Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

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Expérience(s) paysagère(s) autour du lac Nong Han Croiser les regards Benjamin Illat-Pibouleau Etienne Roby Travail pluriel de fin d’études, Sous la co-direction de Bernard Brunet Alexandre Moisset Soutenu le 22 novembre 2013 Membres du jury : Etienne Falk Philippe Lacoste Jacques Robert

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Travail de construction d'un projet(s) participatif et expérimental en Asie du Sud Est. Actions "in-situ" et application d'une méthodologie de travail mise en oeuvre par l'association paysagistes sans frontières -2013-

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Expérience(s) paysagère(s) autour du lac Nong Han

Travail Pluriel de Fin d’étudesBenjamin Illat-PibouleauEtienne RobySous la co-direction de Bernard Brunet et Alexandre Moisset

Croiser les regards

Benjamin Illat-PibouleauEtienne RobyTravail pluriel de fin d’études,

Sous la co-direction de Bernard BrunetAlexandre Moisset

Soutenu le 22 novembre 2013

Membres du jury :Etienne FalkPhilippe LacosteJacques Robert

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RemerciementsNos co-directeurs d’étude, Bernard Brunet et Alexandre Moisset pour nous avoir guidés dans cette expérience.Les membres du jury, pour l’intérêt qu’ils ont accordé à notre démarche et pour leur présence lors de la soutenance de ce diplôme.Eve et sa famille, pour leur accueil à Sakon Nakhon et leur aide précieuse sur place.Le docteur Eggarin et Neung son fils, pour avoir cru en ce travail et nous avoir souvent tiré d’affaire et conseillés de nombreuses fois.Tous les habitants de la province de Sakon Nakhon, qui ont participés de près ou de loin à notre projet et en particulier Jew, Nitirash, Kasemchai, Souat, mais aussi les habitants du village de Ban Paen pour nous avoir accueillis et intégrés à notre quotidien.Nicolas, pour avoir tenté l’aventure et être resté présent jusqu’au terme de ce travail.Estelle, pour son aide et ses conseils toujours justes.Maéva, pour avoir partagé avec nous son savoir d’architecte sur place.Anette et Mireille, nos correctrices et soutiens sans failles.Luc Perrot, pour la qualité de ses remarques, et tous les étudiants et enseignants de la filière FAP à l’université d’architecture et de paysage de Hanoï.Et tous nos proches pour leur soutien.

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“ J ’entrepris un grand voyage qui allait être décisif, à travers les campagnes et les villes des

pays réputés encore intacts (...)

Les folklores me montrèrent combien tout acte durable est sérieux, conditionné, mettant au

point d’autres actes antérieurs semblables ; comment l’individuel se résorbe dans le collectif,

comment, sous les auspices d’une âme élevée et d’un esprit puissant, le collectif donne sa sève à

l’individuel (...)

Après ce long voyage qui dura près d’un an, où pèlerin libre, sac au dos, livré aux initiatives

impromptues, je traversais les pays à pied, à cheval, en bateau, en auto, confrontant dans la

diversité des races, l’unité des bases foncièrement humaines, j’acquis cette certitude qu’un

siècle neuf était là, le XXe, et que tout ce qui s’était fait était déjà révolu, qu’un mouvement

continu, en avant, sans retour, empoigne époque après époque et conduit, à son heure, les peuples

vers un point qui est en avant. “

Le Corbusier in “L’Art décoratif d’aujourd’hui” , Éditions G. Crès, Paris 1925

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Ici et ailleurs : expérimentations participative à Sakon Nakhon

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Partir, s’offrir la possibilité de vivre sa propre aventure, cette envie de quelque chose de différent, de découvrir un ailleurs, de se mettre aussi un peu en danger en quelque sorte, de tester ses limites et sa capacité à s’adapter, à rencontrer l’Autre. Confronter nos regards, remettre en cause ce que l’on croit acquis, c’est tout cela qui nous a conduit aujourd’hui à ce diplôme, l’expérience d’un voyage, celui de paysagistes nomades.Alors, quel lieu pouvait être propice à tout cela? Certainement tous ces territoires qui nous semblaient méconnus et que l’on avait seulement pu s’imaginer... Mais c’est au Nord-

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Est de la Thailande que nous sommes partis, non pas au hasard d’un regard sur une carte, mais en marchant sur les traces d’une expérience préalable, celle d’un work-shop autour du lac Nong Han dans la province de Sakon Nakhon.Ce lieu réunissait les conditions que nous avions jugé primordiale pour notre démarche : la certitude de problématiques qui nous intéressaient pour notre diplôme de fin d’études et pour lesquelles nous avions une sensibilité particulière, mais aussi et surtout, la présence d’appuis sûrs, par le biais des personnes et acteurs de la réflexion territoriale rencontrés sur place.Ce travail est d’abord une expérience, celle d’un travail à deux, et un parti pris construit dans cette situation ethnocentrique : entrer dans ce projet par notre interrelation avec les habitants. Nous avons donc questionné le paysage par l’intermédiaire de la participation, avec un moyen qui s’est avéré essentiel, celui de la création d’une association : “Paysagistes Sans Frontières”. Notre écrit se structure dans la dynamique de notre démarche in situ et se développe en quatre parties liées au temps long de cette expérience sur une année en Asie du Sud-Est. Dans cette approche, nous avons avancé pas à pas, dans un processus itératif. Ces aller-retours nous ont permis d’accumuler ou à l’inverse de laisser de côté des éléments pour construire une pensée structurée qui est retranscrite aujourd’hui

dans la trame de ce document. Cette progression, enrichie au fur et à mesure par nos rencontres, réflexions communes et analyses transversales, est une succession de remises en question et d’ajustements de notre démarche. Un processus continu de construction et déconstruction de notre regard et de notre pensée, toujours indissociable du temps long passé sur place. Démarrer de loin, se forger un premier regard, jalonner le parcours puis se confronter aux réalités des territoires, des lieux, en traversant les échelles, du très global à l’hyper local. Puis préciser les situations et les thèmes que nous jugeons importants et constitutifs des dynamiques paysagères et sociales, et enfin, se positionner, prendre parti en tant que paysagiste pour dessiner le(s) projet(s) en suivant toujours notre fil rouge : les habitants. C’est un processus de patience où chaque découverte amène à se remettre en question, demande de prendre du recul et d’aller voir d’autres situations avant d’y revenir. Toujours nourrie d’expériences intermédiaires avec un regard curieux, la dynamique est d’aller vers l’avant mais aussi et surtout dans une pensée positive ancrée sur les valeurs paysagères, et les initiatives innovantes des acteurs de la société questionnée. Ce travail relate cette démarche, il se construit, se précise et se positionne progressivement pour dessiner un projet en étant au plus proche de cette expérience du vécu qui nous y a conduit.

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PARTIE 1 : L’expérience d’un ailleurs

PARTIE 2 : L’expérience du lieu

1. De la France au plateau du Khorat..................................................................................................................2. De l’eau, du riz et des hommes.........................................................................................................................3. De l’eau, du riz et des hommes.........................................................................................................................4. De l’eau, du riz et des hommes.........................................................................................................................5. Nos moyens : une association............................................................................................................................

1. La participation, de la théorie à la pratique....................................................................................................2. Le micro-café, un prétexte à la rencontre........................................................................................................3. Les appareils-photo jetables..............................................................................................................................4. Faire avec, la meilleure façon de comprendre.................................................................................................

SOMMAIRE

P.15P.21P.37P.53P.71

P.85P.91P.101P.119

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PARTIE 3 : Questionnements

PARTIE 4 : L’expérience du projet

1. Souat et le monde selon shinawatra.................................................................................................................2. Kasemchai, au tournant de l’agriculture.........................................................................................................3. Wiraman, les effets visibles de la pollution......................................................................................................4. Jwu, un lac une histoire.....................................................................................................................................5. Ik, disparition de la ressource bois...................................................................................................................5. Sampan, et l’histoire de Sakon Nakhon...........................................................................................................5. Nitirash, des projets pour demain.....................................................................................................................

1. Potentialités et leviers d’action.........................................................................................................................2. Projet (s)............................................................................................................................................................. 2.1 Le marnage, gestion souples des niveaux d’eau................................................................................................... 2.2 Un débouché possible, une ferme d’engrais à Ban Pae........................................................................................ 2.3 Ripisylve appropriée, une gestion au cas par cas................................................................................................. 2.4 Le parc des berges, instaurer un dialogue entre ville et lac.................................................................................. 2.5 Mobilité sur le lac, réactiver des connexions.......................................................................................................

P.191P.197P.201P.207P.211P.215P.219

P.191P.197P.201P.207P.211P.215P.219

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Document Paysagistes Sans Frontières

PART

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

PART

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1L’expérience d’un ailleurs

1) De la France au plateau du Korat 2) De l’eau, du riz et des hommes3) Nos moyens : une association au service du projet

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De l’eau, du riz et des hommes

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De la France au plateau du Khorat

De la France au plateau du Khorat

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De la France au plateau du Khorat

le Royaume de Thaïlande, en thaï Pratet Thaï, s’appelait le Royaume de Siam jusqu’en 1939. Il devient une monarchie constitutionnelle à partir de 1932 et sa capitale est Krung Thep (la Cité des Anges), également appelée Bangkok. La Thaïlande située au coeur de l’Asie du Sud-Est est particulièrement connue pour son tourisme balnéaire vers les plages de sa péninsule, premières images que l’on trouve sur internet ou dans les guides touristiques. Mais il y a en fait deux visages de la Thaïlande, celui du sud avec le tourisme occidental et Bangkok sa cité fourmillière asiatique. Et puis il y a la Thaïlande du Nord, rurale, traditionnelle et peu connue. C’est cette Thaïlande qui nous a intéressés et c’est là que nous avons posé nos bagages.

Plateau du Khorat

Premiers résultats d’une recherche Google-image sous le terme : “Thaïlande”.

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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De la France au plateau du Khorat

Notre voyage nous conduit en Isaan, province du Nord-Est où vivent des populations proches du Laos, les Thaï Isaan. Ce peuple a une culture unique car faisant partie intégrante du Laos avant l’arrivée des Français en 1893, qui l’annexèrent au Siam. Ce territoire prit le nom d’Isaan (Nord-Est) vers 1910. Depuis cette date, les populations laos de l’Isaan ont du mal à sauvegarder leur identité culturelle aujourd’hui très influencée par l’occident. Elles ont été opprimées par le pouvoir en place dans les années 1930 avec par exemple l’interdiction de parler Lao ou de porter leurs vêtements traditionnels. Région la plus pauvre de Thailande, c’est un milieu encore très rural. Nous travaillerons sur le plateau du Kohrat, région pionnière de la culture rizicole où l’on retrouve certaines des plus anciennes traces agricoles de Thaïlande. Aujourd’hui, et nous en parlerons plus loin, la «révolution verte» a radicalement changé les systèmes de pratiques agricoles parmi les plus anciennes au monde...

Province de Sakon Nakhon

Premiers résultats d’une recherche Google-image sous le terme : “Isaan”.

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Nous sommes sur le territoire du lac Nong Han. Ce paysage, c’est celui d’un plateau agricole adossé au relief du Phu Phan. On trouve ici trois grands éléments constitutifs des paysages : De l’Eau, aujourd’hui totalement maîtrisée avec deux échelles, une grande hydrographie structurante autour du second plus grand lac naturel du pays, et une micro-géographie de petits canaux qui irriguent l’ensemble du territoire. Du Riz, une agriculture monospécifique à perte de vue et qui constitue l’essentiel de l’économie locale. Des Hommes, qui pratiquent et entretiennent ce grand système par la somme de micro-localités immergées dans des traditions anciennes aux influences pluri-ethniques. On rencontre ici des laotiens, des vietnamiens, des chinois,... des bouddhistes, des chrétiens, des musulmans... Ces hommes vivent à Sakon Nakhon, la ville dense de 76.000 âmes et dans de nombreux petits villages disséminés autour du lac. N

0 1 5 10Km

Carte du territoire de Sakon Nakhon

Source : Royal Thai survey departement, 1994

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De la France au plateau du Khorat

Premières photographies “in-situ”

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De l’eau, du riz et des hommes

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De l’eau, du riz et des hommes

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De l’eau,du riz et des hommes

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De l’eau, du riz et des hommes20

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Parler de l’eau, c’est évoquer son abondante présence, mais aussi son aride absence.Pas de leurre, il fait globalement toujours chaud, voire très chaud. Une moyenne à 33 degrés, et des pics à 45 degrés, l’air reste étouffant, même à minuit.Si on ajoute à cela un ensoleillement record tout au long de l’année, on comprend aisément que les conditions de vie sont pour le moins éprouvantes.Le climat est dit tropical, c’est à dire avec deux saisons bien disctinctes :- La saison sèche est torride de novembre à mai. La chaleur est écrasante, et rien n’est cultivé. On est face à un paysage de “savane”, jaune, aride, sec et presque inhospitalier. Ce sera avec cette saison que se fera notre première découverte du site.- La saison des pluies s’étend, elle, de juin à octobre. Elles sont ici plus abondantes que dans le reste du pays et l’air est également (enfin légèrement...) plus frais. La végétation y est alors luxuriante.

Jan

Mm

Heures

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Mar

Mar

Mar

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Mai

Mai

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Jui

Jui

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Sep

Sep

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Nov

Nov

Fèv

Fèv

Fèv

Avr

Avr

Avr

Jui

Jui

Jui

Aou

Aou

Aou

Oct

Oct

Oct

Déc

Déc

Déc

10°

15°

20°

25°

30°

35°

“ Je me suis rendu au Sri-Lanka une seule fois, en saison humide. Je n’ai donc vu que la moitié du Sri-Lanka ”.Georges Bertrand

Un paysage marqué par les saisonsSynthèsePluviométrie

Ensoleillement

Températures

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Saison sèche

Saison humide

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De l’eau, du riz et des hommes22

Document Paysagistes Sans Frontières

Montagne du Phu Phan1

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Système de canaux

Lac Nong HanExutoire vers le fleuve Mékong

Bassin versant : colonne vertébrale du système hydrographique

N

0 10 50 100Km

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

100Km

Un paysage de maîtrise de l’eau“Mae Nam”, littéralement “mère-eau” ou “eau mère de vie”, est utilisé pour désigner la rivière, le fleuve en thaïlandais. Ce petit mot de sanskrit démontre bien tout l’attachement que les habitants de ce pays portent à L’eau. Elle a façonné un paysage qui présente deux faciès: saison humide et son eau abondante, saison sèche et son aridité éprouvante.On la retrouve partout sur le territoire, tantôt libre et sauvage, tantôt canalisée et dirigée. Car pour être utile aux hommes, l’eau a eu besoin d’être travaillée et contrainte.Nous avons décidé de regarder cet élément constitutif du paysage à une double échelle.La première, c’est celle du bassin versant. Captée sur les hauteurs des montagnes du Phu Phan, l’eau est retenue par des barrages, qui, une fois l’an, se vident pour descendre en torrents dans la plaine. Elle est ensuite récupérée par un ingénieux système de canaux principaux puis secondaires pour finir dans les rizières. La saison des récoltes passée, elle passe dans le lac, dont un barrage contrôle la sortie, pour finalement finir dans le Mékong, quelques 80 kilomètres plus loin.Mais c’est sur cette colonne vertébrale que vient se greffer une autre échelle, celle de la micro-hydrographie.Le paysage de la plaine est ainsi constellé de petits aménagements qui ont pour but de capter l’eau et de la garder dans les rizières. Leur apparente simplicité, mais surtout leur ingéniosité, forçent le respect. Le sol a ainsi été nivelé sur des centaines de kilomètres carrés, pour maintenir, et pour quelques mois par an seulement, une lame d’eau de 15cm, nécessaire à la culture du riz.

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De l’eau, du riz et des hommes

Document Paysagistes Sans Frontières

L’eau stockée du Phu Phan aux rivières:Captée sur les hauteurs des montagnes du Phu Phan qui dominent notre site d’étude, l’eau est retenue par d’innombrables barrages construits par les hommes sur ses flancs. Leur ouverture, une fois par an, est régulée par le département de l’irrigation de Sakon Nakhon, qui contrôle ainsi l’approvisionnement en eau de la plaine.Ces “retenues collinaires” permettent d’avoir de l’eau disponible au bon moment pour la saison du riz.

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De l’eau, du riz et des hommes

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L’eau canalisée des rivières aux rizières:Libérée par l’ouverture des barrages, l’eau descend dans la plaine par un réseau de rivières et torrents, naturels pour certains, construits ou consolidés pour d’autres. De là, l’eau est redistribuée par un réseau de canaux principaux qui viennent alimenter des réservoirs de retenue ou directement des rizières. Un réseau plus fin de canaux secondaires part de ces bassins et achemine cette eau vers les rizières qu’il permet de remplir au niveau voulu.

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De l’eau, du riz et des hommes

Document Paysagistes Sans Frontières

L’eau souillée des rizières vers le lac:Le moment venu, les rizières sont vidées et l’eau retransite par le même chemin ou par des canaux de sortie. Cette eau, souillée par les pratiques agricoles, finit donc sa course dans le lac où elle est stockée. Les fortes concentrations en azote et autres produits chimiques de cette eau font proliférer sur ces berges une végétation invasive, avec en tête de cortège la jacinthe d’eau. Le niveau du lac est géré par le département de la pêche qui maintient sa régularité et règle le problème récurrent des inondations qui sévissaient autrefois sur le plateau.

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De l’eau, du riz et des hommes

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L’eau échappée du barrage vers le Mékong:Durant l’année, et en fonction des pluviométries, le barrage de l’exutoire contrôle ainsi le niveau d’eau du lac. Inondant des méandres tortueux, le long desquels les hommes continuent de la pomper pour l’agriculture, l’eau transite donc vers le Mékong distant de quelques 80 kilomètres pour s’y déverser. Formant frontière avec le Laos, ce fleuve mythique venant de Chine borde les deux pays, avant de traverser le Cambodge et enfin finir sa course au Sud du Vietnam, nourri par des centaines d’affluents, dans son célèbre delta agricole se déversant dans la mer de Chine du Sud.

Mékong

Vers le lac Nong Han1

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Document Paysagistes Sans Frontières

Cette eau ne provient pas uniquement du relief, elle est parfois pompée directement dans le lac Nong Han ici avec une installation importante de pompage collectif qui fonctionne en cas de besoin.

Qu’elle soit pompée ou captée par les canaux depuis les reliefs, l’eau continue sa course dans de nombreux bassins de rétention dispersés sur le territoire où elle est stockée et utilisée tout au long de la saison des cultures. (Parfois ces bassins servent également pour la pisciculture).

L’échelle de la micro-hydrographie :

L’eau qui descend sur le plateau est conduite par des canaux d’irrigation

principaux et la plupart du temps adossés à une route qui sert de digue.

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

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Document Paysagistes Sans Frontières

Lorsque les parcelles se trouvent au bord du lac, de l’exutoire ou des cours d’eau naturels, on utilise les motoculteurs ou

autres pour alimenter en énergie une pompe qui envoie l’eau dans les rizières.

Directement depuis les canaux principaux ou par l’intermédiaire des bassins, l’eau captée part dans les rizières au travers d’un immense réseau de petits canaux secondaires dont on gère l’écoulement à l’aide d’écluses.

Lorsque l’eau arrive dans les premières parcelles, l’usage est de creuser à la pelle une petite ouverture dans les digues qui forment le parcellaire pour remplir les parcelles attenantes, les siennes mais aussi celles des voisins qui ne sont pas directement connectées au réseau des canaux principaux.

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La question de l’eau domestique est cruciale dans la région.Il existe trois systèmes pour accéder à l’eau nécessaire au quotidien : - L’eau potable : comme partout ailleurs dans le pays, il n’existe pas de réseaux de distribution d’eau potable. Pour pallier ce problème, c’est le réseau de la «drinking water» qui prend le relais. L’eau est pompée dans les nappes ou aux sources du Phu Phan, filtrée, bouillie, et stérilisée, avant d’être conditionnée en bidons de 2O litres. Acheminés dans les villages et revendus par un réseau de petits commerces de proximité, ils s’achètent pour quelques baths. Mais seulement débarrassée des bactéries, cette eau reste souillée, car contenant encore des métaux lourds potentiellement pathogènes (et dont nous ferons la douloureuse expérience).Il est également possible d’acheter de l’eau minérale... mais c’est plus cher!- Pour le reste, la toilette, la vaisselle, ou les lessives, c’est un autre système : les villages disposant d’un système de distribution sont alimentés par des camions qui remplissent des châteaux d’eau, avec une eau pompée dans les nappes, récupérée aux sources du Phu Phan, mais non traitée.- Pour les autres villages, c’est un système individuel qui approvisionne en eau. Elle est soit récupérée de façon ingénieuse par un système de gouttières et de jarres de stockage, soit pompée manuellement dans les nappes.De manière générale, il vaut mieux anticiper des réserves d’eau à son domicile, car les pénuries et pannes du réseau sont monnaie courante.

Camion de livraison d’eau en bidons de 20L. Il arrive des usines de Sakon Nakhon vers les villages

Une fois acheminée vers les villages, les commerces revendent cette eau conditionnée aux consommateurs

Et l’eau que l’on boit alors?

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Pompe à main pour capter l’eau des nappes phréatiques, souvent implantée proche des

habitations

Jarre de récupération des eaux pluviales, depuis les toîtures des habitations dans les villages mais parfois aussi en ville

Camion citerne pour l’approvisionnement en eau depuis les usines de Sakon Nakhon vers les villages

Une fois l’eau acheminée par citerne, elle est

stockée dans des châteaux d’eau pour la protéger et pouvoir l’utiliser par

gravité

Un récent système de distribution alimenté

par une pompe a été mis en place à Ban Paen (un

nouveau réseau pour l’alimentation en eau

courante)

L’eau n’est pas potable aux robinets des habitations elle est simplement filtrée mais non traitée et très polluée

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De l’eau, du riz et des hommes

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Relief des monts du Phu Phan et

retenue d’eau par les barrages

N0 1 5 10Km

Géographie et système hydrographique principal

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

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Document Paysagistes Sans Frontières

SynthèseL’eau est donc à l’origine de la structure paysagère locale, elle constitue à la fois son ossature et ses vaisseaux. Lorsque l’on arpente le territoire, on s’aperçoit qu’une micro-hydrographie très précise apparaît dans le paysage local. Chaque agriculteur participe à son niveau au parcours de cette eau nourricière. C’est aujourd’hui (car cela n’a pas toujours été le cas) un paysage de maîtrise totale de l’eau jusque dans ses détails les plus fins. L’eau est gérée dans son échelle la plus large par un organisme gouvernemental qui a la main mise sur cette ressource et donc sur la chaîne des producteurs qui en dépendent. L’Etat a pris en main l’eau de sa naissance dans le relief boisé du Phu Phan jusqu’à son voyage final vers le Mékong avant la Mer de Chine. Sa gestion est le point de départ de la constitution du système agricole centré sur la riziculture, trés structuré et orthogonal, qui fait vivre la majeure partie des populations du plateau. Cette agriculture de précision est bien plus complexe qu’elle ne le laisse paraître, elle est très sensible aux aléas climatiques et aux cours du marché mondial. Maîtriser l’eau, c’est contrôler toute l’économie agricole thaïlandaise, aujourd’hui encore la ressource première, bien avant le tourisme.

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De l’eau, du riz et des hommes

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

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2) De l’eau, du riz et des hommes

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De l’eau, du riz et des hommes36

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Un riz, des rizicultures

Le riz est la deuxième céréale la plus cultivée au monde après le maïs, mais c’est par ailleurs la première céréale dans l’alimentation mondiale. En France, la consommation par personne et par an est de 5 kg de riz, en Isaan elle s’élève à 100 kg... La différence est très importante mais les écarts se réduisent car, avec le développemnt économique, la diversification de l’alimentation, les cultures commerciales diverses et les emplois mieux rémunérés, les Thaïlandais consomment aujourd’hui un quart de moins de riz qu’il y a 25 ans. L’Asie domine la production mondiale avec 90% des surfaces de productions et la Thaïlande se classe troisième exportateur mondial, mais le riz est avant tout une production d’autoconsommation et seulement 6% de la production est exporté sur le marché mondial. Aliment de base des thaïlandais depuis des milliers d’années, les premières traces de culture du riz au Siam ont étés observées sur le plateau du Kohrat et dateraient d’environ 4000 ans avant J.C. On trouvait alors sur le territoire étudié plusieurs centaines de variétés de riz.

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

37

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Stades de croissance

Le riz est une des plus anciennes plantes vivrières cultivées. C’est une annuelle à paille, une céréale qui appartient à la famille des poacées du genre oryza. Dans le monde, c’est l’Oryza sativa qui est le plus cultivé, originaire d’Asie, mais il existe à travers le monde plus de 150.000 variétés de riz. Le riz pousse les pieds dans l’eau : cette particularité fonctionne par un dispositif de cellules qui transportent l’oxygène des parties aériennes vers les racines. Pour être cultivé en conditions optimales, le riz a besoin de chaleur (30-35°), d’eau, entre 10 et 20 000 m3 par hectare pour le riz irrigué et de lumière abondante.

Les panicules :C’est le nom donné aux fleurs groupées en épi, chaque fleur donnera un grain.

La balle ou son :C’est l’enveloppe externe de la graine qui doit être enlevée pour la consommation.

La tige :Chaume creux et strié, de 50 cm à 5 m selon les variétés.

La feuille :En forme de lance, large de 5 à 15 cm, elle forme un tube autour de la tige.

Synthèse

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De l’eau, du riz et des hommes38

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Relief des monts du Phu Phan et

retenue d’eau par les barrages

Emprise du parcellaire rizicole

N0 1 5 10Km

La riziculture sur le territoire

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

39

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Le temps du riz

Octobre

Mai

Décembre

Avril

Préparation du sol

Culture du riz

Récolte du rizTravaux post-récoltes

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De l’eau, du riz et des hommes40

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Préparation du solC’est en fait l’ensemble des étapes préliminaires à la culture du riz. Elle se divise en trois étapes :- La prégermination, qui consiste à introduire une lame d’eau de quelques centimètres (2 à 5 cm) que l’on laisse s’évaporer. Cette opération permet la levée des adventices que l’on viendra labourer plus tard. On y laisse le plus souvent paître un buffle, qui apporte de la fumure au sol, et commence à patûrer les adventices (même si cette méthode tend à disparaître).- Le labour, effectué au motoculteur, et anciennement réalisé avec un socle tiré par un buffle. Le travail est grossier, et consiste à aérer le sol.- Le nivellement, effectué à l’aide d’une herse montée sur le motoculteur. Ce travail permet d’aérer encore plus le sol, briser les mottes et obtenir une surface plane.

A partir de ce moment-là, on réintroduit une infime quantité d’eau, afin d’obtenir une couche de boue de surface, qui permettra la plantation du riz. C’est aussi le moment pour épandre un engrais minéral de fond, principalement du phosphate d’ammoniac.

