Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 ·...

36
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 DH - N° 841 Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.financenews.press.ma www.facebook.com/FNhebdo Marrakech rassure l’Afrique Marrakech r assure l’Afrique 1.000 professionnels en conclave dans la cité ocre à l’occasion de la 41 ème AG de la FANAF. Quels défis pour le marché africain de l’assurance ? La parole aux experts. Edition spéciale

Transcript of Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 ·...

Page 1: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 DH - N° 841

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.financenews.press.ma www.facebook.com/FNhebdo

Marrakech rassure l’Afrique

Marrakech rassure l’Afrique

1.000 professionnels en conclave dans la cité ocre à l’occasion de la 41ème AG de la FANAF.

Quels défis pour le marché africain de

l’assurance ? La parole aux experts.

Edition sp

éciale

Page 2: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Sommaire

Voyons voir : Un brin d’humourMarrakech, capitale africaine de l’assuranceUn filon très convoitéAssurances : Le Maroc, un modèle pour l’AfriqueEntretien avec Mohamed Hassan Bensalah : FMSAR :«La coopération interafricaine est un axe prioritaireCompagnies marocaines : L’Afrique, un relais de croissance naturelContrat-programme : Pour des objectifs clairs et réalistes

Entretien avec Naouri Mokhtar : Cash Assurance : Des pools pour vaincre les nouveaux risquesEntretien avec Lamia Ben Mahmoud : Tunisre : «Le grand défi est d’élever la densité de l’assurance en Afrique»Branche auto : Une activité-phareAMO : Le régulateur a du pain sur la plancheDéveloppement durable : Loi sur les catastrophes naturelles : L’ entrée en vigueur prévue en janvier 2018Assurance agricole : Le modèle marocain séduit en Afrique

6781012

14

15

27

28

303132

34

18Entretien avec Othman El Alamy : ACAPS : A nouveaux enjeux, nouvelle réglementationBancassurance : 2/3 des primes vie transitent par les banquesEntretien avec Philippe Rocard et Abdelhak El Mansour : AXA Assurance : Le Maroc et l’Afrique, une histoire pleine de potentielEntretien avec Bachir Baddou : Le digital, un virage incontournableEntretien avec Ali Harraj : Wafa Assurance : Cap sur l’Afrique anglophoneAssurance vie : Plus d’un tiers du total des primes émises

16

18

20

23

24

26

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI • Directeur des rédactions & Développement : David William • Rédacteur en chef : Soubha Es-siari • Rédacteur en chef adjoint : Imane Bouhrara Journalistes :

Charaf Jaidani (Resp. rubrique Automobile), Lamiae Boumahrou, Adil Hlimi, Momar Diao , Amine ElKadiri • Révision : Mohamed Labdaouat • Directeur technique & Maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Opératrice : Fatiha Aït Allah • Assistantes de direction : Souad Aït Brahim,

Amina Khchai • Département commerciale : Samira Lakbiri , Salma Benmakhlouf • Directeur Administratif et Financier : Leïla Ouriaghli • Édition : J.M.A CONSEIL. • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal: 157/98

• ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

SPÉCIAL ASSURANCE

2 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

10

32

14

Page 3: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie
Page 4: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

4 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Edito

«grosses têtes»Le conclave des

endant quelques jours, les yeux seront rivés sur la cité ocre. Particulièrement sur les travaux de la 41ème Conférence et Assemblée générale de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF). Entre découverte pour les uns et retrouvailles pour les autres, ils sont ainsi pas moins de 1.000 professionnels à s’être donnés rendez-vous à Marrakech. Si l’on ne doute pas qu’ils sacrifieront un peu de leur temps pour découvrir le magnifique trésor touristique de cette

ville, l’on sait par contre qu’ils se consacreront quasi exclusivement à cogiter sur l’avenir du secteur des assurances en Afrique et, surtout, comment le rendre résilient, dans un contexte marqué par l’émergence de nouveaux risques.Développer davantage le marché africain des assu-rances en exploitant toutes les potentialités qu’offre le continent, reste néanmoins un pari qui est loin d’être gagné d’avance. Quand bien même il y a, à maints égards, beaucoup de raisons d’être optimiste, surtout pour une Afrique qui connaît, depuis quelques années, une dynamique de croissance très enviable, et qui fait l’objet de toutes les convoitises. Mieux, le faible taux de pénétration économique de l’assurance doit être appré-hendé à l’aune des opportunités qu’il offre en termes de développement de nouveaux services adaptés aux besoins de la population. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que plusieurs com-pagnies d’assurances marocaines ont choisi de faire du continent leur nouveau relais de croissance.Ce conclave des «grosses têtes» qui se tient à Marrakech doit justement servir, au-delà des discours de circonstance et de la littérature financière, à réflé-chir sur les moyens et les outils réglementaires à mettre en place pour tirer l’industrie africaine de l’assurance vers le haut, au bénéfice notamment des populations locales. Surtout, il devra permettre un ancrage encore plus fort de la coopération sud-sud, cela au moment où l’Afrique devient de plus en plus le nouveau centre de gravité des affaires.

PCe n’est pas pour rien que plusieurs compagnies d’assurances marocaines ont choisi de faire du continent leur nouveau relais de croissance.

‘‘F. Ouriaghli

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 5: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Le conclave des

Page 6: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Monsieur l’assureur, C’est la quatrième fois que je vous écris et vous êtes toujours dans l’incapacité de résoudre mon problème. D’ailleurs, mainte-nant, vous ne répondez plus au téléphone, encore moins à mes courriers. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi vous ne voulez plus assurer ma voiture.

Pourtant, c’est parce que j’ai voulu assurer mes arrières que j’ai pris

les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie que l’on m’avait dûment recommandée. Dans le dernier courrier que vous m’avez envoyé, et qui date de fort longtemps, vous m’aviez clairement fait comprendre que j’étais responsable de l’accident qui a créé de gros dommages à ma voiture. J’aime votre… franchise. Seulement, dans l’avenant que j’ai reçu, vous avez fait sauter plusieurs garanties et augmenté ma prime d’assurance. Et vous n’avez même pas demandé si j’allais bien et si j’avais des dommages corporels. Je ne comprends pas !

Vous aussi d’ailleurs, vous ne comprenez rien ! Je vous ai toujours dit que je n’étais pas le conduc-teur principal de ma voiture. C’est ma femme qui la prend toujours. Et pour les accidents qu’elle a eus, je vous jure que c’est par «manque de chance». Et je l’ai bien écrit dans la case réser-vée aux «causes du sinistre». Je vais vous redire pourquoi elle n’a pas de chance, parce que c’est une bonne conductrice qui n’avait eu jusque-là aucun antécédent. La première fois, ses talons se sont accrochés au tapis de sol. Elle a alors malencontreusement appuyé sur l’accélérateur et percuté l’automobiliste devant elle. La deuxième fois, elle avait un rendez-vous de travail urgent. Elle se pomponnait pendant qu’elle était au volant et son fard à joues est tombé. Elle s’est baissée une fraction de seconde, vraiment une fraction de seconde, pour le ramasser, et boum ! La troisième, elle a voulu porter assistance à un piéton victime d’un accident de la circulation. Vous savez, elle est humaine et très sensible ma femme. Malheureusement, dans la précipitation, elle est sortie du véhicule sans tirer le frein à main. Puisqu’elle était sur une pente, la roue avant droite a écrasé la jambe du piéton. C’était juste une roue. La quatrième fois, je dois avouer que c’est un peu de ma faute. C’était la Saint-Valentin et j’ai voulu lui faire une surprise. Je l’ai appelée pour lui sou-haiter bonne fête. Et quand je lui ai dit que je lui laissais ma carte bancaire pour faire du shopping, j’ai entendu boum! Elle avait subitement freiné en pleine circulation, tellement elle était contente.Vous voyez Monsieur l’assureur, c’est juste la malchance. Je ne comprends pas que vous ne puissiez comprendre cela. Donc, j’ai décidé de me plaindre directement auprès de la Fanaf. Elle, au moins, m’a répondu, même si je n’ai pas bien compris le fond de sa pensée. Le président m’a expressément dit qu’il s’occupait personnellement de mon dossier : il va s’assurer que le risque qu’il va garantir est devenu inexistant. Bien fait pour toi !

MUn brin d’humour

Par David William

Voyons voirSPÉCIAL ASSURANCE

6 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Page 7: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Marrakech sera, du 13 au 16 février 2017, la capitale africaine de l’assurance en abritant la 41ème Conférence et

Assemblée générale de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF), organisation qui regroupe 194 sociétés membres repré-

sentant 29 pays africains. Après la Côte d’Ivoire, c’est donc le Maroc qui a le privilège d’accueillir cet événement d’envergure, suite à sa candidature portée par la Fédération maro-

caine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), présidée par Mohamed Hassan Bensalah. Cette grand-messe des professionnels de l’assurance, de la réassurance et de la finance, qui a lieu ainsi pour la première fois en dehors des pays de la zone de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (CIMA), fédère pas moins d’un millier de personnes représentant plus de 60 nationalités. Elle se tient sous le thème «Nouveaux enjeux réglementaires et défis opérationnels : quelle stratégie pour l’assurance africaine» ? Un thème fort,

compte tenu des enjeux auxquels le marché africain de l’assurance est appelé à faire face, dans un contexte où il est en pleine phase de croissance. En cela, les organisateurs

ont décidé de ratisser très large, d’autant que plusieurs sujets feront l’objet de débats approfondis, dont notamment la couverture des catastrophes naturelles et des risques environnementaux, la digitalisation de l’assurance afri-caine, la réassurance africaine à la lumière des aména-gements réglementaires intervenus dans certains pays

ou encore la place de la notation financière dans la stratégie de développement et d’investissement des entreprises d’assurance et de réassurance. Pour Hassan Bensalah, «cet événement représente une excellente opportunité de rencontres entre les opérateurs du secteur africain

de l’assurance et de la réassurance pour des échanges fructueux des idées et des expériences». La richesse des échanges devrait, à l’évidence, permettre de

baliser la voie afin d’imprimer une dynamique autrement plus importante au mar-

ché africain des assu-rances.

capitale africaine de l’assuranceMarrakech,SpéciaL aSSurance

Par D. William

Cet événement représente une excellente opportunité de rencontres entre les opérateurs du secteur africain de l’assurance et de la réassurance».‘‘Mohamed Hassan Bensalah,

président de la FMSAR

Page 8: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Marché africainSPÉCIAL ASSURANCE

8 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

e marché africain de l’assu-rance, avec des primes émises de 69 milliards de dollars, ne représente à peine que 1,5% (vie et non vie) du marché mondial de l’assurance, qui a

atteint 4.778 milliards de dollars US en 2014 (source : Sigma). Ce sont pas moins de 600 compagnies opérant dans 54 pays qui se disputent dans ce marché caractérisé par de très fortes disparités. En cela, l’Afrique du Sud fait cavalier seul, s’accaparant plus de 80% des primes émises. Le Maroc, avec un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars à fin 2015, fait office de challenger, grâce notamment à un long processus d’évolution et de transformation qui s’est accéléré ces dix dernières années, et qui s’est soldé par des stratégies d’expansion qui ont conduit plusieurs compagnies nationales à aller à la conquête du continent en s’installant notamment dans plus d’une vingtaine de pays africains.Actuellement, le faible taux de pénétra-tion économique de l’assurance en Afrique (environ 2%), à cause, entre autres, de la faiblesse du pouvoir d’achat et d’un certain déficit de la culture de l’assurance, semble constituer une opportunité pour les différents acteurs du marché, au regard notamment du potentiel de développement qu’il offre. D’ailleurs, Proparco, dans sa revue «Secteur privé & Développement» datée de novembre 2016, va dans le même sens. «Plusieurs facteurs plaident en faveur d’un essor rapide de l’assurance en Afrique, notamment sur le segment des particuliers. Au-delà du dynamisme économique du continent, son évolution démographique, l’émergence des classes moyennes et le développement de nouveaux modes de dis-

tribution auront des effets positifs certains sur la croissance du secteur». Rappelons, à ce titre, que l’Afrique abrite aujourd’hui 15% de la population mondiale, chiffre qui devrait s’établit à 25% en 2050 et 33% 2100, avec une classe moyenne qui se développe de plus en plus. Par ailleurs, l’ancrage des nouvelles technologies (avec notamment le taux de pénétration de la téléphonie mobile dépassant les 70 %), qui favorise davantage la distribution des produits d’assurance, est soutenu par un cadre réglementaire beaucoup plus strict. «Les régulateurs sont de plus en plus pré-sents et directifs. Leurs interventions se concentrent notamment sur le contrôle du fonctionnement des acteurs du secteur et leur implication dans l’activité économique. Au cours de ces dernières années, ils ont

imposé aux compagnies d’assurances de renforcer leurs fonds propres pour accroître la rétention des primes d’assurance sur les marchés locaux et, plus largement, sur le continent», explique Proparco. Tout autant, à côté des règles de bonne gouvernance, «ils ont édicté des règles strictes sur l’in-terdiction de l’assurance à l’étranger, ainsi que l’obligation du règlement comptant des primes d’assurance».

