des enseignants et des ac-compagnateurs. Nous vous remercions de rester près d’eux afin de veiller à la bonne écoute du spectacle et au respect de tous.

Recommandations à destination des élèves• Le spectacle commence à l’heure indiquée. Nous vous remercions d’arriver 30 minutes avant le début du spectacle afin d’avoir le temps de vous installer en salle.• Les boissons et nourritures sont à consommer dans le foyer bar et non dans la salle.• Les photographies, ainsi que tous types d’enregistrements, sont in-terdits.• N’oubliez pas d’éteindre vos portables lors de la représentation.• N’hésitez pas à échanger vos avis et impressions pendant les en-tractes ou à la sortie mais pas pendant le spectacle.

Nous vous souhaitons une bonne représentation !

Actions pédagogiques7 rue du Docteur Rambert 76000 Rouen02 35 98 50 [email protected]

L’Opéra de Rouen Haute-Normandie est subventionné par la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen, le Ministère de la Culture et de la Communication DRAC Haute-Normandie, le Département de l’Eure et Rouen Métropole Normandie.

Président Nicolas Mayer-Rossignol Vice-président Yvon Robert Directeur artistique et général Frédéric Roels

Donizetti

LUCIA DI LAMMERMOOR

Fiche pédagogique p. 2 Opéra de Rouen Normandie

Côté enseignants


DONIZETTI

LUCIA DI LAMMERMOORSAISON 15-16


L’argument

L’HISTOIRE D’UN AMOUR IMPOSSIBLE

L’action se déroule dans l’Écosse de la fin du XVIe siècle. Deux familles luttent entre elles, tandis que les guerres entre catholiques et protestants font rage. Les Ashton ont pris possession du château de leurs grands rivaux, les Ravenswood. Cette demeure se situe près de Lammermoor.

ACTE 1Enrico Ashton se désespère du sort de sa famille, qui est au bord de la banqueroute, et pense que seul le mariage arrangé de sa sœur Lucia avec Lord Arturo pourrait les sauver. Mais Lucia s’oppose à cette idée. Toute sa passion va à Edgardo Ravenswood, qui l’aime en retour, mais qui reste l’ennemi juré de la famille Ashton. La jeune femme confie ses tourments à sa dame de compagnie, Alisa, et lui explique qu’elle a vu en rêve le spectre d’une femme assassinée par son amant, un Ravenswood, dont le corps serait encore dans le puits. Alisa lui conseille d’oublier Edgardo.

Arrive Edgardo qui annonce à Lucia qu’avant son départ pour la France, il compte demander sa main à son frère. Mais celle-ci l’en dissuade, redoutant une réaction violente de la part d’Enrico. Edgardo, furieux, lui remémore son serment de vengeance contre la famille de Lucia, responsable de la mort de son père. Malgré ces querelles insurmontables, Lucia et Edgardo échangent l’anneau sacré, dans un somptueux duo d’amour, et se jurent une fidélité éternelle.

ACTE 2Edgardo parti pour la France, Ashton fait croire à sa sœur que son amant ne lui est pas fidèle. Il a en fait donné l’ordre d’intercepter toutes ses lettres et a arrangé un mariage entre sa sœur et Arturo Bucklaw. La jeune femme s’effondre. Raimondo arrive à la convaincre d’épouser Arturo en invoquant la mémoire de sa mère. Face au chantage du chapelain, elle accepte, mais est bien décidée à se donner la mort, une fois le mariage consacré.

Le contrat de mariage entre Lucia et Arturo est à peine signé qu’Edgardo est de retour. Stupéfait de découvrir le mariage en cours, il s’apprête à se battre avec Enrico lorsque Raimondo montre le contrat de mariage signé de la main de Lucia. Edgardo, persuadé que Lucia l’a trahi en signant ce contrat, reprend l’anneau de sa fiancée et s’enfuit en la maudissant. Un sextuor traduit alors les sentiments de chacun face à l’angoisse générale. C’est l’un des passages dramatiques les plus remarquables de toute l’histoire de l’opéra.

ACTE 3Fou de rage suite à l’intrusion de son rival politique Edgardo, Enrico se rend chez celui-ci et le provoque en duel, espérant ainsi en finir avec l’ultime représentant de la famille Ravenswood, ennemie des Lammermoor depuis des siècles.

