ÉDITO SOMMAIRE - Collège de France...Nicole Le Douarin. 2. La chaire d’ÉVOLUTION DU CLIMAT ET...

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2 LE JOURNAL - N° 1 É DITO S OMMAIRE LES BIBLIOTHÈQUES Page 23 par Marie-Renée Cazabon ÉTAT CIVIL Page 30 HISTOIRES DU COLLÈGE... Page 31 par Jean Jacques CRÉATIONS DE CHAIRES Page 3 NOMINATIONS Page 3 LEÇONS INAUGURALES Page 3 PROCHAINES LEÇONS INAUGURALES Page 6 MANIFESTATIONS ET COLLOQUES Page 7 A UTRES MANIFESTATIONS ET COLLOQUES Page 22 MANIFESTATIONS ET COLLOQUES 1 ER TRIMESTRE 2001 Page 22 Infos Carnet Actualité Dossier Histoire LA VIE DE L ’ÉTABLISSEMENT Page 27 MOUVEMENTS DE PERSONNEL Page 29 Entreprise en 1992, la rénovation architecturale du Collège de France s’accompagne d’une réorganisation progressive mais importante de notre institution. Nous devons nous adapter à un monde en mouvement tout en étant guidés par la spécificité des missions du Collège de France et certaines de nos traditions. Plusieurs étapes ont déjà été franchies avec succès grâce aux efforts de mes prédécesseurs, Messieurs A. Miquel et G. Dagron. L’augmentation croissante du nombre des auditeurs et les diverses manifestations qui se tiennent au Collège en sont la meilleure illustration. La qualité de l’accueil, le professionnalisme des régisseurs, l’élégance et la fonctionnalité de nos locaux sont unanimement appréciés. Le bureau de l’assemblée s’est fixé plusieurs objectifs qui ont été acceptés en novembre dernier par le Conseil d’Établissement et l’Assemblée des Professeurs. L’un de ces objectifs est d’améliorer notre politique de communication interne et externe afin de mieux faire connaître l’Institution et ses activités. Cette nouvelle « Lettre du Collège de France », qui paraîtra trois fois par an, illustre cette démarche. Présentation des nouveaux professeurs, leçons inaugurales, description des principales manifestations organisées au Collège, dossier sur certaines bibliothèques spécialisées, témoignage émouvant de notre collègue J. Jacques sur une période difficile de l’histoire du Collège, questions sociales... telle sont les principales rubriques retenues pour ce premier numéro. Je tiens tour particulièrement à remercier Mmes P. Llegou et D. Quénéhen qui, sous la direction de Mme F. Terrasse-Riou, ont réalisé dans un délai très bref un travail remarquable. Je tiens aussi à remercier M. J.-P. Martin pour ses précieuses photos ainsi que tous les participants qui, par leurs articles, leurs suggestions, ont contribué efficacement à la réalisation de cette lettre du Collège de France. Cette lettre est votre lettre. Votre concours est indispensable. Jacques Glowinski

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Jacques GlowinskiAdministrateur du Collège de France

2 LE JOURNAL - N° 1

ÉD I TO SO M M A I R E

LES BIBLIOTHÈQUES Page 23par Marie-Renée Cazabon

ÉTAT CIVIL Page 30

HISTOIRES DU COLLÈGE... Page 31par Jean Jacques

CRÉATIONS DE CHAIRES Page 3NOMINATIONS Page 3LEÇONS INAUGURALES Page 3PROCHAINES LEÇONS INAUGURALES Page 6MANIFESTATIONS ET COLLOQUES Page 7AUTRES MANIFESTATIONS ET

COLLOQUES Page 22MANIFESTATIONS ET COLLOQUES

1ER TRIMESTRE 2001 Page 22

Infos

Carnet

Actualité

Dossier

Histoire

LA VIE DE L’ÉTABLISSEMENT Page 27MOUVEMENTS DE PERSONNEL Page 29

Entreprise en 1992, la rénovation architecturale du Collège de France s’accompagne d’une réorganisation progressive mais importante de notre institution. Nous devons nous adapter à un monde en mouvement tout en étant guidés par la spécificité des missions du Collège de France et certaines de nos traditions. Plusieurs étapes ont déjà été franchies avec succès grâce aux efforts de mes prédécesseurs, Messieurs A. Miquel et G. Dagron. L’augmentation croissante du nombre des auditeurs et les diverses manifestations qui se tiennent au Collège en sont la meilleure illustration. La qualité de l’accueil, le professionnalisme des régisseurs, l’élégance et la fonctionnalité de nos locaux sont unanimement appréciés.

Le bureau de l’assemblée s’est fixé plusieurs objectifs qui ont été acceptés en novembre dernier par le Conseil d’Établissement et l’Assemblée des Professeurs. L’un de ces objectifs est d’améliorer notre politique de communication interne et externe afin de mieux faire connaître l’Institution et ses activités. Cette nouvelle « Lettre du Collège de France », qui paraîtra trois fois par an, illustre cette démarche. Présentation des nouveaux professeurs, leçons inaugurales, description des principales manifestations organisées au Collège, dossier sur certaines bibliothèques spécialisées, témoignage émouvant de notre collègue J. Jacques sur une période difficile de l’histoire du Collège, questions sociales... telle sont les principales rubriques retenues pour ce premier numéro.

Je tiens tour particulièrement à remercier Mmes P. Llegou et D. Quénéhen qui, sous la direction de Mme F. Terrasse-Riou, ont réalisé dans un délai très bref un travail remarquable. Je tiens aussi à remercier M. J.-P. Martin pour ses précieuses photos ainsi que tous les participants qui, par leurs articles, leurs suggestions, ont contribué efficacement à la réalisation de cette lettre du Collège de France. Cette lettre est votre lettre. Votre concours est indispensable.

Jacques Glowinski

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CRÉATIONS DE CHAIRES

- Lors de l’Assemblée du 28 novembre 1999, la chaire dePHYSIQUE QUANTIQUE a été créée, sur la proposition deM. Pierre-Gilles de Gennes, en remplacement de la chaire deBiologie moléculaire des plantes de M. Joseph Schell.

- Lors de l’Assemblée du 19 mars 2000, trois chaires ontété créées :

1. La chaire d'HISTOIRE DE L'ART EUROPÉEN, MÉDIÉVAL

ET MODERNE, sur la proposition de MM. Pierre Toubert etMichel Zink, en remplacement de la chaire d'Histoire deRome de M. Paul Veyne.

2. La chaire de RELIGIONS, INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE

LA ROME ANTIQUE, sur la proposition de M. ChristianGoudineau, en remplacement de la chaire d'Anthropologiethéâtrale de Jerzy Grotowski.

3. La chaire de CHIMIE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE, sur laproposition de M. Jean-Marie Lehn, en remplacement de lachaire d'Histoire de la France contemporaine de M. MauriceAgulhon.

- Lors de l’Assemblée du 26 novembre 2000, deux chairesont été créées :

1. La chaire de GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE,sur la proposition de M. Pierre Corvol, en remplacement dela chaire d’Embryologie cellulaire et moléculaire de MmeNicole Le Douarin.

2. La chaire d’ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN, surla proposition de M. Xavier Le Pichon, en remplacement dela chaire de Physique statistique de M. Philippe Nozières.

LEÇONS INAUGURALES

Nicolas GRIMAL

a donné sa leçon inaugurale le 24 octobre 2000, Sa chaire a été créée par l’Assemblée desProfesseurs du 27 juin 1999 en rempla-cement de la chaire de Chimie des solides deJean Rouxel.

Fonctions :- Professeur d'égyptologie à l'Université deParis-Sorbonne (Paris-IV), 1988-2000.- Directeur du Centre de rechercheségyptologiques de la Sorbonne, 1988-2000.- Directeur scientifique du Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak, co-Directeur de l'UPR 1002 du CNRS, depuis 1990.

Résumé de la leçon inaugurale :Le Collège de France fut la première

institution à reconnaître l'égyptologie. À peine

celle-ci était-elle née, en effet, que le CollègeRoyal décidait, d'accueillir en son sein Jean-François Champollion, en créant pour lui, le12 mars 1831, une chaire qui n'était encoredéfinie que sous le terme d' “archéologie”.Cette science nouvellement née ne se définitqu'une trentaine d'années plus tard, le tempsd'apprendre à vivre malgré la disparitionprématurée de son fondateur, le temps de jeterdes bases suffisamment solides pourappréhender une civilisation que de longssiècles d'oubli avaient rendue muette, jusqu'àla géniale découverte qui lui rendit la vie.

Les douze savants qui se sont succédé dansla chaire de Champollion ont chacuncontribué à asseoir le rôle prépondérant de laFrance dans cette science, répandueaujourd'hui à travers le monde : par leurenseignement au Collège de France autantque par leurs recherches, dont la diversitéreflète la grande variété de talents et de

CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE, PHILOLOGIE, HISTOIRE

NOMINATIONS DE PROFESSEURS

- Mme Anne FAGOT-LARGEAULT a été nommée Professeurtitulaire de la chaire de Philosophie des sciences biologiques etmédicales.

- M. Philippe DESCOLA a été nommé Professeur titulairede la chaire d’Anthropologie de la nature.

- M. Ian HACKING a été nommé Professeur titulaire de lachaire de Philosophie et histoire des concepts scientifiques.

- M. Don ZAGIER a été nommé Professeur titulaire de lachaire de Théorie des nombres.

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Roger GUESNERIE

a donné sa leçon inaugurale le 9 novembre 2000.Sa chaire a été créée par l’Assemblée desProfesseurs du 29 novembre 1998 enremplacement de la chaire d'Histoire de laFrance contemporaine de M. Maurice Agulhon.

Fonctions :Directeur adjoint, puis Directeur du

Département et Laboratoire d'ÉconomieThéorique et Appliquée (DELTA), UnitéMixte de Recherches CNRS, EHESS, ENS,1991-2000.

Résumé de la leçon inaugurale :La leçon inaugurale commente, comme il

est de coutume, l’intitulé de la chaire “Théorieéconomique et organisation sociale” etdéveloppe ensuite les thèmes qui serontprivilégiés dans l’enseignement et la recherche :

Théorie économique, d’abord. Un survolde l’histoire de la discipline, de David Ricardo

au manifeste de la Société d’Économétrie,rappelle les étapes de la construction descatégories “analyse” et “théorie”. Il souligneaussi les mérites et les dangers de la divisiondu travail intellectuel qui en résulte et quiorganise aujourd’hui le travail scientifique surtoute la planète académique.

Organisation sociale. Le terme ouvre deuxperspectives différentes, d’abord, celle dudébat social sur les enjeux économiques denotre époque, ensuite celle du débat au seindes sciences sociales.

L’intervention des économistes dans ladiscussion de politique économique varieconsidérablement selon leur tempérament. Laréticence de certains “théoriciens” à s’yengager reflète une conception de l’objectivitéscientifique qui contraste, par exemple, aveccelle issue de la tradition des “ingénieurséconomistes” dont le travail était “problemoriented”, tiré par les problèmes. A mi-chemin entre les deux sensibilités, lesenseignements de la chaire prendront les

compétences que réclament des études aussivastes. Car si, comme sa légende veut que legénéral Bonaparte l'ait rappelé à ses troupes

avant d'engager la bataille desPyramides, “quarante sièclescontemplaient” les soldats dela Révolution et les savantsqui le s accompagnaient ,l'égyptologue s'attache, lui, àpresque mille ans de plus.

De la fin du néolithique,dont on sait désormais qu'ellevit une unification politique,que les travaux actuels necessent de rendre plusancienne, jusqu'aux dernierstemps du paganisme, sur lesbords du Nil, de la lointaineMéroé jusqu'en Alexandrie,mais aussi vers les confinslibyques, à travers l'Arabie et

jusqu'aux marches de l'Asie mineure, l'Égyptedes pharaons est l'une des civilisations quicouvrent l'ère la plus vaste.

Bientôt deux siècles de travaux ontaccumulé une masse d'informations de toutesnatures bien plus étendue que celle à laquelleles pionniers, comme Gaston Maspéro, ont euaccès pour leurs premières synthèses. Plus

personne aujourd'hui n'est à même dedominer directement l'ensemble de cesacquis, et, paradoxalement, au moment où lespécialiste est mieux informé, le public avidede synthèses, celles-ci sont de plus en plusdifficiles à établir. Dominée à ses origines parla philologie, alors que l'essentiel de soninformation, y compris l'informationtextuelle, essentielle dans une civilisation quise veut avant tout de l'écrit, vient del'archéologie, l'égyptologie a dû trouver savoie entre querelles de linguistes et travaux deterrain, publications documentaires etdéfinitions historiques. Bénéficiantaujourd'hui d'une meilleure connaissance descivilisations qui lui furent contemporaines,mais aussi de l'apport fondamental desnouvelles technologies, elle reste toutefoistrop repliée sur elle-même.

Les recherches archéologiques en Égyptesont aujourd'hui toutes pluridisciplinaires, etce, pour beaucoup, dans un cadreinternational. Cette ouverture aux autresspécialités comme aux civilisations et sociétésparentes et voisines est la clef de nouveauxprogrès et d'une compréhension digne del'héritage de Champollion, que viennentconforter et enrichir les recherches associéesd'archéologie, de philologie et d'histoire.

Les titulaires des chaires d’Égyptologieau Collège de France :

Jean-François CHAMPOLLION (1831-1832)Jean-Antoine LETRONNE (1837-1848)Charles LENORMAND (1849-1859)Emmanuel DE ROUGÉ (1860-1872)Gaston MASPERO (1874-1916)Alexandre MORET (1923-1938) Pierre LACAU (1938-1947Pierre MONTET (1948-1956)Étienne DRIOTON (1957-1960)Georges POSENER (1961-1978)M. Jean LECLANT (1979-1990)M. Jean YOYOTTE (1991-1997)

THÉORIE ÉCONOMIQUE ET ORGANISATION SOCIALE

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grandes questions de notre époque, non pascomme trame, mais comme toile de fond.

Le dialogue avec les autres sciences socialesrenvoie aux principales caractéristiques qui

construisent aujourd’huil’altérité de la disciplineéconomique. Chacune seradiscutée, c’est-à-dire, du plusvisible au moins visible, maisaussi sans doute du moinsimportant au plus important, lamathématisation, la rationalitéet l’autonomisation de l’objet.

Les relations entre leMarché et l’État, tel sera, dansla perspective qui vient d’êtreévoquée, le thème structurantde la recherche et de

l’enseignement. L’évolution des conceptions desrôles respectifs du Marché et du Gouvernementdans le champ économique reflète la dynamiquecomplexe des relations entre l’observation et laréflexion, les faits et les théories, l’histoire et lapensée.

Les faits et en particulier les faitssaillants ou traumatiques tels que la grandedépression des années 30, les échecs del’économie planifiée de type soviétique,peuvent susciter des basculements de

grande ampleur de l’opinion. Toutefois, le travail souterrain des

“économistes défunts”, pour reprendrel’expression de Keynes, contribue à modifiernon seulement les représentations savantesmais aussi les conceptions communes. Ainsi,toute théorie du Marché, de Marx àSchumpeter en passant par Walras, et eninsistant sur les schémas actuels del’Économie Publique, porte une logique del’intervention économique. L’efficacité del’action publique devrait bénéficier d’uneévaluation critique des “défaillances de l’État”–à laquelle elle est aujourd’hui soumise– quiferait pendant à l’analyse classique de“défaillances du Marché”.

Le visage de l’État de demain dépendrades modifications des mécanismeséconomiques qu’apportent la globalisation etla nouvelle économie, modifications qui nesont comprises qu’imparfaitement. Ildépendra aussi de l’adaptation des conquêtes“sociales démocrates”, tel l’État-Providence, àla nouvelle donne. Enfin, certains des grandsproblèmes, comme l’effet de serre, auxquelsnous sommes aujourd’hui confrontés,appellent une coordination planétaire, etdonc ouvrent la porte à une certaine forme demondialisation de l’État.