Nouveaux défisMême si plusieurs facteurs militent pour le développement d’une industrie de l’assu-rance qui joue pleinement son rôle et qui est adaptée aux besoins et réalités du conti-nent, il n’en demeure pas moins vrai que de nombreux défis sont à relever. Ils sont, entre autres, liés aux risques politiques, environ-nementaux et terroristes. «Au niveau des États, la stabilité politique est une condition essentielle, au même titre que la bonne gou-vernance publique, notamment en matière de lutte contre la corruption et de sécuri-té juridique», fait remarquer Proparco. Le statut du Maroc en tant que numéro 2 du continent sur le marché de l’assurance n’est donc pas usurpé. Car, justement, le cabinet Schanz, Alms & Company, dans son rapport intitulé «African Pulse 2016», précise que si le Royaume a pu avoir ce positionnement en Afrique, c’est notamment grâce à sa stabilité politique, la taille et la diversité de son éco-nomie, sa classe moyenne qui se développe et un cadre réglementaire rigoureux. Le tout accompagné par un processus de moderni-sation soutenu et des compagnies qui ont fait de l’innovation un important critère de différenciation dans ce secteur très concur-rentiel.

un filon très convoité600 compagnies opérant dans 54 pays se battent sur un marché qui dispose d’énormes

potentialités.

Par D. William

L

Page 9: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie
Page 10: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

e Maroc peut-il servir de modèle de développe-ment pour le continent africain ? D’aucuns diront que c’est déjà le cas. Le Royaume peut être consi-

déré comme un exemple de dévelop-pement pour bon nombre de pays du Sud qui ne jouissent pas de richesses naturelles, mais aussi pour ceux qui sont dotés de réserves d’énergie. «A la différence d’autres pays africains, le Maroc, pays ne disposant pas de pétrole, a réussi à connaître un véri-table développement de son secteur sur la longue durée. La force du Royaume a été de miser à moyen terme sur un nombre d’activités et d’être cohérent

dans le temps sur un certain nombre d’investissements dans le secteur des assurances», annonce un assureur de la place. A ce titre, il rappelle que l’as-surance marocaine est présente dans beaucoup de pays de l’Afrique. Certes, il y a eu des périodes difficiles du marché marocain de l’assurance, telle l’année 1995 où cinq compagnies ont été liqui-dées. Aujourd’hui, la page semble bien tournée et le Maroc a su trouver les solutions idoines et aller à la conquête de nouveaux marchés. Mieux encore, avec une nouvelle réglementation en avance que l’ACAPS est en train de peaufiner, d’autres régulateurs pourront s’inspirer de celle du Maroc. Ce qui per-mettra aux compagnies d’assurances de

10 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Aujourd’hui, la page semble bien tour-née et le Maroc a su trouver les solutions idoines et aller à la conquête de nou-veaux marchés.

‘‘Maroc, un modèle pour l’afriqueLe Maroc, un modèle pour l’afrique

Marché marocain

L

SPÉCIAL ASSURANCE

Le Royaume est un pays émergent, mais le secteur des assurances est mature. Avec une nouvelle réglementation en avance que l’ACAPS est en train de peaufiner, le Maroc peut servir

d’exemple pour d’autres pays du continent.

Page 11: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

développer leur business dans d’autres pays. A noter que durant les dernières années, la croissance est confirmée.

2016 en chiffresL’analyse des chiffres du premier semestre de 2016 montre que le premier contributeur à cette hausse est le seg-ment Vie qui a affiché une progression de 49,3% à 7,8 Mds de DH. Un élément exceptionnel est pourtant à signaler, il s’agit bel et bien d’un nouvel entrant dans le secteur, à savoir la Mutuelle Taamine Chaabi, filiale du Groupe BCP qui, comme nous l’avions déjà annoncé sur nos colonnes, a récupéré courant ce semestre le stock des primes comptabili-sées précédemment chez un autre pres-tataire. Ainsi, les données de l’ACAPS, retraitées de cet impact, révèlent que la branche ne se serait améliorée que de 16% à 6,1 Mds de DH. Avec un montant de primes émises de quelque 20 Mds

de DH au premier semestre 2016 contre 16,78 Mds de DH à la même période de l’année 2015, l’activité du secteur augure d’une bonne tenue pour la deuxième année consécutive.Ce que les analystes appréhendent, par contre, c’est le nouveau régime pruden-tiel basé sur les risques adopté par le régulateur. «La mise en œuvre prochaine de ce nouveau dispositif pourrait proba-

blement réduire la marge de solvabilité des compagnies (largement supérieure au minimum réglementaire actuelle-ment) et ce, comme il a été signalé par le Comité de coordination et de surveil-lance des risques systémiques lors de sa dernière réunion», annoncent-ils. «Une déduction hasardeuse parce que l’ACAPS n’a pas encore publié les textes qui, cer-tainement, seront adaptés à la réalité du marché marocain», tempère une source au sein de l’Autorité de contrôle.Autre fait important : bon an mal an, la structure du secteur demeure fortement concentrée dans la mesure où six compa-gnies de la place (Wafa Assurance, RMA, Axa Assurance Maroc, Atlanta, Mutuelle Taamine Chaabi et Saham Assurance) s’accaparent plus de 70% de parts de marché. Le reste étant réparti entre les autres, soit 13 au total. Une concentra-tion du secteur trop flagrante mais que relativise Mimoun Zbayar, directeur de la Régulation et de la Normalisation au seins de l’ACAPS. D’après lui, la part de 71% du chiffre d’affaires est réalisée par 6 entreprises généralistes sur un total de 8 en écartant les entreprises spécialisées. Les progressions citées ci-dessus ne doivent pas occulter que le taux de pénétration de l’assurance au Maroc reste faible, soit un pourcentage de 3,17. En effet, bien que ce taux soit parmi les plus élevés dans la région MENA, il reste effectivement maigre en comparaison avec celui observé dans les marchés développés. Un grand potentiel est donc à conquérir !

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 11

Réglementation : Les projets en cours

Le réseau de distribution du secteur est composé de 392 bureaux directs, 1.901 intermédiaires d’assurances (147 agents et 425 courtiers) et 5.670 points de vente dans le cadre de la bancassurance. En matière de réglementation, en dehors des textes existants, des projets sont en cours, tels que celui modifiant le code des assurances (cadre prudentiel et de gouvernance, obligation TRC/RCD), soumis aujourd’hui à la première Chambre du Parlement. On peut citer également le projet de loi relatif au livre IV remis actuellement au Secrétariat général du gouvernement. Pour ce qui est du Takaful, le projet est passé par tous les circuits d’approbation. Il ne reste que les circulaires.

Maroc, un modèle pour l’afriqueLe Maroc, un modèle pour l’afrique

Par S. Es-siari

Page 12: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

12 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Entretien

Finances News Hebdo : La 41ème conférence et assemblée générale de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF) se tient cette année à Marrakech. Pouvez-vous nous éclairer sur la portée de cet évènement et sur le choix du Maroc de l’organiser ?Mohamed Hassan Bensalah : La FANAF est une fédération qui regroupe essentiellement les sociétés d’assurances de la zone CIMA, plus quelques sociétés de l’Afrique du Nord. Elle tient pour la première fois son assemblée générale dans un pays de l’Afrique du Nord et cela nous honore et nous conforte dans la stratégie de notre fédération qui a fait de la coopération interafricaine un axe prioritaire. Nous sommes d’ailleurs signataires de plusieurs accords de coopération avec des fédérations de pays africains frères. Sans oublier que les assureurs marocains qui ont déployé leurs activités sur le continent, l’ont fait avec une très forte volonté de partage et de développement mutuel.

F. N. H. : Le thème central de cette édition pose la question des «nouveaux enjeux réglementaires et les défis opéra-tionnels» du secteur en Afrique. Pourquoi avoir retenu cette problématique en priorité ?M. H. B. : Le thème de la conférence est arrêté par le Comité exécutif de la FANAF. Il faut savoir que dans la zone CIMA, la réglementation est unifiée avec la présence d’un régulateur régional et de grandes questions se posent sur l’évolution du marché qui risque d’être entravée par une réglementation assez contraignante. Les exigences en termes de fonds propres et la volonté de converger vers des règles de solvabilité basées sur les risques peuvent

Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), hôte de la manifestation, revient sur les enjeux de cet évènement. Coopération, convergence et partage sont les mots d’ordre pour faire face aux niveaux défis qui se profilent.

FMSar

Mohamed Hassan Bensalah

SPÉCIAL ASSURANCE

«La coopérationinterafricaine est un axe prioritaire

Page 13: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

mettre à mal un grand nombre de sociétés d’assurances qui demeurent fragiles au regard de leur taille.

F. N. H. : Au regard de la diversité des marchés sur le conti-nent, y-a-t-il une réflexion engagée au sein de la FANAF pour instituer une convergence réglementaire ?M. H. B. : Comme je l’ai déjà souligné, la FANAF est consti-tuée essentiellement de sociétés d’assurances qui opèrent dans des pays de la zone CIMA et qui disposent d’une réglementation commune. Par contre, le Maroc a sa propre réglementation tout comme les autres pays de l’Afrique du Nord. On gagnerait en effet à faire converger progressi-vement certaines dispositions réglementaires, notamment en ce qui concerne la réassurance pour permettre à nos réassureurs nationaux, tout comme ceux de la zone CIMA, d’opérer de manière plus souple dans les différents mar-chés de l’Afrique francophone.

F. N. H. : Les assureurs africains font face actuellement à de nouveaux risques, notamment le risque terroriste ou

encore les risques liés aux changements climatiques. Les assureurs du continent sont-ils aujourd’hui armés pour y faire face ?M. H. B. : Vous savez, notre continent est vaste et les situations diffèrent fondamentalement d’un marché à un autre. La majorité des pays est au stade de la réflexion sur la couverture des risques climatiques et ceux liés au terrorisme. Il s’agit de risques à très forte intensité, mais très difficiles à évaluer et à quantifier. Ils sont à la limite de l’assurable. Nous sommes l’un des rares pays du conti-nent à avoir prévu un dispositif pour la couverture de ces périls. L’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif devrait s’effectuer au plus tard le 1er janvier 2018. Nous travaillons actuellement avec notre autorité de contrôle sur les textes d’application suite à l’adoption de la loi par le Parlement. Le modèle marocain intéresse beaucoup de pays africains que nous essayons d’accompagner dans leur réflexion, notamment en matière de couverture du monde agricole.

