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Spécialité Terminales Année scolaire 2009-2010 DIVISION DU TRAVAIL ET EXTENSION DES MARCHES : Adam SMITH (1723-1790) Indications du programme On retiendra de Smith son analyse des sources et effets de la division du travail dans le contexte d’une économie de marché. On étudiera comment, selon lui, la division du travail accroît la richesse et comment un élargissement des marchés, que cette création de richesse entraîne, permet d’approfondir la division du travail. On soulignera deux de ses observations : celle suivant laquelle la division du travail, quand l’expansion des marchés le permet, conduit à l’établissement de nouveaux flux d’échanges, et celle suivant laquelle le changement technologique est endogène dans la mesure où c’est la division du travail qui conduit à l’amélioration des techniques. L’actualité des analyses de Smith et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur les formes actuelles de la division du travail dans l’entreprise et entre les entreprises, et leur articulation avec les conditions de concurrence et d’ouverture des marchés. => Biographie et contexte : cf feuille distribuée aux élèves Fondateur du libéralisme moderne : il considère que la richesse naît de la production matérielle et que différents moyens permettent d'augmenter cette production afin d'enrichir la nation : 1er moyen = diviser le travail 2 nd moyen = laisser les individus s'enrichir => « main invisible » => respect de la liberté => l'économie de marché est naturelle => l'Etat ne doit pas intervenir dans son fonctionnement L'Etat doit se limiter à trois fonctions : - protéger la nation contre les autres (armée), - protéger les individus contre l'injustice et l'oppression (justice et police) - s'occuper des travaux d'infrastructures nécessaires au développement économique et que le secteur privé ne peut pas prendre en charge 3ème moyen = se procurer les produits au meilleur prix sur le marché intérieur (concurrence) + marché extérieur => libre-échange entre les nations Introduction Contextualisation : Dès la fin du XVIIIe siècle l’Angleterre connaît une révolution industrielle. L’agriculture qui créait jusque-là l’essentiel des richesses, est progressivement supplantée par l’industrie. C’est donc dans un contexte d’industrialisation naissante qu’Adam Smith publie ses « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776). L’économie de marché se développe et le capitalisme s’impose comme une nouvelle forme d’organisation des rapports sociaux de production. Les « manufactures dispersées » s’effacent devant les « manufactures concentrées » qui deviendront les usines du XXe siècle : les machines et les hommes, antérieurement dispersés, sont désormais réunis dans un même lieu. La division du travail est alors possible. Problématique : Comment concilier l’intérêt général avec les égoïsmes individuels ? En permettant l'échange de marchandises entre les hommes, la DT apparaît comme une réponse à cette question. Mais au-delà des causes de la division du travail Adam Smith cherche également les conséquences. Quels sont les effets économiques de la division du travail ? Nous verrons d’abord les sources et les effets de la division du travail dans le contexte d’une économie de marché, puis nous verrons aborderons l’actualité des analyses d’Adam Smith et ses prolongements contemporains en s’interrogeant sur les formes actuelles de la division du travail. Nous verrons aussi que c'est le marché, un lieu naturel d'organisation des échanges, qui va assurer l'harmonie et l'ordre social. PLAN DU CHAPITRE DOCS OBJECTIFS DE SAVOIRS Introduction : Éléments biographiques et contextuels I. LA DIVISION DU TRAVAIL EST LE PILIER DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE POUR A.SMITH A. Quelles sont les origines et les effets de la division du travail ? 1. Les sources de la division du travail 2. Les effets de la division du travail B. Division du travail et extension des marchés sont liées II. ACTUALITÉ ET PROLONGEMENTS DE LA PENSÉE DE L'AUTEUR A La division du travail présente des limites B. La division du travail a été approfondie au sein de l'entreprise C. La division du travail dépasse largement aujourd'hui le cadre de l'atelier Extension des marchés et division du travail Organisation Nouvelles formes d'organisation du travail Ouverture des marchés 1

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Spécialité Terminales Année scolaire 2009-2010

DIVISION DU TRAVAIL ET EXTENSION DES MARCHES : Adam SMITH (1723-1790)

Indications du programmeOn retiendra de Smith son analyse des sources et effets de la division du travail dans le contexte d’une économie de marché. On étudiera comment, selon lui, la division du travail accroît la richesse et comment un élargissement des marchés, que cette création de richesse entraîne, permet d’approfondir la division du travail.On soulignera deux de ses observations : celle suivant laquelle la division du travail, quand l’expansion des marchés le permet, conduit à l’établissement de nouveaux flux d’échanges, et celle suivant laquelle le changement technologique est endogène dans la mesure où c’est la division du travail qui conduit à l’amélioration des techniques.L’actualité des analyses de Smith et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur les formes actuelles de la division du travail dans l’entreprise et entre les entreprises, et leur articulation avec les conditions de concurrence et d’ouverture des marchés.=> Biographie et contexte : cf feuille distribuée aux élèves

Fondateur du libéralisme moderne : il considère que la richesse naît de la production matérielle et que différents moyens permettent d'augmenter cette production afin d'enrichir la nation :

1er moyen = diviser le travail 2 nd moyen = laisser les individus s'enrichir => « main invisible » => respect de la liberté => l'économie de marché est

naturelle => l'Etat ne doit pas intervenir dans son fonctionnementL'Etat doit se limiter à trois fonctions :

- protéger la nation contre les autres (armée), - protéger les individus contre l'injustice et l'oppression (justice et police)- s'occuper des travaux d'infrastructures nécessaires au développement économique et que le secteur privé ne

peut pas prendre en charge3ème moyen = se procurer les produits au meilleur prix sur le marché intérieur (concurrence) + marché extérieur =>

libre-échange entre les nationsIntroduction

Contextualisation : Dès la fin du XVIIIe siècle l’Angleterre connaît une révolution industrielle. L’agriculture qui créait jusque-là l’essentiel

des richesses, est progressivement supplantée par l’industrie. C’est donc dans un contexte d’industrialisation naissante qu’Adam Smith publie ses « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776).

L’économie de marché se développe et le capitalisme s’impose comme une nouvelle forme d’organisation des rapports sociaux de production. Les « manufactures dispersées » s’effacent devant les « manufactures concentrées » qui deviendront les usines du XXe siècle : les machines et les hommes, antérieurement dispersés, sont désormais réunis dans un même lieu. La division du travail est alors possible.

Problématique : Comment concilier l’intérêt général avec les égoïsmes individuels ?En permettant l'échange de marchandises entre les hommes, la DT apparaît comme une réponse à cette question.Mais au-delà des causes de la division du travail Adam Smith cherche également les conséquences.

Quels sont les effets économiques de la division du travail ?

Nous verrons d’abord les sources et les effets de la division du travail dans le contexte d’une économie de marché, puis nous verrons aborderons l’actualité des analyses d’Adam Smith et ses prolongements contemporains en s’interrogeant sur les formes actuelles de la division du travail.

