Départ à La Retraite

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    LE DÉPART À LA RETRAITE : PERCEPTIONS ET

    ACCOMPAGNEMENT Georges Arbuz

     

    La Doc. française | Retraite et société

    2013/2 - n°65pages 168 à 178

     

    ISSN 1167-4687

    Article disponible en ligne à l'adresse:

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe-2013-2-page-168.htm

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    Pour citer cet article :

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Arbuz Georges, « Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement »,

    Retraite et société , 2013/2 n°65, p. 168-178.

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    Georges Arbuz, anthropologue

    Le départ à la retraite :perceptions et

    accompagnement

    Tour à our considéré comme une vicoire sociale, une ransiion ou une rupure dans larajecoire de vie, le dépar à la reraie a donné lieu à de nombreuses éudes, suscié bien

    des quesions. Qualifié de période sensible pouvan enraîner une pere de confiance,enamer lesime de soi, provoquer un doue sur ses capaciés, enraîner un repli, il failobje depuis quelques années dun regain dinérê compe enu de ses enjeux sur ledéroulemen de la dernière parie de lexisence. En sociologie, un programme euro-péen de recherche1 es en cours sur les causes des dispariés observées lors du vieillis-semen (morbidié, moralié e espérance de vie) liées aux condiions de vie, de ravaile de sané anérieures, ainsi quaux modaliés du dépar à la reraie2.

    Léude sur laquelle sappuie la rédacion du présen aricle sinscri dans cete démarche.Dinspiraion anhropologique, son objecif néai pas de relever dune façon com-

    préhensive la variéé des manières de se représener e de vivre le dépar à la reraie,que lon peu réaliser par exemple lors dune enquêe sociologique, mais de décrire

    1. Share (Survey on health, ageing and retirement in Europe). Lancée en 2002 à l’initiative de la Commissioneuropéenne, l’enquête a été menée simultanément entre 2004-2005 et 2006-2007 dans plusieurs paysd’Europe auprès de 20 000 ménages, dont au moins un membre est âgé de 50 ans et plus. Au total, plusde 30 000 répondants ont été interrogés à chaque vague sur différentes dimensions du vieillissementdont celles de l’emploi, de la famille, de la santé et de la retraite. Voir l’avant-propos de Claudine Attias-Donfut et Nicolas Sirven, 2009, Emploi et retraite en Europe, Retraite et société, n° 57, p. 4-8.2. Voir aussi le programme Visat (vieillissement, santé, travail)

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    Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement

    les reenissemens psychologiques suscepibles dêre provoqués par lévénemen,didenifier les difficulés qui pouvaien en résuler pour les nouveaux reraiés dansleurs enaives de se consruire une nouvelle organisaion de vie, e de parir de cesdonnées pour élaborer un proje de formaion en phase avec les besoins e les atenesde ces personnes.

    Ce qui a changé en quelques décennies

    Un mode de vie revendiqué

    Après 1946, le sau de reraié ne se limie pas à désigner une caégorie de la popu-laion définie par son âge e par son ype de revenus (la reraie), il recouvre aussi uneconcepion de la dernière ranche de vie à laquelle la majorié des Français, acifs einacifs, jeunes e moins jeunes, es rès atachée. Une enquêe de lIned (Insiu naio-nal déude démographique) en 1956 relève la saisfacion de la majorié des Françaisconcernan ce nouveau sau e les perspecives quil ouvre.

    La reraie, droi absolu, es un emps libéré des serviudes de la vie acive3, par rapporauquel les Français de 1946, noammen ceux qui on pâi de condiions de ravail pénibles,on des projes rès clairs. Un demi-siècle de lutes syndicales e poliiques pour évier que

    les vieux ravailleurs ne finissen leurs jours dans la misère on aboui à ce quÉlise Feller aappelé une révoluion des menaliés… celle de linégraion du emps de la reraie dansle cycle de vie de lindividu e de sa famille4. En même emps, laccroissemen de la pré-carié professionnelle des salariés les plus âgés a rendu plus difficile la gesion des fins decarrière. Le aux dacivié du groupe dâge 55-64 ans es passé de 73 % en 1971 à 39 %en 1995 e ne ses pas amélioré depuis5. La nécessié daffroner, avan lâge officiel dudépar à la reraie, les aléas dune siuaion économique se raduisan par un chômageélevé chez les salariés âgés a donné ou son prix à lobenion du sau de reraié ou àun équivalen de celui-ci6.

