Discours d'installation du directeur de l'IBAF

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CÉRÉMONIE DINSTALLATION DU DIRECTEUR DE L’INSTITUT DES BEAUX-ARTS DE FOUMBAN Nommé par Décret présidentiel n°2015/543 du 27 novembre 2015 DISCOURS D’INSTALLATION Prof. Roger TSAFACK NANFOSSO Recteur de l’Université de Dschang Dschang 12 janvier 2016 1 RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix – Travail – Patrie UNIVERSITÉ DE DSCHANG Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum RECTORAT REPUBLIC OF CAMEROON Peace – Work – Fatherland UNIVERSITY OF DSCHANG Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum CHANCELLERY BP 96, Dschang (Cameroun) – Tél./Fax (237) 233 45 13 81 – Website : http://www.univ-dschang.org . E-mail: [email protected]

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CÉRÉMONIE D’INSTALLATION DU DIRECTEUR DE L’INSTITUT DES BEAUX-ARTS DE FOUMBAN

Nommé par Décret présidentiel n°2015/543 du 27 novembre 2015

DISCOURS D’INSTALLATION

Prof. Roger TSAFACK NANFOSSORecteur de l’Université de Dschang

Dschang12 janvier 2016

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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUNPaix – Travail – Patrie

UNIVERSITÉ DE DSCHANG Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum

RECTORATCABINET DU RECTEUR

REPUBLIC OF CAMEROONPeace – Work – Fatherland

UNIVERSITY OF DSCHANG Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum

CHANCELLERYTHE VICE-CHANCELLOR’S OFFICE

BP 96, Dschang (Cameroun) – Tél./Fax (237) 233 45 13 81 – Website : http://www.univ-dschang.org. E-mail: [email protected]

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Monsieur le préfet du département de la Menoua,Messieurs les Vice-Recteurs,Madame le Secrétaire Général,Monsieur le sous-préfet de l’arrondissement de Dschang,M. le Maire de la Commune de Dschang,Monsieur le Conseilleur technique auprès du Recteur,Madame et messieurs les Directeurs des services centraux de

l’université,Messieurs les chefs d’établissements,Mesdames et messieurs les enseignants en vos grades

respectifs,Chers étudiantes et chers étudiants,Distingués invités,Mesdames et messieurs,Un nouveau jour s’est levé à l’Institut des Beaux-Arts de

Foumban depuis le 27 novembre 2015, date à laquelle le chef de l’Etat, SE Paul Biya, a désigné le Professeur Ghogomu Tih Robert Raphaël pour présider aux destinées de cet établissement. Nous sommes réunis ici aujourd’hui pour actualiser cette volonté du président de la République par une installation solennelle du nouveau titulaire du poste dans ses fonctions.

Avant d’entrer dans le vif de la cérémonie, permettez-moi de m’acquitter d’un devoir de gratitude envers tous les membres de la communauté universitaire et, surtout, toutes les hautes personnalités qui ont accepté d’honorer de leur présence cet agréable rendez-vous. Mesdames et messieurs, en vos fonctions et rangs respectifs, recevez les chaleureuses salutations et les remerciements appuyés de l’Université de Dschang pour cette marque d’attention.

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L’occasion paraît par ailleurs idoine pour sacrifier à un autre rituel de bienséance, celui du renouvellement à vous tous et particulièrement à nos invités, de mes vœux de santé et de prospérité pour l’année 2016 ; nous pouvons dire que cette année commence globalement bien. Toutefois, la globalité dans laquelle j’introduis le terme « bien », dans sa double nature adverbiale et adjectivale, est une indication qu’il y a des choses qui ne marcheraient pas correctement, référence faite notamment à cette lueur de tristesse qui nous refroidit. Nous avons encore fraîche dans nos mémoires la disparition tragique de notre collègue, le Dr. Kenfack Paul Lambert de la Faculté des sciences, dans un accident de la circulation survenu dans la nuit du 07 au 08 janvier près de Bafia sur l’axe routier Yaoundé – Bafoussam. Pour le repos de son âme, je vous demande d’observer une minute de silence.

Parce qu’elle nous permet d’honorer la vie, cette pause méditative doit nous ramener à la vie, c’est-à-dire au sujet qui nous rassemble ce jour.