Labour au motoculteur, et pré-inondation pour la levée des adventices

Prégermination

Labour

Nivellement

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

41

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Culture du rizC’est maintenant le temps de la culture. Il existe en fait deux méthodes principales:- La technique du repiquage, qui consiste à faire pousser sur une petite surface (dite pépinière) des semences achetées ou récupérées lors de précédentes récoltes. On laisse ainsi pousser le riz pendant une vingtaine de jours (entre 15 et 25 jours maximum) puis on vient l’arracher.Les plants sont ainsi regroupés en mottes, que l’on met en jauge. Les mottes sont ensuite transportées sur la parcelle, et repiquées en ligne, tous les 20 à 25 cm, sur une profondeur de 5 cm environ. On réalise ainsi un petit trou dans la terre, et on y introduit de 2 à 5 plants.- La technique de l’ensemencement, enfin, est la moins répandue. On achète des semences ou on les récupère et on sème directement dans le champ. On laisse le riz lever, puis on arrache les plants qui ne sont pas en ligne. Cette technique est plus éprouvante et gaspille des plants.Pendant plus de trois mois, l’agriculteur surveille son champ, maintient le niveau d’eau, fertilise, désherbe et éclaircit si besoin.

Semis à la volée, repiquage des mottes et culture du riz

Ensemencement

Repiquage

Culture

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De l’eau, du riz et des hommes42

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Récolte du rizC’est une étape cruciale pour l’agriculteur. Le riz qui a poussé pendant plus de trois mois est maintenant arrivé à maturation. L’opération se déroule là encore en trois étapes:- La purge des rizières, qui s’effectue avec la levée des digues. On réalise un trou dans ces dernières, et l’eau s’évacue par gravitation par les canaux par lesquels elle a été emmenée ou par des canaux de sortie réservés exclusivement à cet effet, pour finir sa course dans le lac. Cette étape nécessite la collaboration de tous les agriculteurs, car comme à l’aller, l’eau repasse par tous les champs. C’est donc le dernier à avoir eu de l’eau, qui est le premier à vider sa parcelle.- La récolte proprement dite est quasi exclusivement réservée aux femmes. Armées d’une faucille, elles coupent les plants qui ont commencé à sécher sur pieds. - Le séchage. Regroupé en mottes d’une trentaine de plants, le riz est disposé à même le sol et sèche ainsi pendant une dizaine de jours au soleil. Cette étape est la plus délicate et requiert la vigilance de l’agriculteur pour mener à bien le séchage mais aussi éviter les vols.

Purge des rizières, récolte du riz et séchage des plants dans les champs

Purge des rizières

Récolt

e

Séchage

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

43

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Travaux post-récoltesCette phase recouvre l’ensemble des opérations qui conduisent le riz de sa récolte à la coopérative où il sera revendu. Elle se divise en trois étapes:- Le battage est la plus fatigante pour le corps. On ramasse les mottes de riz ayant séché au soleil, et on vient les frapper rudement directement sur le sol, ou sur de petites planches de bois. Cette opération consiste à séparer le riz brut (ou paddy) de la tige qui l’a porté.- Le vannage se fait généralement au village, dans la cour de l’habitation ou sur la place publique. Il s’agit de séparer le riz «paddy» de sa balle, afin de le rendre comestible. Par grands vents, on soulève des gerbes de riz à l’aide d’un panier en osier que l’on laisse retomber. La panicule, plus légère que le grain est ainsi portée par le vent. On peut récupérer cet élément pour fertiliser les sols.- Le stockage s’effectue dans des greniers qui côtoient l’habitation. Mis dans des sacs, les grains finissent de sécher, avant d’être amenés à la coopérative.Enfin, la plupart des agriculteurs ici mettent le feu au champ, c’est la technique du brûlis, censée fertiliser les sols .

Vannage, séchage des grains au soleil et stockage dans la grange sur pilotis

Battage

Vannage et stockageJachère et brûlis

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De l’eau, du riz et des hommes44

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Les trois quarts des surfaces agricoles sont donc consacrés à la riziculture, le dernier quart est utilisé pour d’autres pratiques agricoles que l’on classera ici en trois grands groupes :- La forêt se répartit sous forme de bosquets, haies ou petits boisements résiduels dans sa forme naturelle. Elle est ainsi exploitée pour son bois (chauffage, charbon, constructions) mais tend à se réduire sans principe de replantation ce qui (entre autre), transforme singulièrement les paysages du territoire. Depuis peu on trouve aussi de nouvelles forêts d’exploitations, dirigées par de grandes industries de Bangkok, qui subventionnent les jeunes plants d’évéa (pour le latex) et d’eucalyptus (pour la papeterie) aux agriculteurs qui remplaceraient leurs rizières par ces cultures. Il est important de souligner que ces cultures présentent de nombreux problèmes pour l’environnement(voir herbier en annexe). - Les cultures maraîchères sont la plupart du temps de petites parcelles de potagers individuels pour l’autoconsommation et dont les produits sont parfois vendus au marché pour quelques revenus complémentaires (courges, bananes, herbes aromatiques...). On trouve également quelques vergers plantés de manguiers, durians... entretenus que rarement et seulement par les bovins. - L’élevage se compose de cheptels, principalement de vaches pour la viande (dite allaitantes), et de buffles de moins en moins présents du fait de la mécanisation qui remplace leur travail dans les champs. On trouve aussi quelques animaux prélevés pour la consommation dans les rizières (crabes, serpents, insectes...) mais ils disparaissent peu à peu du grand paysage rizicole monocultural.

Du riz, mais pas que...

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU PROJET

45

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Culture d’hévéa pour le Latex

Ramassage du bois Culture d’eucalyptus pour l’industrie papetière

Sylviculture

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De l’eau, du riz et des hommes46

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Jardins potagers Vergers de fruitiers

PotagerLiseron d’eau

Fruitiers dans le jardin de l’habitation Culture de cacahuètes Bananiers dans le jardin de l’habitation

Maraîchage

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU PROJET

47

Document Paysagistes Sans Frontières

Vaches dans les champs à la saison séche

Elevage de coqs de combat

Insectes en tous genres

Basse-cour de volailles

Pêche sur le lac

Déplacement d’un troupeau de buffles

Elevage de cochons

Ramassage d’escargots dans les rizières

Elevage

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De l’eau, du riz et des hommes

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Relief des monts du Phu Phan et

retenue d’eau par les barrages

Emprise du parcellaire rizicole

Emprise des boisements

N0 1 5 10Km

La forêt sur le territoire

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EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

49

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De l’eau, du riz, et des hommes

SynthèseOn l’a vu, la culture du riz est prégnante dans le paysage de Sakon Nakhon. Directement ou non, tout le monde ou presque en vit. D’une culture ancestrale et traditionnelle, à vocation uniquement vivrière, on est en train de basculer vers une agriculture quasi-industrielle.La riziculture irriguée, si elle a permis de maîtriser l’eau indispensable aux cultures, a également contribué à une certaine stabilité du monde agricole.On sait désormais quand commencer sa culture, comment la mener et surtout quand la récolter.Mais le paysage recouvre également une multitude de cultures annexes, héritières des pratiques vivrières anciennes. Potagers, vergers, forêts, émaillent ainsi ce territoire de monoculture très uniforme.Le travail n’en reste pas moins harassant pour les hommes (et les femmes!) qui le pratiquent et on note un abandon des jeunes générations, plus attirées par les feux de Bangkok que par la vie rude de leurs parents.C’est donc aux hommes et à leur installation sur le territoire que nous nous questionnerons dans la prochaine partie. Car ce sont ici les potentialités agricoles qui ont prédestiné à l’implantation des hommes...et non l’inverse.

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De l’eau, du riz et des hommes50

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 53: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

51

Document Paysagistes Sans Frontières

2) De l’eau, du riz et des hommes

De l’eau, du riz, et des hommes

Page 54: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes52

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Ecole

Principal axe de circulation

Berges envahies par la

végétation

Ferme durable

O 200 500

Bassins de rétention privés et destinés aujourd’hui à être

urbanisés pour l’accueil touristique

Rizières

Système d’irrigation

Résidus forestiers

Ceinture de vergers

Espaces publics

Invasion des berges

Marché

Carte d

e situation de Ban Paen, en retrait d

u lac

N

Trois situations d’implantation des hommes autour du lac

Page 55: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU PROJET

53

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Ban Paen s’est développé de manière concentrique autour d’un temple (Wat). Ce village se compose d’un tissu urbain assez dense qui laisse de moins en moins de place aux parcelles potagères qui, par le passé, étaient toujours associées à la parcelle d’habitation. En périphérie résiste une petite ceinture de potagers/vergers ancienne

Ban Paen : un village en retrait du lac

toujours exploitée en complément d’activité et pour l’auto-consommation. L’activité rizicole est structurée ici par des parcelles de grandes tailles tenues par de grands propriétaires. Ce village s’est implanté en retrait du lac à quelques 250 mètres des berges, pour le protéger des inondations.

Page 56: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes54

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O 200 500

Résidus forestiers non-exploitables

Temple bouddhiste

Place du marché, commune à trois

villages

Invasion des berges par la végétation invasive: en

tête de cortège, la jacynthe

d’eau

Eglise

Rizières

Système d’irrigation

Résidus forestiers

Espaces publics

Invasion des berges

Carte d

e situation de Ban C

hum C

heng, sur le lac

N

Page 57: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

55

Document Paysagistes Sans Frontières

Le village de Chum Cheng s’est implanté sur les berges du lac proche de l’exutoire. Les berges solides et plus hautes qu’à Ban Paen ont permis ce rapport direct au lac et ont facilité par le passé le développement de l’activité de pêche dans le village. Ce lieu de pêche est privilégié car les courants de sortie limitent

Ban Chum Cheng : un village sur le lac

la prolifération des végétaux de berges et permettent la reproduction des poissons sur les rebords de l’exutoire. Le village s’est développé en arc de cercle suivant la courbe du lac, il conserve des berges végétalisées et s’entoure de parcelles rizicoles de plus petite taille.

Page 58: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes56

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O 200 500

Rizières

Rencontre de l’urbain et de l’agricole

Bassins de retention

Bassins de traitement des eaux usées

Bassins du centre piscicole

Espaces publics

Principaux temples

Ancienne ceinture de remparts de la ville

Invasion des berges

N

Carte d

e situation de Sakon N

akhon,

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De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

57

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Implantée au bord du lac, la ville ancienne se structure autour d’une trame orthogonale de rues, protégée par une ceinture de remparts. Aujourd’hui la ville de 76.000 habitants s’est étendue en tournant le dos à son lac. Le long des artères principales qui permettent l’accès au centre ville, de grandes zones commerciales

Sakon Nakhon : une ville qui tourne le dos au lac

fleurissent, repoussant les rizières toujours plus loin et modifiant profondément les formes de l’habitat. La cité est connue dans tout le pays pour ses temples ayant accueilli de grands noms du Bouddhisme et devient aujourd’hui un petit centre pour des touristes principalement thaïlandais et locaux.

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De l’eau, du riz et des hommes58

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On retrouve disséminées sur le territoire, la plupart du temps en retrait du lac, de nombreuses petites fermes isolées. Elle sont toujours implantées au coeur des rizières, un milieu très humide. L’unité d’habitation est construite sur un remblai permettant d’avoir un espace au sec autour des constructions. Le bâti sur pilotis permet de dégager un espace sous la maison qui est un lieu très important : on y discute, on s’y repose, on y stocke le matériel ou le bétail, on y pratique d’autres activités telles que le tissage... Les pilotis sont un moyen d’économiser de l’espace agricole, de se protéger de l’humidité et des animaux nuisibles (insectes, serpents, ...). L’unité d’habitation est organisée en trois parties distinctes : la maison d’habitation, la grange pour le stockage des récoltes et la cuisine (voir herbier en annexe). Autour de cette plateforme, on trouve souvent des arbres et un petit potager destiné à la production de fruits et légumes pour la famille.

L’habitat isolé :

Saala

Habitation

Habitation

Grange

Grange

Fruitiers

Fruitiers

Digue

Digue

Rizières

Rizières

Trois types d’habitat

Page 61: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

59

Document Paysagistes Sans Frontières

L’habitat traditionnel que l’on retrouve dans la plupart des villages s’est organisé de la même façon que la ferme isolée. Pilotis, espace sous la maison, organisation spatiale du bâti en trois parties ... Mais les rues desservant les villages se dégradent vite du fait du climat. Régulièrement, on reconstruit la rue par-dessus l’ancienne. Alors aujourd’hui, certaines parcelles d’habitation se retrouvent en contre-bas de la rue, ce qui augmente les risques d’inondation. Des clôtures solides en bois et de plus en plus de béton sont aujourd’hui la régle, délimitant chaque parcelle auparavant ouverte. Les rez-de-chaussées se bétonnent, signe de modernité, ce qui fait peu à peu disparaître les pilotis. Ici, les parcelles de riz sont autour des villages et donc pas directement en contact avec la parcelle d’habitation.

L’habitat dans les villages :

Habitation

HabitationHabitation

Route en digue

Route en digue

Grange

Grange

Fruitiers

Fruitiers

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De l’eau, du riz et des hommes60

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Sakon Nakhon se développe de plus en plus. Auparavant, l’habitat avait la même forme que celle décrite pour les villages précédemment. On trouve toujours aujourd’hui des traces de ces anciennes formes architecturales. La baisse de la ressource en bois influence l’ensemble de l’habitat de la région, le béton étant devenu moins cher que le bois. Alors ici, on trouve de nombreux immeubles tout béton du R+2 au R+4. Mais aussi des maisons en R+1/2 dans un style contemporain asiatique. De grandes artères poussent en même temps que les zones commerciales. De la ferme isolée sur pilotis à l’habitat tout béton de Sakon Nakhon, il n’y a que quelques décénnies d’évolution. On note également de nombreuses parcelles enfrichées un peu partout dans la ville et qui sont aujourd’hui peu ou pas exploitées, en attente d’une affectation.

L’habitat à Sakon Nakhon :

R+3

R+3

Habitatréhabilité

Rue

Rue

Commerces

Commerces

Habitattraditionnel

Habitattraditionnel

Friche urbaine

Friche urbaine

R+2

R+2

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De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

61

Document Paysagistes Sans Frontières

Relief des monts du Phu Phan et

retenue d’eau par les barrages

Emprise du parcellaire rizicole

Emprise des boisements

Villes et villages autour du lac

N0 1 5 10Km

Implantation humaine

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De l’eau, du riz et des hommes62

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Se déplacer autour de Sakon Nakhon n’est pas toujours évident. Une seule route fait le tour du lac (60 kilomètres), et elle n’est pas toujours en bon état. Ornières, nids de poules, bitume fissuré, les obstacles sont légion. Il faut environ 2h pour en faire la boucle, et le trajet n’est pas de tout repos. Le revêtement alterne entre le bitume flambant neuf (posé récemment au sud du lac), et des plaques de béton qui ont travaillé avec le temps.

Des routes et des chemins :

Route bituminée récente

Route en plaques de béton

Page 65: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

63

Document Paysagistes Sans Frontières

A ce réseau principal et construit s’ajoutent de petites dessertes locales qui relient les villages entre eux. Routes de plaques de béton pour les automobiles, chemins de latérite compactée (une roche férugineuse présente partout ici) pour le passage des animaux, cheminements de terre entre les rizières pour se déplacer lors des travaux aux champs..., elles sont parfois rudimentaires, mais efficaces dans leur fonction. Les déplacements sur l’eau posent question. Pourtant rapides et efficaces, ils sont peu utilisés par les habitants.

Chemin de Latérite

Chemin en digue de terre entre les rizières Voie d’eau à travers la végétation invasive sur le lac

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De l’eau, du riz et des hommes64

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La motorbike :Ce sera notre moyen de locomotion par excellence. Maniable, rapide, passe-partout, elle s’adapte à toutes les situations, transporte quasiment n’importe quoi et peut accueillir bien plus que deux personnes..

Le vélo :Pratique et maniable, c’est le moyen de locomotion de prédilection des enfants. Mais sous ces chaleurs, il peut devenir assez pénible de se déplacer avec...

Le tuk-tuk :Presqu’un symbole de la Thaïlande, ces petits engins à moteurs gonflés au gaz permettent de rallier n’importe quelle destination autour du lac, pour quelques baths.

Le vélo pousse-pousse :Principalement utilisé à Sakon Nakhon, il permet de ramener ses courses sans le moindre effort. On retrouve des stations avec chauffeurs autour des centres commerciaux.

Emprunter ces routes et chemins

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De l’eau, du riz et des hommes

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65

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Le pick-up :Tout le monde (ou presque) en a un. Pratique et maniable, il permet de transporter le matériel agricole, les récoltes et semences, les animaux, mais aussi parfois la famille, dans la benne arrière.

Le Song-taew :Sorte de taxi brousse adapté sur le châssis d’un pick-up, il se situe à mi-chemin entre le taxi et le bus public. On indique au chauffeur où l’on veut se rendre et il compose son trajet en fontion des passagers déjà présents.

Le bateau en bois :C’est le moyen de locomotion des pêcheurs. En dehors de cette activité, il est peu utilisé, mais permet néanmoins de rallier les différents points du lac de façon efficace et rapide, en évitant les routes.

Page 68: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

Document Paysagistes Sans Frontières

Relief des monts du Phu Phan et

retenue d’eau par les barrages

Emprise du parcellaire rizicole

Emprise des boisements

Villes et villages autour du lac

Routes et chemins, se déplacer à Sakon NakhonN

0 1 5 10Km

De l’eau, du riz et des hommes, le paysage de Sakon Nakhon

Page 69: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes

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EXPÉRIENCE DU PROJET

67

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SynthèseL’implantation des hommes sur le territoire de Sakon Nakhon recouvre des formes diverses et variées. Le marnage d’un lac capricieux par le passé a prédestiné à la proximité ou non des hommes avec ce dernier. En retrait, le long, ou au bord, les hommes se sont adaptés à l’hydro-géographie, mais aussi à la culture qui les faisait vivre : le riz.Un zoom sur les différentes façons d’habiter: de la ferme isolée en pleine campagne à la maison traditionnelle en bois encerclée de béton de la grande ville, ce sont les mêmes conclusions qui tombent. L’habitat du passé était adapté à la pratique agricole des hommes, et non l’inverse.Si l’apparition récente du béton commence à faire évoluer les choses, on constate toujours, en ville comme à la campagne, une grande homogénéité dans les formes de l’habitat.Mais se pencher sur les hommes et leur territoire, c’est aussi questionner leurs déplacements, leur mobilité.Au réseau routier principal, parfois extrêmement dégradé et pour le moins limité, se substitue une foule de réseaux annexes, souvent précaires, parfois en dur, en tous

cas efficaces au quotidien.Dans les modes de déplacement, on note là encore une grande homogénéité. Le pick-up, visible partout a peu à peu pris la place du vélo, du bateau ou de la charrette à buffles, ces modes de déplacements doux, qui autrefois permettait la mobilité.

Mais à bien y regarder, l’analyse que nous venons de vous livrer ne nous semblait pas complète. Un peu comme s’il nous manquait une échelle, en tous cas des précisions.Nous vous avons parlé de l’eau, en n’ayant connu qu’une seule saison.Nous vous avons parlé de riz, sans n’avoir jamais pratiqué cette tâche difficile.Nous vous avons parlé des hommes et de leurs villages, sans y avoir habité.Il était essentiel pour nous de retourner sur place, pour rencontrer les gens qui ont construit ces paysages, et les entretiennent depuis, et pour pouvoir projeter, le plus possible, les pieds sur terre. Cette “analyse sur carte”, nous aura néanmoins permis d’éclairer certaines questions mais aussi et surtout de jalonner notre retour sur place avec un regard préalable.

Page 70: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

De l’eau, du riz et des hommes68

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 71: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

Nos moyens, une association au service du projet

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

La nécessité de créer une association nous est très vite apparue. Pour mener à bien notre projet, nous avions besoin de la logistique, et de la structure de “Paysagistes Sans Frontières”.> Elle nous a permis de fédérer des personnalités aux profils divers (paysagiste, architecte, urbaniste, agronome, hydrologue,...) autour d’une structure stable. Ce partage des savoirs, c’est la base de notre association. Nous ne sommes pas des spécialistes, et comme dans la vie professionnelle, le paysagiste se doit de s’entourer de gens qui ont les connaissances nécessaires à la bonne réalisation d’un projet.> Disons-le simplement, elle nous permet sur place d’aborder les différentes personnes que nous rencontrons avec un appui solide, sur la base de nos statuts et de la demande de subventions. Quand nous avons rencontré des personalités officielles sur place (gouverneur, départements, administrations,...) ce n’est pas à deux étudiants qu’ils ont eu affaire, mais à une association. Cela nous a permis d’avoir des réponses précises, et d’attirer l’attention sur notre démarche.> Elle nous offre un statut légal, de manière à pouvoir collaborer avec des étudiants paysagistes thaïlandais. Cette démarche est très importante car nous pensons sincèrement que c’est dans le partage des connaissances que ce projet prend ses racines et sa force.> Elle nous permet également un appui matériel (l’agence nomade décrite ci-après), mais aussi financier, permettant de nous défrayer.

Une association, pourquoi faire?

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

Cette association a pour but de mettre en relation et de coordonner les savoirs, les connaissances, ou les formations des membres afin d’organiser des actions en vue d’agir dans l’intérêt du monde. L’association cherchera à promouvoir un développement harmonieux, cohérent, et durable des territoires, en concertation et dans l’intérêt des populations concernées. Son impact pourra être social, culturel, environnemental, ou encore pédagogique.

Dans ce cadre, elle pourra être amenée à collaborer avec des partenaires privés ou publics de diverses nationalités, adhérents ou non à la présente association.L’objectif de l’association est ainsi d’intervenir sur des territoires fragiles en détectant les problématiques actuelles et futures pour anticiper un développement harmonieux des territoires. Les projets mis en place par l’association pourront donc être justifiés par la détection de problématiques futures dans l’aménagement du territoire.

Extrait des statuts de l’association

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Nos moyens, une association au service du projet

Une équipe relais en France...

Prénom : JérémyNom : Chéry

Nationalité : FrançaiseDate de naissance : 01/08/1985

Formation : Ingénieur Paysagiste ITIAPEPrécieux pour ses conseils, avis, et son

approche concrète du paysage

Prénom : XinNom : LuoNationalité : chinoiseDate de naissance : 24 août 1983 Formation : Architecte DPLG, ENSAP BordeauxAvisé et précis sur les sytèmes constructifs

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Prénom : MaevaNom : Goettelman SchaalNationalité : FrançaiseDate de naissance : 07/07/1986Formation : étudiante architecte ENSA StrasbourgEngagée sur place à nos côtés pour son diplôme

Prénom : EveNom : Piyaporn

Nationalité : ThailandaiseDate de naissance : 10/02/1989

Formation : Paysagiste KU BangkokEngagée et éclairée sur la culture

locale et les systèmes paysagers

Prénom : NeungNom : Karin

Nationalité : ThailandaiseDate de naissance : 05/04/1989

Formation : Architecte KU BangkokToujours de bonne humeur et grand

amateur de culture (culinaire) locale

Prénom : NicolasNom : BrousseNationalité : FrançaiseDate de naissance : 15/11/1987 Formation : étudiant paysagiste ENSAP BordeauxTrès impliqué sur place et en France, et passionné de photographie

Nos moyens, une association au service du projet

...et sur place

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De l’eau, du riz et des hommes74

Document Paysagistes Sans Frontières

L’agence nomade :Nous nous sommes longtemps demandé comment nous pouvions concrétiser cette démarche. Quels outils nous permettraient de mener au mieux les échanges? Et puis, pour nous, habitués à travailler “à l’occidentale”, est venu le moment de savoir de quels outils nous avions vraiment besoin pour penser, réfléchir, et aménager le territoire.Faciliter et dynamiser les échanges, et nous permettre d’en assurer les conditions sont les deux priorités qui ont dicté la constitution de l’Agence Nomade.Il s’agit tout simplement d’une malle. On y trouve tout le nécessaire pour faire projet, un condensé d’agence en miniature. L’idée est de la rendre mobile, et de pouvoir ainsi la déplacer de village en village, dessiner le projet en toutes circonstances, mais aussi assurer une pédagogie auprès des habitants.Certains de ces objets sont une condition indispensable à la bonne réalisation de notre projet.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

Des ordinateurs, pour travailler

Un vidéo-projecteur,pour diffuser

Des livres, pour réfléchir

Un abri,pour exposer

Un réchaud, pour casser la croûte Une imprimante,

pour reproduire et dessiner

Des cartes, pour se repérer

Du calque, pour essayer

Du papier et une table lumineuse, quand on sera sûr

Des stylos, pour prêterUn appareil-Photo,

pour mémoriserDe l’énergie,pour faire marcher le tout

La malle idéale de l’agence nomade

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

Ce concept de l’agence nomade, nous l’avons éprouvé sur place. Trimballant nos PC, calques, feutres, cartes et plans dans les situations les plus rocambolesques, nous avons acquis une petite expérience dans le fait de travailler dans à peu près toutes les conditions possibles. Les pieds picorés par des poules, à la terrasse d’un café, ou à l’ombre d’un Saala, l’agence nomade nous a permis de rencontrer, discuter, échanger, travailler avec les gens sur place. C’est au final assez amusant, mais on pensait que l’expérience allait s’arrêter avec notre retour en France.Loin s’en faut!Sans logement fixe à notre arrivée, l’agence nomade s’est adaptée à notre situation précaire. Dans la cave de maman, dans le train, dans un coin de la médiathèque, toutes les situations (ou presque..) sont propices au travail.Se pose alors la même question que pour la Thaïlande. De quoi avons-nous réellement besoin pour travailler? Quelles sont les conditions qui font que l’on se sent apte au travail, à la réflexion?Quelques conditions sont nécessaires? C’est ce qu’illustre le dessin ci-contre...

Se mélanger les pinceaux

Engager des intérimaires

Travailler sous les pilotis...

...ou dans un café

...

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Carburant sucré Pc portable en surchauffe

Prise électrique

Troussefourre-tout

Papier brouillonCarte du territoiregriffonnée

Stylo fétiche

Téléphone,en mode silencieux

Du café, beaucoup de cafés

Livres de référence

Nos moyens, une association au service du projet

Bureau “type” de l’agence nomade

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Nos moyens, une association au service du projet

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Nos moyens, une association au service du projet

SynthèseDe l’eau, du riz et des hommes... Mais ce serait pour le moins réducteur de résumer un territoire aussi riche et complexe que celui de Sakon Nakhon. Néanmoins, dès les premiers allers-retours sur place, c’est ce qui nous a sauté aux yeux. Un travail de l’eau, à la fois titanesque et d’une infinie précision dans ses détails, des rizières à perte de vue, émaillées par quelques cultures annexes, et des hommes qui en vivent et se sont installés ici en fonction des deux premières composantes : voilà ce que l’on peut retenir de ce territoire. A première vue seulement...Il aurait été possible de faire notre diplôme avec ces informations. Mais cela aurait été pour le moins malhonnête, et faussé par une vision ethnocentrique des problèmes rencontrés là-bas par les populations locales.On aurait bien des solutions à leur proposer, là tout de suite. “Faites du bio!”, “Plantez des forêts!”, “Arrêtez avec le béton!”..De nos premières investigations, il ressort une vérité.

