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56 - LYon CaPiTaLe // aVRiL 2016 // n°754 Sport //////////////////////////////////////////////////////////// cOmmenT lYOn eST deVenU accRO aU RUnning Fini le temps du débardeur et du short qui rentrait dans les fesses. exit l e footing et le jogging. Le running est devenu cool. La course à pied est devenue un véritable marqueur social. “Un réenchantement de l'ordinaire” selon le philosophe- marathonien Guillaume Le blanc. © Gilles Reboisson Le Lyon Urban Trail /// dOSSIeR RéaLISé PaR GUILLaUMe LaMY

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Sport

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comment lyon estdevenu accro au

running

Fini le temps du débardeur et du short qui rentrait dans lesfesses. exit le footing et le jogging. Le running est devenu cool.La course à pied est devenue un véritable marqueur social.“Un réenchantement de l'ordinaire” selon le philosophe-marathonien Guillaume Le blanc.

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“Pourquoi ces couillons courent-ils ? sedemandait en 1983 le reporter améri-cain Hunter S. Thompson (l’auteur

de Las Vegas Parano), chargé par Running Ma-gazine de couvrir le marathon d’Honolulu*.Pourquoi se punissent-ils de manière si brutale,sans le moindre prix à la clé ? Quel est donc cetinstinct taré qui pousse huit mille individus apriori sensés à se lever à 4 heures du matin pourarpenter à grande vitesse les rues de Waikiki sur42 kilomètres pète-couilles dans une course quemoins d’une douzaine d’entre eux ont la moindrechance de gagner ?”Trente ans plus tard, la question n’a jamais étéautant d’actualité. 19 % de la population courtaujourd’hui de manière régulière, soit 8,5 millionsde Français, selon la dernière étude consacrée àla course à pied. Ils n’étaient “que” 6 millions audébut des années 2000. Autrement dit, chaqueannée, près de 170 000 nouveaux “couillons” semettent à courir, l’équivalent d’une ville commeSaint-Étienne. Mieux, 20 % d’entre eux participentà l’une des 4 500 courses officielles organiséeschaque année. Et, grâce à ses traqueurs d’activité,Withings a établi que c’est à Lyon qu’il y a leplus d’utilisateurs faisant plus de 30 minutes derunning intensif par semaine.

un outil de promotion touristique et dedéveloppement territorialDimanche 10 avril, ils seront 10 000 à prendrele départ, place des Terreaux, du Lyon UrbanTrail (LUT). “C’est un succès dément, on est cinqfois plus que lors de la toute première édition, en2008 !” se félicite Extra Sports, l’organisateur.Avec ses têtes d’affiche, à l’instar de Renaud Jail-lardon (2e du trail du Ventoux cette année), deStéphane Ricard (1er du trail de Serre-Chevalierl’an dernier) ou du Grec Dimitrios Theodora-kakos, vainqueur du LUT 2015, qui illustre lareconnaissance internationale du trail urbainlyonnais. Même les politiques chaussent leursbaskets, comme Laurent Wauquiez, ThomasRudigoz, le maire du 5e, ou le conseiller municipalPierre Bérat.Puis il y aura les 10 kilomètres de Chassieu, les24 heures de l’Insa, l’Ultra-Boucle de la Sarra, lacourse des Sources à Saint-Priest, les 10 kilomètresde l’Horloge à Tassin, Run in Lyon, les 10 kilo-mètres de Caluire, le semi-marathon Jogg’îlesde Vaulx-en-Velin, la Foulée vénissiane, VertiGOLyon Oxygène, la SaintéLyon, la Magic Run…Aujourd’hui, en France, une commune sur sixorganise sa course. “Ce sont des événements por-teurs, explique Yann Cucherat, ancien doublechampion d’Europe de barres parallèles et adjointaux sports du maire de Lyon. On fait découvrirla ville autrement. Les courses à pied, les trailssont des investissements sur le plus long termepour faire rayonner Lyon sur le plan sportif.Ce sont des outils de promotion touristique évi-dents.”Même son de cloche à Grenoble, d’où partira le17 août l’Ultra-Tour des 4 Massifs (Vercors,Taillefer, Belledonne, Chartreuse), une coursede 169 kilomètres et 11 000 mètres de déniveléepositive. “Il y a un vrai enjeu territorial via letrail, reconnaît Élise Bureau, directrice de l’office

