Des trésors à découvrir, des auteurs à relire · on y tr av i , l u aNous p s o n s d ... Non,...

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Q u e l t e m p s A o û t 1 8 7 2 M erci d e ta lettr e, je su is h e ureu x dappren dre q ue tu es bien rentré.Tu mas manqué les premiers jours à l u i s e u l d ix-h uit shillings À la P e n t e c ô te, ja i f a i t u n e belle excursio n U n p e u parto u t, o n d é c o uvre de beaux parcs Je me porte all rig ht et jai u n l o g e m e n t Bie n que le magasin s oit moins g a i q u e c e lu i d e La vie e s t tr è s c h è re ici, m on loge m e n t m e je ne me plains p a s dê tre ici. Plus tard, quand le Ce st to u t diére n t d e c e qui se passe chez nous. m e r e n dre utile. Et puis, je ne saurais te dire O h ! m on v i e ux , je v o udrais tant que tu viennes ici C e st une belle rm e, p lu s on y trava ill e, pl u s N o u s p a sso n s da gréables soirées ! du m a tin à six Jh a bite u n fau b o u r g d e L ondres relativement cal m e. lillumination et le fe u dartice o n t été re m is par C e st un pays magniq u e , tou t d iérent de la à l u i s e ul dix-h u it s h illings p a r se m aine, c h ère ici, m o n lo g e m e nt m e c o û t e à lui seul dix-huit à lui seul dix-huit O h ! m on vie ux, je À Pentecôte, m o n logem e n t me c o û t e Oh ! m on vie u x, je voudrais tant q u e t u O h ! m o n v ie u x , j e v o u d r a i s t a n t q u e À la Pentecôte, j a i f a it u ne belle U n p e u p art o u t, o n d é c o u v r e d e b e a u x p a r c s Je m e p o r t e a ll r ig h t e t j a i u n lo g e m e n t B i e n q u e l e m a g a s i n s o it m oi n s g a i q u e c e l u i La vie est très c h è r e i c i , m o n l o g e m e n t m e j e n e m e p lain s p a s d ê t r e i c i. P l u s t a r d , quand le C e s t t o u t d i é r e n t d e c e q u i s e p a s s e c h e z m e r e n d r e u t i l e . E t p u i s , j e n e s a u r a i s O h ! m o n v i e u x , j e v o u d r a i s t a n t qu e tu vien nes C e s t u n e b e l l e r m e , p l u s o n y t r a v aille, plus J h a b i t e u n f a u b o u r g d e L o n d r e s relative m e nt lill u m i n a t i o n e t l e f e u darti c e o n t à l u i s e u l d i x - h uit s h i l l i n g s p ar semaine, c h è r e i c i , m o n l o g e m e n t m e c o û t e N o u s p a s s o n s d ag r é a b le s C e s t u n p a ys m a g n i q u e , c h è r e ic i, m o n logem ent m e à lui seul dix-huit à lu i s e u l 20 TITRES MAJEURS MIS À L’HONNEUR L’Imaginaire Gallimard 1977 - 2017 L’imaginaire Des trésors à découvrir, des auteurs à relire

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À la Pentecôte, j’ai fait une belle excursion Un peu partout, on découvre de beaux parcs Je me porte all rig ht et j’ai un logement Bien que le magasin soit moins gai que celui de La vie est très chère ici, mon logement me je ne me plains pas d’être ici. Plus tard, quand le C’est tout di� érent de ce qui se passe chez nous. me rendre utile. Et puis, je ne saurais te dire

Oh ! mon vieux, je voudrais tant que tu viennes ici C’est une belle fi rme, plus on y travaille, plus

Nous passons d’agréables soirées ! du matin à six J’habite un faubourg de Londres relativement calme. l’illumination et le feu d’artifi ce ont été remis par C’est un pays magnifi que, tout di� érent de la

à lui seul dix-huit shillings par semaine, chère ici, mon logement me coûte

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20 TITRES MAJEURS MIS À L’HONNEUR

