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1 er trimestre 2010 – Auteur : Pays Ardèche verte Filière bois – CFT Ardèche verte 1 Une synthèse réalisée avec l’aide de FIBOIS Ardèche - Drôme ELABORATION DE LA CHARTE FORESTIERE DE L’ARDECHE VERTE Diagnostic La filière bois en Ardèche verte Etat des lieux et perspectives

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1er trimestre 2010 – Auteur : Pays Ardèche verte Filière bois – CFT Ardèche verte

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Une synthèse réalisée avec l’aide de FIBOIS Ardèche - Drôme

ELABORATION DE LA CHARTE FORESTIERE DE L’ARDECHE VERTE

Diagnostic La filière bois en Ardèche verte

Etat des lieux et perspectives

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RESUME Avec 110 entreprises de petite taille pour près de 465 emplois, l’Ardèche verte a la chance d’avoir une filière bois bien représentée sur son territoire de l’amont à l’aval. Le bois reste une activité rurale qui est importante pour certaines zones isolées du territoire. A l’image des statistiques régionales, le poids de la filière n’en reste pas moins limité dans l’économie du Nord Ardèche. Malgré cela, des entreprises industrielles de taille importante, situées à proximité immédiate du territoire, participent également activement à la dynamique économique de la forêt et de la filière bois de l’Ardèche verte. La filière bois présente sur l’Ardèche verte est largement tournée vers des activités traditionnelles : abattage-débardage chez les Entreprises de Travaux Forestiers, débit de palettes et charpente traditionnelle chez les scieries, ébénisterie et pose de charpente pour la 2ème transformation. Néanmoins, quelques entreprises artisanales de la 2ème transformation se tournent aujourd’hui progressivement vers l’ossature bois ou encore la menuiserie passive. Les flux de bois entrant dans les scieries locales proviennent essentiellement du massif forestier sur lequel se situe l’Ardèche verte. L’export de bois local vers d’autres régions françaises n’a pas pu être vraiment mesuré. On peut dire néanmoins qu’il existe pour le douglas et le bois de trituration. A l’inverse, à l’image du phénomène constaté en France, le bois entrant dans nos entreprises de 2ème transformation provient de l’étranger pour près de 70% des volumes. Il y a donc une vraie rupture entre l’amont et l’aval de la filière bois locale. Cette rupture amont/aval est expliquée par divers phénomènes : - de nombreux a priori sur la qualité des bois locaux. Lors de test de machines

de tri sur des bois locaux, la résistance mécanique s’est pourtant montrée bien supérieure à celle que laisse supposer le tri manuel.

- une incapacité de la 1ère transformation à fournir des bois adaptés aux besoins et tendances actuels de la 2ème transformation (produits normalisés, séchés, usage de bois reconstitués)

Pourtant des pistes d’évolution existent pour offrir plus de cohérence à la filière bois : - Valoriser les atouts des scieries artisanales : sur-mesure, souplesse,

réactivité, conseil mais cela nécessite un travail d’évolution des entreprises : plus grande qualité des produits, plus grande finition des sciages (séchage, rabotage...), diversification de l’offre, développement de l’accueil, du conseil et du service aux clients

- Développer un marché ciblé du bois massif reconstitué sur des produits non standards et sur des essences locales à condition de rester dans une échelle de prix compétitive

- Répondre à la demande en carrelets de menuiserie avec des essences locales (en particulier châtaignier)

Concrètement pour mieux valoriser nos bois locaux et réduire la rupture amont/aval, il est proposé dans la Charte Forestière : - de favoriser le dialogue au sein de la filière bois afin de mieux comprendre

les attentes et contraintes de chacun - de favoriser la modernisation et la professionnalisation des entreprises de

transformation du bois - de favoriser l’émergence de projets structurants permettant la

valorisation des bois locaux - de promouvoir et favoriser l’usage des bois locaux sur le territoire pour

inciter la filière bois à gagner en cohérence

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Outre cette rupture entre l’amont et l’aval de la filière bois, des dysfonctionnements sont également constatés en forêt : l’approvisionnement de la filière dépend de la bonne volonté des propriétaires forestiers à gérer et exploiter leurs bois, hors la majorité d’entre eux se désintéressent de leur forêt. Par ailleurs, l’instauration de relations commerciales de confiance sur la vente et l’achat de bois est handicapée par de forts individualismes et des pratiques anciennes (en matière de cubage) source de flou. Enfin, des maillons clés à l’amont de la filière sont fragilisés : - les entreprises de travaux forestiers en raison des prix peu rémunérateurs,

de leur fort isolement et des conditions de travail difficiles - les transporteurs de bois qui font face à un durcissement de la

réglementation Là encore le soutien à ces entreprises pour les aider à évoluer, s’adapter, se professionnaliser ; ainsi que la clarification des pratiques et l’instauration d’un dialogue au sein de la filière sont des axes de travail pour la Charte Forestière. Enfin, la filière bois dans son ensemble souffre aussi de son isolement et de la méconnaissance des décideurs publics et acteurs économiques du territoire à leur encontre. Les incompréhensions de part et d’autre peuvent concrètement engendrer des conflits, par exemple autour du passage d’engins lourds sur les routes communales ou encore autour de la question de l’entretien des pistes forestières. La forêt pourtant largement présente est par ailleurs très peu perçue comme une ressource locale et un atout pour le développement du territoire. La Charte Forestière pourra donc s’attacher à mieux faire connaître la forêt et la filière bois et à les placer au cœur de la dynamique du territoire Ardèche verte.

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SOMMAIRE

1. Le poids de la filière bois en Ardèche verte et ses flux

1.1. Quel poids de la filière bois en Ardèche verte ? 1.1.1. Une filière rurale 1.1.2. Au poids socio-économique relatif 1.1.3. Couvrant des champs d’activités traditionnels de l’amont à l’aval

1.2. Quel flux de bois depuis et vers l’Ardèche verte ?

1.2.1. Flux sortants de la forêt du territoire de l’Ardèche verte 1.2.2. Flux sortants des entreprises de 1ère transformation de l’Ardèche verte 1.2.3. Flux entrants dans les entreprises de 2ème transformation de l’Ardèche verte

2. Des difficultés très handicapantes

2.1. Des problématiques propres à chaque secteur d’activités

2.1.1. A l’amont, pour les entreprises de travaux forestiers 2.1.2. pour les entreprises de 1ère transformation 2.1.3. pour les transporteurs de bois ronds 2.1.4. A l’aval, pour les entreprises de 2ème transformation

2.2. Un manque flagrant de lien et de cohérence dans la filière

2.2.1. Une mobilisation des bois qui repose sur la bonne volonté des propriétaires 2.2.2. Des individualismes et des pratiques qui pénalisent le fonctionnement de la filière

amont 2.2.3. Une rupture entre amont et aval de la filière

3. Propositions d’actions pour la Charte Forestière Ardèche verte

3.1. Objectifs de la Charte Forestière en matière de filière bois

3.2. Evaluation des actions réalisées au sein du territoire de 2007 à 2009

3.2.1. Marquage CE 3.2.2. Dispositif d’accompagnement des entreprises du bois 3.2.3. Vidéo sur les métiers du bois 3.2.4. Sensibilisation des collectivités au bois-énergie 3.2.5. Sensibilisation des agriculteurs au bois énergie et bois construction dans les

exploitations 3.2.6. Chapiteau bois et éco-construction 3.2.7. Autres actions en cours

3.3. Des propositions d’actions concrètes pour les 6 années à venir

3.3.1. Clarifier les pratiques et favoriser le dialogue au sein de la filière bois 3.3.2. Soutenir les entreprises de la forêt et de transformation du bois, favoriser leur

modernisation et professionnalisation 3.3.3. Favoriser l’émergence de projets structurants permettant la valorisation des bois

locaux 3.3.4. Faire connaître la forêt et la filière bois aux acteurs du territoire 3.3.5. Promouvoir et favoriser l’usage des bois locaux

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1. Le poids de la filière bois en Ardèche verte et ses flux

1.1. Quel poids de la filière bois en Ardèche verte ?

1.1.1. Une filière rurale

Souvent mal connues par les acteurs de la vie locale car en général de petite taille et repliées sur elles-mêmes, les entreprises de la filière bois n’en sont pas moins des acteurs importants de l’économie rurale de l’Ardèche verte. De l’amont à l’aval de la filière, elles sont souvent situées dans des communes de petite taille et génèrent des emplois locaux. Du point de vue géographique, la répartition des entreprises suit une certaine logique, de la ressource forestière vers les bassins de consommation :

- les 25 entreprises de travaux forestiers sont essentiellement situées dans les secteurs les plus forestiers de l’Ardèche verte à savoir le plateau du Haut Vivarais, la Vallée de la Vocance et celle du Val d’Ay

- les 18 entreprises de 1ère transformation se concentrent essentiellement dans la vallée de la Vocance (la ½ des sites) puis dans les autres vallées de moyenne montagne (Vallée de la Deûme, Val d’Ay, et Pays de St Félicien). Seule une unité se trouve plus éloignée de la ressource c’est à dire en vallée du Rhône.

- les entreprises de transport de grumes intervenant sur l’Ardèche verte sont logiquement situées à la fois à proximité de la ressource forestière et des unités de 1ère transformation. Elles viennent des Boutières (Intres, Borée), des communes des départements limitrophes (Dunières et Tence – 43), de la Vallée de la Vocance (3 entreprises) et une exception plus éloignée dans la Vallée du Rhône (Tournon sur Rhône)

- Enfin, les 59 entreprises de 2ème transformation (Charpente et menuiserie) et les 4 négoces restent situées dans de petites communes, mais sont largement plus présentes dans les bassins de consommation et à proximité des voies de communication, en particulier en Vallée du Rhône (Tournon sur Rhône) ou sur le plateau le surplombant (Etables, St Victor...) ; à proximité d’Annonay et dans son aire d’influence (Peaugres, Quintenas, St Alban d’Ay, St Cyr, Villevocance...)

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1 Entreprise rencontrée dans le cadre de la CFT Ardèche verte

1 Entreprise non-rencontrée

Répartition des Entreprises de Travaux Forestiers en Ardèche verte

Répartition des Scieries en Ardèche verte

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Du point de vue historique, les entreprises de l’amont ont été souvent liées à l’agriculture, dans une habitude de pluriactivité marquée en milieu rural. Les scieries par exemple sont souvent situées hors zones industrielles ou artisanales, et à proximité des cours d’eau. Le sciage des bois permettait ainsi de profiter de la force hydraulique du cours d’eau, tout en élevant dans les prés attenants quelques animaux et en cultivant légumes et céréales sur les terrasses. L’exploitation forestière était, elle aussi, souvent réalisée par les agriculteurs lorsque la saison des travaux des champs se terminait. Le XIXème et XXème siècles ont été marqués par un changement radical avec une professionnalisation des scieries qui ont répondu à la demande industrielle croissante de la région. Ainsi, de nombreuses scieries se spécialisèrent dans l’approvisionnement en poteaux pour les mines de Saint Etienne. Les années 1950 voient l’apparition des soutènements métalliques dans les mines, les scieries de l’Ardèche verte se recentrent alors vers la production de palettes pour l’industrie papetière, alimentaire, bâtiment ou encore la charpente traditionnelle. Au XXème siècle, l’exploitation forestière devient également un métier à part entière d’abord complètement intégrée aux scieries – les bûcherons travaillent alors comme tâcherons - puis à partir de 1980, en raison d’une stratégie de réduction des coûts sociaux des scieries, les bûcherons se mettent à leur compte. Le statut des Entreprises de Travaux Forestiers est ainsi créé en 1986.