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 13

Propos recueillis par A. Elkadiri

«MELLIBER APPRT HOTEL» S.A.R.L A.U

au CAPITAL DE CENT MILLE DH (100.000,00 DH)

SIEGE SOCIAL : CASABLANCA-138 Boulevard Moulay Youssef

CONSTITUTIONAux termes d’un acte fait sous signature privée, à CASABLANCA en date du 31/01/2017, il a été établi les statuts d’une société à responsabilité limitée à associé unique dont les caractéristiques sont les suivantes :DENOMINATION : «MELLIBER AP-PRT HOTEL» S.A.R.L A.UOBJET: La société a pour objet la gestion hôtelière telle qu’elle est définie par les textes en vigueur et ceux qui pourraient l’être ulté-rieurement.En conséquence, elle pourra pour son compte :• L’exploitation et la gestion d’hô-tels, appart-hôtel, restaurants, cafés, bars, de toute nature et de toute catégorie et, plus générale-ment, de tous établissements se rapportant à l’hôtellerie, la res-tauration, le tourisme, les loisirs et les métiers de services,• La construction, le finance-ment, l’acquisition et la location

de biens immobiliers destinés à l’exploitation des ensembles hôteliers et touristiques, des es-paces de restauration, de loisirs, de bien être, de sport et de jeux,• L’achat, l’importation, l’expor-tation, la vente, la location des biens et des services liés à l’hô-tellerie et au tourisme,• Le développement et l’intermé-diation touristique, l’édition, la diffusion et la commercialisation des créations artistiques,• Le développement de toutes activités se rattachant à l’anima-tion, loisirs, sport, restaurations collectives et individuelles,• La mise en relation d’affaires, dans tous les domaines de l’acti-vité touristiques, • La réalisation de toutes études de marchés, de faisabilité de projets ainsi que toutes études économiques, financière et technique et en général, toutes prestations de services liées à la réalisation, l’organisation et l’exploitation des établissements définis ci-dessus et, notam-ment, tous actes concourant à la construction de ces établisse-ments et tous actes de consul-tants s’y rapportant,

• L’étude et la prestation de tous services destinés à faciliter l’or-ganisation des repas du person-nel des entreprises et collectivi-tés,• La création de toute société nouvelle et la prise de partici-pation dans toutes sociétés nou-velles, quelque soit leur objet,Et, généralement, toutes opéra-tions civiles, financières, com-merciales, industrielles, mobi-lières ou immobilières, pouvant se rattacher directement ou in-directement à l’objet ci-dessus ou à tout autre objet similaire ou connexe, de nature à favoriser son extension ou son développe-ment, tant au Maroc qu’à l’étran-ger, ainsi que la création, l’acqui-sition, la location, la gérance ou l’exploitation de tous établisse-ments concernant les activités touristiques et artistiques rela-tives à l’objet social.SIEGE SOCIAL : le siège social est fixé à CASABLANCA – 138, Boule-vard Moulay Youssef.DUREE : la durée de la société est fixée à 99 années à compter du jour de son immatriculation au registre de commerce du lieu du siège social.

CAPITAL SOCIAL : est fixé à CENT MILLE DIRHAMS (100.000,00 DH). Il est divisé en MILLE (1000) parts sociales chacune souscrites en totalité, intégralement libérées et attribuées en totalité à l’asso-cié unique à savoir :MELLIBER S.A.R.L sise à CASA-BLANCA, 138, Boulevard Moulay Youssef, 100% des PARTS.GERANCE : Est nommé gérant unique de la société pour une durée illimitée avec les pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société, tels que ces pouvoirs sont stipulés à l’article 14 des statuts, sous réserve des pouvoirs que la loi attribue ex-pressément aux associés• Monsieur Mohamed BERRADA, demeurant à Casablanca, 39, avenue de l’océan pacifique Ain Diab,• de nationalité marocaine, né à Casablanca le 03/11/1944, • Titulaire de la CIN n°B44540II- Ladite société a été immatri-culée au Registre du tribunal de commerce de CASABLANCA, sous le numéro 368377.

POUR EXTRAIT ET MENTIONLE GERANT UNIQUE

MELLIBER APPART HOTEL S.A.R.L A.U

OBJET : ANNONCE LéGALE

Page 14: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

De plus en plus à l’étroit dans le marché marocain, les majors du secteur sont allés chercher de la croissance en Afrique subsaharienne.

L’Afrique, un relais de croissance naturel

l’instar des banques marocaines, les majors de l’assurance au Maroc ont depuis quelques années jeté leur dévolu sur le très prometteur marché afri-cain. Il faut dire qu’avec un taux de pénétration, hors Afrique du sud, qui dépasse à peine les 1%, et un développement économique rapide, le potentiel

de croissance du secteur des assurances sur le continent africain est considérable. Et avec un marché domestique qui commence à arriver à maturité, l’Afrique subsaharienne est devenue le principal relais de croissance pour les ténors marocains du secteur.C’est Saham Assurance qui a initié le mouvement dès 2010 en acquérant le Groupe Colina, présent dans 13 pays africains. Depuis, Saham n’a cessé de tisser sa toile à l’in-ternational à coup d’acquisitions, au point de revendiquer aujourd’hui une présence dans plus de 26 pays et 49 filiales, et la première place des compagnies du continent, hors Afrique du Sud. Plus récemment, fin 2016, Saham Assurance a annoncé le rachat à 100% de la société mauricienne Sun Insurance Co. Ltd. Car, outre l’Afrique de l’Ouest, Saham est bien positionné en Afrique de l’Est, avec des filiales au Kenya et au Rwanda. Un leadership qu’il compte bien

garder, voire consolider, fort des nombreux partenariats capitalistiques qu’il a signés, notamment celui conclu avec l’assureur sud-africain Sanlam. Les autres majors que sont Wafa Assurance et RMA n’ont pas tardé à emboiter le pas à leur concurrent. La filiale du Groupe Attijariwafa bank nourrit de grosses ambitions en Afrique subsaharienne. Le panafricanisme rampant du leader du marché domestique fait qu’il compte aujourd’hui une présence dans 4 pays d’Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun et Tunisie) et dispose de 6 filiales sur le conti-nent. D’autant qu’il pourra aisément développer des syner-gies fructueuses avec les filiales bancaires d’Attijariwafa bank qui occupent, dans leurs marchés respectifs, des positions assez confortables. RMA n’est pas en reste. En 2014, la filiale de la holding de Othman Benjelloun a fait d’une pierre trois coups en annonçant une prise de participation de l’ordre de 40% dans le groupe d’assurance BLIC, présent au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo, et couvrant les branches Vie et non Vie. Les synergies avec BMCE BoA, présent dans une vingtaine de pays africains, offrent par ailleurs de réelles opportunités pour capter le marché de la bancassurance.De son côté, Atlanta Assurance, filiale du groupe Holmarcom, nourrit elle aussi des ambitions africaines, à travers l’im-plantation en greenfield de deux filiales (Vie et non Vie) en Côte d’Ivoire. L’agrément des autorités ivoiriennes pour la non Vie a été accordé au mois d’octobre dernier. Ce mouvement d’internationalisation des compagnies maro-caines est amené à se poursuivre. D’ailleurs, Bachir Baddou, Directeur général de la FMSAR, déclarait à l’occasion de l’AG de la FANAF tenue à Abidjan l’an dernier que «ce mou-vement d’internationalisation est naturel et inéluctable, compte tenu de la taille des assureurs marocains qui ne peuvent accélérer leur croissance que par la recherche de relais dans les pays subsahariens».

A

Compagnies marocaines

14 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Par A. Elkadiri

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 15: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

L’Autorité de contrôle souhaite introduire une nouvelle démarche dans le prochain contrat-programme.

Pour des objectifs clairs et réalistes

année en année, le taux de croissance des primes émises du secteur des assurances se maintient. Toutefois, la pénétration de l’assurance auprès des citoyens est faible, avec un taux qui se situe autour de 3%. C’est dans ce cadre que s’est inscrit le

lancement du contrat-programme 2011-2015. Il visait la réali-sation de 5 principaux objectifs, parmi lesquels la protection et l’élargissement de la couverture des populations et des actifs économiques, l’amélioration des procédures d’indem-nisation, la mise en place du dispositif de prévention… Il projetait aussi le doublement du chiffre d’affaires pour le situer entre 40 et 50 Mds de DH. En parallèle, il envisageait d’étendre certaines couvertures, de mettre en place certains textes législatifs concernant notamment l’assurance partici-pative, la responsabilité civile habitation, la couverture des risques chantiers, la mise en place d’un médiateur…Les réalisations restent maigres comparées aux ambitions fixées au départ. Résultat : un contrat-programme en deçà des attentes !Quelques avancées louables ont été toutefois réalisées telles que la médiation, les conventions d’indemnisation, l’arrêté sur le livre III qui devrait réaménager les règles d’in-vestissement et d’évaluation des actifs non cotés ainsi que le takaful. Interpellés sur le retard du contrat-programme, les responsables au sein de la profession le justifient sou-vent par la promulgation de la nouvelle Constitution en 2011, l’avènement du gouvernement Benkirane et, surtout, le remaniement ministériel. L’Autorité de contrôle est déter-minée aujourd’hui à introduire une nouvelle démarche dans le prochain contrat-programme. Le prochain ne doit pas s’appuyer essentiellement sur des mesures d’ordre législa-tif. Celles-ci peuvent être accompagnées d’objectifs concrets impliquant à la fois le secteur et l’autorité. L’ACAPS pourra ainsi mettre le paquet pour que telle ou telle assurance soit mise à la disposition des citoyens, d’abord de manière volontaire, en attendant la sortie des lois.«Il faut signaler que toutes les parties sont conscientes que la nouvelle version de ce contrat devrait mettre en place des

objectifs clairs et réalistes qui porteront principalement sur la formation, l’innovation et l’effort commercial», annonce Mimoun Zbayar, directeur de la régulation et de la norma-lisation des assurances dans un entretien accordé récem-ment à notre hebdomadaire (www.financenews.press.ma). Et d’ajouter : «Pour des raisons d’agenda des différentes parties, le lancement des travaux de la deuxième version dudit contrat a connu un léger retard. Dans ce cadre, ce lancement aura lieu après la réunion qui se tiendra entre l’ACAPS et le secteur dans les prochains jours».En dehors du contrat-programme, l’autre levier à activer pour le développement du secteur est la réconciliation du citoyen avec l’assurance. Les responsables sont ainsi exhortés à mettre davantage le paquet sur la protection des assurés.

D’

Contrat-programme

Par S. Es-siari

Le doublement du CA projeté par le contrat-programme 2011-2015 n’a pas été atteint.

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 15

Page 16: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

EntretienSPÉCIAL ASSURANCE

16 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Finances News Hebdo : La Fédération des sociétés afri-caines (FANAF) tiendra prochainement sa 41ème assemblée générale sous le thème : nouveaux enjeux réglementaires et défis opérationnels : quelle stratégie pour l’assurance africaine ? Quel sera l’intérêt d’un tel événement si l’on

prend en considération les différences qui caractérisent les pays africains aussi bien en termes de besoins en assurance que de développement ?Othman El Alamy : C’est justement parce qu’il existe des différences entre pays africains que la FANAF, qui regroupe plus de 190 sociétés africaines d’assurances et de réassu-rance, a pour objectif, entre autres, de promouvoir la pra-tique de l’assurance en Afrique à travers, notamment, la mise en place de structures de réflexion et de coopération en matière d’assurances et de réassurance. C’est dans ce cadre-là que les entreprises africaines d’assurances et de réassurance peuvent échanger sur leurs expériences et partager leurs attentes, particulièrement en ce qui concerne les évolutions réglementaires.

