Démographie et mouvements migratoires · 2018-10-04 · la République tchèque, Malte et Chypre...

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Démographie et mouvements migratoires La population de l’Union européenne est va diminuer ... Au début de l’an 2000, l’Union européenne comptait 376 millions d’habitants, soit beaucoup moins que la Chine (1,2 milliard) ou l’Inde (1 milliard), mais nettement plus que les Etats-Unis (272 millions) ou le Japon (126 mil- lions). Si on suppose que les tendances des taux de na- talité et de mortalité et des mouvements migratoires se maintiendront, la population devrait croître très lente- ment entre 2000 et 2005 (de seulement 0,2% par an) puis pratiquement plus (de moins de 0,1% par an) jus- qu’en 2022, date à laquelle elle devrait commencer à baisser. Ainsi, en 2010, la population devrait atteindre 385 millions de personnes et être à peine supérieure en 2025 (388 millions). A partir de 2008, la population ne peut que témoigner d’un déclin naturel mais celui-ci sera compensé pendant quelques années encore par une immigration nette. L’évolution démographique est toutefois très variable entre les différentes parties de l’Union. Alors que la popu- lation continue à croître, même lentement, dans la plupart des régions, dans d’autres, surtout en Espagne, en Italie, en Allemagne et dans les pays nordiques, elle commence déjà à diminuer (voir carte A.11). Entre 2000 et 2010, de nombreuses régions d’Allemagne et d’Italie devraient connaître un déclin, à côté de certaines régions françai- ses, britanniques et autrichiennes. Par contre, la popula- tion devrait continuer à croître à un taux relativement élevé dans plusieurs régions du sud de l’Espagne, du sud de la France et de la Grèce ainsi que dans certaines parties de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. En 2025, près de 90 des 200 régions et quelque, défi- nies au niveau NUTS 2, représentant la moitié de la po- pulation totale de l’Union européenne, devraient connaître un déclin démographique, y compris toutes celles d’Italie mais aussi un certain nombre dans prati- quement tous les Etats membres. … comme dans les pays candidats à l’adhésion L’évolution démographique est encore plus défavorable dans les pays candidats à l’adhésion. Alors que dans la plupart des douze pays, la population a augmenté à un taux relativement élevé dans les années soixante-dix et quatre-vingts, en raison de taux de fécondité élevés et d’un accroissement de l’espérance de vie, les taux de fécondité ont diminué de façon spectaculaire et l’espé- rance de vie a diminué dans les années quatre-vingt- dix. En outre, il y a eu une émigration importante, seules la République tchèque, Malte et Chypre connaissant une immigration notable au cours de la période 1990-1999 (voir carte A.12). Par suite, la croissance de la population a déjà commen- cé à diminuer dans la plupart des pays. Dans huit sur douze, la population a diminué dans les années quatre-vingt-dix. Entre 1995 et 1997, elle a chuté dans 32 des 52 régions définies au niveau NUTS 2 et il y a eu une émigration nette dans 31 d’entre elles. Dans l’Europe élargie comprenant ces pays à côté des Etats membres actuels de l’Union européenne, il est probable que le dé- clin de la population s’amorcera plusieurs années plus tôt qu’indiqué ci-dessus. (Les projections pour les douze pays sont assises sur des prévisions des Nations Unies. 5 ) Des régions avec une population en baisse Les tendances démographiques sont aussi influencées par les évolutions économiques et sociales. Les flux mi- gratoires, en particulier, sont liés aux différences régio- nales dans les conditions du marché du travail, les gens passant des régions à faible croissance des emplois à d’autres offrant plus d’opportunités d’emploi, et, à plus long terme, ces différences peuvent aussi influer sur les taux de natalité et de mortalité. Les régions en déclin de l’Union se caractérisent ainsi par de bas niveaux de revenu, un chômage élevé et une forte proportion de la main-d’oeuvre employée dans l’agricul- ture et l’industrie (voir graphique A.9). En outre, elles ten- dent à avoir un nombre relativement faible de jeunes, ce qui reflète leur émigration vers d’autres zones et les fai- bles taux de fécondité, et une faible densité de popula- tion, qui reflète le caractère rural de nombre d’entre elles. Mais il existe de notables exceptions, puisqu’un certain nombre de régions densément peuplées (comme Bruxel- les et l’Attique en Grèce, qui abrite Athènes) ont déjà connu une diminution de la population ces dernières an- nées. De fait, une tendance à la «suburbanisation», c’est-à-dire à un mouvement hors du centre des villes vers les banlieues ou régions voisines, qui est souvent dé- crit comme une «dissémination urbaine», se manifeste dans de nombreuses grandes conurbations en Europe. Le vieillissement de la population s’accélérera dans l’Union ... La population de l’Union vieillit rapidement. Avec la chute des taux de natalité, la proportion des jeunes de moins de 15 ans a diminué depuis quelques années et devrait encore continuer à le faire à l’avenir, passant de 17% en 1988 à 14,5% de la population totale en 2025. Par contre, la propor- tion des personnes âgées de 65 ans et plus augmente de 42 I.4 Les facteurs déterminant la convergence réelle

