Denis Morin directeur général de...

52
Denis Morin directeur général de l’ARS LE MAGAZINE DU SOCIAL DANS L AIN numéro 66 . décembre 2010 Interview PAUVRETÉ & PRÉCARITÉ DANS L’AIN Actes des 10 es Rencontres d’Interaction

Transcript of Denis Morin directeur général de...

Page 1: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Denis Morin directeur général de l’ARS

le magazine du social dans l’ain

n u m é r o 6 6 . d é c e m b r e 2 0 1 0

Interview

pauvreté& précarité

dans l’ain actes des 10es rencontres d’interaction

Page 2: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

ApADREA-210x297-Dentaire-VECTO.indd 1 12/08/10 12:21

Page 3: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 1

Sommaire

Denis Morin directeur général de l’ARS

le magazine du social dans l’ain

n u m é r o 6 6 . d é c e m b r e 2 0 1 0

Interview

pauvreté& précarité

dans l’ain actes des 10 rencontres d’interaction

21/31

48

dossier

rencontres d’interActionDans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et la précarité, les Rencontres d’InterAction se sont déroulées le 18 novembre dernier. Les Actes en 10 pages... ........21/31

Entre nous ................................................. 13Pascale Guillet, déléguée aux droits des femmes.

Institutionnel ......................................14/15Nouveau partenaire d’InterAction, l’Udaf de l’Ain se présente.

Petite enfance ..................................16/17Le soutien à l’accueil du jeune enfant : mission importante pour la Caf de l’Ain.

Édito ...............................................................3

Enquête lecteurs ................................. 4/5Le résultat sur deux pages de l’enquête menée auprès des lecteurs d’InterAction.

Interview................................................. 6/8Denis Morin, directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation.

Un an après.................................................9L’association AG2I de Bourg.

Table ronde .......................................10/12L’aide à domicile et le secteur marchand.

Inclusion sociale .............................18/19À l’Adapei, l’IME le Prélion de Bourg travaille sur la formation professionnelle des jeunes handicapés.

Portrait........................................................32Thomas Pavy, un jeune en service civique volontaire.

Travail protégé .......................................33L’établissement La Fréta de l’Orsac répond aux besoins des personnes handicapées à Hauteville.

Handicap ..........................................34/35Bourg Habitat construit en partenariat avec l’Apajh un IME à Bourg pour les jeunes autistes.

Logement .........................................38/39Colloque sur les premiers résultats de l’Observatoire du logement du Conseil général.

Reportage .......................................42/43Au centre Romans Ferrari de Miribel, on soigne les enfants victimes de brûlures ou de graves accidents.

Accueil des étrangers ..................44/45ALFA3A a mis en place une nouvelle permanence socio-juridique pour les personnes étrangères.

Au fil des pagesActualité (2), Initiatives (20, 46), Médico-social (36-37), Logement (40), Handicap (41), Jeunesse (47), Vie des associations (48).

www.interaction01.info

Le Magazine trimestriel de l’action sociale dans l’Ain

Partenaires : ADAPEI, ALFA3A, Bourg Habitat, Caf de l’Ain, Conseil général de l’Ain, CPAM, Dynacité, ADREA Mutuelles Pays de l’Ain, MSA, ORSAC, SEMCODA, UDAF.Directeur de la publication : Jacques Dupoyet. Directeur de la rédaction : Alain Gilber t. Rédactrice en chef : Pauline Froppier. Rédaction : Agnès Bureau, Daniel Gillet, Annick Puvilland, Aurélie Seignemartin. Photos Une, interview et dossier : Daniel Gillet.

Réalisation : M&G Éditions – 158, boulevard de Brou – 01000 Bourg-en-Bresse – Tél. 04 74 24 69 13 Fax 04 74 45 07 08 – E-mail : [email protected]. Site : www.interaction01.info.

Impression : Imprimerie des Deux Ponts. Tirage : 10 000 ex. N° ISSN 1260-528X

32

42/43

2

Page 4: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

2 InterAction n°66, décembre 2010

Actualité

> Ordinateurs solidaires

Une chaîne de solidarité numérique en Rhône-Alpes s’est organisée depuis le début de l’année, financée par la Région Rhône-Alpes et le Grand Lyon, soutenue et labellisée par l’état dans le cadre du plan ORDI 2.0. Les ordinateurs de moins de 5 ans sont ainsi récupé-rés, reconditionnés et remis en circuit. Objectifs : participer à la préservation de l’environnement en donnant une deuxième vie à des ordinateurs réem-ployables, développer l’emploi d’insertion et permettre l’accès aux TIC (technologies de l’information et de la communication) aux publics qui en sont les plus éloignés.

www.ordinateurs-solidaires.fr http://www.ordi2-0.fr/Contact pour les dons :Gilles Chabré : 06 22 44 77 30

Ali le chevalier

« Non pas à part mais à part entière », c’est ainsi que se dé-finit Ali Abed quand il évoque la citoyenneté qui lui a permis de devenir français. La France d’ailleurs l’a distingué parmi ses enfants au point de le nommer chevalier dans l’Ordre national du Mérite. Entre son Gabès natal et son Tossiat d’adop-tion, Ali n’aura eu de cesse de jeter des ponts entre Tunisiens, Maghrébins, Français et étrangers. Il a fait entendre cette « voie » au sein du Réseau d’accueil, à Radio Salam, dans les prétoires et les associations qui ont pu profiter de ses multiples talents. Ali Abed est trop subtil pour s’être laissé prendre au piège de l’intégré modèle. Il aura été en revanche un modèle d’intégra-tion et c’est pour cette raison que de nombreuses et diverses personnalités sont venues saluer cette décoration épinglée par Jacques Dupoyet, directeur général d’ALFA3A.

> Carte Mémo Clic

Créée en 2007 par le CLIC* du pays bellegardien, la carte Mémo Clic est un outil simple et pratique (carte 3 volets, format poche), au service des personnes âgées en perte d’autonomie. Individuelle, à porter en permanence sur soi, la carte réunit les coordonnées de la personne et des professionnels intervenant auprès d’elle (médecin traitant, cabinet infirmier, pharmacie, services d’aide à domicile…) et permet ainsi de faciliter la communication, par exemple lors d’une hospitalisation d’urgence. Le Conseil général, en concertation avec le Coderpa**, l’a désormais étendue à l’ensemble de l’Ain. Et elle fait figure d’exemple pour des départements voisins.

* Centre local d’information et de coordination gérontologique ** Comité départemental des retraités et personnes âgées de l’Ain

> La carte est remise aux personnes âgées par les 9 CLIC (bientôt 10) de l’Ain.

> La Caf en ligne

La Caf de l’Ain informe la mise en place de son nouveau numéro d’appel : 0 810 25 01 10. Grâce à ce changement, le coût des appels baisse et correspond désormais au prix d’un appel local depuis un poste fixe. Avec le 0 810 25 01 10, l’allocataire peut obtenir des informations générales pour bénéficier d’une aide de la Caf. Muni de son numéro d’allocataire et son code confidentiel, il dispose aussi du suivi de ses courriers adressés à la Caf, des dates et montants de ses 5 derniers paiements et peut demander une attestation de paiement et de quotient familial. Enfin, il peut joindre un technicien conseil pour une réponse personnalisée. En 2009, la Caf de l’Ain a répondu à 152 000 appels téléphoniques.

Club informatique pénitentiaire

Association nationale, le CLIP initie à l’informatique des personnes incar-

cérées. En 2009, en Rhône-Alpes Auvergne, plus de 60 bénévoles ont permis à 840 détenus de se familiariser à cet outil devenu indispensable (soit 5 500 heures de for-mation dispensées), au sein de 11 établissements péniten-tiaires. 90 stagiaires ont réussi une épreuve de validation bureautique via l’AFPA (sur 103 candidats présentés). Les séances se déroulent en petits groupes, réunissant des détenus volontaires. À la maison d’arrêt de Bourg-en-Bresse, une salle équipée de 6 ordinateurs est prête. L’association recrute des bénévoles. Nul besoin d’être informaticien : il suffit de connaître et avoir envie de transmettre les bases du traitement de texte et de l’Internet, et de disposer d’au moins une demi-journée par semaine (matin ou après-midi, hors week-end).

Tél. 06 66 04 45 88 (Patrice Labourey, délégué régional) www.assoclip.org [email protected]

> Nouveau préfet

Fin octobre 2010, Philippe Galli a pris ses fonctions de préfet de l’Ain, en remplacement de Régis Guyot. Marié, père de trois enfants, il était précédemment en poste dans le département du Loir- et- Cher. Originaire d’Alsace, il assure « ne pas avoir la culture du conflit » et préconise des « relations simples et directes » avec les partenaires de l’état.

Ils partent, ils arrivent

Page 5: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 3

Édito

InterAction suscite bien des questionnements chez les acteurs sociaux étrangers à notre département. Nous venons d’en avoir une nouvelle fois la preuve avec Serge Paugam qui s’interrogeait sur la singularité de ce magazine et de ses Rencontres. Le sujet d’étonnement venant surtout de la façon dont nous collions au terrain.

L’enquête lecteurs lancée il y a un an et dévoilée dans les deux pages qui suivent, nous a rassuré sur un point : nous sommes en principe en phase avec notre territoire. Appréciable constat, puisqu’il s’agit là quand même de notre raison d’être.

Comme beaucoup de nos lecteurs – 82 % sont des pros du social – nous nous interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le lecteur muet par nature, parfois ingrat, toujours insondable, sauf quand il n’y trouve pas son compte.

Je suis persuadé qu’une des principales raisons de la réussite d’InterAction tient dans le fait qu’on nous ait laissé faire notre travail de journalistes. Nous sommes des professionnels au service de professionnels. C’est en quelque sorte le contrat de confiance que nous avons passé avec nos partenaires. Il est respecté. J’y veille.

Cette enquête n’est ni un satisfecit ni un blanc-seing. C’est tout bonnement pour nous une invitation à faire encore mieux, à tenir les deux bouts de la ficelle que cherchent à nouer, à chaque numéro, le comité de rédaction et les journalistes : les professionnels et les bénéficiaires avant tout.

On souhaiterait cependant que nous posions plus de questions qui engagent le débat. Nous le faisons lors des tables rondes à qui nous reprochons d’être trop consensuelles. C’est vrai que nous avons parfois des fourmis dans la plume pour traiter de sujets qui dérangent. Moins d’agent, moins de social ? Faut-il avoir peur de l’évaluation ? L’action sociale : carrière ou sacerdoce ? Informer comporte toujours une part de risque.

À la lecture des grandes lignes de l’enquête, je reste un peu sur ma faim, sur un point au moins : le manque de liens entre vous et nous. Certes, il y a les rendez-vous qui préparent nos articles. Certes, il y a les Rencontres où l’on peut vous voir et vous toucher… InterAction manque d’interactivité. Dans ce monde d’hyperliens, de réseaux virtuels et sociaux, de blogs et de « Laisser un commentaire », de multimédia, nous restons un peu en chiens de faïence. C’est à nous de rompre la glace et de donner de nouveaux horizons à ce magazine qui nous réunit.

Alain Gilbert

« Entre vous et nous »

Page 6: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

4 InterAction n°66, décembre 2010

Enquête lecteurs

4 InterAction n° 66, décembre 2010

Il y a un an, nous entamions une vaste enquête auprès de vous, lecteurs occasionnels ou réguliers d’InterAction, pour connaître votre avis sur le magazine, recueillir vos critiques et vos suggestions. Notre « enquêtrice » a rencontré une quinzaine de lecteurs dans l’Ain, afin de comprendre comment

ils lisent InterAction, ce qu’ils aiment et ce qu’ils en attendent. Le questionnaire diffusé dans le numéro de février du magazine puis disponible sur notre site internet a élargi la consultation.De cette enquête, nous retenons que le magazine s’est imposé comme un outil crédible et utile, apprécié pour la mine d’informations qu’il apporte. Un beau succès pour ce magazine improbable né il y a plus de 15 ans et toujours unique en son genre en France. Il semble contribuer à cimenter une culture commune aux acteurs du social sur notre territoire, au-delà des champs professionnels, des appartenances associatives ou de la séparation bénévoles/professionnels. Il nourrit la curiosité, les échanges et au final, nous l’espérons, l’action. Sa dimension départementale vous convient. « C’est le territoire et le social qui rassemblent. »

Une culture commune

Juillet 1994, le numéro 1 d’InterActionLe magazine InterAction a été créé en 1993 à l’initiative d’Alfa3a et en par-tenariat avec l’ADAPEI de l’Ain, deux associations importantes très investies dans l’action sociale : le logement d’ur-gence, l’insertion, l’enfance et le handi-cap. Sa rédaction et sa gestion ont été confiées à une équipe de journalistes professionnels, reconnus comme tels.

« Je me souviens du premier numéro, j’ai été emballée par ce journal, tellement plus agréable que les magazines plutôt rébar-batifs du social… »

« C’était nouveau, pas banal. »

L’identité d’InterActionTirage : 10 000 exemplairesSa diffusion est pour partie (environ 5 200 exemplaires) ciblée : envois à tous les élus, les administrations, les associations, les professions médica-les, les travailleurs sociaux…).Le reste est mis à disposition du grand public (salles d’attente, lieux de pas-sage, points information, mairies etc.).

« Il serait intéressant de poser parfois des questions plus ‘‘po-litiques’’. »

Vos préférés : le dossier central et le reportage

Les grandes rubriques que vous lisez « souvent » sont le dossier, le reportage et l’interview. Rares sont les lecteurs salariés d’un organisme partenaire qui manquent la page consacrée à leur employeur. L’éditorial est fidè-lement suivi par 50 % des lecteurs, contre 16 % qui ne s’y arrêtent que « rarement » ou « jamais ». Les pages de brèves sont très suivies. Viennent ensuite le portrait, la table ronde, la rubrique Entre nous. La jeune rubrique Vu d’Europe n’a pas vraiment séduit. Pas de surprise dans l’ordre de lecture des articles : d’abord ceux de votre secteur d’activité (42 %) ; 18 % lisent en premier l’article relatif à leur organisme ou leur établissement, 13 % s’arrêtant sur un sujet « qui les intéresse à titre personnel ». « Les pages de brèves, c‘est très dense. On pioche car on ne peut pas tout lire. »

Une source d’information irremplaçable...

Plus de la moitié des lecteurs trouvent dans InterAction des informations qu’ils n’ont pas par une autre source (22 % « plus ou moins », 3 % « non »).

… appréciée pour le décloisonnement qu’elle propose61 % des lecteurs s’informent avec InterAction « sur ce qui se passe hors de [leur] champ professionnel habituel ».

Un magazine qui circule1 lecteur sur 2 parle régulièrement ou occa-sionnellement d’articles qu’il a lus avec d’autres personnes. Et la moitié ramènent leur maga-zine chez eux, « pour le lire ou le faire lire ». 60 % n’ont pas d’exemplaire « en propre » et le partagent avec d’autres personnes (sur leur lieu de travail).

Entre toutes les mainsS’il n’est pas exhaustif en matière d’information sociale dans l’Ain (et ne prétend pas l’être !), InterAction est crédité d’une honnête absence de parti pris. Son refus des jargons professionnels (sa chasse aux sigles…) et un style de rédaction généralement accessible contribuent à en faire un magazine à mettre entre toutes les mains : 69 % estiment qu’il peut intéresser le public au-delà des professionnels et des bénévoles associatifs.

Encore plus de terrain ?Seuls 9 % des sondés trouvent que le magazine ne parle pas suffisamment des actions locales et 15 % qu’il ne donne pas suffisamment la parole aux gens de terrain et aux usagers, mais les réponses sont nuancées. On comprend aussi que la place qu’In-terAction accorde aux petites associations pourrait être plus généreuse.

Un bel emballageLa présentation du magazine (qui contribue à sa lisibilité et est indissociable du fond !) est plébiscitée. Rien à redire.

Interview

Henri BusnelDélégué du Réseau national des maisons des associations

Un toit à soiAccueil, hébergement, insertion

le magazine du social dans l’ain

n u m é r o 5 5 . j a n v i e r 2 0 0 8

Dossier

Page 7: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 5

À partir d’un panel de 150 réponses sélectionnées soit à partir des questionnaires pa-pier diffusés avec le maga-zine soit des formulaires en ligne sur le site d’Interaction, nous avons pu évaluer que 82 % des retours émanaient

de professionnels de l’action sociale, le reste se partageant entre bénévoles as-sociatifs ou usagers.

Des pistes pour les Rencontres d’InterAction

Plusieurs thèmes vous intéressent parmi ceux que nous proposions :Social et développement durable 64 %Éduquer, ça veut dire quoi ? 58 %Professionnels et élus face à la prévention 42 %Les relations professionnels/bénévoles 41 %France/Europe, échange d’expériences 40 %

Ceux que vous nous avez soumis :La solidarité en temps de criseL’évaluation de l’action sociale : comment faire ?Éthique et déontologieRapprochement médical et socialLe travail en réseauIllettrisme et citoyennetéComment faire plus confiance aux jeunes

InterAction n° 66, décembre 2010 5

Une culture communeLe comité de rédactionIl regroupe la rédaction du magazine et 12 partenaires de l’action sociale : Adapei de l’Ain, ADREA Mutuelles Pays de l’Ain, ALFA3A, Bourg Habitat, Caf de l’Ain, Conseil général de l’Ain, CPAM de l’Ain, Dynacité, MSA, Orsac, Semcoda et Udaf de l’Ain. Le comité de rédaction se réunit une fois par trimestre pour définir les sujets des numéros suivants.

Un comité des lecteursNous suggérions la possibilité de créer un comité de lecteurs, dans notre esprit un petit groupe hétérogène et inventif de personnes prêtes à réfléchir sur le contenu d’un magazine du social dans l’Ain. Seize « sondés » se sont déclarés intéressés. Affaire à suivre.

« InterAction est un antidote contre la segmentation des professionnels. »

« Il m’est souvent arrivé de contacter des personnes dont j’avais entendu parler dans InterAction. »

« C’est un magazine qui traite l’actualité du social de façon plutôt positive, voire ‘‘bien-pensante’’. »

0

20

40

60

80

100Dossier

Reportage

Interview

Brèves

Édito Bloc-

notesTable

ronde Entre

nous Un an

après

Vud'Europe

Monorganisme

Portrait

3% 3%5% 6%

10%

16%

7%

18% 15% 17%11%

25%

61%

58%

71%

51%

55%

50%47%

45%

39%

31%

26%24%

30%

32%

10%

38%

29%

29%42%

31%

38%

44%

48%

39%

Rarement

Souvent

Parfois

Pour chaque rubrique du magazine, la lisez-vous souvent, parfois ou rarement ?

Ce que vous en attendezC’est d’abord de faire connaître les actions de ter-rain (92 %), donner la parole aux usagers (85 %), et expliquer le fonctionnement des dispositifs et des politiques (82 %). Interviewer des personnalités hors de l’Ain n’est pas la vocation d’InterAction (44 %). Presque 8 lecteurs sur 10 en attendent des informa-tions pratiques (agenda, contacts…), bien que sa périodicité le rende moins performant pour annoncer les nominations.

Le social « positif »InterAction est perçu comme un magazine d’infor-mation plutôt que d’analyse (même s’il « donne à réfléchir »). « Seulement » 7 lecteurs sur 10 attendent d’InterAction la confrontation de points de vue particuliers. Il traite de l’actualité de façon plutôt « positive », voire bien pensante pour certains. Pourquoi ne pas poser, parfois, des questions qui engagent le débat ?« Peut-être faudrait-il faire de temps en temps une fiche synthétique qui présente un organisme ou une asso-ciation de façon globale ? On ne les connaît souvent que par un établissement ou une action.»

Page 8: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

6 InterAction n°66, décembre 2010

Interview

Comment devient-on directeur de l’Agence régionale de santé ?Les directeurs des ARS sont nommés par décret du président de la République, après délibération en conseil des ministres. J’ai été nommé deux fois : une fois comme responsable configurateur en sep-tembre 2009 pour la mise en place de l’agence, puis en mars 2010 comme directeur général. Ma feuille de route jusqu’à fin mars était de regrouper 15 structures en une avec des agents de l’État, de l’Assurance maladie, des agents présents ici à Lyon, d’autres présents dans les territoires, avec des missions nouvelles. Auparavant, j’exerçais comme magistrat à la cour des comptes.

L’ARS, aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ?Le regroupement est aujourd’hui concret et s’est bien passé. Ce fut une opération cependant compliquée car il s’agit là d’une grande réforme dans la fonction publique, dans l’administration. Il est nécessaire de consacrer du temps pour expliquer le contenu de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) et les raisons qui ont justifié la création des ARS. La création des ARS est une idée ancienne et le premier rapport sur le sujet date de 1993. La réforme de 1996 s’était

Denis MorinÂge : 53 ans

Fonction : directeur général de l’ARS Rhône-Alpes.

CV : conseiller maître à la Cour des comptes. Directeur de cabinet à plusieurs reprises de 1990 à 2001, auditeur d’organismes de l’ONU, rapporteur général du rapport sécurité sociale pendant 3 ans, rapporteur de rapports publics de la Cour, dans le domaine des finances publiques, adjoint au délégué général du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) en 2007.

déjà inspirée de cela sans aller aussi loin. Avaient alors été créées les ARH (agences régionales de l’hospitalisation) regroupant les structures qui avaient en charge le domaine hospitalier. La question s’était posée de savoir s’il fallait aussi inclure le médico-social ou non. Le sujet est revenu dans la loi HPST, 13 ans après.

L’expérience de la mise en place des ARH a-t-elle servi ?Oui, certainement. La limite de l’ARH était d’avoir cette vision centrée sur l’hôpital. Toutefois, je me suis rendu compte en arrivant dans la région Rhône-Alpes que beaucoup de sujets étaient déjà été traités en « mode ARS ». Par exemple, sur la question du vieillissement, les réflexions contenues dans le SROS (schéma régional d’organisation sanitaire) étaient déjà conduites par des équipes rattachées maintenant à l’ARS. Il y avait déjà cette volonté de travailler ensemble. C’était un atout important pour la construction de l’ARS Rhône-Alpes. Mais en même temps, cela marquait bien les limites de la loi de 1996. Par ailleurs, au sein du ministère en charge des affaires sociales, le secrétariat général a comme mission de piloter le réseau des 26 ARS. Enfin, un conseil national de pilotage, qui re-

Page 9: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 7

«  Avec l’ARS, nous travaillons sur les articulations ville/hôpital et hôpital/médico-social »

« L’ARS a une présence de proximité. »

groupe l’État et l’Assurance maladie, coordonne l’action des différentes instances nationales à l’égard des 26 établissements publics régionaux que sont les ARS. On voit ainsi bien que des leçons ont été tirées aussi de la façon dont les ARH ont été coordonnées et animées pendant les 13 années précédentes.

Où en est-on de la mise en place des instances en Rhône-Alpes ?Nous sommes dans un calendrier national. La majorité de nos instances sont aujourd’hui installées. Les instances du dialogue social, qui pour l’instant fonctionnent en mode provisoire, seront installées au printemps prochain. Enfin, la création des conférences de territoires va se faire très prochainement. Pour résumer, nous avons à ce jour mis en place le conseil de surveillance de l’agence, la CRSA (conférence régionale de la santé et de l’autonomie) ainsi que les deux commissions de coordination (médico-social et prévention).

