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Michel RASPAUD, Labo RESACT-SPORT, "APS et comportement social", UFR-APS, Université J. FOURIER, Grenoble DISCOURS SUR LA VIOLENCE "SPORTIVE" ET VIOLENCE DU DISCOURS Au début était le fair play, ensemble de règles de conduite, de manières d'être construites par les classes dominantes britanniques. Le fair play, appliqué aux jeux pratiqués dans les public schools, devait permettre aux jeunes de l'élite économique et intellectuelle en formation, de maintenir la " distance au rôle" (GOFFMAN) des classes bourgeoises, de ne pas se laisser prendre au jeu au point d'oublier que c'est un jeu, comme en donnaient l'image les classes populaires de l'époque (1). Le fair play, en tout cas, malgré la magnification par les idéologues du sport (en particulier les journalistes " sportifs ") ne semble guère avoir pris racine, puisqu'il n'est pas de semaine sans que la presse, spécialisée ou non, ne relate quelque fait, de par le monde, ayant trait à la violence dans ou autour du sport. Aussi existe-t-il des comités nationaux ou internationaux pour le défendre ; des prix sont attribués aux sportifs pour récompenser leur esprit fair play, Aussi, de grandes réunions sont organisées pour stigmatiser la violence dans le sport, et aider à la prise de conscience de tous de la nécessaire éradication de ce mal qui gangrène la noblesse et la pureté du sport (2), La violence dans le sport est un fait indéniable, mais y en a-t-il plus ou moins dans le sport que dans les autres domaines de l'activité sociale ? La question pertinente pourrait être : quel niveau de violence peut-on tolérer ? (3). Et comment le déterminer ? A première vue, le spectacle sportif semble " générer " une double forme de violence : - d'une part, la violence des spectateurs, généralement celle des supporters qui s'exprime soit à l'encontre d'autres supporters (ceux de l'adversaire), mais aussi parfois à l'encontre de l'arbitre ou des athlètes ; - d'autre part, la violence des athlètes eux mêmes, à l'encontre de leurs adversaires sportifs ou des arbitres. Concernant le football, qui sera l'objet de ces quelques réflexions, cette double forme de violence s'illustre par deux exemples assez nets : - le drame sanglant du stade de Heysel, en mai 1985 ; - l'affaire Koeman, en mars 1988. Dans le premier cas, des bagarres entre supporters de Liverpool et de la Juventus de Turin firent trente-neuf morts et quatre cents blessés. Dans le second cas, le joueur néerlandais du PSV Eindhoven avait déclaré au magazine Sport International que "l'attaque contre Tigana avait été décidée avant la partie" et " que blesser un bon joueur fait partie de la panoplie pour gagner de nos jours " (4).

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Michel RASPAUD, Labo RESACT-SPORT, "APS et comportement social", UFR-APS,Université J. FOURIER, Grenoble

DISCOURS SUR LA VIOLENCE "SPORTIVE" ETVIOLENCE DU DISCOURS

Au début était le fair play, ensemble de règles de conduite, de manières d'êtreconstruites par les classes dominantes britanniques. Le fair play, appliqué aux jeuxpratiqués dans les public schools, devait permettre aux jeunes de l'élite économique etintellectuelle en formation, de maintenir la " distance au rôle" (GOFFMAN) des classesbourgeoises, de ne pas se laisser prendre au jeu au point d'oublier que c'est un jeu,comme en donnaient l'image les classes populaires de l'époque (1).

Le fair play, en tout cas, malgré la magnification par les idéologues du sport (enparticulier les journalistes " sportifs ") ne semble guère avoir pris racine, puisqu'il n'estpas de semaine sans que la presse, spécialisée ou non, ne relate quelque fait, de parle monde, ayant trait à la violence dans ou autour du sport. Aussi existe-t-il des comitésnationaux ou internationaux pour le défendre ; des prix sont attribués aux sportifs pourrécompenser leur esprit fair play, Aussi, de grandes réunions sont organisées pourstigmatiser la violence dans le sport, et aider à la prise de conscience de tous de lanécessaire éradication de ce mal qui gangrène la noblesse et la pureté du sport (2),

La violence dans le sport est un fait indéniable, mais y en a-t-il plus ou moins dans lesport que dans les autres domaines de l'activité sociale ? La question pertinentepourrait être : quel niveau de violence peut-on tolérer ? (3). Et comment le déterminer ?A première vue, le spectacle sportif semble " générer " une double forme de violence :- d'une part, la violence des spectateurs, généralement celle des supporters quis'exprime soit à l'encontre d'autres supporters (ceux de l'adversaire), mais aussi parfoisà l'encontre de l'arbitre ou des athlètes ;- d'autre part, la violence des athlètes eux mêmes, à l'encontre de leurs adversairessportifs ou des arbitres.