Nous verrons aussi que c'est le marché, un lieu naturel d'organisation des échanges, qui va assurer l'harmonie et l'ordre social.

PLAN DU CHAPITRE DOCS OBJECTIFS DE SAVOIRS

Introduction : Éléments biographiques et contextuelsI. LA DIVISION DU TRAVAIL EST LE PILIER DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE POUR A.SMITH A. Quelles sont les origines et les effets de la division du travail ? 1. Les sources de la division du travail 2. Les effets de la division du travail B. Division du travail et extension des marchés sont liées

II. ACTUALITÉ ET PROLONGEMENTS DE LA PENSÉE DE L'AUTEUR A La division du travail présente des limites B. La division du travail a été approfondie au sein de l'entreprise C. La division du travail dépasse largement aujourd'hui le cadre de l'atelier

Extension des marchés et division du travail Organisation

Nouvelles formes d'organisation du travail Ouverture des marchés

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Dans un ouvrage, La théorie des sentiments moraux (1759), Smith adopte une démarche philosophique en expliquant que l’homme est un être social qui cherche à faire approuver ses comportements par ses proches.

Dans son autre ouvrage Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations publié en 1776 et qui fonde la science économique, Smith recherche les causes de la croissance économique (qu’il appelle enrichissement) et jette les bases des futurs débats économiques.

I. LA DIVISION DU TRAVAIL EST LE PILIER DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE POUR A. SMITH

Avant de commencer : Définissons la division du travail * La division technique du travail organise la production à l’intérieur de l’entreprise => elle correspond à la

décomposition du processus de production en tâches spécialisées, successives et complémentaires=> c'est un mode d’organisation de l’entreprise qui vise à accroître l’efficacité du facteur travail (mesurée par la

productivité du travail) en le rationalisant de manière optimale. => c'est une forme d’organisation du travail => coordination d’ouvriers spécialisées au sein d’entreprises de plus

en plus grandes favorisant ainsi le phénomène de concentration des entreprises. Exemple : au début de la révolution industrielle, les manufactures « dispersées » cèdent peu à peu la place aux

manufactures « concentrées » qui réunissent en un même lieu les hommes et les machines antérieurement dispersés.

* Il ne faut pas la confondre avec la division sociale du travail = résultat de l’organisation de la société qui répartit les activités de ses membres en fonction du sexe, de l’âge, de l’appartenance à un ordre, etc.

=> Elle permet la production de marchandises distinctes qui s’échangent sur un marché et qui répondent à la diversité des besoins des individus.

=> Elle est donc à l’origine d’un « lien social marchand ».

A. Quelles sont les origines et les effets de la division du travail ?

Avant de commencer : La richesse d'une nation est constituée par l'ensemble des « choses nécessaires et commodes à la vie » (La Richesse des nations, introduction) qui peuvent être consommées par ses habitants. Ces choses sont le fruit du travail humain. Le travail est donc à la base de la richesse des nations.

* Smith fonde la valeur des biens sur la quantité de travail nécessaire pour se procurer un bien => valeur d'échange d'une marchandise = est mesurée par la quantité de travail nécessaire pour la fabriquer

=> le travail est créateur de richesse et son efficacité est grandement améliorée par la division du travail.* La richesse des nations ne provient que du travail productif (ex : travail d'un ouvrier) => n’est productif que le travail

qui consiste à créer des marchandises (avec le capital) (travail des domestiques = improductif)

1. Les sources de la division du travail

Objectif : présenter les origines de la division du travail

Document 1 : La disposition des hommes à échangerCette division du travail, de laquelle découlent tant d'avantages, ne doit pas être regardée dans son origine comme l'effet d'une sagesse humaine qui ait prévu et qui ait eu pour but cette opulence générale qui en est le résultat; elle est la conséquence nécessaire, quoique lente et graduelle, d'un certain penchant naturel à tous les hommes qui ne se proposent pas des vues d'utilité aussi étendues : c'est le penchant qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d'une chose pour une autre. [ ... ] Il est commun à tous les hommes, et on ne l'aperçoit dans aucune autre espèce d'animaux, pour lesquels ce genre de contrat est aussi inconnu que tous les autres. [ ... ] Dans presque toutes les espèces d'animaux, chaque individu, quand il est parvenu à sa pleine croissance, est tout à fait indépendant et, tant qu'il reste dans son état naturel, il peut se passer de l'aide de toute autre créature vivante. Mais l'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s'il s'adresse à leur intérêt personnel et s'il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu'il souhaite d'eux. C'est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque ; le sens de sa proposition est ceci : « Donnez¬moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-mêmes. » ; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont nécessaires s'obtiennent de cette façon. Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs

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intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Comme c'est ainsi par traité, par troc et par achat que nous obtenons des autres la plupart de ces bons offices qui nous sont mutuellement nécessaires, c'est cette même disposition à trafiquer qui a, dans l'origine, donné lieu à la division du travail. Par exemple, dans une tribu de chasseurs ou de bergers, un individu fait des arcs et des flèches avec plus de célérité et d'adresse qu'un autre. Il troquera fréquemment ces objets avec ses compagnons contre du bétail ou du gibier, et il ne tarde pas à s'apercevoir que, par ce moyen, il pourra se procurer plus de bétail et de gibier que s'il allait lui¬même à la chasse. Par calcul d'intérêt donc, il fait sa principale occupation des arcs et des flèches, et le voilà devenu une espèce d'armurier. Un autre excelle à bâtir et à couvrir les petites huttes ou cabanes mobiles; ses voisins prennent l'habitude de l'employer à cette besogne, et de lui donner en récompense du bétail ou du gibier, de sorte qu'à la fin il trouve qu'il est de son intérêt de s'adonner exclusivement à cette besogne et de se faire en quelque sorte charpentier et constructeur. Un troisième devient de la même manière forgeron ou chaudronnier; un quatrième est le tanneur ou le corroyeur des peaux ou cuirs qui forment le principal revêtement des sauvages. Ainsi, la certitude de pouvoir troquer tout le produit de son travail qui excède sa propre consommation contre un pareil surplus du produit du travail des autres qui peut lui être nécessaire, encourage chaque homme à s'adonner à une occupation particulière, et à cultiver et perfectionner tout ce qui peut avoir de talent et d'intelligence pour cette espèce de travail. [ ... ] Mais, sans la disposition des hommes à trafiquer et à échanger, chacun aurait été obligé de se procurer lui-même toutes les nécessités et commodités de la vie. Chacun aurait eu la même tâche à remplir et le même ouvrage à faire, et il n'y aurait pas eu lieu à cette grande différence d'occupations, qui seule peut donner naissance à une grande différence de talents.

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Flammarion, 19911) Quelle est l'origine de la division du travail ?

Les hommes ont un penchant naturel à échanger.

Les hommes échangent => dépendance entre eux car ils ont besoin les uns des autres => spécialisation dans l'activité pour laquelle ils sont le plus efficaces => l'échange rend nécessaire la division du travail => diversité des talents => satisfaction de tous.