Quelles vont être les priorités 2011 ?Nous avons commencé à travailler sur la définition du projet régional de santé. Le plan stratégique (état des lieux et priorité d’action na-tionale) devra être arrêté en avril 2011. Viendront ensuite les trois schémas d’action : prévention, médico-social et organisation de l’offre de soins dans son volet ambulatoire et dans son volet hospitalier, pour l’été 2011. Nous aurons ensuite les 5 programmes territoriaux de santé fin 2011. Avec surtout une méthode nouvelle qui est d’avoir une vision totalement coordonnée sur l’ensemble du champ des politiques de santé. Par exemple, quand on suit le parcours d’une personne âgée, diverses questions se posent : quand doit-elle être hospitalisée, quand peut-elle rentrer chez elle ou aller dans une maison de repos, quand doit-elle être institu-tionnalisée ? Aujourd’hui, on peut travailler avec plus de fluidité. Il s’agit de mettre le patient au cœur du système et de travailler sur les articulations ville/hôpital et hôpital/médico-social, chacune conservant sa spécificité. Nous souhaitons aborder les choses sous l’angle du parcours de la personne avec des accompagnements croissants et variables. Il y a une diversité de réponses à trouver pour les

adapter à une multitude de situations rencon-trées par les patients, des personnes âgées et les personnes handicapées.

Les Maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) font parties de ces réponses à trouver. Comment intervenez-vous sur ces questions ?Il s’agit là d’un volet important de la réflexion sur l’offre de premier recours. La loi nous demande de définir trois niveaux dans l’organisation du système d’accès aux soins. Il y a toute une graduation à organiser entre la médecine de ville, les hôpitaux, les urgences, l’offre médico-sociale... Les MSP permettent aussi de réfléchir sur un aspect médico-social, notamment sur le lien avec le maintien à domicile.

Comment allez-vous regarder les projets locaux ?Nous pouvons être prescripteur dans un certain nombre de cas, comme pour regarder le bon usage des médicaments, par exemple. Mais quand on réfléchit à l’offre de premier recours, l’ARS est davantage dans un rôle d’ingénieur. En effet, ce n’est pas nous qui décidons de la création d’une MSP. Ce sont des médecins libéraux qui, sur la base d’un projet commun répondant à un besoin, estiment qu’ils sont prêts à travailler en équipe. Notre mission est alors de les accompagner dans le montage de leur projet en étant le moins prescripteur mais le plus pragmatique possible. L’objectif est au final de mettre en œuvre une structure qui fonctionne sur le terrain et qui réponde aux besoins de la population et des professionnels eux-mêmes. Il existe aujourd’hui 16 MSP en Rhône-Alpes. Nous avons validé le projet de 10 nouvelles MSP pour 2011 et 23 autres projets sont à l’étude.

Certains acteurs ont un peu peur de l’éloignement régional de l’agence.L’ARS a de nombreuses équipes sur le ter-rain. 850 personnes composent l’ARS Rhône-Alpes et la moitié travaille dans les territoires au sein des délégations départementales. Tout n’est pas concentré à Lyon. D’ailleurs, de nombreux agents de l’Assurance mala-

die travaillant alors à Lyon ont souhaité partir dans les territoires. Nous avons une réelle présence de proximité et c’est une force pour l’Agence dans une région comme Rhône-Alpes.

Comment avez-vous organisé le découpage en 5 territoires de votre champ d’intervention ?En partant des 13 territoires sanitaires exis-tant aujourd’hui. Il y a eu d’abord une phase de concertation qui a commencé en juin. Le découpage vient d’être arrêté après l’avis des conseils généraux, des préfets de dépar-tement, du préfet de région. J’observe que la région compte 3 CHU, que de nombreux réseaux de prise en charge, des urgences notamment, existent sur 3 ou 4 territoires. Un point positif en Rhône-Alpes concerne le SROS 1 dont le découpage a été fait à partir de l’analyse des flux de patients et non pas à partir de découpages administra-tifs. Où les usagers vont-ils se faire soigner ? Quels sont leurs déplacements ? Pour quels types de pathologies ? Pour quels examens ? Dans cette région, et depuis l’origine, les besoins de santé ont été définis par analyse des flux de patients. Notre démarche actuelle a consisté à partir de cet acquis, tout en regroupant les 13 bassins. Diverses questions se sont posées : est-ce pertinent de maintenir un découpage de la région lyonnaise en quatre bassins ? Vaut-il mieux constituer un territoire lyonnais au sens large pour travailler sur l’organisation de l’offre ? Finalement, nous sommes assez vite arrivés à 5 territoires.

Page 10: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Interview

8 InterAction n°66, décembre 2010

Interview

« Les départements sont compétents en matière médico-sociale, rien n’a été changé par la loi HPST. »

Ces territoires ne s’appliquent pas aux limites départementales. Cela ne va-t-il pas compliquer la tâche des conseils généraux qui ont une forte compétence médico-sociale ?Les départements sont compétents en matière médico-sociale et rien n’a été changé par la loi HPST en la matière. Ils vont donc continuer dans la limite de leur territoire à exercer cette compétence. Nous participons à leurs côtés à leurs travaux. L’ARS permet de voir le par-cours du patient, de la personne âgée, de la personne handicapée, au niveau régional ou au niveau des territoires de santé et donc de tenir compte des flux de patients, au niveau régional. Nous ne concurrençons donc pas les compétences des départements car nous ne travaillons pas dans les mêmes limites : à nous de travailler sur les articulations ambulatoire/hôpital/médico-social autour du parcours du patient pour harmoniser au mieux l’ensemble. Cela dépendra ensuite de la qualité de travail que l’on aura avec les conseils généraux. Pour l’instant, cela se passe très bien en Rhône-Alpes. Les schémas régionaux vont donc bien s’ar-ticuler avec les schémas départementaux. La programmation se fera dans les limites du département.

En zoomant un peu sur l’Ain, Belley défend son hôpital aujourd’hui...Le maire est un ardent défenseur du projet. Reste à savoir quelles sont les coopérations avec Chambéry et les différents établissements du bassin. La loi HPST conduit à se poser d’autres questions comme définir quelle peut être la place de l’hôpital de Belley dans l’offre locale par rapport à Aix, Chambéry, Albertville, Moutiers. C’est aussi le projet médical de territoire qui est structurant. Les décisions d’investissement viennent ensuite seulement.

Concernant le plateau d’Hauteville, les acteurs ont beaucoup travaillé sur le projet de soins coordonné.

Quel accompagnement l’ARS

envisage-t-elle ?Nous restons toujours au schéma approuvé par l’ARH en 2009. Le projet médical qui concerne Hauteville doit être appliqué tel qu’approuvé. Nous attendons encore des conventions de collaboration à faire avec le CH de Bourg en Bresse. Pour l’instant, il n’y a pas de modifications à apporter. Des équipes de l’ARS au sein de la délégation de l’Ain participent activement pour accompagner ces projets. En 2009, l’ARH a approuvé ce projet, tout comme la DDASS. Nous sommes sur le terrain et attentifs.

L’ARS sonne-t-elle le glas de l’Assurance-maladie ?Non, pas du tout. Nous avons des relations de travail intenses avec l’Assurance maladie et son réseau demeure entièrement. Les caisses locales en sont l’ossature et la création de l’ARS ne change pas cela. Rappelons que l’ARS est un établissement public qui comporte 80 % d’agents de l’État et 20 % d’agents de l’Assurance mala-die. Ce n’est pas un service extérieur de l’État.

Sur la répartition des moyens entre les départements, notamment pour les Priac (programmes interdépartementaux d’ac-

compagnement des handicaps et de la perte d’autonomie), aurez-vous des comptes à rendre aux préfets ?Pas auprès des préfets de département. Le préfet de région est président du conseil de sur-veillance qui définit les orientations stratégiques de l’ARS. La répartition des enveloppes, quant à elle, est notifiée au niveau national auprès de qui nous aurons des comptes à rendre, bien entendu. La répartition entre départements dépendra du montant global de l’enveloppe et de la situation de l’offre dans chacun d’entre eux. Cette répartition se fera avec l’idée de corriger des inégalités par des indicateurs à mettre en place, approuvés par les équipes des conseils généraux et parfaitement transparents. Des appels à projets seront lancés en lien étroit avec les conseils généraux car nous avons une compétence partagée sur beaucoup de champs. La répartition sera faite dans le but de correspondre à une composition de l’offre en fonction des besoins de la population.

Propos recueillis par Pauline Froppier

Page 11: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 9

« L’image de l’insertion change »

Un an après

AG2I et ses trois associations regroupées sur un même site travaillent à l’élaboration d’un nouveau projet associatif. Ambitieux.

En septembre 2009, AG2I a dé-ménagé. En mai 2010, son ca-pitaine a été débarqué. Mais la forte houle n’a pas provoqué de voies d’eau dans le navire fondé en 2000. Il affiche même des résultats honorables en termes financiers et en nombre de sorties du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle. De quoi nourrir de nouvelles ambitions. « Nous n’avons pas encore remplacé le directeur. Nous sommes en train de repositionner le projet associatif », explique son président, Paul Drésin. Au-delà de consolider l’existant, le conseil d’administration réfléchit à la création d’une plate-forme finan-cière. Objectifs : mieux centraliser la gestion du groupe et contribuer au développement de l’économie solidaire (soutien à une coopé-rative d’activités par exemple). « Tout en restant bien accrochés à nos valeurs et à notre mission : participer activement à la remise à niveau de personnes en sérieuse difficulté et à leur sortie positive du dispositif. » Une trame commune aux trois structures que regroupe AG2I : Ainter’Job, Ainter’Services et Ainterim’Air. L’orientation vers un nouveau développement anime également le groupe : le projet de recyclerie-ressourcerie avec Organom et Bourg-en-Bresse agglomération.

Priorité à la formation

« La première de nos activités consiste à apporter un complément de formation, sur quoi le conseil d’administration avait fortement

mis l’accent en 2007. Nous nous en sommes bien trouvés », estime le président. La crise est passée par là et de nouveaux circuits de recrutement ont vu le jour au profit de grandes entreprises de travail temporaire. « Cela nous oblige à avoir une action commerciale forte auprès des PME. » L’effort de formation atteignait 40 000 € auto-financés en 2009, soit 14 % de la masse salariale. « Nous sommes bien dans le marché. Contrairement à l’idée que l’on se fait de nous, la part de notre activité liée aux collectivités territoriales représente environ 45 % de notre chiffre d’af-faires consolidé. » AG2I évalue ce dernier à 3 millions d’euros (hors aides) en 2010, en hausse de 100 000 € par rapport à 2009,

et une sortie dynamique pour 2/3 des personnes qui lui sont confiées.

Des personnes mieux accueillies

« Nous avons essayé de travailler avec les autres structures d’inser-tion en créant l’Union des struc-tures d’insertion par l’économie (Usie) de l’Ain en février. » Depuis 2010 également, une filiale d’Ain-ter’Services permet à ses clients de bénéficier de crédits d’impôts et d’exonérations de TVA.Enfin, AG2I a établi ses ateliers et bureaux sur 800 m2 de modules métalliques au label BBC (bâtiment basse consommation), dans la zone d’aménagement concerté

(Zac) des Belouzes à Bourg-en-Bresse. « Nous avons répondu à l’appel à projet de la Région et sommes suivis par l’Ademe. » Et Paul Drésin d’ajouter : « L’image de l’insertion change. On le voit avec Tremplin. Pas seulement dans le comportement des permanents, mais aussi dans l’accueil des per-sonnes. » Restent des attentes, parmi elles : « la prise en compte de la difficulté des personnes en insertion, ne serait ce qu’en appli-quant la clause d’insertion sur les marchés ». Par sa compétence en direction de ce public, le Conseil général devrait se prononcer sur la question avant la fin de l’année. • A.S.

> Dans ses nouveaux locaux écologiques depuis septembre 2009, AG2I souhaite diversifier ses activités, en soutenant une coopérative d’activités par exemple.

Page 12: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Table ronde

10 InterAction n°66, décembre 2010

En juillet 2005, la loi établissant le plan Borloo visait à encourager le développement des emplois de services à domicile, en autorisant leur ouverture aux entreprises du secteur marchand. Depuis mars 2009, le plan 2 des services à la personne poursuit l’effort de développement du marché.

Éric Delpeuchresponsable de secteur Nestor Services

« Les gens font appel à nos services surtout pour du confort, pour dégager du temps pour les loisirs, les enfants. »

Geneviève Guistidirectrice adjointe de la Fédération ADMR de l’Ain

« Le secteur associatif crée énormément d’emplois. Si on met les associations en difficulté, c’est autant d’emplois qui vont disparaître. »

Patricia Trichotdirectrice de l’Asdomi

« La tâche est un support. Nous accompagnons des personnes fragilisées, assurons les soins et la coordination pour permettre le maintien à domicile. »

L’aide à domicile  et l’ouverture au secteur marchand

Les services à domicile font l’objet d’une forte demande dans l’Ain, selon Éric Delpeuch, res-ponsable de secteur de la SARL Nestor Services implantée dans le département depuis 2008, et Geneviève Guisti, directrice adjointe de la Fédération ADMR de l’Ain. « Nous travaillons beaucoup avec des plateformes téléphoniques, des banques, des assurances… témoigne Éric Delpeuch. Les gens font appel à nos services surtout pour du confort, pour dégager du temps pour les loisirs, les enfants. Nous intervenons pour le jardinage, le ménage, la garde d’en-fants de plus de 3 ans. » Ces services diffèrent de ceux prodigués par les aides-soignant(e)s et infirmier(e)s de l’Association des services de soins infirmiers à domicile (Asdomi). « La tâche est un support, confirme Patricia Trichot, direc-

trice. Nous accompagnons des personnes fra-gilisées, qui présentent des dépendances et des pathologies lourdes. Nous assurons les soins, la prise en charge globale et la coordination pour permettre le maintien à domicile. » L’Asdomi confie travailler en partenariat avec les services d’aide à domicile, qui développent leurs com-pétences auprès du profil de ces personnes. Éric Delpeuch reconnaît que le recrutement des personnes intervenant à domicile ne s’effectue pas sur les mêmes critères. Pour la Caisse d’allo-cations familiales (Caf) comme pour le Conseil général, la nature juridique de la structure, à but lucratif ou non, importe peu aux clients. « Pour les familles, c’est un fournisseur de service », précise Benoît Amarger, sous-directeur.

Que recouvre l’aide à domicile pour les entreprises du secteur marchand et les structures à but non lucratif ?

« La création de l’agrément qualité permet aux acteurs du secteur marchand d’agir sur le secteur de l’aide à domicile, et aux associations d’aller sur le secteur marchand », indique Thierry Clément, directeur général adjoint chargé de la solidarité au Conseil général. Pour Benoît Amarger, le mode de financement par le chè-que emploi service universel (Cesu), créé en 1993, traduisait déjà une incitation. Cependant, dans le cadre des objectifs de prévention fami-liale de la Caf, « l’intervention ne peut pas être réalisée par n’importe quel opérateur, parce qu’elle demande des compétences spécifiques, celles des travailleurs sociaux avant tout ». Patricia Trichot craint l’absence de concertation avec le prestataire privé, si ce dernier devait intervenir à domicile pour les situations les plus

complexes.« 64 nouvelles entreprises de service à domicile, dont 48 auto-entrepreneurs, ont été créées entre avril 2009 et avril 2010, alerte Geneviève Guisti. Si l’arrivée de nouvelles structures a contraint l’association à revoir sa stratégie pour sa survie, « cela nous apporte du dynamisme », convient la directrice adjointe. La Caf confie dis-poser d’un maillage territorial réalisé par trois as-sociations. « Si j’intègre un nouveau prestataire, c’est à moyens constants, alerte à son tour Benoît Amarger. Au niveau européen, nous sommes en droit de faire prévaloir des services d’intérêt général pour des interventions sociales dans la Directive relative aux services. Cet argument est porté par notre Caisse nationale. » Thierry Clément juge le système complexe et injuste.

Quelles sont les conséquences de l’ouverture des services à domicile au secteur marchand ?

Page 13: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 11

D’aucuns admettent qu’un certain nombre de garanties sont dues quand un prestataire entre au domicile d’une personne fragilisée. Thierry Clément, comme Geneviève Guisti, suggère que « le secteur des personnes fragiles relève de l’autorisation de la loi de 2002 exclusivement ». Autre idée en cours : dépasser le financement à l’heure. « Pour les personnes âgées, ce n’est pas seulement quelques heures de ménage. On attend un service plus global, un encadrement et une coordination entre les intervenants. » Cela supposerait un conventionnement entre les financeurs et les structures autorisées d’aide à domicile. « C’est une protection pour la personne fragile ou dépendante », corrobore Patricia Trichot.Quant à Nestor Services, son responsable local la déclare non agressive. Dans les faits, l’entre-prise comptabilise 600 heures d’intervention par mois, contre 650 000 heures par an pour

le réseau ADMR. « Nous raisonnons au coût horaire. Les déplacements des intervenants salariés ne doivent pas dépasser 15 km, indique Éric Delpeuch. Notre stratégie pour développer des parts de marché, c’est de se faire connaître le plus possible ». Le bouche-à-oreille, le site Internet et bientôt la publicité devraient aider.Thierry Clément constate les limites du champ de protection du Conseil général. « Nous sommes dans un cadre juridique. Si le préfet décide d’autoriser les services d’aide à la personne à intervenir au titre de l’allocation personnalisée à l’autonomie (Apa), le Conseil général sera obligé de céder. » Et Geneviève Guisti de rap-peler que « la loi de 2005 avait pour objectif majeur de créer des emplois. Il ne faut pas oublier que le secteur associatif dans l’aide à domicile crée énormément d’emplois. Si on met les associations en difficulté aujourd’hui, c’est autant d’emplois qui vont disparaître ».

Thierry Clément

directeur général adjoint chargé de la solidarité - Conseil

général

« Pour les personnes âgées, on attend un

service global, un encadrement et une

coordination entre les intervenants. »

L’aide à domicile  et l’ouverture au secteur marchand

Quelles sont les solutions pour clarifier la situation ?Benoît

Amargersous-directeur de la Caisse d’allocations

familiales de l’Ain

« L’intervention en prévention

familiale ne peut pas être réalisée

par n’importe quel opérateur, parce

qu’elle demande des compétences

spécifiques. »

> Selon l’Insee, les trois services les plus demandés en 2008 étaient : la garde d’enfants, les travaux ménagers, l’assistance pour la vie quotidienne des personnes âgées ou dépendantes.

« Les règles d’autorisation, d’évaluation et de suivi ne sont pas les mêmes. Des services d’aide à la personne autorisés par le préfet n’ont pas du tout les mêmes contraintes ». Ainsi, le Conseil

général et la Fédération ADMR estiment que la situation doit être clarifiée.

Page 14: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

12 InterAction n°66, décembre 2010

Table ronde

« Il faut arrêter les politiques schizophrènes »

Par ses différents témoignages, la table ronde organisée le 3 novembre a mis

en évidence les différentes facettes de l’aide à domicile. D’une part, les prestations de services qu’une famille ou qu’une personne retraitée a le loisir de demander à une structure à but lucratif ou non : jardinage, repassage, garde d’enfants… D’autre part, les services liés à l’acte de soin, impliquant l’accompagne-ment d’une personne en perte d’autonomie ou atteinte par la maladie d’Alzheimer par exemple.La demande croissante de l’aide à domicile sans soin résulte de la loi du 18 janvier 2005. Selon Thierry Clément, directeur général adjoint chargé de la solidarité au Conseil gé-néral, et Geneviève Guisti, directrice adjointe de la Fédération ADMR de l’Ain, « il faut arrêter les politiques schizophrènes. D’un côté, la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. De l’autre, celle de 2005 pour une politique d’emploi, de concurrence. Il faut choisir. On est en train de détruire le secteur d’aide à domicile que nous avons relativement protégé. »

Le caractère précaire des emplois créés, la dévalorisation du travail et les risques liés à l’exercice de ces métiers n’ont pas été évoqués.En revanche, entreprises et associations disent redouter la suppression de la niche fiscale pour les particuliers employeurs à domi-cile. « Ce serait un coup dur, confirme Éric Delpeuch, responsable de secteur Nestor Services. Nous touchons une clientèle qui n’a pas forcément besoin qu’on fasse le ménage chez elle, mais qui peut se le permettre, car elle peut bénéficier d’un crédit d’impôt. »

Quid des personnes non imposables ?

Or, un couple de retraités – 75 et 77 ans – non imposables, parce qu’ils touchent une petite retraite, ne profitent pas du crédit d’impôts lié aux prestations de service d’aide à la personne. L’allocation personnalisée à l’autonomie (Apa) peut leur apporter une so-lution, à la condition qu’ils soient dépendants.

« S’ils ne relèvent pas de l’Apa à domicile, les retraités peuvent demander à leur caisse de retraite principale et à leur complémentaire santé de prendre une partie du service à domicile à leur charge », témoigne le Centre local d’information et de coordination géron-tologique (Clic) du bassin burgien.À la crainte de voir la niche fiscale disparaître s’ajoute celle de l’ADMR face à la suppres-sion de la reprise de l’allocation personna-lisée à l’autonomie (Apa) sur succession. « Ce serait vite une catastrophe. Aujourd’hui, il y a aussi une remise en cause de l’exonération des charges sociales dans le cadre du plan Borloo. » La prochaine réforme de la prise en charge des personnes âgées dépendantes ne manquera pas de susciter le débat, ni la démographie médicale et l’offre de soins. Dans les faits, le médecin transfert déjà des tâches aux infirmier(e) s, lesquel(le) en confient certaines aux aides-soignants… Geneviève Guisti en atteste : « L’aide à la toilette est de plus en plus effectuée par les intervenants de l’ADMR. » • A.S.

« La suppression de la niche fiscale pour les particuliers employeurs à domicile serait un coup dur. »

Le 24 mars 2009, l’Agence nationale des services à la personne (ANSP) communiquait le plan 2 des services à la personne. Onze nouvelles mesures sont apparues, dont une sociale assez populaire : celle offrant aux premières victimes de la crise économique des bons d’achat sous forme de prime en Cesu, préfinancés d’une valeur de 200 euros. Cinq nouveaux services se sont ajoutés à la liste des services de l’agrément simple, à l’article D. 7 231-1 al 20° du Code du travail : aide aux aidants familiaux, audit éco-habitat, prévention des accidents de la vie courante à domicile, assistance informatique à distance, soutien scolaire en mini-groupes pour les zones urbaines sensibles.

