Des minéraux, des maisons et des hommes; The...
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Février 1975
(XXVIIIe année)2,80 francs français
Une fenêtre ouverte sur le monde
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DES MINÉRAUXDES MAISONS
ET DES HOMMES
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Dans ce numéro
supplément sur l'Unesco

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TRÉSORSDE L'ART
MONDIAL
Année internationale
de la femme
96 GRÈCE
Photo © Jean Mazenod, tirée de L'Art grec -. Editions Mazenod, Paris, 1972
"La Parisienne" de Cnossos
L'air déluré, éclatante de jeunesse en dépit de son grand âge : 3 500 ans, cette Cretoisepeinte à la fresque sur un mur du Palais de Cnossos a été surnommée « La Parisienne ». Neserait-elle pas à l'image moderne de la femme résolue à revendiquer sa juste place dansla société? Il s'agit peut-être d'une dame de la cour au palais royal de Cnossos qui futravagé, vers 1400 avant notre ère, par un incendie. Dès lors la civilisation de la Crète, îlede la Méditerranée orientale, déclina rapidement, mais elle avait exercé une influencedécisive sur les Grecs de la haute Antiquité, auxquels elle transmit un art raffiné.

Le CourrierFÉVRIER 1975 28e ANNÉE
PUBLIÉ EN 15 LANGUES
Français Arabe Persan
Anglais Japonais Hébreu
Espagnol Italien Néerlandais
Russe Hindi PortugaisAllemand Tamoul Turc
Mensuel publié par l'UNESCOOrganisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et la Culture
Ventes et distributions :
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Belgique : Jean de Lannoy,112, rue du Trône, Bruxelles 5
ABONNEMENT ANNUEL : 28 francs fran¬
çais. Envoyer les souscriptions par mandatC.C. P. Paris 12598-48, Librairie Unesco,
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Reliure pour une année : 24 francs
Les articles et photos non copyright peuvent être reproduitsà condition d'être accompagnés du nom de l'auteur etde la mention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », enprécisant la date du numéro. Trois justificatifs devront êtreenvoyés à la direction du Courrier. Les photos non copyrightseront fournies aux publications qui en feront la demande.Les manuscrits non sollicités par la Rédaction ne sont
renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponseinternational. Les articles paraissant dans le Courrier de
l'Unesco expriment l'opinion de leurs auteurs et non pasnécessairement celle de l'Unesco ou de la Rédaction.
Bureau de la Rédaction :
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Directeur-Rédacteur en chef :
Sandy Koffler
Rédacteur en chef adjoint :
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Secrétaires généraux de la rédaction :
Édition française : Jane Albert Hesse (Paris)Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris)Édition espagnole : Francisco Fernández-Santos (Paris)Édition russe : Georgi Stetsenko (Paris)Édition allemande : Werner Merkli (Berne)Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)Édition japonaise : Kazuo Akao (Tokyo)Édition italienne : Maria Remiddi (Rome)Édition hindie : Sayed Assad Ali (Delhi)Édition tamoule : N.D. Sundaravadivelu (Madras)Édition hébraïque : Alexender Broïdo (Tel-Aviv).Édition persane : Fereydoun Ardalan (Téhéran)Édition néerlandaise : Paul Morren (Anvers)Édition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro)Édition turque : Mefra Telci (Istanbul)
Rédacteurs :
Édition française : Philippe OuannèsÉdition anglaise : Roy MalkinÉdition espagnole : Jorge Enrique Adoum
Illustration : Anne-Marie Maillard
Documentation : Christiane Boucher
Maquettes : Robert Jacquemin
Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée au Rédacteur en Chef.
4 ARCHITECTURES SANS ARCHITECTES
Étude de l'Unesco sur l'habitat traditionnelen Tunisie et dans le monde
par Wolf Tochtermann
14 AMADOU MAHTAR M'BOW
Sixième Directeur général de l'Unesco
par Pierre Kalfon
19
à26
SUPPLÉMENT :
DOSSIER UNESCO 1975-1976
I. ÈRE DE SOLIDARITÉ OU ÈRE DE BARBARIE?
II. NOUVEL APPEL A LA TOLÉRANCEET A LA COMPRÉHENSION
par Amadou Mahtar M'Bow
Directeur général de l'Unesco
27 RESSOURCES CACHÉES DE NOTRE PLANÈTE
par Konstantin I. Loukachev
32 MUSÉE-PORTRAIT A CIEL OUVERT
L'immense Niger dans un seul musée
par Pablo Toucet
36 LA TRADUCTION
Grandeurs et servitudes de l'art de traduire
par Octavio Paz
41 LATITUDES ET LONGITUDES
42 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT
2 TRÉSORS DE L'ART MONDIAL
« La Parisienne » de Cnossos (Grèce)
Notre couverture
Un des grands défis de l'avenir sera detrouver des ressources naturelles encore
cachées, comme des minerais de fer,de manganèse, de chrome, de cuivre, d'or, etc.Notre photo montre un bloc d'or à l'étatnaturel, exemplaire remarquable par sa formeet sa taille (agrandie 4 fois sur notrecouverture). Trouvé au centre de la Roumanie,il est conservé au musée de minéralogiede l'Université de Paris VI. De nombreux
minéraux sont présents dans l'eau des océans.Les savants estiment, par exemple, quesi l'on extrayait de l'eau des mers tout l'orqu'elle contient, on pourrait en donnerplus d'une tonne à chaque habitantde la terre. Voir notre article en page 27.
Photo © Nelly Barland, Parle
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ARCHITECTURES
SANS
ARCHITECTES
A Kaírouan, vieille cité historiquede la Tunisie, une
blanche mosquée aux lignes pures
(à droite) dont la coupoleest typique de l'architecturereligieuse islamique. Hors deKairouan la coupole ne se retrouve
en Tunisie que dans l'île de Djerba
(voir pages suivantes) où elleintervient dans l'architecture
traditionnelle des maisons rurales
et autres édifices.
Photo © André Martin, Paris
Une étude sur l'habitat traditionnel
en Tunisie, la première d'une série
de recherches qu'entreprend l'Unesco
à travers le monde par Wolf Tochtermann
IL existe dans toutes les régions dumonde une architecture dont on
parle peu dans les encyclopédies oules ouvrages savants consacrés à lacréation architecturale. Aussi n'occupe-t-elle qu'une place marginale dansl'histoire de l'architecture et de la
construction. Il s'agit de l'architecturetraditionnelle ou autochtone. Ce qui lacaractérise, c'est son exceptionnellerichesse, diversifiée de pays en pays.
Elle n'est pas liée à des nomsd'architectes, car, précisément, elle sefait sans eux. C'est, une architecture
qui n'est pas conçue sur la plancheà dessin dans les bureaux d'études,
pas plus que selon les règles etcanons enseignés, ou imposés, dansles écoles de beaux-arts ou les uni¬versités. Si elle est le fruit d'une tra¬
dition ancienne et de l'habileté de
WOLF TOCHTERMANN, architecte allemand(Rép. féd. d'Allemagne), est. au Départementde la culture de ¡'Unesco, chargé des questionsd'architecture et d'environnement; il s'occupe
plus particulièrement des problèmes de la for¬mation des architectes et des urbanistes ainsi
que des recherches sur l'architecture tradition¬nelle en rapport avec le développement.
l'habitant (car c'est lui-même quiconstruit sa maison), elle est aussi lajuste expression d'une organisationsociale précise. Elle témoigne del'emploi judicieux des matériaux locauxdisponibles. Caractéristique d'unerégion, elle répond parfaitement auxconditions climatiques.
C'est depuis quelques années seule¬ment peut-être depuis la fameuseexposition organisée en 1964-1965 parle Museum of Modem Art de NewYork sur le thème « Architecture sans
architectes » que des architectes,las du « style international », dessociologues, des ethnologues et desgéographes ont commencé à saisiravec plus d'acuité l'Importance de cetteexpression architecturale jusqu'alorsinconnue, ou, à tout le moins, mécon¬nue. Les rares études que quelquesspécialistes lui avaient consacréesavaient eu peu d'influence.
Certains spécialistes ne s'intéressè¬rent donc à l'originalité conceptuellede la construction régionale qu'aumoment où l'on se rendit compte desdangers d'une architecture passe-par-tout dont les adeptes prônaient la mise
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en place sous toutes les latitudes etdans tous les climats.
On constate que les habitations detype issu des traditions paysannesdemeurent remarquablement efficaces.Elles relèvent d'une économie et d'un
mode de vie toujours vivants dansmaintes régions rurales. La relation dumilieu et de l'habitat y est claire, etplus facilement discernable que dansles architectures inscrites dans toute
la complexité des grandes villes occi¬dentales.
La forme et l'expression archi¬tecturales de ces constructions ne
procèdent donc pas d'une rechercheesthétique, mais d'une connaissanceprofonde encore que souvent sub¬consciente du paysage dont pro¬viennent les matériaux. L'habitant
bâtisseur a traduit, en construisant, sesbesoins sociaux et culturels, et établit
un équilibre, fragile certes, mais réel,entre son habitat et la nature environ¬
nante, 'dont il cherche à se protéger.
Cette architecture autochtone, témoin
d'un héritage culturel particulière¬ment riche dans bon nombre de paysd'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et
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Photo © Fulvlo Rolter, Venise
Mosquées et coupoles de Djerba
Plate et basse, l'île de Djerba, située
dans le Golfe de Gabès, au
sud-est de la Tunisie, abonde
en jardins et en vergers que
des milliers de puits et de citernes
permettent d'irriguer. De nombreuses
mosquées très diverses (ci-dessus et
à droite) marquent ce paysage de leur
admirable architecture, éclatante de
blancheur. Les toits en coupole don¬
nent un rythme très particulier à
l'architecture de Djerba. Ils sont
parfois à voûtes multiples comme ici
(à gauche) où ils forment le toit d'un
établissement de bains. Parmi les
oliviers et les palmiers s'élèvent des
maisons blanches coiffées également
de coupoles qui somment deux petites
pièces en étage, bien protégées de lachaleur et du froid: Tout l'agencement
de la maison traditionnelle est conçupour préserver l'intimité familiale.

L d'Europe, est cependant gravementmenacée. Au cours des dernières
années, beaucoup de prestigieuxexemples ont disparu ou sont en voiede disparition.
Cette disparition va de pair avecl'urbanisation et le dépeuplement descampagnes, puisqu'il s'agit là essen¬tiellement d'une architecture rurale. Et
il en va ainsi, aussi bien pour desvillages de la vallée de Verzasca, dansle sud de la Suisse, que pour les vil¬lages berbères du sud de la Tunisie.
En 1973, l'Unesco a commencé à
consacrer des études à cet aspect del'architecture, surtout dans certainspays d'Afrique (Tunisie, Cameroun,Ghana, Sénégal, République Centrafri¬caine, République populaire du Congo).D'autres études seront consacrées àl'Asie.
A cette fin, des missions d'architec¬
tes sont envoyées dans divers payspour effectuer les relevés et préparerune documentation, tant photographi¬que qu'écrite. L'Unesco se propose defaire paraître tous ces travaux dansune série d'ouvrages qui portera letitre général d' Etudes sur les formestraditionnelles de l'architecture.
La première étude de cette série,due à l'architecte français Claude Per¬ron, a été consacrée à la Tunisie. Ce
pays, situé entre la Méditerranée et leSahara, a été soumis à des influencesextérieures très diverses grâce àses liaisons maritimes avec les pays duMoyen-Orient et de l'Europe et auxcommunications, plus difficiles, maistoujours réelles, qu'elle établit avecl'Afrique noire.
Par ailleurs, ont coexisté en Tunisieet les mouvements du nomadisme qui,à certaines périodes, se sont étendussur une vaste partie du pays, et lescentres de sédentarisation qui se sontcréés dans des zones jouissant deconditions climatiques particulièrementfavorables.
L'impressionnante variété de l'habi¬tat tunisien s'explique, en grande par¬tie, par ces divers modes de vie.Claude Perron souligne dans sonétude que l'histoire de l'Afrique duNord est caractérisée par « la luttedes nomades des steppes et du désertcontre les sédentaires des riches
régions côtières et des oasis... ». Cetantagonisme a donné naissance à dif¬férents types de maisons caractéristi¬ques de la Tunisie.
Aujourd'hui, où le nomadisme estmoins fréquent et la sédentarisationplus généralisée, les groupements detentes disposées de manière à formerdes villages éphémères ont disparu,
mais la tente isolée existe encore dans
presque tout le pays. Dans certainscas, elle apparaît comme annexe de lamaison du nouveau sédentaire, récem¬ment construite.
L'abri ou la maison du sédentaire,comme toute architecture autochtone,
en Tunisie et ailleurs, s'explique par lanature du sol, le climat, les modes deculture et d'élevage ou par des phé¬nomènes historiques (occupations,influences extérieures) et sociologi¬ques (organisation de la vie familialeou communautaire).
L'auteur donne de nombreux exem¬
ples de huttes de branchages ou denattes, de maisons rondes au toit coni¬
que, de maisons carrées ou rectangu¬laires à toits pointus ou à terrasses.Certains types d'habitations ont atteintun remarquable niveau de perfection :ainsi de diverses constructions à
caractère défensif, et de maisons trèsorganisées comme les « menzels » del'île de Djerba. Les matériaux utiliséssont également très variés : tissus,bois, nattes et autres matières végé¬tales, briques de terre et de boue etpierres sèches.
L'étude ne se limite pas aux exem¬ples de bâtiments isolés ; elle donneégalement des exemples de groupe¬ments d'habitations ou de villages avec^leurs équipements spécifiques. Dansr
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Fermes
troglodytes
et villas
pastorales
Étonnant paysage que celui de Matmata,plaine du sud tunisien qui s'étend au pieddu Djebel Dahar. Dans un site au modelélunaire (ci-dessus et à gauche), piqueté depalmiers, hommes et bêtes vont et viennent...et disparaissent soudain comme si la terres'ouvrait sous leurs pas. En fait, le problèmede l'habitat a trouvé ici, en l'absence de
matériaux durs, une solution parfaite. Degrandes maisons souterraines (jusqu'à 50 mde long) sont creusées dans le limon tendre.Les cratères qui trouent le sol sont en réalitédes patios où donnent les pièces d'habitation.Ronds ou carrés, ils peuvent atteindre 8 mde profondeur. On y accède par un couloirsouterrain où sont creusés des réduits pourles animaux. La cuisine est aménagée dansle patio; les chambres souterraines sontblanchies à la chaux. Lorsque le terrain lepermet, la maison comporte un grenier dontl'ouverture est un trou au ras du sol, « toit »
de la maison. On y descend par une cordeou un escalier de branches. Ce type d'habitattrès évolué, frais en été, chaud en hiver, estencore réalisé par les habitants eux-mêmes.Non loin, dans les montagnes où vivent éle¬veurs et bergers, les villages ont d'autrestypes d'architecture. Ainsi du bourg de Tou-jane (à droite) avec ses maisons faites depierres extraites du sol environnant; il estédifié auprès d'une source abondante.
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h presque tous les cas, l'auteur démon¬tre que l'architecture n'est pas larésultante gratuite d'une forme pré¬conçue, mais que la forme elle-mêmerésulte d'un certain nombre de don¬
nées précises, qui peuvent varierd'une région à l'autre.
Pourquoi ces études sur l'architec¬ture traditionnelle ? On pouvait certesles entreprendre au nom d'opérationsultérieures de sauvegarde, motif par¬faitement valable. On pouvait aussiinvoquer l'intérêt des relevés de cesdifférents types d'habitation à des finsde documentation historique. En fait,les mobiles des études entreprises parl'Unesco sont autres.
Compte tenu du taux de croissanceactuel de la population mondiale,laquelle doublerait dans les trente pro¬chaines années, il faudra avant la findu siècle créer des habitations pour 3ou 3,5 milliards de personnes. Comptetenu également de la croissanceurbaine, bien plus rapide que celledes agglomérations rurales, la mise en
de nouvelles technologies vas'imposer ; elles devront permettre derépondre de manière plus efficace etplus économique à une demande sansprécédent en matière d'habitat.
Or, les techniques caractéristiquesd'un mode de construction d'origineoccidentale obligent souvent à recourirà des matériaux difficilement disponi¬bles dans les pays en voie de dévelop¬pement, et ne peuvent donc répondreà leurs possibilités économiques. Deplus, ils s'adaptent rarement à leursconditions particulières (climatiques,sociales, culturelles, etc.). .
Il n'est plus question de faire fi dela brique de boue, du pisé ou dubambou, matériaux de constructionbon marché. Il n'y a pas lieu davan¬tage de considérer les méthodesde construction traditionnelles comme
l'apanage du sous-développement.
En revanche, il est nécessaire deconvaincre les responsables, archi¬tectes, promoteurs ou membres desgouvernements, car les valeurs de
l'architecture traditionnelle peuventsusciter une architecture dégagée del'imitation des modèles industriels
occidentaux. Leur renaissance éviterait
les « bidonvilles » et autres dégrada¬tions de l'habitat dans les villes.
Dans ce contexte, les architecturestraditionnelles devraient égalementtrouver place au niveau de l'enseigne¬ment de l'architecture dans les paysen voie de développement.
C'est dans cet esprit que l'Unescoa entrepris ces études sur l'architec¬
ture autochtone dans différentes par¬ties du monde. Il y aura là une leçonfructueuse pour l'avenir.
Wolf Tochtermann
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Les grenierscitadelles
Les singulières constructions que l'on voitdans ces pages ne sont autres que des gre¬niers les « ghorfas » naguère utiliséspar les semi-nomades du sud de la Tunisie,agriculteurs ou pasteurs selon le rythmedes saisons. Ils y entassaient l'huile, lesgrains et autres récoltes. Abandonnés unepartie de l'année à la seule surveillance dequelques gardiens, ces greniers étaient leplus souvent édifiés sur des éperons rocheuxet groupés en « ksours » faciles à défendre(« ksours » est le pluriel de « ksar », motarabe qui signifie place forte, citadelle),comme à Chenini (photo de gauche) où lacolline est surmontée de ghorfas superpo¬sées. Au pied de ces greniers, des habita¬tions souterraines sont creusées dans les
couches tendres du terrain. Cet habitat
particulier, intimement inséré au reliefgéologique, accentue par son mimétismeles lignes naturelles du paysage. On trouveégalement des greniers fortifiés dans lesplaines environnantes du sud tunisien,tels ceux de Médenine (ci-dessous). Lesghorfas sont constituées de petites cellulesvoûtées en berceau, très souvent superpo¬sées (à droite). Chaque cellule constituaitune réserve pour une seule famille et laporte en était murée quand celle-ci s'absen¬tait. Cette architecture d'une grande beautéétait conçue pour répondre aux nécessitéspratiques de la vie semi-nomade. Ces gre¬niers sont souvent abandonnés aujourd'hui.Quelques-uns ont été transformés en hôtels.
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La tente
l'oasis
la ville
C'est le troupeau qui fait la « maison » du nomade. Laine des moutons, poils de chèvres ou de droma¬daires sont tissés en longues bandes cousues bord à bord pour former un grand rectangle. Quelquesmorceaux de bois pour piquets, des broussailles pour calfeutrer la tente au sol, cet habitat mobile, vitemonté, est tout aussi vite démonté; ânes et dromadaires le transportent aisément, avec tous les usten¬siles domestiques et les beaux tapis tissés par les femmes. Ci-dessus une tente tunisienne traditionnel¬le, l'ouverture en direction de La Mecque. Harmonieusement intégrée au paysage ït solidement arri¬mée à la steppe, la tente illustre ici un type d'habitat arrivé à la perfection dans son genre.Après avoir traversé les vastes étendues désertiques balayées par les vents, le voyageur éprouve unsentiment de sérénité à la découverte des oasis du Djerid, dans le sud de la Tunisie. Ci-dessous, unerue de l'oasis de Tozeur (12 000 habitants). Les maisons y sont très vastes avec de grandes façades debriques cuites, couleur paille. On voit sur le haut de la photo les orifices de ventilation pour le séchagedes dattes, richesse de l'oasis.Adroite, vue aérienne de Thysdrus, aujourd'hui El-Djem, vieille cité romaine située entre Sousse etSfax. L'énorme amphithéâtre, datant du 3e siècle et qui pouvait accueillir 60 000 spectateurs, dominede toute sa hauteur des maisons typiquement tunisiennes de la ville.
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AMADOU MAHTAR
M'BOW
SIXIÈME
DIRECTEUR GÉNÉRAL
DE L'UNESCO
D'un village du Sahel africain à la directiond'une grande organisation internationale
par Pierre Kalfon
MILLE neuf cent cinquante-trois.
Le Sénégal est encore coloniefrançaise. Dans la région de Casa-mance, sur la grande place du villagede Badiana, perdu au fond de labrousse, un homme parle.
Il dit la nécessité de savoir lire et
écrire, celle d'observer quelques règlesd'hygiène pour éviter les maladies, ilexplique que l'engrais vert donnedavantage de riz, que les animauxdoivent être vaccinés, que la mortalitéinfantile n'est pas une fatalité.
Il dit aussi qu'il ne faut pas avoirhonte du passé de l'Afrique. Il parle dedignité et d'espoir... Si les villageoisassemblés l'écoutent avec une telle
intensité ce n'est pas seulement parce
PIERRE KALFON, professeur de lettres etjournaliste français, a longtemps vécu en Amé¬rique latine. Auteur d'un essai Argentine (éd. duSeuil, Paris 1967) il termine actuellement unethèse sur la littérature pampéenne. De 1968 à1973 il a enseigné à l'Université du Chili à San¬tiago,, où il a été correspondant des Journauxfrançais Le Monde et le Nouvel Observateur.
que ce qu'il dit les captive. C'est qu'àla différence des Français venus de laville, cette fois c'est un Africain, un
Noir, qui leur parle d'eux dans un lan¬gage simple et clair. Ce Noir sorti de laSorbonne, est un maître d'école d'un
nouveau genre. Il a un nom : AmadouMahtar M'Bow. Et un avenir assez
extraordinaire. Il vient d'être élu le
14 novembre 1974, Directeur généralde l'Unesco par les représentants de135 pays réunis à Paris. Il a sauté unsiècle.
Peu de temps après sa naissance,en 1921, à Dakar, ses parents l'ontramené à Louga, dans le Sahel, où vittoute la famille, la grande famille afri¬caine des oncles, tantes, grands-parents et cousins. C'est là qu'il agrandi, « appris la vie », eu des frèresets c'était l'aîné , et surtout
découvert, comme le voulait Rousseau,
la pratique des choses avant la théoriedes mots. Louga est alors une petitebourgade rurale guère plus de5 000 habitants , au carrefour des
peuplements ouolofs, peuls, toucou-leurs et berbères.
Le père, originaire d'un petit villageprès de Saint-Louis, est commela plupart à la fois artisan et pay¬san. Il travaille le cuir et la maro¬
quinerie, cultive son champ, élève un
petit troupeau de moutons, des bquelques chevaux. C'est un musulmantrès pieux et respecté, qui sait lire leCoran, observe scrupuleusement lejeûne du Ramadan, et en imposeautant par sa probité morale que parsa haute taille. Quand un leader politi¬que sénégalais est de passage, c'estchez lui qu'il va loger. Notabilité locale,il fera même partie de la délégationsénégalaise invitée à Paris pour l'Expo¬sition universelle de 1900.
L'enfance et l'adolescence vont être
baignées dans un climat très protégéet également très libre. Mahtar prendle temps de jouer à satiété avec lesenfants de son âge, au rythme descomptines ouolofs, s'imprégnant detout un héritage culturel, écoutant dansun ravissement profond les légendesparodiant qualités et défauts deshommes.
Jusque vers sept à huit ans, sa mèreet ses tantes s'occupent de lui, selon
la tradition, puis la responsabilité del'éducation revient au père et à l'onclematernel qui, eux, l'initient aux tech¬niques agricoles et artisanales, le fontparticiper progressivement à l'artd'élever les animaux, à la constructiondes cases, à la réparation de l'outillageet surtout lui font découvrir et aimer
patiemment le milieu naturel, la faune
14

