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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

Facult des Sciences Ecole Interfacultaire de Bioingnieurs

Laboratoire de Botanique Systmatique et de Phytosociologie

Lagriculture urbaine et priurbaine Yaound : analyse multifonctionnelle dune activit montante

en conomie de survie

Par

Prosper Asaa Nguegang

Thse prsente en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences Agronomiques et Ingnierie Biologique

Promotrice: Prof. Dr. Vronique Joiris

Dcembre 2008

UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

Facult des Sciences Ecole Interfacultaire de Bioingnieurs

Laboratoire de Botanique Systmatique et de Phytosociologie

Lagriculture urbaine et priurbaine Yaound : analyse multifonctionnelle dune activit montante

en conomie de survie

Par

Prosper Asaa Nguegang Ingnieur Agronome (FASA, Universit de Dschang)

DES en Gestion et Dveloppement des systmes agricoles (Gembloux)

Thse prsente en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences Agronomiques et Ingnierie Biologique

Composition du Jury : Prof. Dr. Vronique Joiris (Promotrice, Universit Libre de Bruxelles) Prof. Dr. ir. Jean Lejoly (Co-Promoteur, Universit Libre de Bruxelles) Prof. Dr. ir. Isaac R. Tchouamo (Co-Promoteur, Univ. de Dschang-Cameroun) Prof. Dr. ir. Visser Marjolein (Prsidente, Universit Libre de Bruxelles) Prof. Dr. Paul Jacobs (Secrtaire, Universit Libre de Bruxelles) Prof. Dr. ir. Jean-Pierre Baudoin (Membre, FUSAGx-Gembloux) Prof. Dr. ir. Andr Fleury (Membre, ENSP-Versailles, France) Dr. Laurent Parrot, (Membre, CIRAD, Montpellier-France) Dr. Nicole Marie Guedje (Membre, IRAD, Herbier national du Cameroun)

Dcembre 2008

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RESUME :

Lagriculture urbaine et priurbaine Yaound : analyse multifonctionnelle dune activit montante en conomie de survie Mots cls : Agriculture urbaine, multifonctionnalit, systme de commercialisation, filire, savoir-faire endogne, Yaound - Cameroun, Comme la plupart des villes africaines, Yaound, capitale du Cameroun, est confronte aux phnomnes durbanisation croissante. Cette urbanisation rapide nest pas accompagne dune croissance conomique. En fait, le pouvoir dachat extrmement bas, le chmage, le sous-emploi, la pauvret, voire la misre, ont amen une frange importante de la population inventer de nouvelles solutions pour sassurer un revenu. Cest alors quapparat le phnomne dagriculture urbaine et priurbaine. La caractrisation de cette agriculture a mis en vidence une interaction entre les catgories dacteurs, les types despaces, les types de cultures, les produits obtenus et les revenus moyens gnrs. Il ressort de lanalyse des rsultats que cette forme dagriculture emploie prs de 2000 personnes, pour la plupart des jeunes et, surtout, des femmes, dont la moyenne dge est de 35 ans. Cest une activit base principalement dans les bas-fonds marcageux, le bas des pentes, les abords des routes avec une forte pression sur lespace. Les cultures sont diversifies et sont dominance marachre, vivrire et floricole. Elles varient en fonction des trois espaces tudis, savoir laurole urbaine, la zone priurbaine et lhinterland rural. Lanalyse du systme de commercialisation a mis en vidence trois types de circuits travers lesquels les produits transitent des producteurs aux consommateurs. Ce sont notamment les circuits longs, les circuits courts et les circuits directs. Dans ces circuits de commercialisation, la rgulation du march se ralise au niveau de tous les intervenants. Cela signifie que les prix des produits ne sont pas fixs davance, mais varient en fonction de la demande. En ce qui concerne la rentabilit, lanalyse sur les comptes dexploitation des cultures de cleri, de ndol et de morelle noire indique que cette agriculture est rentable avec un gain moyen journalier de prs de trois euros pour les producteurs. Cest la raison pour laquelle certains marachers estiment qu la place dun travail salarial de prs de 75euros / mois, ils prfrent rester dans leur jardin. Cependant, aucun cadre juridique et rglementaire li lexercice de cette activit nest disponible. Aucun article de loi ne lautorise. Nous avons not galement de nombreuses autres contraintes lies lorganisation des producteurs, aux pratiques, la structuration et la mise en march des produits. Ces rsultats ont alors dimportantes implications quant la comprhension des interactions entre les agriculteurs en ville et le monde politique de Yaound. Les fonctions multiples de cette activit tel que lemploi pour les jeunes, les revenus substantiels pour les couches des populations les plus vulnrables, la gestion des dchets urbains et la beaut du paysage tant autant dattraits qui concourent son encouragement. Les stratgies qui visent susciter limplication des producteurs urbains dans le dveloppement de la ville de Yaound ont t mises en uvre travers la CAUPA (Coalition pour la promotion de lagriculture urbaine et priurbaine en Afrique). Lintgration de ces stratgies dans les schmas directeurs damnagements urbains, pourrait contribuer concilier les dfis d'une amlioration du bien-tre des populations en qute de survie. Cette thse met en vidence la ncessit dune mdiation entre les diffrentes catgories dacteurs pour une agriculture urbaine et priurbaine de qualit. Les rsultats pourront permettre aux dcideurs et administrateurs des villes de disposer dinformations utiles sur limportance de cette forme dagriculture qui est, non seulement montante, mais aussi controverse.

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SUMMARY:

Urban and peri-urban agriculture in Yaounde, Cameroon: multifunctional analysis of rising activities in survival economies Keywords: Urban agriculture, multi-functionality, marketing system, chain, indigenous knowledge, Yaounde-Cameroon As in most African cities, Yaounde, the capital city of Cameroon, is faced with the phenomenon of urbanization. This leads to socio-economic problems especially in food supply and acquisition of basic necessities. The extremely low purchasing power, unemployment, underemployment, poverty - say misery, brought a significant proportion of the population to invent new solutions to ensure basic income through urban and peri-urban agriculture. The characterization of this agricultural system highlights the interaction between various stakeholders, types of spaces and crops, productivity and average revenue generated. Results show that this agricultural system has generated employment for about 2000 people, mainly youths and especially women, with 35 years average age. The activity is based mainly in lowland floody zones, low slope, landscaping roads with increase land pressure. Vegetables, gardening and flowers are dominant diversified crops noticed in the area. These crops vary from urban, peri-urban and rural areas, three landscape which were studied. The analysis of the marketing chain show three main types of distribution chains through which products pass from producers to consumers. These include long distribution, short distribution and direct channel. In these channels, the regulation of the market is achieved at the level of all stakeholders. This means that the prices of the products are therefore fixed in advance, and also are functions of demand. Regarding profitability, the analysis on the farmers accounts of Celery, Bitter leaf and Black nightshade indicates that this agriculture is profitable with an average daily gain of almost 3 euro per producers. That's why some gardeners believes that instead of a salary of almost 75 euro per month, they prefer to stay in their farm.

However, no legal and regulatory framework related to this activity is available in the case of Yaounde. Also, there are many other constraints related to the organization of producers, practices, structuring and implementation of products in the markets. These results have important implications to the understanding of the interaction between farmers and policy makers. The multiple functions of this activity such as youth employment, income for substantial segments of the most vulnerable populations, urban waste management and the beautification of the landscape is as much attraction that contribute to its promotion.

A strategy to encourage the implication of urban producers in the development of the city of Yaounde has been implemented through CAUPA. The integration of these strategies in urban planners, could help for the challenges of improving peoples welfare. Subsequently, this thesis brings forth the need for a mediation between different stakeholders and contributes to good quality of peri-urban agriculture. The results can therefore enable decision-makers and policy to provide useful information on the importance of this form of agriculture which is not only rising, but also controversial.

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REMERCIEMENTS

Ce travail a t un parcours dit du combattant . Pour oser lentreprendre et surtout, le mener terme, il nous a fallu beaucoup de soutien, de l'aide et de la collaboration de nombreuses institutions, fondations et personnalits. Nous dsirons, dans ce chapitre spcial, leur tmoigner notre profonde reconnaissance. Mais nous ne saurons cependant, dans les quelques paragraphes ci-aprs auxquels les exigences acadmiques nous astreignent, exprimer toute notre gratitude tous ceux qui n'ont cess de nous encourager, de nous soutenir et de nous faciliter la tche. Notre pense va en premier lieu aux Professeurs Jean Lejoly, Isaac Tchouamo, Vronique Daou Joiris et Jean-Pierre Baudoin, respectivement promoteur, co-promoteur, prsidente du comit daccompagnement et membre du comit daccompagnement de cette thse. L'aboutissement de ce travail doit beaucoup la confiance qu'ils nous ont manifeste ds le dpart, et dont nous avons essay de nous montrer digne malgr tous les problmes. Depuis, les Professeurs J. Lejoly, I. Tchouamo, Madame VD Joiris et le Professeur J.-P Baudoin nous ont toujours rserv un accueil trs chaleureux dans leur laboratoire, respectivement l'Universit libre de Bruxelles, la FASA et la Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux. Ils n'ont cess de nous encourager dans cette nouvelle problmatique lie aux agricultures priurbaines. Nous tenons leur exprimer notre plus vive gratitude, notre respectueuse admiration et le grand plaisir que nous avons prouv travailler avec eux. Durant nos passages devant le comit daccompagnement de thse, ils ont toujours su nous couter attentivement. Les discussions que nous avons eues avec eux ont t trs fructueuses et nous ont permis d'amliorer du jour au lendemain ce travail malgr dnormes difficults. Madame VD Joiris a accept la fastidieuse tche de prsider chaque fois ce comit, qu'il nous soit permis de lui tmoigner notre gratitude et infinie reconnaissance pour ses encouragements notre endroit. Mesdames et Messieurs les Professeurs M. Visser, P. Jacobs, A. Fleury, I.R. Tchouamo, L. Parrot et N.M. Guedje ont accept la fastidieuse tche de juger ce travail en dpit de leur multiples occupations, quils trouvent ici lexpression de notre profonde gratitude. Les enseignements et la formation que nous avons reus de l'Universit Dschang au Cameroun et de la Facult des Sciences Agronomiques de Gembloux, de mme que les nombreuses discussions que nous avons eues avec certains enseignants, nous ont permis de mrir notre comprhension et d'enrichir notre thse. Notre pense va particulirement au Professeur Guy Mergeai, au Professeur Isaac Roger Tchouamo, au Professeur Andr Fleury, au Dr. Maurice Doube et au Dr. Roger Iroume. Revenant sur les moyens de travail, le Professeur Jean Lejoly, malgr ses multiples charges, nous a rserv particulirement de nombreuses et agrables surprises. Quil nous permette de lui tmoigner travers ces lignes nos vifs remerciements. Plus en dtail, sans les gnreuses contributions financires apportes, sous forme de bourse la recherche sur le terrain par la commission de lunion europenne travers le projet de Gestion participative en Afrique centrale (GEPAC)1, bourse de fin dtude de la Fondation David & Alice Van Buuren, bourse

