DEBOUTCIV N°11

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[email protected] L’èRE oUATTARA oU LA pERTE DE LA SoUvERAINETÉ DE LA cÔTE D’IvoIRE FRANcE-cÔTE D’IvoIRE: LA TENTATIoN coLoNIALE LIBYE: LES RATÉS D’UNE GUERRE FRANÇAISE 100 jours de gouvernance de dramane ouattara cen sure

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e 100 jours de gouvernance de dramane ouattara [email protected] L’èRE oUATTARA oU LA pERTE DE LA SoUvERAINETÉ DE LA cÔTE D’IvoIRE FRANcE-cÔTE D’IvoIRE: LA TENTATIoN coLoNIALE LIBYE: LES RATÉS D’UNE GUERRE FRANÇAISE

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[email protected]

L’èRE oUATTARA oULA pERTE DE LASoUvERAINETÉDE LA cÔTED’IvoIRE

FRANcE-cÔTED’IvoIRE: LATENTATIoNcoLoNIALE

LIBYE: LESRATÉS D’UNEGUERREFRANÇAISE

100 jours de gouvernance de dramane ouattara

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SOMMAIRE 2

DOSSIER page 4-7

POLITIQUE page 8-17

ECONOMIE page 18-20

SOS CÔTE D’IVOIRE page 21-26

INTERNATIONAL page 26-27

NoTRE ÉQUIpE

Directeur de publication KADENGUE CISSE

Directeur de la rédaction STEVEN ANDREW

Rédacteur en chef STANI PRISCA

Responsables administratifsYVANN MURPHY

GAZOUA TETIALI

Responsables techniques JOHN MACLEAN

CHRISTIAN CHATAL

SCHADRAC THIGER

[email protected]

pARoLE FoRTE

“on n’a pas besoin d’êtreéconomiste pour être

président ...”

LAURENT GBAGBo

■Le RDR, l’Ivoirité, Alassane ouattara et la rébellion du Nord

■L’ère Ouattara ou la perte de la souveraineté de la Côte d’Ivoire■La Constitution est à Ouattara ce que la loi est aux Frères Cissé■France-Côte d'Ivoire : La tentation coloniale

■Les salaires de certains ex-Fds bloqués: La réconciliation,marche arrière, toute !■Gros marchés en Côte d'Ivoire : Obama réclame sa part dugâteau�100 jours du pouvoir Ouattara: La liquidation du pays a commencé

■Un soldat FRCI fait des révélations sur l'affaire des quatrepersonnes enlevées à l’hôtel Novotel■Massacres en Côte d’Ivoire: Arrêtons la fausse symétrie entreles deux camps■Les refugiés ivoiriens au Ghana face aux lenteurs du HCR: Unevie difficile

■Libye: Les ratés d’une guerre française

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EDITORIAL 3

Dramane Ouattara le candidatde l’étranger, le préfet installéau pouvoir grâce au coup d’é-tat grossier des forces franco-onusiennes vient d’enregistrer

ses 100 premiers jours de gestion du pou-voir d’état. 100 de cuisants échecs et degestion calamiteuse. Bilan : ZERO pointé! L’économiste surmédiatisé venu duBurkina Faso et du FMI a « joué bidet » surtoute la ligne.

ECHEC AU PLAN POLITIQUE

Dramane Ouattara est au pouvoir mais laCôte d’Ivoire est gérée par les réseauxmaçonniques, françafricains et politiquesdepuis l’hexagone. Le centre de décisionc’est désormais Paris ou plus exactementNicolas Sarkozy…On se rappelle commentles nostalgiques de l’époque coloniale ontapplaudi la présence du colon blanc à l’in-vestiture de Dramane Ouattara. Retourdonc à la case départ ou plutôt à la casecolon. La seule ligne politique lisible ducandidat de l’étranger consiste à braderles richesses du sol, du sous-sol ainsi queles entreprises ivoiriennes porteuses d’e-spoir à la France. Si le vrai crime de Lau-rent Gbagbo est, comme l’a faitremarquer Colette Braeckman d’avoirtenté de briser le quasi- monopoleéconomique de la France en diversifiantses partenaires, Dramane Ouattara sign-era en revanche, le grand retour de laFrance dans le Golfe de Guinée par lemaintien d’une force militaire françaiseainsi que le retour des conseillers françaisdans les 13 principaux ministères. Cesconseillers, rattachés à la présidence sontles vrais ministres de l’ombre. PatrickACHI en a fait l’amère expérience la se-maine dernière en découvrant au coursd’une visite en entreprise, que son dé-partement ministériel avait perdu latutelle des sociétés sous son contrôle auprofit du ministère de l’Economie et desFinances. Mais en réalité, c’est désormaisle très influent conseiller, Philippe Serey-Eiffel, le « blanc » d’Alassane Ouattaraministre de l’ombre des infrastructureséconomiques devient le vrai maître àbord…

ECHEC AU PLAN DE LARECONCILIATION

La réconciliation confiée à Banny est ensoi la chronique d’un échec programmé.Ce programme a en réalité été conçu à lahâte par les Nations Unies dans le seul butd’effacer la forfaiture de Choi et de Ban KiMoon. Ces criminels ont besoin de mon-

trer qu’en Côte d’Ivoire, tout va pour lemieux dans le meilleur des mondes. EtOuattara qui a la crème à la bouche maisla guerre dans le cœur n’y a vu que l’oc-casion d’éloigner Banny de la primaturetout en calmant l’impatience de son alliéPDCI. Banny lui-même, engagé à fonddans la perte de Laurent Gbagbo ne peutoffrir de garanties sérieuses pour une ré-conciliation réussie. Sur les bords de la La-gune Ebrié, Desmund Tutu, prix Nobel dela Paix a engagé sa crédibilité pour rien.En tout état de cause leur réconciliationde façade n’engage en rien la grande ma-jorité des ivoiriens qui partage plus que ja-mais l’idéal de Laurent Gbagbo.

ECHEC AU PLAN SECURITAIRE

Au plan sécuritaire, les exactions des ban-des armées de Ouattara font du pouvoiractuel une grosse machine sans tête.Jusqu’ici, rien ni personne ne semble pou-voir maîtriser les dérives des FRCI. Dra-mane Ouattara lui-même évite de passerses nuits en Côte d’Ivoire. Sa protectionrapprochée est assurée par la Licorne,l’ONUCI et une centaine de mercenairesburkinabés issus de la garde de BlaiseCompaoré. Il a perdu confiance en sescom-zones ( Watao, Cherif, Morou, BenLaden, Zakaria etc…) qui sont aujourd’huipriés de se tenir loin du palais et de leurchef. Alors, quand le chef lui-même n’aplus confiance en ses troupes, on faitcomment ? La confusion est d’autant plus grandequ’après les opérations dites de profilage,un certain nombre de miliciens pro Ouat-tara ont été abandonnés. Ceux-ci mena-cent la fragile paix sociale en réclamantaux chefs « leur argent » sur la base d’unepromesse de 5 millions par personne encas de victoire. Ceux-ci refusent donc dedésarmer. Que dire des tensions récurrentes entrepro IB… et pro Soro qui se traduisent pardes exécutions sommaires dans les ruesd’Abidjan ?La question sécuritaire se compliquelorsque l’on prend en compte les nom-breuses frustrations faites aux tradition-nelles forces de défense et de sécurité.Leurs primes dites "haut les cœurs", es-timées en moyenne à 50 000 FCfa qui ar-rivaient à échéance fin Mai 2010 ont étéreconduites par le gouvernement Gbagboen guise de récompense. La primeGbagbo a été supprimée unilatéralement.Par Dramane Ouattara. De surcroît, unplan de réduction de 20 000 des baux esten cours et devrait toucher tous lessous- officiers, officiers et commissairesde polices. Les militaires et gendarmes ne

sont pas épargnés par ces réductionsdrastiques de salaires. De surcroît l’on as-siste à un démantèlement brutal desunités d’élite par le biais d’affectationsfantaisistes qui touchent par exemple 120personnes au camp AGBAN. Ce camp paieainsi un lourd tribu à son attachement àla légalité républicaine.

ECHEC AU PLANJURIDIQUE

Au plan juridique, le garde des Sceaux etle Procureur de la République, dans leurcroisade anti-Gbagbo ont transformé unejustice déjà pourrie en une justice en étatde putréfaction avancée. La justice desvainqueurs dirigée contre un campuniquement, cette justice qui amnistie lescauses de la crise pour en condamner leseffets, cette justice qui fait contre elle l’u-nanimité des ONGs en charge des droitshumains est sans conteste, avec la ques-tion sécuritaire, la face la plus visible del’échec patent de Dramane Ouattara ences cent premiers jours.

CONCLUSION

Cet échec patent de 100 jours est ag-gravé par la question lancinante de lasanté précaire du chef qui attise la guerrelarvée de succession entre au sein duRHDP. Alassane ruse avec sa santé alorsque selon ses médecins sont état requiertune immobilisation obligatoire de 4 moisau moins pour traitements intensifs. Acause de toutes les raisons évoquées, laCôte d’Ivoire est aujourd’ une poudrièregéante où la moindre étincelle se trans-formera inévitablement en irruption vol-canique. Ajoutons à cette situationexplosive qu’à ce jour, l’ensemble dessalaires n’est pas payé. Que de nombreuxfonctionnaires attendent encore depuis bi-entôt un mois ! Que les retraités ne sontpas payés du tout ! Ne sommes- nous pasen train de vivre une nouvelle faillite ? Ainsi, même lorsqu’au titre des Relationsbilatérales la France annule plus de 655milliards FCFA de dette ivoirienne, les ef-fets de cette annonce ne se font pas sen-tir sur le terrain. Que neni ! Sur le terrainça « ment » toujours sur Ouattara. Sim-plement parce que la France a anticipésur le point d’achèvement du PPTE enabandonnant en réalité des créancesavariées. Or le pays a besoin d’argentfrais…Et les caisses restent cruellementvides !

▉KADENGUE CISSE

OUATTARA : 100 JOURS

DE CUISANTS ECHECS

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DOSSIER 4

le RDR,l’IvoIRIté,AlAssAne

ouAttARA etlA RébellIon

Du noRD

Article écrit en mars 2010 parClaudus et repris et modifié letexte à certains endroits sur leblog de Aymard. laudus Koua-dio y explique le concept de

l’Ivoirité, parle de Alassane Ouattara, dela rébellion du Nord avec à l’appui des im-ages édifiantes.

La campagne pour les échéances élec-torales Ivoiriennes prévues pour courantAvril-Mai 2010 bat son plein.

L’essentiel pour tous les candidats estd’arriver à rallier par tous les moyensimaginables, le maximum d’électeursvers leur camp. Bien que incertaine à ladate citée ci-dessus, tôt ou tard lesIvoiriens iront aux urnes pour choisir leurprochain Président : Avec quelle moti-vation majeure ?

La logique voudrait que ce soit au vu duprogramme de gouvernement des candi-dats et par ricochet son incidence à courtterme sur la vie des Ivoiriens et à longterme sur leur futur et surtout celui deleur progéniture. Cependant, mis à partles promesses risibles (voire surréalistesparfois) annoncées de haut vol par cer-tains candidats lors de leurs meetings,que sait la masse d’électeurs potentielssur la véracité des projets de société descandidats à notre Magistrature Suprême ?Pas grand-chose en vérité : Et ça, leséquipes de campagne qui ont face àeux des populations en majoritéanalphabètes et crédules le saventpertinemment.Même s’ils prennaient la peine d’étaleravec virtuosité les contours de leur pland’action une fois aux commandes dunavire Ivoire, ils n’auraient pas la certi-tude de faire comprendre à leur auditoireleurs schémas parfois très techniques.

Néanmoins il faut bien qu’ils arrivent àconvaincre le maximum d’électeurs : Làest tous le dilemme de la classe politiqueIvoirienne de l’après Feu Son ExcellenceLe Président Félix Houphouët Boigny.

Etant face à une situation quelque peu in-

confortable au vud’une populationhabituée à votersans conditionpour le PDCI (PartiDémocratique deCôte d’Ivoire) partiunique d’alors,l’ère du multipar-tisme s’annonçaitcalamiteuse pourles partis poli-tiques émergeant,comme le Frontpopulaire Ivoirien (FPI) et naissant,comme le rassemblement des républi-cains (RDR) qui résulte de la vomissured’un PDCI restructuré par le PrésidentBédié. Il fallait user de subterfuges pourse démarquer et attirer l’attention sur soipour espérer surpasser Aimé Henri KonanBédié le Président « par intérim » de la CIet candidat du PDCI d’un HouphouëtBoigny toujours charismatique mêmeaprès sa mort. Pendant ce temps, le prési-dent Bédié de son coté ne croisait pas lesbras. Il cherchait les voies et moyens pourcontrer ses adversaires potentiels. Pourécarter le RDR, le filon fut vite trouvé : LaNationalité Ivoirienne des candidats po-tentiels Djéni Kobenan et Alassane Dra-mane Ouattara. Pour préparer les espritsà sa nouvelle approche, le Président Bédiélança le concept de « Consommer Ivoirien» puis celui d’ «Ivoirité » en 1994 à lasuite de la modification du code électoral.Le Front Républicain d’alors formé par leFPI de Laurent Gbagbo et le RDR de DjeniKobena se retira de la course au pouvoirpour protester contre la décision du Prési-dent Bédié de ne pas amender ledit codesur certains points et appela ses militantsà ne pas voter.

Après le premier test réussi par le Prési-dent Bédié à l’élection présidentielle d’Oc-tobre 1995 malgré le boycott actif, enNovembre de la même année, la candida-ture aux législatives de Djéni Kobenan (SGdu RDR) fut refusée par Emile ConstantBOMBET alors Tout Puissant Ministre del’Intérieur au motif qu’il était Ghanéen.Djeni Kobena prôna le boycott actif en ap-

pelant simplement ses militants à ne pasvoter : C’était visiblement la premièreaction de l’Ivoirité sur l’onglet poli-tique.

Ci-joint la première revue sur l’ivoiritéprésidé par le Professeur et Mathémati-cien Saliou Touré (Saliou Touré est du nordet musulman et n’est pas un Akan. Je faisce rappel car ADO avait dit qu’il avait étéexclu de la course présidentielle car ilétait du Nord et Musulman).

Qu’est ce que l’Ivoirité ?

L’Ivoirité ou l’ »Esprit du Nouveau ContratSocial du Président Henri Konan Bédié, estun VAGUE concept sur l’humanismeIvoirien. Le CURDIPHE (Cellule Universi-taire de Recherche et de Diffusion desIdées et Actions Politiques du PrésidentHenry Konan Bédié) dirigé par le Pro-fesseur Saliou Touré, avait pour but de «mettre en mouvement tout le corps socialIvoirien autour du thème de l’Ivoirité pourque chacun s’en imprègne, s’en conva-inque et en soit l’ardent défenseur » selonla préface du N°001 de l’ETHICS (Etudeset théories de l’HUMANISME IVOIRIENpour la synthèse culturelle) une revue duCURDIPHE publiée en Octobre 1996 etrenfermant les actes de leur forum du 20au 23 mars 1996 à Abidjan.

Suite à l’affaire Djéni Kobenan et à sa Na-tionalité Ivoirienne contestée, le RDR saitqu’il a un plus gros problème. Son nou-veau leader et plus gros financier Alas

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DOSSIER 5

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@DeboutcIv

sane Ouattara étant Voltaïque, ils saventdorénavant que sa candidature sera re-jetée.

Puisque ayant été mal ou peu expliqué àla population composée en très grandepartie d’analphabètes, le concept d’Ivoir-ité, tel un vulgaire morceau de pâte àmodeler, est tordu dans tous les sens parles responsables du RDR. Chacun y vaalors de son explication : une véritableaubaine pour le RDR et Alassane Dra-mane Ouattara qui n’avaient aucunrepère solide.

Il crie au scandale de l’exclusion ethniquedu Nord musulman d’où il prétend venir:Nordiste et musulman = Tribalisme et nonlaïcité. Il a trouvé son cheval de bataille.En même temps, on met en exergue lefait que Bédié, un Baoulé, ait succédé àun autre Baoulé en la Personned’Houphouët Boigny à la tête de la CI pourrenforcer la thèse du tribalisme. Les nom-breux jours fériés octroyés aux confes-sions chrétiennes de CI, la Basilique NotreDame de la Paix de Yamoussoukro sontcités pour étayer les preuves de non laïc-ité de l’état Ivoirien. Un vaste plan d’in-toxication propagandiste sera lancé par leRDR dans le nord du pays sous fond demensonge grossier et d’incitation à lahaine et à la révolte du genre : « Le PDCIdit que nous sommes des peureux. Nosgrands-pères n’ont pas eu peur de pren-dre cette région avec les fusils et lapoudre. Nous ne voulons plus de ces gensparce que le PDCI nous manque de re-spect, nous méprise et ne nous considèrepas. Ils nous ont traités comme des ani-maux.Parce que nous votions pour Houphouëtils nous ont pris pour des ignorants. Ils ontorganisé une campagne de dénigrement: ils ont injurié Alassane, son père, samère et nous. Mais ils ne nous connais-sent pas. Parce que c’est avec des fusilset des balles que nos grands-parents ontconquis cette terre.

Ils ne nous font pas peur. Ils ont dit quenous ne serions plus rien dans ce pays.Ensuite ils ont renvoyé 267 de nos cadres.Ils ne veulent plus entendre l’appel duMuezzin de la mosquée pour la prière. Ilsne veulent pas de l’Islam et des musul-mans. Ils envoient les militaires les frap-per dans les mosquées. Si nous acceptonscela c’est que nous ne sommes pas desmusulmans, si nous les suivons c’est quenous sommes des bâtards. Vous connais-sez bien la chanson Malienne qui dit :plutôt la mort que la honte. Ici chez nousnous disons : ‘Mieux vaut mourir qued’avoir honte’.Pouvons-nous accepter lahonte ? NON !.

Nous avons les mêmes armes qu’eux.Nous avons aussi nos hommes dans l’ar-mée. Nous ne voulons d’eux ni aujour-d’hui, ni demain. Depuis que Houphouëtest mort nous n’avons connu quebrimades, honte et humiliations» dixitLamine Diabaté ex-mari d’Henriette DagriDiabaté à Odienné en 1995.