    L’émergence de nouvelles représentationsConséquences de la muaion démographique e culurelle e de lamélioraion descondiions de vie, de nouvelles représenaions de la vie après la reraie se manifesen.En conrase avec les slogans du ype « heureuse reraie, à oi les bons momens dedéene » quon peu encore lire sur ceraines cares de vœux, de nouveaux iniulésprônen les bienfais dune reraie acive. Loin dêre un phénomène de mode, ils sonen phase avec les recommandaions des insances inernaionales7 qui insisen sur les

    3. Le mot « loisir » vient du vieux mot français « leisir », début du XIVe siècle, du verbe latin licere quisignifie « avoir la permission » ou « être libre ». Les notions de loisir ou de temps de loisir sont réappa-

    rues en Angleterre au temps de la révolution industrielle à la fin du XIXe siècle.4. Feller É., 2005, Histoire de la vieillesse en France 1900-1960, Seli Arslan, p. 298.5. « Alors que l’espérance de vie s’allonge, la durée de la période active de l’existence tend à se contrac-ter… L’activité après 55 ans tend à se raréfier… », in Ruellan R., 1998, Droit de la sécurité sociale, Dalloz,13e éd., p. 177 ; Guillemard A.M., 2010, « Les défis du vieillissement » (chap. II), in Les seniors sur le mar-ché du travail, incertitudes de la seconde moitié de carrière, Armand Colin, p. 38-97.6. Burnay N., 2002, « Retrait anticipé du marché de l’emploi et exclusion sociale », Gérontologie et société,n° 102, p. 109.7. Voir le rapport de la 2e assemblée mondiale sur le vieillissement des Nations Unies, Espagne 2002et en France, le plan national Bien vieillir de 2007-2009, dont l’évaluation vient d’être publiée.

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    effes bénéfiques du mainien dune acivié physique e menale e dune inserion dansla sociéé. Il fau prendre le concep dacif non comme la seule apiude à lexercice phy-sique ou à lemploi, mais comme le mainien dune implicaion dans les aciviés écono-miques, sociales, spiriuelles, culurelles e cioyennes, rappelle lOrganisaion mondialede la sané (OMS)  . Reser acif perme déchapper à la soliude e au désœuvremen,davoir des horaires réguliers, de coninuer à faire parie de réseaux de sociabilié, de seconsidérer oujours comme un membre à par enière de la sociéé.

    Ce changemen dorienaion me en jeu les apiudes de chacun à organiser une ranchede vie beaucoup plus longue quaurefois e rès différene de celle qui la précédée.Les quesions maines fois posées par les personnes ayan paricipé aux éudes on éé :

    « À quoi vais-je occuper mes journées ? Quelle par es-ce que je souhaie consacrerà une acivié sociale, à ma famille, à moi-même ? » Une enseignane énonce ainsi soninerrogaion :

     Les femmes dans ma famille ne travaillaient pas, elles ont vieilli sans intérêt pour la vie hor- mis le cercle restreint des proches, n’ont pas su se maintenir dans la vie sociale. Elles ont refermé peu à peu toutes les portes. C’est terrifiant. Moi, j’ai envie de vivre. J’ai besoin de rester active, de continuer à m’occuper des autres, de penser, réfléchir, aider.

    Mais quen es-il dans la praique ? Commen les nouveaux reraiés se représenen leurreraie, viven le passage, son-ils préparés à leur nouvelle exisence ?

    Ce que l’étude a mis en évidence

    La persistance de perceptions différentes du départ à la retraite

    Il nexise pas de consensus au sein dune même classe dâge sur ce que représene ledépar à la reraie. Selon son milieu dorigine, lemploi occupé, les condiions de ravail,son éa de sané, la manière don on y es préparé, ses capaciés dadapaion, les sol-liciaions de son enourage, le passage de la vie professionnelle à celle de reraié nes

    pas appréhendé de la même façon. Cerains le considèren posiivemen, daures le per-çoiven comme lenrée dans une zone de urbulence, regreten ce quils on perdu,décriven leurs difficulés à shabiuer à leur vie de reraié. Dans lensemble des émoi-gnages recueillis, deux atiudes dominen : celle des sujes qui, regardan en arrière, sonsurou soulagés darrêer une acivié professionnelle devenue rop difficile à assumersans se préoccuper de ce quils von faire de leurs journées, e celle des reraiés qui seprojeten dans lavenir, on des projes en atene, des aciviés e des inérês aures queceux de leur méier ou son soucieux de se rouver de nouvelles occupaions, un milieusocial au sein duquel ils peuven coninuer à exercer leurs capaciés.

    Les premiers présenen leur dépar à la reraie comme une délivrance, la fin de condi-ions de ravail pénibles. Les seconds perçoiven leur dépar à la reraie comme un pas-sage quils doiven réussir. Leur atenion se pore sur le remplacemen de ce qui a failinérê de leur vie passée, leur acivié professionnelle, une équipe, un senimen dui-lié. Il sagi de ravailleurs qui non pas eu à souffrir de condiions maérielles rop diffi-ciles, jouissen dune bonne sané, on exercé des méiers inéressans, on su sadaperà différens conexes, son paris à la reraie dans de bonnes condiions. Ces personnesson soucieuses de reser acives, craignen le désœuvremen.

