Dictionnaire Anecdotes

933
DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE D'ANECDOTES MODERNES,ANCIENNES,FRANÇAISESET ÉTRANGÈRES PAR EDMOND GUÉRARD Je n'aimede l'histoirequeles anecdotes. PROSPEMRÉRIMÉE. TOME PREMIER PARIS LIBRAIRE DE FIRMESDIDOT FRÈRES, FILS,ET CIE IMPRIMEUDRESL'INSTITURTU, EJACOB5,0 1872 Tousdroitsréservés. INTRODUCTION . En publiant un nouveau Dictionnaire d'anecdotes, il serait difficile lacune. Les recueils de ce genre existent déjà par milliers: cela prouve l général, et des Français, en particulier, pour l'anecdote ; mais cela prouve-t-il qu'il ne neuf et de plus complet pour le satisfaire? Rien ne s'explique mieux que la publication successive de cette multi L'anecdote est faite pour plaire à tous, et elle joint une utilité réelle, agrément plus évident et plus incontestable encore. On aime à voir le dess médailles, à rencontrer les grands hommes en robe de chambre, et à pénétre a, en chaque fils comme en chaque fille d'Eve, un fonds de curiosité, pour qui trouve à se satisfaire dans ces révélations intimes, ces confidences f contes, comme disaient nos aïeux. L'anecdote n'est pas seulement, suivant monnaie de l'histoire; elle en est souvent aussila réalité vivante et cour avec les mensonges solennels, les conventions pompeuses, les traditions consacrées par une sorte de formalisme superstitieux. Même lorsqu'elle n'est pas vraie,— ce qui est l' sans cesse, car nous ne partageons pas l'opinion de Voltaire, qui disait s qu'une anecdote soit vraie ou fausse ? Quand on écrit pour amuser le publi que la vérité »? —on peut dire qu'elle a encore son avantage relatif: l'av bourgeois sur la tragédie en toge et en cothurne, du poëme héroï-comique de la lettre et de la conversation sur le discours bâti d'après toutes les terre glaise sur la statue en bronze, et de la photographie qui saisit au le portrait àl'huile qui la fait poser. C'est-à-dire que, à défaut de la b beauté pittoresque, le mouvement et la vie, et que, même historiquement f cette vérité morale qui a fait écrire à Aristote que la poésie est plus vr M.Villemain aux romans de Walter Scott. Peut-être est-ce dans le même sens donnant à sa pensée une forme incomplète et excessive, et voulait-il dire anecdote n'ait pas la vérité matérielle, si elle a la vérité morale ! » L'anecdote, d'ailleurs, est poésie aussi bien que prose : elle ne se éteindre les auréoles usurpées ; souvent elle scelle les réputations d'un frappe la gloire en médailles, elle donne l'élixir d'une vie et d'un carac ces traits qui deviennent proverbes , et qui sont si profondément vrais pa l'idéal , le vice, la vertu, la passion d'un homme ou d'une époque. Tantôt contre laquelle elle nous met en garde, — chose salutaire, pourvu que nous contre elle; tantôt elle en est la fleur et la quintessence. Aussi l'anecd l'irai point rechercher jusque dans Homère et la Bible, ce qui serait à la Mais, sans réçlamer pour elle des origines si lointaines ni si problématiq Plutarque, Élien, Suétone et les historiens de l'Histoire Auguste, Macrobe écrivait lui-même jour par jour la réfutation de ses annales officielles,— Aristodème, Lynçée de Samos, Machon, etc;, etc., sinon des anecdotiers pur titre dont ils séparent? Athénée est rempli d'anecdotes. L'histori Philagrius et le philosophe 1

description

une petite zigomatheque

Transcript of Dictionnaire Anecdotes

DICTIONNAIRE ENCYCLOPDIQUE D'ANECDOTES MODERNES,ANCIENNES,FRANAISESET TRANGRES PAR EDMOND GURARD Je n'aimede l'histoirequeles anecdotes. PROSPEMRRIME. TOME PREMIER PARIS LIBRAIRE DE FIRMESDIDOT FRRES, FILS,ET CIE IMPRIMEUDRESL'INSTITURTU, EJACOB5,0 1872 Tousdroitsrservs. INTRODUCTION. En publiant un nouveau Dictionnaire d'anecdotes, il serait difficile de dire que l'on vient comblerune lacune. Les recueils de ce genre existent dj par milliers: cela prouve le got insatiable des hommes, en gnral, et des Franais, en particulier, pour l'anecdote ; mais cela prouve-t-il qu'il ne reste pas tenter quelque chose de plus neuf et de plus complet pour le satisfaire? Rien ne s'explique mieux que la publication successive de cette multitude de rpertoires anecdotiques. L'anecdote est faite pour plaire tous, et elle joint une utilit relle, sous la condition d'tre bien choisie, un agrment plus vident et plus incontestable encore. On aime voir le dessous des cartes et le revers des mdailles, rencontrer les grands hommes en robe de chambre, et pntrer dans les coulisses de l'histoire. Il y a, en chaque fils comme en chaque fille d'Eve, un fonds de curiosit, pour ne pas dire de malignit naturelle, qui trouve se satisfaire dans ces rvlations intimes, ces confidences familires, ces bons mots et ces bons contes, comme disaient nos aeux. L'anecdote n'est pas seulement, suivant une expression devenue classique, la monnaie de l'histoire; elle en est souvent aussila ralit vivante et courante, en contraste avec la lgende banale, avec les mensonges solennels, les conventions pompeuses, les traditions consacres par une sorte de formalisme superstitieux. Mme lorsqu'elle n'est pas vraie, ce qui est l'cueil frquent, dont il faut se dfier sans cesse, car nous ne partageons pas l'opinion de Voltaire, qui disait sans faon l'abb Velly : Qu'importe qu'une anecdote soit vraie ou fausse ? Quand on crit pour amuser le public, faut-il tre si scrupuleux n'crire que la vrit ? on peut dire qu'elle a encore son avantage relatif: l'avantage de la comdie ou du drame bourgeois sur la tragdie en toge et en cothurne, du pome hro-comique ou du roman de moeurssur l'pope, de la lettre et de la conversation sur le discours bti d'aprs toutes les rgles dela rhtorique, de la statuett en terre glaise sur la statue en bronze, et de la photographie qui saisit au vif la nature humaine en un clin-d'oeil, sur le portrait l'huile qui la fait poser. C'est--dire que, dfaut de la beaut artistique, potique et idale, elle a la beaut pittoresque, le mouvement et la vie, et que, mme historiquement fausse, elle peut revendiquer souveut cette vrit morale qui a fait crire Aristote que la posie est plus vraie que l'histoire, et appliquer ce mot par M.Villemain aux romans de Walter Scott. Peut-tre est-ce dans le mme sens que Voltaire s'xprimait, en donnant sa pense une forme incomplte et excessive, et voulait-il dire simplement : Qu'importe qu'une anecdote n'ait pas la vrit matrielle, si elle a la vrit morale ! L'anecdote, d'ailleurs, est posie aussi bien que prose : elle ne se borne pas dchirer les voiles et teindre les auroles usurpes ; souvent elle scelle les rputations d'un coup de cachet rapide et brillant; elle frappe la gloire en mdailles, elle donne l'lixir d'une vie et d'un caractre, elle rsume et concentre dans un de ces traits qui deviennent proverbes , et qui sont si profondment vrais parfois sans tre authentiques, l'me , l'idal , le vice, la vertu, la passion d'un homme ou d'une poque. Tantt elle est la contre-partie de l'histoire, contre laquelle elle nous met en garde, chose salutaire, pourvu que nous sachions aussi nous tenir en garde contre elle; tantt elle en est la fleur et la quintessence. Aussi l'anecdote est-elle vieille comme le monde. Je ne l'irai point rechercher jusque dans Homre et la Bible, ce qui serait la fois bien ambitieux et bien, puril. Mais, sans rlamer pour elle des origines si lointaines ni si problmatiques, qu'est-ce que Diogne de Larte, Plutarque, lien, Sutone et les historiens de l'Histoire Auguste, Macrobe, Procope, le Procope intime qui crivait lui-mme jour par jour la rfutation de ses annales officielles,et tant d'autres moins connus : Aristodme, Lyne de Samos, Machon, etc;, etc., sinon des anecdotiers purset simples , quelque puisse tre le titre dont ils sparent? Athne est rempli d'anecdotes. L'historien Thopompe, Dmophile de Bithynie, Philagrius et le philosophe

