Diasporas news n°68 novembre 2015

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NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE N° 68 - NOVEMBRE 2015 De la démocratie en Afrique ? P. BIYA Artisan du progrès S. FATTOH Moi, un faiseur de star ? K. OBILALÉ Un homme debout J.D. MAHAMA Bataille autour du fichier électoral M. KÉRÉKOU Vive le Caméléon Invité 16 Société 19 Dossier 4 Sport 22 P. Boua 18 Politique 6 Culture 28 Économie 13

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La démocratie au cas par cas… / Panorama des élections présidentielles / BENIN : La dernière couleur du caméléon / GHANA : Bataille autour du fichier électoral : Les mains sales du Togo à Accra / CAMEROUN : les visages de l'émergence / Visite d’Etat du Président de la République du Mali / Rebranding Africa Forum : saison 2 ! / Forum Economique Francophone 2015 / Interview Exclusive de Serge FATTOH ELLEINGAND, Journaliste-présentateur sur Télésud « Moi, un faiseur de star ? » / La fin de la faim dans le monde bientôt ? / Afrique je t’aime Tes matières premières m’intéressent… Mais aussi ton appui politique / Il n’est jamais trop tard pour bien faire… La France tient promesse à l’égard de la Guinée / Association Femmes Africaines & Pouvoir (AFAP) / Football : le paroxysme d’une sempiternelle crise à la Fédération / FIFA - Sept candidats en lice pour l'élection présidentielle à la Fifa du 26 février / Kodjovi OBILALÉ, Un homme debout / JUDO - GNÉTO Priscilla et GNÉTO Astride Deux soeurs,

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NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

N° 68 - NOVEMBRE 2015

De la démocratie en Afrique ?

P. BIYAArtisan du progrès

S. FATTOHMoi, un faiseur

de star ?

K. OBILALÉUn homme

debout

J.D. MAHAMABataille autour

du fichier électoral

M. KÉRÉKOU

Vive le Caméléon

Invité 16 Société 19Dossier 4 Sport 22P. Boua18Politique 6 Culture 28Économie13

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N° 68 - NOVEMBRE 2015

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ont collaboré à ce numéro : Alex ZAKA

Lamine THIAM Malick DAHO Pascal BOUA

Sharon CAMARA Clément YAO

Mireille NGOSSO Ould Hamet N’DIAYE

Directrice Promotion Marketing - Publicité

Coura SENE

Direction Artistique Angélique BERTON

Représentant Afrique ALLINONE-CONSULTING

Diana KOUADIO

Développement Région Rhône-Alpes Dieudonné SOME WENS

Développement Rhône Valentin G. SIKELY

Développement Hérault Benjamin AKA

Développement Haute-Garonne Jérôme M’BOUA

Développement Alpes-Maritimes Christian BOUTILIER

Dépôt Légal : à parution ISSN : 2105-3928

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La reproduction totale ou partielle des articles, photos ou dessins publiés dans ce magazine, sauf accord préalable, est interdite, conformé-ment à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Les documents reçus deviennent propriété du magazine.

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A la lecture des positions divergentes voire controversées affichées par le chef de l’exé-cutif français selon les cas, on est à même de se demander quelle est la ligne directrice de la politique africaine de l’Elysée. Nous convenons que l’exercice n’est pas aisé pour François Hollande qui doit, à chaque événe-ment et à chaque crise qui survient sur le continent, donner la position officielle de la France. Des fois, on a comme l’impression que certaines de ses déclarations ne sont pas préparées alors que tout est fait sciemment et méticuleusement calculé. On convient que dans ce type d’exercice au plus haut sommet de l’Etat, l’improvisation n’est pas tolérable.

Intéressons-nous à la déclaration du loca-taire de l’Elysée du 21 octobre dernier à la conférence de presse conjointe animée avec son homologue malien, Ibrahim Boubacar Kéita, alors en visite d’Etat à Paris. François Hollande avait dit en substance que « le président Sassou a le droit d’organiser un référendum pour modifier la consti-tution de son pays » avant de se raviser quelques heures plus tard et édulcorer son propos. Mais, c’était déjà trop tard. Cette phrase qui a soulevé des salves de critiques dans le camp de l’opposition congolaise avait déjà produit ses effets. Elle a cassé et anéanti les mouvements populaires devant déboucher sur une insurrection de la même magnitude que celle qui a emporté Blaise Compaoré au Burkina Faso.

Pour les mouvements « Sassoufi » regroupant les anti-référendums, cette déclaration inté-ressée du Président français était guidée par l’odeur du pétrole congolais très convoité par les puissances occidentales. La récente découverte de gisement offshore aux larges de Pointe Noire pourrait expliquer l’attitude ambiguë de la France. Selon eux, il n’y a au-cun doute, l’intention inavouée du chef de l’exécutif français était de voler au secours d’un régime à bout de souffle et usé par des années d’exercice du pouvoir. Pourtant, à quelques jours de ce référendum devant au-toriser Sassou à rempiler à la tête du Congo et demeurer au pouvoir ad vitam aeternam, la situation semblait à l’avantage de l’opposition, qui, avouons-le, avait savamment préparé et instrumentalisé les mouvements populaires pour faire chuter le régime. Peine perdue ! Sassou, aidé par Hollande, a déjoué tous les pronostics, et a réussi, sans ambages, son « coup d’Etat constitutionnel ».

Maintenant, faisons le parallèle avec une situation similaire en Afrique de l’Ouest. A 2 625 km de Brazzaville, la même France a adopté une posture différente à Ouaga-dougou lorsque Blaise Compaoré était aux prises avec l’opposition et les OSC (Organi-sations de la société civile) avec à leur tête « Le Balai Citoyen ». L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a eu raison de son régime vieux de près de 27 ans. En dépit des SOS lancés par ses proches, la France n’a pas bougé le petit doigt si ce n’est que pour l’exfiltrer du Burkina vers la Côte d’Ivoire pour avoir la vie sauve. A l’évidence, dans le cas présent, Paris n’avait pas grand intérêt à « sauver le capitaine Compaoré » à la tête d’un pays classé parmi les plus pauvres au monde et dont le sous-sol ne regorge pas de ressources précieuses.

On est bien d’accord que François Hollande, à l’épreuve de la démocratie sous les tro-piques, n’a pas toujours été constant dans ses prises de position. Il pratique avec adresse et hardiesse, la méthode de la démocratie au cas par cas au gré des intérêts et des circons-tances du moment. N’est-ce pas cela le vrai sens à donner à la « diplomatie économique » française qui n’obéit qu’à la seule règle du gain et des intérêts français ? Sur ce point, Américains et Français se rejoignent et sont désormais sur la même longueur d’onde. Trêve donc de discours « hypocrites » comme celui entendu le 29 novembre 2014 sur la tribune du XVe Sommet de la Francophonie à Dakar, prononcé par François Hollande, himself. Le Président de République de la 5e puissance économique et militaire mondiale, en donneur de leçon, avait mis en garde ses pairs africains qui ne respecteraient pas leur constitution au risque de se faire balayer par la rue. A la démonstration, il n’a toujours pas été prouvé que le pays des droits de l’homme encourage résolument l’émergence d’une vraie démocratie en Afrique. La démocratie au cas par cas comme nous venons de le décrire, tue la démocratie recherchée par tous les peuples africains aujourd’hui. Silence ! Les Africains se démocratisent à leur rythme au gré des circonstances du moment et des réalités sociologiques et anthropologiques.

Clément YAO

La démocratie au cas par cas…

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Cette année, huit Etats sur 54 ont élu ou éliront un nouveau président de la République. Au premier semestre, le Soudan, le Togo et le Nigéria ont déjà accompli leur devoir. Jamais le calendrier électoral continental n’a connu une telle concentration. Cette fois-ci rien qu’au mois d’octobre, on votait en Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, Tanzanie et au Congo Brazzaville pour un référendum.

Le temps des coups d’Etat est irrémédia-blement révolu. Pour autant l’apprentissage de la démocratie, la bonne gouvernance et le respect de la Constitution sont des notions à géométrie variable. Cette fameuse phrase proférée par un chef d’Etat sortant, aujourd’hui disparu, a encore de beaux jours devant elle : « on n’organise pas des élections pour les perdre ».

GUINÉE - Conakry

Le président sortant Alpha Condé a été officiellement réélu. Dès le premier tour, il a en effet obtenu 57,85% des voix soit en-viron 2.285.827 millions de voix. L’annonce du résultat électoral a eu lieu une semaine seulement après le scrutin ; plus exactement le 18 octobre. Elle avait eu lieu au palais du Peuple au cours d’une cérémonie organi-sée par la Commission Electorale Natio-nale Indépendante (CENI) en présence des membres du gouvernement et du corps diplomatique mais en l’absence des leaders des partis de l’opposition. La proclamation officielle reste de la prérogative de la Cour constitutionnelle ; elle est suspendue - pour l’instant - au recours déposé par trois des huit candidats malheureux auprès de cette même institution. Elle statuera au plus tard, le 2 novembre. Les récriminations des plai-gnants seraient fondées sur plusieurs irré-gularités. D’abord, l’écart flagrant entre les voix obtenues par le candidat Alpha Condé dans les bureaux de vote et dans les lieux de centralisation. Ensuite, la violation du code

électoral et la falsification des listes électo-rales ou encore des cartes d’électeurs qui ne sont jamais arrivées à leur destinataire. Et enfin, les manœuvres d’intimidation des délégués du parti du Président sortant, le RPG Arc-en-ciel. Apparemment, les obser-vateurs internationaux n’ont pas chaussé les mêmes lunettes que les candidats vaincus. Le chef de la mission d’observation parle plutôt d’un bilan positif et d’un climat de sérénité !Les quatre semaines de campagne électorale furent émaillées de violences entre partisans des principaux candidats ; elles présageaient une contestation des résultats après le scru-tin. Ce ne fut pas le cas. Le principal challenger Cellou Dalein Diallo (31% de voix) a-t-il fait preuve de résignation ou de réalisme lorsqu’il s’est décidé – dès le lendemain du scrutin – de se retirer du processus électoral ? En 2010, il était en ballotage favorable à l’issue du premier tour avec plus de 43% face à Alpha Condé. Cinq ans plus tard, le nombre réduit de candidats en lice (8 contre 25 en 2010) ne lui a pas profité en terme de report de voix ; et ce malgré, une alliance contre nature avec le capitaine Daddis Camara.Les jeux étaient-ils sans doute joués d’avance ? En tout cas, on ne voyait pas vraiment comment Alpha Condé pouvait perdre cette élection car il a bénéficié de la prime au candidat sortant. L’appareil ad-ministratif et les institutions sont encore aux ordres. Sinon comment justifier la sus-pension d’émissions interactives pendant la campagne électorale par la Haute Autorité de Communication ; il s’agit d’une entrave à la liberté d’expression. Et les concerts gra-tuits pour la jeunesse ou les panneaux d’affi-chage de 4x3m - placardés dans Conakry- à la gloire du président ? Sa communication et son image sont gérées par les sorciers blancs depuis qu’il a accédé à la présidence. Rap-pelons juste que l’exploitation du terminal de conteneurs du port de Conakry est dé-tenue par le groupe français Bolloré depuis 2011. Et naturellement sa filiale publicitaire EURO RSCG s’occupe de la communication du président Alpha Condé, qui par le fait du prince, a résilié par simple décret la conces-sion de Getma-Necotrans au profit dudit groupe Bolloré (NDLR : D-N n°63).

Panorama des élections présidentielles

Un nouveau bail locatif de cinq ans s’ouvre pour le locataire du Palais Sékhoutouréya ; une période pour consolider son pouvoir et essayer de sortir par la grande porte. L’ONU a toujours prôné le dialogue poli-tique. Or l’échec de la troisième concer-tation de juin 2014 a laissé une cicatrice au sein de la classe politique. Le président Alpha Condé sera-t-il capable de tendre de nouveau la main à ses opposants ? Reste l’amélioration des conditions de vie de la population et l’économie. Rappelons juste que le virus Ebola a emporté quelques 2.100 personnes. De ce côté-ci, la France veille et « cadeaute » : 174 millions €uros pour la Guinée à la fin du mois d’octobre dernier. « A la demande de la guinée » tenait à souligner la secrétaire d’État chargée du Développement et à la Francophonie, Annick Girardin. Ce financement sera alloué à la santé, l’éducation, la formation et à la relance économique.

CÔTE D’IVOIRE : plébiscitepour Alassane Dramane OUATTARA(ADO) avec 83%

Ce ne fut pas une surprise mais un tel score laisse pantois même avec une participation de 55%. La défaite aurait été pour ADO de ne pas passer au premier tour. Avec sa forte coalition composée de son parti le RDR, du PDCI de l’ex-président Henri Konan Bédié et des satellites regroupés au sein du RHDP (Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix), la victoire ne

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Alassane OUATTARA

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John MAGUFULI

pouvait lui échapper. En face, Pascal Affi N’Guessan le candidat du FPI - en pleine désintégration - de Laurent Gbagbo a fait pâle figure avec seulement 9%. Sur les 10 candidatures aux élections présidentielles validées par la Commission Electorale Indépendante (CEI) au mois de septembre 2015, l’ancien premier-ministre Charles Konan Banny, Mamadou Coulibaly (Liberté et Démocratie pour la République) et Amara Essy l’ex-ministre des Affaires Etrangères se sont retirés quelques jours avant le scrutin du 25 octobre. Ont-ils vraiment une en-vergure nationale ou leur entrée en lice ne s’apparentait-elle pas à une candidature de témoignage ? Tous ont argué « l’introduc-tion de la biométrie et de l’électronique dans le processus électoral » ; ou encore présager que « ce scrutin ne sera pas sincère, transpa-rent ni inclusif » préférant ainsi se désister plutôt que de participer à une mascarade. Sauf que chaque impétrant à la magistrature suprême a reçu une dotation - pour ses frais de campagne - de 100 millions FCFA (152.000 €uros). La sagesse n’aurait-elle pas été de rendre publique ses dépenses au moment de se déclarer forfait ?Ce "tako kélé" (la victoire dès le premier tour en dialecte Dioula) d’ADO est un message du citoyen à la classe politique. La population est lassée des bisbilles et aspire à plus de sta-bilité sociopolitique après tant d’années de guerre civile. Lors de son mandat précédent, le président sortant n’a pas à s’offusquer de son bilan économique. D’inspiration libéral, il a su restaurer la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs étrangers ; relan-cer l’appareil productif par de grands projets d’infrastructures. Le résultat est éloquent : 7 à 8% de croissance pour les trois dernières années. Malgré cela, cette vitalité ne bénéficie pas à la population ; on reproche souvent à l’Exécutif d’avoir quelque peu négligé le volet social (éducation, santé). L’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre ne se décrète pas et ne s’acquiert pas en cinq ans. Pour le prochain quinquennat, décentraliser l’administration, réformer, favoriser l’entre-prenariat, promouvoir le secteur agricole ; telles sont les prérogatives de la nouvelle équipe gouvernementale.Quelle équipe gouvernementale ? L’alliance des Houphouetistes (RDR/ RHDP/ PDCI-RDA) est-elle circonstanciée aux seuls rendez- vous électoraux ou vont-ils fusionner pour former une vaste coalition comme ADO et Henri Konan Bédié l’ont souhaité.Reste les problèmes en suspens qui font que la Côte d’Ivoire vit sur une caldera qui, tôt ou tard, risque d’exploser. D’abord, cette vaste coalition en gestation et la division du FPI réduisent considérablement l’offre politique qui reste un moyen de canaliser la violence. Ensuite, les séquelles de la crise postélectorale de 2011 n’ont pas encore été totalement dissoutes en dépit de la créa-tion d’une Commission Dialogue, Vérité et

Réconciliation (CDVR). Les lourdes peines infligées aux partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo ont engendré un profond ressentiment. Or, tant que les comzones (ex-chefs rebelles ralliés à ADO) ne répon-dront pas de leurs actes, le sentiment d’une justice des vainqueurs ou d’impunité persis-tera. Quant à la succession d’ADO en 2020, l’ambition affichée par la génération mon-tante de quadragénaires promet une lutte sans merci pour la conquête du pouvoir.