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Démographie etmouvements migratoires

La population de l’Union européenneest va diminuer ...

Au début de l’an 2000, l’Union européenne comptait 376millions d’habitants, soit beaucoup moins que la Chine(1,2 milliard) ou l’Inde (1 milliard), mais nettement plusque les Etats-Unis (272 millions) ou le Japon (126 mil-lions). Si on suppose que les tendances des taux de na-talité et de mortalité et des mouvements migratoires semaintiendront, la population devrait croître très lente-ment entre 2000 et 2005 (de seulement 0,2% par an)puis pratiquement plus (de moins de 0,1% par an) jus-qu’en 2022, date à laquelle elle devrait commencer àbaisser. Ainsi, en 2010, la population devrait atteindre385 millions de personnes et être à peine supérieure en2025 (388 millions). A partir de 2008, la population nepeut que témoigner d’un déclin naturel mais celui-cisera compensé pendant quelques années encore parune immigration nette.

L’évolution démographique est toutefois très variableentre les différentes parties de l’Union. Alors que la popu-lation continue à croître, même lentement, dans la plupartdes régions, dans d’autres, surtout en Espagne, en Italie,en Allemagne et dans les pays nordiques, elle commencedéjà à diminuer (voir carte A.11). Entre 2000 et 2010, denombreuses régions d’Allemagne et d’Italie devraientconnaître un déclin, à côté de certaines régions françai-ses, britanniques et autrichiennes. Par contre, la popula-tion devrait continuer à croître à un taux relativement élevédans plusieurs régions du sud de l’Espagne, du sud de laFrance et de la Grèce ainsi que dans certaines parties del’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni.

En 2025, près de 90 des 200 régions et quelque, défi-nies au niveau NUTS 2, représentant la moitié de la po-pulation totale de l’Union européenne, devraientconnaître un déclin démographique, y compris toutescelles d’Italie mais aussi un certain nombre dans prati-quement tous les Etats membres.

… comme dans les pays candidats à l’adhésion

L’évolution démographique est encore plus défavorabledans les pays candidats à l’adhésion. Alors que dans laplupart des douze pays, la population a augmenté à untaux relativement élevé dans les années soixante-dix etquatre-vingts, en raison de taux de fécondité élevés etd’un accroissement de l’espérance de vie, les taux defécondité ont diminué de façon spectaculaire et l’espé-rance de vie a diminué dans les années quatre-vingt-

dix. En outre, il y a eu une émigration importante, seulesla République tchèque, Malte et Chypre connaissantune immigration notable au cours de la période1990-1999 (voir carte A.12).

