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en partenariat avec le Federal European Register of Osteopaths PROMOTION 2015 Mémoire n° présenté et soutenu publiquement le ………..……… à Paris par M. CARADEC Vincent, né(e) le 07/12/1990 à Montereau Fault-Yonne Pour l’obtention du DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.) Ostéopathie et alcoolodépendance : pré-étude clinique évaluant anxiété et craving Maître de mémoire : M. JULIEN Hervé Membres du jury : Président : Assesseurs :

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en partenariat avec le

Federal European Register of Osteopaths

PROMOTION 2015

Mémoire n°

présenté et soutenu publiquement le ………..……… à Paris

par M. CARADEC Vincent, né(e) le 07/12/1990 à Montereau Fault-Yonne

Pour l’obtention du

DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.)

Ostéopathie et alcoolodépendance : pré-étude clinique évaluant anxiété et craving

Maître de mémoire : M. JULIEN Hervé Membres du jury : Président : Assesseurs :

1

Remerciements J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidé

dans la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, je remercie M. JULIEN, ostéopathe D.O. En tant que

Directeur du mémoire, il m’a guidé dans mon travail et a su répondre

à mes questionnements.

Je remercie aussi les professeurs de l’Institut Dauphine d’Ostéopathie

de m’avoir transmis leur passion pour l’ostéopathie.

Merci à mes amis rencontrés au cours de ces études, pour leur

soutient, et l’amour que l’on partage pour l’ostéopathie.

Enfin, merci à mes parents et mon frère, qui ont toujours cru en moi et

sont un exemple de réussite dans tous les domaines.

2

- I - INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1. L’alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2. Ostéopathie et alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

- II - PRÉ-REQUIS THÉORIQUES . . . . . . . . . . . . . . . 12 1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 a. Classifications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 b. Abus ou usage nocif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 c. Usage avec dépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2. Physiopathologie de l’alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . 16 a. Métabolisme de l'alcool . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 b. Effets neurobiologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 c. Conséquences sur l'organisme . . . . . . . . . . . . . . 21 d. Problèmes nutritionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 e. Le syndrome de sevrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 3. Méthodes de soin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 4. L’anxiété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 5. Le craving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 - III - MATÉRIELS ET MÉTHODES . . . . . . . . . . . . . 31 1. Pré-requis pour l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 a. Ostéopathie : une prise en charge alternative . . 31 b. Différentes prises de contact . . . . . . . . . . . . . . . 32 c. Démarches personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 2. Les Alcooliques Anonymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 a. Présentation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 b. La méthode AA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 c. Études cliniques sur les AA . . . . . . . . . . . . . . . . 35 3. Outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 a. Objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 b. Moyens d’évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 c. Période d’étude et schéma thérapeutique . . . . . 41 d. Critères d’inclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 e. Critères d’exclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 f. Localisation et types de signes fonctionnels . . . . 43 4. Protocole et mise en place . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 a. Présentation du protocole . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 b. Explication : choix et déroulement des tests . . . 45 c. Explication du choix des techniques . . . . . . . . . 48

3

- IV - RÉSULTATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 1. Présentation du groupe de patients . . . . . . . . . . . . . 56

2. Évolution de l’anxiété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 a. Anxiété-trait, anxiété-état, dimensions somatiques et psychiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 b. Écart entre Anxiété-Trait, Anxiété-État, dimensions somatiques et psychiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 3. Évolution du craving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

- V - DISCUSSIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 1. Résumé des principaux résultats . . . . . . . . . . . . . . . 74 a. Le groupe de patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 b. Évolution de l’anxiété dans le temps . . . . . . . . . 75 c. Évolution du craving dans le temps . . . . . . . . . . 77 2. Analyse critique de la pré-étude . . . . . . . . . . . . . . . . 79 a. Forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 b. Forces et faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 c. Faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 3. Ouverture sur des recherches futures . . . . . . . . . . . 83 4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 - VI - BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 - VII - ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 1. Annexe 1 – Présentation de la prise en charge et formulaire de consentement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 2. Annexe 2 – Questionnaire BATE . . . . . . . . . . . . . . . 92 3. Annexe 3 – Aide à l’anamnèse . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 4. Annexe 4 – Quelques mots des patients . . . . . . . . . . 95

4

TABLE DES FIGURES Figure 1 – Les équivalences d'un verre standard selon le type d'alcool . . . 12

Figure 2 – Utilisation nocive pour la santé d’après la CIM-10 . . . . . . . . . 14

Figure 3 – Abus de substances psychoactives d’après la DSM-IV . . . . . . 14

Figure 4 – Syndrome de dépendance selon la CIM-10 . . . . . . . . . . . . . . . .15

Figure 5 – Critères de dépendance à une substance – DSM IV . . . . . . . . . 16

Figure 6 – Répartition Homme / Femme de l’échantillon de patients . . . . 56

Figure 7 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 3 consultations) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Figure 8 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Figure 9 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique (Patients ayant reçu 3 consultations) . . . . . . . . . . . . 60

Figure 10 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique (Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . 60

Figure 11 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension psychique (Patients ayant reçu 3 consultations) . . . . . . . . . . . . 62

Figure 12 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension psychique (Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . 62

Figure 13 – Évolution moyenne de l’anxiété-trait, anxiété-état,

dimensions somatiques et psychiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64

Figure 14 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 3 consultations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Figure 15 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Figure 16 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique (Patients ayant reçu 3 consultations) . . . . . . . . . . . . 67

Figure 17 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique (Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . 67

Figure 18 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état,

dimension psychique (Patients ayant reçu 3 consultations) . . . . . . . . . . . . 69

Figure 19 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état,

5

dimension psychique (Patients ayant reçu 2 consultations) . . . . . . . . . . . . 69

Figure 20 – Évolution moyenne des écarts entre anxiété-trait et

anxiété-état, dimensions somatique et psychique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Figure 21 – Évolution du craving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

Figure 22 – Évolution moyenne des écarts entre anxiété-trait et anxiété-état,

dimensions somatique et psychique, et craving

(Pour les patients 2, 5, 7, 8, 9 et 10) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

TABLE DES TABLEAUX Tableau 1 – Présentation du groupe de patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

Tableau 2 – Tableau des scores moyens de l’étude de validation . . . . . . . 57

Tableau 3 – Tableau des scores moyens de l’écart entre anxiété-trait

et anxiété-état de l’étude de validation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

Tableau 4 – Tableau des scores d’anxiété-trait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Tableau 5 – Tableau des scores d’anxiété-état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Tableau 6 – Tableau des scores de l’anxiété-trait, dimension somatique . . 61 Tableau 7 – Tableau des scores de l’anxiété-état, dimension somatique . . 61 Tableau 8 – Tableau des scores de l’anxiété-trait, dimension psychique . . 63

Tableau 9 – Tableau des scores de l’anxiété-état, dimension psychique . . 63

Tableau 10 – Tableau des scores moyens d’anxiété-trait, anxiété-état,

dimensions somatiques et psychiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

Tableau 11 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état . 66 Tableau 12 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Tableau 13 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension psychique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Tableau 15 – Tableau des scores de craving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

Tableau 16 – Tableau des scores moyens des écarts entre anxiété-trait

et anxiété-état, dimensions somatique et psychique, et craving

(Pour les patients 2, 5, 7, 8, 9 et 10) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

6

LISTE DES ABRÉVIATIONS INPES Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé AVC Accident vasculaire cérébral MILDECA Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives ANPAA Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie OMS Organisation Mondiale de la Santé UIA Unité Internationale d'Alcool CIM Classification Internationale des Maladies DSM Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ADN Acide désoxyribonucléique AG Acide Gras ADH Alcool Déshydrogénase SNC Système nerveux central GABA Acide γ-aminobutyrique NMDA Acide N-méthyl-D-aspartique VCI Veine cave inférieure HTA Hypertension artérielle SAF Syndrome d’alcoolisation fœtale BZD Benzodiazépines BIUM Bibliothèque Interuniversitaire Médicale AA Alcooliques Anonymes BATE Bonis Anxiété Trait-État ANAES Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé MDC Motif de consultation OST Orifice supérieur du thorax MTR Membrane de tension réciproque LCR Liquide céphalo-rachidien CTH Crico-thyro-hyoïdien AT Anxiété-Trait AE Anxiété-État

7

- I - INTRODUCTION 1. L'alcoolisme En France, selon l'Institut National de Prévention et d'Education pour la

Santé (INPES), on estime à 5 millions le nombre de personnes ayant des

problèmes médicaux, psychologiques ou sociaux en relation avec une

consommation excessive d'alcool, soit près de 7,7% de la population française.

Parmi celles-ci, 2 millions sont dépendantes et 3 millions présentent une

consommation abusive ; 1 homme sur 3 est hospitalisé à cause d'un problème lié à

l'alcool.1 L’alcool est responsable3de 45 000 décès par an. Une moitié est

directement en lien avec sa consommation et consécutive à des cancers (cavité

buccale, pharynx, œsophage, côlon, foie), des pathologies digestives (cirrhose,

pancréatite), cardio-vasculaires (cardiopathies, AVC), mentales et

comportementales. L'autre moitié est indirectement liée à l'alcool par accidents,

suicides et homicides.2 L'alcool représente la 1ère cause de mortalité prématurée, la

2ème cause de mortalité évitable après le tabac et la 3ème cause de mortalité

globale. La consommation excessive d'alcool est donc un problème de santé

majeur.

L'alcool est un produit psychoactif dont la consommation est fortement

ancrée dans notre culture et notre société. Son usage convivial et festif remonte à

l'Antiquité, à l'aube des peuples sédentarisés. Au fil des siècles, les boissons

enivrantes sont considérées comme d'origine divine; la liaison entre l'homme et

l'alcool ne soulève donc aucun questionnement. Par la suite, l'alcool sera utilisé

comme anesthésique durant les campagnes napoléoniennes. Dès le XIXème siècle,

les nouveaux procédés de production d'alcool engendrés par la révolution

industrielle le banalisent et le rendent plus accessible. En 1866, Pasteur écrit

« Etudes du vin », un recueil dans lequel il publie les résultats de ses expériences

concernant le vin. De ces dernières, il en conclut que « le vin est la plus saine et la

13Ministère de la Santé et des Solidarités, « 5 millions de français ont un problème 2 GUERIN S., LAPLANCHE A., DUNANT A. et Hill C., « Alcohol-attributable mortality in France, European Journal of Public Health », no 4, 2013, p. 588-593.

8

plus hygiénique des boissons ». Une réelle « toxicomanie collective » est

engendrée par la connotation encore positive donnée à l'alcool à cette époque.

Parallèlement, c'est en 1849 que Magnus Hüss, un médecin suédois, réunit

sous le terme d' « alcoolisme » toutes les « manifestations pathologiques de

l'intoxication alcoolique » après avoir découvert des troubles du comportement et

des lésions viscérales (atteintes hépatiques, cardiaques ou neurologiques) sur des

patients présentant une surconsommation d'alcool.4 Au début du XXème siècle, les

propriétés désinhibitrices et anxiolytiques des boissons alcoolisées sont

particulièrement appréciées sur les champs de batailles. L'espérance de vie étant

faible, l'impact au long cours des conduites d'alcoolisation était difficilement

identifiable. Les pathologies d'apparition tardive comme les cancers ou les

affections digestives étaient des complications bien moins répandues que la

famine ou certaines épidémies.

Les campagnes gouvernementales de prévention n'apparaissent qu'à la fin

des années 1960, mettant en avant les risques sanitaires et sociaux d'une

consommation excessive croissante. Les politiques de lutte contre l'alcoolisme

prennent de multiples formes :

− Réglementation des points de vente et de la publicité.

− Développement des préventions scolaires et routières.

− Organisation de campagnes publicitaires anti-alcool.

− Création du Haut Comité d'Etudes et d'Information sur l'Alcoolisme.4

Ce n'est pourtant que depuis 1999 que l'alcool figure parmi les substances

psychoactives licites, entrant ainsi dans le champ de compétence de la Mission

Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives

(MILDECA). Cet organisme français est placé sous l'autorité du Premier ministre,

définissant ainsi les grandes orientations se son action : prévention des risques

3 JOVELIN E., ORESKOVIC A., De l’alcoolisme à l’abstinence, Paris, ASH Édition, 2002. 4 Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, Alcool : dommages sociaux, abus et dépendance, Paris, Inserm, 2003.

9

auprès des jeunes, lois sur la vente d'alcool aux mineurs et la consommation au

travail, informations sur le syndrome d'alcoolisation fœtal, campagnes

publicitaires, prévention routière.5 Afin de promouvoir sa politique de sensibilisation et d'aide aux malades

alcooliques, le Ministère de la Santé travaille en étroite collaboration avec

l'INPES, Alcool Info Service et l'Association Nationale de Prévention en

Alcoologie et Addictologie (ANPAA). Dans leurs missions de prévention et de

soutient, ces associations recommandent de renforcer la diversité des interventions

de support dans le domaine médicosocial. Les soins de support offrent aux

patients un véritable accompagnement au cours de leur maladie, leur permettant

de se réapproprier leur corps et leur vie. Dans le cadre d'une prise en charge

pluridisciplinaire, en admettant qu'elle participe à l'amélioration de la vie des

malades, l'ostéopathie fait partie intégrante des soins de support.

2. Ostéopathie et alcoolisme Plusieurs ostéopathes ont déjà réalisé des travaux concernant l'alcoolisme.

En effectuant une recherche sur le Centre de Documentation et d'Information de

l'Académie d'Ostéopathie, nous retrouvons 4 références en rapport avec les

addictions. Parmi celles-ci, 3 traitent de la prise en charge du malade alcoolique :

• « L'Ostéopathie et l'Alcoolisme » présente la mise en place d'un

traitement ayant pour but la rééquilibration des systèmes touchés par

l'alcool, tout en évaluant les malaises ressentis par les patients.6

• « L'Ostéopathie à la croisée du foie, de l'alcool et du milieu hospitalier »

expose le suivi ostéopathique de patients hospitalisés dans un service

5 Disponible sur : www.drogues.gouv.fr/site-professionnel/prevention/outils-de-prevention-valides-par-la-mildt/tous-les-outils-valides/prevention-alcool/index.html [Consulté le 21/09/2014]. 6 FORTIN Mycheline, L'Ostéopathie et l'Alcoolisme, Collège d'études ostéopathiques de Montréal, « Mémoire », 1992.

10

d'alcoologie.7

• « Intérêt du Traitement Ostéopathique dans le Sevrage du Malade

Alcoolique » met en place une étude clinique sur plusieurs patients en

cours de sevrage en hôpital et recevant un traitement ostéopathique. 8

Comme toute substance, l'alcool a un retentissement sur le cerveau et

entraîne des modifications de l'activité mentale et comportementale, agissant ainsi

sur la vie sociale, personnelle et professionnelle du sujet. Parmi les classes de

psychotropes, l'alcool fait partie des dépresseurs, au même titre que les

Benzodiazépines ou les Opiacés. Elle a donc un pouvoir calmant et va agir sur

l'anxiété. Au moment du sevrage, cette anxiété va souvent s'aggraver, devenant

fréquemment la cause de rechutes multiples. Le désir de consommation lors de

l'abstinence se nomme craving. Les personnes atteintes de la maladie alcoolique

présentent une anxiété quasi constante au moment de leur abstinence, même à

distance de celle-ci. Il en est de même pour le craving, sinon que celui ci diminue

avec le temps. Par cette étude, nous tenterons de mesurer l’impact qu’un

traitement ostéopathique peut engendrer sur l’anxiété du patient alcoolique

abstinent, corrélé à l’évolution du craving. Je souhaite donc montrer l'intérêt de

l'ostéopathie, en tant que prise en charge complémentaire, sur l'anxiété et le

craving consécutifs à un sevrage alcoolique au travers d'une étude de cas. J'ai

choisi de mettre en place un protocole de tests et chaque patient a reçu le

traitement ostéopathique adapté aux dysfonctions trouvées.

7 FATOUX Catherine, L'ostéopathie à la croisée du foie, de l'alcool et du milieu hospitalier, Atman, « Mémoire ». 8 MOULINET-ARRAYAGO, Intérêt du Traitement Ostéopathique dans le Sevrage du Malade Alcoolique, Collège Académique de France, « Mémoire », 2006.