Concernant le football, qui sera l'objet de ces quelques réflexions, cette double formede violence s'illustre par deux exemples assez nets :- le drame sanglant du stade de Heysel, en mai 1985 ;- l'affaire Koeman, en mars 1988.Dans le premier cas, des bagarres entre supporters de Liverpool et de la Juventus deTurin firent trente-neuf morts et quatre cents blessés. Dans le second cas, le joueurnéerlandais du PSV Eindhoven avait déclaré au magazine Sport International que"l'attaque contre Tigana avait été décidée avant la partie" et " que blesser un bonjoueur fait partie de la panoplie pour gagner de nos jours " (4).

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Cette violence, annexe, connexe ou interne au sport - aux grands sports decompétition, médiatisés, spectacularisés, politisés -, il ne s'agit pas ici d'en fairel'apologie ou le procès, d'autres plus critiques ou plus responsables s'y essayant (5). Ilne s'agit pas non plus de la comprendre ou de l'expliquer.

Le propos de ce texte, fort en retrait par rapport à ces questions fondamentales del'éthique, consiste à tenter d'approcher non pas la violence, mais plutôt le discoursporté sur celle-ci par une partie de ceux que l'on peut appeler les idéologues du sport.Dans le cas qui va suivre, ces idéologues sont les journalistes sportifs ou, plusexactement, les journalistes spécialisés dans la relation et le commentaire des faitssportifs (6). Ils sont nommés ainsi car, au-delà de la relation et du commentaire du faitsportif, ils sont dépositaires de valeurs sociales qu'ils peuvent diffuser grâce à leurposition dans le système de production et de commercialisation des idées. Ilsappartiennent en effet entièrement à cet ensemble que constitue la société sportive etqui se compose d'athlètes (licenciés), dirigeants, cadres techniques, spectateurs,téléspectateurs, supporters, journalistes, pratiquants libres, producteurs de matériel,pouvoirs publics, sponsors, etc.Les journalistes occupent une place déterminante et ambivalente dans le système de lasociété sportive. Déterminante dans la mesure où ils relatent les événements pour lepublic qui n'y assiste pas, ils en constituent hinc et nunc les archives narratives. Maisaussi et surtout ambivalente dans la mesure où ces relations se doublent decommentaires qui, dépassant souvent si ce n'est toujours l'analyse critique objective,mettent en jeu des avis, des stratégies - individuelles et/ou collectives, politiques et/oucommerciales, etc. - qui ne se soustraient pas aux images, métaphores, archétypes.Ambivalence également de par le lieu d'origine institutionnelle du discours ainsi produit:l'organe de presse. Et l'on sait depuis longtemps le rôle fondamental de celui-ci dans laconstruction de l'événement sportif, comme l'on sait le rôle fondamental de l'événementsportif dans l'équilibre économique de la presse spécialisée. Il existe entre les deux unlien historique indéniable (7). La violence, en tant qu'exclue de la première heure - parl'imposition de la notion de fair play , est d'autant plus intéressante qu'elle agit, dans lecas de graves événements comme celui du Heysel ou comme dans le cas de quelquesbagarres simplement " musclées " dont il sera question un peu plus loin, commerévélateur, au sens photographique du terme.

Elle permet la mise à jour, souvent claire et nette, des idées-forces qui sous-tendent lemode de fonctionnement du système de la société sportive. La violence parle, et surtoutfait parler, et écrire. Il s'agit, en quelque sorte, du retour du refoulé.Le projet consiste alors à proposer l'analyse de contenu d'un certain nombre de textes,tous liés à la violence périphérique ou interne au football, en référant ce contenu aucontexte de sa production. C'est-à-dire l'événement lui-même, et le lieu d'origine dudiscours porté sur cet événement. Car l'on sait que tout discours, pour être légitime,doit se conformer à des règles. Et, parmi celles-ci, la position du locuteur dans lastructure sociale n'est pas la moindre (8). En l’occurrence, le journaliste appartenant àune structure de production du discours légitime (l'organe de presse), elle-mêmeintégrée au système que constitue la société sportive.

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Le contenu du discours ne se limite pas, alors, à son objet (la violence), mais prendsens en référence aux enjeux que cet objet représente pour les divers groupesparticipant à la société sportive. Ceux-ci ayant des intérêts convergents/divergents -exprimant les luttes de ces divers groupes pour des positions de domination (oud'influence) internes à la société sportive.