Source : http://www.services-a-domicile.fr

L’allocation personnalisée à l’autonomie (Apa), créée par la loi du 20 juillet 2001, est destinée aux personnes âgées de plus de 60 ans, ayant des difficultés pour accomplir les gestes de la vie quotidienne, ou dont l’état nécessite une surveillance régulière.À domicile, l’Apa est égale au montant du plan d’aide diminué d’une participation du bénéficiaire de l’allocation selon ses ressour-ces. Le montant maximum du plan d’aide est

fixé par un tarif national qui tient compte du degré de perte d’autonomie.La participation du bénéficiaire est nulle jusqu’à un revenu mensuel inférieur à 695,70 €/mois (au 1er avril 2010). Au-delà, elle croît de 0 à 90 % du montant du plan d’aide en fonction du revenu mensuel.

Plus d’informations auprès des Clics de

l’Ain

Cinq nouveaux services depuis 2009

L’Apa à domicile

Dans l’édition 2008 de sa publication « France, portrait social », l’Insee consacrait un important chapitre aux employeurs de salariés à domicile. En 10 ans, le nombre de ménages utilisant des services à domicile s’est accru de 76 %.Les trois services les plus demandés étaient : la garde d’enfants, les travaux ménagers, l’assistance pour la vie quotidienne des personnes âgées ou dépendantes. L’Insee attribuait le fort succès du service de gardes d’enfants à la hausse du taux d’activité féminin et à celle croissante du nombre de familles monoparentales.

Plus de renseignements sur :

http://www.insee.fr

Qui recourt aux services à domicile ?

Page 15: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 13

« Mettre en avant l’égalité professionnelle »

Quelle est votre mission dans votre nouvelle fonction ?Mettre en œuvre les politiques pu-bliques aux droits des femmes. Le plan d’actions pluri-annuel national comprend quatre axes : la parité et l’accès des femmes aux respon-sabilités (politiques, associatives…), l’égalité professionnelle hommes/femmes, l’accès aux droits et le res-pect à la dignité, et l’articulation des temps de vie (professionnelle, familiale, loisirs…).Avant, la fonction était rattachée di-rectement à la Préfecture. Aujourd’hui, elle est intégrée à la Direction dépar-tementale de la cohésion sociale (DDCS). Je participe aux échanges entre les services, aux comités de direction, ce qui permet de mettre la femme dans tous les sujets. C’est très important. Je suis seule dans mon service mais pas seule dans mon coin à réfléchir !

Sur le terrain, comment se concrétisent les actions ?Avec les acteurs de l’emploi (Pôle emploi, les branches professionnelles, les organismes de formation…), j’aide les entreprises à agir pour l’égalité professionnelle. Des outils existent, tels que les contrats de mixité qui sont un bon levier. Dans mon parcours précédent, j’ai souvent monté avec Katherine Ravanat* des opérations, par exemple, pour l’accès des fem-mes aux métiers traditionnellement masculins.

Sur la lutte contre les violences faites aux femmes, il existe déjà un réseau bien construit, avec un ensemble de partenaires (l’Avema, la justice, la gendarmerie, la police, l’ADSEA…). Le service apporte aussi un soutien financier. C’est un sujet très important, qui est un axe du plan départemental de prévention de la délinquance. En 2010 à Oyonnax, 2011 à Bourg, une journée de formation est orga-nisée pour les travailleurs sociaux, la police, la gendarmerie… J’aimerais aussi trouver les financements pour monter une formation pour les élus, qui sont souvent interpellés sur ce problème.Sur l’accès aux droits des femmes immigrées, des choses existent déjà aussi, comme les stages Repartir. J’amènerai ma touche pour créer d’autres outils d’aide à l’intégra-tion.

Quel a été votre parcours précédent ?J’ai travaillé à la Mission locale jeu-nes de Bourg, où j’étais conseillère technique aux droits des femmes et en milieu rural, puis à la DDTEFP, en tant que coordinatrice emploi formation. Ensuite, j’ai été détachée à la communauté d’agglomération, sur le volet emploi-insertion de la politique de la ville.

Comment vivent les femmes dans l’Ain ?La situation est assez égale à celle au niveau national, avec plus de femmes que d’hommes au chômage et une précarité d’emploi plus accentuée. Une enquête de 2006 montrait que l’Ain était le département de Rhône-Alpes où les entreprises avaient le

Entre nous

Rencontre avec Pascale Guillet, chargée de mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité depuis avril 2010.

plus recours à l’intérim.Les violences faites aux femmes exis-tent aussi, ici comme ailleurs.

Quels sont vos projets pour la Journée de la Femme, le 8 mars ?J’ai la chance d’avoir un bel héritage avec chaque année, dans l’Ain, toute une semaine d’actions montées par de nombreux acteurs (associations, centres sociaux, musées, théâtre, archives départementales…), qui permet aux femmes de se rencontrer, d’échanger, d’avoir accès à des lieux où elles ne vont pas habituellement. C’est vraiment un travail partagé, qui va se poursuivre. Je souhaite aussi, en

2011, mettre en avant l’entreprenariat féminin, et plus tard, mettre aussi les femmes élues à l’honneur. Elles mènent une troisième vie, au-delà de la vie professionnelle et de la vie familiale. Ce n’est pas simple !

Vous-même, avez-vous deux ou trois vies ?

Deux et demie. Je suis élue à Malafretaz, où le maire est très fier de la parité du conseil municipal !

Propos recueillis par Annick Puvilland

* Ex-chargée de mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité

> « Le droit des femmes est inscrit dans les directives européennes, c’est une notion universellement partagée » rappelle Pascale Guillet.

> Pour en savoir plus sur les droits des femmes, lire les Synthèses d’actualité du SDFE (Service des droits des femmes et de l’égalité) publiées chaque semaine sur le site internet www.travail-solidarité.gouv.fr, rubrique Femmes/égalité, Publications.

Page 16: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

UDAF

14 InterAction n°66, décembre 2010

Tout nouveau partenaire au sein du tour de table d’InterAction, l’Udaf, pour sa première parution, se présente.

Institutionnel

« Défendre les intérêts des familles, sans idéologie ni considérations politiques »

Qu’est-ce que l’Udaf ?L’Union départementale des associations familiales n’est pas une association comme les autres. C’est une institution, crée par le Conseil de la libération et le général de Gaulle en 1945, et inscrite dans la loi. L’idée à l’époque était de rassembler en des temps difficiles tous les Français autour de la famille, de trouver un terrain d’entente commun. Il y a une Udaf par département, rassemblée en une Union nationale des associations familiales (Unaf). L’objectif des Udaf est de défendre les intérêts matériels et moraux des familles, sans idéologie ni considérations politiques.

Quelles en sont les missions ?L’Udaf a quatre missions inscrites dans la loi. La première est de donner avis aux pouvoirs pu-blics en étant présente dans toutes les institutions de la République pour être force de proposition et d’actions en faveur des familles. Deuxième mission : représenter toutes les familles françai-ses et étrangères vivant légalement en France. Il y a là un pluralisme institutionnel qui permet l’expression de tous les mouvements familiaux. La mise en place de services en direction des familles est notre troisième mission. Par exem-ple, l’Udaf a la gestion de 40 % des mesures de tutelle en France. Dans l’Ain, l’Udaf pilote aussi l’action Lire et faire lire avec l’Inspection académique et les écoles.

Comment se situe l’Udaf dans l’Ain ?Elle est assez bien répartie sur le département. Mais il reste encore une difficulté sur le Pays de Gex. Il y a très peu d’associations présentes pour assurer la représentation des familles. Nous allons mener des actions pour renforcer notre représentativité, créer des relais. L’an-tenne d’Habitat et humanisme à Gex pourrait à ce titre bientôt intégrer l’Udaf de l’Ain.

Qu’est-ce qui fait de l’Udaf une institution unique ?Son financement étant inscrit dans la loi, cela lui donne une grande indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics. Sa composition pluraliste nous oblige aussi à être compétent et pertinent sur les positions que nous dé-fendons. Tous nos représentants bénévoles bénéficient d’une formation et sont qualifiés pour parler de politique familiale. L’Udaf fait preuve d’initiative : ainsi, en novembre 2009, la 1re Conférence départementale de la fa-mille a permis de rassembler et fédérer des partenaires autour d’une idée. À partir d’un état des lieux, la Conférence a pu proposer un certain nombre de préconisations. Notre rôle aujourd’hui est de suivre la mise en œuvre de ces préconisations.

Propos recueillis par Pauline Froppier

> Éric Comparat, président de l’Udaf de l’Ain et vice-président de l’Unaf, rappelle les missions que remplissent les institutions.

> Le 19 juin 2009, près de 300 acteurs de la vie associative, institutionnelle et élus se sont réunis

pour débattre des enjeux d’une politique familiale lors de

la 1re Conférence départementale de la famille. Un point de départ à la mise

en place d’actions de terrain.

Page 17: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 15

« Défendre les intérêts des familles, sans idéologie ni considérations politiques »

L’Udaf et ses services en chiffres

• Service Institution

Au 1er octobre 2010, le service Institution compte 5 salariés : une directrice, un respon-sable administratif et financier, une secrétaire comptable à mi-temps, une animatrice de la politique familiale, une secrétaire.L’Udaf a assuré 72 représentations en 2009, effectuées par 52 représentants familiaux.160 représentants familiaux ont été élus mem-bres des Centres communaux d’action sociale (CCAS) de leur commune suite aux élections municipales de 2008.L’Udaf de l’Ain compte 80 associations ad-hérentes au 31 décembre 2009. Cela repré-sente 11 084 familles adhérentes, soit 29 330 suffrages pour l’année 2010.Elle porte, avec succès, l’action Lire et faire lire depuis 10 ans : 130 bénévoles y ont par-ticipé sur l’année scolaire 2009-2010. Les interventions se sont déroulées auprès d’une cinquantaine de structures.

• Service Mandataire judiciaire à la protection des majeurs

Au 1er octobre 2010, ce service compte 20 personnes : une chef de service, 9 délégués à la protection, 4 secrétaires assistantes, une secrétaire du service, une secrétaire accueil, 3 comptables, une secrétaire générale.Ses missions sont :– appliquer le mandat donné par le Juge des

tutelles, en fonction du cadre légal de chaque mesure de protection ;

– assurer la continuité du service aux majeurs protégés ;

– intervenir dans le respect des convictions et des capacités de chaque majeur protégé dans l’objectif de faire évoluer la mesure de protection dans le sens de l’allégement ;

– s’adapter aux contraintes légales et techniques.

– appliquer la loi du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs et entrée en vigueur le 1er janvier 2009.

• Service Point info famille (Pif)

Le Point info famille est composé d’une ani-matrice réseau, de 7 antennes locales et d’un point central d’in-formation.L’Udaf a choisi de dé-velopper un dispositif d’information des fa-milles sur l’ensemble du territoire de l’Ain, pour répondre à un réel be-

soin de soutien des familles, notamment dans le contexte économique actuel.Initiés et labellisés par l’État, les Points info famille sont des guichets uniques où toutes les familles peuvent être accueillies afin de faciliter leurs démarches administratives, accompagner leurs recherches sur Internet ou encore les aider à identifier l’interlocuteur susceptible de leur apporter une réponse dans différents domaines : jeunesse, droit, solidarité, logement, famille, emploi, santé, retraite, consommation

et information administrative.Ce service est entièrement gratuit et porté par un ensemble de partenaires volontaires : 5 associations familiales, 3 centres sociaux, la Caf de l’Ain et des collectivités territoriales.En 2009, le site internet a reçu 1 762 visites (505 en démarches administratives, 1 257 dans le domaine de la famille).Le nombre de demandes sur l’ensemble du réseau en 2009 s’est élevé à 3 377 (thèmes majeurs : jeunesse, solidarité, logement, droit, emploi, couple...)

www.pointinfofamille01.fr

Mesures totales prises en charge au 31 décembre 2009

Curatelles 405

Tutelles 181

TPSA 2

Sauvegardes de justice 0

588

Page 18: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Caf

16 InterAction n°66, décembre 2010

« Poursuivre les efforts engagés dans l’Ain »

Petite enfance

Le soutien à l’accueil du jeune enfant reste l’une des missions les plus importantes de la politique d’offre de services de la Caf

de l’Ain. Retour sur les actions mises en place.

le secteur Val-de-Saône/Dombes/Côtière. Le Conseil général a également aidé à l’inves-tissement, bien que cela ne fasse pas partie de ses compétences obligatoires.

Quelle est la situation dans l’Ain aujourd’hui ?

En 2009, nous avons 2 300 places d’accueil collectif, soit 207 places de plus qu’en 2008. Notre ambition est d’arriver à 3 000 places fin 2012. La crise a un peu freiné l’action de certains territoires, mais un peu moins que nos craintes initiales. D’ici 2012, nous avons ciblé quelques territoires où nous allons nous investir fortement, comme le Pays de Gex ou la Côtière.

Allez-vous aussi promouvoir les nouveaux modes d’accueil ?

On se saisit forcément des innovations comme les microcrèches qui peuvent être une réponse parfaitement adaptée aux petits territoires : ce sont pour eux des solutions intermédiaires plus économiques. En 2009, 18 places de micro-crèches ont été créées. Le chiffre sera le même pour 2010. « Nous sommes, avec le Conseil général, attentifs au développement des mai-sons d’assistants maternels qui permettent à des professionnels de se regrouper dans les locaux communs, sans encadrement. L’absence d’encadrement entraîne en effet un besoin de vigilance. » Dans ce cadre, chaque assistant maternel reste dans sa relation contractuelle avec les parents, mais il se donne la possibi-lité de garder les enfants d’autres familles en même temps. Actuellement, nous sommes en train d’élaborer une charte qualité. Il reste un chantier à ouvrir, celui des horaires atypiques : faut-il créer des places adéquates ou plutôt engager la réflexion avec les entreprises sur l’aménagement des horaires de travail des mamans ? Le débat est à poser.

Propos recueillis par Pauline Froppier* offre de places/nombre d’enfants de moins de 3 ans

La Caf de l’Ain poursuit la création de places en accueil collectif. Pourquoi ?

De plus en plus d’enfants naissent dans l’Ain. Nous souhaitons poursuivre les efforts engagés depuis plusieurs années déjà sur le départe-ment afin de permettre à toutes les familles de pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale. Il s’agit pour elles d’avoir le choix de travailler ou non et de pouvoir se tourner facilement vers un mode de garde collectif ou individuel. L’assistant maternel reste le mode d’accueil privilégié. L’accompagnement des acteurs locaux à la création de places d’accueil collectif permet d’offrir un véritable choix aux familles.Dans l’Ain, nous sommes plutôt bons élèves avec un taux de couverture* de 84,4 %. Ceci a été possible, grâce à l’aide très im-portante de la Caf de l’Ain pour la créa-tion (plusieurs millions d’euros ces dernières années) et pour le fonctionnement de ces structures d’accueil (prestations de service et contrats enfance jeunesse qui représen-tent près de 15 Mo par an). Mais il reste des disparités territoriales notamment dans le Haut-Bugey, le Pays de Gex ou encore tout

> Benoit Amarger, sous-directeur action sociale à la Caf de l’Ain

Créé en 2009 pour faciliter la recherche par les familles d’un mode de garde ou d’accueil pour les enfants, le site www.mon-enfant.fr vient de recevoir le 1er prix des bonnes pratiques pour l’Europe dé-cerné par l’association internationale de la Sécurité sociale qui regroupe 170 pays.Mon-enfant.fr est le premier site national dédié ex-clusivement à la garde d’enfants. Il regroupe toutes les informations sur les solutions d’accueil existantes partout en France, pour des enfants âgés de 0 à 12 ans afin de mieux conseiller, orienter, aider les familles à trouver la solution adaptée à leur besoin pour une conciliation facilitée entre vie familiale et vie professionnelle.

Un prix européen pour le site www.mon-enfant.fr

Page 19: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 17

« Poursuivre les efforts engagés dans l’Ain »

Toutes les informations pratiques sur les différents mo-des d’accueil collectifs et de loisirs sont disponibles en permanence : services proposés, coordonnées, contacts….Prochainement, trois nouveautés importantes vien-dront enrichir son contenu : la mise en ligne, en par-tenariat avec le Conseil général, des coordonnées des assistants maternels agréés de l’Ain, la possibilité de simuler le montant de la Prestation d’accueil du jeune enfant versée par la Caf et la possibilité de consulter en temps réel l’offre d’accueil disponible, que ce soit au niveau des équipements d’accueil collectifs ou des assistants maternels.

Un prix européen pour le site www.mon-enfant.fr

Obligation législative mise en place dans l’Ain en 2003, le schéma départemental d’accueil du jeune enfant (SDAJE) est co-piloté par la Caf et le Conseil général en partenariat avec la MSA. Il a pour objectif de définir la politique départementale autour de l’accueil des 0-6 ans. Le SDAJE a permis tout d’abord d’établir un diagnostic des besoins afin ensuite de territorialiser les actions à mener en faveur du développement des modes d’accueil du jeune enfant.Cinq axes stratégiques ont été identifiés :– agir en faveur des assistants maternels, premier mode d’accueil des jeunes enfants,

par la mise en œuvre d’un dispositif simple de formation professionnelle continue, le recueil de données qualitatives sur la profession, la réflexion sur la gestion des fins de carrière…

– permettre le développement des équipements et structures sur les territoires repérés comme prioritaires et assurer la pérennité de ceux existants en les adaptant, si néces-saire, aux besoins nouveaux ;

– mettre en place un réseau d’échange pour les établissements d’accueil du jeune enfant et les microcrèches ;

– développer les modalités d’information des familles ;– rendre accessible l’offre d’accueil aux enfants porteurs de handicaps ou malades.

Un outil partenarial : le SDAJE

Des mesures incitatives pour les assistants maternels

La prime d’installationLe coût de l’achat du matériel de puériculture et la sécurité nécessaire à l’installation des assistants maternels peuvent être un frein à l’installation. Pour renforcer l’attractivité du métier, les pouvoirs publics et la Cnaf se sont engagés avec les Caf à verser une prime d’installation aux assistants maternels nouvellement agréés.Conditions : il doit s’agir d’un premier agré-ment, les assistants maternels doivent travailler depuis au moins deux mois et s’engager sur un minimum de trois ans dans la profession, renseigner leurs disponibilités sur le site in-ternet www.mon-enfant.fr et être référencés auprès d’un Ram (s’il en existe un sur leur territoire).Montants : de 300 € à 500 € selon que le territoire où l’assistant maternel se situe et dispose ou non d’un taux de couverture inférieur à la moyenne départementale.

Le prêt à l’amélioration de l’habitat

Avec des normes de sécurité importantes pour l’accueil d’un jeune enfant chez soi, les assistants maternels agréés ou en cours d’agrément peuvent avoir besoin de faire des travaux pour améliorer et/ou sécuriser l’accueil dans leur domicile. Un prêt à l’amé-lioration de l’habitat (PAH) peut être versé par la Caf. Ce prêt permet de financer des travaux et s’élève au maximum à 10 000 €. Il est accordé sans intérêt dans la limite de 80 % du coût total des travaux et est rembour-sable en 120 mensualités maximum.

Contact - Fabienne Sassot :04 74 45 48 39

Page 20: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

ADAPEI

18 InterAction n°66, décembre 2010

Inclusion sociale

Permettre aux personnes handicapéesd’être sujet-acteur

Peut-on dire que l’on subit l’exclusion mais que l’on « génère » l’inclusion ?L’inclusion sociale relève d’abord d’une dynamique : de même qu’une suite d’événements peut participer au phénomène d’exclusion, inclure socialement relève de démarches, de volontés. La formation professionnelle participe à ces démarches puisqu’elle permet une transition : il ne s’agit plus de l’école et pas encore du monde du travail. Le mouvement est irrémédiablement en marche et au bout du chemin, il y a le jeune adulte émancipé. Nous avons à l’IME choisi l’âge de 16 ans pour le passage en section de formation professionnelle. C’est ordinairement l’âge de fin de scolarité obligatoire. Comment la formation professionnelle se décline-t-elle pour des personnes présentant un handicap mental moyen ou profond ?Il ne s’agit pas d’apprendre un métier mais d’apprendre à travailler, à « faire un travail » en utilisant au mieux toutes ses ressources, en s’accommodant des difficultés, du handicap, en développant des stratégies pour contourner l’obstacle. L’ambition du formateur (le plus souvent des éducateurs techniques spécialisés) est de conduire chaque jeune à se reconnaître capable de faire tout le travail qu’il est en capacité de réaliser. « Faire un travail » n’est pas simple. Cela requiert a minima la notion de travail et de pouvoir consentir à des efforts sans que cela soit vécu comme une violence, une torture. « Faire un travail » est aussi un acte social qui inscrit le travailleur dans un groupe social repéré, avec ses codes. Il s’agit de permettre aux personnes handicapées une identification, la fierté, d’être sujet-acteur. Quel est le contenu de cette formation ?La formation professionnelle débute par les notions élémentaires : la sécurité, la tenue de travail, l’utilisation des outils à main. Elle se complexifie en intégrant les méthodes, le vocabulaire et les procédés qui sont mis en œuvre dans les ESAT. L’organisation spatiale

des ateliers de l’IME est inspirée de ce qui se fait en ESAT*. Idem pour la démarche qualité.

Vous liez très fortement savoir faire et savoir être.L’objectif est que le jeune, au terme de sa formation, sache faire les travaux que l’on exige de lui et se sente appartenir à une communauté, qu’il ait confiance en lui. Le savoir-faire s’acquiert pour l’essentiel de manière concrète et empirique : les démonstrations, une progression adaptée des exercices, les essais, les tâtonnements aussi nombreux que nécessaires pour la réalisation de gestes simples puis de plus en plus complexes. À l’IME du Prélion, nous y consacrons environ quatre ans (de 16 à 20 ans). Savoir faire dans un environnement particulier : l’atelier ou plus globalement le lieu de travail. Savoir faire en coopérant avec des pairs, trouver sa place. Les éducateurs n’ont d‘autres choix que d’inventer avec chacun l’art d’exister. Ce que nous nommons le savoir être. C’est sans doute la plus grande difficulté du métier mais aussi son intérêt. L’assistance d’un ergothérapeute prend ici toute sa dimension. Le programme des savoir-faire à acquérir repose pour la plus grande part sur les exigences qu’auront les ESAT. Nous nous sommes donc attachés à évaluer au mieux ces exigences qui représentent la base des apprentissages. Rien n’empêche d’aller au-delà pour les jeunes qui le peuvent. Nous évaluerons ensuite s’il est opportun de s’engager dans un processus de reconnaissance des savoir-faire professionnels (la RSFP, très marginalement utilisée à l’IME). Le résultat n’est-il pas de fournir une main-d’œuvre bien conditionnée ?Absolument pas. Les ESAT n’ont nul besoin d’une telle main-d’œuvre. Nous avons opéré un choix pragmatique. La plupart des jeunes qui bénéficient de la formation professionnelle de l’IME — que nous nommons pré-professionnelle pour signifier le fait que

De la théorie à la pratique : Bernard Émeraud, chef de service à l’IME Le Prélion, s’est passionné pour l’inclusion sociale au point d’en faire une

ligne de conduite dans la formation professionnelle des jeunes handicapés.