11

- II - PRÉ-REQUIS THÉORIQUES 1. Généralités L'usage simple est la consommation socialement réglée. Il se définit par

toute conduite d'alcoolisation n'entrainant ni complications somatiques ni

dommages. Cette consommation d'alcool est prise en dehors de toute situation à

risque ou de risque individuel particulier. Cet usage peut être ponctuel ou régulier,

mais modéré. Une consommation modérée est définie comme inférieure ou égale

aux seuils définis par l'OMS :

• Pas plus de 4 verres par occasion pour l'usage ponctuel

• Pas plus de 21 verres par semaine pour l'usage régulier chez

l'homme (3 verres par jour en moyenne)

• Pas plus de 14 verres par semaine pour l'usage régulier chez

la femme (2 verres par jour en moyenne)

Un verre correspond à un verre « standard » ou une Unité Internationale d'Alcool

(UIA) qui représente 10g d'alcool pur.

Figure 1 – Les équivalences d'un verre standard selon le type d'alcool9

9 Disponible sur : http://www.alcool-info-service.fr/alcool/evaluer-consommation- alcool/consommation-a-risque [Consulté le 11/12/2014].

12

L'OMS recommande également de s'abstenir de toute consommation au

moins un jour par semaine. Ces seuils n'assurent pas avec certitude l'absence de

tout risque et n'ont pas de valeur absolue. Ils sont un compromis entre un risque

considéré comme acceptable individuellement et socialement, et la place de

l'alcool dans la société. Ils dépendent de la corpulence, du sexe, de la santé

physique et de l'état psychologique des individus.

a. Classifications Encore utilisées aujourd'hui, il existe deux principales classifications

permettant de mettre en évidence les premiers signes de la maladie alcoolique :

• Classification Internationale des Maladies (CIM-10) publiée en

1992 par l'OMS.

• Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV),

ouvrage publié en 1994 par la Société américaine de psychiatrie.

Ces deux classifications font la distinction entre abus d'alcool et dépendance à

l'alcool.

b. Abus ou usage nocif L’usage nocif (CIM-10) ou abus (DSM-IV), est caractérisé par une

consommation répétée susceptible d’induire des dommages au niveau somatique,

psychoaffectif et social. Les personnes appartenant à ce groupe sont susceptibles

d’évoluer vers la dépendance.10

10 Pr REYNAUD Michel, « Usage nocif de substances psychoactives, Rapport au Directeur général de la santé », La documentation française, 2002, p 24.

13

Figure 2 – Utilisation nocive pour la santé d’après la CIM-1010

Figure 3 – Abus de substances psychoactives d’après la DSM-IV10

14

c. Usage avec dépendance L'usage avec dépendance ou alcoolodépendance se caractérise par la perte

de liberté de s'abstenir de consommer, et le fait de poursuivre la consommation

tout en étant conscient des conséquences négatives. On distingue :

• La dépendance physique qui se traduit par l'installation d'une

tolérance et des signes de sevrage à l'arrêt de la consommation.

• La dépendance psychique qui se traduit par une pulsion à

consommer des boissons alcoolisées pour en retrouver des effets.11

Figure 4 – Syndrome de dépendance selon la CIM-1011

11 Société Française d'Alcoologie, Mésusage de l'alcool, dépistage, diagnostic et traitement, Alcoologie et addictologie, 2015.

Syndrome de dépendance – CIM 10 Pour un diagnostic de certitude, au moins trois des manifestations suivantes doivent habituellement avoir été présentes en même temps au cours de la dernière année :

a. Désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance psychoactive. b. Difficultés à contrôler l’utilisation de la substance (début ou interruption

de la consommation ou niveaux d’utilisation). c. Syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête la

consommation d’une substance psychoactive, comme en témoignent la survenue d’un syndrome de sevrage caractéristique de la substance ou l’utilisation de la même substance (ou d’une substance apparentée) pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

d. Mise en évidence d’une tolérance aux effets de la substance psychoactive : le sujet a besoin d’une quantité plus importante de la substance pour obtenir l’effet désiré (certains sujets dépendants de l’alcool ou des opiacés peuvent consommer des doses quotidiennes qui seraient létales ou incapacitantes chez les sujets non-dépendants).

e. Abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêt au profit de l’utilisation de la substance psychoactive, et augmentation du temps passé à se procurer la substance, la consommer, ou récupérer de ses effets.

f. Poursuite de la consommation de la substance malgré la survenue de conséquences manifestement nocives (par exemple atteinte hépatique due à des excès alcooliques, épisode dépressif après une période de consommation importante ou altération du fonctionnement cognitif liée à la consommation d’une substance). On doit s’efforcer de préciser que le sujet était au courant, ou qu’il aurait dû être au courant, de la nature et de la gravité des conséquences nocives.

15

Figure 5 – Critères de dépendance à une substance – DSM IV11

2. Physiopathologie de l'alcoolisme

a. Métabolisme de l'alcool L'alcool est une petite molécule à la fois hydrosoluble et liposoluble, c'est

pourquoi elle atteint tous les tissus de l'organisme, affectant la plupart des

fonctions vitales. Il est rapidement absorbé par le tube digestif, au niveau de

l'estomac (10%) et surtout par le duodénum et le jéjunum (70%). En raison de ses

propriétés, le passage de la barrière intestinale est facile par simple diffusion.

Critères de dépendance à une substance – DSM IV Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé par la présence de trois (ou plus) des manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :

1. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants : a. besoin de quantités notablement plus fortes de la substance pour

obtenir une intoxication ou l’effet désiré ; b. effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même

quantité de la substance ; 2. Sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :

a. syndrome de sevrage caractéristique de la substance (voire les critères A et B des critères de sevrages à une substance spécifique) ;

b. la même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage ;

3. La substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévue ;

4. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance ;

5. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir la substance (par exemple, consultation de nombreux médecins, ou déplacement sur de longues distances), à utiliser le produit (par exemple, fumer sans discontinuité), ou à récupérer de ses effets ;

6. Des activités sociales, professionnelles, ou de loisirs importantes sont abandonnées, ou réduites à cause de l’utilisation de la substance.

7. L’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personnage sache avoir un problème psychologique ou physique persistant, ou récurent, susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance (par exemple, poursuite de la prise de cocaïne bien que la personne admette une dépression liée à la cocaïne, ou poursuite de la prise de boisson alcoolisée bien que le sujet reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de la consommation d’alcool).

16

L'éthanol atteint ensuite le foie par voie portale, puis la circulation générale. Son

absorption est influencée par différents facteurs : quantité d'alcool absorbée,

vitesse de consommation, présence d'aliments dans l'estomac, efficience du

métabolisme, sexe et génétique.12 La molécule est principalement transformée au

niveau des hépatocytes, contentant les 3 principales voies de métabolisation de

l'alcool :

Ø Métabolisme oxydatif :

o Éthanol à Acétaldéhyde

o Acétaldéhyde à Acétate

o Acétate à CO2, AG, Eau

Cette voie principale est catalysée par une enzyme appelée Alcool

Déshydrogénase (ADH).

Ø Métabolisme extra-hépatique au niveau de l'estomac par la présence

d'ADH.

Ø Métabolisme non oxydatif avec les acides gras libres produisant des

éthylesters d'acides gras (composés toxiques) dans les tissus

myocardiques, pancréatiques et adipeux.13

Chacune de ces voies conduit à l'acétaldéhyde, un métabolite toxique pour

l'organisme, en particulier pour le tissu hépatique. Elle va se fixer aux protéines,

aux lipides et à l'ADN, altérant ainsi les fonctions cellulaires. C'est une substance

vasoactive pouvant être responsable de flush (accès de rougeur du visage), de

dyspnée, de stress oxydatif et de sensations d'anxiété.14

12 CRABB D.W., BOSRON W.F., et LI T.K., Ethanol metabolism, Pharmacol Ther., no 34, 1987. 13 MATTEO A., GEROLAMI A., « Métabolisme de l’éthanol, Hépatologie », EMC, Elsevier, Paris, 1991. 14 SORRELL M.F., TUMA D.J., The functional implications of acetaldehyde binding to cell constituents, Ann. N. Y. Acad. Sci. 1987.

17

b. Effets neurobiologiques La consommation chronique d'alcool induit un ensemble de processus

adaptatifs au niveau des systèmes de neurotransmission. L'alcool n'a pas de

récepteur spécifique, il interagit avec de multiples récepteurs. Les éléments clés

impliqués sont les structures cérébrales et plusieurs systèmes de

neurotransmetteurs. Ceux ci vont progressivement subir un dérèglement par la

prise répétée d'alcool, obligeant le cerveau à s'adapter afin de rétablir un équilibre.

Pour cela, plusieurs mécanismes sont mis en place dont la diminution du nombre

de récepteurs à la surface des neurones, la modification de la sensibilité de ces

récepteurs et la diminution des quantités de neurotransmetteurs libérés. Ces

modifications induites vont entraîner des phénomènes de dépendance et de perte

de contrôle de la consommation d'alcool15 :

à Système dopaminergique mésocorticolimbique ou « système de récompense » : Action directe de l'alcool sur les neurones dopaminergiques, provoquant la

libération d'une grande quantité de dopamine, précurseur de l’adrénaline et de la

noradrénaline. Ces neurones sont situés dans le tronc cérébral; leurs axones se

projettent vers les structures du système limbique (le noyau acubens, le septum,

l'amygdale et l'hippocampe) et vers le cortex pré-frontal. Cette action explique

l'effet agréable de l'intoxication alcoolique. Les récepteurs dopaminergiques sont

progressivement désensibilisés, il faut alors plus d'alcool et de dopamine pour

avoir le même effet, ce qui entraine le phénomène de tolérance, de dépendance et

de perte de contrôle sur la consommation (absence de satiété) avec recherches

compulsives. Ces altérations du circuit de récompense vont longtemps persister,

même après le sevrage.

15 GEORGE F., KOOB Ph.D. et Dr. ERIC J. Simon, The Neurobiology of Addiction, 2009, p. 115-132.

18

à Système GABAergique : GABA est le principal neurotransmetteur inhibiteur du SNC et contrôle les

neurones dopaminergiques du système limbique. Il limite la surexcitation

neuronale liée à la peur ou à l'anxiété. La stimulation gabaergique semble

également intervenir dans de nombreux processus physiologiques tels que le

sommeil, la mémoire, la vigilance et l'état de contraction musculaire. S'impliquant

dans le maintien de l'ensemble des fonctions normales du SNC, l'alcool, comme

les Benzodiazépines, potentialise les effets du GABA en agissant sur ses

récepteurs.

Lors d'une alcoolisation aiguë, l'alcool augmente la neurotransmission

gabaergique inhibitrice, provoquant une amnésie, une ataxie et une sédation.

Lors d'une alcoolisation chronique, l'adaptation provoque une diminution de la

sensibilité et du nombre de récepteurs au GABA, donc une diminution de la

transmission gabaergique afin d'éviter une hyperinhibition neuronale. Cette action

provoque une augmentation de la sécrétion de dopamine et joue un rôle dans les

comorbidités anxieuses, l'allongement de la durée du syndrome de sevrage et la

rechute.

à Système glutaminergique : Le glutamate est un acide aminé, principal neuromédiateur excitateur du

SNC. Il agit sur les récepteurs NMDA et est impliqué dans l'apprentissage, la

mémoire et le développement neuronal. Il a un rôle dans différentes formes de

plasticité synaptique. L'alcool module l'action du glutamate en agissant sur ses

récepteurs.

Lors d'une alcoolisation aiguë, l'alcool réduit la neurotransmission

glutaminergique excitatrice en bloquant les récepteurs NMDA. Ce blocage,

notamment au niveau de l'hippocampe, cause des épisodes d'amnésie.

19

Lors d'une alcoolisation chronique, l'adaptation permet une augmentation de la

transmission glutaminergique par augmentation du nombre et de l'activité des

récepteurs NMDA. Cela favorise la neurotoxicité, aggravée par un déficit en

vitamine B1.

à Système sérotoninergique : La sérotonine est un neurotransmetteur dont les neurones innervent le

cortex, l'hippocampe, l'amygdale, le noyau acubens et l'hypothalamus, ayant un

effet activateur direct sur les neurones dopaminergiques mésolimbiques. Il est

impliqué dans de nombreuses fonctions comme le contrôle de l'humeur, de la

douleur, la réponse au stress, le sommeil et la prise alimentaire. L'alcool augmente

l'activité des neurones sérotoninergiques, activant donc la libération de dopamine

dans le « système de récompense ». Cela augmente l'appétence et le craving.

à Au niveau membranaire : L'alcool étant une molécule hydrosoluble et liposoluble, il se dissout dans

les membranes cellulaires. C'est une interaction physique et non spécifique. Cela

provoque une fluidification de la membrane. Lors d'une alcoolisation chronique,

les cellules s'adaptent en modifiant leur structure et deviennent plus rigides. Ces

changements de structure contrôlent l'excitabilité neuronale. Lors du sevrage, la

membrane est à la fois plus rigide et « hyperexcitable » ; c'est ce qu'on appelle la

« dépendance membranaire ». Cette action de l'alcool sur les membranes

cellulaires ont un effet direct sur les systèmes de neurotransmissions évoqués

auparavant.16

16 BEAUGÉ F., AUFRERE G., NIEL E., ZÉROUGA M., et LE BOURHIS B., Corrélats biophysiques membranaires de la tolérance et de la dépendance envers l'alcool, Drug Alcohol Depend, 1990.

20

Il se crée ainsi un nouvel équilibre biologique avec une adaptation neuro-

excitatrice à l'effet de l'éthanol. L'arrêt brutal de l'alcoolisation perturbe cet

équilibre et démasque l'hyperexcitabilité, ce qui se traduit cliniquement par le

syndrome de sevrage. L'identification des mécanismes neurobiologiques engagés

dans la maladie alcoolique est essentielle pour mieux la comprendre et développer

de nouvelles stratégies thérapeutiques de support, en étroite collaboration avec la

médecine allopathique.

c. Conséquences sur l'organisme 17

• Effets psychotropes : Ils varient en fonction de la quantité d'alcool absorbée et de son mode de

consommation. En prise aiguë, il est d'abord euphorisant et désinhibiteur avec une

phase d'excitation psychomotrice ; puis apparaît une phase d'incoordination et

d'instabilité psychomotrice.

La prise chronique entraîne des dommages psychiques, notamment dépression et

anxiété, ainsi que socio-familiaux (irritabilité, agressivité, violences, perte

d'emploi, conflits, désinvestissement).

• Effets sur le SNC : Comme nous l'avons étudié ci-dessus, l'alcool agit sur divers neurones en

altérant leur fonctionnement via les neurotransmetteurs.

• Effets sur les fonctions cérébrales : De façon progressive, l'alcoolisation régulière entraîne des troubles

cognitifs d'intensité variable (troubles de la mémoire, du raisonnement, de la

concentration). À un stade tardif peut apparaître une encéphalopathie de Gayet-

Wernicke (état confusionnel avec troubles de l'équilibre et de l'humeur) puis un

syndrome de Korsakoff, démence alcoolique souvent irréversible. 17 TEBOUL Alexandre, POURRIAT Jean-Louis, « Anesthésie du patient alcoolique, Anesthésie-Réanimation », 2002.

21

• Effets sur le foie : L'alcoolopathie hépatique peut exister sans alcoolodépendance (malgré

une forte corrélation entre quantités absorbées et dommages constatés). La

stéatose est le premier stade de consommation chronique d'alcool. Il correspond à

une accumulation de triglycérides entre les hépatocytes et cause un syndrome

d'insuffisance hépatocellulaire (angiome stellaire, érythrose palmaire, épistaxis,

hippocratisme digital, asthénie). La stéatose régresse à l'arrêt de l'alcool.

En cas de poursuite, le stade suivant est la cirrhose ou stéato-nécrose (déclenchée

chez 30 à 40% des sujets). C'est une destruction des cellules hépatocytaires qui

sont remplacées par un tissu fibreux. Cliniquement, en plus des signes

d'insuffisance hépatocellulaire, apparaissent un ictère, une hépatomégalie et une

hypertension portale (ascite, hémorragies digestives : varices œsophagiennes,

hémorroïdes) ; cette dernière étant due à un mauvais retour veineux par atteinte de

la VCI. La cirrhose évolue fréquemment en hépatocarcinome (cancer du foie).

• Effets sur le pancréas : La sécrétion d'insuline et la transformation des lipides sont les deux

fonctions du pancréas. La prise d'alcool engendre des inflammations

pancréatiques très douloureuses (pancréatite aiguë) qui peuvent évoluer en

pancréatite chronique (douleurs abdominales, diarrhées graisseuses,

amaigrissement). En France, l'alcool est responsable de 85% des pancréatites

chroniques, soit le premier facteur (suivit de l'hépatite). Celles-ci sont un facteur

de risque au cancer du pancréas.