Il nous manque une échelle. Celle des hommes qui font vivre ce paysage.Face à la complexité des systèmes en place, et à leur intime inter-relation, on peut parfois se sentir désarmés, déboussolés. Une lecture sur carte de ce territoire, étayée par nos recherches dans les livres spécialisés et les sites internet, nous a permis de brosser son portrait rapide, une sorte d’esquisse d’analyse.

Pour comprendre, nous pensons, qu’il faut vivre les systèmes de l’intérieur, les éprouver, les tester, pour mieux les appréhender.C’est ce que nous avons tâché de faire, avec nos moyens : une association au service de notre projet.Repartir là-bas, plus qu’une évidence, c’est l’assurance de pouvoir s’immerger dans la culture des populations, partager travail et sourires, pour regarder ce paysage, côte à côte avec les gens qui le font vivre, et non plus face à face.

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Document Paysagistes Sans Frontières

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PART

IE

2L’expérience du lieu

1) La participation, de la théorie à la pratique2) Le micro-café, un prétexte à la rencontre 3) Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux 4) Faire “avec”, la meilleure façon de comprendre

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Faire avec, la meilleure façon de comprendre84

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

La participation, de la théorie à la pratique

La participation, de la théorie à la pratique

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La participation, de la théorie à la pratique

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La participation, de la théorie à la pratique

Pourquoi avons-nous choisi cette méthode participative?

Nous arrivons à Sakon Nakhon, nous venons d’un pays où notre lecture de ce qui semble essentiel dans les usages et les formes paysagères est très éloignées de ce que les Thaïlandais perçoivent et de ce qui les touche, alors notre choix méthodologique s’est quasiment imposé de lui-même.Nos modes de vie et notre culture orientent nos regards sur les paysages : partager les regards semble donc primordial. Il est vrai également que la perspective d’un tel travail nous a enthousiasmés car le voyage n’est rien sans les rencontres que l’on y fait. Le projet participatif permet de rencontrer un panel

de personnes que l’on n’aurait pas forcément abordées. Après tout, prendre du plaisir dans ce que l’on fait donne du sens. Le paysage est accessible à tous, à un niveau ou à un autre, en amenant les gens sur le terrain de la médiation. Une fois sur place, nous entrons dans les replis du paysage pour comprendre de l’intérieur les habitudes, les modes de vie, les traditions, les pratiques et méthodes culturales, nous nous imprégnons du lieu pour décoder les fonctionnements et organisations sociales qui ont produit et entretiennent ces paysages.Comment faire partie du lieu et notamment dans le regard des habitants ? Pour nous la connaissance, la compréhension et la formalisation passent indiscutablement par l’intermédiaire des personnes qui appréhendent et font vivre ces lieux.Mais nous laisseront-ils entrer dans leurs us et coutumes?

Comment aborder l’action sur les paysages dans cette démarche, en fonction des différentes «démocraties» locales?

Il nous a fallu nous réapproprier la méthode aujourd’hui trés théorisée (non pour en réécrire les grands principes encore moins les réinventer!). Car dans cette approche, et pour nous y être confronté, il n’y a pas de réponse toute faite, de réponse scientifique applicable pour tout et partout. Cela dépend donc du lieu,

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La participation, de la théorie à la pratique

Nous pouvons, grâce à la participation, «opposer nos concepts et ce qui tient plus de l’ordre du bricolage» (Cyrille Marlin). Un des avantages que l’on peut en tirer est la place laissée à l’improbable (une trés bonne place même dans ce cas présent). C’est pour nous l’heure de tester la philosophie de notre démarche associative sur un site réel.Dans cette approche, la forme est au service du sens. Ici, fait important, c’est la plupart du temps les gens qui nous ont fait participer mais il nous a fallu leur en donner les moyens. Et donc, quels outils seront efficaces pour mener à bien les discussions? Quels médias et propos devrons-nous choisir pour mettre en place un regard croisé compréhensible par nos deux origines géographiques et culturelles?

Sur quel(s) parti(s) pris s’appuie notre démarche de paysage?

> D’abord, nous inspirer des valeurs du territoire, des qualités des lieux et des dynamiques en cours pour faire émerger un projet ancré dans la réalité, celle du moment présent et jusqu’à celle, plus lente, de la dynamique végétale.Cette démarche pose la question du temps, celle du temps passé et historique, celle du temps présent (pour nous sur place) et celle du temps plus long, le temps à venir à court et moyen termes qui confère la durabilité au projet et nous implique évidemment.

du contexte, toujours dans un processus côte à côte et non face à face : «regarder le paysage de l’intérieur» (Yves Michelin). Sur ce territoire du lac Nong Han, chaque ville (Sakon Nakhon), chaque village (Bann Paen, Chum Cheng, Tha rae...) a évidemment une histoire, des qualités et des possibilités d’actions propres en accord avec ses valeurs, dans un contexte problématisé.Le bien-fondé de cette démarche tient donc à une bonne méthode d’entrée et à une connaissance éprouvée du territoire à toutes les échelles : d’où cette expèrience du lieu avec ses habitants, passage obligé, avec un arrêt sur des rencontres, des plus fortuites aux plus ciblées en voyageant sur ce territoire.

Notre méthode s’est affinée sur place.

«Je ne pense pas que l’on doive chercher les solutions à l’extérieur. Cherchons les solutions à l’intérieur, écoutons les gens en face de nous qui ont les solutions, ils sont partout dans le monde» ( Bunker Roy, fondateur de l’école des Va-nu-pieds ).Avec l’appui et parfois le prétexte de notre association, point de départ de notre réflexion participative commune, et de ce diplôme de fin d’études à Sakon Nakhon en Thaïlande, nous sommes donc entrés sur le territoire en nous intégrant à sa population, en participant à son quotidien et ce durant plusieurs mois.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

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Document Paysagistes Sans Frontières

La participation, de la théorie à la pratique

> Ensuite se poser la question pas du tout secondaire de notre adaptabilité, avec des questions nombreuses aux contours simples, clefs pour notre intégration et notre travail : Où dort-on ? Où mange-t-on ? Où aimons-nous nous promener ? Avec qui passerons-nous la journée à travailler ? Où sommes-nous invités ? Quelle fête de village va nous rassembler ? > Puis mettre en avant ces valeurs, spécificités locales détectées en de nombreux points sur le territoire, en les présentant aux élus, aux populations...Nous leur permettons ainsi de s’identifier, de se reconnaître, puis plus en avant de lancer une démarche où les projets pourront prendre du sens, avoir des impacts positifs, et déclencher d’autres actions allant dans le sens des «territoires vécus» (Martin de la Soudière, ethnologue).> Enfin détecter pour notre part ce qui fait valeur aux yeux des habitants avec du recul, avant de réaliser des synthèses croisées, formaliser une lecture, analyser des valeurs communes parfois immatérielles.> Au fur et à mesure donner (implicitement) à voir ce que les gens ont et ce qu’ils risquent de perdre en le surexploitant.La recherche de solutions viables économiquement et durables est l’objectif de notre démarche. L’entrée dans le projet de paysage est ici, avec ses partis pris, un projet de concertation qui demande une présence de longue durée afin d’installer une «participation soutenue».

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Faire avec, la meilleure façon de comprendre90

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

Le micro-café :un prétexte à la rencontre

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

Nous nous retrouvons au début de notre aventure sans traducteurs (voir nos déboires dans le carnet en annexe). Peu de gens semblent parler l’anglais, mais on se dit que l’on devrait quand même en croiser dans cette ville. Et on décide de tenter notre chance...C’est donc tout naturellement que l’on se positionne dans ce petit troquet. Il ne porte pas de nom. Un petit business familial, à l’angle de deux rues passantes, et une jolie vue sur le temple.Une table en béton, un parasol pour l’ombre, de l’eau fraîche et du café chaud, toutes les conditions sont réunies pour que nous commencions notre démarche participative.La technique est plutôt rodée. Deux d’entre nous partent, calepin sous le bras, à la rencontre des gens. Les deux autres restent à la table, et préparent le fond de carte, le calque et les feutres.Aux personnes rencontrées, sont posées des questions sur leurs habitudes de vie, leurs

Objectifs de la démarche :trajets,...Si l’échange se passe cordialement, et contre la promesse d’un café chaud, ou d’un coca frais, nous les invitons à s’asseoir quelques instants avec nous. On replace ainsi les lieux décrits oralement sur la carte.Ca paraît simple comme ça, mais en fait, ce n’est pas vraiment évident pour tout le monde. On se repère par rapport aux bâtiments principaux, ou en fonction de trajets effectués. Pas si facile, même pour eux, dont c’est pourtant la ville.Si les deux premières phases se passent bien, on finit l’entretien avec un petit portrait.Là encore, ce n’est pas toujours évident. Certains refusent poliment, sans doute par pudeur. Et puis certains sont d’accord, à condition que l’on pose avec eux. On se retrouve donc avec énormément de photos de groupe. Ceux qui se prennent au jeu au final, ce sont ceux avec qui l’échange s’est le mieux passé. Se faire prendre en photo par un inconnu n’est pas anodin. Etablir une relation de confiance, voilà sans doute la clé pour un portrait réussi...

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

Un portrait est pour nous l’instantané d’un moment avec une personne, un souvenir. La plupart du temps, au début de l’expérience, nous avons commencé par demander si nous pouvions faire un portrait. Mais en réalité la photographie est bien plus subtile : un portrait n’est réussi qu’après l’instauration d’un confiance mutuelle, et très souvent après plusieurs rendez-vous. En acceptant de poser, la personne nous fait comprendre qu’elle a trouvé un intérêt à dialoguer avec nous, que la relation est établie. Retourner auprès des personnes par la suite avec, en mains, leur portrait est un moyen parfait pour enraciner la relation dans la confiance.

L’objectif du questionnaire n’est pas de faire un recueil de statistiques mais de dialoguer le plus possible et d’aborder un maximum de sujets.Il n’y a donc jamais vraiment un questionnaire type, mais cela nous permet d’amorcer le dialogue ou un thème qui nous semble important. Par la suite et au fur et à mesure de l’instauration d’une confiance mutuelle, les sujets les plus complexes peuvent être abordés. La formalisation de ces rencontres se traduit sous la forme d’une cartes des «neurones».> Le questionnaire est un outil prétexte pour amorcer les discussions.> Il permet à la personne interrogée d’avoir un regard préalable sur les thèmes des questions posées, ce qui instaure un climat de confiance et rassure la personne parfois un peu inquiète...

Didactitiel du micro-café :

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Fond de carte destiné aux habitants

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

Linh, timide, a un petit sourire incontrôlé. May, quand à elle, est ravie de rencontrer des étrangers car ce n’est pas si courant ici. Nous les rencontrons par hasard au musée de Sakon Nakhon à la pause déjeuner. Elles ne sont ici que pour manger avec leur mère qui travaille comme guide. Etudiantes dans l’école d’à côté, elles nous racontent leurs habitudes entre sorties avec les amis, travail et traditions familiales. Leurs études leur ont permis d’avoir quelques bases d’anglais. Agrémentée de dessins et de franches rigolades, la discussion est plaisante et les filles nous font découvrir «leur» ville.

« Nous aimons trois choses plus que tout: faire du shopping, sortir avec les amis et dîner en famille ». Les filles nous expliquent qu’elles vont régulièrement au récent et premier grand centre commercial du centre ville : le Big C. On y trouve effectivement tous les éléments de la culture occidentale : un KFC, des boutiques de vêtements... La jeunesse de Sakon Nakhon est désireuse de consommer et c’est ici qu’elle se rassemble. Ensuite, vient le «Bon Café», un nom qui évoque l’histoire de nos deux pays. C’est le rendez-vous des copains après les cours. Puis viennent les parcours plus traditionnels et en lien avec la famille, peut-être plus appréciés par les générations précédentes. Le Parc de la Reine pour se reposer, le marché des produits frais et locaux mais aussi et c’est plus récent, la zone commerciale de la périphérie. Lorsque le tour est fait, la promenade cartographique fait apparaître la maison des filles au centre de tous ces lieux quotidiens. Elles restent donc souvent dans un périmètre assez restreint dont les contours sont dictés par ces lieux importants pour elles.

Un exemple : Linh et May

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

Carte réalisée avec Linh et May

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Carte des neurones : le paysage vécu par les habitants de Sakon Nakhon

Centre piscicole

Tesco Lotus

Big C

Big C

Discothéque

La digue du port

L’université

Le Wat Phra That Choeng Chum

Le parc de la Reine

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Le micro-café, un prétexte à la rencontre

SynthèseUne trentaine de personnes interrogées.Presqu’autant de portraits d’habitants.Des litres de café bus.Des tremblements incontrôlables.Des mètres de calque déroulés.Des cartes griffonnées.Quelques insolations.Et des lieux incontournables qui commencent à apparaître.Voila le bilan de ces premières semaines de micro-café.Cette méthode nous a permis en fait d’accélérer et d’approfondir notre lecture de la ville de Sakon Nakhon.Ses lieux emblématiques (le Parc de la Reine, le Temple, le Big C), mais aussi ses recoins, ses endroits qui ne se dévoilent pas au premier regard. L’arrière d’une cour, un petit marché au coin de la rue, ou le meilleur Tom Yum de la ville.Lire la ville par ses habitants, voilà le vrai bénéfice de ces séances.Et puis, cela permet de créer du lien. Le prétexte d’avoir un questionnaire sous le bras permet également d’aborder les gens sans peur ni à-prioris.

On se sent à l’aise, on a une excuse pour parler aux gens.Et puis cela a parfois débouché sur de belles rencontres. Rencontres qui se sont parfois changées en amitié, le temps de notre séjour là-bas.La carte ci-contre présente le bilan de ces entretiens. Les “neurones” en orange représentent ce que nous avons appelé les “paysages vécus” par les habitants. Où mangent-ils, où habitent-ils, où font-ils leurs courses, ou encore où vont-ils pour se détendre?Ces questions nous ont permis de dégager des parcours, mais aussi de préciser les lieux importants de la vie sociale de Sakon Nakhon.Mais la méthode a ses failles. Sans traducteurs, il nous aura seulement été possible de discuter avec des gens parlant l’anglais, et donc d’un bon niveau socio-professionnel. Impossible donc d’interroger tout ce que la ville compte de travailleurs de rues, artisans, ou ouvriers. Et ce sont pourtant eux qui font la ville, l’animent, ou la construisent...

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Faire avec, la meilleure façon de comprendre100

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Les appareils jetables :regarder avec leurs yeux

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Objectifs de la démarche :

Il nous est très vite apparu qu’il nous manquait un outil pour analyser ce territoire.Certes, l’expérience du micro-café nous a permis de dégrossir notre analyse, de comprendre les habitudes, les usages, les modes de vie, mais comment aborder la question du “symbolique” dans ces paysages? Comment comprendre l’indiscible, le caché? Et plus que tout, comment comprendre ce qui fait vraiment valeur pour les gens sur ce territoire? A quoi sont-ils attachés? Et qu’est-ce qui fait l’identité de Sakon Nakhon pour eux?C’est donc en confiant nos appareils-photo jetables et en posant une question d’apparence anodine que nous nous sommes présentés aux gens: “ What is Sakon Nakhon for you? “Une question facilement compréhensible, mais qui nous permettra d’appréhender la “substance” du paysage de ce coin de Thailande.L’idée n’est donc pas ici de proposer une lecture exhaustive et scientifique du territoire, mais plutôt d’esquisser un portait de ce qui fait symbole pour les habitants de ce lieu. Nous avons classé les photos en fonction de leur nombre, suivant les thèmes plus ou moins récurrents.

Agriculture

Culture locale

Vie quotidienne / Vie privée

Le fait religieux

Déplacement et mobilité

Architecture

Le lac Nong Han

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Agriculture :Dans cette région rurale, c’est l’agriculture qui fait vivre les familles, et ce depuis des générations. Pas étonnant donc d’avoir récupéré un si grand nombre de photos en rapport avec l’agriculture. Il y a les rizières certes, avec le travail d’équipe que cela implique, mais pas que... L’élevage, et toutes les cultures annexes (fruitiers, potagers, apiculture,...) sont aussi bien présentes, prouvant toute la fierté et la nécessité qu’ont eu ces familles de subvenir à leurs besoins.

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Culture locale :En deuxième position, c’est ce que nous avons appelé la “culture locale”. Le Larousse la définit ainsi comme “ensemble des usages, des coutumes, des manifestations artistiques, intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe, une société”. Nombreuses auront été les photos à nous présenter des fêtes, des costumes, ou des instruments traditionnels. Tout simplement parce que c’est ce qui fait l’identité de cette population, ce qui les lie entre eux, le ciment de la société en quelque sorte. Et ils en sont fiers!

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Vie quotidienne / Vie privée :On touche ici à un point important. Nous avons collecté plusieurs photos que nous avons classées dans ce thème de la Vie privée. C’est pour nous une chance que d’avoir pu toucher du doigt ce que l’on n’aurait jamais pu voir de nos yeux. De réputation plutôt pudique, les habitants se retrouvent le plus souvent sous la maison, dans le jardin, mais jamais “dans” les maisons.Ce sont ici des instants de vie, celle de tous les jours, dans l’intimité des familles. On remarquera également le nombre important de photos d’enfants, ce qui nous montre bien toute l’importance que ces gens accordent aux générations futures.

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Le fait religieux :La religion, comme partout ailleurs en Thailande, est omni-présente. Catholiques, bouddhistes, Cao-Daistes, les thailandais sont un peuple fervent. La religion règle les soucis de la vie, régule les journées, ordonne les relations sociales...Mais plus que la ferveur, c’est aussi cette incroyable richesse architecturale, tantôt monumentale et extravagante, tantôt intime et délicate, que les gens ont cherchée à nous montrer, avec leurs yeux.

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Déplacement et mobilité :De l’avis de tous, se déplacer dans la province de Sakon Nakhon est compliqué et fastidieux. Une seule route, parfois en mauvais état, pas de navettes sur le lac, et une place prépondérante accordée à la voiture individuelle. Mais les travaux en cours pour améliorer l’état des routes semblent avoir retenu l’attention d’une habitante, peut-être parce qu’ils ont une chance d’améliorer la situation?

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Architecture :Pour ce domaine, nous avons été surpris, au vu de l’analyse de l’habitat, de constater l’attachement des habitants à la petite construction, et à l’habitat traditionnel. On pensait qu’ils leur tournaient le dos, et en fait non : ils en sont même fiers! Les Saalas, maisons de bois, et autres cabanes communautaires sont aussi ce qui, pour eux, représente Sakon Nakhon et son identité.

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

Le lac Nong Han :Pour cette dernière section, c’est aussi un peu la surprise. On pensait retrouver de nombreuses photos du lac, et des activités qui y sont liées. Sur un total de presque 200 photos, seules trois ont été prises en rapport au lac. Qui plus est, elles viennent toutes du village de Chum Cheng. Le fait que ce village ait un contact direct au lac y est sûrement pour quelque chose, mais quand même... Il est immense ce lac, et prégnant dans le paysage du plateau. Aurait-il disparu des consciences?

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Les appareils jetables, regarder avec leurs yeux

SynthèseCet outil nous aura permis de tenter de regarder le paysage avec les yeux des gens. Il nous aura fait déceler des lieux, des sentiments, et fait toucher la part du “symbolique” dans le paysage. Ce symbolique, c’est ce que l’on ne voit pas. C’est la partie immergée de l’iceberg, ce qui se cache dans les replis du paysage, et que l’on a parfois du mal à détecter.En effet, pour nous européens dans ces contrées lointaines, il est parfois difficile de déceler ce qui fait valeur aux yeux des gens. Ce qui les touche, les émeut, et ce à quoi ils sont attachés.A la question simple “What is Sakon Nakhon for you ?” (“Qu’est-ce-que Sakon Nakhon pour vous?”), la diversité et la richesse des réponses nous ont parfois surpris, étonnés, et nous ont en tous cas donné l’opportunité de regarder ce territoire sous un autre angle, et sans le filtre réducteur de nos idées arrêtées.Parce que le projet devra se construire “avec“ les gens, il était pour nous indispensable d’associer leurs regards aux nôtres, pour

tâcher de bâtir ensemble un projet cohérent avec leurs attentes.Il serait néanmoins abusif d’en tirer des conclusions hâtives. La méthode n’est pas scientifique et les résultats non exhaustifs. Dix appareils photo, dix lieux disséminés autour du lac, et presque 200 photos plus tard, nous n’avons sûrement pas couvert l’ensemble du territoire.L’agriculture et la riziculture en particulier tiennent une place de choix dans le coeur des habitants. Ce “motif paysager” représente leur gagne-pain (ou gagne-riz d’ailleurs...), et c’est ce travail d’équipe qu’ils ont voulu nous montrer.Les traditions, qui fondent leur identité sont aussi extrêmement présentes, peut-être par peur de les voir disparaître?Enfin, c’est le lac, ce grand absent, qui nous interroge le plus. Peu représenté, il semble absent des consciences. Un peu comme si, inconsciemment ou non, les habitants semblaient lui avoir tourné le dos...

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Objectifs de la démarche :

Grâce aux outils précédemment décrits, il nous a été possible de créer du lien.Cette relation de confiance, et parfois d’amitié, nous avons pour certaines voulu la prolonger, et aller au bout de la participation.Si le micro-café nous a permis de cerner les points importants du territoire, les appareils photo jetables nous ont apporté le regard des habitants sur leur territoire.Mais en prenant un peu de recul, il nous manquait encore quelque chose. Les questions abordées étaient toujours un peu superficielles, et les réponses souvent données pour nous faire plaisir.Est alors née une idée entre nous. Pourquoi ne pas inverser la vapeur? Au lieu de “faire participer” les habitants au projet comme nous l’entendions, pourquoi ne pas laisser les gens nous “faire participer” à leur quotidien?Basée sur le partage des connaissances, la curiosité et le désir d’apporter notre aide, cette méthode est pour nous, une manière d’expérimenter les choses de l’intérieur. Au-delà d’acquérir une confiance mutuelle, le travail “ensemble” permet de comprendre les problématiques et d’éprouver les difficultés.

Le travail manuel délie les langues, et les confessions de la pause midi seront, par exemple, une grande source informative.Nous sommes donc allés à la rencontre des gens qui, au quotidien, construisent et façonnent ce territoire, en leur proposant notre aide pour une journée. Encore une fois, l’objectif était bien de lire ce paysage à travers les pratiques de ses habitants.

Mais nous considérons que notre regard a aussi son importance.Un oeil neuf et d’autres codes de lecture nous permettent de regarder ce territoire, et de tâcher d’en décrypter les codes d’une façon inédite.Les pages qui suivent vous présentent donc, après tri et sélection, ce qui pour nous fait valeur sur ce territoire.Des initiatives les plus locales, parfois sans grande influence, aux initiatives les plus globales, rayonnant sur l’ensemble du territoire, nous avons essayé de comprendre et d’analyser ce qui fonctionnait, mais parfois aussi de discerner les limites des concepts.

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Lors de notre première rencontre avec Paa Tik et ses deux filles, nous négocions avec cette petite propriétaire la location d’une maison pour quelques mois dans le village. Petite dame au teint brun foncé et au sourire en coin, toujours flanquée d’une casquette trop large pour elle, Paa Tik est une agricultrice qui produit des légumes, des condiments, des fleurs et du riz. Nous apprendrons un peu plus tard que Paa Tik est veuve : son mari qui était également agriculteur a mis fin à ses jours sous la pression de l’endettement, pour grande part causé par le prix des pesticides et autres produits chimiques.

Paa Tik, subsistance d’une agriculture vivrière

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Nous suivons donc notre agricultrice et propriétaire lors d’une journée «type». La matinée commence à 6h dans une parcelle potagère attenante au village. Le jardin, de quelques centaines de mètres carrés, est dense et coloré par les fleurs destinées aux offrandes aux temples bouddhistes (Voir herbier annexe). On trouve ici de nombreuses associations culturales permettant de gagner de la place et d’augmenter la production grâce aux bénéfices que certains végétaux s’apportent mutuellement. On verra notamment des condiments sous une bananeraie ou encore des courges en paillage sous des haricots. Le matin c’est la récolte et vers midi nous rentrons chez elle pour trier et nettoyer les produits. Sa maison comporte également un minuscule verger sous lequel gazouille, jappe

et cancane la bassecour. Après la pause repas, nous installons le stand de vente dans un petit marché sous un soleil brûlant. Vers 16h, il est temps de rentrer s’occuper des rizières aux heures plus fraîches. En fin de journée, sa petite parcelle de forêt permet la récolte du bois pour la cuisine et le charbon. L’organisation de l’exploitation est comme la plupart de celles que l’on trouve ici : 30% de rizière, 30% de jardin maraîcher, 30% de forêt et 10% pour l’unité d’habitation. Cette organisation a été préconisée par le roi qui, sans réel pouvoir politique, reste trés écouté. Nous sommes encore en saison sèche lors de cette journée, mais le travail durant la saison humide se passe plus longuement dans les rizières et moins dans le jardin.

Ici, l’organisation des productions a dessiné des paysages diversifiés et a permis de maintenir un rapport riz/jardin/forêt très utile d’un point de vue écologique et productif. Chacun produit des aliments en tenant compte de ce que produit le voisin, et on retrouve donc sur le marché une multitude de denrées. Bien évidemment, ce type de production difficile dans sa gestion tend à disparaître,

emportant des formes paysagères avec elle. A l’heure où la mondialisation et les progrès techniques demandent des rendements énormes pour subsister, ces petites exploitations laissent place, et notamment à Bann Paen, à de grandes parcelles rizicoles monospécifiques. Aujourd’hui, les potagers et les forêts disparaissent peu à peu des paysages : ce sont les effets du remembrement.

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Centre du village, commerces Ancienne rizièresous couvert de verger

Jeune plantation d’eucalyptus

Jardins potagers privés

Massif forestierTrace «bocagère»

Chemin vers le Lac Ancienne ceinturede vergers

Rizières anciennespetit parcellaire

Point d’eau pour le bétail

Terrain de sport et école

Ferme isolée

Réservoir

Rizières modernesgrand parcellaire

Pâa Tik agricultrice dans le village de Bann Paen

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Il aura été compliqué de rencontrer Kasemchai, et pourtant c’était presque notre voisin (cf. nos déboires dans le carnet de voyage en annexe).Après plusieurs essais infructueux, nous passons finalement une petit semaine-type avec lui, et ses bêtes.Kasemchai ne parlant pas un mot d’anglais, c’est avec notre petit guide de traduction que nous échangeons avec lui, un exercice périlleux mais qui pousse à aller à l’essentiel.Ancien instituteur, père de famille, et agriculteur converti au biologique, l’homme est foncièrement sympathique et nous accueille chaleureusement dans sa ferme expérimentale. Ce n’est pas tous les jours que l’on s’intéresse à son concept et il a à coeur de nous faire partager son expérience et son savoir-faire.

