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36 QUALITÉ CONSTRUCTION N° 136 JANVIER / FÉVRIER 2013 PATHOLOGIE MISE EN ŒUVRE Malgré l’existence de plans de prévention des risques de retrait-gonflement des argiles, l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation parasismique et des progrès apportés par la marque «NF Maison Individuelle», de sérieux efforts restent encore globalement à faire au niveau de la conception et de la réalisation des fondations superficielles et de la superstructure des maisons individuelles. TEXTE : FRANCK GAUTHIER PHOTOS : AQC/THIERRY BEL, FRANCK BÉCHADE/SOCABAT Photo AQC MAISONS INDIVIDUELLES DES FONDATIONS SOUVENT TROP SUPERFICIELLES MAISONS INDIVIDUELLES DES FONDATIONS SOUVENT TROP SUPERFICIELLES

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PATHOLOGIE MISE EN ŒUVRE

Malgré l’existence de plans de prévention des risques deretrait-gonflement des argiles, l’entrée en vigueur de la

nouvelle réglementation parasismique et des progrès apportés par la marque«NF Maison Individuelle», de sérieux efforts restent encore globalement à faireau niveau de la conception et de la réalisation des fondations superficielles et dela superstructure des maisons individuelles.

TEXTE : FRANCK GAUTHIERPHOTOS : AQC/THIERRY BEL,FRANCK BÉCHADE/SOCABAT

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Les chiffresde la

sinistralitéLes fondationssuperficielles

représentent l’élémentd’ouvrage qui consomme

la plus grande part ducoût total de réparation,

tous sinistres etbâtiments confondus,à savoir 12,5 %. Si l’onconsidère uniquement

les sinistres en maisonsindividuelles, cette part

atteint près de 25 %.Dans le secteur résidentiel

(collectif compris), lesdésordres de fondations

superficielles ayant pourcause la fondation sur solhétérogène représentent

30 % de l’effectif signaléà l’AQC; le coût moyen de

réparation associé estd’environ 29200 euros.À titre de comparaison,

le coût moyen deréparation pour

l’ensemble des désordresest de 6100 euros

toutes destinations deconstruction confondues

– contre 5790 euros dansle résidentiel.

En maison individuelle,la fondation sur sol

hétérogène représente22 % de l’effectif et 24 %des coûts de réparation.

Le coût moyen associé estde l’ordre de 30100 euros.

En ce qui concerne lesdommages dus à la

fondation sur sol argileux,la réparation consomme

en moyenne 42 % du coûtde construction – hors

immatériels et frais degestion. Il tend cependant

à baisser sur l’ensemblede la période 1995-2011,

passant de 56 % (1995-2003) à 41 % (2004-2011).

Source : Sycodés, base dedonnées de l’AQC contenant

les signalements de340 000 expertises

construction mandatéesdans le cadre de la DO,

la RCD et la RC, pour dessinistres dont les coûts de

réparation sont comprisentre 762 euros et

250 000 euros, apparusentre 1995 et 2011.

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(1) Par maisons à fondations superficielles, on désigne celles qui reposent directement sur le sol ou ne s’yenfoncent que légèrement (3 mètres au maximum). Les fondations superficielles les plus courantes sontles semelles filantes qui se trouvent sous les murs porteurs, et les fondations ponctuelles (plots ou dés defondation) qui se trouvent sous les poteaux. Le radier, qui est une dalle couvrant la totalité de l’emprise ausol de la construction, est utilisé si le sol ne peut supporter des charges localisées.

(2) Pour éviter que le sol d’assise des fondations superficielles ne soit déstructuré par les cycles gel/dégel dusol, son niveau doit être suffisamment profond. Cette profondeur dépend de la zone climatique et del’altitude. En France métropolitaine, le niveau «hors-gel» est généralement compris entre 0,50 et 1 m.