Par suite, la croissance de la population a déjà commen-cé à diminuer dans la plupart des pays. Dans huit surdouze, la population a diminué dans les annéesquatre-vingt-dix. Entre 1995 et 1997, elle a chuté dans 32des 52 régions définies au niveau NUTS 2 et il y a eu uneémigration nette dans 31 d’entre elles. Dans l’Europeélargie comprenant ces pays à côté des Etats membresactuels de l’Union européenne, il est probable que le dé-clin de la population s’amorcera plusieurs années plus tôtqu’indiqué ci-dessus. (Les projections pour les douzepays sont assises sur des prévisions des Nations Unies.5 )

Des régions avec une population en baisse

Les tendances démographiques sont aussi influencéespar les évolutions économiques et sociales. Les flux mi-gratoires, en particulier, sont liés aux différences régio-nales dans les conditions du marché du travail, les genspassant des régions à faible croissance des emplois àd’autres offrant plus d’opportunités d’emploi, et, à pluslong terme, ces différences peuvent aussi influer sur lestaux de natalité et de mortalité.

Les régions en déclin de l’Union se caractérisent ainsi parde bas niveaux de revenu, un chômage élevé et une forteproportion de la main-d’oeuvre employée dans l’agricul-ture et l’industrie (voir graphique A.9). En outre, elles ten-dent à avoir un nombre relativement faible de jeunes, cequi reflète leur émigration vers d’autres zones et les fai-bles taux de fécondité, et une faible densité de popula-tion, qui reflète le caractère rural de nombre d’entre elles.Mais il existe de notables exceptions, puisqu’un certainnombre de régions densément peuplées (comme Bruxel-les et l’Attique en Grèce, qui abrite Athènes) ont déjàconnu une diminution de la population ces dernières an-nées. De fait, une tendance à la «suburbanisation»,c’est-à-dire à un mouvement hors du centre des villesvers les banlieues ou régions voisines, qui est souvent dé-crit comme une «dissémination urbaine», se manifestedans de nombreuses grandes conurbations en Europe.

Le vieillissement de la populations’accélérera dans l’Union ...

La population de l’Union vieillit rapidement. Avec la chutedes taux de natalité, la proportion des jeunes de moins de15 ans a diminué depuis quelques années et devrait encorecontinuer à le faire à l’avenir, passant de 17% en 1988 à14,5% de la population totale en 2025. Par contre, la propor-tion des personnes âgées de 65 ans et plus augmente de

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I.4 Les facteurs déterminant la convergence réelle

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façon notable et ne pourra que croître encore plus vite après2010 lorsque la génération de l’explosion des naissancescommencera à atteindre cet âge. Par suite, il est prévu quela proportion s’accroisse, passant de 16% de la populationtotaleen1998à22%en2025.Enoutre,auseindecettepro-portion, le nombre relatif de personnes âgées de 80 ans etplus augmente encore plus vite.

Ces évolutions auront d’importantes conséquencespour les systèmes de protection sociale et de fiscalitédans l’Union européenne. En particulier, la perspectiveest qu’un nombre croissant de personnes ayant dépas-sé l’âge de la retraite devront être soutenues par les per-sonnes ayant un emploi. Tous les Etats membresconnaîtront une augmentation du taux de dépendancedes personnes âgées (rapport entre le nombre de per-sonnes âgées de 65 ans et plus et le nombre des per-sonnes en âge de travailler, considérées ici comme lapopulation des 15-64 ans), mais l’ampleur du phéno-mène sera variable d’un pays à l’autre. Les augmenta-tions les plus marquées devraient intervenir en Italie, enSuède, en Finlande et en Allemagne et les plus faiblesen Irlande, au Portugal et au Luxembourg.