2) La sagesse humaine est-elle à l'origine de ce penchant à l'échange ?

C’est l’avidité, l’égoïsme qui est à la base du système d’échange et de production selon Smith, non pas l’altruisme.

Compte tenu de ses besoins et de ses capacités à les satisfaire, l’homme est incapable de se débrouiller seul. Il doit constamment solliciter les autres. À la différence de l’animal, adulte, il ne peut pas vivre de façon totalement indépendante ; il a besoin des autres.

C'est la recherche de leur intérêt personnel qui pousse les hommes à l'échange économique => par l'échange, les intérêts égoïstes des individus deviennent conciliables.

Donc : L’échange rend nécessaire la division du travail => c’est parce qu’ils échangent que les hommes ont besoin les uns et des autres. Par conséquent, l’échange rend la division du travail indispensable et permet à chacun de se spécialiser dans le domaine où il peut exprimer au mieux ses talents personnels.

3) Qu'est-ce qui pousse les hommes à se spécialiser dans une activité particulière ?

C'est l'habileté de chacun, les qualités personnelles qui permettent d’être plus efficace, conduisent le choix de la spécialisation mais on peut considérer que le poids des traditions familiales avait aussi un rôle déterminant.

Donc : puisque la division du travail repose sur les talents de chacun (certes acquis par l’éducation et l’habitude), elle est le fruit d’une répartition des capacités de chacun et conduit nécessairement à un ordre social naturel et juste.

Condition à cela : La liberté d’échanger est donc une condition sine qua non de la prospérité. * Nul ne doit donc intervenir dans la vie économique, pas même le prince le plus éclairé. * L’activité économique est le fait d’agents privés qui décident en toute liberté des transactions qu’ils veulent réaliser. * Vouloir orienter celles-ci dans en un sens plutôt qu’un autre, c’est quasiment aller contre nature ;

- d’une part parce que cette intervention est nécessairement moins efficace ; - d’autre part parce que le fonctionnement du marché repose sur des lois économiques qui, à travers la main

invisible, s’imposent aux hommes.

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Rappel : par une « main invisible » se trouve « naturellement » assurée la compatibilité entre les égoïsmes individuels et l’intérêt général.

En rendant les individus dépendants les uns des autres, la division du travail contribue à l’harmonie sociale.Tout se passe comme si une main invisible régnait au-dessus de l’activité des hommes et permettait en laissant faire le

marché de conduire à l’opulence pour le plus grand nombre.

L'individu « est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions » (cf doc 2)

Donc : - L’échange est un penchant « naturel » à tous les hommes et le marché constitue le cadre naturel de cet échange. - Le fonctionnement de l’économie produit donc un ordre social naturel (vision libérale)

Remarque : Smith impose le caractère fondamentalement marchand des sociétés humaines => ceci peut être discuté. En effet, toute société ne développe pas toujours ou pas uniquement des échanges marchands. Les échanges peuvent ne pas être de nature économique. Par exemple le don a une force symbolique que l'on a oubliée : certaines tributs prouvent leur richesse et leur puissance par l'importance des dons qu’elles échangent. Ce ne sont pas nécessairement des richesses que l'on échange mais également des politesses, des rites, des danses.

Document complémentaire : La « main invisible »Chaque individu met sans cesse tous ses efforts à chercher, pour tout le capital dont il peut disposer, l'emploi le plus avantageux ; il est bien vrai que c'est son propre bénéfice qu'il a en vu et non celui de la société; mais les soins qu'il se donne pour trouver son avantage personnel le conduisent naturellement, ou plutôt nécessairement, à préférer précisément ce genre d'emploi même qui se trouve être le plus avantageux à la société. [ ... ] Par conséquent, puisque chaque individu tâche, le plus qu'il peut, - 1° d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et - 2° de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. À la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir.

2. Les effets de la division du travail

Document 2 : Diviser le travail accroît la productivité Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de

l'adresse, de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail. On se fera plus aisément une idée des effets de la division du travail sur l'industrie générale de la société, si l'on observe comment ces effets opèrent dans quelques manufactures particulières. [ ... ]

Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles. [ ... ] Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ; enfin, l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où, par conséquent, quelques-uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais, quoique la fabrique fût fort pauvre et, par cette raison, mal outillée, cependant, quand ils se mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour; or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne. Ainsi, ces dix ouvriers pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers d'épingles dans une journée ; donc, chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut être considéré comme donnant dans sa journée quatre mille huit cents épingles. Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux-

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cent-quarantième partie, et pas peut-être la quatre-mille-huit-centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations. [ ... ]

Dans tout autre art et manufacture, les effets de la division du travail sont les mêmes. [...] La division du travail, aussi loin qu'elle peut y être portée, amène un accroissement proportionnel dans la puissance productive du travail. C'est cet avantage qui paraît avoir donné naissance à la séparation des divers emplois et métiers.

ADAM SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Livre 4, Chapitre 1, © Flammarion, 1991. 1) Rappelez ce qu'est une manufacture.

Une manufacture = entreprise industrielle de transformations des matières premières en produits manufacturés résultant principalement d'un travail manuel à l'aide d'outils.

Point de vue historique : la manufacture marque les débuts du factory system qui succède au domestic system => les travailleurs sont désormais regroupés sur le même lieu de production ce qui facilite la division de leur travail.

2) Quelle est la conséquence principale de la division du travail ? Expliquez.

Elle permet une hausse importante de l’efficacité du travail, c’est-à-dire de la productivité du travail => gains de productivité => richesse des nations => opulence générale. Smith parle d'une amélioration de la « puissance productive du travail ».

Dans ce texte célèbre, Adam SMITH établit une relation économique simple : « les effets de la division du travail sont […] un accroissement dans la puissance productive ».

Conséquences de la hausse de la puissance productive : hausse des quantités produites + baisse des prix => toutes les classes sociales ont un plus large accès à ces produits de consommation.

3) L'analyse de Smith se limite-t-elle à la division du travail au sein d'une entreprise ?

Cet exemple de la manufacture d'épingles se situe au plan microéconomique mais pour Smith il peut être généralisé au plan macroéconomique => il ne fait pas de distinction marquée entre les deux.Smith n'y voit que des différences de degré, pas de nature.

Donc : pour A. Smith, tout se passe comme si l’atelier était une microsociété, ou plutôt comme si la société pouvait se penser comme un atelier. La division des activités économiques, « entre arts et métiers », correspond à la répartition des tâches évoquée dans la manufacture d’épingles.

Il convient alors d'étudier plus en détail les raisons de cette hausse de la productivité.