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    Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement

    Il fau aussi menionner ceux pour qui le dépar à la reraie a éé un événemen atendu,loccasion de réaliser des projes mûremen réfléchis, e ceux qui ny pensen pas à lavance,fon comme si la reraie ne les concernai pas, rearden le plus longemps possible lemomen dy réfléchir, si bien quun jour ils se rouven brualemen confronés à lan-nonce de la fin de leur acivié professionnelle sans y avoir éé préparés.

    Une opportunité bienvenue de tourner la page pour certains

    Le dépar à la reraie peu êre perçu comme un soulagemen, noammen lorsquon aexercé un méier pénible. « Jen avais marre de ravailler. », nous dira un ancien mineurde la ville dOtange-Nondkeil en Lorraine, pari à la reraie, en 1984 à 51 ans, après

    7 ans dans le bâimen e 30 ans dans les mines : J’ai été 7 ans au chargement mécanique, les galeries avaient 10 mètres de haut. Sur une largeur de 1,9 à 2 mètres, les mineurs foraient puis tiraient. Il y avait la poussière, les gaz, le fond était grillagé pour éviter l’effondrement des pierres. Mais de temps en temps une pierre tombait de la voûte. Il fallait être en bonne santé pour tenir, supporter la silicose, le bruit, la poussière, l’humidité. Tous les ans, on déplorait à la fosse un ou deux morts.

    Soulagemen égalemen quand on a assumé des responsabiliés comme Monsieur L.,ancien chef denreprise :

     Durant ma vie professionnelle j’ai eu de gros soucis. Lorsqu’on doit demander de partir

     à des gens qui ont fait toute leur carrière à l’usine, lorsqu’il faut les convoquer dans son bureau pour leur dire : vous êtes trop vieux, vous n’êtes plus utile, ce n’est pas drôle. Être dans l’obligation à 50 ans de fermer des usines, humainement, c’est insupportable. La retraite permet de passer à tout autre chose. On peut enfin apprécier l’existence, res- pirer, se promener, rencontrer ses amis, prendre son temps pour faire les choses quivous plaisent.

    Cela peu êre aussi loccasion de réaliser de vieux projes e de découvrir de nouvellesmanières dêre. Madame H., enseignane à la reraie, a choisi de redevenir éudiane :

    Quand j’ai pris ma retraite, je me suis sentie soudain exclue de la société. J’étais devenue

     inutile. Après un temps de réflexion, je me suis inscrite comme étudiante libre à l’Univer- sité. J’y ai trouvé plein de retraités. J’ai découver t l’amitié, la camaraderie. Je n’étais plus avec des collègues, ni celle qui savait tout, mais avec des copains. Nous étions heureuxd’apprendre et avions beaucoup de points communs. Ça dure depuis 20 ans.

    Un passage plus ou moins difficile pour d’autres

    Le senimen de pereLe passage de la vie acive à celle de reraié peu êre apprécié en an que fin deconraines à la longue éprouvanes, ou en laissan une impression de vide, le senimen

    dune pere. « Par rappor au méier exercé auparavan, à ce quon a acquis comme savoire expérience pendan les 40 ans duran lesquels on a beaucoup rimé, on a la sensaionque ça a perdu oue uilié e quon ne ser plus à rien. » Ce consa dune ancienneresponsable de laboraoire es confirmé par un cadre denreprise :

     Il faut admettre que c’est une situation bien embarrassante de se retrouver à 60 ans comme

     si tout ce qu’on avait acquis auparavant comme savoir et comme expérience n’avait plus aucune utilité et qu’on a envie de faire plein de choses, mais sans trop savoir lesquelleschoisir et où les réaliser.

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    Une image de soi fragiliséeMonsieur J. exprime ainsi son regre :

    Tout le temps qu’on travaille, on a un statut, une fonction. […] C’est comme une carapacequi vous protège et que vous perdez au moment du passage à la retraite. Vous vous sen-tez alors vulnérable, découvrez que vous avez du mal à expliquer qui vous êtes.

    Les risques découlan de cete siuaion son une pere de confiance en soi, labandonde ses aspiraions personnelles, le renoncemen à ses projes, le remplissage de sonemps par ou ce qui se présene, uniquemen par craine dêre désœuvré e din-quiéer son enourage.

    Le face-à-face avec une réalié jusque-là occuléeLa récepion de lannonce, quelle soi orale ou épisolaire, quéan donné son âge, onnes plus « auorisé » à ravailler peu donner lieu à un rappel brual, au dévoilemendune réalié jusque-là ignorée. Un main le compable de luniversié qui employaiMadame L. lui a annoncé, quayan atein 65 ans, elle ne serai plus rémunérée. Elleexplique :

     Ainsi, une partie de ce qui me plaisait s’en allait, s’arrêtait brutalement. Ah oui, j’avais 65 ans.

