Didactique journalisme
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DIDACTIQUE DU JOURNALISME ET ÉVALUATION DE L’INFORMATION
Olivier Le [email protected] et docteur en sciences de l’information et de la communication

Informer plutôt que déformer
S’informer = se
former
Informer = Former
In-formare = Prise de
forme

Mise au point
Exposé issu d’un projet de
recherche autour de la formation au journalisme
avec questionnaires à
des « journalistes » actifs sur le web
notamment.
Une recherche qui recoupe des travaux autour
de la formation à l’information et
la culture de l’information
Des actions et des observations
de terrain

Une vision élargie de l’Education à l’information
L’Education aux médias devient de plus en plus active
Il s’agit donc de former autant à la réception qu’à la production

Première partie : les mutations du journalisme
Une profession
Ou des compétences
(savoirs + savoir-faire) à transmettre ?

Les enjeux
Le numérique fait évoluer les processus et la diffusion de l’information
« L'ADN de l'info a changé, il faut changer l'ADN des journalistes. » (citation sur le blog de Benoît Raphaël)

Concurrence ou convergence ?Nouveaux outils : essor d’agrégateurs de news dans le style de Google news ou de Wikio.
Considérés comme des outils par certains professionnels
Les robots journalistes ?
Les blogueurs ?
Le journalisme citoyen ex: Agoravox.

Journalisme plutôt que journaliste Quelles compétences et savoirs ? « Je n'utilise pas le mot "journaliste",
mais "journalisme". Le journalisme pris comme une fonction (intégrant donc le partage de compétences journalistiques avec des non professionnels), non comme un métier. »
Benoît Raphaël. Révolutionner la presse: la "Google Newsroom" in Demain tous journalistes. Billet du 12 janvier 2010<http://benoit-raphael.blogspot.com/2010/01/revolutionner-la-presse-la-google.html

Le numérique : nouvelles compétences
Maîtrise des techniques de gestion, de traitement et de diffusion de l’information
De nouveaux environnements de travail
De nouvelles sources ? (ex : twitter)
De nouveaux types de lecteurs
De nouvelles manières d’interagir

Changement de décor
Nouvelles rédactions
Journaliste « assis »…parfois éloigné des sources primaires
Journaliste de terrain
Journaliste nomade connecté.

Compétences partagées ou « bunkérisation » ?
Face à une concurrence diverse, la tentation pourrait être celle de la « bunkerisation » pour défendre la profession.une tentation qui n’est pas nouvelle et qui a déjà par le passé constitué un moyen de distinguer des formes de journalisme amateur d’autres plus professionnelles.

Le journaliste
Reconnaissance syndicale
Le journalisme est parvenu au cours du siècle précédent à se constituer en un groupe reconnu dans une démarche de mise en visibilité et de relative homogénéité de la profession
Mais les compétences sont restées floues… démarche inverse des documentalistes ?

Face à la concurrence d’amateurs
qui maîtrisent parfois bien mieux les outils techniques…
Les « pro-am »
Amateurs éclairés ou dégradation de la qualité et des conditions de travail ?

Les proximités professionnelles
Plusieurs compétences ne sont pas ou plus l’apanage du journaliste :
des techniques de recherche ou de traitement de l’information.
l’émergence d’une compétence documentaire (Pélissier, 2009) quant à la maîtrise de la recherche d’informations notamment avec le moteur de recherche Google.de capacité à bidouiller, c’est-à-dire à se confronter à la technique quand le besoin se fait ressentir, même s’il s’agit de code informatique.
Avènement de journalistes programmeurs ?

Le flou des Multi-compétences Pourtant, cette évolution vers de
multiples compétences ne contribue pas à distinguer pleinement celles qui caractérisent le journalisme

Une obligation schizophrénique
« Les jeunes journalistes sont poussés à acquérir des compétences techniques nouvelles et surtout polyvalentes, alors que la polyvalence n'était pas du tout encouragée auparavant (au contraire). C'est le modèle du "journaliste Shiva", qui fait de l'écrit, de l'image et du son, simultanément, et comme il peut. »
Propos de Guillaume Narvic.