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L’imaginaire

Des trésors à découvrir, des auteurs à relire

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Imaginez une collection de chefs-d’œuvre méconnus. Une collection de plus de 700 perles rares de la littérature mondiale et 300 auteurs majeurs du

XXe siècle, une collection où Julio Cortázar, William Faulkner, Marguerite Yourcenar, Georges Perec et Antonin Artaud côtoient Guillaume Apollinaire, Marguerite Duras, Louis-Ferdinand Céline et Henri Michaux… Imaginez L’Imaginaire, l’île au trésor des raretés littéraires, un pays fabuleux des inclassables.Depuis 1977, L’Imaginaire s’impose comme la collection de réédition par excellence, lue et approuvée par des millions de lecteurs passionnés. Pour ses quarante ans, la collection se rajeunit avec de nouvelles couvertures au graphisme élé-gant. Vingt titres sont à découvrir ici, et d’autres surprises, que L’Imaginaire vous laisse imaginer, suivront bientôt.

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« Lyon-Vaise 4 avril 1915. Jour de Pâques.

Six heures du soir. Mon petit Lou très chéri. Je t’écris sans savoir si même je dois t’écrire et si mes lettres te font plaisir. Nous sommes en gare de Lyon-Vaise. Je t’écris sur mon sac individuel. Il paraît que nous allons non en Argonne mais à Mourmelon-le-Petit dans le groupe de 90 du 38ème 43e batterie qui a été amochée. Dès que j’ai su que défi nitivement t’étais plus à moi, en ai eu un peu de peine, peut-être même beaucoup.

Je suis fi dèle comme un dogue

ai-je écrit dans Alcools et tu aurais dû te douter que tout ce que je disais de te tromper était pas vrai. Pour le moment, je préfère mourir et ferai possible pour cela. Si pas possible, on verra. »

LETTRES À LOU Guillaume ApollinairePréface et notes de Michel Décaudin.

L’AUTEURNé à Rome en 1880. Il e� ectua de nombreux voyages en Allemagne et en Autriche-Hongrie. Son premier conte signé Apollinaire (pseudo-nyme) parut en 1902 dans La Revue blanche. Il fut l’ami des grands peintres du début du XXe siècle. A� aibli par une blessure de guerre, il mourut de la grippe espagnole à Paris en 1918.

VAN GOGH LE SUICIDÉDE LA SOCIETÉ Antonin ArtaudAvant-propos d’Évelyne Grossman.

L’AUTEURPoète, acteur, metteur en scène, dessina-teur né à Marseille en 1896. Antonin Artaud adhéra au mouvement surréaliste en 1925. Sou� rant de troubles mentaux, il fut interné en 1937, internement qui dura plus de dix ans. Il est mort à Ivry-sur-Seine en 1948.

« Je vois, à l’heure où j’écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés, dans un formi-dable embrasement d’escarbilles d’hyacinthe opaque et d’herbages de lapis-lazuli. »Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, quelques mois avant sa mort, Antonin Artaud rend au peintre un éblouissant hommage. Non, Van Gogh n’était pas fou, martèle-t-il, ou alors il l’était au sens de cette authentique alié-nation dont la société et les psychiatres ne veulent rien savoir.

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L’Aleph restera, je crois, comme le recueil de la maturité de Borges conteur. Ses récits précédents, le plus souvent, n’ont ni intrigue ni personnages. Ce sont des exposés quasi axiomatiques d’une situation abstraite qui, poussée à l’extrême en tout sens concevable, se révèle vertigineuse.Les nouvelles de L’Aleph sont moins roides, plus concrètes. Certaines touchent au roman policier, sans d’ailleurs en être plus humaines. Toutes comportent l’élément de symétrie fondamentale, où j’aperçois pour ma part le ressort ultime de l’art de Borges. Ainsi, dans L’Immortel : s’il existe quelque part une source dont l’eau procure l’immor-talité, il en est nécessairement ailleurs une autre qui la reprend. Et ainsi de suite...Borges : inventeur du conte métaphysique. Je retournerai volontiers en sa faveur la défi nition qu’il a proposée de la théologie : une variété de la littérature fantastique. Ses contes, qui sont aussi des démonstrations, constituent aussi bien une problé-matique anxieuse des impasses de la théologie.