DU HEYSEL A DUSSELDORF

Il y eut un matin, et naquit le football. Puis survint la nuit du Heysel. Et le football faillitmourir (9). Depuis ce soir là, le Heysel demeure un événement structurant l'imaginairedu monde du football. Aussi bien les supporters que les dirigeants et les journalistes.C'est bien ce qui inquiétait également les organisateurs du VIIIe Championnat d'Europedes Nations qui devait se dérouler du 10 au 25 juin 1988 dans huit villes de RFA.C'était l'occasion de la première sortie massive de supporters anglais sur le continentdepuis trois ans, puisque les clubs de la Football League sont interdits de compétitioneuropéenne depuis 1985. Des mesures exceptionnelles avaient été prises afin d'éviterle moindre incident. Les polices allemande et britannique coopéraient d'ailleurs à ceteffet depuis plusieurs mois. Toutes les précautions ayant été prises, MonsieurNEUBERGER, Président du Comité d'Organisation estimait alors que l'on étaitcependant toujours " à la merci d'un fou " (10).

Les craintes des organisateurs, des autorités locales, et de l'ensemble du monde dufootball étaient en partie fondées, puisqu'un certain nombre d'incidents eurent lieu, soitentre les supporters adverses, soit entre supporters et forces de l'ordre. Les principauxeurent lieu à Düsseldorf, dans l'a journée et la soirée du mercredi 15 juin, à l'occasiondu match Angleterre Pays-Bas, Ils opposèrent anglais, néerlandais, allemands et...policiers.Ce jour, " déguisé en supporter anglais ", le journaliste Pierre-Marie DESCAMPS,"envoyé spécial" de l'hebdomadaire France Football, " a passé douze heures avec leshooligans ". Il en rapportera un récit sur deux pages (11) qui fait l'objet descommentaires qui suivent.

LA LOGIQUE DU TEXTE : UNE DESCRIPTION QUI N'EN EST PAS UNE

Il faut souligner, une fois encore, qu'il n'est aucunement question, ici, de porter unjugement sur le phénomène hooligan ou la violence dont peuvent faire preuve lessupporters. Ni de rechercher les racines sociales du " mal " qui, aux yeux de certains,semble frapper la société britannique (12). Il ne s'agit pas non plus de juger les auteursdes articles cités.L'intérêt consiste plutôt à montrer dans quel contexte - celui de la société sportive -s'expriment les auteurs, lequel permet de comprendre la logique et le sens de leurdiscours.

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Le récit de Pierre-Marie DESCAMPS, " Voyage au centre de la terreur ", n'est passeulement descriptif. Ce texte fait preuve de duplicité dans la mesure où, derrière ladescription - qui devrait se contenter de l'évocation de la réalité concrète (13), sinond'objectiver une situation - émerge un processus de catégorisation sociale. En effet,sont mises en jeu des valeurs sociales, projetées par l'intermédiaire du journaliste sur legroupe des supporters anglais - mais au travers du journaliste, il s'agit de tout unensemble social qui " parle ", ensemble qui sera délimité plus loin -, valeurs négativesqui empruntent à cinq domaines : l'excès, la guerre, le social, le physique, l'animal.

" Les violents doivent être virés à coups de matraque, c'est le seul langage qu'ilscomprennent ". Ainsi s'exprime Monsieur NEUBERGER (14). Cette attitude radicale etextrémiste, si elle a souvent cours dans le milieu du football, n'est cependant pasunanimement partagée. Et beaucoup d'éducateurs (15), Michel HIDALGO en tête (16),ont un avis beaucoup plus mesuré et modéré en ce qui concerne les rapports entrehooligans, football et société.

Mais il s'agit de revenir aux cinq domaines cités plus haut. Le lecteur pourra se reporterau tableau n°1, récapitulant et classant l'ensemble des termes employés. Ceux-ci -substantifs, adjectifs, verbes - ne peuvent se réduire à une neutralité descriptive. Ilspossèdent un sens, de par leur usage quotidien, qui donne au signifié une chargesociale, suivant l'objet de son attribution. Il faut retenir de cette pseudodescriptionl'expression d'une véritable haine sociale envers la " tribu " que l'auteur côtoie etobserve durant une demie journée. On a tout à fait l'impression de lire le récit d'unmissionnaire - représentant de la doxa sur le rapport au sport - totalement désorientélors de son incursion en ce pays barbare par des comportements ne correspondant pasdu tout aux standards de la société dont il est issu, aux représentations légitimes envigueur.Alors il en rajoute : projection de fantasmes, catégories disqualifiantes, classementéquivalent à un déclassement (emploi de métaphores, d'images, de formules toutesfaites). Il est en quelque sorte en face - et avec - une horde sauvage déferlant sur lemonde civilisé du football.