> Bernard Émeraud, chef de service éducatif à l’IME Le Prélion : « Pour les personnes handicapées comme pour nous, il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler et il faut se former à une activité professionnelle pour vivre bien, pour vivre mieux avec les autres. »

En quoi la formation professionnelle d’un jeune handicapé peut-elle concourir à son inclusion sociale ?Ces deux notions peuvent coïncider. L’une est historiquement datée : la formation professionnelle. L’autre est plus récente : l’inclusion sociale. Nous avons cherché à mieux comprendre comment la formation professionnelle pouvait servir, favoriser, l’inclusion sociale. Ou l’empêcher ! Comment, s’agissant de personnes présentant un handicap mental, une déficience intellectuelle, la formation professionnelle pouvait participer à une identification socialement positive et, par là, inclure. Comment éviter d’exclure ? Nous nous appuyons sur notre expérience et notre pratique au sein de l’ADAPEI de l‘Ain, particulièrement à l’IME Le Prélion.

Page 21: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 19

Permettre aux personnes handicapéesd’être sujet-acteur

Le concept d’inclusion sociale est peu commun. Des textes européens et ca-nadiens traitant des politiques sociales le définissent à partir de son appli-cation pratique : l’inclusion aurait ainsi à voir avec le contraire de l’exclusion. Une approche qui rompt avec les concepts d’intégration ou d’assimilation mais qui reste dans le champ de la cohésion sociale. Ces deux extraits circonscrivent assez bien ce concept. « Il y a une solide base de valeurs et un impératif moral à l’inclusion sociale. Elle exige non seulement une volonté de tolérer ou d’accommoder la diversité et les différences, mais de respecter, de valoriser et d’inclure. L’inclusion sociale, c’est plus qu’enlever les obstacles [...] pour créer les conditions où tout le monde est inclus. C’est un concept familier aux groupes qui ont été exclus. Par exemple, les personnes handicapées ne veulent pas juste la rampe qui leur permet d’entrer ; une fois à l’intérieur, elles veulent que leur participation soit valorisée. » (Canadian Council on Social Developpement ; Conférence d’Ottawa, 2001) « On peut mesurer l’inclusion selon quatre dimensions de participation à la société : la dimension de la consommation (avoir le pouvoir d’acheter), celle de la production (ne pas être au chômage, travailler), celle de l’engagement politique (droit de vote, fait de participer à des associations) et, enfin, celle des interactions sociales (intégration dans des réseaux familiaux, amicaux et communautaires). » (in Think tank européen pour la solidarité ; Cohésion et inclusion sociale, Nicolas Lebrun, janvier 2009)

Interactions socialesnous ne formons pas à un métier —, sont, le moment venu, orientés vers un ESAT. Il s’agit de leur donner toutes les chances de réussir ce qui est le meilleur moyen pour eux à l’avenir d’évoluer vers une autre manière d’exercer. Quel est le rôle des parents ?La part des parents dans cette émancipation est également très importante et parfois douloureuse même si nécessaire. Ils y consentent quasiment toujours. La formation professionnelle (celle de l’IME !) prend fin quand le jeune est prêt. Le plus souvent c’est lui qui nous l’indique, il a envie d’aller voir ailleurs. L’IME, « ça le rase ! »* Établissement et service d’aide par le travail

Propos recueillis par Alain Gilbert

> « J’ai en tête deux jeunes handicapés qui, grâce à la musique, se sont grandement épanouis. » Pour Bernard Émeraud, les Percussions de Treffort illustrent avant l’heure la notion d’inclusion sociale. « Nous n’étions pas dans l’occupationnel, le factice. On ne faisait pas semblant ; on ne faisait pas du bruit. Cette socialisation a provoqué une relation d’épanouissement personnel. La musique était un objectif et l’épanouissement une perspective. »

© R

éson

ance

con

tem

pora

ine

Page 22: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

20 InterAction n°66, décembre 2010

Initiatives

Inaugurée le samedi 30 octobre 2010, la Marpa (Maison d’accueil rurale pour personnes âgées) de Grièges peut accueillir 24 résidents. Elle est composée de 20 logements T1bis, 2 T2, 1 T4. Les 2,3 millions d’euros ont été financés pour 18 % par le Conseil général et 10,5 % par la Com-munauté de communes de Pont-de-Veyle. Cette structure permet aujourd’hui à ses résidents âgés de vivre en toute autonomie dans un environnement sécurisé. Chaque loca-taire dispose ainsi d’un logement qui lui est propre, autour d’espaces communs pour partager les repas et moments d’animations et rompre ainsi l’isolement qui est trop souvent le lot des personnes âgées.

Une Marpa inaugurée… > Fil rougeDans le cadre du Contrat urbain de cohésion sociale de Bourg-en-Bresse, l’association Espace projet insertion (EPI) a mené une action nommée Fil rouge qui s’inscrit dans une dynamique de proximité et s’adresse aux habitants de tous les âges et de tous statuts.Objectifs : développer la capacité des personnes à créer et communiquer autour de projets, participer et se mobiliser autour de la vie de leur quartier, découvrir ou redécouvrir les structures et institutions du territoire, par le biais d’un support d’ateliers créatifs. Cette action a démarré en janvier 2010, avec 40 personnes. En juin 2010, les bénéficiaires ont participé à la fête des quartiers Est de Bourg et proposé aux habitants de réaliser une fresque imaginant leur quartier en 2020. Le pôle Amédée Mercier a exposé cette réalisation fin novembre dans ses locaux. Par ailleurs, d’autres créations ont été réalisées : un carrousel de 2,50 m de haut dans le cadre du carnaval de la Croix- Blanche, une structure mobile pour l’association CESAME, des « poubelles » pour le tri sélectif au sein du pôle social....

Contact : Marie Di Piazza, animatrice/formatrice EPITél. 04 74 24 78 52

> Centre social de la Reyssouze

C’est Mélanie Montbobier qui remplace Elisabeth Mayard en tant que nouvelle responsable au Centre social de la Reyssouze à Bourg-en-Bresse.

> Solidarité Haut-BugeyOutre l’aide d’urgence, nationale et internationale, relayée par les Scouts – vocation première de l’association créée en 1982 –, Solidarité Haut-Bugey aide les personnes en difficulté sur le secteur de Montréal-la-Cluse et au-delà, avec des antennes à Nantua, Izernore, Saint-Martin-du-Fresne, La Combe du Val et Izernore. « Notre action est complémentaire à celle des autres associations caritatives, précise Robert Busi, président. En lien avec les services sociaux du Conseil général, nous apportons une aide matérielle (alimentaire, meubles, bons d’essence…) à 60/70 familles par an. »Cet automne, l’association a aménagé un local de stockage pour ses collectes, avec le soutien de la Cera (Caisse d’épargne Rhône-Alpes).

Tél. 04 74 76 21 17

> Accueil de jour pour malades d’Alzheimer

Un nouvel accueil de jour pour malades d’Alzheimer devrait ouvrir ses portes mi-janvier 2010 à Replonges. L’Entre-temps a une capacité d’accueil de 10 personnes, trois jours par semaine (lundi, mardi et jeudi), de 9 h à 17 h. Les accueils de jour permettent aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et à ceux qui les accompagnent de bénéficier d’une struc-ture d’écoute et d’actions pour éviter l’isolement et contribuer au maintien à domicile.

> Détails de la fresque réalisée par les habitants des quartiers Est de Bourg.

À Serrières-de-Briord, le chantier continue. « Nous souhaitons pouvoir finir à la fin du printemps 2011 pour une mise en ser-vice au plus tôt », explique Daniel Béguet, maire de la commune. En tout, 24 résidents sont attendus dans les 23 logements, 22 T1bis et 1 T2. « L’intérêt de cette structure, c’est que les gens gardent leur indépendance, leur liberté : ils peu-vent manger chez eux ou dans la salle commune, faire leur ménage eux-mêmes ou disposer du personnel de la Marpa ou de toute autre association », assure l’édile. Pour l’heure, le recrutement du directeur est en cours, ainsi que des 6 ETP (équivalents temps plein) pour faire tourner la boutique ! Le projet social est écrit. « Nous avons prévu un accompagnement fin de vie. Par ailleurs, la situation de la maison, en face du groupe scolaire, nous permet d’envisager des actions pour maintenir le lien social et intergénérationnel. »

… Une autre en prévision

> Le maintien à domicile : comment ça marche ?

Lundi 10 janvier 2011, à partir de 13 h, à l’Intégral de Belley, le Centre local d’information et de coordination (Clic) du Pays du Bugey propose un spectacle théâtral d’une heure. Mis en scène par la Compagnie des oliviers, « La dame du matin » abordera les thèmes de la rencontre, de la vieillesse et du maintien à domicile avec ses métiers. Suivront un débat avec la salle et des échanges avec les différents partenaires présents sur leur stand. Entrée libre et gratuite.

Tél. 04 23

Page 23: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 21 Dossier InterAction n°64, mai 2010 21

le magazine du social dans l’ain

n u m é r o 6 3 . j a n v i e r 2 0 1 0

Jeudi 18 novembre, près de 400 personnes, élus, travailleurs sociaux, institutionnels et associatifs se sont retrouvés au cours des 10es Rencontres d’InterAction pour débattre

autour de la pauvreté et de la précarité dans l’Ain, dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté. En appui, une étude à l’initiative d’ALFA3A menée par Emmanuelle Bonerandi-Richard, maître de conférence à l’ENS* de Lyon, établissant un état des lieux sur le département. La montée de la précarité est aujourd’hui révélée, elle ne doit pas être une fatalité. Tout au long de la journée, professionnels, bénévoles, élus, institutionnels ont débattu des mesures d’action et de prévention existantes et à mettre en place, de la nécessité d’adapter parfois les dispositifs au plus près du terrain. Avec une attente fortement exprimée : que cette journée ne soit pas qu’une grand-messe mais le point de départ d’un véritable plan d’actions. Car le plus dur reste à faire : porter le message et la connaissance des populations en précarité vers la société civile. L’acceptation de la pauvreté et sa prise en charge ont du mal à passer tant auprès des publics concernés que des autres. Preuve en est : l’absence de personnes en situation de pauvreté sur la scène. Leur parole s’est exprimée par vidéo et par le biais de structures caritatives et d’insertion. La stigmatisation est encore là tout comme le refus parfois de ne pas voir en eux que des responsables de leur propre malheur. Au final, l’ambition d’une telle journée est bien de poser un diagnostic partagé face à l’émergence d’une nouvelle pauvreté pour refonder les systèmes, trouver des réponses nouvelles et adaptées et provoquer une mise en réseau de tous les acteurs. Et pourquoi pas, mettre en place un observatoire partagé pour trouver les réponses ensemble.

Dossier réalisé par Pauline Froppier, Annick Puvilland et Aurélie Seignemartin. Photos : Daniel Gillet.

*école normale supérieure

Actes des Rencontres Pauvreté et précarité dans l’Ain

Dossier

Dossier InterAction n° 66, décembre 2010 21

Page 24: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

22 Dossier InterAction n°66, décembre 2010

DOSSIER

« Des trajectoires de paupérisation singulières »

Définir la pauvreté et la précarité à partir d’un critère de mesure est simple. « Il est convenu de dire que la pauvreté monétaire est établie lorsque l’on perçoit 60 % du revenu médian, ce qui représente 900 € par mois pour une personne seule », explique Serge Paugam. Selon ce critère, 13 % de la population française est concernée. Il suffit d’abaisser le seuil à 50 % pour que plus que 7 % de la population soit concerné. « Au final, les chiffres peuvent être intégrés selon le contexte pour servir des intérêts administratifs du débat social et politique. »

Une définition socialeAu-delà de cette définition chif frée, Serge Paugam préfère se tourner vers une définition en termes de statut social. Pour lui, cette approche est très présente aujourd’hui, dans notre département même. Ainsi, pour définir pauvreté et précarité, il faut d’abord réfléchir sur la question du lien social. « Dans la précarité, on note deux dimensions. La première est liée à la protection et la fragilité de cette protection dont on bénéficie dans nos relations sociales. La seconde relève du registre de la reconnaissance, du fait qu’on a le sentiment de ne plus avoir de rôle social. » Dans ce cadre, la personne ne peut plus compter sur, ni compter pour les personnes avec qui elle vit au quotidien, ni envers les institutions.Sur ces deux fondements, protection et re-connaissance, Serge Paugam relève quatre types de liens concernés par la précarité. La filiation, tout d’abord, ou la relation enfant/parent qui apporte protection et reconnais-sance. Second lien, la participation élective, c’est-à-dire l’amitié et la relation amoureuse, qui peut entraîner de véritables turbulences dans la vie lorsqu’elle est atteinte. La partici-pation organique renvoie au monde du travail qui doit apporter protection économique et sociale, mais aussi valorisation de l’individu dans son intégration professionnelle. Enfin, la citoyenneté, qui permet d’acquérir la protection de son pays où que l’on se trouve,

mais qui offre aussi la possibilité de donner son avis, de voter, d’être reconnu comme participant à la vie de la nation. « La pré-carité vient de la fragilité cumulative de ces quatre types de liens sociaux. L’individu est à la dérive lorsque ces liens sont défaits. » Ce qui est rare, un rééquilibrage entre ces quatre liens permettant d’assurer en général l’intégration de l’individu dans la société. « Quand un lien manque, il faut rechercher une protection et une reconnaissance plus forte dans un autre lien pour compenser. » La pauvreté, elle, peut revêtir trois formes élémentaires : pauvreté intégrée, marginale et disqualifiante.« La pauvreté intégrée est une pauvreté répan-due sur un territoire vaste et courant dans la population. Il n’y a finalement pas de rupture de liens sociaux car on assiste à une commu-nauté de destins. » Cette pauvreté monétaire n’entraîne pas dès lors d’exclusion sociale. La pauvreté marginale intervient dans les sociétés riches, où la pauvreté ne touche qu’une frange minoritaire de la population. Elle est repérée et traitée. Les populations sont généralement stigmatisées dans un environnement riche.La pauvreté disqualifiante se développe dans une société bouleversée dans son économie : une part importante de la population se disqualifie socialement par la perte de son statut social et l’entrée dans une carrière d’assisté.Au regard de son histoire et du résultat de l’étude, « l’Ain aurait été proche de la pau-vreté marginale et entre aujourd’hui dans une pauvreté disqualifiante. Le dire de façon aussi générale ne veut pas dire que cela est homogène sur tout le département. Il y a des communes ou des territoires où il n’y a pas de pauvres, selon les élus locaux… ».

Un regard qui évolueL’évolution de la pauvreté et de la précarité se traduit par des transformations dans les populations accédant aux minima sociaux et dans la représentation que l’on a de ce phénomène. « Les représentations évoluent

autant que les indicateurs. Comment expliquer la pauvreté ? Deux représentations sont domi-nantes : celle qui veut que les pauvres sont ceux qui ne font pas ce qu’il faut pour s’en sortir, des paresseux, et celle qui s’appuie sur l’injustice du système qui rend les personnes victimes de la situation. » Cette représentation évolue en fonction de la conjoncture économique. En temps de crise forte, on est dans l’empathie collective et on réagit sur l’injustice du système. Quand la situation économique s’améliore, les représentations de la pauvreté évoluent et rendent le pauvre responsable de sa situation. Dans ce contexte, pour Serge Paugam, on ne peut combattre efficacement la pauvreté qu’en mettant en place des structures perma-nentes fondées sur la prévention des risques. « Les politiques de lutte contre la pauvreté doivent être permanentes et ne pas s’instal-ler dans l’urgence. Aujourd’hui, on ne sait plus traiter la question », regrette-t-il. Vouloir rattacher l’individu à une cible traditionnelle n’est plus pertinent. « La loi de 2002 essaye de répondre à l’individu en souffrance pour l’accompagner le mieux possible dans sa trajectoire et renforcer le lien social. Cette tendance est installée ; elle s’impose dans une situation où les individus sont confrontés à des trajectoires de paupérisation singulières. Cet accompagnement social individualisé ne doit toutefois pas se faire au détriment de la mise en place de dispositifs de prévention sur l’échelon local. »* École des hautes études en sciences sociales de Paris

> Serge Paugam.

Sociologue, directeur d’études à l’EHESS*, Serge Paugam est venu remettre enperspective la pauvreté et la précarité selon son intégration au monde actuel,hors de tout contexte chiffré et statistique.

Conférences

Page 25: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 23

Pauvreté - précarité :  état des lieux 2010 dans l’Ain

Confiée à Emmanuelle Bonerandi-Richard, maître de conférences en géo-graphie à l’École normale supérieure de Lyon, l’étude ALFA3A sur la pauvreté et la précarité dans l’Ain* a fait ressortir des chiffres et constats édifiants.

« Finalement, l’Ain apparaît comme un dé-partement plutôt protégé et attractif, mais touché aussi par la crise » précise d’emblée Emmanuelle Bonerandi-Richard, après avoir rappelé les définitions européennes de la pauvreté et de la précarité. Certes, le taux de pauvreté (10,3 % en 2007) reste relati-vement faible mais le niveau de vie médian (8 905 €/an) l’est également. « On est moins pauvre dans l’Ain qu’en Rhône-Alpes ou en France mais quand on l’est, on l’est vraiment. » Dans l’Ain comme ailleurs, la pauvreté moné-taire touche d’abord les familles monoparenta-les, les moins de 30 ans et les personnes âgées de 75 ans et plus. Chiffre révélateur d’une précarité de plus en plus présente : entre 2000 et 2009, le nombre de personnes couvertes par un minima social et celui des personnes à bas revenus couvertes par une allocation

de la Caf ont augmenté de plus de 40 %. Le taux de chômage, s’il est toujours un des plus faibles de France, a connu néanmoins une forte hausse de 2008 à 2010, passant de 4,6 % à 7,5 % !

Une disparité géographique

L’analyse statistique de la précarité montre des différences selon les cantons de l’Ain. Une précarité urbaine intense caractérise les cantons -villes de Bourg-en-Bresse et d’Oyon-nax. Mais une précarité élevée touche aussi les petites villes de Bellegarde, Ambérieu et Nantua. La précarité rurale se concentre sur le Bugey (cantons de Saint-Rambert, Belley, Seyssel, Champagne-en-Valromey et Virieu-

le-Grand), avec de faibles taux d’imposition et un risque de vieillis-sement de la po-pulation. Le Pays de Gex présente une situation spé-cifique, avec une inégalité criante des revenus fiscaux. Restent onze cantons au « profil moyen », périurbains vieillissants ou ruraux, et seize « préservés », aux abords de Bourg, dans la Côtière - Val de Saône, en Bresse, Dombes et sur les contreforts du Haut-Bugey. Mais attention, l’analyse des trajectoires révèle une aggravation de la précarité dans tous les cantons, sauf 3 sur 42.

Paroles de tables rondesLes trois tables rondes organisées durant l’étude ont mis en avant notamment le caractère complexe et global de la précarité, qui impacte tous les aspects de la vie quotidienne, l’organisation en réseau des acteurs de l’accompagnement social, mais aussi le besoin d’indicateurs de veille partagée. « Un point m’a beaucoup marquée : la question des temps et des temporalités », souligne Emmanuelle Bonérandi-Richard. Autre interrogation forte : quelles places pour les précaires ? « Ils en ont marre d’être interrogés, ils veulent du concret. »

Paroles et ressentis des mairesL’enquête menée auprès des maires (36 % de réponses) montre que la plupart reconnaissent les situations de pauvreté et précarité sur leurs communes, sauf dans les très petites. Ils agissent par des actions de proximité, d’aide d’urgence, d’aide aux familles, et en orientant vers les services sociaux du Conseil général et les associations. « L’assistante sociale ou la conseillère en économie sociale et familiale sont des acteurs de terrain importants. » Reste à mobiliser aussi les intercommunalités, encore peu présentes sur le terrain de l’action sociale.

> Emmanuelle Bonerandi-Richard

* L’intégralité est disponible sur demande auprès d’ALFA3A (04 74 38 29 77) et bientôt sur le site www.alfa3a.org

Page 26: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

24 Dossier InterAction n°66, décembre 2010

DOSSIER

La première table ronde a mis en évidence la rupture du lien familial, le choix du conjoint, l’emploi à

temps partiel, la vie en milieu rural, ou encore, le coût du logement, comme autant de facteurs de paupérisation.

Parmi les facteurs de pauvreté, l’inégalité entre les êtres humains dans leur capacité à faire face à l’adversité n’est pas le moindre. Ainsi en témoigne Jean-Jacques Tabary, membre du Carrefour santé mentale précarité. « Dans la perte de la capacité à utiliser les objets perdus, il y a une souffrance que l’on doit pouvoir affronter sans qu’elle crée des dégâts. Soit la personne est trop fragile, soit la cause dépasse la capacité de défense de la personne. » Le psychiatre nourrit la conviction que « le meilleur moyen d’éviter le passage de la souffrance normale à la souffrance patholo-gique, c’est de préserver la dignité, les droits de la personne ». Toutefois, face au nombre croissant de familles monoparentales en diffi-culté, le docteur se dit frappé par la diminution du discernement dans le choix du conjoint. Il alerte sur l’impact de cette précarité sur les générations suivantes. « Les femmes victimes de violence représentent 40 % des personnes accueillies en urgence à Envol », atteste Pierre Eymard-Duvernay, directeur d’Envol-Orsac.

De même, une recrudescence des jeunes manquant de lien familial et sans compétence est constatée. « Sur Oyonnax, 42 % des jeunes sortent sans qualification après l’école, ajoute Pierre-Yves Prigent, directeur de la politique de la ville, en charge du Cucs* d’Oyonnax. Avec la fin de la prime à la casse dans le secteur automobile, nous redoutons la perte d’activité et le recul de l’emploi. Nous avons des leviers : la clause d’insertion des marchés publics. »

La pauvreté en milieu rural

De plus en plus de jeunes et de person-nes âgées fréquentent les Restos du cœur. « 17 % ont 3 ans d’ancienneté », informe la présidente départementale, Josiane Fion. Jean-Jacques Tabary rappelle que « les demandeurs d’asile forment la première po-pulation pour laquelle l’équipe mobile santé mentale précarité a été sollicitée. Maintenant seulement, on commence à nous solliciter pour les personnes isolées et celles en milieu rural. » Si la pauvreté n’épargne pas le monde agricole, la situation y est différente. Michel Raymond, de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), évoque « une

solidarité apparente et une culture rurale. Les questions de l’accès aux minima sociaux sont très stigmatisantes, beaucoup plus que le handicap… Donc, le repli sur soi s’opère ». De nombreux néoruraux choisissent aussi de s’installer en milieu rural pour se loger à bas prix, sans anticiper les difficultés de transport, d’emploi… Un fait corroboré par le directeur général adjoint de la solidarité du Conseil général, Thierry Clément. Il indique, par ailleurs, que la forte augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA socle, à la suite de la crise, fait place à une stabilisation aujourd’hui. « Le Pôle emploi repère aussi une reprise de l’emploi, notamment précaire. »

Handicapé et peu qualifié

Quant aux demandeurs d’emploi handica-pés, « ils ont une grande expérience profes-sionnelle, mais sont peu qualifiés », affirme Sandrine Ruy, directrice adjointe de Cap emploi 01. La reprise d’emploi génère des frais restant à résoudre et, à temps par-tiel, ne permet pas de subvenir à tous les besoins. « Le handicap entraîne la préca-rité, et inversement en l’absence de soins. » Selon Pierre Eymard-Duvernay, « nous sommes devenus très spécialisés dans les réponses à l’indigence, mais pas forcément très bons dans les réponses humaines ». Ce constat fait écho à la durée des dispositifs d’accompagnement. Et Bruno Grivel, directeur adjoint de l’asso-ciation Tremplin, de confirmer : « Le parcours d’une personne sans domicile fixe depuis 10 ans ne peut pas se résoudre en un an ou en 18 mois. Il faudrait que les résultats attendus soient en accord avec les problématiques des gens, avec la lourdeur de leur passé, souvent générationnel ». Travailler sur le temps de l’urgence, produire des résultats aux dépens de la construction personnelle de l’individu, n’est-ce pas là un facteur supplémentaire de paupérisation ? s’interrogent les associations. Enfin, pour les personnes âgées, Thierry Clément s’inquiète du renchérissement des logements et de l’augmentation des charges énergétiques.*Contrat urbain de cohésion sociale

Facteurs de pauvreté et trajectoires de paupérisation :Une situation endémique ?

