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SEQUENCE 3 : On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

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SEQUENCE 3 : On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

TEST DE LECTURE SUR On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

Vous répondrez à ces questions en faisant des phrases, et en justifiant précisément vos réponses lorsque c’est nécessaire. Vous soignerez votre expression ainsi que la propreté de votre copie (/1).

1) Dans quel lieu se passe la majeure partie de l’action ? (/1)2) Qui sont Maître Blazius et Dame Pluche ? (/2)3) Quel lien familial unit le Baron et Camille ? (/1)4) Pour quelle raison Maître Blazius est-il satisfait de Perdican ? (/1)5) Pourquoi Maître Blazius et Maître Bridaine ne s’aiment-ils pas ? (/1)6) - Quel est le projet du Baron ? (/1)

- Au début de la pièce uniquement (1 er acte), quels indices signalent au spectateur que ce projet est compromis ? Trois exemples sont attendus. (/3)

7) - Comment Camille réagit-elle après que Perdican a proposé à Rosette de l’épouser ? (/1)- Quel stratagème met-elle en place pour se venger ? (/1)

8) - Où se situe la dernière scène de la pièce ? (/1)- Quels sont les deux événements importants qu’elle contient ? (/2)

9) A votre avis, peut-on dire que la pièce de Musset est une pièce comique ? Quatre arguments différents et précis au moins sont attendus. (/4)

TEST DE LECTURE SUR On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

Vous répondrez à ces questions en faisant des phrases, et en justifiant précisément vos réponses lorsque c’est nécessaire. Vous soignerez votre expression ainsi que la propreté de votre copie (/1).

1) Dans quel lieu se passe la majeure partie de l’action ? (/1)2) Qui sont Maître Blazius et Dame Pluche ? (/2)3) Quel lien familial unit le Baron et Camille ? (/1)4) Pour quelle raison Maître Blazius est-il satisfait de Perdican ? (/1)5) Pourquoi Maître Blazius et Maître Bridaine ne s’aiment-ils pas ? (/1)6) - Quel est le projet du Baron ? (/1)

- Au début de la pièce uniquement (1 er acte), quels indices signalent au spectateur que ce projet est compromis ? Trois exemples sont attendus. (/3)

7) - Comment Camille réagit-elle après que Perdican a proposé à Rosette de l’épouser ? (/1)- Quel stratagème met-elle en place pour se venger ? (/1)

8) - Où se situe la dernière scène de la pièce ? (/1)- Quels sont les deux événements importants qu’elle contient ? (/2)

9) A votre avis, peut-on dire que la pièce de Musset est une pièce comique ? Quatre arguments différents et précis au moins sont attendus. (/4)

TEST DE LECTURE SUR On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

Vous répondrez à ces questions en faisant des phrases, et en justifiant précisément vos réponses lorsque c’est nécessaire. Vous soignerez votre expression ainsi que la propreté de votre copie (/1).

1) Comment Maître Blazius et Dame Pluche arrivent-ils sur scène au début de la pièce ? (/1)2) Qui est Maître Bridaine ? (/1)3) Quel défaut partagent Maître Blazius et Maître Bridaine ? (/1)4) Quel lien familial unit le Baron et Perdican ? (/1)5) - Au début de la pièce, d’où sort Camille ? (/1)

- Pour quelle raison se rend-elle auprès du Baron ? (/1)6) - Quel est le projet du Baron ? (/1)

- Au début de la pièce uniquement (1 er acte), quels indices signalent au spectateur que ce projet est compromis ? Trois exemples sont attendus. (/3)

7) - Qui est Rosette ? (/1)- Que lui propose Perdican ? (/1)

8) - Quelles sont les raisons pour lesquelles Camille refuse de se marier ? (/2)- Qu’envisage-t-elle à la place ? (/1)

9) A votre avis, peut-on dire que la pièce de Musset est une pièce tragique ? Quatre arguments différents et précis au moins sont attendus. (/4)

TEST DE LECTURE SUR On ne badine pas avec l’amour (1834) d’Alfred de Musset

Vous répondrez à ces questions en faisant des phrases, et en justifiant précisément vos réponses lorsque c’est nécessaire. Vous soignerez votre expression ainsi que la propreté de votre copie (/1).

1) Comment Maître Blazius et Dame Pluche arrivent-ils sur scène au début de la pièce ? (/1)2) Qui est Maître Bridaine ? (/1)3) Quel défaut partagent Maître Blazius et Maître Bridaine ? (/1)4) Quel lien familial unit le Baron et Perdican ? (/1)5) - Au début de la pièce, d’où sort Camille ? (/1)

- Pour quelle raison se rend-elle auprès du Baron ? (/1)6) - Quel est le projet du Baron ? (/1)

- Au début de la pièce uniquement (1 er acte), quels indices signalent au spectateur que ce projet est compromis ? Trois exemples sont attendus. (/3)

7) - Qui est Rosette ? (/1)- Que lui propose Perdican ? (/1)

8) - Quelles sont les raisons pour lesquelles Camille refuse de se marier ? (/2)- Qu’envisage-t-elle à la place ? (/1)

9) A votre avis, peut-on dire que la pièce de Musset est une pièce tragique ? Quatre arguments différents et précis au moins sont attendus. (/4)

Séquence 3 – Séance 1 : Présentation de l’auteur et de l’œuvre

I) Le contexte socio-politique et culturel des années 1830

A) Le contexte socio-politiqueLa première partie du XIXe siècle est une période très tourmentée ; c’est ainsi que se succèdent le Consulat,

l’Empire de Napoléon Ier, la Restauration, la Monarchie de Juillet, et la Seconde république (voir frise chronologique : surligner la Monarchie de Juillet).

Cette instabilité politique s’accompagne d’une forte industrialisation et d’un essor considérable des villes. Le mouvement romantique naît de ces profondes transformations politiques et sociales qui bouleversent toute l’Europe (guerres d’indépendance : des Grecs contre l’Empire ottoman, par exemple).

B) Le contexte culturel : la naissance du mouvement romantique

- Correction du questionnaire de recherches sur Internet- Définition générale du mouvement (si nécessaire)

II) Le rôle capital de Musset au sein du mouvement romantique

A) La vie d’Alfred de Musset (1810-1857) Biographie polycopiée : Littérature, Français, Nathan, 2007 > mentionner l’influence de George Sand dans

la rédaction d’On ne badine pas : p.124-125(lettre)-126(LOUISE)//p.70, II, 5, Perdican

B) Un jeune homme qui exprime le malaise de toute la génération romantique Analyse de l’extrait de La Confession d’un enfant du siècle (récit autobiographique) : texte + questions

orales

C) Un poète et un dramaturge singuliers- Récit autobio (cf plus haut)- Pièces de théâtre : La Nuit vénitienne (1830) ; Les Caprices de Marianne (1833) ; Fantasio (1834) ;

Lorenzaccio (1834) ; ONBP (1834)- Poèmes : Contes d’Espagne et d’Italie (1829) ; Rolla (1833) ; Les Nuits (1835). - Dramaturge : il écrit des comédies, mais aussi des drames, et des proverbes ; il se libère des règles de la

dramaturgie classique, comme les écrivains romantiques (abandon de la règle des trois unités, mélange des genres et des registres). Ses héros, souvent des débauchés et des idéalistes, sont profondément humains et sont des doubles de lui-même, écartelés entre des tensions contradictoires.

- Poète : il excelle dans le lyrisme, en exprimant sa solitude et sa douleur, et en explorant la part sombre de lui-même.