Lorsque Alassane Ouattara en personneconfirme ce genre de thèses en procla-mant sur TV5 en 1995 « On a écarté macandidature parce que je suis musulman

et du Nord! », les nordistes et les musul-mans se sentant lésés, rejoignent enmasse le RDR qui se radicalise en se sec-tarisant de plus en plus. Le RDR d’ADOavait ainsi trouvé son assise tribale.A partir de ce moment là, un véritablebras de fer entre le pouvoir contrôlé parle Président Bédié et Alassane Ouattaraqui devenait de plus en plus gênant pourle PDCI va s’engager.

Il convient de rappeler que ce n’était pasle premier conflit ouvert opposant lesdeux hommes. Loin des urnes, ils s’é-taient déjà affrontés pour la première foisaprès le décès du Président FelixHouphouët Boigny en 1993. En effet, ADOayant refusé de respecter l’Article 11 dela Constitution ivoirienne à l’issue dudécès du président Houphouët-Boigny, leprésident Bédié lui reprocha alors d’avoirtenté un coup de force pour accéder à laprésidence. ADO abdiqua alors en s’ef-façant face au Président de l’AssembléeNationale, successeur constitutionnel dupère de la nation : Premier combat, pre-mière victoire de Bédié contre ADO. Visi-blement, ADO n’aurait pas pu supporterun second revers dans cette guerre deshéritiers.La tension va alors monter d’un cran ettrès vite le RDR va passer à la défiance,aux menaces puis à la tentative de fraudeen vue de rendre Alassane DramaneOuattara Ivoirien et éligible à la Magistra-ture Suprême de la République de Côted’Ivoire. C’est à partir de ce moment queles choses vont s’accélérer. Dans son in-tervention face à la presse, le Ministre dela justice sous le Président Bedié déclareentre autre « […]Le 26 septembre 1999(un Dimanche), en l’absence de son Jugede Section en vacances, M. Zoro Bi Ballo,Juge Adjoint de la Section de Tribunal deDimbokro a fait établir et a signé au profitde M. Alassane Ouattara, un certificat denationalité ivoirienne sous le numéro2084.

Ce Certificat de nationalité a été versé audossier administratif constitué pour lesbesoins de la régularisation de la situationdu RDR au regard de la loi régissant lespartis politiques. […]Les premiers résultats des vérificationsfaites révèlent ce qui suit :

I/- Au niveau de la demande même duCertificat de nationalité :

- La demande libellée au nom de M. Alas-sane Ouattara ne comporte aucune signa-ture.

II/- Au niveau du certificat de nation-alité :

l)- Monsieur Alassane Ouattara, est-il ditdans ledit Certificat, demeure à Dim-bokro; ce qui ne paraît pas exact;

2)- Le double du Certificat qui est censéêtre identique à l’original porte une date,celle du mardi 28 septembre 1999 dif-férente du jour mentionné sur l’originalqui est le 26 septembre 1999. Il faut le souligner, il s’agit d’un jour nonouvrable puisqu’il correspond à un Di-manche.A-t-on établi le Certificat en cause le Di

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politique 6manche et a-t-on essayé de le régulariserle mardi suivant ? La question mérited’être posée.

III/- Au niveau de l’enregistrement ducertificat :

Le certificat de nationalité établi au nomde M. Alassane Ouattara porte le numéro2084 et est daté du 26 septembre 1999.

Consultez le répertoire des certificats denationalité tenu au greffe de la Section deTribunal de Dimbokro; Et vous découvrirezque ce numéro 2084 correspond à unautre certificat délivré le 29 septembre1999 à M. Koffi Konan Laurent.

Il suffit de poursuivre la consultation dumême répertoire pour découvrir d’unepart:- Qu’aucun Certificat de nationalité n’aété enregistré le 28 septembre 1999 en-core moins le dimanche 26 septembre1999 qui n’était pas un jour ouvrable pourl’Administration de la Justice et qued’autre part, nulle part, je dis bien nullepart, il n’existe aucune trace du certificatétabli au nom de M. Alassane Ouattaradans le registre des certificats de nation-alité du Tribunal de Dimbokro.

Au total il s’avère que le Certificat de na-tionalité établi au nom de M. AlassaneOuattara porte un faux numéro et n’a étéenregistré dans aucun des registres tenusau Tribunal de Dimbokro.» En gros, Alas-sane Dramane Ouattara s’est fait fabri-quer son 1er certificat de NationalitéIvoirienne à 57 ans, un Dimanche, à Dim-bokro ville ou il ne résidait pas.A partir de ce moment, il planait sur lui lamenace d’un mandat d’arrêt lancé par lajustice du gouvernement Bédié qui luipromettait un châtiment exemplaire s’ilne renonçait pas à ses ambitions prési-dentielles en Côte d’Ivoire.

C’était mal connaitre le teigneux Ouattaraqui, les ergots dressés, montrait son ab-négation et sa pugnacité sous fond demenaces. Souvenez vous cette phraseterrible de Alassane Ouattara en 1999:(«Ce pouvoir moribond, je le frap-perai ; il tombera, et je rentrerai à

Abidjan avant la fin de l’année»).Comme le disait M. Lamine Diabaté ex-mari d’Henriette Dagri Diabaté à Odiennéen 1995 (« Nous avons les mêmes armes

qu’eux. Nous avons aussi nos hommesdans l’armée.»)Des proches de ADO à savoir le Sergentchef Ibrahim Coulibaly dit IB, Oumar Diar-rassouba dit Zagazaga, Wattao et autresKoné Seydou (retenez bien ce nom) vontmettre à exécution le plan du RDR sousfond d’une mutinerie au sein de l’armée.Mutinerie qui va finir en coup d’état mili-taire éjectant ainsi le Président Bédié dupouvoir le 24 Décembre 1999. Hiérarchiemilitaire oblige, les épaules du SergentChef Ibrahim Coulibaly étant encorefrêles, le nouveau pouvoir conquit par lesjeunes militaires sera confié au GénéralRobert Guéi qui n’était plus en odeur desainteté avec le PDCI de Bédié qui l’avaitcontraint à une retraite forcée pour accu-sation de tentative de coup d’état mili-taire.

Alassane Ouattara venait ainsi de rétablirla balance. Il a effectivement frappé lepouvoir du PDCI de Henri Konan Bédié, ilest tombé ; et Alassane Dramane Ouat-tara est rentré à Abidjan pour la SaintSylvestre.

Dans un souci d’apaisement, les deux ex-ilés reviennent en Côte d’Ivoire avec labénédiction du nouvel homme fort qui es-père ainsi attirer la sympathie du peuple.

Il s’en suit alors une véritable mascaradede l’auto proclamé « Candidat du peuple» Robert Guei qui avait par la suite troquésa tenue militaire contre le titre d’hommepolitique. Candidat à la présidentielle, il amalicieusement écarté ses potentiels ad-versaires à risque qu’étaient alors le Prési-dent Bédié et le Premier Ministre AlassaneD. Ouattara en modifiant la constitutionsuite à un semblant de « référendum ex-press ». A partir de cet instant, RobertGuéi avait montré son souci de ne pascéder son fauteuil.

Il n’avait face à lui que Laurent Gbagbo lecandidat du FPI qui n’avait même pas lesmoyens financiers de mener une cam-pagne politique digne de ce nom.

Etant assuré de gagner les élections con-tre lui, le général Guei avait organisé desélections présidentielles acceptables en

2000 et à sagrande surprise,le tocard de lacourse qui en faitétait un véritableOutsider en qui lepeuple se recon-naissait depuisdes années, jouales troubles-fêtesen remportant lescrutin.

Face à ce reverscinglant, legénéral Guei, fa-vori illusoire de lacourse, tenta dés-espérément des’approprier lepouvoir par la

force, mais fut jeté hors du champ decourse par un élan de désapprobation na-tionale suite à l’appel de Laurent Gbagbole Président élu : c’était la porte ouverte

à tous les fantasmes non assouvis du RDRet de son leader qui pouvait ainsi remettresa machine en route. Le RDR qui à ce mo-ment là s’est comporté comme un vérita-ble charognard, lança par la voie de sonleader Alassane Ouattara, un autre appelvisant à récupérer le pouvoir d’état dansla rue en imitant les propos du présidentélu. Fiasco totale. Le RDR venait lui ausside subir un autre affront qu’ADO à promisde faire payer à la Nation tout entièreavec des propos du genre : ‘Je vais rendrece pays ingouvernable‘.Le président Gbagbo était il responsablede l’injustice subie par Henry K. Bédié etAlassane D. Ouattara ?

Comment peut-on se permettre de pré-tendre être Président à la suite d’électionsauxquelles on n’a pas été candidat ? Sur-réaliste tous simplement.

Après ces crises à répétitions, le PDCIs’est trouvé traumatisé et fragilisé quandle RDR tentait sournoisement de désta-biliser le Président Gbagbo via plusieurstentatives de coups de force quin’aboutissaient pas dans un premiertemps.

Il était clair que la culture de parti poli-tique de l’opposition ne correspondait niau PDCI habitué à diriger depuis 40 ans,encore moins au RDR dont les membresétaient pour la plupart issus du PDCI etqui en plus venaient de voir la Présidencede la République leur passer au nez et àla barbe.

Vu que Gbagbo avait pendant de nom-breuses années pataugé sur le terrain dif-ficile de l’opposition, il pouvait trèsaisément les prendre à défaut car ayantplus d’expériences que ces politiciens quin’avaient jamais mené de combat poli-tique et qui ont été parachutés a despostes clés: Président et Premier ministre.

Indépendamment Ado et Bédié en étaientconscients. Il fallait alors le faire partir trèsvite et par tous les moyens. Dans l’enten-dement et à l’analyse des agissements duriche PDCI héritier légitime, mais encoredu plus riche RDR aux bras longs, Ilparaissait inadmissible que Gbagbo, ce «crève la dalle là » qui en plus n’a aucunsoutien extérieur puissant puisse êtrependant cinq longues années, l’hommeayant les clés du palais présidentiel ettout ce qui va avec.

Tous ces faits ont laissés des plaiesgrandes ouvertes ou des marques indélé-biles dans la vie de tous les Ivoiriens. Leforum pour la réconciliation nationale or-ganisé par le président Gbagbo et ayantpour but de calmer la situation et apaiserles cœurs, n’a fait que mettre de l’huilesur le feu au vue des propos incendiairesde l’opposition. Propos qui ont conduits àdes positions plus figées qu’elles ne l’é-taient déjà.

Dans cet élan là, survint l’attaque de la ré-bellion armée du 18-19 Septembre 2002,moins de deux ans après l’accession aupouvoir du Président Gbagbo. Les dif-férents groupes rebelles (MPCI, MPIGO,MJP…) après avoir essuyé un revers dansleur projet de prise de la ville d’Abidjan et

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politique 7d’occupation de la Présidence de larépublique, furent contraints de

faire demi-tour vers le Nord en occupantau passage une partie de la zone Ouest etNord du Pays. Tuerie, assassinats,meurtres, viols, exécutions sommaires,enlèvements, exactions, mutilations, pil-lages, seront le quotidien des populationssous contrôle des rebelles.

On retrouva alors au sein du MPCI de2002, les mêmes mutins de 1999 (IbrahimCoulibaly dit IB, Wattao, Tuo Fozié qui esten fait le Koné Seydou de la mutinerie de1999…) et une organisation politiquedirigée par Guillaume SORO un militantRDR et candidat colistier (Avec HenrietteDagri Diabaté) sur la liste RDR de Abidjan-Port Bouet aux législatives de 2000 aux-quelles le RDR n’avait finalement pasparticipé… et on comprend mieuxpourquoi.

La Côte d’Ivoire venaitainsi d’être divisée endeux :

- d’un coté la rébellion armée était sus-citée ouvertement pas le RDR, puissoutenue par le PDCI-RDA. Officieusementmais vraisemblablement la rébellionarmée avait la bénédiction et l’appui duprésident Français Jacques Chirac qui n’é-tait pas en odeur de sainteté avec le Prési-dent Gbagbo, Président (anarchiste selonlui) de l’ex colonie Française, et qui refu-sait d’être le préfet qui baisse le culottedevant le locataire de l’Elysée- de l’autre coté un Gbagbo esseulé, ac-culé de toutes parts et qui ne pouvaitcompter que sur lui et son peuple, ce pe-uple qui l’a élu.

Dès lors, les chefs rebelles crient victoireet commencent a préparer le terrain pourl’instigateur de cette guerre qu’ils croy-aient avoir déjà gagné.

Dans cet élan, le Commandant de Zonerebelle Koné Zakaria déclare lors d’unmeeting en zone occupée : «Si vous sup-portez le MPCI, ne le faites ni pour Za-karia, ni pour IB, ni pour quelqu’und’autres sinon pour celui qui a acheté nosarmes, c’est à dire ALLASSANE DRAMANEOUATTARA. Lorsque nous étions en exil,c’est ALLASSANE qui s’occupait de nous.Il nous apportait régulièrement du riz et lasomme de 25.000.000 F.CFA chaquemois»ALLASSANE DRAMANE OUATTARA venaitencore de frapper la Côte d’Ivoire.

Face à cette situation qui risquait d’em-

brasser un pays déjà fragilisé, il fallaittrouver un terrain d’entente avec la rébel-lion et l’opposition pour calmer les espritset assurer un minimum de quiétude aupeuple. Alors commença un grand vas etvient international pour trouver un moyende retour à la paix en Côte d’Ivoire. Quede tergiversations, de mensonges et denon-dits de la part de l’opposition et desrebelles au cours de cette grandevadrouille. Aujourd’hui et cela depuis2007, Guillaume Soro le secrétairegénéral du MPCI le parti politique crée parla rébellion armée est Premier ministre dela République de Côte d’Ivoire. Certainsde ses camarades issus de sa mouvancesont ministres de la république depuis2002: et pourtant ses hommes n’ont tou-jours pas désarmés, pire, ils continuent defaire souffrir la population dans les zonesqu’ils contrôlent (réquisition de biens,tuerie, viols, emprisonnement arbitraire…).

Visiblement le nouveau premier ministrefait des efforts pour se rapprocher du pe-uple mais en fait encore plus pour se rap-procher des siens et gagner leurconfiance depuis qu’il a échappée à un at-tentat meurtrier dans son fief à Bouaké enjuin 2007 car jugé trop conciliant avec lePrésident Laurent Gbagbo.

Pour preuve, il vient d’installer HamedBakayoko le directeur de campagne pourla jeunesse RDR comme Conseiller Spé-cial à la Primature et rappeler RogerBanchi du MPCI dans son équipe.Que pensez de cette nouvelle approchedu Premier Ministre Guillaume SORO ?Cependant, la situation politique n’a pasconnue une avancée de poids depuis unbon moment, bien au contraire.

“Votre combat était indispensable”. C’é-tait le sieur Alassane Dramane Ouattaraqui s’adressait en ces termes aux respon-sables des Forces Nouvelles à Bouaké, oùil était récemment en tournée.

Il faut rappeler que les deux chefs deguerre de l’ex-rébellion après SoumailaBakayoko sont Issiaka Ouattara alias Wat-tao et Morou Ouattara. Tout ça pour êtreprésident.

Oui le combat de la rébellion arméequi a:

- massacrée des gendarmes désar-més et leurs enfants,

- endeuillée des milliers de famillesinnocentes,

- spoliée d’honnêtes gens de leurs

biens, leurs souvenirs et leur avenir,

- violée sexuellement des hommes etdes femmes,

- mutilée des enfants,

- pillée et incendiée des villages en-tiers et des plantations,

- fait des milliers de déplacés,

- mis toute la Côte d’Ivoire àgenoux…

Oui ce « combat » était indispensable caril a permis au Burkinabé Alassane Dra-mane Ouattara de marcher sur la consti-tution Ivoirienne et être candidat àl’élection présidentielle de Côte d’Ivoire,cela ne lui a pas suffi, il rejette en plus lesdécisions du Conseil constitutionnelivoirien et est soutenu par ces alliés occi-dentaux.

Vive la méchanceté, vive le mensonge,vive l’oubli, vive la schizophrénie de cer-tains journalistes et de certains Politiciens,vive la mauvaise foi pour que survive unenation défigurée.

▉Claudus Kouadio

poUR voS ANNoNcES

coNTAcTEZDEBoUTcIv

ENÉcRIvANT À:

[email protected]

Page 8: DEBOUTCIV N°11

politique 8

Mon cher ouattara, desfrontières sécurisées, ce

n’est pas une bonne chose !

Décidément avec vous, lesIvoiriens ne sont pas au boutde leurs surprises. J’ai lucomme bien d’autres person-nes à travers votre presse

habituée à faire l’apologie de l’impostureet du crime gratuit-, que vous avez dessoucis au plan sécuritaire. J’ai essayé decomprendre de quelle forme de sécuritévous avez besoin ; il m’est revenu quevous avez besoin de sécurité pour sta-biliser les frontières et par ricochet, votresiège branlant d’imposture.

Et pour obtenir un coup de main, vousmisez sur l’aide du Libéria et du Ghanavoisins. Ah donc il faut des frontièressécurisées et uneabsence totaled’agression mili-taire pour qu’unpays se portemieux !? Et vousavez passé les 15dernières annéesde votre vie à fi-nancer ou faire fi-nancer des hordesde bandits pourfaire des trousbéants dans lesfrontières du Nordet de l’Ouest de laCôte d’Ivoire etc o m m a n d i t e rtoutes sortes d’at-taques militaires!? Non ! Ne nousdites pas que vousavez besoin def r o n t i è r e ssécurisées. Parceque je vouspromets qu’ellesne le seront pas.

Eh oui, les fron-tières que vousprétendez avoirsécurisées ne peu-vent pas êtresécurisées. Ellesne peuvent pasl’être parce que les pistes rurales qui re-lient les familles de part et autre des fron-tières, ne figurent pas sur les cartes de laLicorne ou de l’ONUCI. Vous ne pouvezpas les sécuriser parce que la populationdans ces zones ne vous reconnaît pascomme Président de la Côte d’Ivoire ;donc elle ne coopère pas avec lesagresseurs de la Côte d’Ivoire que sont laLicorne et l’ONUCI.

