Demoiselled'honneur

SybilLANE

Copyright©2014,SybilLANETousdroitsréservés.

INDEXDemoiselled'honneurAproposdel'auteur

Demoiselled'honneurAnnabelle,s'engagea,dansl'alléebordéedepartetd'autre,dechênescentenaires.Elleavaitréussiàsedéroberjusqu'àmaintenant,maisellesedevaitd'apportersonaidepourlemariagedesasœur.Nonpasqu'ellenesoitpasheureusepourelle,maiselleconnaissaitcegenrederéunionsfamiliales,oùtoutlemondeparleetposedesquestions,semêledetout,etsurtoutdesaffairesdesautres,jusqu'àdevenirinsupportable.Etcettefois,çapromettaitd'atteindredessommets,carAliciasemariaitàunpilotedechasseetunebonnepartiedesonescadronavaitétéinvitée.Tousceuxquiétaientcélibatairesallaientservirdecavaliersàsessœurs,sescousines,toutcommeelle,célibatairesetdemoisellesd'honneur.Aliciaavaitvouluungrandmariage,etelles'étaitlancéedansceprojetavecunefoliedélirantequesamèren'avaitfaitqu'encourager.Résultat:ilavaitfallupassertoutleprintempsàrepeindrelespiècesdelamaison,parcequ'elleallaitaccueillirpasmoinsd'unetrentained'invitésàdemeurependantquelquesjours,etquesesparentsavaientacceptéquelevind'honneuretlerepasdumariagesedéroulentdanslesjardins.Plusieurscamionsfrigorifiquesenvahissaientdéjàlacour,carleparcdelamaisonfamilialeallaitservirdecadreàunefêtechampêtre.Troiscentcinquanteconvives,répartisautourdenombreusestablessurlagrandepelouse,allaientdîneràlalumièredesbougiesetdeslampions.Letraiteur,quantàlui,avaitinstallésescuisinessousungrandtivoli,danslacourarrière.Levind'honneurallaitêtreuneorgiedechampagneetdepetitsfoursetchaquemembredelafamille,toutcommelesinvitésarrivésenavance,étaientréquisitionnéspourtravailleràlamiseenplaceetladécoration.Ilyavaitdeskilomètresdeguirlandesélectriques,àpendredanslesarbresetsurdesmasimproviséspouréclairerlestables.Desmilliersdefleursàdisposerpartout,surtoutcequiavaitunenappe,dansleparc,commeàl'église.Destablesàinstallerpardizaines,destentes,unepistededanse.C'étaitdudélire!Lagrandedemeureallaitêtrelethéâtredelaplusgranderéceptionqu'ellen'aitjamaisconnu,mêmeaucoursdesdeuxsièclesprécédents.Depuisdesmois,toutlemondeneparlaitplusquedeçaetlesujetprincipalpourlesjeunesfemmescélibataires,étaitcettemannedegarçonsdisponiblesetgénéralementbienfaitsquiallaientdébarquerennombre.Samèreetsestantesvoyaientcetteeuphoried'unœilbienveillant,carl'uniformejouissaitd'ungrandprestigedanslafamille.Onvouaitsavieàl'arméeetàlapatrie,degénérationengénération,chezlesLeBreuil.Sonpèreétaitcolonel,l'undesesonclesétaitmortenhéros,entantquecasquebleuenAfrique,etunautreoncleétaitauxaffairesétrangères,aprèsunebellecarrièremilitaire,sanscompterquelquescousinsgradés,euxaussi.Àlasortieduvirage,lagrandebâtissefamilialesedessina,encercléeparunenuéedevéhiculesetdepersonnes,toutesaffairées.Sonfoyer,lecœurdelafamille,mêmesielletrouvaitqu'ilyavaitunpeutropdedébordementsenvuedecemariage,ellen'enaimaitpasmoinscetécrinoùelleavaitgrandi,aumilieudesesfrèreetsœurs,etsesnombreuxcousins.Ellel'aimaittellementqu'ellen'avaitpus'enéloigner.Ellevivaitdansunevieillegrangeauboutduparc,reconvertieenmaisond'habitation.Aprèsavoircourulemonde,elleaimaitêtreancréedanscesolsablonneuxdelacôtegirondine.Ilétaittreizeheurestrentelargementpassé,etelleespéraitavoirdéfinitivementéchappéaudéjeunerquiseraitforcémentbruyant.Elleavaitdélibérémenttrainéàsaboutique,enattendantleretourdelapausedéjeunerdesonamieetassociée.Cettedernièreallaittravaillerpendanttoutleweekend,sansrelâche,dansleurmagasinetelleessayaitdelasoulageraumaximum.

Ellegarasadécapotableàcôtéd'uncamionfrigorifique,etfilaverslagrandeécuried'oùprovenaientriresetéclatsdevoix.Lelieun'avaitgardédel'écuriequelenom.Enfait,ils'agissaitd'unegrandepièceaménagéeetcarreléepourrecevoirlesgrandsrepasestivaux.L'endroitétaitsivastequ'ilpouvaitaccueillirplusdecentconvives,sansavoirbesoindeplierlestablesdeping-pongdelafamille,oùdesmatchsàl'enjeuvital,sedisputaient,régulièrement.Ellen'avaitpasencorefaitlamoitiéducheminquesamèredéboucha,l'airaffairé,avecunebrasséedefleurs—Ah!Machérie,jeviensjustementd'appeleràtaboutique,Sophiem'aditquetuétaisenroute,sinonj'avaisl'intentiond'envoyertonpèrepourteramener.—J'avaispromisdevenir,cen'étaitpaslapeinequetut'inquiètes!—Jesaisquetoutçanet'intéressepas,maisnousavonsbesoindetonaide!—Etjesuislà!Insista-t-elle,auprèsdesamèrequifaisaitlasourdeoreille.—As-tumangéseulement?—Oui!Pournepassubir,l'éternelgavagematernel.Ellesatteignirentensemblelesportesgrandesouvertesdelasalle.D'uncôté,quelquesjeunesfemmessecondaientsacousine,fleuristedemétier,danslaconfectiondebouquetsetautrescompositions,pendantquedel'autrecôté,leshommes,encoreàtable,trainaientaucafé,visiblementmoinsbousculés.—Jedisbonjouretjeviensvousaider,dit-elleàsamèrequis'éloignaitdéjàducôtédesfleurs.Elleembrassasonpèreetsononclequidébattaientdepolitique,commetoujours,grignotaquelquescruditésenbavardantavecundesescousinsqu'ellen'avaitpasrevudepuislongtempsetfuthappéeparlesbraspuissantsdesonfrère.—Anna!Mamancommençaitàenvisagerd'envoyerlacavaleriepourteramenerparlapeaudesfesses.—Jesais.Ellem'esttombéedessus,dèsmonarrivée.—Contentdetevoir,dit-ilenlaserrantcontrelui.—Moiaussi,tum'asmanqué.Ill'embrassaunenouvellefois.Ilsnes'étaientpasrevusdepuislesfêtesdefind'année.Égalementmilitaire,ilétaitbaséenAllemagnedanslecadredelacoopérationeuropéenne.Leurslonguesconversationstéléphoniquesnecompensaientpastotalementl'éloignement.—Anna!Cefutletourd'Alicia,lafuturemariéedesejetersurelle.Elless'étaientvueschaquesoirdepuisledébutdelasemaine,puisqu'elleétaitarrivéedepuisleweekendprécédent,pourpréparerl'évènement.Elleétaitentraindemontrer,àsonfiancé,lesdécorationsdetablesquiétaientencoursdepréparation.Annabelleembrassatoutlemonde,ycomprisl'amideSimonquiétaitarrivéaveclui,danslamatinée,uncertainOlivier,pilotecommesonfuturbeau-frère.Elleétait,àpeineassise,letempsdeprendreuncafé,quedéjàsasœur,luivantaitlesméritesdesoncavalierGaétan,quiarrivaitlesoir-même.Elletentadecoupercourtenchangeantdesujet,àplusieursreprises,maisAlicianelâchaitpaslemorceau.Elleneprenaitpasdegantpourclairementlacaseraveccefabuleuxpilote,pleind'avenir.Annabelleavaittrainédespiedspourvenir,carellesavaitquec'étaitexactementceàquoielleallaitêtreexposée,toutleweekend.Enplusdel'ennuiquecelaluiprocurait,elledevaitsubirl'humiliationdevanttémoin.Sonfuturbeau-frère,Simon,passeencore,maisdevantcetinconnu:Olivier,quiauraittrèsbienpuêtrelacibleviséeparsasœur,etquisemblaits'amuserdesoncalvaire,sielleencroyaitlepetitairamuséquisoulevaitlecoindeseslèvres.Pourcequiétaitduphysique,ellen'auraiteuaucunecritiqueàformuler,entout

cas.Mêmesiellen'étaitpasintéressée,quecesoitparluiouunautre,militaireoupas.Non,enfait!Surtoutpasunmilitaire!Ilétaitassis,maiselledevinaitqu'ilétaitgrandetathlétique,descheveuxbrunscourtsetdesyeuxsombrestroublantsetunpeutropinsistants.Legenred'hommeàquielleseseraitforcémentintéressée,siellel'avaitcroiséedansunesoirée.Qu'avait-ildeparticulierpouréchapperauxprojetsde"miseenrelation"desasœur.Ellel'étudiaplussérieusement.Illadétaillait,luiaussi,d'unregardsombre.Unelégèreironieflottait,aufonddesesyeux.—Quelletarevousavez,pouréchapperauxplansdemasœur?Luidemanda-t-elle,abruptement,sanssesoucierd'Aliciaquicontinuaitd'argumenter.—Ilestdéjàfiancé,répondit-elle,àsaplace.—J'espèrequevousmesurezvotrechance!Luidit-elle,alorsqu'unepetitepointededéceptionlatraversait,rapidement.Ilhochalatête,unsouriredansleregard.—Jecompatis,dit-il,avantdeselever.Onn'avaitpasdestablesàdéplacer?EnsetournantversSimon,pouréchapperàlasuitedelaconversation.—Etdesdizainesd'ampoulesàinstaller,enchainalefuturmarié,àsontour,saisissantlemessage.—Mercidemefairepasserpourunevieillefilledésespéréequichercheàtoutprixàsecaser,dit-elleàsasœur,quandleshommesnefurentplusàporterdevoix.