• Effets sur l'estomac : L'alcool est agressif pour les muqueuses. Les effets classiques sont les

reflux gastro-œsophagiens (risque de cancer de l'œsophage) et des inflammations

de la muqueuses : gastrites. Les gastrites peuvent évoluer en ulcère gastro-

duodénal puis en cancer de l'estomac. Cette inflammation favorise la

malabsorption de vitamine B1, donc indirectement des troubles neurologiques.

22

• Effets sur les vaisseaux et le coeur : L'excès d'alcool favorise l'hypertension artérielle (pouvant être à l'origine

d'AVC), l'insuffisance cardiaque et les troubles du rythme (myocardiopathies).

L'alcool est le 3ème facteur de risque de l'HTA (après l'âge et le poids, avant le

tabac).

• Effets cancérigènes : L'alcool favorise les cancers, notamment ceux des voies aéro-digestives

supérieures : bouche, langue, pharynx, larynx, œsophage. Comme évoqués

précédemment, les cancers du foie, du pancréas et de l'estomac sont souvent

corrélés à une intoxication alcoolique chronique. Chaque année, plus de 11 000

décès par cancers sont associés à l'alcool, soit 8 à 10% de la mortalité cancéreuse

française annuelle.

• Syndrome d'Alcoolisation Fœtale : En passant directement du sang maternel au fœtus via le cordon ombilical

et le placenta, l'alcool est neurotoxique dans le cadre d'une gestation. En début de

grossesse, les risques de malformations sont très élevés lors d'alcoolisations

massives. Dans les deux derniers trimestres, une consommation régulière peut

engendrer des risques d'accouchement prématuré et des retards de croissance,

notamment des retards psychomoteurs et des anomalies physiques (osseuses et

crânio-faciales). En France, 700 à 2000 enfants (2 naissances sur 1000) naissent

chaque année atteints d'un SAF.

Notons aussi que la consommation chronique d'alcool peut avoir un

retentissement sur la sexualité. Chez l'homme, des troubles de l'érection et de

l'éjaculation apparaissent. Chez la femme, des troubles de la menstruation.

23

d. Problèmes nutritionnels18 À ces effets sur l'organisme, s'ajoutent plusieurs désordres nutritionnels

qui, parfois, en sont la cause. Les métabolismes glucidique, protéique et lipidique

sont largement perturbés, entraînant souvent une dénutrition. De plus, l'alcool a

des conséquences sur les besoins vitaminiques. Les carences en vitamines sont

causées par un apport alimentaire insuffisant ou une altération de l'absorption

digestive :

• Thiamine (Vitamine B1) : complications neurologiques comme la

polynévrite alcoolique ou l'encéphalopathie de Gayet-Wernicke.

• Pyridoxine (Vitamine B6) : glossite et neuropathie périphérique.

• Folates (Vitamine B9) : anémie macrocytaire sévère, neuropathie et

altération des muqueuses. Sa carence entraîne à son tour une

malabsorption de thiamine, eau, sodium et vitamine B12.

• Niacine (Vitamine PP) : elle correspond à l'acide nicotinique. Sa

carence associe diarrhée, dermatose et démence.

• Rétinol (Vitamine A) : un sévère déficit peut provoquer une cécité.

• Vitamine D : diminution de la masse osseuse allant jusqu'à l'ostéopénie

voire l'ostéoporose.

Associées à ces déficits, nous retrouvons des carences en Zinc, Magnésium et

Phosphore, participant au syndrome de sevrage.

18 CAMPILLO B., « Les problèmes nutritionnels chez l'alcoolique chronique, Cahiers de nutrition et de diététique », Vol 35, no 2, 2000.

24

e. Le syndrome de sevrage 19 20 Le sevrage est l'arrêt accidentel ou volontaire d'une consommation

importante et régulière d'alcool, pouvant entrainer un syndrome de sevrage. Ce

syndrome regroupe les manifestations somatiques survenant immédiatement ou

dans les 10 jours suivant l'arrêt. Au moment du sevrage, le déséquilibre des

systèmes de neurotransmission et la perte d'élasticité membranaire vont générer

des troubles cliniques :

- Troubles subjectifs : anxiété, agitation, irritabilité, insomnie,

cauchemars, dépression.

- Troubles neurovégétatifs : sueurs, tremblements, tachycardie,

HTA.

- Troubles digestifs : anorexie, nausées, vomissements.

La composante adrénergique du syndrome de sevrage est responsable des

symptômes neurovégétatifs et des tremblements. Initialement, la symptomatologie

est discrète (tremblements distaux et fins avec sueurs). Ensuite, en quelques

heures, peuvent apparaître les formes majeures, compliquées de signes

neuropsychiatriques, de convulsions, d'hyperthermie ou de delirium tremens.

Le delirium tremens, qui survient dans près de 5% des syndromes de

sevrage, est caractérisé par des troubles psychiatriques à type de désorientation

temporo-spatiale, de délires oniriques, d'anxiété, d'agitation, de troubles

neurologiques, tremblements, dysarthrie, troubles de l'équilibre et de la

coordination, crises convulsives. Sa gravité est due aux éventuels signes généraux

associés tels que la fièvre, la déshydratation, les sueurs et la tachycardie.

L'analyse de la physiopathologie et des conséquences cliniques de la

19 MICHAUD P., « Conduite à tenir lors d'un syndrome de sevrage alcoolique, Hepato-Gastro », 2001. 20 TREVISAN L.A., BOUTROS N., PETRAKYS I.L., KRYSTAL J.H., « Complications of alcohol withdrawal », Alcohol Health & Research World, 1998.

25

maladie alcoolique permet de comprendre quels tissus souffrent chez les patients

malades. Ainsi, l'ostéopathe peut orienter ses tests et son traitement sur les

organes évoqués en admettant que ces tissus ont gardés une « trace » de

l’intoxication. Evidemment, il nécessitera une anamnèse et un examen clinique

pointus afin d'écarter toute possibilité qu'un de ces organes soit pathologique.

3. Méthodes de soin 21 22 L’alcoolodépendance étant une pathologie complexe, son traitement peut

être défini comme un ensemble d’interventions médicales, psychologiques et

sociales. La prise en charge du patient alcoolique repose en premier lieu sur un

soutient psychosocial. Lors du sevrage alcoolique, un traitement médicamenteux

est souvent indispensable afin de prévenir le syndrome de sevrage. En effet, le

sevrage du malade alcoolique a pour particularité d’entrainer le décès du patient

dans 10% des cas. C’est pourquoi, lors d’un sevrage thérapeutique, sont

administrés :

• Benzodiazépines (BZD) : ils sont des modulateurs des récepteurs GABA.

Ils permettent de contrôler le déséquilibre des systèmes de

neurotransmission dévoilé lors du sevrage. Via leurs propriétés

anticonvulsivantes, anxiolytiques, sédatives, myorelaxantes et

amnésiantes, ils réduisent l’incidence et la sévérité du syndrome de

sevrage, des crises de convulsion de du delirium tremens.

• Eau : une hydratation de 2 à 3 litres par jour est indispensable pour palier à

la déshydratation massive apparaissant lors du sevrage (inhibition de

l’ADH chez l’alcoolique chronique).

21 ANAES et SFA, Conférence de consensus : objectifs, indications et modalités du sevrage du patient alcoolodépendant, 17 mars 1999. 22 Société française d’alcoologie, « Référentiel de bonnes pratiques cliniques, Sevrage simple en alcool », 2006.

26

• Vitaminothérapie : apport en vitamines B1, B6, B9 et PP souvent

carencées et pouvant entrainer des troubles neurologiques graves.

Le soulagement de certains symptômes tels que l’anxiété, l’agitation, les

tremblements et l’insomnie est important pour accroitre les chances de réussite du

traitement. Le traitement par BZD favorise le soin de ces symptômes. Cependant,

leur fort potentiel de dépendance implique un traitement court (pas plus de 10

jours), ce qui favorise la réapparition de ces symptômes à distance du sevrage et

donc un risque de rechute. Nous pourrions envisager, dans le cadre d’une prise en

charge pluridisciplinaire, que le travail de l’ostéopathe pourrait tendre à maintenir

ces symptômes à un niveau suffisamment bas pour que le sevrage soit mieux vécu

par le patient ; et potentiellement prévenir les rechutes.

4. Le trouble anxieux L’anxiété, comme la dépression, est souvent associé à l’alcoolisme. Il fait

partie des symptômes de dépendance physique. L’interrelation entre alcoolisme et

anxiété est complexe 23 24:

à Effet anxiolytique : l’anxiété isolée ou associée à d’autres troubles

psychiatriques est un facteur favorisant les alcoolisations. L'effet

euphorisant et anxiolytique de l'alcool fournit à ce comportement un

renforcement immédiat qui le privilégie pour soulager l'anxiété. Cet effet

« réducteur de tension » est retrouvé dans les prémices de la maladie

alcoolique. On parle d’ « alcoolodépendance secondaire » et de

comportement d’ « automédication ». Les déséquilibres neurobiologiques

sont aussi à l’origine des effets anxiolytiques de l’alcool.

23 RICHA S., KAZOUR F., BADDOURA C., Comorbidity of anxiety with alcohol dependence, Annales médico-psychologiques, Volume 166, no 6, 2008, p 427-430. 24 ADÈS J., LEJOYEUX M., Alcool et anxiété, Revue du Praticien Médecine Générale, 1993.

27

à Effet anxiogène : Plus tardivement, lors de l’installation de la

dépendance, les alcoolisations s’effectuent pour palier à l’anxiété vis à vis

du sevrage. L’effet anxiogène, qui d’ailleurs est individualisé par les

classifications comme une complication directe du sevrage, aboutit

rapidement à un cercle vicieux, à savoir une pérennisation des troubles

anxieux qui entraineront à leur tour une augmentation de la consommation.

Inversement, la présence de ces troubles aggrave les conséquences de la

dépendance, en précipitant la marginalisation professionnelle et sociale, en

augmentant le risque de passage à l'acte autoagressif, en retardant

l'initiation d'une démarche de soins, etc. De plus, l’hyperexcitabilité

neuronale due à la modification des récepteurs GABA est le facteur

favorisant l’anxiété chez l’alcoolodépendant. 25 26 27

Les études cliniques retrouvent une forte comorbidité entre les troubles

alcooliques et anxieux. Ces études 23 ont été menées dans un double sens :

Ø La prévalence des troubles anxieux varie de 23 à 70% chez les patients

alcooliques.

Ø 50% des patients consultant pour des troubles anxieux utilisent l’alcool

dans un but anxiolytique.

Plusieurs études ont établi un lien entre anxiété et alcoolodépendance. Il

est donc intéressant d’envisager un axe thérapeutique ostéopathique ayant pour

but d’atténuer l’anxiété du patient. Ce traitement pourra reposer sur l’investigation

des signes somatiques retrouvés dans l’anxiété, témoignant d’une dysrégulation

neurovégétative :

25 CHIGNON J.M., « Comorbidité des troubles anxieux et alcooliques, Alcoologie », 1999. 26 DOLBEAULT S., GIRRE C., « Dépendance alcoolique, Pathologie professionnelle et de l'environnement », EMC, 1997. 27 ADÈS J., LEJOYEUX M., « Conduites alcooliques : aspects cliniques, Psychiatrie », EMC, 1996.

28

• Dyspnée

• Sensation de striction laryngée

• Sensation d’oppression thoracique, d’étouffement

• Palpitations, tachycardie

• Sudation excessive

• Pâleur, congestion

• Sensations vertigineuses

• Sécheresse buccale

• Tremblements, secousses corporelles

• Nausées, fringales, gênes abdominales

• Diarrhées, constipation, pollakiurie

• Sensations lipothymiques

5. Le craving 28 29

Représentant majeur de la dépendance psychique de alcoolodépendant, il

faut introduire ici la notion de craving. Terme anglo-saxon, souvent utilisé tel

quel, fait référence à un désir conscient, intense, irrépressible et impérieux de

boire. Et ce même si l’individu en connaît toutes les conséquences néfastes, et

malgré sa volonté de contrôler cette consommation. Le temps ultérieur de la

dépendance psychique est celui de la perte de contrôle des quantités d’alcool

consommées. La perte de contrôle de l’alcoolisation produit par ailleurs une

aggravation des sentiments de culpabilité et des remords, eux mêmes sources de

tentatives de sevrage brutales souvent suivies de rechutes. La notion de rechute est

essentielle pour définir la dépendance psychique : le sujet alterne régulièrement

les phases de sevrage, volontaires ou non, et les phases de rechutes. Ces rechutes

peuvent survenir de quelques jours à plusieurs années après le sevrage et sont

pourvoyeuses de nombreux signes d’anxiété. Le craving et l’anxiété chez le

28 WEISS F., Neurobiology of craving, conditioned reward and relapse. Current Opinion in Pharmacology, 2005. 29 HEINZ A., BECK A., GRUSSER S.M., GRACE A.A., WRASE J., Identifying the neural circuitry of alcohol craving and relapse vulnerability, Addiction Biology, 2008.

29

patient alcoolique sont donc liés. L’introduction d’alcool dans l’organisme est à

l’origine de modifications comportementales profondes, sous-tendues par les

modifications neurobiologiques adaptatives exposées précédemment.

L’indentification des mécanismes de l’alcool sur le patient

alcoolodépendant est primordiale afin de définir un protocole de tests et de

traitement dans le but de soulager le patient. Ses effets anxiogènes et de craving

seront une base importante pour évaluer l’impact de notre traitement

ostéopathique.

30

- III - MATÉRIELS ET MÉTHODES 1. Prérequis pour l’étude

a. Ostéopathie : une prise en charge alternative La prise en charge de l’alcoolodépendant30 décrite précédemment, bien

qu’elle ait évolué au cours des dernières années, n’a malheureusement que peu de

résultats. Elle associe souvent une hospitalisation (ou non), un traitement

médicamenteux par benzodiazépines ou antidépresseurs ainsi que des soins de

supports : kinésithérapie, psychothérapie, ergothérapie… Malgré la forte

implication du personnel soignant au sein des services de sevrage alcoolique, les

rechutes sont de l’ordre de 85% à 1 an d’abstinence31 et il n’est pas rare que les

patients se soient investis dans de multiples cures. Les différents malades que j’ai

pu rencontrer au cours de mon étude m’ont, la plupart du temps, fait part de leur

déception face à l’incompréhension de leurs médecins qui, souvent, ne

comprennent plus ces patients. Ils se tournent donc généralement vers des

médecines holistiques telles que l’ostéopathie.

Une étude confrontant les ostéopathes et les médecines généralistes32 a

montré qu’il y avait une connaissance limitée de l’ostéopathie de la part des

médecins. Leurs recommandations portent généralement sur les douleurs

rachidiennes. Il semble donc légitime qu’un médecin n’envisage pas d’envoyer un

patient alcoolodépendant chez un ostéopathie en première intention.

« L'Ostéopathie, ou Médecine Ostéopathique, est une philosophie, une science et un art. Sa philosophie englobe le concept de l'unité de la structure et de la fonction du corps dans la santé et la maladie. Sa science comprend la chimie, la physique et la biologie en lien avec le maintien de

30 ADÈS J., LEJOYEUX M., « Conduites alcooliques : traitement, Psychiatrie », EMC, 1996. 31 BRANDON T.H., VIDRINE J.I., LITVIN E.B., « Relapse and relapse prevention. Annual Review of Clinical Psychology », 2007. 32 DAVOUST Caroline, Ostéopathes et médecins généralistes : Où en sommes-nous ?, Paris, Institut Dauphine d’Ostéopathie, Mémoire, 2012.

31

la santé et la prévention, la guérison et le soulagement de la maladie. Son art est l'application de la philosophie et de la science dans la pratique de la médecine et de la chirurgie ostéopathique dans toutes leurs spécialités.

La santé repose sur la capacité naturelle du corps humain à résister et combattre les influences nocives de l'environnement et compenser leurs effets et, avec la réserve adéquate, les stress habituels de la vie quotidienne, ainsi que les stress sévères occasionnels résultant de l'activité et des conditions extrêmes de l'environnement. La maladie s'installe lorsque cette capacité naturelle est diminuée ou lorsqu'elle est dépassée ou asphyxiée par les influences extérieures nocives. » 33 b. Différentes prises de contacts

Dans un premier temps, j’ai pris contact avec plusieurs hôpitaux présentant

un service d'alcoologie afin d'effectuer mon étude sur des patients hospitalisés

dans le cadre d’une cure de sevrage. Mes demandes n'ont fait suite, faute de

preuves et de publications concernant les effets de l'ostéopathie à ce sujet.