Kasemchai, Une autre agriculture est possible

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La ferme de Kasemchai occupe cinq bons hectares et prend place en marge du village de Ban Paen. Converti aux pratiques culturales pérennes, il s’est installé là il y a une dizaine d’années et tente d’appliquer ses principes en dépit de l’avis général (on le prendrait presque pour un fou dans le coin...).L’exploitation se déroule comme un ruban, du temple du village jusqu’au lac. Il exploite quelques parcelles de riz tout autour, mais qui ne lui appartiennent pas. Doué de ses mains, il bricole à peu près tout sur son terrain. Les bâtiments, les stabulations, l’électricité, tout est de lui, et il met un point d’honneur à récupérer tout ce qu’il peut récupérer. Le système D dans sa plus belle illustration!Pompant l’eau du lac de façon raisonnée, il la remonte jusqu’au niveau du temple, pour

la laisser redescendre par gravité jusqu’au lac. Sa parcelle s’organise ainsi autour d’une succession de bassins qui filtrent tour à tour l’eau souillée du lac et lui permettent d’abreuver ses bêtes, et d’arroser ses plantations.Il accueille un nombre impressionnant d’espèces: des vaches, des buffles, des chèvres, des canards, des poules, des oies, et une quarantaine de cochons,... Leurs déjections sont regroupées dans un bassin étanche, fermentent, puis sont envoyées dans une cuve scellée. Le méthane ainsi produit est récupéré dans une pompe à chaleur, faite maison évidemment. Du bio-gaz, qui permet d’alimenter l’ensemble de l’exploitation en électricité, gratuitement.La ferme de Kasemchai est ainsi indépendante dans sa production d’énergie et son approvisionnement en eau.

L’exemple de Kasemchai n’a malheureusement pas l’écho qu’on lui souhaiterait. Il reste isolé : les agriculteurs et les villageois le respectent, mais continuent d’appliquer les principes agricoles prônés par les grandes firmes agro-industrielles.Contre les courants, il mène sa petite barque biologique et tente, avec ses moyens,

d’informer la population qu’une autre agriculture est possible sur ces terres. Une de ces cibles prioritaires réside dans les jeunes, qu’il regroupe au sein d’une petie école de musique. Distraire pour mieux éduquer, voilà une recette pédagogique qui a de grandes chances de porter ses fruits.

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Document Paysagistes Sans FrontièresLac Nong Han

Lieu ombragé pournourrir le bétail

Ferme isolée

Rizières sous verger appartenant à l’exploitation

Parcelles de variétés de riz anciennes

Vers le village de Bann Paen

Elevage porcin

Haie de production d’aliments biologiques d’origine végétale

Bassins de phytoépurationet de pisciculture

Elevage de canards et basse-cour

Verger

Accès carrossable

Habitation

Espace tampon entre l’exploitation et le lac

La ferme biologique de Kasemchai à Bann Paen

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Nous rencontrons Ampon sur l’ embarcadère de Ban Paen. Le rendez-vous a été pris la veille grâce à notre propriétaire, et il nous attend de pied ferme pour nous faire découvrir les îles du lac et ses berges parfois difficiles d’accés.D’allure renfrognée, il se détendra au fur et à mesure de nos mauvaises blagues tout au long de la journée. Les mains calleuses, et le regard malicieux, il possède une petite barque avec laquelle il pêche la plupart de l’année.Il connaît le lac par coeur, ses fonds, ses îles, une connaissance qu’il tient de son père, pêcheur comme lui.

Ampon, Mutualisation des efforts sur l’île aux cochons

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Ce système de mutualisation des efforts agricoles apporte de nombreux avantages. Il ne demande quasiment aucun entretien. D’une superficie assez limitée, cet exemple influe pourtant sur l’ensemble des villages de l’éxutoire, et apporte une solution concrête, bien qu’informelle aux agriculteurs. Mais bien qu’aidant à maintenir le milieu ouvert,

De nombreuses îles parsèment le lac. Pour la plupart inhabitées, et difficiles d’accés, elles sont autant de réservoirs de biodiversité. La nature y est libre, non contrainte, et c’est avec émotion que l’on s’y aventure.Mais une île retient particulièrement notre attention, et celle de notre nouvel ami : c’est l’île aux cochons.On ne connaît pas vraiment son nom (si elle en a un), mais c’est comme ça que tout le monde l’appelle. D’une superficie d’une dizaine d’hectares, elle prend place au milieu de l’éxutoire du lac, au Nord-Est.Le spectacle est assez surprenant : l’île est recouverte de cochons en liberté, aux allures parfois féroces, ici chez eux!Peu d’aménagements, si ce n’est un petit Saala (une petite cabane sur pilotis ouverte aux vents), une réserve de nourriture elle aussi

surélevée, et des auges reparties un peu partout sur l’île.Notre pêcheur nous explique en fait que cette île est une petite coopérative informelle regroupant plus de deux cents agriculteurs (dont il fait partie), qui mettent en commun leurs cochons. Issus de trois villages que sont Ban Chum Cheng, Ban Tha Wat Tai, Ban Tha Sala, ces agriculteurs se sont mis d’accord pour mutualiser leurs efforts de production.En effet, quoi de mieux qu’une île pour borner l’expansion des cochons?Chaque agriculteur, à tour de rôle, vient ainsi s’occuper des bêtes, les nourrir, les soigner, ou encore abattre ceux ayant atteint le poids nécessaire.Ce système permet en outre d’ouvrir un espace qui, sinon, se serait enfriché et rendu impraticable pour l’homme.

le cochon mange tout, et en grandes quantités. La biodiversité y est donc limitée, et selon l’avis de notre interlocuteur, l’espace commence à manquer. De même, la question du lisier produit par les bêtes peut poser problème. En effet, inexploité, il participe, à petite échelle mais sûrement, à la pollution du lac.

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Etang artificiel

Barrage

Exutoire vers le Mékong

Village de Ban Chum Cheng Rizières

Accès carrossable principal autour du lac

Village de Ban Tha sala

Ile aux cochons

Lac Nong Han Résidus forestiers

Village de Ban Tha Wat Tai

L’ïle aux cochons

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Le petit riziculteur trapus a le regard franc et garde toujours son sérieux. Surtout lorsque l’on parle de son village et de ses gens. Ici comme dans la plupart des villages autour de Nong Han, 80% des habitants sont agriculteurs. Le travail dans les champs est rude et tous en ont fait l’expérience. Même si aujourd’hui il est plus dans les bureaux administratifs, l’homme n’abandonne pas pour autant son travail dans les rizières. Ceci, de toute façon, n’est pas pensable dans le village de Chum Cheng où la coopération agricole est la première règle que l’on enseigne aux jeunes enfants. Maneerat nous parle avec passion mais inquiétude de cette organisation communautaire essentielle.

Maneerat, Coopération rizicole et lien social

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Dans la riziculture autour du lac Nong Han, le travail se passe tout au long de la saison humide qui débute avec le Songkran festival mi-avril jusqu’à Janvier (voir carnet de voyage en annexe). Durant 9 mois de l’année le travail est harassant pour tous. Alors il faut trouver des solutions communes qui, au delà d’améliorer le travail, cimentent les liens sociaux. Chaque petit propriétaire possède, en fonction de la taille de sa famille, quelques parcelles de riz. Ces parcelles de tailles identiques sont découpées en Rai (6,25 rai font 1 hectare). La plupart des familles exploitent de 2 à 4 Rai. On ne trouve que très rarement une seule personne en train de travailler dans sa parcelle : l’entraide est partout. Aujourd’hui on plante chez toi, demain on laboure chez moi. Tout le monde

apporte le casse croûte et son matériel. Si il y a un motoculteur dans le village, il retournera toutes les parcelles. Alors évidemment il y a des tensions, des problèmes mais tout se régle en interne. Chaque problème a sa solution, et c’est par le groupe qu’on le règle. Ce système assure une cohésion au village. Tout le monde se connaît, se parle. On met même son temps libre à profit pour construire le bateau pour les courses sur le lac qui mettent en compétitions les différents villages (voir annexe herbier). Tout le temps et pour tout, les travailleurs des rizières, toujours voisins, parfois frères, soeurs ou cousins, s’associent, travaillent et construisent ensemble les paysages agricoles et les villages du plateau.

Tradition et agriculture se mélangent et constituent l’essence du moteur social de la province. Le maintien des petites productions et la culture communautaire du village entretiennent et construisent toujours les paysages. Pourtant, l’agriculture est aujourd’hui considérée comme un travail de pauvre et cette pensée est ancrée profondément dans les esprits. Le

nombre d’agriculteurs diminue et le paysage en pâtit. Les grandes parcelles appartenant à de grands propriétaires remplacent de plus en plus l’agriculture traditionnelle et les petites parcelles cultivées à la main. Le tissu social ancestral des villages, vecteur de tant de cultures et de traditions, résistera-t-il à ces bouleversements?

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Document Paysagistes Sans FrontièresTransplantation

Canal d’irrigation principal

Habitation à proximité des parcelles de production

Travail en commun dans une parcelle privée

Résidus forestiers et fruitiers autour des habitations

Elevage de buffles

Canal d’irrigation secondaire

Parcellaire homogène entre les parcelles plus anciennes

Différentes variétés de riz produites à différents moments

Trace de haie mixte et nourricière

Coopération rizicole

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La jeune et jolie Thaïlandaise est serveuse dans le bar de son père durant la journée. Le soir, c’est avec sa mère que Lang vend des Pad Thaï au marché de nuit. Elle est curieuse, souriante, avec un côté un peu naïf mais une malice certaine dans la manière de raconter sa culture culinaire. Nous la retrouvons au marché vers 23h, l’ambiance est joviale, les discussions des vieilles femmes vont bon train et n’épargnent pas les hommes qui sont loin de former la majorité ici. Les couleurs et les odeurs se mélangent sous le couvert des bâches en plastique qui recouvrent le lieu. Le marché est petit mais la diversité dans les cuisines aménagées à l’arrière des stands étourdit. Lang connaît tout le monde et tout le monde la connaît. Sa bonne humeur et la qualité indiscutable de sa recette traditionnelle lui assurent ainsi une petite notoriété sur ce marché.

Lang, Marché de nuit et habitudes alimentaires

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Dans la culture thaïlandaise, la nourriture prend une place très importante, et l’Isaan est bien connu pour la qualité et la diversité de ses plats (Pad Thaï, soupe de nouilles, riz collant...). Dans cette région rurale les traditions se retrouvent en cuisine. On dégustera ainsi des scarabées et insectes en tous genres en fonction de la saison, des grenouilles, crabes de rizière et poissons chats. En réalité à peu près tout ce qui est comestible est ici repérable sur les marchés. Parfois salé, parfois sucré, la plupart du temps très épicé, souvent les trois mélangés. Et les marchés ce n’est pas ce qui manque! On peut manger à toute heure de la journée et de la nuit. Les thaïlandais aiment se faire plaisir avec la nourriture et

toute la journée, on grignote. Le peuple du sourire tient certainement ce surnom de toutes ces petites choses destinées simplement à se faire plaisir. La cuisine de rue en est un des piliers et le plaisir s’affiche largement sur le visage des gourmands. Mais bien sûr le marché au-delà de l’effervescence des recettes maison, c’est avant tout le prétexte et le lieu pour sortir en société, avec les amis ou la famille. On ne cuisine que très peu à la maison, bien qu’un peu plus dans les villages. Il est en fait moins cher et moins fatigant de venir faire un tour au marché, et composer ainsi son repas au gré des envies. On discute, on goûte quelque chose sur place, debout, dans les allées, puis on rentre avec quelques provisions.

Le nombre de marchés est insaisissable, certains sont rattachés à un lieu mais souvent aussi improvisés. Les marchés sont si vivants qu’ils se déplacent. Ces lieux rassemblent toute la richesse culturelle et sociale de la région, l’artisanat, la nourriture bien sûr mais aussi la religion et les croyances

qui se retrouvent dans les plats en fonction des évènements religieux. Aujourd’hui, on importe de plus en plus d’aliments, même si les productions locales restent à l’honneur. Et puis ces aliments restent transformés sur place. Le système repose toujours sur l’hyper-local, mais pour combien de temps?

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Document Paysagistes Sans FrontièresVille de Sakon Nakhon

Berges Parc de la Reine

Lac Nong Han

Centre historique

Marché de jour

Marché de nuit Centre de traitement des eaux usées

Trace de l’ancienne murailleZone commerciale

MuséeLes marchés

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Nous rencontrons Pikarat et Ung au détour d’un bosquet du Parc de la Reine. Il fait chaud, voire même très chaud, et on comprend qu’ils se soient installés au bord de l’eau, et surtout à l’ombre d’un large ficus.Jeune couple d’étudiants de la Kasetsart University, ils sont venus ici pour la pause déjeuner, que nous finirons par partager avec eux.Elle, jeune fille menue au sourire avenant, et lui, même gabarit, aux yeux rigoleurs.On passe un bout de temps ensemble, et ils nous font visiter leur parc, dans tous ses recoins.

Pikarat et Ung, Le Parc de la Reine, une fenêtre sur le lac

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D’une superficie de 16 hectares, le Parc de la Reine prend place au coeur de la ville de Sakon Nakhon, en marge du temple Wat Phra That Choeng Chum, et à l’interface entre le port actuel, le musée de la ville, et le lac.Terminé pour le jubilée de la reine en 2007, ce projet se nomme ainsi “Princess Mother Park”, en honneur à l’amour des filles pour leurs mères, et donc de celui de la reine pour sa mère.Il constitue une véritable respiration dans la ville. Non pas que la ville de Sakon Nakhon soit oppressante, mais on y trouve ici de l’air, de l’ombre et des vues lointaines sur le lac. Un horizon qu’on a peu l’occasion de voir lorsque l’on se promène dans la ville.Tous les midis, c’est à une sorte de rituel que l’on peut assister. Le parc vide se remplit alors de familles, amis, collègues, ou couples en goguette.La “Chicken street” qui le longe, qui voit se

côtoyer petites échoppes de poulets au barbecue, salades de papayes et autres vendeurs de fruits et légumes, est très prisée.On loue une natte ou de petits fauteuils et on vient manger ici son repas à l’ombre d’un bel arbre.C’est une vraie habitude, ancrée dans les moeurs. Les personnes interrogées nous ont toutes affirmé y aller au moins une fois par semaine.Que ce soit un projet royal y est sûrement pour quelque chose, mais la valeur de ce parc est à trouver ailleurs.Seul parc urbain dans l’enceinte de la ville, c’est un endroit qui invite à l’appropriation. Quelques aménagements discrets, une salle de musculation littéralement prise d’assaut à toute heure du jour, des arbres majestueux, et une pelouse ouverte à tous : on le traverse, on y flâne, et parfois on s’y arrête, le temps d’un moment convivial entre proches.

De l’ombre, du vent et des vues, voilà les principales qualités qu’on est en droit de demander d’un lieu sous ces températures écrasantes.Parfaitement entretenu, le parc fédère la ville

et est inscrit dans les habitudes des gens. C’est une fenêtre sur le lac, un véritable espace de respiration, malheureusement mis en danger par l’arrivée future d’un contournement routier, coupant le parc et la ville du lac.

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Parc de la Reine

Parc de la reine

Chicken street Centre de recherche piscicole

Berges envahies et nettoyées régulièrement et mécaniquement

Statue de la reine

Lac Nong Han

Maisons traditionnelles en bois

Temple Wat Phra That Choeng Chum

Point d’eau

Bosquet en cour intérieure Ancienne muraille

Port de Sakon Nakhon

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Chi, moine d’un soixantaine d’années, semble impassible. Son habit traditionnel de tissu orange ne laisse apparaître que son épaule gauche, et lui donne une stature qui force le respect. Il a toujours vécu sur l’île au centre du lac Nong Han. L’isolement de l’île lui a donné le temps de réfléchir et méditer sur la vie et sur le lac, sur lequel il a des idées plutôt engagées. Le moine porte sur lui toutes les marques de la religion bouddhiste, ce qui nous impressione, jusqu’à ce que le son strident de son smartphone résonne contre le décor doré de la façade du temple. Le personnage semblait marginal et hors du temps. En réalité, tradition et modernisme composent l’homme de foi.

Chi, Religion et environnement sur l’île des moines

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L’île des moines concentre aujourd’hui différentes perspectives, environnementales, religieuses, politiques et sociales. Historiquement, l’île est habitée par une communauté de pêcheurs, rapidement rejoints par une communauté de moines qui installe ici un petit temple bouddhiste un peu en retrait des berges. Il y a quelques années, la politique conduite par la ville de Sakon Nakhon a forcé la communauté de pêcheurs à quitter leur île pour en préserver la biodiversité. Aujourd’hui, les relogés ont trouvé place au bord du lac, proche du nouveau musée et dans la ville. Les liens sociaux très forts que la vie insulaire a créés se retrouvent dans le nouveau quartier qui est plus un village en ville qu’un quartier.Sur l’île, restent les moines. Exproprier des habitants est une chose, mais pour une communauté

de moines, c’est une autre histoire. Les discussions trouvent des partisans dans les deux camps. Certains soutiennent les moines et notamment le village de Bann Paen, dont le temple accueille les religieux 6 mois de l’année durant la saison sèche. D’autres, dont des associations environnementales, se battent pour la sauvegarde de la faune et de la flore de l’île. Par dessus tout ça, le projet de la ville est de construire ici une obélisque, symbole de la province et visible depuis la ville. Et évidemment cela ne convient ni aux moines, ni aux écologistes. Le sujet crée des tensions et Chi ne cache pas sa colère. Que faire donc de ce lieu si symbolique et si cher au coeur des habitants? L’avenir ici est une vraie gageure.

Nous sommes allés plusieurs fois sur cette île. Seulement 15 minutes de bateau permettent de rallier Sakon Nakhon à l’ouest ou le village de Bann Paen à l’est. Cette centralité explique en partie l’intérêt que tout le monde porte à ce lieu. L’entretien de l’île par les hommes est, selon nous, le meilleur moyen

de préserver ses richesses. D’autant plus que les moines n’en n’utilisent qu’une infime partie. La valeur essentielle que représente cette île aujourd’hui tient dans le fait qu’il se développe autour d’elle une conscience écologique qui fait écho sur bien des lieux autour du lac.

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Ile des moines

Ville de Sakon NakhonVillage des relogés

Berges humidesLac Nong Han

Temple

Village des moines

Embarcadère

Espaces humides enfrichés

Boisement dense

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Chandra se présente à nous alors que nous avons à peine passé l’enceinte de l’église.D’allure débonnaire, un petit ventre, et des lunettes fumées, l’homme ferait presque business-man, si une croix dorée ne dépassait pas de sa chemise déboutonnée. Il nous accueille chaleureusement dans son église et nous invite à prendre un café dans le presbytère, à la fraîche. Il est plus que bavard. Il parle de ses paroissiens comme de ses enfants, des dommages causés à son église par une tempête récente et ne cesse de toucher sa croix autour du cou, en psalmodiant des mots en Thailandais. Il nous interroge sur notre foi et tenterait presque de nous convertir! Il comprend vite que nous sommes une cause perdue, mais l’échange restera cordial.

Chandra, Un oecuménisme exemplaire à Chum Cheng

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Après la guerre d’Indochine en 1954 et la victoire du parti communiste sur le colonisateur francais, la situation pour les vietnamiens catholiques devient plus que précaire au Vietnam. Après les accords de Genève de 54, ce sont près de 600 000 catholiques qui commencent un exode vers le Sud, puis hors des frontières du pays, pour échapper à la répression de ceux qui considérent la religion comme “l’opium du peuple”. La guerre avec les Etats-unis ne fera qu’empirer cette situation, poussant des familles entières à devoir se trouver un nouveau “chez-eux”. Certains partent loin, au Canada, en Australie et même en Europe. D’autres, peut-être moins fortunés, partent se réfugier en Thailande, en traversant les montagnes du Laos, parfois à pied.La région de Sakon Nakhon a ainsi vu une

importante immigration de vietnamiens.Installant des diocèses un peu partout, leur présence discrète au début, est désormais visible partout. Ils ont élevé ici des églises immenses et magnifiques et le prosélytisme est courant sur les bords des routes. Une radio Saint-Michel a même été instaurée, prêchant sur les ondes des versets de la Bible. Cette présence ne semble pas déranger les thaïlandais, le boudhisme incitant à la tolérance entre les hommes.C’est ainsi que dans le village de Chum Cheng, les deux communautés vivent en parfaite harmonie. Une église et un temple, et chacun est libre de suivre le culte qu’il souhaite. Les boudhistes sont invités à Noël et les catholiques défilent aux côtés des boudhistes lors des grandes processions rituelles.

D’abord discrète, la présence des catholiques vietnamiens est désormais visible partout, et leurs églises ponctuent le paysage de leur architecture parfois déroutante. Cette tolérance et cette ouverture d’esprit de la part des Thailandais forcent notre respect.

Mais certains avis divergent quant aux tendances communautaristes de ces populations, et leur manque d’intégration au système social.Le cas de Chum Cheng est, en cela, un exemple: une entente heureuse et cordiale entre deux groupes religieux.

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Document Paysagistes Sans FrontièresVers l’éxutoire du lac

Village de Bann Chum Cheng, un oecuménisme exemplaire

Temple

Boisement mixte de berge, exploité

Lac Nong Han

Résidus forestiers Rizières

Arbres isolés souvent sénescents

Rue principale en dur

Eglise

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Nous rencontrons Mok lors de nos séances de “micro-café”. En échange d’un coca frais, il accepte de parler quelques instants avec nous, à l’ombre.Légérement enveloppé dans son petit gilet de laine, une frange droite, et des yeux rêveurs, il s’exprime dans un anglais parfait.Le jeune étudiant de Surat Thani apprend l’anglais à l’université, et se destine à une carrière de professeur.Venu ici lui et sa famille pour prier au Wat Phra That Choeng Chum, ils repartiront le soir-même après une journée passée au temple et ses alentours.Il nous parle de Boudha, de sa dévotion, et du grand respect qu’il a pour les moines et leur oeuvre.

Mok, tourisme au Wat Phra That Choeng Chum

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Le Wat Phra That Choeng Chum, ou temple Worawihan, occupe une place centrale dans la ville. Impossible de le manquer, au carrefour des routes principales. La tour, surmontée d’une “ombrelle” en or massif semble rayonner sur la ville entière. L’espace se divise ici en deux parties distinctes :- Le temple proprement dit, ceint par un mur de pierre d’une longueur de 90 mètres pour 70 mètres de largeur. Ce dernier renferme les restes des familles importantes de la ville, dans de petites urnes en marbre gravées.A l’intérieur, deux bâtiments de dévotion et de prière, aux murs blancs et aux toitures caractéristiques de l’architecture religieuse thailandaise, renferment statues, reliquaires, et autres objets d’adoration. La tour, accolée à un des bâtiments accueille la pierre sur laquelle Bouddha aurait laissé son empreinte de pied, et qui fait de ce temple un lieu sacré de

la religion bouddhiste.- Mais le site est en fait bien plus grand puisqu’il renferme également une école monastique. Les bâtiments d’apprentissage, de prières et de vie ceinturent le temple sur deux côtés, et de nombreux moines s’y affairent.Le temple peut être considéré comme une véritable attraction touristique pour la ville. Il attire des personnes des environs, mais parfois aussi de très loin, qui viennent ici se recueillir et prier.L’école bouddhiste est une des plus réputées de Thailande, et forme de grands maîtres, ce qui participe encore un peu plus au rayonnement de ce temple.La portée symbolique de ce lieu, ainsi que sa renommée au-delà des limites de la province, participe à en faire un des hauts lieux de la vie culturelle de la ville.

Le temple est fédérateur pour la ville de Sakon Nakhon, mais pose certaines questions: - Un projet de rétrécissement de l’enceinte pose des problèmes moraux et culturels: déplacer les restes de centaines d’habitants ne se fera pas sans difficultés ni protestations de la part des familles.

- De même, les alentours directs du site laissent un peu à désirer. Le manque d’ombre autour du site le rend particulièrement éprouvant lors des périodes de forte canicule, et un parking disgracieux est en cours de restructuration pour rendre le site tout à fait fonctionnel.

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Temple du Wat Phra That Choeng Chum

Parc de la Reine

Alignement

Temple du Wat Phra That Choeng chum

Vers le port de Sakon Nakhon

Logement et école des moines

Habitat traditionnel en bois

Placettes intérieures

Carrefour important

Habitat traditionnel restructuré

Bosquet en arrière cour

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Ampon, élevage de poissons sous les îles nurseries

On s’est un peu lié d’amitié avec Ampon, notre pêcheur. Habitant de Ban Paen comme nous, il parcourt jour après jour le lac sur sa frêle embarcation pour trouver du poisson. Au filet ou à la ligne, la technique est bien rôdée. Mais face à la surpêche et à la pénurie de poissons, les pêcheurs ont inventé ici de nouvelles méthodes pour élever les poissons et les pêcher : ce sont les îles nurseries. Et aujourd’hui, c’est à une journée de récolte que Ampon nous convie.

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Ces petites terres artificielles demandent une coopération essentielle entre les pêcheurs pour leur mise en place. Un morceau de berges d’un diamètre maximum d’une dizaine de mètres est découpé sur les sols flottants qui sont en train de se constituer avec l’accumulation de jacinthes. Leurs petites dimensions sont justifiées par la grande difficulté que représente leur déplacement sur le lac. Après avoir été lentement déplacées jusqu’a l’endroit choisi, elles sont fixées à l’aide de grands bambous qui les traversent et s’arriment au sol peu profond du lac. Elles sont très souvent installées au milieu de l’eau et notamment vers l’exutoire. Les berges naturelles étant envahies et asphyxiées

par la jacinthe d’eau, les poissons ne peuvent plus se reproduire et ces nouvelles îles sont des berges artificielles qui permettent de créer de nouvelles zones de fraye pour les poissons. Cette activité est à l’initiative des pêcheurs qui s’assistent mutuellement pour l’entretien de ces îles. Elles permettent un appui pour l’élevage et la reproduction des poissons : ces véritables piscicultures en milieu naturel sont entourées de filets qui contiennent les animaux et permettent leur «récolte». Cette pratique crée un paysage aquatique rythmé aux allures naturelles remarquables et pourrait bien nous intéresser par la suite.