Les cinq domaines de la négativité :- l'excès : les pratiques excessives sont acceptées quand elles sont l'expression (civile)de la joie, Cependant, même dans ces cas là, elles sont réprouvées par les instancesdu football (embrassades et joueurs qui se grimpent les uns sur les autres " comme desphoques ") (17). Bien entendu, l'excès est en complète contradiction avec le fair play etsa " distance au rôle ", d'autant plus quand il s'agit de supporters ;- la guerre : les journalistes et commentateurs sportifs (à la radio-télévision) ont pourhabitude de valoriser le jeu " agressif mais dans le bon sens du terme " ! Evidemment, ilest difficile à un supporter - encore plus qu'à un joueur - de se comporter ainsi. Maisn'a-t-on pas dit que " le football c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens " (18) ;- le social : tout ce qui, à propos de ceux qui ne sont pas du même milieu, de la mêmeorigine, ne pensent pas et n'agissent pas de manière conforme, dégoûte. Il s'agitd'exclure et de rejeter ;

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- le physique : ce qui fait peur. Mais aussi, la marque sur le corps et dans lescomportements de la barbarie ;- l'animal : le suiveur imbécile (bovin) et le dégoût de la saleté (porcin), à la foisphysique et morale.

Tableau 1 : CLASSIFICATION DES TERMES EN CINQ DOMAINES

Ces cinq domaines dont use l'auteur pour projeter des valeurs sociales négatives sur legroupe qu'il "décrit", évitent de poser la question de la violence et du sens de celle-ci.C’est-à-dire la question des rapports existants entre la société globale et sa logiquesociale propre d'une part - logique de "construction" de groupes sociaux pouvant avoircomme habitus l'usage de la violence -, et la société sportive et son implication dans lalogique sociale de la société globale d'autre part, donc dans la construction de cesmêmes groupes sociaux. Dans ce cadre, le non-dit sur la violence renvoie auconsensus contre celle-ci.Il s'agit donc d'une pratique d'exclusion qui s'exprime soit par le renvoi dans la sphèrede la maladie mentale (la " folie " dont parle M. NEUBERGER), soit par la"dégénérescence de la civilisation" (M. THIBERT) qui sous-entend un cycle de vie dontle stade actuel est la nécrose, soit enfin, par l'intermédiaire du mécanisme peu élaboré(?) mis à jour, entre autres, par LEVI-STRAUSS (19) à propos des sociétés archaïques,et par lequel la communauté s'auto-attribue la qualité d'homme tout en la déniant auxautres ! Autres que l'on traite de " mauvais ", " méchants ", " singes de terre " ou " oeufsde pou" (20) ou bien, dans le cas présent, de " boeufs ", " animaux ", " porc ", "beaufs"," crétins ", "soiffards" (21), Il s'agit donc de " construire " un groupe en stigmatisant lescaractéristiques de celui-ci : par les représentations, on donne une " identité " auxautres en préservant la " sienne ".

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Cette violence, cependant, comporte deux risques :- l'un concerne l'inversion des valeurs pourtant bien établies et que l'on croyaitincontestables : malgré tout leur talent, il semble que les laudateurs de la presse necréent plus les stars. Celles-ci, dorénavant, ne sont plus sur la pelouse, mais dans lestribunes, les rues, aux portes des stades :" Devant la brasserie " Sword ", au bout de l'esplanade, le trottoir est bondé de crânesrasés qui ingurgitent de la bière derrière un cordon de policiers. Ce sont des durs aulook franchement inquiétant. Je ne m'éternise pas parmi eux, mais je suis choqué devoir, sur le trottoir d'en face, deux équipes de télé nous filmer. Sommes-nous desvedettes ? Un peu plus tard, quand la meute des photographes aura pris position sur laplace, un hooligan me dira : " l'Europe a les yeux sur nous, il faut qu'on soit à lahauteur" (22). L'autre risque, peut-être plus grand encore, est celui de la contamination:" Les mauvaises manières des uns anéantissent les bonnes intentions des autres " ;" Peu après le coup d'envoi, le soleil dans les yeux et le torse nu, je me prends àhurler"(23) .

