Démographie médicale

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12 - ANEMF.org n°23 / Février 2010 Etat des lieux Au premier Janvier 2009, on dénombre 199 736 médecins en activité régulière, soit 2% de moins qu’en 2008. Entre 2008 et 2009, les médecins âgés de moins de 49 ans ont diminués de 12,13%. La tranche d’âge des plus de 60 ans augmente pour sa part ses effectifs de 52,59%. Ces chiffres illustrent bien le glissement de la population médicale dans les classes d’âges et posent le problème du renouvellement des générations. Cette prédominance des médecins plus âgés dans les effectifs de la profession se visualise clairement sur la pyramide des âges (graphique n°1). Sur les quelques 200 000 médecins recensés, 36 000 ont plus de 60 ans et plus de 78 000 sont âgés de plus de 55 ans. Soit près de 40% des effectifs qui sont susceptibles de partir à la retraite dans les 10 ans à venir. Les médecins sont donc en nombre insuffisant. Mais ils sont également assez mal répartis sur le territoire. Si toutes les régions (ou presque) perdent des médecins au vu du nombre de départs à la retraite (carte n°1), certaines ont une densité médicale plus basse que les autres (carte n°2). Ce qui peut poser problème dans l’accès aux soins de la population concernée. Perspectives : En ce qui concerne le problème de renouvellement des générations, les perspectives sont basées sur les effectifs et les capacités de formation. Car s’il faut de nombreux nouveaux médecins, il faut forcément les former (ce qui implique des locaux, des enseignants, des terrains, des maîtres de stage et des moyens accrus). Le Numerus Clausus est bloqué à 7400 pour la deuxième année consécutive. Sur la base du NC correspondant, ce sont 33 000 internes qui sortiront de formation sur les 5 années à venir. Ce qui couvre en théorie les départs à la retraite des plus de 60 ans. Il faut cependant prendre en compte les fuites vers d’autres professions que celle pour laquelle les étudiants sont diplômés, l’augmentation de la population et de ses besoins (vieillissement), ainsi que l’augmentation du nombre de médecins exerçant à temps partiel (féminisation). La forte augmentation du NC ces dernières années aboutit à une augmentation importante du nombre d’étudiants en formation. En 2015, on comptera au moins 36 000 internes de plus qu’à l’heure actuelle. Or les capacités de formation, basées sur la disponibilité des seniors qui encadrent les plus jeunes en stage en compagnonnage, vont diminuer du fait du départ à la retraite d’un grand nombre d’entre eux. Démographie Médicale Etat des lieux et perspectives de la démographie médicale en France C’est désormais quelque chose d’intégré, la démographie médicale va chuter et atteindre un seuil critique dans les années à venir. Les causes sont relativement bien connues (Numerus Clausus très réduit dans les années 90 n’ayant pas permis le renouvellement des médecins, féminisation, changement des mentalités, vieillissement de la population générale et médicale ….). Cet article a pour but de vous donner une vision plus précise de la situation actuelle et à venir en termes de chiffres et de répartition territoriale. Ce qui nous permettra d’aborder les perspectives pour les années à venir. ci-dessus : pyramide des âges des médecins en activité régulière 60-64 ans 55-59 ans >=65 50-54 ans 45-49 ans 40-44 ans <40 ans

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Page 1: Démographie médicale

12 - ANEMF.org n°23 / Février 2010

Etat des lieux Au premier Janvier 2009, on dénombre 199 736

médecins en activité régulière, soit 2% de moins qu’en 2008.

Entre 2008 et 2009, les médecins âgés de moins de 49 ans ont diminués de 12,13%. La tranche d’âge des plus de 60 ans augmente pour sa part ses effectifs de 52,59%. Ces chiffres illustrent bien le glissement de la population médicale dans les classes d’âges et posent le problème du renouvellement des générations. Cette prédominance des médecins plus âgés dans les effectifs de la profession se visualise clairement sur la pyramide des âges (graphique n°1).

Sur les quelques 200 000 médecins recensés, 36 000 ont plus de 60 ans et plus de 78 000 sont âgés de plus de 55 ans. Soit près de 40% des effectifs qui sont susceptibles de partir à la retraite dans les 10 ans à venir.