     J’étais passée subitement de l’autre côté. Ça m’a fait comme un électrochoc, j’ai ressenti soudain une fatigue, une vraie. J’étais partie pour aller danser, mais en descendant du trot-toir devant chez moi je suis tombée. Je ne suis pas allée danser ce jour-là. J’ai pensé que ce

     serait mieux de rester chez moi, de me ménager, de penser à quelque chose de plus doux.Lenrée dans une zone de urbulenceCe quon ressen une fois reraié ne ressemble en rien à ce quon avai imaginé lorsquonexerçai son méier. « Depuis que je suis pari, je suis comme un oiseau sur la branche. Jesuis à la recherche de mon idenié, je nai plus de sau. », déclare Monsieur A. Seulesles personnes qui on vécu lévénemen peuven mesurer limporance du rouble quilpeu suscier. Inviée à qualifier le passage, la majorié des paricipans à cete parie deléude observe que ces une plongée dans une ranche de vie rès différene de celleconnue anérieuremen. Rares son les personnes qui on presseni à lavance ce quelles

    auraien à vivre. Pendant 6 mois, j’étais mal, perte de clés, de carte bleue, des choses cassées. J’ai eu du mal à reconstituer ma carrière, j’oubliais des feuilles de paie. Je ne savais pas à quel orga- nisme m’adresser pour me faire une petite retraite. Et puis, quand tout a été fini, un émer-veillement. J’étais à la retraite. (Madame S.)

    Même ceux qui sy son préparés longemps à lavance son surpris, comme monsieur M.(72 ans, ancien compable) :

    Cela n’a pas été un nuage noir mais les premiers temps j’ai eu le sentiment d’une grande fatigue, il m’a fallu deux ans pour l’évacuer, me déstresser.

    Ce consa rejoin celui de Madame F. enseignane à la reraie : Depuis que je suis en retraite, je suis tout le temps dans un balancement, est-ce la fatigue ?

     J’ai mal partout. Je ne sais plus très bien ce dont j’ai envie, qu’est ce qui me ferait plaisir, mes pensées volent dans tous les sens. Les projets auxquels je pense n’ont plus rien à voir avec ceux que je m’étais donnés avant mon départ. Ce qui est nouveau et difficile, c’est de prendre vraiment du temps pour soi, et dès que je le fais, je me le reproche, n’est-ce pasde l’égoïsme ? Ça me fait drôle de ne plus avoir des choses cadrées. Je me sens dans le

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    Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement

     gouffre, je ressens le vide d’activités, une impression de désarroi et de solitude. Cet étatd’esprit rejaillit sur mes relations aux autres, j’ai besoin de faire un effort pour être dispo- nible. J’ai pris conscience que je suis engagée dans une phase transitoire qui me demandeun effort d’adaptation. Je dois prendre le temps de réapprendre à vivre.

    Daures en on dédui quil ne leur resai plus quà se faire plaisir. Mme. G. après avoirquité « un cadrage hyper rigoureux » a découver e apprécié une grande liberé. Elle afai la fêe avec ous ceux qui lavaien accompagnée jusque-là, a rempli son agenda avecun as daciviés : cuisine, ravaux, loisirs, cinéma, marche, yoga, éudes, conférences surdes hèmes qui linéressaien. « Libérée des conraines professionnelles, jai vécu lessix plus beaux mois de ma vie. », di-elle. Mais quelques mois plus ard, une période de

    flotemen es arrivée avec la sensaion désagréable de navoir plus de repères : Au bout de 7 mois, je me suis trouvée perdue. Ce que je faisais m’est apparu gratuit, sans intérêt. Maintenant c’est à moi de donner de l’importance à ce que je fais, de la valeur aux actes que je pose, très différents des actes professionnels d’autrefois. Avant ma bouli- mie de travail me donnait l’impression d’exister, aujourd’hui je cherche des repères d’une nature toute autre.

    Ce nes que quelques mois après, parfois un à deux ans plus ard, quune apprécia-ion plus sereine e objecive peu se faire de ce que le passage à la vie de reraié a eucomme implicaions.

    Un raumaismeAprès de nombreuses années déudes, le soir e le samedi, Monsieur A. a accédé augrade dingénieur dans lenreprise où il a fai lesseniel de sa carrière e quil consi-dérai comme sa seconde famille. Tou a basculé pour lui le jour où son paron es venulinformer quil devai envisager son dépar à la reraie.