F. N. H. : De par le monde, 2017 est celle de la révolution digitale. Une nouvelle donne qui bouleverse tous les sché-mas. Comment la FANAF peut-elle accompagner les com-pagnies africaines dans cette nouvelle tendance ?O. E. A. : C’est une question qu’il faut poser aux repré-sentants de la FANAF. Pour notre part, en tant qu’autorité de supervision du secteur des assurances au Maroc, la révolution digitale nous interpelle à plus d’un titre. En effet, le déploiement des nouvelles technologies aura indubitablement un impact sur les comportements des consommateurs en général et, en ce qui nous concerne,

Face à l’essor de la digitalisation, la réglementation est appelée à évoluer tout en veillant à la protection des assurés. Privilégier un modèle financier inclusif permettant à tous les groupes, hommes, femmes, jeunes et entreprises, d’accéder à des services financiers durables, est désormais une nécessité. Othman El Alamy, Secrétaire général par intérim de l’ACAPS, revient sur la portée de la 41ème assemblée de la FANAF.

a nouveaux enjeux, nouvelle

réglementation

acapS

Othman El Alamy

Page 17: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 17

des assurés.Avec le développement exponentiel d’Internet et des réseaux sociaux, le vendeur sera, de plus en plus souvent, face à un client mieux informé sur les différentes offres qui lui sont faites.Il est clair que par rapport à cette situation, les assureurs et les distributeurs de produits d’assurances devront s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation des assurés et ce, en optimisant les coûts de production de l’offre, ou encore en augmentant la satisfaction de l’as-suré car «l’humain» gardera toute son importance, en particulier au niveau des relations avec les clients en cas de sinistre. La réglementation des assurances, quant à elle, doit évoluer pour permettre le déploiement des tech-niques de communication à distance tout en conférant la meilleure protection possible au consommateur lorsqu’il conclut un contrat d’assurance par le biais de ce mode de distribution.

F. N. H. : De nouveaux risques planent avec acuité sur le continent africain (cybercriminalité, terrorisme, change-ment climatique…). Comment peut-on agir pour relever ces défis ?O. E. A. : En effet, face aux risques que vous évoquez, les assureurs ont un rôle fondamental à jouer puisqu’ils ont pour mission d’évaluer, d’anticiper et de gérer les risques sur le long terme. Toutefois, selon les experts, ces risques sont mal connus aussi bien au niveau des conditions de leur survenance qu’au niveau de l’impact. Le développement et l’évolution de ces risques se distinguent généralement par une forte incertitude qui est due, en partie, au manque de données historiques les caractérisant. La mondialisation a égale-ment accentué le caractère global de certains risques, nouveaux ou en cours de développement, liés notamment aux changements climatiques, aux nanotechnologies, aux risques du cyber, au terrorisme, etc…Le secteur des assurances, en tant qu’acteur principal dans la couverture de ces risques, est invité à s’adapter en permanence au développement et à l’évolution que connaissent ces risques, et ce en mettant en place des dispositifs et des approches de suivi permettant leur détection, leur évaluation et leur surveillance. Il est égale-ment attendu sur la conception de produits d’assurances plus adaptés et de méthodes alternatives de transfert de risques. En ce qui concerne le Maroc, une loi instituant un régime de couverture des conséquences d’évènements catastro-phiques (naturels ou dus à l’action violente de l’homme) a été promulguée et ses textes d’application sont en cours de finalisation; elle constitue une évolution majeure

combinant solidarité et assurance. Ce régime envisage d’assurer une couverture des victimes d’événements catastrophiques et de mettre en place des mécanismes d’indemnisation viables et pérennes. Il instaure, à la fois, un système assurantiel au profit des personnes disposant d’un contrat d’assurance et un système allocataire au profit des personnes physiques ne bénéficiant d’aucune couverture.

F. N. H. : Dans le continent africain, le taux de pénétra-tion économique de l’assurance est faible (2,9% en 2015), alors que la moyenne mondiale tourne autour de 6,23% (à part l’Afrique du Sud). Quelles sont les contraintes qui persistent ?O. E. A. : Les contraintes sont de plusieurs ordres et peuvent concerner le niveau de vie, les aspects culturels ou encore des offres inadaptées. Aussi, est-il indispensable, pour gagner la confiance des populations africaines, de privilégier un modèle financier inclusif permettant à tous les groupes, hommes, femmes, jeunes et entreprises, d’accéder à des services financiers durables, innovants, de qualité et abordables, répondant à leurs besoins et adaptés à leurs activités génératrices de revenus.Et là, je pense que la FANAF, avec le concours des auto-rités de supervision des différents pays africains, peut jouer pleinement son rôle en proposant des pistes de réflexion, puisque les entreprises d’assurances sont les plus à même de connaître les attentes de leurs clients réels ou potentiels ainsi que les contraintes auxquelles elles font face.

Propos recueillis par Soubha Es-siari

La mondialisation a également accentué le caractère global de certains risques nouveaux liés notamment aux change-ments climatiques, aux nanotechnologies…

‘‘

Page 18: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

e secteur marocain des assu-rances ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, sans l’appui du secteur bancaire, son impres-sionnant réseau, son maillage du territoire et son expertise

client. La bancassurance a été instituée en 2004 au Maroc par la loi 17-99 portant code des assurances. Celle-ci a autorisé les banques à présenter des opérations d’assurance de personnes, d’assistance et de crédit. Depuis, la bancassurance au Maroc est devenue l’un des éléments moteurs de la croissance du secteur. Selon les dernières données disponibles de l’ACAPS (Autorité de contrôle des assu-rances et de la prévoyance sociale) rela-tives à l’exercice 2015, la bancassurance au Maroc représente près des 2/3 des parts du marché de l’assurance-Vie, tout en maintenant une tendance haussière durant ces dix dernières années. En 2015, les activités de bancassurance ont réalisé un chiffre d’affaires de plus de 7 milliards de DH, boosté par l’es-sor de l’assurance Vie au Maroc, ce qui représente une progression vigoureuse de 14,7% par rapport à l’exercice précédent. Ce chiffre d’affaires a été réalisé par les onze banques agréées au Maroc pour la distribution d’opérations d’assurance. Ces opérations concernent les assurances de personnes, d’assistance et de crédit, rap-pelle l’ACAPS. Le montant des commissions encaissées par ces banques sur ce chiffre d’affaires

s’élève à 310,91 millions de DH au titre de l’exercice 2015, marquant ainsi une nette progression de 7,82% par rapport à 2014, fait savoir le régulateur du secteur.Toutes les catégories d’assurance sont concernées par cette hausse. La produc-tion a enregistré une progression par rapport à l’exercice précédent de 17,46% pour la catégorie d’assurance «Maladie accidents corporels», de 14,32% pour la

«Vie Capitalisation» et de 5,72% pour «l’Assistance». Même la catégorie d’assu-rance «crédit» renoue avec la croissance en réalisant une progression en 2015 de 125,31% par rapport à l’exercice précé-dent, après deux années de recul.

Forte concentration Les groupes bancaires Attijariwafa bank et BMCE Bank of Africa sont les leaders de la

Bancassurance

La bancassurance a connu un essor fulgurant depuis son lancement il y a plus de 10 ans. Aujourd’hui, la bancassurance au Maroc affiche des croissances à deux chiffres et représente près des 2/3 des parts du marché de l’assurance Vie. Et les perspectives sont prometteuses.

par les banques2/3 des primes Vie transitent

L

18 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 19: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

bancassurance au Maroc. Les deux géants bancaires réalisent un chiffre d’affaires respectivement de 2,47 milliards de DH et 2,02 milliards de DH en 2015, selon les données de l’ACAPS. Ces deux banques, en plus de la Banque Centrale Populaire (1,13 milliard de DH de chiffre d’affaires), ont réalisé, à elles seules, 80% du volume des primes et encaissé 70% des commis-sions.Dans ce contexte, Wafa Assurance, filiale d’Attifariwafa bank, a repris sa place de leader en 2015 en termes de primes encaissées via le réseau bancaire, après deux années de recul, devant RMA, filiale de BMCE Bank of Africa. En fait, l’activité de bancassurance au Maroc reproduit assez logiquement la concentration du PNB bancaire entre les trois principaux établissements de crédit de la place. Ainsi, avec un total de primes collectées via le réseau bancaire estimé à 5,16 milliards de DH en 2015, Wafa Assurance (39% de PDM) et RMA (35% de PDM) s’accaparent tout de même près des 3/4 de la production totale dans la bancassurance. En troisième position, on retrouve la MCMA (Mutuelle centrale marocaine d’assurances) avec des primes collectées en 2015 de l’ordre

de 800,18 millions de DH, soit une part de marché de 10%, forte de son partenariat avec la Banque Centrale Populaire. Notons qu’Attamine Chaabi, filiale assurance nou-vellement créée de la BCP a, elle, collecté quelque 206 millions de DH, soit près de 3% de la production des banques. L’activité de bancassurance au Maroc est ainsi étroitement liée à l’adossement des compagnies d’assurances à de grands groupes bancaires disposant d’un réseau de distribution dense. Car, la grande force du secteur bancaire réside précisément dans ce maillage du territoire, qui n’a cessé de s’étoffer au fil des ans, lui pro-curant une force de frappe commerciale et une proximité inégalées. Au dernier pointage réalisé par Bank Al-Maghrib dans son rapport sur la supervision bancaire de 2016, le Maroc compte 6.139 agences bancaires. C’est bien plus que le réseau d’agents et courtiers traditionnels dont le réseau de distribution ne dépasse guère les 2.000 points de vente. A l’étranger, où les assureurs marocains ont de grandes ambitions, principalement en Afrique, les banques marocaines disposent de près de 1.450 agences bancaires, à travers 41 filiales et 18 succursales, selon la Banque centrale. Pour ne pas rester sur la touche, et s’acca-parer une part du gâteau, les compagnies n’ayant pas de liens capitalistiques avec des groupes bancaires cherchent à remé-dier à ce handicap. Atlanta Assurance, par exemple, a très tôt développé des synergies avec CIH Bank pour surfer sur le boom de l’assurance Vie. Plus récemment, Saham Assurance, leader sur l’assurance auto, mais plutôt distancé dans la branche Vie, a signé un partenariat stratégique exclusif de 10 ans avec le Crédit du Maroc dans la bancassurance. Près d’un an après

ce rapprochement, CDM revendique déjà 9% de PDM en primes et commissions.

Des perspectives au beau fixeLa bancassurance est encore promise à un bel avenir. Les perspectives de croissance sont prometteuses pour au moins deux raisons. La première est d’ordre réglemen-taire. La refonte du livre IV des assurances doit donner la possibilité aux banques de commercialiser, en plus des assurances de personne, la multirisque habitation et les assurances liées aux cartes de crédit, comme le rappelait encore récemment Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, à Finances News Hebdo. De quoi stimuler le chiffre d’affaires. La deuxième est liée à l’évolution de cer-taines habitudes de consommation des citoyens qui n’hésitent plus à se tourner davantage vers les produits d’assurance Vie pour leur épargne. Les Marocains prennent de plus en plus conscience de l’importance de se constituer une retraite pour leurs vieux jours. D’autant que le contexte d’abondance de liquidité qui caractérise actuellement le marché financier domestique facilite l’orientation de l’épargne vers ce type de produit. La branche Vie représente près du 1/3 du total des primes émises par le secteur, et sa part va aller en augmentant. L’analyse des chiffres communiqués par la Fédération marocaine des sociétés d’assu-rance et de réassurance (FMSAR) à fin juin 2016 met en exergue la progression affi-chée dans la branche Vie et Capitalisation, dont le montant des primes émises a augmenté de 49,3% par rapport au pre-mier semestre 2015, contre une hausse de 11,7% par rapport à 2014.

Par A. Elkadiri

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 19

Les captives des banques cartonnent

Outre le réseau bancaire traditionnel, la bancassurance s’appuie également sur les captives des banques, c’est-à-dire des courtiers en assurance filiale de banques. Un business qui a le vent en poupe, à en croire les chiffres de l’ACAPS.Au nombre de 8 à fin 2015, les captives des banques ont réalisé cette année-là un chiffre d’affaires de 2,43 milliards de DH, en forte progression de 28% en comparaison avec l’exercice précédent. Les commissions encaissées par ces captives ont enregistré une progression de 13,63 %. Ces dernières représentent 12,35% de la part des primes encaissées, toujours selon l’ACAPS.