CHAIRE INTERNATIONALE 2000-2001

Les titulaires des chaires d’Économie auCollège de France :

Jean-Baptiste SAY (1831-1832)Pellegrino ROSSI (1833-1840)Michel CHEVALIER (1840-1879)Paul LEROY-BEAULIEU (1880-1916)Émile LEVASSEUR (1871-1911)Marcel MARION (1912-1932)André SIEGFRIED (1933-1946)François PERROUX (1955-1974)M. Edmond MALINVAUD (1987-1993)

Miklós SZABÓ

a été nommé pour l'année académique2000-2001.Son cours a débuté le 24 novembre 2000 et alieu les vendredis, de 10 heures à 12 heures. Ilporte sur : “Histoire des Celtes danubiens et leurromanisation”.

Fonctions :- Professeur à l’Université Eötvös Loránd deBudapest (Hongrie) depuis le 1er juillet 1989

(chaire d’archéologie antique et protohistorique).- Vice-recteur général de cette universitédepuis 1994.- Membre de l’Académie Hongroise desSciences depuis 1995.

Responsabilités :- Membre du Comité “Âge de Fer” de l’UnionInternationale des Sciences Pré- et Protohistoriquedepuis 1977.- Président du Comité Archéologique del’Académie Hongroise depuis 1990.

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Michael EDWARDS

a donné sa leçon inaugurale le 7 décembre 2000.Il a été nommé pour l’année académique2000-2001.Les cours ont lieu les mardis, à 14 heures, etportent sur :“Poétiques de Shakespeare” et sur “Racine etShakespeare”.

Fonctions :- Professeur de Littérature anglaise et comparéeà l'Université de Warwick (Grande-Bretagne).

Responsabilités :- Membre du comité d’honneur, Literatureand Theology (Oxford University Press).- Membre du comité d’honneur, Christianityand Literature (West Georgia UniversityPress, États-Unis).- Collaborateur du Times Literary Supplementde Londres.- Membre du Centre de recherches du Collègede France (Yves Bonnefoy), La Conscience desoi de la poésie.- Également poète et traducteur.

CHAIRE EUROPÉENNE 2000-2001

Résumé de la leçon inaugurale :Étudier Shakespeare en France, dans

le cadre d’une chaire européenne, c’estchercher à définir la spécificité de son artet de sa sagesse, et à illuminer en retourles caractéristiques de la littératurefrançaise. Le premier vers du monologuecélèbre d’Hamlet, et ses reprises dans lapièce, permettent d’analyser l’évolutiondu héros entre l’être et l’exister, entre uneréflexion infinie et mélancolique et lapratique réelle des moments qui sesuccèdent, selon le voeu véritable del’empirisme anglais. Les descriptionscontradictoires (à la fois éloge et satire) dumonde matériel s’associent à quelquespoèmes prononcés par d’autrespersonnages pour constituer unepoétique fondamentale et complète, quiassigne à la poésie la tâche de désigner etde contredire la chute, et de renouvelercontinuellement l’image de l’homme etde la terre.

Que Shakespeare choisît, pour sapoésie, le théâtre, conduit à réfléchir

sur la nature orale de la période la plusriche de la littérature anglaise, et parexemple au statut de chef-d’oeuvrelittéraire qu’il convient d’accorder à latraduction de la Bible de 1611,autorisée à être lue à haute voix dans leséglises. La présence d’autres grandestraductions incite à examiner denouveau cette tradition ininterrompuequi représente un genre autonome dansla littérature anglaise.

L’écoute du pentamètre “irrégulier”d’Hamlet fait surgir en outre le systèmeaccentuel de la poésie vieil-anglaise etde la langue moderne parlée, parcontraste avec le continuum sonoreplus subtil du français et la coulée deson vers, celui-ci fondé souvent surcette invention unique qu’est le e muet.Écouter le vers d’Hamlet en Francemontre bien aussi que la prosodie n’estpas un simple ensemble de règlesformelles, mais qu’en attirant la languedans son processus répétitif ellerenouvelle à la fois les mots et les

choses. Elle peut faire de notre proprelangue, dans cet état même et autre oùnous la recevons, une langue étrangèreque nous comprenons. Elle fait d’unelangue vraiment étrangère le signe dece qui manque à notre poésie et mêmeà notre manière d’être.

Dans ce vers d’Hamlet, finalement,une suite de monosyllabes d’originegermanique aboutit à un mot franco-latin, pour faire vibrer, au sein del’anglais, deux grandes familleslinguistiques de l’Europe de l’Ouest etles deux cultures du nord et du sud.Écouter tous les vers d’Hamlet révèlenon seulement que donner aux choses“le mystère d’un nom” (Mallarmé)nous initie à leur existence en lestransformant, mais qu’une langueétrangère a le pouvoir de projeter unmonde nouveau qui se superpose aumonde connu, et de nous transporterainsi dans une sorte d’immense poème.

PROCHAINES LEÇONS INAUGURALES

- Ian HACKING, titulaire de la chaire de Philosophie ethistoire des concepts scientifiquesle jeudi 11 janvier 2001, à 18 heures, dans l'amphithéâtreMarguerite de Navarre.

- Anne FAGOT-LARGEAULT, titulaire de la chaire dePhilosophie des sciences biologiques et médicalesle jeudi 1er mars 2001, à 18 heures, dans l'amphithéâtreMarguerite de Navarre.

- Philippe DESCOLA, titulaire de la chaire d'Anthropologiede la naturele jeudi 29 mars 2001, à 18 heures, dans l'amphithéâtreMarguerite de Navarre.

- Spyros ARTAVANIS-TSAKONAS, titulaire de la chairede Biologie et génétique du développementle jeudi 26 avril 2001, à 18 heures, dans l'amphithéâtreMarguerite de Navarre.

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MANIFESTATIONS ET COLLOQUES

Colloque : SAB2000 - From animals to animatsDu 11 au 16 septembre 2000

Coorganisateur : “Laboratoire de Physiologie de la perceptionet de l'action” du Collège de France

Objectifs scientifiques : La conférence SAB2000 s’est située à l'interface

entre l'informatique, la robotique et la biologie. Elleétait centrée sur les “animats”, c'est-à-dire sur des

systèmes artificiels -animauxsimulés ou robots réels- qui sontlargement inspirés des animauxet qui s'avèrent capables des'adapter, de sur v iv re e t depoursuivre leur miss ion dansde s environnements plus oumoins imprévisibles et

m e n a ç a n t s .Postulant que lanature et lessciences del ' i n g é n i e u rp e u v e n texploiter lesmêmes principes, la conférence SAB2000 a eu unedouble vocation : comprendre et copier certainsmécanismes inventés par la nature afin de mettre aupoint des robots réels ou logiciels capables des'adapter à aussi large variété de circonstances quepossible ; rechercher en quoi l'usage de concepts ettechniques dérivés de la robotique et de l'intelligenceartificielle peut aider à mieux comprendre le vivant.

Site internet : http://www-poleia.lip6.fr/ANIMATLAB/SAB2000

FROM ANIMALS TO ANIMATS

Colloque : DSC'2000 - Drivingsimulation conferenceLes 6, 7 et 8 septembre 2000

Co-organisé par l'Institut national derecherche sur les transports et lasécurité, le Laboratoire de Physiologiede la perception et de l'action duCollège de France et Renault.

Objectifs :Les conférences “simulations de

conduite” ont vu, en 1995 à Nice, en1997 à Lyon, en 1999 à Paris,l'avènement des technologies PC qui ontrendu accessible l'utilisation destechniques de simulation de conduitepour la formation ou pour desapplications scientifiques et industrielles.

Le niveau de fidélité de restitutionvisuelle, kinesthésique ou sonore a puêtre amélioré par la même occasion,même si la cohérence propriosensitive

des stimuli générés ne respecte pastoujours les critères de perceptionhumaine. Pour cette raison, la validitédes simulateurs est devenue un enjeumajeur au niveau absolu et relatifdonnant une raison de motivationforte aux chercheurs et ingénieursd'étudier plus en profondeur lescaractéristiques et la validité desmouvements des simulateurs.

Avec la multiplication des applicationsd'accidentologie, d'ergonomie ou deprototype virtuel parmi d'autres, uneanalyse plus fine des performances estdevenue nécessaire pour les phénomènesperceptio-moteurs ou cognitifs étudiés.

Cette conférence a visé à donnerune vision large des nouvellestechnologies de simulation deconduite ou de réalité virtuelle, maisaussi des applications scientifiques,industrielles ou de simulateurs deformation.

DSC’2000École de Gif

18 au 23 septembre 2000

Comité d'organisation :M. Pierre Espigat et l'IN2P3

L'école de Gif a été créée en1969, née d'un cercle d'amis,expérimentateurs et théoriciens,elle est attachée à son idéefondatrice de discussions libres etinformelles, autour de coursstructurés et approfondis. Elle viseun double objectif : faire le tourcomplet des connaissancesprésentes sur un sujet, depuis sesprincipes élémentaires jusqu'à sesaspects les plus subtils, et suggérerde nouvelles voies de recherchedans le domaine.

Le thème de cette année fut :cordes et membranes.

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8 LE JOURNAL - N° 1

Ce concours a pour objectif d'aider des porteurs d'idée àse lancer dans un projet de création d'entreprise. Il offre lesoutien et l'accompagnement nécessaires à la mise au pointdes projets et un financement éventuel pour ledéveloppement de la société après sa création. Les domainesprioritaires sont : les biotechnologies, les technologies del'information et de la communication, le multimédia

notamment éducatif, l'automatique et la mécanique, lestechnologies liées à l'environnement, à la qualité et à lasécurité. Les projets s'appuient sur une recherchetechnologique et doivent se concrétiser, à terme, par lacréation d'une entreprise innovante et indépendante installéeen France.

Lauréats pour l’année 2000 :

- Véronique BienvenuEntreprise spécialisée dans les reconnaissancesgéotechniques en mer profonde.- André ChoulikaCellectis, société anonyme spécialisée dans l'ingénierie desgénomes.- Jean ChatellierAvidis, “start-up” de biotechnologies, spécialisée enprotéomique fonctionnelle.- Erwann LavarecConception d'un robot modulable baptisé PEKEE et futurecréation de WANY, start up.- Arnaud CochinProjet FLUO, projet de création d'entreprise dans ledomaine des biotechnologies et de l'industriepharmaceutique.- Imad SallitTRIBOLINKS, dédié à la tribologie, se positionnera dansle domaine de la mécanique et plus particulièrement dansles secteurs de l'usure, des frottements et de la lubrification.

De gauche à droite : Jean Chatelier, Arnaud Cochin, Véronique Bienvenu, Roger-Gérard Schwartzenberg,André Choulika, Erwann Lavarec, Imad Sallit

Roger-Gérard Schwartzenberg

PRIX D’AIDE À LA CRÉATION D’ENTREPRISES

Le Ministre de la Recherche,M. Roger-Gérard Schwartzenberg,a remis, le mercredi 20 septembre 2000,les prix d'aide à la créationd'entreprises de technologies innovantes.

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9N° 1 - LE JOURNAL

ACTUALITÉ DE FRÉDÉRIC JOLIOT-CURIE

À l'occasion du centenaire de la naissance deFrédéric Joliot-Curie (1900-1958), l'associationCurie et Joliot-Curie, présidée par M. H. Curien,ancien ministre de la Recherche, a organisé, les 9et 10 octobre 2000 au Collège de France, uncolloque intitulé “Actualité de Frédéric Joliot-Curie”.

Frédéric Joliot-Curie a notamment découvert,en 1934 à l'Institut du Radium, avec sa femme

Irène Joliot-Curie, la radioactivité artificielle, cequi valut à tous deux le prix Nobel de chimie de1935. En 1939, au Collège, il a découvert, avecson équipe, les conditions de réalisation d'uneréaction en chaîne dans l'uranium.

Irène et Frédéric Joliot-Curie

L'homme pressé de la physique française,l'homme de plusieurs vies

Extrait du discours de Jacques Glowinski :“...Ces murs vont s'imprégner de la mémoire d'un homme

qui fait la fierté nationale et qui est peut-être et certainementl'un des plus illustres personnages de cette maison. L'hommepressé de la physique française, l'homme de plusieurs vies,l'homme aux multiples facettes rayonnantes, cet hommeéclectique qui au-delà de ses qualités de savant était un hommeintelligent ayant un grand sens de la conviction et était unbrillant causeur… ”

Ce colloque international a rassemblé, dansl'amphithéâtre Marguerite de Navarre du Collège de France,des témoins et des spécialistes de plusieurs disciplines commela physique, la chimie, la biologie, l'histoire, l'histoire dessciences, les sciences politiques ou laproduction d'énergie.

L'Administrateur du Collège deFrance, M. Jacques Glowinski, a soulignélors de l'ouverture du colloque la fierté del'établissement d'avoir compté ce savantparmi ses professeurs.

La diversité et la richesse desintervenants ont contribué au succèsde cette rencontre pluridisciplinaireautour de la forte personnalité deFrédéric Joliot-Curie. Des exposéshistoriques ou d'actualité ainsi que des tables rondesont éclairé le riche parcours de ce scientifique engagé,également illustré par une exposition dephotographies inédites.

En examinant ses découvertes fondamentales(notamment la découverte de la radioactivité artificielleet celle des conditions pour une réaction en chaîne,effectuée au Collège de France) et leurs devenirs, saresponsabilité de scientifique et ses prises de position

sociales et politiques, la figure emblématique de FrédéricJoliot-Curie a pu renaître à travers les témoignages de sesanciens élèves ou collaborateurs et les exposés desdifférents orateurs. Des questions d'actualité, comme les

relations entre recherche scientifiqueet enseignement ou encore laproduction et l'utilisation del'énergie nucléaire, ont égalementété développées et montrentl'intemporalité des idées de cesavant.

Le ministre de la Recherche,M. R.-G. Schwartzenberg, lors dudiscours de clôture du colloque,a encouragé la communautéscientifique et a insisté sur la

nécessité de “repolitiser la science, c'est-à-dire laréinsérer dans la Cité”.

Pour son œuvre scientifique, mais aussi pour sonengagement social et politique, sa conception de laresponsabilité du chercheur à l'égard de la société et son rôlephare dans l'organisation de la science d'après-guerre,Frédéric Joliot-Curie demeure l'une des personnalitésmajeures du XXe siècle.

Renaud Huynh du Musée Curie

Une biographie complètede Frédéric Joliot-Curieparaîtra dans un prochainnuméro.

J. Glowinski et R-G Schwartzenberg devant lareproduction d’un portrait de F. Joliot par Picasso

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HENRI LABORIT : DE L’HIBERNATION ARTIFICIELLE À LA PSYCHOPHARMACOLOGIE

Colloque du 13 octobre 2000

H. Laborit a été l'un des pionniersde la Neuropharmacologie modernevers les années 1950-1970, il est àl'origine de l'hibernation potentialisée,de la découverte de la chlorpromazineet des neuroleptiques, de molécules trèsactives en anesthésie et de conceptsoriginaux sur les processus cérébraux dedéfense.

Dans le cadre des journées Laboritorganisées par l'Institut Laborit,l'Association des amis du Musée duservice de santé des Armées au Val deGrâce et l'Université Paris XII-Val deMarne, un colloque s'est tenu dansl'amphithéâtre Guillaume Budé duCollège de France, intitulé : “HenriLaborit : de l'hibernation artificielleà la psychopharmacologie”. Placésous le patronage du ProfesseurJacques Glowinski, Administrateurdu Collège de France, ce colloques'était fixé comme but de fairerevivre le cheminement de la penséescientifique d'Henri Laborit. Il setenait au moment où était inauguréà la Faculté de Médecine del'Université Paris XII-Val de Marneà Créteil le Fonds Henri et GenevièveLaborit, déposé et conservé à labibliothèque de la Faculté de Médecinede cette université. Ce fonds disposemaintenant d'une salle de lecture et estouvert au public.