CONGO - Brazzaville : 92,96% pour le « OUI »

Score soviétique pour un référendum constitutionnel où toute la panoplie des moyens pour museler l’opposition a été mise en place. Le président Denis Sassou Nguesso a fait d’une pierre deux coups. Sous-prétexte d’une modernisation de la gouvernance et des institutions de la Ré-publique, il a fait passer subrepticement un amendement qui remet le compteur à zéro le nombre de mandat présidentiel. En 2016, il pourra ainsi se présenter aux élections présidentielles et rester encore au pouvoir pendant 15 ans ! Sauf s’il décide de préparer sa sortie soit en privilégiant une succession dynastique ou transmettre le pouvoir à un digne représentant de son ethnie, le Mbochi. Petit par sa superficie (350.000 Km²) par rapport à ses voisins, il ne l’est pas moins quant à son influence géopolitique en Afrique Centrale. Riche en ressources naturelles, le Congo Brazzaville dispose de moyens finan-ciers considérables qui lui confèrent une certaine indépendance de ton. Denis Sassou Nguesso use de son influence dans la crise centrafricaine face ses homologues le tcha-dien Idriss Déby et le camerounais Paul Biya. Le burundais Pierre Nkurunziza, rempilant pour 5 ans, lui doit une reconnaissance in-défectible pour son soutien diplomatique. Le président François Hollande regrette tardive-ment cette oukase référendaire ; tout au plus Washington se dit « préoccupée et inquiète pour cette modification constitutionnelle ». Les grandes puissances ont une manière sélective de dénoncer le déni de démocratie. Blaise Compaoré a été lâché après plus 25 ans de

bons et loyaux services rendus aux occiden-taux. Le président rwandais Paul Kagamé a donné des idées au président Sassou Nguesso. Mais quel pays occidental oserait s’opposer à ce « parrain » de la région des Grands Lacs. Pour les mêmes raisons, mais dans une moindre mesure, c’est-à-dire des questions d’équilibre géopolitique de la sous-région, la France a besoin du Congo Brazzaville. Le chef d’Etat congolais a été en 2009 le porte-parole du continent au moment de la conférence sur le climat de Copenhague. Le froisser à la veille de la COP 21 de Paris - grand enjeu pour le gouvernement français - pourrait entraîner la défection de quelques pays africains.

Terminons par une note d’optimisme : la TANZANIE

Lors des élections générales (présidentielles, législatives et locales) du 25 octobre dernier, John Magufuli ministre des Travaux Publics du gouvernement sortant succède au président tanzanien Jakaya Kikwete qui ne pouvait plus se représenter à la fin de son second man-dat. Saluons la sagesse du gouvernement qui voulait modifier la constitution par voie référendaire au mois d’avril 2015. Il a double-ment entendu les recommandations : d’une part, de la Commission Nationale Electorale (NEC) qui ne pouvait respecter les délais impartis pour mettre à jour la liste électo-rale pour l’introduction de carte électorale biométrique ; et d’autre part de l’opposi-tion, elle ne souhaitait pas non plus de cet amendement de la Constitution. En effet, ce texte garantissait un élargissement du pou-voir présidentiel au détriment du système fédéral qui prévaut actuellement. Même si le chef d’Etat sortant Jakaya Kikwete, ne fait pas un cas personnel de sa longévité à la tête du pays en respectant scrupuleuse-ment la Constitution, il pense tout de même à celle de son parti : l’omnipotent Chama Cha Mapinduzi (CCM) qui dirige le pays sans discontinuer depuis l’indépendance de la Tanzanie c’est-à-dire 51 ans !

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Denis Sassou NGUESSO

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défaite, chose rare pour un militaire sur le continent africain, va rebondir en revenant à la tête du pays en 1996 et se fera réélire en 2001. En 2006, Mathieu Kérékou s’est retiré de la vie politique sans visée révisionniste de la Constitution pour un troisième mandat. De loin, le vieux caméléon qui lutte contre une maladie qui le ronge observe sans s’im-miscer dans la polémique suscitée par les vel-léités de tripatouillage de la Constitution de l’actuel président Yayi Boni. « C’est sa double facette qui rend Kérékou un personnage poli-tique fascinant », affirme Alioune Fall, Profes-seur du droit constitutionnel et des institu-tions africaines. « Après avoir mis en place une dictature communiste très dure avec suspension de tous les droits fondamentaux, il reniera la doc-trine marxiste-léniniste, allant jusqu’à quasiment demander pardon à son peuple lors de la Confé-rence nationale. Qui plus est, le dictateur Kérékou s’est signalé à l’attention en revêtant l’habit dé-mocratique comme peut-être jamais aucun chef d’Etat africain n’a su le faire », ajoute-t-il.

Le passé putschiste et idéologique de KérékouAide de camp du président Hubert Maïga, il se signala avec ses amis officiers par un coup d’Etat en 1972. Le 26 octobre de cette année, Mathieu Kérékou renverse, suite à un coup d’Etat militaire, « le monstre à trois tête » : le Conseil présidentiel incarné à l’époque par Hubert Maga, Sourou Migan Apithy et Jus-tin Ahomadégbé. Deux ans après, le général

Sa disparition a suscité une avalanche d’hom-mages adressés au peuple béninois qui a perdu un valeureux fils d’Afrique. Le mérite pour ce grand homme est d’avoir su « chan-ger ses couleurs » comme le caméléon selon les différents contextes politiques qui se sont présentés devant lui et engager son pays dans la voie de la démocratie.

La volte-face salvatriceSentant les frémissements du vent de l’Est qui fera plus tard tomber les murs des partis politiques en Afrique, le dictateur Kérékou anticipa sur les événements. Il fera organiser la conférence nationale. « La décision d’or-ganiser la Conférence nationale a été prise en août/septembre 1989 (avant la chute du mur) et la conférence nationale s’est tenue en février 1990, quatre mois avant le discours de La Baule. Tout, au Bénin, s’est passé sans lien direct avec la chute du mur de Berlin et, surtout, avec le discours de François Mitterrand à La Baule au-quel une légende tenace s’attache à associer la démocratisation béninoise », précise Francis Kpatindé, ancien rédacteur à Jeune Afrique. Au sortir de cette conférence nationale, il a accepté ouvrir son pays au multipartisme, mais perd l’élection présidentielle de 1991. Son rival Nicéphore Soglo est porté au pouvoir dans la fièvre démocratique. Mal-heureusement, ce dernier se perdra dans les travers de l’exaltation de la démocratie en oubliant les aspirations profondes du peuple béninois. En bon caméléon, le défunt président qui a fait montre d’un fair-play en reconnaissant sa

« Les branches d’un arbre ne se brisent jamais dans la main du caméléon », un célèbre refrain de l’artiste béninois Gnonas Pédro. Mais le mercredi 14 octobre 2015 à Cotonou, l’ancien Chef de l’Etat Mathieu Kérékou dont le totem est le caméléon a livré ses derniers combats de tenir dans ses mains, les branches de son arbre de vie. Il est décédé. Kérékou a, malgré lui, et à cause d’une maladie qui a annihilé ses forces, laissé choir « ses branches politiques et non politiques ».

BENIN La dernière couleur

du caméléon

putschiste Kérékou imposa la doctrine marxiste-léniniste au Bénin. Et depuis, le pays connut plusieurs changements de nom. De la République de Danhomey, il devint République populaire du Bénin. Si le coup d’Etat est qualifié de non sanglant, il est à noter que le défunt président sous sa casquette de putschiste a mené une répres-sion sévère contre les opposants de son régime. La prison Ségbala au nord du pays est une preuve de la dictature qui a régné au Bénin sous Kérékou. Le coup d’Etat qu’il a échappé l’a fait plonger dans une paranoïa au point que les opposants ont payé le prix. Beaucoup sont torturés, emprisonnés. Les intellectuels ne sont pas non plus épargnés et certains ont dû prendre la route de l’exil.Mais très vite, au fil des événements l’homme est devenu un démocrate convaincu, un chantre de paix et consensus. Au-delà de ces « couleurs sombres » du caméléon Kérékou, le mérite lui revient de léguer un Bénin démocratique et de s’être écarté des Mobutu de RD Congo, Bokassa de la Centrafrique, Gnassingbé Eyadema du Togo et bien d’autres qui se sont enfermés dans un autoritarisme anachronique. Au Benin, l’ombre de Kérékou règne. Il est vénéré et craint. A Cotonou, il se raconte que dans la crise postélectoral de la présidentielle de 2011 qui a connu la réélection de Boni Yayi, il a su jouer le rôle de pacificateur. Mais le voilà quitter les siens, à 82 ans, à quelques mois seulement de la présidentielle de 2016.

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Sous les tropiques, le fichier électoral fait souvent l’objet de toutes formes de mani-pulation et fraude. Le Ghana semble aussi embarqué. Derrière ces tensions préélec-torales, le Togo, pays voisin est soupçonné d’apporter son « expertise frauduleuse ».

L’enjeu, à un an de la présidentielle de décembre de 2016 au Ghana, est la trans-parence. A quelques mois de cette élection, une bataille autour du fichier électoral s’est engagée, et va même au-delà de ses fron-tières. Et c’est le NPP (National Patriotic Party) qui a provoqué le débat. Lors d’une conférence de presse, animée le 18 août, son président Nana Akufo-Addo a révélé des anomalies. 76 286 togolais sont ins-crits sur le fichier électoral après une ana-lyse de 10 % du fichier général ! A Accra la polémique enfle. Le NPP accuse le NDC

Fichier électoral corrompu. Levée de boucliers au Ghana, pays limi-trophe du Togo. La démocratie ghanéenne est à l’épreuve. L’opposition dénonce l’inscription des étrangers de nationalité togolaise sur les listes électorales. Dans les rues d’Accra, la capitale ghanéenne, la question fait débat, mais reste une bombe à fragmentation pour la transparence de la présidentielle et des législatives annoncées pour 2016.

GHANA : Bataille autour du fichier électoralLes mains sales du Togo à Accra

(National Democratic Congress), le parti au pouvoir, de vouloir tripatouiller le fichier électoral pour « frauder » la présidentielle et les législatives prévues pour 2016. Des accusations rejetées par le ministre ghanéen de l’Intérieur, Kwessi Ahwovi qui a laissé entendre qu’aucun Togolais n’est enregistré sur les listes électorales du Ghana. Pour le gouvernement, les électeurs mis en cause sont des binationaux. Il accuse le NPP d’attiser la haine tribalo-électoraliste.

En septembre dernier à Accra, une mani-festation des militants de l’opposition pour exiger la mise à jour du fichier électoral a été réprimée à coup de gaz lacrymogène par les forces de sécurité.

Le parti de Nana Akufo-Addo, qui a appelé à un nouveau recensement et à l’assainis-sement du fichier, a promis saisir la com-munauté et les juridictions internationales. Dans la sous-région ouest africaine, un « lob-bying intense » serait fait auprès des Prési-dents Muhammadu Buhari du Nigeria, Macky Sall du Sénégal et du Togolais Faure Gnas-singbé dans la perspective d’un nouveau re-gistre électoral. « Nous allons nous diriger vers Abuja, Dakar et Lomé (...) pour leur exposer nos doléances et la menace qui est suspens sur la liste électorale au Ghana si elle n’est pas revue. Ils doivent appeler notre Président et le conseiller », a confié Peter Marcus, porte-parole de NPP, lors de cette conférence de presse.

A Lomé (la capitale du Togo), les autorités en place se gardent de tout commentaire. Mais « Ami du monde des enfants », une Ong togolaise, initie des actions pour dissuader les populations de se faire enrôler sur les listes électorales au Ghana. « Nous pré-voyons attirer l’attention des Togolais avec l’aide des partenaires par une grande campagne de sensibilisation sur tout le territoire national sur l’enrôlement auquel se livrent certains com-patriotes au Ghana n’étant pas légalement

connu comme ghanéen et surtout sur les dangers qu’ils courent en le faisant », a indiqué Augustin Amégan, chargé de communica-tion de l’ONG. La communauté ghanéenne résidant au Togo s’est, elle aussi, prononcée sur la polémique. Son porte-parole Komi Sossou a martelé que « Le NPP doit immédia-tement cesser ces allégations mensongères ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce que nous vivons au Togo que nous sommes des Togolais. Nous vivons depuis des années au Togo. Cer-tains d’entre nous se sont même mariés à des Togolais. Ce n’est pas pour autant que nous avons le droit de vote au Togo. Nous sommes et demeurons des Ghanéens. A l’approche des élections, nous allons tous nous inscrire dans notre pays pour voter, ce qui est tout à fait normal. Nous vivons depuis des années dans la paix avec les Togolais et cette paix, nous tenons à la conserver. Les Togolais et les Ghanéens sont des frères et nous devons éviter tout élé-ment qui peut fragiliser cette paix ».

Dans la foulée, le président Ghanéen John Dramani Mahama est aussi accusé d’avoir appelé à la confection d’un nouveau registre

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électoral au Togo, peu avant la présidentielle du 25 avril qui a consacré la réélection contestée de Faure Gnassingbé. A l’époque, le Chef de l’Etat ghanéen était président en exercice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Une autre accusation qui alimente l’actualité préélectorale au Ghana. En mee-ting le samedi 17 octobre, dans la région Est du pays, le locataire de Flagstaff House a fait un démenti, même s’il a reconnu avoir invité la classe politique togolaise à une vérification consensuelle du fichier électoral. « Certaines personnes disent qu’au moment où j’étais le président de la CEDEAO, j’ai appelé à la confection d’un nouveau registre électoral au Togo. C’est un mensonge. Je n'ai jamais appelé à la confection d’un nouveau registre des élec-teurs au Togo, je ne l'ai pas fait ».

Au-delà des polémiques.

Certains estiment que si le NPP, qui avait toujours bénéficié discrètement du sou-tien du régime Gnassingbé père et fils, crie aujourd’hui au voleur, c’est qu’entre Lomé et Accra, il y a revirement d’alliance. Le pou-voir « faure » de Lomé préfère faire le choix de NDC au détriment de son désormais « ex-allié » NPP.

Pour rappel. Le pouvoir de John Jerry Rawlings constituait pour le Togo une me-nace. Dans les années 90, le Ghana a été une base arrière pour les militaires en dis-grâce et les opposants les plus farouches au pouvoir du Général Etienne Eyadema Gnassingbé, qui à l’époque, dirigeait le Togo avec une main de fer et sans partage. Ces derniers ont été accusés de profiter de leur présence d’Accra pour mener des activités subversives en direction de Lomé, comme c’est le cas de l’agression terroriste du 23 septembre 1986.

Malgré la visite de Rawlings à Kara (nord du Togo), suivi de celle de Gnassingbé père au Ghana, la méfiance entre les deux pays ne s’était pas dissipée. Il se raconte que pour déstabiliser Rawlings que le régime de Lomé ne portait pas dans son cœur pour son « soutien aux terroristes », le feu Gnassingbé Eyadema apportait des appuis à NPP qui avait à sa tête l’ancien Chef de l’Etat ghanéen John Kuffor contre NDC. Il aurait même financé l’élection de John Kuffor à la présidence du Ghana. Parallè-lement au soutien financier, des milliers de Togolais sont convoyés au Ghana pour s’inscrire sur les listes électorales et voter le NPP. Et vice-versa. La pratique a toujours existé et continue d’exister jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005. Selon les révélations du bimensuel togolais d’informations L’Alternative, « Des réunions ont même été tenues et sanctionnées par des procès-verbaux entre des personnes ressources et des chefs traditionnels des localités voisines des deux pays pour un soutien mutuel lors des élections ». Et de préciser que « La préfecture d’Agou (Togo) a abrité l’une de ses réunions en 2007 où ce partenariat frauduleux a été ren-forcé ; et il avait été même écrit noir sur blanc que le NPP au Ghana égal le RPT au Togo et que les deux partis doivent se soutenir pour ne jamais perdre le pouvoir ».