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de tourisme de Grenoble. La métropoles’est investie dans le projet et financel’UT4M à hauteur de 50 000 euros (soit10 % du budget). Les élus ont prisconscience de l’intérêt d’un tel événementpour le rayonnement du territoire. C’estun vecteur d’image qui, au fil du temps,prendra de plus en plus d’importance.”ÀLa Plagne, dans le massif de la Vanoise,“quand on a créé la 6000D, en 1990, il yavait une volonté très claire des élus dedynamiser le territoire, de faire de l’étéun facteur d’attractivité économique”,explique Jean-Marc Ganzer, responsablede l’organisation de la course, qui auralieu le 28 juillet. “C’est le seul événementde l’année qui parvient à nous faireremplir tous les lits en plaine, expliqueXavier Feuillant, directeur de l’office detourisme de La Plagne. Chaque coureurest accompagné en moyenne de trois àquatre personnes. Au total, on a entre10 000 et 12 000 personnes qui viennentpasser quatre jours. Ça nous permet defaire le plein sur d’autres activités, commela randonnée, le VTT, le poney, le tir àl’arc, le kayak, la piscine, etc.”Aujourd’hui, quel territoire n’a pas sontrail ?

plus jeune et plus fémininLyon a même été choisi par Salomon,numéro un du trail en France (35 % depart de marché) pour le clip de sa nou-velle chaussure spéciale ville, l’X-Scream 3D, un best-seller de la marqueannecienne (sous pavillon finlandaisdepuis 2005). Car, si le trail-runningreste “une priorité de la marque”, selonYannick Andrieu, responsable marketingde Salomon, celle-ci se positionne au-jourd’hui clairement sur le citytrail.L’idée : amener la montagne en ville, enfaisant découvrir les centres par la courseà pied dans de petites rues.“Au-delà de l’âge moyen des pratiquants,35 ans, on observe une féminisation etun rajeunissement du peloton, notammentgrâce aux courses dites ludiques”, expliqueVirgile Caillet, délégué général de laFifas (Fédération française des industriessport et loisirs).Le 8 mai, plus de 20 000 Lyonnais par-ticiperont à la Color Me Rad au grandparc de Miribel-Jonage, une drôle decourse où les participants se font aspergerde couleurs fluorescentes. Le 28 mai,dans le haut Beaujolais, côté lac des Sa-pins, ils seront entre deux et trois milleà boucler une distance de 10 kilomètresparsemés d’une quinzaine d’obstacles,auxquels il faut ajouter quelques bellesmontées et descentes. Une sorte de syn-thèse entre le trail, le cross, le parcoursdu combattant… et Intervilles. Et, débutseptembre, rebelote pour 15 000 autres

lors de l’Extra Race. L’aspect féminin,on le voit à travers l’événement “Courirpour elles”. Dédié aux femmes, pour lessensibiliser à la prévention du cancerdu sein (1 femme sur 8), l’événementréunira cette année 12 000 participantesle 22 mai au parc de Parilly. Du jamaisvu en France.

un sport stylé“Ce qui est nouveau, c’est qu’on constateune approche lifestyle du running”, noteJoël Doux, dirigeant d’Outdoor Éditions,à Lyon, qui publie VO2 Run, Trails En-durance ou encore Spirit Outdoor, desmagazines de référence dans le mondede la course à pied. “Il y a vingt ans, lacourse à pied était un sport de papa, ren-chérit Mathieu Fradin, le patron deSpode, la boutique pionnière de la courseà pied à Lyon (lire “Les acteurs durunning à Lyon”). C’était un truc ringardqu’on faisait en vieux survêtement, enpriant pour ne croiser personne.” Au-jourd’hui, “les chaussures de running