Roger Caillois

L’ ALEPH Jorge Luis BorgesTraduit de l’espagnol par Roger Caillois et René L.-F. Durand.

L’AUTEURConteur, poète et essayiste argentin né à Buenos Aires en 1899. Il devint directeur de la Bibliothèque nationale en 1955. Devenu aveugle, il continua de voyager, de donner des conférences. Maître incontesté des Lettres argentines, Jorge Luis Borges est mort à Genève en 1986.

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HISTOIRE DE L’ŒILGeorges Bataille« À d’autres l’univers paraît honnête. Il semble honnête aux honnêtes gens parce qu’ils ont des yeux châtrés. C’est pourquoi ils craignent l’obscénité. Ils n’éprouvent aucune angoisse s’ils entendent le cri du coq ou s’ils découvrent le ciel étoilé. En général, on goûte les “plaisirs de la chair” à la condition qu’ils soient fades.Mais, dès lors, il n’était plus de doute : je n’aimais pas ce qu’on nomme “les plaisirs de la chair”, en e¥ et parce qu’ils sont fades. J’aimais ce que l’on tient pour “sale”. Je n’étais nullement satisfait, au contraire, par la débauche habituelle, parce qu’elle salit seulement la débauche et, de toute façon, laisse intacte une essence élevée et par-faitement pure. »

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L’AUTEURÉcrivain né à Billom (Puy-de-Dôme) en 1897 et mort à Paris en 1962. Les faits marquants de sa vie (adhésion au catholicisme, puis perte de la foi, expérience de la psychanalyse, enga-gement au Cercle communiste démocratique, lutte contre le fascisme, fondation d’un Collège de Sociologie et, plus tard, de la revue Critique) se retrouvent dans une œuvre inclassable, constituée d’essais, de récits et de poèmes.

SEMMELWEISLouis-Ferdinand CélineTextes réunis par Jean-Pierre Dauphin et Henri Godard. Préface de Philippe Sollers.

« Et c’est vers la fi n de ces deux années passées dans la chirurgie qu’il écrivit, avec cette pointe de hargne par laquelle se caractérise déjà sa plume impatiente : “Tout ce qui se fait ici me paraît bien inutile, les décès se succèdent avec simplicité. On continue à opérer, cependant, sans chercher à savoir vraiment pourquoi tel malade succombe plutôt qu’un autre dans des cas identiques.”Et parcourant ces lignes on peut dire que c’est fait !Que son panthéisme est enterré. Qu’il entre en révolte, qu’il est sur le chemin de la lumière ! Rien désormais ne l’arrêtera plus. Il ne sait pas encore par quel côté il va entreprendre une réforme gran-diose de cette chirurgie maudite, mais il est l’homme de cette mission, il le sent, et le plus fort est qu’un peu plus, c’était vrai. Après un brillant concours, il est nommé maître en chirurgie le 26 novembre 1846. »

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L’AUTEURMédecin et écrivain, il est né en 1894. Con-damné pour ses pamphlets antisémites à la Libération, il est emprisonné au Danemark. Il rentre en France en 1951 et meurt dix ans plus tard à Meudon. Céline connait la célébrité littéraire avec les grands romans Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, qui ont révolutionné la littérature française.

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Ce livre, longtemps interdit, est devenu légendaire. Le festin nu est une descente aux enfers de la drogue – morphine, héroïne, cocaïne, opium… Sujétion, délivrance et rechute, tel est le cycle qui constitue l’un des problèmes du monde moderne. Suite d’épisodes enchevêtrés et disparates où se mêlent hallucinations et méta-morphoses, clowneries surréalistes et scènes d’horreur à l’état pur, cauchemars et délires poético-scientifi ques, érotisme et perversions, Le festin nu est d’une veine à la fois terrifi ante, macabre, et d’un comique presque insoutenable.

LE FESTIN NUWilliam BurroughsTraduit de l’américain par Eric Kahane.