Document 3 : Les causes de l’efficacité économique de la division du travail Cette grande augmentation dans la quantité d’ouvrage qu’un même nombre de bras est en état de fournir, en

conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes […] Premièrement, l’accroissement de l’habileté de l’ouvrier augmente la quantité d’ouvrage qu’il peut accomplir, et la division

du travail, en réduisant la tâche de chaque homme à quelque opération très simple et en faisant de cette opération la seule occupation de sa vie, lui fait acquérir nécessairement une très grande dextérité. […]

En second lieu, l’avantage qu’on gagne à épargner le temps qui se perd communément en passant d’une sorte d’ouvrage à une autre, est beaucoup plus grand que nous ne pourrions le penser au premier coup d’œil. Il est impossible de passer très vite d’une espèce de travail à une autre qui exige un changement de place et des outils différents. […]

En troisième et dernier lieu, tout le monde sent combien l’emploi de machines propres à un ouvrage abrège et facilite le travail. Il semble que c’est à la division du travail qu’est originairement due l’invention de toutes ces machines propres à abréger et à faciliter le travail. [...] On doit naturellement attendre que quelqu’un de ceux qui sont employés à une branche séparée d’un ouvrage, trouvera bientôt la méthode la plus courte et la plus facile de remplir sa tâche particulière, si la nature de cette tâche permet de l’espérer. [...] Il n’y a personne d’accoutumé à visiter les manufactures, à qui on n’ait fait voir une machine ingénieuse imaginée par quelque pauvre ouvrier pour abréger et faciliter sa besogne. Cependant [parmi] toutes les découvertes […] un grand nombre est dû à l’industrie des constructeurs de machines, depuis que cette industrie est devenue l’objet d’une profession particulière, et quelques-unes à l’habileté de ceux qu’on nomme savants ou théoriciens.

A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, (1776), GF-Flammarion, 1991.1) Afin de montrer que la division du travail permet d'augmenter la productivité, complétez le schéma ci-dessous en retrouvant les termes appropriés dans le texte :

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Trois explications aux gains de productivité : - Améliore l’habileté et l’adresse par la répétition des gestes. Plus de dextérité => cela facilite l'apprentissage- Suppression des temps morts dus aux changements de tâches et de postes (changement de place et d’outils). - La division du travail est associée au développement du machinisme et du progrès technique.

Donc : La division du travail permet l’accroissement de l’habileté de l’ouvrier. Spécialisé, il maîtrise mieux les gestes à réaliser. D’où des gains de temps, une réduction des temps morts.

Remarque : On retrouve ici les prémices d’une rationalisation du travail, que Max WEBER et F. W. TAYLOR développeront chacun à leur manière.

2) Quel lien A. Smith établit-il entre la division des tâches et le progrès technique ?

La division du travail, aussi bien technique que sociale, favorise-t-elle le progrès technique :- La division technique : en cherchant à épargner sa peine, l’ouvrier est plus inventif => l’homme est plus prompt à

découvrir des méthodes qui rendent ses gestes plus efficaces et moins fatigants : « une machine ingénieuse imaginée par quelque pauvre ouvrier pour abréger et faciliter sa besogne. »

Remarques : Ici Adam SMITH considère que la division du travail est bénéfique pour l’esprit, et est favorable à l’épanouissement de

la personne. Cette vision très positive de la division du travail sera relativisée par SMITH lui-même dans d’autres passages de « la richesse des nations ». On ne peut également s’empêcher de penser aux critiques faites au taylorisme et au fordisme dans les années 60…

Adam Smith laisse ici entendre que c’est la division du travail qui a favorisé la création de machines, et donc incité au développement du progrès technique (ce que Karl Marx affirmera lui aussi).

- La division sociale : La production de biens de production (machine) devient une industrie elle-même. C’est une spécialisation par domaine d’activité. Les spécialistes, les ingénieurs et les chercheurs, « savants ou théoriciens », se consacrent à cette tâche et mettent au point de nouvelles machines adaptées à la division du travail. « [parmi] toutes les découvertes […] un grand nombre est dû à l’industrie des constructeurs de machines ».

Donc : La recherche d’une plus grande efficacité, la division du travail, auraient donc conduit selon Smith à l’innovation technique. Dans une certaine mesure, on peut considérer Smith comme l’un des précurseurs de la théorie de la croissance endogène.

Toutefois, cette analyse attribuée à Smith ne concerne qu’un court passage de son œuvre.

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Synthèse à faire sur ce point : effets positifs * la DT permet d'améliorer :

la dextérité des travailleursleur rapiditéle perfectionnement des machines

ces gains de productivité => quantité produite et prix => consommation => opulence générale et satisfaction de tous

prix => consommation => nouveaux marchés car une partie de la population qui n'avait pas accès à certains biens peux les acquérir => toutes les classes sociales ont un plus large accès à ces produits de consommation

multiplication des échanges => hausse des liens marchands entre les individusdiversification des produits* au niveau international : DT = gain pour tous les pays => remise en cause d'une vision de l'économie comme un jeu à

somme nulle diversité des produits

Limites de cette DT : cf II => limites sociales = effets abrutissants et deshumanisants de la DT sur l'ouvrier => compensation par des mesures d'éducation populaire => rôle de l'Etat parce que la société y a intérêt

Transition :

B. Division du travail et extension des marchés sont liées

Idée : DT et extension des marchés forment un cercle vertueux (Extension des marchés = croissance des échanges)

Schéma : DT => extension des marchés => DT : un cercle vertueux (Exemple : cercle vertueux de la croissance fordiste)

Document 4 : Division du travail et extension des marchésParmi les hommes, au contraire, les talents les plus disparates sont utiles les uns aux autres ; les différents produits de leur industrie respective, au moyen de ce penchant universel à troquer et à commercer, se trouvent mis, pour ainsi dire, en une masse commune où chaque homme peut aller acheter, suivant ses besoins, une portion quelconque du produit de l'industrie des autres.Puisque c'est la faculté d'échanger qui donne lieu à la division du travail, l'accroissement de cette division du travail doit par conséquent toujours être limité par l'étendue de la faculté d'échanger, ou dans d'autres termes, par l'étendue du marché. Si le marché est très petit, personne ne sera encouragé à s'adonner entièrement à une seule occupation, faute de pouvoir trouver à échanger tout le surplus du produit de son travail qui excédera sa propre consommation, contre un pareil surplus du produit du travail d'autrui qu'il voudrait se procurer.Il y a certains genres d'industrie, même de l'espèce la plus basse, qui ne peuvent s'établir ailleurs que dans une grande ville. Un portefaix*, par exemple, ne pourrait pas trouver ailleurs d'emploi ni de subsistance. Un village est une sphère trop étroite pour lui. Dans ces maisons isolées et ces petits hameaux qui se trouvent épars dans un pays très peu habité, comme les montagnes d'Écosse, il faut que chaque fermier soit le boucher, le boulanger et le brasseur de son ménage. Un charpentier de village confectionne tous les ouvrages en bois, et un serrurier de village tous les ouvrages en fer. Le premier n'est pas seulement charpentier, il est encore menuisier, ébéniste ; il est sculpteur en bois, en même temps qu'il fait des charrues et des voitures.