1.1.2. Au poids socio-économique relatif A l’image de la filière rhônalpine, le poids de la filière bois reste limité dans l’économie de l’Ardèche verte avec 110 entreprises de petite taille et 465 emplois. L’Ardèche verte pèse néanmoins dans la filière bois du département de l’Ardèche notamment à l’amont. Enfin, la ressource forestière et les entreprises de l’Ardèche verte participent au bon fonctionnement d’entreprises de transformation du bois de taille bien plus importante situées en limites du territoire étudié.

� La filière bois dans l’économie de l’Ardèche verte Avec 110 entreprises de l’amont à l’aval, la filière bois représente environ 3,5% du nombre d’entreprises implantées en Ardèche verte. Ce chiffre correspond exactement à la réalité régionale puisqu’en 2006, l’INSEE notait que « le poids de la filière bois dans l’économie régionale reste limité. Elle représente seulement 3% des établissements et de l’emploi salarié. » En termes d’emplois, la filière bois de l’Ardèche verte comptabilise environ 465 emplois. Avec environ 4,2 emplois par entreprise, il s’agit essentiellement de petites structures. Au niveau régional, l’INSEE indique ainsi que 57% des entreprises n’ont pas de salariés. C’est particulièrement vrai pour les Entreprises de Travaux Forestiers de l’Ardèche verte qui sont pour près de 90% des entreprises unipersonnelles. Les scieries sont quant à elle de taille petite à modeste puisque 40% d’entre elles produisent annuellement moins de 2 000 m³ et peuvent être classées dans la catégorie dite des « scieries artisanales ». Ces scieries emploient moins de 5 salariés. En Rhône Alpes, ce type d’unités représente tout de même 64% du parc des scieries. Aucune scierie de l’Ardèche verte n’a par contre une production supérieure à 8 000 m³ correspondant à la catégorie des scieries dites « industrielles ». La majorité des scieries de l’Ardèche verte est donc classée comme « semi-industrielles » avec un effectif salarié compris entre 5 et 10.

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Les entreprises de menuiserie et d’ameublement pèsent, quant à elles, près de 50% des emplois de la filière bois locale, viennent ensuite les entreprises de charpente qui en représente 20%.

� Poids de l’Ardèche verte dans la filière bois ardéchoise et rhônalpine En moyenne, les entreprises du bois de l’Ardèche verte représentent 35% des entreprises du bois du département de l’Ardèche, en excluant les Entreprises de Travaux Forestiers (chiffres départementaux non disponibles). A titre de comparaison, le nombre d’entreprises en Ardèche verte représente 20% de l’ensemble des établissements recensés en Ardèche en 2006. La population de l’Ardèche verte représente, quant à elle, 28% de la population ardéchoise. La filière bois montre une disparité de répartition sur le département en fonction des secteurs d’activités. Ainsi, le territoire de l’Ardèche verte concentre plus de la ½ des scieries et une forte proportion d’entreprises de travaux forestiers du département. Les entreprises de 2ème transformation sont réparties de manière plus homogène mais sont particulièrement présentes le long de la vallée du Rhône et autour de la ville d’Aubenas. Enfin, les entreprises du bois de l’Ardèche verte représentent entre 1 et 1,5% des établissements et emplois de la filière bois régionale. Les scieries locales produisent environ 35 000 m³ de sciage, soit 2,4% des sciages de la Région Rhône Alpes qui est 2ème région productrice de France. Pour mémoire, notons que l’Ardèche verte représente 2,1% de la superficie de la Région Rhône Alpes et sa forêt 2,9% de la surface forestière régionale. Pour être précis, il faut noter qu’au moins 2 grosses entreprises (Scierie Moulin à Dunières et scierie Cros à Desaignes), entreprises géographiquement proches de l’Ardèche verte s’approvisionnent largement sur le massif situé sur l’Ardèche verte et à proximité.

1.1.3. Couvrant des champs d’activités traditionnels de l’amont à l’aval La filière bois de l’Ardèche verte reste dans un schéma d’activités assez classique de l’amont à l’aval. Les entreprises de travaux forestiers sont en majorité tournées vers l’abattage et le débardage. Par contre, quelques unes ont tourné le dos aux activités forestières pour se concentrer vers l’entretien de l’espace. Les scieries sont partagées entre production de débits de sciages destinés à la production de palettes et la production de débits « sur liste » c'est-à-dire sur commande pour la charpente traditionnelle. Enfin, de nombreuses entreprises de 2ème transformation sont axées sur du savoir-faire traditionnel dans l’ébénisterie ou la charpente. Un petit pool d’entreprises du territoire s’est néanmoins spécialisé dans l’ossature bois et la menuiserie passive.

� Champs d’activités des Entreprises de Travaux Forestiers Concernant les Entreprises de Travaux Forestiers, il existe une forte prédominance des activités d’abattage et de débardage. En termes de mécanisation, les entreprises sont surtout équipées de tracteurs forestiers destinés au débardage. 2 entreprises du territoire ont développé une activité d’abattage mécanisé avec des pelles équipées de têtes d’abatteuse. 7 entreprises parmi les 19 enquêtées par le Pays Ardèche verte ont diversifié leurs activités : production de bois chauffage, entretien des espaces verts. Par contre, très peu d’entreprises de travaux forestiers ont développé une activité de plantation et de travaux sylvicoles.

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� Champs d’activités des scieries L’activité principale des scieries de l’Ardèche verte est également classique puisque tournée vers le débit de charpente avec 9 scieries positionnées sur cette activité, essentiellement dans un fonctionnement de commandes sur liste. Seule 3 produisent également du débit de charpente standard. 6 unités de production, dont 2 appartiennent à la même entreprise, travaillent dans le secteur de l’emballage avec le débit et parfois le montage de palettes. Le graphique précédent montre que l’activité d’emballage est très spécialisée puisqu’une seule entreprise a une activité secondaire de débit de charpente et propose des prestations (trempage – séchage palettes). Au contraire, les scieries

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Champs d'activités des scieries de l'Ardèche verte

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des entreprises de

travaux forestiers

interrogées

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positionnées sur le débit de charpente ont plus tendance à se diversifier : 7 ont développé des activités secondaires (en particulier le débit d’emballage qui permet de valoriser les bois de moindre qualité), 7 ont une offre de prestations conduisant à proposer des produits plus élaborés (rabotage, trempage ou séchage) et 3 une activité de revente.

� Champs d’activités des entreprises de la 2ème transformation Côté aval de la filière bois, les 60 entreprises de 2ème transformation sont plus disparates. Du côté de la menuiserie – ébénisterie, elles sont souvent positionnées dans le sur-mesure (escaliers, meubles...). Côté charpente, hormis une entreprise de fabrication de charpentes industrielles (fermettes), les entreprises restent attachées à un savoir-faire lié à la charpente traditionnelle. Nombreuses sont les entreprises de charpente qui sont polyvalentes dans le domaine du bâtiment (activités de couverture, etc...) Le niveau d’équipements et de services développés par les entreprises de 2ème transformation est variable. Une enquête FIBOIS Ardèche – Drôme menée en 2009 sur les 2 départements révèle qu’a priori une seule entreprise du territoire a aujourd’hui un bureau d’études intégré, mais par contre un petit nombre s’est équipé de centres d’usinage à commande numérique, de raboteuses ou encore de séchoirs, mais il semble, malgré tout que la majorité des entreprises travaillent avec des équipements traditionnels. Concernant les nouveaux marchés que représentent l’ossature bois et les maisons basse consommation, un petit pool d’environ 5 entreprises artisanales s’est positionné sur ce créneau. Ces entreprises se professionnalisent petit à petit dans ce domaine d’activités qui demandent de nouvelles compétences. Deux autres entreprises se sont créées en 2007 en Nord Ardèche avant de déménager côté Drôme/Isère, faute d’atelier relais localement pour les accueillir et en raison d’une forte demande dans ces départements.

� Champs d’activités des négoces Les 2 négoces enquêtés par le Pays Ardèche verte sont, quant à eux, chacun positionnés sur une activité différente : - l’un sur le bois de menuiserie et ébénisterie haut de gamme avec une prestation de séchage et de pré-usinage à façon, - l’autre sur le bois d’importation, bois sciés et bois reconstitués pour menuiseries industrielles ou artisanales avec également une prestation de séchage. Deux autres négoces ont également leurs sièges sociaux en Ardèche verte tout en ayant des points de vente et de stockage en Isère ou en Drôme le long de la Nationale 7 : - l’un est également positionné sur l’importation de bois bruts ainsi que de bois reconstitués (carrelets, lamellé-collés...) ou de produits finis (bardage, lambris...) - l’autre spécialisé dans le négoce et le pré-usinage de panneaux bois, ainsi que de bois d’importation à destination des professionnels, industriels et particuliers.

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1.2. Quels flux de bois depuis et vers l’Ardèche verte ?

Pour être complet, les flux de bois s’analysent selon trois entrées distinctes :

- Flux sortants de la forêt de l’Ardèche verte vers la 1ère transformation du bois : quelles destinations géographiques et quels usages ?

- Flux sortants des entreprises de 1ère transformation de l’Ardèche verte vers la 2ème transformation : quelles destinations géographiques, quels types de clientèle, quels usages ?

- Flux entrants dans les entreprises de 2ème transformation de l’Ardèche verte : quelle provenance géographique, quelles caractéristiques des bois pour quels usages ?

1.2.1. Flux sortants de la forêt du territoire de l’Ardèche verte Il est relativement compliqué d’évaluer les volumes de bois qui sortent du massif forestier présent sur le territoire de l’Ardèche verte. La principale raison est que l’Ardèche verte ne forme qu’une part d’un massif plus vaste à cheval sur le Pilat (en Loire), le Velay oriental (en Haute Loire) et le Haut Vivarais-Boutières (Ardèche). C’est en interrogeant les professionnels de la forêt et de la filière bois (coopératives, techniciens forestiers, entrepreneurs de travaux forestiers, scieries) sur leur activités et approvisionnements que l’on peut apprécier les flux sortants du massif forestier, mais il semble impossible pour ces professionnels de distinguer précisément si leurs bois viennent d’Ardèche verte, des Boutières, du Pilat ou encore du Velay oriental.

Consommation scieries du territoire

Ardèche verte

Consommation scieries

proches du territoire < 50 km

Consommation scieries

industrielles éloignées du

territoire > 50 km

Consommation scieries

artisanales et semi-

industrielles éloignées du

territoire > 50 km

TOTAL

Total 54 650 m³ 63 000 m³ Inconnu 11 000 m³ ~ 130 000 m³ Volumes Palettes

61% soit 33 700 m³

52% soit 32 800 m³

? ?

Volumes Charpente

39% soit 20 950 m³

48% soit 30 200 m³

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1.2.2. Flux sortants des entreprises de 1ère transformation de l’Ardèche verte Si le flux entrant dans les scieries provient logiquement du massif forestier voisin, le flux sortant est largement tourné vers les centres urbains en particulier de la Vallée du Rhône. Sur les 9 scieries produisant essentiellement des débits de charpente, on remarque que plus leur production de sciages est importante, plus leur rayon de commercialisation est vaste. Ainsi, les plus petites scieries commercialisent dans un rayon inférieur à 50 km, concentré sur le Nord Ardèche et la Vallée du Rhône tandis que les scieries les plus importantes agissent sur un rayon pouvant atteindre 300 km depuis le Nord Ardèche jusqu’à la Vallée du Rhône et même l’ensemble du 1/4 Sud Est (Rhône Alpes – PACA).

Corrélation entre le volume de sciage et le rayon d e commercialisation

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Linéaire (Rayon clients)

Linéaire (Volumes sciages)

Pour le débit de charpente, la clientèle principale est bien entendu constituée de charpentiers/maçons. La clientèle locale et ponctuelle des particuliers (au profil typiquement rural) ou les « semi-professionnels » (agriculteurs par exemple) est non négligeable. Cela dépasse même 40% du portefeuille clients de 2 scieries. Enfin, seules les 2 plus grosses scieries travaillent pour des négoces en débit de charpente.