Les tables rondes

Page 27: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 25

Entre professionnels ou bénévoles et populations précaires, « faire avec » est un point important dans

la démarche de lutte contre la pauvreté. Comment cela se vit-il sur le terrain ?

Yvonne Gahwa, responsable de l’atelier de tri de Tremplin, le dit : les personnes qui sont adressées à Tremplin arrivent avec une éti-quette qui peut être stigmatisante. « Au départ, c’est difficile pour certains, ils nous disent qu’ils ont honte de mettre les pieds dans l’associa-tion, ils ont un sentiment d’échec. Mais très vite, l’image change avec la reconnaissance qu’ils trouvent dans le fait de travailler, de se sentir utile. » Car l’objectif de ces structures est bien d’aider les personnes à se reconstruire pour pouvoir un jour réintégrer le milieu du travail ordinaire. « Nous travaillons beaucoup en réseau pour y arriver, avec des travailleurs sociaux et des référents des missions locales et de Pôle emploi. Et nous travaillons surtout avec les gens. » Marie-Pierre Buellet, responsable de la MIFE*, le souligne : l’estime de soi en prend un grand coup lorsque les personnes sont au chômage. « La perte d’emploi n’a pas toujours que des conséquences financières. Il faut parfois passer beaucoup de temps avec les personnes pour leur montrer qu’elles ont le potentiel pour rebondir. » Se projeter dans l’avenir est aussi difficile pour les personnes qui sont en CDD : certains travailleurs très pauvres sont sur des temps très partiels en CDI et ont du mal à choisir entre cet emploi qui leur assure un revenu faible et un CDD à temps moins partiel. « Le principe à la MIFE est l’éducabilité. Les personnes ont toutes des potentiels. À nous de les faire émerger. »

Construire avecComment les professionnels développent-ils une approche globale des besoins des per-sonnes ? Benoit Amarger, sous-directeur de la Caf, assure que le travail des travailleurs sociaux va dans ce sens. « La segmentation des publics peut être préjudiciable à la mise en place de l’action. » Les centres sociaux, en ce sens, constituent un outil intéressant. « L’équipement n’est pas administratif mais a une vocation sociale. Il accueille tout le monde

dans un environnement où on trouve aussi des spécialistes. Le travail en équipe pluridiscipli-naire autour d’une situation permet d’assurer une meilleure réponse. » Pour lui, il vaut mieux faire avec, jouer sur les potentiels de chacun, plutôt que de faire pour. « Nous sommes toutefois contraints par des textes, des orien-tations, des budgets. Il n’est pas toujours facile de construire un outil en fonction des besoins. Cela passe aussi par la formation des agents pour avoir une approche attentive et sociale. » Mais l’accompagnement n’est maintenant plus l’apanage de structures dédiées. « Depuis plusieurs années, nous assistons à la paupérisation de nos locataires et futurs locataires », assure Anne Sibois, directrice générale adjointe de Dynacité. Un impayé de loyer donne lieu à la mise en place de mesures d’accompagnement social avec les partenaires chez le bailleur, ciblées vers les siuations les plus difficiles. « Cette souffrance révélée est difficile à encaisser pour nos sa-lariés. Nous avons donc dû mettre en place des groupes d’analyse de la pratique pour évacuer cette charge. »

Développer les partenariats

Et l’État dans tout cela ? Corinne Gautherin, directrice de la DDCS (direction départe-mentale de la cohésion sociale), l’assure : « L’État doit être à l’écoute des partenaires pour construire ensemble des réponses pour les plus démunis et ne pas être en décalage entre la mise en place des politiques et le terrain. » Certes, il n’en reste pas moins que le cadre réglementaire s’impose à tous. « Il faut plus de travail en transversalité et traiter les problé-matiques des personnes dans leur ensemble. » Est-ce à dire qu’une communauté de destins s’instaure entre État et partenaires sociaux ? « Je crois beaucoup au partenariat. L’État ne peut être qu’un partenaire financier. Il peut intervenir sur la construction de projets. »

*Maison de l’information sur la formation et l’emploi.

Population précaire / professionnels et bénévoles :quels regards, quels dialogues ?

Page 28: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

26 Dossier InterAction n°66, décembre 2010

DOSSIER Témoignages

Ils témoignent (Extraits de vidéo)

« Ce n’est pas évident d’être pauvre. Moi, je n’ai pas de crédit. Quand j’ai demandé de l’aide à l’assistante sociale, elle m’a dit : ça ne va pas passer. »

[Nicole, retraitée]

« Ici, à Servas, on ne peut pas dire que c’est de la pauvreté. Nous touchons un petit salaire. Je me sens quelqu’un de nouveau. »

[Martial, 56 ans, compagnon d’Emmaüs]

« Les contrats d’insertion sont renouvelables trois fois 6 mois. Ça passe très, très vite. Et après, qu’est-ce qu’on devient ? Quand on ne trouve pas de boulot, on se dit : c’est parce qu’on est nul. On perd confiance. Le chômage, c’est une maladie. »

[Simone, modéliste couturière à Tremplin]

> Des lycéens de Belley, élus au Conseil de la vie lycéenne, avaient fait le déplacement. À la tribune, ils ont exprimé leur intérêt pour le sujet des Rencontres : « La précarité nous touche, elle nous pose question pour l’avenir, on ne peut pas fermer les yeux dessus. »

> Une salle de près de 400 personnes à

l’écoute réactive.

> Les ateliers ont été l’occasion de traiter plus précisément de la pauvreté et de la précarité sous divers angles.

Page 29: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 27

« À la retraite, je me suis retrouvée avec une différence de 400 €. Être pauvre, c’est avoir le stylo pour compter au quotidien et se priver de beaucoup de choses. »

[Simone, retraitée]

« Ici, à Servas, on ne peut pas dire que c’est de la pauvreté. Nous touchons un petit salaire. Je me sens quelqu’un de nouveau. »

[Martial, 56 ans, compagnon d’Emmaüs]

« Le plus dur ? La violence dans la nuit. Rencontrer n’importe quoi, n’importe qui pendant que je dormais dehors. Ça fait vraiment peur. »

[Jérémy, 22 ans, compagnon d’Emmaüs]

> Les ateliers ont été l’occasion de traiter plus précisément de la pauvreté et de la précarité sous divers angles.

> Les échanges avec la salle ont été nombreux tant lors des tables rondes que des ateliers.

> Les expositions photos ont été consultées et regardées avec

intérêt. Ici, l’exposition « Papa, maman, la rue et moi » de

Véronique Mougin, journaliste, et Pascal Bachelet, photographe.

Page 30: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 28

DOSSIER

La souffrancedes professionnels et des bénévoles

Animé par Myriam Lyonnet, responsable de secteur à la Fédération ADMR de l’Ain, et Agnès Merle, directrice adjointe de Maison départementale de la solidarité Dombes,l’atelier a montré que professionnels et bénévoles évoquent la question de leur souffrance avec difficulté, tout en esquissant des pistes de solutions.

« Les travailleurs sociaux et les bénévoles rencontrent un public très large, introduit Agnès Merle. Nous constatons que le cumul de problématiques individuelles ou familiales rend complexe le travail d’accompagnement au quotidien. » Le délai de réponse des dispositifs et l’impuissance à trouver une solution sur le long terme engendrent du désarroi chez les professionnels. Ces derniers s’interrogent sur la récurrence des deman-des, la limite des dispositifs mis en place et les moyens de prévention de la précarité. Myriam Lyonnet témoigne en tant qu’em-ployeur de personnes pouvant être en situation de précarité : « Elles-mêmes ont un emploi pré-caire, à temps partiel, qui ne leur permet pas toujours d’assurer le quotidien. La souffrance est souvent portée par ceux qui la reçoivent… Chacun, dans sa pratique professionnelle ou bénévole, doit donc bricoler pour retrouver de la confiance, de la reconnaissance. » L’association Canton’aide à Pont-de-Veyle, collaborant avec les travailleurs sociaux de la MDS Bresse, pose la question de la durée des dispositifs et de la limite de la précarité. Daniel Fromont, ancien bénévole de la Halte

de nuit de Tremplin, témoigne de la souffrance et du découragement éprouvés, compte tenu de ce qu’il a vécu dans la durée. « À tel point que je me dis : ce n’est plus la peine. »

Le passage du « cure » au « care »

Jean-Jacques Tabary, psychiatre et mem-bre du Carrefour santé mentale précarité (CSMP), évoque une mutation qui se traduit sur le plan sociologique par le passage du « cure » au « care ». « Il est clair que les dé-gâts psychologiques créés par les situations de précarité laissent des traces définitives. Là aussi, il y a la question du temps matériel et celle du temps de réparation psychique, beaucoup plus long, parfois impossible. Oui, certains ne s’en sortiront pas, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras ! » Cette souffrance dans les institutions sociales devrait être reconnue, selon le psychiatre. Il suggère de mettre en place des structures de soutien aux travailleurs sociaux, pas for-cément d’ordre psychologique. « Sur Bourg,

il existe un modèle : le Conseil de santé local. Il peut se permettre d’interpeller la hiérarchie sur la souffrance d’un travailleur social. » « Je n’entends pas beaucoup de travailleurs sociaux parler de souffrance, relève un pro-fessionnel. C’est peut-être un sujet encore tabou. » En réaction, une professionnelle de terrain annonce qu’elle ne veut plus entendre le mot prévention : « Nous n’avons pas les moyens de la mettre en place. Nous travaillons dans l’urgence. Nous sommes dans le curatif au quotidien. »

Le poids des institutionsLa responsable d’un atelier géré par Tremplin explique qu’il accueille vingt-cinq personnes. Souvent, elles ont passé 10 ans au chô-mage. D’autres ne savent ni lire ni écrire… « On nous parle de sorties positives. Il faut qu’elles fassent une formation. C’est un peu contradictoire. Nous ne savons plus quoi faire. » Aussi, Florence Gauthier de la Mission régionale d’information sur l’exclusion (Mrie) se demande s’il n’y aurait pas contradic-tion entre l’ambition des politiques et celle des professionnels cherchant à éradiquer la pauvreté. Le poids des institutions pour-rait même causer une certaine souffrance. « En tant que bénévoles, quand nous œuvrons, nous faisons partie d’un réseau qui nous ac-corde des formations, tempère Michèle Pilon, ancienne présidente d’une association locale ADMR. Sur le terrain, nous travaillons avec des professionnels et nous pouvons partager notre analyse et nos soucis. » Le centre d’illettrisme de l’Ain met en avant les réseaux comme réflexion à avoir pour avancer. Agnès Merle en confirme l’intérêt capital. « S’il s’actionne bien, nous pouvons faire énormément de cho-ses. C’est important pour éviter l’épuisement des professionnels. » Et Myriam Lyonnet de conclure : « Nous partageons des valeurs humanistes… C’est ce qui nous permet de dépasser notre découragement. »

Les ateliers

Page 31: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 28 Dossier InterAction n°66, décembre 2010 29

Écouter, accompagner les projetsdes populations précaires

Animé par Anne Thomas, déléguéedépartementale du Secours catholique,et Véronique Tevelle, conseillère en inser-tion professionnelle au centre social de la Reyssouze, l’atelier a fait ressortir l’impor-tance du temps de l’accompagnement, élément clé de la réussite du projet de la personne.

Projet = projection. « S’il n’y a pas de rêve, il n’y a pas de projection » rappelle Véronique Tevelle. Que la personne rêve de faire un pique-nique ou de trouver un emploi, l’écoute et le temps sont essentiels pour accompagner la personne, faire émerger ses envies et idées, la remobiliser, lui redonner confiance en elle et en l’avenir. Écoute et temps sont certainement les deux mots qui sont le plus revenus tout au long de cet atelier aux notes d’espoir. Espoir nuancé par la difficulté évoquée à plusieurs reprises, pour les professionnels, de faire coïncider ce temps, précieux et variable, souvent long et ponctué d’étapes, avec les contraintes et exigences des opérateurs et des financeurs. Le temps passé à l’écoute est pourtant « fondamental pour que la personne réussisse son projet » confirme Anne Thomas. Avis unanime des professionnels et des bénévoles, pour qui certes la notion de temps apparaît plus souple. Un point essentiel également : un projet réussi peut en amener d’autres. Bel exemple, évoqué par Josiane Fion, présidente départementale des Restos du cœur : « Pouvoir simplement partir une semaine avec ses deux enfants, dans un centre de vacances ouvert à tout le monde, a permis à une mère de complètement se remobiliser : au retour, elle a pu s’inscrire dans une formation qualifiante et retrouver ensuite un travail. »

Accompagnement individuel et collectif

Au fil du temps de l’écoute, s’établit l’indispensable relation de confiance,

qui permet à la personne de s’exprimer. L’accompagnement doi t se v ivre dans « un regard partagé », souligne Danièle Macquar t , psychologue. Au-delà de l’accompagnement individuel, « l ’accompagnement col lect i f es t dynamisant pour les personnes » , témoigne Christine Funazzi, chargée de mission Insertion au Conseil général. Si les personnes ont bien souvent besoin d’être redynamisées, les professionnels parfois aussi. Pour eux aussi, « il faut y croire ». Et surtout, qu’ils n’hésitent pas à « être innovants dans les accompagnements : les actions du Programme départemental d’insertion ne sont pas figées. » Véronique Tevelle dira d’ailleurs en conclusion : « La plus belle chose, c’est d’y croire, d’avoir la capacité de donner de l’espoir aux gens, leur montrer qu’ils peuvent avancer. » Reste que les professionnels référents peuvent parfois se sentir seuls et isolés dans leurs actions : « Ils sont nombreux à aller dans la même direction mais il existe peu de ponts entre eux » regrette Odile Boudot, psychologue du travail. Autre difficulté : la réticence des publics… Reste aussi que « les projets personnels ne sont pas toujours ceux des institutions »,

note Claude Rosenberg, responsable du service Action sociale santé de la ville de Bourg-en-Bresse. Attention aussi aux « risques d’instrumentalisation de l’accompagnement des personnes »…

Projets et solidarités« Les professionnels ne peuvent suffire à la tâche. Toute la population doit se mobiliser pour que, déjà, ensemble, on réussisse à bien vivre ensemble » prévient Jean Molard, habitant du quartier de la Reyssouze à Bourg-en-Bresse. « Il faut savoir écouter ce qui se dit et ce qui se vit dans le quartier. » Les actions de solidarité, pas forcément officielles, y sont à l’œuvre. « Des réseaux existent. Dans ma rue, où vivent beaucoup de dames seules, les unes apportent de la soupe à celles qui sont malades. » Anne Thomas confirme : « Le ‘‘vivre ensemble’’, c’est le point de départ indispensable pour que d’autres choses se construisent. » Professionnels, bénévoles, habitants… Faut-il rappeler l’importance du partenariat ? Tout comme « écoute » et « temps », le mot est revenu souvent tout au long de l’atelier.

Page 32: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

30 Dossier InterAction n°66, décembre 2010

SantéDOSSIER

Détecter, alerter, prévenir :la pauvreté cachée

Animé par Dominique Macquart, président de Tremplin et Jean-Paul Galisson, directeur adjoint de la MSA Ain-Rhône, cet atelier a permis de mettre en avant plusieurs difficultés liées à la détection et la prévention de la pauvreté cachée.

La pauvreté cachée, celle que l’on ne connaît pas. Celle qui mène au non-accès aux droits, qui vient de l’absence d’intégration professionnelle et touche les jeunes, celle qui concerne aussi les populations étrangères, les demandeurs d’asile. Mais aussi celle, bien présente en milieu rural où les choses sont moins dites, où on trouve moins d’acteurs de proximité. Pour Jean-Pierre Gallisson, il faut arriver à détecter les situations et trouver des actions à mettre en place pour alerter et prévenir. Thierry Clément, directeur adjoint du Conseil général, reconnaît que parfois, il n’y a pas de réponses à proposer à cette pauvreté qui ne s’exprime pas : c’est peut-être pour cela qu’elle reste dans l’ombre.

Accéder aux droitsL’autre raison soulevée par les participants est la peur de la stigmatisation : « En ville, il y a une crainte d’être jugé si l’on vient demander une aide financière. C’est pourquoi, à Bourg, nous avons décidé de traiter les dossiers sous le couvert de l’anonymat, afin de faciliter l’accès aux droits », explique Denise Darbon, maire adjoint chargée des affaires sociales. Autre public difficile à toucher, celui du travailleur pauvre, éligible au RSA activité, mais qui refuse de se déclarer ou ignore tout simplement que ce dispositif peut lui être favorable. Isabelle Paysserand, responsable du Point info famille de l’Udaf, souligne aussi l’arrivée auprès de dispositifs de familles en souffrance qui n’ont pas accès aux aides car se situant juste en dessus du seuil fixé. Jacqueline Michelard, assistante sociale au Centre psychothérapique de l’Ain, aura aussi émis une hypothèse de travail permettant de détecter les situations de pauvreté par le biais de la santé : « Il nous arrive souvent de voir arriver dans nos CMP (centres médico-psychologiques) des personnes isolées qui n’ont jamais eu affaire aux services sociaux.

Cela concerne soit des personnes n’ayant jamais eu d’accès aux droits, soit des jeunes. » La prévention auprès des jeunes peut aussi se faire au sein des écoles : beaucoup d’adolescents qui grandissent dans la situation de pauvreté de leur famille sont en souffrance et manquent de confiance dans l’avenir.

Agir en partenariatSi les dispositifs de détection existent, ils gardent toutefois leur limite. Ainsi, dans le cadre des Contrats urbains de cohésion sociale, des études sur les territoires prioritaires permettent maintenant de connaître au plus près la situation de la pauvreté. Mais qu’en est-il de quartiers situés juste à côté du quartier prioritaire ? Isabelle Henry, chef de projet Cucs sur la Côtière, aura soulevé l’étonnement de tous lorsqu’à l’occasion de l’effondrement d’un toit d’une maison en plein cœur de Montluel, on découvrait une famille

en difficulté qui n’avait jamais été repérée par aucun dispositif. Un point que Pierre-Yves Prigent, chef de projets politique de la ville à Oyonnax, a confirmé en soulignant que la batterie d’indicateurs mis à disposition des acteurs sociaux et politiques ne permettait pas toujours de détecter les poches de pauvreté en dehors des quartiers prioritaires. Et les membres de l’atelier de relever le décalage souvent entre l’urgence des situations et le temps qu’il faut pour aller à la rencontre des personnes et mettre en place des actions. « Nous vivons dans un monde cloisonné où chacun est dans ses missions », déplore Bruno Savy, directeur du Pact de l’Ain, pour qui il faudrait arriver un jour à pouvoir faire accéder à l’ensemble des réseaux les personnes détectées dans telle ou telle structure. Ce qui demande alors du temps et des moyens.

Les ateliers

Page 33: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Dossier InterAction n°66, décembre 2010 31

« Osez partager », « J’ai eu faim du début à la fin », « Quand on est rien, on ne dit rien »… Les propos recueillis par ATD Quart-Monde lors de la Journée du refus de misère 2007 à Bourg-en-Bresse ont donné lieu à un atelier artistique réunissant des bénévoles d’ATD et des compagnons d’Emmaüs à Servas, de janvier à septembre 2009. Objectif : mettre librement en images les mots, afin de les faire vivre et provoquer l’échange autour. Ainsi est née en 2010 l’exposition « Rassemblons nos richesses : l’art pour lutter contre la misère ».Fruits de la créativité partagée, les tableaux vivement colorés et les livres géants, à découvrir lors des Rencontres, ont interpellé le regard. Disponible en prêt auprès d’ATD Quart-Monde, l’exposition est amenée à circuler dans l’Ain. À suivre.

Tél. 06 64 74 42 32 - [email protected]

« Rassemblons nos richesses :  l’art pour lutter contre la misère »

Travailler en réseauAlerte 01 représente onze associations sur l’Ain : ADMR, ALFA3A, Anpaa 01, ATD Quart Monde, Banque alimentaire, Pact de l’Ain, Emmaüs, Entraide Protestante, Épicerie solidaire (Coorace), Tremplin (Fnars), Secours catholique. Lancé en 2007, le dispositif constitue un lieu de veille, d’analyse, qui permet de croiser des constats, des questionnements. Le réseau veut aussi interpeller les partenaires afin d’échanger sur les actions à mettre en œuvre pour lutter ensemble contre l’exclusion et garantir l’accès aux droits fondamentaux.

Contact : Anne Thomas, Secours catholique, 04 74 21 66 77

> L’atelier de couture de Tremplin a présenté son travail sur des mannequins. Créés à partir

de pièces de seconde main et de tissus de récupération, conçus pour des défilés, ces

vêtements sont aussi vendus en boutique.