Lors de la présidentielle de 2008 au Ghana, NPP perd la bataille au profit de son princi-pal rival NDC. John Atta Mills est donc élu à la tête du pays, mais meurt au cours du mandat de 4 ans. Son vice-président, John Dramani Mahama a assuré l’intérim jusqu’à son élection contestée en 2012. Chrétien de l’ethnie Haoussa du Nord, le nouvel homme fort d’Accra va s’aventurer dans un deal secret qui implique l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, le Togolais Faure Gnas-singbé et le Béninois Boni Yayi. L’objectif de ce « triumvirat nordiste » : se soutenir pour conserver le pouvoir le plus longtemps possible, à en croire les informations.

28 avril 2015. John Dramani Mahama et son homologue Alassane Dramane Ouat-tara débarquent à Lomé pour précipiter, à la CENI (Commission électorale nationale indépendante), les travaux de compilation des résultats des procès-verbaux de la pré-sidentielle du 25 avril et in fine, consacrer la réélection contestée de Faure Gnassingbé. Aujourd’hui, Accra attend le retour de l’as-censeur. De l’avis des observateurs, le NPP qui est délaissé par le pouvoir de Lomé au profit de son rival NDC serait au parfum des manœuvres minutieusement organisées dans les élections dans les deux pays ; lui-même étant pendant longtemps le bénéfi-ciaire des « coups de boutoir » de Lomé. Les revendications du NPP quoique légitimes seraient perçues comme la frustration d’un voleur volé.

John Jerry RAWLINGS

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John Dramani Mahama, une difficile fin de mandat.

Le Président sortant John Dramani Mahama serait-il candidat à sa propre succession ? Tout se décidera à l’issu des primaires du NDC prévue pour le 7 novembre. « Impa-tient pour les quatre autres prochaines années au Flagstaff House », l’homme doit d’abord battre aux primaires Konadu Rwalings, l’épouse du très populaire ex-président John Jerry Rawlings. Critiqué pour sa gestion hasardeuse du pays, John Dramani Mahama connaît une fin de mandat difficile, malgré son « optimisme forcené » comme le titrait le journal Le Monde dans sa livraison du 08 oc-tobre dernier. Le Ghana, entre-temps, cité en référence, en quatre (04) ans seulement coule à l’endettement (60% du PIB), à la corruption, à l’inflation galopante et au défi-cit budgétaire. La croissance à deux chiffres qu’il atteignait en record pourrait chuter à 3,4%, indiquent les experts.

Sur le plan énergétique, depuis 2014 le Ghana n’a plus réglé ses factures de com-bustibles auprès du groupe nigérian West African Gas Pipeline Company (WAPCo), détenteur du droit de propriété et d’ex-ploitation du gazoduc de l’Afrique de l’ouest (GAO), qui menaçait récemment de suspendre sa fourniture de gaz à la Volta River Authority (Ghana). La compagnie gha-néenne d’électricité lui devrait 103 millions de dollars.

Somme toute, le tableau n’est pas reluisant pour le président ghanéen qui entend dé-fendre son « bilan impressionnant au pou-voir » devant les millions d’électeurs appelés aux urnes en 2016. Mais, il devra d’abord passer le cap des primaires. S’il parvient, il peut compter sur le « soutien » de Faure Gnassingbé pour être réélu pour un second mandat. Sauf que dans le pays, on redoute un hold-up électoral qui pourrait être fatal à la démocratie.

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Des efforts significatifs ont aussi été réalisés dans les domaines économiques, socioculturels et en matière de gouvernance. Prioritairement dans les 06 secteurs que sont : l'agriculture ; l'énergie ; les infrastruc-tures portuaires et routières ; l'exploitation minière ; les télécommunications et l'ensei-gnement supérieur.

Ces secteurs font aujourd’hui l’objet de nombreux chantiers en cours de réalisa-tion ou déjà achevés. Ce sont là autant de visages de l’émergence: un véritable hub pour les investisseurs qui s’intéressent au continent africain. Deux puissants instru-ments stimulateurs sont d’ailleurs venus renforcer cette dynamique : la création de l’Agence de Promotion des Investissements (API) et le vote (18 avril 2013) de la Loi sur les Incitations à l’Investissement Privé en République du Cameroun.

L'AGRICULTUREC'est un secteur en pleine expansion. Depuis 2011, de grandes actions ont été initiées par le gouvernement, pour mettre le secteur au centre de l'échiquier et développer une

Sous l'impulsion du Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul BIYA, artisan du progrès démocratique, de la stabilité et du dévelop-pement de son pays, le Cameroun poursuit inexorablement sa route pour atteindre son émergence fixée à l'horizon 2035.

CAMEROUN les visages de l'emergence

S.E.M Paul BIYA

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agriculture de seconde génération, créatrice d'emplois et de richesses et nécessaire à l'atteinte de l'autosuffisance. En 2015, la pro-duction cacaoyère est en hausse de 9,8 ; le café camerounais a décroché 3 prix inter-nationaux et les projets agropastoraux ont bénéficié d'un investissement de 6,5 milliards du gouvernement, avec le soutien de la France. Dans le cadre du Plan National d’Investisse-ment Agricole (PNIA), le Cameroun compte investir 3.350 milliards de Fcfa sur la période 2014 - 2020. Pour mieux accompagner cette dynamique, le gouvernement vient de créer une Banque Agricole.

L'ÉNERGIEL'ère de l'énergie disponible à moindres coûts, aussi bien pour les industries que pour les ménages, semble désormais ouverte.En vue d'atteindre une production éner-gétique de 3.000 watts à l'horizon 2020, le gouvernement camerounais ne lésine pas sur les moyens. Outre la densification de la pro-duction électrique au travers de la construc-tion de deux barrages hydro-électriques d'envergure (Memve'ele et Lom Pangar) et 6 autres de moyenne capacité à travers le pays. Plusieurs Centrales thermiques d’en-viron 400 MW sont aujourd’hui fonction-nelles (Douala et Limbé). La révolution des Centrales solaires est aussi à l'ordre du jour, avec la construction des parcs solaires photo-voltaïques d'une capacité de 500 MW et des

minis centrales solaires pour l'électrification de 1000 localités rurales du pays. En effet, la disponibilité suffisante et continue de l’énergie constitue l’une des conditions d’une industrialisation viable, au service de l’émergence.

LES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES ET ROUTIÈRES• Infrastructures PortuairesAfin d'assurer la majeure partie de ses échanges ainsi que ceux de ses voisins enclavés (Tchad et RCA), le Cameroun a décidé d'investir un peu plus dans des infrastructures portuaires. C'est ainsi qu'est né l'ambitieux projet du port en eau pro-fonde de Kribi. Il est construit sur un site de 26000 hectares. Avec un tirant d'eau de 16,1m, le port de Kribi offre la possibilité aux plus grands navires d'accoster et de pou-voir alimenter toute la côte occidentale du continent africain. C'est un atout indéniable, dans la mesure où l'avenir de l'industrie du transport maritime est résolument tourné vers les navires de grands tonnages. Il viendra combler les insuffisances du port autonome de Douala. Le port autonome de Limbé de 12 m de tirant d'eau, muni d'un réseau ferroviaire, de 04 postes de mouillage, de deux phares côtiers et de magasins représentent un atout supplémentaire pour les échanges commerciaux.

Le port de Kribi.

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• Infrastructures RoutièresPour résorber son déficit en matière d'infras-tructures routières, le Cameroun a entrepris un vaste programme de construction, de mo-dernisation, de réhabilitation et d'entretien de son réseau routier national. La construc-tion de l'autoroute Yaoundé-Douala vise à doter le pays d'un réseau routier moderne, d'environ 215 km, reliant les deux principales villes du pays. La construction d'autres axes routiers est en cours, notamment la route Kumba-Mamfé, longue de 100 km. De nom-breuses routes nationales ont été entière-ment bitumées ces dernières années (N1, N2, N3, N5, N10).

L'EXPLOITATION MINIÈRESi l'essentiel de l'exploitation minière est artisanale depuis des décennies, l’ère de l'industrialisation est en marche, avec tous les Projets et Programmes en cours ou envisagés. Il en est ainsi pour le diamant alluvionnaire de Mobilong (Est-Cameroun), l'uranium de Poli, le rutile d'Akonolinga, dont les gisements sont respectivement évalués à 750 millions de carats. Mais aussi le nickel, le cobalt et le manganèse de Lomié (54,7 millions de tonnes), le fer de Mbalam (200 millions de tonnes de fer riche et 1,2 mil-liard de fer pauvre), la bauxite de Minim Martap et de Ngaoundal (plus d'1 milliard de tonnes) et le projet de fer de Kribi. Les gise-ments actuellement exploités concernent le calcaire de Figuil, les carrières de marbre de Bidzar et Biou et la pouzzolane.Bref, le Cameroun présente là le visage d’un véritable scandale géologique, qui ne demande qu’à être exploité.

LES TELECOMMUNICATIONSElles représentent actuellement 50% de l'en-semble des emplois créés dans le secteur tertiaire au Cameroun. Fort de cette réalité, le gouvernement s'est engagé à moderniser son infrastructure télécom avec pour point d'orgue le déploiement de la fibre optique, mieux indiqué pour apprivoiser le haut débit. Plus de 210 km de boucles à fibre optique sont en construction dans le pays. Le Ca-meroun est connecté à deux câbles sous marins et dispose d'un réseau de 6000 km.Le pays ambitionne, à court terme, de por-ter ce réseau à 10.000 km et de devenir le premier pays africain à avoir une connexion par câble sous-marin avec le continent sud-américain. L'expérience camerounaise fait déjà des émules au Tchad et au Burkina Faso. Les deux pays veulent s'attacher les services de CAMTEL (Cameron télécom-munications), en matière de déploiement de la fibre optique.A l’évidence, l’histoire des pays développés montre qu’aujourd’hui, toute accélération de développement passe nécessairement par une modernisation des télécoms.

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L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURL'adéquation de l'enseignement supérieur aux besoins de l'économie est au centre des préoccupations des autorités camerounaises. Il est question de favoriser l'émergence d'un enseignement de référence, adapté aux réa-lités économiques et sociales nationales et internationales. Pour y arriver, des initiatives importantes ont été engagées : - l'arrimage de tous les établissements au

système LMD (Licence, Masters, Doctorat), en vue de rendre plus intelligibles les diplômes délivrés ;

- l'élargissement de l'offre de formation, couplée à un renforcement des formations technologiques et professionnelles ;

- l'intégration massive des TIC dans l’acqui-sition, la diffusion et la conservation des connaissances, ainsi que dans la gestion des activités académiques et des curricula :

- l’opérationnalisation du centre interuniver-sitaire de mutualisation et de diffusion en réseau des ressources documentaires et le centre d'enseignement à distance (CED) dont les équipements sont en cours de rodage.

Un accent particulier est aussi mis sur la recherche fondamentale et appliquée. Car, le tandem Recherche-Développement reste un des principaux atouts de tout processus qui se veut performant, en comptant sur le potentiel lié à l’innovation.

Tous les autres secteurs économiques sont également en branle, pour permettre au Cameroun d'atteindre son émergence à l'horizon 2035.

LA DIASPORA Pour accélérer sa marche sur le chemin de l’émergence, le Cameroun peut compter sur l'apport de sa diaspora. Elément important et catalyseur, la diaspora devrait en effet ai-der le gouvernement camerounais dans sa lutte acharnée contre le chômage et le sous développement. Conscient de cet état de choses, les pouvoirs publics ont mis en place des conditions de promotion et de facilita-tion des investissements, afin d'encourager les camerounais de l'étranger à investir dans leur pays. Notamment, à travers des incita-tions fiscales et douanières et l'organisation du système financier entre autres. Des struc-tures d'accueil et d'orientation des investis-seurs ont été créées. Les secteurs propices à l'investissement foisonnent (l'exploitation minière, la production agricole et agro- industrielle, l'exploitation forestière, etc...). Il ne reste plus à la diaspora que d'attraper la balle au bond et de jouer pleinement son rôle dans le développement du Cameroun. Et pour cela, un minimum d’organisation, de structuration et de stratégie sont néces-saires, voire impératifs. Mireille NGOSSO

Deux questions au Dr Jean Joseph ATANGANAMinistre Conseiller, Chargé d’Affaires A.I. de l’Ambassade du Cameroun en France.

Pensez vous que le Cameroun est sur la bonne voie pour être un pays émergent dans 20 ans ?A mon avis et au regard des dynamiques en cours, 20 ans c’est même loin. Cette période peut être raccourcie d’au moins 5 ans. Le Cameroun présente de nombreux atouts et autres opportunités qu’il convient tout simplement d’activer de façon stratégique. Cela suppose quatre choses fondamentales : conduire à son terme la mise en place et la modernisation des infrastructures de base (énergie, routes, ports, hôpitaux, établisse-ments techniques) ; exploiter cette base pour renforcer les processus de transforma-tion locale des produits, afin de créer de la plus-value ; créer des centres d’excellence du numérique, en vue de mieux maitriser les ressorts de l’économie du savoir ; densifier et professionnaliser le réseau de marketing na-tional. En effet, il s’agit là d’un mouvement de réappropriation de la volonté d’émergence du Chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA, par l’en-semble des forces de la société camerounaise. Et au niveau internationale, les Ambassades qui constituent un de ces relais, sont appe-lées à pratiquer une diplomatie d’émergence, en rendant possible de nouveaux espaces de coopération, perçus comme autant de moteurs de création des richesses.

Pourquoi le Cameroun a décidé de participer à la COP21?Pensez-vous qu’il aurait pu en être autre-ment ? Je crois que non. Le Cameroun est un pays à la fois vert, rouge et jaune, clima-tiquement parlant. Cette multipolarité envi-ronnementale fait donc de la participation de notre pays à la COP21 un processus gagnant-gagnant. En effet, dans la partie verte, nous sommes partie du 2e poumon forestier de la planète après l’amazonie. Et, à ce titre, le Cameroun contribue efficacement à la mitiga-tion du réchauffement climatique, pour l’ame-ner à 2°. Dans sa partie rouge et jaune, notre pays bénéficie d’un ensoleillement intense, qui devrait nous aider, grâce au concours du « Fonds Vert » en création, à développer de plus en plus d’énergies propres.

Dr Jean Joseph ATANGANA

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Visite d’Etat du Président de la République du MaliFrançois Hollande a connu « le plus beau jour de sa vie politique » au Mali en février 2013. Accueilli en sauveur, Tombouctou lui a même offert un chameau nommé Bobosse. Juste retour des choses, en accueillant IBK avec tous les honneurs, la France tient à réaffirmer son soutien au Mali pour que ce pays puisse enfin emprunter le chemin de la paix.

A l’invitation expresse de son homologue François Hollande, le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) effectua au mois d’octobre dernier une visite d’Etat de quatre jours en terre française. Elle est inédite dans les relations diplomatiques entre les deux pays car en plus d’un demi-siècle d’indépendance, c’est la première fois qu’une visite de chef d’Etat malien fut inscrite dans l’ordre protocolaire le plus élevé. Ainsi l’avenue des Champs- Elysées a été pavoisée du drapeau du pays hôte et l’hymne malien avait retentit à l’Arc de Triomphe lors du dépôt de gerbe de fleurs au monument du soldat inconnu. En outre, le président IBK a été reçu par les hauts dignitaires de la République fran-çaise : entre autres, le premier ministre Manuel Valls à l’hôtel Matignon ; le président du Sénat Gérard Larcher, le ministre de la

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Ibrahim Boubacar KEÏTA et François HOLLANDE

Défense Jean-Yves le Drian. Et pour cou-ronner le tout, un entretien suivi d’un point de presse avec le chef de l’Etat français.