Mieux, elle est prête à se battre pour hon-orer la mémoire de ses frères et sœursque vous avez fait massacrer ; pourdéfendre leurs terres que vous êtes en

train de promettre à vos frères voltaïquescomme un butin de guerre ; eh oui, elle vase battre pour chasser les colons en-vahisseurs français de leurs terres. Il fautqu’elle se batte pour ne pas laisserl’ONUCI organiser l’étape finale du géno-cide de ses enfants en formant et en or-ganisant les génocidaires dozo et autresmercenaires que vous avez envoyés ex-terminer les Guérés après les bombarde-ments des avions de la France et de l’ONUen Côte d’Ivoire. Alors Monsieur le désta-bilisateur, vous n’aurez pas de frontièressécurisées pour vous permettre de lacouler douce.

De mon point de vue, quelqu’un comme

vous, habitué à créer le désordre pourmettre tous ceux qui vous ont précédé enpays ingouvernable, a tout aussi appris àévoluer en environnement ingouvernable.Et cela est une loi divine. "Ce que voussouhaitez aux autres, Je vous souhaite lamême chose". C’est Dieu Lui-même qui ledit. Et moi j’extrapole : ce que vous trou-vez bon pour les autres, eux aussipensent que c’est bon pour vous. Danstous les cas, un service, ça se rend. Vousavez fait un cadeau royal à LaurentGBAGBO en lui offrant une rébellion à ten-tacules extraterritoriaux, eh bien, les par-ents, amis et connaissances de Laurent

GBAGBO vous doivent une rébellion en-racinée hors des frontières nationales. Jevous le répète, un service, ça se rend. Etcomme vous êtes un économiste em-brouillé, je me fais fort de vous le rappeler: rien n’est gratuit dans ce monde simatérialiste.

Mieux, vos alliés du Burkina Faso et duMali ont usé d’hypocrisie lorsque BédiéKonan ou Laurent GBAGBO les interpel-laient sur la nécessité de sécuriser lesfrontières communes pour la stabilité in-dispensable à l’essor économique de cha-cun des pays. Ils ont toujours feint d’êtrede bonne foi pour ensuite accompagnervotre entreprise criminelle. C’est la même

chose que lesautres que vouss o u p ç o n n e zd’abriter ceux quivont vous fairepayer cher votreimposture, fontavec vous. Celas’appelle la po-litesse diploma-tique. Vouspouvez appelercela l’hypocrisiediplomatique. Çane changera rien.Vous leur sortezpar les pores.

Mais ils fontcomme s’il n’y arien. Ils vousvoient comme lesymbole de lanouvelle humilia-tion de l’Afriquepar l’hommeblanc. Mais ilsvous saluent enrigolant. Ils s’arrê-tent même pourvous écouterquand vous par-lez. Mais ils n’en-tendent rien de ceque vous dites.Car vous n’êtes

pas leur ami encore moins leur homo-logue. Vous n’êtes qu’un fruit malsain enattente d’être cueilli et jeté à la poubelle.Alors vos histoires de boucler les fron-tières, ce n’est que la poudre aux yeux.Vous l’apprendrez à vos dépens bientôt.Monsieur le fanatique des pays ingouvern-ables, votre sécurité frontalière ou votresécurité tout court, on s’en fout !A très bientôt

▉Hassane Magued

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Après la suppression des primes ali-mentaires: Ouattara exige que lespoliciers achètent leurs tenues.

Le commandant de la Brigadeanti-émeute (BAE), Touré Alexis,a informé, hier, ses éléments, dela décision les enjoignant de s'a-cheter, eux-mêmes, leurs tenues,

d'ici le 28 juillet prochain. Selon dessources crédibles, le commandant de laBAE a menacé de refuser de signer l'attes-tation de présence au corps de tous ceuxqui ne se soumettront pas à cette exi-gence. Ils courent le risque d'être radiésdes effectifs. Cette mesure n'est pas spé-cifique à la BAE. Les sources ajoutent quecette mesure touche également toutes les

unités de la police. Anoter que la non sig-nature de l'attestationde présence au corpsfait courir le risque desuppression de salairevoire de radiation deséléments.

L'information a na-turellement suscité unmécontentement dansle milieu des policiersqui estiment que lerégime Ouattaramanœuvre à casserl'armée. « On nous asupprimé 50.000

francs sur notre salaire, et on nous de-mande de nous habiller nous-mêmes. Cen'est pas normal », a indiqué un élémentde la police. Il se murmure que cette dé-cision pourrait s'étendre à toute l'armée.

▉César Ebrokié Notre voie

POLITIQUEitique 9 9

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lA tenue Des coRpshAbIllés

DevIent pAyAnte

Page 10: DEBOUTCIV N°11

Monsieur Young-Ji Choi, rien de sertde courir, pour colmater les brèchesouvertes par vos mensonges : il fal-lait partir à temps, sur les bases dudroit authentique et de la vraie jus-tice …

Le vingt-huitième rapport du Se-crétaire général sur l'Opérationdes Nations Unies en Côted'Ivoire (Onuci) a été présenté le18 juillet 2011, au Conseil de

sécurité à New York par Young-Jin Choi(voir ici, ici et ici). Il montre clairementque l’Onuci, conformément à son mandatd’appui au processus de paix, a pris lecontrôle de la sécurité du territoireivoirien vu qu'elle ne croit pas en la capac-ité pleine des Forces républicaines deCôte d’Ivoire (Frci), à assurer efficacementcette mission. En effet, Young-Jin Choi,représentant spécial du secrétaire généraldes Nations unies pour la Côte d'Ivoire, ademandé d'autoriser le maintien des ef-fectifs militaires de l'Onuci (voir ici, ici etici), soit 9 792 personnes, dont 8 402 sol-dats, 186 observateurs militaires et 96 of-ficiers d'état-major. Pour ce qui est de lapolice, l'effectif passe à 1 555 fonction-naires.

L'Onuci continuera à protéger la popula-tion civile grâce à sa présence. Le caséchéant, elle interviendra directementdans le cadre de son mandat. En plus, sestroupes se renforcent à l’ouest en se dé-ployant vers Tabou, Toulépleu et Tai. Puis,elles reconstituent une force de réservetout en maintenant la souplesse néces-saire pour se déployer ultérieurement. Eneffet, Young-Jin Choi, qui a présenté lerapport, a expliqué que compte tenu de ladésintégration des services nationauxchargés de la sécurité et du respect de l'É-tat de droit, les composantes militaire etde police de l'Onuci prendront de nou-velles dispositions. Il s'agira de renforcerleur rôle pour ce qui est de la protectiondu personnel, des installations et desbiens des Nations Unies et des partiesprenantes. Tout comme les installationsessentielles ivoiriennes. Il a été recom-mandé que l'effectif de 2 400 soldats et100 policiers supplémentaires, précédem-ment autorisé, soit maintenu jusqu'aulendemain des élections législatives.

En outre, compte tenu des capac-ités actuellement limitées de la police etde la gendarmerie ivoiriennes, il a été re-demandé que le Conseil de sécurité au-torise la reconversion de 100 membresdes unités de police constituées en of-ficiers de police déployés individuelle-ment ainsi que la conversion de 120agents supplémentaires. S'ajouteront 205spécialistes de la gestion des foules, de lasurveillance policière de proximité, desactivités de police judiciaire, des enquêtespénales, de la violence sexuelle, de lacriminalité organisée et de contrôle desfrontières. Ce, pour contribuer au ren-forcement des capacités des organesivoiriens chargés d'assurer le respect deslois.

L'Onuci, en étroite coordination avec laMission des Nations unies au Libéria(Minul) et conformément aux résolutions1980 (2011) et 1981 (2011) du Conseil desécurité, renforce également l'appuiqu'elle apporte aux autorités ivoirienneset libériennes afin de les aider à cerner etrésoudre les problèmes de sécurité trans-frontalière. Ces recommandations dé-coulent d'une mission d'évaluation qui aséjourné en Côte d'Ivoire, du 1er au 14mai 2011. De ce qui précède, l'Onuci in-tervient à tous les niveaux pour garantirla sécurité des personnes et de leursbiens. Qu'est-ce qui pourrait expliquer lescraintes des Nations unies?

"Le risque d’une reprisedu conflit armé est tou-jours aigu"

En effet, selon cette mission dirigée parYoung-Jin Choi, "la situation qui règnedans le pays sur le plan de la sécurité, enparticulier à Abidjan et dans l'ouest, de-meure extrêmement précaire. Le risqued'une reprise du conflit armé est toujoursaigu et les attaques contre les populationsciviles continuent. Il est possible qu'ellessoient fomentées par les nombreux sol-dats de l'ex-Garde républicaine qui sesont fondus dans la population civile àAbidjan avec leurs armes ou encore parles milices pro-Gbagbo, les mercenaires

et les anciens membres des Fds qui ontété ré-aiguillés à partir d'Abidjan et ten-tent de se regrouper dans les provincesoccidentales, ou encore par les Jeunes Pa-triotes et les membres de la Fédérationestudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire(Fesci) qui ont toujours accès à des armes,et des éléments des « Commandos invis-ibles » qui sont entrés dans la clandes-tinité avec leurs armes".

Aussi, selon l'Onuci, "les Frci continuentd'être caractérisées par leur nature nonconventionnelle et disparate, leur ab-sence de cohésion et l'insuffisance deleurs moyens. Elles sont composées d'an-ciens membres des Forces armées desForces nouvelles (Fafn), d'anciens mem-bres des Fds qui ont fait défection avantl'arrestation de Gbagbo et d`une multi-tude de jeunes gens non formés qui ontété recrutés pendant l'offensive des Frci.Leur effectif actuel reste à confirmer. Lessoldes n'étant pas régulièrement payées,certains de leurs éléments se livrent à desextorsions et à des pillages à Abidjan etdans les provinces du pays".

En plus, au niveau de la Police et de lagendarmerie, ce rapport note qu'à ce jour,85 % d'entre eux se sont fait enregistrerpour la reprise de leurs fonctions, maistrès peu sont ceux qui travaillent effec-tivement. Par ailleurs, selon Young-JinChoi, "les mercenaires partisans deGbagbo, les milices et les anciens élé-ments des Fds à l'ouest constituent unegrave menace non seulement pour laCôte d'Ivoire mais également pour sesvoisins. La plupart des voisins de la Côted'Ivoire risquent d`être déstabilisés du faitdu caractère poreux des frontières et del'histoire des anciens combattants et mil-ices de la sous-région qui agissent pourleur propre compte". En clair, les Frci, lagendarmerie et la Police nationales nesont pas véritablement opérationnelles.C'est au vu de ces réalités que l'Onuci adécidé de tisser sa toile en Côte d'Ivoirepour garantir la paix et la sécurité en Côted`Ivoire et dans la sous-région.

▉K.A.Parfait in Soir Info

POLITIQUE 10

Qui sème le ventrécolte la tempête...

SéCURITé DE laCôTE D'IVOIRE :l'OnUCI DOUTE

DE l'aRméE

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POLITIQUE 11

Cherchez l’erreur : Nous avons trop de fonctionnaires enFrance, mais nous payons les fonctionnaires de Côted’Ivoire !

Le 14 juillet dernier, au cours d’une conférence de presseconjointe d’Alassane Ouattara et de François Fillon, Pre-mier Ministre de la république Française, les ivoiriensmédusés voyaient resurgir un cauchemar duquel ils secroyaient sortis. Ils ont assisté avec stupeur, à la perte

du dernier brin de dignité qui restait à la Côte d’Ivoire en ap-prenant que: «c’est la France qui a payé les salaires des fonc-tionnaires ivoiriens». Dixit François Fillon, Premier ministre de laFrance.

François Fillon, le VRP (Voyageur Représentant Placier) deSarkozy est aussi et surtout venu finaliser les dernières modal-ités du partage du ‘’gâteau ivoire’’. Fait remarquable, il était àla tête d’une forte délégation d’hommes des milieux d’affairesfrançais. Selon des observateurs occidentaux, l’heure du busi-ness a sonné en EburnieDonnant les raisons ‘’officielles’’ de sa visite en Côte d’Ivoire, ila affirmé: « Ce que nous voulons nous, c’est aider la Côted’Ivoire à assumer la plénitude de sa souveraineté ». En d’autrestermes, la Côte d’Ivoire n’est pas à même, de garantir son au-tonomie et aurait encore besoin des services de l’ex-colonisa-teur. Il s’agit là, en fait, d'une autonomie sous tutelle, maquilléepar des prétextes fallacieux de ‘’coopération bilatérale’’ etautres ‘’relations fraternelles’’. Car comme l’a reconnuquelqu’un, les relations entre les États ne sont mues que par desintérêts, rien que des intérêts. Aussi, comment interpréterons-nous les prétentions soudaines de la France, surtout après lachute du régime du Président Gbagbo, à vouloir ‘’marquer’’ laCôte d’Ivoire comme un territoire reconquis en verrouillant desdomaines aussi importants que la défense, la sécurité, lacoopération économique, financière et diplomatique? Au pointque les États-Unis s’en offusquent ? Des questions pourtantlégitimes que François Fillon a qualifié avec arrogance de ‘’logi-ciels dépassés’’. Pour bon nombre d’ivoiriens restés lucides, ceretour de la France, n’est en effet, ni plus ni moins que la renais-sance de l’hégémonie française dans son ex-pré-carré, la Côted’Ivoire. Au-delà des discours policés et enrobés de mensonges, nousmontrerons, dans notre analyse, comment la question de la sou-veraineté totale de la Côte d’Ivoire, est toujours valable et resteau cœur des aspirations du peuple ivoirien, et fascine inlassable-ment les jeunes générations africaines. Comment, par des

procédés de plus en plus subtils et pernicieux, les puissances oc-cidentales, notamment la France, entendent assoir leur domina-tion complète et durable dans ce pays.

Certes, la France se targue d’une part, d’avoir les moyens finan-ciers, l’expertise et les outils nécessaires à la recherche et à l’-exploitation des ressources naturelles de la Côte d’Ivoire. D’autrepart, elle possède les infrastructures pour la transformation deces ressources. Cependant, ces raisons sont-elles suffisantespour qu’elle impose son dictat à la Côte d’Ivoire ? Et qu’elle con-tinue de piller toutes les matières premières de ce pays, ne luilaissant que des miettes dont il devrait se contenter ? Vous conviendrez avec nous que non ! L’idéal dans ce cas seraitd’abord de refuser une telle contrainte et de faire jouer des ap-pels d’offre, invitant ainsi de nouveaux partenaireséconomiques. Chose inconcevable pour les patrons d’entreprisesfrançaises qui considèrent la Côte d’Ivoire comme leur chassegardée ! Ceux qui ont essayé ont fini par subir le courroux de laFrance: Henri Konan Bédié dans son discours du 22 décembre1999 à l’Assemblée Nationale, était loin d’imaginer qu’ilprononçait les mots qui allaient sceller définitivement son sortet celui de son régime. Il pensait bien faire en dénonçant desmesures à lui imposées. Il affirmait notamment : « Au cours deces années, on nous a imposé des conditions de gestion draconi-ennes, sans cesse renforcées » et encore: «Ce fardeau est troplourd, trop injuste, trop aliénant. Il constitue un obstacle à labonne gouvernance et à notre lutte contre la pauvreté». LaurentGbagbo, quant à lui, n’a pas subit un meilleur destin. Sarkozyestimant que ce dernier « est résolu à se tourner vers des parte-naires inhabituels », en l’occurrence, la Russie et la Chine.

Au regard de ce qui précède, comment Alassane pourrait-il nepas privilégier les intérêts de la France en faisant d’elle le parte-naire exclusif de la Côte d’Ivoire ? Lui si redevable à l’arméefrançaise pour son accession au pouvoir ? Selon des analystesfrançais: «Aux yeux de Paris, Alassane Ouattara, ami personnelde Sarkozy, ancien directeur du Fmi, gestionnaire libéral,représente un interlocuteur beaucoup plus crédible que Gbagbo,le nationaliste ».

Ce n’est pas en vain que la France a déployé des moyens con-sidérables pour intervenir en Côte d’Ivoire, au risque de se dis-créditer aux yeux d’une certaine opinion africaine qui réprouvel’interventionnisme occidental. La France est en passe, s’il ellene l’est déjà, d’avoir le contrôle total du pays. On annonce à ceteffet une signature prochaine d’accords de défense entre lesdeux pays. Et François Fillon ne manque pas d’ajouter : « LaFrance restera solide en matière de sécurité aux côtés de la Côted’Ivoire». Si la France et les Etats-Unis s’impliquent à un tel degré en Côted’Ivoire, c’est que l’enjeu en vaut certainement la peine. Selondes observateurs: «L’Afrique dispose globalement d’un potentielde ressources naturelles encore inexploitées: diamant, or, ura-nium, bauxite, cuivre, cobalt, Coltrane et gaz. Il faut aussi etsurtout compter avec le Golfe de Guinée (zone dont fait partiela Côte d’Ivoire ndlr) qui se présente aujourd’hui comme le cen-tre d’intérêts des pays à la recherche de la sécurité énergétiquedont font partie la France et les Etats-Unis».

En réalité, c’est surtout par instinct de survie. Quand on sait quel’arrivée des pays émergents, marque le début du déclin despuissances occidentales, qui n’ont quasiment plus de ressourcesnaturelles propres à elles. La pérennisation de l’hégémoniefrançaise et américaine passe nécessairement par le maintientde l’Afrique et donc de la Côte d’Ivoire dans la pauvreté. Le tout,bien orchestré par l’endettement des pays pauvres pris dans laspirale infernale de l’octroi, de l’allègement et du rembourse-ment de la dette et son corolaire de mesures d’austérités.

La démarche de la France et de ses alliées en Libye et en Côted’Ivoire, rappelle les premières heures de la colonisation del’Afrique, pendant lesquelles les occidentaux sont arrivés enAfrique et ont soumis les peuples africains par la force de leursarmes. Seulement, aujourd’hui, en ce 21ème siècle, le prétextetout trouvé pour annexer la Côte d’Ivoire de Gbagbo ‘’l’in-soumis’’ est l’argument de la protection des populations. Ils ontfait de l’argument des droits de l’homme un prétexte imparableen instrumentalisant des organisations et institutions interna-tionales telles que l’ONU ou l’OTAN. Enfin, pour parachever et

L’ère

Ouattara ou

la perte de la

souveraineté

de la Côte

d’Ivoire

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POLITIQUE 12

Vive la "Loi" du Plus

Fort !