1

no-platonicien Hirocls avaient compos des recueils d'anecdotes, et ce sont l des anctres dont s'honore l'humble compilateur du prsent Dictionnaire. Que dis-je? Cicron lui-mme, il nous l'apprend dans une lettre Atticus, et Csar aussi comptent parmi nos aeux : tous les rudits, tous ceux qui ont tudi fond l'histoire de la littrature latine le savent parfaitement. Il n'est pas jusqu'aux moines qui n'aient cultiv le genre: il suffira de rappeler les noms de Planude, auquel on doit la vie lgendaire d'sope, et de Luther, qui crivit les Propos detable. En France, c'est bien mieux encore, ou bien pis, suivant les opinions. On sait la place que tient dans notre littrature le conte en prose ou en vers. A partir du XVIIIe.sicle surtout, les Mmoires se multiplient chez nous; et les Mmoiressont la grande et inpuisable mine des anecdotes historiques. Sous leurs diverses formes ; de Souvenirs, de Confidences,de Confessions,de Correspondances;, ils n'ont cess d'alimenter la curiosit publique. Puis est venue la cration des gazettes, grandes propagatrices d'anecdotes ds leur origine. Au XVIIesicle, Tallemant des Raux collige des myriades d'historiettes, et les ana sont fort en faveur, ana gnralement bien graves, voire un peu lourds, comme le Huetiana, le Naudoeana,le Valesiana, le Sorberiana, etc., qui ne sont gures que des recueils de notes sans liens sur des objets trs-divers; mais souvent aussi mls de bons mots et de traits piquants, comme le Menagiana, ou mme dans lesquels dominent le souvenir et le rcit anecdotiques, comme dans le Boloeana,le Segraisiana, le Santoliana. Le XVIIIe sicle est l'ge classique de l'anecdote en France. Les Mmoires secrets, les Correspondancessecrtes, les Espions, les Chroniques et Gazettes scandaleusesfourmillent alors. Les historiens et les polygraphes , Saint-Simon, Duclos, Marmontel, Diderot, Voltaire; les rudits et les compilateurs, comme de La Place, d'Artigny, l'abb Trublet, concourent avec les Bachaumont, les Imbert et les Mtra, les Pidansat de Mairobert, les Grimin. les Favart, les Rivarol, les Chamfort, les prince de Ligne, etc., etc., crer ce vaste fonds, d'une richesse inpuisable, o tout le monde vient fouiller sans le tarir. Qu'est devenu le recueil entrepris par Piron ? Il est probable que ce recueil tait fort sal, tout fait dans le got gaulois, et qu'il diffrait notablement de cette collection d'anecdotes, c'est--dire de curiosits d'rudition, qu'avait amasses le savant mdecin Falconet sur plus de 50,000 cartes, et qu'il lgua son ami Lacurne de Sainte-Palaye. Au XIXesicle, les ana renaissent, mais sous une nouvelle forme. Cousin d'Avalon, et sa suite une foule d'autres, dcoupent toute l'histoire en menus morceaux. On fabrique des anas avec la biographie de chaque homme clbre : Voltairiana, Pironiana, Bonapartiana, Rousseana, Malherbiana. Puis on prend des poques, et on faitle Revolutioniana, ou les Aneries rvolutionnaires. On prend des pays, et l'on publie le Gasconiana ; ou des professions, des vices, des travers, des ridicules particuliers, et l'on donne le Comdiana, l'Asiniana, le Harpagoniana, l'Ivrogniana, que dis-je? le Polissoniana. Ces fleurettes puriles s'panouissent de toutes parts, avec une abondance qui atteste leur succs. Dans ces dernires annes, la cration ou le dveloppement du courrier de Paris, l'importance prise tout coup par le petit journal, par la presse lgre, qui fait mtier d'tre indiscrte et satirique, de propager la nouvelle sous toutes ses formes, depuis celle de la chronique jusqu' celle du fait-divers, viennent encore vulgariser de plus en plus parmi nous le got de l'anecdote. Nous sommes rests l nation dont le penchant entendre et conter des histoires frappait dj Csar. La promptitude, la curiosit et la causticit de l'esprit national sont passes en proverbe, et la hte des affaires, la fivre de l vie moderne se joignent ces causes premires pour en accrotre les effets. Nous avons toujours aim la maxime brve, le mot piquant, le trait rapide et acr. Pour plaire la foule, s'en faire accepter et comprendre, la morale se met en rcits, l'exprience en dictons, la tragdie en sentences, l'histoire en morceaux choisis, et la politique en couplets. Ds qu'un illustre meurt, il pleut des milliers d'anecdotes sur sa tombe, en guise d'oraisons funbres, et personne n'a oubli le succs obtenu, il y a quelques annes, par un auteur de petites biographies, qui avait compris ce got, et par quelques-uns de ses imitateurs. Ainsi s'explique comment des recueils de la nature de celui-ci ont t entrepris si souvent dj. Dans cette innombrable multitude, parmi les meilleurs et les plus connus, on en peut distinger particulirement trois : L'Improvisateur franais, publi par S. (Sallentin) de l'Oise, en 21 volumes in-12 (1804-6); L'Encyclopediana de Panckoucke, qui forme le supplment de la grande Encyclopdie du XVIIIesicle, et un autre Encyclopdiana, Recueil d'anecdotes, anciennes, moderneset contemporaines,sans nom d'auteur, sans divisions ni titres, dont il s'est publi plusieurs ditions depuis un certain nombre d'annes. Nous avons voulu faire quelque chose d'analogue, mais autrement nanmoins, afin de donner notre recueil sa raison d'tre et, nous l'esprons, sa supriorit. Unecompilation comme celle-ci a toujours un avantage naturel sur les prcdentes. : celui de pouvoir profiter des rsultats acquis en les accroissant, de les complter en:comblant l'espace coul depuis, et en puisant aux sources nouvelles, qui se sont multiplies dans ces derniers temps. Nous avons tch de nous en assurer d'autres encore.