Il faut bien dire que l'auteur n'y échappe pas, vue la violence des termes employés à ladescription. Ainsi, à une violence insensée répond une violence toute aussi insensée,et l'on se trouve alors dans le processus de stichomythie décrit par René GIRARD (24),la différence étant toutefois que les deux discours sont de modalités non identiquesmême s'ils tirent paradoxalement dans le même sens : l'affirmation.D'un côté, celui des hooligans, et cela a bien été mis en évidence, la violence physiqueintervient comme trait culturel d'affirmation de soi, de sa virilité, et de l'appartenance augroupe (25).Mais, d'un autre côté, la violence du journaliste participe du même phénomèned'affirmation non pas, forcément, de soi - il ne s'agit pas de s'engager dans une étudepsychologique ou psychanalytique - mais de la part de tout un groupe, dont il fautcerner les contours, et dont le journaliste est alors, plus ou moins consciemment, leporte-parole, le haut-parleur.D'un côté, donc, une violence en acte qui se veut discours mais n'est pas comprisecomme tel ; de l'autre un discours sur la violence en acte qui est lui-même violence,

LA LOGIGUE DU CONTEXTE : UN SYSTEME D'OPPOSITIONS

Cette logique transparaît dans l'éditorial cité précédemment, lorsque J. THIBERT écritqu'" il semble que les (Anglais) créateurs du jeu moderne, inventeurs du club, du fairplay, du professionnalisme, détenteurs de la plus formidable et plus saine passionpopulaire jusqu'à la fin des années 60, il semble donc que ces maîtres soientdéfinitivement trahis et oubliés " (26).Car en définitive, il s'agit de football, d'Angleterre, des hooligans, et du lieu d'origine dudiscours porté sur cet ensemble. Et l'on s'aperçoit alors que le journaliste de France-Football se trouve comme point d'ancrage d'une série d'oppositions signifiantes.L'opposition majeure et structurante se constitue donc ainsi :

JOURNALISTE / HOOLIGANS

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A y regarder de près, on constate qu'il s'agit d'un individu, porte-parole d'un groupe(l'Equipe - France-Football, pour ne pas le nommer), en opposition à un groupe (celuides " hooligans ", ou en tout cas désigné comme tel), porte-parole d'individus.

Bien entendu, on ne peut négliger le fait que le journaliste, appartenant à uneentreprise de presse, donc subissant la loi d'impératifs commerciaux, écrive pour queson journal soit acheté. Il est alors nécessaire que le contenu des écrits corresponde,dans une certaine mesure, aux attentes des lecteurs. Deux situations peuvent alors seprésenter : soit le monopole, soit la concurrence. Dans le cas présent, cette dernièreexiste certes, avec le bi-hebdomadaire But et le quotidien Le Sport, Toutefois, le tiragerégulier à plus de 220 000 exemplaires de France-Football crée une situation de quasi-monopole, et ce, malgré l'ambition du journal Le Sport dont la politique rédactionnelleoffensive (contre le groupe de l'Equipe) était déjà commercialement un échec àl'époque (juin 1988), ce qui ne pouvait manquer d'être su.

Du côté du journaliste, il s'agit donc d'un groupe de presse à très forte spécialisationdans le domaine sportif (27), ce qui sera vu plus loin, créateur et organisateur decompétitions sportives. Ce qu'il faut retenir, pour l'instant, c'est que ce groupe depresse fonctionne comme facteur idéologique et propagateur/propagandiste decertaines valeurs propres au monde du sport. Ce d'autant plus qu'un groupe de presseaussi important, de par l'histoire, de par les intérêts économiques, tisse forcément desliens - formels et informels - avec l'ensemble des pouvoirs sportifs et des acteurssportifs. Mais, qui plus est, ce groupe, et cela se comprend facilement, possède pourune partie de son capital (28) toutes formes de capital confondues - le football, et ils'agit alors de défendre ce capital contre les attaques, réelles, imaginaires ouidéologiquement construites, dont font preuve à son égard les " hooligans ".

De leur côté, les " hooligans " forment une figure inverse : ils n'ont pas de messageévident en ce qui concerne le football à transmettre, ils n'ont aucun lien avec lesdirigeants et les joueurs, ils sont ceux qui achètent le " produit " football (spectacle,publications), et ils sont considérés comme " destructeurs " du football et du capital qu'ilconstitue (29).Cette première opposition majeure journaliste/hooligans, en redouble une secondebeaucoup plus ancienne et prégnante qui concerne ce qui sera nommé sous le termegénérique de culture footballistique : SOCCER* / FOOTBALL

Là aussi existe en effet, une série d'oppositions terme à terme.En premier lieu, elle concerne les inventeurs du jeu de football (soccer, donc) qui furentégalement inventeurs des premières institutions, telle que le club avec SHEFFIELD FCen 1857 (30), telle la fédération avec le Football Association le 26 octobre 1863 (31), etsurtout la première compétition qui fut la Cup en 1871-72, puis le professionnalisme (lepremier championnat de la Football League eut lieu en 1888-89 et réunit douze clubs)(32).