III) On ne badine pas avec l’amour (1834)

A) Le genre de l’œuvre : un « proverbe dramatique »- Définition du genre du proverbe : le proverbe est au départ un jeu d’improvisation théâtrale inventé dans

les salons aristocratiques et très à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour vaincre l’ennui, les aristocrates improvisent oralement une courte intrigue théâtrale, qui est censée illustrer un proverbe, et les spectateurs doivent deviner celui-ci à la fin de la pièce. Puis ce jeu, qui remporte un vif succès, devient un genre théâtral à part entière, et les pièces sont alors écrites et publiées.

Dans les années 1830, les proverbes représentés à Paris sont très nombreux. Musset lui-même en écrit 6.- Analyse du titre : « On ne badine pas avec l’amour »

On + présent de vérité générale > dimension proverbiale, pièce dont on doit tirer un enseignement moralBadiner : plaisanter, prendre à la légère > Idée que plaisanter avec l’amour peut avoir des conséquences tragiques. Cela fait directement référence à l’intrigue de la pièce : Perdican, qui vient d’achever de brillantes études, est promis à Camille, sa cousine qui sort du couvent. Mais celle-ci le repousse et désire rentrer dans les ordres ; c’est pourquoi Perdican se met par dépit à courtiser Rosette, une jeune paysanne, et lui promet le mariage. Or, Camille et Perdican finissent par s’avouer leur amour, ce qui cause la mort de Rosette. Dès lors, toute relation entre Camille et Perdican devient impossible.

B) En quoi On ne badine pas est-elle un drame romantique ?Distinction Comédie / Tragédie / Drame

Comédie : elle met en scène des défauts humains à travers des personnages qui sont ridiculisés pour faire rire le spectateur, mais aussi pour l’amener à réfléchir à ses propres défauts et à les corriger (castigat mores ridendo). Elle s’achève sur un dénouement heureux.

Tragédie : elle met en scène des personnages illustres, qui n’ont aucune prise sur leur destin, car leurs actes et leur volonté se heurtent à la fatalité (une divinité ou une passion).Cela condamne le héros à la déchéance et le plus souvent à la mort. Cette impuissance du personnage doit susciter l’admiration, la terreur et la pitié du spectateur.

Problématique de la séquence à laquelle on va répondre dans une séance à venir.

C) Thèmes abordés dans l’œuvre et chers à Musset:- Les rapports hommes-femmes : comment naissent l’amour et la passion ? l’amour existe-t-il vraiment ?

jusqu’où peut-on jouer avec les sentiments ? Peut-on faire un mariage heureux ?...- Le pouvoir : souvent le lieu d’affrontements chez Musset, le pouvoir politique est l’objet de violentes

critiques, notamment à travers la satire (lutte entre Bridaine et Blazius ; le Baron, personnage ridicule).- La religion : elle est aussi tournée en dérision par Musset (personnage de Bridaine, curé ivrogne ;

personnage de Dame Pluche, vieille fille bigote, traitée de « pécore » par le Baron ; critique par Perdican des idées de Camille, héritées de son séjour au couvent).

D) Les représentations et la réception de la pièce- Conformément aux principes établis par Musset dans Un spectacle dans un fauteuil, ses pièces sont

publiées, mais non représentées sur scène, dans la mesure où elles sont destinées à être lues. En effet, les moyens scéniques du XIXe siècle sont assez limités, et certains éléments relatifs aux lieux et aux décors, rendent très difficiles la mise en scène des pièces de Musset.

- C’est ainsi qu’On ne badine pas fut d’abord publiée (en 1834 et en 1840), et ne fut représentée qu’en 1861, à la Comédie française, soit 4 ans après la mort de Musset. Etant donné la forte attaque du clergé qu’elle contenait, certains passages furent censurés ou réécrits par Paul de Musset, le frère d’Alfred, en vue de cette représentation. Celle-ci remporta un succès mitigé.

- Le texte d’origine ne fut ensuite joué qu’en 1917, et a fait l’objet depuis de multiples mises en scène différentes. Elle fait partie du répertoire de la Comédie française. (p.131)

PREVOIR UNE DATE D’INTERRO POUR VERIFIER APPRENTISSAGE DE CETTE LONGUE SEANCE D’INTRO et DE LA SEANCE 2 SUR LE VOCA DU THEATRE

Séquence 3 – Séance 2 : Révisions du vocabulaire théâtral

LE VOCABULAIRE DE L’ANALYSE THEÂTRALE

INTRODUCTION

On appelle "textes dramatiques" les textes de théâtre. Le mot "dramaturge" désigne un auteur de pièce de théâtre.

On peut représenter un événement en le racontant à des auditeurs ou des lecteurs, ou en le jouant devant des spectateurs. Ainsi, le théâtre se différencie du récit parce que toute représentation est étymologiquement "drama"(=une action), puisque des acteurs imitent des actions, et "theatra", puisqu'ils sont "regardés" par des témoins (du latin « theatrum » et du grec « theatron », du verbe « theaomai »qui signifie « regarder, contempler »).

Le texte théâtral n'est pas, à l’inverse des textes narratif et poétique, destiné à être lu mais à être joué, représenté. C'est pourquoi il faut lire une œuvre dramatique en ne perdant pas de vue que son aboutissement est la représentation ; à ce sujet, lorsqu’une pièce est jouée pour la première fois, on parle de « création » de la pièce.

I) La composition d’une pièce de théâtre

Le prologue :Avant-propos qui précède parfois l'action proprement dite, récitée par un personnage généralement étranger à l'action, et qui raconte des événements antérieurs, explique les intentions de l'auteur ou s'efforce de gagner l'indulgence du public. Exemples : Le prologue de La Machine infernale, de Jean Cocteau, récité par l'auteur ; le prologue d'Antigone de Jean Anouilh.

Un acte :Partie d'une pièce correspondant à une étape importante dans le déroulement de l'action. Les tragédies classiques sont divisées en cinq actes, l'action culminant généralement au quatrième.

Une scène :Partie d'un acte ou d'un tableau au cours de laquelle le plateau est occupé par les mêmes personnages.On change de scène lorsqu’un personnage entre ou sort.

Un tableau :Partie d'un acte caractérisée par un changement de décor, donc de lieu. Dans l'acte II de Rhinocéros de Ionesco, par exemple : 1° tableau = le bureau d'une administration ; 2° tableau = la chambre du personnage principal.

II) Les étapes de l’action dramatique

L'exposition :La ou les premières scènes qui fournissent les informations (sur les personnages, la situation et l’action) nécessaires pour comprendre la suite de l'action. Elle doit permettre de faire comprendre la situation et susciter la curiosité des spectateurs.

L'intrigue (ou l'action) :L'ensemble des événements qui se succèdent depuis l’« exposition » jusqu'au « dénouement ». Dans une œuvre dramatique, l'intrigue est concentrée (c’est-à-dire qu’elle tourne autour d’une question centrale, par exemple le mariage de deux personnages, qui va rencontrer des obstacles humains ou célestes (fatalité dans la tragédie)).

Le nœud de l'action :Le point culminant du conflit qui oppose les protagonistes, la crise. Moment où l'intrigue se complique. Exemple : Acte IV, scène 2 de Britannicus : l'affrontement entre Néron et sa mère Agrippine.

Une péripétie, un coup de théâtre :Evénement imprévu qui modifie la situation, peut provoquer la crise ou parfois précipiter le dénouement. Exemple : Le retour de Thésée, qu'on croyait mort, dans Phèdre de Racine.

