Dictionnaire de L'Académie francaise - 5ème édition

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    Dictionnaire de L'Acadmie francaise 5me dition

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  • Dictionnaire de L'Acadmie francaise

    5me Edition, 1798

    Adaptation d'un document lectronique manant de l'ARTFL : http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/dicos/

    TABLE ALPHABTIQUE DES ABRVIATIONS EMPLOYES DANS CEDICTIONNAIRE.

    adj. ou adject.........signifie adjectif. adj. des 2 g. ou adj. des 2 genr.......adjectif des deux genres. adject. ou adjectiv....................adjectivement. adj. et s. ou adject. et subst.........adjectif et substantif. adv. ou adverb.........................adverbe, adverbialement. conj. ou conjonct......................conjonction. fam. ou famil..........................familier, familirement. f. ou fm. ou fmin....................fminin. fig. ou figur. au fig..................figurment, au figur. m. ou mas. ou mascul...................masculin. part...................................participe. plur. au plur..........................pluriel, au pluriel. potiq.................................potiquement. pop. ou popul..........................populairement. prp. ou prpos........................prposition. pron. ou pron. pers....................pronom personnel. pron. ou prononc.......................prononcez. prov. ou proverb. ou proverbial........proverbialement. subst. ou substant.....................substantivement. s. f. ou s. fm. ou subst. fmin.......substantif fminin. s. m. ou s. masc. ou subst. mascul.....substantif masculin. s. f. pl. ou subst. fm. plur..........substantif fminin pluriel. s. m. pl. ou subst. masc. plur.........substantif masculin pluriel. s. m. et f. ou subst. masc. et fm.....substantif masculin et fminin. v. a. ou v. act. ou verb. act..........verbe actif. v. n. ou v. neut. ou verb. neut........verbe neutre. v. p. ou verb. pron....................verbe pronominal. v. r. ou verb. rcip...................verbe rciproque. v. rf. ou verb. rfl.................verbe rflchi. V. Voy.................................Voyez.

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  • Index

    A NB OC PD QE RF SG TH UI VWJ XK YL ZM

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    Index 3

  • A

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    A 4

  • A. Lettre voyelle, qui forme elle seule un mot prsentant plusieurs acceptions. A. Lettre. sub. mas.Premier caractre de notre alphabet. Dans presque tous les alphabets l'A prcde le B. Ce caractre reoitdiffrentes formes, soit dans l'impression, soit dans l'criture manuelle. L'A majuscule. Le petit a. L'A romain.L'A italiqu. C'est un nom indclinable, qui ne prend pas, comme presque tous les noms, une S au pluriel. Oncrit deux A, et non pas deux AS. On dit communment De quelqu'un qui ne sait pas lire, et figurment Dequelqu'un qui est fort ignorant, qu'Il ne sait ni A, ni B. On dit, Une panse d'A, pour dire, Le commencementde la formation de la lettre A, qui, dans l'criture ordinaire, s'crit a. Et dans ce sens, quand on a donnquelque chose crire quelqu'un, et qu'il n'y a point encore travaill, on dit proverbialement qu'Il n'en a pasfait une panse d'a. La mme those se dit figurment, pour donner entendre qu'Un homme qui avoit entreprisde composer quelque ouvrage, n'y a point encore travaill. On dit aussi, pour signifier qu'Un homme n'a nullepart un ouvrage d'esprit qu'on lui attribue, qu'Il n'y a pas fait une panse d'a. On dit aussi figurment,Depuis A jusqu' Z, pour dire, Depuis le commencement d'une chose jusqu' la fin. A. Son. s. m. Le son del'A est celui qui se prononce par le mouvement le plus naturel de la bouche; aussi entretil dans les premiersmots que prononcent les enfans dans toutes les Langues. Papa, mama. Le son de l'A, en franois, est lemme dans tous les mots: il ne diffre que par sa dure et par des nuances peu sensibles. Il est long ou bref;long dans Trme, grce; bref dans Glace, trace. Dans les deux prcdentes acceptions, A est un nomsubstantif masculin. Il n'appartient au verbe que comme troisime personne du prsent de l'indicatif du verbeAvoir. Il a de l'esprit. Il a tort. Elle a aim. On l'emploie en ce sens dans cette phrase, qui est un gallicisme,Il y a. On dit, Il y a un homme, pour dire, Il existe un homme; Il y a eu un temps, pour dire, Il fut un temps.Dans tous les autres cas o l'on emploie le mot A, c'est une Particule qui indique une multitude de rapports,difficiles nombrer et classer. En certains cas, la particule A, sert remplacer le datif du latin, lorsqu'elleest mise aprs un mot par lequel elle est rgie, et dont elle dtermine l'objet: aprs un verbe, crire quelqu'un; aprs un substantif, Soumission l'autorit; aprs un adjectif, Attentif la leon; aprs unadverbe, Conformment la rgle; aprs une simple prposition, Jusqu' Paris. Dans ce sens il s'unitsouvent l'article le, la, les, et alors il se dcline en quelque sorte, puisqu'il se change en au, au lieu de le, etqu'il a le pluriel aux, au lieu de les. Obir au Magistrat, la Loi; obir aux Magistrats, aux Lois. Sous cemme rapport, A s'emploie dans plusieurs phrases elliptiques, lorsqu'un danger ou un intrt pressant obligede n'exprimer que l'ide principale, en supprimant des ides accessoires que l'esprit supple aisment;comme: Aux armes. moi. vous. Au feu. Au meurtre. Au secours. A, seul, n'est jamais adverbe, commel'ont avanc quelques Grammairiens; mais il forme une expression adverbiale, lorsqu'il se joint un adverbeou certains noms adjectifs ou substantifs; un adverbe, comme, Durer jamais, venir rien; un adjectif,Tomber bas, tort ou droit; un substantif, Parler propos. Parler tte tte. Mal propos. Crier tuette, pleine tte. Tirer brlepourpoint. Har mort, la mort. tre bless mort. Marcher ttons.Aller reculons. Travailler btons rompus. Juger boulevue. Dcider la lgre. Dchirer belles dents.Traiter forfait. Battre du fer froid. Mcher vide. Mettre de l'argent intrt. Donner bon compte.Vendre l'encan. Dans toutes les autres acceptions du mot , il est une simple prposition, qui exprimediffrens rapports de situation, de temps, de lieu, de mouvement, etc. Ces diverses significations peuvent serduire aux prpositions suivantes: Aprs. Avec. Dans. En. Par. Pour. Selon. Suivant. Sur. Vers. , dans lasignification d'Aprs. deux mois de l. deux jours de l. Aller pas pas. Arracher brin brin. Dire mot mot. Compter sou sou. Manger morceau morceau. , dans la signification d'Avec. Travailler l'aiguille.Gagner la pointe de l'pe. Aller voiles et rames. Btir chaux et ciment. Se battre l'pe et aupistolet. Marcher petit bruit. Un fusil charg balle. Canon charg cartouche. Faire brler petit feu.Vivre peu de frais. Donner, prendre toutes mains. petit manger bien boire. Fromage la crme. Bouton queue. Bton deux bouts. Couteau ressort. Ecuelle oreilles. Clou crochet. Chandelier branches.Chapeau grands bords. Agir bonne intention. Prier mains jointes. Sauter pieds joints. Recevoir brasouverts, etc. , pour Dans, en. Vivre Paris. Demeurer Rome. Retourner la Ville. Jeter la rivire. Sepromener la campagne. Blessure l'paule, la cuisse. Il y viendra son rang. Etre sa place. , dans lasignification de Par. Obtenir force de prires. On juge sa mine. On voit l'air dont il s'y prend. Aller courbettes. , dans la signification de Pour. Prendre tmoin. Inviter quelqu'un dner. Une fille marier.Avoir quelque chose bon march. Tenir honneur. Tenir injure. On eut bien de la peine lui faire

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  • entendre. Une selle tous chevaux. Un conte dormir debout. Fixer jamais. , Selon, suivant. Un habit lamode. Btir la manire d'Italie. Vivre sa fantaisie. Cela n'est pas son got. ce que je vois. ce quevous dites. Il faut donc votre compte, votre avis. , dans la signification de Sur. Monter cheval. Mettrepied terre. peine de la vie. Un oiseau qui se bat la perche. , dans la signification de Vers. Il tire safin. Venez moi. , entre deux noms de nombre, signifie Entre ou environ. Ainsi on dit, Un homme dequarante cinquante ans, pour dire, Un homme dont l'ge est entre quarante et cinquante ans, ou dont l'geest d'environ quarante ou cinquante ans; Une troupe de sept huit cents hommes, pour dire, Une trouped'hommes dont le nombre est entre sept et huit cents, ou une troupe d'environ sept ou huit cents hommes; Il yavoit six sept femmes dans cette assemble, pour dire, Il y avoit environ six sept femmes. , sert aussi marquer le Temps. Se lever six heures. Dner midi. On l'attend toute heure, tout moment. Revenir heure indue. la fin du mois. jour prfix. l'arrive du courrier. perptuit. l'avenir. Il y parviendra la longue. Il sert aussi marquer le Lieu. Se tenir l'entre du bois. Il demeure deux lieues d'ici, vingtlieues de l. tre l'cart, l'abri, dcouvert. La Situation. droite. gauche. ct. pied. cheval.La Posture, le Geste. tre genoux. Dos dos. Nez nez. La Manire de vivre, de s'habiller, de se mettre,de marcher, d'agir, de parler, etc. Vivre la Franoise. S'habiller l'Espagnole. Un homme soutane, cheveux courts. Marcher petits pas. Courir toutes jambes, toute bride. S'embarquer la hte. Unhomme bons procds. Un homme systmes. Un homme grands mots. La Qualit d'une chose. De l'or vingtquatre carats. Du velours trois poils. La Quantit. Il en a foison, satit, milliers. Le Prix et laValeur d'une chose. Du vin vingt sous, trente sous la pinte. Du drap vingt francs l'aune. La Mesure oule Poids dont on se sert pour la dbiter. Vendre du vin la pinte. Vendre du drap l'aune. Vendre de laviande la livre. , s'emploie aussi pour dsigner La cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin vent.Moulin eau. Moulin bras. Arme feu. Le Motif qui fait agir. Il l'a dit bonne intention. Il ne l'a pas fait mauvais dessein. L'tat et la Disposition d'une chose. Des fruits garder. Des fleurs cueillir. L'Usageauquel une chose est propre. Terre froment. Moulin bl. Moulin poudre. Moulin papier. Mouchoir moucher. Bassin laver les mains. Bassin barbe. Bois brler. Bois faire du merrain. Ce qu'une choseest propre ou destine contenir. Un tui peignes, une bote mouches, la bouteille l'encre, un pot l'eau, pour dire, Un tui mettre des peignes, une bote mettre des mouches, une bouteille mettre del'encre, un pot mettre de l'eau. Ce qu'il est convenable de faire, et Le bon ou le mauvais traitement qu'unhomme, qu'une chose mrite. C'est un avis suivre. C'est une partie remettre. C'est une affaire accommoder. C'est une occasion ne pas laisser chapper. C'est un cheval garder. C'est un homme rcompenser. Il en est plus craindre. Il n'en est que plus estimer. C'est un homme noyer. C'est unhomme nasardes. C'est un livre, non seulement lire, mais retenir par coeur. Ce qui peut arriver. d'unechose, quoi elle peut servir, et de quoi une personne est capable. C'est une affaire vous perdre. C'est unprocs ne jamais finir. C'est une entreprise vous faire honneur. C'est un homme russir dans tout cequ'il entreprendra. Il est homme se fcher, vous jouer d'un mauvais tour. , joint avec un verbe l'infinitif, s'explique quelquefois par le grondif du mme verbe. Ainsi, On diroit le voir, l'entendre, sersout par, On diroit en l'entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables faons de parler se peuventrsoudre de mme. Quelquefois aussi il s'explique par de quoi, et par de raison pour. Verser boire. Il n'apas manger. Il ne trouve pas travailler. Il y auroit craindre. Trouver redire. Il n'y a pas balancer. Iln'y a pas diffrer. Il se joint encore l'infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s'emporta lui dire,jusqu' lui dire. Il s'abaissa le prier. S'amuser causer. Je suis encore savoir. Il est encore venir. Jesuis ici l'attendre. C'est faire lui d'ordonner des stes. Je sais, n'en point douter, que... C'est vous parler. C'est lui de dcider. C'est savoir s'il le voudra. Il n'y a rien gagner avec lui, etc. , s'emploieaussi dans les phrases suivantes, et dans une infinit d'autres, qui seront expliques chacune en son lieu.Arriver bord. Se rsoudre tout. Mettre l'air. Mettre la voile. Appliquer la question. Crier l'aide.Attacher la muraille. Atteler la charrue. Coucher la belle toile. Jouer la paume. Jouer quitte ou double. Valet gages. Pension vie. Ils se prosternrent ses genoux. Ils tombrent ses pieds. Se tourner bien, mal. Se mettre l'tude. Aller l'arme, Rome, l'glise. Voyons qui l'aura. On verra lesdiffrens sens de ces phrases, et de celles des articles prcdens, aux mots dont elles sont composes. ,lorsqu'il prcde l'article masculin, suivi d'un mot qui commence par une consonne, devient Au. V. Au.