Page 20: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

20 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Entretien

Finances News Hebdo : C’est la première fois que le Maroc abrite l’AG de la FANAF. Quel intérêt représente le fait de tenir cette 41ème assemblée ici pour nos compagnies d’as-surances ?Abdelhak El Mansour : Cette organisation s’inscrit dans le

cadre de l’orientation du Maroc vers l’Afrique, son milieu naturel. Au cours des dernières années, plusieurs assu-reurs marocains se sont ainsi déployés en Afrique fran-cophone et anglophone. Donc, le fait d’accueillir la FANAF est un geste à la fois courtois et politique, mais aussi un engagement fort des assureurs marocains envers leurs confrères africains pour un plus grand soutien.

F. N. H. : Aujourd’hui, quels sont les grands défis régle-mentaires auxquels sont confrontées les compagnies d’assurances africaines et qui constituent des obstacles au développement du secteur dans le continent ?Philippe Rocard : Les réglementations sont assez diffé-rentes suivant les zones. Il existe des régions de l’Afrique qui sont relativement intégrées économiquement, par exemple l’Afrique de l’Est, ainsi que l’Afrique de l’Ouest et Centrale où il existe le même code du commerce, voire la même réglementation en matière d’assurances. Il y a par conséquent un potentiel d’intégration qui per-met aux opérateurs d’être présents dans ces zones avec des économies d’échelle. Une région comme la zone CIMA permet de compenser le fait qu’il y ait plus de 50 pays en Afrique et de créer des marchés plus importants avec un plus grand potentiel économique de développement. La réglementation en Afrique subsaharienne dans les domaines financiers et notamment en assurance a pro-

A l’occasion de la 41ème assemblée de la FANAF, un moment crucial pour passer en revue les contraintes qui persistent, mais aussi les défis à relever par le secteur des assurances en Afrique, nous avons jugé opportun d’interviewer Philipe Rocard et Abdelhak El Mansour, respectivement PDG et Secrétaire général d’Axa Assurance Maroc et d’Axa CIMA.

Le Maroc et l’afrique, une histoire

pleine de potentiel

aXa assurance

Philippe Rocard

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 21: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

gressé plus vite que d’autres aspects politiques.

F. N. H. : Face à une Afrique plurielle, y a-t-il une réflexion engagée au sein de la FANAF pour instituer une conver-gence réglementaire ? P. R. : Dans les pays CIMA, la réglementation a déjà conver-gé. Par sa proximité intellectuelle, elle s’est parfois inspi-rée de textes similaires que ce soit au Maroc, en France ou dans d’autres pays. Il y a un fonds commun qui permet à un assureur de l’un de ces pays subsahariens de com-prendre la réglementation pratiquée dans tous les autres pays et donc d’intervenir dans un environnement connu. Economiquement, cela permet d’avoir une approche plus facile, puisque nous pouvons développer les mêmes outils dans les différents pays de la zone.

F. N. H. : Les compagnies nationales sont obligées, dans le cadre de la stratégie d’expansion en Afrique, de créer dans chacun des pays d’implantation tant une filiale Vie que non Vie, conformément aux réglementations en vigueur. Cette contrainte ne vous handicape-t-elle pas ? Y a-t-il moyen de la lever à travers les discussions menées au sein de la FANAF ? P. R. : En réalité, cette séparation Vie / non Vie dans la zone CIMA a un caractère moins contraignant et moins complexifié que dans d’autres lieux.La ségrégation Vie /IARD peut être saine pour l’assu-ré qui bénéficie ainsi d’une protection renforcée. Les augmentations de capital minimum sont une décision importante dont il est encore trop tôt pour mesurer toutes les conséquences. Ces augmentations devraient faciliter l’apparition de «Champions régionaux». Elles permettront d’assainir le marché et de rendre les acteurs plus forts et plus responsables. En revanche, cette mesure pour la partie Vie est sans doute, a priori, à adapter dans l’avenir à des petits pays qui ne permettent pas la rémunération de tels capitaux.

F. N. H. : La FANAF tient aujourd’hui sa 41ème assemblée. Une occasion pour débattre des nouveaux risques (cyber-risques, catastrophes naturelles, terrorisme…) qui planent sur le continent africain. Quelle stratégie faut-il adopter pour que les compagnies africaines puissent couvrir ces nouveaux risques, sachant que les risques traditionnels ne sont pas couverts pour toute la population ?A. E. M. : Ces nouveaux risques sont d’actualité comme le prouvent les nombreux séminaires tenus sur ces sujets. En pratique, il convient de distinguer les besoins de la demande réelle. Beaucoup de besoins ne se traduisent pas aujourd’hui par une demande solvable créant un marché. Les compagnies africaines seront bien placées pour les

assurer, à condition de se renforcer sur deux plans. Le premier est relatif au savoir-faire et à l’expertise pour connaître ces risques, le deuxième pour former l’ensemble des parties prenantes. Le premier axe passe, par exemple, par des partenariats ou une collaboration avec des spé-cialistes mondiaux et une couverture solide en matière de réassurance. La formation passe par des réunions comme celles-ci. En effet, il y a de plus en plus d’acteurs mondiaux qui s’intéressent à la couverture de ces risques en Afrique. Malheureusement, les dernières évolutions réglementaires en termes de rétention limitent les pos-sibilités pour les compagnies africaines de travailler avec ces acteurs. Nous espérons donc que la réglementation évoluera pour favoriser la couverture de ces risques. Axa, pour sa part, croit en ces risques pour l’avenir et au potentiel de ce marché. C’est pour cela que notre Groupe a créé une entité dédiée appelée Axa Africa Specialty Risk qui travaille sur toute l’Afrique.

F. N. H. : Quel état des lieux pouvez-vous faire de l’expan-sion d’Axa dans le continent africain ?P. R. : Le Groupe Axa a effectué de multiples investisse-ments en Afrique, tant dans le domaine de l’assurance que dans d’autres secteurs au cours de ces dernières années.A titre d’exemple, Axa a investi au capital d’entreprises innovantes, telles que Jumi, leader du marché africain des ventes sur Internet. La volonté du Groupe est de pouvoir développer des produits innovants. Nous avons également pris une participation significative dans Africa-Ré, qui est la grande compagnie de réassurance en Afrique. Dans l’assurance, nous sommes présents depuis des décennies dans des pays comme le Maroc ou les pays de la zone CIMA. Nous avons renforcé notre présence en entrant sur les nouveaux marchés du Nigéria et de l’Egypte et égale-

Abdelhak El Mansour

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 21

…/…

Page 22: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Entretien

22 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

ment en Algérie depuis quelques années.

F. N. H. : Avez-vous d’autres pays dans le pipe surtout dans l’Afrique anglophone ? P. R. : Un grand Groupe comme Axa examine toujours des potentiels d’acquisition mais évidemment nous ne pou-vons pas en parler parce qu’il s’agit d’investissements stratégiques. Que ce soit en Afrique subsaharienne franco-phone, anglophone ou en Afrique du Nord, nous sommes de plus en plus présents.

F. N. H. : Quelle est la part de la contribution de l’Afrique dans le chiffre d’affaires du Groupe Axa ?P. R. : Ce chiffre d’affaires pèse près d’1 milliard de dollars.

F. N. H. : Cela fait presqu’une année que vous êtes à la tête d’Axa Assurance Maroc, quelles sont les perspectives de l’assurance au Maroc à l’aune de la réforme de certains textes législatifs (code des assurances, régime de couver-ture des catastrophes naturelles, contrat-programme…) régissant le secteur ? P. R. : Je tiens tout d’abord à dire qu’au Maroc, il y a un régulateur indépendant qui est très professionnel et très conscient de son rôle. Un régulateur qui tient aussi en compte des réalités pour permettre des progrès collectifs. Les derniers trimestres ont connu une actualité régle-mentaire très riche. Plusieurs aspects contribueront à développer les marchés, comme par exemple l’assurance sur la construction, le Takaful… Certes, certains sujets sont compliqués, mais ils joueront un rôle majeur social et de solidarité, tel que le texte sur les catastrophes. Il s’agit d’un texte novateur qui devrait permettre à de nombreux

Marocains d’avoir une couverture en cas de survenance d’évènements très graves.Ensuite, il y a des actions moins visibles, mais qui ont une grande portée pratique. Ainsi, la circulaire générale devrait balayer tous les textes en les mettant à jour et en les alignant avec les meilleures références. Certains textes comme celui-ci relatif au recouvrement ont fait beaucoup réagir. Il s’agit d’un processus qui prend énormément de temps et qui n’est pas encore terminé, car la collecte des primes est un sujet par nature très sensible.

F. N. H. : D’aucuns considèrent que le nouveau régime prudentiel adopté par le régulateur pourrait entraver le développement des compagnies. Quel est votre point de vue à ce sujet ? P. R. : Dans un certain nombre de pays, de nouvelles réglementations ont été adaptées sur la solvabilité. L’objectif est de renforcer la certitude que les assureurs, en situation de crise mondiale locale, seront en mesure de respecter les engagements pris vis-à-vis des assurés. L’objectif est de protéger l’assuré. Auparavant, ceci était basé sur des calculs mathématiques parfois un peu sim-plistes. Depuis, des travaux ont été menés sur la réalité des risques économiques pris par les assureurs et sur la manière de les maîtriser.Il ne s’agit pas de copier à l’identique ce qui est pratiqué dans d’autres pays, mais d’inventer des solutions qui cadrent avec la réalité du Royaume du Maroc. Les travaux sont en cours. Il est beaucoup trop tôt pour dire ce que sera la réglementation et son impact sur les compagnies présentes au Maroc.

Propos recueillis par Soubha Es-Siari

…/…

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 23: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Entretien

Finances News Hebdo : Quelle place occupe la transformation digitale dans la stratégie de développement des compagnies ? Bachir Baddou : La transformation digitale est au cœur des stratégies des sociétés d’assurances. Ce n’est plus un choix stratégique, mais bien une nécessité que d’y aller. Les entre-prises d’assurances marocaines l’ont bien compris et ont initié des projets pour transformer certains de leur process métier tout comme leur logique de vente. Toutefois, les opérateurs du marché n’y vont pas tous à la même vitesse. Certains ont constitué des équipes dédiées et commencent à déployer des solutions totalement numériques, alors que d’autres sont encore au stade de la réflexion. Je pense toutefois que le mouvement va s’accélérer dans les deux années à venir.

F. N. H. : Pouvons-nous avoir des exemples d’applications digi-tales déjà mises en service par les compagnies d’assurances ? B. B. : Les premières expériences sur notre marché concernent les boîtiers télématiques embarqués sur certains véhicules. Ils permettent de remonter des informations pertinentes sur le comportement au volant et demain de mieux tarifer l’assurance automobile. D’autres expériences concernent le processus d’évaluation des sinistres et d’indemnisation en mettant en relation les services de la compagnie, l’expert et l’agent d’as-surances par le biais du Smartphone. Je peux aussi citer l’accès en ligne aux offres de produits ainsi qu’à d’autres services connexes à l’assurance qui sont mis à disposition via des appli-cations simples d’accès. Si le virage numérique n’est pas suf-fisamment bien préparé, certains assureurs au niveau mondial pourront disparaître. L’exemple de Kodak est emblématique. En laissant dans les placards sa propre invention, la «photographie numérique», pour rester sur son modèle basé sur la pellicule, l’entreprise s’est effondrée.