Alain Blondeau, expert près la cour d’ap-pel de Paris et spécialisé en structureset fondations, explique: «Les trois prin-cipales sources de pathologies au niveaudes maisons individuelles à fondations

superficielles (1) sont une insuffisance au niveau desfondations, les effets de la “sécheresse” et les condi-tions d’exécution. Beaucoup trop d’artisans et depetites entreprises de construction continuent encorede travailler de façon empirique, se basant sur deshabitudes et des a priori techniques approximatifs.Avec pour résultat des fondations à trop faible profon-deur, certaines d’entre elles n’étant même pas hors-gel (2). Au bout de quelques mois ou de quelques années, l’évolution du sol d’assise sous le poids de lamaison finit par provoquer des dégâts sur ses fonda-tions, qui se répercutent ensuite sur la superstructure.»En ville, certaines de ces constructions peuventaussi être bâties sur des terrains remblayés, hété-rogènes, etc., ce qui ne peut qu’aggraver les choses.

L’étude de sol ne résout pastous les problèmesLa plupart de ces problèmes résultent de l’absenced’une étude de sol. Heureusement, les choses é-voluent dans un sens positif. «L’étude géotechniquen’est pas obligatoire et on ne peut que le regretter.

De fortes incitations existent cependant: les construc-teurs de maisons individuelles (CMI) qui ont obtenu lamarque “NF Maison Individuelle” sont tenus de faireréaliser une telle étude. Certains assureurs de CMI oud’entreprises consentent une réduction des primes siune ingénierie d’étude ou de contrôle est associée auprojet: géotechnicien, bureau d’études structure,contrôleur technique… Certains projets placés sousle PPR retrait-gonflement sont également contraintsde faire réaliser une telle étude. On constate que cesont surtout les sociétés de construction d’une cer-taine taille (CMI, entreprises) qui se lancent danscette démarche. Cela ne couvre donc qu’environ la moi-tié du marché. Le reste des ouvrages est construit pardes artisans et de petites entreprises qui se dispensentle plus souvent de faire une étude géotechnique ouse contentent d’une étude de sol trop peu profes-sionnelle, sans analyse de sol en laboratoire. Certes,cela représente un certain budget – il faut compterenviron 2000 euros pour disposer d’une étude sé-rieuse – mais l’investissement est gagnant à chaqueopération. L’adaptation au sol de l’ouvrage sera faite“sur mesure”, ce qui réduit le risque d’apparition dedésordres futurs, toujours très coûteux à réparer. Deplus, dans certains cas, il est possible de réaliser deséconomies en optimisant les fondations», préciseAlain Blondeau. De même, en présence ���

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PATHOLOGIE MISE EN ŒUVRE

POUR EN SAVOIR PLUSRÉGLEMENTATION• Décret n° 2010-1254 du

22 octobre 2010 relatif à laprévention du risque sismique.

• Décret n° 2010-1255 du22 octobre 2010 portantdélimitation des zones desismicité du territoire français.

• Arrêté du 22 octobre 2010relatif à la classification etaux règles de constructionparasismique applicablesaux bâtiments de la classedite «à risque normal».

• Arrêté du 25 octobre 2012modifiant l’arrêté du 22 octobre2010 relatif à la classificationet aux règles de constructionsparasismique applicables auxbâtiments de la classe dite«à risque normal».

• Circulaire du 11 octobre 2010aux préfets et relative à laprévention des risques liés auretrait-gonflement des solsargileux, règlement PPRn RGA.

TEXTES DE RÉFÉRENCE• NF EN 1997-2 Eurocode 7 –

Calcul géotechnique – Partie 2 :reconnaissance des terrainset essais (septembre 2007).

• NF P94-500 Missionsd’ingénierie géotechnique –Classification et spécifications(décembre 2006).

• NF P11-213 (DTU 13.3)Dallages – Conception, calculet exécution. Partie 3 : cahierdes clauses techniques des dallages de maisonsindividuelles (mars 2005).