2

L'Improvisateur franais, d'ailleurs trs-volumineux, devenu rare et relativement cher, n'est pas, proprement parler, ou du moins n'est pas exclusivement, il s'en faut, un recueil d'anecdotes. Il renferme des dfinitions, de petites dissertations, des maximes, des vers, des traits de toute espce, rangs sous un mot quelconque, non pas celui qui en indique l'ide dominante, mais le premier venu, pourvu qu'il se trouve dans les citations groupes par le compilateur, et n'et-il aucun sens par lui-mme ( par exemple le mot que ou qui). Ni l'Enyclopdianade Panckoucke, ni l'autre, plus moderne, n'indiquent leurs sources. Ce dernier n'a mme de classement d'aucune sorte; les histoires s'y succdent sans sparation comme sans lien , sans titre ni points de repre. Et dans le recueil de Panckoucke, comme aussi, quoiqu' un moindre degr, dans l'Improvisateur franais, que d'ivraie mle au bon grain, que de platitudes, de fadeurs, de lourdeurs, de longueurs et d'inutilits ! Il faut avoir parcouru et fouill ainsi que j'ai d le faire, tous ces recueils spciaux, pour savoir combien ils renferment de banalits flasques et ennuyeuses, de traits mousss et sans pointe, de mots incolores et vents, et surtout dans quelle rdaction molle et ple, qui trouve moyen d'alourdir l'esprit mme, sont noys le plus grand nombre de leurs rcits. Ce n'est qu'avec beaucoup de bonne volont qu'on peut emprunter quelque chose aux Anecdotesmilitaires, aux Anecdotes des beaux-arts, etc., et cette bonne volont nesuffit mme point pour trouver une ligne prendre dans les Anecdotesde la cour de Philippe-Auguste, par Mllede Lussan , les Anecdotesde la cour de France, par Varillas, les Anecdotesorientales; espagnoles, anglaises, etc., par de La Place, qui peuvent avoir tous les mrites du monde, sauf le mrite de brivet rapide et piquante, de vivacit et de relief, qui constituent proprement parler le genre anecdotique; Voici les caractres particuliers que nous nous sommes efforc de donner notre recueil; D'abord il a, avant tout, le caractre historique. Nous avons gnralement exclules anecdotes fictives, tires des romans et des oeuvresd'imagination pure, sauf quelques-unes qui peuvent passer pour des traits de moeurs et d'observation personnelle. Non pas, on le comprend bien, que nous voulions garantir l'authenticit de tous les traits que nous citons : on devient trsmodeste sur ce chapitre quand on a pu voir par soi-mme les innombrables dguisements que revt la mme narration, et quelles origines imprvues et lointaines se rattachent souvent celles qu'on semblait avoir lieu de croire les plus authentiques. Mais elles sont prises dans des ouvrages ayant le caractre historique; et nous avons prfr celles qui intressent particulirement l'histoire de France et l'histoire des derniers sicles, la biographie des hommes clbres dans les divers genres. Nous n'avons pas cru. devoir, exclure les anecdotes devenues en quelque sorte classiques, et qui sont comme la base de tout dictionnaire analogue. prcisment parce qu'elles se trouvent partout, notre recueil et sembl incomplet en ne les reproduisant pas, et nous ne sommes plus au temps o la signification du mot, conform son tymologie , ne dsignait qu'un trait indit, mais nous nous sommes attachs avec une prdilection toute particulire aux oublies ou aux inconnues. Nous avions mme caress un projet : nous aurions voulu tendre nos choix de telle sorte qu'aucun pays et aucun temps ne s'y trouvassent omis, et qu'on et pu, en les classant chronologiquement; reconstituer pour ainsi dire une histoire anecdootique universelle, sans lacune importante. II a bien fallu renoncer cette utopie, ou du moins n'en garder que ce qui tait ralisable. L'antiquit a sa place ici ct de l'poque moderne; l'Orient y figure auprs de l'Occident, et il est bieu peu des grands hommes qui n'y aient leur place. En voulant faire plus, l'immensit du travail et produit un recueil norme et probablement trs-ennuyeux. Du reste, tout ce qui sent la thse et le systme doit tre vit avec soin dans un pareil ouvrage : il ne faut pas confondre les genres; ni les rles, et croire qu'on puisse beaucoup plus mettre l'histoire entire en anecdotes qu'en chansons ou en rondeaux; En nous attachant de prfrence aux anecdotes historiques, nous ne nous sommes pourtant pas refus les mler, pour la varit du recueil et l'agrment du lecteur, quelques-unes qui n'ont pas ce caractre; choisies parmi les plus piquantes et, autant que possible, parmi celles qui n'ont point tran dans tous les anas. S'il est bon de mler le grave au doux, dans un Dictionnaire d'anecdotes, il n'est pas moins ncessaire d'y joindre aussi le plaisant au svre. C'est une question de doses, si je puis ainsi dire ; qu'il faut laisser l'arbitrage de l'auteur. On mme et l, dans l'intrt de la varit, emprunt quelque pote ou quelque conteur :la rdaction d'un trait historique. Pour complter la physionomie propre de ce recueil, notre rgle gnrale a t d'indiquer scrupuleusement nos sources et de reproduire, sans autre modification que les retranchements indispensables pour qu'ils pussent rentrer dans notre cadre, ou, pour les plus anciens, le rajeunissement de quelques termes, car c'est ici un livr de lecture courante, o le lecteur ne doit tre arrt par aucun obstacle, les auteurs auxquels nous faisions des emprunts. Chaque crivain a son style, qu'il est ncessaire de lui conserver, absolument comme, dans une galerie, chaque peintre a sa manire, et il est aussi dplac de refaire leurs rcits qu'il le serait au propritaire de la galerie de repeindre les tableaux pour les accommoder tous uniformment son got. La multitude de petites toiles accroches dans ce Muse familier conservent la varit des styles en mme temps que cette des narrations,

3

et l'on y trouve une sorte d'anthologie qui runit l'intrt littraire l'intrt anecdotique. Sous chaque titre nous casons les extraits par ordre chronologique, bien que cet ordre ne puisse rien avoir de rigoureux, et mme qu'il cde quelquefois la ncessit de rapprocher deux traits dont l'un appelle l'autre, et qui se compltent par l'analogie ou par le contraste; Nous avons commenc par dpouiller et faire dpouiller tous les ouvrages originaux, anciens et modernes, franais et trangers, o nous pouvions esprer de trouver une rcolte plus ou moins abondante, sans distinction d'opinion, avec une impartialit entire, en n'cartant systmatiquement que ce qui offrait le caractre vident du scandale et de la calomnie, de la personnalit et del'esprit de parti. Ce qu'il a fallu parcourir, le crayon la main, d'histoires et de mmoires, Mmoires politiques, pittoresques, romanesques, dramatiques, etc. de Correspondances, de Voyages, de Souvenirs, de Journaux, et de Chroniques, pour runir nos extraits, on s'en apercevra en nous lisant, autant du moins qu'il est possible de s'en rendre compte, car beaucoup d'auteurs ont t parcourus de la premire la dernire page sans fournir une seule ligne. Deshistoriens comme Froissart, et, dans un tout autre genre, comme Vertot, malgr la curiosit des dtails qu'ils renferment, sont presque inutiles un recueil tel que celui-ci, parce que leurs narrations n'ont jamais la forme anecdotique. Il faut ramasser trois ou quatre fois trop afin de ramasser suffisamment, en, dans le triage dfinitif, les deuxtiers des extraits qu'on a pris tant de peine runir restent sur le carreau. Nous avons mme pouss ce dpouillement bien au-del des limites habituelles, en abordant des ouvrages o l'on n'a point coutume d'aller chercher des anecdotes, o la plupart des lecteurs mme ne s'attendraient certainement pas en trouver, et qui pourtant en renferment de fort intressantes; par exemple des livres de critique et d'rudition; en mettant aussi contribution, outre les mines universellement exploites et connues pour leurs richesses, quelques autres qui avaient t ngliges jusqu' prsent, sans oublier les plus rcentes, celles qui s'ouvrent chaque jour et dont nous avons profit dans la limite de nos droits. On verra que nous avons fait une large part aux hommes du XIXesicle, nos contemporains, quoi que, par un sentiment de convenance, nous nous soyons gnralement abstenus de toucher aux vivants. Aprs les ouvrages originaux, nous avons dpouill les rpertoires gnraux ou particuliers, pour yglaner les nombreux pis qui avaient chapp cette premire rcolte; Nous avons mme recueilli, en y puisant avec la rserve et la dfiance ncessaires, de nombreuses paves dans le flot trsabondant, mais un peu trouble, des journaux, qui nous a surtout alimentes pour la partie contemporaine. Quelle que soit la multitude des sources o nous avons puis, il est vrai qu;on pourra toujours en citer un non moins grand, nombre o nous n'avons rien pris. Le champ est infini : cinquante volumes, cinquante annes de travail et cinquante collaborateurs ne suffiraient pas le moissonner tout entier, d'autant plus qu'il s'accrot toujours mesure qu'on le dpouille. Si recule que soit la borne ou l'on s'arrte, il faut bien se rsoudre en poser une : l'eussions-nous place dix fois plus loin, il et toujours t possible de la reculer encore. On doit donc savoir s'arrter dans des limites raisonnables, l o l'intrt ferait dfaut et o le lecteur serait noy; Nous avons conscience et nous osons dire que, pour l'tendue des lectures, notre recueil ne redoute aucune comparaison. Les anecdotes dont la. source n'est point indique sont celles qui n'ont aucune importance, qu'on retrouve partout, qui sont devenues une sorte de proprit commune et banale, sans qu'on sache d'o elles viennent, du moins sans qu'on puisse retrouver leur rdaction primitive ; ou bien enfin celles dont la rdaction est propre ce recueil, soit parce qu'il a fallu les abrger ou les condenser, soit pour toute autre raison. Quelquefois; surtout pour certaines anecdotes modernes qui n'ont point le caractre historique, il n'a pas t possible de remonter la source. De prgrinations en prgrinations elles s'taient dpayses, et je les trouvais l'tat de vagabondage, loin du lieu natal, sans aucune marque qui permt d'en deviner l'origine. Nous avons mis quelques notes, courtes et sobres, afin de ne point changer le caractre de ce recueil; Ces notes ont pour objet d'indiquer des rapprochements, de donner des explications ncessaires: de signaler les variantes et ls transformations curieuses, au besoin les circonstances qui sont de nature clairer sur le plus ou moins d'authenticit et de vraisemblance; parfois enfin, dans les cas les plus remarquables, pour suivre la filiation d'une historiette, en marquer la provenance probable, lesimitations et les plagiats; Rien n'est plus suspect, on le verra bien souvent, que l'authenticit d'une foule d'anecdotes qui paraissent parfaitement vraisemblables et sont rapportes par des auteurs dignes de foi. Une foule de traits et de mots historiques passs en traditions sont cependant tantt des inventions pures et simples; tantt des variations excutes sur un thme connu, des adaptations un autre temps et un autre personnage: Il en est qui ont voyag ainsi de sicles en Sicleset de pays en pays, en changeant de costume chaque tape; Les germes de telle histoire du XVIIIe sicle remontent jusque chez les Grecs ou les Latins. Onest tout surpris de retrouver dans le Henriana, qui est de 1801, comme adresse Henri IV, la magnifique rponse attribue partout au grenadier d'Erfurth, qui l'aurait faite Napolon Ier et Alexandre ; et l'on est plus surpris encore, aprs l'avoir retrouve dans l'Henriana, de la rencontrer aussi dans le Contes de d'Ouville (1): il serait possible,