§Oliviern'aimaitpasmentir,maisquandsixmoisplustôt,Aliciaavaitfaitl'inventairedescélibatairesdelacompagniepourlescaseravecsessœurs,cousinesetamiespourlemariage,ilavaitdélibérémentomisdeluipréciserqu'ilvenaitderompreavecChloé.Mêmesilaphotoqu'elleavaitfaitcirculerdesessœursetsescousines,avaitdequoimettredansdebonnesdispositions,ildétestaitqu'onluiforcelamain,ouqu'ontentedelapiéger.Etlasœursemblaitégalementserebellercontresesméthodes.Paradoxalement,enlavoyant,ilcommençaitàavoirdesregrets,etàsemettreàenviercebaratineurdeGaëtan,quiallaitêtresoncavalier.Quandelleétaitentréedanslapièce,ilavaitimmédiatementsentisaprésenceetn'avaitpufaireautrementquelatrouvercaptivante.Ill'avaitvuévoluerautourdelatable,saluerlesuns,embrasserlesautres.Elleétaitd'unegrandebeautéetuneaisancenaturellequilarendaitaussitôtattirante.ElleressemblaitàAliciaquiétaitunebellefemme,maiselleavaitquelquechosedeplus.Elleétaitplusstylée,dynamique,sportive.Ilsedégageaitd'elleuneéléganceetunespontanéitéquinepouvaitlaisserinsensible.Enshortetdébardeur,commeelleétaitactuellementhabillée,elleétaittrèssexy.Seslonguesjambesfuseléesfaisaientnaîtredesimageschaudes,inhabituelleschezlui,etsesseinsopulentsdontildevinaitlalargearéolesouslefintissuclairettransparent,luidéclenchaientcarrémentuneérection,l'incitantàfuirauplusvite,loindecettebombe.Côtoyercettefamilledanssonensemble,allaitluimettrelesnerfsàrudeépreuve.Depuisqu'AliciafréquentaitSimon,ilavaitdevinéquelafamilleétaitquelquechosed'importantpourelle.Simon,lui-mêmeenparlaitavecbeaucoupdesuperlatifs.Ilcomprenaitmaintenantpourquoi.Depuisqu'ilétaitarrivé,ilavaitétéentourédebienveillanceetd'affection,alorsqu'ilneconnaissaitquasimentpersonne.Ildébarquaitpourplusieursjoursdanscettegrandedemeureettoutlemondesemblaitheureuxdesaprésence,commes'ilétaitàsaplace.C'étaitd'autantplusdérangeantqu'ilnes'étaitjamaissentiàlasiennedanssaproprefamille.Ilavaitdevinéqu'ilfallaits'attendreàquelquechosedespécialetilavaiteupourintentionderéduiresaprésenceauminimum,maisiln'avaitpaspusedérober:Simonétaitl'undesesmeilleursamisetilseraitsontémoinpourlacérémonie.Ceweekendpouvaitaussiêtreuneopportunité,mêmes'iln'avaitjamaisétédansseshabitudesde

profiterd'unesituation.D'aprèsSimon,entrelafamilleetlesamisdupèredelamariée,ilyauraitplusdegradésquepourundéfilédu14juillet.Serrerdesmainsetfairelaconversationàquelques-unsd'entreeuxpourraientluipermettredefaireprendreleviragequ'ilsouhaitait,àsacarrière.Ilcommençaitàressentirunecertainelassitudeetavaitbesoindenouveauxdéfis,volersurd'autresappareils,parexemple.Àtrente-cinqans,ilétaitdéjàfierducheminréalisé,maisvisaitplushaut.Ilavaittoujoursprivilégiésonmétieràsavieprivée,iln'avaitaucunregretvis-à-visdecesacrifice,carpourl'instant,voleravaitcomblésavie,bienplusquelesfemmesquiavaientcomptédanssonexistence,àunmomentouunautre.

§Annabelleavaitsubilesconversationsexcitéesdetouteslesfemmesdelamaison,aulongdel'après-midi,quin'avaientquedeuxsujetsàlabouche:lesdétailsinsignifiantsdespréparatifsdumariage,tellequelateintetropfoncéedesrosesetladimensiondesnappesduvind'honneur.Oubien,onenrevenait,sanscesseauxfameuxfrèresd'armesdeSimon.Danssafamille,l'uniformefaisaitunetrèsgrosseimpression,quelquesoitlagénération!Ellecontinuaitd'écouterd'uneoreilledistraitelebabillagedesfilles.Ellen'enpouvaitdéjàplusetlemariagen'étaitquedansdeuxjours,elleétaitdégoûtéeavantmêmequeçacommence.Ilallaitpourtantfalloirtenir.Uncamiondelivraisonempruntal'allée,etelleenprofitapours'éclipser.—Personnen'abesoindemoi,ici?Sonfrèreluijetaunregardenbiais,alorsqu'ilsoulevaitunepremièretable,àl'arrièreduvéhiculequivenaitd'arriver.—Ellesonteuraisondetapatience?—Siellesmentionnentencorel'unoul'autredescoéquipiersdeSimon,jevaisgerber.Avantderéaliserqu'Oliviertenaitl'autreboutdelatable,quesonfrèretransportaitsouslesarbres.—Tun'aspaschoisilafacilité,enrefusantdefréquenterl'und'eux,avecunefamillepareille!Annabellesoulevalessourcils,etd'unmouvementdetêtepoursignaleràsonfrèrequecetétrangeràlafamillen'avait,sansdoute,pasbesoindepartagerleurconversationprivée.MaisAntoinefitminedenepascomprendreetfournitquelquesexplicationssupplémentairesàl'homme.—Aprèsavoirsubilesrèglesstrictesdemonpère,pendantdesannées,Annaajuréqu'ellenesemarieraitjamaisavecunmilitaire.C'estlarebelledelafamille!Ellefusillasonfrèreduregard.Ceweekendallaitêtreaffreusementlong!Laclochedudînerretentitetladispensaderépondre.Depuisdesgénérations,laclocheappelaitlesmembresdelafamillepourlesrepas.Leparcétaitunterraindejeuxextraordinaire,maisdegrandedimension.Sil'ondevaitpartiràlarecherchedequelqu'un,çapouvaitdurerdesheures,lerepasavaittoutesleschancesd'êtrefroid.Laclocheétaitunebonneméthodederappel,àlaquelle,toutlemondes'étaitfacilementplié,souspeined'êtreprivédesortie,pourtoutretard.Ladisciplineavaittoujoursétédepaireavecl'affectiondanslafamilleLeBreuil.—Jen'aipaslaforcedesubirleursbavardages,uneheuredeplus.TudirasàMamanquejesuispartiecourir,c'estmonseulmomenttranquilleetjerentreraisdirectementchezmoiensuite.Jeneveuxpasmecouchertroptard.Jelaissemavoitureici,jelaprendraisdemainmatin,enallanttravailler.—Situl'entendshurlerjusquecheztoi,tusaurasquecen'étaitpascequ'elleavaitprévupourtoi,fitsonfrère,d'untontranquille,connaissantlecaractèredirigistedesamère.Sij'avaisétéplustéméraire,jeseraisbienvenuavectoi.—Est-cequelesinvitéssontsoumisauxmêmesrèglesquelafamille?Carj'iraisbiencourir,moiaussi,ditOlivier,ensemêlantàlaconversation.

—Nontudevraisbient'entirer,situluilaissesl'occasiondetegaveràtonretour.—Jepeuxt'accompagner?ÀAnnabellequicommençaitàs'éloigner.Olivierlaregardait,attendantuneréponse.Ils'étaitmisàlatutoyerspontanément.Aprèstout,ilsallaientsevoirtouslesjours.—Pourquoipas!Dit-elle,sansenthousiasme.Tun'espasentenue,endétaillantsachemisemanchescourtesetsonjeanentoile.Tuvastechangerettuprendscetteallée,enmontrantunetrouéedanslaforêt,àl'ouestdelamaison.Tulasuisjusqu'àcequetuarrivesàunevieillebâtisserénovée.C'estchezmoi.Maisjenet'attendraispasdeuxheures,tuesprévenu.—Compris,jevaisfairevite.

§Annabellejouaitavecsonchien,quandilpassalaclôtureduparc.Lelabradorjappadanssadirectionetseprécipitapourluifairelafête.Pourquoifallait-ilqu'ilsoitsibeau,cecon?C'estlegenrederéflexionqu'ellesefitàelle-même,quandils'avançaaprèsavoirjouéavecLitchi,sonchien.Ilportaituntee-shirtsansmanchequimoulaitavantageusementsesmusclessaillants,ellel'avaittrouvéplutôtpasmalquandellel'avaitrencontré;là,habilléléger,elleréalisaitqu'ellerisquaitdetrouverchaqueparcelledesoncorps,plusqu'intéressante.—Sacréchiendegarde!Alorsquelabêteleregardaitavecdesyeuxd'adoration,dansl'attentedenouvellescaresses.—Fraterniserestunestratégiepourmieuxembobinerl'ennemi,réponditAnnabellequisavaitquesonchiennevalaitrienpourimpressionnerunéventuelagresseur.Onyva?Aprèsquinzeminutesdejogging,Annabelleréalisaqu'iltenaituneexcellenteformeetquec'étaitluiquil'attendaitetnonlecontraire.Jusqu'àprésent,elleavaitrarementtrouvédescoureursaussicoriacesqu'elle.Ilfallaitdirequ'elleavaitpasséneufanssurlecircuitprodesurf,etmêmesielleavaitdécrochédepuisdeuxans,elleavaitcontinuéàmaintenirsaformeàunhautniveau.Etrenéedansunefamilledecinqenfants,développaitl'espritdecompétition.Elledétestaitêtreàlatraine,elles'étaitsouventmesuréeàsonfrèrequiétaitleplusdifficileàbattre.Elleaccéléralerythmepourluimontrerqu'elleenavaitsouslepied.Maisalorsqu'ellecommençaitàs'essouffler,ilnemontraittoujourspaslemoindresignedefatigue.Litchiquigambadaitderrièreeux,avait,demoinsenmoins,detempspourflâner,carleurrivalitéétaitdevenueévidente.Lesfouléesétaientlonguesetlerythmesoutenu.Siaudébut,ilsavaientbavardé,ilscouraientmaintenantsansunmot,concentréssurl'effort.Seulsleurssouffles,deplusenplushaletants,brisaientlesilence.Annabelleserralesdentsetpuisaenellepours'efforcerdegarderlacadence,jusqu'àsonretourchezelle.Elleentratrèsvitedanslamaisonpourrécupérerunebouteilledanslefrigoetsedésaltérer.Elleétaitépuiséeetmouraitdesoif.Olivierquil'avaitsuivi,laregardaboire,avantdeluiprendreleflaconetdeleporteràseslèvrespoursedéshydrater,àsontour.Chacuntentaitderetrouversonsouffle.—C'étaitunbonentrainement!FitAnnabelle,larespirationcourte.Illuijetaunregardamusé,enportantunenouvellefoislabouteilleàsabouche.Elleenprofitapourlematterpendantqu'ilbuvait.Ilétaittrèsattirantlecorpstenduparl'effortqu'ilvenaitdefournir.Lafinepelliculedetranspirationdonnaitdureliefàsesmuscles.—Tutienslaforme!dit-ellepourfairediversion,auxpenséestroublantesquil'envahissaient.Ilsouritenreposantleflaconsurleplandetravailtoutproche,etvintappuyersamainjusteàcôtédelatêted'Annabelle,surlaportedufrigo.Elleétaitcoincéedansl'espacerestreintdesesbras.Sarespirationaccéléraànouveau,particulièrementquandellecroisaleregardchaud,aveclequelilladévisageait.—Tun'imaginespasàquelpoint!Envenantpressersonbassincontrelesien.Ilétaitenérection.