Clientèle des scieries produisant du débit de charp ente

63%

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Charpentiers

Particuliers

Négoces

Catégories et

proportions des

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scieries interrogées

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La question des 2 entreprises de montage de palettes devraient être logiquement traitées dans la partie suivante en tant qu’entreprise de 2ème transformation. En réalité, elles sont à la fois scieries et entreprises de montage de palettes. Elles auto-approvisionnent ainsi la majeure partie de leurs débits d’emballage. Quand nécessaire, ces entreprises complètent avec des scieries très proches de chez elles. Concernant leurs débouchés, les monteurs de palettes représentent un flux de marchandises important puisqu’ils font partir chacun 2 voir même 3 semi-remorques de palettes par jour. Leurs clients sont situés à Annonay et dans la Vallée du Rhône (de Villefranche/Saône à Orange). On notera que l’une d’elle commercialise ses palettes vers le secteur des fruits et du BTP à travers un GIE dénommé GEFRA qui regroupe 4 professionnels de l’emballage.

1.2.3. Flux entrants dans les entreprises de 2ème transformation de l’Ardèche verte L’enquête 2009 de FIBOIS Ardèche – Drôme estime à 11 300 m³ la quantité de bois achetée par les entreprises de 2ème transformation de l’Ardèche verte. On ne peut que constater ici une nette rupture depuis l’amont de la filière : les entreprises de 2ème transformation n’utilise pas les bois locaux. Le graphique répartissant ces bois par origine est évocateur puisqu’une large majorité des bois proviennent de l’étranger. Ces chiffres sont à l’image de la balance commerciale de la France dans le domaine du bois qui est largement déficitaire (2ème poste de déficit de la balance commerciale globale).

Répartition par origine des flux entrants en Ardèche verte

Origine France

hors RA1%

Origine étranger

67%

Origine Rhône Alpes

32%

� Types de consommation de la 2ème transformation et leur évolution Pour aller plus loin dans cette analyse, regardons plus précisément quels sont les types de consommations réalisées par les entreprises de 2ème transformation de l’Ardèche verte. Le bois massif de charpente issu de sciages bruts (séchés ou non, rabotés ou non) est majoritaire avec 42% du bois consommé. Il est à opposer à la famille des bois reconstitué : bois massif abouté, bois massif reconstitué (2 ou 3 épaisseurs contrecollés) et bois lamellé-collé. En charpente, la tendance va vers une plus grande consommation de ces derniers types de bois.

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Répartition des flux entrants en fonction des usage s

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40%

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Bois Charpente brut Bois menuiserie Bois de charpentelamellé-collé

Les bois reconstitués ont l’avantage de proposer des pièces de grandes dimensions, fabriquées à partir de bois de qualité moindre que les bois bruts sciés, mais les pièces reconstituées sont purgées des défauts du bois. Elles présentent alors des propriétés de résistance mécanique égales voire supérieures à celles du bois brut. Les bois massifs reconstitués sont ainsi particulièrement appréciés : ils présentent de nombreux avantages sur le bois brut, qui en font, dans la construction, soit une solution toute désignée dans les grands ouvrages en alternative au lamellé-collé car moins onéreuse ; soit une solution pour faciliter des utilisations courantes, mais ciblées car plus chère que le bois brut. En l’état actuel, la consommation de bois massif reconstitué (BMR) est à deux vitesses comme l’a montré une étude de FIBOIS réalisé en 2007 auprès d’entreprises de charpente. En effet, bien que le marché des BMR soit en expansion à tous les niveaux, l’approche est différente suivant la taille de l’entreprise. Le volume de BMR consommé semble influencer directement le mode de consommation (fournisseurs, mode d’approvisionnement, type de produit), et deux voies se distinguent : - D’un côté, les grosses entreprises de charpenterie, utilisant plusieurs centaines de m3 de BMR par an, recherchent un approvisionnement au moindre coût. Grâce à des équipements appropriés, ils peuvent gérer au mieux les chutes de matière, l’approvisionnement en longueur standard ne posant alors pas de problème. Les coûts de transport sont ainsi minimisés, ce qui leur ouvre les portes des marchés étrangers, bien plus attractifs. - D’un autre côté, les charpentiers faisant un usage plus restreint des BMR ne peuvent pas se permettre de tels approvisionnements. Avec des débits de quelques dizaines de m3 par an, le coût du transport prend une place plus importante, et l’utilisation de longueurs standards de 13 mètres entraîne des pertes trop grandes. On a donc là des entreprises ne fonctionnant qu’avec très peu de stock, et recherchant un approvisionnement juste adapté à leur besoin. L’offre n’étant pas encore bien développée dans ce secteur, les prix acceptés sont plus élevés que précédemment. Côté menuiserie, les bois bruts restent encore utilisés mais la consommation de bois reconstitués, dénommés carrelets en menuiserie, prend elle aussi de l’ampleur

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comme la montré l’enquête réalisée par FIBOIS auprès de menuisiers en 2007. Les utilisateurs sont en effet séduits par une qualité assurée, un temps de débit réduit, et une grande stabilité des menuiseries, notamment pour les fortes épaisseurs.

� Origine des bois consommés par la 2ème transformation

Origine des bois utilisés par la 2ème transformatio n de l'Ardèche verte

0%

10%

20%

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Bois menuiserie Bois charpentebrut

Bois charpentelamellé-collé

Origine étranger

Origine France hors RA

Origine Rhône Alpes

Le marché actuel des bois de charpente de type lamellé-collé et BMR se concentre très majoritairement autour de quelques fournisseurs allemands et autrichiens bien implantés comme le montre le graphique précédent. Les scieries françaises ont pris un très grand retard par rapport à leurs voisins. Ces derniers sont en mesure de proposer des produits standards à des prix très bas et dans des délais d’à peine 15 jours. En contrepartie, l’offre très concurrentielle de ces grosses unités se concentre sur des longueurs standard de 13m / 13m50, et dans certaines essences (bois du nord : sapin et épicéa). Cela entre en contradiction avec certaines attentes du marché local comme on a pu le voir précédemment. Côté menuiserie, les bois régionaux conservent encore une large prédominance dans les approvisionnements mais ils reculent face à la demande croissante en carrelets reconstitués. Malgré tout, l’offre de carrelets a du mal à suivre. Pour les résineux les plus utilisés (pin sylvestre et mélèze), les délais atteignent facilement les 4 semaines auprès des grands fournisseurs. On dénombre, en effet, seulement quelques unités de production en France, en Allemagne et en Finlande, et les prix pratiqués sur le pin sylvestre varient de 700 à 800 €/m3. Le manque est encore plus criant pour des essences moins accessibles comme le châtaignier, un seul fournisseur étant recensé, avec des prix de 2500 à 3000 €/m3. Une scierie sur la Haute-Loire s’est lancée début 2009 et aujourd’hui elle à une demande supérieure à son offre. Si on explique la forte présence des bois étrangers dans la catégorie bois de charpente reconstitués, il est bien plus surprenant, et surtout dans de telles proportions, de constater le même phénomène pour les bois de charpente issus de sciages bruts. En effet, nos scieries locales sont productrices de ces types de

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sciage pour la charpente mais l’offre de sciages des scieries locales ne correspond pas aujourd’hui aux exigences des entreprises de 2ème transformation. Le 2ème chapitre de ce diagnostic mettra en autre l’accent sur les explications de ce phénomène de rupture entre amont et aval très handicapant pour le dynamisme de la filière bois de l’Ardèche verte.

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2. Des difficultés très handicapantes

2.1. Des problématiques propres à chaque secteur d’activités

2.1.1. A l’amont pour les entreprises de travaux forestiers (ETF)

L’enquête menée par le Pays Ardèche verte courant 2009 auprès de 19 entreprises de travaux forestiers a montré que ce maillon clé de la filière est aujourd’hui très fragilisé. Les prix peu rémunérateurs, leur fort isolement et les conditions de travail difficiles, ont pour conséquences une difficulté très forte à renouveler le matériel et également une désaffection des jeunes pour ce métier.

� Des prix peu rémunérateurs L’enquête a montré que les prix pratiqué sur le massif forestier pour l’abattage et débardage étaient globalement bas. Ils se situent dans une fourchette de 15 et 19€ au m³ réel rendu sur la place de dépôt, avec une plus forte fréquence de réponse entre 15 et 17€/m³ réel. Le prix se décompose entre abattage et débardage de la manière suivante : - Abattage manuel : entre 6,5€ et 9€/m³ réel - Débardage entre 6,5 et 9€/m³ réel La tendance constatée, aux dires des entreprises, est une stagnation des prix depuis de très nombreuses années malgré des charges (fuel, charges sociales) qui continuent de croître. Si les prix semblent les mêmes sur ce massif Pilat, Vivarais, Velay oriental, la comparaison avec les prix pratiqués dans le Vercors ou d’autres massifs alpins a montré une différence de 20% environ en la défaveur des entreprises du territoire. Une explication qui serait liée aux difficultés plus importantes du relief semble difficilement soutenable. En effet, les zones plates du Haut Vivarais sont de plus en plus laissées aux machines d’abattage tandis que les bûcherons se concentrent sur 3 types de chantiers :

- les bois de gros diamètres et dans ce cas le prix rémunérateur est suffisant puisqu’il est fixé au m³

- les chantiers dans de fortes pentes et dans ce cas le prix rémunérateur est très éloigné des coûts réels de chantiers

- des chantiers d’éclaircies sélectives en forêt jardinée non accessibles par les engins d’abattage Notons également que le prix étant fixé au m³ de bois abattus et débardés, les opérations connexes au chantier ne sont pas toujours pris en compte et rémunérés, à l’exception de la création des petites pistes de débardage. Il peut s’agir du dégagement d’un arbre à abattre, du contournement de jeunes plants pour respecter la régénération naturelle, du tri du bois ou encore de la signalisation du chantier. Une étude menée par le Parc Naturel Régional du Vercors en 2004, sur les opérations non rémunérées liées à la gestion multifonctionnelle de la forêt, avait montré que le temps prix par ces opérations non rémunérées pouvait être très variable suivant les chantiers. Sur 8 chantiers sur 10, elles représentaient entre 10 et 20% du temps total. Pour 2 chantiers, elles atteignaient 40% à 50% du temps total.

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Enfin, pour finir sur la question des prix, la vente des bois se fait normalement au m³ réel. Pourtant, l’enquête en Ardèche verte a montré que la moitié des ETF travaille encore au m³ au quart. Si cette pratique n’est pas sensée poser de problèmes puisqu’un coefficient de conversion existe entre m³ au quart et m³ réel (prix au réel = 0,7854 prix au quart), il n’en demeure pas moins que cela entretient la confusion et le flou dans la fixation des prix du bois et des prix d’exploitation. Pour ajouter à la confusion, il faut préciser que, selon la norme officielle, le m³ réel est considéré sur écorces pour les feuillus et sous écorces pour les résineux. L’acheteur ne rémunère pas les écorces aux propriétaires, ni aux ETF alors que pourtant elles sont bien présentes au moment de l’abattage et du débardage. Aujourd’hui encore, les ETF exploitent donc 10% de volume en plus qui ne leur est pas rémunéré.

� Un fort isolement des entreprises Les ETF enquêtées ont montré qu’elles étaient très isolées pour 4 raisons principales :

- 90% sont des entreprises unipersonnelles dont 2/3 travaillent seuls et 1/3 en coopération avec une autre entreprise

- plus de 50% des entreprises ont une dépendance très forte vis-à-vis d’un seul donneur d’ordre

- très rares sont ceux qui accèdent à une source d’information neutre sur la filière (réunions, journaux spécialisés, syndicats...)

- manques d’outils de calculs des vrais coûts de chantiers à comparer aux prix de rémunération Cet isolement avéré marque la très faible capacité de négociation des ETF dans la filière bois.