Dans la salle des festivités, les noces virent soudain au tragique : prise de démence, Lucia poignarde son époux. Elle apparaît tachée de sang. Perdue et le regard égaré, elle s’imagine mariée à Edgardo. Au terme d’une scène traduisant sa folie complète, Lucia s’écroule, morte.

Sur la tombe de ses aïeuls, Edgardo se recueille, dans un mélange de désespoir et d’amertume vis-à-vis de Lucia. Il ignore le drame qui vient de s’écouler au Château et lorsqu’il apprend le geste fatal de sa maîtresse, il se suicide en se poignardant et meurt en prononçant le nom de sa bien-aimée, sûr de la rejoindre au ciel en rendant son dernier souffle.

Lucia di Lammermoor dans l’histoire de l’opéra :

> Cette œuvre est considérée comme un monument du répertoire et passe pour l’une des fresques opératiques les plus puissantes, où la beauté égale la violence. Elle va jouer, avec Torquato Tasso et Lucrezia Borga (1833), un rôle déterminant dans le développement de l’opéra en posant les bases du nouvel opéra romantique italien et en annonçant les œuvres à venir de Verdi.

> Des archétypes vocauxLa musique de Lucia di Lammermoor définit très bien les caractères des différents personnages grâce à des timbres bien spécifiés par Donizetti. Cette distinction a permis de camper des archétypes repris ensuite dans l’opéra belcantiste et romantique italien.

> Un morceau de bravoure qui fait dateLa longue scène de la folie de l’acte III est l’un des fleurons du bel canto romantique. La voix dialogue avec la flûte et traduit l’expression la plus profonde du désespoir et de la douleur. Il s’agit d’une scène très élaborée, bien au-delà de la simple acrobatie vocale, qui s’intègre parfaitement à l’action et qui fera date.

> Des petits rôles intéressantsTout l’opéra est finement construit pour mettre en valeur les associations de voix. Ainsi, le magnifique duo de Lucia avec son frère Enrico marque les esprits tout autant que le duo d’amour.

> Place au ténor !Donizetti brise certaines conventions en donnant le mot de la fin à Edgardo, au lieu de faire s’achever l’œuvre sur la grande scène de folie et de mort de Lucia. Il donne ainsi des traits poignants et tragiques au personnage d’Edgardo et anticipe le pathos et la dignité des grands rôles des ténors chez Verdi.

Gaetano Donizetti (1797-1848)

LE COMPOSITEUR


Héritier de Rossini, rival de Bellini, précurseur de Verdi, Donizetti fait partie des principaux compositeurs italiens du XIXe siècle.

Il est né le 29 novembre 1797 à Bergame, cinquième d’une famille de six enfants. En 1806, Donizetti entre à la nouvelle école de musique de Bergame comme élève de chant et de clavecin. Talentueux, il part étudier en 1814 auprès du père Mattei, le maître de Rossini, jusqu’en novembre 1817. Il perfectionne ses connaissances en matière de composition de symphonies et de quatuors. Dès cette époque, il compose avec une rapidité étonnante. Une symphonie datée du 19 novembre 1816 porte la mention suivante : « faite en une heure et quart ».

Dès son retour à Bergame en 1817, Donizetti reçoit de nombreuses commandes très appréciées comme Zoraïde di Granata (1822). Jusqu’en 1830, il écrira 26 opéras, toujours très rapidement (L’Elisir d’amore lui demandera à peine deux semaines). En 1828, il épouse Virginia Vasselli, fille d’un célèbre avocat de Rome. Le couple s’installe ensuite à Naples.

Donizetti accroît sa renommée avec Anna Bolena qui sera acclamé dans toute l’Europe. En septembre 1835, le compositeur connait son plus grand triomphe avec Lucia di Lammermoor. Cette même année, Bellini décède. Rossini n’éclipse plus Donizetti car il a pris sa retraite quelques années plus tôt. La popularité de Donizetti augmente davantage.

L’année 1836, marque le début d’une sombre période pour Donizetti. En effet il perd à la fois ses parents et sa fille dans la même année, puis sa femme en 1837. Ces drames le plongent dans une profonde dépression.