Sanslâchersonregard,ilremuacontreelle.Lamassedureélectrisaitsonpubisettoutsonventreenpassantetrepassantsurcettezonesensible.Tuasleculetlesjambeslesplussexyquejen'aijamaisvu.Çaauraitétéunetorturederesterderrièretoiduranttoutcetemps.Tusaiscommentmefairecourir!dit-illavoixgrave,chargéededésir.Annabellehaletaitlaboucheouverteetcherchaitdel'air.Ellebaissalesyeuxpouréchapperàsonmagnétisme.Ilétaitsiprèsd'elle,qu'ellenepouvaitvoirqu'unautrepartiedelui.L'arêtedesonvisageétaitsiparfaitequ'elles'imaginaentraindelelécher.Elleessayad'éloignercettevisionenseconcentrantsursoncou.Saveinebattaitfollement,signedesonexcitation,aussiviolentequelasienne.Ellefermalesyeuxpouréchapperàcettesensualité.Ilétaitencoupleetcen'étaitpassongenredeprendredubontempsaveclemecd'uneautre.Elleseressaisitettournalevisagequandellesentitsonsouffletoutproche,ellenedevaitallerplusloindanscepiège.—Jenecroispasquetapetiteamieapprécierait,enéchappantàsonemprise.Unevaguededéceptiontraversanéanmoinssoncorps,frustrédeneplusêtreencontactavecuntelbrasier.Ilétaitterriblementséduisantetelledevaitsecontrôler,nepascéderàl'envie.—Oui...Mapetiteamie,répéta-t-il,enrevenantàlaréalité.Ilpassasamaindanssescheveuxd'ungestenerveuxetreprituneattitudeplusréservée.Sonsexetendaittoujourssonshort.Annabelleseraclalagorge,etdétournalesyeux.—Jevaisyalleretprendreunedouche...froide.—Ok!C'étaitsympade...courirensemble.Onsevoitdemain?Letonétaitcordial,maiselleavaithâtedelevoirpartir,etpouvoirsedétendre,ànouveau.—Oui,demain,dit-ilens'éloignantverslaporte.Hé!Anna?Tuesvraimentunetrèsbellefemme.Ellerestaplantéedanssacuisineàoscillerentredésiretregrets.

§L'avantagedetravaillerdansunmagasindevêtementsaxéssurlessportsdeplage,c'estqu'onpouvaits'habillerdemanièretrèscoole.Pendantl'été,elleétaitenshort,mêmepourallerautravail.Cettefaçond'êtreàl'aise,c'étaitexactementcommeçaqu'elleenvisageaitlavie.Etelleavaithâtedevoirsonenvironnementfamilierretrouversatranquillité.Elledevaitpasserrécupérersavoiture,avantdefilerdonneruncoupdemainàSophie.Ellesavaientungrosarrivage.Onétaitfinjuin,lasaisonavaitlargementcommencéetlestouristesallaientdébarquerenmasse,leweekendsuivant.Ilyavaittropdetravailpourqu'elleabandonnesonassociée,plusieursjours,àunmomentsicrucial.Elledébouchadel'alléequivenaitdechezelleavecunecertaineappréhension.Ellen'avaitpasarrêtédefantasmersurOlivier,unebonnepartiedelanuitetelleavaitpresqueenviedemettredecôtésesprincipes,tantilluiplaisait.Etilavaitétésitorridelaveille,qu'ellen'étaitpasencoreremise.Aucunmecn'avaitétésidirectavecelleavant,nisiconvaincantenuntempsaussicourt.Elleavaitététouteprochedeflancher.Elleespéraitnepaslecroisersitôtdanslajournée,pouressayerdeselesortirdelatête.Elleavançavers"l'écurie"avecl'intentiondesaluertoutlemonderapidement,avantdesesauver.Ilyavaitdenouvellestêtes.Lamaisonpouvaitaccueillirbeaucoupdemondepuisqu'ellecomptaitdixchambres,sanscompterquatrepiècesaudessusdel'écurie,quiavaientsouventfaitofficededortoirs,depuisqu'elleétaitenfant.Etprobablementquechaquelitseraitoccupé,pendantcettefête.Sescousinsetcousinesavaienttoujourspassé,touslesétés,ici.Ilsyétaientcommechezeux.Ilyavaitaussilesmembresdelafamillequivivaientàdistance,etlescollèguesetamisducoupledejeunesmariésquiétaientbasés,pourlaplupartdanslemididelaFrance.Aliciaavaitconviétoutlemondeàdemeure,aveclabénédictiondesamèrequiadoraitrecevoir.

Ellecherchal'uneoul'autredesyeux,afindelesprévenirqu'ellecomptaitreveniraprèsledéjeuner.—Anna!Tutombesbien!Aliciafonçaitverselle,unsourirequ'ellen'aimaitpas,auxlèvres.Derrièreelle,Olivieretunautrehomme,portaientchacundespilesdeseauxàchampagne.Elleavaitvoulul'éviter,c'étaitraté.Ellecroisasonregardetunfrissonlaparcourut,malgréelle.—Tuétaisdéjàpartiehiersoir,quandplusieursdesamisdeSimonsontarrivés,etjevoulaisteprésenterGaëtan!Ditsasœurd'untonentendu,quil'agaça.Elles'intéressaàcetautrehomme,quilacouvaitdesyeux,avecunaircharmeurqu'elletrouva,d'emblée,irritant.Elleessayadesemontreraimableetpolie,quelquesminutes,maiscouparapidementcourtquandsasœurtentad'organiserleuremploidutemps,pourqu'ilsseretrouventensemble.Ellesesentaitd'autantplusmalàl'aisequ'Olivier,planté,toutprès,neperdaitriendelaconversation.—Jesuisjustevenuedirebonjouretrécupérermavoiture,ilfautquej'ailletravailler.Onareçusoixantecartonshier,etilyenaquatre-vingts,aujourd'hui.Onaunetonnedeboulot.Disàmamanquej'essaieraisd'êtrelàverstreizeheures.—Pasplustard!Ilfautentermineraveclesfleurs!Etjenepeuxpasdemanderçaàunmec!J'aivraimentbesoindetoi,Anna!—Jeseraislà!Alorsqu'elleétaitdéjàentraindefiler.

§Lamatinéeavaitétérudeetl'après-midi,plusencore.Elleavaitétésurtouslesfrontspournepaslaissertoutletravailàsonassociée,dansunpremiertemps,etensuite,pourvenirenaideàsasœurchezquiellesentaitlestressmonter,aufuretàmesurequelajournées'avançait.Elleavaitconfectionnédescentresdetable,desbouquetspourlesdemoisellesd'honneuretlesfillettesducortège,descorbeillesetremplittoutcequipouvaitêtrefleuri.Ellen'enpouvaitplusdesodeursdefleurs.Ellenerêvaitquederentrerchezelle,maisilyavaitencorel'étapedudîner.Jusqu'àmaintenant,elleétaitparvenueàéviterOlivier.Elleavaitbiencroisésonregarddéroutantàplusieursreprises,maisilavaitétéoccupéàdestâchesquil'avaienttenuéloignées.Elles'arrangeapouravaleruneassietterapidementavantdes'éclipser,quandd'autresn'étaientencorequ'àl'apéritif.Pourcettedernièrenuitavantlemariage,Aliciadevaitdormirchezellepourrespecterlatraditionquiveutquelesfutursépouxnedormentpassouslemêmetoit,laveilledeleursnoces.Elleprévintsasœurqu'elleluilaissaitlaporteouverteetfila.Olivierlavitdisparaîtreparlaportearrière.Ilnel'avaitpasquittédesyeux,pendantlerepas.Ilnepouvaitpass'enempêcher.Elleétaitlafemme,laplusenvoutante,qu'iln'aitjamaisdésirée.C'étaitsansdouteunehistoiredechimie,cardèsqu'ilétaitensaprésence,ilsesentaitprisd'uneespècedevertige.Quandilavaitdébouchéchezelle,laveille,pourlejogging,ilavaitpresquefaituneattaque,enlavoyantavecsonshortminusculeetsabrassièrequicomprimaitsesseinsetlaissaitsonventreplat,àl'airlibre.Ilavaitcaresséduregard,sapeaubronzéeetsesformesappétissantes,enserrantlesdents.Puis,ilavaitessayéd'êtrecourtoisenlalaissantcourirdevant,maisvoirsonculondulerdevantlui,enpermanencel'avaitmissurdescharbonsardents.Ils'étaitassurédenejamaisêtreenarrière.Avantdesepermettreunetelleaudace,quandilsétaientrentrés,qu'iln'enrevenaittoujourspas.Ils'étaitmontrésidirect,alorsqu'illaconnaissaitàpeine.Illuiarrivaitd'avoirdescoupsd'unsoiroùtoutsepassaittrèsvite,maislà,lecontexteétaitdifférent.Lesouvenird'elle,contresonérectionetdesonregardquiavaitbasculéuninstant,noyéparledésir,l'avaienttenuéveillé,trèstard.Puiselles'étaitrepriseetlamagieavaitétérompue.Ellel'avaitévitée,aucoursdelajournée,ill'avaitdeviné,maisilnepouvaitpasàserésoudreàl'idéequeriennesepasseraitentreeux,etsurtoutdelavoiraubrasdeGaëtan,luiparaissaitinsupportable.