    Un matin il est entré dans mon bureau et m’a dit : « on n’a plus besoin de toi. » Il m’a juste annoncé que je devais former un jeune collaborateur avant de quitter l’entreprise trois mois

     plus tard. (…) J’avais 62 ans. Sur le moment je suis resté abasourdi. Je n’arrivais pas à ima-

     giner que je ne serai plus dans la vie active, que je ne ferai plus partie de l’entreprise. J’avais

     réussi à m’y maintenir, malgré les crises et j’espérais tenir jusqu’à 65 ans et même au-delà.

    Un mois avan la dae officielle de son dépar à la reraie, Monsieur A. a eu un infarcus,suivi dune dépression e a mis deux ans à se réablir. Ayan à leur charge leurs deux mèresoues deux rès âgées, Monsieur A. e son épouse consacren aujourdhui lesseniel deleur emps à prendre soin de lune e de laure. Lhoraire e les aciviés du ravail onpu ainsi êre remplacés, ce qui a permis à Monsieur A. de rerouver un cerain équilibresans lavoir libéré du raumaisme causé par la cessaion de son acivié professionnelle.Sans quelle revêe oujours (heureusemen) ce aspec dramaique, lenrée dans unenouvelle éape de son exisence, après les années dacivié professionnelle, peu êre

    vécue comme une rupure rès imporane dans le parcours de vie.Porer atenion à ceux qui viven difficilemen le dépar à la reraieTou le monde ne vi pas son dépar à la reraie dune façon problémaique. Il exise desreraiés heureux. Un aure groupe es consiué de sujes qui on des demandes relai-vemen précises ; ils on, par exemple, besoin daide pour réaménager leur emps, choi-sir des aciviés, conacer une associaion correspondan à leurs inérês. Ce ensemblereprésene environ 60 % des personnes renconrées.

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    Le vieillissement actif 

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    Nous nous sommes inéressés à ceux qui on vécu ou appréhenden la cessaion de lac-ivié professionnelle comme un sau dans linconnu, une rupure dans leur rajecoirede vie, des sujes don lacivié professionnelle a consiué un invesissemen majeur, quion décri leur dépar à la reraie comme une accumulaion de peres (pere de leurscompéences, de leurs habiudes e repères emporels, pere dun réseau social, dunlieu de vie) e qui ne semblaien pas à même de réussir seuls la ransiion8.

    Lorsque la ransiion pose problème, on relève quare faceurs plus ou moins présensdans les siuaions présenées : le manque danicipaion, la difficulé de faire son deuildun milieu social, dune manière de vivre, dune organisaion de son emps, une édu-caion, voire une atiude psychologique, rendan difficile la mobilisaion de ses res-

    sources pour se donner de nouvelles perspecives, labsence de modèles de conduieauxquels se référer.

    Compe enu de leurs difficulés à ourner la page, à saisir les opporuniés offeres parleur nouveau sau, laccompagnemen à leur proposer ne pouvai se limier dans leurcas à des informaions facuelles, des données dordre légal ou adminisraif. Duran laphase de ransiion, qui pouvai prendre de plusieurs mois à deux ou rois années, ceuxqui la vivaien comme une épreuve devaien pouvoir en explorer les différens aspecs,faire le deuil de ce quils laissaien derrière eux, préciser leurs projes e les ressourcesdon ils disposaien pour les réaliser, rouver un nouveau réseau relaionnel e bénéfi-

    cier pour cela dun accompagnemen adapé.

    Accompagnement proposé

    Voici, à ire dexemple, le disposiif mis en place en parenaria enre lassociaionLa vie devan nous e le cenre déudes géronologiques Ville-hôpial de Breonneau9 à linenion de ces personnes, sur le poin de parir en reraie ou qui y son déjàengagées.

    Nature des sessionsElles on éé conçues pour favoriser un ravail individuel e collecif dexpression, déchangee de parage, pour permetre aux paricipans se cenrer sur la manière don ils on vécule passage en metan provisoiremen à disance leur engagemen dans le quoidien, leursrelaions avec leur enourage.

    Dès le débu de la formaion, ils son inviés à se cenrer sur leur propre expérience eà sinéresser à celle des aures (voir ableau). La démarche proposée leur perme deprendre du recul, de comprendre les différenes facetes du changemen dans lequel

    ils son engagés, de rerouver confiance dans leurs ressources créaives e de réfléchirsereinemen à leur fuur proche.

    8. Pour une vision opposée, résolument optimiste, voir celle de Vincent Caradec qui qualifie la croyanceau caractère périlleux de la transition « comme un savoir profane empiriquement erroné ». Caradec V.,2004, Vieillir après la retraite, PUF, 240 p.9. www.laviedevantnous.com/

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    Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement

    Il es bien connu, depuis les éudes de Kur Lewin10, que le groupe favorise les remisesen quesion e lenrichissemen des savoirs. Le groupe consiué donne une nouvelledimension à la parole de chacun. Les émoignages présenés, les réflexions quils sus-cien, ou en éan cenrés sur des expériences individuelles, permeten une mise enperspecive, une dédramaisaion des vécus personnels, paricipen à lélaboraiondune problémaique commune sur les différens aspecs du dépar à la reraie dans lasociéé daujourdhui.