et la flore : « Je connaissais toutes les
plantes, celles qui guérissent et cellesqui tuent, dit-il. Même ici, à Paris, ilm'arrive encore de prendre des infu¬sions de plantes africaines que je faisvenir ».
De fait, bien des années plus tard,l'étendue de ses connaissances agri¬coles étonnera plus d'un expert agro¬nome. Nulle contrainte pourtant si cen'est, dès l'âge de cinq ans, l'entraî¬nement systématique de la mémoire parla récitation mélopée des versets duLivre saint à l'école coranique. « C'estune école d'humilité, a-t-il écrit ; quelsque soient sa condition et son milieu,
l'élève doit s'y plier à certaines exi¬gences telles que la corvée de bois oud'eau, la culture de la terre, l'aumôneà demander au bénéfice du maître... »
En 1928-1930, grande sécheressedans le Sahel, c'est-à-dire comme au¬
jourd'hui, famine générale et des mortspar miliers. Mais sans radio ni télévi¬
sion, le phénomène passe inaperçu enOccident. L'adulte n'oubliera pas cesvisions du jeune âge. Le fonctionnaireinternational s'y réfère encore : « En¬fant, j'ai côtoyé la faim. J'ai vu deshommes, des femmes, mourir de faim.
La faim, ce n'est pas une figure derhétorique ; il faut l'avoir vécue pouren comprendre l'angoisse. »
Et puis un jour il a près de neufans , « par une matinée de novem¬
bre 1929, je fus conduit à l'école régio¬nale française de Louga par un pèrequi ne savait pas le français ». Vêtuà l'africaine du boubou, qu'il n'échan¬gera qu'à dix-sept ans contre des vête¬ments européens, il ne parle quele ouolof comme la majorité des Séné¬galais et connaît aussi le poular lan¬gue peule qu'il a appris de sa grand-mère. Est-ce là qu'il acquit le goût del'histoire? Eut-il entre les mains quel¬que manuel évoquant « Nos ancêtresles Gaulois... » ?
Ce qui est sûr, c'est que dans sapropre famille, son père, ses oncles ettantes, procèdent tout naturellement à
un contre-enseignement historique,évoquant selon la tradition orale les
hauts faits des ancêtres, car Louga faitpartie de l'ancien royaume du Cayoroù, au 19° siècle, la résistance à la
pénétration coloniale a été la plusforte.
Lui-même a souligné cet aspect fon¬damental de sa formation sans lequel,par la suite, on ne comprendrait pasla revendication profonde de son afri-canité. « L'enfance de beaucoup d'en¬tre nous a été bercée par des récitsqui n'avaient rien de commun avec
l'histoire telle qu'elle était enseignée
dans les écoles coloniales et mission¬
naires ».
A quatorze ans il décroche son cer¬
tificat d'études primaires, ce qui n'estdéjà pas un mince exploit si l'on songeque neuf enfants africains sur dixdevaient abandonner a'ors l'école en
cours de scolarité. Mais pour l'admet¬tre dans le secondaire, on le trouve
trop âgé ; il bifurque vers une écoleprimaire supérieure, fait des études
commerciales, obtient un emploi decommis d'administration au cabinet du
gouverneur à Dakar. Il anime déjà unmouvement de jeunesse.
Survient la guerre. Il a dix-huit ans,une énorme soif de connaissances, undésir ardent de se battre contre l'op¬pression. Il s'engage comme volontaire.« J'avais conscience, dit-il, d'accomplirun devoir d'homme libre ». C'est le
départ pour la France. Mais c'est aussila découverte de l'affrontement meur¬
trier entre les hommes. Il n'aime pasévoquer cette période de son exis¬tence. * Je ne suis pas un non-violent,mais je trouve la guerre profondémentabsurde. La prochaine signifiera la finde l'homme ». Après la débâcle, ilrejoint le Sénégal. En novembre 1942,les forces alliées débarquent en Afri¬que du Nord. Il reprend le combat de .libération, se retrouve à l'école de l'air r
15

Dans l'album de
famille de Amadou
Mahtar M 'Bow,trois moments de
sa jeunesse.
Adolescent,au cuur de la
brousse du Sénégal.
I
iJeune commis d'administration.
1
í \
M
** te .
Educateur, en tournée
d'alphabétisation à travers le Sénégal.
d'Agadir, au Maroc. Il en sortira majorde sa promotion et spécialiste del'équipement électrique des avions.C'est le seul sergent spécialiste noir I
Démobilisé en France en 1945, il n'atoujours pas renoncé aux études. Aucontraire. Mais il lui faut d'abord con¬
quérir le « sésame universitaire ». Pen¬dant deux ans il va donc mener de
front, et seul, la préparation du bacca¬lauréat et celle du concours d'admis¬
sion en section d'ingénieurs à l'écoled'électricité Breguet à Paris. Il estadmis en section préparatoire.
Les étudiants africains ne sont pasalors très nombreux à Paris, bien queleur prestance soit remarquée au Quar¬tier Latin. 'Et Amadou Mahtar M'Bow
ne va pas être vraiment un étudiantcomme les autres. Il est convaincu en
effet qu'il lui faut avant tout se battre
pour la dignité des opprimés quelsqu'ils soient et du « peuple noir » enparticulier, parce qu'il est l'un desplus opprimés.
C'est l'époque d'après-guerre où lesAfricains découvrent le MartiniquaisAimé Césaire, qui -a inventé le mot« négritude » en l'arborant comme undrapeau, bien avant que les noirs amé¬ricains ne proclament « black is beau¬tiful ». Le poète Leopold Sédar Sen-ghor, futur chef d'Etat du Sénégal, sefait le chantre le plus écouté de cettenégritude. Jean-Paul Sartre ouvre
« l'Anthologie de la poésie nègre etmalgache » de Senghor d'une préfaceéblouissante. Alioune Diop, autre Séné¬galais, défend l'idée panafricanistedans la revue « Présence africaine »...
Mais pour un noir transplanté enFrance, la priorité politique est claire :avant tout se retrouver soi-même,
réhabiliter un passé dissimulé par lediscours colonial, revendiquer la ri¬chesse culturelle du terroir original.Le Sénégal manque sans doute alorsde techniciens mais il manque encoreplus « d'éveilleurs de conscience ».
Mahtar M'Bow va donc opérer son re¬tour aux sources. Mais pas les mainsvides. Pas n'importe comment. Plutôt
que de se transformer en ingénieurmenacé de technocratie, il sera, lui,Sénégalais, historien et géographe afri¬cain. A vingt-six ans, il passe son bac¬calauréat. Le voilà en Sorbonne. « J'yai appris la rigueur et la méthode »dit-il, en évoquant ses maîtres, marxis¬tes et non marxistes.
Très vite il s'impose comme diri¬geant étudiant anticolonialiste au seinde la communauté africaine. Il anime
avec quelques amis un groupe de re¬cherche qui veut concilier la quête del'identité culturelle africaine avec les
principes de Marx et le combat anti-
impérialiste. Dès 1948 il est présidentde l'Association des Etudiants Afri¬
cains de Paris. En 1950 il devient pré-

Barques de pêcheurs sur une des Immenses plages de l'Atlantiqueentre Dakar et Saint-Louis, au Sénégal.
sident puis secrétaire général de laFédération des Etudiants d'AfriqueNoire en France, véritable creuset de
la future « intelligentsia » de l'Afriquedite « francophone ». Il découvre laréalité complexe des groupes de pres¬sion et des organisations politiques etsyndicales françaises.
A rencontre de ce qui se produitparfois, son travail militant stimule sontravail proprement universitaire. Il pas¬se sans coup férir ses certificats delicence, trouve même le temps d'épou¬ser une étudiante en géographie, Ray-monde, qu'il a connue sur les bancsde la vieille Sorbonne. Elle est haï¬
tienne, grande et belle, fille de diplo¬mate, et vient de l'immense diasporanojre déclenchée il y a quatre sièclespar la traite des esclaves vers lesAmériques. Cette réunion, qui est plusqu'un symbole, marque le départ d'unelongue et confiante collaboration quis'est traduite aussi bien par la nais¬sance de trois enfants que par la publi¬cation d'ouvrages écrits ensemble.
On lui offre un poste de professeuren France. Il refuse, demande à retour¬
ner au pays. Mais son image politiqueest déjà marquée. L'administration del'Afrique Occidentale Française pré¬fère l'éloigner des centres sénégalaisimportants. On l'envoie au collège deRosso, petite ville lointaine de Maurita
nie « J'en ai été ravi, avoue-t-il aujour¬d'hui. Ce que je voulais c'était repren¬dre contact avec l'Afrique, me retrou¬ver avec des élèves africains. J'avais
à peine trente ans. J'étais le seul pro¬fesseur noir de toute l'académie de la
région Sénégal-Mauritanie. C'était unévénement. »
Cet événement va durer deux ans.
Les cours du jeune professeur se dis¬tinguent par une flamme particulièredont les élèves ne se doutent pasqu'elle est celle des retrouvailles d'unhomme avec soi-même.
Même au collège de Rosso, on passedifficilement inaperçu du pouvoir cen¬
tral quand on est Sénégalais et pro¬fesseur. L'Unesco, conduite par DonJaime Torres Bodet, avait suggéré auxEtats membres la mise en place de« programmes d'éducation de base »pour mener de front alphabétisation,éducation sociale et développementcommunautaire. C'est à ce professeurenthousiaste et courageux, et de sur¬croit natif du pays, que le rectorat deDakar demandera de diriger les ser¬vices d'éducation de base du Sénégal.
Dès lors s'amorce pour AmadouMahtar M'Bow une période incompa¬rable, « sans doute la plus exaltanteet la plus riche d'enseignement de macarrière ». Car il s'agit de tout saufde la sinécure tranquille d'un fonction
naire derrière son bureau. Pendant
cinq années passionnantes, de 1953à 1957, accompagné d'une petite équi¬pe de médecins africains, d'infirmiers-vétérinaires, de moniteurs d'enseigne¬ment, de techniciens en agriculture ouen radio-cinéma, avec un menuisier et
un maçon parfois, il va sillonner leSénégal en camionnette.
Il mange à même la calebasse com¬me les gens du village dont il partagel'existence deux ou trois mois durant.
Il acquiert jusque dans ses détails lesplus prosaïques, une connaissanceunique de la vie quotidienne de sonpeuple. Il construit des écoles, ouvredes centres de soins, forme des accou¬
cheuses et des aides-infirmières, crée
des coopératives de paysans, introduitles engrais chimiques... Il touche dudoigt partout l'ignorance, la maladie,la misère, toutes les plaies de ce quel'on commence déjà à nommer le sous-développement.
Les paysans sont analphabètes. Or« la dignité passe par le savoir ». Leprofesseur d'histoire se mue en insti¬tuteur. Utilisant français et dialectelocal, il invente une méthode de lec¬
ture-écriture spécialement adaptée àson public. Les élèves, des deux sexes,ont de six à soixante ans I « A Badiana,
pour la première fois, une campagned'alphabétisation englobait hommes et
17

L femmes. L'alphabet idéographique futachevé avec l'aide de la population,dessiné sur stencil, tiré à la ronéo...
La simplicité de la méthode leur donneconfiance. Des applaudissements sa¬luent le nom de celui qui a su bienlire. La séance de nuit se prolongeait
parfois au-delà de minuit... »i'
Pour qui veut prendre l'exacte mesu¬re de celui qui tient aujourd'hui lesrênes de l'Unesco, rien de plus instruc¬
tif que la simple lecture de l'un quel¬conque des nombreux « Rapports pré¬sentés par M. M'Bow, professeur, chefde mission » après une expédition àBadiana ou à Dembakané, à Senou-
débou, ou à Mangaroungou, ou àGaya... En une cinquantaine de pagesdenses, c'est toute une vue sociolo¬gique en coupe d'un village sénégalaisil y a vingt ans, mais aussi, en dépitde la froideur volontaire du langagec'est le récit de l'aventure de quelques
hommes de bonne volonté pour faireentrer des paysans africains dans lemonde moderne.
Entre deux missions, Mahtar M'Bow
trouve pourtant le moyen de participeractivement à la vie politique du pays.Son nom devient celui d'un leader
écouté de l'opposition. Il fait d'abordpartie d'un groupe indépendant d'intel¬lectuels qui, en 1955, s'unit au Blocdémocratique, animé par Leopold Sen-ghor, pour former ensuite, avec l'Unionprogressiste sénégalaise, le Bloc popu¬laire sénégalais. Quand la France,amorçant son processus de décoloni¬sation, installe en 1957 un gouverne¬ment sénégalais dans le cadre de l'au¬tonomie interne, c'est à lui qu'on confie
le premier ministère de l'Educationnationale et de la Culture.
Il parcourt de nouveau la brousse,multiplie les écoles, fonde les premierscours complémentaires pour que da¬vantage d'enfants du peuple accèdentà l'enseignement secondaire...
En 1958 le général de Gaulle, aussi¬tôt après son arrivée au pouvoir, de¬mande aux pays africains s'ils accep'-tent de former une communauté liée
à la France. Les uns prônent le « oui » ;d'autres, avec M'Bow répondent« non » et réclament l'indépendanceimmédiate. Les premiers l'emportentet Mahtar M'Bow, qui a démis¬
sionné pour faire campagne, redevientsimple professeur avec sa femme àSaint-Louis du Sénégal, dans ce mêmelycée Faidherbe où, jeune homme, ilne lui avait pas été permis d'entrercomme élève.
Cette fois, c'est un leader d'enver¬
gure qui, patiemment, reprend le com¬bat dans l'opposition au sein du Partidu Regroupement africain. Son natio¬nalisme progressiste lui vaut une esti¬me qui dépasse les frontières, surtout
quand le pays accède enfin à l'indé¬pendance en 1960. Il voyage, noue descontacts, fait des conférences, publieplusieurs ouvrages destinés à mieuxfaire connaître l'Afrique au dehors, ou
bien des manuels scolaires pour enrévéler la diversité et la richesse aux
élèves africains eux-mêmes. Il reste
par vocation profonde un éducateur.L'Afrique nouvelle manque de cadres.Pour en former, l'Unesco a lancé un
peu partout le principe des écoles nor¬males supérieures. Mahtar M'Bow est
appelé à Dakar pour y enseigner.
EN 1966, au Sénégal, toutrepose sur une monoculture :
l'arachide. La crise économique me¬
nace, l'immense port de Dakar s'est
vidé. Le président Senghor demandela collaboration de l'opposition. Celle-ci accepte. Elle veut mener ses réfor¬mes de l'intérieur des centres de
décision.
Mahtar M'Bow reprend alors le mi¬nistère de l'Education nationale et
amorce, en accord avec Leopold Sen¬ghor, « l'africanisation » de l'Université.Il préside lui-même la commission qui
élabore le premier alphabet sénégalaisà partir de la transcription phonétiquedes six langues sénégalaises, dont leouolof. Désormais, le professeur etl'homme politique vont se confondre.
Quand la houle de la révolte étu¬diante de 1968 parvient à Dakar, ilessaie d'éviter l'irréparable afin que ledialogue soit maintenu avec une jeu¬nesse dont il comprend la noblesse desmotivations. On lui confie alors le
ministère de la Culture et de la Jeu¬
nesse jusqu'en février 1970, date àlaquelle, à la suite d'un remaniement,
il quitte à nouveau le gouvernement.
, Il est déjà celui que les Africainsappellent avec un respect amical le« grand-frère ». A l'Unesco, il a con¬duit la délégation sénégalaise auxConférences générales de 1966 et1968. Depuis 1966, il fait partie duConseil exécutif, véritable tour de
contrôle de l'Organisation. Son presti¬ge lui a valu de présider le groupe desEtats membres d'Afrique et le groupedes « 77 » représentants du TiersMonde. C'est donc à un homme libre
mais pas à un inconnu que le Directeur
général, René Maheu, propose, en no¬vembre 1970, de diriger le secteurcapital mais difficile, de l'éducation.
Quatre années à la tête des pro¬grammes d'éducation à travers le mon¬
de confirment ses qualités d'organisa¬teur et un génie diplomatique particu¬lier. Au siège parisien de l'Unescodans les pays où une action « sur leterrain » est en cours, on se familiarise
bientôt avec la silhouette robuste de
cet homme cordial et ouvert, qui resteaffable et simple, connaît ses dossiersparc préfère le contact direct auxlongues démarches bureaucratiques ettient sans doute de son hérédité pay¬sanne et de sa longue expérience per¬sonnelle le sens de la conciliation pourrésoudre avec le sourire les situations
les plus difficiles. Nous ne l'avonsjamais vu se mettre en colère, disentses collaborateurs, mais s'il est
prompt à accorder sa confiance, gareà qui le déçoit. »
A cinquante-trois ans, bon pied, bon
et une capacité de travail qui stupé¬fie tout le monde, Mahtar M'Bow n'a
pas le vertige. La tâche est rude, il lesait, mais il sait aussi quel rôle im¬mense l'Unesco peut jouer pour aiderles peuples à sortir de l'ignorance,donc de la misère. Il connaît bien
l'Organisation. Il a foi en elle. Il entendnon seulement la défendre, mais lui
donner un dynamisme nouveau, un sty¬le nouveau.
Au-delà du personnage officiel trans¬paraît l'héritier de la vieille sagesseafricaine. * J'aurais été heureux de pou¬voir comme on le fait sous le bao¬
bab en Afrique arriver à faire la
confrontation de toutes les opinions,trouver une voie moyenne acceptablepar tous... Je me méfie un peu del'humanisme universaliste qui cache
souvent un européo-centrisme. Je pré¬fère le pluralisme qui accepte l'identitéparticulière de chaque peuple. J'ai étéélevé dans l'acceptation des différen¬ces, dans la tolérance. Je suis le frère
de tout humain, quels que soient sarace, ses croyances, le lieu où il vit.
A partir de là, on peut bâtir une vérita¬ble solidarité. »
Avec René Maheu, Directeur généralsortant, s'est effacée une génération,celle des fondateurs généreux del'Unesco, celle des pionniers souventoccidentaux.
Avec Amadou Mahtar M'Bow, noirafricain placé au carrefour de plusieurscivilisations mais ne reniant ni son
passé en régime colonial, ni sa forma¬
tion universitaire européenne, surgit untype d'homme que seule peut expli¬quer sans doute l'accélération actuelle
de l'histoire. L'itinéraire qui a conduitle petit paysan du Sahel africain à la
tête d'une des plus prestigieuses orga¬nisations des Nations Unies est peut-être exemplaire de l'émergence d'unautre monde longtemps asservi, mépri¬sé sinon ignoré, celui des peuples des¬hérités. « J'ai conscience d'en être
aujourd'hui le symbole » a-t-il souligné,en prenant ses fonctions. En le mettant
aux commandes pour six ans, l'Unescoentre dans le 21" siècle.
Pierre Kalfon
18