Monsieur le Préfet, Distingués invités, Mesdames et Messieurs,Par décret n°2015/543 du 27 novembre 2015, le Prof.

Ghogomu Tih Robert Raphaël a donc remplacé le Prof. Ghogomu Tamouh Richard qui a ainsi manifestement terminé son parcours dans la fonction publique de l’Etat et surtout dans notre université. Le motif pour lequel le second est remplacé mérite une attention particulière : « Admis à faire valoir ses droits à retraite » ! A la tête de l’Institut des Beaux-Arts de Foumban après avoir été entre autres doyen de la Faculté des sciences, le parcours du Prof. Ghogomu Tamouh Richard doit être salué. Nous devons l’ovationner pour tout ce qu’il a apporté au Centre Universitaire de Dschang, à l’Université de Dschang et surtout à l’Institut des Beaux-Arts, le dernier établissement à partir duquel il cesse aujourd’hui de servir officiellement – je dis bien officiellement – notre institution. Monsieur le Professeur, vous prenez un repos bien mérité mais sans nul doute,

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vous ne quittez pas le généreux temple de la science et de la sagesse académique, parce que vos étudiants en cycle de recherche notamment, voire l’administration universitaire dans une certaine mesure, sont encore demandeurs de votre expérience et de votre sagesse. Nous pouvons dire en nous trompant juste un peu que vous vous délestez des charges d’administration universitaire mais que vous changez simplement de position dans votre manière de servir l’académie et notre pays.

Eh bien, les charges dont vous vous délestez ne restent pas orphelines, loin s’en faut ; elles ont un nouveau titulaire. A la lecture du patronyme, l’on peut se dire qu’un Ghogomu s’en va et un Ghogomu arrive. Mais cette ressemblance ne signifie pas que rien ne change ; bien au contraire, les choses bougent au moins dans la continuité. Vous avez servi, pour l’essentiel de votre carrière, à l’Université de Dschang. Votre remplaçant a depuis 1982, année où il intègre l’enseignement supérieur comme enseignant-chercheur, fait la sienne à l’Université de Yaoundé. Il a travaillé dans une institution et un environnement géographique différents, même s’il poursuivait tout autant que vous la mission fondamentale de formation du capital humain. Son expérience, sa dense expérience yaoundéenne, devra certainement faire évoluer le management de l’IBAF. Mais en attendant qu’il apporte son know-how, il semble toujours utile, en ce genre de circonstance, de rappeler les fondements et l’orientation de notre action à l’Université de Dschang, afin que nul ne s’en puisse dire ignorant.

Lorsque vous arrivez en effet dans cette Université de Dschang, l’une des choses qui vous frappent c’est sa devise qui se détourne du paradigme des savoirs savants à partir desquels sont généralement inventées les devises de nos universités. Ici, c’est bien « Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum ». La traduction littérale française de cette phrase-programme énoncée en latin c’est bien : « Le trésor de Dschang c’est son université; c’est là que réside son cœur ». Au moment où la devise est créée en 1993, cette université est bien implantée au-delà de Dschang, puisqu’elle hérite

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de toute l’envergure territoriale du Centre Universitaire. Elle est à Dschang, c’est vrai, mais aussi à Maroua, à Bambui, à Belabo, à Yaoundé, à Bandjoun, à Foumban, à Ebolowa. Le « Dschang » qui se trouve dans la devise ne pouvait donc pas être seulement la ville ou la commune de Dschang. En sondant la valeur stylistique de sa présence dans la phrase et au bénéfice de l’intelligence poétique du géniteur de la devise, l’on voit bien que l’on a affaire à une métaphore « synecdotique », c’est-à-dire que l’on a désigné le tout par une partie. Ainsi dans notre devise, Dschang qui fait partie de la société, renvoie simplement à cette dernière. Sur la base de cette compréhension, nous concevons l’équivalence de « Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum » de la manière suivante : « Le trésor de la société c’est son université; c’est là que se trouve son cœur ». Le cœur est l’organe qui commande la circulation du sang qui vivifie l’organisme; il est au service de l’organisme qui est sa raison d’être. En transposant cette image à notre devise, nous pouvons dire qu’elle signifie de manière plus fonctionnelle : « L’Université au service de la société ».