Le deus ex machina :Intervention inattendue d'un personnage qui, de façon souvent invraisemblable, résout tous les problèmes à la fin de la pièce. - Exemples : Aristide et ses fausses lettres qui, dans les Femmes savantes de Molière, permet de démasquer Trissotin, rendant ainsi possible le mariage de Clitandre et d'Henriette ; l’intervention du Spectre dans Dom Juan.

Le dénouement :Marque la fin de l'intrigue, la résolution du conflit. Il varie en fonction du genre de la pièce : dénouement comique (heureux) ou tragique.

III) Les formes de l’échange dans le texte dramatique

Le dialogue :Conversation entre deux ou plusieurs personnages (ou discours direct).

Le monologue :Scène au cours de laquelle un personnage important est seul et se parle à lui-même. Le monologue permet de révéler les sentiments ou les pensées d'un personnage, ce qui révèle son caractère. Il peut aussi l’aider à délibérer (prendre une décision) Exemples : le monologue d'Hamlet ("To be or not to be...") ; le monologue de Macbeth, II, 1 ; le monologue de Rodrigue dans Le Cid (I, 6) ; le monologue de Sosie dans Amphitryon de Molière (I,1) ; le monologue de Figaro dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (V,3).

La réplique : Texte qu'un personnage prononce sur scène en une seule intervention brève, au cours d'un dialogue. Les paroles alternées des deux interlocuteurs. On dit "donner la réplique", c'est-à-dire répondre.

La stichomythie :Succession rapide de brèves répliques d'égale longueur. Procédé utilisé pour créer un effet de dynamisme, de vivacité lorsque les personnages s'affrontent en un duel verbal. Exemples : Le Cid, acte I, scène 3 ; les 15 premiers vers du Misanthrope de Molière : Alceste, en colère contre son ami Philinte.

Une tirade :Longue réplique ; elle permet au personnage de développer une argumentation ou de s'épancher avec lyrisme. Réduits à un temps de silence, ses interlocuteurs rejoignent en quelque sorte la situation de spectateurs.Exemple : la tirade de Dom Juan dans l’acte I, scène 2 (l.134-176).

Un aparté :Partie du discours d'un personnage qui est destinée aux spectateurs et dissimulée aux autres personnages présents sur scène. C'est une convention théâtrale qui a le plus souvent une fonction comique. Une réplique en aparté est signalée sur le texte par l'expression entre parenthèses "à part".

L'adresse directe au public :Un personnage se tourne vers les spectateurs pour leur parler ; cela rompt avec la règle du théâtre classique qui interdit qu'on s'adresse au spectateur.

Les didascalies (ou indications scéniques) :Ce nom féminin désigne les indications, inscrites entre parenthèses sur le texte, qu'a écrites l'auteur sur la façon de jouer ou de dire une réplique, ou sur les éléments du décor. Leur qualité varie en fonction des œuvres : une tragédie classique du XVII° siècle en comporte très peu ; une pièce de Ionesco en sera richement pourvue.On distingue les didascalies externes, écrites en italiques, et les didascalies internes, intégrées aux propos du personnage.

La double énonciation (ou double destination de la parole théâtrale) :Le langage dramatique pose toujours la question du "destinataire" : pour qui, à qui parle-t-on ? Le paradoxe du dialogue théâtral est que chaque comédien parle à deux auditeurs : son interlocuteur sur la scène et le public.

Un quiproquo :Erreur, méprise qui consiste à prendre une personne ou une chose pour une autre. Ressort théâtral comique qui relève du comique de situation. Fréquent dans les farces et les vaudevilles. Exemple : La confusion sur le personnage de Sganarelle dans le Médecin malgré lui de Molière. Valère et Lucas, croyant trouver en Sganarelle un grand médecin, s'adressent à lui comme tel alors que celui-ci s'imagine qu'ils viennent simplement lui acheter des fagots (I, 4).

IV) Les intervenants

Le personnage (du latin "persona", masque de théâtre) : Personne fictive dans une œuvre littéraire, cinématographique ou théâtrale, à ne pas confondre avec une "personne" vivante et réelle. Au théâtre, elle est incarnée par un acteur, une actrice. Parfois synonyme de "héros", de "protagoniste", mais il ne faut pas confondre ces termes !

Le héros, l'héroïne (rappel):- Dans la mythologie antique : Désigne un demi-dieu, car il a un parent d'origine divine. Exemples : Achille, Hercule, Thésée, Enée...- Au sens moderne : Désigne celui qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire (exemple : un héros de la Résistance) ; homme digne de l'estime publique, de la gloire, par sa force de caractère, son génie, son dévouement total à une cause, une œuvre (exemple : Pierre le Grand, héros national russe), (Petit Robert). Le héros est quelqu'un qui se dépasse et donc ...nous dépasse ; on parle à son égard d’« héroïsme ».- Au sens strictement littéraire : Le héros de roman ou de théâtre est le personnage principal, sans qu'il présente forcément les qualités du héros au sens moderne.

L'amant, l'amante :Personne qui aime d'amour et qui est aimée en retour.

Le confident :Personnage secondaire mais précieux, le confident entretient une relation privilégiée avec l'un des personnages principaux et permet au spectateur d'en connaître les pensées intimes. Exemples : dans Le Cid de Corneille, le personnage d'Elvire à qui Chimène confie ce qu'elle cachera à la cour.

Un type :On appelle "type" tout personnage reconnu comme représentatif d'une classe d'êtres. Personnage qui se coule dans un moule préexistant : l'avare, le jeune premier, le vieillard jaloux, le valet habile ... Exemple : Scapin, dans les Fourberies de Scapin, est le type littéraire du valet joyeux, habile et rusé dont le maître a besoin.

Le chœur :Dans l'Antiquité, le chœur était composé de plusieurs personnages anonymes qui intervenaient pour commenter l'action, dans la comédie et dans la tragédie. Le texte du chœur était chanté, parfois accompagné de danses, au cours des intermèdes. Exemple : Le chœur dans Antigone de Sophocle (vers 442 av. J.C.).Rem. : Le chœur a survécu dans certaines pièces du théâtre contemporain, telles qu’Antigone d'Anouilh (1944) ou de Cocteau (1922)

L'acteur, le comédien :C'est l'artiste qui joue le rôle d'un personnage. Ne pas confondre l'acteur et le personnage.

Le metteur en scène :Personne qui s'occupe de la "réalisation" d'une représentation théâtrale. Il a une fonction créatrice dans le sens où, selon son interprétation de l'œuvre, il règlera une manière de la représenter. Ainsi, il intervient dans le jeu de scène, la gestuelle, le ton des répliques, le choix des costumes, des décors et des éclairages. Pour une même œuvre, la mise en scène peut donc être très différente en fonction des choix du metteur en scène et du sens qu'il donne à la pièce.

Séquence 3 – Séance 2 : Révisions du vocabulaire théâtral

Questionnaire à compléter, en s’aidant de la fiche sur « Le vocabulaire théâtral » et en feuilletant On ne badine pas avec l’amour :

1) Identifiez le nombre de scènes dans chaque acte : que remarquez-vous ? Résumez en une phrase quelle est « l’action importante » qui constitue le coeur de chacun des trois actes.

