Des CNO avant et après une chirurgie - fresubin.be¨s... · 100-150% ANC . Attention aux pertes...
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6ème journée diététicienne de Fresenius Kabi Belgique Des CNO avant et après une chirurgie P. Coti Bertrand PD et MER clinique – EDM Responsable Nutrition Clinique Responsable somatique au centre abC
Bruxelles 2016
Mr Alain, 73 ans
Motif hospitalisation • 09.04.16
• amené par son amie aux urgences pour impaction alimentaire: une oesophagoscopie permet le retrait de l’aliment
• découverte d’une escarre sacrée et d’un ulcère pied G avec ischémie sub-aigüe … hospitalisation en chirurgie vasculaire
• 15.04.2016
• appel diététicienne car chirurgie prévue dans 4 heures
NRS = 5 poids 51 kg BMI 16.6
A - Détérioration de l’état nutritionnel Points B - Gravité de la maladie (stress)
Points
Pas de détérioration 0 Pas de stress 0
Degré 1 (léger) perte de poids > 5% en 3 mois ou
a mangé un peu moins au cours de la dernière semaine (entre 50 et 75% des repas usuels censés couvrir les besoins nutritionnels)
1 Degré 1 (léger) Fracture de la hanche, patients chroniques et présentant des complications aiguës : cirrhose, BPCO, dialyse, diabète, tumeurs malignes.
1
Degré 2 (modéré) perte de poids > 5% en 2 mois ou
BMI entre 18.5 et 20.5 + détérioration de l’état général ou
a mangé moins de la moitié de sa ration au cours de la dernière semaine (entre 25 et 50% des repas usuels censés couvrir les besoins nutritionnels)
2 Degré 2 (modéré) Opérations importantes de l’abdomen, accident vasculaire cérébral, pneumonies graves.
2
Degré 3 (grave) perte de poids > 5% en 1 mois ou
BMI < 18.5 + détérioration de l’état général ou
n’a pratiquement rien mangé au cours de la dernière semaine (entre 0 et 25% des repas usuels censés couvrir les besoins nutritionnels)
3 Degré 3 (grave) Traumatisme cranio-cérébral, polytraumatisme, brûlures graves, transplantation de moelle (allogreffe), patients en soins intensifs (score APACHE> 10)
3
C - Age du patient : si > 70 ans, ajouter 1 point 1
Total des points* (A+B+C) 3+ 1+ 1 5
*Interprétation du total des points (score): ≥ 3 points : entreprendre une assistance nutritionnelle
Kondrup et al. Clin Nutr 2003
Score de Kondrup - NRS 2002
3
Mr Alain, 73 ans
Antécédents: Patient polyvasculaire: AMI (changement régulier de médecin traitant, ulcère pied depuis oct 15), 3 stents cardiaques en 2006, cérébral (AVC sylvien G en 1999, AIT sylvien D en 2008) • HTA • Diabète de type 2 non insulino-requérant traité par ADO • Hypercholestérolémie traitée • Tabagisme actif • Syndrome de dépendance à l'alcool
• Troubles de la marche et de l'équilibre d'origine multifactorielle • Ostéoporose fracturaire (hanche D en 2009, épaule G en 2010, L4-L5 en 2012) Traitement à domicile • Lisitril 5mg 1x/j • Beloc Zok 25mg 1xjour • Aspirine cardio 100mg 1x/jour • Glucophage 850mg 2x/jour • Atorvastatine 10 mg 1x/j
Anamnèse « rapide » avant le bloc opératoire !!! Anamnèse difficile car patient faible, apathique • Selon patient: va bien, mange bien à la maison. Refuse une alimentation mixée • Selon amie: diminution des ingesta depuis 1 an avec épisodes de toux nécessitant
une texture mixée. Boissons: 1 verre de rosé le soir • Selon courriers médicaux: hospitalisation en nov 15: perte de 5kg en 10 jours …
infection urinaire et alcoolisation aigüe Anamnèse sociale • Séparé, a 3 enfants sans contact, vit avec une amie … suspicion de maltraitance par
la compagne • Habite dans un appartement au 2ème étage sans ascenseur avec 60 marches
d'escaliers. Il se mobilise très difficilement avec 2 cannes • Aide pour la toilette 2x / semaine
Les interventions chirurgicales
15.04.2016 1. désobstruction percutanée et pontage fémoro-péronier
2. soins locaux pour l’ulcère pied 3. soins locaux pour l’escarre sacrée
Question 1
En post-opératoire immédiat, quel est votre objectif nutritionnel ?