Monsieur le Professeur Ghogomu Tih Robert Raphaël, vous arrivez donc dans une institution où tout ce que vous ferez doit consolider le service que l’université est appelée à rendre à la société, notamment dans la résolution de ses problèmes concrets quotidiens. Il y a sinon pas, du moins très peu de place, pour la spéculation, ainsi que le témoigne le slogan que j’ai moi-même trouvé en arrivant dans cette institution : « L’Université de Dschang, un pilier de l’émergence. » En creusant son sillon dans la quête d’émergence formulée dans la vision 2035 qui guide le développement de notre pays, notre université sait là où elle va ainsi que l’exprime la définition de cette orientation clairement formulée dans notre plan stratégique : « Une université d’excellence au service du développement durable, parmi les meilleures d’Afrique à l’horizon 2025.  » Comment l’IBAF peut contribuer aux côtés des six autres établissements de l’UDs, à la réalisation de ce rêve que nous caressons, notamment en apportant des solutions palpables et

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impactantes à nos préoccupations de développement ? Comment peut-elle travailler à donner efficacement un sens pratique à la volonté du chef de l’Etat qui, dès la création de l’Université de Dschang en janvier 1993, y a prévu un Institut des Beaux-Arts localisé à Foumban, haut lieu d’expression artistique et de valorisation de notre patrimoine culturel matériel et immatériel ?

Monsieur le Préfet, Chers invités, Mesdames, Messieurs,Certains esprits peu avertis seraient tentés de percevoir l’art

comme un simple divertissement, c’est-à-dire quelque chose de parfaitement inutile ; c’est prendre des vessies pour des lanternes. Le divertissement n’est pas la diversion ; derrière le divertissement se cache à la vérité la re-création nécessaire pour tout travail de construction de l’humanité. Que serait la vie sans la mode vestimentaire, la musique, le théâtre, la danse, la sculpture, la peinture, l’architecture, l’art des matériaux argileux ou céramiques ainsi que toutes ces autres expressions qui nous renvoient de manière symbolique notre état d’esprit et l’état de notre société afin que nous puissions les transformer, à notre goût, pour mieux vivre ? Les fonctions psychologiques et sociales des arts sont importantes pour que l’université ne rate l’occasion de se saisir des enjeux de formation théorique et pratique qui y sont rattachés. L’Université de Dschang, en tout cas, s’y est intéressée pour contribuer à la codification de ces arts et à l’appropriation des techniques par des pratiquants imprégnés de valeurs socioculturelles qui fondent les identités et la stabilité de nos sociétés.

Au-delà des enjeux artistiques de création, sociaux de re-création, et sociétaux d’identité et de stabilité, l’art tel que ses développements modernes se présentent, est devenu un enjeu économique de prime importance. Les travaux pionniers de Theodor Adorno et Max Horkheimer, ces philosophes de l’Ecole de Francfort inventeurs du concept d’industrie culturelle, ont dès les années 1940 indiqué en quoi l’art perçu comme business pouvait entraîner l’essor

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économique des nations. Pensez aux exploits de Hollywood aux Etats-Unis, de Bollywood en Inde et, plus proche de nous, de Nollywood au Nigeria ou de Galliwood au Ghana. Dans ces pays, les œuvres cinématographiques et audiovisuelles comptent parmi les premiers produits d’exportation. Pensez aux créations vestimentaires de Christian Dior, Louis Vuiton, Yves Saint-Laurent, Alphadi, Prince Afo Akom et que sais-je encore ? Réfléchissez aux spéculations financières qu’entraînent les tableaux de Michel Ange, Pablo Ruiz Picasso, Léonard de Vinci, Issah Nyafaga et autres. Imaginez la consommation des musiques de Michael Jackson, Manu Dibango, Richard Bona, etc. Toutes ces illustrations suggèrent l’idée que l’art est une affaire de gros chiffres ; ces chiffres sont ceux de l’investissement qui fait tourner l’économie en général, de l’emploi qui réduit le chômage et bien sûr de la consommation qui remplit au-delà de l’économique, une fonction culturelle et sociale évidente. C’est vrai que le développement de ces industries requièrent des capitaux dont l’université n’a qu’une des dimensions, à savoir le capital humain. Mais nous nous empressons de dire que le capital humain est la clé de voûte de la rentabilité de tout investissement. En effet, le savoir-faire culturel et artistique précède, accompagne et suit toute industrie culturelle. En cela, l’IBAF qui forme entre autres des artistes et des entrepreneurs culturels pose ainsi des jalons indispensables pour un développement original et compétitif des industries culturelles camerounaises.