sont les nouveaux talons aiguilles, écritJay Smith, meneur du Nike Paris RunningClub, citant les créations de Raf Simons,Chanel, Missoni ou les textiles techniquesde Givenchy, Kenzo ou Lanvin. J’ai crééce club avec Nike pour montrer que toutle monde était capable de courir. L’idéeétait de “rendre le running cool”. De fairecourir des gens qui n’étaient ni des athlètesni des sportifs, souvent avec des hygiènesde vie décadentes ou déjantées. On voulaitdépoussiérer le running. Il faut bien serendre compte qu’à l’époque personne nevoulait courir. C’était le vilain petit canarddu sport. Aujourd’hui, il y a une nouvellegénération de gens qui courent et les ins-tances fédérales n’ont pas pris l’ampleurdu décalage culturel. On parle runningculture différemment**.”Christian Loos, responsable commercialFrance Running Footwear pour Salomon,confirme : “Aujourd’hui, la tendance estau matériel à la fois technique et joli. Onn’est plus en débardeur-short entrouvertsur la cuisse qui rentre dans les fesses. Leproduit est détournable : quand j’arrêtede courir, je peux sans problème allerboire un coup habillé comme ça.” Il suffitpour s’en convaincre de faire un tourdans l’immense et toute nouvelle bou-tique de Nike, aux Cordeliers, avec unvestiaire signé du designer Jun Takahashi,qui “repousse les limites de la technicitéet du style”, décrypte même Vogue, l’undes principaux magazines de mode fé-minins. Il faut dire que depuis 2010 la

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19 % de la populationcourt aujourd’hui de

manière régulière, soit8,5 millions de

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l’ultra-trail du mont-blanc

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croissance du marché du running estexponentielle : on parle ici de 350 millionsd’euros de chiffre d’affaires, avec unpanier annuel moyen de 470 euros parcoureur-compétiteur. Un gâteau juteuxdont tout un chacun veut une part.

instagram et selfies, le bal des egoDes clubs se montent ici et là. Courir àLyon est le plus gros, avec 5 000 membres.Il y a aussi les Barefoot Runners, quipratiquent la course à pied en chaussuresminimalistes voire pieds nus, les homosde Frontrunners, les Coureurs du Plateau,Lyon Running Club, Digital RunnersClub (un groupe de happy few composéde dirigeants de l’e-commerce), les Lug-dunum Runners, les Trailers des montsd’Or, etc. Tous ont leur compte Facebook,Twitter ou Instagram. Et il y a le héroslocal : “Jean-Pierre, le coureur des bergesdu Rhône”, un papy qui court deuxheures chaque soir avec des vitesses depointe à 16 km/h.Il y a aussi des coureurs très suivis surles réseaux sociaux, à l’image de Miss-run_69 avec ses 3 500 followers, Foutraket ses 25 600 abonnés ou encore YoannStuck, membre de la team Adidas etvendeur chez Plaine & Montagne (ruede Brest, Lyon 2e). “Avant 2010, l’endu-rance était dans le lever de coude. Au-jourd’hui, je le soulève moins. Je n’aligneplus les mètres de shooters mais plutôt leskilomètres sur route ou chemin. Pourimbiber l’alcool des soirées ou par facilité,j’avalais des pizzas jour après jour. Jechange les terrains de jeu comme la piste,la route ou les chemins. Les distanceslongues en pleine nature où l’on se voittout petit face à la réalité de notre existenceme permettent encore plus d’apprécierces moments. Je rentre dans un phénomènede méditation et cela me permet de meretrouver. Ma vie n’a pas changé, maisc’est plutôt mon mode de vie et ma façonde penser qui ont évolué.” Yoann Stuck,c’est grosse barbe, écarteurs dans lesoreilles, tatouages et son personnagedans Des bosses et des bulles, une BDlyonnaise sacrément bien sentie sur letrail. Bref, une image du coureur runningcool.