En outre, déçu par Naples où il ne peut plus créer comme il le souhaite, Donizetti décide d’aller à Paris. En France, il compose de nouveaux opéras tels La Fille du régiment, Linda de Chamonix ou encore Don Pasquale. Durant cette période Donizetti ne cesse de faire de nombreux voyages dans les plus grandes villes italiennes mais aussi à Vienne où il est maître de chapelle de la cour depuis 1842.

Donizetti est obligé d’arrêter sa carrière en 1845. Affaibli par la syphilis il finit par sombrer dans la folie et sera interné dans une maison de repos de Bergame, sa ville natale où il meurt en 1848.

Donizetti a écrit 72 opéras dans sa carrière. La vitesse à laquelle il composait était devenue légendaire. Don Pasquale, L’Elisir d’Amore, Lucia di Lammermoor, La Fille du régiment sont encore régulièrement joués mais d’autres ouvrages comme Il Duca d’Alba, Anna Bolena, Lucrezia Borga le sont moins.

Gaetano Donizetti vers 1830

Caricature de Donizetti

Le contexte de créationGaetano Donizetti est un homme de trente-huit ans lorsque son opéra est créé à Naples, en 1835, au Théâtre royal de San Carlo. Lucia di Lammermoor connaît un succès immédiat, que sa longue carrière ne démentira jamais. Donizetti n’a mis que six semaines pour en compo-ser la partition. Une version française, remaniée par le compositeur lui-même et comportant de nombreuses coupures, sur une traduction d’Alphonse Royer et Gustave Vaëz, est créée à Paris au Théâtre de la Renaissance, le 6 août 1839. Il ne s’agit pas d’une simple traduction mais d’une véritable adaptation au goût français, écrite spécialement pour ce théâtre, alors au bord de la faillite. Ce sera encore un triomphe.

La mode écossaiseL’Écosse est un sujet à la mode au début du XIXe siècle. Un engouement dû au succès des romans de Sir Walter Scott qui campent des at-mosphères fascinantes et dramatiques, entre clans rivaux et châteaux hantés, et qui inspirent de nombreux compositeurs. Rossini est l’un des premiers à s’emparer de l’ambiance écossaise avec Donna del lago, en 1819. Lucia di Lammermoor s’inspire du roman de l’écrivain, La Fiancée de Lammermoor (1819). Le texte offre un sujet emblématique du romantisme noir et fantastique où l’héroïne sombre dans une folie meurtrière, avant que son amant ne se donne la mort. C’est un drame shakespearien, à la Roméo et Juliette qui, avant Tristan de Wagner, affirme déjà que le véritable amour ne peut se réaliser sur terre.

Le personnage de Lucia Elle est toujours au centre du drame, et finit, comme Donizetti lui-même d’ailleurs, par sombrer dans la folie. C’est un être extrêmement sensible, sujet aux angoisses et à de sombres pressentiments. Elle ne paraît jamais heureuse ou sereine, à part dans son grand duo d’amour avec Edgardo à l’acte I. Sa déchéance mentale est la conséquence lo-gique de ses états d’âme. Dans les opéras romantiques du bel canto, les drames vécus par des personnages sensibles débouchent souvent sur la folie. C’est aussi souvent l’unique échappatoire des femmes sou-mises aux contraintes exercées sur elles par la société masculine.

Les deux tubesLe grand sextuor de l’acte II est une page maîtresse de l’ouvrage. Lors-qu’Edgardo apprend que Lucia s’est donnée à un autre, il la maudit avec toute sa famille et déclenche le courroux des assistants qui chantent ensemble leur stupéfaction. Chacun des six personnages manifeste un sentiment différent qui, peu à peu, se fond dans un ensemble. C’est un des sommets de la musique. Il a d’ailleurs souvent électrisé les foules : on raconte qu’au siècle dernier, le public du Met à New York, émerveillé par la prestation de Caruso, a manifesté son enthousiasme avec une telle vigueur que la police a fait irruption dans la salle, croyant à une émeute. Ce sextuor préfigure les grands ensembles de Verdi.