1 GEPAC est un programme de recherche financ par la Commission europenne (2003-2007), qui contribue amliorer les processus de gouvernance environnementale et de gestion participative en Afrique centrale. www.ulb.ac.be/socio/anthropo/Gepac/

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de la Fondation De Meurs Franois, le Prix de lAPUB et le service social de lULB, le prsent travail n'aurait pas connu cet aboutissement. Nous tenons particulirement remercier les responsables de ces diffrentes institutions pour leur constante sollicitude notre gard. Nous pensons, au sein du projet Gepac, M. Pierre de Maret, Mme Vronique D. Joiris, M. Jean Lejoly, Mme Nicole Marie Guedje et Mme Violaine Sizaire. Au sein de la fondation David & Alice Van Buuren, notre pense va au Baron Jaunotte. A la fondation De Meurs-Franois et APUB, nous pensons tout son comit de gestion. Au service social de lULB, nous pensons Mme Anita Mathieu pour le fond PETSALYS mise notre disposition. Nous noublions pas la contribution du CIRAD avec lappui du Dr. Laurent Parrot qui nous disons merci. Nous avons eu avec les diffrents chercheurs et collaborateurs travaillant au sein du projet Gepac, des changes fructueux et de nombreuses discussions qui nous ont galement permis d'amliorer et de rdiger notre travail. Nous pensons particulirement au Professeur Sverin Ccile Abega (de regrette mmoire), pour nous avoir hberg Saa, son village natal, dans le cadre de la collecte de mes donnes sur le case study Obala/Saa, Aurlie Binot, Apollinaire Biloso, Laurence Hanon, Mama Mouanfon, Crisantos Obama. Notre profonde gratitude va galement l'endroit de tout le personnel de lHerbier national du Cameroun, pour leur hospitalit, leur aide et leur franche collaboration. Nous pensons particulirement son directeur JM Onana, les chercheurs JP Ghogue et MN Guedje, tous les techniciens et au personnel administratif. Nous avons bnfici de la logistique au sein de lherbier tout le long de cette thse. Sur le terrain, nous n'aurions certainement pas su mener bien notre tche sans la prcieuse collaboration des ans chercheurs, de nos enquteurs, des chefs de quartier, des membres de la CAUPA qui ont toujours su trouver le temps ncessaire, malgr leurs multiples occupations, pour rpondre nos questions et sollicitations. Nous pensons notamment au Dr. Athanase Bopda, au Dr. Martin Yemefack, M. Leonard Enama, M. Amougou Martin Leopold, Mme Rose Kamtchueng et M. JJ Tiam. La convivialit et la franche collaboration qui animent le personnel et les diffrents membres du Laboratoire de Botanique Systmatique et de Phytosociologie de l'Universit Libre de Bruxelles ont su nous mettre en confiance et rendre plus agrable notre sjour Bruxelles. Nous pensons Monique Vancraenbroeck, Valrie Maluma, Isabelle Isungu, Fardeur Joffroy, Nicolas Barbier, C. Nguembou, V. Deblauwe, C. Masumbuko, KJ Koffi, Serge Kouob, Issouf Bamba, Serge Yedmel, Cline Dan, et Sabas Barima. Prof. Michel Ansay, Sarah Deutsch, Andr Fleury, Isaac Tchouamo, Etienne Tsamo, Dr. M. Yemefack, Dr. A. Bopda, Dr. G. Achoundong, Dr. J. Bogaert, et Tagni Mathias n'ont cess de nous prodiguer conseil ou de nous apporter assistance tout au long de ce travail. Leurs commentaires, encouragements la rdaction de ce document ou la lecture attentive d'un ou plusieurs chapitres de cette dissertation, ont trs obligeamment amlior la qualit de ce travail. Qu'il nous soit permis de leur tmoigner notre profonde gratitude et infinie reconnaissance. Nous exprimons notre reconnaissance lendroit du CIPRE, tant son personnel qu son directeur, M. Roger Tchuente, lequel a orient nos premiers pas dans la thmatique de lagriculture urbaine et nous a accord sa confiance en nous confiant, dans sa structure, le grand programme dappui au dveloppement de lagriculture urbaine et priurbaine, PADIAUP.

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Nos amis, nos parents, qui partagent nos rves, ont toujours su nous soutenir et nous remettre en confiance. Au risque d'oublier plusieurs d'entre eux, nous citerons cependant M. Roger Tiomena, Albert Zeguim, Ferdinand Tsafack, Etienne Voltaire Tsopze, Jules Djeuping, Fabien Dongmo, Michel Ngouene, DP Folefack, Florence Binon, Gabriel Fotia, Billy Chouna, Me Pascal Jogo, Virginie Ngameni, Tata Precillia, famille Zambou, famille Zoyem, qui ont chaque fois, rpondu trs positivement nos nombreuses sollicitations. Nous noublions pas la communaut afro-europenne loge au sein de la maison Social SETM de Saint Gilles. Nos changes ont t fructueux et nous garderons une parfaite collaboration. Tous les membres de notre famille ont toujours su constituer un tremplin dans lequel nous avons inlassablement puis l'indispensable nergie nous permettant de mener bien notre entreprise. Nous sommes infiniment redevables envers la grande famille Adjou Nguegang, Taah Saadio, Ta Malam, Vouffo, Nanfack, Kem Menka, pour les normes sacrifices qu'ils ont consenti notre gard depuis trs longtemps et cette thse est laboutissement de leur encouragement. Nous rservons une place part notre chre maman Odette Nguefack (Maa ooh veuve Adjou Nguegang) et notre chre et fidle pouse Ortance B. Ngougni qui, avec amour et confiance dont nous essayons de nous montrer digne, nous ont appris la persvrance, et surtout le souci de toujours mener bien toute uvre entreprise. Notre pense se tourne galement vers nos trs chers enfants Angle, Joiris, Jean, mes petits frres Piero, Dorette, Paul Golico, Nadge, Mose et tous les autres membres de la famille. Ce travail n'aurait certainement pas abouti sans les sacrifices qu'ils ont sans cesse consentis, sans les nombreux encouragements qu'ils n'ont cess de nous prodiguer et sans l'nergie qu'ils n'ont cess de nous insuffler. De nombreuses autres personnes ont normment contribu l'aboutissement de ce travail. Nous savons que nous avons oubli trop de noms et nous demandons ds prsent indulgence pour cette faiblesse. Que ces nombreuses personnes que nous n'avons pu nommer, trouvent cependant ici, l'expression de notre profonde reconnaissance. Prosper Asaa Nguegang

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Liste des figures Figure 1 : Diagramme ombro-thermique de Yaound... 14 Figure 2a : Rpartition des saisons des pluies partir des donnes climatiques de 1991-2005 14 Figure 2b : Rseau hydrographique et bassins versants de Yaound 16 Figure 3 : Population rurale et urbaine des pays du Nord et du Sud, de 1950 2030.. 22 Figure 4 : Plan de la station de Yaound et ses environs en 1911 23 Figure 5 : Yaound au centre de son arrire-pays immdiat en lan 2000 28 Figure 6 : Les marchs dans Yaound la fin des annes 1980 30 Figure 7: Evolution de lespace urbanis Yaound entre 1980 et 2001. 32 Figure 8 : Les primtres successifs de Yaound.. 33 Figure 9&10 : Carte administrative de la ville de Yaound.. 48 Figure 11 : Vue de la rgion de Yaound.. 49 Figure 12: Carte des zones de recherche... 50 Figure 13 : Echantillonnage par type despace en AUP Yaound. 53 Figure 14 : Reprsentation schmatique d'une filire simple 54 Figure 15 : Modle de l'unit de production et de consommation d'une famille paysanne... 55 Figure 16 : Frquence des types de motivation. 62 Figure 17 : Proportion des classes d'ges des rpondants. 63 Figure 18 : Sexe des rpondants 64 Figure 19 : Niveau dducation en fonction des zones.. 64 Figure 20 : Origine ethnique des rpondants. 65 Figure 21 : Types topographiques des zones de production.. 66 Figure 22 : Classe de superficie exploite 67 Figure 23 : Proportion des sources dapprovisionnement en eau.. 68 Figure 24: Mode dacquisition des parcelles dans les trois zones urbaines.. 69 Figure 25 : Activits principales 71 Figure 26 : Activits secondaires.. 71 Figure 27 : Types de cultures pratiques... 72 Figure 28 : Variation des cultures en fonction des zones.. 73 Figure 29 : Frquence des types d'utilisation d'engrais chimiques 74 Figure 30 : Frquence des types d'utilisation d'engrais organiques.. 74 Figure 31 : Circuits de commercialisation des produits locaux Yaound.. 81 Figure 32 : Revenus moyens gnrs par type dactivits en AUP Yaound pour 36.. 84 Figure 33 : Revenu mensuel par activit suivi pour 36 rpondants en 2006. 84 Figure 34 : La maximisation du profit.. 91 Figure 35 : Formation des producteurs en fonction des zones.. 96 Figure 36 : Quantit de 5 produits vendus au cours de lanne 2006 pour 36 rpondants suivi... 103Figure 37 : Analyse de la variation des quantits (Kg) par rapport aux produits suivis 104Figure 38 : Relation entre quantit vendue- revenu pour 36 rpondants suivis en 2006... 105Figure 39 : Les espaces verts de Yaound dans le schma directeur damnagement urbain.. 124Figure 40 : Liens entre les caractristiques des types dagriculteurs et les gradients.. 129Figure 41 : Cycle dutilisation des dchets mnagers chez les leveurs agriculteurs de Yaound.. 139Figure 42 : Cycle dutilisation des dchets mnagers chez les non-leveurs agriculteurs de Yaound.. 139Figure 43 : Processus de valorisation des ordures biodgradables en AUP. 141Figure 44 : Contrat de pr-achat des produits agricoles tabli entre un commerant et un producteur dans la zone de lOuest-Cameroun.