la course à pied, nouveau marqueursocialLes marques ont bien senti le venttourner vers cette nouvelle génération.Les 27 et 28 mai, Salomon lance d’ailleursun Apé’Run à Lyon, “un running com-munautaire urbain suivi d’un momentde détente autour d’un verre”, pourmettre en avant la Sonic Pro, sa nouvellechaussure spéciale route. “Les acteursprivés ont flairé le besoin de communauté

des coureurs, le fait de courir sanscontraintes”, explique Magali Tézenas,déléguée générale de Sporsora, une as-sociation qui regroupe les acteurs del’économie du sport.Lepape Store, rue Grôlée, a lancé desséances d’entraînement (les Trainingsby LePape) il y a trois ans. “L’idée, c’estd’avoir un rapport privilégié entre lespratiquants et l’équipe du magasin”, ex-plique Didier Hubbel. Ils sont au-jourd’hui une soixantaine à arpenterles collines lyonnaises tous les lundissoir. “La course à pied est devenue unmarqueur social”, estime Virgile Caillet,de la Fifas.Alors “pourquoi ces couillons courent-ils ?” “La course à pied est une pratiquede soi, un exercice sur soi, de transformationde soi, répond le philosophe GuillaumeLe Blanc, auteur d’un livre passionnantsur la course (voir biblio). Nous sommesà une époque où nous voulons refairequelque chose de très simple avec nous-mêmes. En ce sens, la course à pied est unréenchantement de l’ordinaire. Ce quiest beau dans la course à pied, c’est quevous affirmez une sorte de présence sou-veraine au monde. Courir est en réalitéune brève explication de la vie terrestre.”“Et ce jour-là, sans raison particulière, jedécidai d’aller courir un peu. Alors j’aicouru jusqu’au bout de la route, et unefois arrivé là je me suis dit que je pourraiscourir jusqu’au bout de la ville. Et unefois arrivé là, je me suis dit que je pourraiscourir à travers le comté de Greenbow. Etpuisque j’étais déjà allé si loin, autantcourir à travers le grand État d’Alabama.C’est ce que j’ai fait, j’ai couru droit àtravers l’Alabama. Puis, sans raison par-ticulière, j’ai continué à courir, j’ai courudroit vers l’océan. Et une fois arrivé là-bas, puisque j’étais déjà allé si loin, autantfaire demi-tour et continuer ma course.Et j’suis allé jusqu’à un autre océan. Etpuisque j’étais déjà allé si loin, autantfaire demi-tour et continuer encore…”Forrest Gump.

/// Guillaume lamy

* Hunter S. Thompson, The Curse of Lono, 1983,publié en français sous le titre Le Marathond’Honolulu, éditions Tristram, 2012.** Mailmovement.com, 20 mars 2016.

les coureurs8,5 millions de français courentrégulièrement en 2015.

2,4 millions de joggeuses enFrance.

20 % participent à des coursesofficielles.

12 000 femmes inscrites àcourir pour elles en mai.

1 commune sur 6 organise unecourse par an en France.

les données 72,1 km pour la saintélyon,courue de nuit et en hiver par6 950 personnes en 2015.

3,869 km, le tour du parc de latête-d’or (record en 11 minutespar le Kényan Simon Munyutu).

2 822 calories brûlées par uncoureur

14 partenaires, sponsors oufournisseurs pour le Lyon UrbanTrail.

81 ans, l’âge du participant leplus vieux au marathon duBeaujolais.

13,6 millions d’euros deretombées économiques pourl’Ultra-Trail du Mont-Blanc(utmb).

“la course à pied estune pratique de soi, un exercice sur soi, de transformation

de soi”

© Pierre

Raphozles 80 km du mont-blanc

© Uxue Fraile Azepeitia

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équipementspodeCréé en 1979 par Georges Brulas(50 marathons au compteur dont celuides Sables), Spode est le pionnier durunning à Lyon et probablement enFrance. L’année dernière, la boutique dela rue Tupin a réalisé 1,3 million d’eurosde chiffre d’affaires, avec sept employés.12 000 clients viennent chaque année yacheter plus de 25 000 articles. “Leschaussures de trail représententaujourd’hui 30 % de nos venteschaussures”, explique Mathieu Fradin, letout nouveau propriétaire.