4

probablement, de remonter plus haut. Et peut-tre qu'en arrivant jusqu' l'origine, on y trouverait un conte fait plaisir. Nous choisissons cet exemple entre cent autres,tout aussi frappants. De mme l'anecdote attribue Young, puis Weber,puis un zbb (Vr Revanche), se trouve galement tout au long dans d'Ouville, qui lui-mme l'avait certainement prise ailleurs. Le nombre est incalculable de ces pices de mauvais aloi effrontment frappes l'effigie d'un homme clbre, lances dans la circulation par des crivains sans scrupule, acceptes et rpasses de main en main comme argent comptant. Cette fausse monnaie sefabrique encore chaque jour avec. une rare audace et un sans-faon inou, principalement dans les chroniques et les chosde la petite presse; L on ne se donne mme pas la peine d'inventer : on ouvre simplement sur son bureau l'Encyclopdiana , et l'en y puise pleines mains pour remplir le courrier du jour, en se bornant changer la date de l'anecdote et le nom du hros. On entendu hier sur le boulevard, au caf ou au thtre les traits qui courent les anas depuis deux ou trois sicles. On pille les uns aprs les autres tous les mots de Chamfort, de Rivarol, de l'abb Galiani, de Talleyrand, de M. de Montrond, qui avaient dj eux-mmes profit de bien des oprations pareilles, pour les mettre au compte de MM.Alexandre Dumasfils, Nestor Roqueplan, Mry, Balzac,Auber,Sardou, etc. C'est tout au plus si l'on prend la peine de dmarquer le linge. Ces plagiats se pratiquent si continuellement; si unir versellement et sur une si large chelle, que, pendant la composition de ce Dictionnaire , il m'arrivait chaque jour de reconnatre et de saluer au (1)Vr Reparties Une rponsedeMarlborough Tallard aprs la bataille d'Hochstedqt,ue nous rapportons la mme page, semble galement une nouvelle application dece mot. passage les trois-quarts, quelquefois plus encore, desNouvelles du jour dont taient remplies les chroniques de tel journal littraire qui prtend se distinguer par la sret et la rapidit de ses informations: De l le discrdit jet sur les anecdotes. Les vraies payent pour les fausses. Sil'on voulait passer au crible de la discussion ces myriades de faits et de mots. il y faudrait un travail norme, capable de remplir toute la vie d'un rudit. M. Edouard Fournier l'a entrepris dans un piquant petit volume pour quelques-unes des lgendes les plus rpandues. Ce n'tait point notre affaire et nous ne pouvions songer une pareille tche. Nous citons nos auteurs, afin de mettre notre responsabilit couvert, sans vouloir ni pouvoir autrement garantir ce qu'ils racontent, nous bornant carter ce qui sonne videmment le faux et noncer nos doutes au besoin. Quant au classement, le plus simple; le plus logique et mme peu prs le seul possible nous paru le systme traditionnel qui consiste ranger les anecdotes dans l'ordre alphabtique deleurs titres, en composant ceux ci, autant que possible, et la chose est souvent d'une grande difficult pratique, d'aprs l'ide dpminante ou le trait saillant. Beaucoup de ces titres servent de points de dpart des sries; o l'on trouvera groupes un grand nombre d'anecdotes, formant comme de recueils de curiosits, comme des tableaux d'ensemble sur le sujet, par exemple les mots Naivets. Calembours,Bonsmots, Jeux de mots, Reparties, Mystifications, Fautes typographiques, Bvueset Mprises,Evasions, etc., etc. Avons-nous besoin d'ajouter pourtant qu'en rassemblant ainsi plusieurs anecdotes sous des tiquettes gnrales , nous ne prtendons nullement tracer des catgories compltes, ni absolument mthodiques; Sous les titres de Prdicateurs, Peintres, Courtisans, etc., on aurait tort de s'attendre trouver toutes les histoires dans lesquelles figurent des courtisans, des peintres ou des prdicateurs, pu mme: dans lesquelles ils figurent au premier rang. On conoit que des centaines d'autres peuvent tre rattaches des titres qui changeront suivant les particularits qu'elles renferment et l'aspect sous lequel il est possible de les envisager, surtout quand, au lieu de former de grands chapitres peu nombreux, ces divisions se multiplient l'infini, afin de s'accommoder toutes les ncessits du recueil. D'ailleurs, beaucoup de ces sries offrent entre elles des analogies trs-grandes et ne sont spares les unes des autres que par des nuances, Calembourset Jeux de mots ; Aneries, Balourdises, Janoteries et Navets, Boutadeset Saillies ; Reprsailles et Revanches; Bvues,Mprises et Quiproquos, etc. Un index alphabtique, qui manque habituellement aux ouvrages de ce genre, nous a paru indispensable pour donner au ntre toute son utilit et en faire autre chose qu'un simple livre de lecture. En combinant les indications de ce classement moral avec celles de la table des noms propres, il sera facile de se retrouver. On pourra rapprocher tous les traits relatifs Un mme personnage et mettre le doigt du premier coup sur l'anecdote qu'on cherche, en sorte que notre recueil runira les avantages des deux classifications : la classification mthodique, par ides, et la classification biographique. Bref, nous voudrions et nous avons tch que ce Dictionnaire, par l'abondance et l'tendue des lectures, le choix et le classement des anecdotes, leur varit et leur universalit, la nouveaut de plusieurs et l'intrt contemporain de beaucoup, comme aussi par la reproduction textuelle des originaux, l'indication des sources, les quelques notes que nous y avons

5

ajoutes et la table alphabtique des noms, pt devenir le rpertoire classique du genre. On a prtendu que Talleyrand prenait son esprit tout fait dans l'Improvisateur franais : les causeurs, les curieux, voire les chroniqueurs pourront prendre le leur galement dans notre recueil, qui contient l'esprit de tout le monde. Le Dictionnaire d'anecdotes. est le supplment naturel de cet excellent ouvrage dont l'loge n'est plus faire : le Dictionnaire de la Conversation. Comme lui, mais dans des proportions infiniment plus restreintes et avec une inbitipn plus modeste, c'est aussi un Dictionnaire de la conversation et de la lecture ; seulement c'est le Dictionnaire dela lecture amusante et de la conversation btons rompus, d la causerie spirituelle et rapide, o les mots se choquent, o le trait jaillit, o l'histoire s'parpille en historiettes: L'un est l'utilit, l'autre l'agrment; l'un prend le fruit, l'autre la fleur. L o le premier s'enfonc au coeur,de chaque sujet, pour dresser l'inventaire mthodique et raisonn des notions indispensables tous, le second voltige la surface et, comme dit le pote, circum proecordialudit. Le premier enfin est de l'or en barres; le second de l'or, de l'argent ou du cuivre monnay en milliers de picettes courantes, qui passent de mains en mains. Mais c'est assez dire ce que nous avons voulu faire : le public verra ce que nous avons fait. DICTIONNAIRE D'ANECDOTES. A. Un avocat du nom de Marchants'est avisd'crireune assezlonguelettre d'amouren prenantsoind'exclurepartoutla voyelleA. Elle existe, imprime, mais absurde. Un nommRonden composaen 1816 la Picesans A, quifut joueau Thtre des Varits, et le public tait accouru pour voir ce tour de force. La toile se lve: Duvalentre sur la scne d'un ct, etMengozzdie l'autre.La premirephrase que prononcecelui-ci est : Ah! Monsieur, vousvoil! Tout le mondepart d'un clat de lire. C'tait mal dbuter pourunepicesansA. HeureusementMengozzitend l'oreilleau souffleur,et recommence: Eh ! Monsieur,vousvoici(1)! Abb. Fontenelleavaitun frre abb. On lui demandaitun jour : Quefait monsieur votre frre? Mon frre, dit-il, il est prtre. A-t-ildes bnfices? Non. Aquois'occupe-t-il?Il dit la messe le matin. Et le soir?Le soir, il ne sait ce qu'il dit. (Fontenelliana.) Un ecclsiastiquequi n'avait pas touIl n(1'y)La 'qaun'eucnmdoastlehtreouu:rvc'eaeisntqsuirealcaopnhtrpaeaserctoituet. nesetrouvepasdanslapice,quia t impri- me.(CHAUMeEtPRIOGTORE1A81U6i,,n-8.)IIest vraiqu'elleenrenfermde'autreasnalogueest,que l'auteurpeutavoircorrigsonoeuvrel'impression.Rondenavoue,danssa prface,que la reprsentationnedpassapasle commencement dela dernirsecne. V.Lapsulisnguoe. DICT. D'ANECDOTES. jours tenu une conduiteexemplaire,sollicitaitlergentde lui accorderuneabbaye. Le duc d'Orlans, fatigu enfin des demandesde cet abb, lui dit unjour, pour s'endfaire: Je vousconseille,Monsieur, puisque vous voulez absolument une abbaye,d'en fonderune, je ne voispas d'autre moyende voussatisfaire. (Panckoucke.) Ablution. Diognealla dansun bain public; l'eau