Précarisation sociale
Ethique en toc?
Un statut difficile d’accès pour les plus jeunes
Des phénomènes de stagiarisation
Des piges pas payées….ou très tardivement

Une culture de l’information propre au journalisme?
Formes hybrides:
Journalisme de liens (proximités avec la documentation)
Journalisme de données (proximités avec le développement informatique)
« journadocumentalistes », « recherchistes »
« Curators », organisateurs et filtreurs de données

Des modèles hybrides à construire « Tous nos journalistes sont aussi
éditeurs de contenu et pour la plupart associés au sein de la société, explique Nicolas Voisin. Environ 40 % des articles sont produits par la rédaction, le reste provient de notre réseau de bloggers, de journalistes, d'universitaires...«
Nicolas Voisin. Directeur d’Owni. 28/11/2010 dans Les Inrocks.

Rationalisation des savoirs
Trop grand flou
Confusion dans la notion même d’information
Influence mal assumée des théories de Shannon et Weaver ainsi que de la cybernétique

Un vocabulaire à interroger
« Par exemple, issus de la théorie mathématique de l’information dans les télécommunications, des termes passent peu à peu dans « l’autre univers » de l’information « journalistique », tels que les questions du bruit et du signal ou encore du filtrage, sans qu’il soit bien clair s’il s’agit d’abus de langage, de métaphores plus ou moins assumées ou d’un réel effort théorique pour appliquer les enseignements de l’un à la pratique de l’autre. »
Guillaume NARVIC. L’ultime bataille du journalisme contre la presse. Növovision. Billet du 28 novembre 2008. Disp sur :<http://novovision.fr/?L-ultime-bataille-du-journaliste>

Revaloriser la technique
« Cela impose au journalisme une clarification terminologique qui lui répugne, comme il a toujours refusé de se définir lui-même avec précision. Le journalisme n’a jamais voulu choisir entre se définir par une compétence ou par une déontologie, par une fonction technique dans l’univers socio-économique ou par un rôle politique dans la cité. Le journalisme navigue depuis l’origine entre ces deux pôles, sans choisir ni l’un ni l’autre, sans même tenter de se positionner entre les deux, en tentant d’articuler clairement une relation entre les deux. »
Guillaume Narvic

Mythe de l’unité
« Des cultures professionnelles très différentes ».
Un même vocable pour des réalités diverses :
Pigistes, présentateur de JT, correspondant, reporter…
Presse spécialisée, Presse quotidienne régionale, Presse nationale, rédactions web, hyperlocal

Une ingénierie ?
Une culture technique
Plutôt qu’une culture littéraire ?
La sortie du flou et du fameux flair et de l’intuition pour exprimer de réels savoirs et savoir-faire

Une éthique face à la marchandisation
l’éthique de l’information paraît bien souvent incompatible avec la dimension marchande associée à l’information

Une culture de l’information ? Parfois opposée… Entre faire plaisir au public Et lui faire accéder à l’information

2. Deuxième partie : la formation
Former les journaliste
s…
Ou former au
journalisme ?

Quel type de formation au journalisme : de la professionnalisation à l’éducation ?
Distinction entre les objectifs de former au journalisme de celui de former les journalistes
la seule formation de professionnels apparaît désormais insuffisante et trop restreinte.
Une éducation aux médias qui est de plus en plus active notamment grâce aux potentialités du numérique qui permettent autant de réaliser que de voir et de lire.
Par conséquent, il incombe de former davantage au journalisme qu’au métier de journaliste.

Une intégration plus précoce dans les cursus ?
constat du développement du journalisme sous des formes diverses avec des compétences techniques
Processus de déprofessionnalisation qui est à l’œuvre mis en avant par Ruellan.
Guillaume Narvic parle d’une dilution du journalisme.