terre de RunningC’est David qui devient Goliath. Lepremier magasin (anciennementRunning Conseil) a fait des petits àLimonest, Échirolles, Grenoble, Saint-Étienne, Décines, Bourgoin-Jallieu,Toulon et Puteaux. Cinq autresdevraient voir le jour d’ici à la fin del’année. Partenaire de 78 courses, dont22 trails, dans le Rhône, Terre deRunning a sa propre équipe de trailers.Avec 2,4 millions d’euros de chiffred’affaires sur ses trois boutiqueslyonnaises, Terre de Running est n° 1.

lepapeAncien sprinter, Didier Hubbel a ouvertLePape, rue Grôlée, en 2011. Unmagasin luxueux de 600 m2 sur troisniveaux. “Le running, c’est uneprogression à deux chiffres.”D’après nosinformations, le chiffre d’affaires de laboutique lyonnaise représenterait 10 %des 17 millions d’euros du groupe. Ici, leticket moyen affiche entre 100 et

200 euros et le taux de transformation(ratio entre les clients qui rentrent etceux qui achètent) est de 30 à 35 %,“trois fois plus que la rue de laRépublique”, sourit Didier Hubbel, quiemploie six personnes. “On estclairement un magasin de destination”,résume-t-il. Un magasin qui se spécialisede plus en plus sur le trail féminin.

endurance shopOuverte en novembre 2008, l’EnduranceShop de Villefranche est rapidementdevenue une référence dans le milieu dutrail local. Partenaire du champion dumonde de l’Ultra-Trail World Tour, leviticulteur beaujolais François d’Haene,l’Endurance Shop vend 50 % de sesarticles à destination du trail, dont 60 %pour les chaussures (1 800 paires, d’unevaleur moyenne de 80 euros). Le chiffred’affaires de la boutique progressechaque année de 15 % et dépasseaujourd’hui les 500 000 euros. David etMuriel Uliana ont organisé, l’annéedernière, le premier ultra-trail duBeaujolais (UBVT), 102 kilomètres pour4 500 mètres de dénivelé positif (coursequalificative pour l’UTMB).

bv sportDe 150 000 euros de chiffre d’affaires en2007, Salvatore Corona est passé à5 millions l’an dernier. “On a fait ensorte que BV Sport devienne unemarque.”À l’origine, la société a étécréée par deux médecins (dont unchampion du monde de ski de vitesseaux JO d’Albertville). Leur produit : lebas de contention pour les sportifs.Alain Prost a été le premier testeur, dès1989. Puis Zinédine Zidane, puis

l’équipe de France de football etaujourd’hui 80 % de la Ligue 1 en estéquipée, à l’instar de Chelsea,Manchester, le Real, la Juve. Tous portentles boosters qui facilitent le retourveineux. “Aujourd’hui, notre plus grossepart de marché, c’est le trail. On en vend200 000 paires par an.”Dawa Sherpa, lepremier vainqueur de l’UTMB, estl’ambassadeur de la marquestéphanoise. “On est très ambitieux, onveut faire 8 millions dans cinq ans.” Lasociété a déjà déposé trois brevets. Et cen’est, semble-t-il, pas fini.

salomonC’est la référence absolue du trail, lamarque que tous les trailers convoitent.Salomon, c’est aussi le n° 1 du secteuravec 35 % de part de marché. Lesproduits sont chers maisultratechniques. La R&D, chez Salomon,c’est 27 % des 33 500 m2 du siègemondial d’Annecy, “ce qui est uniquedans le monde de l’outdoor”, préciseYannick Andrieu, le responsablemarketing pour la France. Aujourd’huisous pavillon finlandais (Amer Sports,n° 1 mondial du matériel de sport),Salomon vend 28 % de ses articles à destrailers.“Quand le marché du trail a émergé, en2003-2004, on détenait le bon produit aubon moment et déjà dix ansd’expérience”, explique FrédéricCrétinon, responsable R&D deSalomon*. C’est notamment grâce à desathlètes comme l’ultratrailer espagnolKilian Jornet que les produits se sontconsidérablement améliorés.* Joggeur, août-septembre 2014.

les acteurs du running

SportComment Lyon est devenu accro au running

organisationextra sportsCe sont eux qui ont créé le trailurbain, aujourd’hui copié par toutesles capitales européennes. Avec20 salariés et 1,6 million de chiffred’affaires, Extra, agence decommunication et “agence sports”,est leader en matière de trails dansl’agglomération (Lyon Urban Trail,SaintéLyon, Grand Trail de Saint-Jacques, trail des Forts de Besançon,Trail ardéchois). “Quinze trails dansles trois ans, ce serait bien”, souffleSébastien Olive, directeur associé.