6

n'tait pas propre: Ova-t-on se laver en sortant d'ici? demanda-l-il. (Diognede Larte.) A bon vin, bon latin. Le premier prsidentdu parlement de Paris, M. de Lamoignon, tait en peine d'avoirun bibliothcaire.Il s'adressapour cela M. Hermant,recteur de l'Universit, qui lui indiquaM. Baillet,soncompatriote. Leprsidentvoulutle connatre. Il le faitinviter dner; Baillets'y rend, mais s'apercevant qu'il est entour de pdantsqui veulentfaire les savantsavec lui, il ne rpondque par monosyllabes aux diversesquestionsqu'on lui fait. On lui demande,en latin, commentil trouve le vin. Il tait mauvais;ilrpond, bonus. Aussittde rire, et d'en conclure,comme on l'avait dj pressenti, que le candidat n'est qu'un sot. Au dessert, on sert du vin d'une meilleurequalit, et pour se donnerde nouveaule plaisirde.rire, o renouvelle la question. Baillet rpond, bonum. Oh!oh! vousvoilredevenu bon latiniste! Oui,bonvin, bonlatin. (Salentindel'Oise,Improvisat,fran.) 1 ABR ABR Abrviation. Un paysan, qui avait un procs au parlement de Bordeaux, tait venu chez le premier prsident du parlement pour lui prsenter un placet. Il attendait depuis trois heures dans son antichambre. Enfin le premier prsidentvint passer, et le trouva fort attentif considrer un portrait o il y avait quatre P au bas, qui signifiaient: Pierre Pontac, premier prsident. Eh bien ! mon ami, lui dit ce magistrat, que penses-tuque dsignent ces quatre lettres? Monseigneur, lui rpondit notre villageois,il n'est pas difficileau bout de trois heures d'en savoir l'explication; elles signifient: Pauvreplaideur, prends patience(1). (Paysaniana.) Catherine de Mdicisrcompensales talents et les ouvragesde Philibert de Lorme, architecte, au del de ses esprances. On le fit aumnier et conseiller du roi, quoiqu'il ne ft que tonsur. Ronsard,en conutdela jalousie,et composa contre ce nouvel abb une satire piquante, intitule,: La Truelle crosse. DeLorme n'eut pas la force d'esprit de la mpriser. Un jour queRonsard voulait entrer dans le jardin des Tuileries, l'architecte, qui en tait gouverneur,le fitrepousser rudement.Ronsard piqu son tour, crayonnales trois motssuivants sur la porte qu'onlui avaitferme: Fort,

7

reverent, habe.De Lorme, qui ne savait pas le latin, souponna que ces mots taient une insulte; il crut par l Ronsard que l'appelait par ironie : Fort rvrend abb; il s'en plaignit la reine. Le pote sejustifia en disant que c'tait le commencementd'un distiqued'Ausone, qui avertissaitles hommes de ne point s'oublier: Fortunam reverenterhabe: (Ann. litt., 1770.) Lorsque Voltaire donna sa tragdie d'Oreste, on avait mis sur les billets dit tra(i1n)dCaentstleeanTehcedmotieseisatnaap.plique Pontchar- TallemandtesRaux MailseMenagianeat l'appliquentPontac. parterre, on ne sait pourquoi, les lettres initialesde ce vers d'Horace: OmneTulitPunctumQui MiscuitUtileDulci. O. T. P. Q. M.U.D., ainsi qu'elles se trouvaientcrites dans ce temps sur la toile du thtre. Les faiseurs de calemboursdu tempsinterprtrentcesinitiales par : Oreste, Tragdie Pitoyable Que Monsieur Voltaire Donne. (trennes Thalie, 1786.) L'abb Pellegrin se promenant au Luxembourgavec un de ses amis,peu de tdeemps aprs avoir fait jouer sa tragdie Plope, vit devant lui une feuillede papierqui contenaitun modled'criture, sur lequel il n'y avait que des P. L'ami ramasse cette feuille et dit l'abb : " Devinezce que veulentdire toutes ces lettres?C'est, rponditl'abb, laleon eqtu'unmatre crireadonne sonlve, que levent a fait tomber nospieds. Vous vous trompez, dit son ami; voici le sens de cette longueabrviation:Plope, picepitoyable,par Pellegrin, pote, pauvreprtre provenal. (Panckoucke.) Afinde donner,une foispourtoutes, un exempledes variantesinnombrables que subissenltesanecdotecsourantenso, usallonsciter une autre version,telle qu'onla trouvedans l'Espritdesjournaux(1783). " L'abb Pellegrin ayant donn au thtre sa pice de Plope, elle fut siffle la premirereprsentation;et l'auteur, le mme soir, reut au caf Procope, o il tait, une lettre conue en ces termes : " P. P. P, P. P: P. P.P. P. P. P. P. P. P. P. Il ne sut ce que cela signifiait; et comme il en demandait l'explication, un plaisant s'approcha de lui, et lui dit : Cette lettre est crite en abrviation; elle signifi Plope, pice pitoyable, prsente par Pierre Pellegrin, pauvrepetit pote provenal; prtre, parasite, parfaitementpuni. Onlisait, dans leMoniteurdu 15Sep- tembre 1840 : La-Belle-Pouleest par- tie ce matin, poussepar un joli vent d S. E: " Unmonsieur,qui n'tait pas fort ABR ABS

8

sur les abrviations,lut avec un magnifique sang-froid: " La Belle-Poule est partie poussepar un joli vent de Son Excellence. (Historique.) (Encyclopdiana.) Le clbre hellnisteGail, en dansl'Index copiant bibliographiquede sonAnacron un cataloguedes ditions de cet auteur, eut le malheur de prendre les abrviationse. bro. (exemplaire broch) lp'oduirtiounnconmommede ville, et d'indiquer imprime Ebro. (L. Lalanne, Curiosits littraires?) Abri insuffisant. Dans lescommencementsde sa convalescence, le marchaldeSaxemenaitpar- tout avec lui son mdecin Snac; un jour qu'au sige d'une ville, le marchal voulut aller reconnatre quelques ouvrages, il fit avancer jusqu' demiporte de canon son carrosse, dans lequel tait le bon mdecin; il en descend, monte cheval, et dit ce cher sEesrcauilbaipeen:ttAdetterentdoeuzr-.moli, docteur,je Mais,monseigneur, lui dit Snac, et le canon ?... Je vois d'icides canonniersqui vont pren- dre pour but notre carrosse, et moi qui serai dedans! Vousn'avezqu' lever les glaces! lui dit militairement le mouarduchmalo,ientsil part. Snac partit aussi, descendit sur-le-champdu carrosse, et fut se mettre en sret la queuede la tranche, jusqu'ce qu'il vt revenir sonconvalescent; et il fit bien. (Coll, Mmoires.) Absolu (Pouvoir). renLc'eomntpraeruenurPaul Ier, ce fou couronn, jour sur son chemin un soldatqui lui plut par sa bonnemine. Montezdans ma voiture, lieutena nt. Je suis soldat, sire. L'empereurne se trompejamais, capitaine. J'obis, sire; Trs-bien, commandant. Mettezvous prs de moi. Il fait un temps superbe aujourd'hui. Sire, je n'ose... Qu'est-ce dire, colonel? Malheurementce jour-l l'empereur devait rentrer de bonne heure au palais. Si sapromenadeet dur seulementquelques minutesde plus, soncompagnonde route improvistait fait feld-marcha;l faute de temps, ce favori d'un quart d'heure fut bien forc de se contenter du gradede gnral-major. Il estvrai quequelquesjours aprs, le pauvrediable, rencontr danslesmmes circonstanceset invit lammeprome- nade, se vit condamn subir en sens inverse la mme srie de capriceset redescendre de gradeen grade, en une demi-heure,de son titre de gnral-major au rang de simple soldat. Paul Ier renouvela souventces folies, plus dignesd'une duchessede Grolstein que d'un empereurde touteslesRussies. Unmatin, en passant en revue le rgi- ment de chevaliersgardes dont il tait mcontent: Un par un ! s'cria-t-il du mme accent qu'il et commandune simple manoeuvre.Tourne. Par le flanc droit, en Sibrie! marche!