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Iles nurseries

Filets Accumulation de végétation invasive dans laquelle on vient découper les îles

Ripisylve Vers l’exutoire du lac

Iles nurseries vers l’exutoire du lac

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Nous rencontrons Sampan dans son bureau de l’Office de l’Urbanisme de Sakon Nakhon. C’est le seul qui parle un anglais correct et sa hiérarchie l’a chargé de nous recevoir pour répondre à nos questions.Son bureau est un vrai capharnaüm. Des plans roulés entassés d’un côté, des cartes au mur, recouvertes de post-its, des dossiers empilés en attente d’une lecture, et bien sûr, de nombreuses photos du roi.L’homme nous accueille chaleureusement, et nous parle avec tendresse de cette ville qu’il semble aimer profondément.Né ici, il l’a vue évoluer depuis une quarantaine d’années et nous exprime son désarroi à voir disparaître les maisons typiques en bois au profit des nouvelles constructions en béton.

Sampan, L’architecture bois à Sakon Nakhon

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La ville de Sakon Nakhon est parsemée de magnifiques constructions en bois.Reprenant les modèles de l’architecture décrits plus haut, les rez-de-chaussées ont été pour la plupart comblés, et servent de restaurants, commerces, ou bureaux.Ces constructions en bois ont pour la plupart, un accés direct sur la rue. De petite taille, ne dépassant que rarement le premier étage, elles semblent parfois isolées, entourées par des constructions neuves en béton armé, et plus hautes.Mais de l’aveu même de Sampan, c’est cette diversité qui fait toute la richesse de la ville de Sakon Nakhon. Cette hétérogénéité fait de la ville une oeuvre vivante, vibrante, en tous cas rythmée.L’absence de documents d’urbanisme jusqu’à il y a peu, a laissé la place à l’auto-construction,

et à l’arrangement entre voisins.Ici, on consulte son voisin, on s’arrange, on agrandit, on cloisonne, ou on ouvre sur la rue. La ville s’est ainsi construite d’elle-même, de façon certes parfois spontanée, mais pourtant harmonieuse.Et si l’on s’écarte des grands axes, on découvre de petites venelles, parfois en cul-de-sacs, aux airs de village, où tout le monde semble se connaître.Enfin, autre fait remarquable, ici, on fleurit son trottoir. Des quantités hallucinantes de pots habillent les facades, au sol, mais aussi sur les balcons. Les plantes qui en débordent semblent disposer d’un soin particulier de la part des habitants, et il n’est pas rare, au coucher du soleil de voir une petite mamie arroser amoureusement ses camélias.

Sakon Nakhon est une ville auto-construite. Ancienne bourgade rurale, elle s’est développée depuis quelques années sans réel plan directeur ni document d’urbanisme. Les maisons de bois typiques de la région laissent peu à peu place à des constructions en tout béton.

Face à cette disparition d’un patrimoine qui fait la richesse urbanistique de la ville, il n’existe aucun texte ou loi qui permettrait d’en assurer la sauvegarde ou la réhabilitation.

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Différentes implantations de maisons traditionnelles en bois dans la ville de Sakon Nakhon

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Si, Le patrimoine caché de l’architecture à Ban Tha Rae

On a vu arriver Si de loin, sur son vieux scooter plein de boue. Guide détaché au département du tourisme de Sakon Nakhon, il a été plutôt surpris de notre demande. Ils ne sont pas légion les touristes dans le secteur, qui plus est, pour visiter le petit village de Ban Tha Rae.L’homme est plus qu’à l’aise dans sa manière de parler. Maniant un anglais parfait, il n’en manque pas une pour détendre l’atmosphère.Il connaît bien ce petit village d’émigrés vietnamiens, pour être né à côté, mais semble plus intéressé par le foot, que par l’architecture coloniale et son histoire.Il ne cessera pas ainsi de nous demander des nouvelles de la ligue 1, mais restera plutôt évasif quant à l’avenir et aux programmes en cours pour réhabiliter ce fabuleux patrimoine.

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Le village de Ban Tha Rae, parfois surnommé “le village des viets”, héberge la plus grande communauté catholique de la région. Son église, dont l’architecture emprunte au vocabulaire du bateau, symbolise le port d’attache, l’amarre, que certains émigrés ont pu trouver ici. Elle héberge le diocèse des quatre régions alentour, et est en quelque sorte le foyer de la religion catholique dans ce coin de Thaïlande.Mais le village recouvre en lui-même une autre richesse, invisible pour un oeil non averti. Des dizaines de maisons, dans le plus pur style colonial francais de la période de l’entre-deux guerres, parsèment ses rues.Notre guide ne saura pas exactement nous expliquer “qui” a construit ces bâtisses, mais on pense fortement à un comptoir de commerce fondé par des français ou des anglais au début du siècle.Mais ce patrimoine, si riche soit-il, n’en est

pas moins en danger.On peut s’émerveiller de leur réappropriation et transformation par les habitants, qui en ont fait des habitations là ou il y avait un commerce, ou inversement.Mais le mauvais état général des habitations, aux murs lézardés et aux façades décrépies laisse présager le pire. Notre guide nous montrera notamment quelques exemples de maisons qui se sont laissées envahir par la végétation faute d’entretien, et dont la structure est compromise.Pas assez visité pour bénéficier d’une réfection et d’une remise en valeur, ce patrimoine, au potentiel touristique énorme, pourrait bien disparaître si rien n’est fait du côté des autorités compétentes. Leur réhabilitation viendra sûrement d’une prise de conscience collective.

Baan Tha Rae renferme un patrimoine d’une incroyable richesse. Mais si rien n’est fait rapidement, celui-ci pourrait bien disparaître.Une prise de conscience collective, à la fois des habitants et des autorités, pourrait peut-

être permettre d’envisager un programme de réhabilitation. Mais cela coûterait cher et nécessiterait une consultation des habitants au cas par cas, pour éviter expropriations et spoliations.

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Différentes implantations de maisons coloniales dans le village de Ban Tha Rae

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Wiraman arbore en toutes circonstances un sourire franc et sincère. La femme respire la joie de vivre et nous la rencontrons à plusieurs reprises, tant nos questions sur le lac abondent.En charge du pôle de la pêche, elle manage une dizaine de personnes au sein du centre piscicole, situé en coeur de ville entre le lac et le Parc de la Reine.Elle répond à nos questions avec une patience exemplaire, tant le problème est compliqué. Parlant du lac avec amour, elle s’inquiète des méfaits de la pollution et de la disparition de ses ressources en faune et flore.Elle n’accuse personne, mais semble avoir quelques éléments de réponses...

Wiraman, Le centre piscicole au secours du lac

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Le centre piscicole prend place au contact du lac. Quelques bâtiments épars répartis sur 23 hectares, des bassins à perte de vue, des logements pour les travailleurs, des bureaux, un aquarium, c’est une petite ville dans la ville.Face à la chute des populations de poissons dans le lac, notamment due aux pollutions agricoles et urbaines, le gouvernement a mis en place ce centre afin d’y remédier.Centre de recherche, il s’emploie à trouver des raisons à la disparition des espèces originellement présentes dans le lac. Il ouvre ses portes à des chercheurs internationaux, qui ont ici les moyens d’étudier ces phénomènes d’interaction complexes.De nombreux bassins permettent ainsi de tester les effets néfastes des pollutions, et la réaction

des poissons à ces changements de milieux.Centre de conservation, il cherche à sauvegarder les espèces rares ou en voie de disparition. L’aquarium accueille ainsi toutes les espèces présentes dans le lac, et leurs semences sont précieusement gardées dans des réfrégirateurs scellés.Centre de reproduction, enfin, il multiplie les poissons dans de grands bassins, qu’il relâche tous les ans afin de combler les manques, et assurer un minimum de poissons dans le lac.Reproduction, conservation, recherche, voici les grandes missions que se donne le centre piscicole, mais face à l’ampleur de la tâche, Wiraman nous a avoué éprouver parfois un peu de lassitude.

Le centre piscicole est face à un paradoxe.Face à la disparition des espèces animales, il tente désespérément de réintroduire tous les ans des espèces piscicoles qui, sinon, seraient vouées à l’extinction.Son rôle est capital pour le maintien d’une

activité de pêche sur le lac, mais aussi pour la conservation d’une certaine biodiversité.Mais il semble en fait que ce centre répond aux effets de la pollution et ne s’attaque pas aux causes, tels que la pollution agricole, les rejets urbains et la sur-pêche.

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Centre de recherche piscicole

Espaces pour les alevins

Haie de protection

Bassin de réintroduction des poissons dans le lac

Centre d’épuration des eaux usées

Berges remblayées par de la Jacinthe d’eau compactée

Logement pour les chercheurs étrangers

Laboratoire de recherche

Aquarium

Hangars

Bassin de croissance

Digue

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Souat, Le centre de recherche rizicoleSouat, directeur du Centre de Recherche et de Développement du riz est un petit homme qui porte sa paire de lunettes rondes bien enfoncée sur son nez. Le costume, la coupe de cheveux bien maîtrisée, Souat est sérieux et avisé quand on lui parle de son travail. Il nous a fait faire longuement le tour du Centre en nous montrant fièrement ses installations et semble pouvoir nourrir la discussion plusieurs jours durant et avec passion. Il sait et dit ce qu’il faut savoir concernant les problèmes de la riziculture ici, mais aussi plus largement en Asie du Sud Est. Trottinant toujours quelques mètres devant nous, il s’arrête à chaque personne croisée pour un petit mot et pour nous présenter. Ainsi nous parlerons avec de nombreux travailleurs et scientifiques dans l’enceinte du Centre.

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Le Centre de Recherche Rizicole comprend 15 scientifiques, 30 travailleurs et 40 assistants. On trouve 27 centres comme celui-ci en Thaîlande et 8 dans le nord-est, gouvernés par celui de Sakon Nakhon. La région chapeautée par le centre couvre 2 720 000 raï (1 ha = 6,25 raï) dont 2 000 000 sont consacrés à la culture du riz et ce pour près de 174 000 agriculteurs ( environ 10 raï par personne, une donnée évidement très variable). La consommation du riz ici est de 100 kg par personne et par an, 1 raï produisant 200 kg de riz consommable. Il nourrit donc deux personnes et explique les dimensions du petit parcellaire. L’intérêt ici est de produire les semences destinées à être vendues aux agriculteurs de la région, de faire évoluer les connaissances autour des maladies, des insectes, des méthodes de culture et du sol. Le centre travaille au

développement et à la sauvegarde de près de 270 espèces anciennes locales. On cherche à créer des variétés qui s’adaptent et tolèrent les contraintes locales particulières notamment dues au climat et à la salinité élevée du sol. Alors aujourd’hui seulement trois variétés sont cultivées sur le territoire : le KDML 105 qui coûte aux agriculteurs 25 bath par kg (1 euro = 38 bath), Le RD 6 qui coûte 20 bath par kg (riz collant) et le China CNT1 pour la saison sèche ( beaucoup moins répandu). Il faut 5 kg de semences par raï, renouvelés tous les deux ans en raison du croisement naturel des variétés et de leur perte de qualité. Le Centre propose des essais dans différents villages pour développer de nouvelles techniques de culture comme par exemple dans le village de Sookkasem.

En Isaan comme dans la plupart des régions d’Asie, le riz n’est pas seulement consommé, il est véritablement vénéré et prend une place très importante dans la riche culture nationale. On se salue le matin en demandant si l’on a mangé son riz ou pas encore. Chaque stade du cycle du riz est vénéré et les rituels sont étroitement associés à la vie en communauté villageoise et aux croyances religieuses, il joue un rôle dans l’économie du village au travers des enseignements du «vivre

ensemble», de l’entraide. On trouve alors le rituel du premier labour (liang phi ta hag), du premier repiquage (tok kla), la cérémonie de la récolte (pak khao ta hag). Certains rituels sont pratiqués avant la récolte (pak ta lêou)... La déesse du riz (Mae Phosop) a un rôle protecteur très important, elle est vénérée et notamment à la fin des repas où l’on doit la saluer (waï), on lui demande pardon lorsque l’on coupe les tiges, on la remercie par de nouvelles cérémonies...

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Centre de recherche Rizicole

Centres commerciaux

Habitat de type lotissement et logement des travailleurs

Ripisylve

Parcelles expérimentales pour la lutte biologique

Canal d’irrigation

Axe principal vers Sakon Nakhon

Centre administratif

Serres de recherches

Parcelles de variétés anciennes

Parcelle de multiplication

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Pam, Une coopérative bovine intégrée aux habitudesPam est employée depuis 4 ans dans le service de gestion de la coopérative agricole bovine. Un peu timide, un air légèrement coincé et les oreilles bien visibles sous la queue de cheval. C’est qu’ici, « on apprécie l’hygiène ». Finalement c’est d’accord, Pam va nous recevoir, car au départ, la perspective de nous parler, et ce même par l’intermédiaire de nos fidèles traducteurs Eve et Neung, n’enchantait pas vraiment la jeune fille visiblement un peu surchargée. Une place à l’ombre d’un saala fera l’affaire. Elle répond à nos questions simplement, sans vraiment donner son avis mais le sourire se dessine un peu plus sur ses lèvres au fur et à mesure qu’elle comprend qu’elle nous apprend des choses, et qu’en plus, cela nous intéresse!

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Dans les années 80, un Français, François (qui l’eût cru) commence l’installation d’un projet ambitieux qui deviendra son projet de vie et qui est aujourd’hui son héritage aux habitants de Sakon Nakhon. L’idée paraît simple et pourtant, une organisation et une entente parfaites sont nécessaires au fonctionnement de cette coopérative agricole bovine. Cela tombe bien, les habitants de la région maîtrisent l’art de la coopération à la perfection. Après un croisement entre des vaches indiennes résistantes au climat chaud et humide, et des taureaux Limousins et Charolais pour la qualité de leur viande, la coopérative commence à reproduire et élever des veaux pour leur viande. Un agriculteur faisant partie de la coopérative peut prendre gratuitement jusqu’ à 2 veaux qu’il élève durant deux ans avec ses moyens et la possibilité d’acheter à bon prix, de la nourriture bio produite sur les terres de la coopérative. Le veau entretient ses champs

et produit de l’engrais biologique. Au terme de ces deux années, l’animal selon certains critères, est prêt pour l’abattage. A ce stade, l’agriculteur-éleveur a deux choix: échanger ses animaux à la coopérative contre de l’argent et s’arrêter là, ou échanger ses animaux contre de nouveaux et une petite rémunération, en répétant le système. C’est donc une forme de placement en biens rééls et vivants. Les bovins seront dans tous les cas abattus dans l’espace moderne qui y est dédié, puis vendus sous plusieurs formes : sur place dans le restaurant, dans une boucherie installée dans la coopérative ou à Sakon Nakhon et, de plus en plus souvent, exportés vers Bangkok et toute la Thaïlande. C’est aujourd’hui un système qui fonctionne plus que bien avec 4600 agriculteurs coopérants, conduisant même à des refus pour les nouveaux arrivants.

Aujourd’hui les vaches Limousino-Indiennes font complètement partie des paysages du plateau. Elles fertilisent, nettoient et s’expriment sans pudeur dans les rizières. Au-delà des 4600 agriculteurs partenaires, 90 personnes ont un emploi au sein de la coopérative. La coopérative produit donc des

amendements pour les sols, de la nourriture, des emplois, un système de prêt en nature, de belles rencontres et des émules. Un savoir-faire Franco-thaïlandais qui trouve une place de choix au sein d’une population qui s’entend et coopère depuis toujours.

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Coopérative agricole bovine

Bassins de rétention

Axe principal vers Sakon Nakhon

Massif forestier

Cultures fourragères sous vergerBocages résiduels

Source captée, point d’eau pour les animaux

Arbres remarquables conservés

Logement

Stabulation et lieu de stockage

Centre administratif et abattoir

Restaurant

Pâture

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Coopérative bovineCentre de recherche rizicole

Architecture bois

Parc de la reine

Wat Phra That Choeng Chum

Centre piscicole

Patrimoine architecture

Ile aux moines

Kasemchai et agriculture vivrière

Ile aux cochons

Coopération rizicole et oecuménisme

N0 1 5 10Km

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

183

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SynthèseCette démarche nous a donc permis d’avancer pas à pas, avec nos outils et nos initiatives. Le micro-café et les appareils photo nous ont apporté quelques données intéressantes à réinvestir, mais surtout donné l’opportunité de nous créer un réseau sur place de personnes que nous sommes parfois retournés voir et qui nous ont permis de partager un bout de leur quotidien.La participation à certaines pratiques locales, parfois curieuses, souvent novatrices, nous a permis d’aborder le territoire de l’intérieur et de regarder le paysage local autrement que comme un patient malade sur lequel poser un diagnostic avant de le soigner. Notre intention était de construire une lecture du paysage au travers des personnes qui le pratiquent, le développent et le renouvellent. On a ainsi travaillé, transpiré, parlé, mangé, et parfois même on s’est fait «bizuter», dans le but de comprendre.Bien sûr nous sommes conscients qu’il faudra poser un regard critique sur différents éléments qui posent question, pour ne pas rester naïfs, et c’est cela qui sera développé dans la prochaine partie. C’est au carrefour de ces réflexions que peut se construire notre projet, en mettant en exergue ce qui fait valeur sur le territoire et dans l’esprit des gens, fondement positif et essentiel du projet.

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Projet(s)

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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PART

IE

3Questionnements

1) Souat, et le monde selon Shinawatra2) Kasemchai, au tournant de l’agriculture3) Wiraman, les effets visibles de la pollution4) Jwu, un lac une histoire5) Ik, disparition de la ressource bois6) Sampan, et l’histoire de Sakon Nakhon7) Nitirash, des projets pour demain

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186Projet(s)

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

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Questionnements

Nitirash, Kasetsart University

Kasemchai, ferme bioSouat, centre de recherche du riz

Jwu, chez lui

Sampan, bureau de l’urbanisme Ik, bureau de l’environnement Wiriman, centre piscicole

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Après cette série de valeurs locales, ces différentes situations où nous avons participé au quotidien des habitants, il nous est très vite apparu qu’un certain nombre de questions manquaient de réponses. Sur ce territoire il y a aussi une série de problématiques et d’enjeux qui ne dépendent pas directement des habitants mais qui sont plutôt liés à l’histoire locale et à une politique à l’échelle du lieu mais aussi du pays. Alors, forts de ce réseau de personnes que nous nous sommes créé, nous décidons de cibler nos questions en fonction des gens que dès lors nous connaissons et qui pourraient être susceptibles de nous apporter une vision différente, des réponses sur des questionnements parfois plus sensibles comme ceux liés à la politique ou à l’emploi de la chimie en agriculture par exemple. Ces questions, nous avons choisi de les poser après plusieurs entretiens et après avoir établi une confiance mutuelle nécessaire pour des discussions ouvertes. Les questions abordées traitent de différents thèmes qui précisent notre lecture paysagère et permettent à notre démarche globale d’aboutir à un certain niveau de compréhension à la fois très locale et plus globale. Nous aborderons donc les questions de la pollution et de ses effets, celles de l’histoire de la forêt, de l’eau, et de l’évolution urbaine. Nous poserons également un regard sur les projets en cours pour nous permettre de nous positionner par rapport à la politique de développement territorial en place.

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Souat, et le monde selon Shinawatra

Après quelques expériences plus ou moins périlleuses avec des agriculteurs et riziculteurs sur le terrain et grâce à leurs remarques et nos observations sur leurs pratiques, nous retournons voir Souat, le directeur du centre rizicole. Le centre relié à l’état et qui s’occupe de tout ce qui touche à la culture rizicole doit avoir quelques réponses. Connaissant Souat pour l’avoir rencontré plusieurs fois depuis la question des valeurs, nous partons confiants en nous disant qu’il va répondre et préciser certaines grandes interrogations que nous avons soulevées in situ. En effet la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît et demande des explications approfondies.

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Questionnements

Première femme à occuper ce poste en Thaïlande, Yingluck Shinawatra a été élue premier ministre par le Parlement le 5 août 2011. Elle est la sœur de l’ancien dirigeant Thaksin Shinawatra. Son élection est intimement liée à une loi qu’elle a proposée en «faveur» des agriculteurs : une politique de prix d’achat du riz garanti dans un pays où 50% de la population active produit du riz. Moins de deux ans après son élection, la Thaïlande perd sa place de premier exportateur mondial de riz. Le centre de la riziculture à Sakon Nakhon multiplie les graines, vendues ensuite aux agriculteurs avec un prix garanti par le gouvernement pour la vente des semences ainsi que le rachat des récoltes. Mais le gouvernement ne garantit les prix que sur 3 variétés de riz, sur les quelques 270 disponibles. Cette diversité tend donc à disparaître du fait de l’emploi de ces cultures subventionnées. Ces subventions s’appliquent à 3 hybrides déja utilisés depuis longtemps en Thaïlande pour «stabiliser les récoltes» (voir précédemment) mais aussi et surtout pour garantir leur homogénéité et assurer les quantités de productions dictées par le marché mondial. Les semences hybrides sont la première génération (F1) de semences résultant du croisement de deux lignées distantes d’une même espèce. Les graines produites peuvent se révéler stériles ou dégénérées et doivent donc être renouvelées tous les ans. On cultive ici, par exemple, le China CNT1 un hybride développé

pour la culture en saison sèche : il provient de Chine, un des pays pionniers dans la modification génétique des semences de riz et qui a donc un impact sur l’agriculture thaïlandaise. Mais ce n’est pas tout. La production des graines de la variété KDML 105 par exemple, coûte 31 bath/kg au gouvernement et est revendue 25 aux agriculteurs, de plus la récolte est rachetée 40% plus cher que le cours du marché mondial. La Thaïlande est reléguée en troisième position des exportateurs mondiaux et des stocks de riz invendables car trop chers s’entassent et pourrissent dans les greniers de l’état endetté. Ces problèmes déstabilisent au delà des frontières, le marché mondial. Tout ceci est le résultat d’une idée politique qui assurerait ainsi au gouvernement sa réélection. Aujourd’hui, en effet, si la loi disparaît, des millions d’agriculteurs perdent tout, n’ayant plus les subventions et les semences anciennes adaptées à leurs sols. L’argument électoral était d’augmenter les revenus agricoles et d’augmenter les prix du riz sur le marché mondial mais les autres grands pays exportateurs ne se sont pas alignés et les cours du riz ont chuté de 4%... C’est également l’opportunité pour les grandes firmes agroalimentaires et notamment Monsanto, de réaliser du chiffre d’affaires en augmentant considérablement les coûts de production grâce à l’emploi de la chimie et de déverser prochainement sur le terrain agricole, leurs nouvelles variétés hybrides.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Pesticides et insecticidesEngrais : potasse, azote, carbone,...

Semences hybrides

Le riz KDML 105

Disparition progressive du buffle des campagnes

Motoculteur et mécanisation

Pollution

Baisse de la biodiversité, et uniformisation des pratiques

agricoles

Vendues par les centres de recherche

rizicole d’état

Vendus par des multinationales agro-

industrielles

entraî

ne

provoque

nécessiteélimine

Le KDML 105, exigences et effets

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194

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Questionnements

Firmes agro-industrielles

Banques

Centre de recherche rizicole

Coopérative d’achat

Décisions politiques de Bangkok

Exportation sur le marché mondialFixe et subventionne

le prix des semences

Prête de l’argent à l’état

Garantit un prix d’achat Vend au tarif convenu

par l’état

Impose ses prix en fonction de la

concurrence

Produit et vend les semences agricoles

Prête de l’argent

Vend le riz

Vend les engrais et pesticides nécessaires aux

cultures hybrides

Du producteur aux marchés mondiaux

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

195

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Questionnements

Les variétés hybrides des grandes firmes produisent un maximum, tout en assurant la revente des semences chaque année ainsi que la vente des amendements et pesticides chimiques utiles à leur culture. Qu’adviendra - t - il lorsque le gouvernement déjà endetté n’achètera plus les productions des agriculteurs ? Que se passera - t - il lorsque la Chine décidera d’augmenter les prix de ses semences car elle aura inventé un nouveau croisement ? Que va - t - il se passer lorsque Monsanto va déverser sur le terrain de la riziculture ses nouvelles et premières semences hybrides de riz aujourd’hui prêtes ? Les recherches du centre autour des végétaux associés et les essais biologiques plus que réussis mis en place par Souat et son équipe dans quelques villages sont encore un peu financés mais c’est certainement de la poudre aux yeux au vu du processus en

cours.L’impact de l’agriculture rizicole aujourd’hui est très négatif et le niveau de vie des agriculteurs baisse nettement. Les sols et les porte-monnaies des producteurs ne suivront pas longtemps les contraintes de production et les rendements conduits par cette «nouvelle révolution verte». Souat en est bien conscient, les efforts sont multipliés et ses initiatives (personnelles) doivent être soutenues. Mais ce centre de recherche est plus qu’autre chose le bras de production de semences sélectionnées par le gouvernement pour lesquelles s’applique la politique de prix garanti qui aujourd’hui garde le pouvoir en place. Cette situation conduit aussi à la pollution et la destruction des milieux naturels, à la disparition progressive de l’agriculture familiale ainsi qu’à la perte de la qualité de produits pouvant pourtant être valorisés.

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196Projet(s)

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EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Nous retournons voir Kasemchai. Comme un grand-père nostalgique, il nous raconte les pratiques agricoles et les paysages de son enfance. La discussion s’éternisera jusque tard dans la soirée. Ces paysages décrits et les pratiques anciennes, on les perçoit encore dans les villages et on se dit finalement que cette histoire nous la connaissons, elle pourrait être celle , bien sûr dans une autre mesure, de nos grand-parents. La culture et les paysages ne sont pas comparables mais les dynamiques agricoles et sociales trouvent ici un sens commun.