Le colloque était construit autourde l'évolution de la carrière médicale etscientifique d'Henri Laborit, et a étéprincipalement constitué detémoignages personnels de médecins etde scientifiques qui ont travaillé aveclui. Tout d'abord Jacques Glowinski aretracé les étapes des principalesdécouvertes d'Henri Laborit et les arestituées dans le contexte où elles ontété faites et dans l'histoire desneurosciences, en particulier quelquesjours après l'attribution du Prix Nobelde médecine pour l'an 2000 à troispionniers de cette discipline.

Puis l'ancien conservateur de la

bibliothèque de la faculté de Médecinede Créteil, Matthieu Desachy, qui aaccueilli le fonds à son arrivée, a faitrevivre les personnalités d'Henri et deGeneviève Laborit.

Deux très proches collaborateursd'Henri Laborit, qui l'ont secondépendant presque toute la durée de viede son laboratoire, ont ensuite présentéce qu'étaient la démarche et le systèmede pensée Laborit :

- le premier, Camille Wermuth,Professeur de pharmacologie etchimiste de la Faculté de Pharmacie del'Université Louis Pasteur à Strasbourg,a montré au travers de ses“pérégrinations chimiques et

pharmacologiques avec Henri Laborit”comment, en prenant un exempleparmi les nombreuses moléculesétudiées par Laborit, avec des idéessimples et une très bonne connaissancede la synthèse chimique organique, onpouvait à partir d'un précurseurcommun être à l'origine d'une famillede molécules, les pyridazines, dontcertaines ont eu des débouchéscliniques et pharmacologiquesimportants ;

- le second, Bernard Weber,anesthésiologiste, a eu la granderesponsabilité d'être le rédacteur enchef d'“agressologie” revue inter-nationale de physio-biologie et depharmacologie appliquées aux effets del'agression, publiée par Henri Laboritpendant presque toute la durée de viede cette revue (près de 30 ans !) ; il araconté l'histoire du 4-hydroxy-

butyrate de sodium (gamma-OH ouGHB), “hasard et nécessité d'uneinvention”, molécule depuis carac-térisée comme neuromodulateurpourvue de son propre site récepteurdans le système nerveux central.

- François Leterrier, médecin etcollaborateur d'Henri Laborit a évoquéses deux années passées au côté d'HenriLaborit : “une inoubliable initiation àla recherche”.

- Bernard Calvino, professeur deneurosciences à l'Université Paris XII-Val de Marne, a présenté l'évolutiondes idées de Laborit sur la douleur, undomaine de recherche clinique etpharmacologique qui a tenu une place

importante dans son travail ; lemagazine Times, dans un de sesnuméros de novembre 1965, n'avaitpas hésité à appeler Laborit le“french pain killer” à la suite de lamise au point de l'AGR 246, unemolécule antalgique issue de lafamille des piridasynes évoqués parCamille Wermuth.

- Henri Hourlier, inspecteurgénéral de médecine, a évoqué ledébut de la carrière de Laborit et aexpliqué comment, chirurgien de la

marine, révolté de voir décéder lespatients qu'il avait opérés, Laborit acherché à comprendre le pourquoi dudécès de ces patients et a commencé às'intéresser aux chocs. Il a aussi évoquéavec beaucoup d'émotion un épisodetragique de la vie de Laborit, letorpillage et le bombardement de sonbâtiment qui a coulé en mer du Norden mai 1940, avec plus de 800 hommesà bord, dont 720 disparaîtront.

- Alain Larcan, professeur à laFaculté de Médecine de Nancy, aresitué la compréhension de laphysiopathologie en médecine interneet réanimation sous l'éclairage des idéesde Laborit, et a montré comment cesidées ont permis l'application à laclinique des concepts de polarisationmembranaires, d'excitabilité neuro-musculaires, de perméabilitémembranaire aux électrolytes et de

C. Grenié, Président de l’Institut Henri Laborit,H. Lamicq, Présidente de l’Université Paris XII

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métabolisme glucidique. Ces idéesnovatrices aujourd'hui en partieoubliées ont pourtant permis de mieuxfaire comprendre aux cliniciens le rôledu métabolisme énergétique et derenouveler la compréhension du milieuintérieur.

- Renaud Van Wijnendae le ,médecin psychiatre de l'HôpitalÉrasme de l'Université Libre deBruxelles, a présenté l'introduction duLargactil en psychopharmacologie. Il aexpliqué dans quel contexte historiques'est produit cet événement, fondateurde cette nouvelle discipline : cettemolécule présentée initialementcomme agent sympatholytique,vagolytique et ganglioplégique,recherchée pour diminuer la réactionau choc chirurgical, s'est avérée aussiprésenter une action centrale évoquantune interruption entre la corticalité etle diencéphale, ce qui a permis à

Laborit de la proposer en psychiatrie.Ce qui est certainement l’une des plusgrandes découvertes de Laborit lui apermis d'obtenir le prix Lasker en1957, en association avec le ProfesseurDenicker qui a beaucoup contribué,avec le Professeur Delay, à sondéveloppement en psychopharmacologieet aux indications initiales de sonutilisation dans le traitement decertaines maladies mentales.

- Jean Hainaut, médecin-chef desservices de santé des armées, a montrécomment, dans les années 1954-1955,Laborit, en distinguant la réactionorganique à l'agression de la réactiondite de défense, a permis de développerune nouvelle pratique de l'anesthésie etde la réanimation et a abouti à ladécouverte de la chlorpromazine, parl'utilisation raisonnée des molécules dela famille des phélothiazines.

- Robert Dantzer, chercheur à

l'INRA et directeur de l'unitéINSERM 394 à Bordeaux, s'est attachéà montrer comment Laborit a pointétrès tôt les insuffisances de la théorie dustress de Selye et comment il a proposé,au travers de ce qu'il avait développéautour de l'inhibition de l'action et del'éloge de la fuite, l'élaboration d'unpont avec les psychologues intéresséspar l'impact psychologique du stresssur l'individu, contribuant pleinementà la phychobiologisation du stress,en intégrant les éléments dufonctionnement neuronal aux élémentsdu fonctionnement hormonal.

- Enfin, ce colloque s'est terminéavec l'évocation d'un texte de Laborit, “lesbases biologiques des comportementssociaux”, magnifiquement lu par l'actriceMaria Laborit, une de ses deux filles.

Bernard Calvino

Les 20 et 21 octobre 2000

Ces journées ont réuni environ 300 personnes venant principalement dela région parisienne et de la province. Trois conférences plénières d'invités derenommée internationale ont porté sur les diverses approches de “latemporalité dans les sciences cognitives”.

Dans le domaine des neurosciences, F. Varela (LENA-CNRS, Paris) adécrit les mécanismes physiologiques impliqués dans la constitution du“temps présent” et développé l'hypothèse qu'une synchronisation des activitésneuronales soit à l'origine d'une conscience du présent. Dans le domaine dela perception du temps. W. Meck (Durham, USA) a présenté des donnéesexpérimentales obtenues chez l'homme et indiquant que la perception de ladurée est précise. Il a décrit un modèle biologiquement plausible de cesdonnées, basé sur l'existence de détecteurs de coïncidence dont le couplageassurerait ces capacités.

Dans le domaine du langage, H. Kamp (IMC, Stuttgart, Allemagne) aproposé une théorie dite “théorie des représentations discursives” permettantde rendre compte de la représentation langagière de l'information temporelle.Ces conférences ont été suivies d'une présentation de communicationsaffichées (plus de 70) concernant des thèmes d'actualité en sciencescognitives. Cette journée a été suivie le lendemain par 4 ateliers, animés parles orateurs de la veille. Les actes de ces journées sont disponibles auprès duRISC (10 rue Vauquelin, Paris 5e).

Jean Lorenceau

JOURNÉES DU RÉSEAU DE SCIENCES COGNITIVES

D'ÎLE-DE-FRANCE

Un docu-mentaire de 52m i n u t e s ,r é a l i s é pa rFrancis Girod,a été tourné le12 octobre 2000,avec M. Jean-Pierre Vernant,p r o f e s s e u r

honoraire, titulaire de la chaire d’Étudecomparée des religions antiques.

Ce film diffusé le 24 décembre 2000sur La Cinquième dans le cadre del’émission “Le sens de l’histoire” s’intitule“Le siècle de Jean-Pierre Vernant”.

Il a pourobjet deretracer lesiècle et seprésente sousla forme d’une n t r e t i e nentre M.Vernant etM. OlivierBarrot.

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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE SYSTÉMATIQUE

Co-organisateur :M. Armand de Ricqlès

Pour la seconde annéeconsécutive la Sociétéfrançaise de Systématique atenu ses assises annuelles auCollège de France, du 17 au19 octobre 2000.

Cette Société savante, relativement jeunepuisqu'elle est née en 1985, représente unecommunauté scientifique dynamique qui, àla création de la Société, souhaitait insufflerune vie nouvelle à un champ deconnaissances et de pratiques alorssociologiquement fort malmené du fait del'évolution technique et de la toute puissanceinstitutionnelle d'une certaine Biologiecontemporaine.

La Société recouvre l'étude de tous lesproblèmes touchant à la phylogénie du mondevivant et à la transcription de ces recherches dansdes classifications. Reconstituer la phylogénie,c'est-à-dire “l'arbre du vivant” tel qu'il s'estdéployé au cours de 3,5 milliards d'annéesd'évolution, exige le recours à de multiplesapproches, qu'elles soient morphologiques,moléculaires, informatiques ou paléontologiques.

L'apport de la Paléontologie était le sujet

de la réunion 2000.C'est pourquoi, cetteannée, la réunionétait co-organisée parle Collège lui-même,au titre de la Chairede Biologie historiqueet Évolutionnisme. Lethème des débats : “Systématique et Paléontologie” a permis

de dresser un panorama des approchespaléontologiques et des différents problèmesque soulève la nature des fossiles.

Il a passionné un auditoire de près de140 participants inscrits dont beaucoupd'étudiants et de doctorants. Complétéepar une table ronde sur l'utilisation descaractères microstructuraux des formesactuelles et fossiles en systématique, laréunion a confirmé la vitalité d'unediscipline qui, donnée par beaucoup pourmorte, a en fait réalisé depuis trente ans unrenouve l l ement concep tue l e tméthodologique sans précédent.

Les organisateurs remercient lespersonnels du Collège de France qui sesont mobilisés pour assurer le bondéroulement de cette manifestation.

A. de Ricqlès et P. Tassy

Reconstituer

“l’arbre du vivant”

A. de Ricqlès, Professeur

M. Jack Lang au Collège de France

Le Ministre de l’Éducation Nationales’est rendu à deux reprises auCollège de France :le mercredi 8 novembre 2000,après s’être rendu dans la salle d’Assemblée dont la rénovation vientd’être achevée, M. Lang a visité lesnouveaux espaces, les amphithéâtres,les salons situés près du foyer dont ila admiré les vitrines et enfin, lebâtiment de biologie ;le mercredi 29 novembre 2000,M. Marc Fumaroli l’a accueillià l’occasion de la réunion duConseil national des Programmes.

Marc Fumaroli, Professeur, et Jack Lang

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Une conférence depresse s’est déroulée le9 novembre 2000 auCollège de France pourl’annonce de la “Journéenationale de l'épilepsie”qui a eu lieu le 18novembre 2000, dans laFrance entière.

Interview de H. Vespignani, Président de la Liguefrançaise contre l’épilepsie

La FFRE a pour mission de soutenir toute

recherche permettant de mieux comprendre les

causes de l’épilepsie, d’améliorer les soins, d’en

traiter plus efficacement les effets ainsi que de

développer toute action favorisant l’intégration

sociale des personnes atteintes d’épilepsie.

Colloque de la Fondation française pour la Recherchesur l'Épilepsie, le 27 octobre 2000

La recherchesur l'épilepsie peutêtre considéréecomme une fenêtreouverte sur larecherche sur lecerveau. Elle nes'enferme pas pourautant dans sespropres limites et

c'est ainsi que le Colloque organisé par la FondationFrançaise pour la Recherche sur l'Épilepsie a eu pourthème : “les Frontières de la Recherche sur l'Épilepsie”.

Un très grand nombre de chercheurs del'INSERM, du CNRS, et de services hospitaliersont pu entendre des exposés passionnants sur desrecherches qui pourront intéresser demainl'épilepsie. La génétique, la biologie moléculaire,la neuropsychologie, la neuropsychologie ont étéabordées.

De prestigieux chercheurs ont ouvert par leursexposés des perspec-tives nouvelles.

La Fondation a étép a r t i c u l i è r e m e n thonorée par laprésence de MichelLazdunski, médailled'Or du CNRS, dontles travaux sur lescanaux potassiquesp e r m e t t r o n tcertainement de mieux comprendre le rôle qu'ilsjouent dans l'épileptogénèse.

A c ô t é d e l u i , l e s o r a t e u r s é t a i e n t :O. Dulac - F. Varela - R. Llinas - C. Giaume -D. Bertrand - G.M. Innocenti - J. Melki - T. Landis -O. Houdé - C. Hélène - J. Glowinski.

Claire CacheraSecrétaire Général

B. Esambert, Président de la FFRE

LES FRONTIÈRES DE LA RECHERCHE SUR L’ÉPILEPSIE

M. Lazdunski

� 2000 ans avant Jésus-ChristLe plus ancien de tous les documents traitant de

l’épilepsie provient d’un manuel de médecine babylonienqui se trouve au British Museum. On y trouve unedescription détaillée de la plupart des différents types decrises actuellement connus.

� Au Ve siècle avant Jésus-ChristLes Grecs la surnommèrent “la maladie sacrée”.

Hippocrate en fit la description dans son traité. Il pensaitqu’il s’agissait d’un dérèglement cérébral ce qui était uneconception révolutionnaire. Cette théorie n’a commencé àse répandre qu’à partir du XVIIIe ou XIXe siècle.

� Le XIXe siècle : les découvertes

fondamentalesLe XIXe siècle voit naître une nouvelle discipline

médicale, la neurologie, grâce à laquelle la connaissance dela pathophysiologie de l’épilepsie se développera. En 1873,un neurologue londonien, Hughlings Jackson, émet l’idéeque les crises d’épilepsie sont provoquées par des déchargesélectrochimiques brutales d’énergie dans le cerveau et quele type de crise varie en fonction de la localisation et de lanature de ces décharges.

500 000 Français, dont plus de la

moitié sont des enfants, sont

épileptiques.

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Que faire devant une crise ?

La plupart des crises surviennent de façon inattendue. Elles sont de courte durée et s’arrêtent d’elles-mêmes.

La majorité des malades ne se blessent pas au cours de la crise et n’ont en général besoin ni d’une hospitalisation

ni de l’intervention d’un médecin sauf s’il s’agit d’une première crise.

� Il faut garder son calme,la

crise va s’arrêter.� Il faut allonger délicatement la

la personne et, dès que pos-sible, la mettre sur le côté.

� Il faut protéger la tête contreles blessures éventuelles.

� Il faut s’assurer que lapersonne respire sans difficulté, particulièrement sison visage pâlit.

� Il faut rester avec la personnepersonne jusqu’à ce qu’elleait récupéré, la réconforteret repérer les éventuellesblessures.

� Il ne faut pas paniquer et intervenir inutilement.

� Il ne faut pas empêcher les mouvements et il ne faut rienmettre dans la bouche.

� Il ne faut pas déplacer la personne sauf pour la protégerd’éventuelles blessures.

� Il ne faut pas appeler systé-matiquement l’ambulance nidemander du secours, sauf siles crises se succèdent ou sila personnes a des difficultésrespiratoires ou des blessures.

� Il ne faut pas imaginer quela personne a totalementrécupérée sitôt la crise termi-née, certaines personnesrestent confuses et désorien-tées plusieurs minutes aprèsla fin apparente de la crise.