Que l’on se rassure : les futurs candidats aux coups d'état de la Francen'auront désormais plus aucun refuge : la Constitution, forteresse im-prenable de Laurent Gbagbo, cauchemar des actuels tenanciers del'auberge “France” – ces “Thénardier de l'arbitraire” qui ont chassé la“mère des arts, des armes et des lois”–; oui, la Constitution ne sera bi-

entôt plus qu'un lointain souvenir : celui d'une époque où les Africains pouvaient en-core naïvement croire qu'en marge de son héritage de violence millénaire, laMétropole avait malgré tout quelques vraies valeurs à leur léguer.

La matière de “DROIT CONSTITUTIONNEL” supprimée à l’Ecole nationale d’Adminis-tration de Côte d’Ivoire.

Nos éminents technocrates à qui la gestion des affaires courantes de la nouvellecolonie française d'Afrique de l'ouest a été confiée viennent de poser un autre actede taille. En effet ils viennent de décider après concertation et surtout après le pas-sage du premier ministre français de supprimer des matières inscrites à l'affiche desépreuves d'accès à l'Ecole Nation d'Administration (ENA), le DROIT CONSTITUTION-NEL. A quelle logique obéït cette suppression?

Depuis le 11 avril 2011, la Côte d'Ivoire est rentrée dans un cycle de non-droit. Notrepays tant adoré est devenu une république pire que bananière dans laquelle le droitn'est plus qu'un lointain souvenir que raconte les dozos aux coins de rue à des illu-minés, Kalachnikov à la main qui n'y comprennent que peut de chose....

Cette opération apparemment anodine a pour but de détruire en nous le national-isme. Car pour les nouveaux sous-tenants du pouvoir, Constitution=nationalisme.En supprimant de notre quotidien le recours à la constitution, ils nous emmènent in-dubitablement à penser moins à la nation et à penser plus à l'universel. Noussommes lentement et surement en train d'assister à la destruction du bâtiment Coted'Ivoire pour la voir intégrer dans une zone géographique qui reste à dénommer.

Chers amis, la phase de négation de la Côte d'Ivoire en tant qu'Etat, en tant que Na-tion vient de commencer. Réveillons nous avant qu'il ne soit trop tard.

Que Dieu protège la Côte d'ivoire!!!

▉infoscotedivoire

QUI a élImIné lE ChEf

DU COmmanDO

InVISIBlE ?

A qui profite le crime?

Le chef du "commando invisible" d'Abid-jan, Ibrahim Coulibaly, a-t-il été victimed'un crime de guerre des Forces républi-caines de Côte d'Ivoire ? C’est la thèse duCollectif pour la justice sur l’assassinatd’IB en Côte d’Ivoire (CJA-IB), qui, le 15juillet à La Haye, a porté plainte auprès duprocureur de la Cour pénale interna-tionale, Louis Moreno-Ocampo.

Son argument : le 27 avril, jour de l’assautlancé par les Forces républicaines de Côted’Ivoire (FRCI) contre la maison d’Abidjanoù il s’était réfugié, le chef du « com-mando invisible » d’Abobo était désarméet vêtu en civil, de même que ses sixcompagnons tués en même temps quelui. La veille, au terme de plusieurs joursde négociations avec l’Onuci, le groupeavait déposé les armes dans l’espoir d’unaccord avec les FRCI.

cafeaboki.com

Remarque :Un soldat des FRCI, sous couvertd’anonymat, présente une nouvelleversion dérangeante pour MM Ouat-tara et Sarkozy. L’homme d’affaireLambelin, retrouvé assassiné et dontl’assassinat a été attribué immédi-atement, et avant toute enquêtepréalable au président Gbagbo, au-rait été en fait arrêté par IB et seshommes, car il renseignait le prési-dent Gbagbo sur les manœuvres del’Onuci, la Licorne et les rebelles !Les appels téléphoniques et SMSentre Mr Lambelin et le staff duPrésident Gbagbo étaient intercep-tés grâce au matériel de décodagevenu spécialement de France pouraider l’occupant du Golfhôtel à de-venir le nouveau Dirigeant de la Côted’Ivoire. (voir ici )La France trop pressée de classerl’affaire, s’est empressée avecFrançois Fillon d’apposer une plaquecommémorative le 14 juillet dernier,alors qu’elle s’était encore et tou-jours au sujet du professeur PhilippeRémond assassiné le 30 mars. Sym-pathisant notoire du PrésidentGbagbo, il est difficile d’en fairecomme Lambelin –jusqu’à présent-une victime du Président déchu!IB avait des choses à raconter,gageons que son silence de mort estbienvenu au pays du crime et de laviolence organisés qu’est devenu laCôte d’Ivoire, mais il est difficile decacher totalement et très longtempsles morts dans des placards!

▉Shlomit

asseoir durablement leur œuvre de recolonisation, la France et les Etats-Unis évoquentdes raisons de lutte contre la drogue et le terrorisme. En réalité, il s’agit ici de protégersurtout leurs investissements en Côte d’Ivoire. Ils ont intérêt à ce que ce régime dontils ont favorisé l’arrivée au pouvoir reste stable pour continuer tranquillement et sure-ment leur sale besogne. A savoir, piller les richesses de ce pays. Comme on peut levoir, les colons franco-américains n’ont pas renoncé à leur ambition de dominer lemonde, et ce même, au détriment du peuple ivoirien.

Aujourd’hui, 40 ans après l’indépendance de leur pays, les ivoiriens ont mûris. Fini letemps des indépendances sous haute surveillance. Les ivoiriens ont de plus en plussoif de justice, ils tiennent au respect de leur dignité et surtout de leur liberté. Il suffitde se rappeler l’histoire récente de ce pays pour s’en rendre compte. Ils ne veulentplus être spoliés de leur autonomie. Même dans un contexte de mondialisation, cesivoiriens n’entendent pas renoncer à leur combat pour la souveraineté. La Côte d’Ivoireavec toutes ses potentialités tendrait à devenir un pays émergent, à même de traiterd’égal à égal avec la France et les Etats Unis, à l’image de l’Afrique du Sud ou de laChine.

Mais Alassane Ouattara, le sous-préfet de Sarkozy, bombardé Président de larépublique, selon le bon vouloir de la France, tel un extra-terrestre, reste totalementdéconnecté des réalités de ce peuple. Bien plus, il nargue les ivoiriens en affirmant : «les chiens aboient la caravane passe », ne trouvant rien de mieux à dire face aux ac-cusations l’indexant de favoriser le retour du colon. Un tel affront ne saurait d’avantageêtre toléré par les ivoiriens épris de justice. Oui, la Côte d’Ivoire a les moyens d’assurerson propre développement : elle en a les ressources et les hommes dont l’expertisen’est plus à prouver. Pourvu qu’elle remporte la lutte contre le néo-colonialisme etl’hégémonie des puissances étrangères, telles que la France, qui empêchent l’émer-gence et la promotion d’une véritable démocratie en Côte d’Ivoire et ailleurs sur le con-tinent Africain.

▉Marc Micaël

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POLITIQUE 13

trois viols de la constitution en cent jours!

lA constItutIon est àouAttARA ce que lA loIest Aux FRèRes cIssé

La constitutionest la carted ’ i d e n t i t éd’un pays.Elle est la

norme des normes.C’est autour d’elle quegravitent toutes leslois de la République.Le chef de l’Etat prêteserment sur la consti-tution et assure sonrespect scrupuleux. EnCôte d’Ivoire, les ter-mes du serment sontainsi libellés : « De-vant le peuple sou-verain de Côted’Ivoire, je jure solen-nellement et sur l’hon-neur de respecter etde défendre fidèle-ment la constitution,de protéger les lois etlibertés des citoyens,de remplir conscien-cieusement les de-voirs de ma chargedans l’intérêtsupérieur de la Nation.Que le peuple me re-tire sa confiance si jetrahi mon serment ».La violation de la con-stitution par le chef de l’Etat est un cas dehaute trahison en Côte d’ivoire.Paradoxalement, le chef de l’Etat, Alas-sane Dramane Ouattara, viole la constitu-tion sur laquelle il a prêté serment sansque rien ne lui arrive. En 100 jours d’exer-cice du pouvoir, il a violé la constitutionau moins trois fois déjà.

En effet, Alassane Dramane Ouattara amis fin tacitement au mandat des députéset suspendu le paiement de leurs émolu-ments. Or la constitution stipule ceci enson article 59, alinéa 3 et 4 : « Les pou-voirs de l’Assemblée Nationale expirent àla fin de la deuxième session ordinaire dela dernière année de son mandat. Lesélections ont lieu vingt jours au moins etcinquante jours au plus avant l’expirationdes pouvoirs de l’Assemblée Nationale ».Au regard de l’aliéna 4, on se rend compteque le mandat des députés prend finaprès l’élection de leurs successeurs. Lechef de l’Etat, Alassane Dramane Ouat-tara, n’ayant pas encore organisé les lég-islatives, le mandat des députés courtavec tout ce que cela implique commedroits et devoirs. En violation donc de cet

article 59 de la constitution, le nouvelhomme fort du pays a dissout de faitl’Assemblée Nationale. Et C’est seulementen cas de coup d’Etat qu’on dissout les in-stitutions. Or M. Ouattara refuse d’admet-tre qu’il est arrivé au pouvoir par un coupd’Etat.

Autre cas de violation de la constitution,c’est le remplacement de deux conseillersconstitutionnels alors même que leurmandat n’est pas encore arrivé à expira-tion. Il s’agit de Me Daligou Moloko et deM. Tanoh Félix. Le mandat de Me Daligouprenait fin en 2015 et celui de Tanoh Félixen 2012. Ces deux conseillers ne sont pasdécédés. Ils n’ont pas démissionné et nesont dans aucun cas d’empêchement ab-solu. Ce sont les trois cas nécessairespour pourvoir au remplacement d’unmembre du Conseil Constitutionnel.

La nomination par Alassane DramaneOuattara d’un nouveau président du Con-seil Economique et Social en la personnede Marcel Zadi Kessy constitue letroisième cas de violation de la constitu-tion. En effet, la constitution n’est certes

pas explicite sur lacomposition et le fonc-tionnement du ConseilEconomique et Social(CES). Elle stipule enson article 114: « lacomposition du Con-seil Economique et So-cial et les règles deson fonctionnementsont fixés par une loiorganique ». Mais, laloi organique indiqueque le ConseilEconomique et Socialest composé de 120membres. Ils sontnommés par un décretprésidentiel sur uneliste bloquée. Cettemême loi organiqueindique que les con-seillers économiqueset sociaux élisent leurprésident et leur bu-reau. Le président duConseil Economique etSocial n’est donc pasnommé par un décretprésidentiel. Il est élupar ses pairs, exacte-ment comme cela sepasse à l’AssembléeNationale. Par ailleurs,

le mandat des conseillers économiques etsociaux prend fin avec la nomination deleurs successeurs. En nommant MarcelZadi Kessy en remplacement de LaurentDona Fologo, Alassane Dramane Ouattaraa dissout de faite le CES sortant. Ce qui sefait qu’en cas de coup d’Etat.Or Ouattara refuse toujours qu’on diseque son pouvoir est issu d’un putsch. Parailleurs, on constate que Marcel ZadiKessy est président d’un CES qui n’existepas. En ce sens que les membres quidoivent la composer n’ont pas encore éténommés par le chef de l’Etat. Quand ilsseront nommés, ils trouveront leur prési-dent déjà en place, là où la loi indique quec’est eux qui doivent l’élire. Cela s’appellela dictature. Le chef de l’Etat, AlassaneDramane Ouattara, refuse qu’on dise qu’ila été installé par un coup d’Etat exécutépar la France. Et pourtant, il se comporteexactement comme un chef d’Etat issud’un coup d’Etat.

▉Boga Sivori

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POLITIQUE 14La «tentation coloniale»: une mise encoupe réglée du pays et, pire encore,une mise sous tutelle du nouveaurégime, qui ramène 50 ans en ar-rière.

Quels que soient les argumentsmis en avant pour arbitrer le dif-férend postélectoral entre Lau-rent Gbagbo et Alassane

Ouattara, il n’en demeure pas moins quel’armée française a été contrainte par lepouvoir politique à la plus importanteopération depuis la guerre d’Algérie et lasanglante opération de répression contrel’Union des populations du Cameroun(UPC), au Cameroun. Et ce dans des cir-constances encore floues, tant dans lapréparation en amont de l’opération avecla mission de l’ONU en Côte d’Ivoire(Onuci) et avec l’ex-rébellion, bras armédu pouvoir d’Alassane Ouattara, que dansle bombardement d’objectifs plus symbol-iques que militaires.

Tous les observateurs savent bien, unefois le drame retombé, que le bombarde-ment de la présidence et de la résidenceprésidentielle d’un pays étranger n’entrepas dans le cadre d’un quelconque man-dat onusien! Quand les armes lourdes, lestanks et les hélicoptères d’assaut desdeux corps expéditionnaires occidentauxtirent sur de tels objectifs (résidence,présidence, hôpital et supermarché, foulede jeunes civils voulant servir de «bouclierhumain», etc.), qui pourrait croire à l’ap-plication de la résolution 1975, censéeprotéger les civils ?

Un coup d’état programmé

Il s’est agi de toute évidence de changerde régime et de président, en prenant lecontrôle d’une capitale de 5 (cinq) millionsd’habitants. En toute clarté termi-nologique: un coup d’Etat franco-onusien.A quel prix? Voilà un point qu’une commis-sion d’enquête parlementaire ou interna-tionale ou pourquoi pas un rapport enfinobjectif d’organisations de droits del’homme - décidément bien ambiguës -pourraient éclaircir. A moins que deschercheurs africanistes, que l’on a connuplus diserts pour condamner le régimeprécédent, se livrent à des enquêtes deterrain ou des analyses argumentées. Ilest question, lors de ce coup d’Etat, decentaines ou de milliers de morts, dontnombre de civils désarmés. Où est lavérité ? Les forces pro- Ouattara ont tor-turé et exécuté plusieurs milliers de civils,tant à Yopougon (quartier pro-Gbagbo)que dans l’ensemble de la capitale, etcommis des crimes de guerre dont Duék-oué n’est que l’exemple le plus connu.Qui nous donnera des chiffres exacts etdétaillera la complicité - même dans lapassivité - des forces occidentales? Toutce qu’on sait de la «triple alliance» forceLicorne, Onuci-FRCI (Forces républicainesde Côte d’Ivoire, ex-rebelles pro-Ouattara)font craindre une implication de l’arméefrançaise plus importante qu’au Rwanda.

Une gouvernance del’ombre en Côte d’voire

Ces graves prob-lèmes sont enfait la con-séquence d’unedélégit imationprogrammée durégime précé-dent, coupablesans doute d’unerésistance larvéeà une volonté deno rma l i sa t i onfranco-africaine,et d’une volontépourtant très rel-ative de setourner vers denouveaux parte-naires, comme laChine. Délégiti-mation intel-lectuelle etpolitique, depuisParis et Abidjan,concomitante àune aide multi-forme au coupd’Etat de 2002 où les forces de GuillaumeSoro et Alassane Ouattara ont conquis lesdeux tiers du pays.

Cette descente vers le Sud des con-quérants dioulas n’a été possible in fineque grâce à l’aide des services français etde la force Licorne, dont seules lesgrandes lignes sont connues. «Et main-tenant, on fait quoi?», disent volontiers lesAbidjanais... La «tentation coloniale» sem-ble se traduire par une mise en couperéglée du pays et, pire encore, une misesous tutelle du nouveau régime, quiramène 50 ans en arrière.

Tous les observateurs le savent : en casde retrait de la force Licorne et destroupes de l’ONU, l’armée et le régimeOuattara ne tiendraient pas longtempsdans une ville qui leur reste majoritaire-ment hostile. D’où la tendance, pour lesresponsables français d’Abidjan, à se sub-stituer ou à collaborer aux centres de dé-cision ouattaristes : de nommer trèsrécemment, par exemple, un colonelfrançais au poste de conseiller sécurité àla présidence. Le retour des institutions in-ternationales - et particulièrementfrançaises, comme l’Agence française dedéveloppement (AFD) - (absentes depuis10 ans, avec la volonté implicite decouper toute aide au régime Gbagbo) setraduira par des experts étrangers toutpuissants et par des conditionnalités ren-forcées : une gouvernance de l’ombre quiformate en amont projets et programmes.

Décapitalisation aussi de l’économie : denombreuses sociétés d’Etat seraient alorsprivatisées, comme pendant la primatureOuattara, au profit de ses proches (et desclients étrangers) qui trustent déjà min-istères et postes-clés - au détriment duParti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI,ancien parti unique de Félix HouphouëtBoigny de 1960 à 1990, de droite, à ten-dance libérale), décidément la dupe ducoup d’Etat. Les matières premièrescomme le café, le cacao et surtout le pét-role offshore du golfe de Guinée sont bienplus importants, et les Américains sont àl’affût, en rivalité directe avec les entre-

prises françaises.

L’opposition muselée

Le prix de ce retour à l’ordre colonial esthélas celui d’une brutale criminalisationde l’opposition, de l’incarcération et de ladéportation de ses dirigeants - tandisqu’une répression multiforme décime outerrorise ses partisans. Le plus scandaleuxest la déportation non seulement de Lau-rent Gbagbo à Korhogo, mais de sa famille(son fils, de nationalité française, MichelGbagbo, qui subit des mauvais traite-ments à Bouna, est-il coupable d’un «délitde parenté»?) et des «Cents d’Abidjan»eux aussi emprisonnés dans des condi-tions indignes dans des zones hostiles,malgré la présence complice des troupesde l’ONU.

Les conventions de Genève stipulent desconditions de détention décentes et lapossibilité de consulter un avocat; desdroits déniés à ces prisonniers politiquesivoiriens. Encouragé par l’absence deréactions internationales, le pouvoir vienttrès récemment de déporter à Boundialiles réfugiés de la Pergola, hôtel où, dansune sorte de guet-apens, l’ONU était cen-sée assurer leur sécurité. Le Premier min-istre Aké N’go Gilbert, que j’ai connudirigeant l’université d’Abidjan et garantscientifique des remarquables colloquesde 2010 (pour fêter les 50 ans des «in-dépendances»!) a-t-il fait autre chose quede gérer honnêtement une situationéconomiquement très difficile depuis lesélections? On a hélas l’impression qu’audelà de l’opposition, ce sont les élites in-tellectuelles et même les classesmoyennes qui sont condamnées, tandisque les criminels de guerre et autres re-belles reçoivent les prébendes et la recon-naissance internationale!