En dehors de l’aspect protocolaire, cette visite est une façon pour ce dernier d’affir-mer l’entente entre les deux pays ; lesquels ont subi les mêmes épreuves : les attaques terroristes. L’image des deux chefs d’Etat côte-à-côte lors de la marche du 11 janvier – attentat du Charlie Hebdo - à Paris res-tera le symbole de ce lien entre les deux peuples. Ainsi, le président IBK a tenu en-core une fois à remercier la France pour son intervention - opération Serval - face au péril djihadiste de 2013 en déclarant que « la dette de sang a été remboursée ». Et ce, en écho des quelques 80.000 maliens qui ont été mobilisés dans les rangs de l’armée française lors des deux conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945).

Le Mali a été, certes, sauvé des menaces d’AQMI, du Mujao et d’Ansar Dine ; même si quelques foyers de terrorisme existent encore. Mais reste le problème crucial de la reconstruction socioéconomique d’un pays exsangue et l’épée Damoclès du septen-trion, territoire des touaregs. En d’autres termes, comment financer les Accords d’Alger et de Bamako ?

La France ne ménage pas ses efforts pour soutenir le Mali. Elle s’est engagée sur une période de cinq ans pour un montant d’aide au développement de 1,5 milliard €uros. Rappelons que 300 millions €uros ont été octroyés par la France à l’issue de la Confé-rence des Donateurs en 2013 à Bruxelles. Lors du point de presse au palais de l’Elysée, le président François Hollande confirma l’en-gagement « d’environ 360 millions €uros. Et, 80 millions iront vers le Nord avec 50 % de don ». Cette fois encore, l’Etat français va mobiliser la communauté financière interna-tionale pour l’appeler à investir massivement au Mali. Ainsi une conférence internationale intitulée « bâtir un Mali Emergent : les régions du Nord au cœur de la réconciliation et de la consolidation de la paix » a été organisée le 22 octobre dernier au siège de l’OCDE à Paris. A l’issue de cette « tontine », les partenaires du Mali (le Fonds Monétaire Internationale, la Banque Mondiale, l’Union africaine, la BAD, la Banque Islamique de Développement, l’UEMOA, la BOAD, de la BCEAO) se sont engagés à hauteur de 2.120 milliards FCFA (soit 3,2 milliards €uros) pour la période 2015-2017 ; dont un montant de 397 milliards FCFA (soit 605 millions €uros) pour les régions du Nord. Ces fonds, destinés aux régions septentrionales, seront alloués pour les infrastructures de base telles que la construction de routes, ou les services sociaux de bases (centres de santé, écoles).

Lamine THIAM

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« Investir en Afrique, entreprendre pour l’Afrique » ; tel a été le fil rouge de la seconde édition de Rebranding Africa Forum (RAF) qui s’est tenue trois jours durant, au mois d’octobre dernier à Bruxelles. Le choix de cette ville n’est pas fortuit. Siège de la plupart des institutions de l’Union Européenne, à ce titre, la capitale belge demeure le cordon des relations de coopération entre les deux rives de la Méditerranée.

Rebranding Africa Forum : saison 2 !

RAF a encore fait le plein cette année avec pas moins de 400 participants dont plusieurs personnalités de tous horizons qui croient en l’émergence de l’Afrique par les africains. La première édition de 2014 a été consacrée à un état des lieux général ; une sorte de diagnostic sur les opportunités, les forces et les faiblesses en matière de développement économique. La suite logique voudrait que la deuxième rencontre aborde un sujet plus concret : l’investissement et l’entreprenariat.« Rebranding » mot anglais qu’on peut traduire par redorer l’image est à l’origine même de l’or-ganisation de ce rendez-vous annuel. Initié par Thierry Hot qui, en bon pasteur pourfendeur des déclinologues et autres afro-pessimistes, sillonne le continent africain et prêche inlas-sablement son discours : « l’Afrique positive ». Après cinquante années d’indépendance, com-ment assurer enfin un développement endo-gène ? De cette réflexion, RAF tente d’apporter sa pierre à l’édifice en réunissant un aréopage qui – ensemble – réfléchit, échange des idées et deviendra une force de propositions que chaque acteur pourrait s’en approprier. Un guide intitulé « l’émergence de l’Afrique en 50 idées-clés » a été remis à chaque participant à la fin du colloque.Ses ressources naturelles, sa démographie font que l’Afrique mérite davantage qu’une crois-sance moyenne de 5% par an. D’ailleurs, le Premier Ministre du Sénégal S.E.M. Mahammed Dionne déclara lors de son intervention que « c’est un crime que d’exporter nos matières pre-mières ; car ce faisant, on brûle nos emplois ». En d’autres termes, si on veut créer des emplois, il n’y pas d’autre alternative que d’investir afin de créer les conditions d’une production indus-trielle ou agroalimentaire in-situ. Le rapport de l’OCDE table sur 73 milliards $ d’Investisse-ment Direct à l’Etranger (IDE) – les capitaux alloués à tout le continent - pour 2015 contre 55 milliards les années précédentes. Cette pro-gression est pour l’essentiel, impulsée par les projets d’envergure financés par les chinois. La ventilation de l’IDE indique que plus de

38% des capitaux sont investis dans l’extrac-tion des matières premières contre seulement 33% dans le secteur manufacturier ; véritable source de richesse et d’emplois pour les 300 millions de classe moyenne continentale. Cette publication de l’OCDE met également l’accent sur la volatilité des Indicateurs de Développe-ment Humain (IDH évaluant la santé, l’éduca-tion) ; synonyme d’une disparité de la distri-bution du fruit de la croissance économique au sein même d’un pays. En gros, les capitaux étrangers investis sur le continent ne bénéfi-cient qu’à 15% de la population.En réponse à cette litanie de chiffres, RAF a proposé aux participants de se pencher sur « la mise en œuvre réelle d’un environnement sain, organisé et attractif pour développer l’entreprena-riat sur le continent ». Cette problématique de l’investissement a été débattue dans le cadre de trois ateliers déclinés de la manière sui-vante : enjeux et opportunités ; les secteurs clés ; l’innovation au cœur des investissements.

Les conditions d’une croissance inclusiveUn développement économique par et pour les africains reste la quête inassouvie du Graal continental. Rendre attractif un pays requiert d’abord une stabilité politique sur le long terme. Dans cette mondialisation où les capitaux circulent à la vitesse d’un clic de souris, chaque financier pourra vous trouver toujours une solution de financement. Monsieur Abdoulaye Bio Tchané Président d’Africa Guarantee Fund, lui, est capable de lever des fonds propres pour des PME lo-cales. Sauf que les investisseurs ne sont pas de philanthropes. Si les capitalistes africains (établissements financiers, épargnants…) ne font pas preuve d’un élan de patriotisme, les bénéfices générés par les IDE ne se reste-ront pas sur le continent pour être réinves-tis ; condition de pérennisation du cycle de production. Madame Janine Diagou – DG de NSIA – conforte cette idée en relevant que : « investir en Afrique, c’est crucial… et qu’il serait

Participants RAF 2015

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temps qu’il existe davantage de structure afri-caine ». En dehors des capitaux, l’ingrédient indispensable pour la création de la richesse (PIB) reste le capital humain. Selon madame Denise Epoté – Directrice de TV5 Afrique – le continent comptera 2 milliards d’habitants en 2050 dont 50% auront moins de 20 ans. Monsieur Didier Acouetey – CEO d’Africa Research – relève « une carence du système éducatif sur l’ensemble du continent ». L’un des défis majeurs qui nous attend est de trans-former ce formidable potentiel en population active. Pour cela, il faudra mettre en place un système de santé adéquat et surtout investir dans l’éducation et la formation ; un domaine que certains Etats ont toujours tendance à sous-estimer. Coura SENE

Alexander de CROO, Mahammed DIONNE et Thierry HOT.

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Le Sénégal, invité d’honneur du RAF, est venu avec une forte délégation du gouvernement dont le Premier Ministre S.E.M. Mahammed Dionne. Elle a profité de l’occasion pour présenter son Plan Emergent Sénégal (PSE). Il s’agit d’un programme économique ambitieux et pluriannuel pour per-mettre au pays de la Téranga de se projeter jusqu’en 2035. Coût de cette transformation structurelle : environ 15 milliards €uros dont plus de 70% financés par les ressources propres du pays. D’après Mountaga SY, le Directeur Général de l’APIX l’organe chargé des investissements, le PSE est articulé sur deux piliers principaux : la transformation structurelle de l’économie séné-galaise ; la création de conditions favorables aux investisseurs par le biais de matelas de réformes. Lancé en 2014, le Sénégal fait le pari que cette stratégie lui permettra d’obtenir une croissance de l’ordre de 7% dès 2017 contre 5,4% en 2015. Et ceci grâce à un portefeuille de 27 projets-phares sélectionnés en fonction de leur contri-bution à l’économie. Mountaga SY a insisté sur le caractère inclusif de cette croissance, seule barrière contre l’explosion sociale ; d’où l’entrée de l’agro-industrie, de l’agriculture, l’habitat social, l’énergie et les infrastructures dans le PSE.

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M. Macky SALL.

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Le 27 octobre dernier s’est tenu à Paris le Forum Economique Francophone (FEF) 2015 ; deuxième du nom après celui Dakar l’année dernière. Plus de 600 personnes dont des personnalités politiques, d’acteurs économiques et autres intervenants de tous horizons ont participé au FEF 2015.

Forum Economique Francophone 2015

Rappelons que, le XVème Sommet des Chefs d’Etat de la Francophonie n’a pas été que le théâtre d’une élection épique du successeur d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Les représentants des 80 pays membres ont aussi ratifié une stratégie économique. En d’autres termes « faire de la francophonie un outil de développement économique dynamique, solidaire ». Cette nécessité de rassembler les décideurs politiques et les acteurs écono-miques a déjà été affirmée lors du Sommet des Chefs d’Etat de Kinshasa en 2012. Le moment est donc venu de « transformer cette bonne volonté en actions concrètes ». Invitée la veille sur une station de radio publique, Michaëlle Jean, la Secrétaire Générale de l’OIF, a défini le sens de ce nouvel élan : « Tresser la relation entre politique, économique autour de la linguistique ».Au-delà des propos tenus par les chefs d’Etat africains présents et le ministre des Affaires Etrangères français Laurent Fabius, l’acte symbolique de ce FEF 2015 fut sans doute la remise de la charte de la 1ère édition du FEF de Dakar par le président sénégalais Macky Sall à la Secrétaire la Secrétaire Générale de l’OIF Michaëlle Jean. Une vingtaine d’initia-tives concrètes figurent dans ce document, issues de la synthèse des 80 recommanda-tions élaborées par les 1.500 participants après deux journées de réflexion. Au sortir

de cette journée du 27 octobre, n’avons-nous pas l’impression d’être un peu resté sur notre fin ? Comme l’a si bien déclaré Michaëlle Jean en fin de journée au moment de la clôture : « ces rencontres - comme le FEF - doivent se renouveler pour entretenir le réseau, le maillage de la Francophonie ». Comment peut-on aborder un thème aussi vaste en une seule journée ? L’exemple de plusieurs panels lancés en pa-rallèle en témoigne : le rôle de l’information en tant que vecteur économique, les pôles de compétence, la francophonie et le déve-loppement des grandes villes, les énergies renouvelables avec en point de mire la COP 21 de fin novembre…

M. Laurent FABIUS.

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La Francophonie économique a-t-il un sens ?Après les discours d’ouverture où plusieurs chefs d’Etat se sont succédé à la tribune, la matinée a fait place aux priorités du moment. Les agrégats cumulés des pays membres attestent l’existence même de cet espace francophone : 16% du PIB mondial, environ 22% des échanges mondiaux de marchandises. Démographiquement, nous serons environ 1,5 milliard de francophones en 2050 ; dont 700 millions de locuteurs français. Bref, une perspective d’ouverture de marchés potentiels futurs ! Pourtant, la dispersion géographique des pays membres sur les cinq continents complexifie la mise en œuvre de cette stratégie. De même que l’hétéro-généité des pays qui composent l’OIF n’est pas de nature à faciliter la démarche : plus d’une vingtaine de pays soit près de 25% des adhérents sont classés parmi les Pays les Moins Avancés (PMA). Lors du FEF 2014, le président sénégalais Macky Sall a interpellé son auditoire en ses termes : « au-delà de la langue, quelles facilités pour accompagner les échanges intra-francophones ? ».

Face à la globalisation et la financiarisation de l’économie, la Francophonie entend apporter une réponse collégiale et bé-néfique pour ses pays membres grâce au progrès des nouvelles technologies. Or la condition sine qua non du développement des échanges est la mobilité. C’est le nœud

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gordien de l’espace francophone. En effet, si les marchandises et les capitaux n’ont plus de frontières, les entrepreneurs et les étudiants des pays du Sud ont toutes les peines du monde à circuler librement. Cela fait maintenant une dizaine d’années, que l’instauration de visa « francophone » a été débattue et réclamée à cor et à cri par les pays africains. Pourtant, chaque acteur a bien conscience du problème. Pour l’éco-nomiste Nicolas Baverez, « la Francophonie pourrait rapidement devenir un avantage com-pétitif pour peu qu’on fasse les investissements nécessaires en éducation, qu’on garantisse la mobilité des entrepreneurs ». Pour les pays riches, le phénomène migratoire actuel incline davantage à un repli sur son ter-ritoire sans considérer que la migration pourrait être une solution d’avenir. Le futur proche nous confirmera si les propos du ministre des Affaires Etrangères français Laurent Fabius ont été suivis d’effet. En faisant référence aux difficultés du passé ré-cent pour les étudiants et les chercheurs, il a promis « une nouvelle politique de visa… mise en place pour rompre avec une atti-tude trop longtemps exercée ».

Les actions de l’OIF en matière de formation Il existe en effet plusieurs actions qui ont été engagées par cette institution depuis plus d’une décennie et réorientée depuis le Sommet de Montreux (Suisse) en 2011, et ce sur plusieurs axes : éducation, bonne gouvernance, environnement... En matière d’éducation, l’OIF a toujours privilégié l’égalité des genres par la réduction des disparités entre garçons et filles et lutté également contre la discrimination des femmes. Il y a eu aussi l’Agence Universi-

taire de la Francophonie (AUF) qui existe depuis plus de 50 ans - avec un réseau de 812 adhérents dans 104 pays - ou encore le Programme MOGED (Maîtrise des Ou-tils de Gestion de l’Environnement pour le Développement). La dernière institution qui vient d’être crée au Sénégal, il y a un an, est l’Institut de la Francophonie pour la Formation et l’Education (IFFE), un centre d’excellence rassemblant toutes les com-pétences et même des pays du Nord. Il a pour objectif de former, en dix ans, 100.000 professeurs, formateurs et de cadres dans le secteur de l’éducation.

Reste le nerf de la guerre ! D’ailleurs, Les présidents Bongo (Gabon), Sall (Sénégal) et Rajaonarimampianina (Madagascar) ont mis en avant « la nécessité pour les banques centrales et les banques de développement de jouer leur rôle… c’est-à-dire un rôle plus actif dans la construction des nouvelles économies africaines ». L’action entrepreneuriale, la création de PME-PMI, l’agrobusiness sont les moyens qui permettent véritablement de lutter contre le chômage et ce faisant d’éviter l'exode vers d'autres pays. Elle peut être dans un premier temps de la déloca-lisation de sociétés des pays industrialisés comme le fait le leader international des services numériques Atos. Elle a installée une filiale à Dakar où deux cents ingénieurs y travaillent déjà ; et ils pourraient être plus de 1.000 dans les prochaines années.

De Paris à Antananarivo, quels objectifs et quelles actions ? Le FEF 2015 donne un certain goût d’ina-chevé et pose la question de la périodicité de ce rendez-vous ? Le prochain Sommet

de la Francophonie aura lieu en novembre 2016 à Antananarivo (Madagascar) avec pour thème « Croissance partagée et développement responsable à travers la stabilité politique ». Quelques jours avant ou plus exactement le 11 novembre 2016, l’Assemblée Géné-rale des parlementaires francophones sera prévue également sur place. La grande Ile organisera-t-elle également le 3ème Forum Economique de la Francophonie ? Si oui, avant ou après le Sommet des Chefs d’Etat pour bénéficier du « coup de projecteur » comme l’a dit le président malgache Hery Rajaonari-mampianina. Le FEF est une opportunité pour le pays organisateur et Madagascar aurait tort de s’en priver. Profitant d’un panel de 1.500 participants, le Sénégal a par exemple mis en avant son Plan Sénégal Emergent 2035 lors de la première édition du FEF en 2014. Ce qui lui a permis de signer des contrats de partenariat et des accords coopération.