CONFÉRENCES AVEC L’INSTITUT DE FRANCE

Sous le double patronage de l'Institut de France etdu Collège de France, le service des actionspédagogiques de l’Institut de France organise unesérie de conférences.

M. Claude NICOLET, membre de l’Institut, a donné uneconférence le 25 octobre 2000, à l’Institut de France, sur lesuje suivant :

“L’idée républicaine et comment l’enseigner”.

M. Pierre BRIANT, professeur, a donné une conférence le22 novembre 2000, au Collège de France, sur le sujet suivant :

“L'historien et ses documents : recherche, enseigne-ment et Internet”.

M. Jean-Marie ZEMB, professeur honoraire,donnera une conférence le 7 février 2001, à l’Institutde France, sur le sujet suivant :

“Observations d’un comparatiste sur les réformes del’orthographe en France et en Allemagne”.

M. Jean-Marie LEHN, professeur, donnera, unmercredi de mars 2001, une conférence dont le sujetsera communiqué ultérieurement.

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15N° 1 - LE JOURNAL

J o u r n é e d ’ é t u d e s :

La ville en Asie du sud :

quelles perspectives ?

Le lundi 27 novembre 2000 s’estdéroulée dans l’amphithéâtre GuillaumeBudé, plein à craquer, la 5e journéed’études du Centre d’Études de l’Inde etde l’Asie du Sud (CEIAS, UMR 8564 duCNRS), la 3e du genre à avoir lieu dans leslocaux du Collège de France.

Ces journées annuelles ont pourobjectif de faire connaître à un assez largepublic un thème ou un sujet étudié dansce centre important dont certainschercheurs collaborent étroitement auxtravaux de l’Institut d’Études Indiennesdu Collège de France et de la Chaired’Histoire du Monde Indien, en

particulier au programme ditd’urbanisme en Inde du Nord ouprogramme Chanderi. La journée de cetteannée avait été organisée par VéroniqueDupont (ORSTOM) et Gérard Heuzé(CNRS) qui depuis quatre ans animaientau CEIAS un séminaire de recherches surla ville indienne. Après un exposé général,les interventions, très suivies, portèrentsur divers aspects de l’organisation, de lasociologie et du comportement dansquelques villes d’Asie du sud : Chanderi,Karachi, Mumbai (ancienne Bombay),Dhaka, Kanpur. L’accent fut mis sur lesconditions de l’habitat, les violencesurbaines, les migrations intérieures, lacohabitation plus ou moins difficile degroupes sociaux d’origine très diverse.

La journée était placée dans uneperspective comparative : les exposés,faits par des chercheurs spécialistes du

sous-continent indien, étaientcommentés par des spécialistes de la villetravaillant en d’autres parties du mondeavant d’être soumis aux questions d’unauditoire en majorité assez jeune. Denombreux étudiants côtoyaient deschercheurs très connus. Des chercheursou étudiants simplement curieux desréalités du monde contemporain s’étaientjoints aux indianistes. Le nombre et lapertinence des questions émanant del’auditoire montrèrent l’intérêt soulevépar le thème de la journée.

La qualité des installations (confortde la salle, acoustique, projections) et lacompétence du personnel du Collège deFrance furent aussi pour beaucoup dansle succès d’une manifestation qui permitaussi à de nombreux étudiants dedécouvrir la réalité du Collège de France.

Gérard Fussman

INSTITUT CURIE : RÉSULTATS ET PERSPECTIVES

L’amphithéâtre Marguerite de Navarre a accueilli le14 novembre 2000, plus de 350 personnes, travaillantdans la Section de Recherche de l’Institut Curie, pourune journée d’exposés scientifiques et techniques.

Cette année en effet, l’Institut Curie a voulu ouvrir unepartie de ses journées scientifiques annuelles à tout lepersonnel de la Section de Recherche, qu’il soit chercheur,administratif ou technique.

Dans ce but, 4 exposés présentantles nouveaux outils développésrécemment dans l’Institut ont étéregroupés dans un session destinée àun large public :

- “La vidéomicroscopie, uneavancée pour visualiser les cellulesvivantes en 3D”, par J.-B. Sibarita, oùon a pu voir comment, endéconvoluant des images demicroscopie optique, on pouvaitanalyser dans la cellule deschangements dynamiques très rapidesavec une résolution spatiale bien inférieure au micron ;

- “Microscopie ionique : un nouvel outil d’analyseélémentaire au niveau de la cellule”, par Alain Croisy qui adétaillé le principe de cette imagerie permettant de localiserla présence d’atomes modifiés dans les cellules ou sur leschromosomes ;

- “Comparaison du tissu tumoral et du tissu normal : 3lectures : génome, transcriptome, protéome”, par François

Radvanyi, qui a permis à l’assistance de comprendrecomment les nouvelles techniques d’analyse globalepermettaient de reconstituer le processus de latransformation tumorale et de la prolifération de cellules ;

- “Des souris, des hommes et des mutations”, par LionelLarue, où a été expliqué pourquoi on peut utiliser la souriscomme modèle d’étude de l’homme, et étudier l’effetspécifique de certaines mutations génétiques.

Les autres exposés ont détaillé lestravaux récents des différentes équipesde la Section de Recherche del’Institut Curie (qui regroupe en tout,sur le site de Paris et d’Orsay, plus de600 personnes dont 188 chercheursCNRS, INSERM ou universitaires).L’échelle des sujets d’étude allait de“la molécule” à “l’homme”, enpassant par le noyau et la membraneplasmique, la dynamique cellulaire, lecomportement des cellules et lesorganismes. Les spécialités couvrent à

la fois les domaines de la chimie, la physique, et la biologie,ce qui fait la richesse des échanges entre les chercheurs. Cesjournées, destinées justement à permettre des échanges entreles différentes communautés au sein de l’Institut Curie, onteu un réel succès qui s’est manifesté par un amphithéâtreM. de Navarre comble.

Christine Tarenne

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16 LE JOURNAL - N° 1

TOXICOMANIES EN EUROPE : NOUVEAUX DÉFIS, NOUVEAUX ENJEUX DE SANTÉ PUBLIQUE

Aujourd’hui,les conduitesa d d i c t i v e s ,q u ’ e l l e sconcernent lesdrogues illiciteset licites, sontdevenues un défimajeur de santépublique danstous les pays

européens et un vrai enjeu pour les politiques publiques et lespratiques professionnelles.

Sous l’égide de la Commission européenne, un colloque aété organisé les 23 et 24 novembre 2000 au Collège de France.

Fédéré par la Mission Interministérielle de Lutte contrela Drogue et la Toxicomanie (MILDT) ; le ministère del’Emploi et de la Solidarité et l’Agence française de sécuritésanitaire des produits de santé (Afssaps) en sont lespartenaires.

Il a réuni près de 500 professionnels européens autour de40 intervenants spécialistes dans leur pays, de l’addictologieet de la pharmacodépendance ainsi que des responsables despolitiques publiques dans ce domaine.

Ce colloque a permis la rencontre entre les experts de lapharmacodépendance (chercheurs, toxicologues,pharmacologues,...), les cliniciens qui prennent en charge lesusagers à partir des connaissances acquises, et lesreprésentants des pouvoirs publics.

Il a développé une réflexion commune sur les évolutionsde la situation dans le champ de la toxicomanie et despratiques professionnelles concernant les comportementsaddictifs.

La réflexion a portéégalement sur la proposition demise en place d’un réseaueuropéen d’évaluation etd’information sur les nouveauxcomportements et usages dedrogues ainsi que sur ladangerosité des produits etrisques qu’ils font encourir.

L’organisation scientifiquede ce colloque a été réalisée par la Société d’AddictologieFrancophone (SAF) et les Centres d’Évaluation etd’information sur la Pharmacodépendance (CEIP).

B. Christophorov, Président de la Société d’AddictologieFrancophone et N. Maestracci, Présidente de la MissionInterministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie

D. Gillot, Secrétaire d’État auprès duMinistre de l’Emploi et de la Solidarité

MISSION INTERMINISTÉRIELLEDE LUTTE CONTRE LADROGUE ET LATOXICOMANIE (MILDT)

Placée sous l’autorité du Premierministre, cette mission anime etcoordonne l’action de 17 ministèresconcernés par la lutte contre la drogueet la prévention des dépendances,notamment dans les domaines de la

prévention, de la prise en chargesanitaire et sociale, de la répression, dela formation, de la communication, dela recherche et de la coopérationinternationale.

Créée en 1982, la MILDT achangé de nombreuses foisd’appellation et d’attributions depuiscette date. Elle prépare et met enœuvre les décisions du comitéinterministériel de lutte contre ladrogue et de prévention desdépendances dont les compétencesconcernent, depuis le 16 juin 1999,aussi bien les consommations dedrogues illicites que l’abus d’alcool, detabac et de médicamentspsychotropes. Elle anime, soutient etcoordonne les efforts des autrespartenaires publics et privés que sontles collectivités territoriales, lesinstitutions spécialisées, les organismesprofessionnels, les associations et

acteurs de la société civile. Au niveaulocal, son action est relayée par leschefs de projets, désignés par lespréfets, qui mettent en œuvre lapolitique interministérielle dans lesdépartements.

Site Internet : www.drogues.gouv.frDrogues Info Service : 0 800 23 13 13

N. Maestracci et D. Gillot

Une des traductrices, en régie

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17N° 1 - LE JOURNAL

LE TABAC

Origine :Cette plante a été rapportée

d’Amérique du Sud par Jean Nicot en1560. Ses feuilles séchées ont été viteconsommées à travers l’Europe et le mondeentier, mâchées, prisées, puis fumées en pipes, cigareset cigarettes.

Effets :Le tabac fumé a un effet psychostimulant avec

augmentation de la vigilance et de la capacité deréflexion. Les fumeurs ressentent peu d’euphorie, peude modification d’humeur et pas d’hallucination. Enrevanche, le manque de nicotine provoque une humeurnégative. L’effet de l’action est de courte durée (lesrécepteurs se désensibilisent très rapidement) etconduit à répéter la consommation. L’usage prolongéde tabac entraîne une très forte dépendance.

Mécanismes d’action :La nicotine est l’alcaloïde principal contenu dans

les feuilles de tabac. C’est aussi le plus étudié. D’autresproduits moins connus pourraient également êtreactifs : nornicotine, anabasine, anatabine. La nicotineimite l’action d’un neuromédiateur naturel,l’acétylcholine. Elle se lie aux récepteurs nicotiniquesdans le système nerveux, y compris dans le cerveau. Au

niveau périphérique la nicotine active le systèmeneurovégétatif, c’est-à-dire le système qui faitfonctionner les fonctions vitales de l’organisme(système respiratoire, système digestif, systèmecirculatoire...).

La nicotine augmente en particulier la pressionartérielle et accélère le rythme cardiaque en stimulantles glandes surrénales. La nicotine facilite également lalibération des endomorphines ce qui expliquerait enpartie son effet antalgique. Au niveau du cerveau, lanicotine stimule les récepteurs nicotiniques dedifférentes structures cérébrales. L’effet éveillant de lanicotine serait dû à la stimulation d’une zone située auniveau central du cerveau nommée locus coeruleus.L’effet antidépresseur de la nicotine se produirait enrééquilibrant la dégradation de certains neuro-médiateurs. On avance l’hypothèse que certainespersonnes très dépendantes utilisent le tabac poursoigner une dépression. L’effet coupe-faim serait dû àl’action de la nicotine sur certains centres du cerveau

responsables du contrôle de la prisealimentaire (hypothalamus). Il pourraitaussi être dû au fait que la nicotineaugmente la présence de glucose dans lesang, réduisant ainsi la sensation de faim.

Comme toutes les autres substances psychoactivesinduisant une dépendance, la nicotine accroît lalibération de dopamine par certains neurones.

TO X I C O M A N I E S E N EU R O P E (S U I T E)

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ART ET ÉLECTRICITÉ

Table ronde patronnée par MM. Jean-Pierre Changeux,Jean-Claude Pecker et Jacques Thuillier.

Le 15 décembre 2000, un colloque,organisé par le Centre de Recherche et deRestauration des Musées de France(C2RMF), par le Musée des Arts etMétiers, et par la Fondation Électricité deFrance a eu lieu au Collège de France, surle thème, interdisciplinaire s'il en est, “Artet Électricité”.

Dans la séance du matin, six orateursont couvert divers aspects de l'HISTOIRE DE

L’ÉLECTRICITÉ, notamment dans sesrapports avec l'art. Le Colloque ayant été ouvert par MichelMenu, rédacteur en chef de la Revue TECHNE, et quireprésentait Jean-Pierre Mohen (Directeur du C2RMF) enmission à l'étranger, Jean-Claude Pecker a évoqué lamémoire de l'abbé Nollet, grand vulgarisateur de cour, et sesdécouvertes, son enseignement, ses démêlés avec la médecinepar l'électricité, et avec Benjamin Franklin.

Puis Jean-Pierrre Changeux, entrant dans le fond duproblème du fonctionnement de notre système nerveux, acouvert, de Galvani à nos jours, l'évolution desneurosciences.

Simon Diner, déplaçant l'intérêt vers lesdébats de la physique moderne, a discuté durôle des champs continus, dont l'importance etles échos dans l'art sont évidents.

Christine Blondel, en historienne de l'art, alargement évoqué les représentations del'électricité, depuis les reproductions naïves,voire magiques de jadis, jusqu'à latransformation artistique de l’électricité enféerie.

François Mirambet a montré sur desexemples concrets (Titanic par exemple)comment on peut remettre à neuf desdocuments archéologiques corrodés (canons coulés,lingots immergés, etc.), tout en évitant de détruire lespièces par des actions irréfléchies.

Enfin Dominique Ferriot et Paolo Brenni ont évoqué lesdébuts de l'électricité de laboratoire, en montrantl'importance de l'instrumentation (très bien représentée auMusée des Arts et Métiers) pour l'acquisition desconnaissances.

Pendant la seconde partie de ce colloque, au cours del'après-midi, c'est la CRÉATION ARTISTIQUE, exploitant aumieux les possibilités de l'électricité qui, sous la présidence deMarcel Boiteux, Président de la Fondation EDF, qui a été

l'objet des débats.Michel Makarius a mis en évidence l'accouplement

paradoxal corps-machine qui constitue une des questionsmajeures d'aujourd'hui, après avoir faitfantasmer le siècle précédent.

Thierry Dufresne analyse les oeuvresd'artistes “luministes”, qui font apparaîtredes “icônes”, alors que s'effacent les corps,les outils...

Sarkis, lui-même, a présenté certainesde ses oeuvres qui jouent de la lumière, encombinant lumière naturelle et lumièreartificielle, dans des espaces composés.

Jean-Philippe Poiree-Ville a évoquél'extension de cet art luminique par des procédésmathématiques, physiques et biologiques, vers une sorted'“hyperlumière” ; la lumière précède la forme et devient lematériau lui-même.

Vincent Valere, sur un grand nombre d'exemplesconcrets, a mis en évidence les techniques nouvelles de miseen lumière de bâtiments ou d'oeuvres sculptées, et aussi lesméthodes modernes de préparation des projets, par dessimulations réalistes.

Dans un tout autre registre, Jean-Claude Risset a montré,grâce à de nombreux exemples sonores etvisuels, comment les techniques récentes,électriques, électroniques, ont permisl'extension du registre des sons musicaux, etouvert des possibilités entièrement nouvelles ;enfin, dans un essai sur la machine dans lethéâtre (“fuit l'électricité, fuit la lumièr”... etc'est l'ombre qui se fait !)

Daniel Raichvarg, suivant en cela LouisJouvet, a montré combien le théâtre peutgagner, mais aussi perdre à l'exploitation del'électricité, qui lui ôte un peu de sa magiepropre.

On s'en voudrait de ne pas mentionner lesdouze écrans TV, installés par Yann Toma autour de la SalleMarguerite de Navarre, et qui pendant toute la journée ontcontribué, par leur caractère répétitif et lancinant, à lafascination que peut exercer l'art moderne, et sa hautetechnicité...