Il est probable que l’évolution sera similaire, quoiquemoins prononcée, pour le taux de dépendance globale,rapport entre le total des personnes n’ayant pas encoreatteint ou dépassé l’âge de travailler et le nombre despersonnes en âge de travailler, malgré la diminution pro-jetée du nombre d’enfants6 (carte 10). Actuellement, ilexiste quelque 49 personnes potentiellement dépen-dantes pour 100 personnes en âge de travailler; en2025, il devrait y en avoir 58. Le nombre devrait être par-ticulièrement grand dans la plupart des régions de laFrance, de la Suède et de la Finlande.

Le départ à la retraite de la génération de l’explosion desnaissances associé à la réduction du nombre des jeu-nes devrait diminuer la population en âge de travaillerdans l’Union à partir de 2010 environ, et elle devrait pas-ser d’environ 251 millions de personnes aujourd’hui àquelque 243 millions en 2025. Dans le même temps,l’âge moyen des personnes de 15 à 64 ans augmentera.

… comme dans les pays candidats à l’adhésion

Dans l’Union européenne élargie, comprenant les payscandidats à l’adhésion à côté des Etats membres ac-tuels, le rythme de vieillissement de la population pour-rait être plus modeste mais de peu. Dans la plupart despays candidats à l’adhésion, les mesures actives d’en-couragement en faveur d’une augmentation de la popu-lation appliquées pendant les années soixante-dix etquatre-vingts ont été inversées dans les annéesquatre-vingt-dix. Alors que l’âge moyen de leur

population est plus bas que celui de l’Union européenneactuellement, il est probable qu’il augmentera rapide-ment vers cette moyenne au cours des vingt-cinq pro-chaines années, puisque la chute des taux de féconditéréduit le nombre relatif des jeunes de moins de 15 ansdans tous les pays sauf Malte. En 2025, la proportion dejeunes dans la population totale devrait ainsi être encoremoindre que dans l’Union européenne actuelle.

Par contre, la proportion de personnes âgées de 65 anset plus dans ces pays est en moyenne inférieure à cellede l’Union européenne actuellement. Par suite, les tauxde dépendance des personnes âgées sont aussi plusfaibles et, dans de nombreuses régions, bien inférieursà ceux des Etats membres de l’Union à l’exception del’Irlande (carte 10).

Le nombre relatif de personnes âgées augmentera aussifortement, mais ce n’est que dans la République tchèquequ’on s’attend à voir le chiffre dépasser la moyenne del’Union d’ici 2020. Néanmoins, on prévoit que les taux dedépendance des personnes âgées et de dépendanceglobale ne seront pas beaucoup plus bas dans l’Unioneuropéenne élargie que ceux mentionnés plus haut.

Il en va de même pour le déclin prévu de la population enâge de travailler, qui devrait intervenir à peu près enmême temps dans les pays candidats à l’adhésion quedans l’Union européenne actuelle. On s’attend à ce que lenombre de personnes âgées de 15 à 64 ans augmente lé-gèrement à partir du chiffre de 72 millions aujourd’hui jus-qu’en 2009, avant de tomber à 66 millions en 2025. Ainsi,dans une Union européenne élargie, la population en âgede travailler devrait atteindre un sommet de 328 millionsen 2010 et diminuer pour tomber à 309 millions en 2025.Comme dans l’Union européenne, l’âge moyen des per-sonnes de 15 à 64 ans augmentera, quoiqu’à un rythmeun peu plus faible que dans les Etats membres actuels.

La population active de l’Union européennediminue et vieillit ...

Les évolutions de la population en âge de travailler dé-crites plus haut influeront inévitablement sur la crois-sance et la structure par âge de la population activedans l’Union européenne, encore qu’elles seront toutautant influencées par les changements du taux d’acti-vité que par la démographie. Ces changements seront àleur tour déterminés par toute une série de facteurs éco-nomiques et sociaux, principalement la disponibilitéd’emplois, mais aussi les développements de l’éduca-tion, les attitudes sociales envers les femmes au travail,la disponibilité de systèmes de garde d’enfants, l’âge dela retraite, les détails des systèmes de retraite, la struc-ture des ménages, etc.