2) Observez la scène 3 de l’acte I : est-elle conforme à la définition du mot « scène » ? pourquoi ?3) Combien y-a-t-il de tableaux dans l’acte III ?4) Trouvez un exemple de monologue dans la pièce et expliquez en quoi il est conforme à la définition du

terme.5) Trouvez un exemple :- De tirade- D’aparté- De didascalie interne- De didascalie externe

Séquence 3 – Séance 2 : Révisions du vocabulaire théâtral

Questionnaire à compléter, en s’aidant de la fiche sur « Le vocabulaire théâtral » et en feuilletant On ne badine pas avec l’amour :

1) Identifiez le nombre de scènes dans chaque acte : que remarquez-vous ? Résumez en une phrase quelle est « l’action importante » qui constitue le coeur de chacun des trois actes.

2) Observez la scène 3 de l’acte I : est-elle conforme à la définition du mot « scène » ? pourquoi ?3) Combien y-a-t-il de tableaux dans l’acte III ?4) Trouvez un exemple de monologue dans la pièce et expliquez en quoi il est conforme à la définition du

terme.5) Trouvez un exemple :- De tirade- D’aparté- De didascalie interne- De didascalie externe

Séquence 3 – Séance 2 : Révisions du vocabulaire théâtral

Questionnaire à compléter, en s’aidant de la fiche sur « Le vocabulaire théâtral » et en feuilletant On ne badine pas avec l’amour :

1) Identifiez le nombre de scènes dans chaque acte : que remarquez-vous ? Résumez en une phrase quelle est « l’action importante » qui constitue le coeur de chacun des trois actes.

2) Observez la scène 3 de l’acte I : est-elle conforme à la définition du mot « scène » ? pourquoi ?3) Combien y-a-t-il de tableaux dans l’acte III ?4) Trouvez un exemple de monologue dans la pièce et expliquez en quoi il est conforme à la définition du

terme.5) Trouvez un exemple :- De tirade- D’aparté- De didascalie interne- De didascalie externe

Séquence 3 – Séance 3 : LA n°1 : la scène d’exposition (I, 1)

INTRO : présenter l’auteur et la pièce, un proverbe (prise de notes) Rappeler la définition de « la scène d’exposition » (voir séance 2) : apporter les éléments nécessaires à la

compréhension de l’action. Lecture de la scène : résumé pour l’intro (situation de l’extrait) et impressions de lecture (une atmosphère de

comédie). Indiquer que cette scène avait été ébauchée en vers (lire p.121-122)

PROBLEMATIQUE

Forme : scène d’exposition d’une pièce de théâtre, en prose. Originalité : présence d’un « personnage », le Chœur, qui représente les villageois, mais aussi sert à commenter, annoncer les événements. Utilisation d’une convention du théâtre antique.

Sens : Scène d’exposition originale et fantaisiste, construite à la fois sur des effets de symétrie et d’opposition.

Scène d’exposition dans laquelle le Chœur annonce et décrit 2 personnages antithétiques. Chacun de ces personnages décrit à son tour, de façon élogieuse, le jeune homme (Perdican) ou la jeune fille (Camille) dont il est le précepteur ou la gouvernante. Les 2 personnages absents semblent bien être les véritables protagonistes de la pièce.

Scène d’exposition comique mais des ombres planent (le mariage aura-t-il lieu ? les protagonistes : personnages trop parfaits…)

Proposition de plan détaillé :

Séquence 3 – Séance 3 : LA n°1 : la scène d’exposition (I, 1)

LE RÔLE DU CHŒUR DANS LA TRAGEDIE GRECQUE

- Espace : dans la tragédie grecque antique, le chœur occupe un lieu spécifique séparé de la scène : l’orchestra.

- Caractéristiques : il est constitué d’une dizaine de personnes, et est dirigé par un coryphée (le chef du chœur). Il chante et danse, en marge de l’action qu’il commente.

- Origines : la tragédie grecque est, à l’origine, un ensemble de chants destinés à célébrer la gloire de Dionysos (dieu du vin et du théâtre). Ces chants étaient réalisés par deux voix : celle du coryphée et celle du chœur, qui se répondaient. Puis ont été introduits d’autres personnages indépendants du chœur, et qui jouaient sur la skene.

- Fonctions du chœur : il a essentiellement un rôle informatif. Par intermittence avec le jeu des acteurs sur scène, il présente le contexte et résume les situations pour aider le public à comprendre les événements. Il commente donc l’action. Le coryphée, quant à lui, peut échanger des répliques avec les personnages en ne chantant pas.

Séquence 3 – Séance 3 : LA n°1 : la scène d’exposition (I, 1)

Introduction

Situer Musset dans le courant romantique.Commenter les indices donnés par le titre (allure d'apologue; titre sous la forme moralisatrice du proverbe).Poser le problème de la scène d'exposition et de ses conventions. > Problématique : comment cette scène d’exposition joue-t-elle avec les conventions théâtrales ?

I) Une scène faite de symétrie et de fantaisie

On peut rappeler que Musset avait d'abord écrit cette scène en vers (convention supplémentaire) et qu'il en reste quelques traces.

A) Symétrie et opposition dans la construction de la scène

Symétrie et parallélisme, phénomènes d'échos :• dans l'ordre de présentation des personnages:

- le Choeur présente Blazius, puis Dame Pluche, tous deux s'approchant de loin,- chacun des deux personnages présente un des jeunes gens (Perdican/Camille) de son sexe, dont il est le

précepteur ou la gouvernante• dans les formules utilisées et la syntaxe: «doucement bercé.../doucement cahotée... » (restes d'alexandrins de la

version d'origine);• dans les thèmes abordés: le thème de la boisson. Ainsi, Blazius demande un verre de vin au chœur, qui

s’exécute ; de même, Dame Pluche demande un verre d’eau, qu’elle reçoit.

Construction en opposition, notamment dans les types de personnages, physiquement: homme/femme; Blazius bon vivant un peu gras («ventre rebondi », «triple menton »/comparaison à une «amphore antique»)/ Pluche sèche et maigre («jambes maigres», «mains osseuses») + effet de contraste encore accentué sur scène (arrivée de Blazius sur une mule par opposition à celle de Pluche sur un âne).

B) La double présentation de Blazius et de Dame Pluche

Présentation indirecte: le Choeur présente Blazius et Pluche, physiquement et psychologiquement. Blazius apparaît comme un personnage plein de bonhommie, nonchalant et associé au savoir (« l’écritoire au côté). Dame Pluche est associée à la méchanceté (âne battu) et à la colère, et son apparence physique est peu séduisante (sèche, décoiffée, sale et un peu dévêtue).

Présentation directe par les personnages eux-mêmes: leur discours et leur comportement confirment ce que le Choeur en avait dit.

• Blazius: discours gentil et bon enfant (cf. « mes enfants », « mes bons amis »), motif du vin.• Pluche: discours austère émaillé d'insultes (« manants », « canaille ») et de références religieuses (« Dieu merci,

glorieuse, dévotion, ange, agneau, colombe »…), motif de l'eau.

C) La mise en abyme de la présentation de Perdican et de Camille

Le Choeur présente Blazius et Pluche, qui eux-mêmes présentent Perdican et Camille : c’est une « mise en abyme ». Perdican : fils du Baron, majeur (21 ans), docteur qui a fait ses études à Paris, beau (« gracieuse personne »), plein

d’éloquence (« la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries »…). Camille : jeune héritière sortie du couvent, bien éduquée selon Pluche, c’est-à-dire instruite en matière de religion

(« une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion »). Ces portraits sont de véritables éloges :

Discours de Blazius : répétition de l’adverbe« si » ; métaphores hyperboliques (« toute sa gracieuse personne est un livre d’or » ; « c’est un diamant fin des pieds à la tête » > soulignent la richesse de sa culture) ; vocabulaire mélioratif (« gracieuse »).