ADAG Bourg-en-Bresse 70 boulevard de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 22 11 11 Atelec 10, allée de Challes, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 22 48 36 Cap Emploi 01 5 ter avenue des Sports, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 47 20 90 Carrefour santé mentale précarité (CPA) Avenue de Marboz 01100 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 55 95 25 Centre de médecine préventive de la CPAM 12 rue Pavé d’Amour, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 45 84 45 Centre social de la Reyssouze 12 rue Alexandre Dumas, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 23 37 77 CLAJJ L’appart Immeuble « L’horizon », 3, boulevard St Nicolas, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 23 59 50

Communauté Emmaüs de Bourg-Servas 5 place de l’Église 01960 Servas Tél. 04 74 52 71 57 Envol - Orsac Parc industriel de la Plaine de l’Ain, allée des Prunus, 01150 Blyes Tél. 04 74 46 54 00 Épicerie solidaire Au marché conté 11 avenue de l’Égalité, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 50 45 02 Fédération ADMR de l’Ain 801, rue de la Source, 01440 Viriat Tél. 04 74 23 21 35 MIFE, maison de l’information sur la formation 8 boulevard de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 24 69 49

Mission locale action jeunes Oyonnax 40 rue René Nicod, 01100 Oyonnax Tél. 04 74 73 51 66 Orspere 95 bd Pinel, 69677 Bron Tél. 04 37 91 53 90

PACT de l’Ain 11 rue Brillat-Savarin, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 21 02 01 Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital de Fleyriat 900 route de Paris, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 45 41 62 Restos du cœur 10 rue des Blanchisseries, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 22 06 13 Secours catholique 60 rue Brillat-Savarin, 01000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 21 66 77 Tremplin 171 avenue de Mâcon, 01440 Viriat Tél. 04 74 45 11 28

COnTACTS UTILES

L’intégralité de l’enquête sera publiée mi-décembre et disponible auprès d’ALFA3A (04 74 38 29 77).De même, le texte in extenso de la conférence de Serge Paugam sera mis en ligne sur le site www.alfa3a.org et www.interaction01.info

Page 34: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

32 InterAction n°64, mai 2010

Portrait

Sur le terrain du service civique volontaire

La nature est le terrain de prédilection de Thomas Pavy, 23 ans. « Mes parents m’ont

fait beaucoup voyager et j’ai toujours fait beaucoup de sports nature : ski, VTT, plongée… » explique ce jeune Isérois. Titulaire du Bafa*, il a animé des centres de loisirs pour enfants en montagne, ainsi qu’un séjour pour publics handicapés de tous âges. « C’était une expérience très enrichissante ; on était en pleine nature, presque en autarcie pendant un mois ; j’ai appris à côtoyer, connaître, les personnes handicapées. » La géographie est son terrain d’études. « J’ai choisi cette branche un peu par hasard mais c’est sans regret ! » L’Écosse a été son terrain de 1re année de master Évaluation et gestion de l’environnement et gestion des paysages de montagne, via un échange européen Erasmus. La commune de Pizay est aujourd’hui son terrain d’action, pour un an. « À Edimburgh, j’ai perfectionné mon anglais, vu un autre système universitaire, très différent du nôtre ; c’était intéressant. Mais au retour, je ne pensais pas entrer en 2e année, j’ai cherché d’autres masters qui m’intéressent plus et les possibilités d’autres expériences ; j’avais entendu parler du service civil, sur internet j’ai découvert le service civique volontaire**. » Celui-ci permet aux 16/25 ans d’effectuer une mission de 6 à 12 mois, de 24 h minimum par semaine, pour une collectivité ou une association, avec une rémunération de 440 €/mois versée par l’État, complétée éventuellement par 100 € de frais pris en charge par l’employeur.

Rencontrer les acteurs locaux

Valoriser les richesses naturelles, créer des parcours de découverte, recenser les espèces végétales et animales, sensibiliser la population locale à l’environnement en organisant des animations, des expositions, une Fête de la Nature… La mission proposée par la commune dombiste de 750 habitants était dans les cordes de Thomas. Sa candidature a retenu l’attention du conseil municipal. Depuis octobre, les habitants le croisent, à la mairie ou sur le terrain, du mercredi au vendredi. « Il n’y a pas de journée-type. Les premiers jours, je me suis beaucoup documenté sur la commune. La semaine dernière, j’ai passé un jour et demi à recenser les haies réalisées avec des essences locales, qui sont à inscrire au Plan local d’urbanisme et à protéger ; j’en ai trouvé plus que je ne pensais ! » L’action passe aussi par les rencontres avec les acteurs locaux : élus, service espaces verts, enseignants, société de chasse, association Terre fleurie, Parc des oiseaux…

« Relancer mon projet de formation »

« On dit toujours que la fac n’a pas assez de liens avec le terrain. Le service civique volontaire permet de mieux savoir ce qu’on veut faire. C’est une chance énorme, pour moi, de relancer mon projet de formation. » À la rentrée prochaine, l’étudiant isérois devenu

Thomas PavyRecruté par la commune de Pizay, ce jeune Isérois met en pratique

ses études, lors d’une année de transition universitaire. Objectifs : créer des sentiers de découverte, recenser la faune et la

flore, et sensibiliser à la nature.

lyonnais et dombiste souhaite entrer en master Gestion de la biodiversité. Objectif professionnel final : monter un bureau d’études spécialisé sur l’environnement. Avis aux étudiants en histoire : la commune de Pizay recrute un deuxième jeune, en service civique volontaire, pour une mission axée sur le recueil d’anecdotes historiques, le recensement des

monuments, la création d’archives, d’un musée virtuel, d’un espace généalogique, d’actions de sensibilisation au patrimoine local… • A.P.

* Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur

** www.service-civique.gouv.fr

> « Quand je parle du service civique volontaire autour de moi, les jeunes sont très intéressés » souligne Thomas.

Page 35: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 33

Travail protégé

Construit sur 3 hectares à flanc de mon-tagne du Haut-Bugey en 1986 par la

Semcoda et géré par l’Orsac, l’établissement La Fréta à Hauteville-Lompnès n’est pas seu-lement un lieu de travail. « C’est aussi un outil au service de l’épanouissement des personnes porteuses de handicap mental et psychique », présente François Gross, directeur depuis novembre 2004. « Le site comprend trois services : celui de l’accompagnement à la vie sociale (SAVS) d’une capacité de 25 places, animé par Bruno Pouille, chef de service éducatif, un foyer-logement de 50 places et un établissement et service d’aide par le travail (Ésat) pour 66 personnes reconnues travailleurs handicapés, encadrées par Mario Glérean, chef d’exploitation. »La moitié des pensionnaires vivent et travaillent à la Fréta depuis l’origine. Différentes activités culturelles et musicales rythment leur vie. Avec l’Union sport adapté hautevilloise (Usah), plusieurs se distinguent même au plan national et par équipes. L’environnement boisé et la fuste bâtie par les résidents près de l’entrée, dans les années 1990, donnent le ton des prestations réalisées pour le compte de la commune et autres clients du département.

Des prises en charge personnalisées

« Nous sommes en train de finir la modification de notre organisation », confie le directeur. Encore constitué de quatre pavillons d’héber-gement disposés autour d’une place centrale, d’un bâtiment administratif et d’une cafétéria ouverte au public, la Fréta se structure petit à petit en deux pôles : le premier axé sur la proximité, le second sur l’autonomie. « L’évolution de nos établissements depuis une dizaine d’années va dans le sens d’une personnalisation des prises en charge et des projets. Il nous est apparu que notre organi-sation présentait un double inconvénient : nous ne proposions pas un espace suffisamment

adapté ni ne protégions suffisamment nos résidents. »La mutation commencée en 2007 s’accom-pagne d’un changement de culture. « Nous avons effectué un travail d’évaluation des fonctions par métiers, sur la base du référentiel des compétences pour la validation des acquis de l’expérience (VAE). Une indifférenciation des tâches pour chacun des corps éducatifs de l’établissement a été constatée, confirmant ce qui était ressenti par les équipes. Ce travail doit conduire à un accompagnement plus individualisé et respectueux du mieux vivre ensemble auquel nous tenons. »

Une démarche écologique

Après la clarification des rôles et une meilleure adaptation des compétences aux exigen-

ces de l’accueil personnalisé, interviendra l’étape de refonte architecturale pour un montant prévisionnel de 3,5 millions d’euros. Les deux bâtiments d’hébergement devraient être réhabilités d’ici 2015. « Depuis un an et demi, nous procédons à la mise aux normes des pavillons : électricité, détection incendie, portes coupe-feu, ajoute François Gross. La chaudière au bois a été remplacée en octobre dernier. Avec le temps, des couples se sont formés. Nous devons donc adapter quelques logements. » Engagés dans une démarche écologique par l’utilisation notamment de désherbants thermiques à infrarouge et d’un véhicule utilitaire électrique, les ateliers de travail feront également l’objet d’aménage-ments. Objectifs : mieux soutenir les personnes sur le plan médico-social et favoriser leur évolution professionnelle. • A.S.

Cap sur la proximité et l’autonomie à la Fréta

Sur les hauteurs d’Hauteville-Lompnès, l’établissement La Fréta accomplit une profonde mutation pour mieux

répondre aux besoins des personnes handicapées évoluant dans son milieu de travail protégé.

> François Gross, directeur de la Fréta, et Mario Glérean, chef d’exploitation de l’Ésat, devant la fuste bâtie par les résidents dans les années 1990.

Page 36: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

BOURG HABITAT

34 InterAction n°66, décembre 2010

Handicap

Un premier institut pour jeunes autistes en 2012

L’Institut médico-éducatif (IME) Henri Lafay fera figure d’exception. Unique dans l’Ain,

l’établissement accueillera vingt-quatre jeunes autistes en plein cœur de Bourg-en-Bresse à la rentrée 2012. De longue date, l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) de l’Ain programmait de créer un tel institut pour les jeunes autistes de 2 à 18 ans. « En 2004, devant la difficulté de trouver des locaux adaptés, une solution transitoire de location d’appartements a été retenue, grâce au partenariat avec Bourg Habitat », témoigne Martine Pirat-Cramet, directrice de l’institut et du Service d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) de l’Apajh.Pour assurer temporairement l’accueil d’une douzaine de jeunes autistes alors, le bailleur social aménage le rez-de-chaussée d’un immeuble, place Georges Loiseau. « Bourg Habitat a vraiment adhéré au projet et fait en sorte qu’il puisse aboutir. C’était important pour nous, par rapport aux valeurs portées par la fédération Apajh et déclinées dans les établissements : citoyenneté, laïcité, qualité de vie et accessibilité pour tous, y compris les enfants en situation de handicap. Il était important que nous soyions et que nous restions en ville. »

Peu de structures dédiées à l’autisme

En Rhône-Alpes, seules deux sections, au sein de deux IME de Haute-Savoie, accueillent les jeunes autistes. À Saint-Rémy en Saône-et-Loire, l’IME L’Orbize dispose d’un agrément de 23 places depuis 2003. « Il y a très peu de structures dédiées à l’autisme, pour différentes raisons, explique Martine Pirat-Cramet. La première, c’est que la France a accumulé un gros retard dans l’accompagnement de l’autisme, alors que d’autres pays ont développé des techniques éducatives plus précocement, qui ont apporté en termes d’autonomie. En France, on est resté très longtemps prisonnier d’un courant psychanalytique où on attribuait les troubles de l’autisme à un problème relationnel entre la mère et l’enfant, qui a occulté les autres dimensions. » Les adultes étaient ainsi accueillis en centre psychiatrique, les enfants dans des instituts médico-éducatifs de toute nature. « De plus, on s’est mis très tardivement à diagnostiquer l’autisme. C’est la Cour européenne des droits de l’homme qui a mis la France devant ses obligations de répondre à cette problématique. D’où les plans Autisme 2005-2007 et 2008-2010, la mise en place des Centres ressources autisme (CRA) avec les centres de diagnostic... »

La méthode de l’éducation structurée

Des études scientifiques ont permis de démontrer l’efficacité d’une prise en charge précoce à l’aide de méthodes éducatives comportementales (Aba), cognitives (Teacchh, Pecs) ou développementales. « À l’IME, nous travaillons au cas par cas, confirme la directrice. À partir d’une méthode de base, qui est l’éducation structurée, on va apporter un accompagnement ciblé en fonction des besoins de chaque jeune. Nous utilisons

Selon les principes et la philosophie d’accompagnement de l’Apajh, le nouvel Institut médico-éducatif (IME) Henri Lafay sera

ouvert sur la ville pour permettre aux jeunes autistes de mieux s’intégrer dans la société.

> Le futur IME Henri Lafay est conçu comme un lieu de vie dans lequel le projet pédagogique pour les enfants pourra s’intégrer.

Page 37: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 35

Un premier institut pour jeunes autistes en 2012

également la langue des signes, car elle peut être plus accessible. » La méthode Teacch permet notamment aux enfants d’avoir des repères dans le temps et dans l’espace avec des lieux dédiés. « C’est extrêmement important d’offrir ces repères à ces jeunes, car cela diminue les troubles du comportement. De ce fait, ils accèdent mieux à différentes formes d’apprentissage. Cela a guidé la conception des plans du bâtiment. »Selon le label haute qualité environnementale (HQE), Bourg Habitat assure ainsi la construction du nouvel établissement rue du Docteur Duby, dans une logique de rez-de-chaussée autour de trois espaces communs :

« Nous avons tout le temps travaillé en nous demandant : comment l’enfant ou l’adolescent va-t-il réagir ? Sans l’appui de l’équipe pédagogi-que, nous n’aurions pas pu concevoir l’outil de cette façon », confie Jean-Luc Ramel. Parmi les impératifs de la conception, l’intérieur du nou-vel IME doit être ressenti comme celui d’une maison. « Le bâtiment est conçu comme un lieu de vie dans lequel le projet pédagogique pour les enfants pourra s’intégrer. » Sur la base d’une architecture contemporaine, le premier espace sera dédié à l’équipe d’accompagnement, le second à la petite enfance, pour la sensation des matériaux utilisés et la lumière, le troisième à l’appartement. « Le logement doit permettre aux jeunes d’y apprendre à vivre, de connaître les risques domestiques. »L’architecture du bâtiment traduit également la volonté de la Ville de créer un bâtiment selon les principes du développement durable. L’ossature sera notamment composée de bois et de briques, le toit végétalisé. À l’intérieur, le cabinet utilisera des composants adaptés, comme les vernis-colles à base d’eau, non toxiques, les revêtements en caoutchouc…Afin d’obtenir une meilleure intégration de l’institut, le projet a été présenté aux habitants du quartier. « La consultation a permis de répon-dre aux interrogations et aux idées fausses au regard du terrain qui était vide depuis 35 ans. Certains redoutaient la construction d’un bâti-ment de plusieurs étages… Un transformateur a également été intégré à l’intérieur du site de façon à ce que nous puissions redessiner l’espace public. Cet élément a bouleversé les plans, mais tout le monde a joué le jeu. »

Une conception du bâtiment en trinôme

« Benjamin est entré à l’IME à 6 ans. Nous étions ad-hérents de l’Apajh de l’Ain. Son handicap, des troubles du comportement et de la cognition, rendait difficile son intégration scolaire », confient Sylvie et Philippe Decorbez. « C’est bien, l’IME » commente l’enfant, qui y apprend à lire et à écrire avec Catherine, l’enseignante spécialisée à temps plein.« La place du nouvel IME dans la ville, ça va tout changer, poursuivent ses parents. Cela va donner une assise à l’établissement, car il est méconnu ac-tuellement. Ce sera aussi un peu une reconnaissance

du handicap de nos enfants. C’est un IME, mais ouvert sur l’extérieur. La prise en charge pluridis-ciplinaire ne peut que marcher. Et le bien-être des jeunes va s’améliorer. Ils passent beaucoup de temps à changer d’appartements actuellement. »Si Sylvie et Philippe Decorbez s’interrogent quant à l’avenir de leur enfant, ils ne doutent pas de la finalité de l’IME : la sociabilisation des jeunes. « C’est un tremplin vers une situation socio-pro-fessionnelle. Le projet fait aussi évoluer le regard des gens. »

« Cela va tout changer ! »

un pôle rééducation, un pôle éducatif et un pôle pédagogique. « Le projet a été travaillé en commun avec l’Apajh, qui assurera la gestion de l’établissement », précise Jean-Luc Ramel, architecte du cabinet 2BR mandaté. Avec le soutien de la ville de Bourg-en-Bresse et l’aide financière de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), soit 23,2 % du montant total de l’opération de 2,3 millions d’euros, les travaux ont débuté en juillet dernier. La pose symbolique de la première pierre a eu lieu le 30 août 2010. • A.S.

> Sylvie et Philippe Decorbez et leur fils Benjamin, 11 ans, accueilli à l’IME Henri Lafay depuis 2004.

Page 38: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

36 InterAction n°66, décembre 2010

Médico-social

> Journée mondiale de lutte contre le sida

Le 1er décembre étant un mercredi, les organisateurs burgiens de la Journée mondiale de lutte contre le sida* ont programmé leur journée de sensibilisation la veille, le 30 novembre. Au programme : stands d’information, vidéos, exposition, distribution de préservatifs masculins et féminins, et – nouveauté 2010 – théâtre interactif avec la compagnie A contre-jour.

* MJC, Adessa, AIDES, Couples et famille, centre de planification du Pont des Chèvres, CSP (centre de santé publique) de l’hôpital Fleyriat, Croix-Rouge

Un SAVS innovant à Ornex

Vivre en ville 01, association affiliée à l’Unafam, a ouvert en juin 2010 un service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) de 25 places à Ornex, dans le Pays de Gex. « Approuvé à l’unanimité en commission CROSM, le projet a été jugé innovant par la CREAI Rhône-Alpes en raison du partenariat entre un bailleur social et une association pour ouvrir l’accès au logement à des personnes handicapées psychiques, sur un secteur aux loyers chers » souligne Didier Faget, directeur de Vivre en ville 01. La Semcoda s’était engagée à louer 20 logements de sa résidence neuve du 428, rue du Père Adam, à des personnes suivies par le SAVS, situé sur le même lieu. Les 5 autres bénéficiaires du service résident dans des communes environnantes. L’équipe du SAVS Raphaël Chevaux* réunit un chef de service (Maud Leibundgut), une éducatrice spécialisée, une conseillère en économie sociale et familiale (CESF), une monitrice-éducatrice, et travaille en lien avec le centre médico-psychologique de Ferney-Voltaire, le CPA et les psychiatres libéraux. L’accompagnement se concrétise par des visites à domicile hebdomadaires, une permanence quotidienne du service, ouverte à tous les usagers de 9 à 12 h et de 13 h 30 à 17 h, et une astreinte de nuit tenue par le personnel, de 17 h à 9 h. « L’usager sait qu’il peut joindre quelqu’un à tout moment. »* Ex-président de l’Unafam, décédé en mai 2010

Tél. 04 50 42 91 64

> L’autisme en débatLe Réseau régional de rééducation et de réadaptation pédiatrique en Rhône-Alpes (R4P), en collaboration avec le Centre de ressources autisme Rhône-Alpes, organise des soirées débats sur l’autisme dans le département de l’Ain. La prochaine aura lieu le jeudi 9 décembre à partir de 18 h 30, au Centre hospitalier de Bourg (salle de l’IFSI), sur le thème de la prise en charge et du parcours de soins. Ces soirées sont ouvertes au grand public et notamment aux parents et professionnels pouvant être confrontés à l’accueil d’enfants porteurs de troubles envahissants du développement. L’entrée est gratuite sur inscription préalable au 04 77 82 81 15 (les mardis et vendredis).

> L’équipe éducative du SAVS.

Former les proches des malades d’AlzheimerOutre les groupes de soutien pour les proches des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées, organisés depuis une dizaine d’années et souvent prolongés par un suivi de cycle, l’association Ain Alzheimer a mis en place une formation spécifique pour ces aidants familiaux non professionnels. Financée par la CNSA* dans le ca-dre du Plan Alzheimer, animée par un psychologue et un bénévole de l’association, elle se déroule sur 14 h, réparties en 5 séances toutes les 2 ou 3 semaines. « Le but, c’est que les malades et les proches souffrent moins » souligne le président, Jean-Michel Fonquernie. Deux groupes d’une dizaine de personnes, l’un à Bourg, l’autre à Villars, ont débuté la formation en novembre.* Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie

Tél. 04 74 52 10 90 [email protected]

> Première séance de la nouvelle formation à Bourg-en-Bresse.

Page 39: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 37

L’Institut médico-éducatif « La Découverte » inauguré

Ouvert en octobre 2009, l’Institut médico-éducatif (IME) « La Découverte » a été inauguré le 29 sep-tembre dernier. L’établissement est implanté au sein d’un parc boisé de 7 hectares à Civrieux, sur le site de l’Itep « Les Moineaux ». Accueillant vingt enfants jusqu’à 13 ans, la structure a pour mission de répon-dre de façon spécifique à leurs besoins. Les jeunes présentent une déficience intellectuelle moyenne à profonde et nécessitent une prise en charge éducative, médicale, paramédicale et psychologique. L’IME La Découverte propose des prises en charge individuelles, via une équipe pluridisciplinaire, sous la direction de Sophie Rodriguez. Selon les besoins de chaque enfant, des activités sont mises en place (ateliers éducatifs à caractère culturel, sportif, ludique...). Elles visent à favoriser l’expression des enfants et leurs capacités, ainsi que des prises en charge médicales ou paramédica-les. L’approche s’effectue selon trois axes : le geste, la motricité fine et globale ; la vie quotidienne ; l’épanouissement individuel.

Tél. 04 72 26 45 79 [email protected]

> Une nouvelle agenceLa Mutualité de l’Ain – Réalisations sanitaires et sociales a ouvert début novembre une nouvelle agence à Bourg-en-Bresse, 2 place Georges Clemenceau. Elle propose dans une même enceinte tous les renseignements liés à la téléalarme et aux services pour les personnes âgées : services de soins infirmiers à domicile, résidences logement, accueil de jour. Ouverture du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 12 h 30 et 14 h à 17 h

Tél. 04 74 32 37 06 [email protected]

> L’IME La Découverte propose des prises en charge individuelles pour les enfants présentant une déficience intellectuelle moyenne à profonde.

Une MSP à ChalamontLa Communauté de communes de Chalamont tenait à la faire savoir : sa maison de santé pluridisciplinaire est aujourd’hui en ordre de marche. Si les élus n’ont pas suivi les voies habituelles de la mise en place de ce type d’équipement (travail commun élus/professionnels), ils soulignent avoir répondu à leur mission d’élus responsables pour faire face à la désertification médicale et assurer l’offre de soins de premiers recours. « En 2007, notre territoire a été reconnu comme zone prioritaire par la Région. Nous avons eu un accroissement démographique important. Deux de nos médecins partent bientôt en retraite. Il nous paraissait essentiel d’agir », explique Jean-Pierre Humbert, président de la communauté de communes. Les élus décident de monter un dossier de subvention pour la réalisation d’une MSP. Entre le FEDER, programme européen, et l’état (via le FNADT), ils obtiennent plus de 50 % du financement en 2008. La construction du bâtiment va se faire à la place des anciens Haras de Chalamont. Les 450 m2 en HQE (haute qualité environnementale) sont composés de 7 cabinets de 25 à 80 m2. Le projet aura permis à un nouveau dentiste et un osthéopathe de s’installer sur le territoire. « Un autre cabinet est occupé par deux infirmières de Chalamont. Un médecin généraliste en reprise d’activité a aussi intégré la MSP. » Le grand espace de 80 m2 est occupé par l’association de soins infirmiers à domicile Serimadd. Au final, et même si certains professionnels de santé du canton n’ont pas répondu présents, le bouche-à-oreille aura fonctionné pour assurer l’occupation des lieux. Un cabinet est encore vacant, une orthophoniste étant en cours d’installation.

Page 40: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

COnSEIL GÉnÉRAL

38 InterAction n°66, décembre 2010

Logement

Les premiers résultats de l’Observatoire du logement ont donné l’occasion de définir les enjeux des Plans locaux de l’habitat (PLH) lors

d’un 2e colloque logement organisé par le Conseil général le 22 octobre dernier.