Kasemchai, au tournant de l’agriculture

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198

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Questionnements

Sous le paysage agricole actuel, se cachent des indices du système agricole passé. Il ne reste que quelques traces d’un paysage qui se transforme encore aujourd’hui. Les indices qui apparaissent témoignent d’une agriculture vivrière et d’un système de cultures associées aux rizières. On pouvait donc voir une grande diversité de cultures pratiquées sur l’emprise du parcellaire rizicole. Des cultures en saison sèche où les rizières sont disponibles mais aussi des cultures parallèles à la riziculture. On peut imaginer les rizières recouvertes de fruitiers dans un tissu assez lâche et qui permettaient de produire des fruits, d’apporter de l’amendement, de l’ombre aux travailleurs et aux animaux mais aussi d’augmenter la perméabilité du sol facilitant ainsi le remplissage des nappes phréatiques. Différentes céréales étaient cultivées, comme le maïs, mais aussi des parcelles fourragères pour les animaux. La pratique de la jachère était bien plus présente, on cultivait alors par exemple des cacahuètes pour améliorer les sols mais aussi de nombreuses parcelles potagères. On trouvait plus d’animaux lors de la saison sèche, des buffles qui pâturaient dans les rizières et sur les berges, mais aussi des volailles, des cochons. Tous ces

animaux d’élevage retournaient le sol et le nourrissaient. Ces associations de cultures et d’élevages permettaient un maintien d’une grande biodiversité végétale avec des plantes et des animaux sauvages que l’on pouvait récolter et chasser, une source supplémentaire d’aliments. Alors aujourd’hui, ces changements dans les systèmes agricoles bouleversent les paysages. L’orientation monoculturale vers le «tout riz» et la mécanisation changent le faciès agricole, les parcelles tendent à s’agrandir et on supprime des digues pour permettre le passage des engins. Le tissu agricole très serré se relâche et de nombreux arbres, haies, ou petites friches disparaissent. Mais c’est également un changement pour la société, moins d’agriculteurs mais avec plus de terres (comme à Ban Paen), mais aussi moins de produits locaux et de circuits courts. Nous ne voulons pas défendre ici une nostalgie du passé ou prôner le retour à des pratiques agricoles tout de même très difficiles, mais simplement montrer que nous devrons composer entre les dynamiques actuelles et les valeurs passées pour dessiner notre projet.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Culture de maïs

Parcelle potagère La disparition du buffle, symbole d’une agriculture en mutation

Bovins, fruitiers, et rizières associés

Saala entouré de fruitiersCulture de cacahuètes

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200Projet(s)

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Wiraman n’est pas très étonnée de nous voir revenir dans son bureau. Nos questions abondent sur le lac et ses berges, colonisées par une végétation invasive. En tête de cortège, la fameuse jacinthe d’eau que l’on peut voir partout. Nous avons contacté Wiraman pour obtenir des informations complémentaires, et elle semble heureuse de nous recevoir. Rendez-vous a été pris à la sortie des heures de bureau, à 17h, et nous la retrouvons sur le perron de son office, en bottes de pêcheur. Nous pensions avoir droit à une explication sur table... et c’est en fait à une sortie de terrain qu’elle nous convie. Nous la suivons donc sur les berges de Sakon Nakhon toutes proches, et passons une heure avec elle, les pieds dans l’eau, à l’écouter nous raconter le développement de cette végétation qui commence à poser de sérieux problèmes ici.

Wiraman, les effets visibles de la pollution

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Questionnements

La Jacinthe d’eau est une plante aquatique invasive qui devient de plus en plus problématique pour le lac Nong Han. Cette plante qui crée une bouture au moindre morceau de feuille, de tige ou de racine qui s’en détache, se nourrit principalement d’azote. Quelle aubaine ! Le lac Nong Han en regorge car il est le déversoir de toutes les eaux agricoles surchargées en azote, qu’elles soient d’origines végétale, animale ou chimique (en ordre croissant d’importance vous l’aurez compris). Alors le lien est clair, la jacinthe d’eau est la réponse physique, le symptôme visible de la pollution provoquée par l’agriculture, les rejets des villes mais aussi la disparition des espaces de ripisylves, zones tampons entre les parcelles agricoles et le lac. Mais à bien y regarder, la jacinthe a pourtant un rôle très important. La nature se défend contre cette modification de composition du milieu, et la jacinthe absorbe très bien la pollution. Le problème survient lorsque celle-ci dépérit, relâchant ainsi toute cette pollution accumulée dans l’eau. Le phénomène d’eutrophisation illustré sur les coupes ci-contre commence en phase 1 par l’apport important d’azote dans les eaux du lac. Alors la jacinthe qui en absorbe une partie se

développe au niveau des berges peu profondes où il existe déjà d’autres espèces naturelles. Son emprise sur le milieu où vivent les végétaux de l’écosystème originel est telle qu’elle détruit la diversité végétale et la zone de fraye pour les poissons du lac. Dans la seconde phase et en mourant, les déchets de la jacinthe relâchent l’azote accumulé et se déposent au fond : le niveau du sous-sol du lac remonte alors peu à peu permettant l’implantation d’un nouveau cortège végétal d’espèces friandes d’eaux peu profondes ou semi immergées telles que le lotus et le jonc. La dernière phase (3) représente le processus final du phénomène de constitution d’un sol sur le lac avec la création continue de berges sur les déchets végétaux. Ces berges avancent sur l’emprise du lac et le sol de plus en plus fertilisé par l’azote se consolide laissant apparaître des arbustes comme des saules puis des arbres. Les problèmes créés par l’homme et liés à l’agriculture assistée, aux rejets des villes ou à la disparition des cortèges végétaux des berges conduit au rétrécissement progressif du lac, et certaines zones sont encore plus sensibles. Cette sensibilité est accentuée par deux autres dynamiques uniquement naturelles et illustrées sur les cartes plus loin.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Synthèse

Questionnements

Etape 1 :

Etape 2 :

Etape 3 :

De la jacinthe d’eau...

... à la constitution d’un sol

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Questionnements

Le relief du Phu Phan crée un couloir des vents qui engendre un tourbillon formant un courant dans les eaux du lac partant du Sud-Est et tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Les espaces où les berges forment des renfoncements sont alors plus sujets à l’accumulation de déchets en tout genre et de jacinthes comme à Sakon Nakhon ou encore à Bann Paen. Par ailleurs, l’exutoire, qui crée un phénomène d’aspiration, limite la prolifération de la jacinthe comme par exemple vers Ban Chum Cheng. Le second phénomène qui dépend également en partie de ces courants mais aussi de la géographie du lac, est celui des différences de profondeurs dans le lac qui induisent l’apparition plus rapide de végétaux invasifs et la constitution d’un nouveau sol (exemple au Nord-Est). Aujourd’hui ce phénomène est plus visible : le niveau du lac, extrêmement maîtrisé, ne connaît quasiment aucun marnage ce qui permet la prolifération de jacinthes même lors de la saison sèche. Géographie et vents principaux

N

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Projet(s)

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Carte de répartition de la jacinthe sur le lac

Géographie et vents principaux N0 1 5 10Km

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Questionnements

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Questionnements

Il y a des rencontres comme ça, qui ne s’inventent pas (voir carnet en annexe). Rencontré la veille, Jwu nous a convié sur son terrain familial, à quelques encablures de la ville de Sakon Nakhon.Il fait encore frais ce matin-là, et nous l’attendons patiemment devant la grille, plus par peur du chien qui y monte la garde que par politesse. Nous visitons cette ancienne parcelle rizicole, et il en profite pour nous raconter l’histoire du lac et des environs. Né ici, Jwu le parcourt depuis tout jeune. Le soir, il nous montrera des photos anciennes, et ce sera pour nous l’occasion d’aborder l’histoire complexe de cette région, et de ce lac.

Jwu, Un lac une histoire

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Questionnements

Second plus grand lac naturel de Thaïlande, l’eau de Nong Han s’étend sur une superficie de 132 km2. Lieu de convergence de plusieurs cours d’eau, il recueille les eaux du plateau. Mais lac naturel, il ne l’est plus vraiment : - Ses poissons sont réintroduits artificiellement tous les ans par le département de la pêche- Son niveau est contrôlé par un barrage, géré par le département de l’eau- La qualité de ses eaux est garantie par le département de l’assainissement- Son approvisionnement en eau par les canaux agricoles et les rivières naturelles est confié au département de l’irrigation- Ses berges, et l’incroyable biodiversité qui s’y trouve, sont gérées par le département de l’environnement- L’île aux moines, ainsi que la multitude de petits îlots alentour sont eux confiés au département de la planification urbaine.Autant dire que c’est un beau sac de noeuds... Et si l’on rajoute à cela le fait que la superficie du lac est propriété de l’état, le problème devient double : aucune décision ne peut être prise sans le consentement de Bangkok, qui ne dépêche des émissaires qu’en cas d’urgence, et

engage des travaux pharaoniques pour creuser des bassins d’orage sur les berges. Ces réserves d’eau, c’est surtout le moyen d’empêcher les agriculteurs de planter du riz sur l’emprise du lac, sa propriété. C’est en fait une volonté politique, que de gérer l’eau en Thaïlande. Contrôler l’eau, c’est contrôler l’agriculture. Mais c’est aussi la stabiliser. La riziculture irriguée, dont on a déjà parlé, a maintenu ici des sols agricoles productifs. On est donc sur un territoire et un paysage de l’eau verrouillés, et contrôlés par l’état, lequel assure ainsi sa main-mise sur l’économie agricole. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. La question de la jacinthe d’eau que l’on a abordée plus haut, est en fait un problème récent. De la jacinthe, il y en a toujours eu. Mais historiquement, les eaux se retiraient durant la saison sèche sur plusieurs centaines de mètres. La végétation invasive des berges venait ainsi à mourir, séchée au soleil. On venait alors faire pâturer ses vaches sur l’emprise du lac.Oui mais en saison humide, les torrents descendant du Phu Phan venaient inonder le plateau, et il n’était pas rare de voir le lac déborder sur les terres, et les villages autour.

Cette décision étatique radicale de maîtriser le niveau du lac à un niveau précis et constant, si elle a permis de se protéger des inondations et a stabilisé l’agriculture, pose aujourd’hui

question. Ce manque de souplesse dans la gestion des niveaux implique le développement d’une végétation invasive qui eutrophie le lac, et met en danger les espèces qui s’y trouvent...

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Projet(s)

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

209

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 1 5 10Km

Emprises historiques du lac soumis au marnage

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210Projet(s)

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

211

Document Paysagistes Sans Frontières

Questionnements

Il est déjà tard quand nous arrivons au département de l’environnement. Impossible à contacter, c’est donc au culot que nous tentons de rencontrer ses agents. On est vendredi, et notre requête semble les agacer un peu. Mais ils se détendent très vite quand nous leur expliquons notre démarche, et voyant que nous sommes réellement intéressés par les questions environnementales. Trois agents se relaient ainsi pour répondre à notre interview. Les questions fusent, notamment sur la biodiversité de la région, mais aussi et surtout sur la forêt, qui semble pour le moins problématique.

Ik, disparition de la ressource bois

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212

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Questionnements

La forêt occupe une place limitée sur le territoire de Sakon Nakhon. En lambeaux, réduite à l’état de lanières, on ne peut réellement parler de massif, si ce n’est sur les monts du Phu Phan. Cette réserve naturelle, ordonnée par le roi qui y possède une demeure sanctifiée, a été créée dans les années 60, pour protéger de la déforestation agressive qui sévissait sur le plateau, et ainsi protéger la qualité de l’eau des nombreuses sources qui s’y trouvent. En dehors de ce cas exceptionnel, les abords du lac ont été savammment défrichés pour la culture du riz, et il faut s’enfoncer quelques 2O kilomètres à l’Est pour retrouver une forêt dense, telle qu’elle devait exister il y a quelques dizaines d’années encore. Peu de données précises subsistent sur l’implantation de cette forêt ancienne, mais les agents du département nous ont dessiné une carte approximative de son emprise sur le territoire. La comparer avec celle actuelle, c’est comprendre l’ampleur du phénomène.Mais ce défrichement pose un double problème.

Le premier, c’est bien sûr la question de la biodiversité. Autrefois peuplée par des singes hurleurs, des lynx, et même des éléphants, la province a vu disparaître ces espèces, repoussées plus au Nord, ou de l’autre côté de la frontière. C’est aussi à une chute de la diversité végétale dont sont témoins les agents de l’environnement. Banyans, Lagerstromia, Cassia, Teck, Albizia,.. tendent à disparaître du plateau sous leur forme naturelle, supplantés par les cultures d’Eucalyptus ou d’Hévea.Cette disparition de bois d’oeuvre entraîne un autre problème. L’habitat traditionnel en bois, se fait de plus en plus en rare, car devenu trop cher. On fait venir cette matière première de loin, du Nord ou même du Laos. Construire en béton est ainsi devenu moins coûteux, et bien plus pratique. Cette perte de la ressource en bois entraîne donc des bouleversements dans les habitudes constructives, modifie profondément le paysage de la province, et affecte la culture vernaculaire de ces populations.

Si on omet le cas particulier des forêts des monts du Phu Phan, sanctuarisés par décision royale, la forêt est plutôt mal en point sur ce territoire. En lambeaux, on hésite à parler de massif, tant celui-ci a subi un défrichement d’une incroyable envergure, principalement à

visée agricole. Cette disparition pose deux problèmes : une chute des espèces animales et végétales, qui ont ici perdu leurs biotopes, et une montée des prix de la ressource bois, qui conduit les habitants à construire en béton, et à abandonner leur habitat traditionnel.

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Projet(s)

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

213

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emrpise historique de la forêt surle territoire

N0 1 5 10Km

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214Projet(s)

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

215

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Questionnements

Sampan nous a redonné rendez-vous dans le centre de Sakon Nakhon. Nous l’avons déjà suivi lors d’une petite ballade, où il nous a parlé du patrimoine remarquable des habitations bois du centre de la ville. On a plutôt sympathisé, et on se permet de reprendre rendez-vous avec lui, parce qu’on manque clairement d’informations sur l’histoire de la ville. Peu ou pas de documents retracent la création de Sakon Nakhon, et les récits qui nous en ont été faits sont confus, ou en tous cas imprécis. Autour d’un café, et griffonnant sur nos carnets ses explications, il retrace l’évolution de la ville depuis le 12ème siècle.

Sampan, et l’histoire de Sakon Nakhon

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216

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Questionnements

L’histoire de Sakon Nakhon remonterait en fait à bien avant le 12ème siècle, avec l’apparition des dinosaures (enfin c’est la théorie loufoque du musée des berges de la ville...)Plus sérieusement, les toutes premières traces d’occupation humaine ont été attestées sur les rives de ce lac il y a presque 800 ans. L’histoire de la ville (et encore une fois, selon les infos dont nous disposons...) peut se découper en quatre grandes étapes :- 12ème siècle : la région est alors sous domination des khmères, peuple issu du Cambodge actuel. Il se crée un petit temple, sur l’emprise du Wat Phra That Choeng Chum toujours en place. S’agrége autour une petite population de sédentaires, vivant principalement de la culture du riz et de la pêche. C’est la période des grands travaux d’endiguement. Pour protéger le village des crues du lac, et cultiver le riz, les hommes creusent ici une série de canaux en digues. Le but est ainsi d’assécher ce marais, et de le rendre cultivable.La ville grossit ainsi petit à petit durant plusieurs siècles.

- 17ème siècle : C’est la période du royaume du Siam. Les terrains ont été asséchés, et d’autres temples sortent de terre, fédérant autour d’eux d’autres petites bourgades. Les digues sont renforcées, permettant toujours la culture du riz, mais servant aussi également de remparts dans une région instable, aux portes du royaume khmer tout proche. - 19ème siècle : la ville grossit, mais reste cloisonnée dans l’enceinte des digues protectrices. Le roi au pouvoir étend un vaste programme de modernisation des campagnes, et Sakon Nakhon voit ses premières routes sortir de terre, sur un schéma orthogonal.- 20ème siècle : les remparts sont en partie détruits, et la ville s’étend hors de son emprise, le long des axes de circulation. La région devient une plaque tournante du commerce.- 1954 : la ville devient une base arrière de l’armée américaine, qui installe ici un régiment de plusieurs milliers d’hommes. De grandes infrastructures sont mises en places, des ponts, des routes, des hôpitaux, et l’actuelle université... qui était avant un aérodrome!

Au point de convergence entre Laos et Cambodge, la ville a subi de plein fouet les aléas d’un territoire marqué par les guerres , dominations, et invasions diverses. Un ingénieux système de drainage et d’irrigation agricole a permis de rendre ses terres praticables, et a assuré sa protection durant des siècles. De nos

jours, l’urbanisme reste marqué par un retrait significatif par rapport au lac. La ville s’est ainsi construite en tournant le dos à ce dernier, à cause de ses crues ravageuses. Longtemps centrée sur elle-même, la ville se développe désormais principalement le long de ses axes de communication.

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

217

Document Paysagistes Sans Frontières

Questionnements

12ème siècle : digue et système de drainage agricole

19ème siècle : constitution d’une trame urbaine orthogonale

17ème siècle : asséchement des terres et développement de la ville

20ème siècle : développement de la ville et disparition des remparts

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218Projet(s)

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

219

Document Paysagistes Sans Frontières

Questionnements

Nitirash aura été d’une aide précieuse lors de notre séjour sur place. Assistante du doyen, elle enseigne ici depuis huit ans maintenant, dans le département de l’agronomie et de l’urbanisme. Elle nous recevra à de nombreuses reprises dans son petit bureau encombré de plans et de papiers, et toujours avec le sourire. C’est notamment elle qui nous aidera à rédiger nos demandes d’entretien avec les différents offices. Mais aujourd’hui, c’est d’autre chose dont nous voulons lui parler. En Thaïlande, les universités assurent le double statut d’enseignement et de bureau d’études. C’est donc sur les projets en cours de la ville de Sakon Nakhon que la conversation portera aujourd’hui.

Nitirash, des projets pour demain

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220Projet(s)

Document Paysagistes Sans Frontières

Mais tout d’abord un petit regard sur la ville de Sakon Nakhon aujourd’hui.On l’a vu précédemment : d’un carré de remparts et de digues qui ont drainé les sols, la ville se développe désormais au-delà de cette limite historique.Pensée sans réel plan d’urbanisme, la ville s’est développée de façon spontanée, mais relativement harmonieuse. Même si le béton remplace de plus en plus le bois dans les nouvelles constructions, celles-ci restent relativement basses, et de larges avenues font que la ville respire, malgré ses quelques 76.000 habitants.Mais l’urbanisme de Sakon Nakhon renferme néanmoins un étrange paradoxe.De nombreuses friches urbaines émaillent son plan. Ces parcelles sont parfois larges de quelques mètres à peine, parfois de la taille d’une habitation, et viennent ponctuer le tissu urbain. Ses délaissés urbains, parfois plantés, souvent enfrichés, sont pour la plupart des réserves foncières, des terrains privés achetés,

et en attente d’être construits, ou trop petits pour être urbanisés.Ces micro-espaces sont une richesse pour la ville, qu’ils font respirer. Ils posent néanmoins question au vu d’un autre phénomène, celui de l’étalement urbain. On constate ainsi depuis de nombreuses années le développement d’une banlieue qui s’agglomère le long des axes de circulation. D’abord réservées aux grossistes et aux super-marchés, ce sont maintenant des banlieues pavillonnaires qui poussent çà et là.Cette dynamique pose la question de ces villes nouvelles, conçues pour la voiture, et qui ne se pratiquent plus à pied. Il est étonnant de constater une densité relativement lâche au coeur de la ville, et dans le même temps ces excroissances disgracieuses qui gâchent l’entrée de ville, partitionnent le territoire, et obligent les usagers à l’emploi de leur voiture personelle, sans qu’aucune autre alternative efficace ne soit proposée.

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Projet(s)

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

221

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 100m 500m 1km

Sakon Nakhon qui s’étend le long de ses axes

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222

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Questionnements

Les projets en cours autour du lac Nong Han se concentrent principalement sur la ville de Sakon Nakhon. La politique de la ville oriente son développement urbain vers une stratégie qui développerait l’offre touristique et donc dans une direction opposée à l’économie territoriale actuelle quasi exclusivement centrée sur l’agriculture. En ce qui concerne cette dernière, en réalité peu de projets sont engagés hormis les initiatives locales et souvent personnelles que nous avons vues dans l’expérience du lieu. Pour ce qui est du tourisme, il est clair pour nous que cette région n’a pas le potentiel que l’on trouve sur les côtes et que si tourisme il y a c’est pour quelques visiteurs Thaï et pour les temples. Il est pour nous ici difficile de critiquer totalement cette politique de projet qui nous semble souvent déconnectée des habitants mais qui cherche tout de même à développer la région et à diversifier l’économie locale. Alors on trouve des investissements importants comme sur la parcelle du musée. Cette parcelle construite sur l’emprise du lac est posée sur un immense remblai de jacinthes compactées. Le musée déja présent depuis deux années est accolé à un parc ou rien ne pousse. Nous avons pu observer la construction d’un port à côté qui est destiné à recevoir l’unique bateau touristique de la ville. Sur cette même parcelle, il est prévu la construction d’un immense centre regroupant un aquarium, un planétarium... En réalité un aquarium existe déja dans l’enceinte du centre

piscicole mais ne trouve toujours pas de public. En retrait, loin du lac et côté ville, la prison va être détruite et sur ses bases, sera construite une salle polyvalente. Les efforts et les investissements autour du musée sont multipliés mais finalement toujours aucun visiteur à signaler. Mais le projet le plus important et qui pose de nombreuses questions est celui de l’aménagement des berges de Sakon Nakhon. Textuellement appelé «projet de promenade routière paysagère»... Le choix de la ville est d’installer une double voie de circulation sur le périmètre des anciens remparts et sur les rebords du lac. Ce projet est né d’une double volonté qui semble pourtant cohérente, celle de désengorger la ville de plus en plus envahie par les voitures et de retourner le regard de la ville vers son lac. On observe aussi, et on en a parlé précédemment, un développement très rapide d’une ceinture de zones commerciales sur le schéma des villes que l’on peut connaître en France. Enfin un des seuls projets d’aménagement sur un village a été réalisé à Ban Tha Rae, où la ville a conçu une promenade en béton plantée de palmiers sur les berges du lac dans une volonté de remettre celui-ci au premier plan. Là aussi nous étions les seuls promeneurs. On se permettra alors de dire que pour nous, la ville, comme dans beaucoup d’autres pays, aménage l’espace public comme elle aimerait que les habitants l’utilisent mais pas vraiment en concertation avec eux.

Musée

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Projet(s)223

Document Paysagistes Sans Frontières

La parcelle du musée

Le futur port en travaux

Projet de bassin de retention

Projet de pôle regroupant un aquarium, un

planétarium et une salle d’exposition

Salle polyvalente sur l’ancienne

prison

Connection routière et parc

Musée Port de tourisme en construction

“Promenade routière

paysagère”

N0 50m 250m 500m

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224

Document Paysagistes Sans Frontières

Emprise de la jacinthe d’eau

Lieux potentiels de projet

Villes et villages au contact du lac

Initiatives locales, valeurs sur

lesquelles s’appuyer pour le projet

Routes et déplacement

Une ripisylve dégradée et peu

entretenue

NN

0 1 5 10Km

Carte des enjeux sur le territoire

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

225

Document Paysagistes Sans Frontières

Synthèse

Questionnements

C’est par ses habitants que nous avons acquis une connaissance de ce territoire.Ce qui fait valeur ici, mais aussi ce qui nous pose question.Si l’on peut considérer le paysage comme l’imbrication de systèmes complexes et interconnectés, l’étude de Sakon Nakhon se révèle être un véritable casse-tête, en tous cas pour nous, habitués à travailler à l’aide de PLU, SCOT, et données précises.S’intéresser à la riziculture, c’est comprendre que les marchés mondiaux ont dicté ici une politique populiste dont les effets néfastes se retrouvent jusque dans les rizières. La résultante en est un endettement pour l’état. Les petits producteurs se retrouvent tenus par des rendements dictés, et produisent des plantes qu’ils ne choisissent plus, avec des produits phytosanitaires pour lesquels ils s’endettent, eux aussi.Mais s’intéresser à la riziculture, c’est aussi se rendre compte de ses effets néfastes sur l’environnement. La jacinthe d’eau, et son cortège associé, envahit les berges du lac, et l’asphyxie, se nourrissant des rejets agricoles azotés. S’intéresser à l’histoire, c’est comprendre aussi qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Les crues et décrues du lac permettaient alors d’évacuer ce problème d’invasion. Certes on

a stabilisé les eaux du lac, mais le manque de souplesse dans sa gestion pose aujourd’hui question.De même, la place de la forêt sur ce territoire est problèmatique. Défrichée massivement pour la riziculture, sa disparition progressive pose la question d’une biodiversité en chute libre, et celle de la raréfication de la ressource bois qui modifie profondément les paysages.S’intéresser à l’histoire de la ville, c’est comprendre les dynamiques complexes qui ont dicté à l’installation des hommes ici, et qui continuent de régir son développement.Enfin, s’intéresser aux projets en cours, c’est tâcher de voir comment la ville se projette dans son futur. Une ville peu dense, qui s’étale le long de ses axes de communication, et qui ne manque pas d’ambitions, au vu de sa position stratégique au carrefour des routes commerciales. Cette dernière démarche participative nous permet aujourd’hui de formaliser les enjeux, de détecter des lieux propices aux projets qui rassemblent des valeurs, des problématiques importantes, toujours en appui sur des personnes ressources. Les dynamiques temporelles, naturelles, humaines -locales- que nous avons comprises, dans une certaine mesure bien sûr, doivent nous permettre de lancer la formalisation du (des) projet(s).

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

227Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

PART

IE

4L’expérience du projet

1) Potentialités et leviers d’action2) Projet(s) 2.1 Le marnage, gestion souple des niveaux d’eau 2.2 Un débouché poussible, une ferme d’engrais organique 2.3 Ripisylve appropriée, une gestion au cas par cas 2.4 Le parc des berges, instaurer un dialogue 3.5 Mobilité sur le lac, retrouver des connexions

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228

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 229: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

229

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

1) Potentialités et leviers d’actions

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230

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

Carte de stratégie du projet

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

231

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

Projeter, c’est agir sur le territoire par un certain nombre de leviers. Qu’ils soient d’ordre réglementaire, législatif, de gestion, ou bien encore formels, par la création de situations spatiales inédites, ces leviers permettent d’influer sur la destinée d’un territoire, en l’impactant de façon positive.Utiliser ces leviers, c’est aussi agir en gardant à l’esprit que chaque levier poussé agit potentiellement sur les autres. C’est la pensée systémique du paysage qui nous pousse à penser que tout est lié, et qu’un bienfait peut entraîner un méfait.Mais ça, c’est la théorie.Projeter sur Sakon Nakhon, c’est d’abord se demander de quels leviers nous disposons réellement. Quels sont donc ces appuis sur lesquels nous pouvons compter?Notre démarche participative nous a permis de fédérer un certain nombre d’acteurs locaux. Des offices aux compétences variées, acteurs institutionnels de ce territoire, mais aussi des personnalités qui agissent au quotidien, et à leur échelle, dans le sens du territoire. A ces gens, s’ajoute bien sûr notre association, et ses membres engagés dans cette aventure.Mais le projet ne se fera pas qu’avec des bras.Nous avons donc listé ce dont nous pourrions avoir besoin pour réaliser notre projet. Cette “boîte à outils” du projet, regroupe ainsi pêle-mêle les matériaux, trouvés sur place ou à importer, le matériel, tantôt léger ou requiérant une entreprise locale spécialisée, les financements nécessaires ou non, et bien sûr ce potentiel humain local, sans qui rien n’est possible.

De la réflexion à l’action

Le marnage, gestion souple des niveaux d’eau

Un débouché possible, une ferme d’engrais à Ban Paen

Ripisylve appropriée, une gestion au cas par cas

Le parc des berges, instaurer un dialogue

Mobilité sur le lac, réactiver des connexions

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232

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

Leviers d’actions

Arbres, boutures, plantes

Matériel léger :marteau, scie, visseuse,...

