Des corps et conjonctures 20 (pt)

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-Des Corps et Conjonctures/ N°20 / Ass Laza/ juin 2016/ Trimestriel/ Des Corps et Conjonctures USual aspect Je suis le jeune homme blond aux yeux bleus célibataire et furieux qui vit encore dans sa chambre d'enfant chez ses parents à Bichwiller à coté de Starsbourg et qui à deux heures du matin traîne sur les forums du Monde, du Parisien et du Figaro et tape sa haine des juifs, des musulmans, des arabes, des pédés, de la gauche, des réfugiés, des migrants, alors qu'il n'en a jamais rencontré et qui a accroché à son mur un poster de Marion Maréchal le Pen qu'il fixe la nuit quand il est dans son lit et agite sa bite dans sa main sauvagement dans tous les sens parce que Marion Maréchal le Pen est si sexy, si blonde, si française....(Extrait Je suis Fassbinder- Falk Richter) USual aspect à l'Académie Fratellini Solo IN SITUation Sur des extraits de Je suis Fassbinder de Falk Richter Oreille et œil extérieur: Anne De Broca Corps dansant et voix: Jean-Jacques Sanchez Les explorations IN SITU se sont déroulés du 20 au 24 juin 2016 dans le cadre d’une résidence à l’Académie Fratellini. Une sortie d’atelier s’est tenue le 24 au soir dans le studio 2 de l’Académie. © Hans Zejec- 2016- USual aspect © Hans Zejec- 2016- Chion © Hans Zejec- 2016- Fratellini Une vomissure poétique et politique en écho transcendé de notre monde. Par là se dessine progressivement une sorte de mythologie personnelle dont l'élaboration se nourrit de la pratique agissante, de la disposition des corps à composer ensemble, de moi-même me prêtant à l'expérience de l'incarnation, ou encore de l'analyse des phénomènes de transcription d'une pensée politique citoyenne, militante, vers une forme artistique en train de naître. Ma peau, mes organes, mes douleurs, mes peurs, mes cauchemars, mes sentiments et névroses se transforment en agrégats, en concentrés de matières et de désirs fondus et refondés sans cesse. C'est aussi objectivement la mise en pâture d'une existence qui ouvre l’accès à ses sources intimes, écrites, respiratoires, confidentielles. Sources alignées sur une pensée mutante en proie à la vision sublimée d'une réalité qui ne cesse de changer d'aspect, de couleur et de saveur. Cette mythologie personnelle est un abandon de soi en tant que construction consciente, socialisante qui dorénavant se désagrège et se reconstitue autant de fois qu'il m'est donné de temps et d'opportunités pour une action représentative. Qu'il soit dans la sphère privée ou publique, un acte qui se dessine comme un produit de transformation directe sur les bases à la fois transitoires et structurées de vases communiquant. C'est en ce sens qu'il est sans doute question de performance. L'état de Performer en réponse au désir de renvoyer une interprétation de notre monde s'effectue à tout instant dans la préparation des jalons de construction conscients et inconscients à partir de points de vue sur la vie réelle (espaces, objets et présences animales) et imaginaire. Ceci en considérant ce qu'il adviendra probablement ou non, selon des faits et gestes, des situations communes ou individuelles, tous transformateurs. L'action de représentation et d'interprétations IN SITUation s'appuie au préalable sur la notion d'universalité liée à nos corps et nos esprits, elle laisse en friche un espace de la pensée,un périmètre d'action, dans lesquels toutes les folies, les choses hors norme, peuvent s'engouffrer avec gravité et jubilation, dans la légèreté autant que dans la profondeur. (Jean-Jacques Sanchez- Juin 2016) 1 1

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Des Corps et Conjonctures

USual aspectJe suis le jeune homme blond aux yeux bleus célibataire et furieux qui vit encore dans sa chambre d'enfant chez ses parents à Bichwiller à coté de Starsbourg et qui à deux heures du matin traîne sur les forums du Monde, du Parisien et du Figaro et tape sa haine des juifs, des musulmans, des arabes, des pédés, de la gauche, des réfugiés, des migrants, alors qu'il n'en a jamais rencontré et qui a accroché à son mur un poster de Marion Maréchal le Pen qu'il fixe la nuit quand il est dans son lit et agite sa bite dans sa main sauvagement dans tous les sens parce que Marion Maréchal le Pen est si sexy, si blonde, si française....(Extrait Je suis Fassbinder- Falk Richter)