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Listes des tableaux Tableau 1 : Outillage et infrastructure utiliss en zone urbaine et PU de Yaound. 36 Tableau 2 : Les pesticides les plus utiliss dans le marachage. 41 Tableau 3 : Critres de choix de quelques produits... 51 Tableau 4 : Rpartition des rpondants par zones Yaound... 53 Tableau 5 : Exemple de codification des variables utilises. 57 Tableau 6 : Mthode danalyse des donnes suivant les hypothses 59 Tableau 7 : Frquence des classes de superficie des rpondants.. 67 Tableau 8 : Synthse des variables explicatives des hypothses 1 et 2 partir du test de X2. 70 Tableau 9 : Principales zones dapprovisionnement des produits marachers de la ville. 76 Tableau 10 : Atouts et contraintes du voisinage urbain dans lapprovisionnement des denres... 77 Tableau 11 : Principaux produits marachers vendus dans les marchs de Yaound 78 Tableau 12 : Modle dun carnet de vente de cleri dun producteur de Nkolondom.. 80 Tableau 13 : Quantit et montant total des ventes des produits dAUP en 2006. 83 Tableau 14 : Compte dexploitation des cultures vivrires (mas, haricot, manioc et lgumes en association) dans trois espaces diffrents Yaound..

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Tableau 15 : Compte dexploitation du ndol (Vernonia amygdalina) 98 Tableau 16 : Compte dexploitation du Solanum nigrum. 100Tableau 17 : Compte dexploitation du cleri pour deux producteurs Nkolondom I et II. 102Tableau 18 : Rcapitulatif des comptes de cleri.. 103Tableau 19&20 : Test de Newman-Keuls quantit-produits suivi 104Tableau 21 : Tarifs des travaux la tche (exemple dune planche de 20 m2). 110Tableau 22 : Impact des textes rglementaires sur lAUP et ses acteurs. 115Tableau 23 : Catalogue des espces de plantes fleurs galement utilises en mdecine traditionnelle dans la zone dEkozoa Yaound..

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Tableau 24 : Principales caractristiques des diffrents types de marachers... 128Tableau 25 : Prsence et importance relative de divers lgumes-feuilles sur les marchs urbains dAsie du Sud-Est, dAfrique et dOcanie..

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Listes des planches/photos Planche 1 : Arbres et fleurs de dcors et dombrage au centre ville de Yaound 26Planche 2 : Quartiers urbains lassaut de la valle du palais des congrs au nord de Yaound. 27Planche 3 : Valle marachre ct de lIRAD-Nkolbissong louest de Yaound.. 27Planche 4 : Lagriculture priurbaine dObala dans le ravitaillement vivrier de Yaound.. 28Planche 5 : Scnes courantes de march en plein centre de Yaound en 1966 29Planche 6 : Scnes courantes de march en plein centre de Yaound en 2004 29Planche 7 : Epandage en surface du fumier sur une planche de salade 37Planche 8 : Apport de fertilisants minraux par arrosage dans une planche de cleri Nkolondom 44Planche 9: Association salade/poireau et amarante/poireau en marachage de Yaound. 45Planche 10 : Activits dun producteur plein temps dans laurole urbaine.. 70Planche 11&12 : Botte de cleri et cageot de tomates prt tre livr. 79Planches 13: Champignons prts tre rcolts et livrs.. 85Planches 14 : Planche de cleri prte pour la rcolte et la vente... 86Planche 15 : Vente des lgumes au march 8me, produits provenant de lOuest-Cameroun 86Planche 16 : Verninia amygdalina (ndol) dans les bas-fonds de Yaound. 97Planche 17: Solanum nigrum (morelle noire) et ses semences.. 99 Planche 18: Apium graveolens (cleri) . 101Planche 19 : AUP et emploi, dchets, amnagement de la ville 107Planche 20 : Visite partenariale des chercheurs de GEPAC, de lIRAD, et de lUniversit de Yaound I chez les producteurs Yaound..

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Planche 21 : Processus de production des semences et des champignons comestibles par un producteur Yaound

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Planche 22 : Floriculture et amnagement du territoire urbain Yaound.. 115Planche 23: Plante dappartement . 117Planche 24: Plante de jardin, Aptenia cordifolia Schwant. (Aizoaceae) .. 117Planche 25 : plantes pineuses de scurit : Bougainvillea glabra (Nyctaginaceae). 117Planche 26 & 27 : Plantes porte-bonheur, les rouges (Celosia cristata, Amaranthaceae) et rose (amour sincre et amiti : Pentas lanceolata, Rubiaceae) 118Planche 28 : Plante daloe vera, Aloe barbadensis (Liliaceae) . 118Planche 29 : Visite dun champ exprimental de lgumes mis en place par le programme gouvernemental dhorticulture du Bnin.. 134

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Table de matire : Introduction .............................................................................................................................. 3 Contexte de ltude..................................................................................................................... 3 Organisation de la thse ........................................................................................................... 11 PARTIE I : GENERALITES SUR LE MILIEU................................................................. 12 Chapitre 1 : Le milieu naturel de la rgion de Yaound .................................................... 13

1.1. Situation gographique et environnement climatique.......................................... 13 1.2. Caractristiques physiques et humaines de la ville de Yaound.......................... 18

Chapitre 2 : Historique de lagriculture urbaine dans le monde et Yaound ............... 20

2.1. Bref historique...................................................................................................... 20 2.2. La place et le contexte yaounden de lagriculture urbaine et priurbaine.......... 23 2.3. Lagriculture dans et autour de la ville................................................................. 26 2.4. Les marchs urbains ............................................................................................. 29 2.5. Les pratiques agricoles Yaound et la priphrie ........................................... 31

Chapitre 3 : Matriel et Mthodes........................................................................................ 47

3.1. Mthodes de collecte des donnes ....................................................................... 47 3.2. Mthode danalyse statistique des donnes.......................................................... 56 3.2.1. Instruments et outils danalyse des donnes .................................................... 56

DEUXIEME PARTIE : RESULTATS................................................................................. 60 Chapitre 4 : Typologie des acteurs et des systmes de production.................................... 61

4.1. Analyse exploratoire des donnes socio-dmographiques dans les 3 zones........ 61 4.1.1. Motivations des exploitants faire lagriculture en ville ................................. 61 4.1.2. Proportions en terme de genre dans la population enqute, leur ge, leur origine, leur exprience et leur niveau dducation ......................................................... 63 4.2. Analyse des variables relatives au mode daccs la terre, aux ressources en eau et la superficie exploite dans les trois zones urbaines ................................................. 66 4.3. Analyse des systmes de cultures et des types dactivits ................................... 70

Chapitre 5 : Les types de filires et circuits de commercialisation.................................... 76

5.1. Approvisionnement en produits alimentaires dans la ville de Yaound .............. 76 5.2. Les principaux produits marachers vendus dans la ZPU de Yaound ................ 77 5.3. Typologies des commerants ............................................................................... 78 5.4. Les circuits locaux de commercialisation des produits marachers Yaound ... 80 5.5. La filire marachre producteur-vendeur-consommateur . ............................ 81 5.6. Revenus gnrs................................................................................................... 83

Chapitre 6 : La rentabilit de lagriculture urbaine et priurbaine Yaound .............. 88

6.1. Les cots de production........................................................................................ 88 6.2. Calculs conomiques............................................................................................ 92 6.3. La rentabilit de lAUP sur les cultures vivrires ................................................ 93 6.4. La rentabilit de lAUP sur les cultures marachres ........................................... 96

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Chapitre 7 : Impacts et contraintes de lagriculture urbaine et priurbaine ................. 107 7.1. Impacts de lAUP Yaound............................................................................. 108 7.2. Contraintes de lagriculture urbaine et priurbaine Yaound.......................... 120

TROISIEME PARTIE : DISCUSSION DES RESULTATS, PERSPECTIVES SCIENTIFIQUES ET OPERATIONNELLES ................................................................. 126 Chapitre 8: Discussion des rsultats obtenus par rapport la littrature...................... 127

8.1. Particularit des acteurs de lAUP yaoundenne et des autres villes du monde127 8.2. Avantages mdicinaux et alimentaires des cultures produites en AUP de Yaound et dans dautres villes ..................................................................................................... 135 8.3. Lexploitation du sable comme vecteur des conflits en zone priurbaine de Yaound ......................................................................................................................... 137 8.4. Recyclage des dchets et politiques de fertilisants dans lAUP......................... 139 8.5. Niveau de revenu et de vie des populations ....................................................... 141 8.6. Quel Avenir pour lAUP Yaound : perspectives scientifiques et oprationnelles ?............................................................................................................. 143

Aspects novateurs et originalit de la thse ........................................................................... 145 CONCLUSION GENERALE : ........................................................................................... 146 Rfrences bibliographiques ............................................................................................... 150 Liste des abrviations.......................................................................................................... 160 Annexes : ............................................................................................................................... 162

Annexe 1 : Glossaire des noms scientifiques et vernaculaires de plantes observes dans les jardins dAUP de Yaound ....................................................................................... 163 Annexe 2 : Catalogue des espces de plantes fleurs rencontres dans les jardins de Yaound et leur usage en mdecine traditionnelle......................................................... 164 Annexe 3 : Guide dentretien, questionnaire et guide de lenquteur ............................ 165 Annexe 4: Codification des variables............................................................................. 171 Annexe 5: Analyse statistiques des donnes sur 210 rpondants avec output obtenu ... 175 Annexe 6 : Quantit et montant total des ventes des produits marachers, horticoles et mycicoles en AUP de Yaound en 2006. ....................................................................... 178 Annexe 7 : Valeurs moyennes mensuelles des prcipitations et de lvapotranspiration potentielle dans la zone de Yaound .............................................................................. 180 Annexe 8 : Modalits dobtention dun agrment de vente de produits phytosanitaires181 Annexes 9 : Liste des produits homologus au Cameroun du 24 septembre 2001 septembre 2011 (10 ans). ............................................................................................... 182 Annexe 10 : Liste des produits bnficiant dune autorisation provisoire de vente (APV) du 24 septembre 2001 septembre 2011 au Cameroun (10 ans)................................... 186