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  • A B C(On prononce Abc.) s. m. Petit Livret contenant l'Alphabet et la combinaison des lettres pourapprendre lire aux enfans. Acheter un A b c pour un enfant. Il signifie figurment, Le commencement d'unart, d'une science, d'une affaire. Ce n'est l que l'A b c des Mathmatiques. On dit proverbialement etfigurm. Renvoyer quelqu'un l'A b c, pour, Le traiter d'ignorant; Remettre quelqu'un l'A b c, pour,L'obliger recommencer tout de nouveau.

    LA MALEHEURE. phr. adv. Malheureusement. Il vieillit. la maleheure, s'emploiesubstan tivement dans le vieux proverbe, Vaten la maleheure, comme pour dire, Vasten maudit, vaschercher ta potence. Il est populaire.

    RECULONS. phrase adverbiale. En reculant, allant en arrire. Les crevisses vont reculons. LesCordiers travaillent reculons. On dit figurment et familirement, qu'Une affaire va reculons, pour dire,que La dcision en est retarde.

    TTONS. phrase adv. En ttonnant dans l'obscurit. Je ne saurois trouver ttons ce que vous medemandez. On ne voit goutte ici, il faut y aller ttons. Il marche ttons. Il se dit aussi figurm. et signifie,Sans les lumires et les connoissances ncessaires, d'une manire incertaine, en essayant de divers moyensdont on n'est pas sr. Les Philosophes Paens cherchoient la vrit ttons. J'ai si peu de connoissance deces choses l, que je n'y vais qu' ttons. VAU DE ROUTE. Voyez Route.

    VAUL'EAU. Voy. Aval.

    AMILA. Terme de Musique, par lequel on dsigne la note la. Le ton d'a mi la. Cet air est en a mi la. Prendre l'a mi la de l'Opra, d'un concert, etc.

    AB HOC ET AB HAC. Mots emprunts du Latin, dont on ne se sert que dans le style familier.Confusment, sans ordre, sans raison. Il ne sait ce qu'il dit, il en parle, il en raisonne ab hoc et ab hac.

    AB INTESTAT. Voyez Intestat.

    AB IRATO. Locution latine qui signifie, Par un homme en colre. Il se dit d'Un testament fait danscette disposition. Testament ab irato. Les Lois le condamnent.

    AB OVO. Phrase adverbiale emprunte du Latin, pour signifier, Ds l'origine, ds le commencement.Prendre un sait ab ovo.

    ABAISSE. sub. fm. Pte qui fait la crote de dessous dans plusieurs pices de ptisserie.

    ABAISSEMENT. s. m. Diminution de hauteur. L'abaissement des eaux. L'abaissement d'un mur.L'abaissement du mercure dans le baromtre. On dit, L'abaissement de la voix, par opposition l'lvationde la voix. Il est plus en usage au figur. Abaissement de fortune. Abaissement de courage. Quelquefois ilsignifie Humiliation volontaire, ou l'tat dans lequel on se met quand on s'abaisse volontairement. Se tenirdans l'abaissement devant Dieu. Un parfait Chrtien doit se plaire dans l'abaissement. Il se prend aussi pourHumiliation force, pour l'tat de bassesse o l'on est mis malgr soi. C'est un esprit altier, qu'il faut tenirdans l'abaissement.

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    A 7

  • ABAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abaisser un store. Abaisser une lanterne. Il signifie quelquefois,Diminuer de la hauteur. Abaisser une muraille. Abaisser une table. On dit, Abaisser la voix, abaisser le tonde la voix, pour dire, Parler plus bas. On dit en Gomtrie, Abaisser une perpendiculaire, pour dire, Menerune perpendiculaire une ligne, d'un point peis hors de cette ligne. Il se prend aussi pour, Dprimer,humilier, ravaler. Dieu abaisse les suparbes. Rome abaissa l'orgueil deCarthage.S'abaisser, avec le pronompersonnel, lorsqu'il est joint la particule , signifie, S'avilir, se dgrader. S'abaisser des choses indignes desoi. Lorsqu'il est joint la prposition Devant, il signifie, S'humilier. S'abaisser devant la Majest del'tresuprme.

    Abaiss, e. participe. Il se dit en termes de Blason, de toutes les pices places dans l'cu audessousde leur situation ordinaire, et particulirement du vol des oiseaux, lorsque l'extrmit de leurs ailes estincline vers la pointe de l'cu. Vol abaiss.

    ABAISSEUR. adject. Terme d'Anatomie. Nom qui se donne diffrens muscles, dont la fonction estd'abaisser les parties auxquelles ils sont attachs. Muscle abaisseur. Il se prend aussi substantivement.L'Abaisseur de l'oeil.

    ABANDON. s. m. tat o est une personne, une chose abandonne. Il est dans un abandon gnral. Ilest dans l'abandon de Dieu, dans l'abandon de tous ses amis.Abandon, se dit 'aussi en parlant Des discours,des ouvrages, des manires, etc. d'Une sorte d'abondance facile, de ngligence aimable, qui exclut touterecherche, tout effort, toute affectation. Il y a dans cette partie de son discours un heureux abandon. Elle adans ses manires un abandon sduisant. Il se dit aussi pour Rsignation, Un parfait abandon la volontde Dieu; et aussi pour L'oubli de soimme, Se laisser aller l'abandon; un aimable abandon; etgnralement pour, Renoacemeat, oubli. L'abandon de tous solar. Cet abandon de vousmme nous dsole.Au Palais, Abandon se dit pour Dlaissement. Il a fait l'abandon de sa Terre. l'abandon, manire de parleradverbiale. Aller l'abandon. Laisser l'abandon. Tout est l'abandon.

    ABANDONNEMENT. s. m. Dlaissement entier. Il se dit galement et De la personne quiabandonne, et de la chose abandonne. Il est plaindre dans l'abandonnement o il est de tous ses parens etde tous ses amis. Il a fait un abandonnement gnral de tous ses biens.Abandonnement, mis sans rgime,signifie, Drglement excessif dans la conduite, dans les moeurs; Prostitution. Abandonnement infme. Vivredans l'abandonnement, dans le dernier abandonnement.

    ABANDONNER. v. a. Quitter, dlaisser entirement. Les gens de guerre l'ont contraintd'abandonner sa maison. Il a abandonn le pays. Abandonner sa femme et ses ensans. Dieu n'abandonne pasles siens. Vous m'avez abandonn dans le besoin, au besoin. Abandonner la poursuite d'une affaire.Abandonner une cause. On dit qu'Un pre a abandonn son fils, qu'il l'a entirement abandonn, pour dire,qu'Il ne prend plus aucun soin de lui, qu'il ne s'en met plus en peine. On dit, Abandonner une succession,abandonner ses prtentions, pour dire, Y renoncer entirement. On dit que Les Mdecins ont abandonn unmalade, pour dire, qu'Ils ont cess de le voir, ou qu'ils ne lui ordonnent plus rien, parce qu'ils dsesprent desa gurison.Abandonner, signifie aussi, Laisser en proie, exposer, livrer; et il est toujours suivi de laprposition . Abandonner une ville au pillage, l'abandonner la fureur des soldats. Abandonner unvaisseau l'orage, au vent. Abandonner la merci de, etc. la disposition de, etc. Abandonner quelqu'un son caractre, ses penchans, son mauvais sort. On dit, Abandonner son cheval, pour dire, Le laisser allercomme il veut. On dit, Abandonner un Ecclsiastique au bras sculier, pour dire, Lerenvoyer au Juge laque,afin qu'il le punisse selon les lois; et proverbialement et figurment, en parlant De quelque chose boire ou manger, qu'on veut bien laisser aux domestiques, on dit, qu'Il faut l'abandonner au bras sculier. On dit dansle langage de l'criture, que Dieu abandonne souvent les mchans leur sens rprouv, pour dire, qu'Il les

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  • laisse s'endurcir dans leur pch. On dit aussi, Abandonner une chose, une personne quelqu'un, pour dire,Lui permettre d'en faire, d'en dire ce qu'il lui plaira, lui en laisser l'entire disposition. Abandonner tous sesbiens ses cranciers. Vous vous plaignez de cet homme, je vous l'abandonne. On dit aussi, qu'Un pre aabandonn son fils, le soin de son fils la conduite de quelqu'un, pour dire, qu'Il en a charg quelqu'un surqui il s'en repose. On emploie aussi ce verbe sans rgime indirect. Son pre l'abandonne, pour dire, qu'Ilneveut plus prendre soin de lui. Dieu l'a abandonn. Mon courage m'abandonne.S'abandonner. v. rfl. Selaisser aller, se livrer quelque chose, quelqu'un, sans aucune retenue, sans aucune rserve. S'abandonner la dbauche, au vice. S'abandonner ses passions. S'abandonner aux femmes. S'abandonner la douleur, la tristesse, aux pleurs. S'abandonner la joie. Je m'abandonne vous. On dit, S'abandonner laProvidence, pour, Se remettre entirement entre les mains de la Providence; et, S'abandonner lafortune, pour, Laisser aller les choses au hasard. Et d'une femme qui se prostitue, on dit, que C'est une femmequi s'abandonne tout le monde. En ce sens, il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d'une mreportent quelquefois une fille s'abandonner.

    Abandonn, e. participe. On dit C'est un enfant abandonn, pour dsigner Un enfant qui se trouvesans secours, loin de ses parens. Il est aussi substantif, et alors il se dit d'Un homme perdu de libertinage etde dbauche, et d'Une femme qui se prostitue. C'est un abandonn, c'est une abandonne. Il est plus en usageen parlant des femmes.

    ABAQUE. s. m. Terme d'Architecture. Voyez Tailloir.

    ABASOURDIR. v. actif. tourdir, consterner, accabler. Il a t abasourdi du coup. Cette nouvelle l'aabasourdi. Il est du style familier.

    Abasourdi, ie. participe.

    ABATJOUR. s. mas. Sorte de fentre dont l'appui est en talus, afin que le jour qui vient d'en haut, secommunique plus facilement dans le lieu o elle est pratique. Les Marchands ont des abatjours dans leursmagasins pour faire parotre leurs marchandises plus belles. Ordinairement les fentres des glises sonttailles en abatjour.

    ABATVENT. subst. masc. Charpente couverte d'ardoises ou de tuiles, et qui garantit du vent et de lapluie les ouvertures d'une maison, d'un clocher.

    ABATAGE, s. mas. signifie entre Marchands de bois, la peine et les frais pour abattre les bois qui sontsur pied. C'est l'acheteur de payer l'abatage.

    ABTARDIR. v. a. Faire dchoir une chose de son tat naturel, la faire dgnrer, l'altrer. Il ne se ditqu'au figur. La longue servitude abtardit le courage.S'abtardir. verbe rfl. Les jeunes genss'abtardissent dans l'oisivet, dans les dlices. Ce plant de vigne s'estabtardi.

    Abtardi, ie. participe. Le coeur abtardi. Le courage abtardi.

    ABTARDISSEMENT. s. m. Altration d'une chose, dchet, diminution. L'abtardissement ducourage. L'abtardissement du plant fait que le vin devient mauvais.