Financements

Animaux : buffles, vaches de la coopérative, basse-cour

Matériaux : sable, béton, bois

Matériel lourd : entreprise locale spécialisée

S

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

233

Document Paysagistes Sans Frontières

Autorisation du gouverneur de la province

Département de la pêche

Membres ou stagiaires de l’association

Kasemchai

Jwu Nitirash

Centre de Recherche Rizicole

HabitantsDépartement de l’environnement

Potentialités et leviers d’actions

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234

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

Un système constructif simple et adaptéSéquence 1/Chez Jwe/Projets/Mise en oeuvreLearning center agricole au bord du lac Nong Han, Sakon Nakhon, Thailande

Atelier de PFE Etienne Falk//Session de septembre 2013Goettelmann Maéva

MON KIT DE CHANTIERHow to do IT!

+

x4

x4

x2

?

1

3

5

2

4

6

ARCHITECTURE ÉQUITABLE ET RECONQUÊTE TERRITORIALE

Document Maeva Schaal

Soubassements en birque de latérite

Isolation et plancher bois

Poteaux porteurs en bois

Modules en bois

Charpente bois

Toiture en paille de riz

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

235

Document Paysagistes Sans Frontières

Potentialités et leviers d’actions

Béton imrpimé

casa da luna, Fortim Brésil

Village vert Bali

Toîture en paille de riz

Maison comtemporaine en Teck

Brique de latériteCentre de vacance, Bali

Echaffaudage en Eucalyptus

Notre réflexion commune entre les paysagistes et l’architecte présents sur place a orienté cette planche qui détaille des techniques simples de structures et de matériaux, inspirées de l’architecture et des sytèmes constructifs locaux. C’est à partir de cette réflexion que nos projets seront mis en oeuvre. Le principe est simple, traditionnel mais solide et durable, et pouvant s’adapter aux différentes situations paysagères et architecturales projetées. Cette architecture vernaculaire peut et sera modernisée et tend vers ce que l’on pourrait nommer de la rétro-innovation. Dans le cadre de ce projet mais aussi plus largement dans notre pratique, le paysagiste peut et doit se positionner sur les systèmes architecturaux, que ce soit dans la mise en scène, le choix des matériaux ou encore les questions bioclimatiques. Bien sûr associés à l’architecte dans cette projection, nous dessinons alors ensemble un projet commun et, dès lors, bien plus abouti et «enraciné».

«La tradition, c’est une innovation qui a réussi»Edgar Morin

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Document Paysagistes Sans Frontières

Page 237: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

237

Document Paysagistes Sans Frontières

2) Projet(s)

Page 238: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

238Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 239: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

239

Document Paysagistes Sans Frontières

Le marnage

On l’a vu, la jacinthe d’eau pose problème autour du lac Nong Han. Cette plante invasive, et le cortège qui lui est associé, ferme les milieux et eutrophise le lac. C’est en fait une réponse biologique naturelle du lac, face aux rejets venant principalement de l’activité agricole du plateau. Si la politique de la province tend aujourd’hui à régler les effets de cette invasion et non les causes, une autre solution semble trouvable dans la réintroduction d’une certaine souplesse dans la gestion des niveaux d’eau du lac par une série de barrages.

Le marnage,gestion souple des niveaux d’eau

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Document Paysagistes Sans Frontières

Le marnage

La politique menée par la province de Sakon Nakhon en matière de jacinthe, tend aujourd’hui à essayer d’éradiquer cette plante de manière mécanique. De grosses machines parcourent le lac et arrachent la jacinthe d’eau aux endroits les plus stratégiques (dans le port de Sakon Nakhon, devant le musée, sur les rives de l’île,...). Elle est ensuite stockée en tas et séchée au soleil. Compactée, elle sert ensuite à recréer des sols, sur l’emprise du lac (!) : c’est le cas du musée, et de son parc attenant, bâti sur un sol artificiel gagné sur le lac.

Ramassage mécanique de la jacinthe d’eau sur le lac

Elle est ensuite compactée pour recréer des sols

Ce que l’on en fait aujourd’hui

Jacinthe d’eau

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

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Document Paysagistes Sans Frontières

Le marnage

La jacinthe, stockeuse naturelle d’azote de mère en filleLa jacinthe se nourrit des rejets de l’agriculture et notamment de l’azote. Sa force, c’est sa grande capacité à se reproduire par bouturage. Un seul plant de jacinthe peut donner plus d’une centaine de descendants. Elle absorbe tous les polluants (métaux lourds, phosphates, nitrates...) qu’elle stocke jusqu’à sa mort. Lors de sa décomposition, elle relâche toutes ces substances qui sont, à leur tour, absorbées par d’autres jacinthes et en complément des rejets agricoles continus, dans un schéma exponentiel. Cette capacité de stockage très intéressante sur le court terme devient plus que problématique sur le long terme car elle conduit à l’assèchement et l’eutrophisation du lac. Le marnage pourrait permettre de supprimer la plupart de ces végétaux. Ils relâcheront alors les polluants mais seront moins présents et leur reproduction ralentie, la constitution des sols sera ainsi limitée. Mais le projet, pour être complètement efficace, devra être associé à un débouché utile à partir de la jacinthe et associé donc à une autre production, dépendante du ramassage inévitable des végétaux. Ce principe à deux échelles peut permettre à long terme, de réduire radicalement la pollution sur le lac Nong Han et l’invasion de ses berges.

Agriculture

Polluants agricoles, dont azote, métaux

lourds,...

Lac

Marnage

Rejets agricoles

Infiltrationpurge rizières

Biotope favorable

Multiplication rapide par bouturage

Se développe plus rapidement qu’elle ne meurt

Jacinthe d’eau

Jacinthe d’eau

Jacinthe d’eau

Jacinthe d’eau morte

-

+

+

+

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242

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Le marnage

Nous avons compris que cette invasion de la jacinthe est en fait un vieux problème (voir questionnements), inhérent à des pratiques agricoles qui ont toujours eu cours ici. Mais les différences de niveaux du lac, parfois inondé, parfois à sec, réglaient de façon naturelle la question de la jacinthe.Aujourd’hui, le barrage de l’exutoire, géré par le Département de la Pêche, régule les niveaux à un niveau précis et fixe : - en saison humide, les eaux sont relâchées par le barrage de l’exutoire vers le Mékong, en fonction de la pluviométrie et des arrivées d’eau qui alimentent le lac.- en saison sèche, les eaux stockées des barrages des monts du Phu Phan sont relâchées pour maintenir le lac à un niveau stable.Notre proposition consiste à intervenir à l’interface de ces deux saisons, en réintroduisant une certaine souplesse dans la gestion des niveaux. Au début de la saison humide, nous proposons de relâcher plus d’eau, de manière à faire baisser sensiblement le niveau de 0,50 mètre à 1 mètre. Les pentes douces du lac sur les berges ainsi mises à nu permettent de faire mourir la végétation invasive, et de limiter ainsi son développement. Le niveau du lac se remonte donc au cours de la saison humide, c’est le marnage.

Réintroduction du marnage

Jan

Mm

M

0

50

100

150

200

250

300

350

0

-0,5

-1

Mar Mai Jui Sep NovFèv Avr Jui Aou Oct Déc

Pluviométrie

Niveaux du lac

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

243

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Le marnage

Niveau du lac stable et envahissement des berges par la jacinthe

Marnage et réintroduction du pâturage sur l’emprise dégagée

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244

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Le marnage

Un nouveau paysage éphémère sur les berges de lacSur cette emprise ainsi mise à nu, le projet propose de réintroduire une ancienne pratique, aujourd’hui disparue : le pâturage sur berges. Des vaches, mais aussi des cochons ou des chevaux pourraient ainsi réinvestir ces zones, et participer à la gestion et à l’élimination de ces déchets, avant qu’ils ne se décomposent dans le sol.Cette pratique pourrait créer ainsi un nouveau paysage 3 à 6 semaines par an, certes ancestral, mais inconnu pour la plupart des habitants. Ces terres mises à nu peuvent ainsi devenir le support de nouvelles activités agricoles, qui participeront à l’éradication du problème de la jacinthe.

De 0 à 1m, fluctuation des niveaux d’eau par le marnage

0 -6

Page 245: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

245

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Le marnage

Vue sur les espaces mis à nu sur le lac, et réintroduction du pâturage sur berges

Page 246: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

246

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Le marnage

Page 247: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

247

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Le marnage

Moyens à mettre en oeuvre

Pour mener à bien ce marnage, l’approbation du gouverneur mais aussi de l’état, propriétaire du lac, sera nécessaire.

Le département de l’environnement pourrait nous permettre d’évaluer les impacts d’un tel marnage sur les éco-systèmes. Interpellés sur le sujet, ils se disent favorables à cette gestion, vectrice de bio-diversité

L’idée serait de réintroduire une pratique ancienne qui consistait à venir pâturer sur l’emprise du lac mise à nue.

Enfin, le département de la pêche, qui a aujourd’hui le contrôle du barrage gérant le niveau du lac devra participer à la démarche, en calculant précisément le calendrier des lâchers et retenues d’eau, en fonction de la pluviométrie et du climat.

Page 248: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

248Le parc des berges

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

249

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Un débouché possible

Un débouché possible,Une ferme d’engrais à Ban Paen

Pour compléter la problématique de la jacinthe, nous avons choisi de créer une coopérative de production d’engrais bio à partir de cette plante. L’activité sera mise en place sur les berges à nu du village de Ban Paen, proche de la ferme biologique de Kasemchai.

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Un débouché possible

Nous avons traité précédemment une partie des problèmes dûs à la prolifération de la jacinthe en réinstaurant le marnage sur le lac. Mais pour aller plus loin et finaliser le processus, nous avons cherché des solutions pour utiliser cette plante, ici très disponible. De nombreuses applications sont possibles, et de nombreuses démarches innovantes ont été réalisées dans d’autres pays avec succès. On peut par exemple transformer la jacinthe en papier (avec alors une limitation des plantations d’eucalyptus), en vannerie et nattes (très utilisées ici), en briquettes de charbon (toute la cuisine locale est préparée à base de charbon de bois ce qui accélère également la déforestation), en fourrage pour animaux, en aliment pour poissons ou encore en engrais bio. Nous ne développerons pas toutes ces applications possibles, mais nous avons choisi de nous arrêter sur la question de l’engrais bio qui bouclerait ainsi le cycle de la jacinthe (voir COREM page suivante). Pour se faire, la démarche est relativement simple car la plante est idéale pour le compostage, et l’engrais peut être produit à grande ou petite échelle. Cette activité demande un peu de main d’oeuvre pour le ramassage, qui est déjà présente à Sakon Nakhon. Le processus pour la fabrication de l’engrais se passe en trois temps et est accéléré par le climat :

D’une plante invasive à un engrais bio

> En premier lieu on récupère la jacinthe, par un système de ramassage manuel par les habitants ou par le système en cours pour la récupération des déchets par les «tondeuses aquatiques». > Dans un second temps, on la laisse sécher quelques jours au soleil. > Enfin, on y ajoute un peu de cendre et de terre ainsi que du fumier animal. Après quelques semaines, le processus produit un compost riche et sans pathogène qui peut être appliqué directement sur le sol. Le compost augmente la fertilité des sols et le rendement des cultures, tout en remplaçant progressivement les amendements chimiques. Cette action apporte un complément de réponse au problème de la prolifération de la jacinthe d’eau et de la mauvaise qualité du sol dans une gestion communautaire. Les objectifs et bénéfices sont multiples : > Poser une première pierre pour développer et vulgariser les techniques de transformation de la jacinthe.> Diversifier et augmenter les revenus des populations par la vente et l’utilisation du compost pour l’agriculture et ainsi créer une économie à partir d’un problème pour lequel il n’existe pas d’action durable aujourd’hui.> Faire prendre conscience aux populations de la problématique de la jacinthe d’eau tout en les mobilisant pour son éradication.

Page 251: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

251

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Un débouché possible

Agriculture

Azote

Lac

Jacinthe d’eau morte

Coopérative d’engrais

Rejets agricoles

InfiltrationPurge rizières

Biotope favorable

Mort naturelle

Marnage décrit précedemment

Ramassage

Ramassage

Déjections carbonées

Production d’engrais organique

Jacinthe d’eau, un cycle de vie de 3 semaines : absorbe l’azote

Buffles ou vaches

Page 252: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

252

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Un débouché possible

Ecole

Principaux axes de circulation

Berges envahies par la

végétation

Ferme durable

O 200 500

Bassins de rétention privés et destinés aujourd’hui à être

urbanisés pour l’accueil touristique

Rizières

Système d’irrigation

Résidus forestiers

Ceinture de vergers

Espaces publics

Invasion des berges

Marché

Carte de situation de Ban Paen, en retrait du lac

N

Analyse et stratégie locale

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

253

Document Paysagistes Sans Frontières

Un débouché possible

C’est tout naturellement que nous avons pensé au village de Ban Paen pour l’installation de notre ferme à engrais.Habitant le lieu, nous avons pu constater l’entraide des habitants et leur envie de tendre vers des projets innovants.Le lieu en lui-même est intéressant à bien des égards.Ce petit village concentrique et en retrait du lac se connecte à ce dernier par une seule petite route en plaques en béton. Un petit port y est déjà installé, mais uniquement pour les petites embarcations.

Notre projet s’implante donc à l’interface entre le lac et les rizières, et entre la ferme de Kasemchai notre agriculteur bio, et un espace public informel peu utilisé par le village.Aux installations techniques, qui comprennent lieu de production, stockage, vente, et stabulations pour les vaches, vient s’étirer un long quai qui permettra l’amarrage des bateaux à jacinthes. Ce dernier devra s’avancer suffisamment sur le lac pour permettre à ces bateaux de venir y débarquer la jacinthe.Accolé à cet ensemble, un petit espace public en latérite et planté d’essences locales apportant de l’ombre, permet de dégager des vues, et de renouer un contact direct entre le lac et les habitants du village.Continuité

des berges

Périmètre d’intervention

S’accrocher au kiosque existant

Rizières sous verger

Conserver la ceinture de vergers

perspective sur l’axe entre le village et le lac

Ferme biologique

Page 254: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

254Le parc des berges

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Espace public au contact du lac :revêtement local

en latérite et alignement d’arbres qui

cadrent les vues

Stabulations pour les vaches de la

coopérative

Hangar de fabrication et de stockage de

l’engrais

Quai de déchargement et de séchage de la

jacinthe

Pâture pour les vaches

Arbres fruitiers

Rizières

Ferme de Kasemchai

N0 5 25 50m

Plan masse du projet

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

255

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Un débouché possible

Pâturage pour les vaches

Stabulations

Quai

Lieu de vente, accueil

Espace public en latérite compacté, et planté d’arbres

Lieu de production et de stockage

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Un débouché possible

Espace public pour les fêtes du village

Vers le village

Hangar de fabrication et de stockage de l’engrais

Point vente, accueilRizières Stabulations pour les vaches de la coopérative

Vers la ferme de Kasemchai

Pâture pour les vaches

Quai de déchargement et de séchage de la jacinthe

Bateau ramasseur de jacinthe

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

257

Document Paysagistes Sans Frontières

Un débouché possible

Vue depuis la route en plaques de béton qui mène au village vers le lac et la coopérative d’engrais

Page 258: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

258

Document Paysagistes Sans Frontières

Un débouché possible

Page 259: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

259

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Un débouché possible

Moyens à mettre en oeuvre

Les principes de construction se voulant simples et inspirés des techniques locales, du petit matériel, disponible dans le village, sera nécessaire à la construction des installations techniques.

Pour mettre en place ce projet, il serait possible d’associer des membres de l’association ou des étudiants, pour dessiner finement les installations, et participer aux travaux

De même, seulement quelques matériaux (en plus de ceux disponibles sur place, comme la latérite) seront nécessaires : mortier, béton, bois,...

Le projet ne pourra se faire sans l’appui des habitants, qui nous ont montré une vraie solidarité dans le travail en commun, et une volonté de créer des projets innovants

Pour fonctionner, notre engrais nécessite de la fumure animale. L’idée serait ici de s’aider de la coopérative bovine, qui mettrait une dizaine de vaches à disposition pour notre projet.

Les plantations seront faites d’essences locales, prélevées sur place ou fournies par une pépinière locale avec qui nous sommes en contact.

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260Le parc des berges

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

261

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Ripisylve appropriée

La gestion des ripisylves que nous allons développer s’appuie sur une lecture fine de ces espaces écologiquement riches et nécessaires. Nous avons repéré trois grandes structures de ripisylve type: La ripisylve “appropriée” la plus rare et sur laquelle nous nous appuierons pour ce travail, la ripisylve “envahie” la plus fréquente, qui est le résultat des pollutions mais également d’une absence d’activité sur ses espaces, et la ripisylve “nue”, résultante des activités agricoles, ou de la présence d’une ville ou d’un village.

Ripisylve appropriée,une gestion au cas par cas

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Ripisylve appropriée

Situation de ripisylve appropriée

Trois situations de ripisylves

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

263

Document Paysagistes Sans Frontières

Ripisylve appropriée

Situation de ripisylve nue Situation de ripisylve envahie

Page 264: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

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Ripisylve appropriée

Situation 1 : Ripisylve appropriée

Les berges que nous avons définies comme étant “appropriées”remplissent quatre critères :

- Leur structure végétale actuelle s’est développée à partir de la végétation spontanée. Les végétaux sont donc pleinement adaptés au milieu.

- Elles ont été structurées par l’homme, c’est-à-dire que l’on a choisi certaines essences à supprimer et d’autres à valoriser. Ces végétaux sélectionnés sont le plus possible producteurs de bois ou de fruits.

- Elle doivent être assez variées et épaisses pour pouvoir servir d’espace “tampon” entre les parcelles agricoles et le lac. Dans ce cas, elles absorbent une partie de la pollution agricole et forment des couloirs écologiques pour la faune (dont l’homme fait partie).

- Enfin, c’est la présence, parfois discrète, d’un cheminement le long de ces berges. Le fait que ces espaces aient été appropriés est pour nous le signe qu’il est possible d’y associer de nouveaux usages, si ils sont rendus attrayants et accessibles.

Coupe d’une ripisylve “idéale”

Min : 15 mètres

Page 265: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

265

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Ripisylve appropriée

Une palette végétale spontanéeStrate herbacée Strate arborescenteStrate arbustive

Waltheria A

Ipomea aquatica

Eclipta prostrata

Phyllanthus sp.

Cardiospermum halicacabum

Heliotropium indicum

Acuminata

Broussonetia papyrifera

Homonoia riparia

Bambousa multiplex

Clerodendrum paniculatum

Ricinus communis

Lagerstroemiafloribunda

Tecktona grandis

Wrightia tomentosa

Macarangia grandifolia

terminalia (amandier)

Xylia xylocarpa

Page 266: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

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Ripisylve appropriée

Situation 2 : Ripisylve envahie

Mimosa pigra Salix tetraspermaSolanum torvum Premna tomentosa

Sur ces espaces, on ne détermine plus vraiment la limite entre ripisylve et berge. La palette végétale est limitée à certaines espèces invasives qui bloquent le développement d’autres essences locales et réduisent la biodiversité. D’autres problèmes sont posés comme l’accès aux berges depuis le lac en bateau ou depuis les terres à pied, en moto ou en vélo. Nous préconisons ici de réaliser le travail de sélection des végétaux décrits précédemment, et de supprimer les invasives avant de les évacuer. On peut également découper de nouvelles îles nurseries ( voir partie 2 ) pour faciliter le travail et développer ce système piscicicole.

Coupe d’une ripisylve “envahie”

Sélection végétale au cas par cas

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

267

Document Paysagistes Sans Frontières

Ripisylve appropriée

Situation 3 : Ripisylve nue Ces espaces nus, très pauvres écologiquement, ne contiennent pas la diversité végétale nécessaire à l’absorption du large panel de polluants rejetés par les activités humaines. Les berges en contact direct sont donc moins protégées du lessivage des pesticides et engrais agricoles et sont donc plus sensibles au développement rapide de la végétation aquatique invasive qui conduit à l’eutrophisation. On les trouve notamment vers Ban Paen ou Sakon Nakhon. Le soleil brûle la plupart des espèces herbacées qui grandissent à l’ombre des strates arbustives et arborées. De la même façon, les arbres sont absents car au début de leur vie, la majorité d’entre eux s’abritent dans la strate arbustive. L’homme supprime systématiquement les buissons et avorte alors toute cette chaîne complexe d’installation végétale. Nous préconisons donc de conserver les végétaux pionniers et de sélectionner un grand nombre d’essences qui remplissent les critères des berges “appropriées” décrites précédemment.

Coupe d’une ripisylve “nue”

Homonoia ripariaMacarangia grandifolia Ipomea aquaticaBroussonetia papyrifera

Evolution d’une ripisylve “nue”

Sélection au cas par cas

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Ripisylve appropriée

Des berges (ré)appropriéesLe but de cette gestion est de retrouver à terme une berge convenable du point de vue écologique. Mais nous pensons que ces berges peuvent aussi devenir le support de nouvelles activités. En retournant le territoire sur son lac, nous pensons pouvoir inciter les habitants à se réapproprier ses berges.Nombreux sont les exemples que nous avons pu voir sur place ou ailleurs de petits aménagements réalisés par les habitants eux-mêmes.Un tronc, une souche, et voilà une table à pique-nique... Du bambou, de la corde, et un peu d’imagination, et voilà un banc pour se mettre à l’ombre... C’est peut-être rudimentaire, mais au final aussi efficace qu’un banc en béton.Cette volonté répond à deux objectifs : rendre ses berges accueillantes, habitables, mais aussi permettre de réutiliser les déchets de la gestion précédemment décrite.

Exemples de banc en bambousExemples de mobilier en troncs d’arbres

Page 269: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

269

Document Paysagistes Sans Frontières

Ripisylve appropriée

Vue d’une berge réappropriée

Page 270: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

270

Document Paysagistes Sans Frontières

Ripisylve appropriée

Page 271: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

271

Document Paysagistes Sans Frontières

Ripisylve appropriée

Moyens à mettre en oeuvre

Des aménagements parfois lourds devront être menés par des entreprises spécialisées locales, notamment pour les berges envahies.

Pour mener à bien une telle gestion sur un territoire aussi large, l’approbation du gouverneur sera nécessaire

Pour les berges moins envahies, et pour la fabrication des pièces de mobilier, du petit matériel sera nécessaire.

Les travaux d’entretien et de sélection devront être menés par le département de l’environnement, qui dispose déjà d’agents formés à ces pratiques

De même, la création de mobilier pourrait nécessiter l’apport de matériaux extérieurs, même si l’idée est de travailler avec ce qui est déjà en place.

Le travail de réappropriation devra se faire avec les habitants et leurs savoir-faire, notamment pour la création de mobilier

Pour les berges nues, il sera indispensable de planter de nouvelles essences, mais locales.

Des membres de l’association ou des étudiants pourraient venir aider les populations à créer ce mobilier

Page 272: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

272Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 273: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

273Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Nous l’avons énoncé plus haut, la ville de Sakon Nakhon s’est développée en retrait du lac pour se protéger des caprices de ce dernier.Mais face à la stabilité retrouvée de son niveau, se pose la question de ce contact à cet élément dont on a appris à se méfier.Retourner la ville sur son lac, c’est chercher une nouvelle interface entre l’eau et les hommes.Symbolique, physique ou visuelle, c’est aussi retrouver des connexions pour les habitants de cette ville, et nous permettre d’appliquer les principes de gestion d’une ripisylve souple, perméable, et écologiquement riche.Découpé en six séquences, plus ou moins interventionnistes, c’est ce à quoi le projet du parc des berges de Sakon Nakhon répond.

Le parc des berges,Instaurer un dialogue entre ville et lac

Page 274: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

274Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières1

2

3

4

5

67 8

9

10

11

12

N0 50 250 500m

Page 275: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

275Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Carte de situation(s)

11

12

1 Le parc des brigands

5 Devant chez le Gouverneur

9 Le centre piscicole

2 Zone industrielle

6 Zone commerciale

10 Le parc de la Reine

3 Ecole catholique

7 Lotissements d’habitations

11 Le port de Sakon Nakhon

4 Devant chez Jwu

8 Musée de Sakon Nakhon

12 Le parc du gouverneur

Page 276: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

276Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 50 250 500m

Page 277: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

277Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Stratégie locale

détails des interventions dominantes

Cadrage depuis le musée vers le lac

Cheminements secondaires

Points de liaison

Cheminements principaux sur l’eau

Île accessible en période de marnage

Cadrages et connections entre la ville et le lac

Cheminements continus sur les berges

“Neurones”(analyse participative)Parc des milieux naturels

Page 278: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

278Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 1Séquence 2

Séquence 3

Séquence 4

Séquence 5

Séquence

6

N0 50 250 500m

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

279Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Un projet décomposé en 6 séquencesLe projet propose ici de créer une continuité le long des berges de Sakon Nakhon, et de retisser un lien entre la ville et son lac. Découpé en six séquences, ce «parc des berges» se veut un lieu de promenade, mais aussi un support pour de nouvelles activités, et de nouveaux usages.- Séquence 1 : il s’agira de révéler un chemin en mauvais état pour connecter le parc de la Reine à cette continuité.- Séquence 2 : c’est ici un parc de production agricole et aquatique pour la ville et ses habitants, sur la trace d’anciens bassins piscicoles. La trame urbaine vient se projeter sur le lac.- A l’interface entre ces deux séquences, nous installons un cheminement à 60 cm sous le niveau de l’eau pour ainsi donner accès à une petite île quelques semaines par ans lors de la période de marnage. Cette action simple permet d’aiguiser la curiosité des habitants et de détourner un usage poctuel en petit évènement.- Séquence 3 : la parcelle du musée accueillera un programme ambitieux voulu par la ville. C’est ici le lac qui vient s’infiltrer dans la ville.- Séquence 4 : un parcours nature de découverte des biotopes riches s’accroche à un cheminement en dur, duquel peuvent partir des sentiers pédestres qui évolueront en fonction des saisons et des niveaux du lac.- Séquence 5 : la parcelle de Jwu, et son programme de ferme pédagogique ouverte au public, une occasion de tester et de transmettre les pratiques agricoles pérennes.- Séquence 6 : une liaison jusqu’au parc des brigands, un lieu prisé de la jeunesse de Sakon Nakhon viendra conclure ce parcours.

Page 280: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

280Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 281: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

281Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 1 : du parc de la Reine au centre piscicoleNotre parcours du parc des berges commence avec le parc de la Reine - nous l’évoquons dans la partie 2 - ce dernier étant une vraie institution pour les habitants de Sakon Nakhon. Projet royal, il se place à l’interface entre la ville, le port, et le centre piscicole qu’il borde sur son plus grand côté. Dans l‘axe du port, sur lequel se déroulent des courses de bateaux traditionnels, nous proposons de réaliser un cheminement sur une emprise déjà existante, mais actuellement en très mauvais état. Le projet est donc ici de révéler ce petit sentier en le marquant par un simple revêtement de sol en latérite compacté (un matériau local et disponible partout), et d’assurer ainsi une desserte efficace depuis le parc de la Reine (et donc la ville) vers le centre piscicole et le projet d’un parc de production agricole aquatique.