DOSSIER UNESCO
1975-1976La Conférence générale de l'Unesco, réunie à Paris du 17 octobreau 23 novembre 1974, a adopté le programme et le budget del'Organisation (169 992 000 dollars) pour les années 1975 et 1976,et a élu son nouveau Directeur général, M. Amadou Mahtar M'Bow(voir notre article biographique en page 14).Le Courrier de ¡'Unesco présente dans les huit pages de ce supplé¬ment des extraits de l'allocution prononcée par M. AmadouMahtar M'Bow lors de sa prise de fonction le 15 novembre 1974(ci-dessous), ainsi que des réflexions (voir page 21 ) qu'il a exposéesdevant la Conférence générale lors de la clôture de ses travauxle 23 novembre 1974.
Nous présentons en outre dans ces pages (en encadrés) les prin¬cipales activités nouvelles que l'Unesco se propose d'entreprendredans les années 1975 et 1976.
Une ère de solidaritéou une ère de barbarie ?
par Amadou Mahtar M'Bow
Directeur Général de l'Unesco
COMME chacun porte en soi la marque de sontemps, du milieu qui l'a vu naître et grandir, de
l'expérience qu'il a accumulée, c'est dans le génie dupeuple africain, dans sa sagesse que je puiserai d'abordmes raisons d'agir.
Quand je parle du peuple d'Afrique, il ne s'agit pasd'une vision abstraite, mais d'une réalité vécue et pleine¬ment assumée. Ma présence à la tête de cette Organi¬sation n'est en effet que la conséquence des mutationsprofondes qui se sont accomplies dans ce vaste conti¬nent depuis le début de ce siècle.
Oui, j'ai grandi avec l'Afrique, souffert de sa souf¬france, vécu ses angoisses, assumé ses espoirs. J'en aireçu une éducation faite de volonté d'enracinement aumilieu traditionnel ; en assumant les valeurs fondamen¬tales de ce milieu, nous nous assumions en tant qu'êtreslibres dans une société dominée, car ce qu'il fallait pré¬server c'était la liberté de l'esprit, qui donne le vrai sensde la dignité. Aussi, la haine n'a-t-elle jamais habiténotre c même dans les périodes d'affrontement,parce que nous n'avons jamais désespéré de l'homme...
L'humanité est condamnée à vivre dans l'ère de la
solidarité, si elle ne veut pas connaître celle de labarbarie. La solidarité, c'est d'abord l'acceptation desdifférences, qu'elles soient d'ordre biologique ou leproduit de la géographie et de l'histoire. C'est renoncerà toute idée de hiérarchie entre les peuples et lesnations. C'est abandonner une fois pour toutes la vision
historique de ceux qui, de la Grèce et de la Rome anti¬ques aux impérialismes modernes, ont toujours confonducivilisation et puissance, et relégué au rang de « bar¬bares » les peuples subjugués, comme ceux qui refu¬saient de l'être.
Mais la solidarité implique plus : elle commande que,par-delà les diversités, on s'efforce de bâtir, à l'échellemondiale, un ordre économique, social et culturel nou¬veau, qui transcende les égoïsmes nationaux et permetteà l'homme d'organiser rationnellement l'espace, de tellesorte que chacun puisse y vivre libre et heureux dans lafraternité avec son prochain, quel qu'il soit.
Il est à craindre que l'autre terme de l'alternative nesoit, en définitive, la barbarie, car l'équilibre de la terreuret l'accentuation des inégalités peuvent mener aux affron¬tements ultimes qui ne laisseraient que ruine et désola¬tion : destruction de tout ce que le génie de l'homme acontribué à créer depuis tant de millénaires.
La menace n'est pas moindre même la paix assuréesi l'on ne sait user avec sagesse du pouvoir que donne
la science. La puissance de calcul et d'investigation del'homme est aujourd'hui multipliée au point qu'il peut sepencher sur l'étude de l'infiniment petit comme de l'infi-niment grand. Qu'il pénètre dans les mystères de latransmission génétique, ou qu'il se dégage de l'attractionterrestre pour explorer l'espace cosmique, qu'il pro¬gresse dans l'étude du microcosme grâce au partage dece qui, hier encore, paraissait indivisible, ou qu'il se lance idans la conquête du macrocosme, l'homme semble bien I 19

, être au seuil d'une nouvelle époque, comme si deuxsiècles de progrès de la science confluaient aujourd'huipour l'arracher à toutes les servitudes de sa condition.
Si la science était détournée de son but le plus noblepour être mise au service du mal, elle risquerait demettre en danger, elle aussi, l'existence même de l'espècehumaine, de la plonger en tout cas dans de nouvellesformes de servitude, pires peut-être que toutes cellesqu'elle a connues au cours de l'histoire.
Certes, des chercheurs, des savants de nombreuxpays poursuivent, dans la solitude de leur conscience,une réflexion sur les raisons mêmes de leurs travaux, sur
les finalités de la science. L'Unesco ne peut être absentede ce débat, pas plus qu'elle ne peut se désintéresserde tout ce qui touche au progrès et au devenir del'humanité.
Sa responsabilité est d'autant plus grande que nuln'est mieux placé qu'elle pour mobiliser les ressourcesintellectuelles que requièrent aussi bien la réflexion quel'action. L'ambition de son nouveau Directeur généralest de susciter un vaste courant pour que les savantsde toutes origines? et de toutes disciplines participentà un effort commun et global de pensée sur les problè¬mes du devenir de nos civilisations.
Depuis sa création, en 1946, l'Unesco a parcouru unlong et difficile chemin ; elle a affronté d'innombrablesproblèmes, traversé plusieurs crises politiques mondialesavec leurs tensions et leurs affrontements. Aujourd'hui,il appartient à ses Etats membres, à tous ses Etats mem¬bres, de faire effort sur eux-mêmes pour comprendrequ'elle ne peut remplir sa mission que dans la sérénitéet dans le dialogue franc et patient.
L'évolution, d'une rapidité sans précédent, qui caracté¬rise l'histoire du monde contemporain oblige constam¬ment l'Organisation à repenser les objectifs qu'elle s'as¬signe et ses méthodes d'action pour répondre aux exi¬gences de situations nouvelles. Dans de nombreuxdomaines, cet effort soutenu de renouvellement etd'adaptation a permis d'approfondir et d'amplifier uneaction qui, par son universalité, demeure irremplaçabledans le monde moderne.
Admirée par certains, critiquée par d'autres, méconnueparfois, l'Unesco tire sa raison d'être de la participationdes 135 Etats membres qui la constituent et qui témoi¬gnent de la confiance et de l'espoir que l'humanité placeen son action. C'est dire aussi quelle lourde responsa¬bilité s'attache à tout ce qui touche à la conception et àl'exécution du programme, exigeant un effort persévérantd'autocritique, d'évaluation des résultats obtenus etd'imagination ouverte sur l'avenir...
L'action éthique, la promotion du savoir, avec tous leséchanges qu'elle implique, et l'aide au développement nesauraient être considérées de façon séparée sous peined'amputer l'Organisation de l'une de ses raisons d'être.
Si les objectifs éthiques traduisent la fidélité de l'Orga¬nisation à l'une de ses vocations premières, qui est dedéfinir des normes universelles s'imposant à tous parceque librement acceptées, la promotion et la diffusion dusavoir constituent la source première du progrès.
Mais le destin de l'homme est aussi inséparable dudéveloppement de la société, de toutes les sociétés ; etil n'y a pas de société qui ne se trouve de quelquemanière confrontée, dans le monde actuel, aux problè¬mes du développement. Sans doute faudrait-il accorderune attention particulière aux plus démunis.
Que des centaines de millions d'êtres humains conti¬nuent d'être avilis par la maladie, l'analphabétisme, lafaim, et privés ainsi de l'essentiel de leur dignitéd'homme, a quelque chose de choquant et d'injustequand on sait l'énorme gaspillage qui caractérise cer¬taines sociétés.
Pour ne pas faillir à sa mission, l'Unesco se doitd'accentuer et de rendre plus efficace son action enfaveur de tous les déshérités. A cette fin, nous devonsentreprendre résolument la modernisation des méthodesde programmation et d'exécution de toutes nos activités...
Chaque période de l'histoire a ses tendances pro¬fondes, ses lignes de force qui lui donnent sa signifi
cation et marquent son originalité. Aujourd'hui plus quejamais, il importe qu'une organisation comme l'Unescone se contente pas de rester en quelque sorte à laremorque des événements, mais prenne résolument laplace qui lui revient à l'avant-garde du double mouve¬ment d'émancipation et d'unification des peuples qui estla caractéristique dominante de notre temps...
S'il est un appel que je souhaite adresser aux Etatset, à travers eux, à tous les hommes de tous les pays,c'est qu'ils redoublent d'efforts afin de resserrer encoreautour de l'Unesco, dans un élan de solidarité univer¬selle, les rangs de ceux pour qui le bien-être et lebonheur d'autrui ne sont pas de vains mots. L'Unesco,ce rassemblement des esprits, cette association frater¬nelle des peuples, doit demeurer, dans un monde désor¬mais doté pour le meilleur comme pour le pire demoyens techniques gigantesques, le recours ultime de lapaix et de la compréhension entre les hommes...
Il s'agit en effet d'éveiller chaque jour davantage lesens de la justice et de la vérité, de lutter contre toutce qui opprime l'être et la pensée misère, ignorance,inégalités et sujétions de toutes sortes , de délivrerl'homme des forces parfois écrasantes de l'exploitation,de l'aliénation, de la mécanisation qui tendent à le ravalerau rang d'objet.
Si le but semble parfois si lointain et notre quête siardue, c'est que son véritable aboutissement ne seraitrien de moins qu'une révolution éthique, capable d'assu¬rer à l'homme à tous les hommes le plein épanouis¬sement de leur être. Or je demeure convaincu etcette conviction sera la raison d'être de mon action au
service de l'Organisation dans les années à venir etune source intarissable d'espoir et d'énergie que lahaine et l'incompréhension peuvent être surmontées dansl'unité que forge l'accomplissement d'idéaux librementacceptés en commun, qu'un jour l'homme parviendraenfin, comme il est dit dans les Veda, « à triompher dela haine par l'amour, et du mensonge par la vérité »...
Dossier Unesco 1975-1976
JEUNESSE
H Mobilisation des jeunes, particulièrementdes étudiants, pour participer à des campagnesnationales d'alphabétisation.
H Comment les jeunes peuvent-ils aider à améliorerou à maintenir la qualité de l'environnement?(Thème d'une étude).
Enquête internationale sur les services culturelsmis à la disposition des jeunes dans différents pays.
Réunion de jeunes scientifiques de différents paysen voie de développement sur la formation des étudiantset l'orientation de leurs études dans l'enseignementsupérieur des sciences.
Étude par des jeunes, dans des pays en voiede développement, sur le rôle du cinémadans la vie culturelle de la jeunesse.
Enquête sur l'attitude des jeunes et leursrevendications au sujet des lois fixant leurs droitset responsabilités (droit de vote, majorité civileet pénale, âge minimum pour le mariage, etc.).
Enquête internationale sur les aspirations dela jeunesse d'aujourd'hui en Asie, en vue de savoircomment les jeunes peuvent contribuer à concilierles valeurs traditionnelles avec la vie moderne.
Programmes de participation des jeunes à des travauxde conservation et de mise en valeur du patrimoineculturel (monuments et sites).
Pour la première fois, réunion d'une conférenceinternationale de ministres et de spécialistes sur le rôlede l'éducation physique et des sportsdans la formation de la jeunesse.

Nouvel appelà la tolérance et
à la compréhensionNOUS ne vivons pas dans
un monde idéal, et il seraitvain de vouloir l'idéaliser. Quele monde soit souvent ballotté
par des conflits politiques, écono¬miques, sociaux, c'est la réalité.Mais cette réalité nous imposesans nier aucune des contradic¬
tions de notre époque et sansrenoncer à faire de la vérité et
de la justice la base de notreaction de chercher à dépasserles tensions et les conflits si nous
voulons réellement agir en confor¬mité .avec les principes de notreActe constitutif...
Permettez-moi donc une fois de
plus de lancer un appel pressantà la tolérance et à la compréhen¬sion. A l'avenir, nous devrions
essayer, même si cela paraît deprime abord impossible, de cher¬cher par les voies d'un dialoguepatient le consensus qui devraitêtre la règle d'or dans une insti¬tution comme celle-ci. Certes, unetelle règle suppose un effort long,patient, discret et des concessionsréciproques. C'est ainsi quepourra être renforcée l'autoritémorale de notre Organisation.
Puisque le Directeur général quevous venez d'élire est le garantavec vous tous de cette autorité
morale, j'ai la ferme intention, sivous m'y autorisez, de sortir dé¬sormais, et chaque fois que celasera nécessaire d'une réserve
trop facile pour m'employer àrapprocher les points de vue afinde parvenir à l'accord le plusgénéral.
Une première constatation mesemble devoir s'imposer d'em¬blée : c'est l'importance que laConférence générale, dans sonensemble, attache à l'action éthi¬
que de l'Unesco et, en particulier,à ses efforts pour contribuer,dans les domaines de sa compé¬tence, à l'application effective desdroits de l'homme, au maintiende la paix et au développementde la compréhension entre lespeuples.
L'action de l'Unesco tn faveur
de_ la paix doit être double puis¬qu'elle doit viser d'une part àlutter contre toutes les formesd'oppression et de discrimination,qui mettent en danger la paix et la
sécurité internationales et portentatteinte à la dignité de l'homme,et, d'autre part, à favoriser tousles facteurs de progrès, de liberté,de justice et de respect mutuelentre les nations. La justice estintimement liée aux notions de
progrès social et l'équité devraitrégler les rapports entre les indi¬vidus comme entre les peuples.
Attentive à ces exigences pri¬mordiales, l'Organisation s'efforce¬ra, dans les deux années à venir,de faire en sorte que les ressour¬ces conjuguées de la recherche,de l'enseignement et de l'infor¬mation contribuent toujours plusefficacement à promouvoir le droità l'éducation, à la science et à laculture. Institution garante, au seindu système des Nations Unies,des plus hautes valeurs intellec¬tuelles et spirituelles, l'Unescoveillera aussi à ce que cette actionénergique et tenace s'étende, par-delà ses domaines de compétencepropres, aux droits de l'homme etaux libertés fondamentales dansleur ensemble...
Le souci de lutter contre les iné¬
galités qui empêchent l'accès àl'instruction et aux études de caté¬
gories entières d'individus a d'ail¬leurs présidé à la conceptionmême de bien des activités dans
le domaine de l'éducation. Si l'Or¬
ganisation ne peut contribuerqu'indirectement à l'aplanissementdes barrières sociales que beau¬coup d'entre vous ont dénoncées
comme une cause majeure d'iné¬galité en matière d'éducation, elleaborde de front avec son pro¬gramme pour l'égalité d'accès àl'éducation, la lutte contre des for¬mes précises de discriminationdont sont victimes les femmes etles jeunes filles (soit la moitié del'humanité), les travailleurs mi¬grants et leurs familles, les réfu¬giés et les peuples qui luttentpour leur indépendance.
D'autre part, on peut rattacheraussi aux activités visant à élimi¬
ner les obstacles ou les situations
qui s'opposent à l'égalité d'accèsde tous à l'éducation, les program¬mes d'éducation pour le dévelop¬pement rural, les programmesd'alphabétisation et les program- ^mes d'éducation des adultes, dontr
1975
ANNÉEINTERNATIONALE
DE LA FEMME
Proclamée Année internationale
de la femme par l'Assemblée généraledes Nations Unies, 1975 marqueraun tournant dans la lutte contre
les discriminations dont les femmes
sont victimes. Trois thèmes ont été
retenus par les Nations Uniespour cette manifestation :
promotion de l'égalitéentre l'homme et la femme;
intégration des femmesau développement;
renforcement de la paixdans le monde.
L'Unesco s'associera à cette action
par de nombreuses activitésdont les principales seront :
Éducation
Réunion internationale en 1976
(en collaboration avec l'Organisationinternationale du travail) surl'orientation pédagogique etprofessionnelle et les possibilitésd'emplois des femmes. Cette réuniona pour objectif d'étudier les moyensdestinés à faciliter l'intégrationdes femmes dans le développementéconomique, social et culturelet à intensifier l'effort vers l'égalitédes chances d'accès à l'éducation.
D Étude sur les mères qui travaillentet sur les solutions apportéespar divers pays au problèmede l'éducation de leurs enfants
d'âge préscolaire.
Réunion de femmes qui occupentdes postes de responsabilitédans les États membres de l'Unescosur le thème « Échange et coopérationentre femmes de différents pays ».
B Enquête sur les initiatives récentesprises par les gouvernementsà travers le monde pour la promotionde la femme dans des domaines tels
que : enseignement, emploi, protectionsociale, planification familiale,statut juridique, etc.
H Lancement de deux grandsprogrammes d'enseignement techniquepour les femmes des régions ruralesen République Centrafricaineet en Mauritanie.
B Recherche de la participationdes femmes à tous les programmesd'alphabétisation.
Sciences sociales
B Recherches sur l'évolution du rôle
de l'homme et de la femme dans
la famille et dans la communauté.
B Étude sur l'image de la femmedans les manuels scolaires.
B Étude sur le thème : comment
les femmes peuvent contribuerà la promotion de la paix.
Information
B Étude de l'efficacité des grandsmoyens de diffusion (radio,télévision, etc.) pour l'éducationdes femmes en Amérique latine.

EDUCATION
Innovations éducatives
B Création, dans le cadre du Bureauinternational d'éducation
de l'Unesco, d'un service de collecteet de diffusion d'informations
sur les innovations pédagogiques.L'Unesco tient désormais à joursur ordinateur un répertoire del'avancement des études. Dès la fin
de 1976, le Bureau international
d'éducation fera fonction de banqued'informations pédagogiquesà l'échelle mondiale.
B Réalisation d'une étude critiquecomparative des théoriespédagogiques du 20e siècle.
fl Études sur l'utilisation destechniques modernes dansl'éducation des populations nomadeset des enfants des travailleurs
migrants ainsi que sur les meilleurestechniques mises au service del'éducation des handicapés physiques.
B Conférence internationale à Genève,
en septembre 1975, pour examinerl'évolution du rôle des maîtres
et les changements que cela impliquedans la formation professionnelledes enseignants.
Impulsion nouvelle à la lutte
contre l'analphabétisme
B Création d'équipes mobiles pourla formation de cadres
d'alphabétisation en Afrique et en Asie.
B Renforcement de l'action des
Centres régionaux d'alphabétisationen milieu rural, en Amérique latineet dans les États arabes.
Contre
la discrimination scolaire
B Enquête mondiale de l'Unescosur de nouveaux moyens de luttercontre la discrimination et d'assurer
l'égalité des chances et de traitementdans l'enseignement.
B Grande enquête sur les obstaclesà la réalisation du droit de tous
à l'éducation.
Développement
de l'éducation
Importantes initiativesde concertation internationale :
B Conférence des ministresde l'Éducation des États membres
d'Afrique en 1976 sur le développementet la rénovation de l'éducation,
au plan national et régional.
B Sur le même thème, réunion,en 1976, de représentants des Étatsd'Amérique latine et des Caraïbes.
B Préparation de la 4e Conférencedes ministres de l'Éducationdes États arabes.
B Séminaire sur le développementde l'éducation non scolaire en Afrique.
B Réunion des représentantsdes ministères de l'Éducation des 25
pays les moins développés pour étudierde nouveaux moyens d'y faireprogresser l'éducation.
la Conférence a également tenu àsouligner le caractère prioritaire.
Les graves disparités économi¬ques et sociales qui existent dansbeaucoup de pays entre zonesurbaines et zones rurales se tra¬
duisent en effet, pour les millionsd'enfants et de jeunes qui viventdans ces dernières, par une véri¬table discrimination de fait en ma¬
tière d'éducation. Il importe dedonner le plus d'ampleur possible,dans les exercices futurs, à notreaction en faveur de l'éducation
pour le développement rural.
Par son ampleur et ses réper¬cussions profondément négativessur le développement de l'individuet des sociétés, l'analphabétismedemeure un des grands maux du20e siècle et sa persistance sonextension même si on le mesure
en chiffres absolus en font un
des défis les plus ardus parmiceux que la communauté interna¬tionale a le devoir de relever sous
peine d'hypothéquer gravementl'avenir de l'humanité. Si l'action
de l'Unesco n'a peut-être pasencore eu à cet égard toute l'effi¬cacité souhaitable, c'est avant toutparce qu'il s'agit d'un domaine oùla volonté nationale reste le fac¬
teur primordial, les gouvernementsétant seuls capables de provoquercette mobilisation globale desmoyens de la société, faute de la¬quelle les campagnes d'alphabéti¬sation sont vouées à l'échec.
L'éducation des adultes est,
elle aussi, un puissant facteur dedémocratisation de l'éducation, et
l'un des principaux maillons del'éducation permanente. C'est àce double titre que la Conférencegénérale a demandé que soientpoursuivies et intensifiées, dansle sens des recommandations de
la Troisième Conférence interna¬
tionale sur l'éducation des adultes
de Tokyo, les activités visant àcorriger le déséquilibre que l'onobserve, dans beaucoup de sys¬tèmes d'enseignement, au détri¬ment de cette forme d'éducation,qui a ses objectifs, ses contenuset ses méthodes propres.
La notion d'éducation perma¬nente est devenue en quelquesannées une des idées maî¬
tresses du programme de l'Orga¬nisation... Je pense que la notiond'éducation permanente pourraéchapper à la fois aux définitionstrop restrictives qu'étaient tentésd'en donner certains et risqueopposé, mais non moindre àl'imprécision qui prive trop sou¬vent les concepts généraux decontenu réel, pour apparaître danstoute son ampleur et sa réalitévivante.
La partie du programme del'Organisation relative à la scienceet la technologie s'est renforcéeau cours des dernières années,
mais il n'est pas certain qu'elleait encore toute l'envergure sou¬haitable...
En matière de diffusion des con¬
naissances scientifiques, je mefélicite de l'appui donné au pro
gramme UNISIST car l'échanged'informations dans le domaine
des sciences et de la technologieest fondamental pour le progrèstant des pays industrialisés quedes pays en voie de développe¬ment. Mais encore faut-il queceux-ci puissent mettre ces con¬naissances à profit en fonction deleurs propres choix. C'est danscet esprit que nous allons conti¬nuer à aider les Etats membres
qui le désirent à élaborer despolitiques scientifiques et techno¬logiques conformes aux besoinsde leur développement.
En ce qui concerne les ressour¬ces humaines dans les domaines
scientifiques et techniques, vousavez adopté une recommandationconcernant la condition des cher¬
cheurs scientifiques, dont l'appli¬cation devrait porter ses fruits.Nous nous efforcerons en outrede faciliter les contacts entrechercheurs et entre instituts derecherche, notamment dans le ca¬dre des régions.
D'autre part, j'ai noté avec sa¬tisfaction l'importance attachéeaux programmes de formation enscience et en technologie, à tousles niveaux. La formation de
scientifiques, d'ingénieurs et detechniciens continue à être unproblème crucial pour la plupartdes pays en voie de développe¬ment. C'est pou.-quoi nous devonsintensifier aussi nos efforts dans
ce domaine, notamment en ce quiconcerne ses aspects qualitatifs.
Nos programmes de formationpostuniversitaire ont une fonctionimportante et satisfont des be¬soins réels. Nous essaierons de
renforcer cette partie de notreprogramme, notamment dans les
pays en voie de développement,et je remercie les Etats qui ontbien voulu prêter le concours deleurs institutions pour l'organisa¬tion de cours postuniversitaires.
Je voudrais dire quelques motsdes « transferts de technologie »,expression à laquelle je préfére¬rais celle d.' ' élaboration de tech¬nologies appropriées ». Certainspays sont tombés en effet dans
ce que l'on pourrait appeler des« pièges technologiques ». Enprocédant par imitation, ils ontadopté des techniques qui deman¬dent beaucoup de capitaux, dematériel coûteux et de spécialis¬tes étrangers sans être réelle¬ment adaptées à leurs besoins.
Il serait cependant absurde derejeter toute innovation venant de
l'extérieur ou même de ne pasrecourir à des technologies depointe chaque fois que les condi¬tions nécessaires sont pleinementremplies. Je pense que l'un desrôles de l'Unesco devrait être jus¬tement d'aider les Etats membres
qui le désirent à trouver un justechemin, notamment en facilitant
les échanges d'idées, d'informa¬tions et d'expériences, et en con¬tribuant à l'exécution de projetspilotes susceptibles d'extensions.
S'il est vrai que beaucoup depays qui cherchent à promouvoir