Lucia di Lammermoor

LA MUSIQUELa scène de la folie... pour virtuose uniquement !A l’acte III, Lucia chante un des épisodes les plus difficiles et boule-versants de l’opéra. L’orchestre cesse un moment de jouer, au cours de la cadence, et la cantatrice n’est plus accompagnée que par la flûte solo qui se lance dans une série de notes aussi incroyables que les siennes. C’est une scène de haute voltige, où la voix, d’abord douce et moelleuse, gravit ensuite le ciel en d’éblouissantes vocalises, traduc-tions des hallucinations de l’héroïne. Cette scène a été admirablement interprétée par Maria Callas, Renata Scotto ou Natalie Dessay. Elle sera ici chantée par Venera Gimadieva, une soprano russe de la jeune géné-ration déjà honorée par de nombreux prix.


Maquette costume de Lucia, signée Thibaut Welchin

Lucia di Lammermoor, expression ultime de la sensualité

LA MISE EN SCÈNE


Pour cette mise en scène, Jean-Romain Vesperini choisit de ne pas jouer la carte de la transposition mais cherche à dégager l’expression ultime de la sensualité qui parcourt l’opéra.

L’identificationL’œuvre de Donizetti est ancrée dans son époque, dont elle garde les codes, et l’actualiser amènerait à faire des contre-sens. Le metteur en scène choisit donc de ne pas la transposer à notre époque et préfère faire confiance à l’intensité des sentiments vécus par les personnages. Ce sont en fait les chanteurs, par leur jeunesse et leur énergie qui incarnent la modernité. C’est d’eux, de leurs comportements sur scène, que découlera chez le public une identification immédiate. L’idée est donc de miser sur l’empathie du spectateur qui s’identifiera aux personnages, non pas socialement ou historiquement, mais de manière plus intime.

La fragilité de LuciaL’un des thème centraux de l’œuvre est la domination des hommes sur les femmes qui deviennent objets de désir et de convoitise. Lucia est donc la victime du traitement des hommes. Elle renferme en elle un prisme intense d’émotions. C’est ce caractère ultime que Jean-Romain Vesperini met en scène. Elle est une jeune fille romantique dont les sens sont exaltés et ses névroses sont autant la conséquence de cette sensibilité à fleur de peau que de l’oppression sociale dont elle est victime. Personne ne prend en compte son ressenti. Même le confesseur Raimondo est plus doué pour développer son sens de la culpabilité que pour la soutenir moralement.

Le fantastiqueLe fantastique prend ici toute sa place. Le spectre qui hante la fontaine des Ravenswood ou l’eau de la fontaine qui se transforme en sang sont autant d’aspects qui indiquent le chemin d’un monde extra sensoriel et développent l’idée de sensualité. L’utilisation des « éléments » a orienté les choix scénographiques : « l’Eau » de la fontaine et de l’océan qui borde les terres des Ravenswood, « la Terre » des ancêtres, de la chasse, objet de toutes les convoitises mais aussi celle qui engloutit le jeune Edgard dans le roman original de Walter Scott, et enfin « l’Air », cet élément impalpable, diaphane comme Lucia et qui est retranscrit en musique par l’utilisation de la flûte.

Le châteauCet élément de décor unique est la base de la scénographie. Le château des Ravenswood n’est pas tel qu’on pourrait se le représenter dans l’imaginaire romantique mais comme une sorte de monolithe abstrait en plaque de bronze, strié, s’enfonçant dans la terre, symbole d’un monde qui disparait. Cet élément instable est posé sur une structure qui permet de l’orienter en fonction des scènes et d’offrir un nouvel espace pour chaque scène. Il créé aussi plusieurs niveaux de jeux, très utiles pour pouvoir isoler les chœurs ou mettre en exergue la soliste. Cet ensemble est donc à la fois le château, le lieu de rencontre des amoureux, le cimetière.

Maquette décor du château, signée Bruno de Lavenère

Fanny Tacchinardi-Persiani jouant le rôle de Lucia à la création de l’opéra, en 1838.Lithographie : Edward Morton, 1939

Entretien

LE METTEUR EN SCÈNE JEAN-ROMAIN VESPERINI


Adolescent, aviez-vous déjà envie de devenir metteur en scène? Comment s’est fait votre choix ?J’ai découvert assez tôt ma voie. J’ai réalisé mes premières mises en scène à 15 ans, au sein de mon lycée. Il n’y avait pas de club théâtre mais j’ai moi-même décidé de monter des pièces avec des amis. La toute première était La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco. Puis, je suis entré à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot à Paris et à la Guildhall School of Music and Drama à Londres où j’ai aussi découvert le monde du chant. J’étais baryton.