9

Et le rgimenttout entier, officiersen tte, dut se rendre immdiatementet marches forces en Sibrie. Le comte Rostopchineobtint de l'en faire revenir mi-route. (Correspondant. Souvenirs d'un page de l'empereurNicolas.) Absolutisme ( Pensed'). veLrsosrosqnue la Restaurationtouchait dj dclin, CharlesXalla visiter le cmaimllephdoemSmaienst-Omer: douze ou quinze y taientrassembls.Leroi fut bienreu par les troupes et trs-content de leur esprit. Unlgermouvement de jouissanceabsolutistes'empara de lui, et il dit, la fin d'un jour de manoeuvre) au ducde Mortemart: Aveccesbraves gens, on pourrait se faire obiret beaumcoeunpt. simplifierla marche du gouverne- mais le roOi ui, lui rponditMortemart; ne devrait plus descendrede cheval,et dj il est fatigu.Celaest vrai , dit le roi. (Marmont, Mmoires?) Abstinence. allMa ofanitreesqsueiseau,daievuaxntde quitter Rome, Benot XIV. Le 4 ABS ABS pontife lui dit : Moncher Prsident, avant de nous sparer, je veux que vous emportiezquelquesouvenirde mon ti. Je vous accorde la ami- permission de faire gras toute votre vie, et j'tends cette faveur toute votre famille. Montesquieuremercie Sa Saintet, et prend cong d'elle. L'vque camrier le conduit la galerie. On lui expdie la bulle de dispense, et on lui prsente une note un peu forte desdroits payer pour ce pieux privilge. Montesquieu, effray de cet impt sacr, rend au secrtaire son brevet, et lui dit : Je remercie Sa Saintet de sa bienveillance; mais le pape est un si honnte homme! Je m'en rapporte sa parole, et Dieu aussi, " (Improvisateurfranais.) MadameVictoire(soeurde LouisXV), bonne, douce,affable,vivait avecla plus aimable simplicitdans une socit qui la chrissait : elle tait adore de sa maison.SansquitterVersailles,sans faire le sacrificede sa moelleusebergre, elle remplissaitavecexactitudeles devoirsde la religion, donnaitaux pauvrestout ce qu'elle possdait, observait religieusementles jenes et le carme. Il est vrai qu'on reprochait la table de Mesdames d'avoiracquispour le maigreune renomme que portaient au loin les parasites assidus la table de leur matre d'htel. MadameVictoire n'tait point insensible la bonnechre,mais elleavaitles scrupules les plus religieux sur les plats qu'elle pouvaitmangerau temps de pnitence. Je la vis un jour trs-tourmente de ses doutes sur un oiseaud'eau qu'on lui servaitpendantle carme.Il s'agissait de dcider irrvocablementsi cet oiseau

10

tait maigre ou gras. Elle consulta un vquequi se trouvait son, dner. Ce prlat prit aussitt le son de voix positif , l'attitude graved'un juge en dernier ressort. Il rpondit la princesse qu'il avaittdcidqu'en un semblabledoute, aprs avoir fait cuire l'oiseau, il fallait le piquer sur un plat d'argenttrs-froid; que si le jus de l'animal se figeait dans l'espaced'unquart d'heure, l'animaltait rput gras; que sile jus restait en huile, on pourrait le manger en tout temps sans inquitude.MadameVictoire en fit aussittl'preuve: le jus ne figeapoint; ce fut une joie pour la princesse, qui aimait beaucoupcetteespcedegibier.Le maigre, qui occupaittant madameVictoire, l'incommodait;aussiattendait-elle avecimpatiencele coupde minuit du samedi saint; on lui servait aussitt une bonne volailleau riz, et plusieursautres mets succulents. (Mad.Campan,Mmoires.) Abstinence force. Desbarreaux,mangeant, le vendredi saint, une omeletteau lard et entendant le tonnerre, ouvrit la fentre et jeta le plat en disant : Tant de bruit pour une omelette! (Tallemant, Historiettes.) Abstinence hyginique. Sanctorius, mdecinitalien, qui se livra pendanttrente ans des expriences sur la dperditiondu corps, prenait ses repasdansune chaise suspendueen l'air et maintenue par un contre-poidsdans cet tat, jusqu' ce qu'il et pris une certaine quantit d'aliments. L'abaissement de la chaisel'avertissait de quitter la table. (Lesclassiquesde la table?) Louis Cornaro, quarante ans, avait compromissasantpar desexcsde toute nature,que luipermettaitsafortune.Condamn par les mdecins, il chappa leur sentence par une rforme complte de son rgime. Il eut le couragederduire sa nourriture journalire douze oncesd'aliments solideset quatorzeonces de vin, s'abstenant en outre avec soinde tout ce quipourrait l'agiter, troubler son sommeilou sa digestion,etc. Il avait fait construire une balance trsexacte, o il constatait rgulirementce que tel aliment lui faisait gagner, combien tel exercice ou telle transpiration lui avait fait perdre. C'est ainsi qu'il parvint vivre centenaire, si toutefois c'est l vivre. Beaucoupde gens trouveront peut-treque c'tait tout simplement prolonger sa mort (1). Abstinence par paresse. Je rencontrai Lausanne un migr lyonnais, grand fitbeaugaron,qui, pour (1)SurCornarov,oir le Dictionnairdeela

11

Conversation. ABS AGA ne pas travailler, s'tait rduit ne manger que deux fois la semaine. Il serait mort de faim de la meilleure grce du monde, si un brave ngociantde la ville ne lui avaitpasouvert un crdit chez un traiteur, pour y dner le dimanche et le mercredidechaquesemaine. L'migrarrivait au jour indiqu, se bourrait jusqu' l'oesophage,et non sans partait, morceaudeemporteraveclui un assezgros pain; c'tait choseconvenue. Il mnageaitle mieux qu'il pouvaitcette provisionsupplmentaire,buvaitde l'eau uqnueand l'estomaclui faisait mal, passait partie de son temps au lit dans une rvasseriequi n'tait pas sans charmes, et gagnaitainsi le repas suivant. Il y avait trois mois qu'il vivait ainsi quandje le rencontrai. Il n'tait pas malade; mais il rgnait dans toute sa per- sonneune tellelangueur,sestraits taient tellement tirs, et il y avait entre son nez et ses oreilles quelque chose de si hippocratique, qu'il faisait peine voir. Je m'tonnaiqu'il se soumt de telles angoisses,plutt quede chercher utiliser sa personne, et je l'invitai dner dans mon auberge, o il officia faire trembler. Maisje ne rcidivaipas, parce que j'aime qu'on se roidisse contre l'adversit, et qu'onobisse, quandil le faut, cet arrt port contrel'espcehumaine: Tu travailleras. (Brillat-Savarin,Physiologiedugot.) Abstraction impossible. On disait au satirique anglais Donne: Tonnezsur les vices, mais mnagezles vicieux!Comment, dit-il, condamner les cartes et pardonneraux escrocs! " (Chamfort,Caractreset anecdotes.) Abus. Au momentoM. de Guibert fut nomm gouverneurdes Invalides,il se trouva dans cet tablissementsix cents prten- dus soldatsqui n'taient point blessset. qui,presentetous, n'avaientjamais assist aucun sige, aucunebataille; mais qui, en rcompense,avaient t cochers ou laquaisde grandsseigneursoude gens en place. (Chamfort.) Unedamede qualit invectivait, sans pudeur, l'hommequi tait l'objet de son ressentiment: Madame,lui dit-il, vous abusez de la considrationque j'ai pour votre sexe, et du mpris que j'ai pour votre personne. (Improvisateur franais.) Acadmiciens. M. Ferret tait un habile mcanicien, particulirementadonn l'horlogerie, mais aussiprolixe qu'ennuyeux dans ses dissertations.Un jour qu'il lisait l'AcadmiedeMarseille, dont il tait membre, un long trait sur l'chappement, un de ses confrrescrivit sur un morceaude