C’est pourquoi j’ai pris l'initiative de me rapprocher de l'association des

Alcooliques Anonymes. Cette approche m’a permis de participer à diverses

réunions organisées, écouter les expériences personnelles partagées par les

malades et apprendre sur toute une partie de cette maladie que les articles

médicaux ne décrivent pas, c’est à dire son aspect subjectif et individuel. Lors de

chacune de ces réunions, j’ai rapidement présenté ce qu’était l’ostéopathie et

l’objectif de mon étude tout en distribuant aux personnes intéressées un résumé

papier du déroulement de l’expérimentation [Annexe 1]. J'ai ainsi pu rencontrer de

nombreuses personnes qui ont volontairement accepté de participer à mon étude.

c. Démarches personnelles La totalité de mon travail de recherche concernant la maladie alcoolique a

33 WARNER M.D., DENSLOW J.S., GUTENSOHN M.T. et al., « Interpretation of osteopathic concept prepared by committee at Kirksville, J Osteopath », Kirksville College of Osteopathy and Surgery, Kirksville, Octobre 1953.

32

été effectuée au sein de la Bibliothèque Interuniversitaire de Santé (BIUM). Ici,

j’ai pu avoir accès à une base de donnée exhaustive concernant les différents

aspects de mon sujet. J’ai également utilisé les bases de données de PubMed, de

l’Encyclopédie Médico-chirurgicale, de Science Direct et de Cochrane.

Afin d’accueillir les patients dans les meilleures conditions possibles, j’ai

établi avec l’Institut Dauphine d’Ostéopathie une convention d’expérimentation.

Par le biais de cette convention, l’école m’a permis d’avoir une garantie de

responsabilité civile professionnelle couvrant mon exercice au sein de la clinique

de l’IDO. Ainsi, tous les patients qui ont pu bénéficier du traitement que je leur

proposais sont venus à la Clinique Ostéopathique des Halles.

2. Les Alcooliques Anonymes a. Présentation générale Crée en 1935 aux États-Unis, le mouvement des Alcooliques Anonymes

(AA) est une organisation mondiale d’entraide dont l’unique but est d’aider des

personnes se reconnaissant comme alcooliques ou pensant avoir un problème avec

l’alcool et qui désirent arrêter de boire ou devenir abstinentes.

« Les Alcooliques Anonymes sont une association d’hommes et de femmes

qui partagent entre eux leur expérience, leur force et leur espoir dans le but de

résoudre leur problème commun et d’aider d’autres alcooliques à se rétablir. Le

désir d’arrêter de boire est la seule condition pour devenir membre des AA. Les

AA ne demandent ni cotisation ni droit d’entrée ; nous nous finançons par nos

propres contributions. Les AA ne sont associés à aucune secte, confession

religieuse ou parti politique, à aucun organisme ou établissement ; ils ne désirent

s’engager dans aucune controverse ; ils n’endossent et ne contestent aucune

cause. Notre but premier est de demeurer abstinents et d’aider d’autres

alcooliques à le devenir. » 34

34 Disponible sur : www.alcooliques-anonymes.fr [Consulté le 15/09/2014].

33

Dans le monde, on estime en 2009 116 000 groupes et 2 millions de membres. En

France, en 2010, 591 groupes sont recensés avec 7000 membres.34

b. La méthode AA Deux types de réunions existent :

• Les réunions « fermées » : réservées uniquement aux membres AA,

aux alcooliques.

• Les réunions « ouvertes » : ces réunions sont ouvertes à quiconque

est intéressé par le mouvement, membre ou non. Viennent les

épouses, maris ou amis des malades. Sont les bienvenues les

personnes du milieu médical, scolaire ou socio-éducatif, qui

figurent parmi leurs « alliés naturels ». C’est à ces réunions que j’ai

pu participer et rencontrer mes futurs patients.

L’anonymat est la base des traditions AA, ainsi tous ses membres sont

égaux. Lors des réunions, chaque participant peut relater, à tour de rôle, quelques

unes des expériences personnelles vis-à-vis de l’alcool ainsi que les motivations

qui l’ont conduit à rejoindre les AA. Chacun peut donner sa propre interprétation

du programme de rétablissement et suggérer ce que la sobriété lui a valu. Le

mouvement propose un programme d’abstinence totale en douze étapes. La

principale suggère aux membres de s’abstenir de prendre un verre un jour à la

fois : c’est la méthode des « 24 heures ». Le malade décide de rester abstinent

pour 24 heures ; si c’est trop difficile, il peut fractionner sa journée par périodes

(matinée, déjeuner, après-midi, dîner, soirée) et il répète l’opération chaque jour.

Avec le temps, l’envie de boire de l’alcool diminue progressivement jusqu’à

disparaître.

Pour les AA, l’alcoolisme est caractérisé par les propositions suivantes :

Ø Les sujets alcoolodépendants présentent une allergie corporelle et une

obsession de l’esprit vis-à-vis de l’alcool.

34

Ø Les alcooliques sont, d’un point de vue biologique et psychologique,

différents de ceux qui boivent de l’alcool « normalement ».

Ø Les alcooliques ont une incapacité permanente et irréversible à

contrôler la quantité d’alcool qu’ils ingèrent.

Ø L’alcoolisme ne peut être guéri mais seulement « interrompu » par une

abstinence d’alcool totale et permanente.30

c. Études cliniques sur les AA

Quelques études ont été effectuées afin d’analyser l’étendue de l’efficacité

de groupes de parole tels que les AA sur le rétablissement des malades

alcooliques. L’une d’entre elle concluait que les personnes qui associaient

traitement conventionnel et participation active au sein des AA étaient plus

susceptibles d’obtenir une rémission que les personnes ne prenant que le

traitement. De plus, l’efficacité des AA était présente quand l’individu participait

aux réunions dès le début de son traitement.35

En 2009, une étude sur Cochrane évalue 8 études expérimentales identifiant

l’efficacité des AA. Il en découle qu’aucune étude n’a formellement montré

l’efficacité de cette approche à réduire la dépendance à l’alcool ou les problèmes

liés à l’alcool. Cependant, même si ces études trouvent de nombreuses limites

pour être reconnues scientifiquement et permettre aux groupes de parole de

s’inclure systématiquement dans un axe thérapeutique, elles mettent en évidence

plusieurs bienfaits pour le patient : accepter sa maladie, accepter un traitement et

le poursuivre, permettre au patient d’avoir accès à un soutient quasi permanent.36

35 MOOS R.H., MOOS B.S., « Paths of entry into alcoholics anonymous: consequences for participation and remission. Alcohol Clinical and Experimental Research », 2006. 36 FERRI M., AMATO L., DAVOLL M., « Alcoholics Anonymous and other 12-step programmes fort alcohol dependence, Cochrane Database of Systematic Reviews 2006 », 2009.

35

De par les nombreux malades que j’ai rencontré, j’ai pu constater que les

réunions AA, au delà d’être un lieu de partage pour les patients abstinents,

proposaient un nouveau mode de vie et un soutient incontestable pour les

nouveaux membres en recherche de rétablissement ; ainsi que pour les anciens

membres, qui peuvent partager leurs doutes, leurs moments de faiblesse et

parrainer à leur tour les nouveaux membres.

3. Outils a. Objectifs La démarche a été de déterminer l’impact de la prise en charge

ostéopathique sur un ensemble de patients alcoolodépendants, après abstinence,

sans limites temporelles entre celle-ci et l’étude. L’anxiété est l’un des principaux

symptômes qu’éprouve le sujet après sevrage, même à distance de celui-ci.

L’objectif principal est d’évaluer l’action de l’ostéopathie sur l’anxiété des

patients alcooliques. Il a également été convenu d’évaluer l’évolution du craving

suite aux traitements.

b. Moyens d’évaluation

à Les questionnaires d’évaluation de l’anxiété sont multiples. Deux types

d’anxiété ont été décrits :

• L’état d’anxiété correspond à l’anxiété épisodique d’une situation

spécifique et cadrée dans le temps. C’est l’état anxieux actuel du sujet.

• Le trait d’anxiété correspond à un élément stable et durable de la

personnalité d’un individu, à son caractère anxieux.

« L’anxiété-état peut jouer un rôle modérateur dans la transaction entre le

sujet et son environnement ou la maladie. Dans cette perspective, elle permet une

« anticipation situationnelle » à caractère probabiliste ou approximatif. Cette

36

anticipation a pour but de pallier aux aspects incontrôlables et imprévisibles de

l’environnement physique et social ou de la maladie elle-même.»37

Pour évaluer l’anxiété de nos patients, nous avons retenu le questionnaire

BATE 38 39 (Bonis Anxiété Trait-État) [Annexe 2], élaboré et publié en 1973 par

monsieur De Bonis, pour plusieurs raisons :

Ø Il a été élaboré et validé en France.

Ø Le patient peut le remplir seul en suivant les instructions, ce qui permet de

préserver l’anonymat et ainsi d’avoir des réponses plus honnêtes.

Ø Il ne nécessite pas d’analyse immédiate du comportement de la personne

interrogée, c’est à dire qu’il est accessible à un non clinicien.

Ø Il reflète des sensations déjà éprouvées en période de stress.

Ø Il est simple de compréhension et d’utilisation.

Ø Il évalue les dimensions trait et état via 2 questionnaires. Le premier concerne

l’anxiété-trait, on retrouve 40 items précédés des adverbes « en général » ou

« d’habitude ». Le second analyse l’anxiété-état, les adverbes utilisés sont

« au cours de ces huit derniers jours » ou « en ce moment », avec 37 items.

37 LOUREL M., « Stress et santé : le rôle de la personnalité. Présentation de quelques outils d’évaluation de la personnalité, Recherche en soins infirmiers », no 85, 2006. 38 ANAES, Diagnostic et prise en charge ambulatoire du trouble anxieux généralisé de l’adulte, 2001. 39 ANAES, Service des recommandations et références professionnelles, Questionnaire BATE de Bonis Anxiété Trait-Etat, mars 2001. Disponible sur internet : www.sideralsante.fr [Consulté le 10/11/2014].

37

Ø Il existe 3 types d’item :

• 6 items concernant les peurs et les phobies, n’étant pas utilisés : 11,

12, 28, 30, 34, 36

o 11 – « En ce moment, je ne supporte pas la foule »

o 12 – « En ce moment, je ne pourrais pas supporter la vue d’un

serpent »

o 28 – « En ce moment, je redoute de monter en voiture »

o 30 – « En ce moment, je ne pourrais pas supporter la vue d’un

rat »

o 34 – « En ce moment, je sens que je ne pourrais pas supporter

la vue d’une araignée »

o 36 – « En ce moment, je ne peux pas rester dans l’obscurité, j’ai

peur du noir »

• 14 items concernant les signes psychiques : 2, 5, 6, 8, 9, 17, 19, 20, 23,

24, 25, 26, 32, 37

o 2 – « Au cours de ces 8 derniers jours, je me suis fait du souci à

propos de tout et de rien »

o 5 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de penser

que j’étais inutile et que je ne servais pas à grand chose »

o 6 – « Au cours de ces 8 derniers jours, je me suis fait du

mauvais sang pour rien »

o 8 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de

pleurer »

o 9 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de faire

des cauchemars »

o 17 – « J’ai eu, au cours de ces 8 derniers jours, des envies de

manger »

o 19 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de

rougir »

38

o 20 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai été tourmenté(e)

par l’opinion des autres sur moi »

o 23 – « En ce moment, je ne me sens pas heureux(se) »

o 24 – « En ce moment, j’ai l’impression que je ne suis bon(ne) à

rien »

o 25 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai éprouvé une peur

diffuse de l’avenir que je n’arrive pas à expliquer »

o 26 – « Au cours de ces 8 derniers jours, je ne pouvais pas rester

seul(e), la solitude me faisait peur »

o 32 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé

d’appréhender le pire, d’avoir le pressentiment qu’il allait

m’arriver quelque chose de mauvais »

o 37 – « Au cours de ces 8 derniers jours, cela m’énervait d’être

obligé(e) d’attendre »

• 17 items concernant les signes somatiques : 1, 3, 4, 7, 10, 13, 14, 15,

16, 18, 21, 22, 27, 29, 31, 33, 35

o 1 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai senti que j’avais la

gorge nouée »

o 3 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai ressenti une

impression de tension, j’étais contracté(e), tendu(e), sur les

nerfs »

o 4 – « J’ai eu, au cours de ces 98 derniers jours, la chair de

poule, ou des frissons que n’étaient pas dus au froid »

o 7 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai été constipé(e) »

o 10 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai eu des palpitations

qui n’étaient pas liées à un effort »

o 13 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai eu le vertige »

o 14 – « Au cours de ces 8 derniers jours, je me suis évanoui(e) »

o 15 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de

transpirer sans que cela soit dû à une température élevée »

o 16 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’étais agité(e) au point

39

de ne pouvoir rester en place »

o 18 – « Au cours de ces 8 derniers jours, je me suis senti(e)

oppressé(e) »

o 21 – « Au cours de ces 8 derniers jours, il m’est arrivé de

trembler »

o 22 – « En ce moment, je me sens fatigué(e) »

o 27 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai eu des maux

d’estomac »

o 29 – « J’ai eu, au cours de ces 8 derniers jours, les pieds ou les

mains glacés »

o 31 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai eu mal à la tête »

o 33 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’ai eu la diarrhée »

o 35 – « Au cours de ces 8 derniers jours, j’étais tellement

énervé(e) que j’avais du mal à m’endormir »

Les items concernant l’anxiété-trait sont les mêmes, seule la formulation

change. Parmi ceux-ci, 3 items au sujet de l’enfance ont été ajoutés, et ne seront

pas comptabilisés : 10, 14, 23

o 10 – « Enfant, j’étais d’une santé fragile »

o 14 – « Lorsque j’étais petit(e), mes parents étaient sévères avec

moi »

o 23 – « Lorsque j’étais petit(e), mes parents souhaitaient que je

fasse du sport »

Ø Il contient 5 réponses possibles pour chaque item, cotées de 0 à 4 :

§ Tout à fait faux, jamais = 0

§ Parfois, un peu = 1

§ Assez vrai, assez souvent = 2

§ Vrai, souvent = 3

§ Tout à fait vrai, toujours = 4

40

La note totale de chaque questionnaire peut donc varier de 0 à 148 (37

items). Les 3 items correspondants à l’enfance ne seront pas comptabilisés dans le

calcul d’une note globale. Le questionnaire BATE permet donc une évaluation

quantitative des trois dimensions de l’anxiété que sont les manifestations

psychiques, la symptomatologie somatique et les peurs spécifiques (non prises en

compte dans notre étude). Dans le cadre de l’ostéopathie, il est intéressant

d’analyser si son action est globale ou plus spécifique sur le facteur somatique ou

psychique.

à Aucun instrument universel mesurant le craving n’existe actuellement.

Les échelles multidimensionnelles (les 4 dimensions du craving étant l’envie, le

vouloir, l’urgence et les besoins) ne font pas directement référence au terme de

craving mais à ces 4 dimensions. L’Echelle de Comportement et de Cognition vis-

à-vis de l’Alcool (ECCA) aurait pu être pertinente, mais elle intègre trop d’items

sur la consommation actuelle du patient. Or nos patients ont tous arrêté de boire.

C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser une échelle visuelle analogique type

EVA. Elle n’évalue pas les différentes dimensions du craving mais est facile

d’utilisation et permet une auto-évaluation.40 Le patient cotera son craving de 0 à

10 (« 0 » signifiant une absence totale de craving ; « 10 » représentant le plus fort

désir de consommer de l’alcool).

c. Période d’étude et schéma thérapeutique Initialement, l’étude était prévue du 1er octobre 2014 au 10 avril 2015. Les

premières semaines ont permis de finaliser les démarches administratives,

d’effectuer les dernières recherches bibliographiques et théoriques concernant

l’alcoolisme et de participer à de nombreuses réunions AA afin de m’engager

pleinement dans mon étude. La première consultation s’est déroulée au cours du

mois de Janvier 2015.

40 Congrès Français de Psychiatrie. Le craving : approche transversale, dimensionnelle et translationnelle, 2012.

41

Lors de ces réunions, un document éclairant sur les principes de

l’ostéopathie et le déroulement de l’étude était remis aux futurs patients. Un

formulaire de consentement y était associé [Annexe 1] ; seuls les patients

volontaires l’ayant signé et rentrant dans le cadre de l’étude ont pu participer.