EpilogueL’économie a toujours été au cœur des pré-occupations des chefs d’Etat membres de la Francophonie. Le cadre stratégique décen-nal adopté au Sommet de Ouagadougou en 2004, résume déjà dans ses grandes lignes les missions de la Francophonie. Il insiste sur le moyen de développer la coopération au service du développement durable. Par la suite, lors du XIIème Sommet de la Franco-phonie au Québec en 2008, les résolutions portaient sur la gouvernance économique. Mais l’accélération des grandes mutations structurelles de cette planète globalisée font que l’OIF a effectivement mis un peu plus l’accent dans ce domaine, sans pour autant abandonner ses prérogatives géopolitiques. En écho à ce FEF 2015 de Paris, New-Delhi a organisé un premier Forum Inde-Afrique avec la présence de 41 chefs d’Etat africains. Signe des temps, les trois présidents de la république (Gabon, Sénégal, Madagascar) présents à Paris ont aussitôt repris l’avion pour la capitale indienne.

Alex ZAKARichard ATTIAS, Macky SALL, Ali BONGO,

Hery RAJAONARIMAMPIANINA et Charles MICHEL.

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M. Hery RAJAONARIMAMPIANINA.

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Après avoir fait les beaux jours de la télévision ivoirienne, Serge Fattoh Elleingand officie aujourd’hui sur Télésud où il contribue, son niveau, à l’essor de la musique africaine.

Nous l’avons rencontré.

Diasporas-News : Comment s’est passé votre arrivée sur Télésud ?Serge FATTOH ELLEINGAND : J’ai quitté la Côte d’Ivoire en décembre 2006. J’ai pris une mise en disponibilité de 2 ans auprès de la RTI. Je voulais faire une formation de journaliste et aussi voir ma petite famille qui était déjà installée en France. J’avais envie de passer du temps avec ma famille, envie de bâtir quelque chose auprès de ma fille qui me manquait terriblement, et que je ne voyais pas grandir. Mes deux objectifs ont été, en partie, atteints. Après, j’ai fait la connaissance d’un monsieur formidable qui s’appelle Jean-Philippe Kaboré et qui diri-geait Télésud. J’ai fait une demande d’emploi comme tout le monde et ça a marché. Je suis donc sur cette chaine depuis 2009.

D-N : Cela n’a-t-il pas été difficile de partir de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne ?S.F.E : Bien sûr que ça a été difficile ; on se fait des relations au fil du temps ; puis un jour, il faut partir. Ensuite, le public me don-nait beaucoup de joie et d’amour. J’avais une relation fusionnelle avec le public. Donc, cela n’a pas été simple. Mais j’avais vraiment besoin de me retrouver avec ma famille. Quand on a sa fille au téléphone presqu’en larmes à chaque fois, ou quand, à chaque fois qu’on se revoyait, on était étranger l’un pour l’autre, il fallait faire un choix.

D-N : En quoi consiste aujourd’hui votre travail sur Télésud ?S.F.E : Je suis journaliste-présentateur, conseiller aux programmes, et responsable du pôle musical de la chaine. Je me suis for-mé à l’Ecole supérieure de journalisme de Paris, et cela m’a donné les clés, en plus de mes expériences à la RTI, pour occuper le poste que j’ai aujourd’hui.

D-N : Justement, si on devait mettre face à face ce que vous avez connu en Côte d’Ivoire et ce que vous faites à Télésud…S.F.E : On ne peut pas comparer les deux. Télésud est une chaine du câble alors que la RTI est une chaine nationale et hertzienne. Les chaines ne sont pas les mêmes, et les époques non plus. Ce sont deux expériences diamétralement opposées que j’ai eu l’hon-neur de connaitre et qui m’ont construit en tant qu’homme de télé aujourd’hui. Je crois que j’ai beaucoup de chance d’avoir connu la télévision nationale où on était face au public, sans pression supplémentaire, et de vivre aujourd’hui dans ce milieu où il faut se battre pour gagner des parts d’audience.

D-N : On dit que vous êtes un faiseur de stars ; comment prenez-vous le compliment ?S.F.E : Ce serait prétentieux de me donner un tel qualificatif. Moi, un faiseur de stars ?

Non ! La star, c’est l’artiste, qui se construit lui-même. Moi, je chapeaute l’émission Afro-night qui a lieu tous les soirs et qui reçoit tous les artistes. Donc on offre une lucarne à toutes les sensibilités. Mais je dois recon-naître que malheureusement, il y en a qui n’ont pas l’attitude adaptée au métier qu’ils font. D’autres ont du talent en même temps que les bonnes attitudes. Ceux-là deviennent des stars. Les A’Salfo, Ticken Jah, Alpha Blondy, Lokua Kanza, Charlotte Dipenda, Linsha, Jacob Desvarieux et bien d’autres, n’ont pas eu besoin de moi pour être ce qu’ils sont. Ils se sont donné eux-mêmes les moyens d’être des stars. Nous, on leur offre, grâce à nos plateaux, l’opportunité d’exprimer et de faire connaître leur talent. Et ils respectent le cahier des charges. On les invite, ils sont là à l’heure, ils respectent leurs interlocuteurs.C’est vrai qu’on donne aussi l’opportunité à des artistes inconnus de se faire connaître. Mais pour réussir une bonne émission de télévision, il faut que l’artiste et le présen-tateur soient bons ensemble. J’ai besoin de l’artiste tout comme il a besoin de moi. Il m’arrive parfois de me poser des questions sur l’opportunité d’inviter ou pas un artiste. Mais, quand on le voit, après qu’il soit passé chez nous, à des festivals ou des concerts, on est un fiers, sans fausse modestie, d’avoir contribué à le faire connaître. Ni plus ni moins. Ma plus grande fierté, c’est lorsqu’un artiste de renommée internationale m’ap-pelle pour repasser dans mon émission parce que la fois d’avant, il avait apprécié. Ça fait énormément plaisir !

Interview Exclusive deSerge FATTOH ELLEINGAND, Journaliste-présentateur sur Télésud

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« Moi, un faiseur de star ? »

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D-N : Racontez-nous une journée-type de Serge Fattoh ElleingandS.F.E : J’arrive au boulot vers 10 h 30 en général pour repartir chez moi vers 23 h. Il y a une telle ambiance à Télésud qu’on est content de travailler dans de bonnes condi-tions, avec des personnes que j’aime et qui me le rendent bien. Je fais trois émissions le mardi, trois le jeudi ; et c’est cette excel-lente ambiance qui permet de bien préparer les sujets. Il faut avoir les sujets en tête et en bouche. Etre en lien avec les attachés de presse que je remercie beaucoup, et une di-rection générale qui nous donne les moyens de bien travailler. Parfois, il y a même du travail hors des bureaux et studios qui m’amène à rentrer très tard le soir, mais je suis heureux de faire ce boulot.

D-N : Quel est votre regard sur la musique africaine actuelle ?S.F.E : Il y a de grands talents à tous les niveaux et dans toutes les générations de musiciens africains. Moi, qui dirige le pôle musical de la chaine, j’écoute énormément de musique, et je suis chaque fois subjugué par tant de qualité. Les artistes africains ont vraiment du talent, surtout ceux qui se donnent les moyens de travailler qualitati-vement. Mais il faut reconnaitre aussi qu’il y a parfois de grosses daubes ! De toutes les façons, il faut arrêter de croire que tout le monde peut chanter, c’est un métier ! Même si le numérique aide aujourd’hui, il ne fait pas passer un artiste nul au rang de star. Le live, c’est souvent le juge de paix ; et c’est là qu’on voit les bons artistes et les mauvais. Lokua Kanza, par exemple, mettez-le dans n’importe quelle condition, il vous sortira toujours des choses propres. Et ça fait la différence avec d’autres.

D-N : Etes-vous d’accord qu’il y a de moins en moins d’instrumentistes dans la musique africaine ?S.F.E : Je ne partage pas cette idée. Je vois beaucoup d’instrumentistes un peu partout en Afrique. Avec l’émergence des cabarets un peu partout sur le continent, on voit de plus en plus de jeunes qui se forment au live. Et de plus en plus de filles se mettent aussi aux instruments, et c’est positif. Main-tenant, il faut dire qu’avec l’avènement du coupé-décalé, on se demandait ce que cette musique donnerait dans un concert. Ce fut effectivement compliqué. Mais aujourd’hui, les artistes ont bien travaillé et cette mu-sique peut être jouée en live. Après, quand un artiste dort sur ses lauriers, l’échec n’est jamais très loin. Si vous faites un bon disque en studio, et que vous ne pouvez pas jouer dans un festival, c’est un problème de tra-vail. Même la musique dite électronique, peut être très agréable à condition que les sons enregistrés en studio puissent être reproduits en public. Donc, il faut que nos artistes bossent.

En même temps, le plus grand combat à mener pour la musique africaine, c’est la piraterie. Et ça c’est un volet qu’il ne faut pas occulter. On veut du travail de qualité, et donc, il faut arrêter de spolier les artistes qui ont besoin de vivre de leur art.

D-N : En tant que panafricaniste convaincu, quel est votre regard sur la politique en Afrique ?S.F.E : La plupart de nos pays sont en train de converger vers la vraie démocra-tie, et je suis convaincu que le continent va avancer. Prenons le temps d’observer les choses, d’être patients, et même de faire des concessions. Ce n’est pas simple mais la démocratie, c’est un processus long, un apprentissage complexe. Mais rien ne vaut une vie humaine, alors évitons les violences. Et nos politiciens doivent comprendre que la vie humaine, c’est sacré. Avançons à notre rythme, et dans la paix. Prenons le temps d’asseoir nos institutions fortes, comme le veut Obama, mais dans la concertation, la conciliation et surtout, sans brûler les étapes. Il faut aussi que certains présidents africains arrêtent de penser qu’après eux c’est le déluge. Et pour ça, ils sont prêts à prendre les armes contre leur propre peuple. Non, l’Afrique a des élites qui ont

besoin d’émerger pour l’aider à se dévelop-per. Et c’est le jeu de l’alternance qui peut l’y aider. Pensons aux générations futures. Quelle Afrique voudrions-nous leur laisser ?

Parfois j’entends des débats de jeunes ivoi-riens, tous bords confondus, et j’ai mal au cœur. C’est la vindicte, les menaces. Non, un débat, c’est un affrontement intellectuel, idée contre idée. Après, on se sert la main ; on est adversaire, pas ennemis. Et il faut qu’on apprenne à élire des dirigeants sur un programme et pas sur leur personne.

D-N : Le mot de la fin ?S.F.E : Je veux dire un grand merci aux télés-pectateurs de Télésud qui nous font de plus en plus confiance, merci aux artistes qui nous font confiance en venant partager des choses avec nous. Il y a des hauts et des bas, mais je veux vraiment retenir le positif. On prend tout avec philosophie afin que la maison Télésud avance. Nous avons en Bernard Volker un directeur fantastique, et je voulais aussi le remercier pour la confiance qu’il me fait au fil des années. J’espère lui rendre cela par mon travail. Je crois en l’Afrique, je crois en son émergence, et je crois qu’ensemble, nous réussirons le combat du développement.

Propos recueillis par Malick DAHO

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Pascal BOUA pose son regard sur l’actualité du mois écoulé…

La fin de la faim dans le monde bientôt ?

Il n’est jamais trop tard pour bien faire… La France tient promesse à l’égard de la Guinée

16 octobre : La Journée mondiale de l'ali-mentation est célébrée chaque année dans le monde entier le 16 octobre sous l'égide de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). À L’occasion de rappe-ler qu’en 2014, 1 personne sur 9 dans le monde souffre encore et toujours de la faim. Pourtant, la faim n’est pas une fatalité ; y mettre fin n’a rien d’une fiction, ont clamé haut et fort, plusieurs ONG spécialistes de la question et notamment Action contre la faim. Son éradication dans 15 ans est pos-sible soutient l’association. Aujourd’hui, 795

millions de personnes souffrent de la faim et plus de 900 millions de personnes conti-nuent de vivre dans l'extrême pauvreté, et de nombreuses autres sont en danger. Mais en s’engageant sur une bonne voie, il est possible qu’en 2030, le problème de la faim soit résolu. Optimisme partagé par l’ONU à travers l’adoption de son Programme de développement durable à l'horizon 2030 pour lequel les dirigeants du monde ont pris un engagement assorti de délais pour mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes, partout dans le monde.

29 octobre : La France a pris l’initiative d’organiser Jeudi 29 octobre à Paris une conférence internationale de retour d'expérience sur la gestion de la crise sanitaire liée à l'épidémie d'Ebola, dont les premiers signes remontent à décembre 2013. L'occasion de faire un bilan de la gestion de cette crise et des enseignements à en tirer pour l'avenir. L’occasion aussi pour la France d’annoncer un appui financier à la Guinée pour aider notamment au renforcement du système de santé après l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'ouest. Annonce faite par la Secrétaire d'Etat chargée du développement et à la Francophonie, Brigitte Girardin qui a précisé qu’ « A la demande de la Guinée, la France va consacrer 174 millions d’euros au renforcement des systèmes de santé, au soutien à l’éducation et la formation, à l'accès à l’eau et à l'électricité, et à la relance économique », La Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, des pays d'Afrique de l'Ouest limitrophes, ont été les plus affectés par l'épidémie apparue fin décembre 2013 dans le sud de la Guinée. Le virus a fait quelque 11.300 morts sur plus de 28.400 cas recensés, à 99% dans ces trois pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pascal BOUA

26 octobre : New Delhi, la capitale in-dienne a accueilli pendant quatre jours (26 au 29 octobre), le troisième sommet Inde-Afrique, qui a réuni, plus de quarante chefs d’Etat et de gouvernement. L’occasion pour New Delhi d’approfondir et d’élargir un partenariat africain encore timide – le pre-mier sommet ne date que de 2008 – et de rattraper son retard vis-à-vis de la Chine sur un continent riche en matières premières et en plein décollage économique.L’Inde cherche à se démarquer des autres puissances, en offrant à l’Afrique un par-tenariat de « développement », fondé sur le « respect mutuel » selon les autorités indiennes. Le premier ministre indien, Na-rendra Modi, a d’ailleurs précisé que ce dernier n’était pas à « sens unique », et que

son pays avait aussi beaucoup à apprendre des « nombreuses réussites en Afrique ». Ces économies émergentes doivent relever les mêmes défis en matière d’urbanisa-tion, d’éducation, de création d’emplois ou encore de lutte contre la pauvreté. Au-delà de ces déclarations de bonnes intensions il faut retenir que, même si la sécurisation des approvisionnements reste la préoccu-pation majeure de New Delhi, les considé-rations politiques entrent de plus en plus en jeu. Face à son rival chinois, l’Inde, qui a pour ambition d’obtenir une place au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, souhaite renforcer ses liens avec l’Afrique pour peser davantage lors des réunions internationales. L’inde veut dépasser ses alliances traditionnelles, et ne plus réduire ses

ses relations avec le continent à ses cinq princi-paux partenaires commerciaux (l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Angola, l’Égypte et la Tanzanie).

Afrique je t’aime Tes matières premières m’intéressent… Mais aussi ton appui politique

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L'ouverture du procès de l'ex-président ivoirien GBAGBO, à la Cour pénale internationale, à la Haye le 19 février 2013

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"L'objectif de l'examen médical ordonné était de faciliter le règlement de toutes questions relatives à l'aptitude de M. Gbagbo à participer au procès, ainsi que les modalités pratiques néces-saires pour faciliter sa présence au procès", a précisé la CPI dans un communiqué, rappelant que le procès devait initialement s'ouvrir le 10 novembre 2015. D.N

L'ouverture du procès pour crimes contre l'humanité de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a été re-portée au 28 janvier afin que les juges aient le temps d'examiner un rapport sur la santé de l'accusé, a annoncé mercredi 28 Octobre 2015 la Cour pénale internationale.