Aujourd’hui vous avez 34 ans, est-ce difficile de faire sa place dans ce milieu ?Comme pour de nombreux métiers, pour que l’on vous propose des mises en scène il faut que vous en ayez fait une sur laquelle être jugé. Il faut être patient et persévérant. J’ai eu la chance de travailler dans de grandes maisons en tant que collaborateur artistique. Par exemple, c’est parce que j’étais l’assistant de Jean-Louis Martinoty que j’ai pu mettre en scène Faust à l’Opéra Bastille à Paris. À peine quinze jours de répétitions au lieu de six semaines habituellement, ça a été pour moi un gros défi et un exercice de style pour faire mes preuves !

En quoi cet opéra peut-il intéresser des adolescents ?C’est une histoire d’amour comme celle de Roméo et Juliette. Si on aime les séries comme Borgia, on aime forcément Lucia di Lammermoor ! Vous savez, Donizetti a écrit 72 opéras dans sa vie, il les écrivait exactement comme on écrit des séries aujourd’hui ! Cela n’avait rien d’exceptionnel. Ne pensez pas que l’opéra est cérébral, laissez-vous toucher !

Etes-vous un fan d’opéra classique ou écoutez vous d’autres genre musicaux ?J’aime des musiques très variées. J’adore la soul, Marvin Gaye, John Legend et Bruno Mars. Je n’oppose pas les genres et refuse les a priori. Lucia di Lammermoor, ça bouge. Ecoutez le sextuor, ça pétarade ! J’aime la musique poétique, élaborée mais j’aime aussi la musique à effet.

Né en 1981, Jean-Romain Vesperini se forme à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot et à la Guildhall School of Music and Drama à Londres qu’il intègre en tant que baryton.

Ses dernières productions à l’opéra incluent Don Giovanni et La Flûte enchantée de Mozart , Le Barbier de Séville de Rossini au Festival des « Nuits de Corté » dont il est metteur en scène-résident de 2008 à 2012, Douce et Barbe Bleue d’Isabelle Aboulker à l’Opéra de Lyon, Pinocchio de Thierry Lalo avec le Crea à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, La Traviata de Verdi, coproduction des opéras de Limoges, Reims et Rennes rediffusé sur France 3 et France Musique.

Au théâtre, il a mis en scène L’Affaire de la rue de Lourcine d’Eugène Labiche, Deux Frères, de Fausto Paravidino et a dirigé Anne Brochet et Jacques Weber dans La Dame de la mer d’Ibsen.

Ses prochains projets, outre Lucia di Lamermoor de Donizetti, coproduction des opéras de Limoges, Reims et Rouen, incluent la reprise d’Aïda à la Scala de Milan et la mise en scène de la pièce Die Kassette de Carl Sternheim.


Entre l’idée de monter un opéra et la première représentation, il peut se dérouler une période de 3 à 4 ans. Aujourd’hui, on peut jouer des opéras anciens en les restituant de manière historique (l’ensemble Le Poème Harmonique joue des opéras baroques éclairés à la bougie, comme à l’époque) ou bien en les modernisant. De nouveaux opéras sont aussi crées sur des thématiques contemporaines (ex : Lolo Ferrari, un opéra sur Lolo Ferrari créé au Théâtre des Arts en mars 2013).

Le compositeur : il compose la musique à partir d’un livret qui renferme l’histoire, l’intrigue du futur opéra. Offenbach, Mozart, Bizet... sont des compositeurs d’opéra.

Le librettiste : il écrit le livret, c’est-à-dire les dialogues que chanteront les chanteurs. Il peut s’inspirer d’une histoire déjà écrite et l’adapter pour l’opéra. C’est le cas ici.

Les chanteurs : > Les solistes assurent seuls les parties chantées. Ils interprètent les personnages de l’opéra et sont classés par catégorie de voix. Luciano Pavarotti était par exemple un ténor italien très connu et Maria Callas, une célèbre soprano grecque.> Le chœur est un ensemble de chanteurs qui commente l’action sur scène, entre en discussion avec les solistes et fait souvent progresser la situation.

Lucia di Lammermoor

UN OPÉRA, COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Le metteur en scène : comme au théâtre, c’est lui qui dirige les chanteurs sur la scène. Il donne la ligne conductrice générale de l’opéra. Il aide les chanteurs à trouver le caractère de leur personnage, dirige leurs déplacements et moule les comportements qu’il veut faire exprimer.