Les défis d’une politique de l’habitat

« Y a-t-il encore une place pour une politique locale de l’habitat ? » C’est

sur cette interrogation que Denis Perron, vice-président du Conseil général chargé de la prospective, de l’aménagement du territoire et du logement, a ouvert le 2e colloque logement. « Favoriser l’accession à la propriété pour tous est une bonne idée, mais difficilement réaliste. Avec l’État qui ponctionne aujourd’hui financièrement les collectivités locales et les bailleurs sociaux, la mobilisation des politiques en faveur du logement social ne peut que faiblir », regrette-t-il.Le Département entend toutefois conserver une politique volontariste autour de la problématique logement. Et la table ronde organisée sur l’utilité des Plans locaux de l’habitat (PLH) pour une politique locale cohérente en est la traduction sur le terrain.Un point de vue partagé par Georges Bullion, directeur de Dynacité, pour qui « le PLH est un document important au moment où l’État a une

politique assez versatile envers le logement ». Pour lui, les bailleurs sociaux s’inscrivent dans la durée, ancrés sur les territoires.Un PLH doit répondre à des besoins identifiés, préciser les responsabilités et les moyens mis en œuvre, rester cohérent avec les réflexions portant sur d’autres thématiques comme l’urbanisme et à d’autres échelles. Enfin, le PLH doit pouvoir être révisé pour s’adapter aux changements. « Le PLH est un plan d’action, fruit de la loi de décentralisation de 1983. Il permet, à partir d’un diagnostic, de définir plusieurs axes stratégiques en lien avec le logement sur un territoire donné », explique Philippe Vauchaussade, responsable du service habitat et construction à la Direction départementale des territoires de l’Ain. Une politique de l’habitat se fonde sur une politique de bassin de vie, avec des enjeux de développement économique. « La communauté de communes est une bonne échelle », ajoute Philippe Vauchaussade. Il souligne par ailleurs l’effet levier des aides qu’apportent les collectivités locales sur les financements du logement social. Rachel Mazuir, président du Conseil général, l’a rappelé en conclusion des débats : les crédits du Département en faveur du logement seront maintenus malgré les incertitudes sur les recettes dont il bénéficiera ou non avec la réforme des collectivités locales. « Il faudra certes faire des choix et cibler les interventions en fonction des territoires prioritaires. »

Le PLH en exemplesLe Pays de Gex fait partie de ces territoires prioritaires. Il dépend de l’agglomération genevoise qui compte 900 000 habitants. « Il s’y construit plus de 5 000 logements par an », explique Denis Linglin, vice-président de la communauté de communes du Pays de Gex, délégué à l’aménagement de l’espace. La collectivité locale démarre son 2e PLH. « Le 1er nous a permis de construire en moyenne 1 200 logements par an entre 2003 et 2008, dont 225 logements aidés. » Car la

> Élus, institutionnels et associatifs se sont retrouvés pour débattre de la problématique du logement et de l’importance des politiques locales de l’habitat.

Page 41: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 39

Les défis d’une politique de l’habitatpression est forte sur le secteur : une croissance démographique importante, un besoin en logement social important là où le prix des loyers est élevé. « Notre soupape de sécurité, c’est le PLH. Nous avons choisi de baisser les plafonds d’accession au logement social et de nous occuper aussi du logement d’urgence et des travailleurs saisonniers. » Denis Linglin souligne l’importance de pouvoir bénéficier de données statistiques fiables sur les territoires pour pouvoir agir.Bourg-en-Bresse Agglomération a choisi lors de son 1er PLH en 2001 de promouvoir le rééquilibrage du logement social entre la ville centre et la périphérie. « Bourg a stagné en population pendant longtemps. Nous avons aussi assisté à une paupérisation des habitants. Ce constat est à prendre en compte dans le cadre du PLH » explique Michel Fontaine, président de la collectivité locale. Le 2e PLH en cours est axé sur la construction d’un habitat durable, avec un objectif environnemental et social (les logements construits doivent permettre une baisse des charges pesant sur les locataires). « Nous avons aussi une volonté forte d’arrêter la consommation de l’espace sur l’agglomération. Avec l’aide de l’établissement public foncier local (EPFL), nous tentons de maîtriser le foncier sur le territoire. »Oyonnax en est au début de l’élaboration de son premier PLH. « Notre ville a connu un boom économique et de construction dans les années 50, avec l’arrivée massive de populations étrangères à loger. Oyonnax s’est alors construite à l’est de la voie ferrée, l’ouest étant réservé à la construction de logements sociaux », explique Jacques Mermet, président de la commission aménagement de l’espace et du cadre de vie à la Communauté de communes d’Oyonnax (CCO). Si à l’époque, l’industrie avait besoin de main-d’œuvre, l’innovation technique a mis de nombreuses personnes au chômage. « Les quartiers se sont paupérisés, les gens se sont regroupés par nationalité. » Les enjeux identifiés aujourd’hui sur le territoire sont de diversifier l’offre de

logement, de lutter contre la désertification des cœurs de ville, notamment celui d’Oyonnax, de trouver des solutions à la forte vacance (2 836 logements sur l’ensemble de la CCO) qui a doublé depuis 1999. « Il nous faut aussi lutter contre le logement indigne et insalubre,

avec un habitat privé vraiment dégradé. »

Ce PLH est prévu sur deux ans. Avec pour

commencer un diagnostic à réactualiser,

le premier datant de 2007, avant la crise.

• P.F.

Démographie

En 2007, l’Ain comptait 575 000 habitants, avec une hausse de plus de 50 000 habitants entre 1999 et 2006. La population augmente de 1,4 % par an. Cette croissance a concerné plus de trois quarts des communes de l’Ain. La population âgée augmente aussi de façon importante : + 26 % de personnes de 75 ans et plus entre 1999 et 2006.

Constructions

De 1999 à 2006, il s’est construit 30 000 logements supplémentaires sur le département. Les 2/3 du parc sont des maisons. Entre 2000 et 2008, les maisons individuelles ont constitué la moitié de la construction nouvelle.La crise a entraîné un ralentissement de la construction entre 2007 et 2009 : le nombre de

permis de construire a chuté de moitié, tout comme le nombre de logements mis en chantier. Par ailleurs, la vente de logements et de terrains a baissé de 61 % durant la même période.

Besoins

80 % des ménages de l’Ain disposaient en 2007 de ressources ouvrant droit au parc social qui reste en tension avec 2,6 demandes pour une attribution. Au 1er janvier 2010, on compte près de 11 000 demandeurs de logements sociaux. 4 825 logements sociaux ont été attribués en 2009, dans un délai moyen de 7,5 mois.Le parc privé fait aussi l’objet d’attentions de la part de l’ANAH (Agence nationale pour l’amé-lioration de l’habitat) pour laquelle le Conseil général intervient. Entre 2006 et 2009, plus de 3 000 logements ont été subventionnés.

Les repères de l’Observatoire du logement

> Le rapport complet de l’Observation du logement est téléchargeable sur le site du Conseil général www.ain.fr/observatoire-departemental-habitat

Page 42: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

40 InterAction n°66, décembre 2010

Logement

> Miribel à l’heure du Cucs

Dans le cadre de son Contrat urbain de cohésion sociale, Miribel vient de s’engager sur la rénovation du quartier du Trêve pour une période allant de 2010 à 2014. Ce projet prévoit des actions en faveur des modes de déplacement doux à l’intérieur du quartier, une diversification de l’offre de logements, une valorisation des équipements publics et du cadre de vie par la réorganisation de l’offre de stationnement et des espaces verts, une amélioration de la qualité des logements, en particulier la qualité thermique, et la mise en œuvre du développement durable sur la base des objectifs de participation des habitants, de meilleure gestion des consommations énergétiques et des charges locatives, et d’intégration du projet dans son environnement naturel. Plus de 11 350 000 € sont engagés sur 4 ans.

Renouvellement urbain à Bourg

Point d’étape sur le programme de renouvellement urbain du quartier de la Reyssouze qui se poursuit avec la déconstruction du 2-4-6 rue Louis Blériot (108 logements), du 5 rue Louis Blériot (20 logements), des réhabilitations et des résidentialisations. Au 2-4-6 rue Louis Blériot, les fondations de l’immeuble seront démolies à partir du 15 décembre. Tout devrait être terminé à la fin du mois de février 2011. Les opérations de curage (récupération des ma-tériaux réutilisables ou recyclables, démontage des menuiseries, des goulottes de distribution électri-que, chaudières, robinetteries...) de l’immeuble ont été réalisées, en chantier d’insertion par ADL 01 (Agence de développement local 01).La déconstruction des 20 derniers logements du 5 rue Louis Blériot sur le quartier débutera en février 2011 pour une durée de 4 à 5 mois.Réhabilitation et résidentialisationLa concertation sur la réhabilitation et la résidentialisation du 1-3-7-9 rue Louis Blériot est en cours. Les propositions de travaux de réhabilitation et résidentialisation des 183 logements situés 2 et 4 rue Chantemerle, 1-2-3-4-5-7 rue Temporal, 1-3-5-7-9-11-13 et 15 rue Hélène Boucher et 6 rue Robert Schuman ont été acceptées par les habitants (77,5 % de répon-ses positives). L’heure est au choix des entreprises pour démarrer les travaux début 2011. Quant aux reconstructions prévues sur le quartier, après les 42 logements au Moulin de Rozières livrés en 2009, 20 nouveaux logements sortiront de terre sur le secteur Joannès Son en 2011.

> Signature du volet habitat et cadre de vie du quartier du Trêve du Cucs de Miribel en présence de Jean-Paul Rodet, président de Dynacité, Georges Bullion, directeur général de Dynacité, Jacques Berthou, sénateur-maire de Miribel, Marie-Odile Novelli, vice-présidente du Conseil régional déléguée au logement, à la politique de la ville et aux solidarités, Denis Perron, vice-président du Conseil général chargé de la prospective, de l’aménagement du territoire et du logement, et Jean Bonelli, directeur départemental des territoires de l’Ain.

> Impressionnantes opérations de déconstruction du 2-4-6 rue Blériot.

Demande de logement : un formulaire unique

Depuis le 1er octobre, toutes les demandes de logements sociaux sont effectuées au moyen d’un document unique “Cerfa”.Il n’y a plus de distinction entre demande de numéro unique et demande de logement social. En outre, les pièces justificatives qui sont demandées aux demandeurs sont fixées de façon limitative et harmonisées pour l’ensemble des bailleurs.Le décret prévoit enfin les caractéristiques du nouveau système d’enregistrement des demandes de logement social qui pourra permettre à l’ensemble des acteurs du logement social d’un même département (état, communes, organismes HLM, collecteurs, ...), de partager les informations sur les demandeurs de logement.La radiation d’une demande ne peut se produire que dans l’un des cas suivants : attribution d’un logement au demandeur, renonciation écrite du demandeur, irrecevabilité de la demande, absence de réponse du demandeur à un courrier envoyé à la dernière adresse indiquée, non-renouvellement de la demande dans le délai d’un an. Le document est disponible auprès des bailleurs sociaux ou téléchargeable sur le site :http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/R149.xhtml

© B

ourg

Hab

itat

Page 43: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 41

Handicap

> Emploi et handicap : La Caf s’engage

Dans le cadre de la 14e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées du 15 au 18 novembre 2010, la Caisse d’allocations familiales de l’Ain a accueilli 9 demandeurs d’emploi reconnus travailleurs handicapés dans ses services sur le département : 7 personnes sur Bourg-en-Bresse auprès des centres sociaux des Vennes, de la Reyssouze, du Pôle Amédée Mercier et du siège de la Caf, 1 au centre social Maison de Savoie à Bellegarde-sur-Valserine et 1 au centre social Ouest d’Oyonnax, Cet accueil fait partie des différentes actions développées par la Caf de l’Ain depuis de nombreuses années en faveur de l’insertion et de l’emploi des personnes handicapées par l’embauche de personnes en situation de handicap, la signature d’accords d’entreprise sur le sujet, l’accueil de stagiaires handicapés dans ses services, la sensibilisation de ses agents à l’égard du handicap…

14e semaine pour l’emploi des handicapés

Dans l’Ain, les actions ont été nombreuses, du 15 au 18 novembre, en faveur de l’emploi des personnes handi-capées. Le 17 novembre, le 1er Forum emploi/handicap a été organisé sur le site d’Alimentec à Bourg-en-Bresse par l’Adapt en partenariat avec Cap Emploi, Pôle Emploi, Opcalia, le Medef de l’Ain, la CGPME, DJH et le Club Entreprises et Handicap de l’Ain. Durant la journée, près de 130 personnes, travailleurs handicapés en recherche d’emploi, ont pu aller à la rencontre d’employeurs, déposer des curriculum vitae, prendre des contacts… Une vingtaine d’entreprises avaient répondu présent, tous secteurs d’activités confondus : de la logistique aux institutionnels.

http://www.semaine-emploi-handicap.com/ rubrique La campagne.

Téléthon 2010 dans l’AinLes 3 et 4 décembre, la 24e édition du Téléthon organisée par l’Association française contre les myopathies (AFM) se décline sur tout le département. Le 24 novembre, plus de 72 manifes-tations étaient enregistrées. Chacune a pour but de : collecter des fonds, mobiliser des participants, diffuser de l’information et rompre l’isolement des personnes malades. L’animation peut être simple ou itinérante, multi-activités ou composée d’une manifestation principale ponctuée de plusieurs anima-tions. À Oyonnax, par exemple : tournoi de bridge le 4 décembre et concert de Noël entre le 5 et le 12 décembre en l’église de Saint-Clair. À Dagneux : opération « Tous à la soupe » entre le 3 et le 10 décembre.En 2009, le Téléthon a permis de collecter 95 200 117 € en France, soit une concrétisation de 105 % du compteur final. L’Ain s’est montré solidaire avec une collecte de 750 474 €. Les 3 et 4 décembre 2010, les forces sont encore mobilisées pour gagner contre la maladie.

Plus d’informations sur : http://coordination.telethon.fr/coo/0010

> Des musées pour tous

Les Musées départementaux s’organisent pour rendre accessible la culture aux personnes handicapées en leur facilitant l’accès tant dans l’aménagement de l’architecture que dans la mise à disposition d’outils (fauteuils roulants, mobilier de repos, sous-titrage des films…). Des livrets d’aide à la visite sont déclinés pour les mal et non-voyants. Des visites en langues des signes sont organisées dans tous les musées départementaux (sur réservation et sans surcoût). Une plaquette reprenant ces dispositifs est disponible auprès du Conseil général ou par téléchargement sur le site www.ain.fr (rubrique Préserver notre qualité de vie/culture et handicap).

Comme sur des roulettes !

Du 24 au 27 septembre, l’association « Différents mais pas indifférents » de Montluel a participé au 4e Handi-raid 4X4 organisé dans le Beaujolais par l’association AROL (Aventure raid orga-nisation loisir). Le temps d’un week-end, de jeunes handicapés sont devenus soit copi-lotes de véhicules tout-terrain de l’associa-tion AROL, soit passagers de 3 roues de l’association Différents mais pas indifférents. « Quatre jours de bonheur à faire partager nos passions du 4X4 et des 3 roues à des jeu-nes ‘‘pas comme les autres’’ », explique Renée Guignard, présidente de l’association.

> Tahar, jeune adulte poly-handicapé, se prépare à faire une longue promenade en trike.

> édité par l’Adapt, le Guide des 10 bons

conseils aux candidats handicapés en recherche

d’emploi est téléchargeable sur le site

Page 44: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Reportage

42 InterAction n°66, décembre 2010

Redonner de l’espoir  à des destins brisés

« Allez vas-y, mar-que, qu’est-ce que tu attends ? »

Charlotte, Valérie, Sophie et Maxime* disputent un match de baby-foot, sous les yeux d’une statue grandeur nature de Superman, « l’homme de fer ». Drôle d’équipe : Valérie joue assise dans un fauteuil rou-lant, la jambe droite dans une atèle. Maxime sautille sur une jambe artificielle. Sophie porte un masque. Charlotte a la moitié du crâne nu, laissant apparaître de larges cicatrices de brûlures. Nous sommes au centre mé-dical de rééducation Romans Ferrari, à Miribel, dans l’unité des « moyens ». Pour l’adulte qui entre ici pour la première fois, c’est le choc. Le choc des images d’enfants au destin pas comme les autres. Des vies bri-sées suite à des accidents ou à des maladies ou des trauma-tismes. « Cela a été violent au début, témoigne Claire Rigard,

monitrice éducatrice depuis un mois. On arrive tous avec un sentiment de pitié. Mais on le dépasse vite, avec pour seul objectif de les aider à préparer leur avenir. »

Des techniques de soins innovantes

Fondé en 1920 à Romans, cet établissement de santé privé à intérêt collectif (ESPIC) accueille les enfants de 0 à 20 ans. Les grands brûlés, mais aussi des victimes de traumatismes crâ-niens, de polytraumatismes, de problèmes neurologiques, des jeunes ayant subi l’allongement des membres (méthode Illizarov) et des greffés des mains. Installé à Miribel depuis 2007, le cen-tre Romans Ferrari dispose de 100 places et d’une équipe de 160 salariés, exerçant 25

métiers : kinésithérapeutes, médecins, infirmiers, ergothé-rapeutes, neuropsychologues, couturières, orthoprothésistes, etc. « Nous sommes aujourd’hui un centre reconnu nationalement pour nos techniques de soins innovantes développées par le docteur Guillot et son équipe », selon Joël Lhermenault, directeur. Une de leurs méthodes phares est la « montre », dispositif de compressions en forme de ha-ricot. Les cicatrices des brûlures n’accompagnant pas naturelle-ment la croissance des enfants, il faut les assouplir de façons ciblées. « Il ne faut pas attendre, souligne Dominique Gommet, responsable kinésithérapeute. Si on ne traite pas une main brûlée, elle peut se fermer rapidement, car la peau se rétracte. »

Une équipemobilisée

Aujourd’hui, Alexane* a rendez-vous avec le docteur Guillot, chef de service. Ensemble, ils doivent réajuster le masque qui couvre son visage. Victime de l’explo-sion d’une friteuse électrique il y a quatre mois, cette menue jeune fille de trois ans a été défigurée. « On va se faire un super mou-lage et papa sera super content », explique-t-il avec douceur, es-sayant de mettre Alexane en confiance. Agrippée aux mains de son papa, elle se balance en chantant nerveusement « Vive le vent ». Pas une plainte, mais une souffrance intérieure, comme un petit volcan qui bouillonne. C’est un moment difficile pour elle. « Alexane n’arrive pas encore à se regarder dans un miroir, explique avec émotion Jean-Charles, son papa. C’est dur de se dire que ce sera plus comme avant. » Cet accident a été un choc qui a bouleversé toute la famille. Père et mère ont arrêté le travail, quitté leur Normandie

Page 45: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 43

natale, mis en vente leur mai-son pour venir s’installer ici. Puis le docteur fait tomber le masque, laissant apparaître un visage rouge vif et d’immenses yeux bleus, remplis de larmes. « Je vois que la bouche est un peu crispée. On va essayer d’ar-ranger ça. » C’est le branle-bas de combat dans l’atelier pour mettre la main sur une gouttière de taille trois. Toute son équipe se mobilise afin d’aider Alexane à retrouver son sourire. C’est la vo-cation du centre Romans Ferrari : redonner de l’espoir après un accident de la vie.

Se réapproprier son corps

Il est midi, l’heure du repas. Installés sur des fauteuils roulants, Valérie, Charlotte et Maxime font la chenille en direction des cuisines, pour aller chercher le

repas. Ils sont excités comme des puces, car aujourd’hui les frites sont au menu. « On se calme, les enfants », s’exclame Ericka, monitrice éducatrice. Ce sont des enfants comme les autres. Il faut leur poser un cadre. « Notre fil rouge est de prépa-rer l’après : le retour à domicile, dans des conditions de vie les plus normales possibles, expli-que Nathalie Volle, éducatrice spécialisée. Ils vivent ici un peu comme dans un cocon et sont protégés du regard des autres. Notre objectif est de les préparer à la sortie. » Cela commence tous les jours au moment de la douche où le personnel les aide à se réapproprier leurs corps abîmés. « Mais comment fais-tu pour toucher mon crâne ? C’est répugnant » demande Charlotte quand on lui lave les cheveux. Et puis il y a l’acceptation de l’appareillage, un allié parfois lourd à porter. Il arrive qu’un

enfant le jette de rage, car cela gratte. « On le porte à deux, car on le monte tous les matins ensemble. »

Prendre l’enfant dans sa globalité

« La vie n’est pas foutue, il y a un après. C’est le message que l’on cherche à faire passer aux enfants », déclare Patrick Duvivier, directeur de l’école du centre. De la maternelle au lycée, on y poursuit des forma-tions et passe des examens. Les classes sont réduites : de 4 à 5 élèves. Les outils pédagogiques, les bureaux et les chaises sont adaptés aux handicaps. « On est là pour poursuivre une scolarité momentanément interrompue par un accident. Comme un relais, le temps des soins. Cela permet aux

enfants de garder un pied dans la réalité et de détourner leur esprit de la douleur. » Installé dans une ancienne communauté religieuse dans 5 800 m2 de bâtiments sur quatre hectares de terrain, le centre dispose de tous les équipements nécessaires : un parc, un atelier de confection des appareillages, un atelier de couture, une piscine à fond va-riable, un foyer avec baby-foot, billard et vidéoprojecteur, une salle de rééducation aménagée dans l’ancienne chapelle, com-munément appelée la salle des merveilles. Tout a été fait pour créer des conditions idéales. « Le soin ne suffit pas. Un enfant ne se projette pas dans l’avenir et vit dans l’instant. S’il est bien, on gagne deux fois plus de temps dans le processus de guérison », assure Joël Lhermenault.• D.G.* prénoms d’emprunts

Page 46: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

ALFA3A

44 InterAction n°66, décembre 2010

Accueil des étrangersALFA3A a mis en place une nouvelle permanence socio-

juridique pour les personnes étrangères ou d’origine étrangère.

Accompagner vers l’intégration

Lutte contre les logements insalubres et gestion des cités de transit pour travailleurs

migrants dans les années 70, actions d’aide à l’intégration des enfants et adultes dans la cité, animation du réseau d’accueil des travailleurs étrangers, organisation des journées de for-mation pour les étrangers arrivant en France, gestion des centres d’accueil et du dispositif d’accueil d’urgence des demandeurs d’asile… « Accueillir et accompagner les personnes d’origine étrangère ont toujours été parmi les principales missions d’ALFA3A depuis sa création » rappelle Olivier de Vesvrotte, adjoint à la direction générale d’ALFA3A. Une mission exercée souvent sur délégation de l’État, sur l’ensemble du territoire de l’Ain, et toujours avec la volonté de prendre en compte les personnes et les situations dans leur globalité.

