Dieu Voyage Tou73

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13/14 MARS 10Quotidien Paris

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Eléments de recherche : EDITIONS ANNE CARRIERE : toutes citations

Laurent Gounelle oula fabrique du bonheur

Le bonheur fait recette, Laurent Gou-neile en sait quelque chose. H faitaujourd'hui partie de ces auteurscombles depuis la parution de sonHomme qui voulait être heureux et ilréitère l'expérience avec un nouveauroman, Dieu voyage incognita (Anne

Carrière), tout juste sorti en librairie.À quoi ressemble un homme qui prétend

connaître le secret du bonheur ? Foin de l'image-rie. Ni à un ermite barbu qui serait resté trop long-temps caché au fond des bois, ni à un sadhu médi-tant le long du Gange. Laurent Gounelle, petitequarantaine et haute stature, aimable et souriant,reçoit chez lui a Sceaux, lin appartement tran-quille en plein centre-ville. Le parc de la petitedernière trône dans un coin du salon, une assiettede macarons est posée sur la table basse qui dé-borde d'albums de développement personnel des-tinés aux tout-petits (Tchoupi va à l'école). On su-bodore que Léonie (3 ans) et Charlotte (9 mois)ont déjà leur idée bien précise du bonheur.

Laurent Gounelle a, quant à lui, longtempsignoré ces questions. Avant de devenir un spécia-liste en développement personnel et, depuis peu,un auteur à succès, U était tout autre. « C'est cer-tain, je n'étais vraiment pas épanoui. » Le mot esttombé. Être ou ne pas être épanoui est bien l'affai-re de notre époque, en lemoigne le succès vertigi-neux des ouvrages qui prétendent donner la re-cette du bonheur à nos contemporains. Avant delivrer la sienne, Laurent Gounelle l'a expérimen-tée. C'était il y a une quinzaine d'années, l'hommed'affaires, ex-contrôleur de gestion besogneux,qui ne s'était jamais posé trop de questions sur lesens à donner à sa vie, a une révélation. Il décou-vre aux États-Unis la portée de la programmationneurolinguistique (PNL) et l'influence de la psy-chologie cognitive. Il s'en étonne encore : « Ce futune révélation, /'avais l'impression de découvrirmon mode d'emploi. » D'autant plus fortement quel'univers dont U était issu s'inscrivait depuis l'en-fance à l'opposé de ces théories.

Déontologie du sageLe message parental avait toujours été clair. « Debonnes études, un bon métier, un bon salaire et tuseras heureux », résume Laurent Gounelle. Legarçon a grandi à Bourg-la-Reine dans les Hauts-de-Seine entre un père scientifique directeur d'unlaboratoire de physiologie et une mère kinésithé-rapeute qui le couve excessivement. De fait, iln'est rentré à l'école qu'à l'âge de 6 ans, lors-

qu'elle devient obligatoire. Il en a gardé le souve-nir d'un traumatisme. « Je n'avais ni les codes ni levocabulaire des autres enfants. J'ai adoré l'école,mais uniquement le rapport prof-élève. J'étais ul-tratimide. Je le suis resté longtemps, sans jamais meposer aucune question sur moi. »

Après le lycée, le jeune homme entre à la facultéde Dauphine, en ressort diplôme en économie eten commerce extérieur. Endosse les habits ducontrôleur de gestion. Décroche un premier posteaux Nouvelles Messageries de la presse parisienneavant d'essayer la grande distribution. Il se re-trouve à la tête de quarante personnes dans unmagasin de bricolage en banlieue. L'armure, for-gée aux convictions parentales, commence à secraqueler. Il décide alors de créer sa propre entre-prise, une boite d'import-export. Il négocie enAsie l'achat de gants de jardinage qu'il revend enFrance. L'épanouissement n'est toujours pas aurendez-vous, mais bien le dépôt de bilan.

C'est à ce moment-là que Laurent Gounelle dé-cide de s'intéresser à la psychologie et met en pra-tique ce premier précepte clé : « Rompre avec lesliens qui nous enchaînent ». En quèlques mois, ilavale les ouvrages puis reprend la fac, enchaîne lesstages, aux États-Unis, en Malaisie, à Bali la bien-heureuse, presque partout sauf en France où cesdisciplines ne sont absolument pas reconnues. « Jeme souviens de mon prof de psycho à Nanterre, quifaisait rire l'amphi tout entier en raillant la PJVL. Ici,on ne jure que par la psychanalyse. »

Convaincu que la culture de l'entreprise doitévoluer, Laurent Gounelle décide de proposer sesservices pour former les managers. II continued'ailleurs à codiriger une société de conseil et en-seigne également les techniques de communica-tion à l'université de Clermont-Ferrand. Il a déve-loppé ses propres outils psychométriques à l'usagedes responsables des ressources humaines sousforme de cartographie et de tests. Loin effective-ment de l'image du sage dans sa cahute de bam-bous au fond de la jungle balinaise. Point trop an-gélique, mais se jurant responsable, dans uneversion neuve et métissée bien dans l'air dutemps : « fl faut agir en conscience de ses actes cequ 'enseignent certaines pm'losophies orientales. EnOccident, on semble ne plus avoir le temps. » II pré-fère donc préciser : « Je ne vends pas ces outils auxentreprises qui font du recrutement, maigre leur de-mande. Je les destine uniquement au conseil. »