Abidjan « hors de con-trôle »

Sur le plan militaire, les pouvoirs françaiset ivoiriens (ou «franco-ivoiriens»?) sont

France-Côted'Ivoire : Latentationcoloniale

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POLITIQUE 15devant un dilemme : soit ils s’appuient surles FDS (Forces de défense et de sécurité)pro-Gbagbo, foncièrement hostiles à l’ar-mée de Ouattara; soit ils aident commependant la «bataille d’Abidjan» (entraîne-ment, logistique, armes et uniformes) lesrebelles pro-Ouattara, dont tout laissedeviner qu’il ne suffit pas de les baptiser«FRCI» pour que cessent leur pratiques deprédation. L’amalgame étant difficile –sice n’est impossible - tant les deux factionsmilitaires sont hostiles, l’armée françaisepeut être tentée de se substituer à l’ar-mée ivoirienne (comme sous le présidentHouphouët-Boigny) ou de l’«encadrer»,c'est-à-dire de la diriger par une présencemassive de «conseillers», comme au Viet-nam autrefois, ou en Libye aujourd’hui.

La situation à Abidjan est en effet «horsde contrôle», selon l’aveu des dirigeantscivils pro-Ouattara : outre les centaines de

meurtres d’opposants, notamment àYopougon, d’immenses quartiers commeAngré ont été pillés; plus de police et degendarmerie, et les Dozos (qui auraientmassacré un millier de civils à Duékoué)sont dans les commissariats. Dès lors latentation est grande pour les Franco-onusiens d’aider le gouvernement Ouat-tara à éliminer les rebelles les plusdangereux, sur le modèle de la liquidationd’Ibrahim Coulibaly - ce qui entraîneraitplus loin les forces occidentales dans lesviolences ivoiriennes.

Contre ce programme néocolonialiste,une autre politique franco-ivoirienne sedessine, qui pourrait favoriser un retour àla paix civile et à des élections législativesreprésentatives, faute de quoi l’hypothèsed’un nouveau cycle de violences ne seraitpas à exclure, tant à l’extérieur qu’à l’in-térieur du pays. Retrait des deux corps ex-

péditionnaires occidentaux, libération desprisonniers politiques et réintégration deceux-ci dans le jeu politique en seraientles points-clés. Dans le cas contraire, la«bataille d’Abidjan» et ses nombreusesvictimes aurait été menée pour rien : àterme, les intérêts et même les ressortis-sants français courraient de graves dan-gers, tant le ressentiment est important àAbidjan. Décidément, l’image quasi«bushienne » de lutte du bien contre lemal - comme en Libye ? - n’était pas trèsréaliste...

Pas plus que celle d’un «postconflit »idyllique et consensuel. On parierait qu’unterrible scandale politico-médiatique resteà venir, quand on saura enfin ce qu’il s’estréellement passé à Abidjan, il y a au-jourd’hui trois mois.

▉Michel Galy in cameroonvoice

Mensonges d'Etat. Mensonges politiques. Mensongesdiplomatiques. Mensonges. C'est ce qu'il s'est em-pressé au lendemain de la célébration de la fête na-tionale française de venir servir aux Africains. LePremier ministre français a pourtant, par les desti-

nations choisies de sa tournée africaine – à une relative excep-tion, le Ghana –, laissé entrevoir la contradiction. Entre lediscours mirifique exhibé aux dirigeants complices et aux peu-ples embobinés et les enjeux inavoués d'un déplacement cal-culé.

Côte d'Ivoire, Ghana, Gabon. Entendez cacao, pétrole, bois... Lesdestinations choisies sont celles de l'intéressement. Avant d'êtrecelle d'amis et de partenaires politiques. Je dirai même celle decomplices politiques. Les relations entre la France et l'Afrique ontmis en exergue ces dernières années deux au moins des Etatsoù le Premier ministre François Fillon a décidé de se rendre. Lalongue crise militaro-politique qui a déstabilisé la Côte d'Ivoired'une part et la succession au Gabon d'Ali Bongo à son pèred'autre part ont prouvé, autant qu'il eut pu en être encore be-soin, que les rémanences de la Françafrique sont là et bien là.Quant au Ghana, ancienne colonie d'une Grande-Bretagne deplus en plus désintéressée, coincé entre Etats francophones, enpasse de devenir le nouvel eldorado pétrolier du golfe de Guinée,il y a des raisons plus qu'évidentes pour qu'il entre en ligne decompte des appétits français en Afrique.

A la recherche des motivations particulières, chaque destinationest en effet bien pourvue. En Côte d'Ivoire, Alassane DramaneOuattara doit dans une large mesure son accession au pouvoirà l'action décisive de l'opération française Licorne [avril 2011].Sans cela, rien ne permet de dire qu'à l'heure actuelle l'affreuxbain de sang, qui faisait de la terre de Félix Houphouët-Boignybrasiers et carnages, aurait déjà pris fin. La visite du Premierministre français, quelques mois seulement après l'investitureen grande pompe, porte au moins deux messages.

Le premier, à l'endroit des derniers sceptiques qui se refusent àreconnaître en la personne du nouveau président ivoirien le dé-positaire légitime de la souveraineté dévolue par le peupleivoirien. Concrètement, c'est la réaffirmation du soutien de laFrance à celui qu'il a porté à bout de bras, de son exil parisienjusqu'à son accession au pouvoir. Elle se traduit par une aidebudgétaire de quelques millions d'euros que la France aura tôtfait de récupérer dès que les affaires auront recommencé à

tourner entre les deux capitales. Le second message était peut-être tout autant nécessaire que le premier. Il est adressé à Alas-sane Dramane Ouattara en personne. Il rappelle sans aucundoute à l'homme sa redevance envers la mère patrie. Ce quedoit Ouattara à la France, il le devra payer. Et nous savons touscomment.

Deuxième étape du séjour, le Ghana. Nation ouest-africaineréputée pour la qualité de sa gouvernance. Pas une étapeobligée, mais pourquoi ne pas jeter un peu de poudre aux yeuxde ces Africains tatillons ? Montrer patte blanche en s'affichantsur la photo de famille d'un régime exemplaire est toujours unebonne chose. D'autant plus que le pays en question a depuisquelques années découvert du pétrole sur ses côtes. Des gise-ments importants qui ne demandent qu'à être exploités. Leprésident John Atta Mills saura peut-être se souvenir en sontemps des grandes puissances occidentales qui lui ont décerné,même si c'est après d'autres, le satisfecit de la bonne gouver-nance. Et composer avec elles.

Troisième étape du parcours, plus qu'évidente celle-là : le Gabon.Terre du "parrain" de vénérée mémoire, Omar Bongo Ondimba.Depuis l'accession d'Ali Ben, son fils et successeur à la magis-trature suprême, les voyages officiels et officieux se sont plussouvent effectués dans l'autre sens. Fillon vient corriger le tir. Ilne l'a d'ailleurs pas caché. Le partenariat stratégique entre lesdeux pays est l'un des plus robustes en Afrique. Chacun ayantbesoin de l'autre. La France pour le pétrole, le bois et d'autresressources naturelles qu'elle exploite à monnaie de singe auGabon. Les autorités gabonaises pour les privilèges et la protec-tion que leur accorde une France qui se bat pour leur enrichisse-ment perpétuel et leur impunité au pays dit des droits del'homme. Si cela vous étonne, c'est que vous faites semblant.La Françafrique, cette ignominie de l'Histoire, a commencé àavoir cause liée avec l'Afrique à partir du pays de l'okoumé[essence d'arbre endémique du Gabon].

En somme une tournée pour consolider les bases des intérêtsfrançais en Afrique et pour développer de nouveaux partenariatsstratégiques. Après, ils viendront nous chanter, Nicolas Sarkozyen tête, que les pratiques que l'on a désignées sous le vocablede la Françafrique sont celles d'un autre temps. Révolu. Vous lecroirez si vous voulez. Pas moi.

▉James-William Gbaguidi:Courrierinternational.com

FrançoIs FILLon a La mémoIre séLeCtIve

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POLITIQUE 16

IL Y A DES

CHOSES

QU’ON NE

DEMANDE

PAS À UN

PEUPLE

Ily a des choses qu’on ne demande pas à un peuple.Comme il y a des choses qu’on ne peut pas demander,même à son pire ennemi. Il peut s’agir de choses contrenature. Il peut s’agir de choses qui vont contre les loisnationales. Il y en a qui offensent la bienséance et con-

stituent une insulte à l’intelligence populaire.

C’est pourquoi, même tenu en captivité, un homme normale-ment constitué les refusera si vous les lui demandez. Mais vousn’êtes pas un homme normal. Donc vous demandez au peupleivoirien d’accepter des choses anormales. Des choses insul-tantes, des choses révoltantes. Alors, je veux couper court avecvous. Trop c’est trop ! Le lion endormi a décidé de se réveiller.Vous avez offensé doublement le peuple de Côte d’Ivoire. Vousavez perdu les élections selon les lois de la Côte d’Ivoire. Et celaà tout point de vue. Comme vous n’avez aucune légitimité, laFrance a bombardé les Ivoiriens pour vous installer comme unMoro-Naba (roi du Burkina-Faso) en Côte d’Ivoire. Et vous deman-dez aux Ivoiriens de vous reconnaître comme tel.

Eh bien monsieur le Moro-Naba, personne n’acceptera de sesoumettre à vous, parce que la Côte d’Ivoire n’est pas un roy-aume du Faso mais une République où pour diriger le peuple, ilfaut être élu. Alors vous allez être chassé de votre siège d’im-posture, moro-naba. Vous demandez par ailleurs aux Ivoiriensde ne pas faire de l’opposition, de se taire sur votre imposture,de refuser de dénoncer la destruction de leurs vies et de leursbiens, puis d’accepter la recolonisation de la Côte d’Ivoire par laFrance. Vous, étant bien sur dans le rôle “confortable” du collaboimposteur. Vous n’avez vraiment pas d’éthique ! Pour votre im-posture, pour votre échec et votre incompétence incongrue,vous aller être dégagé comme vous le méritez.

Pour la recolonisation de la Côte d’Ivoire, nous allons décoloniserce pays par tous les moyens. Je vous en donne la parole d’hon-neur des dignes fils de ce pays. Vous voulez garder LaurentGBAGBO et ses camarades de lutte, comme sa famille, dans vosprisons infectes du Nord de la Côte d’Ivoire. Et vous ne voulez

pas qu’ils reçoivent la visite de médecins. Et le comble de toutça, vous demandez aux Ivoiriens de prendre cette humiliationcomme une retraite dorée en résidence surveillée. Nos amis, par-ents et connaissances, que nous soyons amis de la Côte d’Ivoireou citoyens de ce pays, seront libérés sans état d’âme. En leurslieux et places, vous serez jeté en prison si vous avez de lachance. Sinon, le jour J, vous découvrirez le confort insoutenableque nous allons vous servir. Et là encore vous me mettez horsde moi. Vous êtes incapable de gérer l’Etat de Côte d’Ivoire,enfin, de ce qui reste encore comme Etat.

Vous ne pouvez ni payer les salaires, ni créer des richesses, nimettre en cage vos bandits abrutis en armes. Et vous prétendezpouvoir faire mieux. Mieux dans quel sens ? Mais pour quiprenez-vous les fils de ce pays ? Croyez-vous qu’ils se nourris-sent de quoi ? De promesses ? De Mensonges ? Vous allez ap-prendre à les connaître. C’est leurs mêmes bouches qu’ils ontutilisées pour vous tenir des propos tolérants qu’ils vont utiliserpour régler votre cas. Je vous laisse la primeur de faire cettegrande découverte. Le comble maintenant. Vous, vous occupezde votre confort au détriment du contribuable ivoirien. Nouvelavion privé. Nouveau véhicule blindé. Des voyages Abidjan-Dakar tous les soirs et matins car vous avez peur de dormir dansla capitale du pays que vous prétendez être le vôtre. Honte àvous ! L’imposture est vraiment un vilain métier. C’est pourquoiil n’y aucune règle dans ce boulot de truand.

Mais les Ivoiriens ont une Solution pour vous, Monsieur Solutions.Vous la connaîtrez bientôt. Alors, que croyez-vous que lesIvoiriens vous réserveront très bientôt ? Des applaudissements? Des fleurs ? Ou bien le feu de leur colère ? Je vous suggère dechoisir tous les trois. Car les applaudissements, ce ne sera pointpour accepter vos folies meurtrières, mais pour célébrer leur finbrutale. Les, fleurs, je crois que ce sera en votre mémoire, sinonpour les Guerriers de la Révolution Permanente. Et le feu de leurcolère, c’est ce dont vous aurez le plus besoin pour vous réchauf-fer lorsqu’un froid glacial vous envahira.

▉Hassane Magued

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POLITIQUE 17

OpératiOn BOycOtt des prOduits français

14 juillet 2010 : Le président GBAGBO boycotte le cinquantenaire des « indépendances » sur les Champs-Elysées.14 Juillet 2011 : Fillon en visite dans sa plantation ivoirienne, le peuple de Côte d’Ivoire décide de boycotter les produits français.

Avec le déploiement tout azimut de la France en Côte d’Ivoire, et la re-colonisation de celle-ci, le boycott des produits françaisnous apparait comme une arme politique, économique et sociale efficace.

Il est une arme politique dans la mesure où « une minorité active, surtout quand elle ne dispose pas d’accès aux médias (commec’est le cas ici), doit pouvoir se faire entendre et même convaincre une partie de la majorité passive de la justesse de la causequ’elle défend. Si elle y parvient, elle peut être en mesure de faire pression sur un gouvernement pour qu’il infléchisse sa politique.»

Ce boycott des produits français est aussi une arme économique et sociale puisqu’en faisant à la place le choix de produits locauxou régionaux, le résistant aide de fait ceux-ci a finalement rester en magasins. Faire le choix d’autres produits de substitutionc’est avoir pris la pleine mesure de la situation, et par nos choix de consommation participer ainsi au dynamisme de la chaîne deproduction locale. Boycotter les produits français tout en consommant local dans un contexte de graves difficultés conjoncturelleet structurelle (chômage aggravé, insécurités notamment financière), c’est une façon créative et ingénieuse d’aider la ménagèreivoirienne à nourrir sa famille à moindre coût !

Se débarrasser de sa puce Orange au profit d’une puce Moov, Koz, Green ou MTN, c’est faire comprendre à Orange qui a aidé lo-gistiquement puis célébré à Yamoussoukro l’imposture, que ses ex-clients ne sont pas dupes ; et qu’ils comprennent bien son in-gratitude, sa forfaiture et préfèrent donner ce qui reste de leur argent à d’autres opérateurs plus méritants ! Choisir de quitter laBicici, ou la SGBCI après qu’elles aient fermées du jour au lendemain sans préavis donné à leurs clients, relève du simple bonsens, de la connaissance de ses droits par ce dernier, dont celui bafoué du respect dû au client qui les nourrit.

« Devenir acteur de la consommation conduit à se poser la question de savoir ce que l’on cautionne à travers son acte d’achat.Le boycott en est l’une des conséquences. La décision de consommer est un choix individuel. Chacun a la possibilité, la liberté,le droit (et je rajouterais, le devoir) de choisir à qui il va donner son argent. Bien qu’il soit insignifiant à l’échelle individuelle, lepouvoir d’acheter ou non tel ou tel produit est considérable lorsqu’il est démultiplié par des milliers ou des dizaines de milliers deconsommateurs déterminés. »

L’Opération Boycott des produits français a ainsi pour le résistant des motivations d’ordre avant tout éthique, moral, économiqueet social.

Quelqu’un qui a des politiques tordues, nous on met en place.

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éCONOMIE 18

LES SALAIRES DECERTAINS Ex-FDS

BLOQUÉS: LA RÉCONCILIATION,

MARCHE ARRIèRE, TOUTE!

Depuis le mois de juin, de nom-breux policiers ne sont paspayés. A en croire nos sources,on leur dit, chaque fois qu’ils se

présentaient au payement «main àmain», que «l’argent est fini». Dépités,c’est la mort dans l’âme que ces policiersdont les familles sont délibérément af-famées par les nouvelles autorités retour-nent chez eux.

Privés de tous moyens de réclamation oude recours, ces ex-Fds à qui on reproched’avoir servi sous Laurent Gbagbo souf-frent en silence, pendant que le pouvoirfait croire que tous les policiers, gen-darmes et militaires sont correctementpayés. Cette situation, si elle traduit cer-tainement l’incapacité du régime Ouat-tara à payer les salaires desfonctionnaires ivoiriens sans l’aide de laFrance, pourrait cacher un stratagèmeplus grave.

En effet, les indiscrétions qui nous parvi-ennent font état de ce que les nouveauxmaîtres des lieux se prépareraient pourles jours à venir à une autre vague d’ar-restations dans les corps de la police etde la gendarmerie en particulier.

Cette énième opération de traque deséléments des forces régulières s’inscrira,comme nous l’avons noté dans nos précé-dentes éditions, sans nul doute dans lecomplot qui vise à se débarrasser des élé-ments des ex-Fds considérés comme gê-nants pour leurs supposés liens avecLaurent Gbagbo ou ses proches. En lesaccusant de faire partie de ceux qui, selonle pouvoir, prépareraient un «coup d’Etatcontre Ouattara».

Les listes noires, nous l’avons déjà dit, ontété dressées et continuent d’être éten-dues par corps concerné dans le cadre dufameux payement «main à main» qui aété, nous le répétons, instauré à ce effet.Dans le but de faire un «filtrage» au seindes ex-Fds qui sont aujourd’hui dans leviseur du nouveau régime. Car «Ouattarane les maîtrise pas», nous a-t-on confié.Aussi a-t-il choisi de les diviser et de lesaffamer pour les fragiliser avant de se sé-parer d’un certain nombreux d’eux.

La réduction générale à hauteur de50.000 F Cfa devrait, selon un calculcynique, rendre les ex-Fds plus «vul-nérable» et donc plus «contrôlable». Enattendant, des centaines de policiers, àen croire les informations qui nous ar-rivent, sont sans salaires.

▉Le Temps

L'ère des rapaces.Gros Marchés en côte

d'ivoire : obaMa récLaMe sa part du

Gâteau

Dans la course aux ressources naturelles de l'eldorado ivoirien, la Franc semblese tailler la part du lion au détriment de son allié. Les États-Unis ne veulentpas sortir perdant.