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Pèlerin d’un jour…Une première marche d’environ 4 heurespermet de parcourir les 17 kilomètres quimènent jusqu’à Montbonnet. L’occasiond’admirer les paysages sauvages desmonts granitiques du velay. De là, vous pouvez poursuivre jusqu’à Saint-privat-d’allier, à la découverte desmassifs montagneux de la Margeride.environ 6 heures de marche depuis Le puy-en-velay (soit 24 kilomètres) à travers boisde pins, genêts, fougères et ruisseaux.

… pèlerin d’un séjourCeux qui souhaitent prolonger l’aventuredormiront à Saint-privat, qui à lui seul vautle détour. Du haut de son éperon rocheux,ce petit village pittoresque surplombe lesgorges de l’allier et regorge de curiositéspatrimoniales. Le lendemain, directionSaugues en Gévaudan, en passant par Monistrol-d’allier, au cœur desspectaculaires gorges de l’allier.

Un retour organiséQuelle que soit l’étape que vous aurezchoisie et la durée de votre excursion, vousavez la possibilité de revenir en navette aupuy-en-velay. il suffit de la réserver auprèsde l’office du tourisme. Depuis cinq ans, cesnavettes ont assuré le retour de milliers depèlerins venus de tous les pays.

Cap sur Saint-Jacquesde-Compostelle

Le temps d’une journée ou pour un court séjour, aventurez-vous sur l’un des chemins de Saint-Jacques,classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Au départ du Puy-en-Velay, à seulement une heure trente deLyon, empruntez les deux premières étapes historiques du GR65 qui mène au sanctuaire espagnol deSaint-Jacques-de-Compostelle. Pour cette excursion mythique, plusieurs options s’offrent à vous.

PUBLI-REPORTAGE

Un grand trail sur le cheminde Saint-Jacques-de-CompostelleCette année encore, les trailers de tout niveau pourront s’élancersur le circuit culte du Gr65, à contre-courant des pèlerins enroute vers Saint-Jacques-de-Compostelle. La nouveauté de cette5e édition : la formule ultra de 100 kilomètres, pour les plusconfirmés. Sur ces sentiers chargés d’histoire, les coureursprofiteront de vues imprenables sur de magnifiques paysagessauvages, avec une arrivée remarquable au pied des marches dela cathédrale du puy-en-velay, deuxième monument préféré desFrançais en 2015.

Grand Trail du Saint-Jacques – 11 juin 2016• plusieurs formules chrono (17 km, 32 km, 48 km, 70 km, 100 km), une formulerando de 28 km et une formule relais.Inscription sur www.trailsaintjacques.com

Le Puy-en-Velay, visite incontournableConnue pour sa célèbredentelle à la main, ouencore sa gastronomie –lentille verte du puy,verveine du velay… –, la citéponote mérite qu’on s’yattarde. en été, la vieculturelle s’intensifie, avecde nombreux festivals. Unpr urbain de 6,8 kilomètresattend tous ceux quiveulent découvrir la villeautrement. accessible àtous, il vous mènera à ladécouverte des richessespatrimoniales de la ville, surles rives de la Borne ouencore dans le magnifiquejardin Henri-vinay.

Séjour et navette à réserver du9 avril au 16 octobre, à l’office du tourisme du puy-en-velaytél. : 04 71 09 38 41www.ot-lepuyenvelay.fr

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Inspirécourir ou mourir, de KilianJornet, Arthaud Poche, 2015(1re édition 2011).

Dessinédes bosses et des bulles –T1 Premières foulées (2013)/ T2 Second souffle (2015),de Matthieu Forichon,éditions René Charles.