� Des conditions de travail difficiles L’exploitation forestière reste un métier très dangereux. Les habitudes de travail solitaires ne favorisent pas la prévention des accidents ou l’intervention rapide des secours quand ils surviennent. Trop peu d’ETF utilisent leurs équipements de protection en particulier le casque (5 sur 19 seulement l’utilisent). Peu participent également à des formations sur la sécurité et la réglementation qui lui est relative.

� Conséquences Des 3 points exposés plus haut, les conséquences sont aujourd’hui très nettes. En premier lieu, on constate une très forte difficulté des entreprises à renouveler leurs matériels. Nombreux sont les tracteurs forestiers qui datent de plus de 20 ans. L’entretien est souvent réalisé par l’ETF lui-même. Le renouvellement, quand il a lieu, ne peut se faire qu’avec du matériel d’occasion ce qui ne permet pas l’accès aux subventions publiques. Ce phénomène n’encourage pas l’acquisition de matériels innovants et donc la modernisation des pratiques. Ce fait est d’autant plus perceptible en période de crise économique qui touche la filière bois comme les autres filières. En deuxième lieu, on constate une désaffection forte des jeunes pour ce métier et par voie de conséquences un non-renouvellement des générations En Ardèche verte, la moyenne d’âge des entrepreneurs de travaux forestiers est en effet de 47

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ans. 8 ETF ont plus de 50 ans et 7 ont entre 40 et 50 ans. On peut craindre une extinction pure et simple du métier de bûcheron à terme. A ceux qui répondraient par l’argument de la mécanisation, on peut insister sur la complémentarité de l’abattage manuel et l’abattage mécanisé. On peut ainsi parier que les territoires de moyennes montagnes auront toujours besoin de bûcherons manuels pour exploiter les pentes, à moins de faire le choix de délaisser ces surfaces ce qui représenterait un baisse considérable de la mobilisation des bois. D’autre part, dans un contexte de Grenelle de l’environnement où la gestion durable des forêts est de plus en plus mise en avant, notamment avec des préférences tournées vers la futaie jardinée, les bûcherons manuels conserveront une place de choix.

2.1.2. pour les entreprises de 1ère transformation du bois Compte tenu de leur rôle essentiel pour une valorisation des forêts du territoire de l’Ardèche verte, les entreprises de la 1ère transformation du territoire ont besoin d’être accompagnées dans leurs changements qui doivent conduire à la modernisation des outils et pratiques et à la mise en place d’une réelle stratégie d’entreprise, quelle soit de taille artisanale ou semi-industrielle.

� Les moyens de production au cœur des préoccupations et des projets L’amélioration des moyens de production (matériels ou bâtiments) apparaît nettement comme la préoccupation principale des gérants interrogés en 2008 dans le cadre de l’enquête scieries réalisée par le Pays Ardèche verte. Si la majorité d’entre eux estiment avoir un parc matériel et des bâtiments encore en bon état, 6 évoquent la nécessité de l’améliorer pour avoir, d’une part, de meilleures conditions de travail, et d’autre part, pour optimiser leur production. La mise en conformité du matériel par rapport à la réglementation est un autre argument important quant à l’amélioration des moyens de production mais n’est pas considéré comme une préoccupation prioritaire. 10 scieries ont un ou plusieurs projets en vue d’améliorer leurs parcs matériels ou leurs bâtiments

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Projets d'amélioration à court terme des moyens de production

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Déménagement complet Investissements sur l'outilde production

Amélioration du stockageet des bâtiments

Aucun projet

Type de projets

Nom

bre

de s

cier

ies

conc

erné

es

Dans 2 cas, cette amélioration ne peut se traduire que par un déménagement complet de l’entreprise du fait d’un manque de place trop handicapant pour sa survie. Trouver un nouvel emplacement de production se révèle très difficile dans la mesure où l’activité prend beaucoup de place (1 à 1,5 ha). Par ailleurs, les 4 scieries souhaitant investir sur l’outil même de production (tronçonnage, sciage, délignage) recherchent un accroissement de production, une optimisation du tri, des flux et des transferts et de meilleures conditions de travail. Pour l’une des scieries, il s’agit de la création d’un atelier complémentaire de production en vue de mieux valoriser la matière première achetée. Enfin, les projets en terme de stockage et de bâtiments sont nombreux. Ils vont du simple goudronnage du parc à grumes et de l’aire de manutention jusqu’à l’extension de bâtiments ou d’installations de stockage.

� Interrogations et hésitations face à l’évolution du marché de la construction L’arrivée de la nouvelle réglementation européenne concernant le marquage des bois de structure (voir chapitre 2.2.3) est également une préoccupation souvent citée. Tant qu’elle n’est pas encore réellement en place dans les scieries, ce qui ne devrait plus tarder, elle n’est pas placée comme préoccupation n°1. Néanmoins, elle engendre d’autres interrogations : la gestion administrative de l’entreprise pour ceux qui ne sont pas ou peu informatisés ou encore ceux qui manquent de temps ; l’investissement financier représenté par la certification annuelle ou éventuellement à long terme l’achat d’une machine permettant le classement mécanique des bois. Mais plus largement, l’évolution croissante du marché de la construction bois suscite de nombreuses interrogations de la part des scieries. Le bois d’importation y gagne du terrain car il est sec et normalisé. 3 problèmes majeurs sont relevés par les scieurs enquêtés quant à la mise en place du séchage dans leur cas de figures : - la difficulté de sécher une production irrégulière tel le débit sur liste - les délais de livraisons imposés par les clients charpentiers

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- la difficulté potentielle de répercuter le prix du séchage sur le prix de vente du bois Par ailleurs, l’usage du bois en construction, en particulier sur le marché de la maison à ossature bois, véhicule une image écologique et se traduit par une demande croissante en bois éco-certifiés (PEFC par exemple). Les scieries enquêtées, si elles prennent de plus en plus la mesure de l’argument commercial, considèrent l’outil même comme inefficace pour garantir une gestion durable de la forêt française. Dans le cadre d’une probable généralisation, l’éco-certification serait donc plutôt vécue comme une contrainte réglementaire et organisationnelle supplémentaire. Bien que le marché de la construction bois a le vent en poupe, les scieries spécialisées sur ce marché ont beaucoup de mal à se projeter dans l’avenir, en particulier pour les entreprises de petites tailles. Tant que la pression de changement n’est pas encore trop forte, les démarches d’amélioration qualitative des produits ou de changement de stratégie commerciale n’ont pas lieu. La croissance des marchés de la construction apparaît donc plus comme une préoccupation que comme un atout. L’évolution de la demande vers des produits plus élaborés et une réglementation sur la traçabilité conduisent les entreprises, en particulier de petite taille, à s’interroger sur leur capacité d’adaptation.

� Un intérêt fort pour le développement du débouché bois énergie Au contraire du marché de la construction, les scieries du territoire porte beaucoup d’espoir dans le développement du bois énergie localement et se disent prêts à fournir des connexes vers ce débouché. La quasi-totalité des scieries se sont prononcées sur ce sujet formulant toutes l’espoir de l’installation de chaufferies sur le territoire. Aujourd’hui 4 scieries sont équipées de broyeurs en ligne transformant directement les chutes de sciage, encore appelées dosses et délignures, en plaquettes de bois. 3 autres scieries se disent prêtes à investir à court terme dans des broyeurs et de l’espace de stockage pour se positionner sur ce débouché. Aujourd’hui, les 7 000 tonnes de dosses et délignures et les 25 500 m³ de plaquettes annuelles produites par l’ensemble des scieries sont exportées hors du territoire (Tarascon pour la pâte à papier, chaufferies pour l’énergie). Seule la sciure est valorisée plus localement soit en énergie dans les chaufferies de la Vallée de la Vocance et à l’usine de granulés bois du Nord Drôme (Natural Energie), soit en élevage agricole.

� Une transmission difficile en cas de départ à la retraite Parmi les questions soulevées au cours des entretiens, la transmission de l’entreprise est apparue comme une question très préoccupante et même prioritaire pour 4 entreprises. Il s’agit à chaque fois de cas de départ à la retraite. Le problème est complexe et les freins sont de nature très différente suivant les cas : - des installations inadaptées et non transmissibles. Pour l’une des entreprises, la condition préalable à la transmission se traduit nécessairement par un déménagement - une faiblesse des liquidités des candidats face à un outil de production et un rachat des stocks nécessitant un apport très important de capitaux. En outre, les banques font preuve d’une grande frilosité.

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- un manque de candidats pour la reprise, particulièrement vrai dans un cas de figure. Les cédants se sentent aujourd’hui très démunis face à cette multitude de problèmes complexes.

2.1.3. pour les entreprises de transport de bois Les transporteurs de bois ronds, dotés d’une grande expérience de la conduite difficiles sur pistes forestières et routes étroites, font aujourd’hui face à un durcissement de la réglementation qui met leurs activités en danger. En Drôme – Ardèche, le transport des bois ronds est dans la plupart des cas assuré par des transporteurs indépendants spécialisés. Ce sont souvent également exploitants forestiers ou anciens exploitants forestiers qui se sont spécialisés dans le transport. La parution des textes réglementant le transport des bois ronds (décret n° 2009-70 du 23 juin 2009 et son arrêté d'application du 29 juin 2009), ont de lourdes conséquences pour ces entreprises de la filière assurant le transport des bois ronds. Ce décret modifie l'article 17 du décret 99-752 du 30 août 1999 relatif aux transports routiers de marchandises. Il abroge les dispositions dérogatoires dont certains exploitants forestiers bénéficiaient jusqu'alors pour transporter le bois débardé dans un rayon de 100 km entre le lieu d'abattage et le lieu de transformation. Ces sociétés doivent désormais répondre aux conditions d'honorabilité, de capacité professionnelle et de capacité financière pour obtenir leur inscription au registre des transporteurs. Les entreprises concernées disposent d'un délai jusqu'au 9 juillet 2010 pour régulariser leur situation et obtenir leur inscription au registre. Devant ce durcissement de la réglementation, les entreprises de transport de bois risquent de cesser leur activité. Or, ils ont une grande expérience de transport des bois ronds qu’il sera difficile, voire impossible de retrouver. 3 transporteurs de l’Ardèche verte sont concernés. Ils convoient environ 85 000 m3/an de bois ronds pour des donneurs d’ordres locaux dont plusieurs scieries de la vallée de la Vocance. FIBOIS Ardèche Drôme tente aujourd’hui de mettre sur pied une action collective pour permettre aux transporteurs de bois ronds de passer leur capacité de transport. Pour cela, 3 solutions existent :

- passer l’examen qui est composé de deux épreuves écrites de niveau 3 (bac+2) mais la plupart des transporteurs ont arrêté l’école depuis très longtemps à niveau inférieur au Bac

- obtenir le certificat par équivalence de diplôme. le candidat doit être au moins titulaire d’un diplôme de niveau 3 (bac +2) dans les domaines de la gestion, comptabilité, finances, … Il faut que le diplôme obtenu ait comporté au moins 400 h de formation dans les domaines concerné par l’attestation de capacité de transport (gestion, comptabilité, droit du travail, …). Ce cas de figure n’existe pas.

- obtenir le certificat par équivalence professionnelle pour toute personne justifiant d’au moins 5 ans d’activité professionnelle en tant que gestionnaire de société de transport. Le dossier de chaque candidat est examiné par un jury de la DREAL (Direction régionale de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement) qui peut accepter sous condition de stage(s) supplémentaire(s). Cette solution est la plus réaliste au regard des caractéristiques des entreprises.