Au total, ce colloque a offert à ses participants unejournée très enrichissante, d'une grande diversité, et dansl'esprit même du Collège de France (“docet omnia”),brillamment interdisciplinaire.

Jean-Claude Pecker

Jean-Claude Pecker, Professeur

Jean-Pierre Changeux, Professeur

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JOURNÉE ROLAND BARTHES

Cette journée organisée parM. Carlo Ossola, s’est tenue le1er décembre 2000.

Extraits de l’intervention deM. Carlo Ossola

La Leçon inaugurale de RolandBarthes au Collège de France (7 janvier1977) est un texte connu, mais ce quil’est moins (...) est le travailpréparatoire, travail difficile, car touteleçon inaugurale est un bilan, un adieuet un recommencement. Pour Barthes,nous disposons –aux archivesconservées à l’Institut Mémoires del’édition contemporaine (IMEC)– dedeux brouillons très travaillés,tourmentés, et d’un textedactylographié préparatoire, queBarthes a continué de corriger. (...)

Venons, avant d’aborder la Leçoninaugurale de Barthes, au portrait quetrace de lui Michel Foucault lorsqu’ilprésente à l’assemblée des professeurs lecandidat ; je ne retiendrai ici de cetadmirable profil inédit, que la partiequi peut éclairer la position de Barthes,l’hésitation même entre méthode etcréation, que nous retrouverons dansses brouillons.

Cette double facette est déjà dans lepassage central, et si généreux, de laprésentation de Foucault : “Barthesappartient à la littérature de ces vingtdernières années. Il en fait la louangeou en rend possible la lecture. Oui,mais surtout ce qu’il a dit sur elle a priseffet en elle. Comme tous les critiques,il a parlé sur ce qu’on dirait ; maiscomme bien peu de critiques, il a

permis de dire, il a donné à dire. Cequ’a été le roman des deux dernièresdécennies, ses formes, ses dévelop-pements, ses recherches, sesexaspérations, ses butées, ne peut êtredissocié du regard que Barthes a portésur lui et du discours dont il l’atraversé.»

Ce double désir (ces deux rôles, decritique et d’écrivain) se fait jour dansles ébauches de la Leçon inaugurale :car le premier paragraphe du premierbrouillon (qui sera ensuite supprimé)se concluait sur le bonheur stendhaliende pouvoir enfin unir «un métier etune passion» : «... un métier, celuid’enseigner, et une passion, celle de

chercher cad [c’est-à-dire] se déplacer.»Dans la Leçon, Roland Barthes

précise «Se déplacer peut donc vouloirdire se porter là où l’on ne vous attendpas, ou encore et plus radicalementabjurer ce qu’on a écrit..» (...)

Abjurer le pouvoir : tel est le premier«acte de conscience» de la Leçon, un actepolitique exprimé avec un vocabulairereligieux. Si j’ai cité dans le carton quiannonce notre séminaire le passage si beaude Barthes : «Une autre joie me vientaujourd’hui, plus grave, parce que plusresponsable : celle d’entrer dans un lieuque l’on peut dire rigoureusement :hors-pouvoir. Car s’il m’est permisd’interpréter à mon tour le Collège, jedirai que, dans l’ordre des institutions, ilest comme l’une des dernières ruses del’Histoire ; l’honneur est d’ordinaire undéchet du pouvoir ; ici, il en est lasoustraction, la part intouchée», je l’ai faitmoins pour rendre hommage à l’histoire

de notre Collège que pour souligner quecette formule si marquée : hors-pouvoir etcette définition si nette («la soustraction,la part intouchée») sont le résultat finald’un processus de définition religieuse,j’oserais dire presque cathare, del’enseignement que Barthes se proposaitde donner au Collège de France.

La deuxième partie de son exposécommençait en effet ainsi dans lebrouillon de la Leçon : «C’est (...) depouvoir –de Tout-Pouvoir qu’il s’agiraici, indirectement mais obstinément,je vous prie de mettre mentalementdes majuscules à cette expression etd’entendre Tout-Pouvoir à la façond’une figure allégorique de l’anciennepoésie. Nous avons cru longtemps queTout-Pouvoir était un objetexemplairement politique ; nous avonscru ensuite (on nous en a rebattu lesoreilles) que Tout-Pouvoir était aussiun objet idéologique, qu’il se glissait làoù on ne l’entend pas du pre miercoup, dans le discours des scien ces, desinstitutions, des enseignements ; nousdevinons maintenant que Tout-Pouvoirest présent dans les mécanismes lesplus fins de la mentalité sociale :jusque dans les mécanis mes libérateursou même contestataires de la société.Tout-Pouvoir ne vient pas desstructures profondes de la société :c’est une plante sans racine, quis’éploie en l’air à la surface du social ;cette plante est persistante, elle nedépérit jamais : faites une révolu tionpour la détruire, elle va aussitôtrevivre, rebourgeonner dans le nouvelétat de choses. La raison de cetteendurance et de cette ubiquité c’est

Carlo Ossola, Professeur

Nathalie Léger de l’IMEC

Yves Bonnefoy, Professeur

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que Tout-Pouvoir est le parasite d’unorganisme trans-social, lié à l’histoireentière de l’homme, et non seulementà son histoire politique. Cet objet tuteur, en quoi s’inscrit le pouvoir, detoute éternité humaine, c’est tout sim -plement : le langage, ou pour être plusprécis, son expression obligée : la lan -gue [1er brouillon, p. 3].» (...)

Tout le travail de décantation, dupassage des brouillons à la Leçon est untravail douloureux, avec des repentirs,des ajouts, des retours, d’effacement denoms, de compagnons de route : untravail de retraite. Tout ce qui reste estle nom de quelques maîtres :Michelet, Jean Baruzi et Paul Valéry,Maurice Merleau-Ponty et ÉmileBenveniste ; enfin, bien sûr, MichelFoucault.

Après ces maîtres du Collège,plus aucun nom contemporain detous ceux qu’il avait rangés dans lesbrouillons, sauf Deleuze, Lacan,Klossowski, plus aucune référence,non plus, aux citations qui pouvaientêtre à la page. (...)

Cette «méthode de déprise» duprésent correspond bien à une note del’été de la même année [13 août 1977],dans laquelle Barthes avoue : «Toutd’un coup, il m’est devenu indifférentde ne pas être moderne» (Délibération,111, 1011), et surtout prépare déjà lanote finale de sa Vita nova (1979) où,lisant Pascal, il note : «Plus de je. Entout cas, pas plus que Pascal. Ce seradifficile : lui pouvait dire : [les]l’homme, les hommes».

Dès la Leçon inaugurale, la seule loiqui reste est la plus pure Gelassenheit,abandon et «excursion» de l’enfant verssa mère («Quelle loi ? Celle, absolue, demam», Vita Nova, 1979, 111, 1306), leseul trait biographique qui survit à ladéprise, et qui devient le modèle mêmede la méthode de travail : «J’aimeraisdonc que la parole et l’écoute qui setresseront ici soient semblables auxallées et venues d’un enfant qui joueautour de sa mère, qui s’en éloigne,puis retourne vers elle pour luirapporter un caillou, un brin de laine,dessinant de la sorte autour d’un centrepaisible toute une aire de jeu, àl’intérieur de laquelle le caillou, la laine

importent finalement moins que le donplein de zèle qui en est fait.»

Et dans le premier brouillon, aprèscette pause, il ajoutait : «Je croissincèrement qu’à l’origine de toutenseignement il faut accepter de placerun affect.»

C’est, déjà, «l’affect léger» dudernier Cours et sa forme poétique laplus impalpable, la plus proche de ce«brin de laine» : l’haïku.

Cette «aire» recueillie, réduite àl’essentiel, aura –à la fin de la Leçon– unnom ancien, celui de «Sapientia : nulpouvoir, un peu de savoir, un peu desagesse, et le plus de saveur possible» ;mais cette conclusion célèbrecorrespond parfaitement aux dernierstraits du profil que Foucault avait tracélors de l’Assemblée du Collège :«Puisque il a eu l’occasion de vousprésenter personnellement leprogramme qu’il a élaboré, je pensequ’on a pu découvrir ce qui se reconnaîtvolontiers dans ses oeuvres - à savoir qu’ilest homme de goût. Et par goût jen’entends pas l’acceptation immédiatedes conformismes et des règles, mais laperception à la fois intuitive, articulée etclaire, de la limite.»

Sapientia sagesse, saveur, goût : arts«de la limite» ; à ce paradigme trèsclassique du moraliste et de l’«hommedu monde», il ne faut jamais oublierd’ajouter le trait plus spécifique de

Roland Barthes, ce «brin de laine», cefil d’affect qui lie si profondément lediscernement de sagesse à la vérité. Cesont les mots mêmes de RolandBarthes, dans l’un de ses derniers écrits,qu’il offre à Michelangelo Antonioni le28 jan vier 1980 : «J’appelle sagesse del’ar tiste, non une vertu antique, encoremoins un discours médiocre, mais aucontraire ce savoir moral, cette acuitéde discernement qui lui permet de nejamais confondre le sens et la vérité.(...) Ce savoir est une sagesse, une follesagesse, pourrait-on dire, puisqu’elle leretire de la communauté, du trou peaudes fanatiques et des arro gants.»

Barthes, dans cette dernièreméditation, revient, encore une fois,à sa Leçon inaugurale, élevant lavoix contre «le discours de toutpouvoir : le discours del’arrogance» ; mais c’est désormais.une voix qui émane d’une aire de

retraite, de ce «brin de laine»,fragile, qui tisse l’an et l’affect comme

une seule vérité : «Je voudrais (...) fixerles trois forces, ou, si vous préférez, lestrois vertus, qui constituent à mes yeuxl’artiste. Je les nomme tout de suite : lavigilance, la sagesse et la plus paradoxalede toutes, la fragilité.»

Au nom de ces vertus, nouspouvons recommencer notre lecture deBarthes, fidèle à son «style d’être», à lamanière même par laquelle il accédait, àson tour, à un legs, à la leçon de l’un deses maîtres, Émile Benveniste : «Il yavait en lui, chose exorbitante pour unsavant : de l’implicite. Cela explique, jecrois, qu’on pouvait véritablement (c’estdu moins mon cas) aimer son oeuvres».

Carlo Ossola

Texte paru dans LE MONDE du 6 décembre 2000.

Roland Barthes, Professeur titulaire de la chaire deSémiologie littéraire de 1976 à 1980

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21N° 1 - LE JOURNAL

HISTOIRE ACHÉMÉNIDE ET BASES DE DONNÉES SUR INTERNET

Dans le cadre du projet achemenet.com lancé par lachaire “Histoire et civilisation du monde achéménide et del’empire d’Alexandre”, et grâce aux aides accordées par laMission scientifique universitaire (Ministère de laRecherche), par la Direction de la Coopération scientifique,universitaire et de la recherche (Ministère des AffairesÉtrangères) et par la Fondation Hugot du Collège de France,un Colloque International s’est tenu au Collège de France,les 15 et 16 décembre 2000, sur le sujet : Histoireachéménide et bases de données sur Internet : bilan desexpériences en cours et perspectives de développement.

L’objectif était de réunir les nombreuxcollègues français et étrangers qui avaientd’ores et déjà offert de collaborer au projetachemenet.com, mais aussi les collègues quiava i en t déve loppé de s p ro j e t scomplémentaires susceptibles de s’intégrerdans un réseau mondial d’études et derecherches achéménides, tel qu’il avait étédéfini dans un Appel à Collaborationdiffusé en juillet 2000 : rassembler surInternet, et rendre accessibles à tous, lesdocuments relatifs à cet espace-temps (del’Indus à la Méditerranée, entre le milieu duVIe siècle et la fin du IVe siècle avant n.è.), de quelque naturequ’ils soient (archéologiques, iconographiques,épigraphiques, etc.), en quelque écriture et langue qu’ilsaient été rédigés. Il s’agissait en même temps de s’entendresur des normes et sur un programme des publications àvenir.

Les travaux ont été répartis en quatre sessions : les textes(élamites, babyloniens, araméens, classiques) ; les sites-webdes sites archéologiques (Turquie, Géorgie, Arménie, Asiecentrale, Iran, Égypte) ; les images, monnaies et musées(sceaux, empreintes, monnaies, rôle des musées) et leslogiciels de traitement d’images (démonstration du logicielScopyr) ; une quatrième session a permis de présenter un

projet de publications de manuscrits en ligne (projet CCSD,Frank Laloë), de dresser un état des problèmes éditoriaux etdes solutions techniques, et de désigner un Comité dePilotage International composé de douze membres qui,venant de sept pays différents (France, États-Unis,Allemagne, Angleterre, Hollande, Turquie, Iran),représentent l’éventail des disciplines impliquées dans leprojet.

Les séances ont été suivies par une assistance nombreuseet fidèle (une centaine de personnes tout au long dessessions). Les communications ont été présentées par près de

trente-cinq collègues venant de douze pays(France, États-Unis, Iran, Hollande, Italie,Finlande, Turquie, Allemagne, Géorgie,Arménie, Angleterre, Israël). Le Collège deFrance était représenté par Pierre Briant,Marie-Françoise Clergeau, et Jean-JacquesGuilbard, mais aussi, indirectement, parOlivier Cabon et Thierry Sarfis (SociétéThotm) qui ont en charge le développementtechnique du projet achemenet.com. Deleur côté, les services techniques du Collège(appariteurs, réseau) ont apporté uneassistance de tous les instants, dont la qualité

a particulièrement impressionné les collègues étrangers. D’ores et déjà, de nouvelles réunions sont prévues. Le

Comité de Pilotage se réunira à Paris à la fin du premiersemestre 2001. Plusieurs ‘cellules’ ont également programméune réunion de coordination : la cellule chargée dudéveloppement des pages ‘Monnaies’, et la cellule ‘Textesbabyloniens’. On pourra suivre le développement des travauxà venir sur une page spéciale d’achemenet.com.

Le programme du Colloque et les résumés descommunications peuvent être téléchargés depuishttp://www.achemenet.com

Pierre Briant

Pierre Briant, Professeur

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22 LE JOURNAL - N° 1

� Journée d'études : “Recompositions chinoises. Laquestion du travail et l'État-nation”, tenue le 6 décembre 2000et organisée par le Centre d'Études sur la Chine moderne etcontemporaine de l'EHESS et la Revue comparative Est-Ouest.

Cette journée a abordé la question du travail dans la Chinepost-révolutionnaires et a fait également appel à descontributions de spécialistes de la Russie et d'historiens del'Europe occidentale ayant abordé le même type de problème.

� Une Réunion du Programme cognitique - atelier“Abstraction” du Ministère de la Recherche, s’est tenue le7 décembre 2000. Première journée thématique : “Extraire etsélectionner l’information utile : granularité et niveaux dereprésentation”

� La Journée de prospective de la Société française dephysique : “Champs et particules”, s’est tenue le 9 décembre2000 pour engager une réflexion sur l’avenir de la discipline.

MANIFESTATIONS ET COLLOQUES - 1ER TRIMESTRE 2001

� Colloque : “Anxiété etcognition spatiale”prévu le 19 janvier 2001.Organisateurs : M. Alain Berthoz et lesLaboratoires Smithkline BeechamSujet : Étude des mécanismesresponsables de l'orientation dansl'espace. Apporter des informations surle déterminisme des troubles anxieuxde l'adulte.

� Colloque : “Journée desjeunes plasticiens” prévu le 20 janvier 2001.Organisateur : Société française de

chirurgie plastique, reconstructrice etesthétique.

Au cours de cette journée, destravaux de recherche clinique etfondamentale seront présentés par deschefs de clinique et des équipeshospitalières.

� Conférence de l'AssociationProquartet : “Autour des trans-criptions”prévue le 9 mars 2001.

Cours d'analyse musicale donnépar Walter Levin, avec un quatuor etun pianiste.