Elleétaitdéjàpresquechezelle,quandelleentenditdespasserapprocherrapidement,derrièreelle,danslenoir.—Anna!Attends-moi!Seslargesépaulessedessinèrentdanslapénombre.Ilfonçaitsurelle,déterminé.—Qu'est-cequetufaislà?Alorsquelachaleur,envahissaitsoncorps.—Tum'asévitétoutelajournée,maisçaneveutpasdirequetupeuxm'échapper,saisissantunedesesépaulespourlaramenercontrelui.Ilglissasamaincontresajoue,etl'attira.Sanslamoindrehésitation,ilposaseslèvressurlessiennes.Annabelleessayadeluttercontresondésirquimontaitbrutalement,maissoncorpssecambracontrelui,etsabouches'ouvrit,quandilypoussasalangue.Seslèvresétaientchaudes,impatientes,gourmandes.Commentrésisteràunetellepromesse?Lesmainsd'Oliviers'emparèrentdesesfessesetlescaressèrentavantdelapressercontrelui.C'étaitledeuxièmesoirqu'elleseretrouvaitplaquéecontresonérection.Elleétaitaussiexcitéequelui,maisquelquepartdanssoncerveau,ellegardaitl'idéequ'elleallaitdevoirinterrompretoutça.Maispasencore!Ellevoulaitprofiterencoreunpeudecettechaleur,quiavaitprissoncorpsd'assaut.Quandleurbaiserpritfin,ellenesavaitplusoùelleenétait.Ilétaitdouépourluimettrelatêteàl'envers.—Tumerendsdingue!Murmura-t-il,contresabouche.Allonscheztoi!J'aitellementenviedetoi.—Cen'estpaspossible,dit-elle,encoreengourdieparledésir.—Pourquoi?Savoixétaitmontéedanslesaigus.Ilyavaitunenotededésespoirdanssaquestion.—Pourdiversesraisons,enfrottantsajoue,contresontorse.Elleallaitbientôtlerepousser,etprofitaitdesdernièressecondes.D'unepart,tuasquelqu'undanstavieetd'autrepartAlicianevapastarderàarriver.—Merde!Enlaserrantplusfort.Justeundernierbaiser,alors!Avantdefondresurelle.Ellenerésistapasetsedonnasansrestrictionpourcettedernièreétreinte.Lesmainsd'Oliviercaressaientseshanches,pétrissaientsesseins.Ellen'avaitpasenviedelutter.Elleneprotestapasnonplus,quandilpassasouslaborduredesonshort.Latoileétaitsicourtqu'ilatteignit,trèsvite,ladentelledesaculotte.Ellefrissonnaquandellesentitsesdoigtsglissersousletissuetcaresserlefinduvet.Ellesependitdavantageàsoncouetenroulaunedesesjambesautourdesahanche,incapablederésisteràsondésir.C'étaitsitentantdes'offrir,etdonneràsoncorpscedontilavaitenvie.Ilneperditpasuneseconde,etpoussasesdoigtsplusloin,engémissantdanssabouche.Ils'enfonçaentreseslèvresetluiimposaundouxva-et-vient.Incapabledeluttercontrelessensationsquiserépandaientenelle,ellelâchasaboucheetsemitàgémirdoucement.—Oseprétendremaintenantquecen'estpascequetuveuxaussi!Tuaimesça,hein?—Oui!—Ettuenveuxplus?—Oui!Alorsqu'ilaccélérait.Latensionqu'ilinstillaitenelle,montaitetmontaitencore.Ellesesentaittouteprochedebasculer,quandilsentendirentlerireetlesconversationsdequelqu'unquivenait,dansleurdirection.Ilssefigèrent,avantdes'écarterprécipitamment.—C'estmasœur.Simonl'accompagne,sansdoute.Elleatoujourseupeur,danslenoir.Ilfautquetudisparaisses.Ilsnedoiventpastetrouverlà,dit-elleàvoixbasse,affolée.—Chut,nepaniquepas.Jevaisyaller.Jetevoisdemain,murmura-t-il,enluivolantundernierbaiser,avantdefilerdanslesous-bois.Elleseprécipitachezelle,étourdieparcequ'ellevenaitdevivre.

§Sielleavaitestiméqu'elleavaitbeaucouptroppenséàOlivierlapremièrenuit,cen'étaitrienàcôtédecelle,qu'ellevenaitdepasser.Elles'étaitcouchéetard,sasœurétaitsiénervéequ'ellesavaientbavardéjusquedanslanuit,enbuvantquelquesmojitos.Résultat:ellesavaientlatêteàl'enversetuneheurederetardsurleplanningprévu.Saplusjeunesœur,Agathe,nelesvoyantpasarriver,étaitvenuelessortirdulit.Ensuite,letéléphonen'avaitpascessédesonner.Leurmèreétaitdéjàsurlepieddeguerredepuisdesheures,pourcejourJ.Annabellepréféradéserter.Elleavaitletempsd'allerunpeuautravailetderevenirpoursefairecoifferetmaquillerparl'équipe,engagéepourl'occasion.EllenesesentaitpaslecouragedesupporterlestressambiantetdecroiserOlivier,çafaisaitbeaucoup.Elles'envoulaitdes'êtrelaisséealler,etd'avoiragicontresesprincipes.Elleavaiteuàsubirl'infidélitédesonexpetit-ami,etconnaissaitladouleurd'êtreunefemmetrompée.Ellenevoulaitpasfairevivreçaàuneautre,bienqu'ilsoitlemecleplusexcitantqu'elleaitcroisédepuisdeslustres,elledevaitlemainteniràdistance.Chosedifficile,carellecraquaitcomplètementpourlui.Ellearrivauneheureavantledépartpourlamairie.Leparcétaitdéjàremplidevoituresetdepersonnesentenuesdecérémonie.Ellesefaufilajusquedansl'anciennesalledejeu,quiavaitététransforméeensalondebeauté,pourlajournée.C'étaitpresquel'émeute.Sescousines,sessœurs,lesamiesd'Aliciamettaientladernièretoucheàleurmise,avecuneexcitationpalpable.Lamariéeavaiteuuneexigence:quetouteslesjeunesfemmesdesonentourage,sesdemoisellesd'honneur,portentdubleuciel.Chacunedanssonstyleavaitrespectélaconsigne.Unmerveilleuxmélangedegenresquis'harmonisaitparfaitement.Annabellepritunerapidedouche,enfilasarobeets'abandonnaentrelesmainsexpertesducoiffeuretd'uneesthéticienne.Aliciavintseposerdanslachaise,prèsd'elle.—Ilyaquelqueschangements!DeuxdescollèguesdeSimonontdûrestersurlabase,nousavonsfaitdesmodifications.Gaëtann'estplustoncavalier,ilremplacel'undesabsentsetseralecavalierdeLucie.Ilmesemblequedetoutefaçon,ilnet'intéressaitpas.TurécupèresOlivier.Iln'avaitpasdecavalièrepuisqu'ilétaitsenséavoirunepetiteamie,maisSimonm'aditquec'étaitfinientreeuxdepuisplusdesixmois.Tuimagines!Turécupèresl'officiersupérieurdemonchéri!—Hein?Ilestcélibataire?—Oui!Ilnevoulaitpasquejeluicaseunedemessœursdeforce,maisilsembleraitqu'ilaitchangéd'avis,puisqu'ilaparléàSimon,quandilaapprisqu'unedesdemoisellesd'honneurseretrouvaitsanscavalier.Aliciaenchainaavecunbabillagenerveux,noyantAnnabellesousunflotdeparoles,dontellen'écoutaitpaslemoindremot.

§Olivierenlevaunepoussièreimaginairesursamanche.Ilétaitnerveux.Deuxjoursqu'ilavaitcettefille,enpermanence,danslatête.IlétaitpresqueaussifébrilequeSimon,àcôtédelui,quiattendaitsafuturefemme,pourpartiràlamairie,puisàl'église.Ilsétaientuncertainnombred'hommesàattendredanslehall,aupieddel'escalier,quelesjeunesfemmesfassentleurapparition.Ilavaitpensévivreunmariageclassiqueoùilarriveraitauderniermomentetrepartiraitdanslespremiers,maisriennes'étaitpassécommeprévu.SimonavaitdûresterpourassisteràunréunionetAliciaétaitpartieseuleaveclavoiture.Ilauraitpuprendrel'avionpourlarejoindre,maisilluiavait