    Pour aborder les quesions qui leur iennen à cœur, faire évoluer leurs manières dêree de faire, les personnes doiven rerouver confiance e mobiliser leurs capaciés dini-iaive, ressenir posiivemen lécoue des membres du groupe e non craindre leur juge-

    men, ni celui des formaeurs. Linsauraion de règles découe spécifiques

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    , limporancedonnée à lexpression orale e écrie e à la reformulaion, disinguen ces groupes déla-boraion aussi bien des peis groupes cenrés sur les ineracions enre les paricipans,elles quelles son éudiées dans les sages de dynamique de groupe, que des groupesfamiliaux ou damis dans lesquels on es vie inerrompu dès quon souhaie explorer elou el aspec de son vécu personnel.

    La règle es daider laure à sexprimer, daccompagner son cheminemen, de lui fairepar de lécho que suscien chez lui ses paroles, mais sans lévaluer. Ces à ce prix quele groupe es perçu comme un lieu de parage e de convivialié, une aide e non une

    menace, que la parole, ou en éan libre, es auhenique, se démarque des discoursconvenus, séréoypés, exprime au mieux la pensée des paricipans, leur perme deprogresser.

    Thèmes principaux abordés lors des sessions

    Décrire ce qui dans le mode d’existence antérieur était apprécié et ce qui représentait une charge etune contrainte. Les engagements dont on est heureux d’être débarrassés et ceux que l’on regrette,mais qui sont devenus sans objet avec le départ à la retraite.

    Les retentissements psychologiques du départ à la retraite, la manière dont il a été vécu, ses effetssur l’image de soi et ses relations aux autres, sur son réseau relationnel, ses capacités d’initiative.

    En contrepartie énoncer ses souhaits : les activités que l’on souhaite poursuivre, les nouveaux projets,les changements de mode de vie que l’on envisage, les compétences et les savoirs que l’on souhaiteacquérir.

    Réfléchir aux moyens, compétences et ressources disponibles pour les réaliser, aux manques, auxobstacles, aux difficultés probables.

    Durée, progression

    Ce nes pas en quelques heures, ni en un jour que de nouveaux inérês, de nouvellesmanières dorganiser sa vie peuven êre définis. Après différens essais, le disposiif reenu

    alerne des séquences de ravail inensif en groupe avec des périodes de réflexion per-sonnelle. Programmé sur quare mois, il comprend cinq jours de regroupemen répar-is en deux sessions de deux jours, chacune séparée par un inervalle denviron un mois.À cela sajoue une journée de suivi rois mois plus ard.

    10. Lewin K., 1943, « Forces behind food habits and methods of change »,  in Guth C.E., Mead M., The problem of changing Food habits, Bulletin of the national research council, National Academy of Science,Washington, n° 108, p. 35-65.11. Voir blog de la gérontologie, « Spécificités de l’écoute recommandée en gérontologie ».

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    La première session es cenrée sur le vécu e les implicaions du dépar à la reraie, surles changemens qui en on résulé : sur le plan concre, relaionnel e de limage de soi. Laplace donnée à la réflexion individuelle écrie, à sa présenaion orale au groupe, faciliela compréhension des différens aspecs du passage à la reraie. Limporance donnée àla dimension subjecive de lévénemen es une opporunié pour mobiliser ses capaciésde réflexion e ainsi, mieux appréhender le changemen dans lequel chacun es engagé.

    Duran linersession, il es demandé aux sagiaires de poursuivre leur réflexion, de laprésener à leurs proches e de noer leurs réacions, noammen quan à ce quils sonen rain de vivre, à lincidence des changemens auxquels ils aspiren sur lorganisaionde la vie familiale, sur les charges e devoirs quils doiven assumer.

    Lors de la seconde session les paricipans poursuiven leur élaboraion. Chacun avance àson ryhme. Cerains fon éa de leurs avancées, précisen les quesions qui les mobilisen.Ceux qui son plus avancés réfléchissen à leurs nouveaux projes, aux changemens demode de vie e demploi du emps quils aimeraien ou envisagen de réaliser. Dauresenfin décriven les démarches à faire, les informaions à recueillir, les conacs à prendre,pour metre en œuvre leurs projes, se donnen un échéancier. Le cinquième e dernier jour de regroupemen perme de faire le poin sur la progression des paricipans, cequils on clarifié, réalisé, les réajusemens à opérer, les difficulés, les nouvelles quesions.

    Les sessions son programmées à inervalle régulier. Les personnes qui le désiren sins-criven à un momen qui leur semble opporun e peuven renouveler leur inscripion.