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2.1.4. A l’aval, pour les entreprises de 2ème transformation du bois A l’heure actuelle, les éventuelles difficultés des entreprises de 2ème transformation sont plus contextuelles que structurelles. L’année 2009 a pu être difficile pour les entreprises du bois construction tout comme pour toutes les entreprises du bâtiment. Mais si la construction neuve a été marquée par un coût d’arrêt, le marché de l’entretien-amélioration tire son épingle du jeu. Compte tenu de la petite taille de nos entreprises du bois du territoire, largement portées vers la rénovation, les effets de la crise devraient être atténués. De manière globale, l’emploi reste stable dans les entreprises de bois construction. L’évolution réglementaire présentée pour les scieries s’appliquent également pour les entreprises de charpente/construction bois. Aujourd’hui, seules les entreprises qui ont des bureaux d’études ou répondent fréquemment à des marchés publics – soit une très faible part des entreprises de l’Ardèche verte – se tiennent au courant de ces évolutions réglementaires. La grande majorité des charpentiers n’ont pas connaissance ou conscience des évolutions en cours et à venir dans le domaine de la charpente et plus largement des tendances de la construction bois. Les menuisiers, qui produisent et mettent en marché des menuiseries (vente à tiers sans poses), sont également dans l’obligation d’apposer un marquage CE. Eux aussi ont peu anticipé cette modification de la réglementation. Le bois est un matériau d’avenir dans la perspective de la nouvelle Réglementation Thermique 2012 qui imposera le standard de la maison basse consommation (50 kWh/m2/an). D’immenses possibilités s’offrent à la 2ème transformation du bois en charpente et en menuiserie. Mais à l’échelle de l’entreprise artisanale, la capacité d’adaptation et d’innovation reste limitée. Les quelques entreprises précurseurs sur le territoire en matière d’éco-construction ont quant à elles amorcer le changement mais elles montrent encore un besoin de professionnalisation. Toutes les perspectives montrent en effet que cette nouvelle ère de la construction fera la part belle aux entreprises qui intègrent un bureau d’études, qui standardisent leurs process de fabrication et leurs méthodes de montage (exemple du pré-montage en atelier).

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2.2. Un manque flagrant de lien et de cohérence dans la filière

2.2.1. Une mobilisation des bois qui repose sur la bonne volonté des

propriétaires La première fragilité de la filière bois en Ardèche verte, comme souvent partout en France là où la forêt privée est majoritaire, est relatif à la mobilisation de la ressource forestière. A titre de comparaison, les agriculteurs sont des producteurs. Par conséquent, la valorisation des produits agricoles, quelque soit les débouchés et modes de commercialisation, est une préoccupation essentielle. Au contraire, les propriétaires forestiers ne sont souvent pas des « sylviculteurs » dans la pratique. On se reportera à l’étude Ardèche verte sur la ressource forestière menée par l’ONF et le CRPF. Mais il faut noter ici que le plus souvent le propriétaire gère son patrimoine, il ne se considère pas comme producteur de matière première. La logique est donc plutôt : « on vend son patrimoine et on voit ce que l'on peut en tirer ». Si les cours du bois semblent trop bas, on attend quelques années. C’est notamment ce qui semble se passer en ce moment en période de crise économique. Pierre Gay, consultant pour la 1ère transformation du bois, intervenu en 2009 et 2010 en Ardèche verte, note ainsi que l’accès à la ressource forestière devient de plus en plus problématique pour les entreprises de 1ère transformation du fait de cette spéculation. Et au contraire, en forêt publique, la mobilisation des bois est à son maximum. L’Office National des Forêts fait même réaliser actuellement des audits pour démontrer que le prélèvement ne peut pas être supérieur à celui réalisé aujourd’hui sur les forêts soumises au régime forestier. Outre cet aspect, il faut également écouter les arguments de Clément Dodane, Docteur en géographie de l’Ecole Normale Supérieure Lettres et sciences humaines de Lyon : « En Ardèche, combien de plantations de résineux, mises en place durant la période d'existence du Fonds Forestier National (FFN), n'avaient pas pour objectif la production de bois à destination de la filière, mais pour raison d'être d'occuper le sol... Ainsi, le grand bon en avant de la récolte de bois en France, auquel laissait croire les réalisations du FFN, n’a toujours pas eu lieu. Au lieu de cela, elle stagne depuis près de 20 ans. Le discours général sur l’insuffisance de la récolte de bois en France, devenu un des leitmotiv qui guide la politique forestière française, est aujourd’hui inopérant. »

2.2.2. Des individualismes et des pratiques traditionnelles qui pénalisent le fonctionnement de la filière amont Un autre aspect préjudiciable au bon fonctionnement de la filière bois se ressent au niveau de l’achat des bois en forêts et de son exploitation. Les pratiques individualistes sont très fortes dans la filière bois au détriment parfois de l’intérêt collectif de la filière. Des flous sur les pratiques de cubage continuent d’exister et ne permettent pas l’instauration de relations commerciales basées sur la confiance. Dans le système de vente que l’on connaît aujourd’hui souvent au « coup par coup », on reste loin d’un vrai plan d’approvisionnement de la filière bois qui sécuriserait vendeurs et industriels.

� Des relations commerciales rudes et parfois suspicieuses

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Sans vouloir généraliser ce qui n’est pas généralisable, il faut noter que, au cours des enquêtes réalisées auprès de plus de 40 professionnels de l’amont de la filière bois, il a été trop souvent mentionné l’esprit qui régnait dans les relations commerciales où chacun essaye de réaliser « un bon coup » face à son partenaire commercial. Les relations de confiance ont ainsi du mal à s’installer. La fragilité de la profession des entrepreneurs des travaux forestiers démontrent également la dureté des relations commerciales où le prix est négocié entre l’acheteur et le vendeur en restreignant au maximum les coûts d’exploitation, auxquels les ETF sont ensuite obligés de se plier.

� Des unités de mesure qui entretiennent un flou L’usage encore très répandu du « m³ au quart » pourtant interdit aujourd’hui, semble par ailleurs démontrer qu’un certain flou est entretenu lors de la négociation des prix du bois. Depuis le XIXème siècle, la coutume voulait que le prix fût fixé au m³ au quart c’est-à-dire le volume de bois directement exploitable par la scierie en sciages (chutes de bois et écorces déduites). Aujourd’hui, cette pratique est interdite : la vente se fait normalement au m³ réel. Pourtant, l’enquête en Ardèche verte a montré que la moitié des ETF travaille encore au m³ au quart. Si cette pratique n’est pas sensée poser de problèmes puisqu’un coefficient de conversion existe entre m³ au quart et m³ réel (prix au réel = 0,7854 prix au quart), il n’en demeure pas moins que cela entretient la confusion et le flou dans la fixation des prix du bois et des prix d’exploitation. Pour ajouter à la confusion, il faut préciser que, selon la norme officielle, le m³ réel est considéré sur écorces pour les feuillus et sous écorces pour les résineux. Enfin, pour conclure sur le bois charpente et le bois d’emballage, il faut noter que de plus en plus fréquemment, les scieries s’équipent de cubeurs automatiques de grumes ou de billons installés sur leurs parcs à grumes. Même si un cubage a été effectué en forêt, la scierie facture alors sur les données récoltées par son cubeur. Des différences notables entre le volume déterminé en forêt et celui de la scierie ont été rapportées par certains professionnels de la forêt. Là encore, ces différences peuvent être source de flou et de tensions à l’amont de la filière... Enfin, pour le bois de feu et le bois de trituration, les quantités ne sont plus déterminées en volume plein (en m³ réel) comme le bois charpente ou le bois d’emballage mais en volume d’encombrement (en stère) ou à la masse (en tonnes). Il est donc clair à l’issu de ce chapitre que le vendeur de bois doit être particulièrement vigilant au cubage de ses bois. On comprend que toutes ces notions de calculs sont particulièrement compliquées à comprendre pour un propriétaire privé possédant de petites surfaces qui n’a donc pas l’habitude de vendre du bois. Le sentiment de s’être fait « avoir » se rencontre fréquemment chez ces propriétaires ce qui ne les encourage finalement pas à gérer et exploiter leurs bois de manière régulière.

2.2.3. Une rupture entre amont et aval de la filière Comme il a déjà été évoqué dans le chapitre 1.2.3 concernant les flux entrants dans les entreprises de 2ème transformation et dans le chapitre 2.1.2 concernant les problématiques de la 1ère transformation, il existe une rupture forte entre 1ère et

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2ème transformation. Elle a pour conséquence une importation massive des bois étrangers à l’aval de la filière alors que les bois locaux auraient pu être valorisés. Cette rupture tient à de nombreux facteurs présentés ci-dessous.

� Qualité des bois locaux, entre a priori et réalités Les entretiens menés en Ardèche verte avec les entreprises de la filière bois de 2ème transformation, de négoces et mêmes de 1ère transformation ont montré une perception négative récurrente des bois locaux. Ils sont vus comme des bois de moindre qualité en comparaison des bois étrangers ou d’autres grands massifs forestiers français (Jura, Morvan). Ils sont perçus comme incapables de répondre aux exigences de résistance mécanique. Au-delà de cette perception des professionnels, où est la réalité ? Premier élément de réponse à prendre en compte, les bois locaux sont des essences de résineux qui sont bien recherchés par la deuxième transformation : sapin pectiné, douglas, pin sylvestre trouvent tout à fait leur place sur les marchés de la 2ème transformation. Le deuxième élément de réponse concerne la résistance mécanique de ces bois. FIBRA et FIBOIS Ardèche Drôme ont mené en 2006 des essais de classement mécanique d’essences locales. L’un des objectifs de cette étude était également d’anticiper le nouveau contexte réglementaire européen de la construction qui voit apparaître le marquage CE. L’objectif du marquage CE est de favoriser l’échange des produits sur le marché européen en créant les mêmes exigences pour tous ces produits (Directive Produits de Construction) c'est-à-dire qu’ils respectent les normes EN. L’application des normes CE pour une pièce de bois se concrétise par l’apposition sur la pièce des informations suivantes : description du bois, essence, résistance mécanique, taux d’humidité, réaction au feu, traitement, classe de durabilité, organisme certificateur. Pour connaître la résistance mécanique des bois, l’une des composantes essentielles de ce marquage CE, deux possibilités existent : le classement visuel, plus ou moins déjà réalisé par les scieries actuellement, et le classement par machine. Si le classement par machine est encore balbutiant en France, il se révèle plus précis que le classement visuel. Il mesure ainsi des paramètres physiques comme le module d’élasticité et/ou la masse volumique par différentes techniques en fonction des machines (flexion, ultrasons, vibrations...) alors que le classement visuel s’opère par observation des défauts et singularités du bois (cernes, nœuds, fentes...). Les conclusions de l’étude sont les suivantes : le classement visuel, déjà habituellement pratiqué, est largement défavorable aux bois locaux pour les 3 essences de l’étude (pin sylvestre, sapin pectiné et pin noir). La part de bois déclassé est considérablement réduite lorsque la caractérisation de la résistance mécanique des bois est effectuée par une machine :

- pour le pin sylvestre, 50% d’amélioration par rapport au classement visuel - pour le sapin pectiné, 60% d’amélioration par rapport au classement visuel - pour le pin noir, 60% d’amélioration par rapport au classement visuel

Pour les bois non déclassés, il est intéressant de regarder plus précisément les classements qui leur ont été attribués sachant qu’elles se répartissent de la manière suivante :

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Classe visuelle ST I ST II ST III Classe de résistance mécanique C30 C24 C18

Usages correspondant

Bois haute performance - lamellé collé

Charpente industrielle, Bois Massif Reconstitué

Charpente traditionnelle, ossature

Pin sylvestre : répartition des bois non déclassés par classe de résistance - comparaison entre classement

visuel et classement machine

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

visuel machine

ST I - C30

ST II - C24

ST III - C18

70% classés au total

45% classés au total

Sapin pectiné : répartition des bois non déclassés par classe de résistance - comparaison entre classement visuel

et classement machine

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

visuel machine

ST I - C30

ST II - C24

ST III - C18

52% classés au total

82% classés au total

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Pin noir : répartition des bois non déclassés par classe de résistance - comparaison entre classement visuel et

classement machine

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

visuel machine

ST I - C30

ST II - C24

ST III - C18

76% classés au total

45% classés au total

Ces 3 graphiques, issus de l’étude FIBOIS, montrent donc clairement que contrairement aux idées reçues et à la perception du classement visuel, les bois locaux présentent des caractéristiques de résistance mécanique tout à fait honorable et qu’ils sont capables de répondre à des besoins de moyenne et haute performance type charpente industrielle ou lamellé-collé. Ils ne seraient donc pas cantonnés à un usage palettes ou charpente traditionnelle comme en l’état actuel des choses.