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La France fut en retard de ce côté-ci puisque le premier club naquit en 1872 (LEHAVRE AC), la fédération en 1919, la Coupe en 1917/18, et le professionnalisme en1932-33 (33), Par contre, là où le football français prend l'avantage sur le socceranglais, c'est avec la création des compétitions internationales. En effet, despersonnalités françaises sont à l'origine des épreuves les plus prestigieuses et les pluspopulaires :- La Coupe du Monde, dont la première édition eut lieu en 1930, par l'intermédiaire deJules RIMET (Président de la FIFA) et Henri DELAUNAY (34) ;- La Coupe des clubs champions européens (première édition en 1955-56), sousl'instigation de Gabriel HANOT et le journal l'Equipe j rapidement institutionnalisée parl'UEFA, sous l'oeil bienveillant de la FIFA (35) ;- Enfin, le Ballon d'Or européen, la plus haute distinction attribuée à un joueur ducontinent, né avec la Coupe précédente, et décerné par un vote de l'ensemble descorrespondants étrangers de l'hebdomadaire France-Football.

En second lieu, il faut maintenant revenir au contenu du terme culture footballistique.

Sera prise en compte la définition de Edward SAPIR, synthétisée par GeorgesBALANDIER, et qui "envisage la culture comme un système de comportements, dont lefaçonnage reste largement inconscient, qui s'impose aux individus et, en même temps(...) la considère comme un système de communication entre les individus " (36). Cettedéfinition sera appliquée à l'activité du football au sens large (histoire, pratique,spectacle, institutions, production et diffusion d'information, manières de penser et defaire, inscription dans la société globale, etc,), ce qui implique que cette culturefootballistique est à la fois autonome sur le plan continental et planétaire - en tantqu'elle existe comme institution ayant " pour tendance " l'indépendance -, maisextrêmement dépendante au plan des entités nationales, de la culture propre à chaquepays.Au niveau national, elle est alors une sous-culture - terme sociologique sansconnotation péjorative - qui exprime à sa manière la culture locale.Et, fait intéressant, dans ce cadre là également, on retrouve le même systèmed'oppositions, terme à terme.

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PALMARES COMPARES FRANCE-ANGLETERRE

* Initiateurs : Jeux Olympiques (Pierre de Coubertin), Coupe du Monde (Jules Rimet),Coupe d'Europe des Clubs (Gabriel Hanot et l'Equipe), Ballon d'Or (France-Football).(1) ll s'agit du Royaume Uni. En football, ce pays possède le privilège de se diviser enquatre fédérations nationales indépendantes et participant à toutes les compétitions dela FIFA et de l'UEFA : Angleterre, Ecosse, Galles, Irlande du Nord.

Ainsi, aux fair play et fighting spirit des Anglais s'opposent la contestation (presquesystématique) de l'arbitre et la faiblesse psychologique des français. Au club, entrepriseprivée, s'oppose le club, association, largement subventionné. Au football physique,stéréotypé, mais au palmarès riche, s'oppose le football créatif, football " champagne "(de REIMS, bien sûr) mais au palmarès pauvre.

Enfin, à un football qui est de fait une véritable culture, au sens défini plus haut, oùexistent les vrais supporters (c'est-à-dire qui viennent au stade, même lorsque leuréquipe perd ; et c'est en ce sens, aussi, que le football britannique réfère à uneculture), s'opposent un football qui tient avant tout de la distraction, du spectacle, et iln'est pas étonnant, alors, qu'il n'y ait pas (peu) de vrais supporters.

Mais, et la boucle se boucle, le premier est taraudé par le phénomène de la violence,du hooliganisme (qui trouve son origine dans la société britannique ? ou dans la sous-culture du football ?), alors que le second s'en sort indemne de ce côté-là.

Car en effet, on retrouve ici l'antagonisme premier journaliste/hooligans, et sur le modede l’ambiguïté cette fois. Ambiguïté signe d'un désir que la position - sociale etinstitutionnelle du sujet lui empêche d'exprimer. Et la violence du discours sur laviolence " sportive " trouve alors son sens : la férocité des propos dresse une barrièrequi sépare radicalement (l'individu en tant que membre de l'institution) du désir :Le journaliste, bien qu'il se soit fait refiler un billet pour la tribune réservée auxNéerlandais, se retrouve avec les Anglais : " 16 H 30. Le Rheinstadion est un immense

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théâtre dont notre tribune est la scène. 70 000 paires d'yeux et des dizaines d'objectifssont braqués sur nous. La fanfare s'arrête pour nous jouer un petit air, le speaker noussouhaite la bienvenue en anglais, la sono diffuse la musique de Beatles, lesphotographes nous mitraillent.Il y a 30 000 Néerlandais et pourtant nous sommes les rois du stade, C'est plutôtgrisant... " (37), " Depuis que les animaux sont en cage (38), tout a changé :l'atmosphère est enfin respirable. Les hooligans sont d'extraordinaires supporters,inconditionnels mais connaisseurs. Je ne me suis jamais autant senti en sécurité quedans la tribune 'V'" (39).