leur développement ne possèdentpas le savoir scientifique et tech¬nologique nécessaire, il n'est pasmoins vrai qu'à l'échelle mondialeil existe et le savoir et les res¬
sources permettant de porter re¬mède à la faim, à la maladie, à lamisère et aux injustices. Ce quimanque, c'est une éthique quipuisse offrir une alternative à l'ap¬plication égoïste ou sauvage etmenaçante de la science et de latechnologie, une éthique humani¬taire et humanisante qui puisseguider la pensée et la volonté deshommes et des femmes pour lesorienter vers des objectifs plusfraternels et plus universels.
En ce qui concerne les sciencessociales, les sciences humaines et
la culture, si certaines parties duprogramme en ont été approuvéesà l'unanimité, d'autres ont donnélieu à des opinions parfois trèsdivergentes. Ceci notamment, lors¬que les différences idéologiquesmettaient en lumière des interpré¬tations différentes de faits écono¬
miques ou socioculturels pourl'analyse objective desquels lessciences sociales ne disposentpas encore des instruments scien¬tifiques permettant d'arriver à unconsensus universel.
Nous devons donc nous effor¬
cer de porter remède à nos insuf¬fisances ou à celles des instru¬
ments dont nous disposons. Danscette perspective, toute action se¬ra justifiée et bénéfique qui per¬mettra à l'ensemble des discipli¬nes relevant des sciences sociales
de contribuer à l'élaboration d'ins¬
truments universellement recon¬
nus et d'application objective in¬discutable. Encore faudra-t-il que,parallèlement à l'amélioration des
instruments, soit poursuivie cellede leur utilisation. Je le dis en
pensant tant aux pays dévelop¬pés, dont les spécialistes seronttoujours tributaires du perfection¬nement pour ne pas dire du per¬fectionnisme, qu'aux pays sous-développés, où l'accent devra êtremis en priorité sur la formationinitiale par les moyens que pré¬voit d'ailleurs l'une des résolu¬
tions adoptées par la Conférencegénérale.
Mais, par-delà ces activités spé¬cifiques, les sciences sociales ontsingulièrement élargi le rôle qu'el¬les jouent ou devront jouer dansl'ensemble du programme del'Unesco. Il a été justement souli¬gné à ce sujet qu'elles se situentau carrefour de nombreuses acti¬
vités ; ainsi en est-il des problè¬mes de la paix, du développementou de l'établissement d'un nouvel
ordre international pour ne citerque ces exemples. Les sciencessociales devraient être la penséequi précède l'action, puis l'enrichit.
Des remarques du même ordrepourraient être faites au sujet dela culture. Nous assistons à uneprise de conscience croissante dela dimension culturelle dans le dé¬veloppement. Cela ne va d'ailleurspas sans périls, comme je l'ai dit vè propos des relations entre cul- r
Éducation permanente
B Colloque international sur laparticipation de groupes, hors ducorps enseignant, à la mise au point deprogrammes d'éducation permanente.
B Comment étudiants et professeursdes écoles d'art peuvent-ils aiderle public, dans le cadre de l'éducationpermanente, à mieux comprendrel'art? Une expérience sur ce thèmesera entreprise dans une ville.
B Études sur les effets desprogrammes de TV et de radiodestinés aux enfants d'âge préscolaire,ainsi que les effets des programmespour adultes sur ces mêmes enfants.
B Études sur les possibilités de créerdes programmes spéciaux (TV, radio,etc.) destinés aux populations rurales,aux migrants, aux personnes âgées.
Équivalence des diplômes
B Mise en place de mécanismesrégionaux pour « l'équivalence »des diplômes de l'enseignementsupérieur. Après l'adoption, en 1974,d'une convention pour l'Amériquelatine (la première du genre dans
le monde), l'Unesco prépareune convention interrégionale pourles pays riverains de la Méditerranée.
Contre la drogue
B Étude des mesures prises pardifférents pays pour lutter contrel'abus des drogues (Conférenceinternationale).
fl Première conférence régionale,en Amérique latine en 1975, pourorganiser des échanges internationauxréguliers d'informations et dedocumentation sur la lutte contre
la drogue, et pour organiserla production en commun de matérieléducatif de prévention.
Problèmes des migrants
B Grande enquête internationalesur les difficultés éprouvées parles travailleurs migrants pourl'éducation de leurs enfants. Réunions
internationales sur des problèmestels que : enseignement à ces enfantsde leur langue maternelle, de la culturede leur pays d'origine, et préparationdes migrants à leur réinsertionprofessionnelle dans leur pays d'origine.
CULTURE
Histoire générale
de l'Afrique
fl Publication en 1 975 des deux premiersvolumes de « L'Histoire générale del'Afrique », intitulés « Introduction etpréhistoire africaine » et « L'Afriqueancienne ». Deux autres volumes seront
publiés en 1976 : « L'Afrique du 12e au14° siècle » et « L'Afrique sous ladomination étrangère, 1880-1935 ».
Cultures africaines
fl Participation de l'Unesco à un grandprogramme décennal de recherchessur la tradition orale en Afrique, et depromotion des langues africaines(transcription de langues non écrites,publications d'ouvrages culturels etde manuels scolaires, etc.).
fl Études sur le rôle des arts dans lescultures africaines et leur influence
en dehors de l'Afrique. Un colloquesur ce thème se tiendra en 1975 à
Lagos (Nigeria) dans le cadre duFestival mondial des arts négro-africains.
Cultures d'Asie
et d'Océanie
Recherches sur la culture de laMalaisie (arts, architecture, musique,langues et traditions orales, etc.).
Étude des apports des cultures del'Asie du Sud-Est à l'ensemble des
cultures de l'Asie.
fl Études des problèmes d'identitéculturelle des populations autochtonesde l'Océanie (traditions orales, danse,musique).
B Établissement d'une coopérationinternationale entre l'Inde, le Pakistan,
divers pays d'Asie centrale et l'Irak,pour la recherche archéologique dansla vallée de l'Indus (Pakistan), l'undes sites les plus anciens de lacivilisation humaine.
Coopération internationale pour lapréservation et la restauration desmonuments et des ensembles
architecturaux de la vallée de
Katmandou (Népal). Voir numérospécial du « Courrier de l'Unesco »,décembre 1974.
Préparation d'une Recommandationinternationale sur les garanties pourtous d'accéder démocratiquement etde participer activement à la vieculturelle de la société.
Cultures
de l'Amérique latine
Publication de deux ouvrages« L'Amérique latine dans sa musique »et « L'Amérique latine dans ses idées »,dans la grande série d'étudesentreprise par l'Unesco sur le thème« L'Amérique latine dans sa culture ».Préparation de deux albums consacrésà la musique et aux arts plastiques.
fl Études sur les apports culturelsdes divers courants d'immigrationen Amérique latine.
B Recherches sur les cultures
autochtones de l'Amérique latine etpublication d'un ouvrage sur ce sujetdans la série « L'Amérique latine danssa culture ».
Études arctiques
B Programme de coopération entrespécialistes de divers pays et régionspour des études interdisciplinaires(linguistique, arts et métierspopulaires, musique, etc.) de la culturedes populations des régions arctiques.

Cultures européennes
fl Études et recherches sur le sud-esteuropéen (archéologie, histoire desidées, histoire économique et sociale,art postbyzantin, archives ottomanes,etc.), et sur les cultures slaves.
Développement culturel
Préparation d'une Recommandationinternationale sur l'échange d'objetsd'art et de spécimens originaux dupatrimoine culturel entre musées et
institutions de différents pays.
Création d'un « Fonds international
pour la promotion de la culture »et aide à la mise en place d'organismesnationaux pour le soutien de l'actionculturelle et de la création artistique.
Atelier expérimental pour desrecherches et des réalisations
cinématographiques et pour desséminaires sur le cinéma, par exemplepour l'utilisation des films de formatréduit (type super 8 mm) dans lespays à faibles ressources.
Colloque international sur la placede l'art dans la société moderne, sonévolution, sa fonction, avec la
participation d'artistes, desociologues, d'historiens d'art, etc.
fl L'Unesco entreprendra toute unesérie d'études et d'actions dans le
cadre du Programme des NationsUnies pour un nouvel ordreéconomique international, parexemple sur le développement del'identité culturelle des peuples, surle développement d'une infrastructurescientifique et technologiquedans le Tiers Monde, etc.
Patrimoine culturel
Campagnes internationales desauvegarde des quartiers, villes etsites historiques (Alger, Fès, Ispahan,Ouro-Preto, Kyoto, etc.).
Étude des risques d'effets néfastesdu tourisme sur la préservation desvaleurs culturelles traditionnelles.
Les villes du 20e siècle se
modernisent souvent en détruisant
les vestiges du passé. L'Unescoentreprendra une étude sur ceproblème et les dangers qu'ilreprésente pour le « sens du passé »chez le citoyen.
fl Études régionales en Afrique et enAsie du Sud-Est pour l'adaptation desmusées aux besoins de la vie moderne.
fl Études sur le problème de ladestruction de films et sur la possibilitéd'établir un système internationalpour la sauvegarde et la conservationdes trésors du cinéma dans le monde.
Voir « Courrier de l'Unesco »,
septembre 1974.
Politiques culturelles
Conférence intergouvernementalesur les politiques culturellesen Afrique, en 1975.
Préparation d'une Conférenceintergouvernementale sur les politiquesculturelles en Amérique latine et dansles Caraïbes, en 1977.
tures, parfois fragiles, et techno¬logies, importées souvent defaçon brutale. Le seul moyen peut-être de transformer en vigueurcette fragilité est d'élaborer despolitiques culturelles en harmonieavec les politiques éducatives etscientifiques. Remarquons en pas¬sant qu'en procédant à l'intégra¬tion de ces trois composantes,chacune d'elles se fortifiera des
apports et du soutien des autres.
Je n'entrerai pas dans l'examendétaillé des nombreuses activités
que vous avez approuvées, qu'el¬les aient trait à la préservation età la mise en valeur des patrimoi¬nes nationaux, à la restitution des
biens culturels à leur pays d'ori¬gine, à la préservation des quar¬tiers, villes et sites historiquessitués dans un milieu dont le mo¬
dernisme est souvent agressif,ou bien encore à l'homme dansson environnement en relation
avec le programme consacré àl'homme et la biosphère. Mais lefait que je mentionne trop rapide¬ment ces activités ne met nulle¬
ment en cause leur importancequalitative et l'intérêt que je leurporterai.
Je me réjouis des nombreusesinterventions qu'a suscitées, ausein de la Conférence générale,l'examen de la partie du Program¬me relative à la libre circulation
de l'information indispensable tantau renforcement de la compré¬hension internationale, qu'au dé¬veloppement scientifique et tech¬nologique. Cependant, dans cedomaine comme dans nombre
d'autres, un certain laxisme dulangage peut être nuisible. L'in¬formation peut être perçue diffé¬remment par celui qui la diffuseet celui qui la reçoit. L'un la voitcomme un service rendu tandis
qu'elle est ou peut être ressentiepar l'autre comme une intrusiondans son environnement ou son
être intérieur. La liberté peut de¬venir prétexte et se pervertir enpression. Ainsi se pose le problè¬me du contenu de l'information.
Vous avez donc eu raison de
souligner que la libre circulationde l'information, à laquelle l'Acteconstitutif de l'Unesco fait une jus¬te place, doit être à double sens,conçue comme un échange si l'onveut, dans ce domaine aussi, évi¬ter le partage du monde entreproducteurs et consommateurspassifs. A cet égard, l'adoptiond'un code de déontologie de laprofession de journaliste, que cer¬tains ont proposée, pourrait êtrela contrepartie d'une liberté de lapresse mal définie. Beaucoupd'autres problèmes s'y mêlentinextricablement, ne serait-ce, etce n'est qu'un exemple, que lapénurie du papier d'impression etle contrôle de sa production audétriment de certains pays, no¬tamment les moins développés,comme c'est aujourd'hui le cas.
La coopération intellectuelle,qui a été à l'origine même del'Unesco puisque celle-ci fut en
quelque sorte l'héritière de l'Insti¬tut de coopération intellectuellede la Société des Nations, de¬meure une de ses principales rai¬sons d'être, même si l'évolution
du monde a progressivement ame¬né l'Organisation à étendre sonaction à de nouveaux domaines.
C'est que la coopération intellec¬tuelle est véritablement la source,la condition première, de touteactivité internationale pour le pro¬grès. Sans ce vaste rassemble¬ment des esprits, le savoir humainn'atteindrait pas à cette universa¬lité qui, tout en lui donnant sa di¬mension véritable et en l'enrichis¬
sant, permet de le mettre au servicede la communauté mondiale.
Pour mesurer tout le prix de lacommunication du savoir, il suffitde penser au déni de justice quereprésente, dans le domainescientifique par exemple, la mo¬nopolisation des connaissancesau profit du petit nombre, auxmenaces qu'elle peut faire pesersur la paix et la sécurité interna¬tionale, aux barrières qu'elle op¬pose au progrès.
Le bilan de l'action passée del'Unesco en matière de coopéra¬tion intellectuelle est très positifet connu. Cette activité fondamen¬
tale, je m'efforcerai de l'élargirencore en l'orientant quand il lefaudra dans des voies nouvelles.
J'estime, par exemple, quel'Unesco, dont la vocation est
d'être un des foyers de la penséeuniverselle, devrait faire plus fré¬quemment appel aux grands nomsde la communauté intellectuelle
mondiale philosophes, histo¬riens, hommes de lettres et de
sciences, spécialistes et cher¬cheurs de toutes les disciplineset de toutes les écoles, artisteset créateurs de formes pourles inviter à réfléchir en commun
à certains grands problèmes denotre époque. Je me propose deconstituer prochainement un grou¬pe de travail de ce genre, dontles membres pourraient donnerd'utiles avis sur certains aspectsdu rôle de l'Unesco dans les an¬nées à venir.
Il faudrait, en encourageant ledéveloppement de la recherchefondamentale et de la recherche
appliquée à l'échelon nationaldans les différents domaines dela connaissance, stimuler aussi lacoopération internationale entreles grandes institutions de recher¬che. Je pense en effet que nousdevons associer étroitement les
institutions les plus prestigieusesdu monde à l'exécution du pro¬gramme, dans le cadre d'une mo¬bilisation de la communauté scien¬
tifique mondiale au service del'humanité et notamment des paysen voie de développement.
Je voudrais souligner ¡ci le rôlecapital qu'il appartient aux com¬missions nationales de l'Unesco
de jouer, en suscitant et en ani¬mant la coopération intellectuelleentre les différentes institutionsnationales.

De même, je pense que la ten¬dance, qui se dessine depuisquelques années, à confier cer¬taines activités du programmeétudes ou recherches à des
organisations non gouvernemen¬tales, mérite d'être encouragée,car elle a souvent donné d'excel¬
lents résultats.
La collaboration entre universi¬
tés, que nous favorisons notam¬ment par l'intermédiaire de l'As¬sociation internationale des uni¬
versités, est bien entendu une desformes essentielles de la coopé¬ration intellectuelle. Nous atten¬
dons beaucoup, sur ce plan, despremières activités du Centreeuropéen pour l'enseignement su¬périeur créé à Bucarest, ainsi quede la création prochaine de cen¬tres similaires en Amérique latineet dans les pays arabes. D'autrepart, l'établissement d'accordsentre Etats, dont la Convention deMexico sur la comparabilité desétudes et des diplômes de l'ensei¬gnement supérieur constitue lemodèle, devrait vivifier la coopé¬ration intellectuelle en favorisant
la mobilité des personnes et leséchanges d'idées...
C'est un grand espoir qu'éveilleen moi l'entrée en activité immi¬
nente de l'Université des Nations
Unies. Conçue comme une « com¬munauté internationale de savants
vouée à la recherche, à la forma¬tion postuniversitaire et à la dif¬fusion du savoir », l'Universitédes Nations Unies aura pour fonc¬tion d'étudier dans une perspec¬tive interdisciplinaire les problè¬mes pressants que posent lasurvie, le développement et lebien-être de l'humanité.
Mais, en même temps qu'elleoffrira des possibilités sans pré¬cédent d'élucider ces problèmespar l'action intellectuelle conju¬guée des institutions et des hom¬mes les plus éminents de la com¬munauté internationale, l'Universitédes Nations Unies contribuera
aussi à renforcer la solidarité de
cette communauté et à activer la
circulation des idées, notammenten s'efforçant comme le stipulesa charge « d'atténuer l'isole¬ment intellectuel des membres
des communautés universitaires
et scientifiques des pays en voiede développement ». Il est doncpermis d'espérer qu'elle sera, àce titre, plus qu'un symbole del'universalité de la pensée, plusqu'un foyer mondial de l'intelli¬gence : un puissant facteur derapprochement et de compréhen¬sion entre les peuples.
La coopération entre les institu¬tions spécialisées du système desNations Unies diffère évidemment,par sa nature, de celle qui peuts'établir entre toutes les autres
institutions dont je viens de par¬ler dans la mesure où elle n'est
pas simplement une source d'en¬richissement souhaitable de la
pensée et de l'action internatio¬nale, mais la condition sine quanon du bon fonctionnement du
système tout entier, voire de son ^existence même... r
SCIENCES
Progrès scientifique
Création d'un groupe consultatifd'éminents experts internationauxdes sciences naturelles et des sciences
sociales pour l'étude des incidenceshumaines du progrès scientifique.
Sources d'énergie
Action internationale pourrechercher une meilleure utilisation
des sources actuelles d'énergie etétude des possibilités futuresd'exploitation à grande échelle desources d'énergie provenant du soleil,du vent, de la marée, de la chaleur
de la terre, de l'atome.
Politique scientifique
Conférence des ministres des Étatsarabes chargés de l'application de lascience et de la technique audéveloppement.
Études des mesures à prendre pourréduire l'écart scientifique'ettechnologique entre pays industrialiséset pays en voie de développement.
Conférence internationale, en 1976,pour améliorer la formation desingénieurs et des techniciens dans lespays en voie de développement.
RÉSEAUX NATIONAUXET MONDIAUX
D'INFORMATION
D Réalisation de deux projetsimportants de l'Unesco : un réseaumondial d'information scientifique ettechnique (UNISIST), ainsi que d'unprogramme (NATIS) destiné à aiderles États membres à améliorer leurs
systèmes nationaux d'information et àtirer pleinement parti des réseauxmondiaux. Du fait de l'accumulation
gigantesque et croissante desinformations, études et documents
sur différents sujets à travers lemonde, les spécialistes qui en ontbesoin, dans les pays développéscomme dans les pays en voie dedéveloppement, ne peuvent désormaisavoir vraiment accès à l'ensemble de
ce trésor de connaissances que si lacollecte, le classement, les échanges,etc., des informations sont
rationalisés tant sur la plan nationalque sur le plan mondial. Deux secteursde l'Unesco (Sciences et Information)sont engagés dans cette entreprise.
ENVIRONNEMENT
Élargissement du programme del'Unesco « L'homme et la biosphère »(problèmes de l'environnement, del'utilisation rationnelle et de la
conservation des ressources
naturelles de la planète, etc.).
fl Études à l'échelle internationale etrégionale de l'impact des activitéshumaines sur l'écologie; évaluationdes conséquences écologiques del'emploi des pesticides et des engraischimiques, et de la consommationd'énergie dans les villes et les usines.
fl Recherches sur la pollution et seseffets dans la biosphère ainsi que surles répercussions à long terme desactivités humaines sur le climat et les
ressources naturelles.
Études pour la création de « réservesde biosphère », vastes réservesnaturelles pour la protection de lafaune et de la flore.
H Enquêtes internationales sur lamanière dont les enfants et les adultes
perçoivent la qualité de leurenvironnement.
Études sur l'architecturetraditionnelle dans différents paysd'Asie et sur les leçons qu'on peut entirer pour la construction moderne(voir page 4).
Contribution de l'Unesco à l'Écolepilote d'architecture et d'urbanismede Dakar (Sénégal).
Comment la qualité de la vie dansles villes est affectée par les facteursculturels et sociaux. Thème d'une série
d'études en 1975-1976.
fl Participation directe de l'Unescoaux préparatifs de la Conférencedes Nations Unies sur les établisse¬
ments humains, « Habitat », qui setiendra à Vancouver (Canada) en 1976.
INFORMATION.
LIVRES, PAPIER
Recherches sur la circulationinternationale des nouvelles et du
matériel d'information, ainsi que surles incidences sociales des grandsmoyens de communication (presse,radio, télévision, etc.).
Q Analyse du droit à la communication.
fl Promotion de la coopération régio¬nale pour appliquer la technologie spa¬tiale à l'éducation et au développement.
H Aide aux États membres de l'Unescopour la formulation de leurs politiquesnationales de communication; réunion
d'une première conférence régionaleintergouvernementale sur ce sujet.
B Priorité à des programmes d'aidepour le développement des moyens decommunication et pour la formationprofessionnelle (presse, radio, TV).
fl Encouragement à la créationd'agences de presse dans les pays envoie de développement et à lacoopération entre ces agences.
B Coopération croissante de l'Unescoavec des centres régionaux pour lapromotion du livre (Asie, Amériquelatine, Afrique, Etats arabes).
fl Lancement d'une action pourremédier aux graves conséquences dela crise mondiale du papier qui affecteen particulier les progrès del'éducation, de la science et de la
culture dans les pays du Tiers Monde(en coopération avec d'autresorganisations des Nations Unies).
CONTRE LE RACISME
B Préparation d'une Déclarationuniverselle de l'Unesco sur la race
et les préjugés raciaux.
fl Aide accrue aux réfugiéset autres peuples luttant pour selibérer de la domination coloniale
et de toutes les formes d'apartheid.
Enquête sur les obstaclesadministratifs qui empêchentdifférents groupes raciauxet ethniques de participerà la vie de la communauté.