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    A 9

  • ABATIS. s. m. Quantit de choses abattues, telles que bois, arbrs, pierres, maisons. Les ennemisembarrassrent les chemins par de grands abatis d'arbres. Cette rue est bouche par un abatis de maisons.On dit aussi, Faire un abatis, un grand abatis de gibier, pour dire, En tuer beaucoup. On appelle aussiAbatis, les pieds, la tte, le cou, les ailerons, etc. des volailles. Des abatis de dindon, etc.Abatis. Lieu o lesbouchers tuent le btail.

    ABATTEMENT. subst. masc. Affoiblissement, diminution de forces ou de courage. Ce malade estbien mal, je le trouve dans un grand abattement. Cette mauvaise nouvelle l'a mis dans un trange abattement.

    ABATTEUR. s. m. Qui abat. Il ne se dit gure absolument. Ce bcheron est un grand abatteur de bois.En parlant d'Un homme fort adroit au jeu de quilles, on dit, C'est un grand abatteur de quilles. Il se dit aufigur en parlant d'Un homme qui a fait de grandes choses en quelque genre que ce soit: mais plusordinairement et par ironie, on le dit d'Un homme qui se vante d'avoir fait ce qu'il n'a pas fait. Il est familier.

    ABATTRE. v. a. (Il se conjugue comme Battre.) Mettre bas, renverser par terre, faire tomber. Abattredes maisons, des murailles. Abattre des arbres. Abattre par le pied. Les grands vents abattirent bien deschnes dans la fort. Ils ont abattu nos fruits. Il a abattu son bois de haute futaie. Il le prit rudement aucollet, et l'abattit sous lui. On lui a abattu la tte de dessus les paules. Il lui abattit le bras d'un coup desabre. Ce chasseur est adroit, il abat bien du gibier. Ce cheval est fougueux, on est contraint de l'abattrepour le ferrer. Ces moissonneurs abattent tant d'arpens de bl en un jour. Abattre des quilles.Abattre,signifie figurment Affoiblir, diminuer, abaisser, faire perdre les forces, le courage. Une fivre continue abatbien un homme. Cette maladie a bien abattu ses forces. Cette perte lui a abattu le courage, a abattu sa fiert.Ces deux Maisons, ces deux Puissances sont ennemies, elles font leurs efforts pour s'abattre l'une l'autre. Lamoindre affliction l'abat. On dit au jeu de Trictrac, Abattre du bois, pour dire, Jouer beaucoup de dames dela pile, afin de caser plus aisment. On le dit aussi au jeude quilles, pour, Abattre bien desquilles. On ditaussi figurment et familirement, Abattre bien du bois, pour, Expdier beaucoup d'affaires en peu de temps.On dit de mme, Abattre de la besogne. On dit proverbialement, que Petite pluie abat grand vent, pour,qu'Une petite pluie fait cesser un grand vent. Et on le dit figurment, pour, que Peu de chose calme unegrande colre, fait cesser un grand ressentiment.Abattre, s'emploie avec le pronom personnel. On dit qu'Uncheval s'abat, pour dire, Que les pieds lui manquent, et qu'il tombe tout d'un coup. En galopant, son chevals'est abattu sous lui. Le terrain est glissant, si vous poussez votre cheval, il s'abattra. Et on dit d'Un oiseau deproie, qu'Il s'abat sur sa proie, pour dire, qu'Il fond dessus. On dit aussi: Une vole de pigeons s'abattit surmon champ. Un orage terrible va s'abattre sur nous, pour, Fondre sur nous. On dit encore, que Le vents'abat, qu'il est abattu, pour dire, qu'Il s'apaise, qu'il est apais.

    Abattu, ue. participe.

    ABATTURES. s. f. plur. Terme de chasse. Foulures qu'un cerf laisse dans les broussailles o il apass.

    ABBATIAL, ALE. adj. Appartenant l'Abb ou l'Abbesse. Palais Abbatial. Maison Abbatiale.Les droits Abbatiaux. Fonctions Abbatiales. Dignit Abbatiale. Mense Abbatiale.

    ABBAYE. subst. f. (On prononce Abie.) Monastre d'Hommes, qui a pour Suprieur un Abb; ou deFilles, qui a pour Suprieure une Abbesse. Abbaye Royale, ou de Fondation Royale. Abbaye en Rgle.Abbaye en Commende. Abbaye scularise. Une Abbaye fort riche. Le Roi lui a donn une Abbaye. Abbayede l'Ordre de S. Benot, de l'Ordre de cteaux, de l'Ordre dePrmontr. Il se prend quelquefois pour Les

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  • seuls btimens du Monastre. Une Abbaye bien btie. Une Abbaye qui tombe en ruine. On ditproverbialement et figurm. Pour un Moine l'Abbaye ne faut pas, pour, Que quand plusieurs personnes ontfait quelque partie ensemble, et que quelqu'une d'entre elles manque s'y trouver, on ne laisse pas de faire cequi avoit t rsolu.

    ABB. s. m. Celui qui possde une Abbaye. Abb de l'Ordre de S. Benot. Abb rgulier. Abb cross etmitr. lire un Abb. Bnir un Abb. Abb triennal. Abb Commendataire. On dit figurment etproverbialem. que Pour un Moine on ne laisse pas de faire un Abb, pour dire, qu'Encore qu'un hommemanque une assemble, une partie de divertissement o il devroit tre, on ne laisse pas de dlibrer sanslui, ou de faire ce qu'on avoit rsolu. Quand quelqu'un n'est pas encore venu pour manger, et que nanmoinson se met toujours table, on dit proverbialement et figurment, On l'attend comme les Moines font l'Abb.On dit proverbialement et figurm. Le Moine rpond comme l'Abb chante, pour, Ordinairement lesInfrieurs se conforment aux Suprieurs. On dit aussi, Jouer l'Abb, pour, Jouer une sorte de jeu, o l'onest oblig de faire tout ce que fait celui qu'on a pris pour tre le conducteur du jeu, et auquel on donne alors lenom d'Abb. On appelle communment Abb, tout homme qui porte un habit ecclsiastique, quoiqu'il n'aitpoint d'Abbaye.

    ABBESSE. s. fm. Suprieure d'un Monastre de Filles, qui a droit de porter la crosse. Abbessetriennale. Abbesse perptuelle. Nommer, lire, bnir une Abbesse.

    ABCDER. verbe neut. Terme de Chirurgie. Se tourner en abcs. Cette tumeur abcdera.

    ABCS. s. masc. Apostme. Amas d'humeurs corrompues qui se fixent en quelque partie du corps, et quiy forment une tumeur. Abcs dangereux. Abcs au poumon. Abcs au foie. Vider un abcs. L'abcs a crev. Ily a danger qu'il ne se forme un abcs.

    ABDALAS. subst. mas. plur. Nom gnral que les Persans donnent aux Religieux; ce que les Turesappellent Derviches, et ce que les Chrtiens nomment Moines.

    ABDICATION. s. fm. Action par laquelle on renonce volontairement une dignit souveraine donton est revtu. Il se dit en parlant De celui qui abdique, et de la chose abdique. L'abdication de Diocltien.L'abdication de CharlesQuint. L'abdication de l'Empire, etc.

    ABDIQUER. v. a. Abandonner la possession d'un tat, d'une Dignit souveraine, et y renoncerentirement. Abdiquer la Royaut. Abdiquer la Couronne. Abdiquer l'Empire. Il se dit aussi en parlant DesMagistrats des anciens Romains. Abdiquer la Dictature. Abdiquer le Consulat. Abdiquer les honneurs. Parextension, il se dit Des principaux emplois et des places minentes. Ce Gnral d'Ordre a abdiqu. Il se metaussi absolument. Ce Prince a abdiqu, on l'a forc d'abdiquer.Abdiqu, eAbdiqu, e. participe.

    ABDOMEN. s. m. (On fait sentir l'N.) Mot purement Latin, que les Anatomistes ont transport dansnotre Langue, pour signifier Le basventre. Les muscles de l'Abdomen.

    ABDOMINAL, ALE. adj. Qui appartient au basventre ou l'abdomen. Des artres abdominales.

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  • ABDUCTEUR. adj. Terme d'Anatomie. Nom qui se donne diffrens muscles, dont la fonction est demouvoir en dehors les parties auxquelles ils sont attachs. Muscle abducteur. Il se prend aussisubstantivement. L'abducteur de l'oeil.

    ABDUCTION. s. f. Terme de Logique. Manire d'argumenter, par laquelle, en accordant la majeured'un syllogisme, on exige les preuves de la miueure, pour dterminer la consquence.

    ABCDAIRE. adj. C'est l'ordre des lettres suivant l'alphabet franois. Ordre abcdaire.

    ABECQUER ou ABQUER. v. act. Donner la becque un jeune oiseau. Il est familier.

    ABE. s. f. Ouverture par laquelle coule l'eau qui fait moudre un moulin. Il se dit par corruption pourBaie. Voyez Baie.

    ABEILLE. sub. fm. Mouche miel. Abeilles dores. Essaim d'abeilles. Une ruche d'abeilles. Lesabeilles volent sur les fleurs. L'aiguillon des abeilles.

    ABERRATION. s. f. (On prononce les R.) Terme d'Astronomie. Mouvement apparent et fort petitqu'on observe dans les toiles, et que les Astronomes attribuent au mouvement de la lumire combin avec lemouvement de la terre. L'aberration des Fixes. On appelle en Optique, Aberration, L'espace qu'occupentautour d'un foyer d'un verre ou d'un miroir, les rayons qui n'y sont pas exactement runis.

    ABTIR. v. actif. Rendre stupide. Vous abtirez cet ensant. Il est aussi neutre. Il abtit tous les jours, Ildevient bte. Il est familier.

    Abti, ie. participe. Rendu bte. Deyenu bte.

    ABHORRER. v. act. (On prononce les deux R.) Avoir en horreur. Les honntes gens abhorrent lesfripons. L'Eglise abhorre le sang.

    Abhorr, e. participe. Le tyran est abhorr de ses sujets.

    ABIGAT. s. m. Vol de troupeaux.

    ABME. s. m. Gouffre trsprofond. Horrible abme, effroyable abme. Par un tremblement de terre, ils'est fait l un abme. Ne vous baignez pas en tel endroit de la rivire, il y a un abme. Il est tomb dans unabme.Abme, dans le langage de l'criture, signifie quelquefois l'Enfer. Les Anges rebelles ont t prcipitsdans l'abme. Les puits de l'abme. On dit figurment, Un abme de malheur, un abme de misre, pour dire,Un extrme malheur, une extrme misre. Il est tomb dans un abme de malheur, dans un abme demisre.Abme, se dit aussi figurment, Des choses qui engagent une excessive dpense, et qui sont capablesde ruiner. Le jeu, les procs, les btimens sont des abmes. Il se dit aussi figurment Des choses qui sontimpntrables la raison. La divisibilit de la matire l'infini est un abme pour l'esprit humain. Il se ditaussi figurment Des sciences difficiles, et qui demandent une trsgrande tude. La Mtaphysique est unabme. On dit familirement et populairem. d'Un mets qui consume une grande quantit de sucre ou d'autrechose, C'est un abme de sucre, etc. Il se dit encore particulirement Des secrets et des jugemens de Dieu.

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  • Les abmes de la sagesse, de la misricorde de Dieu. On dit d'Un homme trssavant, que C'est un abme descience.Abme, se dit en termes de Blason, Du milieu de l'cu; et il n'est d'usage qu'en cette phrase, Enabme. Ainsi on dit d'Une pice qui est pose au milieu de l'cu sans tre charge d'aucune autre pice, et sanstoucher aucune autre pice de l'cu, qu'Elle est en abme. Il porte d'azur une fleurdelis d'or en abme.

    ABMER. v. a. Renverser, prcipiter dans un abme, Les cinq Villes que Dieu abma. Il signifiefigurment, Perdre, ruiner entirement. Cet homme est puissant et vindicatif, il vous abmera. Cette affaire l'aabm. Des dpenses excessives l'ont abm. Prenez garde cette porte qu'on vient de peindre, elle abmeravotre habit.Abmer. v. neutre. Tomber dans un abme. Cette Ville abma en une nuit. Il signifie figurment,Prir. C'est un mchant homme, il abmera avec tout son bien. Toute sa fortune abmera quelquejour.Abmer, se dit aussi au figur avec le pronom personnel; et alors il signifie, S'abandonner tellement quelque chose, qu'on ne songe aucune autre. S'abmer dans ses penses. S'abmer dans la contemplation desmerveilles de Dieu. S'abmer dans l'tude. S'abmer dans sa douleur. S'abmer dans la dbauche. S'abmerdans les plaisirs. Il signifie aussi, Se ruiner, se perdre. Il s'est abm par son luxe, par sesdbauches.