Car ce désir est inavouable, comme est inavouable l'envie pour un Français d'êtreanglais (ou l'inverse). Car ce désir, c'est celui du football français, quasiment sans titre,constamment en échec au niveau des Coupes européennes, incapable de produire unclub de dimension européenne - pour le football anglais qui possède tout ce quimanque au premier. Et aussi ces vrais supporters, peut-être violents mais toujoursprésents en masse dans les stades : on connaît trop bien l'avis négatif descommentateurs sportifs sur la mobilisation, le comportement, l'enthousiasme dessupporters français.

En tout cas, le hasard fait très mal les choses car le drame du Heysel - événementdésormais structurant - s'est déroulé sous la Présidence de l'UEFA de M. JacquesGEORGES, Et l'exclusion des clubs anglais des Coupes européennes, à la suite duHeysel, relève des mêmes conditions.

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Tableau 3 : SCHEMA HEURISTIQUE GLOBAL DU SYSTEME D'OPPOSITIONS

POUR UNE ARCHEOLOGIE DU DISCOURS SUR LA VIOLENCE " SPORTIVE "

Ainsi, alors que le journaliste aurait pu traiter de différentes manières un fait commecelui des bagarres de Düsseldorf (les conditions du voyage, le plaisir de la bagarre,l'"inconditionalité" des supporters, la fête que constitue la venue sur le continent, lesbeuveries de groupes, etc.), il se contente sous le couvert de la description d'exprimer

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une haine sociale, teintée d'envie, car sa position institutionnelle dans le système dufootball tel qu'il est construit (groupe de presse, capital à défendre, liens institutionnelsformels et informels, etc. ) lui enjoint de le faire. La place qu'il occupe est le pointd'ancrage d'un vaste système d'oppositions dont il est le prisonnier.Toute aussi intéressante que soit l'analyse concernant le phénomène hooligan, quecelui-ci soit typiquement britannique ou bien néerlandais, germanique, italien,espagnol, etc., il apparaît que le discours porté par les médias sur cette violence"sportive" n'est pas innocent quant à son contenu, quant à la socio-logique danslaquelle il s'inscrit, A cet égard, le Heysel représente un événement beaucoup plusconsidérable que les quelques incidents du dernier Championnat d'Europe des Nations,Il s'agit alors de proposer une archéologie du discours sur la violence " sportive " quipermettrait de mettre à jour les relations et enjeux existants entre les différentescomposantes de la société du football.

* SOCCER désigne, chez les Britanniques, le football-association, différencié dufootball-rugby. Football sera le terme français