F. N. H. : Quels impacts la digitalisation et le Big Data auront-ils sur la relation client/assureur ? Sur l’organisation interne des compagnies ? B. B. : Dans les marchés les plus développés, nous assistons à l’émergence d’assureurs 100% digitaux qui bouleversent les habitudes et les normes classiques de notre métier, offrant des parcours client bien plus en phase avec les habitudes et le comportement des générations montantes. Le constat est que, de plus en plus, le client nous imposera une relation totalement

digitale. Bien entendu, le rôle de conseil et de pédagogie qu’ap-portent l’agent et le courtier d’assurances demeurera important, surtout pour les risques techniques et pour les risques de pointe. Mais pour une multirisque habitation ou automobile, le client cherchera dans la plupart des cas à souscrire en ligne. Le cadre réglementaire au Maroc est encore trop contraignant pour libérer l’achat en ligne. L’obligation faite de remettre un contrat physique et de le faire signer par le client crée une rupture dans le processus. Un projet d’amendement du code des assurances permettant, entre autres, de libérer la vente sur Internet, est actuellement dans le circuit législatif.La contrainte majeure pour les assureurs consistera à créer des produits et les adapter aux différents profils de clients, tout en leur permettant de faire le bon choix de la bonne garantie sachant que le client n’est pas expert.Il faut donc bien le connaître sans pour autant avoir un contact direct avec lui. Pour cela, il faut disposer de systèmes d’infor-mation très puissants qui permettent de proposer des offres profilées avec une très bonne connaissance des clients, de leurs habitudes de consommation, de leurs comportements en fonction de leurs CSP, leurs âges, leur formation.... Nous sommes donc au cœur du Big Data. L’analyse de la donnée à grande échelle, son analyse et sa compilation deviendront «le nerf de la guerre».

Pour les compagnies, le virage du digital n’est ni un choix stratégique ni un luxe, mais bien une nécessité. Le point avec Bachir Baddou, DG de la FMSAR.

Le digital, un virage incontournable

Bachir Baddou

Voir (www.financenews.press.ma)

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 23

Page 24: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

24 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Entretien

Finances News Hebdo : La FANAF tient sa 41ème assemblée générale au Maroc. Que représente pour le Royaume l’organisation d’un tel événement et comment peut en profiter une compagnie comme Wafa Assurance qui a des intérêts en Afrique ? Ali Harraj : La candidature du Maroc pour l’organisation de la 41ème assemblée générale de la FANAF, qui a été portée par la Fédération marocaine des sociétés d’assu-rances et de réassurance (FMSAR), s’inscrit dans le cadre de la politique de rayonnement du secteur marocain des

assurances en Afrique et du renforcement de la coopé-ration Sud-Sud. Je rappelle que c’est une première pour le Maroc et en Afrique du Nord depuis la création de la FANAF en 1976.La FANAF regroupe à ce jour 194 sociétés membres entre sociétés Vie, sociétés Non-Vie, compagnies de réas-surance, de prévoyance et de protection installées ou opérant en Afrique, représentant 29 pays du continent. L’assemblée représente ainsi une belle opportunité de rencontrer nos partenaires sur le continent et d’échanger sur les possibilités de collaboration et des préoccupa-tions communes.

F. N. H. : Comment voyez-vous la présence de Wafa Assurance en Afrique dans les prochaines années et le rôle qu’elle peut jouer dans le développement de l’assu-rance dans le continent ? A. H. : Ces dernières années, nous avons accéléré le déve-loppement de nos activités à l’international. En Afrique subsaharienne, nous avons opté dans un premier temps pour la création de filiales en «greenfield» dans les pays africains d’implantation de notre actionnaire de référence Attijariwafa bank. Le premier levier étant notre modèle bancassurance intégré, qui a prouvé sa réussite au Maroc et que nous développons au niveau de nos filiales. Nous nous intéressons également à d’autres marchés impor-tants, comme l’Afrique anglophone, avec cette fois-ci une logique d’acquisition. Il est important de prendre pied dans les principaux marchés africains dès aujourd’hui, pour pouvoir accompagner la forte croissance attendue sur le long terme. Le leitmotiv de Wafa Assurance est

Après la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, pays où il dispose de six filiales agréées, le leader du secteur des assurances au Maroc compte étendre davantage sa zone d’influence en ciblant les marchés anglophones.Ali Harraj, PDG de Wafa Assurance, détaille, entre autres, la stratégie de la compagnie dans le continent et le rôle qu’elle entend jouer sur un marché africain des assurances qui offre d’énormes potentialités.

cap sur l’afrique anglophoneWafa assurance

Ali Harraj

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 25: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

d’innover avec une démarche proactive produisant des produits et des services simples, efficaces et accessibles au niveau des marchés cibles.La culture de prévoyance est bien ancrée chez Wafa Assurance; culture que nous diffusons auprès de nos assurés aussi bien au Maroc qu’en Afrique subsaha-rienne. A titre d’exemple, Wafa Assurance a signé un partenariat privilégié avec Préventica qui est un outil majeur dans le cadre du développement de la préven-tion et de la mutualisation des expertises. Outre le salon congrès de Casablanca en avril auquel sont invités nos partenaires et entreprises assurées chez nos filiales, le prochain forum Préventica aura lieu en octobre 2017 au Sénégal. Notre objectif commun est de favoriser la pro-motion et l’harmonisation, au niveau de l’Afrique, des politiques de santé, sécurité au travail et de maîtrise globale des risques.

F. N. H. : A travers votre expérience en Afrique, quels sont, selon vous, les leviers à activer pour accélérer le taux de pénétration économique de l’assurance ? A. H. : Le marché africain de l’assurance est un marché embryonnaire dans le sens où le taux de pénétration est faible, il avoisine 0,7%. C’est dire les perspectives de croissance qui s’offrent à ce secteur. Les défis sont des défis comparables dans les pays en voie de développe-ment, notamment en termes d’accessibilité et d’inclu-sion financière de l’ensemble de la population. Par ailleurs, la croissance économique que connait la majeure partie des pays africains amplifiera certains risques. Il s’agit des risques dits d’entreprises, les

assurances des grands risques : tous risques chantiers, responsabilité civile décennale, les multirisques profes-sionnelles…Sur un autre registre, la montée en puissance des réseaux de distribution, notamment bancaires, favorisera l’accessibilité et l’inclusion en assurance et, de facto, l’augmentation du taux de pénétration.Enfin, l’amélioration des processus et la mise en place efficiente des NTIC et de la transformation digitale libére-ront l’énorme potentiel dont recèle l’économie africaine.

F. N. H. : La compagnie Wafa Assurance a été obligée, dans le cadre de sa stratégie d’expansion en Afrique, de créer dans chacun de ses pays d’implantation (Sénégal et Côte d’Ivoire) autant une filiale Vie que non Vie, confor-mément aux réglementations en vigueur. Cette contrainte ne vous handicape-t-elle pas ? Et y a-t-il moyen de la lever à travers les discussions menées au sein de la FANAF ?A. H. : Lors de nos demandes d’agrément pour l’ouverture de nos filiales, nous nous soumettons au cadre régle-mentaire local du pays et au cadre réglementaire régio-nal. Certes, cette distinction n’est pas une contrainte en soi, puisqu’elle nous donne la liberté de choix d’exercer l’assurance vie ou la non-vie selon les opportunités éco-nomiques qui se présentent à nous, indépendamment du pays. Mais l’exigence réglementaire sur le montant des capitaux peut remettre en cause certaines décisions d’in-vestissement dans quelques marchés de taille limitée.

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 25

Propos recueillis par D. William

Page 26: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

assurance Vie comme son nom l’indique permet de se prémunir contre les aléas de la vie qui se traduisent le plus souvent par de lourdes conséquences économiques.

En vue de permettre aux individus de se protéger contre les risques courants de la vie, les compagnies d’assurances mettent à leur disposition des produits dont le principe s’appuie sur plusieurs méthodes de gestion des risques.D’après Pathé Dione, l’un des pionniers de l’assurance en Afrique subsaharienne, l’assurance Vie classique évolue lentement, dans le continent, et ce malgré les progrès enregistrés chaque année. En cause, des difficultés subsistent sur les marchés de la CIMA, surtout dans la branche Vie (décès, épargne-retraite). Ces difficultés sont liées aux contextes locaux (limites des services de contrôle dans les Etats membres, escro-querie à l’assurance, absence de la culture d’assurance).

L’effet bancassurance !Au Maroc, la branche Vie se développe d’année en année. En témoignent les statistiques publiées par la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR). L’analyse des chiffres communiqués à fin septembre 2016 met en évidence la progression affichée dans la branche «Vie & Capitalisation» dont le montant des primes émises a augmenté

de 49,3% à 7.821,4 MDH par rapport au premier semestre 2015, contre une hausse de 11,7% par rapport à 2014. La branche Vie représente 39,1% du total des primes émises. Cette progression est essentiel-lement due au succès grandissant de la bancassurance. Lentement mais sûrement, les banquiers ont compris que l’assurance et la banque se complètent parfaitement en termes de besoins. A noter que le Maroc occupe le deuxième rang en Afrique, et ce grâce à l’assurance Vie. Loin derrière l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Algérie et le Nigéria sont les plus grands marchés non-Vie, dépassant 1 milliard de dollars.Au Maroc, comme dans d’autres pays africains, deux besoins sont essentiels : la santé et la retraite. Mais ces deux besoins

ne sont pas encore très bien satisfaits. Cela incite les assureurs à se développer davan-tage sur cette panoplie de couvertures. Dire que la logique de besoin de protection de la famille augmente parallèlement au niveau de la richesse du pays, est un secret de polichinelle.Sur le plan fiscal, la dernière mesure intro-duite dans la Loi de Finances 2015 est jugée par les professionnels assez équilibrée. «C’est la base même de l’avantage fiscal qui fait que le contrat de retraite est le moyen le plus efficace et le plus performant pour épargner pour ses vieux jours. Les avances sont pour leur part fiscalisées à la sortie mais pas à l’entrée», explique un professionnel.

plus d’un tiers du total des primes émises En Afrique, l’assurance Vie reste peu développée pour moult raisons.Le Maroc occupe le deuxième rang dans le continent, et ce grâce à l’assurance Vie.

Branche vie

26 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Par S. E.

Sur le plan fiscal, la dernière mesure introduite dans la Loi de Finances 2015 est jugée par les professionnels assez équilibrée.

L’

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 27: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Entretien

Finances News Hebdo : Quels sont les gros défis règlementaires auxquels sont confrontées les compagnies d’assurances afri-caines et qui constituent des obstacles au développement du secteur dans le continent ?Naouri Mokhtar : D’abord, il est important de rappeler que le continent africain est considéré comme étant la région la plus prometteuse en matière de développement du secteur des assurances. Ce secteur a connu des taux de croissance très appréciables durant la dernière décennie, avec d’importantes perspectives d’évolution. C’est pour cette raison que beaucoup d’acteurs des marchés internationaux d’assurances se tournent vers l’Afrique pour booster leur croissance, car leurs marchés traditionnels n’en enregistrent plus. A cet effet, nous estimons que les acteurs de notre continent doivent prendre conscience de cette réalité et en tirer profit à travers la mise en place d’un cadre réglementaire et des mécanismes. Ces outils permet-traient d’attirer les capitaux et les investisseurs dans ce secteur créateur d’emplois et pouvant être un moteur de croissance des autres secteurs à travers les capacités de financement que peuvent dégager les assureurs et les réassureurs.

F. N. H. : Au regard de la diversité des marchés sur le conti-nent, y a-t-il une réflexion engagée au sein de la FANAF pour instituer une convergence réglementaire ?N. M. : Il m’est difficile de me prononcer sur ce sujet du moment où c’est la première participation de ma compa-gnie à cet évènement. Toutefois, j’estime que la réflexion doit porter sur la mise en place de mécanismes de marché permettant aux assureurs africains d’intervenir et d’opérer dans des régions étendues du continent pour permettre de créer des marchés attractifs et compétitifs. Néanmoins, ceci suppose également la mise en place d’un cadre réglementaire commun pour les mécanismes de contrôle et de calcul de la solvabilité des compagnies, notamment en matière de capital social, provisions techniques, de marge de solvabilité et de représentation des engagements.