    Abm, e. participe. Une Ville abme par un tremblement de terre. Un homme abm dans la mer. Ondit figurment: Une femme abme dans sa douleur. Un homme abm de dettes. Ce meuble est abm detaches.

    ABJECT, ECTE. adject. (On prononce le C en K.) Mprisable, bas, vil, dont on ne fait nulle estime.Un homme vil et abject. Un esprit abject. Une crature abjecte. Une physionomie abjecte. Des emplois, desusages vils et abjects. Des sentimens abjects.

    ABJECTION. s. f. Abaissement, tat de mpris o est une personne. Il est tomb dans une telleabjection, que.... Vivre dans l'abjection. Il signifie aussi, Bassesse mprisable. L'abjection de ses sentimens etde ses moeurs. Il signifie aussi Rebut, en cette phrase de l'critureSainte, L'opprobre des hommes, etl'abjection du peuple.

    ABJURATION. s. f. Action par laquelle on renonce une fausse Religion. Il se dit en parlant Decelui qui abjure, et de la chose qu'il abjure. Abjuration publique, solennelle. Il fit son abjuration entre lesmains de l'vque. Abjuration de l'hrsie. Recevoir l'abjuration de quelqu'un. Depuis sonabjuration.

    ABJURER. v. a. Renoncer une fausse Religion, ou une mauvaise Doctrine par serment et actepublic. Abjurer son erreur. Abjurer le Judasme. On le met quelquefois absolument. Il a abjur dans l'glisede NotreDame. Depuis qu'il eut abjur entre les mains d'un tel vque. Il s'emploie aussi figurment, pourdire simplement, Renoncer . Abjurer une opinion, un sentiment. Il a abjur Aristote, Descartes, pour, Il aabjur la Doctrine d'Aristote, de Descartes.

    Abjur, e. participe.

    ABLATIF. s. m. Terme de Grame maire. Le sixime cas dans la Langue latine. Ablatif singulier. Ablatifpluriel, Ce verbe rgit l'ablatif.

    ABLATIVO. Terme adverbial et populaire, qui ne s'emploie que dans cette phrase, Ablativo tout en untas, pour dire, Tout ensemble, avec confusion et dsordre. Il a mis cela ablativo tout en un tas.

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  • ABLE ou ABLETTE. s. mas. Petit poisson plat et mince, qui a le dos vert et le ventre blanc.

    ABLERET. sub. m. Espce de filet carr attach au bout d'une perche, avec lequel on pche des Ableset autres petits poissons.

    ABLUER. v. a. Laver. Il est vieux en ce sens. Il signifie ordinairement, Passer lgrement une liqueurprpare avec de la noix de galle sur du parchemin ou du papier, pour faire revivre l'criture.

    Ablu, e. participe. Lav, effac. Il est vieux. Cependant on peut dire dans le style de la Chaire, Nospchs peuvent tre ablus par le repentir et les bonnes oeuvres.

    ABLUTION. s. f. Action d'abluer. Ce mot est particulirement consacre aux crmonies de la Messe. Ilsignifie Le vin que le Prtre prend aprs la communion, et le vin et l'eau que l'on verse sur ses doigts et dansle calice aprs qu'il a communi. Avant l'ablution. Aprs l'ablution. Quand le Prtre prend l'ablution.

    ABNGATION. subs. fm. Terme de dvotion qui n'est gure en usage qu'en cette phrase,L'abngation de soimme, pour dire, Le renoncement soimme, et le dtachement de tout ce qui n'a pointde rapport Dieu.

    ABOI. s. m. Bruit que fait le chien en aboyant. L'aboi de ce chien est fort importun.Abois, au pluriel, sedit proprement De l'extrmit o le cerf est rduit quand il est sur ses fins. Le cerf est aux abois, tient lesabois. On dit figurment d'Une personne qui se meurt, qu'Elle est aux abois. On le dit aussi d'Une Place quine peut plus se dfendre.

    ABOIEMENT. s. m. (On prononce Aboment, et quelquesuns l'crivent.) Aboi, cri du chien.L'aboiement d'un chien. De longs aboiemens.

    ABOLIR. v. act. Annuller, mettre hors d'usage, mettre nant. Il n'appartient qu' ceux qui font les Loisde les abolir. Les nouvelles coutumes ont aboli les anciennes. Le Roi a aboli les duels. Le nonusage a abolipeu peu cette Loi trop svre. Cette Loi a t abolie par le fait, sans tre formellementrvoque. Abolir uncrime, se dit Lorsque le Prince, par des Lettres qu'il donne, remet d'autorit absolue la peine d'un crime qui,par les Ordonnances, n'est pas rmissible.S'abolir. v. pron. Cette coutume s'est abolie d'ellemme. C'toitune ancienne pratique, qui s'est abolie. On dit, que Tout crime s'abolit au bout d'un certain nombred'annes, pour dire, qu'Alors cesse le droit.

    Aboli, ie. participe. Loi abolie. Crime aboli.

    ABOLISSEMENT. subs. m. Action d'abolir. L'abolissement des anciens usages parlementaires.

    ABOLITION. s. f. Anantissement, extinction opre par un acte de la volont lgislative. Il se ditprincipalement en parlant Des Lois et des Coutumes. L'abolition des crmonies de l'ancienne Loi. Abolitiond'une Loi. Abolition d'un culte superstitieux. L'entire abolition de l'Ordre des Templiers.Abolition, signifieaussi, Le pardon que le Prince accorde d'autorit absolue, pour un crime qui, par les Ordonnances, n'est pasrmissible. Lettres d'abolition. Abolition gnrale. Prendre, obtenir une abolition. Il a eu son abolition. LeParlement a entrin son abolition. On appelle, en termes de Pratique, Porteur d'abolition, Celui qui a obtenu

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  • une abolition.

    ABOMINABLE. adj. des 2 genres. Excrable, dtestable, qui est en horreur. Crime abominable. Unhommeabominable. Il se dit par exagration, De tout ce qui est trsmauvais en son genre. Cette Comdie,cette musique est abominable. Cela a un got abominable. Une odeur abominable.

    ABOMINABLEMENT. adv. D'une manire abominable. Il se conduitabominablement. Il se ditaussi trssouvent par exagration. Il chante, il crit abominablement, abominablement mal.

    ABOMINATION. s. f. Dtestation, excration. Avoir en abomination. Il est en abomination tousles gens de bien. Il se dit aussi De ce qui est l'objet de l'abomination. Cet homme est l'abomination de tout lemonde. Il signifie aussi, Action abominable. Ce crime est une des grandes abominations qu'on puisseimaginer. Commettre desabominations. On dit, Les abominations des Gentils, pour, Le culte idoltre desGentils. Abomination de la dsolation, phrase tire de l'critureSainte. On s'en sert pour exprimer les plusgrands excs de l'impit, la plus grande profanation.

    ABONDAMMENT. adv. En abondance. Il ne doit plus souhaiter de biens, il en a abondamment.Cela est abondamment expliqu, abondamment dmontr dans plusieurs livres.

    ABONDANCE. s. f. Grande quantit. Abondance de tout. Abondance de biens. Pays d'abondance. Engrande abondance. Avec abondance. tre dans l'abondance. Avoir abondance de toutes choses. On ditproverbialement, De l'abondance du coeur la bouche parle, pour dire, qu'On ne peut s'empcher de parler deschoses dont le coeur est plein. Et on dit familirement, Parler d'abondance, pour dire, Parler surle champ etsans prparation; et, Parler avec abondance, pour, tre fertile en penses, en expressions, en tournures. Onappelle Corne d'abondance, Une corne remplie de fruits et de fleurs, qui est le symbole ordinaire del'abondance. Selon quelques Mythologues, la Corne d'abondance est celle qu Hercule arracha Achloschang en taureau. Selon d'autres, la Corne d'abondance est la corne de la chvre Amalthe, qui avoit nourriJupiter.

    ABONDANT, ANTE. adject. Qui abonde. Pays abondant en toutes sortes de biens. Maisonabondante en richesses. Il est abondant en paroles, encomparaisons. On ne diroit pas sans rgime, C'est unAuteur abondant. On dit Rcolte abondante, pour, Grande rcolte.

    ABONDER. v. n. Avoir en grande quantit. Abonder en richesses. Abonder en toutes choses. Cettemaison abonde en biens. Cette Province abonde en bls, en vins, en soldats, en gens d'esprit. Il signifieaussi, tre en grande quantit. Le bien abonde en cette maison. Toutes choses y abondent. On dit enJurisprudence, que Ce qui abonde, ne vicie pas, ou ne nuit pas, pour dire, qu'Une raison ou un droit de plusne peut nuire dans une affaire. On dit figurment, Abonder en son sens, pour dire, tre fort attach sonopinion.

    ABONNEMENT. s. m. Convention ou march qui se fait un prix fixe, pour une chose dont leproduit est casuel. Faire un abonnement. Faire un abonnement avantageux. Payer par abonnement. Proposerun Journal par abonnement. tablir un Concert public par abonnement. Recevoir des abonnemens unSpectacle. Dans ce sens on dit, Donner une reprsentation avec abonnement suspendu, Lorsque les abonnssont obligs de payer leurs places comme le public.

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  • ABONNER, S'ABONNER. v. pron. Composer un prix certain d'une chose casuelle, et dont leproduit n'est pas fixe. S'abonner avec un Cur pour les dixmes. Un Cabaretier qui s'est abonn avec lesFermiers des Aides. On l'emploie quelquefois activement. On a abonn cette Province telle somme.S'abonner un Journal, un Spectacle, un Concert.Abonn, e. participe. Celui qui a pris un abonnementpour un Journal, un Spectacle. On m'a abonn tel Journal. Je me suis abonn au Concert. Il s'emploieaussi substantivement. Ce Journal a beaucoup d'abonns. Je suis un des abonns du Concert. C'est aussi unterme de Fief, qui signifie, valu. Ainsi on dit, Un cheval de service abonn tant, pour, valu tant.

    ABONNIR. v. act. Rendre bon, rendre meilleur. Les caves fraches abonnissent le vin. Il est aussineutre, et signifie, Devenir meilleur. C'est un vieux pcheur, il n'abonnit point en vieillissant. Il est familier.Il est encore pronominal. Ce vinl s'abonnira dans la cave avec le temps.

    Abonni, ie. participe.

    ABORD. sub. mas. Accs. Il se dit proprement Des Ports o les vaisseaux peuvent mouiller. Ce Port estde facile abord, est de difficile abord. Il se dit aussi De l'action d'aborder une cte, dans un Port. Nousavons tent l'abord inutilement. Il se dit aussi figurment en parlant Des personnes qu'on aborde; comme,L'abord de cette personne est fort difficile. Cette personne a l'abord facile, gracieux. Cet homme a l'abordrude, fcheux. Craindre l'abord de quelqu'un. Abord doux, engageant. Leur abord a t fort froid. Je lui aidit cela ds l'abord, c'estdire, En l'abordant, avant toutes choses. Il me parut froid l'abord; mais dans lasuite je le trouvai trshonnte. On dit aussi dans le mme sens, Il me parut tel du premier abord; etfamilirement, De prime abord. Il signifie encore, Une affluence ou de personnes, ou de choses, qui arriventet que l'on apporte en chaque lieu. Il y a un si grand abord de monde en cette maison, en cette Ville. Il y a unabord de toutes sortes de marchandises et de denres.

    d'Abord. Expression adverbiale. Ds le premier instant, au commencement, premirement. D'abord ilsemble que cela soit vrai. D'abord j'ai t tromp.Tout d'abord, se dit au mme sens, et cela rendl'expression un peu plus forte.

    ABORDABLE. adj. des 2 g. Qu'on peut aborder. Cette cte n'est pas abordable, cause des cueils.On dit figurment, qu'Un homme est trsabordable, n'est pas abordable, pour, qu'Il est de trsfacile, detrsdifficile accs.