Les mots-clés du succès de cette formation, tels que je les ai trouvés, se résument en cinq notions : Responsabilité, Respect, Excellence, Qualité, Innovation. A ces mots hérités de mon prédécesseur – l’université est une continuité – nous y avons ajouté un programme de cohésion et d’agrégation dialectique des ressources pour la réussite de nos missions traditionnelles d’enseignement, de recherche et d’appui au développement, mais surtout de la Nouvelle Gouvernance Universitaire. Il s’agit de la « dynamique collective » dont vous devez, M. le Professeur Ghogomu Tih Robert Raphaël, vous approprier la lettre et l’esprit.

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Cette dynamique traduit notre volonté de travailler ensemble, dans une même disposition d’esprit et dans le respect de la hiérarchie pour produire les résultats que la société attend de nous.

Monsieur le Professeur, en vous nommant à la tête de l’IBAF, le chef de l’Etat vous a en même temps convié au succès. Nous vous accompagnerons dans votre lourde mais exaltante mission. Sentez-vous à l’aise, sentez-vous chez vous. Être à l’aise ici c’est surtout considérer que ce n’est pas forcément l’expertise du professeur titulaire de chimie ou du directeur de laboratoire qui est requise. Le poste de directeur d’institut ou de chef d’établissement est en réalité d’abord celui du chef d’orchestre, d’organisateur. Vos qualités de manager, que vous avez déjà éprouvées ailleurs, sont ici à nouveau convoquées... Vous devez manager l’IBAF de façon que de là, sortent les valeureux citoyens qui demain animeront une industrie culturelle créatrice de richesses et de valeur ajoutée pour le développement humain et la croissance économique de notre pays. Vous devez le manager de telle sorte que, aussi bien les hommes sur la terre que les anges du ciel s’arrêtent dans le cours de l’histoire pour dire, en parodiant un célèbre penseur, « ici est passé un manager qui a bien fait son boulot ».

A l’œuvre, et en attendant votre touche personnelle, vous devez immédiatement vous atteler à l’accomplissement effectif de quelques chantiers engagés par vos prédécesseurs. Parmi ceux-ci, comme priorité des priorités, il y a la conduite de la réorganisation des évaluations semestrielles décidée par le Conseil Rectoral, instance de décision dont vous serez automatiquement membre dès votre prise de fonction ; l’amélioration qualitative du corps enseignant dans lequel l’on retrouve encore de nombreux assistants qui doivent pourtant soutenir leurs thèses et changer de grade au plus vite ; la conduite des travaux d’infrastructures de manière à installer entièrement et définitivement l’IBAF dans son propre campus ; l’assurance-qualité dans la formation ; le renforcement de la visibilité de l’institut et de ses offres; la consolidation des rapports avec les milieux et organisations professionnelles; la coopération

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avec les autres écoles de beaux-arts au Cameroun et dans le monde; etc.

M. le Professeur Ghogomu Tih Robert Raphaël, en 60 ans de vie dont 34 dans l’enseignement supérieur, nous pouvons dire que vous êtes le manager qu’il faut aujourd’hui et maintenant à la tête de notre institut. En espérant, et je suis sûr, que votre action tiendra la promesse de votre réputation, je vous déclare, en ma qualité de Recteur de l’Université de Dschang et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, installé dans vos fonctions de Directeur de l’Institut des Beaux-Arts de Foumban.

Vive l’Université de DschangVive le Ministère de l’Enseignement SupérieurVive le Cameroun et son illustre Chef, SE Paul Biya.Je vous remercie de votre bienveillante attention./

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