Discours de Dame Pluche : accumulation hyperbolique (« Jamais il n’y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe » > images de perfection morale et de pureté) ; métaphore méliorative (« glorieuse fleur de sagesse et de dévotion »).

D) Le Chœur comme «chef d'orchestre» de ce début

Réminiscence antique, aspect conventionnel du Chœur (personnage collectif) : il sert à informer plus rapidement le lecteur; il est à mi-chemin entre le spectateur et les personnages. Ici, il s’agit d’un groupe de villageois, comme

l’indique l’apostrophe que leur adresse Dame Pluche (« manants »), et le fait qu’ils obéissent aux ordres de Pluche et de Blazius quand ceux-ci veulent boire. Ce groupe de villageois donne une dynamique à la scène : il rend possible le dialogue.

Mais ici, Musset le renouvelle: la Chœur adapte son style (ses images et le rythme de ses phrases) au physique et à la personnalité des personnages qu’il présente (Blazius et Dame Pluche).

II) La scène d’exposition: une scène de drame romantique A) La présentation du cadre spatio-temporel

Lieux : - Didascalie initiale qui précise « Une place devant le château » : la scène se passe donc à l’extérieur du château du

Baron. Ce lieu est symbolique parce qu’il suggère le rôle joué par le père de Perdican dans l’action à venir (question du mariage).

- Propos du Chœur (didascalies internes) : Blazius arrive sur une mule parmi un champ de bleuets ; Dame Pluche monte une colline sur le dos de son âne. > Difficultés de mise en scène propres au mouvement romantique : refus de l’unité de lieu ; choix d’un lieu extérieur…

Epoque indéterminée : ambiance médiévale ? > cf le vocabulaire employé : « écuelle », « parchemins », monseigneur », « écuyer », « manants »… et les moyens de transport évoqués (mule, âne). Cet attarit pour le Moyen-âge est propre au mouvement romantique (cf Hugo, le roman Notre-Dame de Paris). Moment de la journée : non précisé ; sans doute le matin (« Bonjour »).

B) Les personnages : caricatures et types

Une présentation originale, car inversée, des personnages :Curieusement, l'accent est mis sur les personnages secondaires : Blazius et Dame Pluche.Mais on pressent que ce sont les deux personnages absents qui seront les protagonistes: l'auteur les fait attendre.

Les rôles sont définis:- d'un côté, le précepteur («gouverneur») et la gouvernante, personnages qui sont à mi-chemin entre le confident de tragédie et le valet de comédie dévoués au jeune homme ou à la jeune femme;- de l'autre, les jeunes gens (à mi-chemin entre les maîtres de la comédie et les héros de tragédie).

Les protagonistes, doubles romantiques de leurs «présentateurs» : • Blazius et Pluche sont les caricatures de Perdican et Camille: une sorte de «parodie».• Des héros jeunes et parfaits, types du drame romantique: beaux («gracieuse personne»/« belle Camille »), intelligents et éduqués.

C) Le registre de la pièce: une scène entre comédie et tragédie

Le registre comique donne à la scène des airs de comédie ou de farce :• le contexte est heureux : le Chœur évoque une «joyeuse bombance» (l.77)• comique de gestes : Blazius (« vêtu de neuf », « triple menton » et comparé à « un poupon sur l’oreiller » et à une « amphore antique ») ; Pluche («faux cheveux, toupet de gâté»).• comique de caractère : la piété de Dame Pluche contraste avec ses injures.• Comique de répétition : le parallélisme de l’arrivée des deux personnages..• Comique de situation : les deux animaux sont à l'image de leur maître: « mule fringante»/ Blazius paradant ; «âne essoufflé »/Dame Pluche .

Mais le registre tragique est aussi présent de manière plus implicite :• L'ombre portée du titre (On ne badine pas avec l'amour: implicite de conséquences fâcheuses si on ne suit pas ce précepte) - avertissement moral.• Les deux protagonistes présentés séparément, mais en parallèle: on imagine une rencontre (il y a l'idée d'une fatalité dans la coïncidence de la double arrivée de Blazius et de Pluche) - suspense.• La présence du Choeur, que l’on trouve en général dans une tragédie.• Des phrases lourdes de sous-entendus: l'implicite de « Puissions-nous retrouver le coeur de l'enfant dans le coeur de l'homme »: on pressent un changement chez Perdican.

Mélange de registres qui est une caractéristique du drame romantique.

ConclusionUne scène d'exposition originale qui a choqué (présence du Chœur), mais qui est une réussite.

Séquence 3 – Séance 4 : LA n°2 : le monologue de Maître Bridaine (II, 2)

FAIRE PRECEDER LA LA DE L’ETUDE D’AUTRES MONOLOGUES : il s’agit de montrer que ce type de scène est ici utilisé de manière inattendue et détournée par Alfred de Musset ; en effet, elle est d’habitude réservée à des personnages qui ont un rôle informatif (le Chœur) ou à des personnages principaux (pour faciliter une prise de décision par exemple)

Définition du monologue classique :- Une déploration (plainte douloureuse ; lyrisme) dans laquelle le perso ouvre son cœur et livre ses

sentiments aux spectateurs.- Un moyen de délibérer : le perso analyse la situation afin de prendre une décision qui déterminera son

action future.

Situation de l’extrait : dans l’acte I, Camille et Perdican se sont rencontrés à deux reprises, et, à chaque fois, l’attitude de Camille a remis en cause l’idée d’un mariage possible entre eux (I, 2 : refus de C d’embrasser P ; I, 3 : refus de C d’évoquer ses souvenirs d’enfance avec P), ce qui désespère le Baron. D’ailleurs, Camille annonce, à la scène 1 de l’acte II, son intention de quitter le château pour entrer au couvent. Or cette intrigue amoureuse est interrompue par le monologue de Maître Bridaine, qui intervient comme une digression à l’égard de l’intrigue amoureuse : il met en effet l’accent sur la rivalité qui l’oppose à Maître Blazius face au Baron ; cette rivalité avait déjà été suggérée par le Chœur : ce dernier avait mis en évidence la similarité de ces deux personnages « grotesques », qui ne pouvait déboucher selon lui que sur des rapports haineux et conflictuels (p.34, I, 3).

Problématique : dans quelle mesure ce monologue est-il une parodie des monologues classiques ?

I) Un monologue traditionnel

A) Le lyrisme de la plainteBridaine se plaint d’avoir été évincé par Blazius à la table du Baron :

- Contexte du repas évoqué par la didascalie externe : la scène a lieu dans « la salle à manger », et les domestiques (« on ») préparent la table.

- La répétition du mot « place (d’honneur) » (l.2 et 10) signale que c’est cet aspect du repas qui préoccupe Bridaine. Celui-ci oppose sa situation privilégiée passée (« que j’ai occupée si longtemps » 2-3) à sa situation actuelle, bouleversée par l’arrivée de Blazius (« aujourd’hui » 2). Les expressions de lieu suffisent à signaler la déchéance sociale de Bridaine : il passe de « la droite du baron » (3) « au bas bout de la table » (5).