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Introduction

Contexte de ltude Le Cameroun est un pays essentiellement agricole. Lagriculture y est pratique par 80 % de la population active. De par son climat vari, ce pays possde 3 grandes zones agro-cologiques : (1) une zone de savane sche au nord, (2) une zone de savane humide au centre et (3) une zone de fort dense humide au sud. Cette diversit cologique favorise la diversification de lagriculture et assure lautosuffisance alimentaire du pays (Tchatat, 1996). A la fin des annes 1970 (avant le dbut des exploitations ptrolires), lagriculture contribuait pour 30 % au PIB et reprsentait 80 % des exportations totales jusquen 1993. Aujourdhui, avec la crise conomique, elle est confronte dimportantes difficults et ne reprsente plus que 25 % des exportations (Defranc, 1995). Elle reste cependant la principale activit conomique sur laquelle misent les populations et lEtat grce la hausse des prix des produits agricoles sur le march international. Dans la plupart des villes camerounaises, la rapide croissance urbaine est un processus souvent mal matris par le fait du nombre croissant et non contrl de gens venant de lintrieur du pays dune part, et du dveloppement plus ou moins ordonn des infrastructures dautre part. Cela entrane dinsolubles problmes de tous ordres (conomiques, sociaux, politiques), notamment dans les domaines de linfrastructure de base (sanitaire, habitat, transport) et de lapprovisionnement en produits de premire ncessit. Or, comme le souligne Schilter (1987), les socits africaines nont pas t prpares ce phnomne de concentration urbaine, cest une des raisons pour lesquelles elles nont pas vraiment intgr ce processus dans leur politique de dveloppement. Il souligne que lAfrique noire connat des difficults de production vivrires et certains pays pouvant compter sur leur propre paysannerie se voient obligs dimporter des produits de base, tels le mas, le manioc, ou dautres denres. De plus, les paysans doivent faire face des problmes de plus en plus inquitants au fil des dcennies : dgradation des sols, exode rural. Au Cameroun, la malnutrition existe aujourdhui parfois dans les campagnes, mais surtout en ville o tous les produits alimentaires doivent tre achets. En fait, le pouvoir dachat extrmement bas, le chmage, le sous-emploi, la pauvret, voire la misre, ont amen une frange importante de la population inventer de nouvelles solutions pour sassurer un revenu. Consciente de ce problme et du constat selon lequel plusieurs projets et politiques de lutte contre la pauvret, de bonne gouvernance, 20 ans aprs sont suivis de peu deffets, la Commission de lUnion Europenne a mis en place un programme dit de Gestion participative en Afrique centrale (GEPAC), afin davoir une comprhension rellement anthropologique du processus, du point de vue de la logique des acteurs, jusqualors insuffisante. GEPAC-Cameroun, programme dans lequel sest droul le prsent travail, sinscrit dans la continuit du programme APFT (Avenir des peuples des forts tropicales) et attire lattention sur une ralit nglige par les projets, celle des zones priurbaines. Il sest assign pour but, dans la rgion de Yaound-Cameroun, danalyser les enjeux et les dynamiques observs dans ces espaces priurbains et dtudier limpact de la mise disposition des informations sur les processus de concertation entre acteurs. Dans le cadre des activits de ce programme, sept pays dAfrique centrale sont concerns (Rpublique dmocratique du Congo, Tchad, Guine quatoriale, Rpublique centrafricaine, Gabon, Congo-Brazzaville, Cameroun). Lun de ses volets (la composante ethnocologie applique) mne des recherches sur les dynamiques foncires, les filires agricoles, les impacts environnementaux des activits agricoles urbaines.

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Concepts et dfinitions Lagriculture, au sens large, est lensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des vgtaux et des animaux utiles lhomme (Petit Robert, 1973). Dans un sens plus restreint, lagriculture est lensemble des travaux qui sappliquent au sol afin de produire des vgtaux intressants pour ltre humain. Dans le cadre de cette tude, nous nous sommes plus particulirement intress lagriculture urbaine et priurbaine.

Les problmes de dfinition de lespace urbain et priurbain Comme lcrit Snrech (1997), la ville est un concept flou, ce qui complique la dfinition de lagriculture urbaine, puisque celle-ci est dfinie par rapport la ville . Pour nous, dans le contexte camerounais, la ville est une unit urbaine tendue et fortement peuple (par opposition aux villages) dans laquelle se concentrent la plupart des activits humaines. Cependant, on distingue des dfinitions statistiques de la ville (celles qui sont utilises dans les recueils de donnes statistiques), des dfinitions analytiques (celles qui sappuient sur lanalyse des spcificits du milieu urbain), et des dfinitions gographiques (fondes sur lutilisation de lespace). Les dfinitions statistiques elles-mmes sont extrmement diverses selon les pays. Elles prennent en compte des critres dmographiques, complts parfois par des critres administratifs et conomiques. Les dfinitions analytiques considrent que les critres dmographiques sont insuffisants pour saisir la spcificit du monde urbain par rapport au monde rural. Coquery-Vidrovich (1988) propose la dfinition suivante de la ville : la ville est un centre de densification humaine et de diffusion culturelle ; son existence repose sur des conditions conomiques et politiques particulires dorganisation de la production et des changes : un surplus agricole nourrissant des spcialistes non agricoles, une classe de dirigeants, une classe de marchands . Il existe dautres critres de dfinitions : la permanence dactivits de service lies lexercice du pouvoir politique (De Maximy, 1988) ; le niveau dquipement social (coles, hpitaux, casernes, etc.) ; le degr de montarisation des changes. Pour Braudel (1980), la ville est le lieu de llaboration montaire, o les dpenses par tte sont deux fois plus leves quen milieu rural. Les dfinitions gographiques considrent la ville physique, c'est--dire lagglomration, telle quelle peut tre repre partir de lobservation visuelle, de la photographie arienne ou de limage satellitaire (Tricaud, 1996). Cet auteur dfinit lespace urbain, au sens strict, comme lensemble des parcelles bties ou revtues, c'est--dire les parcelles portant des btiments ou majoritairement couvertes dun revtement empchant la vgtation (dallage, ciment) ou dun sol majoritairement tass pour assurer la circulation (cour, march). Ces parcelles sont ainsi dfinies par leur absence de vgtation et leur impermabilit. On dfinit la ville, ou lagglomration, au sens le plus troit, comme un espace urbain de surface ou de population suprieure un seuil donn. LONU (Organisation des Nations Unies), la base de donnes Gopolis et lINSEE (Institut National franais des Statistiques et Etudes Economiques) recommandent de considrer comme agglomres des constructions loignes de moins de 200 m en Europe, ou de moins de 500 m en Amrique Latine (Olanrewaju et al., 2004). LIAURIF (Institut damnagement et durbanisme de la rgion Ile-de-France) distingue trois catgories dusage du sol : rural, urbain construit (bti ou revtu), urbain ouvert (parcs et jardins, terrains de sport, cimetires). Mais les villes, si denses soient-elles, ne sont pas des continuums despaces btis contigus. Lenveloppe urbaine, ou

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primtre urbain, englobe un certain nombre despaces urbains extrieurs et despaces non urbains intrieurs. A mesure que lon sloigne du centre, certains caractres distinctifs de la ville et de la campagne suivent un gradient croissant ou dcroissant : densit des espaces btis et revtus ; caractre montaire des productions ; pression foncire. Ce gradient permet didentifier des espaces urbain, rural ou priurbain, sans tracer leurs limites prcises (Tricaud, 1996). Au regard des dfinitions susmentionnes, nous ne pouvons pas cerner les limites du phnomne, mouvant dans le temps et dans lespace. En ralit, dire l o commence la ville et l o sarrte la campagne, nest pas vraiment chose aise. Maitland en 1898, examinant lhistoire des villes en Angleterre au 19me sicle, buttait dj sur cet embarras puisquil se demandait comment opposer le "bourg" au "village" (Mendo Ze, 1999). Par la suite, les sociologues, de plus en plus nombreux, sinterrogent sur le sens du concept de ville, espace urbain et mme cit. Ce dernier terme, cher aux anciens, est encore plus ambivalent aujourdhui. Mendo Ze (1999) rappelle que le terme cit connote tout ce qui est ordonn, civilis, pens, structur. Campagne , en revanche, dsigne ce qui est ltat de nature, ce qui est chimiquement pur, ce qui pour certains na pas dallure. Aussi, les expressions monde rural, ruralit, campagne, restent chez les chercheurs et les smanticiens, assez imprcises, vagues et, somme toute, teintes dambigut lorsquon dcide de les redployer sur le terrain ; parce que la ralit quelles connotent comporte plusieurs composantes spatiales sociales, conomiques, culturelles, historiques et sociologiques. Cela dit, nul ne peut douter de lexistence dun monde rural ni dun milieu urbain aujourdhui. LInstitut suprieur dtudes conomiques (INSEE), a caractris l'espace priurbain, sur la base de ce quil appelle le Zonage en aires urbaines (ZAU). Le ZAU est une dlimitation virtuelle ou matrielle de la ville ou du priurbain par des couronnes concentriques bases sur quelques observations assez simples :

Le peuplement est continu, du plus urbain au plus rural ; ce sont les migrations pendulaires de travail qui structurent le plus significativement les espaces ;

Les espaces urbains sont polariss par lemploi dans lunit urbaine centrale ;

Le processus est itratif, cest--dire que la premire couronne priurbaine peut en

dfinir une seconde, par lattractivit quelle exerce son tour sur lemploi.

Une analyse multicritres est aussi ncessaire pour dfinir cette "couronne" priurbaine, surtout dans sa dlimitation externe. Ainsi, parmi les nombreux paramtres dmographiques pouvant tre utiliss, le seul accroissement dune commune rurale nest pas pertinent ; les soldes migratoires, les niveaux de densit relative, la structure socioprofessionnelle, les mobilits, notamment dactifs, mais encore le march, le foncier ou limportance du bti rcent peuvent tre pris en compte. Cest cet aspect complexe que souligne Berger (1993), repris par Nja Kwa (2005): Entre une dfinition par trop extensive et non opratoire, et une autre qui assimile la priurbanisation lexode urbain, il est possible de retenir un cadre dtude prenant en compte lessentiel des processus lis aux nouvelles modalits spatiales de la croissance urbaine, et de dcrire lapparition de nouveaux clivages sociospatiaux. Peu importe la limite externe adopte, elle est fluctuante. Lessentiel est de saisir o, comment et pourquoi certains espaces changent en relation avec la proximit dune ville .