Après la guerre contre le régime Gbagbo dans laquelle la France de Nicolas Sarkozy etles États-Unis de Barack Obama ont pris une part active, l'heure est au partage dugâteau entre les principaux soutiens extérieurs de l'actuel chef de l'Etat, Alassane Ouat-tara. Mais la boulimie de la France suscite déjà des grincements de dents du coté desAméricains. De gros intérêts sont en jeu, vu que tout est à refaire en Côte d'Ivoire suiteà la razzia des Forces républicaines de Côte d'Ivoire dont l'entrée dans la capitaleéconomique a été marquée par des scènes de pillage qui ont plongé l'économie na-tionale dans le gouffre.

Selon La Lettre du Continent, « les diplomates américains sont de plus en plus agacéspar les manœuvres du gouvernement ivoirien tendant à vouloir privilégier les intérêtsfrançais pour les marchés liés à la sécurité et à la défense». Notamment en ce qui con-cerne les commandes d'équipements et d'armement de la police et de la gendarmerienationales.

Un émissaire du président Obama, le sécurocrate Brooke Anderson, chef de cabinet dela sécurité nationale à la Maison Blanche, aurait interpellé le chef de l'État ivoirien surla question lors de son séjour en Côte d'Ivoire fin mai dernier. Venu prendre part à lacérémonie d'investiture d'Alassane Ouattara qui s'est déroulée à Yamoussoukro, il au-rait traduit à son hôte le mécontentement des États-Unis qui ont décidé de faire de laville d'Abidjan «un pool régional pour lutter à la fois contre l'organisation terroristeAlQaeda au Maghreb islamique (AQMI) et l'insécurité dans le golfe de Guinée ». La cap-itale économique de la Côte d'Ivoire abrite, outre l'imposante ambassade située àquelques encablures de l'hôtel du Golf, le centre d'écoute régional de la Central Intel-ligence Agency (CIA). Aussi «un programme d'entraînement des commandos marinesdans la région d'Abidjan est-il, révèle La Lettre du Continent, en gestation au seind'Africom, le commandement militaire américain dédié à l'Afrique et basé à Stuttgart,en Allemagne ».

Face à la situation, le président Ouattara qui se trouve ainsi dans un dilemme a jugébon de geler son projet de réarmement et de rééquipement des forces de défense etde sécurité nationales. Si les commandes ont été stoppées officiellement pour des prob-lèmes de trésorerie, souligne le confrère, la décision de Ouattara lui aura permisd'éviter de se mettre à dos le chef de l'exécutif américain. Pour autant, la questionn'est pas réglée puisque les Américains voudront également accroître leurs parts dansl'économie ivoirienne, à travers la privatisation annoncée des sociétés d'État.

▉cameroonvoice.com

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economie 19

DÉDOMMAGEMENTDES ENTREPRISES

FRANÇAISESTOUCHÉES EN

2004: UNE PRIORITÉ POUR

OUATTARALe 22 mai dernier, à la suite de l’ignoblediscours de Sarkaporal devant lesressortissants français d’Abidjan,j’écrivais :

On vient d'assister en somme à la deux-ième tentative de prise d'otage desFrançais de Côte d'Ivoire par les au-torités de la République en l'espaced'un mois en demi : faute d'avoir réussià les victimiser début avril -la recette de2004 ayant mal vieilli-, il s'agit main-tenant des les faire passer collective-ment pour une caste de profiteurs queréjouiraient des propos du genre "vousn'avez plus rien à craindre : ces salesnègres menés par le chef Gbagbo sontdésormais hors d'état de nuire; les nè-gres maintenant au pouvoir sont ennotre pouvoir : plus rien ne vous em-pêche, avec notre soutien, de trafiquerà loisir pour contribuer à l'enrichisse-ment de la Métropole". (voir ici)

Et voilà la troisième couche, appliquéecette fois par les autorités préfectoralesde l’administration coloniale.

Il est plus que jamais temps de le redire: “otages, sauvez-vous, dépêchez-vousde prendre vos distances avec les au-torités françaises actuelles, aux mainsdégoulinantes du sang de vos vraiscompatriotes, vos compatriotes d’adop-tion, les Ivoiriens eux-même! CesIvoiriens assoiffés d’une liberté que laFrance officielle leur refusera tantqu’elle n’aura pas bu la tasse... Hâtez-vous de vous rallier à la seule ligne vi-able, celle qu’avait prophétiquementchoisie votre frère le martyr Philippe Ré-mond !”

▉Eliel

sarkozy deMande unprêt au fMi au noMde La côte d’ivoire

De source très sûre, Mr Sarkozy a usé de tout son poids afin que le FMI octroieun crédit à la Côte D’Ivoire.

Ce qui a été fait, mais le nain a bloqué cet argent.

La raison est toute simple. La France a financé la rébellion depuis 2002, financé la cam-pagne du boucher et aidé à la capture de Mr Gbagbo. En retour, son filleul le boucherdevrait donner tous les gros contrats de la CI dans tous les domaines à la France et fi-nancer à son tour la campagne de son parrain pour les présidentielles de 2012 enFrance.

Malheureusement, ils ont fait un mauvais calcul en sous-estimant le meilleur présidentdu monde SEM Mr Laurent Gbagbo et ils ont échoué.

Voyant l’erreur commise en faisant confiance au boucher, Mr Sarkozy demande un prêtau FMI au nom de la CI, l’obtient et va l’utiliser; et ce sera évidemment notre pays quiva le rembourser (Comprenez l’acharnement du pouvoir du boucher sur les ministresdu dernier gouvernement Gbagbo parce que ces derniers ont tout verrouillé).

Comme solutions donc à ce problème, Mr le boucher a décidé de :

1- supprimer toutes les augmentations ou primes que Mr Gbagbo a eu à faire durantson règne dans tous les corps2- prélever 10 pour cent sur le salaire de tous les fonctionnaires3- ramener la carte de séjour (Voyez le nombre d’étrangers qu’il y a dans notre payset imaginez la somme si tous ceux là doivent acheter cette carte).

Il faut préciser aussi qu’il y a un tri qui se fait concernant les salaires des policiers carceux des régions sud, est et ouest ne sont pas payés jusqu’à présent car considéréscomme pro-Gbagbo. Tout ceci, dans le but de faire rentrer l’argent dans les caisses del’État pour appliquer ses “solutions ” et rembourser la dette. Lui le “grand économistedu siècle ” n’a pas trouver d’autres alternatives dignes de son statut.

Mais comme on le dit : “c’est là qu’il va manger son totem” et va créer sa chute. “Yavraiment rien en face”.

Patriotes, restons sereins, c’est Dieu qui fait notre palabre. La lutte continue. On gagneou on gagne !!!!!!!!!!

▉Bouye Thomas

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Alors qu’il n’a que 100 jours deprésence au pouvoir, Alassane Dra-mane Ouattara a déjà mis en route laliquidation de la Côte d’ivoire auprofit de la France.

L’installation du chef de l’Etat,Alassane Dramane Ouattara,à la tête de la Côte d’Ivoire,a été marquée par deux faitsmajeurs. D’une part, la

présence à son investiture, le 21 maidernier à Yamoussoukro, du présidentfrançais Nicolas Sarkozy. Il était d’ailleurs,le seul dirigeant d’un pays occidental àcette cérémonie. Et d’autre part, l’octroiepar la France à l’Etat ivoirien, de lasomme de 269 milliards FCFA.

D’aucuns ont vu dans ces deux gestes, lamanifestation de l’amitié des gouvernantsfrançais à l’endroit d’Alassane DramaneOuattara. Que non ! Une telle réflexionconstitue une appréciation erronée de laréalité. M. Ouattara n’est pas l’ami desdirigeants de la France. C’est d’ailleurs, unillustre dirigeant français, le généralCharles De Gaulle, qui le disait : « un paysn’a pas d’amis, mais des intérêts ». Lesprésidents français, Jacques Chirac puisNicolas Sarkozy ont fait du renversementdu Président ivoirien, Laurent Gbagbo,une priorité parce qu’ils estimaient quecelui-ci constituait un obstacle à lavolonté de leur pays de contrôler, sanspartage, les matières premières et lesressources économiques de son ex-colonie. Ils voulaient le remplacer par unhomme de paille et Alassane DramaneOuattara s’est trouvé être ce pion

Donc, les deux actes posés par la Francerentrent dans le cadre de ses intérêts etrien d’autre. En effet, en se déplaçant per-sonnellement pour assister à l’investitured’Alassane Dramane Ouattara, NicolasSarkozy venait célébrer la victoire de laFrance qui a enfin renversé LaurentGbagbo et installé son homme.

En retour, Alassane Dramane Ouattara aautomatiquement mis en route la liquida-tion de la Côte d’Ivoire au profit de laFrance.

Dès son installation au pouvoir, la pre-mière décision, extrêmement grave pourl’avenir de ce pays, prise par AlassaneDramane Ouattara est la réinstallation dela base militaire française (43ème BIMA)que le président Gbagbo avait réussi àsupprimer. Cette décision est d’autantplus révoltante que la présence des basesmilitaires françaises dans les paysafricains est l’expression même du mépris

de la souveraineté de ces Etats. C’est lecas de la Côte d’Ivoire sous Ouattara.Comment comprendre en effet, qu’après50 ans d’indépendance, et au moment où,la tendance en Afrique, est à la suppres-sion des bases militaires françaises, lenouveau chef de l’Etat ivoirien fasse lemouvement contraire ? Raison avancéepour justifier le recul de la Côte d’Ivoire,les menaces terroristes dans la sous ré-gion. Faux prétexte ! La France n’a pas be-soin d’une base militaire en Côte d’Ivoirepour aider la sous région à lutter contre leterrorisme. La vraie raison est ailleurs.Elle se trouve l’engagement manifeste dela France de protéger le pouvoir Ouattaracontre toute velléité de déstabilisation. Apreuve, sa garde rapprochée est assuréepar les forces onusiennes et la forcefrançaise, licorne.

C’est aussi la raison pour laquelle l’onuciveut installer des bases militaires à l’in-térieur du pays notamment dans l’ouestet le centre ouest. En ce qui concerne laFrance, cette base militaire lui permettra,en clair, de veiller sur ses intérêts en Côted’Ivoire et dans le golfe de Guinée, en pro-tégeant d’une part, les régimes de la sousrégion lui seront favorables, avec en tête,celui de Ouattara. D’autre part, en désta-bilisant aisément ceux qui oseront se met-tre au travers de ses viséeshégémoniques.

La deuxième décision grave prise par lechef de l’Etat, Alassane Dramane Ouat-tara, est la privatisation de 25% des en-treprises d’Etat ou à participationfinancière étatique. Cela, au profit de laFrance. Au nombre de ces entreprisesconcernées, il y a Côte d’Ivoire Telecom etla Société Ivoirienne de Raffinage (SIR).

En ce moment, la Côte d’Ivoire détient49% des parts dans Cöte d’Ivoire Telecom,et France Telecom détient 51%. Dans lesprochains jours, la Côte d’Ivoire varétrocéder ses 49% à France Telecom quideviendra ainsi propriétaire exclusif de CI-Telecom.

En offrant CI-Telecom à France-Telecom, lechef de l’Etat, Alassane Dramane Ouat-tara, permet à la France le contrôle dutéléphone fixe et de l’internet en Côted’Ivoire. Bref, de tout le système de com-munication ivoirien. On pourrait ainsi direque la Côte d’Ivoire sera totalement sousécoute française.

S’agissant de la SIR, elle va êtrerétrocédée à la société française Total.Une fois que la Société Ivoirienne de Raffi-nage, qui fait pourtant la fierté du pays,

sera acquise par Total, la France prendrale contrôle de tous les gisementspétroliers en Côte d’Ivoire. Dès lors oncomprend pourquoi le Premier ministrefrançais, François Fillon, était si enthousi-aste d’annoncer, lors de sa visite officielleen Côte d’Ivoire, les 14 et 15 juilletderniers, que la France ouvre une nou-velle ère de sa coopération avec la Côted’Ivoire sous la présidence de Ouattara.Ce n’est donc pas par amitié que lesdirigeants français font les yeux doux à M.Ouattara. C’est parce qu’il leur offre lesmeilleures garanties pour exploiter nosrichesses. Et cela, des parlementaires eu-ropéens l’avaient signifié à un émissairedu président Laurent Gbagbo en ces ter-mes : « nous aimons bien le présidentGbagbo et nous savons que c’est lui qui agagné les élections. Mais les enjeuxéconomiques sont trop importants pourque nous le laissions au pouvoir. Parcequ’il n’entre pas dans la vision de laFrance. Ouattara s’est retrouvé, parhasard, au bon endroit, au bon moment.Sinon ce n’est pas parce que nous l’ai-mons ». C’était au plus fort de la crisepostélectorale. Le président Gbagbo asavait donc qu’il allait être renversé dupouvoir par la France.

Cette révélation signifie, par ailleurs, quele jour où Alassane Dramane Ouattararemettra en cause l’accord tacite qu’il aconclu avec la France pour qu’elle l’in-stalle au pouvoir, il subira le même sortque le président Gbagbo. L’exemple leplus édifiant est celui de l’ex-présidentnigérien Mamadou Tandja. La Francel’avait installé au pouvoir parce qu’il étaitd’accord pour lui brader l’uranium de sonpays. Et tant qu’il respectait le contrattacite, il n’y avait aucun problème.

Mais le jour où, sous la pression de sonpeuple, Tandja a demandé à la Franced’augmenter le prix de l’uranium, il a étédéposé par coup d’Etat dans lequel lamain de la France était évidente. Il a étéremplacé par une junte militaire parrainéepar Paris. Avant l’accession au pouvoir deMahamadou Youssoufou, un ex-opposantnigérien ayant des proximités avec l’en-treprise française Areva qui exploite l’ura-nium nigérien. Les dirigeants français sontdésormais rassurés de ne pas êtredérangés dans leur volonté de piller lesrichesses du Niger.

C’est ainsi que fonctionne le monde, hélas! Or donc, Laurent Gbagbo avait raison dedire Alassane Dramane Ouattara était lecandidat de l’étranger notamment de laFrance.

▉Boga Sivori [email protected]

economie 20

100 jours du pouvoir ouattara: La Liquidation

du pays a commencé

Page 21: DEBOUTCIV N°11

SOS CôTE D’IVOIRE 21

Le 6 mars 2011 à Toulépleu : 113civils guérés massacrés par lesforces pro-Ouattara (Consultez laliste provisoire)

La liste des massacrés de Ouattara

Dimanche 06 mars 2011. Noussommes dans la matinée. lestroupes FAFN , l’ex-rébellionde 2002 en cote d’ivoire, com-battant pour ALASSANSE

OUATTARA pour la prise du pouvoir d’Etat, arrivent du département de Zouan-Hounien et s’emparent de la ville deToulépleu (600km d’Abidjan, extrêmeouest de la cote d’Ivoire) à la frontièreivoiro-libérienne. Les sous- préfectures dece département et leurs environs sontégalement occupées. En clair, toute la ré-gion est prise sans aucune résistance desforces gouvernementales (FDS) incarnantle pouvoir militaire du président LaurentGbagbo.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce 6mars 2011 va marquer le début du pirecauchemar des populations civiles au-tochtones Guéré de la contrée. Une régionacquise à la cause de Laurent Gbagbo quisera d’ailleurs renversé 35 jours plus tardpar les forces militaires onusiennes(ONUCI) et françaises (licorne) pour lecompte d’Alassane Ouattara. En terrainconquis donc, les forces de M. Ouattarasont sans pitié pour les populationsciviles. Puisque sans se poser de ques-tions, elles exécutent toutes les person-nes de l’ethnie guéré qu’elles rencontrentsur leur passage. C’est ainsi que les habi-tants qui n’avaient pas voulu fuir et quiavaient décidé de se mettre sous leur pro-tection on connu une cruelle désillusion.Puisque fusillées tout, simplement. Cespersonnes sont d’ailleurs les premièresvictimes de « la Révolution rouge » an-noncée par Alassane Ouattara. Même leschefs de villages qui se sont présentésaux forces rebelles en guise d’allégeanceson t froidement abattus. C’est ainsi quele chef de village de la jeune sous- préfec-ture de Péhé, Kah Gnangbéhi Gilbert a ététué.

Confrontées aux exactions, les popula-tions traumatisées et ne sachant pas àquel saint se vouer, prennent la fuite, soiten brousse pour certains soit au Liberiavoisin pour d’autres, dans le dénuement

total. L’essentiel était de se mettre l’abrides tueries sauvages auxquelles s’adon-naient ces hommes sans foi, ni loi. Dontvisiblement le seul but était d’exterminerun peuple à cause de sont choix politique.Tous les villages, les quartiers visités parles FRCI sont pillés et incendiés. Commeau temps de l’invasion de l’AlmamySamory Touré. Les personnes trouvées surplace n’ayant pas fui pour des raisons di-verses (maladie, handicap physique oumental, âge) sont systématiquement exé-cutés et brûlés dans leurs propres casescomme à Tahibly et au quartier Kan-Racine à Toulépleu-ville ou un nouveau néabandonné par sa maman prise depanique et dont la grand-mère venant lechercher fut exécutée et le bébé consumépar le flammes de la maison incendiée.Toujours sur la lancée de cette folie meur-trière, après avoir incendié tous les vil-lages et les quartiers de la ville, les forcespro Ouattara décident de parcourir leshameaux et les campements où des per-sonnes ont trouvé refuge. Dans leur quêtede casser du GUERE, les FRCI sont aidéespar les allogènes Burkinabé qui vivaientdepuis longtemps dans la région afin deretrouver les autochtones à massacrer.Exemple patent, le cas du campement deDia sous-préfecture de Méo où 22 person-nes de la même famille sont sommaire-ment abattues.