, L'Assemblée générale des Na¬tions Unies doit examiner en 1975
le problème de la coordinationglobale des institutions du systè¬me des Nations Unies et de leurs
rôles respectifs, afin d'augmenterla capacité de ce système à satis¬faire le plus efficacement possi¬ble les besoins de la communauté
internationale.
L'Unesco, qui exécute depuisde longues années d'importantsprogrammes en collaboration inti¬me avec d'autres institutions et
organismes* prêtera son concoursactif à tout effort visant à mieux
harmoniser les actions parallèlesde ces institutions. J'ai personnel¬lement la ferme intention de cher¬
cher à accroître dès maintenant,
par tous les moyens, la coopéra¬tion de l'Unesco avec ses insti¬
tutions suurs...
Les problèmes de l'aide au dé¬veloppement, souvent identifiéeavec l'action opérationnelle del'Organisation, sont aussi en traind'acquérir des dimensions nou¬velles. Le débat concernant le
nouvel ordre économique inter¬national, amorcé lors de la sixiè¬me session extraordinaire de
l'Assemblée générale des NationsUnies, a déjà donné lieu à desdiscussions très intéressantes au
sein du Conseil économique etsocial et il fera l'objet de la ses¬sion extraordinaire de l'Assem¬
blée générale des Nations Uniesen septembre 1975, acquérantainsi une ampleur et une qualiténouvelles.
Il ne s'agit plus ni d'action opé¬rationnelle, ni d'aide au dévelop¬pement dans le sens traditionnelde ces termes, mais bien des pro¬blèmes qui touchent l'ensemblede l'humanité. C'est la raison pourlaquelle il conviendrait de parlerde coopération pour le dévelop¬pement plutôt que d'aide au déve¬loppement. En effet, la crise mon¬diale des sources d'énergie adémontré la vulnérabilité des paysdéveloppés et l'interdépendancedes pays considérés comme dé¬veloppés ou sous-développés.
Il est essentiel que l'Unesco,non seulement puisse participeraux débats ouverts dans le cadre
des Nations Unies ou ailleurs,mais aussi qu'elle puisse appor¬ter à ces débats la contribution
de sa riche expérience accumuléeau cours des trois décennies de
son existence.
La coopération pour le dévelop¬pement est un fait quotidien de lavie de l'Organisation et il ne sau¬rait être question d'arrêter lesopérations en cours sous le pré¬texte de la nécessité d'une ré¬
flexion devant mener à une réor¬
ganisation du programme. Ils'agira donc de deux activitésparallèles qu'il faudra mener de
(*) Notamment le Fonds des NationsUnies pour l'enfance, l'Organisationinternationale du travail, l'Organisationmondiale de la santé, le Programmedes Nations Unies pour le développe¬ment ainsi que le Programme alimen-
26 taire mondial.
front : d'une part, contribuer danstoute la mesure du possible à laconceptualisation de nouveauxobjectifs et des nouvelles moda¬lités de coopération pour le déve¬loppement et, d'autre part, mettreen luvre et exécuter avec le
maximum d'efficacité les projetset programmes en cours...
C'est un lieu commun de dire
que le développement est un pro¬cessus intégré, une entreprise àfacettes multiples où les effortsdoivent se porter sur plusieursfronts simultanément. Mais, de celieu commun ou de cette évidence,nous n'avons pas su ou voulu,dans le passé, tirer les conclu¬sions opérationnelles qui de¬vraient s'en dégager et considé¬rer que si le développement estun processus intégré, les pro¬grammes de coopération pour ledéveloppement devraient être éga¬lement des programmes intégrés,tant en ce qui concerne les do¬maines d'action que les sourcesde financement.
Pour ce qui est des domainesd'action, les programmes de déve¬loppement rural fournissent pro¬bablement le meilleur exemple,mais il y en a beaucoup d'autres.En effet, développement rural veutdire développement de l'éduca¬tion, de l'agriculture, des routes,de l'artisanat, des réseaux de dis¬
tribution, des systèmes d'alimen¬tation en eau, du système de cré¬dit, de la santé, etc. En fait, y a-t-ildes domaines de l'action humaine
dont le développement rural puis¬se se passer ?
Il en va de même- pour le finan¬cement. En effet, chacun desorganismes de financement inter¬national ou bilatéral a soigneuse¬ment établi, au cours des décen¬
nies passées, ses critères definancement et sélectionné les
types d'activités auxquelles ilapporte son soutien. Cette spécia¬lisation, la rigidité parfois exces¬sive des critères retenus, le
cloisonnement trop poussé desdomaines d'action peuvent êtreun frein à l'introduction de nou¬
velles approches et de nouvellesmodalités de coopération en fa¬veur du développement des pays.
Il est donc nécessaire d'exa¬
miner attentivement les contenus
du développement, d'étudier lesdomaines où la coopération pourle développement est possible etsouhaitable, en les distinguant deceux qui devraient être le fait etle résultat d'efforts nationaux. Il
ne s'agit nullement d'essayerd'établir de nouveaux critères
contraignants qui s'ajouteraient àceux que je viens de citer, mais,au contraire, d'identifier des orien¬tations permettant un maximumd'efficacité avec des ressources
modestes.
C'est le lieu de souligner quel'Unesco ne tire pas son fonde¬ment d'une universalité théoriqueet qu'elle est aussi au service deses Etats membres, de chacun deses Etats membres. Qu'il s'agissede pays pauvres ou riches, indus
trialisés ou aspirant à l'être, del'hémisphère nord ou sud, de l'estou de l'ouest, il est essentiel quechaque Etat membre puisse trou¬ver place dans l'Organisation etrecevoir d'elle tous les services
qu'il est en droit d'en attendre.
L'aide au développement neconstitue donc, malgré son impor¬tance, qu'un aspect de l'action del'Organisation. En tant que sous-directeur général pour l'éducation,j'ai pu constater que nous pour¬rions aussi rendre d'utiles servi¬
ces aux pays industrialisés enleur apportant la vaste expérienceque nous avons des problèmesauxquels ils sont quotidiennementconfrontés dans les domaines
de compétence de l'Organisation.
Et puis, je ne cesserai d'y insis¬ter, le développement pose desproblèmes, certes de nature diffé¬rente, à tous les pays. Il est tempsque nous orientions notre action
en fonction de cette donnée ;pour cela il est utile aussi que lespays industrialisés nous saisissent
plus largement de leurs problè¬mes et qu'ils examinent avec nousles voies d'une coopération re¬nouvelée.
Amadou Mahtar M'Bow
DROITS DE L'HOMME,PAIX, DESARMEMENT
Accroissement de la participationdes clubs Unesco, des AssociationsUnesco, des Écoles associéeset des Commissions nationalespour l'Unesco à la promotiondes droits de l'homme.
Le 10 décembre, date anniversairede la Déclaration universelle des droitsde l'homme : programmed'information sur les droits
de l'homme et la paix, particulièrementà l'intention des jeunes.
Séminaire international sur
l'éducation pour la paix et le respectdes droits de l'homme dans
l'enseignement primaire et secondaire.
Série d'études sur les conceptsde base nécessaires à la consolidationde la paix entre pays et peuplesdifférents dans le monde contemporain.
Étude sur les causes de la violence.
Études sur le rôle des organisationsinternationales en faveur de la paix.
Recherches sur les conséquenceséconomiques et sociales dudésarmement (en coopération avecles Nations Unies).
Bibliographie sur les principalestendances qui se dégagent des étudesrelatives aux dangers des armementset techniques de guerre modernepour l'homme et son environnement.
Sur le thème « Les sciences socialeset humaines face à la paix », foruminternational de juristes, économistes,anthropologues, historiens,sociologues, psychologues, etc.,avec la participation déjeunes.

Ce puissant appareil est ici entrain d'extraire de l'or sur la rivière
d'Alixerov, région de Magadan,dans l'extrême-orient soviétique.La machine « dévore » terres et
graviers de la rive puis, après avoir'retenu l'or qu'ils contiennent, lesrejette derrière elle en énormes« galettes ». La recherche et l'ex¬ploitation de nouveaux gisementsde minerais posent, à l'échelle mon¬diale, de grands problèmes géo¬logiques et technologiques dont lasolution exige une coopérationinternationale. L'Unesco s'est en¬
gagée dans cette voie, lançant en1972 le Programme internationalde corrélation géologique quienglobe un vaste champ d'activités,telles les recherches portant sur lacroûte terrestre et sur les res¬
sources minérales des continents
et du fond des mers.
KONSTANTIN I. LOUKACHEV, géologue etminéralogiste soviétique, dirige l'Institut de Géo¬chimie et de Géophysique de Minsk (Répu¬blique Socialiste Soviétique de Biélorussie).Auteur de plus de 250 publications sur la géo¬logie, la géographie économique, etc., il estmembre de l'Académie des Sciences de Biélo¬
russie. Une version complète de cet article a étépubliée dans la revue trimestrielle de ¡'UnescoImpact-science et société, juillet- septembre1974 (abonnement annuel 28 F).
RESSOURCES CACHÉES
DE NOTRE PLANÈTEUn Eldorado sous les océans
et dans le simple granit
par Konstantin I. Loukachev
L'HUMANITE aura besoin, au
cours des cinquante années àvenir, de beaucoup plus de ressourcesminérales qu'elle n'en a utiliséesdepuis le début de son histoire. Celavaut pour toutes les ressources miné¬rales mais plus particulièrement pourles combustibles, pour les métaux etéléments rares.
De nombreux gisements produisant
une grande quantité de minerais àhaute teneur s'appauvrissent très viteet certains sont déjà complètementépuisés. C'est le cas en particulierpour le fer, le manganèse, le chrome,ie nickel, le cuivre, le plomb, le zinc,l'or, l'argent, le platine.
Les gisements non prospectés deminéraux, métalliques ou non, situés^en surface ou à des profondeurs der
27

2 à 3 kilomètres, se font de plus enplus rares et les recherches doiventêtre menées de plus en plus loin äl'intérieur de la croûte terrestre.
Si la science et la technique mo¬dernes ouvrent théoriquement desperspectives sans limites à l'humanitéen lui permettant d'espérer l'entièresatisfaction des besoins matériels de
tous, la réalisation de ces espoirs seheurte à d'énormes difficultés d'ordre
social, géographique et technique, pourne citer que celles-là.
Nous ne disposons pas de donnéescomplètes sur les réserves mondiales,même pour les principaux métaux etminéraux utilisés par l'industrie. Dansbeaucoup de pays du Tiers Mondequi, libérés du joug du colonialisme,ont entrepris d'assurer leur dévelop¬pement, les travaux de prospection nefont que débuter.
Très insuffisants aussi sont les ren¬
seignements que l'on possède surles gisements et réserves de mine¬rais, de pétrole et de gaz situés dansles couches profondes (plus de 3 kmen moyenne) de l'écorce terrestre.
Il semble, d'après les données trèsapproximatives dont on dispose, queles réserves connues se composentessentiellement de minerais pauvres(65 pour cent environ), les mineraisriches ne représentant que 5 pourcent de ces réserves.
Les Etats-Unis, le Japon, la Répu¬blique fédérale d'Allemagne, leRoyaume-Uni, la France et un certainnombre d'autres pays de l'Europeoccidentale ne possèdent pas suffi¬samment de ressources minérales
pour subvenir à leurs besoins.
Les Etats-Unis, par exemple, nepossèdent que du charbon, du gaz,des phosphorites et du molybdène etils doivent importer la plus grandepartie du manganèse, du chrome, dunickel, du mercure, de l'étain, ducobalt et des autres métaux et miné¬
raux dont ils ont besoin. Le Japon estentièrement tributaire de l'étrangerpour le pétrole, le fer, la chromite, lenickel, le cobalt, le molybdène, labauxite, l'étain, les sels de potassiumet le phosphate.
La République fédérale d'Allema¬gne, qui ne se suffit à elle-mêmequ'en ce qui concerne le charbon etles sels de potassium, importe la plusgrande partie (de 55 à 85 pour cent)du cuivre, manganèse, mercure, plombwolfram et zinc dont elle a besoin. LeRoyaume-Uni pourvoit, par ses seulesressources, à ses besoins en gaznaturel et assure à 90 pour cent sonapprovisionnement en charbon. LaFrance possède d'importantes ré¬serves de minerai de fer, de sel depotassium, de bauxite et d'autres
minéraux utiles, mais elle n'en importepas moins toutes sortes de minéraux.
L'Union soviétique, pour sa part,dispose de réserves plus importantesque d'autres pays ; elle possède ducharbon, du pétrole, du gaz, du mine¬rai de fer et des métaux non-ferreux.
LE PÉTROLE SOUS LES MERS
Pour répondre aux besoins croissants de pétrole, on prospecte et exploitemaintenant de vastes gisements sous les mers. Cette gigantesque construction,
, ci-dessous, à l'époque de sa construction dans le fjord de Stavanger, en Norvège,est un réservoir destiné à stocker, au large, le pétrole jailli du fond de la Merdu Nord; sa contenance est de 160 000 m\ Une fois achevé, ce réservoir de
près de 100 m de hauteur a été remorqué à quelque 300 km de là, en pleine merdans une zone de forage; appuyée sur le fond de la mer, c'est désormais unevéritable île artificielle prête à approvisionner les pétroliers qui viennents'ancrer à quelque distance. Elle émerge de quelque 30 m. Le réservoir pro¬prement dit est, à l'intérieur, protégé par une muraille circulaire de bétonpercée de trous destinés à amortir les formidables chocs des vagues. Desorganismes marins microscopiques, tels celui-ci (ci-dessus) qui mesure 0,8 mmde diamètre, permettent aux chercheurs de dater les couches géologiques lorsde la prospection pétrolière. A droite, trois plongeurs sont descendus ennacelle, à partir d'une plate-forme de forage, dans le Golfe de Gascogne,pour une inspection sous-marine.
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Ressources énergétiques. Detoutes les formes d'énergie com¬bustibles fossiles, énergie nucléaire,solaire, hydraulique, éolienne, géo¬thermique les plus utilisées actuel¬lement sont celles que l'on tire ducharbon, du pétrole et du gaz. Dequelles ressources énergétiques l'hu¬manité disposera-t-elle au début du21e siècle ?
L'humanité est à peu près assurée,pour cent cinquante à deux cents ansencore, de ne pas manquer de char¬bon, matière première extrêmementimportante pour la production de nom¬breux produits synthétiques. Car lesréserves mondiales de houille et de
charbon brun (variété de lignite),situées à une profondeur économique-
Photo Serge de Sazo © Rapho, Paris
ment exploitable (1 800 m pour lahouille et 600 m pour la lignite) sontcouramment estimées à 16 000 mil¬
liards de tonnes. D'ici à la fin du
20e siècle, l'exploitation de nouveauxgisements plus profonds, en particulierdans les pays en voie de développe¬ment, portera à quelque 30 ou40 000 milliards de tonnes l'estimation
de ces réserves naturelles.
D'après le Service géologique desEtats-Unis, les réserves mondialesprouvées de pétrole s'élèvent à85,5 milliards de tonnes, dont 14,8 mil¬liards se trouvent sous les mers. On
peut multiplier ces chiffres par 3,voire par 5, pour tenir compte desressources qui pourraient être décou¬vertes d'ici à la fin du siècle.
D'après ces mêmes estimations, lesréserves mondiales prouvées de gaznaturel dépassent les 50 000 milliardsde mètres cubes, dont près de7 000 milliards sous la mer.
Le charbon, le pétrole et le gazconserveront vraisemblablement jus¬qu'à la fin du siècle leur suprématiesur toutes les autres sources d'éner¬
gie. Toutefois, l'extraction du pétroleet du gaz augmente de façon parti¬culièrement rapide et, si elle se pour¬suit au rythme actuel, les réserves deces matières énergétiques primordialesseront épuisées d'ici à une dizained'années, même si l'on découvre denouveaux gisements et si l'on améliorela productivité. Il convient de rappelerà cet égard le mot de Mendeleïev,auteur de la célèbre classification
périodique des éléments chimiques :selon lui, brûler du pétrole équivautà brûler des billets de banque, demême pour le gaz naturel.
Autres ressources minérales. La
science et la technique doivent doncs'orienter par priorité et sans tardervers la recherche de nouvelles sources
d'énergie. Il est d'ailleurs certain que,dès les prochaines années, le rôle del'énergie nucléaire, solaire, hydrau¬lique, éolienne et géothermique s'ac¬croîtra sensiblement. Il n'est pasimpossible que d'ici à la fin du siècle,on parvienne à des résultats concretsdans la production d'énergie thermo¬nucléaire, ce qui marquerait un pro¬grès considérable vers la résolutiondes problèmes énergétiques. L'huma¬nité disposerait alors pour des millionsd'années de l'énergie thermonucléaireproduite par les isotopes de l'hydro¬gène contenu dans l'eau de mer.
Si, conformément aux prévisionsdémographiques, la population duglobe compte de 6 à 7 milliards d'ha¬bitants à la fin du siècle, la productionet la consommation de métaux
devraient doubler. Avec le dévelop¬pement de la sidérurgie et la métallur¬gie des métaux non ferreux dans lespays en voie de développement, laproduction et la consommation mon¬diales totales des produits de la métal¬lurgie feront peut-être plus que dou¬bler, mais n'atteindront vraisemblable¬ment pas plus du triple de leur volumeactuel. Selon des estimations approxi¬matives, l'extraction mondiale de ferpeut atteindre un milliard de tonneset celle des autres métaux, ferreux etnon ferreux, peut être décuplée.
Il est certain que le rôle des élé¬ments rares ne fera que croître avecle progrès technique. Ils sont, en effet,indispensables au développement dela technique et de l'industrie moder¬nes, qui exigent des matériaux solides,résistant aux acides, à la chaleur età la corrosion, tout en étant légers,ainsi que des produits finis de faibleencombrement.
Quant aux éléments des terresrares, leur étude et leur prospectionne font que débuter. Le problème desmatières minérales métalliques est
donc pour de nombreux pays non seu-
29