• DTU 13.11 Fondationssuperficielles (mars 1988)et son modificatif 1 au cahierdes clauses techniques(DTU P111-211) de juin 1997.

• DTU 13.12 Règles pourle calcul des fondationssuperficielles (mars 1998) etson erratum de novembre 1988.

• Référentiel de certificationNF 294 de la marque«NF Maison Individuelle» et«Maison Individuelle associéeà la démarche HQE®».

DOCUMENTATIONS• Fiches pathologie bâtiment

A.1 et A.2 de l’AQC, intitulées«Mouvements de fondationsde maison individuelle»,consultables surwww.qualiteconstruction.com.

• Article de la revue QualitéConstruction de l’AQC, intitulé«Savoir corriger des fondationsdéficientes» et publié dans len° 129 (novembre-décembre2011, pages 40 à 46).

SITES INTERNET• www.argiles.fr : site du BRGM

indiquant les zones concernéespar les argiles gonflantes.

• macommune.prim.net :pour avoir des informationssur les risques naturels,commune par commune.

d’un terrain en pente, s’il existe plusieurs solutionstechniques, le recours à un bureau d’études spécia-lisé permet de retenir la mieux adaptée dansl’enveloppe budgétaire fixée.«Le recours aux études de sol est devenu plus fréquentdepuis une quinzaine d’années environ. Les assu-reurs se montrent plus exigeants au niveau desconstructeurs organisés, et la négociation du taux deleur prime se base sur les désordres constatés et lesmoyens de prévention mis en œuvre. Ils privilégientdonc logiquement ceux qui systématisent l’étude desol. Cela constitue une sorte d’assurance sur l’avenir,mais à la condition expresse que les recommanda-tions du géotechnicien soient bien comprises et suiviesd’effet», souligne Maurice Armand, consultant tech-nique de l’Union des maisons françaises (UMF).«En effet, l’étude de sol ne résout pas tous les pro-blèmes. Lors de certaines visites de chantiers, nousnous apercevons que le constructeur ou le maçonn’a pas su interpréter et comprendre les risques relevés dans l’étude de sol, quand il ne l’a carrémentpas ignorée. D’où les désordres que nous venons

expertiser. La norme NF P94-500 qui définit les mis-sions d’ingénierie géotechnique est en train d’évoluer.Il faudrait que les préconisations communiquéessoient plus adaptées aux lecteurs que sont lesconstructeurs et les maçons… Et surtout que lesconnaissances de base en géotechnique soientplus largement diffusées», ajoute Franck Béchade,expert Socabat.« Il faut aussi savoir s’adapter aux cas de figure im-prévus. Même si le géotechnicien dit qu’il faut creuserà telle ou telle profondeur à tel endroit du terrain, ilne faut pas hésiter à le recontacter si d’autres hétéro-généités imprévues se révèlent lors du chantier. Mêmesi cela représente un surcoût…», précise MauriceArmand. L’hétérogénéité du sol est, en effet, unecause majeure de pathologies. Elle provoque destassements différentiels qui se traduisent par l’ap-parition de fissures, plus ou moins prononcées, auniveau des murs porteurs périphériques. «En régionProvence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), l’hétérogénéitédes sols est la principale cause de pathologies auniveau des fondations superficielles. Mais la solution

“L’étude de sol ne résout pas tous les problèmes. Lorsde certaines visites de chantiers, nous nous apercevonsque le constructeur ou le maçon n’a pas su interpréteret comprendre les risques relevés dans l’étude de sol,quand il ne l’a carrément pas ignorée”

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classiquement recommandée de descendre unifor-mément à 80 cm de profondeur, voire davantage danscertains cas, ne résoudra pas tous les problèmes desol. Les solutions-types ont, par définition, leurs li-mites. Il sera préférable de creuser plus profondémentà certains endroits et peut être moins à d’autres pours’adapter au mieux à la nature hétérogène du sol»,analyse Maurice Armand.