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Et lagriculture urbaine et priurbaine ? On ne peut pas faire une sparation nette entre priurbain, urbain et rural. Outre une caractrisation gographique, on doit prendre en compte tout un ensemble de critres et notamment, la comptition entre usage des produits agricoles, la prissabilit des produits concerns, la spcificit des pratiques commerciales (Margiotta, 1997). Le concept d'agriculture urbaine, dans sa dfinition la plus large, englobe une varit d'activits qui peuvent prendre place dans les limites ou en priphrie des agglomrations urbaines (Mougeot, 1994). La production de lgumes, de fruits, d'herbes, de fleurs, de champignons ; l'levage de porcs, de cochons d'Inde, de chvres, de volailles, l'aquaculture, l'apiculture, les activits de production forestire et mme, parfois, la transformation et la vente des produits de ces activits dans les villes et dans sa priphrie, sont considrs comme des activits d'agriculture urbaine et priurbaine (Egziabher, 1994). Pour Nugent (1997), une dfinition plus restrictive la limite la production d'aliments. Pour Fleury et Donadieu (1997), lagriculture priurbaine, au strict sens tymologique, est celle qui se trouve la priphrie de la ville, quelle que soit la nature de ses systmes de production. La terminologie anglo-saxonne dcrite par Olanrewaju et al. (2004) ne fait pas de diffrence entre priurbain et urbain: lagriculture priurbaine correspond lagriculture urbaine et est considre comme lagriculture localise dans la ville et sa priphrie, dont les produits sont destins la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole des ressources. Lencadr 1 ci-dessous reprend la synthse et lanalyse faites par Moustier et Fall (2004) de neuf dfinitions de lagriculture urbaine et priurbaine donnes par les chercheurs et des institutions internationales comme le PNUD et la FAO depuis une douzaine dannes. 1. Urban agriculture is an industry that produces, processes, and markets food and fuel, largely in response to the daily demand of consumers within a town, city or metropolis, on land and water dispersed throughout the urban and peri-urban area, applying intensive production methods, using and reusing natural resources and urban wastes, to yield a diversity of crops and livestock (Undp, 1996). 2. Urban agriculture is an industry located within (intra-urban) or on the fringe (peri-urban) of a town, an urban centre, a city or a metropolis, which grows or raises, processes and distributes a diversity of food and non-food products, (re-)using mainly human and material resources, products and services found in and around the urban area, and in turn supplying human and material resources, products and services largely to that urban area (Mougeot, 2000). 3. While there is not yet a universally agreed-upon definition, urban and peri-urban agriculturereferred to jointly in this paper as UPA, except in the cases where a clear distinction must be madeis perceived as agricultural practices within and around cities which compete for resources (land, water, energy, labor) that could also serve other purposes to satisfy the requirements of the urban population. Important sectors of UPA include horticulture, livestock and milk production, aquaculture, and forestry (Fao, 1999). 4. Urban agriculture is defined as agriculture that occurs in or on the perimeters of cities, for market purposes. As such, it contains the elements of both urban and peri-urban agriculture (Ipc, 1999). 5. Lagriculture priurbaine, au strict sens tymologique, est celle qui se trouve la priphrie de la ville, quelle que soit la nature de ses systmes de production. Avec la ville, cette

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agriculture peut soit navoir que des rapports de mitoyennet, soit entretenir des rapports fonctionnels rciproques. Dans ce dernier cas, elle devient urbaine et cest ensemble quespaces cultivs et espaces btis participent au processus durbanisation et forment le territoire de la ville (Fleury et Donadieu, 1997). 6. Lagriculture priurbaine correspondant lagriculture urbaine selon la terminologie anglo-saxonne est considre comme lagriculture localise dans la ville et sa priphrie, dont les produits sont destins la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole des ressources ; lalternative ouvre sur des concurrences, mais galement sur des complmentarits entre ces usages : foncier bti et foncier agricole ; eau destine aux besoins des villes et eau dirrigation ; travail non agricole et travail agricole ; dchets mnagers et industriels et intrants agricoles ; coexistence en ville dune multiplicit de savoir-faire dus des migrations, cohabitation dactivits agricoles et urbaines gnratrices dexternalits ngatives (vols, nuisances) et positives (espaces verts) (Moustier et Mbaye, 1999). 7. Urban agriculture is farming and related activities that take place within the purview of urban authorities . . .[where urban authorities are] the panoply of laws and regulations regarding land use and tenurial rights, use of water, the environment, etc., that have been established and are operated by urban and municipal authorities. Urban agriculture takes place within certain boundaries which may extend quite far from an urban centre, while peri-urban agriculture takes place beyond that often geographically precise boundary, although its own outer boundary may be less well defined (Aldington, 1997). 8. Urban agriculture refers to farming or livestock keeping within the municipal boundaries. Peri-urban agriculture refers to the same activities in the area immediately surrounding the city in areas where the presence of the city has an impact on land values, land use, property rights, and where proximity to the urban market and urban demand drive changes in agricultural production (Maxwell et Armar-Klemesu, 1998). 9. Urban agriculture is understood as agricultural activities undertaken within the urban area or its surroundings, by people living within the citys administrative boundaries (Lourenco-Lindell, 1995). Ces dfinitions peuvent tre classes selon diffrents critres. La dfinition n. 4, qui dfinit lagriculture urbaine ou priurbaine principalement par rapport au march urbain, a lavantage de la simplicit mais elle manque de spcificit par rapport lagriculture rurale. Si la localisation est spcifie ( lintrieur de la ville ou sa priphrie), cette indication est peu prcise. La dfinition n. 1 dfinit lagriculture urbaine ou priurbaine de manire prcise et oprationnelle, par rapport lintensification des systmes de production et lutilisation des dchets urbains. Cependant, cette dfinition est restrictive, car certaines formes de production urbaine sont extensives, et certaines exploitations nutilisent que des fertilisants chimiques et pas de dchets urbains. Les dfinitions n. 2, 5 et 6, qui dfinissent lagriculture urbaine ou priurbaine par rapport aux flux de ressources et de produits entre lagriculture et la ville, ces flux crant des

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concurrences et des complmentarits entre usages agricoles et non agricoles, apparaissent comme les plus pertinentes : elles font bien ressortir la spcificit de lagriculture urbaine. Les dfinitions n. 7, 8 et 9, qui dfinissent lagriculture urbaine principalement en fonction des limites administratives de la ville, sont les plus oprationnelles, mais elles sont peu analytiques et elles excluent des zones trs proches de la ville mais appartenant des juridictions diffrentes de la municipalit, qui peuvent tre beaucoup plus influences par lexpansion de la ville que certaines zones urbaines. Quant la distinction entre agriculture intra-urbaine, priurbaine, urbaine, elle diffre selon les auteurs. La dfinition n. 2 considre lagriculture urbaine comme englobant lagriculture intra et priurbaine. La dfinition n. 6 considre lagriculture priurbaine comme englobant lagriculture intra et priurbaine au sens strict et comme synonyme de lagriculture urbaine. La dfinition n. 8 considre lagriculture urbaine comme synonyme dagriculture intra-urbaine. La dfinition n. 5 fait une diffrence entre agricultures urbaine et priurbaine selon la prsence ou labsence de rapports fonctionnels entre ville et agriculture. Les autres dfinitions ne suggrent pas de diffrences entre les trois termes. Dans certaines dfinitions, le type dactivits englobes sous le vocable dagriculture est prcis : activits de production, commerce, transformation ; productions vgtales et animales, alimentaires et non alimentaires (n. 1, 2, 3 et 8). Encadr 1 : Dfinitions et commentaires sur lAUP. Source: Moustier P.et Fall A. S., 2004

Pour nous, lagriculture urbaine et priurbaine est celle qui entretient des rapports fonctionnels rciproques avec la ville de Yaound.

Le concept de multifonctionnalit de lagriculture urbaine et priurbaine La "multifonctionnalit" nest pas, en soi, un concept agricole mais un concept social qui exprime les jugements mutuels en matire dutilit et de consquences. Dans lespace priurbain, ce jugement est mis par le monde citadin voisin ; il identifie des valeurs qui peuvent faire lobjet de plusieurs formes dutilisation (Awa Ba, 2007). La multifonctionnalit de lagriculture, concept relativement rcent, recouvre une ralit trs ancienne (Jouve, 2007). Lagriculture, en effet, est par essence multifonctionnelle, assurant conjointement la production de nourriture et des fonctions dintrt collectif (conomiques, sociales, environnementales, territoriales) (Delorme, 2002). Pour Jouve (2007), cette notion a merg dans les annes 1990, en raction aux effets ngatifs du systme productiviste agricole : pollution des ressources, risques alimentaires, diminution de la biodiversit, dsertification des zones rurales, etc. Par extension, elle sapplique aussi au territoire dont lagriculture demeure le principal agent de structuration (Roux, 2005) et une source importante dexternalits (positives et ngatives), notamment damnits (Davodeau, 2005). Dans les espaces priurbains, ces amnits peuvent tre mobilises pour dvelopper des relations de qualit entre la ville et son agriculture priphrique, particulirement pour son alimentation et son environnement. Cest dans ce sens que le recours la multifonctionnalit de lagriculture apparat comme une chance de pouvoir construire un ensemble agri-urbain durable.

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Problmatiques Aucun pays ne reste lcart des grands phnomnes de concentration des populations dans les mtropoles (Broutin et al., 2005). Le Cameroun nest pas en marge de ce problme. Les villes camerounaises se dveloppent et grignotent les espaces naturels et agricoles, engendrant des conflits dusage de la terre. Or, ces zones o apparaissent des signes dintensification des systmes de production, jouent un rle dterminant dans lapprovisionnement des villes et marchs dexportation et sont sources de revenus et demplois. Le maintien des espaces agricoles et naturels et de la productivit des cosystmes fragiliss par une exploitation irrationnelle des ressources ncessite une ngociation complexe, impliquant les populations urbaines et priurbaines, ainsi que lEtat et les lus locaux. Les grandes villes du Cameroun connaissent des taux de croissance moyenne de lordre de 6 % par an (Gockowski, 2002). Cette croissance est en partie due au phnomne de migration de jeunes vers les centres urbains. Ce flux migratoire a eu, outre des implications dmographiques, des rpercussions ngatives sur lemploi et la gestion des ressources disponibles (Snrech, 1997). Au niveau socioculturel, beaucoup de mouvements de va-et-vient entre campagne et ville ont induit des pratiques agricoles diffrentes et des regroupements rgionaux par affinit. Aujourdhui, le chmage menace de plus en plus les grandes villes camerounaises, de nombreux retraits disposent de maigres pensions, de nouvelles activits productives de revenus apparaissent, les vendeurs ambulants se multiplient et font de moins en moins de recettes, les migrants en provenance des zones rurales continuent daffluer (Margiotta, 1997). Des regroupements rgionaux se multiplient et ces mouvements de va-et-vient entre campagne et ville deviennent trs frquents. En rponse cette croissance urbaine, on voit se dvelopper une production agricole autoconsomme et commercialise, lintrieur des villes (agriculture urbaine), et leur proche priphrie (agriculture priurbaine) (Moustier, 2001). Des acteurs trs divers, en termes dorigine socioculturelle ou conomique, sont impliqus dans les activits de production et de commercialisation de ce systme de production urbaine : jeunes dscolariss (qui nont pas de formation spcifique), femmes avec ou sans autres sources de revenus, fonctionnaires dflats1 (Richter et al., 1995 ; Gura, 1996). Cette forme dexploitation du milieu reprsente un enjeu majeur en termes demploi, de cadre de vie, de gestion des dchets et dapprovisionnement des villes en produits frais (Moustier, 1990). Cependant, les pratiques de ce type de systme de production comportent des risques conomiques et sanitaires qui doivent tre prvenus et matriss (PNUD, 1996). Les produits typiques de cette agriculture sont prissables et de forte valeur ajoute. Par ailleurs, bien des gens ramassent dans les poubelles de la terre noire issue de la pourriture de dchets divers et sen servent pour fertiliser les jardins. Les produits qui en sortent sont susceptibles de contenir des mtaux lourds dangereux la consommation (Margiotta et al., 1997). Cette situation complexe, interpelle srieusement les urbanistes, les dcideurs, les chercheurs, les cologistes et autres responsables techniques. Faut-il interdire lagriculture urbaine et priurbaine (AUP) ? Les politiques visant ralentir ou empcher lexode rurale stant souvent avres inefficaces (Margiotta, 1997 ; Temple, 2001), il faut dsormais faire face la ralit. Il est donc ncessaire dapprofondir les tudes relatives ces pratiques dans chacun des cas. Cest pourquoi, notre tude se propose danalyser les enjeux et les dynamiques observs dans ces espaces agricoles, ainsi que dtudier limpact de la mise disposition des informations sur les processus de concertation entre acteurs et sur la gestion des ressources naturelles dans la ville de Yaound. Des recherches sont menes sur les modalits dexploitation des ressources (dynamiques foncires, filires agricoles, typologie des acteurs), les retombes et les 1 Au Cameroun, le mot "dflat" dfinit l'agent de la fonction publique et du secteur parapublic qui est "compress" selon une politique officielle de dgraissage des effectifs de l'Etat et de restrictions budgtaires drastriques qui ont suivi la grave crise conomique et financire de 1986-1987 (Edjengul Mbonji, 2008).