12

papier les quatre vers suivants : FTeurnreotuq,sutraancdedsella'chappement Heureux thorie, quipeutadroitement S'chappedre l'Acadmie. Il remet ce billet son voisin et sort. L'crit passe de main en main; chacun le lit son tour, rit, et s'en va. Le dernier enfinjette le billet sur la table, suit l'exempledesautres,etM.Ferret resteseul entre le prsident et le secrtaire que leur grandeur attache au rivage, mais qui ne se font pasfaute de partager l'hilaritgnrale. (Larousse,Dictionnaire.) Un jour que l'on ne s'entendait pas dans une dispute l'Acadmie, M. de Mairan dit : Messieurs,si nous ne par- lions que quatre la fois? (Chamfort.) Acadmicien exclu. M. de Louvoisayantt fait surintendant des btiments aprs M. Colbert, nous allmes,M.Charpentier, M. l'abb Tallemant,M.Quinaultet moi, Fontainebleau, pour lui demander s'il souhaitait quenouscontinuassionsles exercices de la petite acadmiedes inscriptionset des mdailles, que nous tenions chez M.Colbert. Nousfmesun mmoire, et ce fut moi qui le dressai. Cemmoirefut remis M.de Louvois, qui le donna lire M. le chancelier, son pre. Il fit un effet assez trange : M. le chancelier Le Tellier s'tait toujours moqude cette petite acadmie; ACA AGA il disait qu'il ne trouvait pas d'argent plus mal placque celui que M. Colbert donnait des faiseurs de rbus et de chansonnettes. Cependant, quand il eut lu ce mmoire, il changeade ton et dit M. de Louvois, son fils, en le lui rendant : Voilun tablissement qu'il faut conserveravecgrand soin; car rien ne peut faire plus d'honneurau roi et au royaume, sipeu de frais. L'aprsdnede cemmejour, M.Charpentier, M. Quinaultet M.l'abb Tallemant se prsentrent M. de Louvois. Je ne crus pas qu'il ft propos que je m'y trouvasse,dansla crainte queM.de Louvoisne me dt quelquechosequime dplt, et que,dans la chaleur, je ne lui fisse quelquerponse dont j'aurais t fch dans la suite. M. de Louvoisleur dit ces paroles : Vous avezjusqu'ici, Messieurs, fait des merveilles; mais il faut, s'il se peut, faire encore mieux l'avenir : le roi vousva donnerde la matire o il ne tiendra qu' vous de faire des choses admirables. Combien tesvous? Noussommesquatre, monseigneur, rpondit M. Charpentier. Qui sont-ils?lui dit M. de Louvois. Il y a,

13

reprit M. Charpentier, M.Perrault... M. Perrault, ditM.deLouvois,vousvous moquez,il n'en tait point : il avaitassez d'affairesdans les btiments. Et les autres, qui sont-ils? Il y a, dit M.Charpentier, M. l'abb Tallemant, M. Quinault et moi.Maisne vousvoil que trois, o est le quatrime? J'ai eu l'honneur de vous dire, reprit M. Charpentier, qu'il y avait M. Perrault. Et je vousdis,reprit M. de Louvois,avecun ton devoix levetqui marquait qu'il ne voulaitpastredavantagecontredit, n'en tait qu'il pas. M. Charpentier se tut, etM. de Louvoispoursuivit: Qui tait doncce quatrime? Alors, l'un destrois dit : M.Flibienvenait quelquefoisdansl'assemblelire des descriptions qu'il faisait de diversendroits des btimentsdu roi. Voil enfince quatrimequeje cherchais,dit M. de Louvois : or , allez vous-en, Messieurs,et travaillezdetoutesvosforces. Voilcommeje fus exclu de la petite acadmie. (Charles Perrault, Mmoires.) Acadmicien trop jeune. Louis XV ne confirmapas l'lection de l'abb Dellile l'Acadmiefranaise, sous prtexte qu'il tait trop jeune. deTdroepuxjmeuinllee! s'cria Voltaire; il a prs ans, il est de l'ge de Virgile. Jamais il ne l'appelaitautrement que Virgilius-Delille. (Alissande Chazet, Mmoires.) Acadmie. L'acadmiede la Crusca est la plus clbre detoutel'Italie. Cruscaen italien veut dire son, et ce mot fait allusionau but de ses travaux,qui consistent per- fectionnerla langueitalienne, lesmauvaisesexpressions,pourainsi dire, commeon spare le son de la farine: Les meublesde la salle sont tous allgoriques; la chaireest faite en forme de trmie, dont les degrs sont des meulesde moulin: une meulesert aussi de sige au directeur'; les autres siges sontfaits en formede hottes et le dossier en forme de pelle four.La table est un pmtrmino.ireLa'alcaamdomitiicideun qui lit quelque corps passdans un blutoir. Lesportraitsmmesqui dcorent la salle ont la forme d'une pelle four. (Panckoucke.) Ds que les Confessionsde saint Augustin, traduiteseu franaispar Arnauld d'Andilly,furentmisesaujour, messieurs de l'Acadmie franaise,charmsde la beaut de cette traduction, offrirentune place cet excellenthommequi les remercia. N'avons-nouspasune acadmie Port-Royal? rpondit-ilen souriant. Ce refusporta ces messieurs rgler que dornavantl'Acadmiese ferait solliciter,et ne solliciteraitpersonne. (Nouv. biblioth. delittrat.)

et

spa-

rer

14

Mnageavait fait une satire contre l'Acadmie naissante, ce qui empcha qRuo'islend'yisafitt: reLue; smuortqifuoi le prsident qui l'a fait rejeter aurait d le faire admettre, comme on force un homme pouser une fille qu'il a dshonore(1). sit(e1M)Qounetmlqauuers.-uantstribuenctemotau paraACA ACA Un particulier se prsente un jour Ferney, et s'annonce Voltairepour un hommede lettres. J'ai l'honneur, ditil, d'trede l'Acadmiede Chlons; elle est commevoussavez,Monsieur,fille de l'Acadmiefranaise.Oh! oui, Monsieur, reprit Voltaire,et une bravefille, qui n'ajamaisfait parler d'elle. (Journalgn., 1784.) On engageaitMably se prsenter l'Acadmie: Si j'tais de l'Acadmie, rponditMablyo,ndemanderaipt eut-tre: Pourquoien est-il? "J'aimemieuxqu'on demande: Pourquoin'en est-ilpas? C'estune maladie, disait-on,que la ptarsesidoendle'Acceadpamuvier.eabbTrublet pour Il y pense nuit et jlo'Aucr.admienM'eosntsieur, rpondit Duclos, pas faite pour les incurables," (Mad.Necker,Mlang.) Duclosavait l'habitude de prononcer sanscesse,en pleineAcadmie,desf..;, des b...; l'abb du Rnel, qui, cause de salonguefigure,taitappelun grand serpentsansvenin, luidit : Monsieur, sachezqu'onne doit prononcerdansl'Acadmieque des mots qui se trouvent dans le dictionnaire. (Chamfort.) Acadmie (pigrammescontre l'). J'ai t introduitincognito l'AcadmieparM; Racine. J'y ai vu onze per- sonnes.Unecoutait,une autre dormait, trois autressesont querelles,et lestrois autres sont sortiessansdire mot. (Pavillon,Lettre Furetire.) Le poteLainez rcitaitde charmants versdanslameilleurecompagniee, n pr- sencede M.deFontenelle,quicrutlui faire uncomplimenten luidisant: Pourquoi, Monsieur,un hommede votre mrite ne demande-t-ilpas entrer dansl'A cadmiefranaise? Eh !Monsieur, lui rponditfirementLainez, qui serait votrejuge? Aprssa rception l'Acadmiefrantraeinstee,Fnoenutfenelledit : Il n'y a plusque personnesdans le mondequi aient plusd'esprit quemoi, " On connatles deuxvers suivants du mmeauteur : SEotsmommmese-sn-otnruoesnutse-neuof,nest nosgenou;x quarantoe,nsemoquedenou(s1), ( Galeriede l'anciennecour.) L'abbRaynal,il y a quelquesannes, voulut assister la rceptiond'un acadmicien dont le mrite tait trs-mdiocre. On se tuait pour entrer dansla salle; l'abb Raynals'cria avecson accent provenal: Il mparat qu'il est plus difficiled'entrer ici que d'y tre reu. Ce mot lui deviendrafatal, s'il