alorsproposédepartirplustôt,faireletrajetàdeux,etdelogerdanslafamilledelamariée.C'étaitl'undesesmeilleursamis,iln'avaitpasosérefuser,alorsqu'illuifaisaitl'honneurdel'accueillircommeunmembredelafamille.Etc'étaitunefamilleaffectueuse,sansdoute,encombrantequelquefois,maischacundevaitsesavoirentouréetaimé.Toutcelaétaitsiinhabitueletperturbant,riendecequ'ilavaitconnu.Etpuis,ilavaitvuAnnabelle.Commentnepascraquersurunefilleaussisplendide?Deuxjoursqu'ilétaitexcité.Ilavaitbienfaillilaséduirelaveille,maisleschosesnes'étaientpasdérouléescommeilenavaitrêvé.Ilavaitvoululuiparler,luidirequ'iln'étaitliéàpersonne.Ilavaitinventécepetitmensongepouravoirlapaix.Ilavaitpersisté,endéclarantquelquessemainesavantlemariagequesapetite-amienepouvaitpasvenir,àcausedesontravail.C'étaitplausible,sonexvivaitàcentkilomètresdedistanceetétaitinfirmière.Maismaintenantqu'ilétaitaumilieudecettefamille,c'étaitdélicatd'admettrequ'iln'avaitpasfaitbeaucoupd'effortpourparticiperàlafête.Ilavaitcherchél'occasiondeleluidire,maisilsedevaitd'aborddeledireàSimonetAlicia.Quandilavaitvulapaniqued'Aliciaetdesamère,pourunesimplehsitoiredecortègeetdeplandetableparcequ'ilmanquaitdeuxpersonnes,ilavaitpenséqu'iltenaitlà,lemoyenderétablirlavérité.Sonamiavaitridelarusedontilavaitfaitpreuvepouréchapperauxplansd'Alicia,quandilleluiavaitavouésonmensonge.Etl'avaitensuitemisengarde,quandilavaitinsistépouravoirAnnabellecommecavalière.—Tuasbeauêtremonsupérieur,tuluifaislemoindreplanfoireux,jetecollemonpoingdanslafigure.Elleenadéjàsuffisammentbavéavecsonex.—Jesuisjustedepassage.Ellelesait.Jenefaisjamaisdepromessequejenevaispastenir.C'estquoil'histoireavecsonancienmec?—Elleaintégrélecircuitproensurfquandelleavait,àpeine,dix-huitans.Ellearencontréunmec,unsurfeurprofessionnelaustralien.Ilssesontmisencouple,çaaduréneufans.L'histoires'estarrêtéeilyadeuxansquandellel'atrouvéaulitavecuneautre.Deuxsemainesplustard,elleseblessaitsérieusementaugenou,lorsd'unecompétitionàHawaï,sasaisonétaitfinie.Elleachoisidemettrefinàsacarrière,l'annéesuivante.Çafaisaittropàencaisser.Elles'estremise,maisnevapaslachambouler,compris?Enfin,situpensesavoirunechance,carjecroisquelesmecsenuniformenelafontpasrêver!Ilétaitaupieddel'escalieràattendrelafilledesesrêves.L'idéesemblaitsisaugrenuequ'ilavaitenvied'enrire.Pourtant,c'étaitvrai!Ilavaitrêvéd'elle,souvent,cesdeuxdernièresnuits.Etcôtéphysique,quelhommen'auraitpasespérerrencontrerunefilleavecuneplastiqueaussiparfaite.Elleétaitlafilledesesrêvespourleweekend,aprèscela,ilrepartiraitvivresaviedemilitairedebaseenbase,sanschercheràs'attacher.Ilavaittropsouffertdevoirsonpèredisparaîtredesavieaprèsledivorceetd'êtreletémoinimpuissantdeladouleurdesamère.Ilnevoulaitpasconnaîtreçapourlui-même,bienqu'ilaiteul'occasiondevoir,depuisqu'ilétaitlà,quecertainesfamillessavaients'accommoderdelaviemilitairedansl'harmonie.Unbrouhahasoudainluifitreleverlenez.Lamariéedescendaitl'escaliersouslesapplaudissements.IldevinaSimonpritparl'émotion,àcôtédelui,etluidonnaunetapeamicalesurl'épaule.Puisunevaguedejeunesfemmesenbleucieldéferla,àsontour,lesmarches.Enmoinsd'uneseconde,illarepéraaumilieudesautresetaccrochasonregard,ausien.Elleluiadressaunsourireetileuttoutletempsdel'admirercarelleseprêtaaujeudesphotos,ellepritlaposeavecdiversmembresdelafamille.S'ill'avaittrouvébelleavant,elleluisemblaitcarrémentdivine,danscettetenuetrèsélégantequiépousaitsoncorpssouple.Ledécolletéaudacieuxattiraitsonregard,commeunaimant.Quantauchignonqu'elleavaitadopté,ilrêvaitdéjàdeledéfaire.Iladoraitsescheveuxchâtainsclairsquidescendaientjusquesursesépaules,enondulant.—Ilparaitqu'ilyaeubeaucoupdechangementspendantquej'étaisautravail,cematin.Aliciam'adit

quej'avaischangédecavalieretquetapetite-amies'étaitévaporée!—Oui,ilyaplusdesixmois,maisjetrouvaispratiquedelaissercroirequ'onétaitencoreensemble,pouréviterlesplansdetasœur.—C'étaitmalin!Enfaisantlesdernierspas,pourarriveràsahauteur.—Bonjour,dit-il,enl'embrassantchastementsurlajoue.Tuesmagnifique.Tasœurestsenséeêtrelaplusjoliefemmedelajournée,maisjepensequevousl'êtesaumoinsautant,l'unequel'autre.Tuessublime!—Tun'espasmal,nonplus,danstonuniforme!—J'espèrequetumetrouverastoujoursàtongoût,quandtumedécouvrirassans!Elleluiadressaunsourirecoquinets'interrompitbrutalement,quandelleentenditlatouxdesonpère.—Chérie!Jevoulaisfaireunephotoavectoi,ens'adressantàsafille.Tuesmagnifique.Mesfillessontdesbeautés,jesuissifierdevoustoutes.Lieutenant?Pourriez-vousfairequelquesportraits,jevousprie?Enluitendantsonappareilphoto.—Biensûr,moncolonel,enadoptantunerigiditémilitaire.Ils'exécutaens'appliquant.Iln'avaitpasdedoute.Lepèred'Annabelleavaitentendusesderniersmots.Ilnel'avaitpassermonné,maisl'avaitscrutéendétails.Ilsesentaitensursis.Pourtantmêmelacraintededéplaireàuncolonelquipourraitbienêtresonsupérieur,unjour,neparvenaitpasàledétournerd'elle.Illuitenditlebrasavecunecertainefiertéetl'entrainaverssavoiture,biendécidéàêtresonchevalierservant,toutelajournéeet,bienplus,aprèscela.—Est-cequetucroisqu'onpeutfaireunehaltedansunsous-boissurlechemindelamairie?dit-il,samainsurlahanchedelajeunefemme,pendantqu'illuiouvraitlaportière.—Nousseronsaumilieud'unlongcortègedevoitures,notreescapaderisqueraitdenepaspasserinaperçu.D'autantquetut'esdéjàfaitrepérerparmonpère.—Jel'aitrouvéplutôtcool,d'ailleurs.—Tuplaisantes?Tueslegendreidéalpourlui!Iljubiledepuisqu'AliciaetSimonontparlédesemarier.Ilnevasûrementpastemettredesbâtonsdanslesroues,situasunechancedemefairerevenirsurmapromessedenejamaisépouserunmilitaire.—Ettupenseschangerd'avis,parcequeçameparait,unpeu,précipité,detoutefaçon!Elleéclataderire,pendantqu'ilcontournaitlavoiturepours'asseoirauvolant.—Net'inquiètepas!Jesaisquetureparsdansdeuxjoursetjen'aipasl'intentiondetecouriraprès.—Etd'icilà,rassure-moi,onvaquandmêmeenprofiter,unpeu?Ensepenchantverselle,presqueàfrôlerseslèvres.

§Lamusiques'arrêtaetAnnabelleprofitadelapausepourchercherOlivierduregard.Ilavaitunecoupedechampagneàlamainetbavardaitavecundesesamis,pilotes.Unedélicieusetensioncrispasonventre,commeàchaquefoisqu'elleposaitlesyeuxsurlui.Toutlemondepensaitqu'elledétestaitl'uniforme,maisc'étaitfaux.C'étaitjustelescontraintesdelaviedeconjointquinel'avaitjamaisfaitrêver.Mêmesic'étaitunbeaujourqu'ilsvivaienttouslà,ellenepouvaitoublierlesjoursd'angoisse,quandsonpèreétaitpartipourplusieursmoisenAfrique,auMoyen-OrientouenAfghanistan.Elleavaitdétestéça.Parcontre,elleavaittoujourseubeaucoupd'admirationpoursonpèreetneletrouvaitjamaisaussibeauquelorsqu'ilportaitl'uniformedecérémonie,commeaujourd'hui,ilrestaitsonhéros.Ellepensaitlamêmechosedesonfrère.Elleavaitproférécettefameusepromesse,ilyaquinzeansetn'avaitjamaisprislapeinederappelerdepuis,qu'ellen'étaitqu'uneenfantàl'époque.Detoutefaçon,songenred'hommependantdesannéesavaitétélestylesurferdécontracté,l'opposédetouterigueurmilitaire.DécouvrirOlivieraupieddel'escalier,danssonbeluniforme,encompagniedeSimonetquelques-unsdeleursacolytes,avaitfaitflamberd'uncoup,ledésirqu'illuiinspirait.