Au minimum deux consultations par patient sont fixées, une troisième est

proposée aux patients en fonction l’efficacité du traitement et des dysfonctions

ostéopathiques trouvées. Les consultations sont espacées de 7 à 10 jours chacune

et dure de 45 minutes à une heure. Elles ont toutes lieu au COH. Le suivi global

d’un patient se déroule sur 4 à 5 semaines.

d. Critères d’inclusion Les critères d’inclusion sont les suivants :

• Femmes ou hommes majeurs

• Sujets alcoolodépendants

• Patients abstinents depuis plus d’un mois

• Patients présentant des signes d’anxiété psychiques et/ou

somatiques

• Signature du formulaire de consentement

e. Critères d’exclusion Les critères d’exclusion sont les suivants :

• Patients en cours de sevrage ou abstinents depuis moins d’un

mois (afin d’éviter un éventuel syndrome de sevrage non

encadré)

• Patients ne présentant pas de signes d’anxiété

• Patientes enceintes

• Non consentement

42

f. Localisation et types de signes fonctionnels Comme cité précédemment, les patients devraient présenter, en plus des

signes psychiques liés à l’anxiété, une symptomatologie somatique en lien avec

des dysautonomies neuro-végétatives 41, c’est à dire des signes fonctionnels :

Ø Sphère céphalique : sensation de striction laryngée, pâleur, céphalées,

vertiges, acouphènes, bruxisme, clenching, sécheresse buccale.

Ø Sphère cardio-pulmonaire : dyspnée, sensation d’oppression thoracique,

palpitations, tachycardie.

Ø Sphère digestive : gènes abdominales, brûlures d’estomac, nausées, diarrhées,

constipation.

Ø Globalement : tremblements, secousses corporelles, sudation excessive,

frissons, tension musculaires, douleurs rachidiennes.

4. Protocole et mise en place a. Présentation du protocole Chaque patient est pris en charge dans le cadre d’un protocole de tests et

de traitement ostéopathiques permettant de suivre un axe thérapeutique cohérent

vis-à-vis du sujet de l’étude.

à 60% des consultations suivent le protocole mis en place.

à 40% des consultations sont en lien avec un éventuel motif de

consultation (MDC) émit par le patient.

41 CAPOROSSI Roger, Le système neuro-végétatif et ses troubles fonctionnels, Verlaque, 1995.

43

Au début de chaque consultation sont complétés le questionnaire BATE ainsi

qu’une cotation du craving sur l’EVA.

Ø Lors de la première consultation (C1) sont effectués :

• Une anamnèse complète et précise [Annexe 3] investiguant à la fois la

date d’abstinence, le ressenti du patient devant ses angoisses, le motif

de consultation, les signes fonctionnels et les antécédents.

• Une observation globale du sujet debout.

• Les mouvements actifs (cervicales, thoraciques, lombaires).

• Les tests orthopédiques en rapport avec le MDC.

• Le protocole de tests ostéopathiques de l’étude ainsi que d’éventuels

autres tests suivant le MDC.

• Le protocole de traitement C1 effectué en fonction des dysfonctions

trouvées lors des tests.

Parfois, une dépression peut s’associer au trouble anxieux. C’est lors de

l’anamnèse que se fera le diagnostic différentiel, bien que difficile car similaire.

Chez le sujet anxieux sont absents le désintérêt, le ralentissement psychomoteur et

les troubles du sommeil terminal.38

Ø La deuxième consultation (C2) reprend les mêmes points, mais :

• L’anamnèse, plus brève, retrace l’évolution globale du ressenti du sujet

ainsi que celle des signes fonctionnels présents en C1.

• Le protocole de tests de nouveau effectué afin de comparer les résultats

avec ceux de C1.

• Le protocole de traitement C2 effectué en fonction des dysfonctions

trouvées lors des tests.

44

Ø La troisième consultation (C3), facultative, est fixée en fonction de l’avancée

du traitement et des dysfonctions restantes à la fin de C2. Elle reprend les

mêmes points que celle-ci.

b. Explication du choix et du déroulement des tests Avant tout traitement ostéopathique, les tests sont un passage obligatoire

afin de définir les différentes structures en dysfonctions. La mise en place d’un

protocole de tests est indispensable dans le cadre d’une étude comme celle que

nous entreprenons. Un axe de test, une routine, permet de n’oublier aucune zone

qui pourrait être en lien avec la pathologie étudiée. En outre, le système neuro-

végétatif occupe une place fondamentale dans les dysfonctions ostéopathiques car

il contrôle la fonction, au niveau du tonus (musculaire, viscéral, circulatoire) et au

niveau hormonal ; il est victime d’une dysrégulation aussi bien dans l’alcoolisme

que dans l’anxiété.

Dans le cadre de notre étude, il sera intéressant de tester :

Ø Le système viscéral : en particulier les organes touchés dans la maladie

alcoolique (estomac, duodénum, intestin grêle, foie) et dans l’anxiété

(estomac, duodénum, intestin grêle, côlon, médiastin).

Ø Le système musculaire : l’anxiété entraîne une augmentation du tonus basal

des muscles et peut entraîner des dysfonctions. Sont concernés les muscles de

la ceinture scapulaire, des rachis cervical, thoracique et lombaire, de la

ceinture pelvienne et du système manducateur. Particulièrement le diaphragme

thoracique lié aux organes médiastinaux et abdominaux.

Ø L’axe crânio-sacré : ses composants (os du crâne, dure-mère, MTR) sont en

lien avec le système neuro-végétatif.

45

Ø Le système ostéo-articulaire : en particulier le bassin et le rachis, à la

recherche de dysfonctions pouvant être en lien neurologiques avec les autres

dysfonctions trouvées.

Pour cela, sont effectués :

• des tests ostéo-articulaires à la recherche de dysfonctions somatiques.

• des tests musculaires en contraction, étirement et palpation.

• des tests viscéraux de mobilité (mobilité respiratoire, hypertonie,

adhérences) et de motilité.

• des tests tissulaires pour rechercher des zones de densités ou de

tensions.

Ø Tests debout :

• Examen morphostatique de face, de profil et de dos : profil de gravité,

ligne de Barré, inclinaisons et rotations des ceintures

• Mouvements actifs à la recherche d’une douleur, une raideur et/ou une

perte d’amplitude : flexion, extension, rotations, inclinaisons au niveau

cervical, thoracique et lombaire

Ø Tests assis :

• Tests ostéo-articulaires passifs :

o Vertèbres thoraciques dans les différents paramètres de flexion,

extension, inclinaison et rotation

o Côtes en postéro-latéralité et antéro-médialité

Ø Tests en décubitus dorsal :

• Tests ostéo-articulaires passifs :

o Iliaques en antériorité ou postériorité confirmé par un Downing

test.

46

o Vertèbres cervicales dans les différents paramètres de flexion,

extension, inclinaison et rotation.

o C0 en postériorité, antériorité et inclinaisons.

o 1ères côtes en supériorité.

o Articulations temporo-mandibulaire en antériorité, postériorité

et diduction.

o Complexe crico-thyro-hyoïdien

• Tests musculaires :

o Psoas

o Trapèzes

o SCOM

o Scalènes antérieures, moyens et postérieures

o Élévateur de la scapula

o Supra et infra-hyoïdiens

o Masséters

o Temporaux

o Ptérygoïdiens médiaux et latéraux

o Diaphragme en mobilité respiratoire

• Tests viscéraux :

o Estomac

o Foie

o Plexus coeliaque

o Duodénum

o Intestin grêle

o Côlon

o Médiastin : poumons et péricarde

• Tests tissulaires :

o Comprennent les tests de motilité viscérale

o Écoute du sacrum

o Axe crânio-sacré

47

o Diaphragme

o Thorax

o Orifice supérieur du thorax (OST)

o Écoute globale du crâne

o Pôle supérieur de dure-mère et membranes de tension

réciproque (MTR)

o Articulations occipito-mastoïdiennes

Ø Tests en latérocubitus :

• Tests ostéo-articulaires passifs :

o Vertèbres lombaires dans les différents paramètres de flexion,

extension, inclinaison et rotation

• Tests musculaires :

o Carré des lombes

o Intercostaux

Ø Tests en décubitus ventral :

• Tests ostéo-articulaires passifs :

o Sacrum en flexion, extension et torsion

• Tests tissulaires :

o Test du rebond sur la totalité du rachis

c. Explication du choix des techniques Au vu des différents systèmes testés, le traitement effectué ici est divisé

entre les 1ère et 2ème consultations. Ceci afin d’éviter un traitement trop lourd pour

le corps du patient et ainsi lui laisser le temps d’intégrer les différentes techniques.

Chaque technique n’est exécutée que si une dysfonction a été trouvée sur la zone

48

en question. Nous allons ici décrire certaines techniques effectuées lors des

traitements. Il s’agit de mettre en avant celles qui paraissent intéressantes par la

récurrence de leur utilisation.

Ø 1ère consultation (C1) :

• Sphère viscérale :

o Technique de décongestion hépatique

o Technique de motilité du foie, décrite par J.P Barral 42 :

- Patient : Décubitus dorsal

- Praticien : Debout à droite du sujet. Sa main droite contacte le plus largement

possible la région thoracoabdominale droite.

- Déroulement de la technique : Technique d’induction à amener l’organe dans

ses paramètres dysfonctionnels jusqu’à un déroulement tissulaire. Après le still-

point, l’organe reprend sa motilité physiologique en revenant au paramètre contre-

lésionnel. Technique à effectuer plusieurs fois.

o Technique de motilité de l’estomac, du duodénum, de l’intestin

grêle et du côlon décrites par J.P Barral 42

• Dysfonctions du diaphragme :

o Technique de libération des piliers du diaphragme

o Technique de libération tissulaire du diaphragme 43 :

- Patient : Décubitus dorsal

- Praticien : Debout, à côté du patient. Les mains sur les faces antéro-latérales des

42 BARRAL J.P. et MERCIER P., Manipulations viscérales, Elsevier, 2004. 43 NICHOLAS A.S., NICHOLAS E.A., Atlas des techniques ostéopathiques, Maloine, 2011 p 490.

49

régions thoraciques basses.

- Déroulement de la technique : Entrer dans la densité en se penchant légèrement

en avant, dans la tension en effectuant une contraction isométrique des doigts puis

suivre le déroulement des tissus jusqu’au relâchement.

o Technique fasciale sur la zone du plexus cœliaque

o Travail d’étirement des muscles intercostaux

Ces techniques ont pour objectif d’une part de traiter les organes qui ont

pu garder une trace de l’intoxication alcoolique de par leur relation directe avec

l’alimentation (foie, estomac, duodénum, intestin grêle) ; d’autre part, de tenter de

réharmoniser les viscères abdominaux, victimes de l’effet sympathicotonique

véhiculé par l’anxiété. Nous avons donc une action sur la liaison entre viscères et

vertèbres de C7 à L2 : le réflexe viscéro-somatique. Aussi, le fait de libérer les

organes sous-diaphragmatiques permet par la suite de mieux libérer le

diaphragme, premier muscle à relancer la dynamique viscérale via la respiration.

Le travail au niveau du plexus cœliaque, carrefour de relais de neurones

orthosympathiques et parasympathiques (Nerf Vague X), a pour but un

déroulement global de la région sus-mésocolique. Le travail sur les muscles

intercostaux (ainsi que d’autres muscles inspirateurs accessoires par la suite)

permet une meilleure ampliation thoracique.

• Dysfonctions du bassin et du rachis :

o Technique de correction de l’iliaque et du sacrum en HVBA,

TOG ou Énergie Musculaire

o Technique myotensive ou point trigger sur les muscles Psoas et

Piriforme

o Technique de correction des vertèbres lombaires en HVBA

o Technique de correction des vertèbres thoraciques en HVBA, en

particulier T4, T6, T8 et T12

o Technique myotensive de correction des vertèbres cervicales

50

d’après le « Guide de consultation ostéopathique »44, en

particulier C0, C1, C2, C4 et C7

o Traitement de la 1ère côte en supériorité, décrite par Pierre

Tricot 45

o TOG du rachis cervical, d’après « Ostéopathie clinique et

pratique »46

Les techniques d’HVBA sont tirées de Thrust, sémiologie, imagerie 47

Les techniques utilisées ici ont pour but d’équilibrer la dynamique

rachidienne. La normalisation du bassin et des muscles Psoas et Piriforme libère

la ceinture pelvienne, en lien avec les organes viscéraux. Le travail de correction

des vertèbres lombaires est intéressant de part les attaches des piliers du

diaphragme sur les trois premières lombaires et l’innervation du Psoas et de

certains organes abdominaux (intestin grêle, côlon). La libération des vertèbres

thoraciques est en lien avec plusieurs réflexes somato-viscéraux

orthosympathiques : T4 pour le médiastin, T6 pour l’estomac, T8 pour le foie et

les glandes surrénales, et T12 pour l’intestin grêle et le côlon. Notons que la

charnière thoraco-lombaire est intéressante à normaliser de par son lien très étroit

avec le diaphragme thoracique. La correction des vertèbres cervicales intervient

via de nombreux liens neurologiques : C0, C1, C2 sont en lien avec les muscles

sous-occipitaux, SCOM et trapèzes supérieurs ; il est utile de mentionner à ce

niveau le passage du Nerf Vague (X), très important pour l’innervation

parasympathique du système viscéral. C4 pour les Scalènes antérieurs et

l’Élévateur de la scapula, le diaphragme et la capsule de Glisson (foie) étant

innervés par le nerf phrénique. C7 pour les Scalènes moyens et postérieurs, et

pour sa relation étroite avec le ganglion cervical inférieur. Enfin, le TOG cervical

permet un étirement successif de plusieurs muscles : muscles antérieurs du cou, 44 CHANNELL M.K. et MASON D.C., Guide de consultation ostéopathique, Bruxelles, De Boeck, 2012. 45 TRICOT Pierre, Approche tissulaire de l’ostéopathie, un modèle du corps conscient, Sully, 2002, p 206. 46 CHANTEPIE A., PÉROT J-F., TOUSSIROT P., Ostéopathie clinique et pratique, Paris, Maloine, « Cahiers d’Ostéopathie », 2010, p 385. 47 FISCHER M. et ERIAU B., Thrust, sémiologie, imagerie, Masson, 2009.

51

scalènes, SCOM, trapèzes supérieurs, élévateurs de la scapula, splénius et

complexus.

Ø 2ème consultation (C2) :

• Dysfonctions de l’axe crânio-sacré :

o Technique de compression du 4ème ventricule (CV4), par H.I

Magoun 48 :

- Patient : Décubitus dorsal

- Praticien : Assis à la tête du patient, les mains placées en coupe pour recevoir

les angles latéraux de l’écaille occipitale au niveau des éminences thénars, en

dedans des sutures occipito-mastoïdiennes. Le poids de la tête repose sur les

éminences thénars, comprimant les angles latéraux et imprimant une compression

médiale. La praticien doit être un fulcrum important pour le patient.

- Déroulement de la technique : C’est une technique longue (environ 15 minutes).

Il faut prendre conscience du rythme du mouvement de l’occiput. L’amplitude

diminue progressivement jusqu’à l’obtention d’un still point. On pourra sentir un

assouplissement de la région sous-occipitale et un dégagement de chaleur dans les

mains.

o Technique de libération des sutures occipito-mastoïdiennes

- Patient : Décubitus dorsal

- Praticien : à la tête du patient. Mains en coupe, doigts croisés, avec les

éminences thénars au contact des mastoïdes.

- Déroulement de la technique : entrer dans la densité en rapprochant les

éminences thénars l’une de l’autre ; puis mettre en place le paramètre de tension.

Porter son attention de façon bilatérale, puis unilatérale si l’une des deux sutures

est plus difficile à relâcher. Effectuer la technique jusqu’à sentir un déroulement 48 MAGOUN H.I., L’ostéopathie dans le champ crânien, Sully, 1951.

52

puis une ouverture en profondeur.

o Technique sur les membranes de tension réciproques (ou sinus

veineux, ou pôle supérieur de la dure-mère) 43 :

- Patient : Décubitus dorsal

- Praticien : à la tête du sujet. Le placement des mains varie au fil de la technique,

définie en 4 temps.

À chaque temps, les paramètres de densité (rapprochement des doigts) et de

tension (contraction isométrique des doigts) sont appliqués. L’attention du

praticien varie et est posée sur différentes membranes.