« Vivre en France »En 1974, lorsque l’État agrée les réseaux départementaux d’accueil des travailleurs

étrangers, ALFA3A (qui à l’époque, se nommait ALATFA) se porte candidat pour la création du réseau de l’Ain. « L’objectif était d’accueillir, informer, aider les étrangers et leur famille

dans leurs démarches juridiques et adminis-tratives, les orienter vers les services publics, être un trait d’union entre les personnes et les administrations » souligne Ali Abed, qui a animé le réseau jusqu’à sa fermeture en 2000, aujourd’hui responsable du service Accueil médiation intégration.La mission s’est poursuivie avec, de 2000 à 2004, la pré-instruction des dossiers de regroupement familial puis, à partir de 2004, l’organisation des journées de formation pour les étrangers non européens arrivant sur le territoire français, titulaires d’un titre de séjour, et s’engageant à signer un contrat d’accueil et d’intégration. En 2009, ALFA3A a ainsi organisé, à Bourg-en-Bresse ou Oyonnax, 38 journées de formation « civique », pour au total 521 personnes, et 18 journées « Vivre en France », pour 232 personnes.Obligatoires dans le cadre du contrat d’ac-cueil et d’intégration, les premières rappellent notamment les grands principes et valeurs de la République française, les engagements réciproques des personnes et de l’État, les formalités d’accès à la nationalité française. Non obligatoires mais très demandées, les secondes apportent des informations pratiques sur les services publics (Pôle emploi, Éducation nationale…).Organisées en lien avec les services de la Préfecture, l’OFII (Office français de l’immi-gration et de l’intégration), les travailleurs sociaux et les associations communautaires, les journées se déroulent en présence d’un ou deux interprètes si besoin.En 2010, une journée d’information sur les droits et devoirs des parents complète le dispositif.

Permanence socio-juridiqueEn novembre 2009, à la demande de la DDCS*, ALFA3A a mis en place une perma-nence socio-juridique à l’attention des étran-gers ou des personnes d’origine étrangère. Gratuite et anonyme, elle est ouverte le lundi à Oyonnax (au centre social Est, de 8 h 30

> Ali Abed anime la nouvelle permanence.

Page 47: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 45

Accompagner vers l’intégration

à 12 h et de 14 h à 16 h), le mardi à Bourg-en-Bresse (au Point accueil, 7, rue de la Paix, mêmes horaires). « C’est un peu une continuité des journées de formation civique et Vivre en France : le but est d’apporter des réponses concrètes, ou d’orienter vers les services compétents, aux questions d’accès à l’emploi, à la retraite, à la nationalité française… Les personnes vieillissantes isolées, par exemple, ont souvent des difficultés à appréhender les administrations, à faire valoir leurs droits » explique Ali Abed.Chaque permanence reçoit en moyenne 6 ou 7 visites. De décembre 2009 à mai 2010, 253 « cas » y ont trouvé une solution.Les demandes les plus fréquentes portent sur les régularisations de situation, l’accès à la nationalité française, le regroupement familial, les exécutions de jugement entre le pays d’origine et la France, les problèmes d’état civil, l’apprentissage du français, les équivalences de diplômes, « et aussi les pro-blèmes individuels, avec par exemple le choc des cultures dans les couples ».La permanence est également à l’écoute des services publics et des associations, autour de cas individuels ou pour un coup de pouce à des actions collectives. « L’Association de soutien aux soins palliatifs nous a sollicités pour la formation de ses bénévoles à l’accom-pagnement des personnes étrangères en fin de vie, Ain Diabète cherchait des interprètes pour sa campagne de prévention au marché de Bourg. »Au-delà de la permanence, le service Accueil médiation intégration a proposé une journée de formation pour les travailleurs sociaux et les responsables d’associations communautaires, sur le droit de séjour et de travail des étran-gers en France, animée par Daniel Massard, responsable du service des étrangers à la Préfecture de l’Ain, le 24 novembre à Bourg-en-Bresse. « D’autres pourraient être organisées, par exemple avec la CRAM. » • A.P.

*Direction départementale de la cohésion sociale

Outre l’accueil des étrangers dispo-sant d’un titre de séjour, ALFA3A

est missionnée par la Direction départe-mentale de la cohésion sociale (DDCS) pour gérer les dispositifs d’accueil des demandeurs d’asile dans l’Ain.La mission passe par, d’une part, la ges-tion des trois CADA1 de Miribel, Culoz et Ambérieu-en-Bugey. Totalisant 237 places, ils hébergent et accompagnent les personnes durant leur procédure de demande d’asile (attente de réponse de l’OFPRA2, recours éventuel auprès de la CNDA3 en cas de refus), qui peut prendre de six à dix-huit mois. En 2009, ils ont accueilli 259 adultes et 132 enfants, pour une durée moyenne de séjour de 479 jours.D’autre part et en complémentarité, le dispositif d’accueil d’urgence des de-mandeurs d’asile (DHUDA) permet aux réfugiés n’ayant pu disposer d’une place en CADA ou en foyer – le nombre de places n’étant pas extensible et les familles étant prioritaires – ou aux personnes dé-boutées de leur demande, de trouver une solution provisoire d’hébergement.« En juillet 2010, nous avons fermé la halte de nuit de 12 places et réorganisé l’accueil avec 18 places réservées dans les foyers, où les personnes peuvent passer la première semaine » explique Olivier de Vesvrotte. La solution a le mérite d’éviter aux personnes d’être à la rue dans la journée, avec toutefois le bémol du problème de la saturation des foyers. Au quotidien, en 2009, le nombre de demandeurs d’asile accueillis dans le cadre du DHUDA oscillait entre 250 et 360. Une majorité venait du Kosovo.« Il faut saluer le travail de terrain, l’impli-cation, la disponibilité, les compétences des salariés du dispositif de la demande d’asile, qui apportent un accompagne-

ment humain et administratif, en lien avec les associations caritatives, les Restos du cœur, la Banque alimentaire, la Croix-Rouge, le Secours catholique, l’Inspection académique… »CADA et DHUDA : au total, jusqu’à 700 personnes ont été hébergées simulta-nément par l’un et l’autre en 2009. « L’Ain apporte une contribution très significative au niveau national pour l’accueil des demandeurs d’asile. Mais la vraie réponse ne peut pas être uniquement départementale, elle doit être européenne ».

Demande d’asile

> Au sein d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile.

1. Centres d’accueil de demandeurs d’asile2. Office français de protection des réfugiés et apatrides3. Cour nationale du droit d’asile

Page 48: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

46 InterAction n°66, décembre 2010

Initiatives

> Lire à l’écoleCréée en 1999, l’association Lire et faire lire proposer à destination des enfants fréquentant les écoles primaires et autres structures éducatives, un programme de développement du plaisir de la lecture tout en travaillant sur la solidarité inter-générationnelle. Ainsi des bénévoles de plus de 50 ans offrent un peu de temps aux enfants au sein des structures. Dans le département, c’est l’Udaf de l’Ain qui porte cette action avec succès. Fin sep-tembre, la réunion de rentrée des lecteurs bénévoles, en présence de l’inspecteur de l’éducation nationale, Alain Dupré, a permis à la vingtaine de participants d’échanger sur le plaisir et le partage de la lecture en soulignant l’importance du lien intergénérationnel aussi bien pour les enfants que pour les bénévoles. Dans le cadre d’un véritable partenariat avec l’Inspection académique de l’Ain, toutes les écoles du département ont été contactées afin de les informer de ce dispositif et de prendre en compte leurs demandes, en insistant sur certains secteurs notamment la Bresse et le Bas-Bugey. L’Udaf lance un appel à tous ceux qui auraient envie de s’investir bénévole-ment dans le dispositif.

Contact : Céline Chariere [email protected] Tél. 04 74 32 11 40

De la lecture dès le plus jeune âge

Deux actions sont aujourd’hui menées dans l’Ain pour favoriser la lec-ture chez les enfants Opération Premières pagesLe bilan 2009 étant positif pour l’ensemble des partenaires (Caf de l’Ain, Conseil général de l’Ain et Direction régionale des affaires culturelles), elle est reconduite cette année et étendue aux départements de la Savoie, des Pyrénées-Orientales et du Puy-de-Dôme. Cette action vise à sensibiliser les parents à l’importance de la lecture dès le plus jeune âge. Les bébés nés en 2010 et dont les parents résident dans l’Ain se verront remettre, entre début février et fin mai 2011, un cadeau de naissance comprenant un album illustré (Mercredi, d’Anne Bertier), un « guide de voyage » et une sélection bibliographique d’ouvrages. Une liste des manifestations prévues à cette occasion sera jointe au courrier d’information adressé aux parents courant janvier. Graines de lecteursDepuis septembre 2010 et pour deux ans, ce nouveau pro-gramme est mis en œuvre par le Conseil général. Objectif : favoriser le développement de la lecture auprès des enfants de 0 à 5 ans, en proposant une nouvelle offre de services culturels aux acteurs pour l’introduction du livre dans l’uni-vers quotidien et familier de l’enfant (professionnels de la petite enfance, bibliothécaires, parents…). Des conféren-ces à destination des professionnels, des travailleurs so-ciaux, des bibliothécaires et des parents seront organisées sur le territoire. Une offre spécifique de documents pour les 0-5 ans sera déposée dans les lieux d’accueil, renouvelée par le passage d’un véhicule adapté pour accueillir les jeunes enfants pour des temps d’animation. En parallèle, des outils d’animation pour les bibliothèques et les crèches se déve-loppent : spectacles pour les moins de 6 ans, journées de formation pour les personnes dont l’activité professionnelle concerne les tout-petits...

> Démocratie participativeLa Région Rhône-Alpes a décidé d’appor-ter un soutien aux initiatives de démo-cratie participative en lançant un appel à projets pour 2011. Les associations et collectivités locales ont donc jusqu’au 31 janvier pour faire parvenir leur dossier de candidature. Le soutien ira aux initia-tives citoyennes qui encouragent toutes les formes de dialogue civil, aux projets innovants ou expérimentaux permettant aux citoyens de se former à l’exercice de la citoyenneté.www.rendez-vous-citoyens.rhonealpes.fr

TémoignageSamedi 18 septembre, en plein cœur du quartier des Dîmes, Luc Vogel a présenté Le verger de Hadda, un livre témoi-gnage et hommage sur l’histoire de l’immigration marocaine à Bourg-en-Bresse. À cette occasion, Bourg Habitat, office public de l’habitat, a offert un livre à chacun de ses locataires résidant sur le quartier des Peupliers, aux membres de son Conseil d’administra-tion et à l’ensemble de son personnel. Près de 150 person-nes se sont réunies durant l’après-midi pour découvrir, en avant-première, cet ouvrage.

> Des projets à l’IREISL’antenne de l’Ain de l’Institut régional et européen de l’intervention sociale se déve-loppe. Installée sur le département depuis 8 ans dans les anciens locaux du Service d’incendie et de secours (SDIS) et dans des bâtiments préfabriqués, l’IREIS prévoit son déménagement pour la rentrée de sep-tembre 2011. « Nous venons de racheter, rue du Peloux, un bâtiment de 3 600 m2 sur trois étages ainsi qu’un terrain atte-nant pour y construire un amphithéâtre de 180 places et un parking », explique Henri Blettery, le directeur. Le projet de-vrait se dérouler sur trois ans et permet-tre, à terme, d’accueillir 300 étudiants. Fortement soutenu par la Région Rhône-Alpes et avec l’engagement financier de l’AREFIS (Association régionale et euro-péenne pour la formation des métiers de l’intervention sociale), ce nouveau bâtiment va permettre à l’IREIS de créer un diplôme de cadre (Caferuis) en col-laboration avec l’université Lyon III. « Ces nouveaux locaux vont aussi nous per-mettre d’offrir de meilleures conditions d’accueil et de travail à nos étudiants et nos salariés. Nous aurons aussi la possi-bilité de mettre à disposition de nos par-tenaires et d’associations notre amphi pour leurs manifestations ou assemblées générales. »

> Les futurs locaux de l’IREIS.

Page 49: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

InterAction n°66, décembre 2010 47

Jeunesse

Aider les jeunes en difficulté Prado Bugey a ouvert un nouveau site d’accueil

Ouvert en septembre, le foyer Les Abéanches à Ambérieu-en-Bugey accueille 12 jeunes (garçons et filles, de 16 à 21 ans), placés par la Justice ou le Conseil général dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance, et sera complété début 2011 par deux appartements thérapeutiques.Sept éducateurs, trois veilleurs de nuit, une maîtresse de maison et un chef de service composent l’équipe de personnel. Axée sur une prise en charge éducative visant à l’accès à l’autonomie, la nouvelle structure complète les deux équipements déjà gérés par le Prado Rhône-Alpes sur l’Ain : Les Linières, à Brégnier-Cordon, qui accueille 14 jeunes (13-16 ans) ayant des troubles du comportement, scolarisés ou en voie de rescolarisation, et Les Charmines, provisoirement à Matafelon-Granges, pour 9 garçons déscolarisés, avec troubles importants du comportement.En mars 2011, les Charmines déménageront à Serrières-de-Briord, au sein de locaux neufs qui abriteront également le siège de Prado Bugey. « Le dispositif permet un parcours entre les trois structures » souligne son directeur, Mickaël Nicolas.

Tél. 04 79 87 57 25 www.prado.asso.fr

> S’informer pour s’orienterLa 10e édition des Rencontres Ain’formations métiers se déroulera à Bourg du 17 au 19 mars 2011. Depuis le 16 novembre et jusqu’en février, des tables rondes sont organisées dans les collèges du département pour permettre aux élèves et à leurs parents de rencontrer des professionnels et des jeunes en formation pour échanger sur l’orientation professionnelle. Quinze jours avant chaque table ronde, les collégiens peuvent déposer des questions écrites dans une boîte prévue à cet effet dans leur collège. Les tables rondes ont lieu à 18 h 30. Calendrier : le 14 décembre au collège de Péron, le 4 janvier au collège Marcel Aymé à Dagneux, le 18 janvier au collège Xavier Bichat à Nantua, le 1er février au collège Saint-Charles à Feillens et le 15 février au collège du Revermont à Bourg-en-Bresse.

> Hépatite C, faites-vous dépister !

Nouveau look et nouvelles infos pratiques : la cartelette 2010 « Hépatite C, faites-vous dépister » éditée par l’Adessa* à 4 000 exemplaires et diffusée auprès de plus de 250 structures de l’Ain (lycées, missions locales, centres médico-sociaux, cabinets médicaux…) a fait peau neuve. Le flyer « tatouage-piercing », rappelant les risques de transmission et les règles légales d’hygiène, est également disponible. L’Adessa effectue également des interventions en milieu scolaire, à la demande des établissements. En 2009, elles ont permis de sensibiliser plus de 300 jeunes.*Association départementale d’éducation sanitaire et sociale de l’Ain

Tél. 04 74 23 13 14 www.ades01.org

Les mercredis des métiersLe Bureau information jeunesse de Bourg continue son programme de journée d’information sur les métiers à destination des jeunes et de leur famille. Un mercredi par mois, de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30, des professionnels viennent au Bij pour apporter conseils et informations. Ce rendez-vous est libre et gratuit.Au programme 2010/2011 des prochaines rencontres :> 15 décembre, les métiers de l’animation et du sport> 26 janvier, les métiers de la nature (agriculture, environ-

nement, animaux)> 23 février, les métiers des industries (agroalimentaire,

métallurgie, mécanique, transport-logistique)> 23 mars, les métiers du bâtiment et des travaux publics> 20 avril, les métiers du commerce et de la vente> 18 mai, les métiers de la sécurité et de la défense.

Tél. 04 74 24 44 46 [email protected] www.jeunes01.fr

Page 50: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

48 InterAction n°66, décembre 2010

Associations

> Échanges Liban/AinCréée en 2008, l’association APPEAL (Association partage parrainage entraide Ain Liban) poursuit la dynamique d’échanges interculturels déjà à l’œuvre entre des établissements scolaires de l’Ain et du Liban. « Ces échanges apportent beaucoup aux jeunes, de manière réciproque. La connaissance des peuples favorise le développement de la paix », souligne son président, Franck Taisne de Mullet. Des actions visant au développement économique, social, éducatif, sont également en projet : création d’une école dans la région de la Bekaa et soutien à la mise en place d’un service de collecte et traitement d’ordures ménagères (en partenariat avec le Rotary), formation aux techniques apicoles... Avis aux communes de l’Ain : « Nous pouvons les aider à se jumeler avec une commune du Liban. »

Tél. 06 83 68 04 96http://ainliban.espaceblogs.fr

Aurélien Ponthus et la Dancefloor du bonheur

> Une Clinique des joujoux en Val de SaôneNée en novembre 2009 à Mogneneins, la Clinique des joujoux collecte des jeux et jouets auprès des écoles, des habitants et via les déchetteries du secteur, et leur donne une deuxième vie en les offrant à des personnes en difficulté lors de goû-ters solidaires et participatifs, organisés en lien avec les assistantes sociales. « Le but est de réunir au moins trois familles désirant partager un moment autour du jeu, de créer un échange, un dialogue. Elles repartent ensuite en emmenant un jeu » explique la présidente, Séverine Teyssier.L’action crée des liens : des jeux sont prêtés à la garderie, d’autres devraient rejoindre les rayons de l’épicerie solidaire de Trévoux. « Plus de 800 kg ont déjà été collectés, y compris des vêtements pour la Croix-Rouge et le Secours po-pulaire qui nous ont donné des jeux. » Autres projets : organiser une bourse aux jouets et des ateliers pour les enfants sur le recyclage.L’association tient une permanence le sa-medi, de 10 à 12 h, dans son local, « prêté par la commune et rénové avec la pein-ture offerte par Val Horizon ».

Tél. 06 86 94 94 02http://lacliniquedesjoujoux.free.fr

« À 10 ans, en 1995, j’ai été greffé du rein en raison d’une maladie génétique. En 2010, je dois retourner à l’hôpital pour un lymphome dû aux traitements anti-rejets. En dix ans, rien n’a changé : quand on est branché trois heures en chimiothérapie, on est seul sur son lit, sans rien, c’est long ! » explique Aurélien Ponthus. De ce constat, est née chez ce jeune Polliati la volonté d’agir pour améliorer le bien-être des malades, en leur apportant des loisirs variés.DJ professionnel, il met son savoir-faire et son réseau au service de l’association qu’il a créée en septembre : les événe-ments musicaux organisés par la « Dancefloor du bonheur » ont pour seul but de collecter des fonds pour financer l’achat de bornes internet, consoles vidéo, livres, ordinateurs porta-bles, abonnements TV… pour les personnes hospitalisées. Deux autres DJ, Benjamin Davies et Jeremy Damoon, se sont engagés à aider bénévolement l’association.Une soirée dans une discothèque burgienne, le Diable au club, avec des DJ « guests » est programmée le 21 janvier.La Dancefloor du bonheur apporte son soutien également à d’autres associations. Le 26 septembre, elle participait aux Virades de l’espoir à Bourg-en-Bresse ; « La maladie, c’est dur à vivre, on est super fragile physiquement » reconnaît Aurélien. Son traitement actuel l’oblige à cesser de travailler durant quelques mois, qu’il met à profit pour s’investir à fond dans l’association. « C’est un projet qui me tient vraiment à cœur ! »

http://dancefloordubonheur.e-monsite.com

Tél. 06 25 98 21 59

Zoom sur…

> « L’association est, par nature, un lieu d’échange ouvert à tous dans lequel les idées de chacun seront essentielles » souligne Aurélien.

> Chiens visiteursDeux fois par mois en moyenne, les maisons de retraite de Reyrieux et Châtillon-sur-Chalaronne, l’hôpital long séjour de Trévoux, et l’accueil de jour gériatrique Les Lucioles à Reyrieux reçoivent des amis vivement attendus : les chiens visiteurs, accompagnés de leurs maîtres bénévoles. « La présence du chien apporte un contact, un réconfort ; elle éveille les personnes, certaines retrouvent des gestes qu’elles ne faisaient plus » explique Françoise Mélotte, bénévole « chiens visiteurs » sur le secteur de Lyon Sud et l’Ain. Outre les visites régulières dans les établissements d’accueil de personnes âgées, malades ou handicapées, les « chiens visiteurs » répondent également ponctuellement à la demande des écoles : « Là, on explique aux enfants comment comprendre un chien, prévenir les morsures, quels sont les gestes à ne pas faire comme, par exemple, le caresser sur la tête. »Les nouveaux visiteurs sont les bienvenus. L’activité est ouverte à toute personne possédant un chien âgé d’au moins un an, calme et amical, et inscrite dans un club canin. « Les bénévoles doivent suivre un stage de formation et obtenir le diplôme. C’est vraiment un engagement dans la durée : les personnes visitées comptent sur nous. »

www.chien-visiteur.fr

Page 51: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Une double réédition attendue

Musnier & Gilbert Éditions158, boulevard de Brou01000 Bourg-en-BresseTél. 04 74 24 69 13Fax 04 74 45 07 08Email : [email protected]

Consultez notre catalogue, nos nouveautés et nos livres à paraître.

www.mg-editions.com

PIERRE-CHÂTELDes eaux tumultueuses roulant au fond d’une gorge étroite.Un étrange et majestueux rocher couronné de rigoureu-ses constructions que cache une nature sauvage et que, souvent, le brouillard matinal enroule de volutes blanches. De rudes falaises coupantes comme à la hache de lourds massifs où se cachent des hameaux.Des grottes et des cavernes qui logent des corneilles dont les vols forment de noirs nuages au-dessus des rochers. Tel est le site, lamartinien, témoin éloquent de dix siècles d’histoire, de la chartreuse-forteresse de Pierre-Châtel, où s’opposent le silence des ermites et le fracas des canons. On imagine sans peine les moines de la chartreuse veillant et priant, penchés sur leur ouvrage, les chevaliers de l’ordre du Collier faisant bombance dans le château des comtes de Savoie ou encore le petit peuple des soldats en garnison occupé à allumer dans le froid de l’hiver, à l’abri des casemates, un feu de bois mouillé qui tarde à prendre…

FORT L’ÉCLUSELe site de fort l’Écluse fascine tous ceux qui s’y frottent. Hier citadelle posée comme un verrou, aujourd’hui musée ouvert au curieux, l’édifice reste le monument accroché à sa montagne. Les visiteurs ont pris le pas sur les curieux pour découvrir de l’intérieur les entrailles du fort. Des ardeurs helvètes aux glorieuses heures du maquis, en passant par la douceur bucolique du siècle de Jean-Jacques Rousseau, le fort a résonné des querelles des hommes. Il a résisté à bien des assauts, y compris à celui du temps qui le vouait à l’oubli. Désormais, fort l’Écluse renaît et s’illumine grâce à ceux qui ont décidé de le sauver. Il devient même un trait d’union entre les pays et les hommes, un témoin assagi du passé. C’est de Santa Barbara, en Californie, qu’Yves Macaire nous a envoyé ce manuscrit qui mûrissait depuis trente ans dans un tiroir. Tout au long de sa vie de pilote et de voyageur, l’auteur est resté attaché à la citadelle. Au terme de ce long siège, paraît cette monographie, la première du genre consacrée à fort l’Écluse. Entrons avec lui dans cette découverte qui mêle passion et initiation.

Page 52: Denis Morin directeur général de l’ARSinteraction01.info/wp-content/uploads/InterAction66.pdf · interrogeons sur la pertinence de notre travail. Le bénéficiaire est comme le

Créa

tion

Her

vé G

oyar

d - C

MA

01- n

ovem

bre

2010

Campagne pub CMA01 - NOV 2010.indd 1 23/11/2010 11:31:23