USual aspect à l'Académie Fratellini Solo IN SITUation Sur des extraits de Je suis Fassbinder de Falk RichterOreille et œil extérieur: Anne De BrocaCorps dansant et voix: Jean-Jacques SanchezLes explorations IN SITU se sont déroulés du 20 au 24 juin 2016 dans le cadre d’une résidence à l ’Académie Fratellini.Une sortie d’atelier s’est tenue le 24 au soir dans le studio 2 de l ’Académie.

© Hans Zejec- 2016- USual aspect © Hans Zejec- 2016- Chiffon © Hans Zejec- 2016- Fratellini

Une vomissure poétique et politique en écho transcendé de notre monde. Par là se dessine progressivement une sorte de mythologie personnelle dont l'élaboration se nourrit de la pratique agissante, de la disposition des corps à composer ensemble, de moi-même me prêtant à l'expérience de l'incarnation, ou encore de l'analyse des phénomènes de transcription d'une pensée politique citoyenne, militante, vers une forme artistique en train de naître. Ma peau, mes organes, mes douleurs, mes peurs, mes cauchemars, mes sentiments et névroses se transforment en agrégats, en concentrés de matières et de désirs fondus et refondés sans cesse.

C'est aussi objectivement la mise en pâture d'une existence qui ouvre l’accès à ses sources intimes, écrites, respiratoires, confidentielles. Sources alignées sur une pensée mutante en proie à la vision sublimée d'une réalité qui ne cesse de changer d'aspect, de couleur et de saveur.

Cette mythologie personnelle est un abandon de soi en tant que construction consciente, socialisante qui dorénavant se désagrège et se reconstitue autant de fois qu'il m'est donné de temps et d'opportunités pour une action représentative. Qu'il soit dans la sphère privée ou publique, un acte qui se dessine comme un produit de transformation directe sur les bases à la fois transitoires et structurées de vases communiquant. C'est en ce sens qu'il est sans doute question de performance. L'état de Performer en réponse au désir de renvoyer une interprétation de notre monde s'effectue à tout instant dans la préparation des jalons de construction conscients et inconscients à partir de points de vue sur la vie réelle (espaces, objets et présences animales) et imaginaire. Ceci en considérant ce qu'il adviendra probablement ou non, selon des faits et gestes, des situations communes ou individuelles, tous transformateurs.

L'action de représentation et d'interprétations IN SITUation s'appuie au préalable sur la notion d'universalité liée à nos corps et nos esprits, elle laisse en friche un espace de la pensée,un périmètre d'action, dans lesquels toutes les folies, les choses hors norme, peuvent s'engouffrer avec gravité et jubilation, dans la légèreté autant que dans la profondeur. (Jean-Jacques Sanchez- Juin 2016)

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© Hans Zejec- 2016- Les sœurs cabanes

GENÈSE DE L'ÉMERGENCE. JE DIS MERDE...

Au même titre que les croyances le sentiment de peur rejoint sans doute, comme influence primitive et primaire, une des sources originelle de l’art. Jadis, nous dansions pour faire appel à ce qui était invisible, impalpable. Pour ces esprits de l’ombre et de l’infini nous déversions nos incantations, nos chants et nos danses. Nous dessinions pour déjà retranscrire nos images, restituer la magie du monde sur des espaces et des supports inégaux, avec le goût des matières et des matériaux, avec la passion des ombres et des lumières.

Aujourd’hui tu danses contemporain lavé de tout, tu développes le culte de la personnalité, dans une conformité absolue, plus aucun mystère, ni étonnement, ni surprise. La danse pourrait représenter avant tout l'art d'être ensemble, l'art favorisant la reconnaissance des uns et des autres, des uns par les autres, un médium d'universalité sociale liée à notre communauté de corps. La spécificité des territoires et celle royale à la française semblent alimenter l'inverse. Cette spécificité nationale agit sur ce que représente fondamentalement la danse en tant que pratique de corps experts ou amateurs de mouvements....