    ABORDAGE. subst. masc. L'action d'aborder un vaisseau. Aller l'abordage. Il se dit ordinairementen parlant Des combats de mer. Prendre un vaisseau par abordage, l'abordage. La nouvelle constructiondes vaisseaux a rendu l'abordage presque impossible. Il se dit aussi du heurt de deux vaisseaux qui viennent tomber l'un sur Pautre. Dans les temptes il n'y a rien de plus craindre que l'abordage. Les vaisseauxportent des feux la nuit pour viter les abordages.

    ABORDER. v. neutre. Aller bord, prendre terre. (Il prend tre ou Avoir aux temps composs.) Levent toit si fort que nous ne pmes aborder. Aborder la cte. Aborder au rivage. Nous avons abord.Aborder dans une le. Nous sommes abords.Aborder, dans l'acception d'Approcher, se dit aussi avec laprposition De. On ne sauroit aborder de cette glise, tant elle est pleine de monde.Aborder. v. a.Approcher, joindre,Aborder un vaisseau, se dit en deux sens: Aborder un vaisseau ennemi, C'est y monter parforce dans un combat. On aborde aussi un vaisseau, lorsqu'un vaisseau va en heurter un autre, soit qu'il nel'aperoive pas dans les tnbres, soit qu'il y soit pouss par la force du vent ou d'un courant. Il signifiefigurment, Accoster quelqu'un, approcher de quelqu'un pour lui parler. La foule toit si grande auprs de ce

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  • Ministre, que je n'ai pu l'aborder. Il se dit figurm. Du discours, pour, Traiter, discuter. Il n'a pas mmeabord la question. Ce sujet est difficile aborder.

    Abord, e. participe.

    ABORIGENES. s. m. pl. Il se dit Des premiers habitans, des naturels d'un Pays, par opposition ceux qui sont venus s'y tablir.

    ABORNEMENT. s. masc. Action d'aborner, ou l'effet qui rsulte de cette action.

    ABORNER.v. a. Mettre des bornes un terrain. Aborner un champ.

    Aborn, e. participe.

    ABORTIF, IVE. adj. Avort, qui est venu avant terme, qui n'a point acquis la perfection, la maturit.Enfant abortif. Fruit abortif.

    ABOUCHEMENT. s. m. Entrevue, confrence de deux ou de plusieurs personnes. On avoitmnag un abouchement entre eux. L'abouchement des deux Princes n'eut pas le succs qu'on enattendoit. Ilvieillit.Abouchement. Terme d'Anatomie. Roncontre des orifices de deux vaisseaux.

    ABOUCHER. v. act. Faire trouver deux ou plusieurs personnes dans un lieu pour confrer ensemble.Il faut les aboucher ensemble. Il s'emploie aussi au pronominal. S'aboucher avec quelqu'un. Nous devonsnous aboucher au premier jour. Ils se sont abouchs.

    Abouch, e. participe. Des tuyaux abouchs l'un l'autre, Appliqus l'un l'autre par leurs ouvertures.

    ABOUT. s. m. Terme de Charpenterie et de Menuiserie. Il se dit en gnral De l'extrmit de toute picede bois coupe l'querre et faonne en talus.

    ABOUT, E. adjectif. Terme de Blason. Il se dit De diffrentes pices d'armoiries qui se rpondentpar les pointes.

    ABOUTIR. v. n. (Il se conjugue sur Finir.) Toucher par un bout. Un arpent de terre qui d'un ctaboutit au grand chemin, et de l'autre au champ d'un tel. Ce champ aboutit un marais.Aboutir, Se ditfigurment en parlant d'Une affaire, d'un raisonnement, d'une entreprise. Ainsi on dit, Tous ses desseinsaboutissent cela, pour, Tous ses desseins tendent uniquement a cela; A quoi aboutissent tous lesraisonnemens que vous faites? pour, Quel dessein avezvous en cela? Cela ne peut aboutir rien, pour, Celane peut avoir aucun succs; Cela n'aboutira qu' le perdre, pour, Cela ne se terminera qu' sa ruine.

    Aboutir, se dit aussi, Des apostmes et des abcs, lorsqu'ils viennent crever, et que le pus en sort. Faireaboutir un apostme, un abcs. Un clou qui aboutit.

    Abouti, ie. participe.

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  • ABOUTISSANT, ANTE. adject. Un arpent aboutissant la fort. Une pice de terreaboutissante d'un ct , etc. Il s'emploie au pluriel comme substantif. Ainsi on dit, Les tenans etaboutissans d'une pice de terre, d'une maison, etc. pour, Les cts et les bouts par o elle tient et aboutit d'autres terres et d'autres maisons. On dit figurm. qu'Un homme sait tous les tenans et les aboutissansd'une affaire, pour, qu'Il en sait toutes les circonstances et les dpendances.

    ABOUTISSEMENT. s. m. Il ne se dit gure que d'un abcs qui vient aboutir. L'aboutissementd'un abcs.

    ABOYANT, ANTE. adj. Qui aboie. Des chiens aboyans. Meute aboyante.

    ABOYER. v. n. Japper. (Il se conjugue comme Employer.) Il ne se dit au propre qu d'un chien. Unchien qui aboie la Lune. Un chien qui aboie aux voleurs. Un chien qui aboie contre tous les passans. Unchien qui aboie aprs tout le monde. On dit proverbialement et figurm. Tous les chiens qui aboient nemordent pas, pour dire, Que tous ceux qui menacent ne sont pas toujours fort craindre.Aboyer, au figur,signifie, Crier aprs quelqu'un, le presser, le poursuivre importunment. Tous ses cranciers aboient aprslui. On ditaussi figurment et familirement, Aboyer aprs quelque chose, pour, La dsirer, la poursuivreardemment. Ils sont trois ou quatre qui aboient aprs cette charge. Aboyer aprs une succession. Et on ditproverbialement et figur. d'Un homme qui crie inutilement contre un plus puissant que lui, que C'est aboyer la Lune.

    Aboy, e. participe. Il n'est gure en usage qu'au figur. Un dbiteur aboy de tous ses cranciers.

    ABOYEUR. s. m. Chien qui aboie la vue du sanglier sans en approcher. Il s'emploie au figur. Unaboyeur de Bnfices. Ce critique n'est qu'un aboyeur. Ce crancier est un dangereux aboyeur. Il est familier.

    ABRACADABRA. s. mas. Mot auquel on attribuoit anciennement des vertus magiques pour gurirla fivre, en le portant autour du cou, crit dans une certaine forme.

    ABRAXAS. sub. masc. Mot auquel la superstition attachoit de grands mystres. L'abraxas est unamulette.

    ABRG. s. mas. Raccourci. Il se dit d'Un crit, d'un discours dans lequel on rend plus court ce qui estou ce qui pourroit tre ailleurs plus ample et plus tendu. Il rduit toute la Thologie, tout le Droit Canon enabrg. Il en a fait un abrg. L'abrg de l'Histoire Romaine. Donnez moi un abrg de votre affaire. Ondit, pour exprimer L'excellence de l'homme, qu'Il est un abrg des merveilles de l'Univers. C'est un mondeabrg.Abrg se dit aussi dans le sens d'Abrviation. crivez ce mot en abrg, par abrg. Voy.Abrviation.

    ABRGER. v. a. Rendre plus court. Ses dbauches lui abrgrent la vie. Cela a abrg ses jours. Lamthode qu'il a pour enseigner le Latin, abrge de beaucoup le temps des tudes. Abrger une narration.Abrgez votre discours. On s'en sert aussi quelquefois absolument. Vous tes trop long, abrgez. Il fautabrger. Laissons ce point pour abrger. Prenez ce chemin, il abrge.

    Abrg, e. participe.

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  • ABREUVER. v. actif. Faire boire. En ce sens, il ne se dit proprement que Des btes, etparticulirement des chevaux.Abreuver, se dit aussi De l'effet de la pluie sur la terre, lorsqu'elle la pntre.La pluie a bien abreuv les terres. Et on dit, que La terre est bien abreuve, quand il a bien plu. En parlantd'Une nouvelle qui est djrpandue partout, on dit figurment et familirement, que Tout le monde enestabreuv. Et cela se dit principalement quand on parle quelqu'un qui n'en sait encore rien, ou qui en faitmystre. On dit figurment Abreuver, pour, Entretenir, prserver de desschement et de langueur. Des ventesjournalires abreuvent un commerce, Lui donnent des fonds. Il y a dans ce Bourg un gros march qui nousabreuve de toutes les choses ncessaires. On dit aussi figurment, Abreuver quelqu'un de chagrins, pour,Lui faire essuyer des peines d'esprit. Il s'emploie avec le pronom personnel. S'abreuver de larmes.S'abreuver de fiel et d'amertume. On dit, Un coeur abreuv de fiel et de haine, pour figurer Un hommehaineux et mdisant.

    Abreuv, e. participe.

    ABREUVOIR. s. mas. Lieu o l'onmne les chevaux boire et se baigner. Un grand abreuvoir. Un belabreuvoir. Mener les chevaux l'abreuvoir. Les chevaux sont alls l'abreuvoir. Proverbialement etbassement on appelle Abreuvoir mouches, Une grande plaie la tte ou au visage. Il lui a fait un abreuvoir mouches avec son sabre.

    ABRVIATEUR. s. m. Auteur qui abrge l'ouvrage d'un autre. L'Abrviateur de S. Thomas, deBaronius.

    ABRVIATION. s. f. Retranchement de quelques lettres dans un mot, pour crire plus vte, ou enmoins d'espace; par exemple, lorsqu'au lieu de Monsieur, Marchand, et de Votre, on crit M., Md., Vre. Etordinairement on passe un trait de plume sur les mots abrgs. On appelle aussi Abrviation, L'emploi deslettres initiales d'un mot pour le dsigner. V. M. pour, Votre Majest. S. A. pour, Son Altesse. Sa S. pour, SaSaintet (Le Pape.) Sa H. pour, Sa Hautesse (L'Empereur des Turcs.) etc.

    ABRI. s. masc. Lieu o l'on peut se mettre couvert du vent, de la pluie, de l'ardeur du Soleil, et de toutesles autres incommodits du temps. Un bon abri. Chercher un abri, de l'abri. Il y a un bon abri dans cetteplage pour les vaisseaux. C'est un lieu extrmement dcouvert, o il n'y a point d'abri. On dit d'Une plage oles vaisseaux sont en sret contre le vent, contre la tempte, que C'est un bon abri.Abri, se dit aussi figurm.De quelque lieu que ce soit o l'on est en sret, et gnralement de tout ce qui nous met hors de danger. Lasolitude est un abri contre les embarras du monde. La pauvret volontaire est un abri contre la cupidit. Il nese dit que des choses et non pas des personnes. La maison d'un protecteur est un abri; sa personne est unappui, un recours. l'abri. Faon de parler adverbiale. couvert. Se mettre l'abri de la pluie, du vent, dumauvais temps, de la tempte. Etre l'abri derrire une muraille, derrire une haie. On dit sigurm. Semettre l'abri de la perscution, de la vexation. Et dans tous ces exemples la particule De a la force et lasignification de Contre. l'abri, se dit aussi de ce qui sert mettre couvert. Ainsi on dit, tre l'abri d'unbois, l'abri d'une muraille; et figurm. Agir l'abri de la faveur; et alors l'abri signifie Sous l'abri.

    ABRICOT. s. masc. Sorte de fruit noyau, dont le got tient de la pche et de la prune, et dont la chairet la peau tirent sur le jaune. Abricots en espalier. Abricots en plein vent. AbrieotPche. Compoted'abricots. Abricots confits. Pte d'abricots. Marmeladed'abricots.

    ABRICOTIER. s. masc. Arbre qui porte les abricots. Abricotier en espalier. Abricotier en plein vent.

    Dictionnaire de L'Acadmie francaise 5me dition

    A 19

  • ABRITER.v. actif. Mettre l'abri. Abriter un espalier. Cette maison est abrite par une montagne.

    Abrit, e. participe.

    ABROGATION. s. fm. Action par laquelle une chose est annulle. Suppression. Cassation parnonusage. Il ne se dit gure qu'en parlant d'une Loi, d'une Coutume. L'abrogation d'une Loi.