- Dès lors, Bridaine laisse éclater sa jalousie et sa rancoeur : on note une très forte opposition entre les pronoms de 3e personne (« lui », « il ») désignant Blazius et la première personne (« je », « me »), surtout dans les phrases l.2-4 et l.4-5 ; dans la phrase l.4-5 d’ailleurs, le « me » est complément d’objet, ce qui montre que Bridaine subit l’action, alors que Blazius la fait (« l’âne bâté… me relègue »). Dès lors, Bridaine présente Blazius comme un usurpateur qui cherche à l’évincer, comme le montre l’emploi du mot « proie » pour parler de la chaise (l.3), et il l’injurie (« « un âne bâté », « un ivrogne sans pudeur »).

Le trouble de Bridaine s’exprime alors de manière lyrique : Tournures exclamatives nombreuses, ponctuées de l’interjection « Ô » (l.4-5, 9, 12…) : Bridaine se plaint

(« Ô malheureux que je suis ! ») et semble désemparé (implorations religieuses : « Ô sainte Eglise catholique ! », « Dieu ! »).

Anaphore : « Adieu » (14, 16, 17). Expression de sentiments personnels : « Je ne souffrirai pas cet affront » (14).

B) Un monologue délibératif- On constate que ce monologue est dominé par le futur de l’indicatif (donnera », « sera »..) : il est donc

orienté vers l’avenir, et il va déboucher d’ailleurs sur une prise de décision.- On peut distinguer une progression dans le raisonnement du personnage : L.1-12 : Bridaine prend conscience de son changement de situation auprès du baron. L.13-14 : il prend la décision de réagir, de ne plus subir les événements (nombreuses négations : « non »,

« rien », « ne pas »). L. 15-21 : il se résout à quitter le château pour retourner dans son lieu de prêche (« Je retourne à ma

cure »).

On a donc bien affaire à un monologue délibératif, c’est-à-dire à un monologue où le personnage réfléchit dans le but de prendre une décision.

Par conséquent, par certains aspects, ce monologue apparaît comme un monologue traditionnel. Or, d’habitude, un monologue est emprunt de gravité, de sérieux, ce qui est loin d’être le cas dans cette scène.

II) Un monologue parasité par le comique

A) Un thème vulgaire…- Tout d’abord, c’est la cause même de la déploration de Maître Bridaine qui semble comique, étant donné

qu’il s’agit d’une simple place à table.- Musset insiste sur la futilité du sujet à travers le champ lexical de la nourriture : « le premier verre de

Malaga », « les plats », « les meilleurs morceaux », « perdreaux », « choux », carottes »,…- On constate que ce qui chagrine Bridaine en réalité, c’est de ne plus pouvoir aussi bien manger

qu’auparavant : « rien ne me restera que des os et des pattes de poulet » (l.13-14).

B) …traité dans un style noble - Or, ce sujet bas est traité par Musset dans un style noble : c’est pourquoi l’on peut qualifier ce monologue

de parodie héroï-comique (réécriture d’un texte sur un mode comique qui consiste à traiter un sujet vulgaire dans un registre sérieux).

- Les marques du style noble sont nombreuses : Présence de l’interjection « Ô » Utilisation d’un lexique soutenu, qui rappelle l’univers de la tragédie : « affront » (l.14), anaphore avec

« Adieu », « vénérable », « noble »… Adresses de Bridaine aux objets : apostrophes (« vénérable fauteuil » l.14 ; « table splendide, noble salle à

manger »…). Reprise d’une phrase de Jules César (l.20-21) : décalage comique entre le thème du repas et le contexte

politique dans lequel cette phrase a été prononcée initialement. Dimension hyperbolique de la citation.

C) L’image qui est donnée de Maître Bridaine au spectateur- Bridaine apparaît comme un personnage grotesque : il mérite le nom de « fantoche », tout comme le

Baron, Dame Pluche et maître Blazius. Il se présente comme une victime tragique, alors que les causes de son « désespoir » sont dérisoires.

- Il est irrémédiablement lié aux thèmes de la nourriture et de la boisson, comme le confirmera la scène 2 de l’acte III, où il se réjouira de la soudaine disgrâce de Blazius, qui lui permettra de retrouver sa place auprès du baron (« et toi, mon ventre, arrondis-toi », p.77).

Séquence 3 – Séance : LA n°3 : l’affrontement entre Camille et Perdican (II, 5)

Préparation de l’étude du texte : questionnaire pour faire résumer les principaux aspects du début de la scène 5 (but de Camille dans la scène, conception de l’amour qu’elle dévoile, réactions de Perdican).

Résumé de la scène et progression du dialogue entre les personnages :

Perdican s’étonne de recevoir le billet de Camille, qui s’excuse de son attitude en arrivant et accepte de lui baiser la main. Perdican tutoie Camille alors qu’elle le vouvoie.Camille lui demande si elle a raison de rentrer dans les ordres, mais Perdican refuse de répondre.Camile l’interroge alors sur sa vie amoureuse passée et sur le comportement des hommes en général en amour (62). Elle lui livre sa propre conception, bien pessimiste des hommes : selon elle, ils sont tous infidèles. Ils envisagent le cas où ils se marieraient et où Perdican n’aimerait plus Camille : Perdican lui conseille de prendre des amants. (63) Camille lui explique l’influence de Louise -sa compagne de couvent, mariée puis délaissée et ayant pris un amant, et se morfondant ensuite dans un couvent - sur sa manière de concevoir l’amour. Camille a imaginé pendant 4 ans vivre la même chose avec Perdican après leur mariage (64). Elle affirme que toutes les femmes du couvent sont des femmes déçues, et demande à Perdican si elles ont tort ou raison de l’être (65).Perdican lui répond qu’il n’en sait rien et lui reproche de réciter une leçon qui ne correspond pas à ce qu’elle croit réellement (65). Il reprend alors le pouvoir dans le dialogue. Réplique de Camille : « Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir » (66). Perdican pense que, étant donné le jeune âge de Camille, il est absurde qu’elle ne croie pas en l’amour, et qu’elle agit par orgueil, ce qui la met en colère : elle lui reproche sa trop grande expérience de l’amour et le considère comme un homme blasé en ce domaine.Perdican va essayer d’ouvrir les yeux à Camille (tirade qui précède notre extrait, 68-69) : il tente de la convaincre qu’elle ne doit pas se laisser influencer par les autres qui refusent soi-disant désormais de souffrir par amour.

Séquence 3 – Séance : LA n°3 : l’affrontement entre Camille et Perdican (II, 5)

Situation de l’extrait : il s’agit de la scène la plus longue de la pièce et qui se situe au centre de celle-ci. Elle réunit les deux héros : après avoir refusé d’embrasser son cousin (I, 2) et de lui parler de souvenirs d’enfance (I, 3), Camille lui annonce lors de leur troisième entrevue qu’elle veut partir, mettant ainsi les projets de mariage de son oncle en péril. Cependant, après avoir surpris une conversation entre Rosette et Perdican où le jeune homme n’est pas insensible au charme de la paysanne, Camille décide de donner rendez-vous à Perdican auprès d’une fontaine pour lui expliquer les raisons de son départ et lui livrer sa conception de l’amour. A la fin de la scène, le dialogue tourne à l’affrontement verbal.

Problématique : quel est le but de l’argumentation menée par Perdican dans les deux tirades de cette scène ?

