Délocalisations

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DÉLOCALISATIONS CETTE ÉMISSION A ÉTÉ DIFFUSÉE LA PREMIÈRE DIFFUSION SUR ARTE LE 08.03.2006 À 22:30 EN BREF Je vous propose de tenter de comprendre ce qu'est au juste une délocalisation ; quelle en est la logique économique, quelle est l'ampleur du phénomène à travers le monde, et de voir si les cartes nous aident à en trouver la rationalité géographique. Mise en page par Abid GÉOGRAPHIE MENTALE, GÉOGRAPHIE RÉELLE

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DÉLOCALISATIONS

C E T T E É M I S S I O N A É T É D I F F U S É E L A P R E M I È R E D I F F U S I O N S U R A R T E L E 0 8 . 0 3 . 2 0 0 6 À 2 2 : 3 0

EN BREF

Je vous propose de tenter de comprendre ce qu'est au juste une délocalisation ; quelle en est la logique économique, quelle est l'ampleur du phénomène à travers le monde, et de voir si les cartes nous aident à en trouver la rationalité géographique.

Mise en page par Abid

GÉOGRAPHIE MENTALE, GÉOGRAPHIE RÉELLE

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Les investissements dans le monde

Depuis le début des années 1990, la mondialisation de l'économie a provoqué l'augmentation des flux d’investissements à travers le monde. Les principaux investisseurs sont les États-Unis, le Japon, la France, le Royaume-Uni, et l'Allemagne.Ces pays sont d’ailleurs avec la Chine les premiers pays d'accueil de ces fonds financiers.Ces investissements à l'étranger ont plusieurs objectifs :- la création de filiales ou de sociétés mixtes ;- et l’acquisition de sociétés étrangères, ou la fusion de celles-ci.Ce sont des transferts de capitaux, de savoir-faire, le plus souvent mis en œuvre par des firmes transnationales.

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Le groupe Renault-Nissan

Cette entreprise française n'agit plus seulement à l'échelle nationale. Elle associe dans le monde des sites de production et des sites de commercialisation en fonction de deux logiques d'investissement :- répartir la production sur plusieurs pays, pour trouver les coûts de fabrication les plus intéressants en profitant des spécialisations régionales ;- et disperser les sites de production identiques afin de réduire les frais de transport, ou afin de contourner des dispositions protectionnistes tout en investissant dans des nouveaux marchés.Ces stratégies d'investissement combinent souvent la recherche d'une main d'oeuvre qualifiée et l'accès à des ressources naturelles. L’objectif consiste également à trouver une main d'œuvre moins chère pour réduire les coûts de production.Or, cette logique dite de délocalisation entraîne la fermeture d’usines dans leur pays d’origine et l’implantation de ces dernières dans d’autres où la main d'œuvre est moins chère.

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Coût du textile dans le monde

Le salaire brut horaire moyen est d’environ 26 $ au Japon, 20 $ aux Etats-Unis, 14 $ dans l'Union européenne (mais avec d’énorme variation puisque le Portugal a un taux horaire brut de 5 $), 3 $ en Turquie et au Mexique, 2$ au Maroc et en Roumanie, et moins de 1 $ en Chine et en Inde.

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L’avantage comparatif

La différence des coûts selon les pays a conduit près de 20% des entreprises françaises du secteur de la confection, à délocaliser tout ou une partie de leur production vers :- le Maroc, la Tunisie, la Turquie, et l’Europe de l'Est. Soit des pays géographiquement proches qui peuvent réagir rapidement aux évolutions de la mode.- Et l’Asie du Sud-Est et la Chine pour la confection de grosses commandes destinées à la vente par correspondance et la grande distribution.Ce type de calcul est valable pour des secteurs comme l'habillement, le cuir, ou l'assemblage électronique, car les machines peuvent être remplacées par une main d'œuvre peu qualifiée et peu coûteuse.Mais si la main d'œuvre est dix fois moins chère, mais aussi dix fois moins productive, il va sans dire que l'intérêt de la délocalisation s'annule.