1. Observer si le patient corrige sa perte de poids spontanément
2. Stabiliser le poids du patient 3. Renourrir le patient 4. Prévenir le syndrome de renutrition
inappropriée
Evaluation nutritionnelle … le diagnostic
Jusqu’en 2013 Taille: 1,75 Poids de forme 60 kg BMI 19.5
22.11.15 55 kg BMI 17.9 11.04.16 51 kg BMI 16.6
Diagnostic nutritionnel
Dénutrition Sévère
Ne pas la laisser s’aggraver
Masse musculaire Fonte généralisée, retentissement fonctionnel +++
Perte de poids 7% en 5 mois 15% en 2 ans
Causes Inappétence, OH, dysphagie? , situation sociale, plaies chroniques
Conséquences Apathie, asthénie, chutes, escarre sacrée, ulcère chronique de pied, ostéoporose
Evaluation des besoins nutritionnels
Environnement
Médicaments
Maladies
Diarrhées / Vomissements
Immobilité
Examens / Investigations
Baisse de moral Régimes
Douleur
Hospitalisation = je mange avec difficulté
Problèmes Mastication Déglutition
Horaires Lieu du repas
Inflammation
Symptômes
Préférences/ Aversions Religion
croyances
Patient
Nausées Culture
Choix au patient
Consensus de nutrition péri-opératoire
La morbidité et la mortalité post-opératoires sont réduites ~10% par un support nutritionnel préopératoire de 7 à 10 jours chez les patients dénutris sévères qui ont une chirurgie majeure
Consensus de Nutrition périopératoire. SFAR Paris 1995 Satyanarayana R. Curr Opin Clin Nutr Metabol 1998
ESPEN 2006 SFNEP 2013
Stress opératoire et renutrition
En phase aiguë • Inflammation • stress oxydatif … hypercatabolisme • résistance à l’insuline … hyperglycémie et lipogénèse
de novo
… lutte contre la perte de poids … pas de renutrition
Recommandations ERAS Alimentation - Nutrition
Objectifs principaux Mieux nourrir le patient
Réduire l’impact métabolique du stress chirurgical
Buts
Contrôler les facteurs de l’iléus postopératoire
Offrir (Autorisation?) l’accès aux nutriments en préopératoire et en postopératoire
Prise en charge nutritionnelle périopératoire
Réduction du jeûne préopératoire Réalimentation orale postopératoire précoce, rapide, à volonté, enrichie par des SNO Dépistage et soins métaboliques du patient dénutri
Phase pré-opératoire
Réduction du jeûne préopératoire Boissons claires, enrichies en hydrates de carbone jusqu’à 2 heures avant l’anesthésie et l’opération
• Minimiser le déséquilibre de la balance azotée
• Réduire l’hyperglycémie post-opératoire (= réduire les complications infectieuses) par diminution de 50% de la résistance à l’insuline postopératoire
• Pas de modification du résidu gastrique comparé à un jeûne > 6h
Boisson claire: sans lipides ni alcool (eau, thé, café, jus de fruits sans pulpe, avec ou sans carbohydrates)
Phase post-opératoire
Réalimentation post-opératoire orale Précoce
• Normale dès 4h postopératoire pour chirurgie colo-rectale
• Normale dès 24h postopératoires pour gastrectomie
À volonté
Enrichie par des CNO (1000 kcal et 60 g de prot/j) jusqu’à normalisation de la prise alimentaire
Patient dénutri
Dépistage et soins métaboliques du patient dénutri (>10% perte de poids en préopératoire ou NRS-2002 > 3)
Couverture progressive en 7 à 10 jours des besoins nutritionnels (15 puis 30 kcal/kg/j) pour relance de l’anabolisme
Prendre en compte les apports oraux et IV
Dosages K, Mg, Ca, Ph avant de débuter les suppléments nutritifs pour prévention du syndrome de renutrition inappropriée. Corriger les déficits.
Traitement du SRI
Prévention Augmentation progressive des apports protéino-énergétiques
Plus la dénutrition est sévère et plus les apports doivent être faibles
10-15 kcal/kg, soit ≤ 500 kcal durant 3 premiers jours
Puis progression : 30-35 kcal/kg
prendre en compte les apports oraux et IV
Question 2
Le patient mange la moitié de ses plateaux, quel est votre traitement nutritionnel ?
1. Alimentation orale enrichie et fractionnée 2. Alimentation orale + CNO 3. Alimentation par sonde gastrique 4. Alimentation parentérale en raison des risques
de fausses routes
Le CNO est un traitement…
Or la polymédicamentation est dangereuse chez la personne âgée La prescription médicale et les indications du CNO sont à respecter …
Prescription
Johnson S et al . Can J diet Pract Res 2009
Pratiques de 13 EMS canadiens
Prescription Infirmière 59% puis médecins, diététiciennes, autres
Indication
Perte de poids involontaire Cicatrisation
Produits
À choix selon disponibilité dans l’EMS
Echec des adaptations de l’alimentation 18%
Indications
ESPEN guidelines 2006 / SFNEP 2012 Dénutri ou à risque de dénutrition Fracture de hanche ou chirurgie orthopédique Démence précoce ou modérée Prévention des escarres Traitement des escarres
A A C A C
Démence et CNO
ESPEN guidelines 2015 Indiqué pour traitement de la dénutrition
Apport de 125 à 680 kcal/j en collation
Gain de 1.9 à 6.6 % du poids (muscle !)