CPI : l'ouverture du procès de l'ex-président ivoirien GBAGBO reportée au 28 janvier 2016

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Madiba la nouvelle mini-série de BET

La chaîne afro-américaine Bet, annonce l’arrivée d’une mini-série de 6 épisodes basée sur la vie de Nelson Mandela. Intitulée « Madiba », la série mettra en scène Laurence Fishburne dans le rôle de l’icône sud-africaine.

La série est produite par le petit-fils de Nelson Mandela, Kweku Mandela. Le tournage débutera en 2016 en Afrique du Sud. Réalisée par Kevin Hooks, l’histoire se basera sur la vie et le combat du Madiba jusqu'à son em-prisonnement. Le scénario a été écrit à partir de deux livres de Mandela : Conversation avec moi-même et Nelson Mandela by himself.

Vivienne WESTWOOD mise sur la main-d’œuvre KenyaneL’Ethical Fashion Initiative collabore pour la dixième fois avec la créatrice Vivienne Westwood pour sa collection de sacs automne-hiver 2015-2016. Les sacs créés pour cette collection sont présents sur les podiums de Vivienne Westwood. Ils sont issus du recyclage et sont tous réalisés à la main. En plus de l’aspect artistique, cette association à unbut caritatif. Elle permet aux femmes de Kibera et de Nairobi, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, de bénéficier d’une aide financière. L’Ethical Fashion Initiative est un programme de lutte contre la pauvreté mis en place par le Centre du Commerce International. Mais il ne s’agit pas de charité ! L’objectif est de mettre en contact des grandes marques et des personnes désirant travailler afin de créer une collaboration dans le respect et la passion du métier.

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Vivienne WESTWOOD

Le musée DAPPER célèbre l’art africainDepuis le 15 septembre 2015, le musée Dapper propose une exposition réunissant des pièces d’arts venues d’Afrique, intitulée « Chefs d’œuvres d’Afrique ». L’exposition rassemble plus de 130 œuvres d’art traditionnel africain. On y trouve des pièces uniques au monde venues de nom-breux pays africains comme le Gabon, le Cameroun ou encore le Bénin. En hommage au fondateur du musée Dap-per, Michel Leveau, passionné d’art africain, décédé en 2012, ce sont des pièces issues de sa propre collection qui sont exposées. Les autres œuvres présentées ont été prê-tées par d’autres grands collectionneurs. L’exposition a lieu au musée Dapper

jusqu’au 17 juillet 2016.The Voice L’émission à succès débarque en Afrique Véritable succès en France et aux États-Unis, le télé-crochet arrive en Afrique francophone. L’émission sera diffusée d’ici juin 2016 sur Vox Africa.

Pendant 17 semaines, les candidats seront entourés d’un jury talentueux et s’affron-teront lors des castings, des lives et des battles. Le gagnant remportera, comme dans toutes les versions du monde, un album avec la maison de disque Universal.

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Laurence FISHBURNE

« Lumières d’Afriques » au Théâtre National de Chaillot » Le fonds de dotation African Artist for Development présente l’exposition « Lumières d’Afriques » qui se tiendra au Théâtre national de Chaillot du 4 au 24 novembre.L’exposition réunira 54 artistes venus de 54 pays d’Afrique. Il sont vidéastes, photographes ou encore sculpteurs et ils dévoileront leurs œuvres originales.L’objectif est d ‘« évoquer le renouveau des arts et de la philosophie de l’Afrique du XXIe siècle ». « Lumières d’Afriques » est ouverte gratuite-ment au public du mardi au dimanche.

Sharon CAMARA

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Association Femmes Africaines & Pouvoir (AFAP)Le 31 Octobre 2015 a eu lieu le lancement officiel de l'Association Femmes Africaines & Pouvoir (AFAP).

LE NUMÉRO DE NOVEMBREvient de paraître

RENDEZ-VOUS AVECVIOLA DAVIS - MICHELLE OBAMA

ADAMA DJIGO - FATIMA -TA DIALLO - HABI TOURÉ YOUNG PARIS - ABL AL MALIK - NINA TCHALLA FATIMA BEYINA-MOUSSA - MARIEME DIALLO

TSHALA MUANA - THIA -ETC...

Ce fut une occasion de débattre sur le leadership des femmes africaines d’ici et d’ailleurs avec des intervenantes telles que Rachel EBANETH, SGA du Ministère du Commerce du Gabon, Hermine NGAZA, Chef d'entreprise, Olivia NLOGO, Femme politique et Antonia D. PRINCE, CEO de la marque Tissame. D-N

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Discussion AFAP

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Les Éperviers du Togo.

En octobre 2005, un évènement historique se produisit dans le football togolais. Les Eperviers ravirent la vedette au Sénégal (quart finaliste du mondial 2002 en Corée du Sud et Japon) dans sa poule pour se qua-lifier pour l’Allemagne 2006. Débute alors une crise relationnelle entre les acteurs « qui couvait bien avant la qualification », souligne pour sa part l’ancien arbitre international togolais Claude Kokou Djaoupé. En réalité, depuis un bon moment, l’opinion assiste médusée à une gestion opaque de l’instance nationale de sport à tel point que seuls les initiés avaient une idée de ce qui ren-trait et sortait de la caisse de la FTF (Fédéra-tion togolaise de Football). La qualification et la participation du Togo à la Coupe du monde de 2006 a réveillé les uns et les autres sur la manne financière qui reviendra aux équipes qualifiées. Plus de quatre (4) milliards F CFA donc. La boîte de pandore s’ouvre ainsi. Tout le monde voit clair. Les appétits s’aiguisent. Les réseaux obscurs se forment autour du gâteau. Le Togo s’est illustré maladroitement à la fête mondiale. Le monde entier s’en est moqué. Cela a forcément déteint sur les prestations des joueurs. Ils quittent la compé-tition au premier tour. Depuis lors, plus rien ne va dans le football togolais.

Le vase déborde.Depuis le scenario ridicule de Wangen, des clans se sont formés, « chacun voulant arriver aux affaires pour mieux se servir », regrette M. Djaoupé. En dix (10) ans, c’est-à-dire de 2006

Football : le paroxysme d’une sempiternelle crise à la FédérationAu Togo, depuis une décennie, la Fédération Togolaise de Football (FTF) rime avec une crise de personnes qui ne dit pas son nom. Malgré les multiples interventions de la Fédération internationale de football association (FIFA), la crise continue de faire rage entre les acteurs.

à 2015, la Fédération Togolaise de Football a connu sept (7) élections sans compter les phases de transition. Mais aucune ligne n’a bougé d’un iota, mieux la crise s’est enlisée.

Accusé d’avoir joué un rôle malsain dans la déstabilisation des bureaux exécutifs pré-cédents, Gabriel Améyi –un cadre influent de Unir (Union pour la Répulique), parti au pouvoir, ancien député –flanqué du titre de mécène du football, tente tout pour se faire élire en 2010 à la présidence. Toujours est-il qu’une fois installé dans les locaux de la FTF, rapidement les acteurs ont déchanté y compris une frange de ses soutiens. En clair, la période de grâce n’a pas duré longtemps. Des défections dans son bureau sont notées. Tino Adjété et Hervé Piza respectivement 1er vice et 2ème présidents claquent la porte. Les démissionnaires parlent de « gestion opaque » et de « manipulation ». Les projets GOAL 1 et 2 et PAF (Projet d’Assistance Financière) sont détournés de leurs fins. En tout, on parle de plus d’un milliard F CFA de détournement.Début 2014. Les experts de l’instance mondiale du football débarquent au Togo, rencontrent les différents acteurs et s’invitent à la Présidence de la République. La décision tombe. Elle retire la signature à Gabriel Améyi et met la FTF sous tutelle du cabinet KPMG. La crise atteint alors son paroxysme. La date d’une nouvelle élection s’approche (annoncée sur novembre 2014). Gabriel Améyi taille le corps électoral selon son humeur. Les autres acteurs s’emportent et créent le G36 (un groupement d’une frange d’acteurs essentiellement des présidents de clubs). La FIFA s’invite de nouveau dans les

débats. Primo Corvaro, l’envoyé spécial se mélange les pinceaux.C’est ainsi que l’Etat entre en scène. Long-temps « restées » à l’écart, les autorités poli-tiques, à tort ou raison, réchauffent un vieux dossier. Le président de Maranatha FC est arrêté à son retour d’un voyage à l’aéroport de Lomé pour une autre affaire et détenu quelques jours à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ). Le temps de trouver la formule de son départ de la FTF. L’assemblée élective qui cristallise toutes les intentions est reportée sine die.

Nouvelle transition. Dans un dialogue de sourds, la FIFA en in-telligence avec le pouvoir politique met en place un Comité de normalisation (CN) en décembre 2014. Le troisième du genre en dix (10) ans. Son président n’est autre que l’ancien ministre des Sports, Antoine Folly, au passé sulfureux. Le rôle du CN est clair, nor-maliser et organiser une nouvelle élection au plus tard 30 novembre 2015.Les positions étaient déjà tranchées. Le G36 accusait, avant sa nomination, Antoine Folly d’être l’éminence grise de Gabriel Améyi. Une fois installé, le président du CN et ses camarades ont toutes les difficultés pour exécuter leur chronogramme. « Nous irons au bout de notre mission, celle de normaliser la situation », s’est tout récemment défendu l’ancien ministre. Mais à l’œuvre, les revers se compilent : les championnats d’élite (pre-mière et deuxièmes divisions) sont aux arrêts. Les joueurs pour dégourdir leurs jambes se replient sur les matchs de quartier ; certains

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Gabriel AMEYI

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vont à l’étranger pour monnayer leurs talents. Résultat, le sélectionneur belge Tom Saintfiet a eu toutes les peines pour composer une sé-lection locale des Eperviers du Togo. Dans le cadre des éliminatoires de la CHAN (Cham-pionnat d’Afrique des Nations), il s’est appuyé sur un ramassis de joueurs qui ont composé l’équipe nationale qui a été battue (2-0) à l’al-ler par le Mena du Niger. L’immobilisme à la tête de la Fédération, c’est également la com-pétition des jeunes plusieurs fois annoncée et même programmée qui est rentrée dans les oubliettes. Parallèlement, les membres du G36 s’arc-boutent sur leur position et « de-mandent qu’on aille rapidement à l’élection ». Ils accusent le CN de jouer la montre.

Sur la base, nous dit-on, des travaux de la Commission de règlement des litiges de la dernière saison et de celle de réflexion sur ce que sera le football togolais dans le fu-

tur, Antoine Folly et ses amis proposent de « grandes réformes » censées permettre à cette discipline de « faire un bond qualitatif ». Le corps électoral est convoqué sur le samedi 24 octobre pour « les amender et les adopter » pour ouvrir la voie à l’élection tant attendue. Mais querelles des statuts. Les dispositions qui réduisent le nombre des ligues de 14 à 6 ainsi que celle qui impose de dégager 8 élec-teurs sur la vingtaine de clubs de deuxième division mettent certains présidents dans tous leurs états. Une batterie de réserves sont portées contre ces « grandes réformes ». Sentant l’assemblée houleuse voire boudée, le Comité de normalisation reporte le congrès extraordinaire de refondation des textes de la FTF. Selon le Secrétaire général par inté-rim, Me Ferdinand Amazohoun, le congrès est reporté pour permettre d’harmoniser les propositions d’amendement pour obte-nir en amont un consensus avant d’aller au congrès. Un nouvel couac ? Le G36 dénonce les conditions du report du congrès. Bien que le mandat du CN ait été repoussé jusqu'à fin décembre prochain (une nouvelle prolonga-tion n’est point exclue) « il faut gager que rien n’est acquis d’avance », prédit-on.

Réquisitoire des Eperviers.Comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, les cadres de la sélection togolaise sortent de leur silence pour adresser une

« lettre de détresse » au CN. En réalité, la lettre ouverte et signée par le capitaine des Eperviers, Serge Akakpo, n’apporte rien de nouveau. Tout le diagnostic qui s’y trouve est connu de tous ceux qui suivent de près la sélection nationale. Mais ce qui est notable, c’est qu’ils conditionnent leur prochaine convocation en équipe nationale par la satis-faction des problèmes soulevés, sinon c’est le « boycott ». Un courrier, qui apparemment, fait trembler le CN qui se presse de s’exécuter.

Dans la foulée, la FIFA répond au courrier de Tino Adjété, président du club Tigre Noir Zéphyr qui veut se faire rétablir dans son droit de vote. L’instance mondiale dit dans sa réponse qu’elle suit de près les problèmes du football avant d’inviter tous les acteurs à une solution « exclusivement interne ».

Pierre-Claver KUVO

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Ferdinand AMAZOHOUN

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Tino ADJÉTÉ

Les sept dossiers enregistrés sont ceux : 1- Prince Ali Bin Al Hussein, (JOR), le demi-frère du roi Abdallah

de Jordanie.2- Musa Hassan Bility (LBR), le président de la fédération libérienne. 3- Jérôme Champagne, (FRA) : l'ancien secrétaire général adjoint

de la Fifa.4- Gianni Infantino (ITA/SUI) : le N2 de l’UEFA, 5- Michel Platini, (FRA) : le président de l'UEFA et vice-président

de la Fifa (son dossier est pour l'instant pris en compte, mais gelé le temps de sa suspension jusqu'au 5 janvier).

6- Cheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa (BRN), le président de la Confédération asiatique et vice-président de la Fifa.

7- Tokyo Sexwale (RSA), l'ancien compagnon de prison de Nelson Mandela.

L'élection est programmée le 26 février à Zurich.

FIFA - Sept candidats en lice pour l'élection présidentielle à la Fifa du 26 févrierSept candidatures à la présidentielle de la Fifa ont été officialisées mercredi 28 /10/15 par le comité électoral de l'instance suprême du foot, qui ne fait pas mention dans son communiqué du 8e prétendant qui affirmait avoir postulé, David Nakhid, ex-capitaine de la sélection de Trinité-et-Tobago.

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Les sept candidats à la Fifa (de gauche à droite) : Musa Hassan BILITY, Jérome CHAMPAGNE, Gianni INFANTINO,

Prince Ali Bin Al HUSSEIN (en bas), Tokyo SEXWALE, Michel PLATINI et Sheikh Salman bin Ebrahim AL KHALIFA.

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Souvenez-vous. Nous sommes le vendredi 8 Janvier 2010, les Eperviers du Togo, ve-nant de Brazzaville, où ils se sont préparés pour la CAN 2010, rallient Cabinda par bus. Quelques instants après avoir franchi la frontière entre le Congo et l’Angola, des coups de feu fusent de partout touchant de plein fouet le bus togolais. Bilan, deux morts et un blessé grave. Et ce blessé, c’est le gar-dien Kodjovi Obilalé, marqué et handicapé à vie qui ne retrouvera plus les pelouses, victime de cet attentat revendiqué par le Front de libération de l’enclave du Cabinda, un groupe séparatiste qui se bat depuis 1975 pour l’indépendance de l’enclave de Cabinda. La CAN est endeuillée, l’Angola abasourdi, la CAF embêtée.Déclaré mort pendant quelques heures, Obilalé réussit à s’en sortir malgré les deux balles qui l’ont touché. Le monde entier est ému par cet incident, et on garde en-core en mémoire l’image de la star du Togo, Emmanuel Adebayor, se tenant la tête en pleurant. On se souvient aussi de cette décision inique de la CAF de suspendre les Eperviers, qui, moralement et physiquement touchés par cet acte ignoble, se déclarent inaptes à la poursuite de la CAN. Suspension levée quelques semaines plus tard.Depuis, le temps a passé. Après les marques de sympathie rapides et hypocrites, le foot-balleur s’est bien vite retrouvé seul. «Suite à l'attentat, pendant des mois, j'ai éprouvé la sensation d'être un mort-vivant. Un intense sentiment de vide et d'inutilité me parcourait l’esprit. Le temps s'étirait pour bien me mettre sous le nez que ma vie était foutue. On m'avait jeté sur le bord de la route et l'humanité tout entière poursuivait son chemin. À la Fédération togolaise de football notamment, on m'avait un peu trop vite oublié. J'étais devenu un problème insurmontable qu'on ne voulait plus voir », écrit-il dans son livre sorti le 7 octobre dernier.