Une chose mérite d’être soulignée. Lesfaits rapportés ici, ne constituent qu’uneinfirme partie des exactions commisesdans le département de Toulépleu. Nos in-vestigations dans les sous préfectures deTiobly et Bakoubly notamment se pour-suivant. Pour l’heure et pour étayer notrerécit nous vous proposons la liste dequelques victimes tuées par les forcespro-Ouattara avant et après la chute deLaurent Gbagbo. 113 assassinats de civilsperpétrés dans 13 zones distinctes, maisaussi les circonstances des tueries enquestion (voir les tableaux détaillés suiv-ants)

Prince B. Solaire

COMMUNE DE TOULEPLEU

TOULEPLEU VILLE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME:QUARTIER (CIRCONSTANCES DU DECES)

GUIRIAN Emile: Beau-Soleil (Tué parballe)TOHO Mlangnion: Beau-Soleil (Tué parballe)GUEI Julien: Beau-Soleil (Tué par balle)PEHE Kapo: Beau-Soleil (Exécutionsommaire)DOKOUI Jean-Claude: Kan-Racine (Exé-cution sommaire)DOH François dit Billy Kan-Racine Exé-cution sommaireTROUIN Dorgelès Kan-Racine Exécu-tion sommaireMme TROUIN née DOHOGNINONAdèle Kan-Racine Exécution sommaireBelle fille de TROUIN Kan-Racine Exé-cution sommaireBébé de la Belle Fille Kan-Racine Cal-cinéKANH OUOTRO Gaston Kan-RacineExécution sommaireMami Georges Kan-Racine CalcinéSONHOULOU Delphine Beau-Soleil Tuépar balleSASSAN Jacques Quartier Lycée Tuépar balleSOUHOU MALANGNINON Kan-RacineKOLO PEHE Hervé Kan-Racine Tué parballeZAKPA Christophe Kan-Racine Tué parballeMONHOULO Agnès Kan-Racine Tuéepar ballePAUL Kan-Racine Tué par balleBLI Emile Lycée Tué par balle

TOULEPLEU village

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

TOGUILA Pehe Jean Tué par balleGAHON OULIBLI Jeannette Tuée parballeVieux TENIN Tué par balleMme WOUSSE née DIHIGNINON Tuéepar balleVIEILLE KPAHO Tuée par balleTOUHO Nioulé Tué par balleVIEILLE GUIDY Rosalie Tuée par balleNIOULE fils de KPAHO Tué par balleVIEILLE BLI épouse KOKO Tuée parballe

TOULEPLEU LIBREVILLE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

Il y a quatre moIs et demI, plus

d'un moIs avant la

séquestratIon du présIdent

GbaGbo : l'horreur à toulépleu

souvIens-toI !

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SOS CôTE D’IVOIRE 22

KOULATE Jean Tué par balleMONSIKAN petite fille de KOULATETuée par balleKOULATE DJEHIHOUE Clarisse Tuéepar balleSANLE Klégninon Tué par balleTAHO TCHEHIGUINOIN Tué par ballePEHE Henry Tué par balleFLYE Joseph Tué par balleKOKO DJIHOUE Tué par balleGBIN Mathieu Tué par balleDANHI Clarisse Tuée par balle

GUIELLE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

Guei Germain Tué par balleGuei TOINTE Nicolas Tué par balleZOUE Zakpa Simon Tué par balleNIOULE Honoré dit Bouabré Tué parballeTIEHI TOUHO Victor Tué par balleNIOULE François Tué par balleBALOU Zibo Tué par balleDJIKEKPA Aristide Tué par balleBLEKI LARISSA Tué par balleGUEI Gabin Tué par balleTOINTE Gilbert dit Billy Tué par balle

GUIELLE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

MONHIRO MONDE Raoul Tué par balleKOULADE DEGNAN Florent Tué parballeGADE Firmin Tué par balleMme BAIBO née SOUHOU MadelaineTuée par balle

ZIOMBLY

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

TIONY Gaston Tué par balleZIONGNAN Noel Tué par balleNIOULE Pélagie Tuée par balleKOUEDJIKE Bernard Tué par balleSEA Jacques Tué par balleKPADJIKE Gérard Tué par balleDIBE Jean Tué par balleEnfant de KAH Tué par balle

DOHO

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

WOHI Jean Tué par balle

PAKPAI-DIOLLE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

BOUEHIWIN PEHE Jean Tué par balleKOUISSE Jérome Tué par balleEnfant BAIBO SYLVAIN Tué par balleEnfant SAHI Athanase Exécution som-maireMaman GLEGNINON Exécution som-maireFLAN TIEHI Marc Exécution sommaireNIGNINON POULOU Martine Tuée par

balleGOHOULOU Bernard Tué par balle

ZOGUINE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

NIOULE Gabriel Tué par balleKPAHA PEHE Henry Tué par balle

SOUS-PREFECTURE DE PEHE

PEHE

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

KAH GNANGBEHI GILBERT Tué parballeGNANDE Emile Tué par balleNANGNON Claude Tué par balleKONET Victor Tué par balleBASSOAN BEHE Ignace Tué par balleMme WIKA née KLEGNINON Tuée parballeTROH Gabriel Tué par balleBLEDE Gaspard Tué par balle

DENAN

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

KLEMIN Pierre Tué par balleTIONY Tué par balleKOUITE Robert Tué par balleGBOKA Marie Tuée par balleDJEKE Tué par balleEnfant de GBAHA Jean Tué par balle

TAHIBLY

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

KAH TADE Albert Tué par balleDOHO Céline Tuée par balleZONTIE Paul Tué par balle

MEO

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

PEHE Hervé Tué par balleGNONOMBLIHI Tué par ballePEHE François Tué par balleSANHANTE Tué par balleMme SIWOUE Tuée par balleMme GNINAO MAHAN Tuée par balleZOUE Raymond Tué par balle

DIAI

NOM ET PRENOMS DE LA VICTIME CIR-CONSTANCES DU DECES

DOUKO Mogador Exécution sommaireDOUEHI Ginias Exécution sommaireDOUEHI Chantal Exécution sommaireDOUEHI Christine Exécution sommaireDOUEHI Grace Exécution sommaireDOUEHI Estelle Exécution sommaireGUIDE Adelaïde Exécution sommaireGUIDE Carole Exécution sommaireGUIDE Salomon Exécution sommaireGUIDE Moise Exécution sommaireGUIDE Gervais Exécution sommaire

GUIDE ANELA Exécution sommaireZAKPA Geneviève Exécution sommaire

▉Notre Voie

YOPOUGON AZITODES CORPSD’HOMMEBLANCS

APPARAISSENTRÉGULIèREMENT

Le village d’Azito dans la commune deYopougon enregistre régulièrement l’ap-parition de corps d’hommes qui seraientdes blancs. Informer de ce fait notreéquipe s’est rendu sur les lieux pour avoirde plus amples informations et vérifier lavéracité des faits.

Azito très célèbre à cause de sa centralethermique qui produit une grosse partiede l’énergie électrique de la Côte d’Ivoireest un village Ebrié situé en bordure de la-gune dans la commune de Yopougon. Endehors de la centrale thermique et deshabitations des villageois, Azito compteen son sein plusieurs fermes et porcheriesqui ont été presque toutes pillées pendantles événements malheureux qu’a connuscette commune taxée de pro-Gbagbo.Mais depuis un certains moment un faitcurieux trouble la quiétude des habitantsde ce paisible village lagunaire.

En effet, depuis le mois d’avril, des corpsd’hommes blancs souvent en treillis sont‘’vomis’’ par la lagune sur le rivage. Inter-rogé, un villageois nous explique qu’il s’a-girait de légionnaires français qui ont ététués par les résistants de Yopougon du-rant la bataille pour le contrôle de cettecommune dite pro-Gbagbo. Plusieurstombes de fortune en bordure de lagunenous ont été présentées par notre guide.Il nous a aussi montré les tombes les plusrécentes.

L’on se rappelle que la commune deYopougon a mené une farouche résistancecontre la coalition Licorne –ONU-ci- FRCIaprès les évènements du 11 avril. Cettecommune qui était tenu par les résistantsa donné beaucoup de fil à retordre àtoutes ses forces d’occupations. Toutd’abord les FRCI sous les ordres de CherifOusmane et de koné zakaria n’ont puvenir à bout de la détermination de ces je-unes. L’ONUCI a donc été sollicité pourvenir en renfort. Mais après plusieurs ten-tatives infructueuses d’annexion s’est à laLicorne qu’est revenu d’accomplir la salebesogne. Malgré tous les chars et autreséquipements, les soldats français ontperdu beaucoup des leurs dans cettecommune. Finalement c’est des hélicop-tères qui ont bombardés les positionstenu par les résistants faisant d’énormespertes civiles et s’est après négociations

Page 23: DEBOUTCIV N°11

SOS CôTE D’IVOIRE 23ayant le souci majeur de protéger lescivils qu’ils ont acceptés de déposés lesarmes pour que la coalition prenne pieddans les rues et quartiers de la belle com-mune de Yopougon, ‘’la farouche’’.

Notre guide nous a expliqué que descorps ont été exposés au bord de la la-gune pendant les combats pour montrerl’implication des français dans cette criseet aussi galvaniser les jeunes pour qu’ilssachent que les français aussi sont desmortels. Il convient donc de se poser desquestions sur les corps qu’auraient retrou-vés le ministère de la justice et présentéscomme ceux des 4 personnes du Novotel.

▉Vana Kacou

UN SOLDAT FRCIFAIT DES

RÉVÉLATIONSSUR L'AFFAIRE

DES 4 PERSONNES ENLEVÉES à

L’HôTEL NOVOTEL

Confirmation de ce qui pouvait apparaître,après recoupement de bon nombre de té-moignage et un simple appel au bon sens,comme un secret de Polichinelle :

Pourquoi les soldats de l’armée régulièredu gouvernement légitime de SEM Lau-rent Gbagbo1) auraient-ils troqué leur uniforme régle-mentaire contre un accoutrement de mer-cenaires,2) pour s’en prendre à ce patron exem-plaire, qui avait refusé de cesser de payerses impôts (voir ici) à l’administrationd’un président qu’il admirait et soutenait(tout comme Philippe Rémond) ?

L’article ci-dessous a été rédigé aprèsplusieurs échanges de mails avec un sol-dat des ex FAFN devenu aujourd’hui FRCI.Cet homme, victime des faussespromesses des dirigeants actuels de lacôte d’ivoire, dit ne pas vouloir laisser lesmensonges lancés contre le régime duPrésident Gbagbo car selon lui il veutavoir la conscience tranquille afin de pou-voir bénéficier du pardon du père céleste.N’ayant pas tous les moyens pour vérifierla véracité de ses dires et après plusieursconcertations, nous avons décidé desoumettre l’article à nos internautes.

“Excusez moi si je souhaite rester toujoursdans l’anonymat, c’est juste par mesurede précaution afin de préserver la vie demes proches. Au moment opportun jeferai tomber le masque pour confondre

les ennemis du peuple Ivoirien.

Il est grand temps que tout soit dévoiléafin que les vrais coupables soient connusde tous et qu’ils répondent de leurs actesdevant la justice et surtout le peupleIvoirien qui est la plus grande victime.

Permettez avant tout que je puisse levertoute équivoque pour les fausses accusa-tions qu’on fait peser sur le coupleGbagbo. Ce couple a été dupé par sesproches (collaborateurs, travailleurs,ami(e)s, parents, pasteurs venues justeprofiter de leurs largesses financières).

Je veux faire des révélations dans l’affairedes 4 personnes enlevées à l’hôtel Novo-tel.

En effet, pendant le blocus du golf hôtelles soutiens extérieurs nous ont fourni dumatériel de communication de pointe ;ceci nous a permis d’avoir toutes les infor-mations sur le régime légitime GBAGBO.Sa résidence, le palais présidentiel, lesministères et institutions publiques etprivées ; tous étaient sur écoute jour etnuit. Les fax, appels, SMS, E-mails… onttous été interceptés.

C’est ainsi que le Dimanche 03 Avril vers16 heures nous avons intercepté unecommunication entre M. LAMBELIN et unproche du Président qui se trouvait à sarésidence. Il donnait des informations surtout ce qui se passait dont il était informédepuis son hôtel (Les mouvements etagissements des troupes et informateursà la solde de la Licorne, et même certainscommuniqués privés que faisaient cer-tains journalistes sur les événements).

Vers 23 heures, il a informé les proches deGbagbo que l’ONUCI s’apprêtait à dé-

ployer ses éléments pour ouvrir de nou-veaux fronts afin de permettre à nosforces (FRCI) de se déployer sur les posi-tions des forces régulières. Je vous con-firme que nos hommes avaient étérepoussés hors de la ville d’Abidjan dèsles 1ères heures du fameux « assaut final». C’est grâce à l’aide de l’ONUCI quenous avons pu nous déployer partout carc’est elle qui assurait notre transport.

Le lundi 04 Avril, jour de son enlèvement,M. Lambelin a donné l’information selonlaquelle les forces françaises allaient sedéployer pour officiellement prendre partdans cette crise aux côtés de nos forcesen donnant dans les moindres détails lessites qu’attaquerait la coalition pourdéstabiliser les forces de défenses et desécurité.

Les rapports de ces écoutes ont été trans-mis à nos dirigeants politiques. Ceux-ciont décidés de mettre hors d’état de nuirecet informateur jugé trop bavard et cer-tains de ses proches sans en informer lesautorités françaises et Onusienne de peurqu’elles s’y opposent. Pour cela, nos re-sponsables ont fait appel au Commandantqu’ils ont tué par la suite. Je veux parlerdu ‘’Général’’ IB pour que très vite cer-tains de ses éléments sûrs et efficacesfassent une descente sur l’hôtel etramène ses hommes à la base qu’on avaitformé à ELIBOU sur l’autoroute du nord.Sachez que le ‘’Général’’ IB avait seshommes dans toute la ville grâce à lacomplicité de la force Onusienne. Ceshommes sont arrivés rapidement sansêtre vus par les troupes ONU, de la licorneet même des forces régulières. Une fois àl’hôtel, comme ils avaient les descriptionsexactes, ils ont directement pris M. Lam-belin et ses compagnons, sans toucher lesautres alors qu’ils se trouvaient en com-pagnie de bon nombre de ressortissantsfrançais regroupés dans cet hôtel. Cetteopération n’a duré que 10 min, car nousl’avons coordonnée. Le 4ème à été prisjuste pour distraire l’opinion sinon, il nereprésentait aucun danger. Ceux qui sontvenus les prendre étaient au nombre de12 dont 3 étaient en position dehors pourla garde. Un est resté dans le char à l’ef-figie de l’ONUCI qui était à notre disposi-tion afin de mener cette guerre. L’ONUCInous avait donné de nombreux chars. A labase d’ELIBOU où ils ont séjourné un cer-tain moment avant d’être conduits par latroupe du collègue IB vers sa base àABOBO-ANYAMA.

Le pouvoir GBAGBO n’a rien à avoir avecces enlèvements. En plus des personnesqui étaient venues opérer, seulementdeux étaient en uniforme de l’arméerégulière. Un était dans le char (le pilote)et l’autre était à l’arrière vers l’autre ruepour la surveillance. Ceux qui sont entrésdans l’hôtel étaient en bigarré et ne s’ex-primaient pas correctement en français.La plupart de ses éléments ont périt dansl’affrontement qui a opposé les hommesd’IB aux nôtres. Certains sont bel et bienlà, mais en cavale de peur d’être retrou-vés et tués pour ce qu’ils savent.”

▉source : abidjandirect.net

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Massacres en côte d’IvoIre :

arrêtons la fausse syMétrIe

entre les deux caMps

Villages incendiés, habitantsbrûlés vifs, paysans traqués enbrousse par centaines. Et par-fois plus  : un millier lors de l’en-trée des pro-Ouattara à

Duékoué, à l’ouest du pays  : crime deguerre ou crime contre l’humanité  ? Maisaussi des quartiers entiers d’Abidjan pil-lés, des militants pro-Gbagbo assassinéstous les jourspour leur nom,leur âge, leur eth-nie (l’ethnocideau sud concerneen particulier lesBété, Attié etGuéré), par cen-taines, sanscompter les tor-turés ou les liq-uidés de l’Hôteldu Golf, siège dunouveau pouvoiret base de ses es-cadrons de lamort.

Trois fois plus demorts –de 3 000 à5 000 cadavres–pour les deuxmois d’AlassaneOuattara, cehéros de l’Occi-dent, que pen-dant les dix ansde la gouver-nance de LaurentGbagbo. Où sontles humanitaireset leurs relais, lesd é n o n c i a t i o n spolitiques à Pariset les résolutionsde l’ONU  ?

Arrêtons la fausse symétrie entre les deuxcamps  : ces massacres sont bien le faitdes pro-Ouattara, cautionnés par l’arméefrançaise et onusienne, dans une complic-ité implicite ou passive. Chacun sait main-tenant que les hélicoptères d’assaut de laforce « Licorne » et ses supplétifsonusiens ont réalisé la pire interventioncoloniale depuis la répression de l’UPC auCameroun et la guerre d’Algérie.

Décapiter l’élite politique et intellectuellesudiste, proche de Laurent Gbagbo et duFront populaire ivoirien, au profit d’un «mercenaire » des intérêts occidentaux,selon l’expression de Jean Ziegler. Bom-barder les lieux de pouvoir d’un pays quin’a plus de souverain que le nom  : prési-dence, résidence, camp militaire, télévi-sion… La leçon est terrible  : cinquanteans après les indépendances formelles, il

n’y a plus que sujétion et humiliation  ! Etvoilà qui remet en cause bien des analy-ses à la mode  : à l’aune du coup d’Étatfranco-onusien, on n’est pas encore en «post-colonie » ni prêt à sortir de la nuitcoloniale. Décidément, chaque fois quel’homme africain s’essaie à entrer dansl’histoire, on lui écrase le visage à coup debottes.

Malgré un formatage médiatique et unecertaine lâcheté chez des analystespatentés qui ont cautionné ces mas-sacres, la vérité se fait jour. Il faut arrêterla fausse symétrie entre les deux campset la politique d’occultation des « spécial-istes des droits de l’homme »  : depuis laprise du pouvoir du camp Ouattara, cesont bien eux qui massacrent en fonctiondes cartes d’identité –comme au Rwanda,qui torturent ou embastillent ou déportentles opposants, tandis que les journalistespro-Gbagbo sont traqués et que l’« Étatdyoula » s’est mis en place  : tout le resteest révisionnisme. Quel recours àYopougon, quartier martyr, quand lestueurs font des « patrouilles communes »avec la force « Licorne » et l’Onuci  ? Plusqu’au Rwanda, notre institution militaireest complice ou coupable  : où est la

fameuse « éthique » dont se targuent lesphilosophes en kaki –notamment l’obliga-tion de désobéir à des ordres illégaux  ?