L’AUTEURRomancier né en 1914 à Saint-Louis (Missouri). Après la mort accidentelle de sa femme en 1951 à Mexico, suivirent plus de dix ans d’errance – et d’écriture – dans les bas-fonds de Tanger, Londres et Paris. Il retourna aux États- Unis en 1976. Chef de fi le de la « Beat Generation », William Burroughs a longtemps été con-sidéré comme un auteur maudit, avant d’être tenu comme un des plus novateurs. Il s’éteint en 1997 à Lawrence (Kansas).

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AU CŒUR DES TÉNÈBRESJoseph ConradTraduit de l’anglais par Jean Deurbergue.

« Le soleil disparut, l’ombre s’abattit sur le fl euve, des lumières commencèrent à apparaître le long du rivage. (…) Des feux de navires se déplaçaient dans la passe–tout un remue-ménage de fanaux qui montaient et descendaient. Et plus loin à l’ouest, l’emplacement de la ville monstrueuse avait laissé sa marque sinistre sur le ciel ; la masse pesante et sombre de tout à l’heure, au soleil, était devenue sous les étoiles une énorme lueur blême.“Ici aussi, dit soudain Marlow, ç’a été un des coins obscurs de la terre.” »Au cœur des ténèbres relate le voyage de Charlie Marlow, un jeune oµ cier de la marine marchande britannique, qui remonte le cours d’un fl euve au cœur de l’Afrique noire. Le périple se présente comme un lent éloignement de la civilisation et de l’humanité vers les aspects les plus sauvages et primitifs de l’homme.

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L’AUTEURRomancier anglais d’origine polonaise né en Ukraine en 1857. Marin à dix-sept ans, il s’engage d’abord à Marseille et entre ensuite dans la marine marchande britannique. Naturalisé sujet britannique en 1886, il s’installe défi nitivement en Angleterre en 1894. Joseph Conrad est mort en 1924.

MARELLEJulio CortázarTraduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon et Françoise Rosset.

Marelle est une sorte de capitale, un de ces livres du xxe siècle auquel on retourne plus étonné en-core que d’y être allé. Ses personnages entre ciel et terre, exposés aux résonances des marées, voyagent pour découvrir les extrémités du monde et ce monde étant notre vie c’est autour de nous qu’ils naviguent. Tout bouge dans son refl et roma-nesque, la fi ction se change en quête, le roman en essai, un trait de sagesse zen en fou rire, le héros, Horacio Oliveira, en son double, Traveler.Le jazz, les amis, l’amour fou, la poésie sauve-ront-ils Oliveira de l’échec du monde ? Peut-être... car Marelle o¥ re plusieurs entrées et sorties. Un mode d’emploi nous suggère de choisir entre une lecture suivie et une seconde, active, où en sau-tant de case en case nous accomplirons une autre circumnavigation extraordinaire.

Florence Delay.

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L’AUTEURRomancier et nouvelliste argentin né en 1914 à Bruxelles. Après avoir enseigné la littéra-ture en Argentine, il émigre en 1951 en France et devient traducteur à l’Unesco. Plusieurs volumes avaient paru en Argentine avant son départ, mais c’est avec la publication de Marelle en 1964 que le talent de Cortázar fut pleinement dévoilé. Naturalisé français en 1981, il est mort à Paris en 1984.

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LA VIE SECRÈTE DE SALVADOR DALISalvador DaliAdapté de l’anglais par Michel Déon de l’Académie française.

« Suis-je un génie ? »Pour Salvador Dali la réponse est oui. Pour lui, cela ne fait pas le moindre doute depuis l’enfance. « Regarde ! Salvador Dali vient de naître. Le vent a cessé de sou¼ er et le ciel est pur. La Méditerranée est calme et sur son dos lisse de poisson, on peut voir briller comme des écailles les sept refl ets du soleil. Ils sont bien comptés et tant mieux car Sal-vador Dali n’en voudrait pas plus !C’est par un matin semblable que les Grecs et les Phéniciens ont débarqué dans les golfes de Rosas et d’Ampurias pour y préparer le lit de la civilisation et les draps propres et théâtraux de ma naissance, s’installant au centre de cette plaine de l’Ampur-dan qui est le paysage le plus concret et le plus objectif du monde. »Une autobiographie passionnante et outrancière, à l’image du peintre.