- Déroulement de la technique :

§ 1er temps : Faux du cervelet (sinus veineux occipital)

§ 2ème temps : Tente du cervelet (sinus droit et sinus veineux transverses)

§ 3ème temps : Faux du cerveau (sinus veineux sagittaux supérieurs et

inférieurs)

§ 4ème temps : Crista Galli

o Technique de libération du pôle inférieur de la dure-mère

• Dysfonctions du système manducateur :

o Technique tissulaire de libération de l’articulation temporaux-

mandibulaire

o Technique de relâchement des muscles Temporaux, Masséters

et Ptérygoïdiens (points Trigger)

• Dysfonctions médiastinales :

o Technique de motilité du médiastin : poumons, cœur,

œsophage, par J.P Barral 42

53

• Autres :

o Technique tissulaire de libération de la loge viscérale du cou et

du complexe CTH

o Technique tissulaire de libération de l’OST

L’objectif de cette deuxième consultation, plus globale, est multiple. La

technique de CV4 repose sur l’idée d’une modification de tous les liquides du

corps (sang, lymphe, liquide interstitiel) par la mise au repos du LCR, élément

fondamental de cette technique. Elle relance et équilibre la fluctuation du LCR,

ayant une action sur le système parasympathique. D’après Magoun « elle est la

méthode de traitement la plus efficace pour ramener à l’équilibre les systèmes

neurovégétatifs ou psychosomatiques ». Aussi, elle a une action de relâchement et

d’équilibre des MTR et de corrections des lésions secondaires. W.G Sutherland la

nommait « compression du bulbe » en indiquant que les centres physiologiques

dans le plancher du 4ème ventricule étaient équilibrés lors de cette technique. Selon

lui, le LCR assure aussi le transport de neurotransmetteurs tels que la sérotonine et

la dopamine ; ainsi que des hormones hypothalamiques, post-hypophysaires et

épiphysaires.49 En admettant ces hypothèses, le CV4 est fortement indiqué dans le

traitement de nos patients.

Les sutures occipito-mastoïdiennes comprennent les foramens jugulaires, d’où

sortent les Nerfs Glosso-pharyngiens (IX), Vagues (X) et Accessoires (XI)

innervant respectivement l’oropharynx (IX), les viscères (X parasympathique) et

les muscles Trapèzes et SCOM (XI). Leur relâchement est capital. La libération

des MTR et du pôle inférieur de la dure-mère permet une réharmonisation globale

de l’axe crânio-sacré, utile lorsque l’on sait que ce système absorbe et mémorise

toutes les tensions somatiques et psychiques de l’individu (anxiété).50 Le système

manducateur, la loge viscérale du cou, le complexe CTH et l’OST sont

49 SUTHERLAND W.G., Textes fondateurs de l’ostéopathie dans le champ crânien, Sully, 2002. 50 SUTHERLAND W.G., La membrane de tension réciproque, Extrait de Contribution of Thought, 1953.

54

étroitement liés, musculairement (muscles supra et infra-hyoïdien) et

émotionnellement (polypnée et inspirateurs accessoires, tension musculaire,

bruxisme, clenching). La normalisation du médiastin est primordiale pour : sa

relation avec le rachis via la réflexe viscéro-somatique, le passage des nerfs

Vagues et phréniques et la relation du péricarde avec les émotions.

Ø 3ème consultation (C3) :

Cette consultation, facultative en fonction de l’évolution du traitement et

du ressenti du patient, reprend le protocole de tests et certaines techniques qui

paraissent nécessaire à reproduire.

55

- IV - RÉSULTATS

1. Présentation du groupe de patients Parmi les individus rencontrés aux réunions AA, 10 ont accepté de

participer à la pré-étude et remplissaient les critères d’inclusion.

Figure 6 – Répartition Homme / Femme de l’échantillon de patients

Tableau 1 – Présentation du groupe de patients (sexe, âge, abstinence et MDC)

    Âge  (années)   Abstinence  (mois)   MDC  

Patiente  1   52   72   Céphalées  +  Cervicalgies  Patient  2   37   12   Cervicalgies  Patiente  3   52   84   Cervicalgies  Patiente  4   55   2   Cervicalgies  Patient  5   39   18   Céphalées  Patiente  6   48   30   Cervicalgies  +  Céphalées  Patiente  7   47   10   Cervicalgies  +  Lombalgies  +  Céphalées  Patient  8   58   60   Céphalées  +  Cervicalgies  Patient  9   45   8   Dorsalgies  Patiente  10   63   48   Dorsalgies  MOYENNE   50   34  

 

56

2. Évolution de l’anxiété Avancé par M. De Bonis et G. Ferrey en 1975, et confirmé lors d’un essai

thérapeutique (Salska et al. 1979), c’est l’écart entre les notes-trait et les notes-état

pour chacune des dimensions qui a plus de sens que la seule note d’état en tant

que mesure de l’état anxieux. L’écart entre les deux notes, et l’évolution de cet

écart au cours du temps, représentent le meilleur critère de changement dans les

études de validation.51 52

    T1   T2   Évolution  (%)  

Anxiété  Trait   64,2   54,6   -­‐  15  %  

Anxiété  État   66,1   43,7   -­‐  33.9  %  

Tableau 2 – Tableau des scores moyens de l’étude de validation de De Bonis 52

    T1   T2   Évolution  (%)  

AT  /  AE   2,1   10,9   +  419  %  

Tableau 3 – Tableau des scores moyens de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-

état de l’étude de validation de De Bonis 52

a. Anxiété-trait, anxiété-état, dimensions somatiques et psychiques

51 DE BONIS M., FERREY G., « Anxiété-trait, anxiété-état changement réel, changement apparent, L'encéphale: revue de psychiatrie biologique et thérapeutique », 1975. 52 DE BONIS M., « Content analysis of 27 anxiety inventories and rating scales, Modern problems of pharmacopsychiatry », 1974.

57

Figure 7 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 8 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 2 consultations

58

    Anxiété  Trait  C1   Anxiété  Trait  C2   Anxiété  Trait  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   72   47   22   -­‐  69.4  %  Patient  2   58   51   34   -­‐  41.4  %  Patiente  3   33   32   X             -­‐  3  %  Patiente  4   67   57   X   -­‐  14.9  %  Patient  5   51   28   X   -­‐  45.1  %  Patiente  6   43   27   X   -­‐  60.5  %  Patiente  7   61   42   30   -­‐  50.9  %  Patient  8   40   19   X   -­‐  44.7  %  Patient  9   47   40   37   -­‐  21.3  %  Patiente  10   38   36   X   -­‐  5.3  %  

MOYENNE   51   37,9   30,75   -­‐  39.7  %  

Tableau 4 – Tableau des scores d’anxiété-trait

    Anxiété  Etat  C1   Anxiété  Etat  C2   Anxiété  Etat  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   46   24   18   -­‐  60.9  %  Patient  2   72   61   37   -­‐  48.6  %  Patiente  3   24   20   X   -­‐  16.7  %  Patiente  4   68   56   X   -­‐  17.6  %  Patient  5   59   30   X   -­‐  49.2  %  Patiente  6   48   28   X   -­‐  41.7  %  Patiente  7   69   47   31   -­‐  55.1  %  Patient  8   48   21   X   -­‐  56.3  %  Patient  9   59   51   43   -­‐  27.1  %  Patiente  10   36   30   X   -­‐  16.7  %  

MOYENNE   52,9   36,8   32,25   -­‐  39  %  

Tableau 5 – Tableau des scores d’anxiété-état

59

Figure 9 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état, dimension somatique

(Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 10 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état, dimension somatique

(Patients ayant reçu 2 consultations)

60

    Somatiques  AT  C1   Somatique  AT  C2   Somatique  AT  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   48   27   14   -­‐70.8  %  Patient  2   31   25   16   -­‐48.4  %  Patiente  3   21   18   X   -­‐  14.3  %  Patiente  4   31   34   X   +9.7  %  Patient  5   34   17   X   -­‐20.6  %  Patiente  6   21   15   X   -­‐28.6  %  Patiente  7   34   23   17   -­‐50  %  Patient  8   21   9   X   -­‐57.1  %  Patient  9   21   21   20   -­‐4.8  %  Patiente  10   24   21   X   -­‐12.5  %  MOYENNE   28,6   21   16,75   -­‐  41.6  %  

Tableau 6 – Tableau des scores de l’anxiété-trait, dimension somatique

    Somatique  AE  C1   Somatique  AE  C2   Somatique  AE  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   28   13   10   -­‐  64.3  %  Patient  2   43   34   17   -­‐  60.5  %  Patiente  3   15   14   X   -­‐  6.7  %  Patiente  4   32   32   X   0.0%  Patient  5   35   16   X   -­‐  54.3  %  Patiente  6   21   14   X   -­‐  33.3  %  Patiente  7   36   21   15   -­‐  58.3  %  Patient  8   26   10   X   -­‐  61.5  %  Patient  9   28   26   23   -­‐  17.9  %  Patiente  10   23   21   X   -­‐  8.7  %  

MOYENNE   28,7   20,1   16,25   -­‐  43.4  %  

Tableau 7 – Tableau des scores de l’anxiété-état, dimension somatique

61

Figure 11 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état, dimension psychique

(Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 12 – Évolution de l’anxiété-trait et anxiété-état, dimension psychique

(Patients ayant reçu 2 consultations)

62

    Psychique  AT  C1   Psychique  AT  C2   Psychique  AT  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   24   20   8   -­‐  66.7  %  Patient  2   27   26   18   -­‐  33.3  %  Patiente  3   12   14   X   +  16.7  %  Patiente  4   36   23   X   -­‐  36.1  %  Patient  5   17   11   X   -­‐  35.3  %  Patiente  6   22   12   X   -­‐  45.5  %  Patiente  7   27   19   13   -­‐  51.9  %  Patient  8   19   10   X   -­‐  47.4  %  Patient  9   26   19   17   -­‐  34.6  %  Patiente  10   14   15   X   +  7.1  %  

MOYENNE   22,4   16,9   14   -­‐  37.5  %  

Tableau 8 – Tableau des scores de l’anxiété-trait, dimension psychique

    Psychique  AE  C1   Psychique  AE  C2   Psychique  AE  C3   Évolution  (%)  Patiente  1   18   11   8   -­‐  55.6  %  Patient  2   29   27   20   -­‐  31  %  Patiente  3   9   6   X   -­‐  33.3  %  Patiente  4   36   24   X   -­‐  33.3  %  Patient  5   24   14   X   -­‐  41.7  %  Patiente  6   27   14   X   -­‐  48.1  %  Patiente  7   33   26   16   -­‐  51.5  %  Patient  8   22   11   X   -­‐  50  %  Patient  9   31   25   20   -­‐  35.5  %  Patiente  10   13   9   X   -­‐  30.8  %  

MOYENNE   24,2   16,7   16   -­‐  33.9  %  

Tableau 9 – Tableau des scores de l’anxiété-état, dimension psychique

63

Figure 13 – Évolution moyenne de l’anxiété-trait, anxiété-état, dimensions

somatiques et psychiques

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  Anxiété  Trait     51   37,9   30,75   -­‐  39.7  %  Anxiété  État   52,9   36,8   32,25   -­‐  39  %  Somatique  AT   28,6   21   16,75   -­‐  41.3  %  Somatique  AE   28,7   20,1   16,25   -­‐  43.4  %  Psychique  AT   22,4   16,9   14   -­‐  37.5  %  Psychique  AE   24,2   16,7   16   -­‐  33.9  %  

Tableau 10 – Tableau des scores moyens d’anxiété-trait, anxiété-état, dimensions

somatiques et psychiques

64

b. Écart entre Anxiété-Trait, Anxiété-État, dimensions somatiques et psychiques

Figure 14 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 15 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état

(Patients ayant reçu 2 consultations)

65

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  Patiente  1   26   23   4   -­‐  84.6  %  Patient  2   14   10   3   -­‐  78.6  %  Patiente  3   9   12   X   +  33.3  %  Patiente  4   1   1   X   0.0  %  Patient  5   8   3   X   -­‐  62.5  %  Patiente  6   5   1   X   -­‐  80  %  Patiente  7   8   5   1   -­‐  87.5  %  Patient  8   8   2   X   -­‐  75  %  Patient  9   12   11   6   -­‐  50  %  Patiente  10   2   6   X   +  200  %  

MOYENNE   9,3   7,4   3,5   -­‐  62.4  %  

Tableau 11 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état

66

Figure 16 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension

somatique (Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 17 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension

somatique (Patients ayant reçu 2 consultations)

67

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  Patiente  1   20   14   4   -­‐  80  %  Patient  2   12   9   1   -­‐  91.7  %  Patiente  3   6   4   X   -­‐  33.3  %  Patiente  4   1   2   X   +  100  %  Patient  5   1   1   X   0.0  %  Patiente  6   0   1   X   +  100  %  Patiente  7   2   2   2   0.0  %  Patient  8   5   1   X   -­‐  80  %  Patient  9   7   4   3   -­‐  57.1  %  Patiente  10   1   0   X   -­‐  100  %  

MOYENNE   5,5   3,8   2,5   -­‐  54.5  %  

Tableau 12 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension somatique

68

Figure 18 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension

psychique (Patients ayant reçu 3 consultations)

Figure 19 – Évolution de l’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension

psychique (Patients ayant reçu 2 consultations)

69

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  Patiente  1   6   9   0   -­‐  100  %  Patient  2   2   1   2   0.0  %  Patiente  3   3   8   X   +  166.7  %  Patiente  4   0   1   X   +  100  %  Patient  5   7   3   X   -­‐  57.1  %  Patiente  6   5   2   X   -­‐  60  %  Patiente  7   6   7   3   -­‐  50  %  Patient  8   3   1   X   -­‐  66.7  %  Patient  9   5   6   3   -­‐  40  %  Patiente  10   1   6   X   +  83.3  %  

MOYENNE   3,8   4,4   2   -­‐  47.4  %  

Tableau 13 – Tableau de l’écart des scores d’anxiété-trait et anxiété-état,

dimension psychique

70

Figure 20 – Évolution moyenne des écarts entre anxiété-trait et anxiété-état, dimensions somatique et psychique

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  

Écart  AT/AE   9,3   7,4   3,5   -­‐  62.4  %  

Écart  Somatique  AT/AE   5,5   3,8   2,5   -­‐  54.6  %  

Écart  Psychique  AT/AE   3,8   4,4   2   -­‐  47.4  %  

Tableau 14 – Tableau des scores moyens des écarts entre anxiété-trait, anxiété-

état, dimensions somatique et psychique

71

3. Évolution du craving Sur 10 patients, 6 présentaient un craving au moment de

l’expérimentation. C’est pourquoi la présentation des résultats du craving et leur

comparaison avec les résultats d’anxiété ne sont effectués que pour les sujets 2, 5,

7, 8, 9 et 10.

Figure 21 – Évolution du craving

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  

Patiente  1   X   X   X   X  Patient  2   5   4   1   -­‐  80  %  Patiente  3   X   X   X   X  Patiente  4   X   X   X   X  Patient  5   4   1   X   -­‐  75  %  Patiente  6   X   X   X   X  Patiente  7   3   2   0   -­‐  100  %  Patient  8   3   1   X   -­‐  66.7  %  Patient  9   6   5   2   -­‐  66.7  %  Patiente  10   4   3   X   -­‐  25  %  

MOYENNE   4,17   2,67   1   -­‐  76  %  

Tableau 15 – Tableau des scores de craving

72

Figure 22 – Évolution moyenne des écarts entre anxiété-trait et anxiété-état,

dimensions somatique et psychique, et craving

(Pour les patients 2, 5, 7, 8, 9 et 10)

    C1   C2   C3   Évolution  (%)  

Écart  AT/AE   8,67   6,17   3,33   -­‐  61.6  %  

Écart  Somatique  AT/AE   4,67   2,83   2   -­‐  57.2  %  

Écart  Psychique  AT/AE   4   4   2,67   -­‐  33.3  %  

Craving   4,25   2,67   1   -­‐  76.5  %  

Tableau 16 – Tableau des scores moyens des écarts entre anxiété-trait et anxiété-

état, dimensions somatique et psychique, et craving

(Pour les patients 2, 5, 7, 8, 9 et 10)

73

- V - DISCUSSION 1. Résumé des principaux résultats de l’expérimentation

a. Le groupe de patients Les 10 patients étudiés et traités incluent 40% d’hommes et 60% de

femmes. Les patients sont âgés de 37 à 63 ans, la moyenne d’âge étant de 50 ans.

L’âge moyen élevé est dû à la faible proportion d’individus jeunes rencontrés lors

des réunions AA. Peu présentent une alcoolodépendance suffisamment

handicapante pour influer une participation à ces réunions. La période

d’abstinence varie de 2 à 84 mois (soit 7 ans), la moyenne d’abstinence étant de

34 mois, soit 2 ans et 8 mois. La limite minimale de 1 mois a été instaurée afin

d’éviter tout syndrome de sevrage. Aucune limite maximale n’a été fixée,

l’anxiété et le craving peuvent perdurer plusieurs mois voire plusieurs années

après le sevrage, et sont parfois même la cause de rechutes.

Il est important de noter que tous les patients pris en charge ne prennent

pas ou plus de traitement pouvant influencer leur état d’anxiété. Chez la plupart,

la prise de Benzodiazépines était courante, mais l’autoévaluation des bénéfices par

rapport aux effets secondaires ne leur convenait pas, provoquant un arrêt total de

la prise médicamenteuse.