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consquences de lactivit (revenu conomique et bilan cologique, apport dans le discours actuel de lamnagement du territoire, impacts environnementaux) et les dimensions de la recherche applique (voies et moyens institutionnels et les techniques pour lamliorer, lencourager ou linterdire). Les rsultats de notre tude seront traduits en outils dinformation, en particulier sous forme de recommandations relatives aux pratiques permettant damliorer la situation au niveau des dcideurs. Objectifs de ltude Lobjectif gnral de notre travail est de raliser une analyse fine et partage des processus en cours qui ont trait lactivit agricole en milieu urbain et priurbain et ce, dans trois espaces Yaound. Plus spcifiquement, ltude vise 1) identifier et analyser les processus de mutation de lespace dans les franges dexpansion urbaine, 2) analyser les dynamiques de changement des activits agricoles et leurs performances conomiques face aux nouvelles opportunits et contraintes lies lexpansion urbaine, 3) analyser les enjeux cologiques des espaces naturels et/ou agricoles dans linterface rural/urbain, et les pratiques innovantes en matire de prservation de la biodiversit et de diminution des nuisances dans un contexte de raret des ressources en eau et en terre. Ce travail analyse galement en quoi et comment une meilleure connaissance des dynamiques et des enjeux par les acteurs locaux peut contribuer favoriser une gestion plus concerte et plus durable de lespace agricole urbain Yaound. Dans le cadre de cette recherche, trois espaces ont t retenus sur un gradient de ruralit croissante (9, 37, 60 km) : (1) laurole urbaine de la ville constitue de plusieurs quartiers, (2) la zone priurbaine de premier degr (Nkolondom, Obala), (3) et la zone priurbaine de second degr (Saa, zone de transition entre la zone priurbaine de Yaound et lhinterland rural). Questions de recherche et hypothses Face la monte de lagriculture dans ces trois types despaces et la consommation et commercialisation des produits issus de cette activit dans la ville de Yaound, nous nous sommes pos les questions de recherche suivantes par catgories thmatiques: i. Questions lies aux modalits dexploitations : * quels sont les acteurs impliqus dans ce systme de production agricole dans la ville et sa priphrie ? * comment est-elle pratique, quel est son mode de fonctionnement et quelles sont les techniques de productions? * quels sont les principaux produits issus de cette activit ? * quels sont les types dcosystmes, de climat et des sols dans ces milieux ? ii. Questions lies aux retombes et consquences de lactivit : * quelle est sa valeur relle et quelle est la durabilit de cette pratique (revenu conomique et bilan cologique) ? * quel est limpact socio-conomique de ce systme de production agricole dans la lutte contre la pauvret, son apport dans le discours actuel en matire de lamnagement du territoire ? * quel est son impact sur la sant des populations ? * quelles sont les diffrentes contraintes de lAUP du point de vue agronomique, ethnobotanique, cologique, socioculturel et quelles sont les tensions importantes concernant laccs la terre des populations ?

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* quels liens entretient la zone urbaine et priurbaine avec lhinterland rural et les populations vivant dans les zones avoisinante ? iii. Questions lies la diffusion et lapplication des rsultats de recherche obtenus : * quels sont les voies et moyens institutionnels et techniques pour amliorer, encourager ou interdire cette pratique? Les hypothses de travail Notre travail se fonde sur plusieurs hypothses issues de nos observations et daffirmations souvent avances sur lagriculture urbaine que nous chercherons vrifier. H1 : la pratique de lagriculture urbaine et priurbaine se fait principalement sur les bas-fonds marcageux et sur les versants de collines en toute saison de lanne. H2 : La majeure partie des acteurs impliqus proviennent de la couche de la population la plus dfavorise (chmeurs et les pauvres) et sont surtout des femmes. H3 : Les systmes de cultures sont varis, aussi bien dans le noyau urbain quen priphrie de la ville (cest--dire quil ny a pas de diffrences significatives en ce qui concerne les systmes de production dans les trois espaces retenus). H4 : Lestimation du rendement des cultures nest pas une priorit pour les agriculteurs urbains et priurbains de Yaound.

Organisation de la thse La premire partie de ce travail consiste en une revue bibliographique qui commence par une prsentation du milieu naturel de la rgion de Yaound (chapitre 1), de lhistorique de lagriculture urbaine Yaound et des pratiques agricoles dans et autour de Yaound (chapitre 2). Elle dcrit ensuite les mthodes de collecte et danalyse des donnes (chapitre 3) La deuxime partie prsente essentiellement des rsultats qui nous permettent de caractriser lagriculture urbaine et priurbaine Yaound. Le chapitre 4 dcrit les acteurs et facteurs de lagriculture urbaine et priurbaine et est suivi de la rentabilit de lactivit (chapitre 6). Le chapitres 7 analyse les impacts de cette activit dans la ville. La troisime partie consiste en la discussion de nos rsultats travers la littrature et prsente une conclusion sur les particularits de cette activit montante et controverse.

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PARTIE I : GENERALITES SUR LE MILIEU

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Chapitre 1 : Le milieu naturel de la rgion de Yaound

1.1. Situation gographique et environnement climatique Le Cameroun est situ en Afrique centrale (140 et 1305 N ; 830 et 1610E). Sa forme gnrale simule un triangle dont le plus grand axe orient SSW-NNE (Campo-Lac Tchad) a 1280 km de longueur (Sonk, 1998). Lautre grand axe perpendiculaire au prcdent (Ouesso-embouchure de Akwayafe) a 900 km. En tenant compte de sa superficie, soit 475.000 km, il est plac 21me pays dAfrique (Olivry, 1986 ; Onana, 1995 ; Sonk, 1998). Le Cameroun partage 4700 km de frontires avec le Nigeria, la Guine quatoriale, le Gabon, le Congo, la Rpublique centrafricaine (RCA) et le Tchad. Le Cameroun a une faade sur la mer dune longueur denviron 400 km (Onana, op.cit.). Ce pays offre un relief trs diversifi qui est d en grande partie son tirement en latitude (figure 1, carte de lAfrique). On distingue louest, une chane de montagne (dorsale camerounaise) qui part du golfe de Guine et stend presque jusquau lac Tchad ; cette chane est domine par le mont Cameroun qui culmine 4070 m. Au nord, de vastes plaines, traverses ou bordes par la Bnou et le Logone, touchent aux marcages du lac Tchad. Le plateau de lAdamaoua situ entre les plaines du nord et le plateau mridional a une altitude moyenne comprise entre 900 et1500 m. Le centre (plateau mridional) est un vaste plateau de 600 900 m daltitude ; ce plateau a une surface plus ou moins uniforme, interrompue par endroits par des points qui ne dpassent gure 1200 m daltitude. Le bassin littoral est constitu de plaines ctires et laltitude ne dpasse pas 300 m. Cette rpartition des reliefs pourrait, dans une certaine mesure, commander la rpartition des grands groupements vgtaux ; mais dautres facteurs exercent le plus souvent une influence prpondrante, par exemple les facteurs climatiques, paloclimatiques, et accessoirement pdologiques (Letouzey, 1968). La ville de Yaound avec ses environs est incluse dans le plateau mridional et est situe dans la province du Centre-Cameroun. Elle stend entre les latitudes 206 et 614N et les longitudes 942 et 1345E (Tchatat, 1996). Le relief de la ville de Yaound est constitu dun ensemble de collines et de valles dune altitude variant entre 700 et 1200 m. Les donnes enregistres au service provincial de la mtorologie du Centre, sur une priode de plus de 10 ans (1991-2006), nous renseignent sur le climat de la rgion de Yaound et de ses environs (Annexe 1).

1.1.1. Vent, temprature et humidit de lair La temprature de la rgion de Yaound varie de 18C 28C en saison humide et de 16C 31C en saison sche. La temprature moyenne annuelle est alors comprise entre 17C et 30C, tale sur quatre saisons de cultures. Les vents sont rarement violents, sauf dans les cas de tornades accompagnes de bourrasques. Les amplitudes thermiques annuelles sont relativement faibles, et sont de 9C Yaound, 8C Obala et Ebolowa. Les valeurs disponibles concernant lhumidit de lair manent des stations mtorologiques du Centre Yaound. Elles montrent que les variations des maxima dhumidit de lair sont trs faibles au cours des cinq dernires annes (2002-2006) et sont proches de la saturation (100%). Les valeurs minimales sont plus variables et prsentent un maximum entre juillet et aot (78%) et un minimum en fvrier (65%).

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1.1.2. Prcipitations La rgion de Yaound appartient au climat quatorial guinen (Moby-Etia, 1979), sous-type subquatorial (Trochain, 1976) quatre saisons : deux pluvieuses et deux sches : (1) une grande saison sche qui va de novembre fvrier, (2) une petite saison des pluies qui se situe entre mars et juin, (3) une petite saison sche de juin aot et (4) une grande saison des pluies allant de fin aot mi-novembre. Le nombre de mois secs au sens de Bagnouls et Gaussen (1953) varie de 1 3. Les prcipitations moyennes annuelles croissent dObala (1369 mm) Ebolowa (1716 mm) avant de redescendre 1697 mm Ambam vers le sud dEbolowa. Pour la ville de Yaound, il tombe en moyenne 1600 mm de pluie par an. Lobservation des donnes thermiques disponibles pour la rgion dtude montre que les variations moyennes mensuelles sont dpendantes des maximales. Cest en fin de la grande saison sche (fvrier) que lon observe leurs valeurs maximales (27C). Celles-ci diminuent de faon trs peu significative pendant les cinq annes denregistrement pour cette station de Yaound.