> lement un problème capital, mais un. problème qui se pose dans des termesparticulièrement aigus en raison de sesaspects géologiques, techniques etparfois sociaux.
Les ressources non métalliquesjouent un rôle plus grand dans l'éco¬nomie d'une collectivité que les res¬sources métalliques. Leur importancene cesse de croître en liaison avec le
développement de la construction, dela fabrication de produits utilisés dansl'agriculture, de sels minéraux, de pro¬duits chimiques, etc.
Le sel gemme et le sel de potas¬sium, le soufre et les phosphates sontindispensables à l'industrie chimique,cependant que l'argile et le feldspath,le talc et un certain nombre d'autres
minéraux sont la base même de la
céramique. Nombreux sont, en outre,les minéraux et les roches employésdans la métallurgie, la productiond'abrasifs, d'isolants et de lubrifiants.
Plus de quarante sortes de rocheset minéraux sont couramment utilisées
par l'industrie contemporaine. Les plusimportants sont le diamant, l'amiante,le gypse, l'argile, le granit, le graphite,le calcaire, les minéraux contenant du
potassium, du sodium et du lithium,le sable, le grès, le soufre, le mica etles roches phosphatées.
Paradoxalement, chacun des habi¬tants de la planète utilise quotidien¬nement plus d'acide sulfurique que desucre, et l'industrie pétrolière et lapétrochimie sont largement tributairesdes argiles barytiques et de la bento-nite pour ce qui est des forages, dela fluorine, des sels, du soufre et d'uncertain nombre d'argiles utilisées pourle raffinage.
Les sources d'approvisionnementde l'avenir. Ce sont les minerais
pauvres qui prédominent dans lacroûte terrestre. Leur utilisation pourla production des métaux ne fera quecroître avec le progrès technique. Au19e siècle, seuls les minerais de cuivreayant une teneur minimale de 4 à 6
pour cent étaient jugés intéressantspar l'industrie. Actuellement, on utilisedes minerais ne contenant que 0,4 pourcent de cuivre.
Les techniques modernes permet¬tent, aujourd'hui, d'obtenir à partir deminerais pauvres, du zinc, du plomb,de l'argent, du cuivre, du nickel, ducobalt et divers autres métaux prove¬nant de minerais de qualité médiocre.
L'utilisation de minerais pauvresaccroît considérablement les réserves
globales de minéraux utiles et faitreculer de plusieurs décennies la me¬nace d'épuisement.
Une proportion non négligeable desréserves mondiales de charbon, depétrole, de gaz, de bauxite, de selgemme et de sel de potassium, desoufre, de phosphorites se trouve dansdes gisements sédimentaires ; ainsileur extraction, à des profondeurs de5 à 7 km et davantage, ouvre-t-elledes perspectives intéressantes.
Il est, aujourd'hui, établi que le fonddes mers et des océans est un réser-
30

DIAMANTS
A PLEINE MAIN
Pour obtenir une poignée de dia¬mants (à gauche), des milliers detonnes de roches doivent être trai¬
tées. Même dans les bons gisements,chaque diamant, qu'il soit destiné àl'industrie ou à la bijouterie, néces¬site le traitement de matières pesant14 millions de fois son propre poids.Les minéraux moins rares, le cuivre
par exemple, sont aujourd'hui exploi¬tés à une telle échelle que leursgisements s'épuisent rapidement. Adroite, cette fantastique spirale est,vue d'avion, la plus grande mine decuivre à ciel ouvert en Amériquedu Nord, à Bingham Canyon, dansl'Utah. Cet énorme chantier mesure
plus de 3 km d'un bord à l'autre ets'enfonce en serpentant jusqu'à uneprofondeur de plus de 1 000 mètres.On en extrait chaque jour plus de180 000 tonnes de terre et 90 000de minerais. Une idée de la dimen¬
sion de cette mine est indiquée parles camions et trains de wagons,
points minuscules mais v'sibles surcertains niveaux.
voir de richesses minérales considé¬
rable. Les recherches effectuées aucours des dernières années ont dé¬
montré que les fonds océaniquesrecèlent des milliards de tonnes de
manganèse, de nickel, de cobalt, decuivre, contenues dans des concré¬
tions de ferro-manganèse.
C'est ainsi que les savants sovié¬tiques qui participaient à la croisièredu V/'f/'az ont découvert dans la régioncentrale de l'océan Indien, à une pro¬fondeur de 4 à 5 km, de grandes accu¬mulations de ces nodules formant, parendroits, comme un pavage continusur le fond de la mer. On estime quel'océan Pacifique recèle quelque1 656 milliards de tonnes de nodulescontenant 358 milliards de tonnes de
manganèse, 207 milliards de tonnesde fer, 43 milliards de tonnes d'alumi¬nium, 25 milliards de tonnes de ma¬gnésium, 14,7 miliards de tonnes denickel, 9,9 milliards de tonnes d'étainet 7,9 milliards de tonnes de cuivre.
On pense, en outre, que le selcontenu dans l'eau des mers et des
océans dépasse le volume fabuleuxde 20 millions de kilomètres cubes I
L'eau de mer contient en quantitésdiverses, du fer, de l'or, du cuivre, dunickel, du cobalt, du manganèse etd'autres éléments. Ces divers élé¬
ments chimiques sont présents enénormes quantités dans les océans.Si, par exemple, on extrayait de l'eaude mer tout l'or qu'elle contient et sil'on répartissait cet or entre tous leshabitants de la Terre, chacun d'entreeux en recevrait plus d'une tonne I
Or, l'eau de mer contient vingt foisplus d'argent que d'or, trente fois plusde thorium et de molybdène et millefois plus d'iode. Bref, l'océan mondialest un véritable Eldorado. Il s'agit,maintenant, de mettre au point desméthodes efficaces permettant d'ex¬traire les éléments rares de la mer.
A long terme, il sera possible, grâceau progrès technique, de tirer les
minéraux indispensables à l'homme den'importe quelle roche. Cent tonnesde roches magmatiques ordinairespar exemple le granit contiennentenviron 8 tonnes d'aluminium, 5 tonnesde fer, 540 kilos de titane, 80 kilos demanganèse, 80 kilos de chrome,18 kilos de nickel, 14 kilos de vana¬dium, 4,5 kilos de wolfram, 9 kilos decuivre et 1,8 kilo de plomb. Ellescontiennent aussi de l'uranium et du
thorium en quantité équivalant, sur leplan énergétique, à cinquante tonnesde charbon.
L'humanité, si elle parvenait àextraire les éléments chimiques desroches ordinaires, n'aurait plus jamaisà craindre de manquer de ressourcesminérales. Je suis persuadé, pour mapart, que l'on parviendra, avec letemps, à obtenir des éléments chi¬miques à partir de roches ordinaires,en traitant ces dernières comme desminerais.
Konstantin /. Loukachev
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MUSÉE-PORTRAITA CIEL OUVERT
A Niamey, les mille reflets
de l'immense Nigerdans l'enceinte d'un seul musée
Photo © Alberto Silva. Paris
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Le Musée national de Niamey, au Niger, aréussi unétonnanttourdeforce : présentersur 24 hectares un immense pays(1 200 000 km2) sous tous ses aspects :ethniques, culturels, artistiques, zoolo¬giques, botaniques, etc. Véritable inno¬vation, cité en exemple pour nombre depays qui ont accédé depuis peu à l'indé¬pendance, ce musée permet en effet à plusde 200 000 visiteurs, chaque année, deprendre conscience de l'identité nationaleau contact des richesses du patrimoineculturel et des réalités d'aujourd'hui.Ci-dessous à gauche : dans le grand muséede plein air qui a été organisé autour dessalles d'exposition, un tisserand à sonmétier; comme d'autres artisans recrutés
dans tout le pays, il travaille sous les yeuxdes visiteurs. Ci-dessous à droite : décorée
de dessins incisés, l'entrée d'une case de
pisé, typique de l'habitat rural des Haous-sas, populations sédentaires du sud duNiger. A droite : l'entrée du musée.
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par Pablo Toucet
LES jeunes nations africaines,dont la texture historique, ethni¬
que et géographique est, parfois, sipeu homogène, et cela pour des rai¬sons que nous connaissons tous, ontbesoin, un grand besoin même, d'affir¬mer leur personnalité et leur cohésion.Tout d'abord parce que leur émer¬gence à la vie internationale ne secompte que par décennies. Ensuite,parce que les gouvernants de cesEtats savent fort bien que la tâche,longue et ardue, celle qui doit béné¬ficier de toutes les priorités, est defondre dans le creuset d'une cons¬
cience collective, les divers élémentsethniques et historiques qui consti¬tuent le fond de leurs populations.
Pour implanter les fondations surlesquelles s'érige le nouvel Etat, leshommes qui ont la responsabilité dudestin du Niger n'ont négligé aucunmoyen, grand ou petit. Ils ont mêmebâti un musée national I
Sous l'appellation de Musée natio¬nal du Niger, quatre réalisations diffé¬rentes, mais intimement liées, sontmenées de front.
La première est constituée par unmusée d'ethnographie ; la seconde parun jardin zoologique et par un parcpublic d'agrément ; la troisième par ledéveloppement de l'artisanat tradition¬nel et la quatrième par une actionéducative et sociale.
Ces quatre réalisations, judicieuse¬ment imbriquées, donnent au muséeune physionomie originale et font delui un ensemble vivant.
i
PABLO TOUCET, archéologue et muséologueespagnol, est depuis 1958, conservateur duMusée national du Niger à Niamey, qu'il alui-même conçu et réalisé. Auparavant, ilavait été chargé des fouilles punico-romainesd'Utique en- Tunisie. Inventeur d'une nouvelletechnique pour la manipulation des mosaïquesantiques, il a effectué le transport du fameuxbaptistère de Kélibia, joyau du Musée duBardo à Tunis.
Au c même de la ville de Nia¬
mey, capitale de la République duNiger, dans un très beau site dont lapartie sud domine le large lit et leseaux paisibles du fleuve Niger, setrouvent les installations qui consti¬tuent aujourd'hui le Musée national.
Le vaste parc, auparavant laissé àl'abandon et, de ce fait, devenu ledépotoir de la ville à cause de laproximité de l'unique marché existantà l'époque, s'est transformé progres¬sivement depuis juin 1958 en une sériede plaisants jardins où les habitantsde la ville et les touristes aiment venir
se promener de plus en plus nombreux.
Dans ce cadre, le musée dissémineses installations dont la diversité
constitue, sans doute, un de ses plusgrands attraits.
Un musée est un instrument suscep¬tible de prolonger et de compléterl'enseignement fondamental dispensédans les écoles. Mais, dans notre cas,il s'agissait d'attirer l'attention del'homme cultivé et de l'illettré. De là, larecherche constante d'un compromis,difficile à obtenir, pour ne pas déce¬voir le premier ni ennuyer le second.
D'autre part, la visite du muséeethnographique constitue un retouraux sources. Elle assure, très souvent,une reprise de conscience du passé.
Il y a dans la ville, des adultesdésoeuvrés et des enfants se trouvant
dans l'impossibilité d'aller à l'école.En les attirant, les uns et les autres,notre musée contribue d'une façonefficace et pratique à l'éducation desenfants et des adultes.
Depuis sa création, le Musée natio¬nal du Niger a mis en valeur, les pré¬sentant avec soin et amour, les milleobjets qui font partie de la vie quoti¬dienne des habitants du pays, cesobjets qui constituent un véritable tré¬sor ethnographique, non pas tant parleur richesse matérielle, mais par leurauthenticité.
Le musée a aussi construit dans
son enceinte des bâtiments modernes
en cherchant l'inspiration de leurslignes architecturales dans les vieillesconstructions traditionnelles, bâties en
banco (torchis) pour montrer que le
33

Niger possède, aussi, les fondementsd'une architecture adaptée au pays quine demande qu'à être développée etajustée aux exigences fonctionnellesactuelles (voir aussi article en page 4).
Ce musée a aussi reconstitué en
plein air, avec beaucoup de fidélité,toutes les formes d'habitat des loin¬
taines et diverses régions du pays,pour permettre à tous de les connaîtresans parcourir d'énormes distances.
On trouve un campement depêcheurs sorkawa, identique à ceuxqui sont installés le long des bergesdu fleuve Niger à la saison de pêche.Les cases, les fours pour fumer lepoisson, les filets, les nasses, les har¬pons, la pirogue, etc., donnent l'im¬pression que le campement est enpleine activité.
Non loin de là ont été groupées lestentes employées par les ethniesnomades habitant le Niger. Ces tentessont richement meublées. Aux tentes
des Toubbous de l'oasis de Bilma et
des Touaregs de la région de l'Air etde l'Azawak (nord-ouest du Niger)s'ajoutent celles des Wogos, Kourteyset Peuls.
Sur la colline, s'étale l'habitat ruralcorrespondant aux importants groupes
Haoussa, Songhay et Djerma. Cesensembles sont des reconstitutions
très complètes et comprennent toutesles dépendances, tout le mobilier ettous les ustensiles nécessaires à la
vie de tous les jours d'une famille.Ces reconstitutions de l'habitat rural
au Niger présentent, sans aucun doute,un caractère didactique considérable,car non seulement les étrangers peu¬vent avoir un aperçu assez complet duNiger traditionnel, sans quitter la capi¬tale, mais aussi les Nigériens del'ouest font connaissance avec les for¬
mes d'habitat employées par leurscompatriotes du lointain est.
Plus loin a été construite par desmaçons venus de leur lointainecontrée, une maison aux fameuses
voûtes dites haoussa correspondant àun des types d'habitat employés parles Haoussas. Cette forme d'habitat
est plutôt citadine que rurale.
Il existe un pavillon du costumenigérien qui enrichit considérablementl'ensemble ethnographique du musée.Mais, allant plus loin dans son essai,le musée a réuni dans son cadre des
artisans venus des quatre coins dupays (forgerons, tisserands, cordon¬niers, sculpteurs, maroquiniers, po¬tiers) et cela non seulement pour
conserver les techniques traditionnel¬les mais, plus spécialement, pour fairetravailler ensemble des hommes diffé¬
rents les uns des autres, mêlant leursrires et leurs chansons, les Djermas etles Touaregs, les Songhays et lesHaoussas, les Béri-béris et les Peuls...
Tous ces artisans sont le docu¬
ment » humain par excellence. Ainsi,après avoir vu l'habitat et les costu¬mes, le visiteur peut voir les hommesdu pays, observer ce qu'ils font, com¬ment ils le font et emporter, si tel estson désir, l'objet qu'il a vu fabriquer.Nous pensons qu'aucun musée d'eth¬nographie ne peut aller plus loin.
Dans un endroit du parc, le visiteurpeut écouter, en langue du pays, devieilles chansons folkloriques, deslégendes et des récits historiquestirés du lointain passé.
Il nous semble que rien n'est meil¬leur pour conserver une chansonou une légende que de l'apprendreaux enfants sans aucune sorte decontrainte. Cela vaut certainement
mieux que d'emmagasiner des bandesenregistrées pour les garder jalouse¬ment loin du soleil et de la vie. Ces
chansons, reprises en ch parfoispar l'auditoire nigérien, sont ainsi pré¬servées de l'oubli.
34

Le Musée national de Niamey est tout
entier conçu pour illustrer et expliquerla diversité régionale. Toutes les formesd'habitat traditionnel y ont été recons¬
tituées, depuis les tentes des nomades
jusqu'aux paillottes des pêcheurs, enpassant par les maisons, rurales ouurbaines, caractéristiques des contrées
dont la mosaïque forme le Niger. A
gauche, un « boua » grenier à mil desvillages peuplés par les Songhays, àl'ouest du pays. Fonctionnel à souhait,
cet édifice de « banco » (torchis
d'argile et de paille) comporte uneouverture à un mètre du sol; sur sa
coupole, un goulot où l'on déverse legrain. On le coiffe d'un énorme chapeaude paille, le « boua bata », lorsqu'on veutl'abriter du soleil et de la pluie. Ci-dessous : dans le zoo du musée qui
présente la quasi totalité de la faunenigérienne, cet hippopotame sembleapprécier l'attention du public.
Après avoir parcouru l'Afrique,l'Amérique latine et l'Asie, le directeurdu Conseil international des musées,
M. H. de Varine-Bohan, déclarait quele Niger était le premier pays à avoirsu tirer le plus grand profit d'un muséepour épauler l'action du gouvernementen faveur de l'unité nationale.
Environ trois cents garçons et fillesassistent régulièrement aux cours don¬nés dans le centre éducatif du musée.
Ces garçons et ces filles ayant fré¬quenté les écoles primaires de l'Etatse trouvent parfois, à la fin de leurpériode scolaire, dans l'impossibilitéde s'insérer dans la vie active du pays.Ils restent alors désuuvrés, oublientl'enseignement acquis et constituentun grave problème social. Il ne s'agis¬sait pas de créer au Musée nationalune école du même type que cellesde l'Etat.
Il s'agit, tout d'abord, d'empêcherque les garçons et les filles oublientl'enseignement acquis. Ils suivent doncdes cours de révision concernant, sur¬
tout, la langue et les mathématiques.Simultanément ils reçoivent une for¬mation polyvalente destinée à faired'eux des êtres capables de se servir
adroitement de leurs mains. Ils sont
orientés vers les travaux pratiques quisont immédiatement appliqués dans lavie de tous les jours.
C'est ainsi qu'ils apprennent àconstruire, entièrement, une maison enbanco : fondations, fabrication des bri¬ques, construction des murs, peinture,installation électrique, etc.
Ils apprennent aussi la culture ma¬raîchère, le petit élevage (poules,lapins), la petite mécanique (réparationde vélomoteurs et bicyclettes), la pote¬rie traditionnelle, etc.
Les jeunes filles suivent égalementles cours de révision et, simultané¬
ment, la couture, la cuisine (il s'agitd'une cuisine adaptée aux possibilitésdu pays, cherchant à établir des menuséquilibrés du point de vue de la nutri¬tion), mais aussi l'hygiène, la puéri¬culture, etc.
Après leur séjour dans le centre,ces garçons et ces filles ont appris unnombre relativement important de cho¬ses utiles qui doivent leur permettrede faire mieux face à leur avenir. Ils
sauront aussi apprécier les travauxmanuels et négliger certains des pré¬jugés qui entourent ces travaux auxyeux, surtout, des jeunes habitant lesvilles.
En octobre 1971, le Musée national,avec ses propres ressources, s'enga¬geait dans une action en faveur desaveugles et des handicapés moteur.
Il s'agissait de faire de ces infirmes,voués pour la plupart à la mendicité,des hommes capables de gagner leurvie. Pour y parvenir, il fallait les pren¬dre en charge : assurer leur nourriture,leur transport et leur habillement. Ilfallait, également, leur faire faire unnombre important d'exercices pourqu'ils acquièrent une certaine dexté¬rité manuelle.
Ces aveugles et ces handicapésmoteur (22 au total), encadrés pardeux jeunes moniteurs sortis de l'écolede formation artisanale, sont installésdans un pavillon spécialement construità leur intention. Chaque aveugle tra¬vaille en collaboration avec un han¬
dicapé moteur et cette associationdonne des résultats positifs.
Nous n'avons point cherché à imiterles beaux musées d'Europe ou d'ail¬leurs. Nous avons conçu et réalisé unmusée à la mesure de nos moyens.Il a été conçu en pensant aux popula¬tions nigériennes, mais il nous a étédonné de constater que les Européensprenaient autant de plaisir que lesAfricains à le visiter.
Plusieurs Etats africains ont expriméleur intention, à différentes reprises,de créer dans leurs pays respectifsdes musées semblables au nôtre.
En innovant dans cette activité cultu¬
relle, il nous a été permis de montreraux pays amis de l'Afrique qu'il étaitpossible de créer des musées sanspour autant supporter de lourdesdépenses pour leur construction etleur fonctionnement.
Pablo Toucet
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par Octavio Paz
Le célèbre
écrivain mexicain
analyse
les grandeurset servitudes
de l'art de traduire
Texte © Copyright
Reproduction interdite
OCTAVIO PAZ. poète et essayiste mexicain,est l'un des plus grands écrivains contempo¬rains de langue espagnole. Ambassadeur de sonpays en Inde, il a aussi enseigné dans plusieursuniversités. Son ,uvre poétique a été réunieen plusieurs volumes dont Liberté sur Paroles(éd. Gallimard, Paris 1966). Non moins impor¬tante est son nuvre d'essayiste; citons desouvrages déjà classiques comme L'arc et la lyre(éd. Gallimard. Paris 1965) ou Deux transpa¬rents : Marcel Duchamp et Claude Lévi-Strauss(éd. Gallimard, Paris 1971) ou encore Courantalternatif (1972). Excellent traducteur lui-même, il a recueilli ses traductions poétiques enun volume paru sous le titre espagnol de Versionesy Diversiones (1973).
APPRENDRE à parler, c'estapprendre à traduire ; lors¬
qu'il interroge sa mère sur la signifi¬cation de tel ou tel mot, ce quel'enfant lui demande en réalité, c'estde traduire dans son langage le termequ'il ne connaît pas. La traduction àl'intérieur d'une langue donnée n'estpas, en ce sens, essentiellement dif¬férente de la. traduction d'une langueà une autre, et l'histoire de tous lespeuples reproduit l'expérience del'enfant : même la tribu la plus isoléeest confrontée, à un moment ou à unautre, au langage d'un peuple étranger.
La stupéfaction, la colère, l'horreur.
ou la perplexité amusée que nousressentons à entendre les sons d'une
langue nouvelle ne tardent pas à faireplace à un doute sur celle que nousparlons nous-même. Le langage cessede pouvoir prétendre à l'universalité,s'avère être une pluralité de langues,toutes étrangères les unes aux autres,et toutes inintelligibles les unes pourles autres.
Dans le passé, la traduction dissi¬pait notre doute : s'il n'y a pas delangue universelle, du moins les lan¬gues forment-elles une société uni¬verselle au sein de laquelle, une foissurmontées certaines difficultés, tous
HM 4*
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36

miiiiniiiiHiiiiiniiiiiiiiiinmHiiiiiiiiii
s'entendent et se comprennent. Ils secomprennent parce qu'en des languesdiverses les hommes disent toujoursles mêmes choses.
Cette universalité de l'esprit étaitla réplique à la confusion de Babel :certes, il existe bien des langues, maisle sens est un. Pascal découvrait dans
la pluralité des religions une preuvede la vérité du christianisme ; de
même la traduction répondait, parl'idéal d'une intelligibilité universelle,à la diversité des langues, donnantainsi non seulement une preuve sup¬plémentaire, mais encore une garantiede l'unité de l'esprit.
L'époque moderne a ruiné cettesécurité. En redécouvrant l'infinie
variété des tempéraments, des pas¬sions, au spectacle de la multiplicitédes muurs et des institutions, l'hommea cessé de se reconnaître dans leshommes.
Jusqu'alors, le sauvage avait étéune exception qu'il fallait faire dispa¬raître par la conversion ou l'extermina¬tion, le baptême ou l'épée ; le sauvagequi apparaît dans les salons du18° siècle est une créature nouvelle
qui, parlerait-elle à la perfection lalangue de ses amphitryons, incarne *une étrangeté irréductible. Ce n'est V
Ci-dessous fragment d'une
gravure (Métamorphose II, 1940)du célèbre artiste néerlandais
contemporain M.C. Escher.
Avec beaucoup d'habileté et de
subtilité, le graveur traduit
ici une métamorphose progressive
qui va de l'abeille à l'oiseau
en passant par le poisson.
A gauche, la même gravure inversée.
Elfef
WW*
J
Photo © Haags Gemeentemuseum, La Haye
37