    ABROGER. v. a. Rendre nul, abolir, mettre hors d'usage. Il ne se dit gure qu'en parlant De Lois, deConstitutions, de Crmonies, et autres choses semblables. Abroger une Loi, une Ordonnance, une Coutume.Il s'emploie avec le pronom personnel. Cette Loi s'est abroged'ellemme.

    Abrog, e. participe.

    ABROTONE. Voy. Aurone.

    ABROUTI, IE. adj. Terme d'Eaux et Forts, qui se dit Des bois dont les bourgeons ont t dtruits parles bestiaux.

    ABRUPTO. s. m. Ab abrupto et ex abrupto. Mots emprunts du Latin qui signifient, Inopinment,brusquement, et sans prparation. Il se mit parler ex abrupto. En entrant il lui donna un soufflet ab abrupto.On appelle Exorde ab abrupto, L'exorde d'un discours o l'on entre surlechamp et vivement en matiresans prambule. Voyez Exorde.

    ABRUTIR. v. a. Se rendre comme une bte brute. Le vin pris avec excs abrutit les hommes, abrutitl'esprit. s'Abrutir. v. pron. Devenir comme une bte brute. Cet homme s'abrutit.

    Abruti, ie. participe.

    ABRUTISSEMENT. s. mas. L'tat d'un homme abruti. Cet homme est tomb dans un grandabrutissement.

    ABSENCE. subst. fm. loignement d'une personne qui n'est point dans le lieu de sa rsidenceordinaire. Longue absence. Courte absence. En mon absence. Les peines de l'absence. Il fait de frquentesabsences. Il se dit aussi Du dfaut de prsence une assignation donne. Il fut ordonn qu'on procderoittant en prsence qu'en absence. On n'a pas laiss de se divertir en votre absence. On dit figurment, Il y adans cet ouvrage une absence totale d'esprit, de got, de logique. On appelle aussi figurment, Absenced'esprit, La distraction, le manque d'attention. C'est une absence d'esprit qui n'est pas excusable. Il est sujet des absences d'esprit. Et quelquefois absolument, Il a souvent desabsences.

    ABSENT, ENTE. adjectif. Qui est loign de sa demeure ordinaire. Vous avez t longtempsabsent. tre absent de Paris. tre absent de la Cour. Un Religieux absent de son Couvent. Un Chanoine quitouche ses distributions tant absent que prsent. Il se dit figurment pour Distrait, inattentif. Son esprit estquelquefois absent. Il est quelquefois substantif. Tant les absens que les prsens. On oublie aisment lesabsens. Les absens ont toujours tort.

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    A 20

  • ABSENTER. S'absenter. v. pron. S'loigner de quelque lieu. Je m'absenterai durant trois mois.S'absenter d'un lieu, d'un pays. On le cherche pour le prendre, il faut qu'il s'absente. Il s'est absent, etc. Ilmarque ordinairement quelque fcheuse cause de s'loigner.

    ABSINTHE. subst. f. Plante mdicinale qui est trs amre. Absinthe Pontique. Absinthe Romaine.Cela est plus amer que de l'absinthe. Vin d'absinthe. Huile d'absinthe.

    ABSOLU, UE. adj. Indpendant, souverain. Pouvoir absolu. Autorit absolue. Un commandementabsolu. On dit, qu'Un homme est absolu dans sa compagnie, pour, qu'Il y fait tout ce qu'il veut, que personnene lui rsiste; qu'Un homme est absolu dans tout ce qu'il veut, pour, qu'Il veut fortement qu'on excute tout cequ'il ordonne; et, Parler d'un ton absolu, pour, Parler d'un ton imprieux. On dit dans le Didactique,Absolu, par opposition Relatif. Homme est un terme absolu, Pre est un termerelatif. Et on dit en termes deGrammaire Latine, Ablatif absolu, pour dire, Un Ablatif qui n'est rgi par aucune partie d'oraison qui soitexprime. Quelques Grammairiens disent qu'un mot se prend l'absolu, dans le mme sensqu'Absolument, pour dire, que ce mot s'emploie seul, sans rgime. Voy. Absolument.

    ABSOLUMENT. adv. D'une manire absolue, sans restriction, sans bornes, sans partage. Cet hommedispose absolument de tout dans la maison. On dit, Vouloir absolument, pour, Vouloir dterminment,malgr toute opposition et toute remontrance. On eut beau lui dire qu'il ne devoit pas partir, il le voulutabsolument. Je n'en ferai absolument rien.Absolument, signifie aussi, Toutfait, entirement. Tout lemonde absolument fut de cet avis. Il niaabsolument. On dit, qu'Absolument parlant, une chose estbonne, pour dire, qu' en juger en gros, et par ce qu'il y a de principal, elle est bonne. Et on dit de mme,qu'Une chose n'est pas mauvaise absolument parlant. Il y a des beauts dans cet ouvrage; mais absolumentparlant, il n'est pas bon. On dit, qu'Un verbe se prend, se met absolument, pour dire, qu'On ne lui donnepoint de rgime. Ainsi dans cette phrase, Il faut toujours prier, le verbe Prier, est mis absolument. On le ditaussi D'une phrase o il y a ellipse, comme Pied terre, o le mot Mettez est sousentendu. Pied terre estpris absolument.

    ABSOLUTION. s. f. Jugement juridique, par lequel un homme est dclar innocent du crime dont iltoit accus. Les Juges balancrent entre l'absolution et la condamnation. Il signifie aussi, L'action parlaquelle le Prtre remet les pchs en vertu des paroles sacramentelles qu'il prononce. Donner l'absolution.Refuser l'absolution. Diffrer l'absolution. Absolution Sacramentelle. Il est mort un moment aprs avoir reul'absolution.

    ABSOLUTOIRE. adj. des 2 g. Qui porte absolution. Bref absolutoire.

    ABSORBANT. s. masc. Terme de Mdecine et de Pharmacie. Substance qui a la proprit d'absorberles acides, en s'y unissant. Les yeux d'crevisse, le corail, la craie de Brianon, etc. sont des absorbans: ils ont peu prs les mmes proprits que les alcalis. On dit d'un malade, On lui a donn les absorbans.Absorbant,est aussi adjectif. Les terres absorbantes.

    ABSORBER. v. act. Engloutir. Les sables, les terres sches et lgeres absorbent les eaux de la pluieen un moment. L'ponge absorbe l'eau. Le Rhin la fin de son cours se perd dans des sables qui l'absorbent.Le Rhne tombe dans un gouffre qui l'absorbe.Absorber, se dit aussi en parlant Des couleurs, des sons, desodeurs, des saveurs. Le noir absorbe la lumire. Une voix foible et dlicate est absorbe dans un grandchoeur de musique. L'odeur de la tubreuse absorbe l'odeur de la plupart des fleurs. Le got de l'ail absorbele got de toutes les autres choses. On dit en Chimie, que Les alcalis absorbent les acides, pour, qu'Ils en

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    A 21

  • moussent la pointe, qu'ils en temprent l'activit.Absorber, signifie figurment, Consumer entirement. Eten ce sens, il ne se dit que Des biens, des richesses. Les procs ont absorb tout son bien. Les frais du scellont absorb la meilleure partie de la succession. Les conventions matrimoniales ont absorb tout le bien dumari. Cela absorbera trop de temps. On dit aussi: Absorber l'attention, absorber l'intrt. Cet Orateur avoittellement absorb l'attention, qu'il n'y en eut plus pour les autres. Cette scne absorbe tout l'intrt de laPice.Absorber, est aussi verbe pron. Les pluies s'absorbent dans les sables.

    Absorb, e. participe. On dit d'Un homme profondment appliqu quelque chose, qu'Il y est absorb,entirement absorb. Il est absorb dans l'tude des Mathmatiques. On dit d'Un homme qui est dans unemditation continuelle des choses de Dieu, qu'Il est tout absorb en Dieu.

    ABSORPTION. s. f. L'action d'absorber. Peu usit.

    ABSOUDRE. v. a. J'absous, tu absous, il absout; nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent.J'absolvois. J'ai absous. J'absoudrai. J'absoudrois. Absous. Qu'il absolve. Absolvant. Dclarer par jugementjuridique un homme innocent du crime dont il toit accus. Il y a eu cinq voix pour condamner l'accus, etsept pour l'absoudre. On l'a absous malgr le crdit de ses ennemis. Il s'est fait absoudre du crime dont onl'accusoit. Elle fut absoute pur et plein. En absolvant cet homme, on n'a pas fait justice. Il se ditfigurment dans le langage ordinaire. Je vous absous de votre ngligence, en faveur de votre repentir. Rien nepourra l'absoudre d'une si grande faute.Absoudre, signifie aussi, Remettre les pchs dans le Tribunal de laPnitence. Tout Prtre a pouvoir d'absoudre en cas de mort. Il a le pouvoir d'absoudre des cas rservs.Absoudre un pnitent. Absoudre en confession. On dit, en parlant d'Un mort, Un tel que Dieu absolve, pour, qui Dieu fasse misricorde. Cette faon de parler vieillit.Absous, ou absout, oute. part.

    ABSOUTE. subst. fm. Absolution publique et solennelle qui se donne en gnral au peuple, et dont lacrmonie se fait le Jeudi Saint au matin, ou le Mercredi Saint au soir dans les Cathdrales. L'vque a fait lacrmonie de l'absoute. On fait l'absoute dans les Paroisses aux grandes Messes le jour de Pques.

    ABSTME. subst. Celui ou celle qui ne boit point de vin. L'glise dispensoit du calice les Abstmes.

    ABSTENIR. S'abstenir. v. pron. (Il se conjugue comme Se tenir.) S'empcher de faire quelque chose,se priver de l'usage de quelque chose. S'abstenir de boire et de manger. S'abstenir de jurer. Quand on a prisl'habitude de faire quelque chose, il est bien malais de s'en abstenir. S'abstenir de vin. Je m'abstiendrai detout ce qui peut nuire la sant. Il s'est abstenu de toute sorte de plaisirs. Il s'en abstint ce jourl, Elle s'enest abstenue. On le dit quelquefois absolument. Il est plus ais de s'abstenir que de se contenir.

    ABSTERGER. verbe act. Terme de Chirurgie. Nettoyer. Il se dit Des plaies, des ulcres.

    Absterg, e. participe.

    ABSTERGENT, ENTE. s. mas. et adj. Terme de Mdecine. On appelle un Abstergent, ou desAbstergens, Les remdes qu'on emploie pour dissoudre les durets et les paississemens.

    ABSTERSIF, IVE. adj. Propre nettoyer. On l'emploie substantivem. et l'on dit, C'est unabstersif: on dit aussi, et mme mieux, Un abstergent.

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    A 22

  • ABSTERSION. subst. fm. L'action d'absterger.

    ABSTINENCE. s. fm. Action de s'abstenir. Il se dit principalement en parlant Du boire et dumanger. Abstinence de vin. L'abstinence est utile au corps et l'me. On lui a ordonn une grandeabstinence. On lui faisoit faire abstinence malgr lui. Il se dit aussi De la privation de viande en certainsjours, qui n'est pas accompagne du jene. Il n'est pas jene aujourd'hui, il n'est que jourd'abstinence.

    ABSTINENT, ENTE. adject. Qui est modr dans le boire et le manger.

    ABSTRACTION. s. f. Terme didactique. Opration de l'esprit, par laquelle il considre sparmentdes choses qui sont rellement unies. Considrer les accidens en faisant abstraction des sujets auxquels ilssont attachs. La blancheur considre par abstraction d'avec son sujet. En faisant abstraction de la qualitdes personnes, vous jugerez que, etc. On dit, qu'Un homme est dans des abstractions continuelles, pour, qu'Ilrve continuellement, qu'il est appliqu toute autre chose qu' celle dont on parle, ou qu'il a sous les yeux.

    ABSTRACTIVEMENT. adv. Par abstraction, d'une manire abstraite. On peut considrerabstractivement les qualits du corps.