Figure 1 : Diagramme ombro-thermique de Yaound Source : www.klimadiagramme.de

Figure 2a : Rpartition des saisons des pluies partir des donnes climatiques de 1991-2005 Source : Relevs climatiques de la station de recherche de Minkoameyos-Yaound

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1.1.3. Topographie et Hydrographie Jadis appele ville aux sept collines , la capitale du Cameroun sest dveloppe sur un espace dont la topographie varie joue aujourdhui sur la mise en place des cultures et des constructions. Avec une altitude moyenne de 760 m, la ville stend principalement sur le bassin du Mfoundi. Elle est surplombe louest et au nord-ouest par une zone de hautes collines culminant prs de 1100 m sur le pourtour du plateau de Yaound, dEtoudi au nord Nsimalen au sud, en passant par Essos lest, le plateau dAtemengue au sommet trs plat slve 760 - 780 m et forme autour de Yaound un arc de cercle (Bopda, 1986). Le bassin du Mfoundi Englobant elle seule prs des 2/3 de la zone couverte de constructions urbaines, la cuvette du Mfoundi stend sur prs de 80 km2. Les 2/3 du cours deau suprieur de ce ruisseau coulent entre 820 et 700 m daltitude, soit une dnivellation de 80 m environ. Le profil en long des cours deau de Yaound prsente une pente trs accentue (> 20 %) la naissance. Une rgularisation trs rapide de la pente dcoulement des eaux survient en aval. Appel Mintsa sa source, le Mfoundi prend sa naissance sur le flanc du mont Fb. Il traverse ensuite Yaound du nord au sud et atteint 680 m daltitude 12,8 km en aval. Pendant les deux premiers kilomtres du parcours, 80 des 140 m de dnivellation apparaissent, avant que le ruisseau ne senfonce rellement au milieu des constructions de la capitale. Laltitude du Mfoundi varie lentement aussi pendant la traverse de la ville et le ruisseau ne perd dailleurs que 40 m sur les neuf premiers kilomtres de son parcours urbain. Le bassin du Mfoundi domine celui de la Foulou au nord et au nord-est, celui de lAngaa au sud et une partie de celui de la Mefou au sud-ouest. Le relief du bassin du Mfoundi sorganise en une grossire succession de gradins ou de niveaux daltitude que la ville a progressivement occups (< 720 m, 720 760 m, 760 800 m ; > 800 m). Il est spar des autres cuvettes par un chapelet de petites collines de plus de 760 m. Du nord vers lest : Emana, Ngousso, Mfandema, Essos, Minboman, Nkomo, Eki, Ekoumdoum, Odza, Toutouli et Nsangono. Dans sa partie suprieure, le rseau de drainage sorganise en un rayonnement grossier de petits ruisseaux convergents. Ils se rejoignent approximativement entre la poste centrale et la gare ferroviaire de Mvoly. Olzoa, Abiergu, Ekozoa, Djoungolo, Ntem, Ebogo, Ew et Ak sont les plus grands affluents du Mfoundi dans cette partie que la ville occupera bientt entirement. En aval de celle-ci se trouvent deux autres affluents : la Nki lest et la Biyeme louest. Les cours deau de Yaound coulent surtout dans des valles fond plat que sparent des interfluves gnralement allongs comme des lanires (ex: Messa, Ntougou, Djoungolo, Mvog-Ada, Nkondongo, Kondengui).

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Figure 2b : Rseau hydrographique et bassins versants de Yaound Source : CUY, 2000 1.1.4. Gomorphologie et sols Le Cameroun comprend huit grandes catgories de sols lies au substratum, aux facteurs topographiques, lanciennet de la pdogense et au bioclimat du lieu o il se trouve (Olivery, 1986 ; Tchatat, 1996). Dans la partie centrale du Cameroun, deux catgories seulement sont principalement reprsentes et dcrites par Martin et Segalen (1966). Il sagit des sols hydromorphes et des sols ferralitiques. Les sols hydromorphes Ils se trouvent dans tous les bas-fonds et valles. On peut distinguer les sols hydromorphes organiques et les sols hydromorphes minraux. Les sols hydromorphes organiques se trouvent surtout proximit des fleuves et des bas-fonds tendus. Ils sont forms de matriaux gris, surmonts par un horizon argilo-organique acide relativement pais (de lordre de 50 cm). Il peut mme localement correspondre une paisse couche de terre saccumulant sur quelques mtres. Cet horizon suprieur est relativement riche en matire organique (de lordre de 20 %). Il prsente une forte capacit dchange mais est gnralement trs pauvre en cations. Ce sont donc des sols qui prsentent

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un potentiel agricole certain. Ils requirent toutefois un amnagement important (drainage et amendements minraux) pour pouvoir tre exploits. Quand aux sols hydromorphes minraux, ils occupent les petites valles. Ils prsentent un horizon infrieur gley de couleur gris blanc. Dans les situations exondes, cet horizon se transforme en pseudo-gley (rouille). La teneur en matire organique de lhorizon suprieur varie dans une large gamme (2 20%). Son paisseur est toujours infrieure celle caractrisant les sols prcdents (20 cm au plus). Ces sols prsentent une texture relativement grossire, sableuse, voire graveleuse. Leur origine peut tre clairement alluviale, mais frquemment en particulier dans les ttes de talwegs , les seuls processus pdogntiques expliquent la formation de ces sols. Ils rsultent en effet de la destruction des sols ferralitiques dans un milieu rducteur qui assure llimination des collodes (Ttchotoua et Bonvallot, 1994). Les sols ferralitiques Ils occupent 80 % de la surface totale de la province et sont de loin les plus rpandus dans le centre du Cameroun. Il sagit en gnral de sols rouges orthiques modaux et de sols jaunes topomorphes. Ils se dveloppent sur des roches trs diverses dont les principales caractristiques ont t effaces par des processus daltration et de pdogense extrmement intenses. Cinq grands types de matriaux constituent ces sols ferralitiques :

Les matriaux humifres plus ou moins appauvris, Les matriaux argileux homognes de couleur vive, Les matriaux indurs par les oxy-hydroxydes de fer, Les matriaux argileux bariols, Les matriaux daltration.

1.1.5. Vgtation et faune La vgtation La zone de fort dense camerounaise couvre une superficie denviron 20 millions dhectares. Cet cosystme prsente deux physionomies principales (Letouzey, 1958 ; 1968 ; 1985a et 1985b) : (1) la fort dense humide sempervirente caractrise dans la rgion tudie, entre autres par Anthonetha sp., Brachystegia sp., Tetraberlinia sp., grandes Csalpiniaceae plus ou moins grgaires dominant dautres arbres et arbustes tels que Araliopsis sp., Hypodaphnis sp., Cola sp ; (2) la fort dense humide semi-caducifolie moins humide que les formations prcdentes, caractrise dans ltage suprieur par la prsence de nombreuses espces prcieuses de Sterculiaceae trs grande valeur commerciale. Dans sa limite nord, cette fort semi-dcidue simbrique dans celle des savanes priforestires (Letouzey, 1968) pour remonter jusqu la latitude 615N dans les bassins du Mbam et de la Haute Sanaga. Elle a tendance se dplacer du nord au sud du massif forestier, suite lexploitation forestire et lagriculture itinrante sur brlis (Lanly, 1982) de plus en plus envahissante. Depuis 1970, lespace de la rgion est littralement envahi par une plante parasite, leupatoire Chromolaena odorata L., anciennement Eupatorium odoratum, que lon rencontre aussi bien sur les jachres quen bordure des pistes. Suite leur dgradation, les milieux particuliers comme les raphiales retranches dans les marcages ou les zones hydromorphes paraissent comme les derniers retranchements d'une vgtation naturelle malmene par l'occupation humaine. De plus, l'accroissement de la

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densit des constructions urbaines conscutives l'expansion priphrique de la ville est lui-mme porteuse de problmes de pollution, d'encombrement des cours d'eaux transforms en gouts, de pollution des nappes phratiques, de dboisement pour les besoins de bois de chauffe. La faune La faune de la zone a subi, au mme titre que son habitat forestier, un appauvrissement qualitatif et quantitatif. Les grands pachydermes ont tous disparu. Les btes moins imposantes, comme la gazelle et les biches, sont pratiquement extermines. On ne parle plus des gorilles et autres grands singes que comme des souvenirs d'un pass la fois rcent et rvolu. En revanche, les petits rongeurs et insectes divers sont devenus les plus remarquables lments de la faune. Les espces les plus rencontres sont le cphalophe, laulacode, larthrure et le rat de Gambie. Avec l'expansion de l'agglomration urbaine, les btes domestiques ou d'levage prennent le relais dans un environnement o ne survivent que celles que l'homme a choisies. Dans ce dernier cas de figure, on retrouve les rats, les souris, les cafards et les moustiques dont la prsence en surabondance de certaines varits relve d'une slection anthropique bien souvent involontaire. De cette combinaison particulire des lments du milieu naturel, Yaound et sa priphrie hritent dun milieu pathogne o svissent le paludisme et autres maladies tropicales. Certaines dentre elles, comme la maladie du sommeil, ont connu une rgression sous l'effet d'une campagne cible d'radication.

1.2. Caractristiques physiques et humaines de la ville de Yaound D'aprs le Schma Directeur d'Amnagement et d'urbanisme (SDAU), la ville qui ne couvrait que 1500 ha en 1957, 5250 ha en 1979, s'tend sur environ 6400 ha, soit une densit de 86 habitants l'hectare (8600 habitants au km) (Ttchotoua et Bonvallot, 1994 ; Sergio Oliete, 2002). Les quartiers les plus densment peupls (plus de 30.000 habitants au km) sont tous d'occupation spontane (Tchotchoua, 1993). La population de Yaound a accr considrablement depuis lindpendance du Cameroun en 1960. Son taux de croissance annuel se situait avant 1976 autour de 9 %, et de 6,2% par an entre 1977 et 1990. Actuellement, le taux de croissance moyenne sest stabilise environ 4,7 % par an (Sergio Oliete, 2002). Cette croissance a fait passer la population de Yaound de 5.865 habitants en 1926 649.252 en 1987 et 1.090.759 en 1995 (Wethe, 2000). A lheure actuelle, cette ville compte plus de 230.000 logements et 1.200.000 habitants rpartis sur une superficie de 13.500 ha (Sergio Oliete, 2002, Encarta 2002). Dcoupe en six arrondissements, Yaound possde plus d'une centaine de quartiers dont quelques-uns sont les suivants : - Bastos : Quartier rsidentiel chic au nord de Yaound et sige de plusieurs ambassades. - La briqueterie : galement appel La Brique et situ au centre, il est le quartier musulman de Yaound. - Camp SIC hippodrome : Vieux quartier rsidentiel, situ dans l'ancien centre-ville, avec la majorit des banques et quelques ministres. - Etoudi : toudi est un quartier au nord de Yaound abritant la prsidente de la rpublique du Cameroun.