Consulter le PPRet le comprendreLes constructions sur des sols argileux, notammentceux composés de smectites et de montmorillonite,peuvent engendrer des mouvements différentiels.Sous l’effet de la dessiccation, l’argile voit sonvolume fortement diminuer. Mais ce n’est pas leseul problème. Les mouvements du sol ne sont pasuniformes sous la maison: en effet, l’argile situéesous la zone centrale de la maison est relativementprotégée de la sécheresse, contrairement à cellese trouvant à sa périphérie, d’où des mouvementsdifférentiels, générateurs de fissures. La trop grandeproximité d’une végétation ayant d’importantsbesoins en eau (chênes, peupliers, saules…) peutaussi aggraver ce processus. « Il ne faut pas toute-fois se focaliser uniquement sur les “arbres à hautestiges”. Même les haies en limite de propriété doiventrespecter la règle d’éloignement de 1,5 fois la taillede la végétation de toute construction sur un terrainsensible», précise Franck Béchade.Après une période suffisamment pluvieuse, l’effetopposé de gonflement de l’argile peut aller jusqu’à

refermer les fissures. Ce qui peut aussi poser denouveaux problèmes, cette fois-ci au niveau desréparations effectuées…«Depuis quelques années, les constructeurs et lesmaçons ancrent mieux les fondations : autour de80 cm de profondeur avec trois rangs de parpaings.C’est la solution a minima en prévention du retrait-gonflement des argiles dans les zones d’aléas faibleet moyen de la carte argiles.fr du BRGM», signaleFranck Béchade.Au niveau national, il existe un plan de préventiondes risques naturels des mouvements de terrainliés au retrait-gonflement des argiles (PPRn RGA).« Il doit normalement être transposé au niveau desdépartements puis de chaque commune argileuseà risque. Mais cette démarche a pris du retard :pour l’instant, environ 1200 mairies seulement ontapprouvé le PPRn… De plus, les préconisations durèglement PPRn pour les projets neufs ne sont pasassez explicites pour le maçon moyen. Il faudrait pré-voir un document d’accompagnement avec des fichespratiques pour illustrer ces préconisations de miseen conformité des maisons existantes. La loi sur lescatastrophes naturelles est également en cours derefonte avec notamment un volet qui concernera lesprojets neufs. Jusqu’à présent, le particulier, lelotisseur ou le constructeur en diffus pouvaientvendre un terrain sans aucune indication sur lescaractéristiques du sol. Avec cette réforme, une sortede carte d’identité du terrain sera fournie sur la based’éléments de reconnaissance du sol et son environ-nement» explique Franck Béchade. ���

La bande de pelouse grilléemontre la zone d’influence de lasuccion des racines de la haie,sur 1,5 fois sa hauteur.

Synthèse des mesuresforfaitaires prim.net etde la circulaire aux préfetspour la prévention du risqueRGA du 11 octobre 2010.

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2Illustration AQC/Thierry Bel

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Toujours faciliterl’évacuation des eaux« Il serait assez facile de diviser par deux le nombrede sinistres en cessant d’ignorer l’importance decertains phénomènes pouvant apparaître commemineurs à première vue: des regards fuyards, uneabsence de drain… Bref, de l’eau qui stagne au pieddes fondations, en plus ou moins grande quantité, plusou moins durablement, et qui, peu à peu, change lo-calement la consistance du sol. Cela peut mettre desannées. Ainsi, un simple regard fuyard à 15 eurospeut finir par “ruiner” une maison à 100000 euros…»,souligne Franck Béchade. En effet, une hydrata-tion accidentelle du sol va plastifier les argiles,d’où la perte de portance locale et le mouvementdifférentiel de la construction.Il faut également se méfier de certains travauxréalisés à proximité d’une maison. «Les tranchéespour l’implantation ou la rénovation des réseaux, parexemple, peuvent entraîner dans certains cas unapport d’eau localisé et profond qui peut déstabiliserle sol» explique Alain Blondeau.