Elleavaitessayédegarderunecertainetenuetoutelajournée,pournepasseretrouverdansl'embarras,maisellenerêvaitqued'unechose:s'envoyerenl'air,aveclui.Enplusd'êtresexyetbeau,ilavaitétéungentlemantoutelajournée,enfinsaufquandilluimurmuraitdestrucschauds,quilafaisaientfondre.Ilavaittenusonrôleàlaperfection,restantsouventprèsd'elle.Sibienquedenombreusesrelationsdelafamillecroyaientqu'ilsétaientvraimentencouple.Audébut,elleavaitrectifiéleurméprise,puisaufilduvind'honneur,elleavaitlaissétomber,d'autantqu'Olivierenroulaitsouventunbraspossessifautourdesataille,etjouaitlespetits-amisprotecteursavecunecertainedosederoublardise,quilamettaitencoreplusendifficulté,faceauxquestionsdespluscurieux.Ledîneravaitétéunsupplice.Samain,sanscesse,sursacuisseetquelquefoismêmeplusloin,l'avaitmaintenusurdescharbonsardents.Lebalavaitensuitecommencé.Elleavaittournédanssesbras,surprisequ'ilmaitriselavalse.Ilavaitsouventdanséavecelle,profitantdequelquestête-à-têtepourluidirequ'iln'enpouvaitplus.Pasuneminute,ilsn'avaientpus'éclipser.Elleavaitdanséetfaitlafolleavecsessœursetsescousines,commeàchaqueréuniondefamille.Sielledisparaissaitunmoment,personnenes'enrendraitvraimentcompte.Lesinvitéss'étaientéparpillésentrelestables,lapistededanseetunepartieduparcquiétaitéclairéedelampions,pourl'occasion.Elleavaitjouéleshôtesses,toutelajournée,auxcôtésdesesparentsetdesesfrèreetsœurs.Ellepouvaitenfinpenseràelle...etàOlivier.Ildutsentirsesyeuxposéssurlui,carilseretournaetlafixad'unaircurieux,quandilvitleregardcoquinqu'elleluiadressait.Elleinclinalégèrementlatête,indiquantuncoinduparc.Elles'excusaauprèsdesescousinesetpritladirectiondelamaisoncommepourallerauxtoilettes,maisbifurquaverslejardinpotager.Cettepartieétaitplongéedanslenoir,etentouréedemursclos,personnenes'aventureraitverslà,aucoursdelanuit.ElleavançaitprudemmentavecsestalonsetcommençaitàsedemandersiOlivieravaitsaisilemessage.S'ilnelarejoignaitpasd'icipeu,elleallaitpouvoirrebrousserchemin.—J'adoreceparc!Ilyatoujoursunendroitdiscret,àexplorer!Fitlavoixchaudedesoncavalier,derrièreelle.—Etjesuislaparfaiteguide!J'enconnaischaquerecoin.—Etlequel,comptes-tumemontrer,maintenant?ensaisissantsamain,avantd'avancercôteàcôte.—Lacabaneàoutilsdemonpère,aufonddupotager.Personneneviendranousdérangerlà-bas.—J'avaispenséqu'oniraitcheztoi.—Çan'estpasexclu,maisc'esttroploin.Ilestàpeineminuitetjedoisresterencorequelquesheures.Mais,jen'enpeuxplus,j'aienviedetoi!Enouvrantlaportedujardinclos.IlrepoussalaportederrièreeuxetplaquaAnnabellecontrelui,approchasonvisagetoutprèsdusien,devinantsestraits,seulementéclairésparlaluneetlesétoiles.—J'adorequandunefemmemeparleainsi.Moiaussi,j'aienviedetoi!Tun'aspasidée,àquelpoint!J'aivécuunputaind'enfer,toutelajournée.—Moiaussi!Avantd'écraserseslèvres,avecfougue.Ilsrestèrentlà,às'embrasserlonguement,àlaisserlibrecoursàleurpassion.Lesmainsd'Oliviercouraientsurlasoiedesarobe,s'attardaientsurseshanchesetsesfesses.—Viens,dit-elle,ens'écartantpourprendreladirectiond'unemassesombre,aufonddujardin.Lecabanonenboisavaitsouventétélerefugedesenfants,etavaitservideterraindejeux,enmêmetempsquederéserveàoutils.—Tuessûrequec'estlemeilleurendroitpourunepartiedejambesenl'air?—Avectroiscentcinquanteinvités,iln'yapasunendroitdelamaisonoùonseratranquille,pareilpourleparc.Etilfautqu'onsoitderetourdansvingtminutes,onnepeutpasfairedeskilomètres.—Vingtminutes?Aveccinqminutesdetrajet.Tuveuxduvitefait!

—Viteetbien,ronronna-t-elle,enl'attirantàl'intérieur.—Trenteminutesalors!encaressantsesfesses,alorsqu'elles'affairait.—Onserattraperaplustard!Situtienslaforme,biensûr!—Tuvasvoirça!Elleallumaunesuspensionquiéclairaitàpeine,au-dessousd'elle.—Ilyauntasdepoussière!Difficiledenepassesalir!—Ilyatoujoursdessolutionsquandonaenviedequelquechose,dit-elle,entirantunechaiseenteckrecouvertedecoussins,d'uncoindelapièce.Ellepassasamainpouréliminerquelquesbrindillesaccrochées.Oliviersaisitsonpoignetetl'attiracontrelui.—C'estbon!murmura-t-ilcontresabouche.Jevoisleplan!Maintenant,laisse-moitetoucherunpeu.Ellen'eutpasl'occasionderépondre,carilglissasalanguedanssabouche,etnelalâchaquelorsqu'illasentitfondrecontrelui.Annabellelelaissamenerlasuite,carchaquecelluledesoncorpsleréclamaitdepuistroplongtemps.Legentlemanqu'elleavaitconnutoutelajournée,laissasaplaceàunhommeplusrude,moinsgalant.Sesmainsnaviguaientsursoncorps,impatientesetcurieuses.Ellen'étaitpasenresteetavaitouvertsachemise,entremêlaitsesdoigtsdanslafinetoisondesontorse,pendantqu'elleexploraitsoncou,avecsabouche.Ilremontaitlentementsarobe,aufildesonexploration.Elles'écartaunpeuvite.—Qu'est-cequ'ilt'arrive?Dit-il,surpris.—Jegagnedutemps!Enpassantsesmainssoussarobepourfairedescendresaculottededentelle.Ellel'enjamba,avantdeleposersurlecoindelavieilletable,appuyéeaumur.Ellerevintsecoulercontrelui,léchaseslèvres,avantd'ajouter.—Tudevraisfairelamêmechose,ensaisissantsaceinture.—Disdonc,tusaiscequetuveux,aujourd'hui!Enjoignantsesmainsauxsiennespourdéfairesonpantalon,ravidesonempressement.—Hier,jetecroyaisencouple!Çanesignifiaitpasquejen'avaispasenviedetoi,enmordillantl'undesestétons.Ildéfitsaceintureetouvritsabraguette,laissantàsapartenairelesoindeterminerl'effeuillage.Ilmouraitd'enviedes'aventurerplusloin.Sansunehésitation,ilrelevasarobejusquesurseshanches.—Tuesincroyable!...Délicieuse,etchaude!Trèschaude,même!Olivierquivenaitd'effleurerlachairdouced'Annabelle,poussaplusloinsondoigtdansl'étroitpassagequ'ilavaitdéjàexploré,laveille.Elletressaillitavantdesecambrer,enécartantlescuisses.Ellesemitàondulerdeshanchessansretenue,tandisquelesdoigtsaccéléraientleurdansefolle.Annabelleétaitconscientedesonproprecorps,commejamaisauparavant.Partoutoùillatouchait,ellesentaitchaquecellules'embraser.—Aaah,j'adoreça!Maissitunet'arrêtespasmaintenant,jevaisjouir,enhaletant.—Etcen'estpascequetuveux?—Si,maispascommeça!Tuasunpréservatif?—Oui!Jenepassepasunejournéeauprèsdetoi,sanscegenredechosedansmespoches,enfouillantsonpantalon.Ilensortitunemballagebrillant,puistirasonboxerverslebaspourdégagersonsexeenérection.Ilneperditpasuneseconde,laguidaversledossierdelachaiseetl'incitaàs'appuyerdessus.—Cen'estpascommeçaquejevoyaislachose,quandilvintseplacerderrièreelle.J'avaispenséquetut'assiérais...—Uneautrefois,mabelle,ensemontrantplusdirectif.J'aitropenviedeprofiterdelavuedetes

fesses,enremontantlarobe,pourlaisserlepassagelibre.Ilguidasonmembreets'enfonçaengémissant.—Putain,jen'enpouvaisplus!—Oh,oui!Alorsqu'ilbougeaitleshanches.Continue!—Riennepourram'arrêter,crois-moi!enaccélérantlacadence.Leursgémissementsetleurscrisemplissaientlepetitespace.Ilsatteignirenttrèsviteunerareintensité.Oliviervivaitlefantasmequil'avaitexcitétoutelajournée:retroussersonéléganterobeetlaculbutercommeunsauvage.Ilnecherchaitpasàbridersondésir,ilauraitsansdouteeuquelquesscrupulessiellen'avaitpasappréciélerythmeendiabléqu'illuiimposait,maisilsavaitqu'elleaimaitça,autantquelui.Ellesecrispaitetsescris,deplusenplusrauques,luilaissaientcroirequ'elleétaitprochedel'orgasme.Ilespérait,entoutcas,parcequ'ilneseraitplustrèslongàjouir.Leson,presqu'unfeulement,qu'Annabellepoussaensecambrantsouslui,décuplasesdernièresforces.Ilencerclasataillepourlasouteniretlamaintenircontrelui,pendantqu'illuidonnaitquelquesdernierscoupsdereins,sanslaménager.Ilfutbalayéparlajouissance,etduts'appuyersurledossierdelachaise,pournepass'effondrer.Ilseperdituneminuteoudeux,emportéloindetoutcequ'ilconnaissait.Soncœurbattaitàtouteallureetsoncorpsvibraitencore,secouéparl'intensitéqu'ilvenaitdevivre.Ilsedébarrassarapidementdupréservatifafinderemontersonpantalon,tombésurseschevilles.Ilvoulaits'asseoirauplusvitesurlachaise,pourlaprendresursesgenouxetlaserrercontrelui,sansperdreuneseconde.Ellesemblaitgroggy.—Çava,mapuce?—Trèsbien!Laisse-moiplanerencoreunpeu,dit-elle,ensenichant,danssoncou.Ileutunpetitrire,avantd'embrassertendrementsescheveux.Ilétaitoutrageusementheureux.Ilsregagnèrentlafête,séparément.Annabellenevoulaitpasquesafamilleluitombadessusetsemêladesesaffaires.Olivierl'avaitcomprisetnes'étaitaucunementsentiblessé.Rienn'auraitpuleblesser,d'ailleurs.Ilétaitportéparl'euphoriedecequ'ilvenaitdevivre.Ils'attendaitàquelquechosedefort,puisqu'ilavaitrongésonfrein,unebonnepartiedelajournée,maisilétaitKO.Ils'étaitdéjàéclatéavecdesfillessuperchaudes,maisjamaisiln'avaitconnuunetelleosmose.Iln'avaitqu'unehâtequelafêteprennefinetqu'ilsfilentchezelle,puisquec'étaitcequ'ilsavaientconvenu,enquittantlacabanedejardin.