Pédagogiquela bible du running, deJérôme Sordello, éditionsAmphora, 2015.

Athlétiqueau cœur du trail, de GregVollet, Outdoor Éditions,2015.

Philosophiquecourir – méditationsphysiques, de GuillaumeLe Blanc, ChampsFlammarion, 2015 (1re édition2012).

Cultissimeborn to run (né pour courir),de Christopher McDougall,éditions Guérin, 2012.

Romanesquela grande course deflanagan, de Tom McNab,J’ai Lu, 2013 (1re édition1982).

SportComment Lyon est devenu accro au running

shopping runningQuelques idées pour s’équiper de la tête aux pieds pour l’été.

bibliographie du runnerles indispensables pour savoir où mettre sesbaskets, pourquoi et comment. le tout sansse prendre la tête (ni les pieds).

les magazinesTrails Endurance Mag, Nature Trail, EspritTrail, Jogging International, Joggeur, RunningAttitude, VO2, Zatopek Magazine, Runner’sWorld,Running Coach, Courir, Spirit Outdoor,Running pour elles

scott t2 kinabalu 3.0Entièrement repensée, c’est la chaussurepolyvalente par excellence. La géométrie eRide offreun déroulé souple et optimal pour tout type decoureur. Son accroche est optimale sur les sentiersrapides et en forêt. Sa tige en Gore-Tex doubléeprotège le pied des éléments. 83 €au vieux campeur – 70 cours de la Liberté, Lyon 3e.

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Le film s’ouvre par une vuesur Central Park. C’estGeorge Hirsch, président

du conseil d’administration desNew York Road Runners,organisateurs du marathon deNew York, qui parle. “Je mesouviens, quand je courais ici, à lafin des années soixante. Je pouvaisfaire un tour complet, dixkilomètres autour de Central Park,et je ne croisais que quatre ou cinqautres coureurs. C’était tout ! Enune heure de course. Et je lesconnaissais tous… Je neconnaissais pas forcément leurnom, mais je les connaissais de vue.On n’était pas nombreux. On nousconsidérait un peu comme descinglés…” Les choses ont bienchangé.Central Park fait partie de lalégende de la course à pied.Autrefois dangereux, le poumonvert de New York est désormais leparadis des runners. Ils sontaujourd’hui plus de 5 000 àemprunter tous les jours le seulReservoir Running Track (TheRes), une piste bitumée de2,5 kilomètres autour duJacqueline Kennedy OnassisReservoir. Le marathon de NewYork est le plus gros et le plusprestigieux de la planète, avec50 530 finishers…

pratique dévianteIl y a quarante ans, la course àpied était encore considéréecomme un acte marginal, unepratique quasi déviantecantonnée aux athlètes masculinset à l’enceinte des stades.

Free to Run raconte l’histoire despionniers, le succès du marathonurbain grâce au visionnaire FredLebow, l’empreinte de StevePrefontaine, “le James Dean durunning”, l’icône de la course àpied américaine, premier étage dela fusée de l’histoire del’autonomie financière desathlètes, le rôle considérable qu’atenu la revue Spiridon en Europedans l’évolution des mentalités,l’histoire de Kathrine Switzer –“élément déclencheur del’explosion de la proportion defemmes dans les pelotons qui, il y aquarante ans, n’avaient pas le droitde courir plus de 1 500 mètres”,explique le réalisateur, PierreMorath*. Car, dans la foulée deNew York, le monde entier se metà courir.Plus qu’un documentaire sur lacourse à pied, Free to Run est unfilm sur la libéralisation descoureurs et le départ dumouvement running. C’est unedémonstration : l’homme courtpour être libre. Courez vite levoir !

free to Run, un film de Pierre Morath, avecla voix de Philippe Torreton. Au cinéma le13 avril.

free to run liberté, égalité,

course à piedUn documentaire retrace la fabuleuse épopée de la course à

pied, un acte marginal et militant devenu véritablephénomène de masse.

* Pierre Morath est un ancien membre de l’équipe de France junior de demi-fond, diplômé enhistoire de l’université de Genève et en management des organisations sportives à Lyon 1.