� Colloque : “Les femmes et lessociétés à l’aube du XXIe siècle”prévu le 17 mars 2001.Organisateurs : l’Union Rationaliste etla Revue Raison, à l’occasion de l’annéede la femme.

AUTRES MANIFESTATIONS ET COLLOQUES

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23N° 1 - LE JOURNAL

LES BIBLIOTHÈQUES

Le 5 octobre dernier, la sérénité dessalles de lectures du site CardinalLemoine habituellement si propice auxchercheurs était rompue par lebrouhaha des voix d’un publicnombreux auquel il n’était pas questionce jour-là d’imposer le silence derigueur en de tels lieux et par le bruit,sympathique au demeurant, debouchons de champagne qui sautaient.Réunis autour de M. Glowinski,nouvel Administrateur du Collège deFrance, il s’agissait, pour les Professeurset les personnels des Instituts et desBibliothèques spécialisées du ProcheOrient ancien, d’inaugurer (enfin!)leurs nouveaux locaux.

L’Orient se rapproche…

Les Instituts du Proche-Orientancien rassemblent les bibliothèquesdes Études sémitiques, d’Égyptologie,d’Assyriologie et des Christianismesorientaux, ainsi que la bibliothèqued’études arabes, islamiques et deturcologie.

Comme l’a rappelé M. Glowinskidans les quelques mots adressés àl’assistance, les études menées toutd’abord en 1992 puis en 1995 par leProfesseur Tardieu avaient révélé quechacune des quatre premièresbibliothèques était arrivée à saturation etqu’il était devenu indispensabled’entreprendre un transfert des collectionsen d’autres lieux. Cette considération toutd’abord matérielle s’accompagnait d’uneréflexion bien plus scientifique : commentet où mettre en œuvre l’idée–fondamentale pour les chercheurs– de lacomplémentarité des fonds si ce n’est enrapprochant des collections couvrant deschamps voisins, et favoriser ainsi lacoordination des moyens documentaires,

la collaboration entre les équipes à l’égardd’un public souvent utilisateur deplusieurs fonds, voire éventuellement lamobilité des personnels, ce que lesInstituts d’Extrême-Orient avaient déjàparfaitement réalisé.

S’inscrivant dans l’une despremières phases des travaux derénovation des locaux du Collège deFrance, cette opération avait été initiéesous le mandat de M. Miquel, etachevée sous celui de M. Dagron, selonun programme établi par unecommission représentative del’établissement, en étroite liaison avecla Mission intergouvernementale desgrands travaux, sous la coordination deM. Glowinski. Comme sur le siteMarcelin Berthelot, les architectesétaient ceux du Cabinet Huet etWilmotte. La destination finale étaitchoisie : les locaux de la Bibliothèquegénérale logée depuis 1991 sur le siteCardinal Lemoine qui en échangeserait réinstallée rue des Écoles,revenant au cœur du Collège dans desmurs qu’elle n’aurait peut-être jamaisdû quitter.

L’implication des ProfesseursTardieu, Teixidor et Yoyotte, ainsi quede leurs équipes dans la conception etla mise en œuvre du projet, s’est faiteen association avec Mmes Cazabon etPiganiol, responsables du Service desbibliothèques et des archives.

Faire du neuf avec du vieux…Pendant plus d’un an, de 1997 à

1998, la bibliothèque générale, lesarchives et les bibliothèques spécialiséesont préparé le transfert des collections,récupérant et faisant modifier en unpremier temps une partie deséquipements en rayonnages mobilesdéjà installés, répartissant les espaces debureaux et de salles de lecture sur lestrois anciens niveaux de laBibliothèque générale, aménageant de

nouveaux espaces pour les chercheurs.En juin 1997, la Bibliothèque générale,faute de pouvoir se réinstaller dans lafoulée, déménageait ses ouvrages surtrois sites : Marne-la-Vallée, Châtenay-Malabry et les anciens locauxabandonnés en 1991 de laBibliothèque centrale à MarcelinBerthelot.

Et c’est ainsi qu’en septembre1998, les bibliothèques de recherchedu Proche-Orient ancien sont venuesrejoindre celles qui, depuis 1989étaient déjà installées rue du CardinalLemoine : les bibliothèques desInstituts d’Extrême-Orient (Civili-sation indienne, Études chinoises,Études japonaises, Études coréennes etÉtudes tibétaines et leur voisine de laSociété asiatique), la bibliothèque duCentre d’études arabes, islamiques etde turcologie, ainsi que la bibliothèquedu Laboratoire d’anthropologie socialeet la bibliothèque byzantine.

Après deux années defonctionnement dans leurs nouveauxlocaux, à l’issue de la réceptiond’inauguration, une visite des lieux apermis aux Professeurs et auxbibliothécaires de montrer combienlumineux, élégants et réussis étaient cesespaces. Le regroupement sur un mêmesite de plusieurs bibliothèques derecherche s’intéressant aux étudesproche-orientales et de la bibliothèquede la Société Asiatique qui met à leurdisposition son importante collectionde périodiques a considérablementaugmenté l’offre documentaire, leslecteurs ne s’y trompent pas, qui sontde plus en plus nombreux, montrantainsi que le Collège de France poursuitet renouvelle la tradition d’orientalismescientifique née à l’époque des premierslecteurs royaux.

La réorganisation des collections,commencée au moment du

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déménagement, est aujourd’huiterminée. Le nouveau rangement apermis de regrouper les cotes d’unefaçon systématique et la recherche desvolumes en est d’autant simplifiée.Les lecteurs, dans leur grandemajorité, apprécient leur nouveaulieu de travail et ont fait part de leursatisfaction.

Le Proche-Orient

La bibliothèque d’Égyptologie

C’est à l’initiative d’AlexandreMoret, titulaire à partir de 1923 de lachaire d’Égyptologie, que s’installaplace Marcelin Berthelot un centre derecherches égyptologiques devenu plustard Cabinet d’Égyptologie. Labibliothèque d’Égyptologie qui vit lejour en 1936 en partie grâce à ladonation que fit Seymour de Ricci(1881-1942) au Collège de France des a f abu l eu s e b ib l i o thèqued’Égyptologie et de copte, possède unfonds spécialisé sur l’Égyptepharaonique et sur l’Égypte chrétienne,sur la philologie, la linguistique et lapaléographie hiéroglyphiques,hiératiques, démotiques et coptes. Sesfonds, provenant également d’un dépôtfait par la bibliothèque “principale”,concernent en outre les recherches surl’épigraphie, l’histoire et l’archéologiede l’Égypte et de la Nubie, et enfin lareprésentation de l’Égypte pharaoniquedepuis la fin du paganisme jusqu’àl’époque actuelle.

En outre, la bibliothèque conserveles fonds d’archives scientifiques desprofesseurs successeurs d’AlexandreMoret, qui depuis 1923, furenttitulaires de la chaire et d’égypto-logues français et étrangers, incluantdes archives photogra- phiques ainsiqu’une collection de cassettes vidéo.

La bibliothèque d’Assyriologie

Créée en 1936 par Charles Fossey àpartir d’un fonds spécialisé provenantlui aussi de la bibliothèque “principale”,cette bibliothèque rassemble les fonds

personnels de François Thureau-Dangin, Maurice Pillet et EmmanuelLaroche, c’est-à-dire une collectionspécialisée dans l’histoire du Proche-Orient ancien et plus particulièrementdans la documentation cunéiforme,sumérienne et assyro-babylonienne.Elle possède un important fondsconcernant l’Anatolie et les études hititeet hourrite.

La bibliothèqued’étude des christianismes orientaux

Dite aussi “Bibliothèque d’histoiredes religions”, cette bibliothèque a étéfondée comme la précédente en 1936,sous la direction de Jean Baruzi.Constitué autour de la bibliothèquepersonnelle d’Henri-Charles Puech, cefonds rassemble des collectionsd’ouvrages, de pério- diques et de tirés àpart sur l’exégèse biblique, l’étude destextes chrétiens des premiers siècles etleur environnement proche-oriental,répartis en six sections : judéo-christianisme, gnosticisme, monachismesyro-égyptien, manichéisme, philosophiegrecque et histoire des religions.

L’Institut d’études sémitiques

Fondé en 1930 à l’Université deParis, l’Institut d’études sémitiques fut,après la tourmente de mai 1968,rattaché au Collège de France etapporta en dot une bibliothèque déjàconstituée sur le Proche-Orient ancien.En arrivant au Collège elle se spécialisedans les langues chamito-sémitiques,peu ou pas représentées dans les autresbibliothèques, principalement leslangues en écriture alphabétique dontles plus anciennes sont apparues sur la

côte syro-libanaise vers la fin du 2emillénaire, puis dans toute la régiondu Proche-Orient et de l’Afrique duNord et dont certaines sont encoreparlées aujourd’hui.

La bibliothèque d’études arabes,islamiques et de turcologie

La première bibliothèqued’ouvrages en arabe, en turc et enpersan, celle de Louis Massignon, quiprit place sur les rayonnages duCabinet d’Islamologie en 1964, n’ajamais cessé de s’enrichir. Plusieursdons et achats sont venus accroître lescollections déjà acquises auprès despécialistes du domaine. On connaît lefonds Claude Cahen, historien etorientaliste, constitué du don de toutela partie arabe de sa bibliothèque.Citons également les ouvrages offertspar la veuve de Jacques Berque, ledépôt du fonds Régis Blachère, et toutrécemment, grâce au ProfesseurVeinstein, un fonds de turcologievenant de Paris III.

La bibliothèque byzantine

Bien que l’empire byzantin et seshéritiers se répar-tissent égalemententre Orient et Occident, on peutrattacher la bibliothèque byzantine àcet ensemble proche-oriental. Installéeau Collège de France depuis 1972, labiblio- thèque byzantine est en réalitéla propriété de l’INALCO et provientdu fonds Thomas Whittemore offertpar l’Institut byzantin de Boston.Totalement gérée par le Collège elle apris place en 1985 sur le site CardinalLemoine, dans le même carré que lesbibliothèques d’Extrême-Orient et

J. Teixidor, Professeur

G. Veinstein, J.-M. Durand, et N. Grimal, Professeurs

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aujourd’hui que celles du ProcheOrient ancien, dont elle est très proche.Elle couvre les domaines suivants :histoire byzantine, archéologie et artpaléochrétien et byzantin, littérature,histoire de l’Église orthodoxe, liturgie,art et histoire des pays se rattachant àl’aire culturelle byzantine, art etlittérature coptes.

L’Extrême-Orient

Dès son origine la Bibliothèquecentrale du Collège a possédé desouvrages concernant l’Extrême-Orientavec, entre autres, le fonds LouisHambis ou les rapports d’expédition dePaul Pelliot. Mais l’arrivée des anciensInstituts de la Sorbonne qui vinrentenrichir, vers les années 1970, lesbibliothèques des professeurs duCollège de France, permit la créationde véritables bibliothèques aujourd’huifédérées au sein des Institutsd’Extrême-Orient.

La bibliothèque d’études chinoises

Constituée à partir des années1920, grâce à d’éminentssinologues, puis enrichie en 1951par la récupération du fonds de labibliothèque du Centre d’étudessinologiques de l’Université deParis à Pékin, cette bibliothèquepossède, outre son très riche fondsd’ouvrages chinois à l’ancienne,une collection unique en Europede Collectanea (“congshu”), demonographies locales, ainsi qu’uncertain nombre de livres rares etanciens et un ensemble

d’estampes. Elle représenteaujourd’hui le premier fondsfrançais d’ouvrages sur la Chinepré-moderne, l’histoire, lalittérature, la philosophie, lareligion.

La bibliothèque d’études japonaises

L’Institut des hautes étudesjaponaises, créé en 1959 parCharles Haguenauer fut rattaché

au Collège de France, tout comme seshomologues chinois et indien, dansles années 1970. La Bibliothèqueoffre une documentation très variée,tout particulièrement dans ledomaine historique. Elle possède, eneffet, la majorité des chroniquesofficielles du Japon, sources primairespour toute recherche concernantl’histoire japonaise, du IXe au XIe

siècle. Les domaines de la littératureet de la religion sont représentés parde nombreuses études et des textesfondamentaux.

La bibliothèque d’études coréennes

C’est encore à CharlesHaguenauer que l’on doit lacréation de l’Institut des hautesétudes coréennes. Sa bibliothèqueréunit des ouvrages principalementen langue coréenne relatifsnotamment à l’histoire, mais aussià la littérature moderne, lessciences religieuses, sociales ouencore les beaux-arts et lagéographie.

La bibliothèque d’études indiennes

Le fonds indien est consacréprincipalement à la littérature ensanskrit et langues indo-aryennes,prakrit, pali (écritures cingalaise,thai et cambodgienne), à l’histoire, àl’archéologie et l’épigraphie.Philosophie, religions, linguistique,philologie, grammaire, droit,sciences, sont des domaineségalement représentés dans ce fondsqui comprend en outre uneimportante cartothèque ainsi qu’unephotothèque.

Ce n’est pas fini…

La bibliothèqued’anthropologie sociale

Complétons le panorama de nosbibliothèques. Tout d’abord, labibliothèque du Laboratoired’anthropologie sociale, créée en 1960,dont le fonds s’est constitué à l’origineautour des acquisitions effectuées sous laresponsabilité de Claude Lévi-Strauss. Ilcouvre l’ensemble du champanthropologique ainsi que les domainesconnexes (sociologie, linguistique,histoire, préhistoire et archéologie,traditions populaires et littérature orale).Ici aussi des dépôts et des dons ontenrichi les collections, GeorgesDevereux, Michel de Certeau, Chiva

Les bibliothèques scientifiques

Ces dernières sont localisées surles sites d’Ulm (mathématiques) etMarcelin Berthelot (chimie,physique et biologie). Il y auraitcertainement matière à écrire surleurs fonds, en tout cas les fondshistoriques. Mais on le sait, dans lesdomaines scientifiques, ce qui primec’est la fraîcheur de l’information,que seules les nouvelles technologiesde l’information peuvent nousfournir. Le travail des bibliothécaireset documentalistes scientifiquess’apparente à de la veilledocumentaire, ou même au jeu depiste, il s’appuie sur la puissance desréseaux. L’imprimé de son côtédevient rapidement obsolète. Cetétat de fait modifie grandement laconception que l’on a d’unebibliothèque et fait surgir desméthodes différentes selon lesdomaines de recherche -littéraires etscientifiques.

Que deviennent la bibliothèque

générale et les archives ? …

Quelques esprits malins nous ontimaginés en vacances prolongées

M. Zink et P. Briant, Professeurs

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depuis le déménagement. C’eût ététrop beau ! Mais non, que l’on serassure, nous avons posé nos valises,quelques livres, nos ordinateurs dans lasalle des séminaires de CardinalLemoine. Les archives, réorganisées,n’ont jamais reçu autant de chercheurs.En attendant l’aménagement desnouveaux locaux de la Bibliothèquegénérale, rue des Écoles, nous avons àcœur de maintenir une réelle qualité duservice. Conscients de l’exiguïté deslieux, les lecteurs viennentnaturellement moins nombreux, mais

nous avons organisé des dépôts chez lesProfesseurs qui le souhaitaient etaménagé des possibilités deconsultation dans les locaux del’ancienne bibliothèque centrale àMarcelin Berthelot, où est déposée unepartie de nos collections. Nousprofitons de cette période pourrééquilibrer les acquisitions, enrichir lefonds et mettre à jour régulièrement lecatalogue informatisé.

Parallèlement au moment où sedéroulait l’inauguration des bibliothèquesdu Proche-Orient, et comme pour

confirmer la volonté partagée d’unemeilleure maîtrise de la documentation, laBibliothèque générale mettait en placegrâce aux possibilités offertes par le réseaudu Collège le serveur de cédéroms, l’undes outils de la coopérationbibliographique. À terme, le réseau duCollège de France devrait permettre laconsultation des catalogues desbibliothèques locales et l’interrogation desgrandes banques de données.