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L’AUTEURPeintre, dessinateur, graveur et écrivain espagnol né et mort à Figueras, en Cata-logne (1904-1989). Artiste surréaliste parmi les plus spectaculaires, aux prises de posi-tion souvent provocatrices, versant par la suite dans l’académisme, il fut une person-nalité extrêmement originale.

LE VICE-CONSULMarguerite DurasQui est le Vice-Consul ? Pourquoi tirait-il de son balcon dans la direction des jardins de Shalimar où se réfugient les lépreux et les chiens de Lahore  ? Pourquoi adjurait-il la mort de fondre sur Lahore ? Un roman de l’ex-trême misère : celle de l’Inde, mais aussi celle du cœur, débordant de culpabilité.

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L’AUTEURMargurite Duras est née en 1914 en Indo-chine où sa mère était institutrice. Hormis un bref séjour en France pendant son enfance, elle ne quitte Saigon qu’à l’âge de dix-huit ans. Romancière, cinéaste et auteur dramatique, elle obtient, en 1984, le prix Goncourt avec L’Amant. Elle est décédée à Paris en 1996.

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ABSALON, ABSALON !William FaulknerTraduit de l’américain par B.-N. Raimbault, avec la collaboration de Ch.-P. Vorce. Traduction revue, préface et notes de François Pitavy.

Absalon, Absalon  ! est tout d’abord l’histoire de Thomas Sutpen et de sa descendance - l’histoire de son dessein : créer une plantation et y établir une dynastie pérenne, de sorte que ne puisse se reproduire la scène où s’origine ce dessein, lorsque le petit garçon qu’il était fut empêché par un esclave noir de franchir la porte d’entrée de la maison du planteur où son père l’avait en-voyé porter un message. Cette porte-miroir lui renvoie, précisément parce qu’elle est barrée, l’image de son impuissance et de sa précarité de pauvre Blanc dans une société où pouvoir, prestige et loisir appartiennent à la classe des planteurs.

François Pitavy

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L’AUTEURRomancier, nouvelliste, poète et essayiste américain né en 1897. Installé en 1931 à Oxford (Mississippi), il administre ses terres et poursuit son œuvre, dont l’infl uence sera considérable en Europe. Il obtient le prix Nobel de Littérature en 1949. William Faulk-ner est mort en 1962 dans son Sud natal.

SUR LES FALAISES DE MARBREErnst JüngerTraduit de l’allemand par Henri Thomas.

Sur les falaises de marbre fut publié en Allemagne juste avant le début de la guerre. Aussitôt il fut interprété comme une protestation contre l’hit-lérisme, et seule la renommée de Jünger le pré-serva de poursuites.Ce serait cependant une erreur de considérer ce roman comme une œuvre de circonstance. Jünger a écrit un des romans romantiques les plus étonnants non seulement de la littérature allemande, mais de toute la littérature mondiale. Un paysage intemporel face à la mer, des fi gures symboliques, une action qui montre la lutte entre le bien et le mal, la menace toujours pré-sente de la barbarie.Ce combat permanent, Ernst Jünger l’a élevé au niveau du mythe, grâce à un langage d’une précision hallucinante où rêve et réalité se confondent.

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L’AUTEURRomancier et essayiste allemand né à Heidelberg en 1895. Il se porte volontaire lors de la Première Guerre mondiale, puis entreprend des études de sciences na-turelles et de philosophie jusqu’en 1925. Bien qu’o ́ cier de la Wehrmacht, il ne cautionne pas les théories du National Socialisme. Jünger s’établit en 1950 dans un village de Souabe, et e� ectue alors de nombreux voyages jusqu’à sa mort en 1998.

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LA BÂTARDEViolette LeducPréface de Simone de Beauvoir.