Pas de gain sur la survie
Non indiqué pour traitement ou prévention de la démence
Espen guidelines on nutrition and dementia. Volkert D et al. Clin Nutr 2015
Observance et CNO
Méta-analyse récente de 46 études de CNO • observance générale de 67 à 81% • augmentation moyenne de l’apport calorique de 430 kcal/j • sans diminution associée de la prise alimentaire
Hubbard GP, Elia M, Holdoway A, Stratton RJ. A systematic review of compliance to oral nutritional supplements. Clin Nutr. 2012.
Au CHUV l’apport calorique par CNO est de 356 kcal/j en moyenne
Observance
Van der Berg GH et al . Clin Nutr 2015
234 PA avec dénutrition aiguë
2 CNO en 2 ou 4 prises avec la médication ou entre les repas pdt 10 jours
Bonne compliance définie par consommation > 75% de prescription
Compliance améliorée de 25% + 84 kcal/j
si
Fractionnement de la prise du CNO
Prise avec les autres médicaments
Apport accru de 84 kcal/j
=
+ 1 kg de poids en 3 mois
Question 3
En raison de l’escarre sacrée et de l’ulcère malléolaire, quel CNO prescrivez-vous ?
1. CNO standard 2. CNO hyperprotéiné 3. CNO hyperénergétique 4. CNO spécifique pour cicatrisation de plaie
2393 résidents / 29 EMS
x 2.5 risque escarre
Ingesta insuffisants et risque d’escarre
Shahin et al. Nutrition 2010
4067 patients / 22 hôpitaux
x 4 risque escarre
Prévention et traitement des escarres chez les patients à risque de dénutrition
Langer G et al. Cochrane Database Syst Rev. 2014
23 RCT 6062 patients (12-4028) 60->80 ans
AVC, Soins intensifs, fracture de hanche, lésion médullaire, personnes âgées EMS
Trt nutritionnel seul ou mixte (SNO / suppléments spécifiques / NE)
versus
alimentation standard (11 RCT) ou autre trt nutritionnel
RR 0.84; 95% CI 0.74 à 0.96; P = 0.01
Prévention des escarres chez les patients à risque de dénutrition
Stratton RJ et al, 2005.
Réduction de 25% du risque d’ escarre NNT: 19.25 supplémentés pour
prévention de 1 escarre
Besoins spécifiques escarre et plaies Supplémentation globale
Eau: 1-1.5 ml /kcal /j
Énergie: 30-40 kcal /kg /j
Protéines: 1,2-1,5g /kg /j
Vitamines et oligo-éléments: 100-150% ANC
Attention aux pertes !!!
Supplémentation spécifique peu de preuves
ESPEN 2006, SFNEP 2006
HAS 2001, NICE 2005
EPUAP 2003
Ann InternMed. 2015;162:167-174. doi:10.7326/M14-0696
Evolution postopératoire
… Stopper la perte de poids Prise en charge nutritionnelle par le service gestion du SRI: Na, K, Mg, Ph, Ca dans la norme préalbuminémie: 0.13 g/L alimentation fractionnée, texture mixée + 1 CNO + boissons lever au fauteuil poids, ingesta/24h, préalbuminémie dans 1 semaine Validation par la diététicienne avis logo bilan social bilan calorique sur 3 jours
1 mois plus tard
Mobilisation encore difficile: transferts
avec aide
Besoins couverts mange l’entier d’une portion normale + collations
apportées par la famille + 1 CNO/j
Hydratation environ 1,5l eau et thé froid
Transit constipation chronique avec parfois lavements
18.05.2016: transfert CTR pour reconditionnement … corriger la perte de poids
Au niveau social mis sous curatelle et éloignement de l’amie
Accepter le traitement
Rappeler les enjeux
Démontrer les bénéfices
Bilan continuer ou stopper?
ETP et observance
25 à 90 %
35 à 80%
40 à 80 %
50 à 100 %
1 mois 6 mois 7-12 mois > 1 année
ETP
Observance 1 à 2 CNO/j
Question 4
Quelle est la cause du trouble récent de la déglutition chez ce patient ?
1. nouvel accident vasculaire cérébral 2. neuropathie diabétique 3. traitement médicamenteux 4. dénutrition sévère 5. alcoolisme chronique
• Maladie chronique invalidante «Maladie de longue durée caractérisée par des symptômes légers et évoluant parfois vers la récupération ou vers le décès par cachexie ou par complication d'une maladie aiguë»
Louise Bérubé. Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement 1991.
http://www.med.univ-rennes1.fr/sisrai/dico/R602.html
• Maladie évolutive … soins spécifiques de phases/polypathologie
• Traitement évolutif … adaptation des soins nutritionnels
• Vieillissement … effets insidieux … risque nutritionnel repérage précoce +++
Un impératif: comprendre la maladie de base