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I.4 Les facteurs déterminant la convergence réelle

Guyane (F)

Guadeloupe

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Entre 2015 et 2025

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Entre 1995 et 2005

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11 Baisse prévue de la population active

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Si les évolutions actuelles de la démographie et des tauxd’activité se maintiennent, la population active devraitcroître dans l’Union européenne jusqu’en 2010, date à la-quelle elle atteindra 183 millions de personnes.7 Ensuite,elle commencera à diminuer et tombera à environ 175 mil-lions de personnes en 2025. Mais il est probable que ledébut du déclin s’effectuera à des dates différentes selonles régions (carte 11). Néanmoins, dans presque toutesles régions de l’Union, le nombre de personnes économi-quement actives devrait diminuer d’ici 2025, mais à desrythmes très différents. La baisse devrait être particulière-ment marquée en Italie, en Allemagne et en Espagne, lapopulation active diminuant de plus de 1 million de per-sonnes dans chaque cas.

En raison des évolutions démographiques et des possi-bles changements des taux d’activité, le nombre relatif depersonnes de 50 ans et plus dans la population active de-vrait augmenter dans tous les Etats membres, depuis unemoyenne d’environ 20% du total aujourd’hui à un taux de30% au début des années 2020. Dans les pays nordi-ques, où le taux d’activité ne devrait pas beaucoup chan-ger, l’augmentation de cette proportion sera sans douterelativement faible, alors qu’en Italie et en Espagne, où lestaux de natalité sont bas et où les taux d’activité des fem-mes pourraient croître de façon substantielle, elle pourraitêtre forte.

... ce qui pourrait avoir de profondesconséquences économiques

Comme noté plus haut, ces évolutions pourraient avoirdes conséquences économiques de grande portée, sur-tout en ce qui concerne la durabilité des systèmes de pro-tection sociale et des soins médicaux, qui subiront despressions croissantes du fait de l’augmentation dunombre de personnes âgées. Par suite, l’attention doit seconcentrer sur la possibilité d’augmenter les taux d’activi-té des personnes relativement âgées et des femmes, quireprésente la principale source de croissance de la po-pulation active dans le futur.

Dans le même temps, une telle possibilité place au premierplan le problème du maintien, de la mise à jour et de l’ex-tension des qualifications des personnes concernées, quiest déjà une préoccupation au vu du vieillissement de lapopulation. Dans de nombreux pays, la poursuite de politi-ques de préretraite jusqu’à une date récente a permis denégliger ce problème. En outre, la perception du fait queles rendements de la formation de travailleurs relativementâgés sont relativement faibles, quelle que soit la réalité, si-gnifie que les employeurs répugnent souvent à entre-prendre les investissements nécessaires. Cette répu-gnance tend à être aggravée par la perception desdifficultés rencontrées dans le processus de formation et

dans l’apprentissage de nouvelles qualifications par destravailleurs relativement âgés. Toutefois, ces difficultéspeuvent être fortement réduites si la formation de ces tra-vailleurs devient une partie intégrante d’un processusd’apprentissage tout au long de la vie, ce qui signifie queles gens acquièrent de nouvelles qualifications tout au longde leur carrière professionnelle et sont habitués à le faire.Ce type de développement, qui exige un changementd’attitude et une modification des pratiques professionnel-les, est essentiel si l’on veut puiser efficacement dans lepotentiel des travailleurs relativement âgés, ce qui pourraitse révéler crucial pour que les producteurs de l’Union eu-ropéenne restent compétitifs sur les marchés mondiaux.

Il importe aussi de garantir que les femmes – et de fait leshommes – qui reviennent travailler après une périoded’absence due à des raisons familiales aient accès à laformation dont elles ont besoin pour mettre à jour leursqualifications et apprendre de nouvelles méthodes de tra-vail, de sorte qu’elles trouvent des emplois convenableset contribuent effectivement au développement de l’éco-nomie de l’Union européenne.