I) Un réquisitoire contre le discours des nonnes au couvent

A) La critique des nonnes- Perdican accuse les nonnes d’avoir « formaté » l’esprit de Camille : répétition du mot « leçon » (l.6, 14)

repris par les phrases ironiques : « ces femmes ont bien parlé ; elles t’ont mises dans le vrai chemin » (l.15-16). Elles ont profité de sa jeunesse pour l’influencer, comme le montre l’antithèse : « venir chuchoter à une vierge des paroles de femme » (5-6). Il emploie la métaphore hyperbolique du poison pour dénoncer la manipulation dont sont coupables les religieuses : « ces récits hideux qui t’ont empoisonnée » (21) ; elle suggère que le discours des religieuses est un poison puisqu’il agit contre le bien-être de Camille qui consisterait à épouser Perdican.

- Il remet en cause le contenu de leur discours qui fait l’éloge de l’amour divin : « Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge » (l.2-3). Or, Perdican, par une habile antithèse, oppose l’amour humain à l’amour divin, qui est, selon lui, la seule véritable tromperie : « savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ? » (3-4).

- Perdican attaque alors l’ignorance des nonnes : anaphore (« savent-elles », 3 et 4). Il emploie le vocabulaire juridique dans une hyperbole pour souligner leur responsabilité dans la fausse conception de l’amour que se fait Camille : « c’est un crime qu’elles font » (4-5). Il les présente comme le véritable obstacle à leur mariage, et donc à leur bonheur mutuel : « il pourra m’en coûter le bonheur de ma vie » (17). C’est pourquoi, à la fin de la 1ère tirade, il se pose en juge de leur sort à travers une sentence lapidaire: « le ciel n’est pas pour elles » (18).

B) Une tirade habile et virulentePerdican manie habilement le langage, est un bon rhéteur :

- Il emploie de nombreuses figures de style pour insister sur ce qu’il dit : anaphore (3-4), antithèses (2-4 ; 5-6) mais aussi chiasme (« l’amour des hommes comme un mensonge/le mensonge de l’amour divin », 2-4).

- Il interpelle Camille et l’implique dans son discours : il emploie des apostrophes (« malheureuse fille », 1-2 ; « Camille », 15), et s’adresse à elle en la tutoyant pour mettre en avant leur familiarité (« Sais-tu »). Il amplifie nettement ce tutoiement des lignes 8 à 15 pour insister sur la cruauté de Camille envers lui, avant cette entrevue, et essayer de l’attendrir par une personnification très pathétique : « tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petit fontaine qui nous regarde tout en larmes » (9-11). DISCOURS QUI CHERCHE A PERSUADER (appel aux sentiments) : il tente de montrer que les nonnes sont entrain de faire d’elle quelqu’un d’insensible. Enfin, il l’invite à réfléchir en présentant ses arguments sous la forme d’une accumulation de questions rhétoriques (2-6).

Derrière son argumentation, on sent l’emportement du personnage, qui rend aussi ce discours efficace :- La gradation hyperbolique (« il y a pis encore »… « c’est un crime », 3-5) rend compte de son implication

dans son discours.- Les phrases exclamatives (6-8) signalent l’intensité de ses sentiments, de même que les interjections (« ah !

6, « Eh bien ! » 15)).

C) L’efficacité des propos de Perdican- C’est Perdican qui a le pouvoir dans cet échange, comme le montre la disproportion évidente des

répliques : deux grandes tirades, contre une seule question de la part de Camille. Cette dernière ne proteste pas, mais semble subjuguée.

- Perdican adopte une posture de supériorité : il pointe du doigt l’ignorance de Camille (question l.1-2 + « malheureuse fille »), et se présente comme celui qui a tout compris de son comportement depuis le

début (« comme j’avais prévu tout cela quand tu t’es arrêtée devant le portrait de notre vieille tante ! », 7-8 > référence à la scène 2 de l’acte I, p.31-32).

- Il se permet alors de faire la leçon à son tour à Camille, lui dictant ce qu’elle doit dire et penser, comme le signalent les impératifs : « mais dis-leur cela de ma part » (17-18) ; « réponds ce que je vais te dire » (22), et c’est dans la deuxième tirade qu’il va dévoiler sa conception personnelle de l’amour.

II) La conception de l’amour de Perdican

A) Une conception très pessimiste de la nature humaine- Dans la 2e tirade, le propos de Perdican se généralise : passage des pronoms je/tu/nous à des adjectifs

indéfinis (« Tous les hommes », 22 ; « toutes les femmes », 24), et emploi du présent de vérité générale (« sont » 22 et 23).

- A l’aide d’accumulations hyperboliques (l.22-24 et 24-25), il dresse un portrait caricatural de la nature humaine comme étant caractérisée uniquement par le vice : l’homme et la femme seraient d’humeur changeante et enclins au mensonge et à la sensualité. Et personne n’échappe à ce terrible constat, comme le montre la gradation « tous les hommes »> « toutes les femmes » > « le monde » (26).Ce blâme de la nature humaine est accentué d’ailleurs par la métaphore filée de l’égout (26-28).

Rien ne semble donc pouvoir racheter l’homme…

B) Un éloge romantique de l’amour- Or, au milieu de cette tirade, le personnage opère un renversement inattendu à l’aide de la conjonction

« mais », qui sert à introduire le seul éloge de ce discours, celui de « l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux » (29-30), c’est-à-dire l’amour. Adjectifs mélioratifs : « une chose sainte et sublime » (28-29).

- Seul l’amour semble capable de donner du sens à la vie. C’est ainsi que Perdican évoque le thème de la mort (« quand on est sur le bord de sa tombe », 31-32), pour montrer que c’est l’amour que l’on a reçu et donné qui donne toute sa valeur à la vie que l’on a vécue, et même, c’est lui qui nous donne notre identité : « c’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui » (34-36).

- Or, et c’est là qu’il remet en cause la conception de l’amour de Camille (« Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir », p.66), Perdican présente la souffrance comme indissociable de l’amour : champ lexical de la souffrance (« trompé », « blessé », « malheureux », « souffert »). Autrement dit, pour lui, il faut prendre le risque d’aimer, même si cela peut nous rendre malheureux.

Scène capitale puisqu’elle va amener Camille à l’acte III à laisser transparaître ses sentiments pour Perdican. Mais aussi parce qu’elle énonce la conception personnelle de l’amour propre à Musset (cf dimension autobiographique : reprise de phrases écrites par George Sand dans une lettre adressée à Musset > voir p.125) ainsi qu’aux écrivains du mouvement romantique en général.

Séquence 3 – Séance : LA n°4 : le dénouement (III, 8)

Situation de l’extrait (résumé acte III) : Perdican intercepte une lettre que Camille adresse à son amie religieuse, Louise, et il constate que la jeune fille se flatte de l'avoir désespéré (scène 2). Piqué au vif, il s'efforce de la rendre jalouse et Camille entend les paroles d'amour qu'il adresse à Rosette et sa proposition de mariage (scène 3). Elle fait venir son cousin et cache la petite paysanne derrière un rideau ; Perdican finit par avouer à sa cousine qu'il l'aime et Rosette s'évanouit. Mais Camille affirme ne pas l’aimer, et Perdican s’entête à épouser Rosette (scène 6). Camille souffre, prise à son propre piège et fait un malaise (scène 7).A la scène 8, Camille et Perdican se retrouvent par hasard dans l’oratoire du château… Mais ils ne sont pas seuls (procédé du témoin caché déjà employé dans la pièce : III, 3 et III, 6 par ex.).

Rappel des fonctions du dénouement : - Résoudre le nœud de l’intrigue (= les problèmes posés)> question du mariage- Régler le sort des protagonistes- Donner le genre de la pièce (fin heureuse+but d’instruire plaisamment=comédie/ fin malheureuse+volonté

d’émouvoir avec pitié et terreur=tragédie ou drame)

Problématique : pourquoi peut-on dire que ce dénouement est complexe ?