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Délocalisation vers l’Inde

Depuis quelques années, les délocalisations touchent le secteur des services, notamment depuis que les technologies abolissent les distances. Les entreprises peuvent ainsi jouer sur les décalages horaires à travers le monde.Ainsi, l'Inde qui a une main d'œuvre anglophone, bien formée et peu chère reste productive pendant qu'il fait nuit en Europe. Elle peut pendant ce temps traiter la comptabilité de sociétés britanniques, ou gèrer des centres d'appel.L'Inde accueille donc les services de sociétés comme l'assureur Prudential, la banque Lloyds, ou British Rail, mais aussi ceux des compagnies américaines IBM, Microsoft, et aussi des compagnies françaises comme Alcatel, ou Axa.

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La délocalisation vers l’Irlande

Les entreprises qui délocalisent vers l’Irlande profitent des avantages fiscaux du pays, attirant de fait l'installation d'unités de production.En effet, l'Irlande est le pays de l'Union européenne où le taux d'imposition sur les bénéfices est le plus faible, avec 10% d’imposition, alors qu'il est de 34% en France.

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Les délocalisations en Europe

L'élargissement aux pays d'Europe Centrale et Orientale en 2004 a souvent été mal perçu chez les anciens membres de l’Union en raison des délocalisations.Or, un pays comme la Slovénie est devenu à son tour investisseur et il reçoit de moins en moins de délocalisations. Quant à la Hongrie et la République Tchèque, elles sont toutes deux attractives dans les secteurs de l'industrie et des services, mais l'augmentation des salaires réduit les avantages comparatifs.Dans le cas de la Pologne, il s'agit surtout d'investissements productifs dans l'agroalimentaire, l'automobile ou la distribution. Les investisseurs sont intéressés par le marché intérieur puisque la Pologne est le pays le plus peuplé des nouveaux entrants (39 millions d'habitants).De fait, c'est surtout la Roumanie qui se retrouve la destination privilégiée des délocalisations à cause de ses bas salaires. Ainsi, des entreprises italiennes y sous-traitent de l'habillement ; et des centres d'appels commencent à s'y développer.

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Le cas de l’Allemagne

Les délocalisations sont controversées, car elles entraînent des suppressions d'emplois dans des pays déjà très touchés par le chômage.L'Allemagne aurait ainsi détruit près de 90 000 emplois entre 1991 et 2001 à cause des délocalisations d'entreprises, soit 0,3% des emplois.En revanche, ces mêmes délocalisations aurait contribué à créer quelques 460 000 emplois en Europe centrale sur la même période .

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Délocalisation ou restructuration?

En France, 4% de l’investissement à l'étranger se fait sous forme de délocalisation.Par conséquent, le phénomène est presque marginal puisque pour dix emplois perdus, un seul a pour origine une délocalisation.La délocalisation détruit même moins d’emplois que la restructuration puisqu’en moyenne une délocalisation détruit 350 emplois, alors qu'une restructuration en détruit 550.

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La France, un pays attractif pour les investissements

A l'échelle de l'Europe, la France reste l'un des principaux pays d'accueil des investissements étrangers. En 2004, elle a accueilli 490 implantations internationales, soit 17% du total de l’Europe (Russie comprise), devant l'Allemagne, qui en accueille 164, ou la Pologne avec 148. En revanche, elle se situe derrière le Royaume-Uni, qui en accueille 563.

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Conclusion

Que retenir de ces définitions, et de ces exemples ?

En fait, on a deux grands acteurs du monde contemporain qui s'affrontent avec deux logiques différentes :

l'État qui reste centré sur la dimension nationale,

alors que l'entreprise utilise un espace économique et juridique à taille mondiale.

D'où évidemment les tensions puisque les entreprises semblent perdre leur nationalité, alors que les opinions publiques y sont souvent attachées comme à des acteurs de l'aménagement du territoire.

Il y a aussi d’ autre façon de regarder cette question-là : d'abord, la moindre perte d'emploi de toute façon est un drame.

Et puis il faut tout de même rappeler que les faibles salaires dans le monde, cela veut souvent dire faible protection pour le salarié : protection sur la perte éventuelle de son emploi, sa protection maladie, sa protection physique.

En somme tout simplement des conditions de travail décentes et respectueuses. Et ça évidemment, ça coûte de l’argent.....