Velasquez Goya
.pas un personnage à convertir, maisun objet de polémique et de critique ;l'originalité de ses jugements, la sim¬plicité de ses mnurs, la violencemême de ses passions sont autant depreuves de la folie, de la vanité, voirede l'infamie, des baptêmes et desconversions.
Changement, donc, de direction : àla recherche religieuse d'une identitéuniverselle, succède une curiositéintellectuelle qui s'évertue à découvrirdes différences non moins universel¬
les. L'étrangeté cesse d'être égare¬ment et devient exemplaire, d'uneexemplarité paradoxale et révélatrice :le sauvage est la nostalgie du civilisé,son autre moi et sa moitié perdue.
La traduction reflète ce revirement :
ce n'est plus une opération destinéeà montrer l'identité finale des hom¬
mes, mais le véhicule de leurs singu¬larités. Sa fonction avait consisté à
révéler les ressemblances par-delàles différences ; désormais elle mon¬tre que ces différences sont irréducti¬bles, qu'il s'agisse de l'étrangeté dusauvage ou de celle de notre voisin.
Une réflexion du docteur Samuel
Johnson, homme de lettres anglais du18* siècle, notée au cours d'un voyage,exprime parfaitement la nouvelle atti¬tude : « Un brin d'herbe est toujours unbrin d'herbe, dans un pays ou dans unautre... Les hommes et les femmes
sont le sujet de ma recherche ; voyonsen quoi ceux-ci diffèrent de ceux quenous avons quittés. »
La remarque du docteur Johnson adeux sens, et tous deux préfigurentle double chemin que devait emprun
ter l'époque moderne. Le premier atrait à la séparation entre l'homme etla nature, une séparation qui allait semuer en opposition, en combat : lanouvelle mission de l'homme n'est
plus de faire son salut, mais de domi¬ner la nature. Le second se réfère à
la séparation entre les hommes. Lemonde cesse d'être un monde, unetotalité indivisible, pour se diviser ennature et culture ; et la culture se
fragmente en cultures.
Pluralité des langues et des socié¬tés : chaque langue exprime unevision du monde, chaque civilisationest un monde. L'astre a beau être le
même, le soleil que chante le poèmeaztèque n'est pas le soleil de l'hymneégyptien.
Deux siècles durant, philosophes ethistoriens d'abord, anthropologues etlinguistes ensuite, ont accumulé lespreuves des irréductibles différencesqui séparent les individus, les sociétéset les époques. La grande ligne departage, à peine moins marquée quecelle qui s'est établie entre nature etculture, sépare primitifs et civilisés ;puis vient la variété, l'hétérogénéité,des civilisations.
A l'intérieur de chacune ressurgis-sent les différences : les langues, quinous servent à communiquer entrenous, nous enferment en même tempsdans un invisible réseau de sons et
de significations, en sorte que lesnations sont prisonnières des languesqu'elles parlent. Et dans le corps dechaque langue, les divisions se repro¬duisent : époques historiques, classessociales, générations..., sans parler desrelations entre individus isolés appar
tenant à la même communauté : cha¬
cun est emmuré vivant dans son
propre moi.
Tout ceci devrait avoir découragéles traducteurs. Il n'en a rien été :
par un mouvement contradictoire etcomplémentaire, on traduit de plus enplus. Voici la raison de ce paradoxe :d'une part, la traduction supprime lesdistances entre deux langues, del'autre, elle les révèle plus pleine¬ment ; nous apprenons grâce à elleque nos voisins parlent et pensentautrement que nous.
D'un côté, le monde se présente ànous comme une collection d'éléments
hétérogènes, de l'autre, comme unesuperposition de textes dont chacunest légèrement différent du voisin :traductions de traductions de traduc¬tions.
Tout texte est unique, et c'est enmême temps la traduction d'un autre.Aucun texte n'est entièrement original,car le langage même est, dans sonessence, une traduction : du monde
non verbal d'abord ; et ensuite, parceque tout signe, toute expression, est latraduction d'un autre signe et d'uneautre formulation. Mais ce raisonne¬
ment peut se retourner sans perdre savalidité : tous les textes sont origi¬naux, car toute traduction est singu¬lière. Chaque traduction est, jusqu'àun certain point, une invention etconstitue donc un texte unique.
Les découvertes de l'anthropologieet celles de la linguistique ne condam¬nent pas la traduction, mais seulementsa forme naïve, la traduction littéraleque le français qualifie significative-
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"Traduction et création
sont des opérations jumelles"La peinture offre d'illustres exemples del'art de traduire. Ainsi la toile de Vélasquez,
ies Ménines (demoiselles d'honneur) peinteen 1656 et conservée au Musée du Prado
à Madrid (tout à gauche), a servi d'originala des artistes tout aussi célèbres : Goya etPicasso. Dans ses Ménines, conservées
au Musée du Petit Palais à Paris, Goya a tra¬duit, vers 1 780, le chef-d'iuvre de Vélasquez
en le transposant de la peinture à la gravure.
Mais lorsque Picasso « traduit » Vélasquez,
il transfigure complètement le modèle pourlui donner l'empreinte de son propre génie.Ci-contre, la première des quelque 45variations sur ce même thème peintes
en quatre mois en 1957 par Picasso(collection particulière).
Picasso
ment de « mot-à-mot ». Je ne prétendspas qu'elle soit impossible, je dis quece n'est pas une traduction. C'est undispositif, généralement composé devocables en rang d'oignons, destiné ànous aider à lire le texte dans sa
langue originale. Quelque chose deplus proche du dictionnaire que de latraduction, laquelle est toujours uneactivité littéraire.
Dans tous les cas, sans excepterceux où il est nécessaire de ne rendre
que le sens, comme dans les ouvragesscientifiques, la traduction impliqueune transformation de l'original,transformation qui n'est et ne peut êtreque littéraire, car toute traduction meten fuvre les deux modes d'expres¬sion auxquels, selon le linguiste RomanJakobson, se réduisent tous les pro¬cédés littéraires : la métonymie et lamétaphore.
Le texte original ne reparaît jamais(ce serait impossible) dans l'autre lan¬gue ; et, cependant, il est toujoursprésent, car la traduction, sans le dire,s'y réfère constamment ou le trans¬forme en un objet verbal qui, tout sin¬gulier qu'il soit, le reproduit : métony¬mie ou métaphore. Toutes deux, à ladifférence des traductions explicativeset de la paraphrase, sont des formesrigoureuses, nullement incompatiblesavec l'exactitude : la première est unedescription indirecte, et la secondeune équation verbale.
De toutes les possibilités de tra¬duction, celle sur laquelle retombe laplus sévère condamnation est cellede la poésie. Condamnation singulière,si on n'oublie pas que beaucoup des
meilleurs poèmes de toutes les lan¬gues occidentales sont des traduc¬tions et que beaucoup de ces traduc¬tions sont l'auvre de grands poètes.
Il y a quelques années, le linguisteet critique français Georges Mouninremarquait qu'en général on accorde
de mauvais gré qu'il est effecti¬vement possible de traduire les signi¬fiés dénotatifs d'un texte ; par contre,l'on est presque unanime à juger im¬possible la traduction des signifiésconnotatifs. Faite d'échos, de reflets,de correspondances entre sons etsens, la poésie, tissu de connotations,est par conséquent, intraduisible.
J'avoue que cette idée me heurte,non seulement parce qu'elle s'opposeà l'image que je me suis faite de l'uni¬versalité de la poésie, mais encoreparce qu'elle se fonde sur une con¬ception erronée de la traduction. Toutle monde ne partage pas mes idées,et bien des poètes modernes affirmentque la poésie est intraduisible. Peut-être sont-ils mus par un amour immo¬déré de la matière verbale, à moinsqu'ils ne soient pris au piège de lasubjectivité. Certains poèmes de Hugoou d'Unamuno prouvent que les signi¬fiés connotatifs peuvent être conser¬vés si le poète-traducteur arrive à re¬produire la situation verbale, le con¬texte poétique dans lequel ils sontenchâssés.
Le langage se fait paysage, et cepaysage, à son tour, est une invention,la métaphore d'une nation ou d'un in¬dividu. Topographie verbale où tout secommunique, où tout est traduction.Les expressions y constituent comme
une chaîne de montagnes, les monta¬gnes y sont les signes, les idéogram¬mes d'une civilisation.
Mais le jeu des échos, des corres¬pondances verbales, outre qu'il estvertigineux, dissimule un danger cer¬tain. Cerné de partout par les mots,il vient un moment où nous nous sen¬
tons saisis de panique ; angoissanteétrangeté de vivre au milieu des nomset non plus au milieu des choses.Etrangeté de porter un nom.
Au milieu des joncs, et dans le ¡our[bas, qu'il est bizarre de s'appeler
[Federico I
Cette expérience aussi est univer¬selle. Garcia Lorca devait ressentir le
même malaise que s'il s'était appeléTom, Jean ou Chuang-Tzu. Perdre sonnom, c'est perdre son ombre ; êtreseulement son nom, c'est être réduit
à n'être plus qu'une ombre. L'absencede relation entre les choses et leurs
noms est doublement insupportable :ou le sens s'évapore, ou les chosess'évanouissent. Un monde de purssignifiés est aussi inhospitalier qu'unmonde de choses dépourvues de sens
dépourvues de noms . C'est lelangage qui rend notre monde habita¬ble. A l'instant de perplexité devant cequ'il y a d'étrange à s'appeler Frédé¬ric, ou Sô Ji, succède immédiatementl'invention d'un autre nom, qui est, enquelque sorte, la traduction du précé¬dent : la métaphore ou la métonymiequi, sans le prononcer, le disent.
Depuis quelques années, du fait,peut-être, de l'impérialisme de la lin¬guistique, on tend à minimiser l'aspect véminemment littéraire de la traduction, r
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Non, il n'y a pas, il ne peut y avoir, descience de la traduction, bien qu'ellepuisse, et qu'elle doive, être étudiéescientifiquement. De même que la lit¬térature est une fonction spécialiséedu langage, la traduction est une fonc¬tion spécialisée de la littérature.
Et les machines à traduire ? Eh bien,
lorsque ces appareils arriveront réel¬lement à traduire, ils réaliseront uneopération littéraire, sans faire rien dedifférent de ce que font actuellementles traducteurs : de la littérature. Latraduction est une tâche où, mises à
part les connaissances linguistiquesindispensables, l'élément décisif estl'initiative du traducteur, que ce der¬nier soit une machine « programmée »par un homme ou un homme entouréde dictionnaires. Pour nous en con¬vaincre, écoutons donc Arthur Waley :« Un universitaire français a écrit ré¬cemment, à propos des traducteurs :« Qu'ils s'effacent derrière les textes,et ceux-ci, s'ils ont été vraiment com¬
pris, parleront d'eux-mêmes. »« A l'exception des cas fort rares
d'affirmations toutes simples du genrede « Le chat court après la souris », iln'existe guère de formule qui ait unéquivalent exact et mot pour mot dansune autre langue. Le problème estdonc de choisir entre diverses approxi¬mations... J'ai toujours pensé quec'était moi, et non les textes, qui avaisla parole. » Il serait difficile d'ajouterun seul mot à cette déclaration.
En théorie, seuls les poètes de¬vraient traduire (a poésie ; en réalité,les poètes sont rarement de bons tra¬ducteurs. S'ils ne le sont pas, c'estque, presque toujours, ils utilisent lepoème d'un autre comme point de dé¬part pour en écrire un autre, qui estleur.
Le bon traducteur suit la démarche
inverse : son point d'arrivée, c'est unpoème analogue, sinon identique, aupoème original. Il ne s'éloigne de sontexte que pour le suivre de plus prèsLe bon traducteur de poésie est untraducteur qui, de plus, est poète,comme Arthur Waley, ou un poètequi, en outre, est bon traducteurcomme Nerval quand il traduit le pre¬mier Faust.
La raison de l'incapacité de nom¬breux poètes à traduire de la poésien'est pas d'ordre psychologique, mê¬me si le narcissisme y a sa part. Elle estfonctionnelle : la traduction poétique,comme je me propose de le démon¬trer, est une opération analogue à lacréation poétique, à cela près qu'ellesuit la démarche inverse.
Tout mot renferme une certaine plu¬ralité de significations virtuelles ; aumoment où il est associé à d'autres
pour former une expression, un de cessens s'actualise et devient prédomi¬nant. En prose, la signification tend àdevenir univoque ; au contraire, ainsiqu'on l'a dit bien souvent, une descaractéristiques de la poésie, et peut-être la principale, est de conserverla pluralité des sens.
En vérité, il s'agit là d'une propriétégénérale du langage que la poésie ac¬centue, mais qui, sous sa forme atté
nuée, se manifeste aussi dans la lan¬
gue courante et jusque dans la prose.
Les critiques se sont arrêtés à cettetroublante particularité de la poésie,sans remarquer qu'à cette sorte demobilité et d'indétermination' des signi¬fiés correspond une autre particula¬rité également attachante : l'immobi¬lité des signes. La poésie transformeradicalement le langage, dans un sensopposé à celui de la prose. Chezl'une, à la mobilité des signes répondla tendance à fixer une seule signifi¬cation, chez l'autre, à la pluralité dessignifications répond la fixité dessignes.
Or le langage est un système designes mobiles et, jusqu'à un certainpoint, interchangeables. Un mot peutêtre remplacé par un autre et touteexpression peut être dite (traduite)par une autre. En parodiant Peirce, onpourrait dire que le signifié d'un mot,c'est toujours un autre mot. Pour levérifier, il suffit de rappeler que toutesles fois où nous demandons : « Queveut donc dire cette expression ? »on répond par une autre expression.
Eh bien ! à peine entrons-nous dansle domaine de la poésie que les motsperdent leur mobilité et cessent d'êtreinterchangeables. Les sens du poèmesont multiples, changeants ; les motsde ce même poème sont uniques,irremplaçables. Les changer ce seraitdétruire le poème. La poésie, sanscesser pourtant d'être langage, est unau-delà du langage.
LE poète, plongé dans le mou¬vement de la langue, conti¬
nuel aller et retour verbal, choisit quel¬ques mots ou est choisi par eux.En les combinant, il construit son poè¬me : un objet verbal, fait de signesirremplaçables et inamovibles. Le pointde départ du traducteur n'est pas lelangage en action, matière première dupoète, mais le lanqage fixe du poème ;langage congelé, et cependant parfai¬tement vivant. Sa démarche est con¬
traire à celle du poète : il ne s'agit pasde construire, à l'aide de signes mo¬biles, un texte inamovible, mais dedémonter les éléments de ce texte, de
mettre à nouveau les signes en circu¬lation, de les restituer au langage.Jusqu'ici, l'activité du traducteur res¬semble à celles du lecteur et du cri¬
tique : toute lecture est une traductionet toute critique est, ou commence
par être, une interprétation.
Mais la lecture est une traduction
dans la même langue, la critique, uneversion libre, ou, plus exactement, unetransposition. Pour le critique, le poè¬me est un point de départ vers unautre texte, le sien, tandis que le tra¬ducteur, dans un autre langage, aidéde signes différents, doit composer unpoème analogue à l'original.
Ainsi, en son second moment, l'acti¬vité du traducteur est parallèle à celledu poète, avec cette différence capi¬tale que, lorsqu'il écrit, le poète ne
sait pas comment sera fait son poème,et qu'en traduisant, le traducteur saitque son poème devra reproduire celuiqu'il a sous les yeux.
Traduction et création sont des opé¬rations jumelles. Ainsi que nous lemontrent le cas de Baudelaire et celui
de Pound, la traduction est souventindiscernable de la création. Par ail¬
leurs, il se fait entre elles un incessantreflux, une continuelle et mutuelle fé¬
condation. Les grandes périodes de lacréation poétique de l'Occident, depuisses origines en Provence jusqu'à nosjours, ont été précédées ou accompa¬gnées de croisements entre les diffé¬rentes traditions poétiques. Ces croi¬sements adoptent soit la forme del'imitation, soit celle de la traduction.
A ce point de vue, l'histoire de lapoésie européenne pourrait être consi¬dérée comme celle des conjonctionsdes différentes traditions qui compo¬sent ce qu'on appelle la littératureoccidentale, pour ne rien dire de laprésence arabe dans la lyrique pro¬vençale, ou de celle du haïku et de lapoésie chinoise dans la poésie mo¬derne et contemporaine.
Les critiques étudient les « influen¬ces », mais c'est là un terme équivo¬que. Il serait plus sage de considérerla littérature occidentale comme un
tout unitaire, où les personnages prin¬cipaux ne sont pas les traditions na¬tionales la poésie anglaise, fran¬çaise, portugaise, allemande niaisles styles et les tendances.
Aucune tendance, aucun style, n'ontété vraiment nationaux, pas même leprétendu « nationalisme artistique ».Tous les styles ont été translinguisti¬ques : Donne est plus près de Que-vedo que de Wordsworth ; entre Gon-gora et Marino il existe une évidenteaffinité, tandis que rien, sauf la langue,n'unit Gongora à l'Archiprêtre de Hita,lequel, à son tour, fait penser, par ins¬tants, à Chaucer. Les styles sont col¬lectifs et passent d'une langue à l'au¬tre ; les toutes enracinées
dans leur terroir verbal, sont uniques-Uniques, mais pas isolées : chacunenaît et vit en relation avec d'autres,
écrites en langues différentes.A toutes les époques, les poètes
européens et aussi, maintenant,ceux des deux moitiés du continent
américain écrivent le même poèmedans des langues différentes. Cha¬cune de ces versions est, aussi, un
poème original et singulier.
Certes, le synchronisme n'est pasparfait, mais il suffit de prendre unpeu de champ pour remarquer quenous entendons un concert dont les
musiciens, pourvus d'instruments di¬vers, sans obéir à aucun chef d'or¬chestre ni suivre aucune partition,composent une collective oùl'improvisation reste inséparable de latraduction, et l'invention liée à l'imita¬tion. Parfois un des musiciens se lan¬
ce dans un solo inspiré ; peu detemps après, les autres le suivent, nonsans introduire des variations qui ren¬dent méconnaissable le motif original.
Octavio Paz
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LECTURES
Le grand livre du soleilpar R. Christinger, L. Röhrich.M. Waldmeier. P. de Latil, Y. Arthuset A. Köhler ;sous la direction de I. lobé
Ed. Denoël, Paris 1974Prix : 240 F
Upanishads du yogaTraduites du sanscrit
par lean VarenneCollection Unesco
d'oeuvres représentativesSérie indienne
Publiée par l'Unesco, 1971Ed. Gallimard, Paris 1974.Prix : 4,80 F
Poèmes en prosepar Edmond DuneEd. Naaman. Ottawa 1973.
Maghreb, histoire et sociétéspar Jacques BerqueEd. Duculot,
Gembloux, Belgique 1974Prix 35 F
Vue imprenableEssai sur le monde de Folon
par Giorgio SoaviEd. du Chêne, Paris 1974Prix : 215 F
DiogèneRevue internationale
des sciences humaines.
Au sommaire du n° 87 :
La société en Inde
à la fin de XVI« siècle
par Savitri ChandraHommes et dieux des Andes
par Venan A. VellardEd Gallimard, Paris 1974Prix . 12 F
*
Pour tous les livres ci-dessus,s'adresser à son libraire habituel. Ne
pas passer de commande à l'Unesco.
L3m
L J -ir
-
H lu T?n
_ i i i .
PUBLICATIONS UNESCO 1974
La politique culturelleen Roumanie
par Ion Dodu Balan73 pages. 10 F
Les politiques dela communication en Hongriepar Gabor Fodor et Tamas Szecskö59 pages. 10 F
Communication et diffusiondes sciences sociales
Dans Revue internationale
des Sciences sociales »
Volume XXVI, n' 3, 1974Le numéro : 4 F
Abonnement annuel : 45 F
Culture et traditions d'AsieDans - Cultures
Volume I, n° 4, 1974Le numéro : 22 F
Abonnement annuel : 75 F
Où en est l'éducation
des travailleurs migrants ?Dans Perspectives -,Revue trimestrielle de l'éducation.
Volume IV. n" 3, 1974Le numero : 8.50 FAbonnement annuel : 28 F
Année européennedu patrimoine architectural
L'année 1975 a été proclamée par leConseil de l'Europe « Année européennedu patrimoine architectural ». Celle-ci doitmarquer le point culminant d'une campagnemise en route en 1973 afin de dénoncer
les dangers qui menacent ce patrimoine etde susciter des mesures de sauvegarde quipermettraient de conserver le caractère desvilles et villages anciens et d'assurer auxédifices anciens une fonction vivante dans
la société contemporaine.
L'expériencedes autres