Bassin du parc de la Reine

Cheminement en latérite compactée

Port de la ville

N0 50 250 500m

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282Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

283Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 2 : du centre piscicole au musée

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284Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 2O 100 200m

Page 285: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

285Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Dans le parcours du parc des berges, nous arrivons sur l’interface entre le centre de recherche piscicole et le lac. Le projet qui se dessine sur l’espace du lac reprend la trame des bassins d’élevage du centre et s’appuie sur une trame historique de bassins de rétention, aujourd’hui en grande partie immergés. Le projet dessine une série de bassins aux formes géométriques et endigués pour rester toujours inondés. Dans cette mosaïque de petites parcelles, nous venons introduire différentes plantations de végétaux aquatiques comestibles. Cette séquence à la fois promenade ponctuée d’aires de détente et pique-nique sur le lac, est également un jardin potager qui devient un espace de production attaché à la ville : une pratique agricole urbaine

laissée en libre service pour les habitants. Intégrée dans la continuité du parc des berges, cette séquence projette la trame de la ville sur l’espace du lac et recrée une interface à vocation productive entre Sakon Nakhon et son lac. En continuant cette promenade sur l’eau, une parcelle aujourd’hui en partie enfrichée se place en transition entre le parc productif rattaché au centre piscicole et la parcelle du musée. Cet espace de transition va devenir un parc récréatif dans un projet de la ville. Notre parti pris est d’utiliser ce projet en conseillant d’y installer un parcours sportif qui dialoguerait avec le stadium en retrait. Une continuité dans l’équipement sportif de la ville conclura donc cette séquence.

Bassins du centre piscicole

Chemin de latérite compactée

Parc de maraîchage aquatique urbain

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286Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Pistia stratotes

Mentha aquaticaCurcuma alismatifolia

Nelumbo nucifera

Symphytum off.

Nasturtium off.

ColocasiaIpomea aquatica

Palette des végétaux commestibles

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

287Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Vue sur le parc de maraîchage urbain

Page 288: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

288Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 289: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

289Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 3 : la parcelle du musée

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290Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 2O 100 200m

Page 291: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

291Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

En avançant sur les berges et après la transition entre les parcelles potagères sur l’eau et le parc sportif, nous quittons le cheminement orthogonal décrit dans la séquence précédente pour arriver sur la parcelle du musée. Notre choix s’est appuyé sur la volonté de créer dans l’axe de cette parcelle, une ouverture franche qui dessine une large fenêtre, véritable cadrage sur le lac. A ce moment et à l’inverse de la trame urbaine projetée sur la séquence précédente, c’est ici le lac qui vient se projeter sur la ville. Le lac entre ainsi sur la parcelle du musée. C’est le lieu où la ville a décidé, dans un programme ambitieux, de réaliser un nouveau pôle d’équipement public regroupant un planétarium, un aquarium et une salle d’exposition. L’architecte qui a travaillé avec

nous sur ce projet, a réalisé son diplôme dans la continuité de notre analyse commune et en réponse à cette volonté de la ville. Le bâtiment ancré dans ce parcours paysager crée un point d’attraction important et, intégré au parc, permet de proposer un équipement public en relation avec le lac, dans un dessin d’architecture «totem» à la volonté assumée de composition très contemporaine. C’est donc notre association de paysagistes et d’architectes qui est illustrée dans cette séquence. La trame de l’eau, qui représente la symbolique du lac, traverse ce bâtiment qui s’intègre au parc des berges, et instaure de nouveaux usages. C’est également dans cette dynamique d’ouverture des regards vers le lac que le récent port de tourisme est intégré à cette séquence.

Parc urbain

Bassins Equipements : Planétarium, océarium, hall d’exposition

Chemin de latérite compactée

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292Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Stratégie environnementale

Programme 2

Programme 1Aquarium

Planetarium Hall, Auditorium

Espace médias

Espace lecture

Centre de documentation sur la culture de l’Isaan

Programme du bâti

Programme 3

Un lac dans la ville : programme et stratégie

Document Maeva Schaal

Le projet propose de réunir l’ensemble des programmes ambitieux de la ville sous un même couvert, dans une architecture compacte, qui se veut totem.Au delà de la portée symbolique du geste, l’idée de faire rentrer le lac dans la ville, permet de réguler thermiquement le bâtiment. A cela s’ajoute un système d’ouverture au vent, et de brise-soleil, qui économise une climatisation sinon indispensable.

Page 293: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

293Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Plan du RDC : le lac s’invite dans la ville à travers le bâtiment

Document Maeva Schaal

N0 5 25 50m

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294Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Axonométrie du projet

Parc agricole aquatique

Parc sportif

Alignement d’arbres repères

Océarium, planetarium, hall d’exposition

Ouverture des berges pour laisser l’eau entrer

Musee

Page 295: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

295Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Vue vers le musée

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296Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 297: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

297Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 4 : du musée à la parcelle de Jwu

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298Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 2O 100 200m

Page 299: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

299Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Après avoir traversé le pôle d’équipement public réalisé en partenariat avec l’architecte, le parcours nous conduit sur les berges entre un espace de lotissement et le lac. Un cheminement fin à l’interface entre habitat et berges naturelles est ici, simplement à renforcer par une gestion qui applique les principes énoncés précédemment. S’ensuit un cheminement qui repart sur l’eau et épouse une forme légèrement courbe et dynamique cadrant sur la ferme pédagogique de Jew dont nous parlerons plus loin. Cette perspective sur l’eau varie entre des portions de cheminement stabilisé, toujours dans le vocabulaire du parc des berges, et des cheminements se raccrochant à des sols constitués naturellement et praticables directement ou parfois renforcés par un apport de latérite compactée. Cet axe permet de

traverser un espace large que l’on nomme ici la séquence de «découverte des milieux naturels» et qui permet donc d’emprunter des cheminements existants au travers des différents milieux présents. Elle a pour principe d’évoluer avec le temps et les jeux de différences de niveau du lac. Ce parc évolue d’année en année, apporte un jeu de labyrinthes, s’auto-gère la plupart du temps et permet de respecter la faune et la flore présentes. Là aussi ponctuée d’aires de détente et de petits observatoires, cette séquence offre la possibilité de s’arréter et d’observer les alentours. Ici, le contact entre le lac et la ville se fait par le biais d’une transition naturelle au travers de la ripisylve praticable tout au long du parc des berges.

Autoroute Cheminement en passerelle métallique sur milieu humide

Centres commerciaux Cheminement de latérite compactée adossé à une ripisylve

Page 300: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

300Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Milieux riches à préserver

Cheminements en dur : caillebotis métallique Cheminement souple en digue évoluant

avec les saisons et la pluviométrie

Waltheria A

Ipomea aquatica

Eclipta prostrataPhyllanthus sp.

Cardiospermum halicacabum

Heliotropium indicum

Acuminata

Broussonetia papyrifera

Homonoia ripariaBambousa multiplex

Clerodendrum paniculatum

Ricinus communis

Page 301: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

301Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Vue depuis une passerelle métallique sur les différents milieux aquatiques

Page 302: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

302Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 303: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

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EXPÉRIENCE DU PROJET

303Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 5 : La parcelle de Jwu

Page 304: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

304Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

PROJET(S)

Milieu riche en biodiversité

Trace d’anciennes parcelles rizicoles

Bassin de rétention de la ville

Alignement intéressant

Axe principal vers Sakon Nakhon

Plateforme de terre nue

Ancien bassin

Habitation d’un

agriculteur

Carte d’analyse de la parcelle de Jwu

N

0 2O 100 200m

Page 305: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

305Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Dans la continuité du parc de découverte des milieu naturels, nous nous dirigeons vers un nouveau point d’appel au bout de la perspective du cheminement central principal, la parcelle de Jew, notre ami rencontré sur place. Le parti pris d’aménagement réalisé sur cette petite friche fermière sous pression, coincée au coeur de la zone commerciale industrielle est encore une fois dans le prolongement de notre démarche participative et dictée par notre parcours au travers des valeurs et initiatives locales questionnant les pratiques agricoles. Mais c’est

Continuité du parc des berges

Bassin pour les kayak

Cadrages sur le lac

Ripisylve mixte

Verger varié

Connection avec l’école

Bassin de filtration

S’accrocher au bâti existant

Système rizicole en jachère Bassins piscicoles

également l’aboutissement de longues journées de discussions avec Jew, quinquagénaire amoureux de l’histoire de sa région et des pratiques agricoles traditionnelles autant que de l’arpentage de son lac en kayak d’où il observe les oiseaux. Très attaché à l’histoire familiale de son terrain, Jew nous raconte comment son père cultivait ici différentes variétés de riz associées à du maraîchage et des plantations de vergers.

Séquence 5 : Analyse et stratégie locale

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306Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Bassin d’orage creusé par la ville

Cabane d’observation de la faune et flore

Percée visuel, ouverture sur le lac

Verger planté sur la dalle de terre nue

Parcelles de rizière tests sous fruitiers

Bungalow

Bassin piscicole

Stabulation pour les vaches de la coopérative

Centre pédagogique

Accueil, point-vente

Plan masse du projet

N

0 2O 100 200m

Page 307: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

307Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

C’est au travers de nos discussions que le projet est apparu, celui d’une ferme pédagogique qui marquera clairement le paysage des grandes surfaces commerciales. Des cadrages au travers de la ripisylve depuis le parc donneront à voir l’intérieur de l’exploitation qui comprendra différentes productions : des bassins piscicoles, un système de traitement des eaux usées par les végétaux, mais aussi une base de kayak que Jew possède déja. Nous nous appuierons sur les traces du parcellaire historique pour réintroduire des rizières plantées de variétés anciennes conservées au centre de recherche du riz et au dessus desquelles un verger sera installé, à la fois productif pour l’exploitation et qui enrichit le sol. Associée à des animaux (buffles, chevaux, cochons et poules...) l’exploitation

produira suffisamment pour l’agriculteur et sa famille déjà présente sur place et prête à se lancer dans l’expérience, mais aussi un large surplus avec des débouchés de transformation qui rendront viable l’économie de la ferme. Pour la réalisation de ce projet, l’autoconstruction sera le leitmotiv : ainsi, l’exploitation pourra produire tout ce qui devra nourrir les stagiaires, écoliers et bénévoles engagés dans l’expérience. Aidés encore ici par le travail de structure réalisé par l’architecte, nous implanterons des cabanes individuelles avec les matériaux disponibles sur place dans un premier temps, pour ensuite construire un accueil puis une classe verte regroupant des salles, une cuisine utilisant les aliments produits sur place et un dortoir. L’objectif est réellement ici d’offrir aux écoles et notamment à l’établissement accolé, la possibilité de former les jeunes à la pratique d’une agriculture associée et raisonnée. A la fois centre de production durable regroupant différents acteurs locaux comme par exemple Kasemchaï (l’agriculteur biologique de Ban Paen) et centre d’apprentissage, la ferme sera viable économiquement et quasiment autonome. Le but sera également de sensibiliser les habitants ou voyageurs de passage à des pratiques agricoles durables et modernes, tout en offrant un accès direct au projet du parc des berges et plus largement à la première station de kayak sur le lac.

ApprendreProduireConstruire

Transformer

Vendre

Dortoirs

Volontaires

Scolaires

Salle de classe Champs

Parc des berges

Page 308: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

308

Vue sur le centre pédagogique et les rizières attenantes

Page 309: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

309Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Eglise et école de la foi de Jesus

Rizières sous fruitiers

Bassin piscicole

Vergers

Autoroute

Centre pédagogique Rizières sous fruitiers

Cheminement de latérite compactée

Page 310: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

310Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Stabulation

Vers le parc des brigands

Acueil

Base kayak

Logements individuels ouvriers

Cadrage

Continuité promenade sur berge

Parc découverte des milieux vers Sakon Nakhon

Alignement repère (flam-boyants)

Bassin de filtration

Habitation agriculteur sur place et bâti classe verte

Parcelles rizicoles tests sous verger

Pisciculture

Verger varié

Page 311: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

311Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Vue sur la grande perspective ouverte qui mène au lac. A gauche les rizières, à droite un verger.

Page 312: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

312Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 313: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

313Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Séquence 6 : de chez Jwu au parc des brigandsAprès la séquence de la ferme pédagogique de Jwu, le parcours se poursuit le long des berges sur un cheminement là aussi déjà existant, mais à révéler par l’emploi d’un revêtement de sol en latérite déjà décrit précédemment. Le projet propose ici de s’appuyer sur ce cheminement et un alignement d’arbres déjà existant, mais discontinu, à renforcer. Le chemin ouvre des vues, permet de connecter ferme pédagogique, école, et centre de recherche rizicole sur cette grande continuité du parc des berges, et qui se termine sur le parc des brigands. Ce parc paysager, assez récent et très formel dans sa conception, s’avance sur le lac par un système de pontons de béton, qui offrent des vues inédites sur la ville. Ce parc a surtout le mérite d’être un lieu très prisé par la jeunesse de Sakon Nakhon, qui se l’est approprié.

Bassins de rétention Cheminement de latérite compactée

N0 50 250 500m

Page 314: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

314Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Chemins d’eau

Détails des structures construites

Sentier de latérite compactée

Cheminement de caillebotis acier

Alterner les cheminements : palette de références

Page 315: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

315Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Cabanes : structures couvertes en bambous

Observatoires : structures couvertes en bambou R+1

Ponctuer le parcours

Page 316: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

316Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

Page 317: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

317

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Mobilité sur le lac,Réactiver des connexionsPour l’avoir expérimenté, se déplacer à Sakon Nakhon pose certains problèmes : une seule route, souvent en mauvais état, à laquelle se substitue un réseau de petites dessertes, rarement en dur. Se pose ainsi la question de la mobilité qui permettrait pourtant de desservir les différents points du lac en un temps record.Notre projet propose ainsi de recréer des voies de communication lacustres, pour reconnecter le territoire et nos différents sites de projet.C’est tout naturellement que l’île aux moines s’est présentée comme le noeud de cette mobilité, au carrefour des voies et dans une position stratégique sur le lac.

Page 318: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

318

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

N0 500 m 2,5 Km 5 Km

Carte du projet des déplacements sur le lac en minnutes

6 min

8 min

Sakon Nakhon

Ban Paen

BanTha Rae

Ban Chum Cheng

Ban Tha Wat Tai

Ban Don Tan Ngo

19 min

16 min

16 min

2 min

Page 319: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

319

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

La proposition d’ouvrir des voies naviguables de déplacements plus rapides par l’intermédiare du lac répond à plusieurs enjeux. Dans un premier temps il permet de raccourcir les distances et donc de faciliter les échanges mesurés dans une dynamique de «circuits courts». Mais c’est aussi offrir une connection physique entre nos différents projets, entre des lieux, mais surtout entre les hommes et établir des relations de valeurs autour et sur le lac Nong Han. Se donner la possibilité d’un usage supplémentaire sur ce lac délaissé lui redonne une importance territoriale et renforce donc un peu plus notre volonté et le développement territorial systémique que nous défendons dans ce projet.

Détail technique d’un embarcadère desservi par bateau

Six ports desservis par voie lacustre

Page 320: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

320

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Vers Ban Paen

Forêt humide et arbustive

Forêt dense et arborée

berges préservées

Parc et village des moines

Sanitaires

Embarcadère

Temple

Berges entretenues

Vers Sakon NakhonN

0 50 250 500m

Carte d’analyse de l’île des moines

Page 321: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

321

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

L’île des moines dont on a parlé dans «l’expérience du lieu» est le territoire qui accueille la biodiversité la plus riche dans la région du lac Nong Han. On peut ainsi observer une forêt très diversifiée comme on en trouvait encore il y a quelques décennies, mais aussi des milieux aquatiques et des berges protégées par la situation insulaire. L’histoire de l’île qui a accueilli des habitants maintenant relogés à Sakon Nakhon, voit aujourd’hui la communauté monastique subir le même sort, à savoir l’expropriation. Au Sud de l’île, on trouve un temple, des cabanes, un petit embarcadère couvert mais aussi un parc aménagé dans l’extension des berges «idéales». C’est en ce lieu que nous installerons l’embarcadère central de desserte des voies de circulation sur le lac. Le reste de l’île sera ainsi préservé car ce petit échangeur ne sera qu’un lieu de passage pour les bateaux provenant des autres villages desservis par le réseau. Ceci permettra d’entretenir les lieux et de conserver le temple et les installations des moines. Nous aménageons simplement l’embarcadère pour accueillir les bateaux, et nous utiliserons les structures déjà présentes.

Forêt protégée

Cheminements et points d’observation

Berges à maintenir

Périmètre accessible

Cadrage sur le lac

Bâti existant

Analyse et stratégie locale

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322Le parc des berges

Document Paysagistes Sans Frontières

N0 10 50 100m

Plan masse embarcadère de l’île des moines

Bloc-sanitaire en dur existant

Ponton d’amarage des bateaux

Cheminement en latérite

Beaux sujets à conserver

Temple bouddhiste

Cabane d’observation

Milieu naturel à préserver

Page 323: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

323

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Temple bouddhiste

Ponton d’amarrage et cabane d’attente

Bateaux de transport de personnes et de

marchandises

Beaux sujets d’arbres en port libre

Cheminement de latérite compactée

Page 324: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

324

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Point d’observation Sentier Temple Point pique-nique et sanitaires

Embarcadère

Page 325: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

325

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Vue sur les pontons d’amarrage des bateaux de transport de personnes et de marchandises

Page 326: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

326

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Page 327: Diplôme paysagiste dplg etienne roby benjamin illat

EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

327

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Moyens à mettre en oeuvre

Seule une volonté étatique pourrait permettre

d’activer des transports publics sur le lac

Nitirash pourrait être l’intermédiaire pour concevoir ce genre d’aménagement...

Quelques gros travaux à prévoir, même si

l’intervention reste légére

Les matériaux peuvent être trouvés sur place, ou

acheminés

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Document Paysagistes Sans Frontières

N0 1 5 10Km

Parc des berges

Fermes d’engrais

Ile aux moines

Carte des “valeurs ajoutées” au territoire

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EXPÉRIENCE D’UN AILLEURS

EXPÉRIENCE DU LIEU

?

EXPÉRIENCE DU PROJET

329

Document Paysagistes Sans Frontières

Mobilité sur le lac

Nous sommes donc arrivés au terme de cette démarche de projet autour du lac Nong Han. Au ressort de notre analyse qui avait fait apparaître différentes valeurs locales sur lesquelles s’appuyer mais aussi différentes problématiques, notre positionnement pour le projet s’est attaché à remettre le lac au centre des préocupations et démarches d’aménagement territorial. Pour nous, ce projet de paysage doit mettre en avant l’agriculture, les différentes activités économiques, les pratiques et dynamiques à l’oeuvre, celles d’hier, d’aujourd’hui et de demain, en positionnant toujours les hommes au centre de notre action. Nous avons donc jugé essentiel d’associer à nos démarches les personnes et les outils nécessaires à leur réalisation pour apporter des leviers d’actions véritables. Chaque lieu aménagé entretient des relations avec l’ensemble de nos projections pour construire une action globale conduisant finalement à un projet unique. Ce schéma d’aménagement comporte plusieurs volets en commençant par une application précise de principe de gestion de l’eau et des milieux sensibles qui y sont associés. Après la réflexion et la proposition de gestion de la jacinthe par la réintroduction du marnage, la coopérative de transformation d’engrais apporte une réponse systémique à cette problématique en y associant les

personnes et initiatives locales détectées. Toujours dans cette même dynamique, nous avons élargi le plan de gestion aux ripisylves, en nous appuyant sur des systèmes et faciès existants pour arriver à une réflexion et un niveau d’action complets sur la question des berges et l’eutrophisation du lac. En suivant cette position, nous avons choisi de dessiner le parc des berges en six séquences connectées qui parfois invitent la ville sur le lac ou d’autre fois invitent le lac dans la ville, là aussi dans le but de remettre au premier plan les valeurs paysagères et humaines révélées au travers de la participation. Associer des moyens humains à des dynamiques en cours, prendre en compte l’existant, s’y attacher mais aussi par moment le laisser de côté, c’est dans la rétro-innovation que s’inscrit notre parti pris de projet. Nous concluons avec une réflexion sur les transports et les déplacements, en remettant là encore le lac au premier plan par la proposition de navette sur le lac qui reconnecte les lieux de vies. Relier les projets dessinés mais aussi et surtout les hommes et les initiatives locales que nous jugeons vecteurs d’une dynamique d’évolution positive des paysages par l’intermédiare du lac Nong Han, nous permet en définitive, de le hisser au rang de valeur territoriale globale.

Synthèse du projet

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Document Paysagistes Sans Frontières

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Document Paysagistes Sans Frontières

Conclusion

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Document Paysagistes Sans Frontières

Un an en Asie, à appréhender, découvrir, mettre du sens, proposer, parfois reculer, mais toujours pour mieux avancer.Un an d’aller-retours, entre la France, le Vietnam, et ce petit bout d’une Thaïlande encore rurale et traidtionnelle.Cette expérience d’aller projeter «ailleurs», c’est avant tout une aventure humaine. Une aventure personnelle, certes, mais partagée à deux, à trois, à quatre avec des étudiants francais et locaux, des professionnels, et des habitants.Mais se frotter à cet «ailleurs», c’est éprouver en temps réel ce fameux «choc des cultures»,

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facteur de difficultés réelles, incompréhensions diverses, et ralentissement dans notre démarche. Ici, les distances se comptent en temps, les trajets s’appréhendent en repères visuels, et l’histoire reste toujours orale, et non écrite.Il nous aura fallu, au cours des cinq mois passés sur place nous remettre en question, sans cesse : Inventer de nouveaux outils pour communiquer, attaquer les problématiques de biais, et chercher les réponses auprès des différents acteurs de ce territoire.La participation, plus qu’une posture ou un parti pris, est ici essentielle pour appréhender ces paysages. Accélérateur d’analyse, elle nous aura permis de cerner les enjeux, de sonder les dynamiques, et de proposer un projet que nous voulons une réponse concrète, applicable, et au plus près des attentes des populations locales.Confrontant nos savoirs et nos connaissances à une pratique assidue du territoire, croisant nos regards avec ceux des habitants, nous avons tâché de comprendre avant d’agir, de requestionner notre démarche avant de projeter.

Après cinq années passées sur les bancs de l’école, et à un carrefour de notre vie, se dessinent les contours de notre futur métier d’architecte paysagiste, du moins comment nous entendons le pratiquer.Une éthique commune, basée sur l’écoute et l’échange avec les habitants du lieu, qui restera la même dans le Nord-est de la Thaïlande, à

Hanoï, en Corrèze ou en Alsace.Un travail d’équipe, porteur d’un partage des connaissances, des savoirs, des avis. Notre projet tire ses racines de cet échange interculturel, de cette ouverture aux autres, et à leurs regards.La certitude que l’enseignement ne s’arrête pas maintenant, mais nous poursuivra tout au long de notre vie. Il faudra donc toujours nous remettre en question, toujours apprendre, ne jamais nous reposer sur nos acquis, mais les adapter à chaque situation. Garder vive notre capacité à nous étonner, nous émerveiller, mais surtout nous positionner.La pratique du terrain, sans laquelle la compréhension ne peut être que superficielle. Pratiquer le paysage, le vivre, partager les quotidiens, pour éprouver les systèmes qui le composent, qu’ils soient environnementaux, sociaux, historiques, ou encore politiques.Le déjà-là, enfin, qu’il soit physique ou symbolique, est toujours porteur de sens. Analyser le passé, pour comprendre le présent, et projeter le futur, voilà comment nous paysagistes pouvons nous inscrire dans l’histoire d’un lieu, d’un territoire.S’autoriser l’utopie, en gardant les pieds dans la boue, garder intacte sa capacité d’indignation et d’émerveillement, ouvrir grands les yeux et les oreilles, en se forgeant sa propre conviction, voilà les piliers du métier que nous voulons exercer.

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Bibliographie

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> Démarches ethnographiques :

Beaud, Stéphane/ Weber Florence. “Guide de

l’enquête de terrain”, La Découverte

> Démarche et ethnocentrisme :

Magnaghi Alberto. “Le projet local”, Mardaga

Levi-Strauss Claude. “Race et histoire ou La

pensée sauvage”, Terre humaine Poche

Levi-Strauss Claude. “Tristes tropiques”, Terre

humaine Poche

> Agriculture :

Pelt Jean-Marie. “Cessons de tuer la terre

pour nourrir l’homme ! Pour en finir avec les

pesticides”, Fayard

Griffon Michel. “Nourrir la planéte, pour une

révolution doublement verte”, Odile Jacob

SciencesPetrini, Carlos. «T erra Madre, Renouer avec la chaîne vertueuse de l’alimentation ». (Alternatives, 2011).

> Participation :

Blondiaux Loic. “Le nouvel esprit de la

démocratie”, Actualité de la démocratie

participative, Seuil

Tawa Lama-Rewal, Stéphanie. «Le conflit sur l’usage du sol à Delhi : un révélateur des enjeux du renouvellement de la participation en Inde». (participation, 2012).

Combessie, J-C. «La Méthode en sociologie». (La

Découverte, 1996).

Weinberg, A. «La fausse querelle des méthodes». (Sciences humaines, janvier 1994, N° 35).

Guibert, J. Jumel, G. «Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et sociales». (Armand Colin, 1997).

> Médiation paysagère:

Michelin Yves. “Des paysages pour le développement

local, Expériences et recherches innovantes

dans le Massif Central”, Revue d’Auvergne N° 571

> Divers:

Piano Renzo. “La désobéissance de l’architecte”,

Seuil

Friedmann Yona. “L’Architecture de survie”.

“Une philosophie de la pauvreté”, L’éclat

Le Corbusier. “L’Art décoratif d’aujourd’hui”,

Éditions G. Crès, Paris 1925

Bibliographie

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Serreau, Coline. “Solutions locales pour un

désordre global (2010)

Robin, Marie-Monique. “Le monde selon Monsanto”,

“Les moissons du futur”, “Notre poison quotidien”

Dhelsing, Marie-Dominique. “Au nom de la terre”

Marant, Alexis. “Planète à vendre : délocalisation

de l’agriculture”

http://www.Wikipedia.org: l’observation

participante

http://www.revue-participations.fr

http://www.projetsdepaysage.fr : Alexi Pernet

http://developpementdurable.revues.org/8556

http://www.cirad.fr

Webographie

Filmographie

Actes de conférenceDangléant, Caroline. “L’agriculture

écologiquement intensive, une utopie ?”

Actes de conférences

Torquebiau, Emmanuel, Garcia, Claude, Cholet,

Nathalie. “Labelliser les paysages ruraux”,

Perspectives

Moustier, Paule Dao The Anh. “Promouvoir

l’information et la coopération, l’accés des

petits producteurs aux filières de qualité au

Vietnam”, Perspectives

Galtier, Franck. “Différencier la réponse

selon le marché, stabilisation du prix des

céréales”, Perspectives

Marie-Vivien, Delphine, Bienabe, Estelle.

“Fonder la protection sur la force du lien

à l’origine, Indications géographiques de

produits agricoles et artisanaux”,

Perspectives