«Si le terrain de fondation est peu perméable (argile,limon…), les eaux d’infiltration peuvent venir s’accu-muler le long d’un ou plusieurs murs enterrés. Laréalisation d’un drain périphérique est donc indispen-sable, mais cela ne suffit pas. Il faut s’assurer dumaintien de son bon fonctionnement au fil du temps:il ne doit pas se boucher, l’exutoire naturel ou artifi-ciel (égout) doit toujours rester opérationnel, et sil’eau de drainage est amenée vers une fosse, lapompe d’exhaure ne doit pas être défaillante… »,rappelle Alain Blondeau, qui souligne aussi leparadoxe des drains dans les sols sensibles auretrait-gonflement qui doivent être éloignés desouvrages de fondations. «Sur les terrains en pente,par définition on se méfie, donc le problème est le plussouvent traité. C’est plus rarement le cas en terrainplat alors qu’il s’y crée des zones de rétention d’eau.L’eau descend le long du mur de soubassement etarrive sur la fondation. Il faut donc absolumentdrainer autour de la maison. S’il n’y a pas d’exutoireopérationnel, l’humidité stagne. L’eau doit pouvoirsortir faute de quoi la fondation va se transformer en

“Il serait assez facile de diviser par deux le nombrede sinistres en cessant d’ignorer l’importance decertains phénomènes pouvant apparaître commemineurs à première vue: des regards fuyards, uneabsence de drain…”

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bassin de rétention, en véritable “piège à eau” qui vaamplifier les variations hygrométriques », préciseMaurice Armand. «Le bon sens impose une bonnegestion de l’eau avant, pendant et après le chantier.Il faut laisser l’eau passer, ne pas la retenir mais, aucontraire, faciliter son parcours. Réaliser une tranchéen’est pas sans risque: sur certains chantiers, elleest à contre-pente, ce qui aggrave plutôt la situation!Certaines cunettes aussi sont mal réalisées: avec unélément de coffrage de chaque côté, elles ont desrebords trop élevés qui font que l’eau contourne lacunette ou est piégée par elle… D’une manière gé-nérale, les solutions les plus simples sont souvent lesplus fiables. Et dans tous les cas de figure, il faut prévoir des solutions visibles ou visitables, avec desregards pour voir ce qui se passe et intervenir rapi-dement, si nécessaire».« Attention aussi au déroulement du chantier deconstruction : lors de travaux pendant l’hiver, ledessous de la maison peut facilement se transformeren piscine. Si rien de particulier n’est fait et que laconstruction reprend ensuite, la maison se fissureraprobablement dès la première année », expliqueFranck Béchade. «Travailler dans la boue n’est jamaisune bonne solution… Si le vide sanitaire se remplit enphase travaux, il se remplira à nouveau à l’avenir dèsqu’il pleuvra. Il faut donc prévoir une sortie pour éva-cuer l’eau en phase chantier, sortie qui sera conservéeensuite», ajoute Maurice Armand.Dans certaines régions comme par exemple la ré-gion Paca, la plupart des maisons ne disposentpas de gouttières pour évacuer les eaux pluviales

en provenance du toit. « Il faut donc savoir gérerl’eau qui arrive au pied du mur. Le plus simple est deregarder, d’observer l’endroit où elle a tendance às’évacuer naturellement par ruissellement. Il faut,en quelque sorte, se mettre à la place de l’eau et sedemander par où il sera, pour elle, le plus facile depasser. Et d’adapter la solution retenue en consé-quence. Au final, l’idée d’un trottoir périphérique toutautour de la maison n’est pas toujours une bonne idée.S’il n’est pas parfaitement solidarisé avec la façade,l’eau va s’infiltrer à la jonction entre les deux. Danscertains cas, s’il est mal réalisé par exemple, unecontre-pente peut même ramener l’eau contre lafaçade», précise Maurice Armand.