15

veut faireune nouvelletentative; l'Acadmien'entend point la plaisanterie, et le clbreauteur de la Mtromanien'a t excluquepour sespigrammescontre ce corpsrespectable.Toutle monde sait son pitaphe,faite par lui-mme: PCais-mgPtmiroeanc,aqduimneifcuiet rni.en, (Favart,Journal,) Piron, en passantdansle Louvreavec unde sesamis: Tenez,voyez-vous,lui dit-il en lui montrantl'Acadmiefran aise, ils sont l quarante qui ont de l'esprit commequatre. (Galeriedel'anciennecour.) Piron assurait, l'autrejour, qu'undiscoursderception l'Acadmiefranaise ne devaitpas s'tendreau del de trois mots. Je prtendsque le rcipiendaire doit dire : Messieurs,grand merci, et le directeurlui rpondre : Il n'y a pas de nqououis. Si cet usage s'tait introduit, aurions, depuisla fondationdel'Acadmie, quelquescentainesde discours ennuyeuxde moins. ( Grimm,Correspondance.) de(s1e)sLl'oAgceased,stlm'odibietj,de'dtAelle'ammbbedirtaitonsnsleacprrtfoeauce mavomueede touslesgensde lettres,deceux-l bonneqsouuimonatufvaiaticsoensp,trigeerlalemdmesdeospnitgerllaemsem- es raitprivepoursonmalheurs,i elletaitmoins rneocmhebrrcahbleesC. 'esltameilleurreponsecesin- trsfaiblpeaprtiiger,paamrcmedqeousenljtaepnleudpoanrtnn'eqoun'tpuanse laformeanecdotique. 8 ACA ACE Dansundnerchezmadamede o il tait Tencin, questionde faire un acadmicien, la compagniese trouvaitpartage entre son minencele cardinal, alors abbde Bernis. et l'abb Girard.Piron tait du dner et de la consultation.On lui demandaauqueldes deuxil donnerait sa voix.Al'abbGirard,c'estun bon diable... Ayant la vue basse, il ne s'tait pas aperu que Bernis n'tait pasloindelui. Onl'en avertit l'oreille, et alors se tournantde sonct. Y penseriez-vous, monsieurl'abb, de vous mettre sur les rangs? Voustes trop jeune, ceme semble,pour demanderles Invalides. (Cousind'Avallon,Pironiana.) Acadmie (Candidats l'). trBeoduegainville,sollicitantDuclospour l'Acadmie,lui faisait entendre qu'tant atteint d'unemaladiequi le minait, illaisseraitbienttlaplacevacante. Ducloslui rpondit: Ce n'est point l'Acadmie donnerl'extrme-onction. Laujon le chansonnierse prsenta l'Acadmie l'ge de quatre-vingt-trois ans. Commeon ne trouvait pas son bagagelittraire suffisantpour appuyersa candidature: Eh!Messieursd, it Delille, nous savonstous o il va; laissons-le passerpar l'Acadmie. L'abbAlaryfut reu parmides quarante, quoiqu'iln'et publi aucun ouvrage. Lorsqu'il alla faire ses visites, il laissason billet chez un acadmiciende qualit, qui tait sorti, et qui n'avait jeanmraeinstreannttenadvuecpuanrler de lui. Celui-ci, hommede lettres, trouva le billet, le lut, et dit avec le ton de la surprise: L'abbAlary!je ne le connais pas; qu'a-t-il crit?

16

Sonnom, reprit l'hommede lettres. (Alm. litt., 1771.) OndiscutaitdevantM.V.lestitresd'un candidat l'Acadmie.Laplupart se prononaientcontre lui : Pour moi, dit M. V., je lui donnema voix; c'est un hommepoli et bien lev:Il n'a contre lui que sesouvrages, et c'est si peude chose! Lors de l'lection acadmiquequi a fait de M. Patin un des quarante, son comptiteurinfortun,M.Vatout,aborda aprsl'lectionM.Villemain,sur la voix duquel il avaitcompt,en sa qualitde dvopuustmm'aivneizstriel,et luidit :Monsieur, trahi; Commentcela,dit M.Villemain; aurais-jedit cequeje pense de vosouvrages? ( Encyclopdiana.) Acceptation de paternit. En 1706,mourutle vieuxBellegarde, quatre-vingt-dixans, qui avait longtemps servi avec grande distinction.Il tait officiergnralet commandeurde Saint-Louis;il avait t trs-bien fait et trs-galant;il avait t longtempsentretenu par la femmed'un despremiers metagistratsdu parlementpar ses placs par sa rputation, qui s'en doutait pourle moins,maisqui avait sesraisons ptoauitrne pas fairedebruit (on disaitqu'il impuissant).Un beau matin, sa femme, qui tait une matresse commre, entra danssoncabinet,suivied'un petit garon en jaquette. H! ma femme,lui dit-il, qu'est-ceque ce petit enfant? C'estvotre fils, rpond-elle resstobluiemnent,que je vousamne, et qui joli. Comment,mon fils! rpliqua-t-il, vous savezbien que nous n'en avonspoint.Et moi, reprit-elle, je sais fort bien quej'ai celui-l,et vous aussi. Le pauvrehomme,la voyantsi rsolue, se gratte la tte, fait ses rfluleixionsa, ssezcourtes: Bien,mafemme, dit-il, point de bruit; patiencepour cme'leuni-fler,emz ais sur parole que vous n plus. Elle le luipromit, eta tenuparole. (Saint-SimonM, moires.) Accident rvlateur. Un pauvreduc,maritrs-malheureux, attendait,un soir, dansl'antichambredu roi. Sa perruque, qu'il tenait trop prs d'un flambeau,prend feu et infectela chambre.Onvenait peinedel'teindre quandle roi entre : Oh! dit-il, comme cela sentla cornebrle! Jugezsi l'on rit. (Mademoiselle Ass,Lettres.) ACC ACT Accommodement. Les jsuites et les Pres de l'Oratoire taientsur le point de plaider ensemble; le premierprsident(deHarlay)les et les voulut manda, accommoder. Il travailla un peuaveceux, puisles conduisant: Mes dPerveisv,redaitv-eilcauxjsuites, c'estun plaisir vous, et se tournant tout court vers les Pres de l'Oratoire : Et un bonheur,mesPres, de mourir avec

17

vous." (MmetoLiro.auniescd.desrgnesdeLouisXIV XV.) Accommodement occulte. Le confesseurde Lulli maladeexigea, afinde montrer qu'il se repentaitde tous ses opras passs, qu'il brlt ce qu'il avait not de son dernier opra. Lulli hsitaquelquetemps, maisenfinil montra du doigtun tiroir otaient les morceauxd'' Achilleet Polyxne, qui furent jets au feu. Aprsle dpartde sonconfesseur, Lulli se sentit un peu mieux et reutla visitedu princede Conti: Eh ! quoi, Baptiste, lui dit le prince, j'apprendsque tu as jet au feu ton opra : devais-tubrler de si bonne musique? LulPliaix, paix, Monseigneurl,ui rpondit l'oreille; j'en ai une copie (1). (NouvelleBiographiegnrale. ) Acrostiche. Unedamepressaitquelqu'undefaireun acrostichesurle nomdu roi (LouisXIV). Le pote, qui avait plus de talent que de fortune, lui prsenta les cinq vers suivants: LOonudisessirteulenhvorior.ssAanusspseiutrqet tus'oannsreproch;e Un sentimendt'amouernflammtoeuls'laepspcoroecuhrse;, Il ne trouvecheznousquedes adorateu;rs Sonimageestpartout,exceptdansmapoche. (Improvisateurfranais. ) Acteurs. Scnes de thtre. Incidents tragiques et comiques. Dansla belle scnede l'Oreste d'Euva(r1i)aCnetettsDe.aannesccdeortteaesintreavsceorsnitoanevsi,elcsq'uageliqtduees lq'oupeLruadl'lAirrmpoind;de:danTsdai'asu-ttoreiC,sco'leasstseensoanufniles ccohpoisee.. Au fond,c'estabsolumenlat mme ripide, o ce jeune prince, aprs des accs de fureur, reprend l'usage de ses sens, l'acteur Hglochus,n'ayant pas mnagsa respiration, fut obligde sparer deuxmotsqui, suivantqu'ilstaient lidsounon, formaientdeuxsens trsdiffrents; de manire qu'au lieu de ces paroles : Aprs l'orage, je vois le calme (va),7)'v p), il fit entendre celles-ci: Je voisle chat (yaXjvp