    Quelques enseignements tirés des formations réalisées

    Accepter de vivre une phase de transition

    Saccorder le emps de prendre la mesure du changemen que lon vien de vivre, deshabiuer à sa nouvelle siuaion e de rerouver ses capaciés diniiaive demande de

    résiser à la pression inérieure, à la craine de sisoler des aures, de refuser de saisir lapremière opporunié qui soffre, de rearder les décisions. Duran cete période on peuhésier enre lidée de coninuer comme avan e le désir de changer.

     Autrefois, je répondais à toutes les demandes qu’on me faisait, il fallait que j’assume.

    Cette attitude d’esprit, je l’ai encore à certains moments. Mais j’aspire à plus de séré- nité et aimerais choisir ce que je veux faire. Il faut que je trouve moi-même de nouveauxengagements, et que je réfléchisse en particulier au sens de ce que je vis maintenant. Mais faire des choix, ne pas se disperser, tout en restant disponible pour ce qui peut se présenter, n’est pas chose facile. (Réflexions de Madame B. enseignante, deux ans aprèsson départ à la retraite)

    Il fau se monrer paien, prendre le emps, concilier une recherche personnelle avecla vie du couple e celle de la famille, comme lillusre le émoignage de Madame S. :

     De mes journées, au début, j’ai eu l’impression de n’avoir rien fait. Après coup, je me suisdit que j’avais quand même réussi à y voir plus clair, à m’habituer à ma nouvelle situation, à réfléchir à mes priorités. J’ai décidé de recommencer une nouvelle vie, de rencontrerd’autres gens, de fréquenter d’autres milieux que ceux que j’avais connus durant ma vie active. Je m’occupe aujourd’hui de tout autre chose.

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    Le départ à la retraite : perceptions et accompagnement

    Se faire aider 

    Il nes pas aisé de metre des mos sur les implicaions du passage de sa vie profession-nelle à celle de reraié, de réfléchir à ce quon aimerai changer e faire après la reraie.Les personnes habiuées à prendre des iniiaives, à enrer en relaion, fon les démarchesnécessaires pour rouver un organisme ou des professionnels à même de les aider. Telnes pas le cas de celles qui ne peuven sappuyer ni sur léducaion reçue, ni sur leurexpérience professionnelle, ni sur un réseau damis. Ces personnes nosen pas exprimerleurs souhais, hésien à frapper à la pore de lieux qui ne leur son pas familiers, parcraine de léchec e des jugemens négaifs, noammen ceux venan de leur enourage.Beaucoup de reraiés atenden dêre solliciés pour aborder ces quesions. Lorsquils

    évoquen des projes, ils énumèren aussi les obsacles qui von empêcher leur réalisa-ion, comme latiude de leur conjoin, labsence de souien e de compréhension de lafamille, la nécessié de soccuper de leurs parens âgés, de lun de leurs enfans ou despeis-enfans, leurs propres problèmes de sané. À ire dexemple, labsence de pari-cipaion de femmes de mineurs reraiés dans la région du Nord à des cours de couuree de découvere de la vie de leur cié éai due au fai quelles nimaginaien pas lais-ser leur époux déjeuner seul12. Faue de pouvoir sappuyer sur des praiques socialesplus souples en remplacemen de celles qui exisaien aurefois, e doser aborder laquesion avec leur conjoin, elles éaien iraillées enre leur désir de soccuper delles-mêmes, denreprendre des aciviés qui leur plaisaien e leur préoccupaion de ne rien

    changer aux habiudes e ries quoidiens de la vie familiale, de se limier à répondre auxatenes e besoins de leurs proches.

    Conclusion

    Il convien de mieux prendre en considéraion les implicaions du dépar à la reraie,dêre plus atenif aux remaniemens psychiques provoqués par ce ournan dans leparcours de vie e à limporance des âches qui atenden le reraié : se déprendre deses engagemens passés, changer de place e de rôle dans la sociéé, se recenrer sur

    danciens inérês ou sen rouver de nouveaux, organiser auremen son emps. Ceci esdauan plus imporan que le cadre dans lequel se passe le dépar à la reraie e lesreprésenaions du passage son en pleine évoluion.

    Tan quil éai au ravail, chargé de famille, les conraines, les devoirs, mais aussi lessaisfacions de la vie quoidienne comblaien les besoins de réassurance e de sécuriéaffecive de lindividu. Lorsquarrive le momen de la cessaion dacivié profession-nelle, une parie significaive des reraiés ne bénéficie plus de la reconnaissance socialeliée à lexercice de son méier, ni des relaions e des échanges exisan au sein duneéquipe de ravail. Ces personnes se rerouven seules face à leur nouvelle siuaion, aux

    quesions quelles se posen, aux choix quelles doiven faire. Paragées enre le soula-gemen e langoisse du emps libre, la craine du désœuvremen, de lennui, le risqueexise quelles viven mal le passage, se replien sur elles-mêmes, se donnen des occu-paions, ou que leur enourage sen charge, sans y avoir suffisammen réfléchi.