Davantage rigidifier la maison«En ce qui concerne les dallages sur terre-plein, la der-nière version du DTU 13.3 (norme NF P11-213), publiéeen 2005, préconisant des renforts métalliques et desessais à la plaque, a fait progresser les choses», ex-plique Franck Béchade. «Le prix d’un dallage conformeà ces nouvelles dispositions s’approche de celui d’unplancher sur vide sanitaire. Cette dernière solution ap-porte de la rigidité et des charges sur les fondations,qui rendent la construction moins sensible au gon-flement des argiles », souligne Franck Béchade.L’entrée en vigueur de la nouvelle réglementationparasismique (3), qui tend à rigidifier les maisons,va améliorer leur comportement vis-à-vis des mou-vements de sols d’une manière générale, et devraitréduire le nombre de pathologies. «Cela élimineral’effet des petits tassements et va différer

Regard fuyard et dommage surterrasse.

Auréole de diffusion de l’eau àl’intérieur du vide sanitaire derrièrele regard.

et À l’extérieur : absenced’éloignement des eaux durant lechantier (photo de gauche).À l’intérieur : le vide sanitairese transforme en piscine (photo de droite).

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(3) L’entrée en vigueur de lanouvelle réglementationparasismique vientd’être reportée au 1er janvier2014 par l’arrêtédu 25 octobre 2012.

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la date d’apparition des sinistres des mouvements dif-férentiels importants», commente Franck Béchade.«Les ferraillages des maisons individuelles souffrent de malfaçons chroniques: le défaut de continuité desarmatures des ouvrages en béton armé (liaisons se-melle/chaînage vertical, chaînage vertical/chaînagehorizontal…). Cent cinquante euros d’équerres de ren-forts suffisent pour assurer la transmission des effortsde traction à ces différents nœuds», ajoute-t-il.

Attention auxmodifications ultérieuresDans le cas d’une mitoyenneté avec un bâtimentexistant, les charges reportées d’une constructionà l’autre peuvent être gênantes. «Les fondationsd’un bâtiment en construction doivent descendre auniveau de celles du bâtiment voisin existant. Autrepossibilité: les fondations du bâtiment voisin peuventêtre descendues, par une reprise en sous-œuvre,au niveau du bâtiment en construction», rappelleMaurice Armand

L’extension d’une maison existante peut elle aussiposer problème, surtout si la maison est ancienne.«Les systèmes constructifs sont le plus souvent dif-férents et la liaison entre les deux parties souvent ratée.Si elle est très forte entre les deux parties du bâtimentet qu’ils évoluent de façon différente, une fracture seproduira entre les deux et se répercutera au-delà duscellement. Si la liaison est fragile, une cassure anar-chique se produira et se répercutera aussi sur lesecond œuvre (huisserie, revêtements…). La bonneméthode consiste tout simplement à prévoir un jointde rupture entre les deux parties et une dissociationplus marquée», explique Alain Blondeau.La création d’une terrasse ne s’improvise pas nonplus. En effet, l’ajout d’une plate-forme contre unefaçade crée une surcharge parasite excessive audroit de la semelle du mur. D’où un risque de tas-sements différentiels et de fissurations. Risqueauquel peut s’ajouter celui de la formation d’unecontre-pente ramenant les eaux pluviales collec-tées par la terrasse à sa jonction à la façade… ■

“Les fondations d’un bâtiment en construction doiventdescendre au niveau de celles du bâtiment voisinexistant. Autre possibilité: les fondations du bâtimentvoisin peuvent être descendues, par une reprise ensous-œuvre, au niveau du bâtiment en construction”

Photo AQC

Fissuration verticaleà la jonction de deux maisonsmitoyennes non harpées entreelles et sans joint de rupture à la suite du tassement d’unedes deux constructions.