    ABSTRAIRE. v. a. (Il se conjugue comme Traire.) Terme didactique. Faire abstraction, considrersparment des choses qui sont rellement unies. Pour connotre l'accident comme accident, il fautl'abstraire du sujet, de la substance.Abstrait, aite. participe. Il est aussi adjectif et terme didactique, et n'agure d'usage que dans cette phrase, Terme abstrait, qui se dit d'Une qualit considre toute seule, etdtache du sujet. Ainsi, La rondeur, la blancheur, la bont, sont des termes abstraits; et, rond, blanc,bon, unis des noms de substances, comme pain rond, vin blanc, bon Prince, sont des termes concrets. Ondit, qu'Un discours est abstrait, quand il est trop mtaphysique, trop loign des ides communes. On dit dansle mme sens, qu'Un homme est abstrait, fort abstrait. On le dit aussi pour signifier, Plong dans lamditation et la rverie, n'ayant de pense et d'attention que pour l'objet intrieur qui occupe. Il ne faut pas leconfondre avec Distrait. On est abstrait pour tre trop appliqu une seule chose. On est distrait parinapplication et lgret.Abstrait, est aussi substant. L'abstrait et le concret. Voyez Concret.

    ABSTRUS, USE. adj. Qui est difficile entendre, et qui demande une extrme application pourtrebien conu. Il ne se dit qu'en parlant Des sciences et des choses qui exigent de la mditation. Sciencesabstruses. Raisonnemens abstrus. Question abstruse. Il se dit quelquefois Des Ecrivains. Ce Philosophe m'aparu fort abstrus.

    ABSURDE. adj. des 2 g. Qui est videmment contre la raison, et contre le sens commun. Cela estabsurde. Voil un raisonnement absurde. Dire des choses absurdes. Proposition absurde. Consquenceabsurde. Conduite absurde. Il se dit aussi De l'homme qui parle ou agit absurdement. Un raisonneurabsurde. Il n'y a pas d'homme plus absurde dans le monde. On fait Absurde substantif. Tomber dansl'absurde. Rduire son homme l'absurde, Le forcer se rendre ou draisonner. On dit, Rduire l'absurde, pour, Rduire une opinion, un raisonnement quelque chose qui choque le bon sens. On dit parextension et familirem. en parlant Des personnes, Un homme absurde, pour signifier, Un homme qui dithabituellement des absurdits.

    ABSURDEMENT. adverbe. D'une manire absurde. Raisonner, parler absurdement.

    Dictionnaire de L'Acadmie francaise 5me dition

    A 23

  • ABSURDIT. subst. fm. Vice de ce qui est absurde. L'absurdit d'un discours. Il se dit aussi De lachose absurde. Il s'ensuivroit de l une grande absurdit. On dit par extension, en parlant Des personnes,Cet homme est d'une absurdit rare.

    ABUS. s. mas. Usage mauvais, excessif ou injuste de quelque chose. L'abus qu'il a fait de ses richesses, deses forces, de son autorit. Il se dit aussi absolument, pour signifier, Dsordre, usage pernicieux. Abusmanifeste, notoire. Rformer, corriger; retrancher les abus. Il s'est gliss divers abus dans la Justice. Il fautdistinguer entre un usage reu, et un abus qui s'est introduit. Les exemptions trop frquentes dgnrent enabus. Appel comme d'abus. C'est l'appel qu'on interjette au Parlement d'une Sentence rendue par un JugeEcclsiastique, qu'on prtend avoir excd son pouvoir. Interjeter appel comme d'abus. Quand on dit, LeParlement a jug qu'il y avoit abus; cela signifie, que Le Parlement a jug que l'appel comme d'abus a tbien interjet, et que le Juge a excd son pouvoir.Abus, signifie aussi, Erreur. Voil un trange abus. Cespeuplesl sont dans l'abus. C'est un abus de croire que cela puisse russir. On dit proverbialement, Lemonde n'est qu'abus et que vanit.

    ABUSER. v. act. Tromper. Il vous promet cela, il vous abuse. Abuser les esprits foibles. Il abuse lespeuples. On dit, Abuser une fille, pour, La sduire, la suborner. Il a abus cette pauvre fille sous promesse demariage.Abuser de. v. n. User mal, user autrement qu'on ne doit. Il a abus de votre bont. Abuser desSacremens. Il abuse des grces que Dieu lui fait. Si vous lui faites cet honneur, il n'en abusera pas. Il abusede son loisir, de son temps, de son crdit, de son autorit. C'est un homme qui ne se mnage point, et quiabuse de sa sant. Vous abusez de ma patience. Il abusoit de la confiance que j'avois en lui. On dit, Abuserd'une fille, pour, En jouir sans l'avoir pouse. C'est une fille dont il a longtemps abus. Il se dit aussi avecle pronom personnel. S'abuser, pour, Se tromper. Il s'est abus.

    Abus, e. participe.

    ABUSEUR. s. mas. Qui abuse, qui trompe. Un grand abuseur. Il est fam.

    ABUSIF, IVE. adject. Qui est contraire aux rgles. Usage abusif. Procdure abusive.

    ABUSIVEMENT. adv. D'une manire abusive. Mot employ abusivement. Cet homme a tabusivement dcrt.

    ABUTILON. s. mas. Plante de la famille des mauves. Ses fleurs sont semblables celles de laguimauve, avec cette diffrence qu'elles sont jaunes. Elle en a les proprits.

    ABYME. s. m. Voyez Abme.

    ABYMER. v. a. Voyez Abmer.

    ACABIT. s. m. Qualit bonne ou mauvaise de certaines choses. Il se dit principalement Des fruits. Despoires d'un bon acabit. Des lgumes d'un bon, d'un mauvais acabit.

    ACACIA. s. masc. Arbre de haute tige, et d'un bois tendre et moelleux, ayant des branches semesd'pines, et portant des fleurs blanches qui viennent par bouquets. Un bel Acacia. Plusieurs Acacias.

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    A 24

  • ACADMICIEN. s. m. Philosophe de la secte de l'Acadmie. Les Acadmiciens et lesPripatticiens toient opposs en certaines choses. Il signifie aussi, Celui qui est de quelque Compagnie deGens de Lettres, tablie par autorit publique. Les Acadmiciens de la Crusca. Les quarante Acadmiciens del'AcadmieFranoise.

    ACADMIE. s. f. Certain lieu prs d'Athnes, o s'assembloient quelques Philosophes qui prirent del le nom d'Acadmicien. Les Philosophes de l'Acadmie et ceux du Lyce toient d'accord en ce point. Il seprend aussi pour La secte mme de ces Philosophes. L'Acadmie prtendoit que, etc.Acadmie, se dit aussid'Une Compagnie de personnes qui se runissent pour s'occuper de BellesLettres, de Sciences, ou deBeauxArts. L'Acadmie de la Crusca. Les Acadmies d'Italie. L'Acadmie Franoise. L'Acadmie Royaledes BellesLettres, des Sciences, de Peinture, d'Architecture, etc. tre reu l'Acadmie. tre del'Acadmie. Aller l'Acadmie. Prononcer, lire dans l'Acadmie. Il se dit aussi Du lieu o les jeunes gensapprennent monter cheval, et les autres exercices qui leur conviennent. Il a mis son fils l'Acadmie. Il esten pension l'Acadmie d'un tel. Au sortir de l'Acadmie, il fut la guerre. Un tel tient Acadmie. Et on dit,Faire son Acadmie, pour, Faire ses exercices l'Acadmie. On dit aussi, Tenir Acadmie, pour dire, Avoirdes coliers pour leur enseigner l'quitation et les exercices du corps. Il se prend aussi pour Les coliersmmes. Ce jourl un tel Ecuyer fit monter toute son Acadmie cheval.Acadmie de Musique. C'est letitre qui est donn l'Opra dans les Lettres de son tablissement.Acadmie, se dit aussi d'Un lieu o l'ondonne publiquement jouer. Tenir Acadmie. Il a perdu son argent dans une Acadmie. Il faut faire juger cecoup l'Acadmie. Les Acadmies de jeu sont souvent des coupegorges. Il y a un livre intitul, L'Acadmiedes jeux, qui donne les rgles des jeux en usage.Acadmie, en termes de Peinture, est Une figure entiredessine d'aprs le modle qui est un homme nu, et qui n'est pas destine entrer dans la composition d'untableau; les figures qui y sont destines s'appellent Etudes.

    ACADMIQUE. adj. des 2 g. Qui appartient ou qui convient des Acadmiciens, un corps deGens de Lettres. Discours Acadmique. Ouvrage Acadmique. Style Acadmique. Confrences, questionsAcadmiques. Exercices Acadmiques. Sances Acadmiques. On l'applique quelquefois aux personnes.C'est un sujet Acadmique, pour dire, C'est un homme qui convient l'Acadmie.

    ACADMIQUEMENT. adv. D'une manire Acadmique. Il a trait son sujet Acadmiquement.

    ACADMISTE. s. masc. Celui qui dans une Acadmie apprend ses exercices, et surtout monter cheval. Un Acadmiste qui est bien cheval.

    ACAGNARDER. v. a. Accoutumer quelqu'un mener une vie obscure et fainante. La mauvaisecompagnie l'a acagnard. Il n'est que du style fam. Il s'emploie le plus souvent avec le pronom personnel.S'acagnarder dans sa terre. S'acagnarder auprs d'une femme, auprs du seu, dans un fauteuil.

    Acagnard, e. participe.

    ACAJOU. sub. mas. Arbre d'Amrique. On le nomme aussi Anacarde. Son fruit est une noix en formede rein, dont on fait usage en Mdecine. On donne aussi le nom d'Acajou diffrens arbres d'Amrique; maisils sont fort diffrens de celui qu'on vient d'indiquer. Le bois en est trsestim. On l'emploie dans latabletterie et la menuiserie. Meuble d'acajou. Porte peinte en couleur d'acajou, en acajou. On fait uneteinture d'acajou.

    ACANTHAC, E. adj. Il se dit Des Plantes pineuses.

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    A 25

  • ACANTHE. sub. fm. Plante qu'on nomme BrancheUrsine, qui pousse des feuilles larges et hautes,dont la partie suprieure se recourbe naturellement. Les Anciens et les Modernes ont orn le ChapiteauCorinthien de feuilles d'Acanthe.

    ACARITRE. adj. des 2 genr. Qui est d'une humeur fcheuse, aigre et criarde. Il est acaritre. C'estune humeur, un esprit acaritre. Une femme acaritre. Un enfant acaritre.

    ACARNE. s. m. Poisson de mer de la figure et de la grandeur du Rouget, mais blanc. On appelle encoreainsi Une espce de chardon fleur large et jaune.

    ACATALEPSIE. sub. fm. Maladie qui attaque le cerveau et te celui qui en est attaqu la facultde comprendre une chose, de suivre un raisonnement. Chez les Anciens, on donnoit ce nom la doctrine dequelques Philosophes qui n'admetroient aucune certitude dans les connoissances humaines.

    ACATALEPTIQUE. adj. des 2 g. On appelle de ce nom les partisans de l'Acatalepsie.

    ACCABLANT, ANTE. adj. Qui accable ou qui est capable d'accabler. Un poids accablant. Il sedit plus ordinairement en parlant Des choses qui sont considres comme un poids difficile porter. Affairesaccablantes. C'est une chose accablante pour un pre que d'apprendre la mort de son fils unique. C'est unenouvelle accablante. Cettecharge est accablante. Voil un reprocheaccablant. Il signifie aussi, Importun,incommode. Ainsi on dit: Un homme accablant. Une femme accabiante. Des visites accablantes.

    ACCABLEMENT. sub. mas. L'tat o l'on tombe par maladie, ou par excs de douleur etd'affliction. On dit, Accablement de corps; et figurment, Accablement d'esprit. On le dit aussi absolument.Sa maladie l'a mis dans un si grond accablement, qu'il a peine se soutenir. Depuis la mort de son fils, il estdans le dernier accablement. Il se dit aussi d'Une grande surcharge d'affaires. Il est dans un accablementd'affaires, de travail, qui lui laisse peine le temps de respirer.