    12. Enquête réalisée dans le bassin houiller de Lens auprès d’un groupe d’anciens mineurs et de cadreset de leurs épouses. Voir Arbuz G., « Le départ à la retraite et la vie après »,  in Préparer et vivre sa vieil-lesse, p. 118 et suivantes.

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  • 8/16/2019 Départ à La Retraite

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    Le vieillissement actif 

    Retraite et société 65 > juin 2013

    178

    Loin de consiuer obligaoiremen une épreuve, le dépar à la reraie peu êre uneopporunié dêre à lécoue de ses aspiraions, de réaliser quelques-uns de ses souhais,de créer de nouvelles relaions avec son environnemen ; ceci à condiion de prendreses disances avec les images radiionnelles, encore rès prégnanes dans nore sociéé,du reraié e de ce quon atend quil fasse de ses journées, e de pouvoir y réfléchirdans le cadre dun disposiif don ces la finalié. Pour que les nouveaux reraiés vivenplus sereinemen le passage, mainiennen une représenaion posiive deux-mêmes,poursuiven des inérês e des projes personnels, des relaions sociales au-delà deleur enourage proche, un accompagnemen spécialemen conçu à leur inenion doileur êre proposé.

    Les données auxquelles il est fait référence proviennent d’une recherche qualitativea dont les résultats ont été publiés en novembre 2008 dans l’ouvrage Préparer et vivre savieillesseb. Son objectif était de mieux connaître le profil, l’histoire de vie, les attentesde membres de la population ayant dépassé 60 ans, de savoir comment ils sont pré-parés et vivent leurs années de vieillesse, ce qui est important pour eux, quels sontleurs souhaits, leurs appréhensions, l’aide dont ils peuvent avoir besoin pour vivre aumieux ces années. Quatre cent cinquante personnes issues de différentes régions deFrancec y ont participé selon plusieurs modalités : rencontres individuelles ou en coupled’environ une heure trente, qui ont eu lieu à domicile, en maison de retraite, en foyerlogement, dans les locaux de centres locaux d’information et de coordination géron- tologique (Clic), à l’hôpital, dans des universités du temps libre, inscription à une ses-sion de réflexion intitulée : « Être sujet acteur de sa vie au grand âge », d’une duréede cinq jours répartis sur trois mois, à un ou plusieurs ateliers de trois jours sur des thèmes, tels que l’organisation de sa vie après la retraite, spiritualité et avancée enâge, se situer dans la chaîne des générations.

    Les réflexions et les citations présentées dans cet article concernent plus par ticulière-ment un groupe d’une soixantaine de personnes à la retraite ou encore en activité, mais

    sur le point de la prendre, dont l’âge se situe entre 55 et 75 ans, résidant en agglomé-ration, ayant exercé ou exerçant une activité dans le secteur tertiaire, pour la majoritéd’entre eux, qui ont appréhendé ou ont vécu difficilement les changements occasion-nés par la cessation de leur activité professionnelle. Après avoir participé aux entre- tiens, ces personnes ont souhaité poursuivre leur réflexion sur les représentations etle vécu de leur départ à la retraite et l’organisation de leur vie de retraité, dans le cadred’une des sessions de formation programmées à Paris, Strasbourg, Lagny-sur-Marne et,pour certains d’entre eux, en s’inscrivant à l’atelier « Organiser sa vie après la retraite ».

    a. Le projet a bénéficié du soutien de Françoise Cribier et d’Élise Feller (CNRS), de la Société françaisede gériatrie et de gérontologie, du Centre d’études gérontologiques Ville-Hôpital (CEGVH) de Bretonneau

    Paris XVIIIe, des points Paris-Émeraude des 10e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris, de laCFDT, de la Coordination gérontologique des moulins de Flandre, Bergues (Nord), du CLIC de Lagny-sur-Marne, du pôle gérontologique du centre hospitalier de Bourganeuf (Creuse), du SSIAD du centre hos-pitalier de Vernon, de l’Union régionale du syndicat des mineurs CGT de Lens, de l’UTL de Strasbourget de celle de Versailles, ainsi que de la maison de retraite des sœurs Augustines de cette ville.b. Arbuz G., 2008, Préparer et vivre sa vieillesse, Séli Arslan, Paris.c. Paris, Strasbourg, Rennes, Lille, Nomain, Bergues, Hondschoote, Ottange-Nondkeil, Lens, Lagny/Marne,Versailles, Bourganeuf, Vernon.

    ENCADRÉ

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