Marie-Renée Cazabon

Sur la table de la salle de l'Assemblée, quelques ouvrages de la Réserve

§ Bernard, Claude (1813-1878). - Zoologie. Recherches sur une nouvelle fonction du foie considéré comme organe producteur de matièresucrée chez l'homme et les animaux : thèse présentée à la Faculté des sciences de Paris pour obtenir le grade de docteur ès sciences naturelles,par M. Claude Bernard. Soutenue le 17 mars 1853. - Paris : impr. de L. Martinet, 1853. [Médecine]§ Blondel, François (1618-1686 ; Sieur des Croisettes). - L'Art de jetter les bombes... - à Amsterdam, chez P. Mortier, 1699. [Mathématique]§ Gassendi, Pierre (1592-1655). - Institutionis astronomicae. - Editio ultima. - Hagae-Comitura, apud A.Vlacq, 1656. - Reliureparchemin. [Mathématique]§ Marey, Étienne-Jules (1830-1904). - La machine animale, locomotion terrestre et aérienne. 4e éd. rev. et aug. - Paris, F. Alcan, 1886.[Histoire naturelle des corps organisés]§ Biblia hebraica, samaritana, chaldaica, graeca, syriaca, latina, arabica…- Lutetiae Parisiorum, escudebat Antonius Vitré, 1645.§ Cronache fiorentine fino all'anno 1319. Manuscrit feuille vélin. - Indication d'appartenance à Filippo Baroncelli., armoiries peintes dela famille Baroncelli.

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Cette réunion exceptionnelle du Comitéd'Hygiène et de Sécurité s'est tenue le 6 octobre2000 à la demande de deux représentants dupersonnel. Elle a fait suite au décès cet été de troisde leurs anciennes collègues, Mireille FAUQUET,Béatrice de NÉCHAUD, Monique BASSEVILLE,toutes trois personnels du CNRS. Elles avaient pourpoint commun d'avoir exercé à un moment donnéde leur carrière leur activité de recherche en unmême lieu au sein d'un même groupe, au laboratoirede Biochimie cellulaire, dirigé par le ProfesseurFrançois Gros.

Madame KARLI, médecin coordonnateur duCNRS, a informé M. l'Administrateur de ladécision du CNRS d'entreprendre une enquêteépidémiologique sur ce sujet. Il convient de tenterde déterminer s'il existe un lien de causalitéd'origine professionnelle sur ces décès.L'Administrateur propose que le Collège de Franceet, en premier lieu, les anciens collègues des troispersonnes disparues soient étroitement associées àl'enquête initiée par le CNRS pour ce qui concernela période de leur séjour au sein du laboratoire deBiochimie cellulaire. Il pense également souhaitableque les autres personnes qui ont travaillé pendant lamême période dans ce laboratoire puissent, si ellesle souhaitent, effectuer des contrôles médicaux.Chacun propose que les contacts avec le CNRS, parl'intermédiaire de Mme Karli se poursuivent et sedéveloppent.

Extrait du compte rendu du

Comité d'hygiène et de sécurité

Extrait du compte rendu de la

Commission paritaire d'établissement

L'Administrateur donne deux informationsimportantes : Les emplois des personnels IATOS serontdésormais, comme pour les emplois d'enseignants, remis“à la masse”, l'analyse de certaines données statistiques surles personnels du Collège laisse peu d'espoir d'emplois etde promotions.

M. Broszkiewicz rappelle que la CPE est un dispositifnouveau qui doit contribuer à l'élaboration d'une véritablepolitique de l'emploi dans les établissement et faciliter lamobilité (interne et externe). À ce propos, il demande unefois encore que les représentants des personnels soientassociés aux travaux de la commission des emplois, puisquela CPE, en formation plénière, est appelée à donner desavis sur l'organisation des services, mais aussi sur larépartition des emplois.

La commission est invitée à une réflexion sur le choixdes critères généraux pour l'établissement des classements :- promotion de grade :

. ancienneté de service dans la fonctionpublique,. ancienneté dans le grade,. âge,. proximité du départ à la retraite,. diplômes.

- promotion de corps : dans ce cas, c'est l'importance desfonctions exercées par l'agent, la qualité du dossier, lesdiplômes et, éventuellement, la situation de blocage de lacarrière qui doivent être privilégiés.

Le mot de vos représentants au Comité d'Hygiène et de Sécurité

par Jean-Yves LE GALL

Le décret n° 95-482 du 24 avril 1995, a renduapplicables certaines dispositions du Code du Travail auxÉtablissements de l'Enseignement Supérieur. Il nous asemblé opportun d'informer les personnels sur ces diverssujets.

Nous reproduisons ci-après deux extraits de l'InstructionGénérale type de Sécurité, publiée le 21 mai 1999 par leMinistère de l'Éducation Nationale, relatifs au : “Droit deRetrait”

. Le droit de retraitTout agent (fonctionnaire ou non) a le droit de se retirer

de son poste de travail face à un danger grave et imminent

pour sa vie ou sa santé, sans encourir de sanction ni deretenue de salaire.

La notion de danger doit être entendue, par référence à lajurisprudence sociale, comme étant une menace directe pourla vie ou la santé de l'agent, c'est-à-dire une situation de faiten mesure de provoquer un dommage à l'intégrité physiquede la personne.

La notion de danger grave et imminent correspond à uneperception très personnelle du risque. Elle impose la mise enœuvre d'une procédure d'alerte (signalement au chefd'établissement ou à son représentant par l'intermédiaire duregistre prévu à cet effet).

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Le droit de retrait doit s'exercer de manière qu'il ne créepas pour autrui une nouvelle situation de danger grave etimminent.

Il apparaît tout à fait opportun qu'un membre du C.H.S.compétent soit informé de la situation en cause.

· En cas de divergence sur la réalité du danger ou lamanière de le faire cesser, l'autorité administrative arrête lesmesures à prendre après avis du C.H.S. réuni en urgence etauquel assiste alors de plein droit l'inspecteur du travail.

. Le registre spécial de signalement de danger grave etimminent

Ce registre, tenu sous la responsabilité du chef

d’établissement est destiné au signalement d'un danger graveet imminent par un membre du C.H.S. ou par un agent.

Il est tenu à la disposition :- des membres du C.H.S.,- des agents chargés de l'inspection interne,- des agents de contrôle externes à l'établissement,Tout avis figurant sur ce registre doit :- être daté et signé,- comporter l'indication des postes de travail concernés,- préciser la nature du danger et sa cause,- indiquer le nom de la (ou des) personne(s) exposée(s).Les mesures prises doivent être également consignées.

La représentation des personnels au Collège de France

par Dominique Broszkiewicz, élu au CE

Comme dans toute entreprise et dans tout établissementde l’Éducation nationale, il existe un système dereprésentation des personnels au sein de notre établissement,c’est le Conseil d’Établissement, seule instance où professeurset représentants des personnels sont réunis. Cettereconnaissance de l’expression des personnels estrelativement récente puisqu’il a fallu attendre le décret du 5octobre 1990.

Cette instance est consultative : 14 élus des personnels yreprésentent l’ensemble des catégories travaillant au sein duCollège de France : chercheurs, enseignants chercheurs, ITAdes organismes de Recherche (CNRS, INSERM) et IATOSSde l’enseignement supérieur.

Ont été élus au Conseil d’Établissement pour le mandat2000-2003 :

Mmes Marie-France Auzepy, Françoise Briquel,Catherine Fabre, Christine Hubert, Marie-ChristineJacquet-Pfau, Zoi Kapoula, Martine Piochaud, NicoleResche.

MM. Claude Boutonnet, Dominique Broszkiewicz,Jean-Jacques Guilbard, Didier Kryn, Julien Petit, SahbiSelmane.

Le Conseil d’Établissement est consulté sur le Budget etles Comptes du Collège de France, les conventions avec le

CNRS, l’INSERM. Il est également compétent en matièred’Hygiène et de Sécurité, de locaux, d’action sociale, deformation continue, du règlement intérieur, et d’affectationsdes personnels.

En dehors de cette structure il existe des sectionssyndicales, en contact régulier avec l’administration duCollège de France, également avec leur fédération, dont lavocation est la défense et la représentation de ces mêmespersonnels.

Sont représentées au Collège de France les organisationssyndicales suivantes : Ferc-Sup-CGT, Sgen-CFDT, Sncs-FSU, Snirs-CGC, Snptes-FEN.

En matière scientifique il n’est prévu aucune instanceassociant les personnels si ce n’est à l’intérieur de chaquelaboratoire ou institut par l’intermédiaire du comitéscientifique ou d’évaluation.

En principe également dans chaque laboratoire ouservice, existent des conseils avec des représentants despersonnels compétents en matière d’organisation desservices, de budget, de politique de l’emploi.

Enfin, La Commission Paritaire d’Établissement (C.P.E.)nouvellement instituée, compétente pour les IATOSS del’enseignement supérieur, siège en matière individuelle (pré-CAP) et collective (Comité Technique Paritaire).

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MOUVEMENTS DE PERSONNEL

Nouveaux arrivants :

- Mme Marie-Claude HUOT, SASU, au Bureau desmarchés et des études (Affaires administratives etfinancières) depuis le 1er septembre 2000.- Mme Inès QUILLIN, Agent administratif, à l'Agencecomptable depuis le 1er septembre 2000.- Mme Françoise SERGERS, Ingénieur d’études à la chaired’Histoire et civilisation du monde byzantin depuis le 1er

septembre 2000.- M. Abdella'ali KHALDI, Agent des services techniques, àl'Accueil (Affaires administratives et financières) depuis le1er septembre 2000.- Mme Corinne ARDIDIE, Agent technique en Médecineexpérimentale depuis le 1er septembre 2000.

Mutations :

- M. Michel PETIT, Agent des services techniques (Affairesadministratives et financières), muté à l'IUT de Bourges au1er septembre 2000.- M. Julien PETIT, Sous-directeur (Laboratoire dePhysiologie de la perception et de l’action), muté àl'Université Bordeaux II au 1er septembre 2000.- Mme Claudine KHERBOUCHE, Agent administratif(Affaires administratives et financières), mutée à Paris V au1er septembre 2000.- Mme Sophie DALLE, Adjoint technique (InstitutPasteur), mutée à Paris XII au 1er septembre 2000.- M. Edmond BLESSON, Contractuel (Affairesadminsitratives et financières), muté sur concours au LycéeHélène Boucher à compter du 2 octobre 2000.

Concours :

- Mme Dominique ROBERT, reçue au concours d’Adjointtechnique, affectée à la Bibliothèque de l’Institut deBiologie, à compter du 15 décembre 2000.- Mme Évelyne MAURY, reçue au concours d’Agenttechnique, affectée aux archives, à compter du 15 décembre2000.- M. Georges KOURTZIAN, reçu au concours d’Agent

technique, affecté à la Bibliothèque byzantine, à compterdu 15 décembre 2000.- Mme Alexandra CABRAJA, reçue au concours d’Adjointtechnique, affectée à la Direction des Affairesadministratives et financières, à compter du 15 décembre2000.- M. Khmaies BOURGUIBA, reçu au concours d’Adjointtechnique, affecté à la Direction des Affaires administrativeset financières en tant qu’électricien, à compter du 1er

décembre 2000- Mme Khadija AZZEDINE, reçue au concours d'Agentdes services techniques, affectée à la Direction des Affairesadministratives et financières, à compter du 1er septembre2000.

Départs à la retraite :

Professeurs (à compter du 1er septembre 2000) :

- M. Jacques TITS, titulaire de la chaire de Théorie desGroupes.- Mme Nicole LE DOUARIN, titulaire de la chaired'Embryologie cellulaire et moléculaire.

Personnel :

- M. Robert GANDAIS, menuisier aux Affairesadministratives et financières (adjoint technique) depuis le1er avril 1961, a pris sa retraite le 6 novembre 2000.- M. Georges ARBOUSSE-BASTIDE, technicien principalau Laboratoire de Physique corpusculaire puis aux Affairesculturelles et relations extérieures, en poste depuis le 31mars 1969, a pris sa retraite le 1er décembre 2000.- Mme Joëlle MEYRIGNAC, OEA aux Affairesadministratives et financières depuis le 1er septembre 1983,a pris sa retraite le 4 décembre 2000.- Mme Marie-Louise SCHEFFER, adjoint technique àNogent-sur-Marne depuis le 1er juin 1985, a pris sa retraitele 4 décembre 2000.- Mme Odette LOCQUET, technicienne dans l'équiperésiduelle du Laboratoire du Professeur Jost, au Collège deFrance depuis le 28 mars 1977, a pris sa retraite le 14décembre 2000.

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DÉCÈS

C'est avec une profonde tristesse que les membres de cequi fut le Laboratoire de Biochimie cellulaire (Professeur F.Gros) font part du décès, l'été dernier, de trois de leurscollègues, de personnalités très différentes, mais siattachantes, qui partagèrent avec eux plusieurs années derecherche. Leur absence, ressentie très douloureusement partous ceux qui les ont connues, a fait naître le besoind'évoquer chacune d'elle en retraçant en quelques lignesleurs parcours au Collège.

Monique BASSEVILLE, technicienne CNRS, fut de1976 à 1996 une collaboratrice appréciée de tous dans lelaboratoire, tant par ses compétences et son dévouement quepar son caractère si gai et agréable qu'il contribuait à fairerégner la bonne humeur autour d'elle. Animatrice efficace duCLAS du Collège pendant de nombreuses années, elle y aégalement noué de solides amitiés dont les témoignagesfurent nombreux lors de sa disparition.

Béatrice de NÉCHAUD, chercheur CNRS spécialisée enbiochimie, développa des recherches sur les protéines ducytosquelette au sein de deux équipes du laboratoire de 1980à 1996 ainsi que dans le cadre de collaborations externes.Très active, généreuse et spontanée, elle avait le souciconstant de faciliter le travail de ses collègues de laboratoireet a été estimée par tous pour ses grandes qualitésscientifiques et humaines.

Mireille FAUQUET, chercheur CNRS spécialisée enbiologie moléculaire, travailla au laboratoire de 1992 à 1996sur la régulation d'un gène codant une protéine decytosquelette. Puis en 1998 elle rejoignit le laboratoire de

Neuropharmacologie. Passionnée par la recherchescientifique, très ouverte et aimant partager sesconnaissances, elle favorisa la carrière de jeunes doctorants.Elle laisse de nombreux amis dans les différents laboratoiresoù elle travailla.

Tom YPSILANTIS, chercheur américain né en 1928 àSalt Lake City, est décédé brutalement à Genève le 16 août2000. Directeur de Recherches au CNRS, il a animé deséquipes au Laboratoire de Physique Corpusculaire de 1984 à1996. Reconnu au plan international pour ses inventionsimportantes dans le domaine de l'instrumentation enphysique des particules, il poursuivait ses activités enenseignant à l'Université de Bologne (Italie), et en effectuantses recherches au CERN.

Antoine GUILLAUMONT, Professeur honorairetitulaire de la chaire de Christianisme et Gnoses dans l'Orientpréislamique (de 1977 à 1986), est décédé le 25 août 2000, àl'âge de 85 ans.

Claude PENNARUN, Photographe, au Collège deFrance depuis le 1er novembre 1960, en dernier lieu dans lelaboratoire de Mme Claude Tougard, est décédé débutnovembre, à l'âge de 58 ans.

Louis LEPRINCE-RINGUET, Professeur honorairetitulaire de la chaire de Physique nucléaire (de 1959 à 1972),est décédé le 23 décembre 2000, à l’âge de 99 ans.

NAISSANCES MARIAGE

- VANESSA, née le 19 août 2000, fille de MiguelMONLOUIS, Agent d'accueil (Affaires administratives etfinancières).

- MATTHIEU, né le 26 octobre 2000, fils de ArnaudSÉRANDOUR, Ingénieur d'Études dans la chaired'Antiquités sémitiques.