Une didactique du journalisme alors ?
Oui…mais pas à
réinventer
totalement
Des
terr
ai ns
com
mun
s à cons
t
ruire
Des
savoirs et
des notio
ns à identifier

Didactique du journalisme et de l’information
La piste de la didactique de l’information
une rationalisation des savoirs.
Distinguer les notions, les savoirs à transmettre
Réunir différentes éducations : à l’information, à l’informatique, aux médias, etc.

Pistes et proximités avec la translittératie La transliteracy se définit comme
« l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plateformes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma, jusqu’aux réseaux sociaux »
La traduction en français a été trouvée sur le blog de François GUITE. In Guitef. Disp. Sur : <http://www.opossum.ca/guitef/archives/003901.html> Citation originale : « Transliteracy is the ability to read, write and interact across a range of platforms, tools and media from signing and orality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital social networks.”

Un état de majorité
«il faut d'abord être formé à
l'information avant d'être formé par l'information ».
Jean Yves Loiseau
le journalisme ne peut demeurer un domaine réservé à
quelques professionnels.
C’est alors que l’expression de « journalisme
citoyen » pourra éventuellement prendre tout son
sens

Culture de l’information et majorité
Majorité de
l’entendement (Kant)
Majorité technique (Simondon
)

L’état de minorité.
Dans l’état minoritaire, la technique n’est justement pas pensée, elle est oubliée voire évacuée tant elle est devenue constitutive de notre environnement :
« Le statut de minorité est celui selon lequel l’objet technique est avant tout un objet d’usage, nécessaire à la vie quotidienne, faisant partie de l’entourage au milieu duquel l’individu humain grandit et se forme.(…) Le savoir technique est implicite, non réfléchi, coutumier. »(Simondon, 1989, p.85)

Minorité suite
Il n’y a donc pas de réflexion sur les usages ni prise de distance par rapport à l’objet. Seule la logique purement utilitaire prédomine et il n’y a pas de rationalisation des savoirs.
« Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. » (Kant, 1784)

Former à l’évaluation l’information
Une méthodologie de l’enquête
Un élève passe plus de temps devant les médias que devant un professeur
Les médias forment autant qu’ils déforment
Dépasser la logique de certification type B2I pour un véritable travail de culture de l’information

Produire de l’information
Mieux comprendre les enjeux et les médias en devant producteurs d’informationUne culture de la participation au sein des espaces de publication notamment numériqueUne valorisation des élèves, des classes, des enseignements et des établissements

Scénariser l’information
Travail collectif
Hiérarchisation des priorités
Mise en scène
Travail sur différents supports

2. 1 Une expérimentation en 1998 : historiae
Le projet historiae : La culture de l’information en action
Les travaux des élèves et le cours en ligne sont intégrés à Cactus Acide
http://www.culturedel.info/cactusacide/

Olivier Le Deuff. Mars 2008
Présentation générale
• Acteurs et lieu : Olivier Le Deuff /Yves Ghys. Professeurs-documentalistes au Collège multisite René Goscinny de Céaucé-Passais dans l’Orne.(61) en 2008
• Disciplines : Documentation/culture de l’information/socle commun-B2I/histoire
• Niveau : Troisième. Collège

Olivier Le Deuff. Mars 2008
Description
12 élèves de troisième sont chargés de mener l’enquête sur des mystères ou des questions historiques.
Reproduire l’état de doute perpétuel qui existe face à l’information avec des thématiques où une diversité de ressources existent sur le web.
Le travail d’évaluation de l’information est par conséquent primordial.
Cours en ligne sous forme de cartes. (mind mapping)
Travail de culture de l’information avec production et communication des résultats

Les objectifs
Apprendre à rechercher et évaluer l'information sur Internet et parvenir à communiquer une synthèse sur un blog.
Développer la culture de l’information des élèves en développant des savoirs opératoires dans le cadre de situations qu’ils vont rencontrer de plus en plus souvent.Concordance avec le programme : l’action permet de s’inscrire pleinement dans le socle commun mêlant culture historique, culture technique et culture de l’information.