La totalité des motifs de consultation concerne le rachis ou les céphalées.

70% des patients se plaignent de cervicalgies : parmi ceux-ci, trois associent des

céphalées et un des lombalgies. 30% sont en rapport avec des dorsalgies, et 10%

concernent des céphalées seules.

74

b. Évolution de l’anxiété dans le temps

Ø Avant la première consultation :

• L’anxiété-trait s’étend de 33 à 72, avec une moyenne de 51.

o Signes somatiques : moyenne 28,6.

o Signes psychiques : moyenne 22,4.

• L’anxiété-état s’étend de 24 à 69, avec une moyenne de 52,9.

o Signes somatiques : moyenne 28,7.

o Signes psychiques : moyenne 24,2.

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état s’étend de 1 à 26, avec une

moyenne de 9,3.

o Signes somatiques : moyenne 5,5.

o Signes psychiques : moyenne 3,8.

Ø Avant la deuxième consultation :

• L’anxiété-trait passe en moyenne de 51 à 37,9, soit une diminution de

25,7%.

o Signes somatiques : moyenne 21, diminution de 26,6%.

o Signes psychiques : moyenne 16,9, diminution de 24,6%.

• L’anxiété-état passe en moyenne de 52,9 à 36,8, soit une diminution de

30,4%.

o Signes somatiques : moyenne 20,1, soit une diminution de 30%.

o Signes psychiques : moyenne 16,7, soit une diminution de 31%.

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état passe en moyenne de 9,3 à 7,4,

soit une diminution de 20,4%.

o Signes somatiques : moyenne 3,8, soit une diminution de 30,1%.

o Signes psychiques : moyenne 4,4, soit une augmentation de 13,6%.

75

Ø Avant la troisième consultation :

• L’anxiété-trait passe en moyenne de 37,9 à 30,75, soit une diminution totale de 39,7%.

o Signes somatiques : moyenne 16,75, soit une diminution totale de

41,6%.

o Signes psychiques : moyenne 14, soit une diminution totale de

37,5%.

• L’anxiété-état passe en moyenne de 36,8 à 32,25, soit une diminution

totale de 30%.

o Signes somatiques : moyenne 16,25, soit une diminution totale de

43,4%.

o Signes psychiques : moyenne 16, soit une diminution totale de

33,9%.

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état passe en moyenne de 7,4 à 3,5,

soit une diminution totale de 62,4%.

o Signes somatiques : moyenne 2,5, soit une diminution totale de

54,5%.

o Signes psychiques : moyenne 2, soit une diminution totale de 47,4%.

L’étude de validation met en évidence une diminution de l’anxiété-trait de

15% et de l’anxiété-état de 33,9% ; la note-trait diminue dans une moindre mesure

que la note-état. En les comparant avec nos chiffres, nous nous apercevons que

l’anxiété-trait de notre étude diminue de manière significative. Pourtant l’anxiété-

trait reflète la personnalité du sujet, et devrait donc beaucoup moins diminuer que

l’anxiété-état ; probablement en raison des différences de traitements effectués et

d’autres facteurs intrinsèques aux deux études : population, pathologie… Il existe,

de plus, une inévitable contamination des réponses d’un questionnaire à l’autre, à

savoir une majoration de l’anxiété-trait au cours d’un épisode anxieux et, au

contraire, une certaine sous-estimation de l’anxiété-trait dans les périodes de

moindre anxiété.

76

L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état passe de 2,1 à 10,9, soit une

progression de 419%. Cet écart, qui diminue fortement dans notre étude, doit être

visualisé en parallèle des évolutions des anxiété-trait et anxiété-état

individuellement. En fait, si l’écart augmente et que les deux anxiétés diminuent,

cela implique tout de même une diminution des notes d’anxiété, voire une forte

diminution de l’anxiété-état. C’est pourquoi nous retrouvons, à 7 reprises, une

augmentation des écarts (surlignés en rouge dans les tableaux) en ayant

systématiquement une diminution de l’anxiété-état dans chaque dimension. C’est

le cas pour les patientes 3, 4, 6 et 10.

La plus forte diminution à noter est celle de la dimension somatique de l’anxiété-

état. De plus, en comparant les écarts des dimensions somatique et psychique,

nous obtenons une plus forte diminution au niveau somatique que psychique. En

utilisant des manipulations manuelles sur les systèmes musculo-squelettique,

myofascial et viscéral, l’ostéopathe soulage de multiples troubles fonctionnels ;

c’est donc sans surprise que la dimension somatique soit celle qui diminue le plus.

Néanmoins, la dimension somatique évoluant aussi vers la diminution, nous

pouvons émettre l’hypothèse qu’il existe un lien entre signes somatiques et signes

psychiques, et que le premier influe directement sur le second.

Au vu des résultats d’évolution de chaque valeur, notre expérimentation met en

évidence une diminution significative de l’anxiété des patients, incluant les

dimensions somatiques et psychiques.

c. Évolution du craving dans le temps Au début de l’étude, seuls 6 patients sur 10 ressentaient cet effet de désir

impérieux de consommer de l’alcool : patients 2, 5, 8 et 9 ainsi que les patientes 7

et 10.

77

Ø Avant la première consultation :

à Le craving s’étend de 3 à 6, avec une moyenne de 4,25.

Ø Avant la deuxième consultation :

à Le craving passe en moyenne de 4,25 à 2,67, soit une diminution de

37,2 %.

Ø Avant la troisième consultation :

à Le craving passe en moyenne de 2,67 à 1, soit une diminution totale

de 76,5 %.

Pour que la comparaison des résultats soit la plus juste possible, nous

avons recalculé les écarts moyens des deux anxiétés et dimensions de ces 6

patients :

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état passe en moyenne de 8,67 à 3,33,

soit une diminution totale de 61,6 %.

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension somatique, passe en

moyenne de 4,67 à 2, soit une diminution totale de 57,2 %.

• L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état, dimension psychique, passe en

moyenne de 4 à 2,67, soit une diminution totale de 33,3 %.

La diminution du craving est impressionnante et devance l’évolution des

valeurs d’anxiété, des signes somatiques et psychiques. Comme pour la dimension

psychique, nous pouvons émettre l’hypothèse que la diminution de l’anxiété est

liée à celle du craving.

78

2. Analyse critique de la pré-étude a. Forces

- Étude sur pathologie connue, mais peu reconnue : L’étude a pour objet l’alcoolodépendance, une pathologie connue dans le

monde entier, mais peu reconnue par le corps médical, faute de résultats sur de

nombreux patients. Le fait de mettre en lien l’ostéopathie avec une telle

pathologie n’est pas chose facile, mais l’analyse de ses principaux symptômes que

sont l’anxiété et le craving après sevrage permet de mettre en place des

protocoles de tests et de traitement pour ainsi évaluer les effets de cet axe

thérapeutique sur les patients malades.

- Satisfaction générale des patients : L’ostéopathie, thérapie méconnue par la majorité des patients de l’étude,

n’est évidemment pas imaginée en première intention par les sujets malades

alcooliques. Cette étude a permis à un certains nombre d’entre eux de découvrir le

travail de l’ostéopathe, non seulement dans son travail quotidien, mais aussi dans

les différentes perspectives imaginées par celui-ci. Une grande satisfaction globale

est constatée au travers des quelques mots que les patients m’ont envoyé par la

suite [Annexe 4]. D’autant plus pour les patients abstinents depuis un certain

nombre d’années et éprouvant encore anxiété et craving.

b. Forces et faiblesses

- Le temps : Entre deux consultations, le délai de 7 à 10 jours n’a pas toujours été

respecté, faute de disponibilité des sujets ou de créneaux utilisables au COH.

Même s’il est difficile de normaliser le facteur temps entre chaque consultation, il

semble indispensable de le faire dans l’optique d’une meilleure fiabilité de l’étude

79

- Protocole fixe et discutable : Les protocoles de tests et de traitement devaient permettre une certaine

assiduité, être réalisables en 45 minutes à 1 heure, reproductibles et identiques

d’une séance à l’autre. Ils ont été conçus dans le respect des principes

ostéopathiques que sont la globalité, le lien entre la structure et la fonction, et

l’homéostasie. Ils sont, certes très voire trop longs, mais prennent en compte

toutes les zones susceptibles d’être touchées par l’alcoolisme et l’anxiété.

Le fait que 40% de la consultation soient en faveur du motif de consultation

engendre une perte de fiabilité quant aux résultats de l’étude. Cependant, aucune

autre zone n’a été traitée, hormis celles du protocole, les motifs de consultation

étant tous en rapport avec les zones testées.

- Moyens d’évaluation : Le questionnaire BATE offre une organisation stable et permet d’analyser

l’évolution de l’anxiété dans le temps. Il a été le moyen d’évaluation le mieux

adapté à notre expérimentation de par sa facilité d’utilisation et de compréhension,

sa forme d’auto-évaluation, et sa structure qui délimite les dimensions somatiques

et psychiques. L’individualisation des dimensions procure une analyse des

résultats pertinente par rapport au traitement effectué (effets de l’ostéopathie sur

les signes fonctionnels). Néanmoins, l’anxiété est une donnée très délicate à

évaluer, tant elle est subjective, fluctuante et dépendante d’autres facteurs tels que

l’environnement personnel, familial et socio-professionnel de l’individu. De plus,

même si le lien entre anxiété et alcoolodépendance paraît évident, aucun moyen

d’évaluation de l’anxiété chez le malade alcoolique n’a été établi.

Le craving est une valeur encore plus difficile à évaluer que l’anxiété car

plus subjective et moins connue du monde médical. Il existe bien un questionnaire

permettant de chiffrer le craving chez l’alcoolodépendant, mais ce dernier

présente des items sur la consommation actuelle en alcool, ce qui n’est pas

pertinent compte tenu que tous nos patients sont abstinents. L’EVA est une bonne

alternative validée et utilisée par le corps médical. L’idée de mesurer le craving

paraît approprié lorsqu’il s’agit d’étudier une pathologie incluant une dépendance.

80

Pour plus de précision et récupérer davantage de données, le questionnaire

BATE aurait du être présenté en début et en fin de consultation. Or, il n’a été ici

distribué qu’en début de consultation car, trop long à remplir, et pour atténuer

toute contamination d’un questionnaire sur l’autre. L’étude ayant débuté, je ne me

suis rendu compte de l’erreur que trop tard.

Les deux variables mesurées étant subjectives, il aurait été intéressant d’utiliser

une autre valeur telle que le rythme cardiaque ou la fréquence respiratoire. Notre

étude aurait gagné en objectivité.

- Échantillon de patients varié : Le groupe de patients recruté est assez hétérogène au niveau du sexe et des

périodes d’abstinence. Mais la relative homogénéité vis-à-vis de l’âge ne permet

pas de tirer de conclusions plus larges quant au lien entre âge, sexe, période

d’abstinence, anxiété et craving.

Il en est de même sur l’efficacité du traitement en fonction de l’âge, de la période

d’abstinence et du motif de consultation. Avoir un groupe de patients varié a

permis de préciser les critères d’inclusio et d’exclusion afin de cibler au mieux la

population sur laquelle on souhaiterait effectuer cette étude à plus grande échelle.

c. Faiblesses

- Absence de groupe témoin, de groupe placebo et faible population : Notre étude pêche quant à l’absence d’un groupe témoin (groupe non traité

en ostéopathie) et d’un groupe placebo (groupe pris en charge mais non traité). La

mise en place de ces deux groupes était impossible face à la première difficulté

qu’a été de trouver les 10 patients acceptant de participer à l’étude. C’est pourquoi

les données de l’étude de validation nous ont servi de témoin. Le groupe placebo

donne matière à s’interroger sur les limites de l’effet placebo (poser les mains

n’est-il pas déjà traiter ?). La faible proportion de patients traités constitue une

base de donnée de taille très limitée et ne permet pas d’émettre une conclusion

81

scientifique et générale. La présence d’un groupe témoin et d’une population de

plus grande taille renforcerait la fiabilité de cette étude.

- Nombre de consultations : Tous les patients n’ont pas reçu le même nombre de consultation, soit par

les disponibilités restreintes de certains sujets, soit par la disparition des

dysfonctions trouvées lors du protocole de tests. De plus, nous ignorons les effets

du traitement après la dernière consultation. Il aurait été judicieux d’augmenter le

nombre de séance et d’effectuer un suivi des patients sur 6 mois, voire 1 an.

- Effet placebo : Lors de l’étude, à aucun moment n’a été suggéré aux patients qu’il y aurait

une amélioration de leur état d’anxiété ou de craving. Mais connaissant le sujet de

l’expérimentation, il est normal que l’effet placebo prenne ici toute sa place. Nous

n’en connaissons pas les limites.

82

3. Ouverture sur des recherches futures Au travers de cette étude de cas, l’efficacité de la prise en charge

ostéopathique sur l’anxiété et le craving après abstinence de patients malades

alcooliques semble être positive. Il semble intéressant d’approfondir cette étude à

plus grande échelle, avec des critères d’inclusion et d’exclusion plus spécifiques

pour une analyse plus représentative des résultats.

Pour cela, il est nécessaire :

• de constituer un échantillon de patients plus important

• d’intégrer un groupe témoin ainsi qu’un groupe placebo

• que le nombre de consultation par patient et le délai entre chacune

d’entre elles soient fixes

• que le suivi des patients s’étale sur au moins 1 an

• que le motif de consultation du patient n’entre pas dans le protocole de

traitement

Cette expérimentation ouvre aussi la possibilité d’une toute autre étude de

cas chez des patients alcoolodépendants hospitalisés dans le cadre d’un sevrage.

Dans cette étude, l’ostéopathe, encadré par une équipe soignante, pourra traiter les

patients tout en ayant l’assurance que tout syndrome de sevrage sera contrôlé.

83

4. Conclusion L’alcoolodépendance, cette pathologie touchant près de 7,7 % de la

population française et responsable de 45 000 décès par an, est aujourd’hui un réel

problème de santé publique. L’alcool est un produit psychoactif qui entraîne une

forte dépendance physique par l’installation d’un déséquilibre neurobiologique et

membranaire ; ainsi qu’une dépendance psychique qui se traduit par une pulsion à

consommer des boissons alcoolisées. Ces deux dépendances sont respectivement

matérialisées par une forte anxiété et un craving.

Les conséquences d’une consommation excessive d’alcool devenue chronique

sont multiples : physiques, psychologiques et comportementales. 1ère cause de

mortalité prématurée, les cancers, pathologies digestive ou cardio-vasculaires sont

en continuité avec cette pathologie. Les solutions proposées aujourd’hui

consistent en un traitement de support à l’initiation du sevrage, incluant

l’absorption de médicaments eux-mêmes psychoactifs.

Dans cette pré-étude, nous avons tenté d’évaluer les effets d’un protocole de

traitement ostéopathique sur l’anxiété et le craving du sujet alcoolodépendant. À

l’aide du questionnaire sur l’anxiété BATE et d’une EVA pour le craving, nous

avons pu quantifier l’impact du traitement au fil des séances. Bien que la taille du

groupe de patients soumis à l’étude soit réduite et en l’absence de groupes témoin

et placebo, les résultats obtenus sont positifs : un traitement ostéopathique des

tissus touchés par la maladie alcoolique et par le trouble anxieux tend à réduire

l’anxiété et le craving des patients alcooliques. Les scores d’anxiété-trait et

anxiété-état diminuent de 39,7 et 39%. Le score du craving diminue de 76,5%. La

baisse de ces scores confirme l’amélioration de l’état anxieux et du désir de boire

chez ces patients.

Malgré les contraintes liées à la taille de l’échantillon de patients, et les difficultés

quant à l’évaluation précise et objective de l’anxiété et du craving, les résultats

prometteurs de cette étude de cas sont autant une raison pour poursuivre cette

expérimentation à plus grande échelle.

84

Considérant l’alcoolodépendance comme une pathologie touchant l’individu dans

sa globalité, la collaboration avec d’autres professionnels de santé serait

intéressant à aborder pour traiter au mieux les patients malades. La validation de

nos résultats par des études plus précises et plus objectives favoriserait la

reconnaissance du rôle de l’ostéopathe dans la prise en charge du patient

alcoolique, justifiant son intégration au sein d’une équipe soignante

pluridisciplinaire.

85

- VI - BIBLIOGRAPHIE

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22 Société française d’alcoologie, « Référentiel de bonnes pratiques cliniques, Sevrage simple en alcool », 2006.

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29 HEINZ A., BECK A., GRUSSER S.M., GRACE A.A., WRASE J., Identifying the neural circuitry of alcohol craving and relapse vulnerability, Addiction Biology, 2008.