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US textes// United Spaces//(…) Que se passe-t-il quand je décide de ne pas regarder l’oeuvre, en l’occurrence la danse ? Je me détourne de son image, je me détourne de l’image de ce corps qui danse. Je ne le regarde pas car sans doute suis-je indifférent à sa présence. Probablement que cette indifférence donnera naissance à une danse, à la danse de l’indifférence. Notons que l’indifférence est déjà une présupposition, une interprétation subjective d’un regard qui se détourne d’une danse. Ce regard me paraît être de l’indifférence, mais cela est trompeur. Ce regard qui se détourne peut être celui qui veut prendre la pleine dimension du mouvement qui se joue à côté de lui. En détournant notre regard c’est notre dos et nos appuis que nous mettons en contact, qui absorbent l’espace entier. Notre espace propre et celui de l’autre. C’est donc une indifférence qui n’en est pas une. Ici l’interprétation réductrice vient également des lacunes de notre regard analytique ou plutôt l’empressement que l’on a à vouloir donner à notre comportement corporel une interprétation classée dans l’ordre des règles culturelles établies. Pourtant, il s’agit de percevoir notre relation aussi par le corps et non à travers seulement la connaissance du comportement social de l’être, de sa psychologie ou de l’interprétation que suggère la direction de son regard. Percevoir ou savoir regarder un corps ne se transmet pas que dans l’analyse référentielle classique, elle implique dans l’ici et maintenant pour celle ou celui qui observe en même temps son propre corps, la perception fine des mouvements d’autrui. Les composants de cette fonction réceptive et réactive de son système physiologique sont constitués de ses yeux au même titre que de son ventre et ses pieds ou encore de son bassin et sa mâchoire. Tout ce qui matérialise son corps comme matière vivante et interactive agissent en tant que récepteurs. Nous sommes dans l’analyse des orientations spatiales du corps qui caractérisent nos modalités d’interaction, qui posent comme enjeux la nature et qualité de nos relations dans un espace. En cela nous admettons que chez le danseur, en tant que celui qui danse, ses yeux sont surtout le prolongement de son dos. Rien de plus. Et tant à la fois. Il semble que la force de l’interprète tient du fait qu’il ne s’engage nullement dans une multitude de voies. Il opère des choix minimes, il sait très bien que le spectateur saura s’inventer toute la complexité des états d’âme de l’acteur interprète jusqu’à la nature de leurs origines. En ce sens, établir son interprétation en partant du corps et uniquement du corps, en le protégeant du superflu, des parasitages maniérés, donne accès à toutes les transformations et métamorphoses possibles. En ce qui concerne la danse, aucuns états d’âme n'intervient mais des choix, des points de vue, des positionnements préalables déterminants, .... Autre hypothèse concernant la vision de ce corps qui danse: je décide de le regarder de plus près, de le regarder dans ses moindres mouvements, sursauts, sons, odeurs; je le scrute, l’espionne, m’en abreuve et me colle à lui. Il n’est pas question d’agir dans l’unidirectionnel, autrement dit ne pas imaginer être réceptif et émetteur sinon dans une écoute à 360°. Il pourrait être question de réduire au maximum les espaces qui nous séparent mais sans jamais oublier les espaces qui nous englobent, ceux qui sont derrière nous, les volumes au dessus de nos têtes, les espaces pleins sous nos pieds; il pourrait s’agir de tendre vers la notion isomorphe du geste, de la posture significative, de créer le dialogue avec l’emploi d’un vocabulaire reproduit spontanément, ou encore s’attacher à prolonger le geste, à le transformer. Ces espaces à la surface que nous modulons avec nos gestes constituent la genèse de l’image vivante, de l’action en cours dans son paysage avec ce qu’ils nous signifient ensemble de poétique et d’exaltant. Davantage encore, ce qui lui donnerait toute sa valeur, viendrait, me semble-t-il, du point de vue de la composition spatiale et graphique. Là encore la danse serait un objet dédié à transposer notre regard sur la plasticité des espaces, leur volume, leur profondeur. La danse comme présence physique de corps humains ne constituant pas ainsi un point d’aboutissement et d’achèvement en soi mais une valeur véhicule structurante et de continuité temporelle permettant la découverte de la composition globale de l’espace, de ses reflets et de ses multiples possibles configurations... Je parle parfois de la profondeur du regard, celui, introspectif, sur lequel le danseur s’appuie souvent pour visualiser son espace intérieur, ses os, ses articulations, ses tendons, son alignement, en même temps qu’il produit le mouvement. Ce regard introspectif caractérise dans la plupart des cas, l’attention portée sur une partie du corps en particulier, ou l’écoute des sensations qui naissent du fait de danser, ou encore révèle comment on peut (sur)jouer l’accès à une perception et un champ de vision d’autant plus larges et sensibles que le regard se fixe dans un axe unique; Une posture qui impose une lecture du type regardez moi je suis ici même si je n’en ai pas l ’air mais permettez moi, je suis ailleurs en même temps. Je propose que ce regard introspectif, mono directionnel ou encore parfois figé, disparaisse pour laisser place à un regard de l’instant, à un regard de perception immédiate, à un regard global et précis, vif et vivant, percevant les premiers plans, les seconds, et les profondeurs de champ avec toute la richesse qu’elles dévoilent. Ce regard est celui qui n’enlève en rien la qualité d’écoute intérieure, la puissance des sensations éprouvées pendant la danse, la réception des données spatio-temporelle que son propre être traverse. À travers ce flux de sensations et d’informations géré dans le secret, ce regard habité est vivant, riches des événements internes et des faits extérieures qui se déroulent. Il suggère un visage réactif, libre de marquer les sentiments ou les émotions, et non de les masquer. Ce regard enfin voit loin et vient du profond. Car il est en quelque sorte naturel et allégé d’une stylisation contraignante. Il est sans doute question de style également dans ce regard naturel dont je parle, mais avec l’avantage d’être émancipateur. Il porte plus sur l’instant présent que sur le souci de la fabrication de sa propre image ou la certification que le corps dans lequel on bouge est une chose seulement à considérer sérieusement. Le spectacle extraordinaire réunit des gens du même ordre: extraordinaires car ils réunissent de multiples compétences dans la vie et dans les arts. ( Jean-Jacques Sanchez// Extrait US Notes- 2015)