    ACCABLER. v. act. Abattre par la pesanteur, faire succomber sous le poids. La maison est tombe, eta accabl tous ceux qui toient dedans. Il fut accabl sous les ruines. Ils furent accabls de la chute d'unemuraille.On dit peu prs dans le mme sens, tre accabl par le nombre, par la multitude des ennemis. Il se ditaussi par exagration pour, Surcharger. Il portoit un fardeau dont il toit accabl. Vos bonts m'accablent. Cedernier est une phrase badine pour repousser la plaisanterie. Il se dit figurment, De la plupart des chosesconsidres comme un poids qui accable. Le travail, les affaires l'accablent. Ne vous laissez point accablerau mal, la douleur, la tristesse. Il est accabl de dettes, de misre. Il est accabl de visites. Le sommeill'accable. On dit, Accabler quelqu'un de reproches, l'accabler d'injures, pour, Lui faire de grands reproches,lui dire beaucoup d'injures. On dit aussi, Accabler quelqu'un de biens, de grces, de bienfaits, de prsens,pour, Le combler de biens, de grces. Il a t trahi par un homme qu'il avoit accabl de biens. Il se dit aussiavec le pronom personnel. S'accabler de travail.

    Accabl, e. participe.

    ACCAPAREMENT. s. m. (Acaparement. ) Espce de monopole, qui consiste acheter ou arrherune quantit considrable de bl, de laine, ou de toutes autres denres ou marchandises, dans le dessein de serendre maitre du prix, faute de concurrens dans la vente. La Police doit empcher les accaparemens.

    Dictionnaire de L'Acadmie francaise 5me dition

    A 26

  • ACCAPARER. v. act. (Acaparer.) Acheter ou arrher des denres pour les vendre plus cher. Il ne sedit que dans un sens odieux.

    Accapar, e. participe.

    ACCAPAREUR, EUSE. adj. Celui ou celle qui accapare. On le fait substantif. C'est unaccapareur, une accapareuse. Le peuple confond quelquefois trsinjustement les gens qui ont soin del'approvisionner bon compte, avec les accapareurs qui ne cherchent qu' s'emparer des marchandisesncessaires.

    ACCEDER. v. n. Terme de Droit public. Entrer dans les engagemens contracts dj par d'autresPuissances. Les Couronnes du Nord ont accd ce Trait.

    ACCELRATEUR, TRICE. adj. Qui acclre. Muscles acclrateurs. Forces acclratrices.

    ACCLRATION. s. f. Augmentation de vitesse. L'acclration du mouvement dans la chute descorps graves. Il se dit aussi pour, Prompte expdition, pour, l'action d'acclrer. Il faut saire telle chose pourl'acclration de l'ouvrage.

    ACCELRER.v. a. Hter, presser. Il faut acclrer ce travail.

    Acclr, e. participe.

    ACCENSE, subs. fm. signifie dans la Jurisprudence de beaucoup de Coutumes Une dpendance d'unbien. Ce pr est une accense de ma Ferme.

    ACCENSER, v. a. terme d'conomie rurale, veut dire, 1. Joindre un bien un autre comme unedpendance, Accenser un pr une Ferme; 2. Joindre un objet d'administration curale un autre. J'aiaccens plusieurs. bouquets de bois une seule coupe.

    Accenser, en conomie politique, veut dire, Runir sous la mme division. Ces deux villagesressortissoient de diffrens Bailliages, on les a accenss au mme.

    Accens, e. participe.

    ACCENSES. sub. mas. pl. Officiers publics Rome, qui avertissoient le peuple de s'assembler,introduisoient l'audience du Prteur, et marchoient devant le Consul lorsqu'il n'avoit point de faisceaux.Leur fonction rpondoit celle de nos Huissiers.

    ACCENT. s. m. Terme de Grammaire. lvation ou abaissement de la voix sur certainessyllabes.Accent, se dit aussi d'Une prononciation vicieuse propre certaines Provinces ou au peuple. Onconnot son accent de quelle Province il est. Accent gascon. Accent Normand. On dit que, Pour bien parler,il ne faut point avoir d'accent; c'est dire, qu'Il ne faut point avoir d'accent Provincial, mais qu'on doitprononcer comme les gens instruits de la Capitale. On dit potiquement: Les accens de la voix. Tristesaccens. Accens plaintifs. Les doux accens de sa voix. On dit aussi dans le style oratoire et soutenu, Les accens

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  • de la douleur, de la piti, de la tendresse, etc.Accent, signifie aussi, Une petite marque qui se met sur unevoyelle, soit pour en faire connotre la prononciation, soit pour distinguer le sens d'un mot, d'avec celui d'unautre mot qui s'crit de mme. Accent aigu. Accent grave. Accent circonflexe. Ainsi on met un accent aigu surun , pour marquer que c'est un ferm, et qu'il doit tre prononc comme dans ces mots, Sant, charit. Onmet un accent grave sur un , pour marquer que c'est un ouvert, comme dans procs succs. On le met aussisur l, adverbe, pour le distinguer de la, article, et sur o, adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction. Etl'on met un accent circonflexe sur les voyelles longues, comme dans ces mots, Age, tte, gte, cte, flte.

    ACCENTUATION. s. f. Manire d'accentuer. Cette accentuation est vicieuse. Entendre bienl'accentuation.

    ACCENTUER. v. a. Mettre des accens sur des voyelles. Il ne sait pasaccentuer.

    Accentu, e. participe. Un accentu.

    ACCEPTABLE. adj. des 2 g. Qui peut, qui doit tre accept. Ces offres sont acceptables.

    ACCEPTATION. sub. f. Action par laquelle on reoit volontairement ce qui est propos, offert, oudonn. Acceptation d'une donation. Acceptation d'une lettre de change, c'est La promesse par crit de lapayer.

    ACCEPTER. v. act. Agrer ce qui est offert. Accepter une donation, une offre, une condition, un parti.Accepter un emploi, une charge. J'accepte ce que vous m'offrez. Les ennemis ont accept la trve. Accepterune tutelle. On dit, Accepter une lettre de change, pour dire, Promettre par crit de la payer; et, Acepter undfi, pour dire, S'engager faire quelque chose dont on a t dfi. On dit, J'en accepte l'augure, pour dire,Je souhaite que cela arrive comme on me le fait esprer.

    Accept, e. participe.

    ACCEPTEUR. sub. mas. Terme de Banque. Qui accepte. L'accepteur d'une lettre de change devientdbiteur personnel aprs l'acceptation.

    ACCEPTION. subs. fm. Sorte de prfrence. Il n'estgure d'usage qu'en cette phrase, Acception depersonnes, qui signifie, Un certain gard qu'on a pour des personnes plutt que pour d'autres. Il n'y a pointacception de personnes devant Dieu. Rendre la justice sans acception de personnes. La Justice ne faitacception de personne.Acception. Terme de Grammaire. Signification. Le sens dans lequel un mot se prend.Ce mot a plusieurs acceptions. Ce mot, dans sa plus naturelle acception, signifie, etc. Ce mot est mis ici dansune acception dtourne.

    ACCS. subst. mas. Abord. Il n'est gure d'usage que dans les phrases o le lieu dont on parle estconsidr comme tant de facile ou de difficile abord. Place de facile accs, de difficile accs. La place n'estpas fortifie; mais l'accs en est difficile. L'accs en est ais. On dit, Avoir accs auprs de quelqu'un, pourdire, Avoir la facilit de lui parler, de l'entretenir: et dans ce mme sens on dit, qu'Un homme est de facileaccs, de difficile accs. Avoir un libre accs auprs de quelqu'un.Accs, se dit aussi en parlant De ce qui sepratique au Conclave, lorsque dans le scrutin aucun Cardinal n'ayant eu le nombre de voix requises pour trelu Pape, on redonne des billets par lesquels on marque qu'on se range du ct d'un de ceux qui ont t

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  • proposs au scrutin. Les billets du scrutin, les billets de l'accs. Aprs le scrutin, on alla l'accs. Un telCardinal a eu tant de voix l'accs. Il fut fait Pape l'accs.Accs, se dit aussi en parlant De la fivre, etalors il signifie l'motion de la fivre, et tout le temps que la fivre dure sans intermission. Avoir un accs defivre, un accs violent. Il en a t quitte pour un accs. Le premier accs, le second accs. Son accs n'adur que deux heures. Un accs avec des redoublemens. L'accs est sur sa fin. L'accs avance, l'accsretarde, l'accs diminue. Il se dit aussi Des attaques de certaines maladies qui ont ordinairement des retourset des redoublemens, comme la rage, la folie, le mal caduc. Il est sujet des accs de folie en de certainstemps.Accs, se dit aussi au figur et dans les choses morales, et signifie alors Mouvement intrieur etpassager, en consquence duquel on agit. Il a des accs de dvotion, des accs de libralit. Avoir des accsde folie, de colre, de rage. Il faut prendre garde ses accs.

    ACCESSIBLE. adj. des 2 genr. Qui peut tre abord, dont on peut approcher. Il se dit galement Deslieux et des personnes. Un lieu qui n'est pas accessible. Cette place n'est pas accessible. C'est un homme quiest accessible toute heure. Il est accessible tout le monde.

    ACCESSION. subs. fm. Terme de Droit public. Consentement par lequel on entre dans unengagement dj contract par d'autres Puissances. Acte d'accession.Accession, se dit en gnral, De l'actionpar laquelle on adhre une chose, un acte, un contrat quelconque. Il y a eu accession du pre au contratde mariage du fils. Il signifie aussi, Ce qui survient de plus, ce qui augmente quelque chose. Accession dedroit. Accession de richesse, d'hritage.

    ACCESSIT. subs. mas. Terme emprunt du Latin. On dit, qu'Un colier a eu un accessit, pour dire,qu'Il a approch du prix. On s'en sert en parlant Des prix d'Acadmie. Un accessit l'Acadmie. Obtenirl'accessit.

    ACCESSOIRE. adj. des deux genr. Qui n'est regard que comme la suite ou l'accompagnement dequelque chose de principal. Cela n'est qu'accessoire. Une ide accessoire. Il se prend aussi substantivement,et signifie, Ce qui suit ou accompagne le principal. Le principal et l'accessoire. L'accessoire doit suivre leprincipal. On dit en Anatomie, Les accessoires, en parlant De certains nerfs qui naissent de la moelle du cou,et s'tendent par filets des deux cts.

    ACCESSOIREMENT. adv. D'une manire accessoire, par suite. Il ajouta accessoirement biend'autres choses.

    ACCIDENT. sub. mas. Cas fortuit. Ce qui arrive par hasard. Il se prend toujours en mal, quand il n'estaccompagn d'aucune pithte qui en dtermine le sens en bien. Accident imprvu. Accident inopin.Accident trange. Accident funeste. Accident fcheux. La vie humaine est sujette tant d'accidens. Il estarriv un grand accident. Accident favorable. Heureux accident.Par accident. Manire de parler adverbiale.Par cas fortuit, par hasard. C'est par accident que cela est arriv. Cela ne s'est fait que paraccident.Accident, en termes de Philosophie, signifie, Ce qui est en telle sorte dans un sujet, qu'il peut n'y pastre, sans que le sujet soit dtruit, comme la blancheur ou la noirceur dans une muraille, la rondeur ouquelque autre figure dans une table. En ce sens on dit, que La substance soutient lesaccidens. En termes deThologie, et en parlant Du Saint Sacrement de l'Eucharistie, on appelle Accidens, La figure, la couleur, lasaveur, etc. qui restent aprs la conscration. Tous les accidens qui toient dans les espces avant laconscration, subsistent encore aprs laconscration.Accident, en termes de Peinture, est Ce qui ne vient pasde la lumire principale, mais d'une fentre oppose, d'un flambeau, etc.

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  • ACCIDENTEL, ELLE. adj. Qui arrive par accident, par hasard. Cette circonstance est purementaccidentelle. Il est aussi terme de Philosophie, et signifie, Qui n'est que par accident dans un sujet, et quipourroit n'y tre pas, sans que le sujet ft dtruit. La blancheur est accidentelle la cire.

    ACCIDENTELLEMENT. adv. Par accident. Il n'est qu'accidentellement impliqu dans cetteaffaire. La blancheur, la rondeur, etc. ne sont qu'accidentellement dans les sujets o elles setrouvent.

    ACCISE. sub. fm. Nom d'une taxe qui se lve sur le vin, la bire et autres boissons en Angleterre. Ondit aussi Excise dans le mme sens. Dans les Provinces Unies, taxe sur plusieurs choses qui se consomment.

    ACCLAMATION. sub. fm. Cri par lequel on marque la joie qu'on a de quelque chose, ou la hauteestime qu'on a po