Les médecins sont donc en nombre insuffisant. Mais ils sont également assez mal répartis sur le territoire. Si toutes les régions (ou presque) perdent des médecins au vu du nombre de départs à la retraite (carte n°1), certaines ont une densité médicale plus basse que les autres (carte n°2). Ce qui peut poser problème dans l’accès aux soins de la population concernée.

Perspectives :En ce qui concerne le problème de renouvellement

des générations, les perspectives sont basées sur les effectifs et les capacités de formation. Car s’il faut de nombreux nouveaux médecins, il faut forcément les former (ce qui implique des locaux, des enseignants, des terrains, des maîtres de stage et des moyens accrus).

Le Numerus Clausus est bloqué à 7400 pour la deuxième année consécutive. Sur la base du NC correspondant, ce sont 33 000 internes qui sortiront

de formation sur les 5 années à venir. Ce qui couvre en théorie les départs à la retraite des plus de 60 ans. Il faut cependant prendre en compte les fuites vers d’autres professions que celle pour laquelle les étudiants sont diplômés, l’augmentation de la population et de ses besoins (vieillissement), ainsi que l’augmentation du nombre de médecins exerçant à temps partiel (féminisation).

La forte augmentation du NC ces dernières années aboutit à une augmentation importante du nombre d’étudiants en formation. En 2015, on comptera au moins 36 000 internes de plus qu’à l’heure actuelle. Or les capacités de formation, basées sur la disponibilité des seniors qui encadrent les plus jeunes en stage en compagnonnage, vont diminuer du fait du départ à la retraite d’un grand nombre d’entre eux.

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Etat des lieux et perspectives de la démographie médicale en France

C’est désormais quelque chose d’intégré, la démographie médicale va chuter et atteindre un seuil critique dans les années à venir. Les causes sont relativement bien connues (Numerus Clausus très réduit dans les années 90 n’ayant pas permis le renouvellement des médecins, féminisation, changement des mentalités, vieillissement de la population générale et médicale ….). Cet article a pour but de vous donner une vision plus précise de la situation actuelle et à venir en termes de chiffres et de répartition territoriale. Ce qui nous permettra d’aborder les perspectives pour les années à venir.

ci-dessus : pyramide des âges des médecins en activité régulière

60-64 ans

55-59 ans

>=65

50-54 ans

45-49 ans

40-44 ans

<40 ans

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Févvrier 2010 / ANEMF.org n°23 - 13

Cette situation va inexorablement faire tendre vers une diminution du nombre d’enseignants par étudiant. Il est donc temps d’étudier de nouvelles options pour former ces derniers. Le développement des stages chez le praticien (comme en médecine générale à l’heure actuelle mais pourquoi pas dans d’autres spécialités) et l’ouverture des stages d’internes dans le privé sont des éléments importants dans cette réflexion, éléments qui vont devoir être étudiés et programmés d’un point de vue pédagogique.

En ce qui concerne la disparité régionale, un certain nombre d’internes s’installent là où ils ont effectué leur troisième cycle.

Cependant, la répartition des postes d’internes ne peut s’appuyer que sur la seule densité médicale pour déterminer le nombre d’internes à former par région. Les disparités de densité médicale s’expriment en effet à un niveau infra-régional (carte n°2) et nécessitent d’autres moyens afin d’être comblées.

De plus, les internes sont cependant de moins en moins nombreux à s’installer. Il est donc temps de prendre en compte les inquiétudes et les souhaits futurs médecins et de leur proposer des réponses adaptées leur permettant de prendre en charge

leurs patients de manière optimale car cela reste leur souhait le plus cher.

Nos propositions ? Développer les réseaux et la coordination des soins, l’inter-professionnalité, les aides logistiques (bien plus appréciées que les aides financières), de nouveaux modes d’exercice, de rémunération et de prise en charge (maisons de santé, hospitalisation à domicile) plus adaptés, une meilleure communication auprès des jeunes, une meilleure formation à l’exercice libéral et à la prise en charge globale d’un patient … Au travail ?!

Cet article se base sur les données du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), de l’Observatoire National de la Démographie et des Professions de Santé (ONDPS), de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) et de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM).

à droite : évolution des effectifs en activité régulière entre 2008 et 2009

à gauche : répartition départementale des médecins généralistes au 1er Janvier 2009.

Marie PeltierVP démographie médicale de l’ANEMFDCEM2 à [email protected]

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