© Hans Zejec- 2016- sans titre

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Actualités Mars// Avril// Mai// JuinAteliers danse des 12 et 13 mars (Klap maison pour la danse) // http://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/2016/02/atelier-danse.html

US// Création 2016-2017 avec le groupe Et maintenantDu 9 au 13 avril 2016// Dans les parages (La Zouze)Du 6 au 9 juin 2016// CCN d'Aix-en-Provence.Du 8 au 11 septembre 2016// Klap, maison pour la danse.Du 12 au 16 septembre 2016// CCN d'Aix-en-Provence.

US// Solo US ual aspectLe 27 mai 2016 (Grenier du Corps- Marseille)Du 20 au 24 juin 2016 ( Académie Fratellini- Paris)

US// Textes United Spaceshttps://issuu.com/sanchez22/docs/us-_jean-jacques_sanchez__pt___re__

*Film // VOL - 2016En partenariat avec La RépliqueÉcrit et réalisé par Jean-Jacques Sanchez- 2016avec la participation des comédiens de La Répliquehttp://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/2016/03/vol-labo-sequence.html

Film VOLhttps://vimeo.com/166052793code: labo

Film// OUTSIDEME- 2015https://vimeo.com/125991995

Liens

Les Relieurshttp://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/p/photos.html

Les Confluenceshttp://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/2007/04/les-confluences-modalites.html

Des Corps et Conjonctures (du N° 0 au N° 18)http://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/2013/03/des-corps-et-conjonctures-dcc.htmlContact Des Corps et ConjoncturesMail : [email protected]

Blog Jean-Jacques Sanchez// Actualitéshttp://jeanjacquesanchez.blogspot.fr/

TAC {danses} et le projet Corps à l'ouvragehttp://danseenentreprise.blogspot.fr/

La tournée des POPOTES : blog initié "by AC PACA"http:// revalisables.blogspot.fr/

DCC 20 // Logo de Michael CrosRédaction : © Jean-Jacques Sanchez

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