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NOTES

(1) BOURDIEU P. - " Comment peut-on être sportif ? ", Questions de sociologie, Minuit,Paris, 1980, pp. 173-195.(2) Sport, violence, fair play - Association française pour un sport sans violence et pourle fair play (31 octobre 1985) ; " Etats généraux de la violence dans le sport ", tenus àToulon à l'automne 1988 (cf le compte-rendu dans le quotidien Le Monde du 28décembre 1988 : " Des exutoires nécessaires à l'équilibre social ").(3) ELIAS N. - " Sport et violence ", Actes de la recherche en sciences sociales,décembre 1975, n°6, pp. 2-21. ELIAS N. et DUNNING E. Quest for Excitement, Sportand Leisure in the Civilising process, Basil Blackwell, Oxford, 1986.(4) Le Dauphiné Libéré, 17 avril 1988.(5) Se reporter à la revue Quel corps ? et aux travaux de ses animateurs.(6) Par commodité, afin de réduire la longueur du terme, ils seront quand mêmenommés journalistes sportifs,(7) Entre autres, CALVET J. Le mythe des géants de la route, PUG, Grenoble, 1981.(8) BOURDIEU P. - Ce que parler veut dire, Fayard, Paris, 1982.(9) " Le football assassiné " titrait l'équipe le 30 mai 1985.(10) France-Football, n°2200, du 7 juin 1988 : " Je vous assure que nous avons tout faitpour éviter le moindre incident. Cela dit, vous ne pouvez jamais vous protéger à centpour cent contre le geste d'un fou".(11) " Voyage au centre de la terreur ", FranceFootball, n°2202 du 21 juin 1988, pp. 22-23, (12) Dans ce même numéro de France-Football, l'éditorialiste Jacques THIBERTdénonce la " fâcheuse dégénérescence de la civilisation anglaise " 1 (p. 5).(13) C'est la définition même du Petit Robert, 1982.(14) " Peur sur la ville ", France-Football, n°2201, du 14 juin 1988, pp. 26-27.(15) ALLALI M. et NICOLAI J. Le football et la violence, Editions Lettres Libres, Aix-en-Provence, 1987.(16) HIDALGO M. Les buts de ma vie, Robert Laffont, Paris, 1986.(17) SCHIFRES A. " Sportif, moi ? Jamais ! " Le Nouvel Observateur, n°1074, juin 1985.(18) BOURGEADE P. Le football, c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens,Gallimard, Paris, 1981 ; cf. BROHM J-M- " L'ordre règne dans les stades ", LesNouvelles Littéraires, n°2638, 1er juin 1978 ; également " L'empire football ", questionsclefs, n°3-4, juin 1982 (avec BEAULIEU M, et CAILLAT M.).(19) LEVI-STRAUSS C. - Race et histoire, Gonthier, Paris, I961. Cf. BOURDIEU P. Ladistinction, Minuit, Paris, 1979 ; GOFFMAN E. Stigmate, Minuit, Paris, 1975.(20) LEVI-STRAUSS C. - op. cit.(21) " Voyage au centre de la terreur ".(22) Ibid. (23) Ibid.(24) GIRARD R. - La violence et le sacré, Grasset, Paris, 1972.(25) CIVARDI A. - " Des tribus de gredins sur les gradins des tribunes ". Actes ducolloque de Metz, 1986 ; EHRENBERG A. - " Les hooligans ou la passion d'être égal ",Esprit, n°8-9, août-septembre 1985, pp. 7-13 ; WILLIAMS J., DUNNING E., MURPHY P.- Hooligans Abroad, Routledge and Kegan Paul, Londres, 1984 ; MARSH P. - " L'ordresocial dans les stades de football britanniques ", Revue internationale des sciences

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sociales, n °92, 1982, pp. 247-256 ; DE MONTLIBERT C. " Sport, violence et spectacle,le drame du Heysel ", Actes des journées d'études de Strasbourg, Sciences sociales etsports, 1987, pp. 427-435.(26) France-Football, n°2202, p. 5.(27) Groupe Amaury : L'Equipe, L'Equipe Magazine, France-Football, Vélo.(28) Le Capital, monopolisé par L'Equipe France-Football, a été quelque peu entaméentre septembre 1987 et juin 1988 par le quotidien Le Sport qui, malgré de bonnesventes, n'a pu tenir le choc financier.(29) En Angleterre, outre les dégradations et le climat de violence (qui entraîne de grosfrais de surveillance vidéo et policière pour les clubs), les hooligans sont égalementaccusés de faire fuir le public potentiel. En réaction, outre l'isolement dans des tribunesréservées aux supporters inconditionnels (les hooligans potentiels 1), les clubs ont créeles family enclosures, tribunes spéciales réservées aux familles qui peuvent assisterainsi tranquillement aux matches.(30) WALVIN J. - The People's Game. The social History of British Football, Allen Lane,Londres, 1975.(31) Ibid. (32) Ibid.(33) PASSEVANT R. - " Le football " in CAILLOIS R. Jeux et sports, Encyclopédie LaPleiade, Gailimard, Paris, 1967, pp. 1311-1334. (34) DELAUNAY P., DE RYSWICK J.,CORNU J. 100 ans de football en France, Editions Atlas, Paris, 1982 ; RETHACKER J-P-, THIBERT J. La fabuleuse histoire du football, Editions O.D.I,L., Paris, 1982 ; pourune véritable recherche d'historien, cf WAHL A. Les archives du football. Sport etsociété en France 1880-1980, Gallimard-Julliard, Paris, 1989.(35) FERRAN J. Football aventure des hommes, La Table Ronde, Paris, 1965.(36) BALANDIER G. - " Sociologie, ethnologie, ethnographie " in GURVITCH G. Traitéde sociologie, Tome I, PUF, Paris, 1967, pp. 99-l13.(37) " Voyage au centre de la terreur " ; c'est moi qui souligne.(38) Lire : parqués dans leur tribune.(39) " Voyage au centre de la terreur " ; c'est moi qui souligne.