� Une incapacité de la 1ère transformation à fournir des bois adaptés aux besoins et aux tendances actuelles Malgré tout, si nous venons de démontrer que les bois locaux avaient des qualités plus intéressantes que celles que l’on imagine, ils ne sont pas pour autant valorisables tels quel vers de nouveaux débouchés. En effet, la 1ère transformation locale n’est pas en mesure aujourd’hui de répondre aux besoins de la 2ème transformation. Les besoins de la 2ème transformation évoluent :

- La demande de la 2ème transformation se tourne de plus en plus vers des produits « industriels » c'est-à-dire normalisés, séchés, en bref prêts à l’emploi. En effet, les entreprises de 2ème transformation s’équipent elles-mêmes de machines d’usinage très précises qui ne supportent pas l’approximation des dimensions des pièces de bois

- Par voie de conséquence, l’usage des bois reconstitués (BMA, BMR, lamellés collés...) prend de l’ampleur dans la deuxième transformation

- Enfin, comme il a été expliqué dans le chapitre précédent, les normes pour les bois de structures deviennent plus rigoureuses avec la mise en place du marquage CE. Ce marquage CE est la résultante des EUROCODES qui sont les normes européennes relatives à la conception et au calcul des bâtiments et des ouvrages de génie civil appliquées par les métiers de la construction. Dans cette perspective l’Eurocode 5 permettra d’optimiser le dimensionnement des structures en bois notamment grâce à la connaissance de la résistance mécanique.

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- Dans un esprit de développement durable, les consommateurs demandent de plus en plus une garantie de gestion durable des forêts. La 2ème transformation se tourne donc petit à petit vers des fournisseurs de bois certifiés PEFC ou encore FSC même si elles-mêmes n’ont pas franchi le pas de la certification Ainsi, le fossé se creuse entre besoins de la 2ème transformation et les pratiques et savoirs-faires actuels de nos scieries locales, qui avec leur taille artisanale ont beaucoup de mal à répondre à ce nouveau contexte. Pourtant des pistes d’évolution existent : - Débit sur liste : trouver son marché et se professionnaliser Comme expliqué dans le point 2.1.2, les scieries locales travaillent avec du matériel de sciage souvent ancien. Elles ont donc du mal à produire des pièces de bois dimensionnés au millimètre près. Elles produisent parfois du bois rabotés et traités mais très rarement séchés hormis une scierie du territoire qui est équipée pour la charpente. Certaines, en 2008 et 2009, ont commencé à voir les conséquences des évolutions en perdant quelques uns de leurs principaux clients dans un contexte économique déjà difficile. D’autres ne voient pas encore les conséquences car elles travaillent avec de petits charpentiers traditionnels qui se sentent encore peu concernés par ce nouveau contexte. A la question du bois sec, les scieurs ont du mal aujourd’hui à qualifier et quantifier la demande de leurs clients. Mais en réalité, les entreprises demandeuses ne s’adressent pas aux scieurs locaux sachant pertinemment qu’ils ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins et se rabattent donc vers les négoces et grande surface de distribution. On peut donc conclure que les scieries locales ont et auront toujours du mal à concurrencer les produits standards en qualité et en coût. Malgré ces handicaps structurels, doit-on considérer que c’est la fin de nos scieries locales de dimension artisanale ? Pas du tout ! Fers de lance du circuit court, souples et réactives, elles permettent aux clients d’avoir des pièces sur-mesure, de limiter leurs stocks, d’apporter du conseil. Ces atouts sont pourtant aujourd’hui mal valorisés par les scieries de l’Ardèche verte. Plus grande qualité des produits, diversification de l’offre, accueil, service et conseils aux clients, autant de points à développer dans les stratégies de nos entreprises. - Bois Massifs Reconstitués : un marché à cibler pour répondre à la demande locale Si les scieries locales ne pourraient pas rivaliser face à la très forte compétitivité de l’offre en BMR standards proposés par les allemands et autrichiens, on a vu qu’un certains nombre de charpentiers sont intéressés par une offre en longueurs non standard (du 5 m au 13 m), et sur de faibles volumes, pour éviter les chutes et les stocks. Il serait donc possible de toucher une grande part de ces entreprises ne pouvant pas se permettre des approvisionnements à l’étranger, en proposant du débit sur liste, à condition de rester dans des prix raisonnables et concurrentiels. Un aspect important de cette demande est qu’elle concerne majoritairement le bois abouté pour la construction en ossature bois, donc des sections précises : 45x120, mais aussi 45x95 et 45x150. De plus, une autre demande, de plus en plus forte, émane des clients finaux (les usagers). Les préoccupations environnementales grandissantes justifient un intérêt croissant pour les bois locaux. Une offre en BMR et BMA d’essences locales serait alors susceptible de toucher l’ensemble des charpentiers. Deux essences de résineux sont envisageables : le pin noir et le douglas. Le premier a fait l’objet

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d’expérimentation dans le cadre de l’étude menée en 2007 par FIBOIS. Les points faibles soulignés par les entreprises sont la densité élevée, la qualité esthétique incertaine, le rendement faible (bois noueux). Le douglas est lui souvent utilisé comme bois de structure, mais son usage en BMR reste toutefois limité. Le principal obstacle semble être l’approvisionnement en grande quantité pour cette essence de plus en plus prisée. On retiendra pour conclure que, bien que le marché actuel se concentre autour des BMR à faible coût (produits standardisés, bois du Nord), le potentiel local se trouve plus vraisemblablement dans une offre en « bois de pays » et proche du client. Il s’agit néanmoins garder des prix raisonnables malgré les obstacles à surmonter (rendement pour le pin noir, approvisionnement pour le douglas). - Des attentes à satisfaire en carrelets de menuiserie Comme pour les bois de structures, l’intérêt pour les essences locales est grandissant. Côté pin sylvestre, bien que la demande existe, il semble difficile de se limiter à cette essence dans la mesure où les problèmes d’approvisionnement en matière première sont bien réels. Il faudrait en outre proposer des dimensions standards (section et longueur) pour satisfaire au mieux les menuisiers ce qui nécessite de gros débits. A ce titre, le châtaignier représente un fort potentiel au vue des prix pratiqués actuellement. La demande est présente pour de petites quantités, mais chez tous les menuisiers. Le principal obstacle concerne l’approvisionnement (quantité et qualité). Il semble néanmoins que, dans un premier temps, une offre très proche du client, en débit sur liste, puisse s’imposer. Ce marché du carrelet semble bien plus accessible que celui des bois reconstitués car il est aujourd’hui moins étoffé et donc moins concurrentiel. Le chapitre 3 fera le bilan des actions déjà engagées par le Pays Ardèche verte et ses partenaires vers les entreprises de transformation et proposera des pistes d’actions concrètes sur l’Ardèche verte pour permettre à l’ensemble de la filière bois locale de progresser et de répondre aux enjeux exposés.

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3. Propositions d’actions pour la Charte Forestière Ardèche verte

3.1. Objectifs de la Charte Forestière en matière de filière bois

Compte tenu de l’état des lieux précédent, des atouts et des faiblesses de la filière bois en Ardèche verte, il est proposé que la Charte Forestière de Territoire œuvre pour une filière bois :

- plus dynamique en mesure de saisir les opportunités qui lui sont offertes dans l’avenir,

- plus solidaire et cohérente - qui valorise les bois locaux - plus ouverte vers les autres acteurs du territoire et qui participe au développement

de l’Ardèche verte

3.2. Evaluation des actions réalisées au sein du territoire de 2007 à 2009 Les actions réalisées sur le territoire de 2007 à 2009 ont essentiellement été réalisés autour de 2 objectifs :

- amorcer une première démarche conduisant les entreprises de transformation du bois d’évoluer dans leurs pratiques et savoirs-faire

- promouvoir l’usage du bois local sur le territoire Les différentes actions présentées ci-dessous ont surtout permis de créer un partenariat fort et durable entre les organismes qui peuvent intervenir sur les entreprises du bois et sur la promotion du bois construction et des énergies renouvelables. Le Pays Ardèche verte a joué pleinement son rôle de d’initiation de projets et de coordination de structures.

3.2.1. Marquage CE Une première action collective autour du marquage CE a été initiée par FIBOIS 07-26 avec l’appui du Pays Ardèche verte auprès des scieries volontaires du Nord et Centre Ardèche. Elle a consistée en l’apport d’un premier niveau d’information sur le marquage CE (8 février 2008). A l’issu de cette réunion, 6 entreprises ont été intéressées pour bénéficier d’une formation collective sur le marquage CE et d’une mise en place individuelle de celui-ci dans leur entreprise réalisée par CERIBOIS. Hormis les 2 réunions annuelles du Syndicat des Scieurs et Exploitants Forestiers, cette action a permis de regrouper pour la 1ère fois des scieries de l’Ardèche verte autour d’un sujet d’actualité. Grâce à une mutualisation de leurs fonds de formation, elles ont bénéficié à moindre coût d’une formation et d’un accompagnement à la mise en place de la nouvelle réglementation. Pour autant, à ce jour, le marquage CE n’est toujours pas effectif dans toutes les scieries ayant participé car l’application de cette nouvelle réglementation a une nouvelle fois été repoussée au niveau national. Il devrait être obligatoire courant 2010. Actuellement seule une scierie de l’Ardèche verte est allée au bout de la démarche. Elle a passé l’audit et est déjà notifiée pour le marquage CE. Il pourra donc être nécessaire de faire un nouveau point sur la mise en place du marquage CE quand il deviendra effectif et de ré-activiter cette action si les scieries en ont besoin pour être certifié. Autre point positif, à l’occasion de cette action, les chefs d’entreprises, pourtant très individualistes, ont échangé sur leurs pratiques et leurs difficultés. Ce succès a

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donc conduit à l’élaboration d’un accompagnement plus poussé des entreprises volontaires.

3.2.2. Dispositif d’accompagnement des entreprises du bois A l’issue du diagnostic auprès des scieries menée par le Pays Ardèche verte, FIBOIS Ardèche - Drôme appuyé par le Pays Ardèche verte et la CCI du Nord Ardèche a mis en place un dispositif d’accompagnement des entreprises du bois destiné à enclencher de profonds changements du point de vue des outils, des pratiques et des savoirs faire ; et à mettre en place une dynamique collective. Un groupe de 6 entreprises a été constitué : 4 scieries, 1 négoce et 1 entreprise de menuiserie. Elles bénéficient de l’accompagnement d’un consultant spécialisé (entreprise IBI – Pierre Gay) qui réalise un audit dans chaque entreprise et les accompagne, pour celles qui le souhaitent, dans leur plan d’actions individuel. Elles bénéficient également de formations collectives déterminées en fonction de leurs besoins et réalisé par différents intervenants spécialisés : - pilotage économique de l’entreprise par Pierre GAY (indicateurs de suivis...), - performance du sciage : visite de scieries ayant mis en place une action dans ce sens + intervention de Louis BATTARD - Amélioration de la commercialisation et de la communication (intervenant non déterminée) En avril 2010, le diagnostic était réalisé dans chaque entreprise et certaines commencent à mettre en oeuvre leur plan d’actions. Les formations collectives n’ont par contre pas commencé à ce jour. Le dispositif mis en place semble être une formule souple et adaptée aux entreprises de transformation du bois de l’Ardèche verte. On peut néanmoins regretter que relativement peu d’entreprises aient souhaité en bénéficier. Le manque de temps, la volonté de ne pas dévoiler ses résultats et activités, ou encore la non-perception de la nécessité d’évoluer, sont les 3 principales raisons du manque de mobilisation des entreprises. Néanmoins, il semble intéressant de continuer à progresser avec les plus motivés. Cela créera peut être de l’exemple et de l’émulation qui conduira à renouveler ce type d’opérations pour un nouveau groupe d’entreprises. Cela nécessite de bien communiquer sur cette opération auprès des entreprises n’en ayant pas bénéficié (à travers un bulletin d’information Charte Forestière par exemple).