Le déclin prévu du nombre de jeunes pourrait avoir poureffet de diminuer le chômage des jeunes, encore qu’àlong terme cela dépende plus de leurs qualifications et dutaux de croissance des emplois que des effectifs absolusde jeunes. La diminution du nombre de jeunes entrant surle marché du travail s’est accompagnée d’une augmenta-tion du nombre de ceux restant plus longtemps dans lesystème éducatif ou suivant une formation profession-nelle initiale plus longue. Dans une économie fondée surle savoir, il est essentiel que cette tendance se main-tienne. Dans le même temps, la reconnaissance crois-sante de l’importance de la formation sur le lieu de travailet du tutorage formel signifie que dans un certain nombrede pays, le taux d’activité des jeunes augmente lorsqu’ilscombinent un emploi rémunéré avec la poursuite de leursétudes.

Quelles que soient les mesures prises pour accroître letaux d’activité, la mesure dans laquelle celui-ci augmen-tera pour les femmes, les personnes relativement âgéeset les jeunes dépendra finalement du taux de croissancedes emplois, qui dépendra sans doute à son tour durythme du développement économique. (Le processus, ilfaut le souligner, n’est pas à sens unique, puisque le faitque des personnes plus qualifiées et entreprenantes en-trent sur le marché du travail est par lui-même un moyende renforcer la compétitivité et d’aiguillonner la crois-sance économique.) Cela déterminera si le chômage di-minue et si des pénuries d’emplois émergent, ou si, mal-gré la diminution du nombre de personnes en âge detravailler, le chômage augmentera à nouveau dansl’Union européenne.

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I.4 Les facteurs déterminant la convergence réelle

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Dans de nombreuses parties de l’Italie du nord, parexemple, il est prévu que la population active diminuerafortement dans les années à venir sur la base des tendan-ces passées et, de fait, des pénuries de main-d’oeuvrecommencent à apparaître. Toutefois, à plus long terme, sila croissance économique et la création nette d’emploispeuvent se poursuivre à un haut niveau, cela pourrait en-courager plus de personnes – des femmes en particulierdont le taux d’activité est très inférieur à la moyenne del’Union européenne dans la plupart des régions – à entrersur le marché du travail et alléger ainsi les pénuries. (Letaux d’activité des femmes en Italie du nord a fortementaugmenté au cours des dix-quinze dernières années,alors que dans l’Italie du sud, où la croissance des em-plois a été déprimée, il n’a guère changé.)

L’immigration pourrait augmenter mais elle nedoit pas être surestimée ...

Des études récentes concluent qu’il est peu probable quedes flux d’immigration massifs en provenance des payscandidats à l’adhésion surviennent et ils ne devraient pasêtre surestimés dans l’ordre du jour de l’élargissement. Tou-tefois, comme la convergence du revenu par habitant despays d’Europe centrale vers les niveaux de l’Union euro-péenne sera un processus de longue haleine, l’immigrationaugmentera presque certainement dès que la libre circula-tion de la main-d’oeuvre sera possible. Selon les estima-tions, l’immigration nette vers l’Union pourrait s’élever àquelque 335.000 personnes par an immédiatement après lasuppressiondesobstaclesà l’entréeetchuteraitàunniveauinférieur à 150.000 personnes en l’espace d’une décennie.8

Alors, le nombre de personnes originaires des pays d’Eu-rope centrale vivant dans l’Union européenne pourrait at-teindre 2,9 millions et 3,7 millions dix ans plus tard, pour par-venir à un sommet de 3,9 millions trente ans aprèsl’introduction de la libre circulation de la main-d’oeuvre. Celaimplique une augmentation du nombre de ressortissantsdes pays d’Europe centrale résidant dans les Etats mem-bres actuels de l’Union européenne qui passerait de 0,2%de la population totale en 1998 à seulement un peu plus de1% dans trente ans. Au vu de ces estimations, la crainte queles immigrants d’Europe centrale ne viennent inonder lesmarchés du travail de l’Union paraît mal fondée.