Là se niche la déontologie du sage qui connaît lachanson de la société occidentale moderne.À chacun de bricoler sa petite entreprise person-



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nelle de quête du bonheur La ou les anciens di-saient epicunsme, le christianisme, béatitude etles hippies, hédonisme débride, l'hommecontemporain prône un devoir de bonheur respensable, une vision sage en partie dictée par lacrise et attentive aux influences extérieures,mondialisation oblige Notre temps adepte dusyncrétisme raffole des grands passeurs, commele moine bouddhiste Matthieu Ricard ou le philosophe Christophe Andre, qui savent si bien distiller les leçons sous la forme d'ouvrages a succesEn 1994, Paulo Coelho le faisait déjà a sa maniereavec L'Alchimiste « On achetait L'Alchimiste

Après son romanL'Homme qui voulait

être heureux,ce spécialiste

du développementpersonnel

a connu un immensesuccès. Il sembleen effet répondre

à un soucide ses contemporains

avides de recetteset publie un deuxième

roman promisau même accueil.

PAR FRANCOISE DARGENTpour faire au men a ses proches Laurent GouneUeest dans cène lignée Jl apporte quelque chose auxgens et séduit par sa simplicité », disait récemmentAnne Carriere, qui les édita tous deux alors qu'ilsétaient l'un et l'autre parfaitement inconnus

Ainsi, Laurent GouneUe incarne le visage dumessager du bonheur dans sa version XXIe siecle,façon coach bienveillant Maîs il n'est pas pour

autant beat Ainsi, il n'a pas attendu les autrespour faire la promotion de son livre Sans rienconnaître du monde de l'édition, il a décroche sontelephone pour demander un entretien avec AnneCarriere II a réussi a la convaincre de lire son ma-nuscrit, qui fut édite d'abord a I 200 exemplaires II put alors appliquer un deuxieme precepte« Ne pas se laisser décourager par des influencesextérieures » C'est lui aussi qui décida de menercampagne sur Internet, sur le site cadreemploi frnotamment, avant que le bouche a oreille necommence a fonctionner autour de L'Homme quivoulait etre heureux Aujourd'hui, l'ouvrage s'estvendu a 220 000 exemplaires et est mdetronablede la liste des meilleures ventes de livre, bien qu'ilsoit sorti depuis deux ans déjà

Savoir dire non et oserDans ce roman boucle au terme de trois moisd'écriture, « et quinze ans de travail », précisel'auteur, le heros se libere de ses pesanteurs grâceaux leçons d'un sage balmais rencontre lors d'unsejour sur l'île L'homme n'est pas vraiment aufond du trou, maîs il est vaguement conscient dela vacuité de son existence, légèrement deprime,en somme La réponse a son mal etre, formuléepar le vieux sage dans le bruissement des bambous, tiendra en quèlques preceptes bien connusdes coachs avoir confiance en soi, savoir dire nonet oser Plutôt qu'un manuel, Laurent GouneUe asouhaite écrire un roman, « qui transforme davantage le lecteur qu'un guide Je croîs beaucoup en sonpouvoir métaphorique Je n'ai cependant aucunepretention litteraire, je suis avant tout un pedagogue Mon but est de transmettre » Et un troisiemeprécepte a retenir « Savoir ce que l'on veut »

Pour son nouveau roman, Dieu voyage toujoursincognito, Laurent Gounelle n'a rien néglige lacouverture vert nature ressemble a un produit demedecine douce l'ouvrir, c'est déjà se faire dubien L'auteur renoue avec la parabole, contantl'histoire d'un comptable deprime sauve du suicide par un mystérieux individu, en échange d'unpacte « Pour celui-là, }e me suis lâche, ]'ai pris duplaisir a l'écrire, même si cela a ete beaucoup pluslong que pour le premier », souligne Laurent Counelle, devant l'ouvrage qui totalise plus de400 pages ll ne semble pas affole outre mesurepar la reaction des lecteurs « Je reste sincère parrapport a ma demarche Je me sens enfin connecteavec les gens Quant au succes, tout est impermanence Sl le deuxieme livre fait un flop, cela ne ferapas de moi un homme malheureux » On le croîtvolontiers •



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L'ex-contrôleurde gestion

incarne le visagedu messager dubonheur dans sa

version XXI* siecleF BOUCHON/LE FIGARO

On achetait L'Alchimiste pour fairedu bien à ses proches,

Laurent Gounelle est dans cette lignée »ANNE CARRIÈRE, ÉDITRICE p MATSAS OPALE

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