3.2.3. Vidéo sur les métiers du bois A l’occasion du salon « Connaissez-vous mon métier » organisé par la CCI Nord Ardèche à Annonay, une vidéo sur les métiers du bois en Nord Ardèche a été réalisée par la CCI en partenariat avec FIBOIS 07-26 et le Pays Ardèche verte. Il s’agissait de brosser différents métiers du bois : bûcheron manuel, conducteur de machine d’abattage, scieur, lamelliste, ingénieur en bureau d’études bois, charpentier, menuisier. 5 séquences alternant images et interviews ont donc été tournées sur ces différents métiers, avec en plus une séquence courte sans sons sur les métiers du bois. L’ensemble peut être visionné sur le lien suivant : http://www.pays-ardeche-verte.fr/bois/125-promouvoir-les-metiers-du-bois.htm Cet outil est un bon support pour des salons des métiers et des interventions en classes auprès des scolaires et peut être utilisé sur des sites internet. Il est convenu que l’un ou l’autre des partenaires le valorise en fonction de ces besoins. On peut considérer que c’est un bon outil de communication et de vulgarisation sur la filière bois et ses métiers mais il reste aujourd’hui encore sous-utilisé et mériterait d’être mis bien plus en valeur.

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3.2.4. Sensibilisation des collectivités au bois-énergie

En matière de bois énergie, l’accent a été mis en 2008-2009 à la sensibilisation des collectivités à l’installation des chaufferies bois énergie sur les bâtiments communaux. 9 interventions communes à Polénergie, Fibois 07- 26 et Pays Ardèche verte ont eu lieu sur le territoire. Elles consistaient à intervenir dans les Communautés de communes : 5 sur 6 ont accepté. 4 autres interventions ont eu lieu pour les élus et le grand public à la demande de 4 communes de l’Ardèche verte qui réalisaient une étude de faisabilité de chaufferie. Au total, 180 personnes, élus locaux et grand public, ont été sensibilisés à l’usage du bois énergie sur le territoire. De ces interventions, quelques suites ont été données : visite de la chaufferie et du réseau de chaleur de St André en Vivarais, nouvelles études de faisabilité de chaufferies... Malgré ce gros travail de sensibilisation, les réalisations de chaufferies collectives publiques peinent à voir le jour. Si des études de faisabilité ont été réalisées, un certain nombre de projets bois déchiqueté ont été abandonnés ou, c’est un moindre mal, sont remplacés par des projets granulés de bois. Les raisons sont essentiellement liées au coût d’investissement initial, à la difficulté d’atteindre le seuil de rentabilité par rapport aux énergies fossiles, au faible niveau actuel de subventions ou encore à la difficulté d’implanter un silo bois déchiqueté. De manière générale, on constate que les projets menés sur les petites communes sont difficiles à sortir à moins d’une très forte volonté politique de l’équipe municipale, ou bien à moins de mettre en place un réseau de chaleur vers les habitations des particuliers. Mais convaincre les particuliers est souvent mission impossible... Il semble nécessaire aujourd’hui qu’une réflexion plus poussée soit menée par les accompagnateurs des projets bois énergie, par le Pays Ardèche verte et par les financeurs sur les raisons de ces relatifs nombreux échecs et sur d’éventuelles pistes de solutions techniques ou financières à mettre en place dans le futur. Quoiqu’il en soit, pour aboutir à une véritable structuration et montée en puissance de la filière bois énergie, il faudra un nombre bien plus important de chaufferies sur notre territoire.

3.2.5. Sensibilisation des agriculteurs au bois énergie et bois construction dans les exploitations A la demande de la Chambre d’Agriculture de l’Ardèche, très intéressée par la valorisation du bois des exploitations agricoles, une journée d’information et de visites sur l’usage du bois dans les exploitations agricoles a été organisée en avril 2009 par le Pays Ardèche verte, la Chambre d’agriculture, FIBOIS 07-26 et POLENERGIE. Le matin était consacré au bois énergie, avec l’installation de chaufferies bois pour l’habitation et les ateliers agricoles, et l’après-midi au bois construction avec l’usage du bois dans les bâtiments agricoles. L’objectif était dans un premier temps de montrer que les agriculteurs peuvent avoir souvent l’opportunité d’utiliser le bois dont ils sont propriétaires sur leurs propres exploitations. Une forte volonté est en effet en cours dans le monde agricole pour créer une filière agricole dans la filière bois énergie actuelle. Mais comme on l’a vu précédemment, l’usage de cette énergie restant encore très timide, cela ne permet déjà pas aux entreprises spécialisées en plaquettes forestières de rentabiliser leur matériel et installation. Si l’inscription des agriculteurs dans cette filière n’est pas exclue à terme, elle est aujourd’hui

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prématurée. Comme c’est le cas dans certains départements de l’Ouest de la France, l’autoconsommation de bois (énergie ou construction) est une première étape avant d’aller plus loin.

3.2.6. Chapiteau bois et éco-construction Dans le cadre du Salon de la Maison 2007 organisé par l’Association d’Animations Economiques du Bassin d’Annonay (AAEBA), un chapiteau de 300 m² était entièrement dédié au bois dans la maison et à l’éco construction. On y retrouvait trois espaces :

- un espace « institutionnel » de 90 m² qui accueillera l’exposition Passion Bois, Au fil du Bois Objectif Passif, l’espace info énergie, le stand de la CAPEB Rhône Alpes

- un espace professionnel qui a permis à une dizaine de professionnels de tenir un stand

- un espace de conférences et de démonstrations. 6 conférences ont eu lieu sur le bois énergie, l’usage du bois dans la construction et le concept de maison passive FIBOIS s’est porté volontaire pour porter l’ensemble de l’évènementiel dédié au bois et à l’éco-construction et a travaillé en étroite collaboration avec l’AAEBA, Polénergie, la CAPEB et le Pays Ardèche verte. L’objectif était que cette manifestation mobilise au maximum les professionnels du bois et de l’éco-construction grâce à un coût de stand attractif et une communication commune. Chaque entreprise a pu également réaliser un panneau de présentation de son entreprise à moindre coût. En termes de bilan, il y a eu une bonne fréquentation des stands des entreprises qui ont pu avoir de bons contacts avec des clients potentiels. Les organisateurs étaient satisfaits en particulier du travail partenarial, de l’implication des entreprises même si elles étaient moins nombreuses qu’espéré, du relais fait pas les média. Des difficultés sont apparues concernant l’articulation avec le reste du salon de la Maison, concernant les délais d’organisation et surtout concernant l’investissement financier lourd pour seulement 2 jours de présence.

3.2.7. Autres actions en cours D’autres actions liées à la filière bois sont en démarrage courant 2010 et ne sont pas évaluables à ce jour. Il s’agit de :

- une démarche de création d’une plate-forme bois énergie sur la Communauté de communes du Haut Vivarais

- la mise en place d’une information et de formations auprès des entreprises de travaux forestiers du territoire

- une sensibilisation au bois construction dans les bâtiments publics et un accompagnement de 6 projets publics bois construction

3.3. Des propositions d’actions concrètes pour les 6 années à venir Les propositions d’actions suivantes sont formulées à l’issue :

- des rencontres individuelles menées par le Pays Ardèche verte auprès d’une 40aine d’entreprises du bois en 2008 et 2009,

- des réunions de concertation organisées par secteurs d’activité (ETF, scieries, gestionnaires forestiers...)

- du travail de réflexion mené avec les organismes et institutionnels intervenant auprès de la filière bois

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- de la participation du Pays Ardèche verte à divers salons et visites de réalisations, ces dernières souvent organisées par l’URCOFOR Rhône-Alpes.

3.3.1. Clarifier les pratiques et favoriser le dialogue au sein de la filière bois Objectifs : Il s’agit d’inciter l’instauration d’un climat de confiance au sein de la filière bois, en particulier à l’amont depuis les propriétaires forestiers jusqu’aux scieries, en clarifiant les pratiques et en favorisant les échanges constructifs entre les différents secteurs d’activités. Pistes d’actions concrètes :

� Charte de bonnes pratiques du cubage du bois Charte de bonnes pratiques signée collectivement par les différents professionnels de la filière bois visant à :

- donner confiance à l’ensemble des acteurs en faisant preuve d’un maximum de transparence, afin d’obtenir un volume cubé en forêt et à l’usine accepté par tous.

- optimiser la traçabilité des bois au cours de l’intervention des différents acteurs depuis la forêt jusqu'à la scierie

- assurer la fourniture de documents homogènes, clairs et lisibles par tous

Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives (SEFSA), Chambres consulaires... � Guide « bien vendre son bois » à destination des propriétaires Outil pédagogique permettant aux propriétaires :

- d’identifier les interlocuteurs potentiels pour la vente de leurs bois et leurs spécificités,

- de connaître les étapes de la vente et les points de vigilance lors de la vente

- de comprendre comment sont classés les bois et comment sont estimés les prix, et où partent les bois en fonction des débouchés

- de connaître les différentes unités de mesure utilisées Partenaires potentiels : CRPF, FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois concernés (coopératives, experts, négociants, acheteurs de scieries...) � Charte de bonnes pratiques de fourniture en bois bûches Dans le même esprit que la Charte de bonnes pratiques de cubage de bois, donner plus de transparence aux pratiques de fourniture en bois bûches (cubage, séchage du bois...) et permettre aux professionnels respectueux de ces bonnes pratiques de se faire connaître et reconnaître. Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives (SEFSA), Espace info-énergie, ADEME... � Réunions d’échanges entre professionnels au sein de chaque secteur

d’activités et entre secteurs d’activités Organiser une série de rencontres, de visites d’entreprises, de chantiers, etc..., au sein de chaque secteur d’activités et entre les secteurs d’activités avec pour but : - que les professionnels de la filière bois se connaissent mieux, que chacun

comprenne les besoins, les contraintes et difficultés des autres secteurs d’activités

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- que des problématiques de la filière bois soient traitées collectivement Cette démarche vise notamment à tenter de combler la rupture profonde

entre l’amont et l’aval de la filière bois. Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives (SEFSA), Chambres consulaires, CAPEB,... � Bulletin d’information de la CFT Ardèche verte Diffuser un bulletin d’information Charte Forestière Ardèche verte permettant de faire connaître à l’ensemble des acteurs de la forêt et de la filière bois la situation actuelle sur l’Ardèche verte (conjoncture, prix des bois...), des actions et initiatives (individuelles ou collectives) menées sur le territoire... Partenaires potentiels : tous les partenaires de la Charte Forestière

Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre d’entreprises impliqués dans les différents projets, nombre de propriétaires touchés par le guide, nombre de rencontres organisées au sein de la filière, nombre d’acteurs touchés par le bulletin d’information... - Qualitatifs : Qualité des échanges au cours des rencontres, changement visible des pratiques, retour qualitatif des propriétaires forestiers ou des consommateurs de bois bûches...