- Mme Françoise Sauvinet, SASU au service desTraitements (Affaires administratives et financières), s'estmariée le 26 août 2000 et s'appelle désormais MadameFrançoise MARTIN.

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Dans un moment de prétentionmal contrôlée, il y a quelques mois,j'avais proposé auxorganisateurs de cesréunions du Clas devenir vous raconterquelques histoiresconcernant le site oùnous vivons et que,p e r s o n n e l l e m e n t ,j e fréquente depuisplus de soixante ans.Ils m'ont promis deme donner la paroles'ils ne trouvaient pasd'autres conférenciersplus présentables .C'est à eux qu'il faudra se plaindre si jevous ennuie trop. Ce jour est venu.

Pour ne pas trop m'égarer dans monbavardage je vais essayer de l'ordonner endeux parties. La première dressera le décorsans cesse en transformations, dans lequelse situent les quelques faits importants ouminuscules que je voudrais vous raconter.Je vous parlerai ensuite du Collègependant l'Occupation et la Libération.Mon petit monde à moi, à l'intérieur decette institution où l'on fait de tout, estcelui de la chimie et des chimistes. Jem'excuse par avance de parler surtoutdu milieu que j'ai le mieux connu.

I Avant d'aborder mes histoires

d'Occupation, et de Libération, jecommencerai par quelques et caetera :Collège de France, 11 place Marcelin-Berthelot. Drôle de place qui n'a qu'unseul côté et un seul numéro, le 11.

Quand j'étais étudiant dans leQuartier, (Q majuscule), entre 1935 et1938, il m'arrivait de longer lespalissades derrière lesquelles se bâtissait

l'actuel bâtiment de physique, lebâtiment F tel qu'il était à cette époque

(cliché 1) Le voici tel qu'ilest aujourd'hui (cliché 2).

Un ami m'emmenaitsouvent boire un verre au"Petit quat'z'arts", uneboîte très mal famée de larue de Lanneau,aujourd'hui remplacéepar un insoupçonnabletraiteur japonais. C'est làque fréquentait, entreautres, Violette Nozière,une célèbre parricide demon avant-guerre. Avant

de retrouver mon bouge, j'étais passédevant l'actuel restaurant du Coupe-chou. Sur la façade, on pouvait encoredistinguer l'enseigne de l'anciennetaverne "Au puits Certain". Elle adisparu, il y a seulement quelques

années sous l'ardeur des ravaleurs.

J'ai donc souvent pu admirer, ruedes Écoles, le monument à la gloire deMarcelin Berthelot érigé en 1917, dont

il ne subsiste rien, si ce n'est le socleenvahi par la verdure (cliché 3). Lastatue de Berthelot, de même que cellede Claude Bernard qui se trouvait surle parvis de notre Collège, étaient alorsen bronze. Sous l'Occupation, ellesfurent condamnées à la fonte pour queles Allemands puissent récupérer leurprécieuse matière première. Le buste de

Berthelot échappa au massacre et futsecrètement sauvé sur l'initiative del'Administrateur Faral qui le fit cacherpendant toute l'Occupation. Il sedresse aujourd'hui timidement devantle bâtiment C. Une inscription peulisible rappelle ses avatars (cliché 4).

Ce que vous avez certainementremarqué sur l ' avant -dern iè re

cliché 1

cliché 2

cliché 3

cliché 4

HISTOIRES DU COLLÈGE

L'OCCUPATION, LA LIBÉRATION, etc.

Conférence donnée, dans le cadre des conférences du CLAS, parM. Jean JACQUES, Directeur de recherches émérite au CNRS

le mardi 24 octobre 2000

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diapo, c'est l'arrière plan et lesmaisons qui l'occupent. Ce sontelles qui portaient les numéros quimanquent à notre place actuelle.Ces immeubles existaient déjà audébut du XIXe siècle. Ils figurentdans cette gravure des années 1830(cliché 5). Celle-ci représente destravaux qui ne sont pas encoreceux qui se poursuiventaujourd'hui.

Je peux même vous préciser qu'aunuméro 9 de ce qui n'était pas encore laplace Marcelin Berthelot, il y avait la"boutique à Roulier", un cordonnierqui, en 1871, fit partie "de ladélégation au Commerce de laCommune". Ce voisin de Berthelot, aucours de la semaine sanglante de mai1871, eut la chance de ne pas être aunombre des nombreux Communardsfusillés au Collège de France. J'imagineque ces exécutions eurent lieu dans les

terrains vagues où se dressentmaintenant les laboratoires de biologierénovés, le long de l'impasse duCimetière Saint-Benoît (cliché 6).

Quatre jours après la mort deBerthelot, en 1907, le Conseilmunicipal de Paris décida qu'ilconvenait d'honorer sa mémoire "en

donnant son nom illustre à unedes rues de la Capitale où il estné" . On pen sa d ' abo rddébaptiser en sa faveur la rue dela Tombe-Issoire. C'eut étédommage . On cho i s i tfinalement la place du Collègede France qui portait ce nomdepuis 1855. Il est vrai que, deson vivant, le laboratoire dugrand homme donnait sur le

parc qu'il pouvait voir de ses fenêtres.

Les laboratoires associés à la chaire deChimie organique setrouvaient en effet, àcette époque dans laCour d'honneur oùils occupaient le rez-de-chaussée et lepremier étage, là où setrouvaient encorer é c emment l e sbureaux des Relationsculturelles. Des plansque j'ai retrouvés dansles papiers de monbon maître Delépineen témoignent.

Cette autre photo a été prise dansces locaux, après la Grande Guerre(cliché 7). Elle représente la petiteéquipe des chimistes que dirigeaitCharles Moureu, héritier de la chaire

de Chimie organique en 1917.Charles Dufraisse qui devaitdevenir professeur en 1942 porteencore l'uniforme militaire et déjàsa belle barbe. J'aurai l'occasionde vous reparler d'elle et de lui.On remarque au premier plan unobus dans lequel on pouvait fairedes réactions sous pression.

Ce laboratoire de Chimieorganique, à la fin de la guerre

de 1914, abrita, entre autres, lesrecherches de Moureu et Dufraissesur l'acroléine, un produit trèslacrymogène qui fut un momentpréconisé comme gaz de combat.Malheureusement ce produit liquidedont on remplissait des obus sedégradait rapidement et devenaitune espèce de cirage inoffensif.

Moureu et Dufraisse firent unecurieuse observation : l'acroléineindustrielle qui n'est pas encorepurifiée, s'oxyde beaucoup moinsvite que celle qui a étésoigneusement redistillée. Ils finirentpar isoler l'impureté qui empêchecette oxydation. Ce fut le point dedépart d'une découverte dont nousprofitons encore aujourd'hui : lesantioxygènes qu'on ajouteactuellement au beurre et aucaoutchouc en particulier et quiassurent leur bonne conservation.

Le bâtiment de chimie que vousconnaissez aujourd'hui (cliché 8), datede 1935 (cliché 9). Le laboratoire deChimie organique, tel que je l'ai connuen 1939, abritait encore, à sonquatrième étage, deux institutsfonctionnant avec des créditsd'industries intéressées par cesproblèmes posés par l'oxydationgênante, l'Institut de recherche deshuiles et oléagineux (IRHO) etl'Institut du Caoutchouc. Cetteprésence était évidemment une desconséquences des découvertes deMoureu et de Dufraisse et de leursapplications pratiques.

Au rez-de-chaussée de ce mêmebâtiment de chimie se trouvait uneautre enclave curieuse, celle duLaboratoire d'hydrologie duprofesseur Lepape. On s'y occupaitsurtout d'analyser les eaux thermalesradioactives. Celles-ci étaientrecommandées à l'époque pour leurspropriétés curatives. Les temps ontchangé. Il dépendait à la fois du

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Collège et de la ville de Paris. Il avaitété fondé dans des circonstances queje n'ai pas encore eu le tempsd'élucider.

En 1944, le cinquième étagedu même bâtiment communiquaitencore avec le laboratoire deChimie nucléaire. Il abritait celuide morphologie expérimentale deRobert Courrier avec ses ratsd'expériences et deux futursprofesseurs Alfred Jost et FrançoisMorel. Justin Jolly, professeurd'Histologie à la retraite depuis

1940 avait conservé le grandlaboratoire du côté sud dont la vuesur Paris n'avait pas d'égale. Lesanimaux qui y logent actuellementne peuvent malheureusement plusen profiter.

Dans les années 1930, il existaitune deuxième chaire de chimie, celle deChimie minérale dont le titulaire était

Camille Matignon, depuis 1908.Matignon est mort subitement en1934 au cours d'une assemblée deprofesseurs. Si j'ai le temps je vousraconterai une histoire plus drôle quiconcerne Matignon.

Quand Frédéric Joliot lui succédaen 1935, il put s'installer dans lelaboratoire de Chimie nucléaire quivenait d'être terminé.

La mobilité des laboratoires dontnous faisons ces derniers temps ladifficile expérience, répond à unelongue tradition de notre Maison.Dans les années qui précédèrent ou quisuivirent immédiatement la guerre de39-45, le laboratoire de la chaired'Histoire naturelle des corps organisésd'André Mayer se trouvait dans lescaves qui ont été récemmentmagnifiquement aménagées autour dunouvel amphithéâtre où nous sommes.En 1947 quand cette chaire devint cellede Biochimie générale et comparée deJean Roche, elle hérita des mêmeslaboratoires souterrains et obscurs.

Les premières fondations desbâtiments de biologie, actuellement enfin de rénovation, furent creusées en1939. Interrompus pendant toute laguerre les travaux de construction nereprirent qu'au cours de l'été 1956. Àcôté de ce trou béant où, pendant lalibération de Paris, nous avons essayéquelques prototypes de grenadesartisanales, subsistaient un certainnombre de vieilles bâtisses (clichés 10

et 11). Elles abritaient encore lelaboratoire de Le Magnen qui, aveugle,s'intéressait à la physiologie de l'odoratet le bureau de Jacques Duclaux,professeur de Biologie générale depuis1931 qui fit durer sa retraite jusqu'à102 ans. Finalement le bâtiment B nefut achevé qu'en 1962. Au cours de cesannées 50, à la place du terre-plein oùse garent encore quelques moto-cyclettes, on avait construit unebaraque qui abrita l'équipe diterésiduelle de Chevillard, rescapée dulaboratoire d'André Mayer lors de saretraite. À un des coins de cettebaraque, si mes souvenirs ne metrompent pas, j'ai vu naître et sedévelopper le magnifique paulowniaqui orne maintenant la rue intérieurequi conduit à la Rotonde.

Les bâtiments des laboratoires dechimie (chimie organique et chimienucléaire, bâtiments C et D) à peineterminés, la construction du bâtimentF avait commencé en 1936. À ladéclaration de la guerre, ces travauxfurent eux aussi interrompus. Lesbâtiments étaient alors "hors d'eau"comme disaient les architectes et le grosœuvre était déjà terminé. Les travauxne reprirent que bien après la fin de laguerre et l'aménagement intérieur sepoursuivit jusqu'à la fin de l'année1950. Si je me souviens bien, c'est aucours de l'année 1951 que lelaboratoire de Courrier auquelj'appartenais put emménager dans sesétages supérieurs.

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Le laboratoire de Chimieorganique, avec celui Chimie nucléairede Frédéric Joliot-Curie fut dans lesannées 50, à ce que je crois, un des pluspeuplés de ceux que le Collège abritait.Cette photo rassemble troisgénérations de professeurs, Delépineretraité, Dufraisse en exercice etHoreau son successeur (cliché 12).Dominateur et scrutant l'avenir, j'yfigure en qualité de témoin.

Toutes lespéripéties desm u l t i p l e stransformationsde notre établis-sement vousfatiguent peut-être : mon inven-taire a pourtantune moralité :l'échelle de tempsdes architectesn'est pas la nôtre.Eux travaillentpour l'éternité.Bref ne nousi m p a t i e n t o n spas.

L'histoire de la vigne qui continue àprospérer sur la façade intérieure dubâtiment de l'administration, nousramène aux dimensions du tempsvégétal, c'est-à-dire au nôtre, àquelques années près. Cette vigneappartient au folklore du Collège.Grave question : est-elle ou nonhistorique ? S'agit-il bien, comme larumeur l'affirme, du premier planaméricain résistant au phylloxera quisauva le vignoble français ?

Permettez que j'ouvre une longueparenthèse pour bien situer cetimportant problème.

Le fléau avait fait sa premièreapparition dans le Gard en 1864. Lesvignes dépérissaient inexorablementsans qu'on en sache la cause. L'insectereconnu coupable de cette catastrophene fut identifié qu'en 1868. Lephylloxera, un minuscule puceronavant d'atteindre sa forme ailée se

développait sur les racines de la vigne ets'en nourrissait jusqu'à ce que morts'ensuive. En 10 ans, en 1874, le tiersdu vignoble français avait disparu.Grâce à l'utilisation comme portegreffe de plans américains résistant auxattaques de la bestiole, la reconstitutiondu vignoble ne commença qu'en1880 : elle ne fut complète qu'après lapremière guerre mondiale.

Quel rôle joua le Collège et sesprofesseurs dans ce long combatfinalement victorieux ?

Il existe aux archives du Collègetrois photographies non datées maisapparemment relativement anciennesde cette vigne historique.

Je vous lis la légende des deuxpremières (cliché 13) : "Cep de vigneaméricain. Le premier qui ait été plantéen France lors de l'invasion duphylloxera. Planté en 1874 parBalbiani, il a servi aux expériences de cesavant et de son collaborateurHenneguy dont les travaux ontgrandement contribué à sauver levignoble français."

La dernièreporte une légendeun peu différente :

“ V i g n eaméricaine (côtéouest de la cour)(c'est-à-dire ducôté de la rueSaint-Jacques).Vitis lambrusca(Isabelle ?) plantéepar P.F. Henneguy.La vigne françaisep l a n t é eantérieurementpar Balbiani estdu côté est (duc ô t é d e l aR o t o n d e ) . ”

(Vitis vinifera probablement).

Si la vigne est encore vivace, rien neprouve qu'elle est plus que centenaire.La vigne ouest, celle qui figure sansdoute sur ce cliché (cliché 14) a disparudepuis longtemps (cliché 15). ÉdouardBalbiani et Félix Henneguy ont été tousles deux professeurs d'Embryogénie

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comparée, le premier de 1874 à 1899,le second de 1900 à 1928. Lesindications que me fournissent lesarchives mériteraient un longcommentaire que je n'ai pas le temps dedévelopper, malgré mon goût pour lesparenthèses. Je note seulement qu'il yeut au moins deux vignes du Collège etque la vigne est (à l'emplacement de laseule qui subsiste), était d'origine

française. La vigneaméricaine était plantéedans la partie ouest de lacour c'est-à-dire du côtéde la rue Saint-Jacques.Elle a évidemmentdisparu depuis longtemps.On sait par ailleurs queles premiers plans devigne américaine furentintroduits dans lebordelais dès 1840. Cesont même eux qui

importèrent en France le pucerondiabolique auquel ils résistaientparfaitement. Bref si le mystère de lavigne du Collège n'est pas entièrementrésolu, il y de fortes chances qu'elle nesoit pas vraiment historique.

Dommage...

La scannérisation des diapositives (pp. 31-35) a étéréalisée par J.-J. Guilbard.

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La Lettre du Collège de France

Conception générale, rédaction et coordination : Florence TERRASSE-RIOU, Directrice des Affaires culturelles, Patricia LLEGOU, Danièle QUÉNÉHEN .

Conception graphique : Patricia LLEGOU .

Crédits photos : © Collège de France, Jean-Pierre MARTIN . Impression : Imprimerie C.I.A.P.

La suite de cette conférence paraîtra dans notre prochain numéro.

Cette lettre est une tribune libre.

Nous attendons vos suggestions, vos questions, ... et vos articles !

Contactez aux Affaires culturelles : Patricia Llegou (poste 11.42 - email : [email protected])ou Danièle Quénéhen (poste 11.91 - email : [email protected])