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« puissance productive du travail » cad de la productivité

richesse des nations

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Les métiers du second sont encore bien plus variés. Il n'y a pas de place pour un cloutier dans ces endroits reculés. A raison d'un millier de clous par jour, et en comptant trois cents jours de travail par année, cet ouvrier pourrait en fournir par an trois cents milliers. Or, dans une pareille localité, il lui serait impossible de trouver le débit d'un seul millier, c'est à dire le travail d'une seule journée, dans le cours d'un an.Comme la facilité des transports par eau ouvre un marché plus étendu à chaque espèce d'industrie que ne peut le faire le seul transport par terre, c'est aussi sur les côtes de la mer et le long des rivières navigables que l'industrie en tout genre commence à subdiviser et à faire des progrès.

*portefaix : homme qui a pour métier de porter les fardeaux

Source : Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, (Première édition 1776), Editions Gallimard, Collection Idées, 1976.

1) Pourquoi la division du travail se trouve-t-elle limitée sur les petits marchés ?

Il risque d’y avoir des problèmes de débouchés si les marchés sont trop petits. Sachant cela, les individus préfèrent limiter leur production de peur d’avoir de nombreux stocks. Dans ce cas, l’activité économique n’est pas stimulée et la division du travail inutile.

Si le marché est très petit, on se heurte à un problème de débouchés pour écouler son surplus et pour trouver à satisfaire ses désirs (pénurie) => exemple : petits villages écossais

Si le marché est plus large, la division du travail est stimulée par l'opportunité de profit et de consommation de nouveaux produits.

Conséquence : la taille du marché va déterminer la division du travail => cf phrase soulignée- pour qu'il y ait DT, les individus doivent pouvoir échanger ce qu'ils produisent contre ce dont ils ont besoin : marché et

division du travail sont indissociables.- Donc, plus les hommes mis en relation sont nombreux, plus la division du travail se développe

Mécanisme : création de nouveaux marchés => débouchés => approfondissement de la DT afin d' production pour satisfaire les nouveaux besoins : extension des marchés => approfondissement de la DT

Cependant à son tour, la division du travail favorise un élargissement des marchés.plus la division du travail se développe, plus chaque individu dépend des autres pour la satisfaction de ses besoins, plus

les échanges sont nombreux.

DT => spécialisation + parcellisation des tâches => gains de productivité => prix + revenus => les biens produits deviennent plus accessibles => consommation => taille des marchés => approfondissement DT etc.

=> ex : passer du village à la ville

2) Comment favoriser l'extension des marchés ?

Idée : extension des marchés => approfondissement de la DT

Il faut limiter, voire supprimer, totalement les douanes et barrières tarifaires (cad les obstacles au libre-échange), que ce soit à l’intérieur du pays (exemple : la France à l’époque de Smith) ou avec l’extérieur et installer un système de libre-échange sans droits de douane ou autres barrières.

La diversification des moyens de transport et de communication (cf dernière phrase) => création de nouveaux marchés => débouchés => approfondissement de la DT afin d' production pour satisfaire les nouveaux besoins extension des marchés => approfondissement de la DT

Un pays qui bénéficie d’ouvertures maritimes a plus de facilités à se procurer des marchandises en provenance de pays lointains.

Les villes sur les axes de commerce son généralement de riches cités.

Exemples : Smith prendra l'exemple de l'Inde et de l'Angleterre => en échangeant de plus en plus , grâce à la facilité des

transports par eau, renforcent leur spécialisation dans leurs activités. Et la division du travail qui en résulte entraîne des gains de productivité et une hausse des richesses produites par l'ensemble des actifs

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la mondialisation de la productionDifférents composants d’une automobile ou d’un ordinateur sont l’objet de spécialisations nationales (bureaux d’étude aux États-Unis, composants électroniques dans les NPIA, main d'œuvre en Malaisie ou en Amérique Latine, etc.).A contrario, ceci explique les difficultés de politiques de développement industriel cantonnées au marché intérieur, comme ce fut le cas dans les années 1950-1970 en Amérique latine, ou l’étroitesse des marchés ne permettait pas d’approcher la norme mondiale de productivité.

La création d'un marché unique au sein de l'Union Européenne repose en grande partie sur l’idée qu’un grand marché européen doit stimuler les échanges et la croissance économique de la zone Europe

suppression des barrières douanières avec l'Acte unique européen en 1987, instauration de l'€ en 2002spécialisation relative des nations (France = agriculture, aérospatiale, chimie-pharmacie, Portugal ou

Pologne = activité de montage)

En conséquence, on peut dire que le commerce est un vecteur de développement => les opportunités de commerce constituent un élargissement du marché potentiel.

Remarque : On trouve ici la théorie des avantages absolus développée par Smith au niveau international.Adam SMITH prône le commerce international et le libre échange. Chaque pays doit se spécialiser selon son avantage absolu c’est à dire dans la production dans laquelle il est plus efficace que ses partenaires. S’il peut produire moins cher qu’un autre pays il a intérêt à produire ce bien qu’il pourra échanger contre un bien que son partenaire produit mieux que lui. Ainsi, les pays se spécialisent, s’engagent dans la division du travail et créent de nouveaux flux d’échanges.

Donc, au niveau international : la DT est source de gain pour tous les pays car elle permet une meilleure utilisation des facteurs de production => production et prix => richesse des nations.

3) Pour résumer, construisez un schéma d'enchaînement causal en utilisant les expressions suivantes : de la productivité, de la division du travail, de la taille des marchés, des richesses produites.

Ce qu'il faut retenir : définition DTorigineseffetslien DT / extension des marchés

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II. ACTUALITÉ ET PROLONGEMENT DE LA PENSÉE DE L'AUTEUR

Objectifs : - s'interroger sur les formes actuelles de la division du travail dans l'entreprise et entre les entreprises- s'interroger sur l'articulation de ces formes avec les conditions de concurrence et d'ouverture des marchés

Problématiques : La DT est-elle toujours au cœur de la richesse des nations ?La DT n'a-t-elle que des bienfaits ?L'analyse de la DT faite par A. SMITH est-elle encore d'actualité ?Le NFOT remettent-elles fondamentalement en cause la DT ?Les échanges internationaux se fondent-ils sur une DIT ?

A. La division du travail présente des limites

A Smith lui même reste conscient des problèmes que génère la division du travail

Smith le note lui même, la répétition quotidienne des mêmes gestes simples sur une vie entière ne sont pas de nature à développer l’intelligence du travailleur => il reconnaît les effets abrutissants et déshumanisants de la DT sur l’ouvrier.

Toutefois, pas de remise en cause de la DT pour autant => c’est en quelque sorte le prix à payer pour que l’enrichissement collectif soit possible.