§Annabellealignalescintressurleportantetrejoignitlecomptoirpourencaisserunclient.Ilétaitplusdetreizeheures,elleétaitlàdepuisplusdetroisheuresetn'arrivaitpasavoiruneseulepenséecohérente.Ellesesentaitépuiséeetlâche.Letravailavaitétéunbonprétextepourquitterlamaison,sonlit,etsurtoutOlivier.C'étaitundimanche,maisquandonpossédaitunmagasinsurlechemindelaplage,iln'yavaitpasdejourdefermeture,pendantl'été.Sophieetunejeunefilleengagéepourl'été,assuraientunebonnepartiedutravailcesderniersjours,maisellen'avaitpasvoulusereposersurelle,sansaider.Iln'étaitpasprévuqu'elleviennetravailler,encelendemaindemariage,maisc'étaitunexcellentrefugequandonvoulaitéviterdepenser.Saufqueçanemarchaitpas.Ellenepouvaitpasprétendreêtreefficace,encettefindematinée.Ellen'arrivaitpasàpenseràautrechosequ'Olivieretlanuitqu'ilsavaientpasséeensemble.Lapremièrefoisdanslecabanondejardinavaitététrèschaude,maisn'avaitrienàvoiraveclafaçondontilluiavaitfaitl'amourdanssonlit,quandilsétaientrentrésàcinqheures.Ill'avaitrendudingueavecunelenteurinfinie,ilavaitfaitvibrersoncorpsavecunevariétédecaresses,commepersonnenel'avaitfait,avantlui.Ilsavaientterminéépuisés,alorsqu'ilfaisaitdéjàjour.

L'alarmeprogramméedesontéléphoneavaitvibré,deuxheuresplustard.Elleavaitpréféréseleveretpartirplutôtquederesterblottiecontreluietprendrelerisquedes'attacher.Ilpartaitlelendemainetellesentaitdéjàqu'elleallaitbeaucoupleregretter,ellenevoulaitpassouffririnutilement.Ellepréféraitnepastrops'impliquer.Ils'étaitréveillé,alorsqu'ellesortaitdeladouche.Elleluiavaitditderesterdormiretclaquerlaportelorsqu'ilregagneraitlamaisondesesparents.Ellen'avaitpasdonnéderendez-vouspourplustard,nifaitdepromesse.Sontéléphonesonnaunenouvellefois,avantmêmededécrocher,ellesavaitquec'étaitsamèrequirappelait.Elleavaitdéjàappelétroisfoisenunedemi-heure.Elleétaitattenduepourledéjeuner.Lafêteduraittoutleweekendetunrepasétaitdonnépourlesamisencoresurplaceetlesproches,prèsdecentcinquantepersonnes,aumoins,seraientencoreprésents.Elleavaithâtequetoutceramdamsetermine.—Oui,maman?—Jet'appelaisseulementpourtedirequej'aienvoyédumondepourallertechercher.C'estlemariagedetasoeur,ettudoisêtreprésente,jusqu'aubout!Agathenedevraitplustarderàterejoindre,pourteramener.—J'allaisrentrer!—Oui!Sansdoute.Maispasavantcesoir!Tuasintérêtànepastarder,sinon,c'esttonpèrequisedéplacera!Annabelleraccrocha,agacéequesamèrecontinuedelatraitercommeunegamine,alorsqu'elleallaitavoirtrenteans.Lesgrandsrepasdefamilleavaienttoujoursétéunsujetdeconflit,entreellesdeux.Annabelleneraffolaitpasdecesjournéesbruyantesetfatigantes,alorsquesamères'acharnaitàenorganiseraussisouventquepossible,enexigeantsaprésence.Elleconnaissaittoutessesrusespouryéchapperetbrandissaitlamenacesuprême,qu'étaitsenséeêtrelacolèredesonpère,endernierressort.Cinqminutesplustard,Agathedébarquaitaumagasinencompagniedeceluiquiavaitétésoncavalier.Oliviermarchaitjustederrièreeux.—Voicilacavaleriepourteramener,mavieille,fitAgatheenseplantantdevantlecomptoir.—Jesais!MadamelaGénéralevientd'appeler.C'étaitlesurnomquelesenfantsdonnaientàleurmère,quandelledistribuaitdesordres.Mêmesonmari,bienquegradé,filaitdroit.—Tupeuxrepartir,jevaisramenermavoiture.JevaisdiredeuxmotsàSophie,jerécupèremonsacetjevoussuis.Acepetitjeudefairecommes'iln'yavaitrienentreeux,Annabellesesentaitmal.Ellen'avaiteuqu'uneenviedèsqu'ellel'avaitvu:seblottirdanssesbras.Cen'étaitsansdoutepasl'attitudelaplusraisonnable,maisellevoulaitprofiterdelui,tantqu'ilétaitlà,mêmesileretouràlaréalitéseraitdurd'iciunjouroudeux,quandilseraitparti.Quandelledébouchaaucoindel'immeuble,ellenevitquelui.Ilétaitassissurl'ailedesadécapotable,enpoloetbermuda,ill'attendait,lesjambescroisées.Dèsqu'illavit,ilseredressa,remontaseslunettessursonfront,etseprécipitaverselle.Ilneluilaissapasletempsdeparler,ill'embrassaenlaserrantfort,danssesbras.—Tum'asmanqué,dit-ildoucement,contresabouche.—Tum'asmanquéaussi.—J'aipréférévenirtechercher,jen'étaispassûrdesraisonsdetondépartprécipité,cematin.—C'estlapleinesaisonquicommence,jenepeuxpaslaissertoutletravailàmacollègue,éluda-t-elle.—Tuveuxquejeconduise?Demanda-t-ilpourchangerdesujet,etnepasinsisterdavantage.

Letrajetn'étaitpastrèslong,sortidel'urbanisationduborddemer.Ilyavaitunepinèdeàtraverseretunpetitbourg.Annabelleindiquaitlarouteàprendre,aufuretàmesure.—Pourquoitum'aslaissécematin?Répondssincèrement,cettefois,s'ilteplait.Ellesetournaverslui.Ilavaitrechausséseslunettesdesoleiletsemblaitencoreplusaussisexy,ainsi.Chaquefoisqu'elleleregardait,elleavaitcettemontéed'émotions.Pourquoisevoilerlaface?Illuiplaisaitvraiment!Totalement!—Parcequetuparsdemainetquejeneveuxpasm'attacher,inutilement.Elleétaitétonnéed'avoirtrouvélesmotsjustespourexprimerlasituation,tellementellesesentaitembrouillée,perdue.Ilpritunmoment,avantdedirequelquechose.—Tumeplaisaussi,beaucoup!—Oui!Bençachangerien!DitAnnabelled'untonbougon.Et!Tufaisquoi,là?Olivieravaittournébrutalementets'engageaitsurunpassageentredeuxparcellesdepins.—Jechercheuncoinpourbaiser,dit-ild'untonplacide,enaccélérantsurlecheminsablonneux.—Jetesignalequ'onn'apasletemps!Mamèrenousattend!—Jepensequetuasremarquéqu'entrenous,quecesoitunpetitcoupvitefait,ouunlongcâlin,c'esttoujoursgénial!Çaneprendrapaslongtemps,maisj'aitropenviedetoi.Jenesaispassic'estpareilpourtoi,maisquandonestensemble,jenepensequ'ausexe.Jesuisentraindedevenirunobsédésexuel,etj'adoreça!Ellel'observait.Ilnequittaitpaslechemindesyeux,maisprenaituntondécontracté,presquetaquin,pourluidiredeschosesquilabouleversaient.—Allez,pasdetempsàperdre!Enlèvetesfringuesetpasseàl'arrière!Elleletrouvaitunbrinautoritaire,maisl'excitationl'avaitdéjàgagnéetelleobtempéra.Elleretirasesvêtementsetseretrouvanuedansladécapotable,souslesoleil,alorsqu'Oliviercherchaituneclairièrepourarrêterlavoiture.Ellesedemandaitcommentilpouvaitencoreêtreenforme,aveclanuitqu'ilsavaientpassé.—Là,ceseraparfait!Dit-il,enstoppantlevéhicule.Elleavaitenjambélevide-pocheentrelesdeuxsièges,avantdeseposersurlabanquettearrière.Ilneperditpasuneseconde,retirasonpoloqu'illançasursonsiègeetdéfitsonboutondebraguette,àpeinesortiduvéhicule.Ilouvritlaportearrière,alorsqu'elleavançaitdéjàsonbassin.Ilfouillasespoches,avantdelaissersonbermudaglissersurseschevilles.Sonboxerpritlemêmechemin,deuxsecondesplustard,pendantqu'ilenfilaitunecapote.—Ramènetonjolipetitcul,chérie!Dit-ilenlatirant,sansménagement.Annabellenesereconnaissaitpas,elleétaitsaisieparlamêmeurgence,quelui.Ellesefoutaitd'êtreenpleinjour,surunecheminoùquelqu'unpouvaitsurgir,àtoutinstant.Ellenerêvaitqued'unechose:lesentirenelle.Elleluiabandonnaitsoncorps,elleadoraitmêmequ'illamalmèneunpeu.Sabrusquerieluiplaisaitautant,queladouceurdontilavaitfaitpreuve,aucoursdelanuit.Illasaisitparlataillepourlarameneràlui,sefaisantuneplace,entresescuissesouvertes.Ilguidasonsexejusqu'àl'entréemoite,etd'uncoupdereins,plongea,profondémentenelle.Aprèsquelquesmouvementsdeva-et-vient,ilsemittoutàfaitàl'aise,enposantleschevillesdelajeunefemme,sursesépaules.Sesfessesnetouchaientpluslabanquette.Elleétaitensuspension,ballottéeparlerythmefougueuxqu'illuiimposait,lecorpsenvahiparleplaisirquimontait,rapidement.Lescuissesd'Olivierclaquaientcontresesfesses,provoquantundélicieuxbruit.Lesjambesdelajeunefemmevibrèrentcontresontorse,enmêmetempsqu'ellesecrispaenproduisantungémissantrauque.Ils'emballaavantdesecambrer,àsontour,dansl'extase,ets'effondrasurelle,heureuxetdésorienté.