30 ADÈS J., LEJOYEUX M., « Conduites alcooliques : traitement, Psychiatrie », EMC, 1996.

87

31 BRANDON T.H., VIDRINE J.I., LITVIN E.B., « Relapse and relapse prevention. Annual Review of Clinical Psychology », 2007. 32 DAVOUST Caroline, Ostéopathes et médecins généralistes : Où en sommes-nous ?, Paris, Institut Dauphine d’Ostéopathie, Mémoire, 2012. 33 WARNER M.D., DENSLOW J.S., GUTENSOHN M.T. et al., « Interpretation of osteopathic concept prepared by committee at Kirksville, J Osteopath », Kirksville College of Osteopathy and Surgery, Kirksville, Octobre 1953. 34 Disponible sur : www.alcooliques-anonymes.fr [Consulté le 15/09/2014]. 35 MOOS R.H., MOOS B.S., « Paths of entry into alcoholics anonymous: consequences for participation and remission. Alcohol Clinical and Experimental Research », 2006. 36 FERRI M., AMATO L., DAVOLL M., « Alcoholics Anonymous and other 12-step programmes fort alcohol dependence, Cochrane Database of Systematic Reviews 2006 », 2009. 37 LOUREL M., « Stress et santé : le rôle de la personnalité. Présentation de quelques outils d’évaluation de la personnalité, Recherche en soins infirmiers », no 85, 2006. 38 ANAES, Diagnostic et prise en charge ambulatoire du trouble anxieux généralisé de l’adulte, 2001. 39 ANAES, Service des recommandations et références professionnelles, Questionnaire BATE de Bonis Anxiété Trait-Etat, mars 2001. Disponible sur internet : www.sideralsante.fr [Consulté le 10/11/2014].

40 Congrès Français de Psychiatrie. Le craving : approche transversale, dimensionnelle et translationnelle, 2012. 41 CAPOROSSI Roger, Le système neuro-végétatif et ses troubles fonctionnels, Verlaque, 1995. 42 BARRAL J.P. et MERCIER P., Manipulations viscérales, Elsevier, 2004. 43 NICHOLAS A.S., NICHOLAS E.A., Atlas des techniques ostéopathiques, Maloine, 2011 p 490. 44 CHANNELL M.K. et MASON D.C., Guide de consultation ostéopathique, Bruxelles, De Boeck, 2012.

88

45 TRICOT Pierre, Approche tissulaire de l’ostéopathie, un modèle du corps conscient, Sully, 2002, p 206. 45 CHANTEPIE A., PÉROT J-F., TOUSSIROT P., Ostéopathie clinique et pratique, Paris, Maloine, « Cahiers d’Ostéopathie », 2010, p 385. 47 FISCHER M. et ERIAU B., Thrust, sémiologie, imagerie, Masson, 2009. 48 MAGOUN H.I., L’ostéopathie dans le champ crânien, Sully, 1951. 49 SUTHERLAND W.G., Textes fondateurs de l’ostéopathie dans le champ crânien, Sully, 2002. 50 SUTHERLAND W.G., La membrane de tension réciproque, Extrait de Contribution of Thought, 1953. 51 DE BONIS M., FERREY G., « Anxiété-trait, anxiété-état changement réel, changement apparent, L'encéphale: revue de psychiatrie biologique et thérapeutique », 1975. 52 DE BONIS M., « Content analysis of 27 anxiety inventories and rating scales, Modern problems of pharmacopsychiatry », 1974.

89

- VII - ANNEXES 1. Annexe 1 – Présentation de la prise en charge et formulaire de consentement

Vincent CARADEC [email protected] 06.71.92.30.98

Présentation de la prise en charge et formulaire de consentement

Madame, Monsieur, Dans le cadre de la validation finale de mes études d'ostéopathie à l'Institut Dauphine d'Ostéopathie, je réalise un mémoire portant sur l'alcoolo-dépendance. J'ai choisi d'effectuer un travail de recherche sur l'anxiété et l'effet de « craving » (désir conscient et intense de consommation d'alcool) suite à un sevrage alcoolique. L'ostéopathie est une thérapie manuelle qui s'emploie à déterminer et à traiter les restrictions de mobilité qui peuvent affecter l'ensemble des structures du corps. Toute perte de mobilité des articulations, des muscles, des ligaments ou des viscères peut provoquer un déséquilibre de l'état de santé, physique ou mental. Par le biais d'un travail expérimental, je souhaite mettre en évidence l'intérêt d'une prise en charge ostéopathique ayant pour but d'influencer les facteurs anxiété et craving. L'étude reposera sur un suivi ostéopathique gratuit, constitué de 2 à 3 séances espacées de 7 à 10 jours chacune.

Je soussigné(e) ..........................................

En signant ce formulaire, je certifie - être malade alcoolique abstinent et présenter des signes d'anxiété.

- que l'on m'a expliqué le déroulement de l'expérimentation. - comprendre que ma participation à cette étude est totalement gratuite et

volontaire. - m'engager à informer M. CARADEC sur les résultats du traitement.

90

- avoir été informé que mes renseignements personnels resteront confidentiels.

- accepter que les données récoltées lors de cette étude fassent l'objet d'une étude respectant l'anonymat.

Je consens par la présente à participer librement à l'étude réalisée par M. CARADEC

Fait à ............. le ..............................

Signature du patient Signature de l'investigateur Précédée de la mention « lu et approuvé »

91

2. Annexe 2 – Questionnaire BATE (de Bonis Anxiété Trait- État)

• Questionnaire Anxiété-Trait :

# # Tout%à%fait%faux,%jamais%

Parfois,%%un%%peu%

Assez%vrai,%assez%souvent%

%Vrai,%%

souvent%

Tout%à%fait%%vrai,%

toujours%1% J'ai peur des rats.# # # # # #2% J'ai tendance à être tellement énervé(e) que j'ai du mal à m'endormir.# # # # # #3% J'ai tendance à me faire du souci à propos de tout et de rien.# # # # # #4% J'ai tendance à être constipé(e).# # # # # #5% J'ai peur des araignées.# # # # # #6% J'éprouve habituellement une peur diffuse de l'avenir que je n'arrive

pas à expliquer.# # # # # #7% Je suis habituellement fatigable.# # # # # #8% Je suis sujet(te) à des tremblements.# # # # # #9% J'ai toujours envie de manger.# # # # # #10% Enfant, j'étais d'une santé fragile.# # # # # #11% J'ai tendance à m'évanouir facilement.# # # # # #12% J'ai tendance à penser qu'il va arriver quelque chose de mauvais ;

j'appréhende le pire.# # # # # #13% J'ai tendance à me tourmenter à propos de ce que les gens pensent

de moi.# # # # # #14% Lorsque j'étais petit(e), mes parents étaient sévères avec moi.# # # # # #15% Je suis sujet(te) à des périodes d'agitation au cours desquelles je

suis incapable de rester en place.# # # # # #16% J'ai tendance à me faire du mauvais sang pour rien.# # # # # #17% Je me sens pas heureu(se) en général.# # # # # #18% J'ai tendance à avoir peur de la foule.# # # # # #19% J'ai facilement des maux d'estomac.# # # # # #20% Je suis habituellement tendu(e) et contracté(e), sur les nerfs.# # # # # #21% J'ai tendance à transpirer facilement même lorsqu'il ne fait pas très

chaud. # # # # #

22% Je suis facilement oppressé(e).# # # # # #23% Lorsque j'étais petit(e), mes parents souhaitaient que je fasse du sport. # # # # #24% J'ai tendance à me dire que je ne suis bon(ne) à rien.# # # # # #25% J'ai tendance à avoir la diarrhée.# # # # # #26% J'ai tendance à avoir la gorge nouée (serrée).# # # # # #27% J'ai tendance à avoir les pieds ou les mains glacés.# # # # # #28% Je suis prédisposé(e) à avoir des maux de tête.# # # # # #29% J'ai peur de serpents.# # # # # #30% J'ai tendance à avoir le vertige.# # # # # #31% En général, j'ai peur en voiture.# # # # # #32% En général, je pleure facilement.# # # # # #33% J'ai tendance à faire des cauchemars.# # # # # #34% En général, cela m'énerve d'être obligé(e) d'attendre.# # # # # #35% En général, je n'aime pas l'obscurité, j'ai peur du noir.# # # # # #36% J'ai tendance à avoir la chair de poule ou des frissons même s'il ne

fait pas froid.# # # # # #37% J'ai tendance à penser que je ne sers pas à grand-chose, que je suis

inutile. # # # # #

38% Je rougis facilement.# # # # # #39% Habituellement, je n'aime pas rester seul(e) la solitude me fait peur.# # # # # #40% J'ai tendance à avoir des palpitations sans que cela s'explique par un

effort.# # # # # ##

92

• Questionnaire Anxiété-État :

Tout%à%fait%faux,%jamais%

Parfois,%%un%%peu%

Assez%vrai,%assez%souvent%

%Vrai,%%

souvent%

Tout%à%fait%%vrai,%

toujours%1% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#senti#que#j'avais#la#gorge#nouée.# # # # # #2% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#je#me#suis#fait#du#souci#à#propos#de#tout#

et#de#rien.## # # # #

3% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#ressenti#une#impression#de#tension,#j'étais#contracté(e),#tendu(e),#sur#les#nerfs.#

# # # # #

4% J'ai#eu,#au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#la#chair#de#poule#ou#des#frissons#qui#n'étaient#pas#dus#au#froid.#

# # # # #

5% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#penser#que#j'étais#inutile#et#que#je#ne#servais#pas#à#grand?chose.#

# # # # #

6% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#je#me#suis#fait#du#mauvais#sang#pour#rien.#

# # # # #

7% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#été#constipé(e).# # # # # #8% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#pleurer.# # # # # #9% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#faire#des#cauchemars.# # # # # #10% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#eu#des#palpitations#qui#n'étaient#pas#

liées#à#un#effort.## # # # #

11% En#ce#moment,#je#ne#supporte#pas#la#foule.# # # # # #12% En#ce#moment,#je#sens#que#je#ne#pourrais#pas#supporter#la#vue#d'un#serpent.# # # # # #13% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#eu#le#vertige.# # # # # #14% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#je#me#suis#évanoui(e).# # # # # #15% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#transpirer#sans#

que#cela#soit#dû#à#une#température#élevée## # # # #

16% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'étais#agité(e)#au#point#de#ne#pouvoir#rester#en#place.#

# # # # #

17% J'ai#eu,#au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#des#envies#de#manger.# # # # # #18% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#je#me#suis#senti(e)#oppressé(e).# # # # # #19% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#rougir.# # # # # #20% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#été#tourmenté(e)#par#l'opinion#

des#autres#sur#moi## # # # #

21% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#de#trembler.# # # # # #22% En#ce#moment,#je#me#sens#fatigué(e).# # # # # #23% En#ce#moment,#je#ne#me#sens#pas#heureux(se).# # # # # #24% En#ce#moment,#j'ai#l'impression#que#je#ne#suis#bon(ne)#à#rien.# # # # # #25% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#éprouvé#une#peur#diffuse#de#

l'avenir#que#je#n'arrive#pas#à#expliquer.## # # # #

26% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#je#ne#pouvais#pas#rester#seul(e),#la#solitude#me#faisait#peur.#

# # # # #

27% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#eu#des#maux#d'estomac.# # # # # #28% En#ce#moment,#je#redoute#de#monter#en#voiture.# # # # # #29% J'ai#eu,#au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#les#pieds#ou#les#mains#glacés.# # # # # #30% En#ce#moment,#je#sais#que#je#ne#pourrais#pas#supporter#la#vue#d'un#rat.# # # # # #31% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#eu#mal#à#la#tête.# # # # # #32% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#il#m'est#arrivé#d'appréhender#le#pire,#

d'avoir#le#pressentiment#qu'il#allait#m'arriver#quelque#chose#de#mauvais.## # # # #

33% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'ai#eu#la#diarrhée.# # # # # #34% En#ce#moment,#je#sens#que#je#ne#pourrais#pas#supporter#la#vue#d'une#

araignée.## # # # #

35% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#j'étais#tellement#énervé(e)#que#j'avais#du#mal#à#m'endormir.#

# # # # #

36% En#ce#moment,#je#ne#peux#pas#rester#dans#l'obscurité,#j'ai#peur#du#noir.# # # # # #37% Au#cours#de#ces#huit#derniers#jours,#cela#m'énervait#d'être#obligé(e)#

d'attendre.## # # # #

93

3. Annexe 3 – Aide à l’anamnèse

Age / Sexe / Sport Date d'abstinence : Angoisses par rapport à abstinence : Craving :

• MDC : Ou? Quand? Comment? Mécanique ? Inflammatoire ? Signes neuro-déficitaires ?

• Signes fonctionnels : ORL : Céphalées / Migraines : Vertiges / Acouphènes / Oreille bouchée : Bruxisme / Clenching diurne ou/et nocturne : Lunettes (correction, signes asthénopiques) : Cardio-pulmonaire : Palpitations : Dyspnée : Asthme / allergies : Digestif : Brûlures d'estomac / RGO / Fibroscopie : Difficultés à digérer graisses, fatigue/ballonnements post-prandiaux, douleur HCD : Dlr abdominales, ballonnements, flatulences, tendance constipation/diarrhée : Urinaire : Douleurs à la miction, difficultés à uriner : Gynéco : Suivi, Ménopause, Nombre enfant, césarienne : Semelles?

• ATCD : Traumatiques Chirurgicaux Médicaux

94

4. Annexe 4 – Quelques mots des patients

• Patiente 4 : « Sur 2 séances, j’ai ressenti un réel bénéfice dès la deuxième, beaucoup

moins de tensions au niveau des trapèzes et des cervicales, surtout lorsque je

posais ma tête dans vos mains et ressentais une intense chaleur et l’impression de

tanguer, ce qui m’a surprise par la détente physique et morale que cela m’a

procuré. Une réelle détente également au niveau du ventre et du dos, qui me

donnait la sensation d’être plus légère. Lors que je revenais de séance, je

ressentais une grande fatigue mais une bonne fatigue. »

• Patient 9 : « Entre la première et la deuxième séance, je me suis senti plus heureux.

D’ailleurs je vous en ai fait part lorsque nous nous sommes vu pour la deuxième

fois. »

95

Résumé Introduction : Le but de cette pré-étude, réalisée au Centre Ostéopathique des Halles, est d’évaluer l’évolution de l’anxiété et du craving chez des patients alcoolodépendants, suite à un sevrage alcoolique. Méthodes : Cette étude a mesuré l’anxiété-trait et l’anxiété-état, incluant chacune les dimensions somatique et psychique, à l’aide du questionnaire BATE (Bonis Anxiété Trait État) ; et le craving grâce à une Échelle Visuelle Analogique (EVA). Un échantillon de 10 patients ayant reçu 2 à 3 consultations ostéopathiques, espacées de 7 à 10 jours chacune, a été utilisé. Résultats : Les scores moyens d’anxiété-trait et d’anxiété-état ont respectivement diminué de 39,7% et 39%. L’écart entre anxiété-trait et anxiété-état a lui diminué de 62,4%. Le score de craving a diminué de 76,5%. Les résultats concordent avec ceux de l’étude de validation du questionnaire BATE. Conclusion : Une diminution significative et prometteuse de ces résultats est observée, malgré les difficultés liées à la taille de l’échantillon constitué et les contraintes quant à l’évaluation de l’anxiété et du craving, valeurs subjectives. Mots clés : Alcoolisme, alcoolodépendance, anxiété, craving, ostéopathie. Abstract Introduction : Carried out at the Centre Ostéopathique des Halles, this study aims at assessing the evolution of anxiety and craving on alcoholic patients after alcohol withdrawal. Methods : This study has measured ‘trait-anxiety’ and ‘state-anxiety’ both including somatic and psychic measurements with the ‘Bonis Anxiété Trait-Etat’ questionnaire (BATE). Craving was determined by Visual Analog Scale (VAS). A sample size of 10 was used and patients were seen 2 or 3 osteopathic consultations with intervals of 7 or 10 days between each. Results : The average ‘trait-anxiety’ and ‘state-anxiety’ rates have decreased by 39,7% and 39% respectively. As regards the difference between ‘trait-anxiety’ and ‘state-anxiety’, it has decreased by 62,4%. The craving rate has decreased by 76,5%. The results match the validation study of the BATE questionnaire. Conclusion : Despite difficulties concerning the sample size and the inconvenience of anxiety and craving evaluation, a significant and hopeful decrease of rates has been observed. Key words : Alcoholism, anxiety, craving, osteopathy.