En revanche, il reconnaît la nécessité pour le bien de la société et de la nation d’en compenser les effets négatifs par la mise en place de mesures d’éducation populaire => rôle de l’Etat => chargé de dispenser un minimum d’instruction obligatoire (lire, écrire, compter, quelques éléments de mécanique ou de géométrie, …).Ce ne sont pas raisons humanitaires qui poussent A. Smith à recommander cette instruction publique => c’est parce que l’Etat, la société, la nation en général y a un grand intérêt. Raison : de l’instruction dépendent la décence, l’ordre et le respect de la hiérarchie => autant de conditions importantes et nécessaires afin que la régulation naturelle et harmonieuse par le marché puisse continuer de fonctionner et que la division du travail puisse être intensifiée.

On retrouve ici un élément de l'analyse marxiste pour qui la DT se traduit par une aliénation => déshumanisation qui résulte des rapports de production capitalistes.

Dans la même ligne de pensée , la division du travail est selon S Marglin un moyen de garantir la domination de l’entrepreneur capitaliste

Cette critique est formulée par Stephen Marglin dans What do bosses do ? reprise par André Gorz dans Critique de la DT en 1973 => ils montrent que toute organisation du travail est à la fois une technique de production et une technique de domination. Explication : La direction contrôle ainsi l’organisation du travail. L’ouvrier est dépossédé de cette maîtrise (aliénation). => On retrouve ici une analyse marxiste dans laquelle la DT est un moyen d’accroître la plus value et donc l’exploitation.

Donc, la DT est donc, dans cette logique, essentiellement le moyen de garantir à l'entrepreneur les moyens de sa domination en dépossédant l'ouvrier de tout pouvoir et de toute initiative.Les conséquences sociales négatives de la division du travail ne sont pas des effets inintentionnels : par la déqualification de l’ouvrier la bourgeoisie peut faire pression à la baisse sur les salaires et accentuer l’exploitation du prolétariat.

Transition : Cependant, malgré ces limites, la DT envisagée par SMITH a été approfondie.

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B. La DT a été approfondie au sein de l'entreprise

Le taylorisme => rationalisation du travail => OST

Objectifs : lutter contre la flânerieaugmenter la productivité

Moyens : - double division du travail (verticale et horizontale)- salaire aux pièces- chronométrage des tâches

L'influence de Taylor est considérable ; ses principes seront suivis dès le début du siècle aux États-Unis et dans l'entre-deux-guerres en Europe.

Le fordisme

Henri Ford va poursuivre l'œuvre de Taylor en mettant en place un convoyeur mécanique (= la chaîne) => suppression des temps de déplacement du produit en cours de fabrication entre deux postes de travail + réglage de la cadence de travail.

Autre apport : le five dollars day

Conséquences : croissance fordiste des Trente Glorieuses => gains de productivité élevés redistribués dans le cadre du compromis fordiste => production et consommation de masse.

Synthèse à ce niveau :

SMITH TAYLOR FORD

Nom de l'organisation Division du travail Organisation scientifique du Travail Fordisme

Objectif Gains de productivité

Comment atteindre l'objectif ?

1. Plus grand talent ;2. Gains de temps ;3. Inventer de nouvellesmachines

1. Division horizontale du travail(parcellisation et spécialisation) : => mêmes avantages que chez Smith sauf 32. Division verticale du travail (séparation conception et exécution, imposition de la méthode de production ; contrôlehiérarchique) : mise en place de la technique la plus scientifique possible

Principes de l'OST + :- mise en place du convoyeur => travail à la chaîne- standardisation des biens- redistribution des gains de productivité * salaires (five dollars days) + prix => consommation de masse * profits => investissement => production de masse

Inconvénients Abrutissement desemployés

Abrutissement des employésDémotivationAliénation

Solutions aux inconvénients

L'Etat finance l'éducation pour tous

Contrôle hiérarchique pour maintenirl’ordre de la production

Conclusion : Le taylorisme et le fordisme sont des applications de l'analyse de Smith sur la division du travail : l'objectif de ces organisations est bien à terme l’augmentation de la productivité du travail par l’amélioration de l'habileté des travailleurs et la réduction des temps morts grâce à la division du travail. On peut même trouver dans l’organisation du travail mise en place par Henry Ford la vérification de l’idée de Smith selon laquelle la division du travail favorise l’intégration du progrès technique au sein de l’atelier ( EX : c’est la division du travail qui permet l'utilisation du convoyeur mécanique fordiste).

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DT trop poussée => dangers remise en cause du schéma fordiste

Effets pervers de la DT : travail monotone et répétitifpour le salarié : perte d'autonomie et de responsabilité => démotivationperte d'efficacité de la DT

Remarques : - on retrouve les limites évoquées précédemment- le sociologue français Georges Friedmann dans son livre Le travail en miettes (1956) soulignait déjà ces effets : dans

cet ouvrage, le sociologue y étudie les effets du progrès technique sur le travail. Dans une période plutôt encline à l'apologie de la machine (la France est en pleine reconstruction), Georges Friedmann porte au contraire un regard critique sur les effets du travail à la chaîne, sans pour autant verser dans la technophobie.

Manifestation de la crise dans les années 1960 => limites sociales : augmentation des conflits sociauxaugmentation du turn-overmalfaçons, rebus, gaspillages liés aux sabotages de la productionabsentéisme

Du point de vue des consommateurs : lassitude des produits standardisés et de qualité médiocre.

Donc, contrairement à ce que pensait Smith, une division du travail trop poussée peut parfois nuire à la force productive du travail et donc à la productivité.

La prise en compte de ces limites se traduit par l'émergence des NFOT (nouvelles formes d'organisation du travail)

Objectifs : donner plus de responsabilité et un travail intéressant aux salariés afin d'enrichir leurs tâches et de susciter leur

motivationintroduire des la souplesse et de la fluidité dans l'entreprise => flexibilité

Remarque : l’école des relations humaines montre que la division du travail crée des gains de productivité lorsque les conditions de travail sont favorables aux employés. En étudiant l’entreprise Western Electric Company dans les années 1930, Elton Mayo (sociologue australien) et ses collègues ont démontré que la productivité augmentait dans les ateliers quand on prenait attention aux ouvriers et qu’on leur montrait qu’on leur accordait ne serait-ce qu’un peu d’importance. Il est donc nécessaire de ne pas trop diviser le travail.

Un exemple de NFOT : le toyotisme => dès les années 1950 et généralisation à partir des années 1980Principes :

- au niveau des travailleurs : - rotation des postes- élargissement des tâches- enrichissement des tâches- groupes semi-autonomes - cercles de qualité

- au niveau de la production : principe des flux tendus et des cinq zéros => le "juste à temps": méthode de production caractéristique du toyotisme et qui consiste à ne produire un bien qu’au moment où il est commandé par un client ou rendu nécessaire pour la fabrication d’un produit fini.

Remarque : la diversification de la demande n'est pas incompatible avec l'extension des marchés.