Le scénographe : il imagine le décor de l’opéra.

Le créateur lumière : il cherche les jeux de lumières les plus pertinents pour l’opéra qui est joué.

Le créateur costumes : il dessine les costumes pour tous les personnages de l’opéra.

Le chef d’orchestre : il dirige l’orchestre et les chanteurs sur scène.

Le chef de chœur : il dirige le chœur.

Le régisseur de scène : il suit les répétitions et donne les « top départ » durant la représentation pour les entrées et sorties des chanteurs et pour les changements de décors.

Les techniciens, maquilleurs, régisseurs, accessoiristes, machinistes etc. travaillent aussi dans les coulisses.

THIS IS THE VOICE ! LES VOIXMême si aujourd’hui le physique d’un chanteur d’opéra compte, le casting se fait avant tout par rapport à sa voix et à sa tessiture. La tessiture est l’étendue dans laquelle une voix peut chanter sans peine. On distingue 6 tessitures, du plus grave au plus aigu.

D’autres critères entrent en compte dans l’appréciation d’une voix : le timbre (la couleur de la voix), la puissance (sa capacité à passer au-dessus de petits ou de grands orchestres. Mais attention, plus une voix est puissante, moins elle est souple !), l’endurance (certains rôles demandent de rester longtemps sur scène).On distingue grosso modo trois grands caractères de voix :• Les voix légères qui peuvent s’envoler facilement vers les aigus et vocaliser c’est-à-dire faire des acrobaties vocales périlleuses. Elles sont cependant peu puissantes.• Les voix lyriques, un peu plus puissantes mais moins agiles, elles ont une chaleur de timbre et peuvent faire de beaux chants liés, le legato.• Les voix dramatiques qui sont très puissantes et peuvent passer à travers un orchestre colossal. Par contre, elles ne peuvent pas faire de vocalises rapides.

Les tessitures

Du plus grave au plus aigu :

Les femmes Les hommesContre-alto Basse

Mezzo-soprano BarytonSoprano Ténor

Côté élèves

DONIZETTI

LUCIA DI LAMMERMOORSAISON 15-16

Fiche pédagogique Opéra de Rouen Normandie

Avant le spectacle

LUCIA DI LAMMERMOOR

Chef principal Leo Hussain

Texte à trous

Glisse-toi dans la peau de Lucia di Lammermoor !

Je m’appelle Lucia di L............................ . Je suis l’héroïne de cet opéra de Gaetano

D....................., un compositeur i................. du .......... siècle. Avant d’être une héroïne

d’opéra, j’étais le personnage principal d’un roman : celui de W.............. S................,

un écrivain écossais. Mon histoire te rappellera sans doute celle de R.............. et

J................ tant elle est t.............. et passionnée. Je vis en E.............., dans un châ-

teau enveloppé par la brume. Je suis secrètement amoureuse d’E................ qui

m’aime aussi. Seulement, il appartient à une famille qui est l’ennemie historique

de la mienne. Notre amour est donc impossible. Mon frère E.................. s’oppose

catégoriquement à cet amour et arrange un mariage forcé en m’obligeant à épouser

le riche et puissant lord A................... Cet acte aura des conséquences dramatiques,

il m’amènera à tuer cet époux que je n’aime pas, me plongera dans la f............... et

conduira au s................. de mon amant. Cet o............ est l’un des plus connus de

Donizetti, grâce notamment à la scène où je sombre dans la folie car mon chant y

est très virtuose. Le metteur en scène Jean-Romain V................... est un jeune fran-

çais de ...... ans. Dans cet opéra, il cherche à ce que le spectateur se sente proche

de moi et des p.................... qui m’entourent. Seras-tu sensible à mon désarroi ?

Discussion à bâtons rompus

> Es-tu déjà allé au Théâtre des Arts de Rouen ? Peux-tu le décrire ? Sinon, comment l’imagines-tu ?

> Dans ce théâtre, on peut assister à des concerts symphoniques, des concerts de musique de chambre, des opéras, de la danse. Quel type de représentation préfères-tu ? Pourquoi ?