Les personnes en provenance des pays d’Europe cen-trale ont de grandes chances de se rendre surtout en Alle-magne et en Autriche, où leurs nombres sont déjà assezélevés. Selon des estimations, quelque 65% iraient dansla première, 12% dans la seconde, et au sein de ces pays,surtout dans les régions frontalières et les centres d’activi-té économique – en Allemagne, dans les régions du sudqui bordent la République tchèque plutôt que dans lesnouveaux Länder, en Autriche, dans les régions orienta-les. Les régions frontalières des pays d’Europe centrale

devraient aussi connaître une immigration temporaire etdes mouvements aller-retour domicile-travail. Cetteconcentration pourrait toutefois donner naissance à destensions sociales dans les régions concernées.

... et elle pourrait atténuerles pénuries de main-d’oeuvre

La conclusion peut-être la plus intéressante et potentielle-ment importante des études récentes est que, à la diffé-rence de l’Union européenne, il est probable que de nom-breux pays d’Europe centrale connaîtront une forteaugmentation du nombre de jeunes de 20 à 35 ans dansles quelque dix ans qui viennent. Cela représente une op-portunité pour l’Union élargie, dans la mesure où celadonne aux employeurs la possibilité d’embaucher des jeu-nes ayant un niveau d’instruction élevé. De fait, si la repriseéconomique se poursuit au rythme actuellement escomp-té, il viendra un temps où les pénuries de main-d’oeuvre seferont sans doute sentir de façon plus aiguë.

En effet, il existe aussi des signes dans l’Union européennede pénuries de main-d’oeuvre dans des activités moinsqualifiées au sein d’un certain nombre de régions, même làoù le chômage est relativement élevé. Des immigrantspourraient contribuer à atténuer les pénuries dans ces ré-gions, mais il importe que des mesures adéquates soientprises dans le même temps pour intégrer les personnesconcernées dans la communauté locale et éviter qu’ellesne soient socialement exclues.

A cet égard, une récente communication de la Commis-sion sur une politique communautaire de l’immigration(COM(2000)757) a proposé l’adoption d’une politiqued’immigration contrôlée comme réponse aux problèmesimpliqués par les évolutions démographiques et a souli-gné la contribution potentielle de l’immigration à la Stra-tégie européenne de l’emploi.

Si l’émigration de jeunes risque de compromettre le dé-veloppement potentiel des régions dont ils partent àcourt ou moyen terme, surtout dans la mesure où ceuxqui partent comprennent sans doute un nombre dispro-portionné de jeunes ayant le niveau d’instruction le plusélevé, leur retour ultérieur, avec l’expertise et le savoirfaire qu’ils auront acquis, pourrait donner une forte im-pulsion au développement des pays d’Europe centrale.

L’élargissement ne posera sans doute pas nonplus de problèmes sérieux aux marchés du travailde l’Union européenne

Il est peu probable que la libre circulation de lamain-d’oeuvre ait un effet important sur les marchés du tra-vail de l’Union européenne dans son ensemble. Mais, elle

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pourrait avoir un effet différent selon les Etats membres enfonction de leur situation et/ou des besoins de leur marchéde l’emploi. Actuellement, les pays d’Europe centrale ontune petite dimension en termes économiques, ce qui si-gnifie qu’une augmentation des importations provenant deces pays n’affectera que dans une mesure limitée les prixsur les marchés des produits, ainsi que les salaires et l’em-ploi. Selon une étude récente, par exemple, une immigrationatteignant en moyenne quelque 200.000 personnes par anau cours des quinze prochaines années réduirait les rému-nérations de moins de 1%.9 Cependant, dans les régionsfrontalières, l’effet sur le marché du travail pourrait être plussignificatif, tout comme dans les secteurs les plus exposés àla concurrence des importations en provenance des paysd’Europe centrale, encore que là également il y ait des gainspotentiels à tirer de la proximité de nouveaux marchés.