Quandilssesouvinrentqu'ilsétaientattendus,unventdepanique,lesfits'activer,enmêmetempsqu'ilessayaitdecomprendrecequ'illuiarrivait.Elleavaitquittélelit,lematinmême,crispée.Àmoitiéensommeillé,ill'avaitregardépartiretluiéchapper.Unepetiteangoisses'étaitinstallée.Cesentiments'étaitrenforcéquandilétaitarrivédanssaboutiqueetqu'elles'étaitmontréefroideetdistante.Ilavaitdevinéqu'elleétaitpréoccupée.Sansêtresûrdecequilaperturbait,ilétait,lui-mêmetristeàl'idéededevoirpartirlelendemainetlalaisserderrièrelui.Iln'avaitpasenviequeçaseterminedéjà.Quandelleavaitadmis,fuirsoncontactpournepass'attacher,sonangoisseavaitprisledessusetiln'avaitplussongéqu'àuneseulechose,laposséder.Oui!Ilvoulaitqu'ellesoitàlui!Mêmedemanièreéphémère!Peut-êtrepasseulementpouruncourtinstant!Iln'étaitpasprêtpourtoutcequ'elleluiinspirait,etnesavaitpasfaireautrechosequelaposséder.Etilseretrouvaitlessivé,àforcedeluifairel'amour.Maiselleluioffraitlesmoments,lesplusérotiques,qu'ilaiteusàvivre.Alorsqu'ilsavaientreprislaroute,lesimagesetlessensationsdeleurrapideétreinte,resurgissaientdanssatête.Fairel'amouràlafemmequ'ondésireplusquetout,defaçontorride,sousunsoleildeplomb,àl'arrièred'unedécapotable,touchaitàlaperfection.Etlaperfection,ill'avaitatteintplusieursfois,depuislaveille.C'étaitperturbant,unsentimentinhabituelchezlui,pourquileself-contrôleetlamaitriseétaientsonquotidienetsaqualitépremière.Ilgaralavoitureprèsdecelledelajeunesœurd'Annabellequisemblaitlesavoirprécédédequelquessecondes,àpeine.Agathejetaunœilcirconspectàsonainée.—Tuferaisbiend'allerterafraîchir!Tuasunetêtedanslegenre:retourdebaise!Sonregardvolajusqu'àOlivierquisetenaitdel'autrecôtéduvéhicule.Luiaussi,d'ailleurs.Annabellesouritd'unairentendu.—C'estdrôle!Ondiraitbienquetuaslamêmetête!Agatherougit,etjetaunregardenbiaisaucapitainequiluiavaitservidecavalierdurantlemariage.Annabelles'éloigna,ravied'avoirclouélebecàsasœur.Ledeuxièmejourderéjouissancesétaitplusdécontracté.Lerepasétaitsimpleetl'après-midis'étirait,ponctuépardesjeuxdepleinairetdesconversationsjoyeusesdesconvives.Sansseconcerter,ilsnes'étaientpasvraimentlâchés.Leursdoigtss'emmêlaient,leursregardssecherchaient.Iln'avaitéchappéàpersonnequ'ilss'étaientbeaucouprapprochésetAnnabellenevoulaitpasréfléchiràcequelesautresallaientimagineretluirebattrelesoreilles,parlasuite.Ilrepartaitlelendemainetelleprofitaitdeluiencoreunpeu,l'écoutait,essayaitdeledécouvrir.Aliciaetsamèreétaientalléesdetableentable,échangeravecleursinvités.Annabelle,tropfatiguée,étaitrestéedanssachaiseàécouterOlivier,Simonetcertainsdeleursamisdiscuterensemble.Elleregardait,détachée,lespectacledesafamilleheureuseetexubérante.Elleavaitri,quandsonpèreavaitexulté,d'avoirbattupourlapremièrefois,sonbeau-frèreetsesneveuxdanslejeudutirdecorde.Unevictoiren'effaceraitpasvingtansdedéfaitesencaissées,lorsdechaqueréuniondefamille.Iln'yavaitquedanscesmoments-làqu'ilregrettaitd'avoirdesfilles,plutôtquedesgarçons.L'autreéquipeavaitbienunpeurâlédevoirdenouvellesrecruesgrossirlesrangsdesLeBreuil.MaisSimonfaisaitbeletbienpartiedelafamilleetlesremouscréésparl'intégrationsubited'Olivierdansl'équipe,avaitcesséquandlecolonelavaitditqu'iln'étaitpasresponsabledeschoixdesesfillesenmatièred'homme,maisqu'illestrouvaitnéanmoins,appréciables.Elleavaitvulafindejournéearriveravecuncertainsoulagement.Elleétaitépuiséeetlemomentfatidiquedelaséparationcontribuaitàlarendre,deplusenplus,tendue.Elleavaithâtedeseretrouverseule,pourenfinselaisseraller.

Elleluiavaitdemandédelaraccompagnerjusqu'àsavoiture,carelleavaitdécidéqu'unenuitsupplémentaireseraitdetrop.Ilsavaientjouélestourtereauxlesdernièresheures,maislaréalitéétaitqu'ilrepartaitavantl'aube,etqu'ilsnesereverraientpas.Ellen'étaitpasfaitepourlesamoursàdistance.Leursviesn'étaientcompatibles.Ilavaitdesambitionsetdesobjectifsprofessionnelsauxquelsiltenaitetelleavaitassezbourlingué.Ellesavaitmaintenantqu'ellevoulaitresteraccrochéeàsacoteaquitaine,vivreici,jamaisloindelaplage,entrelesurfetsesracinesfamiliales.Ilavaitunpeuinsistépourvenirpassercettedernièrenuitavecelle,maiselles'étaitmontréeferme.Ellen'avaitdormiquedeuxheuresendeuxjoursetdevaittravaillertoutelajournéedulendemain.Leurbelleromances'arrêtaitlà,pourelle.Elleavaitfiléchezelle,avantl'heuredudîner,aprèsundernierbaiserpleind'émotions.Ilsavaienteudumalàselâcher.

§—Jecroyaisqu'ons'étaitdéjàditaurevoir,toutàl'heure!ditAnnabelle,enledécouvrantsurleseuildesaporte.Elleavaitmisunmomentàsortirdusommeil.Elleavaiteuunpeudemalàs'endormir,l'espritencoreaccaparéparcedouloureuxadieu.Maislescoupsinsistants,frappésàsaporte,avaientfiniparlaréveiller.Elleavaitenfiléunfinpeignoir,àlava-vite,etétaitalléevoirquidébarquaitchezelle,àpresqueminuit.—Jen'arriveraispasàdormir.Jevoulaistevoir.Cen'étaitpasunebonneidéederesterchacundenotrecôté,cettenuit!dit-il,englissantsamaindanslescheveuxpourramenersonvisagejusqu'ausien.Ilpritseslèvres,fébrilement.Lorsqu'ils'écarta,elleétaitaussitroubléequelui.Laisse-moientrer,jet'ensupplie.Ilavaitunairsimisérable,siperduqu'ellen'eutpasl'envied'argumenter.Ilallaitluienfairevoir,s'ils'accrochaitcommeça.Ellenesesentaitpaslecouragedelerepousser,encore.Sielleregardaitlasituationobjectivement,leurrelationnemenaitàrienavecunepareilledistance,maissielleécoutaitsoncœur,ellevoulaitlegarderetvoirsitoutpouvaitresteraussimagiqueentreeux,surladurée.Elles'effaçaetrefermaderrièrelui.—Tafamilleettoi,vousmefoutezenl'air!—Pardon?Jenevoispastrèsbiencequemafamillevientfairelà,dit-elleenallants'asseoirsurleboutdesatabledecuisine,enessayantdegardersesdistances.—Toutleweekend,j'aivul'ambianceaffectueusedanslaquelletuasgrandi!Jen'aipasconnulamêmechose!Monpère,àmoiaussi,estmilitaire,maisilaquittémamèrequandj'avaishuitansetjenel'aijamaisrevu,depuis.Quandilestparti,sonargumentétaitquesesambitionsn'étaientcompatiblesaveclessoucisqu'apportaientunefamille.—Jesuisdésolée!Bouleverséedelevoirému,presqueauborddeslarmes.—Tonpèreestvenubavardéavecmoi,aprèsquenousnoussoyonsquittés,toutàl'heure.Ils'estmontréamicaletcurieuxàproposdemacarrière.Alors,j'aifaituntrucquejamaisjen'auraisoséfaireavantaujourd'hui:jeluiaiditquej'avaispostulépoursabaseetespéraisentrerdanscetescadron.J'espéraisplusoumoinssonappui.Ilm'aditqu'iljetteraitunœilàmesétatsdeserviceetqu'ilparleraitpourmoi,s'illefaut.—Cen'estpascequetuattendais?Demanda-t-elle,commeilgardaitlesilence.—J'aitoujoursrefusédemeservird'unquelconquepiston.Toutcequej'aiobtenu,jel'aimérité.Maispourlapremièrefoisdemavie,jesuisprêtàtoutetjenesaispassic'estparcequetonpèrem'offrelasuitedecarrièredontjerêveousurtoutparcequej'aiunechancedevenirm'installerdanslecoin...prèsdetoi.Illafixa,s'accrochaauregardtroubléqu'elleluijetait.

—Jesaisbienquenosviesnesontpasvraimentfaitespours'accorder,quetun'espasfandesmilitaires,maissij'obtenaiscettemutationetvenaitvivredanslarégion,commentest-cequetum'accueillerais?Annabellesourit,incapablederésister.Ilsedonnaitdumalpourfairedurerleurhistoire.Elleétaitaussibouleverséequeluiparcetterencontre.Toujoursassisesurleboutdesatable,elleplantaunregardprovocateurdanslesien,dénoualaceinturedesonpeignoiretenrepoussalespans.Puis,lentement,écartalescuissesdefaçonentendue.Unminuteplustard,ilétaitdéjàsoudéàelle,plantéauplusprofond,biendécidéàoccuperleterrainpourlongtemps.

Aproposdel'auteurSybilLANE:"Pourmoi,lalecturedoitêtre,avanttout,divertissante.J’aimelesromanceschaudes

etépicéesqu'ellessoientcontemporainesouhistoriques.Etc’estquevousretrouverezdansmesécrits.Jemelaissesouventemporterparmonimaginationetdevientunpilotedechasse,unedanseuseétoileouunestripteaseuse…Letempsdequelquespages.Danslaréalité,jepassebeaucoupdetempssurmonordinateur,unetassedecaféàportéedemain,àécrireouàlire.

J'aiunepréférencepourleshistoirescourtes,cellesquiselisentenuneheure,letempsd'unepause,d'uneévasiondansunejournéebienremplie.VouspouvezmeretrouversurFacebook:https://www.facebook.com/sybil.lane.96Monblog:http://jeromance.wordpress.com/oùjeseraisraviededialogueravecvous."