> Qu’est-ce que l’opéra t’évoque ? Est-ce un genre qui te semble vieillot, toujours d’actualité, divertissant ?

> Comment pourrais-tu définir l’opéra ? Peux-tu citer deux opéras classiques et un opéra contemporain ?

> Quels métiers liés à l’opéra connais-tu ? Lequel t’intéresserait le plus si tu devais travailler pour un opéra ? Pourquoi ?

> La voix à l’opéra est très importante. Peux-tu citer différentes tessitures de voix ?

Opéra de Rouen Normandie

Maquette costume de Lucia, signée Thibaut Welchin

Petites infos à se remémorer avant d’entrer en salle

> Lucia de Lammermoor est l’un des opéras les plus connus de Donizetti.

> Gaetano Donizetti est un compositeur italien du XIXe siècle.

> L’histoire de l’opéra que tu vas voir est assez simple : deux familles écossaises, les Ashton et les Ravenswood, sont ennemies. La fille, côté Ashton, Lucia de Lammermoor, est amoureuse du garçon côté Ravenswood, Edgardo. Mais leur amour est impossible et les conduira à la mort. C’est un peu Roméo et Juliette version écossaise !

> Deux scènes sont très célèbres: le sextuor de l’acte II, lorsque les six personnages chantent ensemble et expriment leur sentiments alors qu’Edgardo arrive au mariage de Lucia. Et la scène de l’acte III où Lucia chante sa folie et son désespoir avant de mourir.

> Le metteur en scène a voulu se concentrer sur les émotions intenses que ressentent les personnages.

> Au milieu de la scène, un gros monolithe penché représente le château. Il symbolise le vertige que ressent l’héroïne tout au long de l’opéra.

> La mise en scène s’appuie aussi beaucoup sur les quatre éléments naturels. La terre qui représente la fierté des hommes, l’air qui évoque la fragilité de Lucia, l’eau pure de la fontaine se transformant en sang qui symbolise la tragédie, le feu des passions amoureuses ou guerrières vécues intensément par les personnages.

Petites infos à grignoter pendant l’entracte

> Cet opéra s’inspire du roman de l’écrivain écossais Walter Scott, The Bride of Lammermoor. Comme le compositeur Donizetti était italien, les prénoms ont été italianisés. Mais les noms propres, eux, sont restés tels quels. Ainsi, peut-on croiser des personnages aux noms insolites comme Enrico Ashton ou Edgardo di Ravenswood !

> L’air de la folie que tu vas entendre à l’acte III va peut-être te paraitre familier car il a été utilisé dans le film Le Cinquième Élément de Luc Besson. C’est la « diva bleue » jouée par Maïwen qui le chante. (En fait, c’est la soprano Inva Mula qui l’interprète). Cet air très connu a également été repris dans le film L’Immortel de Richard Berry ainsi que dans La Belle Personne de Christophe Honoré.

> Dans le roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary (1857), on peut lire que l’héroïne Emma Bovary va justement entendre cet opéra à Rouen avec son mari, le docteur Charles Bovary.

Les infos à retenir sur le spectacle que tu vas voir

PHOTOC’OPÉRA… une photocopie dans la poche !


Maquettes costume de Lucia et d’Edgardo, signées Thibaut Welchin

Partageras-tu mes peines ?

Quels sont ton avis et tes impressions sur l’opéra auquel tu as assisté ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

As-tu été surpris(e) par quelque chose en particulier ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

As-tu été sensible à la voix d’un chanteur en particulier ? Au jeu d’un chanteur ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Comment Lucia t’a-t-elle semblé ? Est-elle touchante ? Sincère ? Tourmentée ? Ridicule ? Agaçante ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Qu’as-tu ressenti lors de la scène de la folie, lorsque Lucia chante après avoir tué son mari ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Qu’as-tu pensé de la mise en scène ? T’a-t-elle semblé moderne, étrange, austère, vivante ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Comment décrirais-tu l’ambiance créée sur scène ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Qu’as-tu pensé des décors ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Avec quelle sensation es-tu ressorti(e) de cette représentation? De la tristesse, de l’ennui, des rêves... ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................…

Après le spectacle

LUCIA DI LAMMERMOOR


DONIZETTI LUCIA DI LAMMERMOOR - Opéra de Rouen · 2015. 9. 23. · Lucia di Lammermoor, La Fille...

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