«Inutile d'assassiner un cadavre»Se sentant inutile dans le monde qui l’en-toure, l’ancien gardien de but passe par tous les états d’âmes. Sauf celui du suicide. Et il a raison. « Je me sentais si peu vivant que je

Kodjovi OBILALÉ, ancien gardien de but du Togo, victime de terrorisme lors de la CAN 2010Un homme deboutVictime de l’attentat qui a touché le car de sa sélection avant la CAN 2010, Kodjovi Obilalé, est resté un homme digne, malgré les séquelles de cet acte lâche qui l’ont laissé dans un fauteuil roulant à vie.

n'aurais pas pu voir l'idée de me suicider. Inutile d'assassiner un cadavre, car c'était bien ce que j'étais devenu à mes yeux.» Et, rempli d’une force insoupçonnée, il se refuse à toute pitié. « Plutôt qu’on me donne du poisson, je voulais qu’on m’apprenne à pêcher. Je ne voulais plus m’apitoyer sur moi-même ; du coup, je refusais que d’autres le fassent ». Il décide donc d’ac-cepter son handicap, de vivre avec, lorsqu’il se retrouve en centre de rééducation avec des personnes aussi touchées que lui, sinon plus.

Avec l’aide de son ancien club de Pontivy, de ses quelques amis restés proches, « les vrais, pas ceux qui voulaient se donner bonne conscience », il change d’orientation professionnelle. Il sui-vra une formation d’éducateur spécialisé dont il sort diplômé avec de très bonnes apprécia-tions. Même en fauteuil roulant, Obilalé est efficace. Il travaille aujourd’hui au sein d’une association dénommée Remise en Jeu. Elle aide les jeunes en difficulté, en échec scolaire ou déscolarisés, et des jeunes en semi-liberté à Lochrist, près de Lorient, dans l’ouest de la France. Avec un programme simple : football le matin, et remise à niveau scolaire l’après-midi, l’association arrive à inculquer aux jeunes de vraies valeurs à même de les aider à s’insérer dans le tissu socio-économique, et à vivre de façon indépendante et responsable.Cette âme de grand frère, il la partage aussi dans son livre. « Oui, je ne voulais pas que parler de l’attentat, je voulais aussi faire comprendre à mes jeunes frères africains que, même s’ils ont du talent pour le football, il serait bien qu’ils aient un petit bagage, intellectuel, une petite formation. Dans ce milieu, ça va très vite dans un sens comme dans l’autre. On ne sait jamais. »

Kodjovi OBILALÉ

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L’éducateur spécialisé, raconte aussi dans son livre Un destin foudroyé les méandres tortueux du football togolais. L’enrichissement illicite des dirigeants, l’égoïsme, l’improvisation, autant de tares qu’il aimerait voir disparaître du football africain en général. « Ce fut une véritable thérapie pour moi d’écrire ce livre. J’avais du mal à exté-rioriser mes sentiments, même à me confier aux psychologues qui venaient me voir. Le bouquin m’a permis de me vider l’esprit et d’avancer. »

En contact avec ADÉBAYORKodjovi Obilalé revient de loin. Il en est conscient. Raison pour laquelle il vit au-jourd’hui en être libre et heureux. C’est un homme debout malgré son handicap, malgré son fauteuil roulant. Il sillonne la France pour la promotion de son livre et se dit ouvert à toute conférence ou débat. Il sera en dé-cembre au Togo pour y dédicacer son livre. Il est resté en contact avec quelques vrais amis du milieu du football. « Je suis en contact avec Emmanuel Adebayor. Il a été mon capitaine et j’ai encore beaucoup de respect pour lui; on s’est parlé très récemment. Et je le remercie d’avoir parlé de mon livre sur les réseaux sociaux. » Mais, très pudique, "Kodjo" a horreur de déranger les gens.Marqué à vie par la tragédie de 2010, Obilalé espère tout simplement avoir des réponses sur ce qui a changé le cours de son destin. Cinq ans après, l’enquête est au point mort. Qui a commandité l’attaque, pourquoi le car des Togolais, pour quel motif ? Un flou duquel il aimerait sortir. Certes, il a déposé plainte au barreau de Paris mais il attend impatiemment de comprendre ce qui s’est passé ce jour de 2010. Un jour triste pour lui, pour le Togo, le football africain et pour toute l’Afrique.

Malick DAHO

« Un destin foudroyé », paru aux éditions

Talent Sport. Préface de

Christian Gourcuff. Prix : 18€

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Le judo français n’a pas encore un statut professionnel. Mais on ne peut pas affirmer que ce sport martial ne nourrit pas son homme dans l’hexagone. Bien au contraire. Il n’y qu’à voir la dimension et le standing de la tête de gondole du judo français, Teddy Riner, huit fois champion du monde des plus de 100 kg, pour s’en convaincre. A une échelle inférieure, les sœurs Gnéto Déhassa Priscilla Val (24 ans) et Gnéto Meany Astride (19 ans) sont certainement en train d’écrire l’une des meilleures pages du judo français. Le rendez-vous pour rencontrer les deux athlètes est vite ficelé. Ce sont deux sœurs relaxes, détendues et complices que nous trouvons un soir du lundi 19 octobre 2015 au domicile de l’ainée qui y vit seule d’ordi-naire. Un appartement de trois pièces logé au 7ème étage d’un immeuble de grand standing à Champigny-sur-Marne en Ile de France. « J’ai payé l’appartement en 2012 à mon retour des JO de Londres. Le judo m’apporte beaucoup, je peux dire que toute ma vie tourne autour du judo. Grâce au judo, j’ai visité des pays inespérés », commente Priscilla. Et pour être épanouie, la jeune athlète l’est. Salariée par son club, Levallois sporting club, elle perçoit une bourse de l’Etat français en sa qualité

d’internationale française et bénéficie d’une convention rémunérée qu’elle a avec la douane française qui utilise son image pour des spots. Les deux tireuses étaient en compagnie de leur génitrice, Mme Gnéto Patricia Diomandé, ancienne internatio-nale de handball qui a évolué au Stella club d’Adjamé. Ses filles se taquinent comme de vraies gamines. « Vous voyez, elles sont comme ça, ce sont mes bébés…vous comprenez qu’on vive leurs combats le cœur serré. Surtout quand c’est à l’étranger, c’est encore plus difficile. Leur père, lui, n’ose même pas suivre leurs combats, il demande juste le résultat à la fin », dit-elle sourire en coin. Une jeune mère qui partage beaucoup de choses avec ses filles.

Priscilla, la force tranquille…

Elle n’a pas choisi le judo. C’est plutôt le judo qui l’a choisie. Gnéto Priscilla alors gamine en Corse à Porto-Vecchio (France) marchait sur les traces de sa mère. Elle voulait donc jouer au handball, mais son destin bascule à son insu. « Les handballeurs et judokas s’en-traînaient dans le même gymnase. Et quand je finissais au handball, j’allais voir l’entraînement du judo. C’est comme ça que j’ai été attirée par le judo, c’est en fait un hasard le judo pour moi… », se souvient Priscilla. Comme si elle était taillée pour cet art martial, les choses vont comme sur des roulettes. De son pre-mier combat qu’elle perd à 11 ans, en 2002, à sa palette d’oppositions de plus de 200 combats aujourd’hui, toutes compétitions confondues, Val a fait un pas de géant vers le sommet du judo français dans sa catégo-rie des -52 kg. Normal qu’elle fasse partie

des têtes de proue de l’équipe de France de sa catégorie. Elle se comporte tellement bien en si peu de temps en Corse qu’elle est coptée par Jean Yves Andareli avant de se voir repérée par l’entraîneur du Leval-lois sporting club, Christian Chaumont, par ailleurs coach de Teddy Riner. Elle coupe net : « C’est Teddy qui est entraîné par mon entraîneur, pas moi, car je suis arrivée avant lui au club », rigole-t-elle. Riner est arrivé à Levallois en 2011, elle, en 2010. Et depuis, la fille de l’ancien stoppeur de l’Africa sport et des Eléphants, Gnéto Kpassagnon, ne s’arrête plus. Elle enchaîne compétitions sur compé-titions, récompenses sur récompenses. A 24 ans, elle collecte 12 médailles dont 3 en or. La plus prestigieuse de ces distinctions reste le bronze obtenu aux JO. « Cette médaille est une grosse fierté pour moi ». Un parcours qu’elle effectue sous les couleurs françaises, d’abord en junior, puis en sénior ensuite. « Le choix de la France par rapport à mon pays d’origine, la Côte d’Ivoire, ne m’a posée aucun problème. La question ne s’est pas posée, c’était évident pour moi de tirer pour la France ». N’empêche que sa fibre patriotique reste intacte. « Je suis en contact avec les athlètes et dirigeants ivoiriens. Ils ont du talent qu’ils ne peuvent pas exploiter, je trouve cela vexant ». Mais quel regard porte Gnéto Kpassagnon sur sa fille ? « Elle est beaucoup calme et très posée, mais elle a du caractère ». Pour son père, elle incarne autorité, audace, intelli-gence et aime foncer droit au but. Traits qui caractérisent le lion, son signe zodiac. Des ambitions, la jeune tireuse en a à revendre. Et son rêve sportif majeur reste les JO de 2016 au Brésil. Compétition en prélude de laquelle elle a déjà glané 200 points récem-ment au grand chelem de Paris Bercy. Pour l’après judo, elle prépare un master en com-munication. Côté people, Priscilla n’est plus un cœur à prendre. Elle partage, depuis 5 ans, sa vie avec son boy friend français.

Astride, fougueuse et rageuse… Comme son aînée, Gnéto Maney Astride, 19 ans, n’est pas arrivée directement au judo. Elle a bifurqué par l’athlétisme. Amenée par sa grande sœur qui était déjà une figure de proue de la discipline en France, elle n’a

JUDO - GNÉTO Priscilla et GNÉTO Astride Deux sœurs, une passion

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Les sœurs GNÉTO.

Priscilla GNÉTO.

Le hasard les a projetées au judo. Mais leur travail, leur abnégation et surtout leur volonté de vaincre les ont installées durablement sur le tatami français. Comme des reines de cet art martial. Lumière sur Gnéto Déhassa Priscilla Val (24 ans) et Gnéto Meany Astride (19 ans). Deux championnes. Deux sœurs de sang dont la passion du judo a davantage raffermi les liens.

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pas mis de temps à troquer les chaussures à pointes de l’athlétisme pour le judogi (le costume du judo). Très précoce, elle se lance dans cet art dès 9 ans. « J’ai été in-fluencée par ma grande sœur… », reconnait-elle, l’air amusée. Passée par une école de formation à Marseille, elle rejoint son ainée à Levallois sporting club, son club actuel. In-ternationale junior française, présentement pensionnaire de l’Institut National de Sport et d’Expertise Performance(INSEP) à Paris, Astride a déjà un palmarès qui achève de convaincre même les plus septiques. Digne d’une grande championne. Sa dernière médaille (bronze) remonte au samedi 24 octobre 2015 lors du championnat du monde aux Emirats Arabes Unis, à Dubaï. Avec ses 31 médailles dont 10 en or, Astride est un gros grain de championne en devenir. Vice championne du monde de sa catégorie (-52kg), championne d’Europe et de France, elle a glané les prix dans plusieurs tournois d’Europe. Elle et sa grande sœur, ce sont deux traits de caractère différents. « Elle est bouillante, elle casse tout, tout de suite, elle ne cherche pas à comprendre aux combats. Mais en dehors du judo, elle est gentille mais fon-ceuse et obstinée », témoigne son père. Trait de caractère qui colle avec l’attitude du taureau, son signe zodiac. Très jeune, mais elle n’en demeure pas moins ambitieuse. « Je vise les JO de 2020», projette la jeune fille. En attendant, cette nouvelle bachelière allie le judo à ses cours à l’Insep qui feront éventuellement d’elle une animatrice spor-tive ou entraîneur de judo après deux an-nées de formation. Dans la même catégorie pour l’instant, les deux sœurs pourraient se croiser pendant des combats. « Si on se croise, je la corrige et on revient à la maison », ironise Priscilla. La réponse d’Astride est immédiate : « Généralement, quand la grande croise la petite sœur, c’est la petite qui gagne ». Une éventualité que leur maman n’envisage pas. « Je ne veux même pas y penser, déjà je vis leurs combats intérieurement à fortiori qu’elles se croisent entre elles. Comme on est en sport c’est possible, mais moi maman, je refuse ». D’ici là, chacune prépare, à feu doux, les joutes futures. Pour tenir les engagements et les objectifs qu’elles se sont fixés.

Ould Hamet N’DIAYE.

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Issa HAYATOU

Depuis le 8 octobre dernier, un Africain trône sur le siège de président de la FIFA. Conformément aux statuts de l’institution, Issa Hayatou assure l'intérim de Sepp Blat-ter, suspendu 90 jours, non pas en raison d’une compétence experte en matière de gestion du football, mais uniquement parce qu’il est le "plus ancien vice-président du Comité exécutif en poste". Si l’intéressé, 69 ans, a déclaré qu’il occuperait cette fonction "uniquement à titre intérimaire parce que le Congrès extraordinaire choisira le 26 février 2016 un nouveau président, et je ne serai moi-même pas candidat à cette élection", il a cru bon se donner en morali-sateur : " Celui qui déconne sera sévèrement sanctionné.” Une déclaration qui a fait sourire tant elle fait penser à un éléphant marchant dans un magasin de porcelaine. Parce que le tout-puissant président de la CAF-FIFA traine aussi des casseroles, cité nommément dans des affaires de gros sous."Le parcours personnel de Hayatou est marqué par plusieurs affaires, dont la plus médiatisée remonte à 2011, quand le CIO – dont il a fait partie – lui avait infligé un blâme. La cause : il avait reconnu avoir perçu de la société ISL, une société de marketing, partenaire de la FIFA dans les années 1990 un pot-de-vin d’environ 15.000 euros en liquide. Accusé de corruption, Hayatou s’est défendu en arguant qu’il s’agissait de finan-cer le 40e anniversaire de la CAF, et que cet argent a été reversé dans les caisses de l’institution. Ce qui n’a guère convaincu le CIO qui n’a trouvé aucun justificatif comp-table corroborant ses dires. Il a donc été logiquement sanctionné. En juin dernier, il reconnaissait un verse-ment d’1,5 million de dollars, du Qatar à la CAF, pour "exposer son projet de candida-ture à la Coupe du monde 2022" lors d’un congrès en 2010. On ne savait pas qu’il fallait payer pour juste exposer un projet de candidature. Or un témoin affirme avoir assisté à cette "remise" de mallettes à trois dirigeants africains dont le président de la CAF, pour le motiver à voter dans le sens du Qatar. Phaedra Almajid, traductrice, qui travaillait pour le comité de candidature qatari jure : " J’ai vu, en 2010, Hayatou et deux autres dirigeants du foot africain mon-nayer leur vote en faveur du Qatar en échange de 1,5 million de dollars chacun." Pour se dé-

HAYATOU et ses casserolesDepuis un mois, le patron de la CAF (Confédération africaine de football) depuis 1988, Issa Hayatou (69 ans) a été désigné président par intérim de la FIFA, après la suspension de Joseph Blatter. Le Camerounais, qui connait tout des arcanes du football, est-il pour autant blanc comme neige ?