Investissement

L’investissement est la clé de la croissancedans les pays candidats à l’adhésion

Les indicateurs d’investissement sont un bon baromètredu potentiel de croissance d’une économie10 (voir graphi-ques A.10 et A.11). L’investissement (mesuré par la for-mation brute de capital fixe) est plus fort par rapport auPIB dans les pays candidats à l’adhésion que dans lesEtats membres actuels de l’Union européenne – 25% duPIB contre 20% en 1998. Il est primordial que cette diffé-rence soit maintenue ou même accrue si l’on veut que lespays candidats obtiennent les taux de croissance élevésnécessaires pour qu’ils rattrapent les économies de

l’Union. En soi, un investissement élevé n’est pas une ga-rantie de réussite – il faut qu’il soit bien ciblé et associé auprogrès technique (voir ci-dessous) – mais c’est unecondition nécessaire.

Cependant, le niveau de l’investissement varie fortemententre les pays candidats. Dans la République tchèque, enSlovaquie et en Pologne, l’investissement se monte jus-qu’à environ 30% du PIB. Par contre, dans les pays quiont le plus bas niveau de PIB par habitant, il peut être bieninférieur (11% 1998).

Dans l’Union, le Portugal, pays qui a le deuxième PIB parhabitant le plus faible, a le niveau d’investissement le plusélevé par rapport au PIB (25%), tandis qu’en Espagne eten Grèce, ainsi qu’en Irlande, il est aussi très supérieur àla moyenne de l’Union. Par contre, la Suède, dont le PIBpar habitant est proche de la moyenne de l’Union, a letaux d’investissement le plus faible (17% du PIB).

Stock de capital: les économies en retardde développement ont beaucoup à fairepour rattraper les autres

Pour estimer les effets de la formation de capital sur lesrésultats économiques, il convient de considérer nonseulement les flux d’investissement courants mais aussile stock de capital accumulé que ces investissementsont constitué au fil du temps.11 Les données de stock im-pliquent une forte dose d’estimation et ne doivent êtreconsidérées que comme indicatives. Néanmoins, quel-ques conclusions intéressantes peuvent être tirées.

La principale observation est que les pays prospères ontun stock de capital plus important que lesmoins prospères. Dans les trois pays de lacohésion, en 1999, le stock de capital étaitestimé à 33.000 euros par habitant seule-ment contre 54.000 pour l’ensemble del’Union européenne et 75-80.000 au Da-nemark, en Allemagne et en Autriche (voirtableau A.19 et graphiques A.12 et A.13).Ainsi, les pays de la cohésion n’ont par ha-bitant que 60% du capital disponible parrapport à l’ensemble de l’Union.

Comme le stock de capital s’édifie au coursde nombreuses années, il tend à ne chan-ger que lentement et il est dominé par l’in-vestissement passé. Cela va de soi pour lesbâtiments, qui peuvent être utilisés efficace-ment pendant des décennies, voire pour lesmachines et les équipements dont la duréede vie utile est souvent de 10 ans ou plus.

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I.4 Les facteurs déterminant la convergence réelle

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3

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15

L EL IIR

L E P B D NL A UK FFIN DK S

UE3UE15

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/S

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15Secteur privé de R&D

Secteur public de R&D

Enseignement privé (*)

Education

En % du PIB

9 Investissement dans le savoir

(*) Y compris secteur des Eglises et secteur bénévoleLa définition des secteurs public et privé varie selon les pays

L: Données de R&D non disponiblesB: Les données sur l'éducation ne concernent que la région flamandeA: Décomposition de R&D non disponible