F. N. H. : La FANAF tient aujourd’hui sa 41ème assemblée, une occasion pour débattre des nouveaux risques (cyber-risques, catastrophes naturelles, terrorisme…) qui guettent le continent africain. Quelle stratégie faut-il adopter pour que les compagnies africaines puissent couvrir ces nouveaux risques ?N. M. : Les assureurs africains ont les compétences néces-saires pour proposer des solutions d’assurances permettant de faire face aux risques émergents. Il y a lieu cependant de s’appuyer sur les expériences passées pour éviter de rééditer les mêmes erreurs et impliquer les autres secteurs d’activités concernés sans lesquels la mise en place de mécanisme d’as-surance pour les risques émergents s’avère difficile. Aussi, il y a lieu de fédérer les capacités techniques et financières des assureurs du continent, notamment à travers des pools, pour permettre de capter le maximum de capacité et avoir l’adhésion des assureurs africains pour se lancer dans la souscription des risques émergents.

C’est ce que préconise, entre autres, Naouri Mokhtar, PDG de Cash Assurance en Algérie, pour booster l’assurance dans le continent.

Des pools pour vaincre les nouveaux risques cash assurance

Naouri Mokhtar

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 27

Propos recueillis par Soubha Es-siari

Page 28: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

28 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Entretien

Finances News Hebdo : La FANAF tient aujourd’hui sa 41ème

assemblée. Quel est l’intérêt d’un tel événement pour l’in-dustrie de l’assurance en Afrique ?Lamia Ben Mahmoud : La rencontre annuelle de la FANAF constitue une occasion précieuse et toujours renouvelée pour réunir les compétences professionnelles du secteur de l’assurance en Afrique, ce qui permet de traiter les sujets les plus importants du moment. Cet évènement contribue donc et de manière efficace au renforcement des liens existants entre les différents professionnels de la

zone FANAF, en particulier et au sein de tout le continent en général. Cette rencontre aide également à évaluer le travail commun et à approfondir les choix futurs. Et c’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrit le thème de cette 41ème session qui se concentre sur «les Nouveaux enjeux réglementaires et défis opérationnels : Quelles stratégie pour l’assurance africaine».

F. N. H. : Concrètement, comment se sont soldées les édi-tions précédentes ?L. B. M. : L’assemblée annuelle de la FANAF a toujours offert une véritable opportunité à saisir pour suivre les recommandations qui en sont issues et ouvrir la voie à l’examen de la situation du secteur et à la prospection de ses tendances futures dans tout le continent africain. L’association ne cesse d’organiser des séminaires de for-mation en fonction de la demande, de publier des études et des statistiques sur l’évolution du marché. Mais cette réactivité n’aurait été possible sans les efforts considé-rables fournis par tous ses membres bienveillants et leur persévérance pour faire de cette manifestation continen-tale un espace d’échange des expériences et de promotion des transactions dans le domaine des assurances.

F. N. H. : D’après-vous, comment le partenariat Sud-Sud pourrait-il hisser le niveau de l’assurance en Afrique à celui des standards internationaux, essentiellement en matière de contribution au PIB ?L. B. M. : Le monde se trouve confronté aujourd’hui aux énormes défis de la mondialisation où les regroupements

En vue de hisser le niveau de l’assurance à celui des standards internationaux, la FANAF ne lésine pas sur les moyens. Lamia Ben Mahmoud, PDG de Tunisre, explique comment les réassureurs africains doivent conjuguer leurs efforts pour répondre aux besoins du continent.

«Le grand défi est d’élever la densité de l’assurance en afrique»

Tunisre

Lamia Ben Mahmoud

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 29: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

régionaux, tant politiques qu’économiques représentent les principales forces influentes sur la scène mondiale, d’où la nécessité de mettre en place un cadre propice à la complémentarité et à la conjonction de nos efforts afin que notre «Assurance aricaine» puisse s’adapter à ces développements avec le maximum de chance de réussite.Et, sans aucun doute, le partenariat Sud-Sud entre les différents acteurs du tissu assurantiel africain ne peut que renforcer les capacités de cette industrie et aider à la rapprocher des standards internationaux.A cet égard, il n’ y a pas d’autres choix, pour les assureurs et les réassureurs africains que d’investir dans la forma-tion des compétences en matière de gestion des risques, et surtout dans l’amélioration des prestations et leurs adaptations aux besoins réels de la population africaine. Le défi aujourd’hui est d’élever la densité de l’assurance en Afrique en innovant et en adaptant les produits à cer-tains besoins spécifiques.

F. N. H. : Quelles sont les perspectives de développement du marché de la réassurance dans un continent qui subit régulièrement une volatilité des matières premières, conju-guée à une instabilité politique ?L. B. M. : La situation du secteur de la réassurance sur le plan mondial s’est caractérisée ces dernières années par une abondance de capacité, une forte concurrence et une concentration de plus en plus accentuée auprès des réassureurs des pays industrialisés. Les réassureurs régionaux et africains opèrent donc dans un environnement pour le moins, pas très confortable.

D’un autre côté, et malgré la situation géopolitique et la volatilité des matières premières, le continent africain offre encore plusieurs facteurs susceptibles de promou-voir le développement du marché de l’assurance et de la réassurance en conséquence. Et parmi lesquels, on peut citer les fortes potentialités de croissance, compte tenu de la démographie et de la richesse des ressources natu-relles (comprenant 60% des terres arables non cultivées du monde).Il est évident donc que les réassureurs africains sont appe-lés à renforcer leurs capacités régionales et perfectionner leurs expertises et compétences afin de réagir avec plus d’efficacité à la demande sur leur continent.

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 29

Il n’ y a pas d’autres choix, pour les assureurs et les réassureurs africains que d’investir dans la formation des compétences.

‘‘Propos recueillis par Soubha Es-siari

Le challenge pour les compagnies d’assurances africaines est d’innover et adapter les produits aux nouveaux besoins (terrorisme, cyberattaque…).

Page 30: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

ur un chiffre d’affaires global de 20 Mds de DH au premier semestre 2016, l’assurance automobile a totalisé 5,72 Mds de DH, soit 28,6% de parts de marché.L’activité est fortement dominée

par l’assurance responsabilité civile (RC). Mais de plus en plus d’automobilistes, sur-tout les adeptes du neuf, optent pour des assurances multirisque. Les compagnies, pour leur part, cherchent à innover en lan-çant de nouvelles formules.Vu son caractère obligatoire, l’assurance RC représente près de 95% du marché de l’assurance auto. Toutefois, l’option d’une couverture élargie commence à séduire les automobilistes. Les compagnies ont fait beaucoup d’effort en matière d’innovation pour inciter leurs clients à opter pour un package d’assurance.Mais les automobilistes marocains trouvent les prix pratiqués par les compagnies élevés. Pour passer de la RC à l’assurance multi-risque, il faut débourser parfois trois fois plus. Ce sont des contraintes budgétaires qui freinent le développement des couvertures au-delà de la RC.Faut-il préciser que toutes les voitures neuves achetées à crédit sont assurées contre le vol et l’incendie. C’est une condi-tion exigée par l’organisme de financement. Reste à savoir que la branche auto demeure impactée par le niveau de la sinistralité. En effet, plus de 50% du parc automobile natio-nal ont une moyenne d’âge dépassant les 10 ans. Ce qui augmente le risque des accidents de la circulation.Un parc et un marché en hausse, mais le taux de sinistralité augmente aussi. Pour les compagnies, c’est un véritable casse-tête. L’évolution importante du parc automobile a eu pour conséquence d’augmenter la masse

assurable et donc de permettre une crois-sance du marché.Cependant, il faut remarquer une augmen-tation du coût des réparations, d’une part, parce que les véhicules récents sont de plus en plus sophistiqués et, d’autre part, à cause d’un changement dans le comportement des assurés qui préfèrent remplacer les pièces endommagées que de les faire réparer.L’évolution du marché de l’assurance auto-mobile a incité les opérateurs à innover

pour accompagner cet essor. Du fait que les attentes des clients sont différentes, les compagnies ont conçu des formules adap-tées aux exigences de chaque type d’assuré.Ainsi, elles ciblent de plus en plus leurs clients. On trouve des produits qui sont destinés exclusivement aux professionnels, d’autres pour les particuliers, pour (femmes, retraités, fonctionnaires, commerçants, jeunes et étudiants.

L’automobile est une branche importante du secteur des assurances. Avec la croissance du parc, qui réalise deux années record, la filière est appelée à un développement soutenu.

Perspectives prometteusesLe Maroc compte un parc roulant de près de 3 millions de véhicules. Le nombre de voitures par habitant ne dépasse pas les 70 pour 1.000. Ce taux d’équipement en automobile reste faible comparativement avec d’autres pays. Sans vouloir se mesurer aux Etats-Unis qui affichent un taux de motorisation de plus de 800 véhicules pour 1.000 habitants, ou la France qui en compte plus de 630, la moyenne régionale dépasse nettement celle du Maroc. L’Algérie a un taux de 125 voitures pour 1.000 habitants et la Tunisie 166. Cela prouve que les perspectives de l’automobile sont prometteuses dans le Royaume.

Branche auto

Une activité-phare

S

30 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

Les assureurs sont très préoccupés par la hausse de la sinsitralité.

Par C. Jaidani

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 31: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

AMO

ssurer l’égalité et l’équité dans l’accès aux soins à toute la population, le Maroc en a fait une priorité nationale. Depuis l’adoption de la loi n°65-00 portant code de la

couverture médicale de base en 2002, 54% de la population ont déjà été couverts par les deux régimes, à savoir l’AMO (y compris les bénéficiaires de l’article 114) et le Ramed. Rappelons que depuis la généralisation de ce dernier (destiné aux personnes n’ayant pas suffisamment de revenus pour se faire soigner), le nombre de bénéficiaires a atteint plus de 10,4 mil-lions de personnes, dont 6 millions ayant des cartes valides, représentant plus de 4 millions de foyers (48% en milieu rural et 52% en milieu urbain).Quant à l’intégration dans le système des 46% restants (dont 36% des indépendants soit 11 millions de bénéficiaires), qui sont livrés à eux-mêmes dans un monde où le seul mot d’ordre est l’argent, c’est une autre paire de manches. Et pour cause, mettre en place un système de couverture pour une population qui regroupe plusieurs catégories socioéconomiques très diffé-rentes (médecins, avocats, commerçants, agriculteurs, artisans, marchands ambu-lants...) s’avère compliqué.C’est d’ailleurs l’un des dossiers chauds sur lequel le régulateur s’est penché depuis quelques temps et pour lequel il prévoit une mise en œuvre à partir de cette année. L’objectif étant d’atteindre à l’horizon 2025, échéancier que l’ANAM s’est fixé, l’universalité de la couverture

du risque maladie pour toutes catégories confondues. Le régulateur a donc du pain sur la planche puisque la généralisation de l’assurance maladie obligatoire n’est pas son seul souci.En effet, l’ANAM fait face à plusieurs dysfonctionnements qui gangrènent le système pour ne citer que la pérennité financière des deux régimes, l’anarchie qui règne dans le secteur notamment celle relative aux prix appliqués par les différents maillons de la chaîne, la qualité des soins et services dispensés qui laisse à désirer…Dans un entretien accordé à notre hebdo-madaire (www.financenews.press.ma), Jilali Hazim, Directeur général de l’ANAM,nous a confié que le régulateur veille à mettre de l’ordre dans le système, à accélérer la mise en œuvre de la couverture sanitaire uni-verselle et à garantir à tous les Marocains l’accès à des services de soins de qualité

qui est un droit constitutionnel.Pour cela, une panoplie de mesures de régulation est en en cours de mise en place pour, entre autres, sauvegarder l’équilibre financier des régimes et mettre à niveau le système. Parmi ces mesures, «l’actualisa-tion des conventions nationales tarifaires, notamment en ce qui concerne les mesures en matière de maîtrise médicalisée des dépenses, aller rapidement vers le dépla-fonnement du taux de cotisation dans le secteur public qui n’a pas été augmenté depuis 2005, en l’alignant à la réalité de la consommation…», précise le DG de l’ANAM.La création d’un organisme de gestion du Ramed, indépendant du ministère de la Santé et de l’ANAM, figure également parmi les priorités de l’Agence pour lui permettre de se concentrer sur son rôle principal, celui de régulateur de toute la couverture médicale de base.