Les NFOT ont-elles remis en cause la DT et la thèse de SMITH ?- en apparence oui => post-taylorisme => cf principes du toyotisme mais celui-ci s'appuie cependant sur la

division du travail - en réalité, elle change simplement de forme : elle renouvelle les contraintes (les impératifs de compétitivité

dans un contexte de concurrence internationale accrue), elle répond à de nouvelle exigences (normes ISO, flexibilité), etc.. => néo-taylorisme

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Exemple : dans les fast-food, centres d'appels téléphoniques => forte division des tâches

Donc, ce type d’organisation n’est pas propre aux activités industrielles mais touche également les activités de services.

Par ailleurs, le travail est encore source de stress et les contraintes liées au rythme de travail augmentent.

Ce constat n’est pas sans conséquence et pourrait selon certains auteurs conduire à concevoir le marché du travail comme un marché segmenté en deux parties :

o un noyau central, le coeur de l'entreprise, fait des fonctions les plus rémunératrices et les plus qualifiées (bureau d'études, d'ingénierie, et certaines activités tertiaires),et

o un ensemble d'emplois périphériques, les moins qualifiés, les moins stables, concernant des travailleurs exécutant des tâches dévalorisées.

=> On parle alors de dualisation du marché du travail

On note toutefois les limites de l’extension de la division du travail : celle-ci demeure efficace pour la production d’activités nécessitant un degré de qualification limitée => plus difficile de l’appliquer pour des tâches complexes.

=> L’analyse de Smith se limiterait donc aux tâches d’exécution les plus simples.

Donc : La crise du fordisme n’a pas conduit à la disparition des idées de Smith puisque le taylorisme s’est transformé en un néo-taylorisme. C’est évident, mais il faut le noter.La division du travail reste donc bien au cœur de la croissance moderne, deux siècles après les constatations de Smith.

C. La division du travail dépasse largement aujourd'hui le cadre de l'atelier

Problématique : la DST est-elle encore source de croissance économique dans une économie mondialisée ?

1. La division du travail entre entreprises se développe

Idée : Avec la mondialisation des échanges, la division du travail existe aussi entre entreprises à travers la notion d’externalisation afin de flexibiliser la production, d’améliorer la compétitivité et la productivité.

Cela fait référence au make or buy = faire ou faire faire

Les entreprises opèrent alors une sous-traitance de tout ou partie de leur production (soustraitance de capacité) et/ou une sous-traitance d’une activité spécifique qu’elles ne désirent plus effectuer (sous-traitance de spécialité).

L’externalisation des activités peut prendre deux formes :o Elle peut consister à sous-traiter des activités qui ne sont pas directement liées à la production en faisant appel à

une entreprise extérieure spécialisée dans l’entretien des espaces verts, le gardiennage, le transport, le nettoyage des locaux, la maintenance informatique, etc.);

o Elle peut également consister à confier à un partenaire externe (entreprise sous-traitante) une partie de la production parce qu’il y a un avantage de coût à suivre une telle stratégie.

Document 5 : Les réseaux d'entreprisesDans l'automobile, les constructeurs ont opéré un recentrage sur leurs métiers de base : conception de nouveaux véhicules, assemblage, marketing, financement des ventes, en externalisant l'électronique, les sièges, les équipements de bord, les pare¬chocs, les blocs optiques. Ce recentrage s'est également accompagné d'une rationalisation des achats : à l'horizon de 2005, les principaux constructeurs n'auront pas plus d'une centaine de fournisseurs de « modules », soit cinq fois moins qu'il y a dix ans. L'évolution est parallèle dans l'industrie aéronautique [ ... ]. De même, les grandes firmes du secteur des équipements télécoms et informatiques ont externalisé l'assemblage de leurs produits. De manière générale, trois grands facteurs sont susceptibles d'expliquer ce mouvement généralisé de désintégration verticale. En externalisant, le client transfère au fournisseur les deux risques inhérents aux investissements: le risque de surcoût lié au surinvestissement et le risque de sous-capacité lié au sous-investissement. L'externalisation a également comme finalité une diminution des coûts pour le client, ce qui doit accroître sa rentabilité économique. Cette réduction de coûts repose sur deux mécanismes principaux. Lorsqu'un fournisseur travaille simultanément pour plusieurs clients, il réalise des économies d'échelle par le biais de la mutualisation des équipements et du personnel. De

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plus, le coût est réduit car, généralement, les fournisseurs offrent à leurs salariés des conditions salariales moins intéressantes que la firme qui externalise, et les avantages annexes sont également moindres, du fait de conventions collectives moins favorables (avantages sociaux, retraites, horaires, etc.). Enfin, à travers l'externalisation, ce sont les avantages de la division du travail interfirme qui ressortent: chaque firme, en concentrant ses ressources (par définition limitées) sur les activités qu'elle maîtrise le mieux, fait profiter aux firmes avec lesquelles elle est en relation des progrès qu'elle réalise en termes de coûts, de performance et de qualité. Les clients bénéficient de l'expertise des fournisseurs, qui améliore les performances des activités qui leur sont transférées. Ce troisième facteur explicatif nous renvoie à l'approche par les compétences: il s'agit pour les grandes firmes d'externaliser les activités qui ne sont pas similaires à leurs activités de base mais qui, néanmoins, sont complémentaires. La question principale est dès lors celle des modalités de la coordination entre la grande firme et les firmes en situation de fournisseur.

B. Baudry, Économie de la firme, La Découverte, « Repères », 2003 Quels sont les avantages de l'externalisation ?

La grande entreprise externalise une partie de ses activités qu’elle confie à d’autres entreprises, souvent des PME, dans le cadre de sous-traitance, de partenariat, de franchisage, etc. Elle est au centre d’un réseau d’entreprises.

Objectif de ce type de spécialisation = l’optimisation de la production et la réduction des coûts. Grâce à l’externalisation, l’entreprise transfère au fournisseur le risque de surcoût lié au surinvestissement et le risque

de sous-capacité lié au sous-investissement et aux fluctuations de la demande. Par ailleurs, mis en concurrence, les fournisseurs s’efforcent de comprimer leurs coûts pour décrocher le marché. Cela se réalise au prix d’une compression des salaires et au détriment des conditions de travail des salariés qu’ils

embauchent.Par ailleurs, cette externalisation va permettre à l'entreprise donneur d'ordres une baisse de ses coûts de production

en particulier car elle ne subit plus directement les aléas du marché. En effet, ce sont les entreprises sous-traitantes qui vont les subir et donc, de ce fait, vont être obligées d’embaucher en contrats précaires

Question de réflexion : La stratégie d’externalisation confirme-t-elle l’analyse d’Adam Smith ?

Transition : Cette organisation, dans la droite ligne de la division du travail de A. Smith et de F. W. Taylor peut conduire à des rapports de domination économique entre les entreprises donneuses d’ordre et les entreprises sous-traitantes, ou entre société mère et filiales (firmes transnationales) au sein alors de la DIPP.