fendre, il a juré que ce deal qui aurait eu lieu en Angola, lors d’un Congrès de la CAF au cours duquel l’émirat avait pu présenter son projet en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes, n’a jamais existé. Outré, ou feignant l’être, Hayatou a déclaré : " Je n’ai jamais vu cette femme de ma vie, elle raconte n’importe quoi ! On lui demande de fournir des preuves, elle n’en apporte pas." Il sait bien que personne ne pourra jamais prouver ce genre de chose. Mais là encore, question : qu’avait cette dame à mentir sans vergogne sur des personnes soi-disant respectables ? Une respectabilité à géométrie variable. À cela, ajoutons aussi les accusations du Sunday Times et de France Football, qui, en juin 2014, dévoilèrent l’immense ma-chine à corrompre mise en place par le président de la confédération asiatique, le Qatari Mohamed Bin Hammam, dans le but de se faire élire à la présidence de la Fifa – il en a été banni à vie en décembre 2012. À en croire le journal britannique, Hayatou était au cœur de ce dispositif. L’intéressé s’en défend bec et ongles, et jure n’avoir jamais participé aux "sauteries" financées par Bin Hammam dans des palaces asia-tiques. Comment savait-il que des orgies, au propre comme au figuré, étaient organisées pour mettre des dirigeants "en condition" idéale de vote ? Pourquoi ne les a-t-il pas dénoncées en leur temps ? Où sont les preuves des versements dont il fait état sur les livres de compte de la CAF ? Mystère, vous avez dit mystère ?Avec plus de 270.000 dollars par an, hor-mis ses indemnités diverses et variées, le patron du football africain et mondial passe pour être un homme d’argent. Même s’il se défend d’être corrompu, y a-t-il fumée sans feu ? Malick DAHO

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Une mission possibleCe livre interroge un contexte particulier, celui des banlieues. Il apporte aux différents acteurs et chercheurs du champ de l’éducation et de la formation, des outils précieux quant à la compréhension des éléments factuels de ce terrain. Régulièrement des enseignants sont affectés en premier poste dans des établissements très souvent classés en Réseaux d’éducation prioritaire (REP) et doivent gérer en classe, au quotidien des élèves aux pratiques très hétérogènes dont les difficultés pour certains nécessitent un accom-pagnement spécifique. Les outils décrits et proposés par cet ouvrage s’inscrivent de manière articulée à la pratique enseignante et cela dans une approche systémique. Ils viennent appuyer l’enseignant dans son action quotidienne envers les familles, l’institution, les élèves, les collègues et les partenaires extérieurs. Cet ouvrage offre aux enseignants, une possibilité de trouver des ressources nécessaires pour construire ou renforcer leur capital-compétence.

Militant de l’école de la République, Momar-Sokhna DIOP, s’adresse notamment à ses collègues débutants et reprend pas à pas les fondamentaux du métier d’enseignant qu’il a choisi par passion. Chemin faisant il constate qu’il pratique une certaine éducation populaire qui propose des méthodes pédagogiques très impliquantes pour tous les acteurs. Enseigner à la périphérie des villes engendre un grand nombre de difficultés. L’auteur valorise l’importance des actions concertées de l’ensemble des personnels de la collectivité éducative ainsi que l’implication de la hiérarchie. En se référant à ses expériences et à moult experts, il se consacre à une forte analyse de pratiques éducatives vécues, et nous livre, un travail approfondi.

L’auteurMomar-Sokhna Diop, titulaire d’une maîtrise d’administration économique et sociale (AES) et d’un master 2 en stratégie et ingénierie de la formation d’adultes, est professeur d’économie/gestion en banlieue où, depuis 1999, il a exercé au sein de l’Éducation nationale. Il est auteur de plusieurs ouvrages dont : Gestion des ressources humaines dans les organisations et Quelles alternatives pour l’Afrique ?

Toutankhaton, fils du grand prêtre d'Amon, descendant d'une vieille dynastie écartée du pouvoir par Akhenaton et dont le père, opposé aux réformes de ce dernier, avait trouvé en la personne d'Ay un complice et un allié, va se voir offrir le trône.Ay et Horemeb aspiraient au pouvoir. Tous deux rêvaient de s'emparer du trône ! Mais grâce au génie politique d'Akhenaton qui va marier sa fille à Toutankhaton, prince et héritier spirituel de son père, le complot est avorté et la paix est signée. Ainsi les deux familles, longtemps ennemies, seront réconciliées par cette union.Horemeb, un général ambitieux, traître et manipulateur, ayant échoué dans sa tentative de coup d'État, se contentera, non sans nouvelles intrigues, d'attendre son heure. Mais, jaloux de voir Ankhsenamon épouser Toutankhaton, il promet de se venger.

Toutankhamon : C'est aussi l'histoire d'amour, de trahison mais éga-lement de haute spiritualité dans laquelle des destins croisés et complémentaires d'un père et de son fils spirituel vont entraîner la descente aux enfers du peuple autochtone d'Egypte jusqu'à ce jour.

L’auteurKama Sywor KAMANDA est un écrivain congolais. Tour à tour conteur, poète, romancier et dramaturge, Kamanda a produit une œuvre littéraire considérable et mondialement reconnue. La critique et des poètes parmi les plus grands de son temps, dont Mario Luzi et Léopold Sédar Senghor, ont souligné la puissance de ses vers et la richesse de son imaginaire. Il a reçu de nombreux prix prestigieux, notamment, en 2009, le Prix Heredia de l'Académie française pour son Œuvre poétique : édition intégrale.

ENSEIGNER EN BANLIEUE de Momar-Sokhna DIOP

A lireTOUTANKHAMON de Kama Sywor KAMANDA

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A lireFIERTÉS NOIRES

de BastaineMOUBAMBA

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Fiertés noires trace l’itinéraire d’une humanité réconciliée comme préalable à la continuité de l’espèce humaine. Partant des grandes tra-gédies, de l’esclavage à la Shoah, le poète plonge son regard dans les méandres d’une histoire commune en proie à l’amnésie collective pour y extraire le potentiel de fraternité.Symbole des opprimés, le Noir se veut être l’horizon d’attente de tous les existentialismes, le dernier projet humain, et le droit de mémoire la solution d’une humanité en quête d'elle même.

L’auteurEn bon poète, Bastaine MOUBAMBA inscrit la question noire dans les nouvelles tâches du monde moderne en proie aux périls de la haine, au repli identitaire et au racisme. Essayiste, il est l’auteur de deux précédents ouvrages notamment Utopies et aliénations dans le Gabon post-colonial (Editions l'Harmattan, 2013) et Barack Obama et le mythe de l'éternel retour (Publibook, 2011).

Le DV (développement authentique et intemporel) sacralise l'Homme (individu citoyen au cœur de toutes les questions éthiques) qui doit être un réalité respectée et honorée dans la mondialisation.Croisade contre l'économie d'exclusion, la pauvreté de masse et la mondialisa-tion sauvage, le Développement vivable (DV) symbolise l'économie au service des peuples, le partage solidaire des richesses et le développement vivable par le plus grand nombre d'individus citoyens du monde. Développement authen-tique et intemporel, le DV proclame et sacralise : - l'Homme (individu citoyen au cœur de toutes les questions éthiques et de toutes les actions) qui doit être une réalité respectée et honorée dans la mondialisation, - l'obligation auto-consentie " Agir maintenant pour vivre dignement aujourd'hui, et ensemble, œuvrer à un avenir plus enviable ", - l'obligation planétaire " Des droits protecteurs pour tous et une solidarité internationale responsable ; Chacun doit vivre heureux et manger à sa faim avec le souci profond du bien commun auquel il doit s'attacher avec dignité ", - le devoir d'espérance " Le revenu inconditionnel pour partager les richesses et donner, à chacun, les moyens de mener sa vie en convergence avec ses valeurs dans un environnement viable ". Participant à l'harmonie universelle, le DV, empreint d'humanité, s'annonce comme la révolution vertueuse du 21ème siècle.

Le DV proclame la société de revenu inconditionnel au profit de la société salariale génératrice de précarité de masse, d'exclusion et de pau-vreté pour rétablir l'équité entre tous les acteurs et citoyens car tout le monde contribue à la création des richesses dans le monde.Pour assurer leur propre survie, les maîtres du monde doivent devenir des activistes du DV et se démultiplier, sur le terrain aux côtés des pauvres, pour orienter la mondialisation vers plus d'humanité. L'être humain ne doit plus être un simple bien de consommation formaté qu'on utilise et qu'on jette.Le DÉVELOPPEMENT VIVABLE, c'est maintenant ! Mettons-le en œuvre. Soyons au rendez-vous avec le meilleur de nous-mêmes et avec le meilleur de l'humanité : la révolution vertueuse.

LE DÉVELOPPEMENT VIVABLELa révolution vertueuse du 21ème siècle de Pétros A. ZINZINDOHOUE

Pour contacter l'auteur : [email protected]

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GASTRONOMIE

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• 1 Pintade de 1,5 kg

• Huile d’arachide

• Sel, poivre

Pour le nokos

• 2 gousses d’ail

• 1 cube de bouillon

• 3 piments oiseau

• 1 cuillerée à café de poivre noir en grains

Pour la sauce moyo :

• 6 tomates

• 2 oignons

• 1 poivron vert

• 1 cube de bouillon

• 2 Cuillerées à soupe de moutarde

• 5 cl d’huile d’arachide

• Le jus d’un citron

• Sel, poivre

INGREDIENTS

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Pintade grillée sauce Moyo Préparation 20 mn Cuisson 35 mn Difficulté * Pour 4 Personnes

PréparationPréparez le nokos : mixez l’ail, les piments oiseau, le poivre noir et les bouillons de cube.

Lavez, coupez la pintade en morceaux puis incisez-les en plusieurs endroits. Insérez du nokos dans chaque incision. Salez, poivrez et huilez un peu l’ensemble.

Allumez le four, mettez les morceaux de pintade à cuire 30 minutes. Terminez 5 minutes en position gril.

Pour la sauce moyo, épépinez les tomates. Coupez-les en petits morceaux, ainsi que les oignons et les poivrons. Mélangez puis assaisonnez en ajoutant le cube de bouillon effrité, l’huile, la moutarde, le jus de citron et le sel.

Laissez marinez 15 minutes avant de servir.

Dressez la pintade sur un lit de sauce, accompagnez, de bananes plantains (Aloko) ou d’atiéké.

Recette originaire d’Afrique de l’Ouest et principalement du Bénin et du Togo pour la sauce moyo. La sauce moyo accompagne souvent le poisson ou le poulet frit.

Astuce/Cuisson : Vous pouvez aussi faire cuire cette sauce 10 minutes à feu vif sans ajoutez d’eau en mélangeant bien puis servir chaude.

Bon appétit Danielle EBENGOU

HOROSCOPE

BÉLIERSENTIMENTS • Vous trouvez que votre compagnon vous néglige Conseil : oubliez-le un peu, car il y a des pertur-bations dans votre couple. Désamorcez les conflits naissants, Vénus arrangera tout le mois prochain.

VIE SOCIALE • Trois atouts pour réus-sir : du charme, de l’esprit et une pointe de culot. Ça s’annonce bien, y compris pour vos finances. Mars, planète com-bative, stimule vos engagements et vos associations.

TAUREAUSENTIMENTS • Vous serez ultra-séduisante avec Vénus dans votre ciel pour un mois délicieux. Vos proches noteront un goût nouveau pour la provocation.

VIE SOCIALE • Il y a dans l’air des pro-jets fabuleux. A vous de leur donner une réalité et d’y ajouter votre patte, ce sera chose facile. C’est l’état de grâce : quoi que vous fassiez, on vous approuve.

GÉMEAUXSENTIMENTS • Pas de turbulences mais de la franchise, l’atmosphère gagne en légèreté. Si vous êtes célibataire, il y a une rencontre à la clé, à découvrir avec une pointe d’humour. En couple, la vie en société vous oxygène.

VIE SOCIALE • Les vibrations parlent de renouveau. Changement de méthodes de travail, nouvelles techniques et activités de pointe sous l’égide de Mercure. Le tout nécessite un peu d’organisation.

CANCERSENTIMENTS • Une récréation dans votre vie affective, Vénus scintille, vous serez indulgente. C’est le moment d’enta-mer un nouvel épisode, sous d’excellents auspices.

VIE SOCIALE • Jupiter vous incite à préparer vos prochains objectifs. Rencon-trez le plus de partenaires, la période est propice aux transactions. Les nouveaux contacts feront avancer vos pions.

LIONSENTIMENTS • Vous pensiez avoir fait le tour des passions. Les perspectives changent avec la saison, et l’affection d’un homme vous donne des ailes. Autres atouts : la famille et la méditation. Prenez du recul.

VIE SOCIALE • Même si vous tenez à votre indépendance, faites jouer vos rela-tions pour un projet au démarrage un peu mou. N’hésitez pas à demander conseil, Mercure évoque des contacts utiles.

VIERGESENTIMENTS • Abordez la période avec sérénité, Vénus donne de l’écho à vos désirs. Vous avez du charme, du style et de l’humour : une rencontre se profile avec un homme influent. Léger trouble érotique en vue.

VIE SOCIALE • Encore des hésitations sur vos orientations, mais les nouvelles sont favorables. Jupiter souffle du chaud sur vos activités, qui s’épanouissent. De plus, vos idées plaisent – et même beaucoup.

BALANCESENTIMENTS • Un souffle d’aventure sur les ailes d’un Mercure voyageur. Idylle pour les couples et romantisme pour toutes, le moindre soupirant prend un relief inespéré. Savourez ce moment d’ivresse.

VIE SOCIALE • Votre rôle est servi par les circonstances. Cela entraîne change-ments, contraintes allégées et objectifs à portée de main. Absorbez vite les ten-dances nouvelles, mettez-vous à jour.

SCORPIONSENTIMENTS • Beaucoup d’amitié au-tour de vous et rencontres excitantes. Votre charme fait des ravages. Le cosmos vous inspire un élan irrésistible et une humeur aventureuse.

VIE SOCIALE • Vous vivez une phase agréable et récoltez le fruit d’un patient travail. Période de relations sociales, avec un Jupiter hyper-réactif, propice aux métamorphoses et aux expériences. Gardez votre humour.

SAGITTAIRESENTIMENTS • Oubliez les obligations et menez votre vie à votre guise. Amours baroques, votre différence s’aiguise. Un homme vous approche sur la pointe des pieds, à vous de faire un choix. Plutôt excitant.

VIE SOCIALE • Tenez bon le gouvernail, avec une créativité plus mûre. Rappel de Saturne : ne dépassez pas les délais. Période profitable à condition d’éviter les pièges: ni docilité excessive, ni agressivité.

CAPRICORNESENTIMENTS • Vous avez une envie folle de céder à la passion. Faites la part du fantasme, les mirages sont cruels : votre amoureux est-il ce qu’il prétend être Une discussion vous éclaire sur ce qu’il faut faire.VIE SOCIALE • Assurez l’administratif, classez, rangez, préparez le terrain de vos succès à venir. Vous disposez d’une aura chatoyante, qui attire les proposi-tions de toutes sortes. Mercure esprit est votre allié.

VERSEAUSENTIMENTS • Optimisme, enthou-siasme : vos proches apprécient votre humeur, votre partenaire aussi. Une note de spiritualité donne à vos échanges la profondeur désirée.VIE SOCIALE • Un minimum de disci-pline vous apporte la tranquillité d’esprit. Restez à l’écoute des indices subtils, coïn-cidences et hasards. Utilisez vos antennes pour avancer dans une nouvelle direction.

POISSONSSENTIMENTS • Vénus agrémente les rencontres, de nouveaux visages apparais-sent, préparez-vous à éprouver quelques frissons. Amours en pointillé, mais les échanges sont faciles et vous pétillez d’humour.

VIE SOCIALE • Vos idées originales sont bien reçues, surtout si vous consen-tez à les affiner en équipe. Beaucoup de dossiers s’empilent : on a besoin de vous. Les énergies financières favorisent les associations.

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