Le régulateur a du pain sur la planche A l’horizon 2025, toute la population marocaine devrait

bénéficier d’une assurance maladie. Une batterie de mesures de régulation est en cours pour mettre de l’ordre dans le système de la couverture du risque maladie.

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 31

Par Lamiae Boumahrou

Parmi les mesures de régulation, figure le déplafonnement du taux de cotisation dans le secteur public.

A

Page 32: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

epuis septembre 2016, le Maroc s’est doté d’un arsenal juridique ô combien nécessaire pour se protéger d’un risque conséquent auquel il est considérablement exposé, à savoir celui des catas-

trophes naturelles.En effet, la publication dans le Bulletin offi-ciel de la loi 110-14 portant création d’un régime de couverture des conséquences des catastrophes naturelles, modifiant et complétant la loi 17-99 portant code des assurances, est sans aucun doute un pas majeur que le Royaume a franchi en matière de protection des victimes des effets dévas-tateurs des périls naturels. Compte tenu de son importance, les pouvoirs publics, longtemps aux abonnés absents, ont fini par prendre conscience de l’urgence à remédier au vide juridique. «Face à cette situation dramatique qui ne pouvait perdurer, il était primordial que l’Etat intervienne pour apporter sa garantie pour que les victimes des futures catas-trophes naturelles soient indemnisées dans les meilleures conditions. C’est ainsi que la loi 110-14 a vu le jour, combinant solidarité et prévention, s’inspirant des meilleures pra-tiques internationales de gestion financière et permettant ainsi une mobilisation rapide et plus efficace des ressources financières», précise Abdelaziz Erchidi, consultant senior et formateur en assurance. En effet, après 10 ans de tractations entre pouvoirs publics

et compagnies d’assurances, la loi a fini par voir le jour en 2016, année marquée par la mobilisation générale autour du climat et du changement climatique. La tenue de la COP22 au Maroc a-t-elle contribué à accélérer le processus de promulgation de ladite loi ? Certainement, mais tout n’est pas fini puisqu’il va falloir encore attendre les décrets d’application pour la mise en œuvre définitive de cette loi. Ce qui ne devrait pas tarder à en croire Mohamed Hassan Bensalah, Président de

la Fédération marocaine des sociétés d’as-surances et de réassurance (FMSAR) (voir pages 12/13).«Nous sommes l’un des rares pays du continent à avoir prévu un dispositif pour la couverture de ces périls. L’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif devrait s’effectuer au plus tard le 1er janvier 2018. Nous tra-vaillons actuellement avec notre autorité de contrôle sur les textes d’application suite à l’adoption de la loi par le Parlement», a-t-il précisé.

Développement durable

En adoptant la loi 110-14 sur les catastrophes naturelles, le Maroc a franchi une étape majeure en matière de protection des victimes des périls naturels multiples et variés auxquels il est exposé.

L’entrée en vigueur prévueen janvier 2018

Loi sur les catastrophes naturelles

D

32 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 33: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

Une loi tant attendueEn adoptant cette loi, le Maroc se dote d’un régime obligatoire en matière de catas-trophes naturelles et confirme ainsi son engagement pour faire face aux effets du dérèglement climatique. Une loi fondée sur un régime mixte d’indemnisation des victimes des événements catastrophiques, combinant à la fois un système assurantiel au profit des personnes ayant souscrit un contrat d’assurance et un système alloca-taire au profit des personnes physiques ne disposant d’aucune couverture. La loi propose un partenariat public-privé pour le financement des catastrophes natu-relles non seulement pour les personnes physiques ou morales disposant d’une assu-rance, mais également pour celles qui ne sont pas assurées, comme le précise le consultant en assurance. A noter également que ce mécanisme d’indemnisation couvrira, dans un premier temps, deux catastrophes naturelles, à savoir les tremblements de terre et les inondations, ainsi que les actes de terrorisme. Pour la catégorie des assurés, cette cou-verture deviendra obligatoire comme l’a signalé Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assu-rances et réassurance (FMSAR).«Nous allons inclure de manière additive et obligatoire une couverture pour se prémunir des conséquences des catastrophes à toute

personne ou agent économique disposant d’une couverture d’assurance», a-t-il pré-cisé lors d’une rencontre organisée par le Comité de pilotage de la COP22. En effet, la loi prévoit l’inclusion généralisée de la garantie contre les évènements catastro-phiques dans les contrats d’assurance de dommages autres que l’assurance aviation et l’assurance maritime, et dans les contrats d’assurance de personnes garantissant les risques de décès, de maladies, d’incapacité ou d’invalidité. La fixation de cette prime d’assurance ainsi que les conditions de son octroi seront déterminées par voie régle-mentaire.Quant aux victimes ne disposant d’aucune couverture, la loi a prévu un fonds de soli-darité. Un fonds qui sera alimenté, entre autres, par une dotation initiale de l’Etat fixée par une Loi de Finances; le produit des taxes parafiscales instituées à son profit par voie réglementaire; une contribution annuelle des entreprises d’assurance et de réassurance destinée à couvrir les frais de gestion dudit fonds…

Ce dispositif permettra sans doute d’atté-nuer les impacts économiques de ces phé-nomènes souvent dévastateurs.Car, faute d’une loi sur les catastrophes naturelles, ces victimes étaient livrées à elles-mêmes.Et la situation ne cesse d’empirer, puisque ces phénomènes sont de plus en plus fré-quents à cause de l’accentuation des effets du changement climatique. Non sans consé-quences qui sont, le moins que l’on puisse dire, lourdes aussi bien sur le plan humain, puisque chaque année l’on dénombre plu-sieurs décès principalement à cause des précipitations, qu’économique. En effet, les dégâts matériels sont souvent considérables et se chiffrent par centaines de millions de dirhams, si ce n’est plus. Pis encore, cer-taines victimes perdent tous leurs biens et se retrouvent souvent dans la rue. Cela dit, tout l’enjeu aujourd’hui est de sortir le plus tôt possible les décrets d’application avant qu’une catastrophe secoue à nouveau notre pays.

Calcul des indemnisations

«Pour le préjudice corporel, l’indemnisation est évaluée sur la base du dahir du 2 octobre 1984 relatif à l’indemnisation des victimes des accidents causés par des véhicules terrestres à moteur, à hauteur de 70% maximum des prestations prévues par ce Dahir.Pour l’attribution de l’allocation en cas de perte de l’usage de la résidence principale lorsqu’elle est déclarée inhabitable, le projet prévoit deux types d’allocations selon le cas du ménage propriétaire ou de celui ayant le statut d’occupant avec ou sans contrat de bail.Le montant de l’allocation pour perte de la résidence principale comprend, en plus d’une allocation pour privation de jouissance, une allocation d’aide à la réhabilitation des locaux qui ne doit dépasser ni 70% du montant de la reconstruction estimée par le comité d’expertise, ni un montant fixé par l’administration n’excédant pas la valeur immobilière totale maximale d’un logement économique.Le montant de l’allocation pour privation de jouissance, pour les locataires, quant à lui, est fixé à six fois le loyer mensuel.Le processus d’indemnisation ne peut se concevoir que lorsque l’état de catastrophe est déclaré par un acte administratif publié au B.O. après avis de la Commission de suivi des évènements catastrophes.Cette commission est chargée de collecter les informations sur la catastrophe survenue, d’émettre un avis sur l’opportunité de reconnaître le caractère catastrophique de l’évènement et de formuler des propositions pour l’indemnisation des victimes lorsque celles-ci ne sont pas couvertes par ailleurs pour les préjudices subis.Il est certain que le système instauré d’indemnisation en question contribuera d’une manière significative à atténuer l’impact négatif des catastrophes naturelles que notre pays connait tant sur le plan humain qu’économique, ce qui est tout à son honneur…»

Abdelaziz Erchidi

Par L. Boumahrou

FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES] i 33

Page 34: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie

e Maroc est un pays semi-aride qui reste à la merci des aléas climatiques. Un constat qui perturbe le cycle d’exploita-tion des agriculteurs et impacte

leurs revenus. Dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), l’Etat a encouragé l’assurance agricole. Il a scellé, à cet égard, un parte-nariat en 2011 avec la Mamda pour lancer une assurance multirisque qui a permis de couvrir un million d’hectares à partir de 2015. L’objectif est d’atteindre 2 millions d’hectares à l’horizon 2020.L’expérience réussie du Maroc en termes de déploiement du système d’assurance agricole et les similitudes entre l’agriculture nationale et celles du continent africain font de l’approche marocaine un modèle dupli-cable sur le continent. A cet égard, la Mamda a signé des conven-tions de partenariat avec des assureurs africains, notamment en Tanzanie, Rwanda et en Côte d’Ivoire. Elle met son expertise aux services de l’agriculture africaine, dont les marchés sont dans l’impérieuse néces-sité, pour mettre en place des dispositifs de couverture de nature à sécuriser la produc-tion des agriculteurs du continent contre les aléas climatiques.La Mamda, à travers sa filiale Mamda Ré lancée en partenariat avec le leader mondial de la réassurance des risques agricoles, Partner Ré, et avec la Mutuelle Centrale de Réassurance (MCR), réassureur français intervenant en Afrique, permettra à ses partenaires africains d’avoir accès aux capa-

cités mondiales de réassurance en ce qui concerne les risques climatiques agricoles.Il faut préciser qu’au Maroc, l’assurance «multirisque climatique» bénéficie d’une contribution financière de l’Etat, dont le montant total est estimé à 215 millions de dirhams. Cette subvention, financée à partir du Fonds de développement agricole via le Fonds de calamités naturelles, se situe entre 53 et 90%.Cette couverture spéciale vise à augmenter la pénétration de ce produit avec une coti-sation de 26 dirhams à l’hectare dus par le petit agriculteur. L’assurance multirisque climatique permettra aux petits agriculteurs, en particulier, de bénéficier d’un appui financier important et d’accéder au produit dans des conditions très avantageuses.La Mamda a étendu la couverture aux prin-

cipaux risques climatiques, à savoir la grêle, le gel, le vent violent, la tempête et tornade, le vent de sable ainsi que l’excès d’eau. Par filière, la compagnie a élargi les cultures déjà couvertes par l’assurance à l’arboricul-ture et le maraîchage, outre le maïs et les légumineuses convenus en première phase. En outre, elle œuvre pour la modernisation de la formule d’indemnisation, et ce en tenant compte des ambitions du PMV et des écarts de productivité entre les régions. L’une des améliorations majeures apportées par ce produit concerne «la transformation d’une garantie de l’Etat en un véritable pro-duit d’assurance, déchargeant ainsi l’Etat du risque». Outre la Mamda, l’assurance agricole a suscité l’intérêt d’autres compa-nies d’assurances marocaines.

Le modèle marocain séduit en Afrique

Plusieurs pays africains ont manifesté leur intérêt pour adopter le modèle marocain qui a montré sa pertinence dans le cadre du Plan Maroc Vert.

Agriculture

34 i FiNANCES NEWS HEBDO [SpECiAl ASSurANCES]

A cause de la fluctuation de la pluviométrie, l’assurance sécheresse est la couverture la plus demandée par les exploitants.

Par C. Jaidani

L

SPÉCIAL ASSURANCE

Page 35: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie
Page 36: Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli Du 9 février 2017 - 8 …cial... · 2019-01-14 · les devants en souscrivant à une police d’assurance auprès de votre compagnie