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- Nlongkak : Nlongkak est un quartier au Coeur de Yaound abritant les services du Gouverneur de la province du Centre de la rpublique du Cameroun. Une grande partie de ce quartier appelle Ntaba vient d'tre dtruit le 29 Jullet 2008 sans pravis et sans mise en dmeure par le delegu du gouverneprs de la communaut urbaine de yaound. - Essos : Grand quartier populaire du centre-est de Yaound. - Madagascar : Quartier populaire du nord-ouest de Yaound. - Mendong : Mendong est un quartier situ au sud-ouest de Yaound. Le quartier s'est dvelopp tout au tour du camp SIC construit au dbut des annes 80. - Biyem-Assi : Biyem-Assi est un quartier populaire de louest de Yaound - Mokolo : Mokolo est le quartier commercial du centre-ouest de Yaound. Il abrite le grand march de Yaound et plusieurs marchs en bordure de route mais aussi d'choppes. Commerants et automobiles s'y discutent la chausse. Ce quartier est trs dense avec une population diverse. - Ngousso : Ngousso est un quartier du nord-est de Yaound. Il est le sige de l'hpital gnral de Yaound. - Nkondengui : Nkondengui est un quartier au sud-est de Yaound abritant la prison centrale de Yaound, de loin la plus clbre prison du cameroun. - Santa Barbara : Santa Barbara est un nouveau quartier hupp de Yaound ou habitent des gens appels communment au Cameroun les "nouveaux riches". - Obili : Obili est un quartier de l'ouest de Yaound. Il abrite l'IRIC (Institut international des relations internationales du Cameroun). - Autres quartiers: Olembe, Emana, Etoa-Meki, Mvog Atangana Mballa, Mvog-Beti, Mvog-Mbi, Olezoa, Ekounou, Ekoudou, Mvam, Etoug-Ebe, Melen, Mini-ferme, Cit-verte,

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Chapitre 2 : Historique de lagriculture urbaine dans le monde et Yaound

2.1. Bref historique Lhistoire de lagriculture urbaine et priurbaine (AUP) est ancienne et relativement lie au processus colonial, puisque certaines catgories de la population immigre fort pouvoir d'achat ont introduit de nouveaux comportements alimentaires (Moustier et Pages, 1997). Des ceintures vertes destines fournir des produits frais ont alors t cres pour rpondre ces besoins nouveaux. Cette forme d'agriculture est souvent moderne ; elle a t favorise par des investisseurs locaux (commerants, fonctionnaires, hommes daffaires, etc.) (Centrs ,1995) et elle est particulirement adapte certains produits (lgumes et lait, notamment). Depuis le dbut des annes 1970, l'agriculture urbaine et priurbaine fait en outre l'objet d'un nombre croissant d'interventions par le biais dagences internationales d'aide au dveloppement. L'importance qui lui est accorde reflte l'volution des politiques et des programmes en matire de dveloppement international. Ainsi, au cours de cette dcennie, l'agriculture urbaine a t considre principalement sous l'angle de son apport la scurit alimentaire des populations des pays moins dvelopps. A l'poque, l'aide internationale au dveloppement tait dirige en grande partie vers la satisfaction des besoins humains fondamentaux (Labrecque, 1997 ; Young, 1993). Au cours des annes 1980, le potentiel de l'agriculture urbaine pour la cration d'emplois a davantage retenu l'attention. Le paradigme dominant au sein des agences de dveloppement tait d'ailleurs celui de la cration d'activits gnratrices de revenus (Labrecque, 1997). L'agriculture urbaine s'est ensuite vue assigner un rle de protection et de rgnration de l'environnement alors que le dveloppement durable prenait sa place dans l'ordre du jour de l'agenda international. Aujourd'hui, c'est la lutte contre la pauvret, lamlioration du bien-tre des populations et de leurs conditions de vie que l'agriculture urbaine et priurbaine doit, en plus, son essor. tant donn ses apports diversifis, l'agriculture urbaine est aujourd'hui considre par un nombre croissant d'individus, d'organisations de la socit civile et de gouvernements comme une solution viable et durable pour contrer l'inscurit alimentaire, le chmage, le sous-emploi et la dgradation de l'environnement dans les villes des pays moins dvelopps (PNUD, 1996). Les rsultats des recherches ralises sur le sujet ont signal les multiples avantages de l'agriculture urbaine et priurbaine et les principaux obstacles auxquels se heurte son dveloppement (Henning, 1997 ; Losada et al., 1997; Mougeot, 1994 ; Nugent, 1997 ; Ratta, 1993 ; Rees, 1997 ; Schurmann, 1996 ; Smit, 1996, 1994 et Tinker, 1993). Parmi ceux-ci, mentionnons l'accs au foncier, au crdit, les rglements de zonage prohibitifs ainsi qu'un manque de savoir-faire de la part des populations qui pourraient la pratiquer. Pour faciliter son essor, et ce dans un cadre rglement visant assurer la scurit des producteurs et des consommateurs, on suggre qu'elle occupe une plus grande place au sein des politiques de dveloppement urbain et social sur le plan national, rgional et local. L'agriculture urbaine et priurbaine n'est toutefois pas circonscrite aux seules rgions du Sud. Les habitants des pays du Nord s'y adonnent aussi. Pour ceux et celles qui cultivent un lopin la maison ou dans un jardin communautaire, il ne s'agit pas, selon Henning (1997), d'assurer

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leur survie et celle de leur famille, mais plutt de combler les besoins que l'agriculture industrialise ne peut pas satisfaire. Ainsi, le plaisir de rcolter des lgumes qu'on a sem soi-mme ou de cueillir une salade frache au moment de prparer un repas motiverait certains jardiniers. Chez d'autres, produire des aliments sains et sans intrants chimiques ou rutiliser des dchets organiques composts, contribuant ainsi la rcupration de l'nergie et la protection de l'environnement, prendrait une importance particulire (Nguegang, 2003, Nguegang et al, 2005). L'autoproduction de denres comestibles peut galement contribuer abaisser les dpenses alimentaires des mnages. Au Qubec par exemple, c'est ce que font valoir depuis quelques annes certaines organisations impliques dans la lutte contre l'inscurit alimentaire (Gauvin, 1997). Elles estiment que le jardinage collectif reprsente une alternative l'aide alimentaire pour les personnes en difficult. Aux tats-Unis, nombre de jardins communautaires sont actuellement supports par des organismes qui oeuvrent dans le domaine de la scurit alimentaire. Ainsi, bien quau Qubec le jardinage communautaire soit encore le plus souvent conu comme une activit rcrative, sa contribution l'alimentation des familles dmunies possde une longue histoire en Europe et en Amrique du Nord (Manon, 1997). Certains chercheurs comme Henning (1997), Rees (1997) et Smit (1994) affirment que l'agriculture urbaine constitue une activit qui favorise l'mergence de nouvelles solidarits socio-conomiques et une participation civique accrue, surtout lorsqu'elle est pratique dans un cadre collectif. Paiement (1999) suggre pour sa part que la mise sur pied de jardins communautaires en milieu urbain au Qubec reflte la volont des citoyens de reprendre du pouvoir sur leur vie quotidienne grce une autonomie alimentaire accrue. Pour Ratta (1993) comme pour Crzuelle (1996), l'agriculture urbaine ralise au sein de collectifs de production peut tre un moyen de faciliter l'incorporation de groupes marginaliss une activit conomique et une vie sociale et dmocratique plus actives. Dun autre cot, l'agriculture a pendant longtemps t insparable de la ville car toute concentration dmographique implique d'en assurer l'approvisionnement. Celui-ci reste tributaire des environs immdiats tant qu'il n'existe pas un systme de transport associ un systme de conservation des produits alimentaires (Fleury et Moustier, 1999). Pour Donadieu et al., 1997, l'agriculture urbaine et priurbaine est encore souvent considre comme ncessairement tourne vers l'approvisionnement en produits frais, alors qu'en fait, ce n'est que le dernier tat qu'elle a connu au long de sa longue histoire. Aussi vaut-il beaucoup mieux se demander en quoi cette agriculture est urbaine ou priurbaine. Les caractres originaux de l'urbanisation en Afrique rendent bien compte des spcificits fonctionnelles de l'agriculture urbaine dans cette rgion du monde : explosion dmographique, crise de l'emploi, problme de planification de l'habitat et des transports. Il n'existait gure de grandes villes avant l'poque coloniale, en particulier en Afrique occidentale, aussi leur dveloppement a-t-il t fortement influenc par l're coloniale. Dans ces structures importes, l'ordre est rvl par le plan gomtrique, les vastes avenues, la nettet du trac et de l'amnagement des rues. Il lui est en gnral associ une ville populaire, quelquefois fort ancienne et alors porteuse d'un riche patrimoine national. Ces formes urbaines ont t conserves, mais de nouveaux facteurs de croissance sont depuis apparus, favorisant non seulement l'expansion mais aussi l'talement considrable de ces villes. Cette croissance urbaine acclre est le fait de deux facteurs prpondrants. D'une part, l'intense exode rural

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correspond la qute d'un revenu plus lev ainsi que, notamment de la part des jeunes, la recherche, quelquefois temporaire (voire symbolique quand il s'agit du passage l'ge adulte) de l'exprience d'un autre mode de vie (Devauges, 1977). D'autre part, cet talement s'est accru considrablement avec la venue de rfugis, du fait des crises politiques ou des guerres civiles qui ont rendu la ville son sens d'abri. Cette forme d'urbanisation de crise devrait s'attnuer au profit d'une croissance endogne plutt que par migration. On estime qu'en 2020, la majorit des citadins sera ne en ville. Depuis l'adoption des politiques d'ajustement structurel dans les annes 1980, l'emploi urbain est en crise. La fonction publique, premire source d'emploi stable en ville, a t durablement touche dans ses effectifs (Coussy et Vallin, 1996). En ce qui concerne les mouvements de populations, le Programme des Nations Unies pour les Etablissements Humains (ONU-HABITAT) montre la tendance des populations dici 2030 dans nos vil