« Mon cas n’est pas unique : j’ai peur de mourir et je suis navrée d’être au monde. Je n’ai pas tra-vaillé, je n’ai pas étudié. J’ai pleuré, j’ai crié. Les larmes et les cris m’ont pris beaucoup de temps [...]. Le passé ne nourrit pas. Je m’en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m’ont torturée. J’aurais voulu naître statue, je suis une limace sous mon fumier. » 9:H

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L’AUTEURRomancière née à Arras en 1907. Secrétaire dans une maison d’édition, elle fut ensuite journaliste. Maurice Sachs, Jean Genet, Simone de Beauvoir comptèrent parmi ses amis. Violette Leduc est décédée en 1972, dans le Vaucluse.

UN BARBARE EN ASIEHenri MichauxQuand je vis l’Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d’être réels. Joyeux, je fonçai dans ce réel, persuadé que j’en rapportais beaucoup. Y croyais-je complète-ment ? Voyage réel entre deux imaginaires. Peut-être au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, œuvre d’« autres ». Pays qu’un autre aurait inventés. J’en avais la surprise, l’émotion, l’agacement.C’est qu’il manque beaucoup à ce voyage pour être réel. Je le sus plus tard. Faisais-je exprès de laisser de côté ce qui précisément allait faire en plusieurs de ces pays la réalité nouvelle : la politique ?

Henri Michaux

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L’AUTEURPoète et peintre d’origine belge né à Namur en 1899. Il a longuement voyagé en Asie et en Amérique du Sud, de 1927 à 1939, et poursuivi une exploration de l’inconscient par l’usage des stupéfi ants. Henri Michaux est mort à Paris en 1984.

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Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu’ils n’ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun des deux ne pouvait exister seul, comme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu’ils jettent l’un sur l’autre, pouvait se révéler ce qui n’est jamais tout à fait dit dans l’un, jamais tout à fait dit dans l’autre, mais seulement dans leur fragile intersection.L’un de ces textes appartient tout entier à l’imaginaire : c’est un roman d’aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d’un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l’idéal olympique. L’autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d’une vie d’enfant pendant la guerre, un récit pauvre d’exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d’absences, d’oublis, de doutes, d’hypothèses, d’anec-dotes maigres. Le récit d’aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d’un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d’on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d’où est sorti ce livre, ces points de sus-pension auxquels se sont accrochés les fi ls rompus de l’enfance et la trame de l’écriture.

Georges Perec

W OU LE SOUVENIR D’ENFANCEGeorges Perec

L’AUTEURRomancier et poète né et mort à Paris (1936-1982). Il a été l’un des membres importants de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle), renouvelant, par ses recherches formelles, les enjeux de l’écriture narrative et poétique. Les ouvrages publiés par L’Imaginaire, malgré leurs grandes di� érences formelles, mettent en évidence l’obsession du vide qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre de Perec.

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LA CLOCHE DE DÉTRESSESylvia PlathTraduit de l’américain par Michel Persitz. Préface de Colette Audry.

Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d’autres lauréates d’un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d’une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d’étudiante américaine, des amours qu’elle a connues. Tout bascule lorsqu’Esther quitte New York. Tenta-tives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour fi nir, l’espoir. Esther est à la fois « patiente » dans l’univers hospitalier et observa-trice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l’Amérique des années 50.

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L’AUTEURPoètesse américaine née en 1932 dans le Massachusetts. Elle était mariée avec le poète Ted Hughes. La cloche de détresse, son unique roman, parut en 1963. Un mois après la parution, Sylvia Plath mit fi n à ses jours.

WALDEN OU LA VIE DANS LES BOISHenry David ThoreauTraduit de l’américain par Louis Fabulet.

En plein xixe siècle, dans le pays qui est en passe de devenir le plus industrialisé du monde, Thoreau tourne le dos à la civilisation et s’installe seul, dans les bois, à un mile de tout voisinage, dans une cabane qu’il a construite lui-même, au bord de l’étang de Walden dans le Massachusetts. Il ne doit plus sa vie qu’au travail de ses mains. C’est là qu’il commence à écrire Walden, grand classique de la littérature américaine, hymne épicurien, souvent loufoque, à la nature, aux saisons, aux plantes et aux bêtes, toutes choses et tous êtres qui ne sont, selon les propres dires de Thoreau, que « l’envers de ce qui est au-dedans de nous ».