2. L'approfondissement de la DT s'inscrit dans un contexte de concurrence et d'ouverture des marchés

Idée : Les intuitions de Smith ont trouvé des prolongements dans les explications contemporaines de la croissance et de l'échange international.

La DIT

Idée : La mise en pratique des propositions de Smith (libre-échange et division du travail) mène à la spécialisation internationale et donc à la division internationale du travail.

=> Pourquoi ?Chaque pays va se spécialiser dans la ou les productions pour lesquels ses coûts de production sont les plus faibles (ce que Smith appelle la théorie des avantages absolus) et pourra les échanger contre des produits provenant d’un autre pays qu’il n’est pascapable de produire à meilleur coût. C’est la raison pour laquelle on parle de Division Internationale du travail (ou DIT).

L'analyse de Smith sur les bienfaits de l’accroissement de la taille des marchés sur la division du travail a donné lieu à des applications pratiques concernant l’ouverture des marchés.En 1786, Le premier ministre britannique William Pitt réduit la protection douanière et signe un traité de commerce avec la France, donnant ainsi corps aux principes de liberté du commerce et de division du travail entre les nations.

Remarque : ouverture des marchés > diffusion du PT > Efficacité économique. Le commerce international s’accompagne de transferts de technologies du Nord vers le Sud => accès plus large au PT et des nouveaux pays acquièrent de nouvelles technologies, déjà maîtrisées par les pays de Nord.

Moyens : IDE, implantation de FTN, importation de biens de consommation… Conséquences :

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Le Sud produit de nouveaux biens, se positionnent sur de nouveaux secteurs, concurrençant les industries du Nord.

Le Nord devrait pourvoir évoluer dans sa spécialisation également, et développer de nouvelles technologies, des secteurs à très forte valeurs ajoutée.

La DIPP

Document 6 : Externalisation et décomposition internationale des processus de production « ‘‘Ah, vous parlez du Meccobaï’’ m’a lancé avec désinvolture, lors d’un déjeuner, le consultant d’un cabinet de conseil en management. ‘‘Le quoi ?’’, ai-je demandé, croyant entendre quelque expression russe. ‘‘Make or buy’’. En français : ‘‘fabriquer ou acheter’’. ‘‘Je vais vous expliquer. Prenez ce moulin à poivre’’ m’a-t-il dit en soupesant le banal petit objet, composé d’un flacon de verre, d’un couvercle en aluminium et d’une manivelle de bois coiffée d’un bouchon décoratif. ‘‘Imaginez que nous arrivions dans l’entreprise qui le fabrique. Pour chaque élément, chaque composant, nous posons au patron la même question : make or buy ?Nous lui demandons en fait s’il est réellement vital pour lui de fabriquer dans son usine cette manivelle de bois, ce bouchon, ce couvercle d’aluminium et ce flacon […]. « Tout acheteur aguerri bombardé dans une entreprise de quelque secteur que ce soit peut détecter les processus qui pourraient être réalisés moins cher ailleurs. On voit l’éditeur provençal Actes Sud faire imprimer des ouvrages en Thaïlande ou des grandes marques de canapé confier la couture de leurs coussins à des ateliers du Maghreb. […] Autre illustration, le vélo vedette du groupe Décathlon, le modèle ‘‘B’Twin’’, le plus vendu au monde, et dont les centaines de pièces viennent de trente pays différents. […] Les cadres viennent à 70% de Chine et de Taïwan, et à 30% du Portugal. Les éclairages et les garde-boue sont français, les jantes viennent de Belgique ou d’Espagne, les dérailleurs sont fournis par une société américaine qui fait fabriquer en Irlande, les selles et les pédales arrivent d’Italie, les leviers de frein du Portugal, et les pneus de Thaïlande. La Suisse, qui fournit des rayons haut de gamme, est l’un de ces pays ‘‘chers’’ qui profitent de leur forte tradition cycliste ».

F. Benhamou, Le grand bazar mondial, 2005Comment appelle-t-on les entreprises citées dans le document ?

Ce sont des FTN

Remarque : FTN et filialesFMN = firme possédant ou contrôlant des entreprises implantées dans plusieurs pays et en mesure d'élaborer une

stratégie qui s'appuie sur les différences socio-économiques de ces paysFTN = Filiale = société dont au moins la moitié du capital est détenue par une autre société appelée société mère

Exemples de FMN : IBM, General Motors, Nestlé, Renault, Rhône Poulenc, …Quelle stratégie de production adoptent-elles ?

Leur activité productive s’exerce donc dans plusieurs pays ce qui lui permet de répartir les différentes étapes du processus de production dans différents pays. On parle alors de DIPP pour décomposition internationale des processus de production.

Exemple : fabrication des pièces dans les pays où la main d'œuvre est moins chère, montage par des ouvriers spécialisés dans des pays à faibles coûts salariaux, conception dans des pays à main d'œuvre qualifiée et mieux payée etc;

Attention, cette pratique n’est pas nouvelle. On observe les premiers exemples de DIPP dans les années 1970. La Ford Escort américaine était ainsi produite dans différents pays.

Remarque : Pour certaines d’entre elles et notamment dans le domaine des hautes technologies, l’ouverture des marchés est une nécessité. En effet, les marchés mondialisés offrent la possibilité d’amortir les coûts fixes considérables de la R&D.

Avantages de la DIPP :- Economies d’échelle (les coûts fixes se répartissent sur une plus grandes quantité : « amortissement ») > Baisse du

coût unitaire > baisse du prix- Plus de choix pour s’approvisionner auprès des fournisseurs > concurrence > baisse du prix des consommations

intermédiaires > baisse du coût de production > baisse du prix - Approfondissement de la spécialisation possible > abandon de certaines productions et recentrage sur son activité

principale où elle est la meilleure > hausse de l’efficacité > baisse du prix

Conséquence : Allocation optimale des ressources.

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Document : Spécialisation et échanges intra-entreprisesEchanges intra-entreprises réalisés par les filiales de Toyota du Sud-Est asiatique

Quelle est la stratégie de spécialisation des filiales asiatiques adoptée par Toyota ? Quels en sont les objectifs ?

Toyota, comme de nombreuses grandes entreprises aujourd’hui, divisent le travail entre ses filiales de façon à diminuer les coûts et à réaliser des économies d’échelle. Cette spécialisation intrafirme correspond à ce que l’on a coutume d’appeler aujourd’hui la division internationale des processus productifs (DIPP).

Peut-on faire le lien entre ces stratégies et l'analyse de la spécialisation et de l'extension des marchés faite par A. SMITH ?

Même si l’analyse d’Adam Smith est essentiellement centrée sur la spécialisation entre nations, sa réflexion sur la division du travail, la nécessité d’étendre les marchés pour la rendre davantage efficace, peut s’appliquer aux stratégies retenues aujourd’hui par les entreprises, aussi bien dans la logique de spécialisation intrafirme que dans celle des relations entre les entreprises en réseau.

CONCLUSION

Fiche de résumé

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