Olivier Le Deuff. Mars 2008
Un dispositif hybride
Un blog fonctionnant sous wordpress et hébergé par l’enseignant :
Un cours en ligne réalisé avec des cartes de concepts et en html réalisé grâce au logiciel mind manager et divisé en plusieurs parties dont les deux principales :
Premières démarches de recherche.
L’évaluation de l’information.

Olivier Le Deuff. Mars 2008
Bilan
Le bilan est dans l'ensemble positif voire très profitable pour certains élèves grâce à la mise en situation "réelle".
L'évaluation de l'information demande énormément de temps et l'acquisition de toutes les notions et de la complexité de l'évaluation de l'information ne peut être que progressive et sur le long terme.
Certains élèves développent une autonomie étonnante dans le travail, d’autres se montrent plus motivés et font attention à leur style et orthographe.

Olivier Le Deuff. Mars 2008
Un projet reconnu
Référencé par le café pédagogique
.Cité par le spécialiste des blogs éducatifs :
Mario Asselin.
Commentaire de Pascal Duplessis
Lettre de TiceEdu.

Cactus acide
Projet sur l’éducation aux médias et à l’information :
Cactus acide : Critique des Actus/ Analyse Culture de l’Information Didactique et Education aux médias

Des notions à éprouver
Le numérique
rend instable et
parfois confuse
les notions Toutefois, leur
questionnement est déjà une
démarche de
recherche et d’esprit
critique
Evaluation de l’information
notion de source
=permet de relier le
journalisme à la
documentation

Relier le passé et le présent
Une histoire de l’évolution de la presse jusqu’aux outils du numériques : Filiations
Un vocabulaire particulier qui se retrouve dans les logiciels et l’informatique. Architextes
De nouvelles expressions et fonctionnements à « didactiser » :
http://www.netvibes.com/actus#Cours_en_ligne

3. Quelles pistes ?
Mieux intégrer les éducations à l’information et aux médias (et donc au
journalisme) dans un programme commun.
Profiter des dispositifs
numériques
Travaillez sur des temps longs

Du gonzo journalisme?
De nouvelles formes à
imaginer…
Profitez de la non obligation « commercial
e »
Des récits à valoriser
De nouvelles mises en scène :
photojournalisme, etc.

L’esprit d’enquête
Confronter les sources Rechercher d’autres références La mise en contexte Travail sur des données

L’enjeu hyperlocal
Un journalisme
de proximité
peu évolutif ou absent
Un outil de communication
pour les établissements
scolaires
Vers un comité de rédaction
de l’établissem
ent ?

Des écritures de soi aux écritures du nous
Quelques préceptes d’Hunter Thompson
Archivage et conservation de ces productions
Donner du sens

Cet esprit éclairé
c’est-à-dire, la capacité à penser
par soi-même
Symbole de « la sortie de l’homme
de sa minorité dont il est lui-
même responsable »,
Kant
Idéal des Lumières

Une Maîtrise de techniques essentielles
Lecture + écriture
afin de devenir
« savants :
au sens de celui qui peut accéder
au savoir.

Une prise de distance
une capacité à s’extraire des dogmes, des idées préconçues et véhiculées par d’autres :
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d’une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. (Kant, 1784)

Produire un effort (une sortie) face à la « facilité ».
En cela, la sortie de la minorité nécessite des étapes, des phases afin de pouvoir exercer sa raison :
« J’entends par usage public de notre propre raison celui que l’on en fait comme savant devant l’ensemble du public qui lit. » (Kant, 1784)

Un chantier à construire
Un enseignement en information à
développer avec la documentation
Une nouvelle option au lycée
Un enseignement obligatoire….en série
L ?