I) Un dénouement de comédieIl concerne la relation entre Camille et Perdican : ils vont s’avouer enfin qu’ils s’aiment. Le mariage redevient possible au début de la scène.

A) Un coup de théâtreIl s’agit d’un dénouement surprenant :- Camille se rend seule à l’oratoire pour s’entretenir avec Dieu de l’amour pour Perdican dont elle vient de

prendre conscience et qui est suggéré de manière implicite (« quand j’ai refusé de devenir l’épouse d’un autre que vous, j’ai cru parler sincèrement », 4-5). Il s’agit d’un monologue (cf la didascalie « Entre Perdican », l.9).

- De même, Perdican recherche la solitude dans l’oratoire et tient un monologue où il évoque sa relation avec Camille (l.10-15 : « cette fille »). Il exprime ses regrets de ne pas pouvoir s’unir à elle, comme le montre l’emploi du conditionnel : « Elle aurait pu m’aimer, et nous étions nés l’un pour l’autre » (13-14).

- Or, le hasard va les faire se rencontrer et s’avouer leur amour : « Insensés que nous sommes. Nous nous aimons. » (18-19). Cet aveu s’accompagne de gestes significatifs, comme le montrent les didascalies : « Il la prend dans ses bras » (36) ; « Il l’embrasse » (41). Dès lors, la pièce semble s’orienter vers une fin heureuse, comme c’est traditionnellement le cas dans une

comédie, et comme le souligne le lyrisme des répliques.

B) L’éloge lyrique de l’amour et du bonheurLe lyrisme est présent à travers de nombreux procédés :

- Répétitions mettant en valeur le champ lexical de l’amour : au début et à la fin de sa tirade, Perdican dit « nous nous aimons » (18-19, et 35-36), ce qui est repris par Camille (37). Et le verbe aimer apparaît aussi l.13 et 39.

- Apostrophes (« Hélas ! » l.22 ; « Insensés que nous sommes ! » l.18 repris par « Ô insensés ! » l.35 ; « Ô mon Dieu ! »23-24…) et nombreuses tournures exclamatives (par ex. l.24-25) qui montrent l’intensité des sentiments éprouvés par Perdican.

- La tirade du personnage (18-36) manifeste ses regrets concernant le passé, comme le montre l’emploi dominant du passé composé : « avons-nous fait », « ont passé », « a voulu », « avons fait », « il a fallu ». Ce passé s’oppose au présent heureux des retrouvailles amoureuses (« nous nous aimons »).

- Il exprime aussi une certaine incompréhension : phrases interrogatives anaphoriques (« Quel songe … ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies… ? », l.19-21).

Après avoir déploré leur attitude orgueilleuse qui les a empêchés d’être heureux, Perdican fait alors l’éloge du bonheur, à travers des images poétiques liées au thème de la nature :

- Métaphore filée méliorative de la mer : « le bonheur est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas » (= la vie terrestre) ; Dieu est « un pêcheur céleste »… Il se compare, avec Camille, à des « enfants gâtés » qui n’ont pas su apprécier la préciosité du bonheur.

- Métaphore du champ : « le vert sentier », « une pente si douce », « buissons si fleuris »…

C) Une fin morale (//titre)La tirade de Perdican semble déjà offrir, à ce stade de la scène, une explication au proverbe qui sert de titre à la pièce : « On ne badine pas avec l’amour » car c’est un bien précieux qui rend supportable la vie terrestre (« cette vie est elle-même un si pénible rêve », l.22-23).

Cela rattache alors la pièce à la fois aux genres du proverbe et à celui de la comédie, qui a pour fonction d’instruire en amusant.

Mais ce proverbe, dans la deuxième partie de la scène, acquiert un sens plus sombre… La comédie du début de la scène débouche sur la tragédie.

II) Un dénouement de tragédie Il concerne la relation entre Rosette et Perdican : la tromperie de Perdican va déboucher sur la mort de Rosette. Le mariage entre Camille et Perdican devient alors impossible.

A) La présence d’une fatalitéD’emblée, le spectateur est saisi par la tonalité ambiguë de la scène, qui n’est pas celle, joyeuse, d’une comédie. Il s’agit d’insister sur l’idée d’une fatalité, d’abord par l’atmosphère religieuse :

- Lieu où se déroule la scène : un oratoire (= une chapelle).- Monologue de Camille : posture de prière (didascalie l.1) ; apostrophes adressées à Dieu (« ô mon Dieu »,

2) et invocations par l’intermédiaire de questions (l.6-8).- Tirade de Perdican : apostrophe à Dieu aussi (l.23-24) et adresse (tutoiement, l.25-27).

Dieu est omniprésent et il est présenté comme le maître des destinées humaines : Camille de mande : « M’avez-vous abandonnée » ? », « ne voulez-vous plus de moi ? » ; de même, Perdican considère que c’est Dieu qui lui a permis de rencontrer Camille et donc d’être heureux (« le bonheur…Tu nous l’avais donné, pêcheur céleste »). Puis, Camille prend Dieu comme témoin bienveillant de leur enlacement : « Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas » (l.38-39).Enfin, dans la deuxième tirade de Perdican, ce dernier s’adresse à Dieu pour que Rosette survive (55-62) Dieu n’est pas le seul à agir sur l’existence humaine, comme le montrent les personnifications de sentiments tels l’orgueil, que Perdican tutoie (l.10-15), ainsi que « la vanité, le bavardage et la colère » (l.31-32), accusés d’avoir fait obstacle au bonheur du couple.

Cette scène met en place l’idée d’une transcendance divine qui décide du sort des hommes, comme dans une tragédie.

B) Une scène émouvante : présence des registres pathétique et tragique Le registre pathétique : il transparaît dans la souffrance de Camille qui dit avoir perdu la foi (« je ne puis

plus prier », 9-10) et qui se plaint (« pourquoi suis-je si faible ? », « malheureuse »). Il est aussi dans le ton employé par Perdican pour parler de Rosette : « la pauvre enfant » (50).

Le registre tragique : cette scène fait naître la pitié et l’effroi à travers le personnage de Rosette, dont la présence était ignorée des personnages mais aussi des spectateurs. C’est le « cri » de Rosette qui fait surgir l’effroi (« un grand cri » >intensité). Puis, les répliques de Perdican installent le thème de la mort de manière prémonitoire : « il me semble que mes mains sont couvertes de sang » (48-49), « je sens un froid mortel qui me paralyse » ((52-53), « ne faites pas de moi un meurtrier » (55-56), ce qui instaure une tension croissante, jusqu’à la découverte du corps par Camille : « Elle est morte ! » (64). Perdican laisse éclater sa culpabilité : « je réparerai ma faute » (60) : Rosette est la victime innocente des jeux amoureux mis en place par Perdican et Camille.

C) Des personnages au destin scellé- Rosette est morte.- Le mariage entre Perdican et Camille est rendu impossible : dernière réplique de Camille : « Adieu,

Perdican ».- Renvoi au titre : plaisanter avec l’amour peut avoir des conséquences funestes. En jouant avec leurs

sentiments, Camille et Perdican ont enclenché une mécanique tragique qui les a broyés.

Il s’agit d’un dénouement typique du drame romantique, du fait du mélange surprenant des genres (comédie, proverbe, tragédie) et des registres (lyrique, pathétique, tragique), et du thème de la passion tragique.