3.3.2. Soutenir les entreprises de la forêt et de transformation du bois, favoriser leur modernisation et professionnalisation Objectifs : Il s’agit de conserver une filière bois sur le territoire Ardèche verte et de la faire évoluer de manière à ce qu’elle s’adapte aux nouveaux débouchés, contexte réglementaire, demande sociétale... Cela nécessite souvent une modernisation des entreprises et de leurs outils et une professionnalisation qui implique un changement assez radical dans les pratiques et les savoirs-faire. Pistes d’actions concrètes :

� Entreprises de Travaux Forestiers : Accompagner la création et animer une association des ETF Ardèche verte (représentation au sein de la filière bois, représentation sur le territoire, diffusion d’informations, organisation de formations...). Assurer sa mise en réseau avec les autres associations locales (Pilat, Vercors...) Former et informer sur la réglementation, la sécurité, les nouveaux matériels,... formation à un outil de calculs des coûts de chantiers... Accompagner les projets d’achat groupé (huile végétale, câble synthétique...) Accompagner individuellement les entreprises : simulation/investissements, aide au montage de dossiers de subventions, embauche, transmission... Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives, Chambres consulaires, financeurs...

� 1ère transformation : Trouver des solutions foncières et financières, avec la Communautés de communes du Bassin annonéen, pour le déménagement et/ou l’agrandissement de 3 scieries et 1 négoce de la Vallée de la Deûme et de celle de la Vocance. Ces opérations foncières sont indispensables au maintien de ces 4 entreprises sur le territoire.

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Poursuivre et étendre la démarche d’audit et d’accompagnement individuel couplée à de la formation collective permettant aux entreprises de prendre du recul, de progresser et de s’adapter aux nouveaux contextes. Travailler en réseau entre les différentes structures d’accompagnement des entreprises (FIBOIS, chambres consulaires...) et les financeurs afin d’aider efficacement les entreprises dans leurs projets d’investissements, leur montage de dossiers de subventions, leurs projets d’embauche, leurs projets de transmission... Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives, Chambres consulaires, financeurs... � 2ème transformation : Aller à la rencontre des entreprises de 2ème transformation et identifier plus finement leurs besoins. Analyser notamment la raison de l’utilisation massive de bois étrangers. Mettre en place un plan d’actions qui leur soit adapté. Poursuivre et étendre la démarche d’audit et d’accompagnement individuel couplée à de la formation collective permettant aux entreprises de prendre du recul, de progresser et de s’adapter aux nouveaux contextes. Travailler en réseau entre les différentes structures d’accompagnement des entreprises (FIBOIS, chambres consulaires...) et les financeurs afin d’aider efficacement les entreprises dans leurs projets d’investissements, leur montage de dossiers de subventions, leurs projets d’embauche, leurs projets de transmission... Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives, Chambres consulaires, CAPEB, financeurs... � Bois énergie : Accompagner la création d’un collectif de professionnels du bois bûches sur le territoire. (Représentation sur le territoire, diffusion d’informations, organisation de formations...). Les aider à mettre en place une communication commune auprès de leur clientèle (en lien avec la démarche de bonnes pratiques de fourniture en bois bûches). Former et informer sur la réglementation, les certifications, la sécurité, formation à un outil de calculs des coûts de production... Accompagner les projets d’achat groupé. Accompagner individuellement les entreprises : simulation/investissements, aide au montage de dossiers de subventions, projets d’embauche... Dans le domaine des plaquettes forestières, trouver des solutions pour conforter l’activité des entreprises installées sur ou à proximité du territoire. Autour des projets de structuration de la filière bois déchiqueté, associer aux entreprises de fourniture de bois énergie, les propriétaires forestiers, les ETF, les agriculteurs, etc, pour assurer la fourniture de bois à déchiqueter et faire en sorte que le développement du bois énergie ait un vrai impact positif sur l’entretien des forêts et l’entretien de l’espace. Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, Polénergie, chambres consulaires, professionnels de la filière bois et leurs structures représentatives,...

Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre d’entreprises accompagnées collectivement et individuellement, création d’une association d’ETF, création d’un collectif d’entreprises de bois bûches - Qualitatifs : Maintien d’une filière bois sur le territoire, modernisation et changements de pratiques des entreprises des différents secteurs d’activités,

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création d’une synergie autour des entreprises de production de plaquettes forestières

3.3.3. Favoriser l’émergence de projets structurants permettant la valorisation des bois locaux Objectifs : L’intérêt de projets collectifs structurants est de permettre à la filière bois locale de s’organiser et de se moderniser grâce à une mutualisation de certains outils que nos entreprises de taille artisanale ou semi-industrielle ne sont pas en mesure de s’offrir. De telles démarches permettent également d’offrir plus de cohérence à la filière bois, d’atténuer la rupture entre amont et aval et de mieux valoriser les bois locaux. Cette démarche ne peut se faire d’une part qu’avec une certaine maturité des entreprises (d’où la nécessité de travailler sur les 2 précédents axes) et avec une forte mobilisation de toute la filière bois de l’amont à l’aval ainsi que celle des collectivités locales. Le Pôle Bois du Haut Forez est un exemple à suivre. Pistes d’actions concrètes : Les projets structurants peuvent concerner par exemple : - le bois énergie avec la création de plateforme de broyage et de stockage collective. La démarche a été initiée sur la Communauté de communes du Haut Vivarais et doit être menée au terme dans le cadre de la Charte Forestière. D’autres plateformes associant collectivités, entreprises de fourniture de plaquettes forestières et scieries pourraient émerger sur le reste du territoire à l’avenir en fonction de la mise en place des chaufferies bois énergie sur le territoire. - le bois construction et la menuiserie/ameublement avec la création d’outils collectifs de séchage, de rabotage et d’usinage du bois permettant à la forêt et la 1ère transformation de répondre aux besoins de la 2ème transformation du bois - la commercialisation des bois locaux, dans un esprit de circuit court, pour répondre à la clientèle locale de particuliers et professionnels. Un point de vente collectif et/ou des vendeurs/commerciaux pourraient être partagés entre plusieurs entreprises de transformation du bois Pour mettre en place ces différents projets structurants, il faut prévoir des voyages d’étude, des études d’opportunité et faisabilité menés et beaucoup de temps d’animation. Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, professionnels de la forêt et de la filière bois et leurs structures représentatives, Chambres consulaires, financeurs... Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre de projets structurants menés à leur terme, nombre d’acteurs de la filière bois et du territoire impliqués dans ces projets - Qualitatifs : Mise en place d’un fonctionnement pérenne tant financièrement que du point de vue de l’organisation et de la gouvernance.

3.3.4. Faire connaître la forêt et la filière bois à l’ensemble du territoire Objectifs : Avec plus de 98% de forêt privée et des entreprises repliées sur elles-mêmes, la filière forêt-bois du territoire se méconnaît déjà elle-même et est par ailleurs peu et mal connue des acteurs et décideurs du territoire. Il s’agit de mieux

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communiquer au sein de la filière et vers l’extérieur pour une meilleure prise en compte de la forêt et de la filière bois sur l’Ardèche verte. Pistes d’actions concrètes : Elaborer un annuaire des acteurs et professionnels de la filière bois à destination de tous : propriétaires forestiers pour trouver des interlocuteurs lors de travaux forestiers ou de vente de bois, professionnels de la filière bois pour mieux connaître les autres entreprises et élaborer d’éventuels partenariats, collectivités et élus locaux pour mieux connaître leurs entreprises de la filière et pouvoir faire appel à elles en cas de travaux forestiers par exemple, etc... Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26 s’est déjà positionné comme porteur de projet d’un tel annuaire à l’échelle bi-départementale. Il devrait pouvoir se décliner ensuite sur une échelle plus territoriale. Un comité de rédaction devrait réunir différents partenaires de FIBOIS (territoires, chambres consulaires, CRPF, etc...) pour avoir un document répondant aux besoins de tous. Rédiger et diffuser un bulletin d’information Charte Forestière Ardèche verte (Voir 3.3.1) Intervenir dans les communes et communautés de communes du territoire, auprès des développeurs économiques, etc..., pour leur présenter la forêt et la filière bois en Ardèche verte et la démarche de Charte Forestière. Promouvoir les métiers du bois en valorisant l’outil vidéo déjà disponible depuis 2008 dans les établissements scolaires du territoire, auprès de structures d’orientations comme les CIO, sur des salons des métiers, ou encore sur les sites internet des différents partenaires... Partenaires potentiels : FIBOIS 07-26, Cci Nord Ardèche, Contrat Territorial Emploi Formation, CIO, établissements scolaires... Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre d’exemplaires de l’annuaire distribués, nombre d’acteurs touchés par le bulletin d’information, nombre d’interventions dans les collectivités, nombre d’interventions autour des métiers du bois - Qualitatifs : Meilleure prise en compte de la forêt et de la filière bois et de ses professionnels dans les décisions publiques, implication des collectivités dans des projets structurants, intérêt des établissements scolaires, des CIO, des parents et jeunes pour les métiers du bois.

3.3.5. Favoriser le dialogue entre élus, propriétaires, professionnels du bois et usagers de la forêt autour de problèmes concrets Objectifs : Au-delà de la meilleure prise en compte de la forêt et de la filière bois sur le territoire, des problèmes concrets se posent aujourd’hui sur le territoire notamment autour du transport du bois et sont à l’origine de conflits. Il s’agit de susciter le dialogue et d’apporter des solutions de type gagnant-gagnant sur ces problématiques. Pistes d’actions concrètes : Crée un dialogue entre élus, propriétaires forestiers, exploitants et transporteurs de bois, et usagers de la forêt pour trouver collectivement des solutions à la problématique d’entretien et de multi-usages des pistes forestières existantes

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Créer un dialogue entre élus et transporteurs de bois pour trouver collectivement des solutions au passage des points noirs routiers sur les routes communales. Des voyages d’études, l’aide de médiateur spécialisé, l’aide de juriste est à prévoir dans cette action. Partenaires potentiels : Structures représentatives des propriétaires forestiers et des professionnels du bois, communes et communautés de communes, CRPF, FIBOIS 07-26,... Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre de réunions organisées sur ces problèmes concrets, nombre de participants à ces réunions... - Qualitatifs : Implication des différentes parties dans cette démarche, qualité du dialogue, qualité et pérennité des solutions trouvées collectivement

3.3.6. Promouvoir et favoriser l’usage des bois locaux

Objectifs : Parallèlement à la démarche de dynamisation et modernisation de la filière bois locale, il s’agit d’inciter l’usage du bois local, bois construction, bois énergie, paillage végétal, Bois Raméal Fragmenté, etc..., sur le territoire par l’ensemble des publics pouvant être concernés : collectivités, particuliers, agriculteurs, hébergeurs touristiques, entreprises... On visera dans tous les cas à placer l’usage du bois dans un contexte plus large de développement durable (bois construction et basse consommation, paillage et gestion différenciée des espaces verts par exemples) Pistes d’actions potentielles : Organiser des opérations de sensibilisation (visites, évènementiels, interventions diverses) sur les différents usages possibles du bois. Ces opérations de sensibilisation sont à cibler en fonction du public visé. Accompagner techniquement et financièrement les porteurs de projets dans leur démarche en particulier en matière de bois construction. Un appel à projets bâtiments exemplaires en bois construction et basse consommation avec une aide financière sur l’ingénierie thermique et ingénierie bois et sur l’investissement (lot bois) pourrait être envisagé par exemple. L’accompagnement des porteurs de projets bois énergie étant prévu dans le cadre du Plan Bois énergie, il n’est pas mentionné ici même s’il paraît évident de la nécessité de le poursuivre. Partenaires potentiels : CAUE 07, POLENERGIE, FIBOIS 07-26, Chambre consulaires... Indicateurs : - Quantitatifs : Nombre d’interventions, nombre de personnes sensibilisées, nombre de projets accompagnés, nombre de projets aboutis. - Qualitatifs : Exemplarité des projets menés sur le territoire