Des équipes de spécialistes envoyéespar la Commission nationale de la Répu¬blique fédérale d'Allemagne pour l'Unescoont mené une vaste enquête à travers neufpays européens (Autriche, France, Hongrie,Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni,Suisse, Tchécoslovaquie) afin d'y étudierdifférents projets de sauvegarde et demise en valeur des cités historiques. Le butde cette enquête, réalisée avec la coopé¬ration des Commissions nationales pourl'Unesco dans ces pays, et dont les résul¬tats seront publiés à l'occasion de I' « An¬née européenne du patrimoine architectu¬ral » en 1975, était de faire profiter laRépublique fédérale d'Allemagne des expé¬riences acquises par ses voisins dans cedomaine.
Un avenir
pour notre passé
Récemment produit par l'Unesco, un filmde télévision, Un avenir pour notre passé,montre comment, avec l'aide de l'Unesco,
des travaux de restauration et de préserva¬tion ont été entrepris dans différentes par¬ties du monde : Abou-Simbel, Philae. Car¬
thage, Florence, Venise, Machu Picchu,Boroboudour. D'une durée de treize minu¬
tes, ce film de 16 mm en couleurs existe
en version française, anglaise, espagnoleet russe. Pour tous renseignements com¬plémentaires, s'adresser à la Division dela radio et de l'information visuelle, Officede l'information du public, Unesco, placede Fontenoy, 75700 Paris.
Mission Unesco
à Chypre
Selon le rapport d'une mission del'Unesco, le patrimoine culturel de Chypren'a pas autant souffert qu'on aurait pu lecraindre des événements dont l'île a été
ces derniers temps le théâtre. La missiona pu constater que les châteaux de Kyré-nia et de Paphos, ainsi que la mosquéeLala Moustafa à Famagouste n'avaient subique très peu de dommages. Les mosaïquesdécouvertes à Paphos ont été endomma¬gées mais leur restauration ne pose pasde graves problèmes. La surveillance dessites archéologiques et des dépôts devrait
être renforcée et les trafics illicites stric¬
tement interdits et empêchés afin de proté¬ger le patrimoine de Chypre.
Un programmehydrologique mondial
de cinq ans
L'homme épuise ou pollue ses réservesd'eau douce à la cadence de trois cents
kilomètres cubes par an. Réunie au siègede l'Unesco à Paris, une Conférence hydro¬logique internationale a examiné les diffé¬rentes solutions possibles pour remédier àla pénurie d'eau douce. Organisée conjoin¬tement par l'Unesco et l'OrganisationMétéorologique Mondiale, cette Conférencea passé en revue les réalisations de laDécennie hydrologique internationale lancéepar l'Unesco en 1965. Elle a adopté unvaste programme hydrologique mondialpour les cinq années à venir, programmequi souligne l'importance des recherchesscientifiques à accomplir sur les problèmesde la sécheresse et les effets de la pollu¬tion des ressources en eau de la planète.
Un éditeur japonaisPrix international du livre
Le premier Prix international du livrea été attribué à un important éditeur japo¬nais, Schoichi Noma, pour rendre hommageà son rôle d'animateur dans la campagnede promotion de l'édition en Asie. Le prixa été décerné par le Comité internationaldu livre, qui regroupe les principales orga¬nisations professionnelles de ce domaine.M. Noma est le fondateur du Centre deTokyo pour la promotion du livre en Asie,créé à la suite de la Conférence sur la
promotion du livre en Asie, tenue en 1966sous les auspices de l'Unesco.
En bref...
M Dix-sept pays d'Amérique latine et desCaraïbes ont signé une convention régio¬nale placée sous les auspices de l'Unesco
et aux termes de laquelle ils s'engagent àappliquer l'équivalence de leurs titres et
diplômes respectifs.
D'après l'Organisation Mondiale de laSanté, la tuberculose reste l'un des grandsproblèmes de santé. On estime à quinze ouvingt millions, le nombre de cas infectieuxdans le monde.
> Selon une récente enquête de l'Unescosur les problèmes de l'énergie dans lemonde, il suffirait d'exploiter les déchets
des grandes villes des Etats-Unis pourobtenir l'équivalent en énergie de 150 mil¬lions de barils de pétrole.
Le Mobral, Mouvement Brésilien pourl'Alphabétisation, avait organisé de 1970 à1973 une campagne nationale contre l'anal¬
phabétisme ; on sait maintenant qu'elle a
permis d'apprendre à lire et à écrire à plusde trois millions cinq cent mille analpha¬bètes.
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Nos lecteurs nous écrivent
SUR LA MÊME LARGEUR
Les suggestions de Maaza Békélépour améliorer les conditions de vieen Afrique sont fort intéressantes (nu¬méro de juillet-août 1974 sur la popula¬tion). D'autres pays, dans d'autrescontinents, pourraient tirer avantage del'application de ces idées. Elle suggèreen particulier : « ... Un mouvementvers la coopération économique parmiles nations africaines et entre elles,
laquelle peut assurer un marché assezlarge pour instaurer un commerce ren¬table. » Un regard sur la carte de l'Afri¬que fait apparaître quelques problèmes.Les voies ferrées vont, en effet, de lacôte vers l'intérieur des terres et n'ont
que peu, quand elles en ont, d'embran¬chements. De la sorte, le commerceavec les nations d'outre-mer est favo¬
risé alors que les relations avec lespays voisins sont difficiles. Mais, cons¬truite de nouveaux embranchements ne
suffirait pas, car les voies ferrées exis¬tantes ont cinq ou six écartements dif¬férents. H suffit de se souvenir quel'Angleterre construisit le premier che¬min de fer à vapeur en 1825, mais quece n'est qu'en 1892 que la dernièrevoie à 'grande largeur fut ramenée aumême écartement que celui des autresvoies. La même expérience a été faitepar les autres grandes nations indus¬trielles. Un écartement unique et natio¬nal est nécessaire pour le déplacementrapide des gens et des biens. Il va desoi qu'il vaut encore mieux que despays voisins utilisent la même largeurde voies.
Henry R. KormanLongview, Washington
Etats-Unis
TOUT CE QUI VIT
EST FRÈRE DE L'HOMME
Votre numéro portant sur l'Annéemondiale de la population (juillet-août1974) répondait à la question poséepar Cam : « Suls-je le gardien de 'monfrère 7 » « Oui I » Mais cette
réponse soulève plusieurs problèmes.Admettons que celui de la population(près de 4 milliards d'individus surterre) apparaisse dans toute sa com¬plexité à chaque communauté humaine.Supposons qu'une nation interdise lecontrôle des naissances. Sa populationcroit alors plus vite que la possibilitépour ce pays de fournir travail décentet nourriture à ses habitants. Les autres
nations doivent-elles aider cette nation
qui ne peut le faire elle-même 7
Considérons une autre nation, riche,
celle-là. Ses habitants mangent plusqu'ils n'en ont besoin. Ils gaspillentalors que d'autres ont faim. Parce qu'ilspeuvent payer, ils utilisent pour leursloisirs des ressources que des nationsplus démunies pourraient mettre à laproduction d'aliments. Les plus pourvusdevraient-ils partager avec ceux qui nepossèdent même pas de quoi satisfaireleurs premières nécessités ? Un payssous-peuplé réclame plus d'hommes etde femmes pour mettre en valeur sesressources inexploitées. Les bénéficesdus à son développement se réparti¬ront-ils également entre tous 7 Ou bienle but de la libre production est-il unmoyen de perpétuer les actuelles diffé¬rences de pauvreté et de richesse ?
Si une nation organise son agri
culture et son industrie, ses fermes et
ses usines pour ne pas polluer l'atmo¬sphère, l'eau et le sol, cette nationdoit-elle agir pour arrêter les agisse¬ments dangereux d'une autre nation ?Chaque nation insiste sur le fait quec'est à elle seule de décider ce qu'elledoit faire pour ses citoyens.
Les auteurs de vos articles sur le
problème de la population ont bienmontré qu'un pays peut se faire du torten ne tenant pas compte du bien-êtredes autres. René Dumont dit qu* pourcontinuer à vivre d'une manière accep¬table sur cette terre, le changement exi¬gerait souvent « l'abolition des privi¬lèges et donc une véritable révolutionsociale ».
La seule façon efficace de pousserles gens à agir pour le bien communpasse par l'éducation, la persuasionet l'appel à son propre intérêt, tantimmédiat qu'à long terme. Mais y a-t-ilencore assez de temps pour que l'édu¬cation soit efficace 7 0ue pouvons-nous faire d'autre 7 Tout en utilisant au
mieux le temps qu'il possède, l'hommedevrait penser aux êtres vivants qui par¬tagent avec lui la terre. Attaché qu'il està sa propre survie, l'homme agit commes'il était le produit le plus important dela création. D'autres créatures existent
pourtant qu'il peut manger ou faire tra¬vailler pour lui. L'homme pourrait sedemander s'il aimerait vivre dans un
monde rempli de ses propres répliques,sans poissons, sans animaux, sansoiseaux, sans insectes. Mais tout cequi vit est frère de l'homme. Quel'homme contrôle son propre nombreet encourage les autres formes de vieà se multiplier et le monde conti¬nuera à faire vivre l'homme et son
frère.
Rachmiel Forschmiedt,Seattle, Washington,
Etats-Unis
LES AMIS DE L'UNESCO
Nous avons récemment créé un club
de jeunes < Les Amis de l'Unesco »,dont les adhérents ont de dix-sept àtrente ans. Notre but : donner une largepublicité aux réalisations de l'Unesco,et nous tenir informés de l'état actueide la science, de l'éducation, de lalittérature, de l'art et du patrimoine cul¬turel des autres pays. Nous ne savonspas trop comment fonctionnent les clubssimilaires qui existent ailleurs, aussiserions-nous heureux d'en savoir da¬
vantage sur les associations qui appor¬tent leur soutien aux Nations Unies et
à l'Unesco.
Zenonas Gricius
Papile, KalniskiaiR.S. de Lithuanie
ÉNIGMES BOTANIQUES
DU PAMIR...
C'est avec une grande attention quej'ai lu l'article paru dans le numéro denovembre 1974, Intitulé : « Enigmesbotaniques de l'Asie Centrale. Dessavants soviétiques étudient les para¬doxales richesses du Pamir. » On reste
stupéfait devant la végétation luxuriantede ces hauts lieux. Plusieurs causes
ont été avancées : radiation ultra¬
violette de 50 pour cent plus élevée que
la normale, réaction solaire intense due
à la transparence et à la sécheresse del'air, variations excessives de tempéra¬tures, etc. Mais, à mon avis, deuxcauses fondamentales ont été omises, *dont la principale est la très granderadioactivité de sols. Des savants fran¬
çais et des chercheurs ont montré, dèsavant la dernière guerre, les effets sti¬mulateurs importants provoqués par dessubstances radioactives soigneusementdosées. Le sol des plateaux du Pamirdoit renfermer un pourcentage élevé desilice et la silice pure est éminemmentradioactive. La seconde cause, liée àla première, doit provenir de la trèsfaible quantité d'argile incluse dans lesol. L'argile et tous ses dérivés sont,en effet, de bons isolants pour lescourants et rayonnements électriques,magnétiques, radioactifs, etc.
M. Thibaudat
Epinal, France
... ET RAYONNEMENT COSMIQUE
Je viens de lire avec un très vif
Intérêt l'article d'Anatoly V. Pokrovski,paru dans le numéro de novembre 1974et consacré aux « Enigmes botaniques »du Pamir. Pour moi, qui suis ingénieuret scientifique et qui ai eu la chancede pouvoir me promener dans la régiondu Val d'Aran, dans les Pyrénées, cetarticle constitue un véritable enchante¬
ment. Cependant, je m'étonne que l'au¬teur n'ait pas mentionné le rôle pou¬vant être joué par le rayonnement cos¬mique pour trouver peut-être des expli¬cations à ces énigmes botaniques. Au-dessus de 2 100 m, de 2 500 m à 3 800 mau-dessus du niveau de la mer et à la
latitude du Pamir, le bombardement enprotons et en muons doit être assezimportant et de nature à provoquer,sans doute, d'autres effets biologiquesque ceux pouvant résulter du renforce¬ment des radiations lumineuses de
courte longueur d'onde ou ultra¬violettes du spectre solaire, de la puretéou transparence de l'air, de la séche¬resse, etc. Il semble bien, en tout cas,que pour ce qui concerne la biologievégétale, l'Institut Botanique du Pamirprésente une importance mondiale fon¬damentale. Et il est réconfortant quece soit justement un article captivantde M. Pokrovski dans le « Courrier
de l'Unesco » qui nous le rappelle.
Georges AngerandParis, France
LA CULTURE DE L'OCÉANIE
Le « Courrier de l'Unesco » a publié,et à juste titre, plusieurs articles por¬tant sur les cultures de nombreux peu¬ples et pays. Mais je pense que leslecteurs accueilleraient avec plaisirquelques articles traitant du passé despeuples de l'Océanie et de leur cultureoriginale ; celle-ci continue de poser denombreuses énigmes. En fait, le lec¬teur sait beaucoup moins de chosessur ces peuples de l'Océanie que surl'Afrique ou l'Amérique du Sud ; cesdeux continents ont déjà fait l'objetde multiples articles, tant dans lesouvrages de vulgarisation scientifiqueque dans les d'imagination.
V.F. NevgodKiev, URSS
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Vient de paraître
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La nouvelle édition de VAnnuaire statistique de l'Unesco-1973contient d'innombrables renseignements recueillis dans lemonde entier (plus de 200 pays et territoires) concernantnotamment :
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et commander d'autres publications de l'UnescoVous pouvez commander les publications de
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directement à l'agent général (voir liste ci-dessous).Vous pouvez vous procurer, sur simple demande,les noms des agents généraux non inclus dans la liste.Les paiements des abonnements peuvent êtreeffectués auprès de chaque agent de vente quiest à même de communiquer le montant du prixde l'abonnement en monnaie locale.
ALBANIE. N. Sh. Botimeve Nairn Frasheri, Tirana.ALGÉRIE. Institut pédagogique national, 1 1, »rue
Ali-Haddad, Alger. Société nationale d'édition et dediffusion (SNED), 3, bd Zirout Youcef, Alger. RÉP.FED. D'ALLEMAGNE. Unesco Kurier (Édition alleman¬de seulement) : 53 Bonn 1, Colmantstrasse 22, C.C.P.Hambourg, 276650. Pour les cartes scientifiquesseulement : Geo Center, D7 Stuttgart 80, Postfach800830. Autres publications : Verlag Dokumentation.Postfach 148, Jaiserstrasse 13. 8023 Munchen-Pullach.RÉP. DÉM. ALLEMANDE. Buchhaus, Leipzig, Postfach140, Leipzig. Internationale Buchhandlungen, en R.DA.
AUTRICHE.Verlag Georg Fromme et C", Arbeiter-gasse 1-7, 1051 Vienne. Ag. pour les pub.de l'Unesco et pour l'édition française du « Courrier » :Jean De Lannoy, 112, rue du Trône, Bruxelles 5. CCP708-23. Édition néerlandaise seulement : N.V. Handel-maatschappij Keesing, Keesmglaan 2-18, 2 100 Deurne-Antwerpen. BRÉSIL. Fundaçâo Getùdo Vargas,Serviço de Publicaçées, Caixa postal 21120, Praia deBotafogo, 188, Rio de Janeiro, GB. BULGARIE.Hemus, Kantora Literatura, Bd Rousky 6, Sofia.CAMEROUN. Le Secrétaire général de la Commissionnationale de la République fédérale du Cameroun pourl'Unesco B.P. N* 1 061, Yaounde. CANADA. Infor¬mation Canada, Ottawa (Ont.). CHILI. EditorialUniversitaria S.A., casilla 1 0220, Santiago. RÉP. POP.DU CONGO. Librairie populaire, B.P. 577, Brazzaville.
COTE-D'IVOIRE. Centre d'édition et de diffusion
africaines. Boite Postale 4541, Abidjan-Plateau.DAHOMEY. Librairie nationale, B.P. 294, Porto Novo.
DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd, 6, Norregade.1165 Copenhague K. EGYPTE (RÉP. ARABE D').National Centre for Unesco Publications, N" 1 Talaat
Harb Street, Tahnr Square, Le Caire; Librairie KasrEl Nil, 38, rue Kasr El Nil. Le Caire. ESPAGNE.Toutes les publications y compris le Courrier : EdicionesIberoamericanas, S.A., calle de Oñate, 15, Madrid 20;Distribución de Publicaciones del Consejo Superiorde Investigaciones Científicas, Vitrubio 16, Madrid 6;Librería del Consejo Superior de Investigaciones Cien¬
tíficas Egipciacas. 15, Barcelona. Pour « le Courrier »
seulement : Ediciones Liber, Apartado 17, Ondárroa(Vizcaya). ÉTATS-UNIS. Unesco-Publications Center,P.O. Box 433. New York N.Y. 10016. - FINLANDE.Akateeminen Kirjakauppa, 2, Keskuskatu Helsinki.
FRANCE. Librairie Unesco, 7-9, place de Fontenoy,75700 Pans. C.C.P. 12.598-48. GRÈCE. Anglo-Hellenic Agency 5 Koumpari Street Athènes 138.HAITI. Librairie « A la Caravelle ». 36, rue Roux,B. P. 111, Port-au-Pince. HAUTE-VOLTA. LibrairieAttie, B.P. 64. Librairie Catholique «Jeunesse d'Afrique»,Ouagadougou. HONGRIE. Akadémiai Konyvesbolt,Vici U. 22, Budapest V.A.K.V. Kónyvtárosok Boltja,Népkoztarsasag utja 16. Budapest VI. INDE. OrientLongman Ltd. : Nicol Road, Ballard Estate. Bombay 1 ;17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13. 36a AnnaSalai Mount Road, Madras 2. B-3/7 Asaf Ali Road,Nouvelle-Delhi. Publications Section, Ministry ofEducation and Social Welfare, 72 Theatre Communi¬cation Building, Connaught Place, Nouvelle-Delhi 1.Oxford Book and Stationery Co., 1 7 Park Street, Calcutta1 6. Scindia House, Nouvelle-Delhi. IRAN. Commissionnationale iranienne pour l'Unesco, av. Iranchahr ChomaliN" 300, B.P. 1533, Téhéran, Kharazmie Publishing andDistribution Co. 229 Daneshgahe Str., Shah Avenue P.O. Box 14/1486. Téhéran. IRLANDE. The EducationalC* of Ir. Ltd., Ballymont Road Walkinstown, Dublin 12.ISRAEL. Emanuel Brown, formerly Blumstein's Book¬stores : 35, Allenby Road et 48, Nachlat BenjaminStreet, Tel-Aviv. Emanuel Brown 9 Shlomzion HamalkaStreet, Jérusalem. ITALIE. Licosa, (Librería Commis-sionaria Sansoni, S.p.A.) via Lamarmora, 45, CasellaPostale 552, 50121 Florence. JAPON. MaruzenCo Ltd., P.O. Box 5050, Tokyo International, 100.31.RÉPUBLIQUE KHMÈRE. Librairie Albert Portail,1 4, avenue Boulloche, Phnom-Penh. LIBAN. LibrairiesAntoine, A. Naufat et Frères, B.P. 656, Beyrouth.LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grand-
Rue, Luxembourg. MADAGASCAR. Toutes lespublications : Commission nationale de la Républiquemalgache. Ministère de l'éducation nationale, Tananarive.
MALI. Librairie populaire du Mali, B.P. 28,Bamako. MAROC. Librairie « Aux belles images »,281, avenue Mohammed V, Rabat. CCP 68-74. « Cour¬rier de l'Unesco » : pour les membres du corps ensei¬gnant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco20. Zenkat Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324-45).MARTINIQUE. Librairie « Au Bou I'M ich », 1, ruePerrinon, et 66, av. du Parquet, 972 - Fort-de-France.
MAURICE. Nalanda Co. Ltd.. 30, Bourbon StreetPort-Louis. MEXIQUE. CILA (Centro Interamencanode Libros Académicos). Sullivan 31 -Bis, Mexico 4 D.F.,
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Moulins, Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Salema &CarvalhoLtdacaixa Postal, 1 92, Beira. NIGER. LibrairieMauclert, B.P. 868, Niamey. NORVÈGE. Toutes lespublications : Johan Grundt Tanum (Booksellers), KarlJohansgate 41/43, Oslo 1. Pour« le Courrier » seulement:A.S. Narvesens, Litteraturtjenèste Box 6125 Oslo 6.
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POLOGNE. Toutes les publications : ORWN PAN.Palac Kultury i Nauki, Varsovie. Pour les périodiquesseulement : « RUCH » ul. Wronia 23, Varsovie 10.
PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda, Livrana Portugal,rua do Carmo, 70, Lisbonne. ROUMANIE. I.C.E.
Libn P.O.B. 134-13 5, 126 calea Victonei, Bucarest.Abonnements aux périodiques Rompresfilatelia, caleaVictonei nr. 29, Bucarest. ROYAUME-UNI. H. M.Stationery Office, P.O. Box 569, Londres S.E.1.SÉNÉGAL. La liaison du Livre, 13, av. Roume, B.P.20-60, Dakar. Librairie Clairafrique, B.P. 2005, Dakar;Librairie « Le Sénégal » B.P. 1594, Dakar. SUÈDE.Toutes les publications : A/B CE. Fntzes Kungl. Hovbok-handel, Fredsgatan, 2, Box 16356, 103 27 Stockholm,1 6. Pour « le Courrier » seulement : Svenska FN-Forbun-
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SECULAIRE DE BATIRPhoto © Fulvio Roiter, Venise
Ce type de constructions carrées, autrefois limité aux îlots de la côte est de la Tunisie, serencontre de plus en plus aujourd'hui à travers le pays (au premier plan, un pan de mur d'unemaison ; au fond, la mosquée). On connaît dans le monde entier d'innombrables témoignagesd'architectures traditionnelles où le beau et l'utile font, depuis des siècles, bon ménage.L'Unesco a entrepris une série d'études sur ces architectures dont la construction modernepeut souvent s'inspirer avec avantage. Voir article page 4.
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