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L’AUTEURÉcrivain américain né en 1817 à Concord,Massachusetts. Après avoir été maître d’école dans sa ville natale, il fi t la connaissance d’écrivains et de poètes, parmi lesquels Hawthorne et Emerson. Sa vie fut partagée entre l’écriture, les vagabondages, la petite entreprise familiale et les prises de position en faveur des opprimés ou des anarchistes. Henry David Thoreau est mort de la tubercu-lose en 1862 à Concord.

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NOUVELLES ORIENTALESMarguerite Yourcenar

L’AUTEURRomancière, essayiste et traductrice née à Bruxelles en 1903, Marguerite de Crayencour s’est fi xée aux États-Unis en 1939. Première femme élue à l’Académie française en 1980, elle est décédée dans l’île de Mount Desert en 1987. Ses écrits des années 1930, publiés dans L’Imaginaire, annoncent les grands textes alors en gestation et qui paraîtront à partir des années 1950.

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Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l’Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l’esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d’ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, « qui aimait l’image des choses et non les choses elles-mêmes », font écho à l’amertume du vieux Cornelius Berg, « tou-chant les objets qu’il ne peignait plus ». Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait tromper les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d’un roman japonais du xie siècle. L’amour sublime de Vania l’Al-banaise ou le deuil sacrilège de la veuve Aphrodissia répondent au sacrifi ce de la déesse Kâli, « nénuphar de la perfection », à qui ses malheurs apprendront enfi n « l’inanité du désir »…Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles orientales forment un édifi ce à part dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une cha-pelle dans un vaste palais. Le réel s’y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d’une

ardeur brutale, c’est peut-être qu’ils trouvent dans l’admi-rable économie de ces brefs récits le contraste idéal et né-cessaire à leur soudain fl am-boiement.

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L’AUTEURPeintre et dessinateur hollandais né en 1853. Il travailla comme employé d’une galerie d’art de 1869 à 1876 (La Haye, Londres, Paris). Il as-pirait alors à devenir pasteur, mais échoua et se tourna vers la peinture. Il fréquenta les impressionnistes, se lia puis se brouilla avec Gauguin. Son premier internement eut lieu à Arles en 1889. Vincent Van Gogh se suicida à Auvers-sur-Oise un an plus tard.

LETTRES À SON FRÈRE THÉOVincent Van GoghTraduit du néerlandais par Louis Röedlant. Introduction et chronologie par Pascal Bonafoux.

La première lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo, datée d’août 1872, est envoyée de La Haye. Il a dix-neuf ans. Il ne sait pas qu’il va peindre.La dernière lettre, inachevée, Théo la trouve dans la poche de Vincent qui s’est tiré une balle dans la poitrine le 27 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Des dizaines de toiles encombrent sa chambre. Presque quotidiennement, pendant dix-huit ans, Vincent a écrit à Théo. Ces lettres incomparables–des récits, des aveux, des appels–sont nécessaires pour découvrir le vrai Van Gogh devenu mythe… Il n’est pas un peintre fou. Au contraire, solitaire, déchiré, malade, a¥ amé, il ne cesse d’écrire, lucide, comme il traque la lumière.

Pascal Bonafoux

NOUS AUTRESEugène ZamiatineTraduit du russe par B. Cauvet-Duhamel. Préface de Jorge Semprun.

« ...On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m’avait paru si dif-fi cile auparavant. Ce ne peut être qu’à cause de ma maladie, à cause de mon âme. »Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l’Har-monie sous la direction du Guide. Or D-503 qui participe activement à l’expansion de cette orga-nisation en arrive à l’autocritique, à la dénonciation. C’est en 1920 qu’Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fi ction. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n’avait pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n’étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, l’ouvrage ne fut pas publié.

Yvon Hecht

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L’AUTEURRomancier, nouvelliste et auteur drama-tique russe né en 1884, Zamiatine était ingénieur de formation. Bolcheviste con-vaincu, il quitta néanmoins le Parti en 1917, et fi nit par émigrer en 1931, grâce à une in-tervention de Gorki auprès de Staline. Il est mort à Paris en 1937.

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