à qui a sillonné le pays depuis vingt ans,suivi les élections sur le terrain et menéde récentes missions en zone rebelle, ledoute n’est pas permis  : oui, les électionslargement truquées au nord ont bien été

« la continuationde la guerre pard’autres moyens »(Bertrand Badie)  ;oui, l’ambassadede France a été etreste une officineanti-Gbagbo  ; etoui, la déportationen terre ennemieet l’incarcération àla Lumumba, dansdes conditions ig-nobles, des re-s p o n s a b l e spro-Gbagbo ontété autant plani-fiées que la désin-formation continueou l’armement desrebelles, jusqu’à lalogistique, lespick-up ou les uni-formes. C’estpourquoi les re-s p o n s a b l e sonusiens oufrançais, donneursd’ordres illégauxen regard des ré-solutions onusi-ennes, risquent laHaute Cour de jus-tice ou les juridic-t i o n sinternationales,tandis que Guil-

laume Soro et Alassane Ouattara sontpassibles de la CPI pour ce qui se passeen Côte d’Ivoire.à propos, comment s’ap-pelle un régime qui massacre sa proprepopulation, qui est arrivé au pouvoir dansles fourgons (pardon, les hélicoptères) del’étranger, qui n’a de forces que des ban-des armées incontrôlables et des délin-quants sans foi ni loi  ? Sans Parlement niCour constitutionnelle, contrôlé par deuxcorps expéditionnaires, en train de braderles richesses du pays sans contrôle, et detuer, comme au Rwanda, sur des basesethniques  ? Vous avez dit « dictature »  ?

▉MICHEL GALY

Auteur de Guerres nomades et sociétésnomades, aux Éditions L’Harmattan.

Texte publié par L’Humanité

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Depuis l’éclatement de la guerre électorale, ils sonttrès nombreux les Ivoiriens et autres ressortissantsde différents pays vivant sur le sol de Côte-d'Ivoirequi, fuyant les persécutions politiques et ethniques,sont livrés à elles-mêmes sur un sol étranger. Com-

ment sont-elles accueillies par les autorités ghanéennes, leHCR,et les populations locales? Comment vivent-elles?

L’ACCUEIL DES REFUGIES ET LEUR RAPPORT AVEC LES AU-TORITES DU GHANA ET L’UN-HCR

Fuyant la guerre en Côte d’Ivoire, les refugiés sont arrivés de dif-férentes manières (routes, pistes de brousse, etc…).Certainssont dans des camps (sous des bâches HCR). D’autres sont dansdes villes et villages. Voulant s’éloigner davantage, d’autres en-core sont dans la capitale Accra ou dans de grandes villescomme Cape Coast , Takoradi etc.

Notons que le 1er camp (petit camp) est à ELUBO, une localitétrès fréquentée par les hommes en tenue militaire de Côte-d’Ivoire (FRCI). Quant au grand camp, il est situé à une cinquan-taine de kilomètres d’ELUBO et n’est pas à l’abri de l’espionnagedes gens que nous avons fuis en Côte d’Ivoire.

LE GHANA REFUGEE BOARD ET LE HCR

Les réfugiés ivoiriens vivant au GHANA n’ont aucun rapport avecles autorités Ghanéennes, ni avec le HCR depuis leur enreg-istrement dans les camps comme au sein du “GHANA REFUGEEBOARD”(GRB). Notons qu’après avoir rempli des dossiers avecles logos de l’UN-HCR, au GRB, c’est à notre grande surprise, uneattestation ne portant aucune trace UN-HCR que l’on nous alivrée. Nous ne comprenons rien à cette situation car ni dans lescamps, ni dans les villes et villages les refugiés n’ont aucun pa-pier officiel du HCR : pas d’interview etc. Qu’en est-il avec la pop-ulation Ghanéenne?

RAPPORT AVEC LA POPULATION DU GHANA

Concernant la population Ghanéenne, nos rapports sont mitigés.Si certains vous admirent, la majeure partie vous boude, les gensvous lorgnent.En fait, le constat qui est fait c’est que certains Ghanéens sontheureux de taquiner des francophones que nous sommes enprononçant un “bonjour”, “ça va ”etc.Avouons que très nombreux sont ceux qui détestent le refugiéivoirien. Ils avancent qu’à cause de nous la vie est devenuechère (logement, nourriture, etc..). Car les commerçants ont faitgrimper leurs prix face à la demande devenue forte. En réalité,le refugié est détesté pour un fait qui n’est pas sa faute. C’estdonc dans un climat de méfiance que nous vivons. En plus decela, la langue locale nationale est un frein, parce que toutGhanéen ne parle pas l’anglais. Vous vous efforcez à parlerl’anglais, on vous répond en langue locale. Comment vivent alorsles refugiés ?

LES CONDITIONS DE VIE DES REFUGIES (LOGEMENT-TRANSPORT-NOURRITURE etc)

Les difficultés se font sentir dans la vie du refugié à plusieursniveaux (le logement, la nourriture ,le déplacement, la sécurité,la santé, les documents administratifs etc…)

LE LOGEMENT

Le logement se fait à deux niveaux: au camp comme en ville ouau village.

-Au campDès votre arrivée, vous êtes reçus et l’on vous donne un stickerqui vous donne droit à une place sous les tentes quand il y en a.Dans le cas contraire, vous dormez à la belle étoile ou dans unemaison inachevée. Vous êtes une sorte de SDF (Sans DomicileFixe).Dès qu’une place est obtenue, l’on vous envoie au grand

camp.

-En ville/ Au villageL’on dort dans des maisons inachevées ou chez des amis.D’autres qui ont un peu plus de moyens dorment à l’hôtel, qu’ilsquittent dès que leurs poches sont vides.Dans tous les cas, ce n’est pas fameux, c’est même très difficile.

LA NOURRITURE

En ce qui concerne les repas, cela varie selon qu’on soit dans uncamp ou en ville.

AUX CAMPS

-Dans le petit camp (ELUBO), un seul repas est servi par jour.Quelquefois, l’on vous surprend avec un petit déjeuner (bouilliede riz ou mais). Entre midi et deux vous vous débrouillez pour ledéjeuner en achetant chez les petits commerçants ou en cher-chant l’aide d’une bonne volonté. Vous devenez ainsi une sortede mendiant.-Dans le grand camp (AMPAIN), avec votre sticker (ticket), l’onvous sert du riz, un fourneau, des sachets, etc., pour que vous-mêmes vous fassiez la cuisine. Vous devez donc veiller à votremanière de manger au risque de voir votre dotation épuiséeseulement en quelques jours.

Tout cela développe des fléaux comme la mendicité, la prostitu-tion, etc.

SECURITE

La sécurité est très discrète au Ghana, et sans doute efficace.Cependant, l’on a très peur car les va-et-vient incessants des in-connus ne peuvent pas rassurer le refugié.La présence des hommes en tenue militaire qui règnent enmaîtres absolus en Côte-d’Ivoire est très visible au GHANA,surtout à ELUBO (NB: avec les tenues militaires de Côte d’Ivoire).Cela augmente le traumatisme du refugié, car il retrouve avecbeaucoup de stupéfaction ceux qu’il croyait avoir fuis. Celapousse beaucoup de personnes à s’éloigner, conduisant mêmed’autres au TOGO, au BENIN, au NIGERIA etc.

En conclusion, le refugié se sent dans l’impasse, non rassuré.

TRANSPORT

Le transport est la bête noire du refugié. Car il faut parler le“TWI” langue locale. Si vous ne la parlez pas, le taximètre vousfait promener et vous taxe inutilement.

SANTE

Le refugié fait la queue pour attendre les comprimés qu’ondonne presqu’à tout le monde pour différentes maladies. Celadécourage le malade qui se soigne comme il peut avec lesmédicaments traditionnels. Ceux de la ville sont, dit-on, pris encompte à l’hôpital. Mais il faut se lever pour se rendre à lareprésentation de l ‘UN HCR. De là, l’on vous transporte à l’hôpi-tal vers 10h -11h et un long rang vous attend. Vous en avezjusqu’ a 17h -18h pour un malade qui s’est levé depuis 4h sansmanger.

CONCLUSION: APPEL (CRI DE CŒUR)

Dans l’incertitude totale (pas de rapport avec les autorités duGHANA, ni avec celles de l’UN-HCR), le refugié ne peut quelancer un cri de cœur pour une aide d’urgence pour des raisonsde sécurité, de manque de moyens financiers etc.

TEMOIGNAGE D’UN REFUGIE IVOIRIEN VIVANT AU GHANA.

▉Source: Zeka Togui

les refuGIés IvoIrIens au GHana face aux

lenteurs du Hcr: une vIe dIffIcIle

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INTERNATIONAL 26

libye:

lES RATéS D’UNE gUERRE fRANcAISEAlors que l'intervention enLibye entre dans soncinquième mois, voici l'en-quête que j'ai publiée dans"le Nouvel Observateur" du 7juillet.

Cela devait durerquelques jours,quelques semainestout au plus. "Sûre-ment pas des mois",

disait Alain Juppé. Les servicesde renseignements français as-suraient que, dès les premièresfrappes, des milliers de soldatsde Kadhafi feraient défection. Ilsprédisaient aussi que les re-belles avanceraient rapidementjusqu'à Syrte, la ville natale duGuide, et que tout cela con-traindrait Kadhafi à partir trèsvite. Mais rien ne s'est passécomme prévu.

De surprises en déconvenues

Quatre mois et des milliers defrappes plus tard, Kadhafi esttoujours là. Certes, Benghazi, la capitale des re-belles, est sous protection. Mais la guerrevoulue par Nicolas Sarkozy s'enlise. Cette opéra-tion devait restaurer le prestige de sa politiqueétrangère, ternie par les frasques de « MAM » etson accueil glacial du « printemps arabe ». Mais,malgré ses Rafale, malgré l'Otan dont elle aréintégré le commandement en fanfare, laFrance apparaît impuissante face au dictateurd'un pays mal armé et dix fois moins peuplé.Cette guerre devait être un passeport pour lagloire. On se contenterait aujourd'hui d'un sauf-conduit pour en sortir.Que s'est-il passé ? A quelques jours du premiervote parlementaire sur cette guerre, plusieursresponsables français - officiers supérieurs,diplomates et hommes politiques - racontentl'histoire secrète de cette opération : les bévuesdes services de renseignements, les déchire-ments au sein de l'Alliance atlantique. Et le jeuambigu des Etats-Unis...

L'état-major demande à l'Elysée de changer

de cible...

La guerre commence par un coup d'éclat, nonplanifié, des forces aériennes françaises. « Lepremier jour, samedi 19 mars, nos pilotes de-vaient seulement préparer le terrain, dit un hautresponsable. Leur mission était de détruire desbatteries anti-aériennes libyennes. Mais, lematin, les forces de Kadhafi ont avancé beau-coup plus vite que prévu vers Benghazi. Si nousne faisions rien, la deuxième ville libyenne allaitêtre massacrée. » En catastrophe, l'état-majordemande à l'Elysée l'autorisation de changer decible et de viser les blindés plutôt que lesdéfenses anti-aériennes. Malgré les risques pourles Rafale, qui se feront repérer par les radarsennemis, Nicolas Sarkozy donne son feu vert. «Les pilotes sont partis de la base de Saint-Diziercomme ça, au pif, avec une nouvelle mission :trouver les chars et les détruire, en évitant dese faire abattre... Par chance, ils revenaientd'Afghanistan, ils étaient très entraînés. » Ilsrepèrent la colonne de blindés, la « tapent » etsauvent Benghazi.

Une déroute pour les servicesde

renseignements

Une victoire éclatante pour l'aviation française.Mais une déroute pour les services de ren-seignements. « Nous nous sommes renducompte que leurs informations étaient de mau-vaise qualité, dit un haut responsable. Ils s'é-taient procuré un rapport de l'armée algériennequi venait de faire des manoeuvres avec lesLibyens. Il y était écrit que les chars de Kadhafiétaient tous rouillés et ne pourraient pas êtremis en état de marche en moins de deux mois.Pourtant, ces blindés ont attaqué Benghazi ! »Un officier ajoute : « Plusieurs semaines avantles frappes, nous avons déployé sur zone desmoyens de renseignement importants : troissatellites espions passent chaque jour au-dessus de la Libye, un sous-marin au large deTripoli intercepte des communications. Desforces spéciales ont été dépêchées et, plus tard,la DGSE a ouvert une antenne à Benghazi. Maisnous avons raté l'essentiel : nous avons sous-estimé Kadhafi, qui se préparait depuis quar-ante et un ans à une invasion. Nous n'avons pasimaginé qu'il s'adapterait aussi vite. » Personnene prévoit, par exemple, que, pour transporterses troupes et ses batteries de missiles, le Guideva aller acheter des centaines de pick-up Toyotaau Niger et au Mali. C'est un coup de génie : cescamions sont identiques à ceux utilisés par lesrebelles. L'Otan est paralysée. Elle retarde sesfrappes. Avant de bombarder ces véhicules, lespilotes doivent avoir la certitude qu'ils sont bienceux des forces de Kadhafi. « Nous avons de-mandé aux rebelles de mettre un signal partic-ulier sur le toit de leurs pick-up, dit un militaire,mais nous n'étions jamais sûrs. Ils sont telle-ment désorganisés... »

Des rebelles totalement incompétents

Personne n'a prévu, non plus, le degré d'impré-paration militaire de l'opposition. Pour le chefd'état-major des armées, l'amiral Edouard Guil-laud, les rebelles sont « pathétiques ». Nonseulement ils sont totalement incompétents,mais, pendant plusieurs semaines, ils sèment lapanique dans les grandes capitales. « Au moin-dre bruit suspect, raconte un officiel français,moqueur, ils appelaient BHL, l'Elysée ou Down-ing Street. Ils juraient que des centaines dechars se précipitaient vers eux, que l'Otan de-vait agir sur-le-champ. On envoyait en catastro-

phe des avions de reconnais-sance et des bombardiers, maisla plupart du temps c'étaient defausses alertes. » Au bout d'unmois et demi, la coalition, ex-cédée, décide de dépêcher desofficiers de liaison sur place, àBenghazi. Leur rôle : « Trier les in-formations des rebelles et netransmettre que les plus plausi-bles au QG de l'Otan, à Naples. »

La volte-face desAnglais

Autre terrible déconvenue : lavolte-face des Anglais sur le com-mandement de l'opération. Laveille des premières frappes,l'Elysée croit encore que laguerre en Libye sera conduite parParis et Londres, et non parl'Otan. Sarkozy et Cameron ontévoqué plusieurs fois ce com-mandement conjoint, conçucomme un prolongement naturelde l'accord militaire franco -bri-tannique signé en novembre. Ensecret, les chefs se sont mis d'ac-

cord sur la répartition des tâches : la guerre seragérée de Montverdun, près de Lyon, où la Francedispose d'un QG d'opérations aériennes flam-bant neuf ; et de Northwood, dans la banlieuede Londres, siège d'un QG stratégique perfor-mant. Tout est donc en place pour une grandepremière militaire européenne c'est du moins ceque l'on croit à Paris...Vendredi 18 mars, au lendemain du vote dela résolution autorisant les frappes, c'est ladouche froide. Le patron des forces aériennesfrançaises, le général Hendel, se rend à North-wood pour prendre le commandement en sec-ond de l'opération qui doit commencer lelendemain. Il s'attend à être accueilli en grandepompe. Mais, humiliation, on le fait attendreplusieurs heures avant de lui dire la vérité : lesofficiers britanniques qu'il devait commandersont partis la veille. Où ? A Ramstein, QG desforces américaines en Europe. Et le généralanglais qui devait s'installer à Montverdun neviendra pas. Bref, Londres a renoncé à son duoavec Paris et se tourne vers l'Otan. Perfide Al-bion...

Nicolas Sarkozy se méfie deBerlin

Si certains militaires français, qui redoutaientd'être dépassés par la tâche, poussent un « ouf» de soulagement, d'autres sont furieux, les avi-ateurs surtout. Patron de l'armée de l'air, legénéral Paloméros déplore que l'opération n'aitpu être menée « en franco-britannique ». Pen-dant plusieurs jours, la diplomatie françaisetente de sauver la face. Elle fait le forcing pourqu'au moins l'embargo maritime de la Libye soitassuré par l'Union européenne et non par l'Otan.Mais la Turquie et l'Allemagne refusent : l'Al-liance se chargera de tout ou de rien. La France,qui a besoin d'alliés, est coincée et contrainted'accepter. A une condition : Nicolas Sarkozyexige de mettre sur la touche les officiers turcset allemands présents dans la structure de com-mandement de l'Otan, au motif qu'ils pourraientsaboter cette guerre à laquelle Berlin et Ankarasont hostiles. Un détail ? Quand le chef suprêmede l'Otan, un général américain, et son n° 2, unBritannique, sont en congé, c'est le n° 3, un Alle-mand, qui assure le commandement militaire del'Alliance. Trop risqué pour Nicolas Sarkozy, quise méfie de Berlin et obtient que, pendant toute

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INTERNATIONAL 27la durée de la guerre contre Kadhafi, ce roule-ment soit discrètement suspendu...Brutales, les bagarres au sein de l'Otan contin-ueront pendant des semaines. A Bruxelles, desportes claquent, des noms d'oiseaux fusent.Premier sujet de discorde : les règles d'engage-ment de cette guerre. L'intervention est des-tinée à protéger la vie des civils. Il faut donclimiter au maximum les bavures. Jusqu'où ? «Au début,nous appliquions les mêmes normes de pru-dence qu'en Afghanistan », raconte un officier.Mais les moins va-t-en-guerre exigent qu'enLibye les règles soient « trois fois plus strictes», précise un militaire. « Souvent nos pilotesrepèrent une cible mouvante, demandent l'au-torisation de frapper et l'Otan refuse. » De cefait, les « dommages collatéraux » seront peunombreux. Mais l'opération est ralentie. Au fildes semaines, loin des réunions enflammées, lereprésentant français au QG des opérations, àNaples, obtiendra discrètement des dérogationspour ses pilotes...

"Des plans de frappes sansqueue ni tête"

En fait, la machinerie de l'Otan - cet Otan queSarkozy avait tellement tenu à réintégrer - ex-aspère les Français. « Cette bureaucratie sortdes plans de frappes sans queue ni tête, dit unresponsable français. Pour les officiers de l'Otan,il s'agit de faire exécuter un certain nombre desorties aériennes. Il n'y a aucun objectifstratégique cohérent, seulement des cases àcocher. La guerre comme à la Sécu ! » Un autreofficiel est plus indulgent. « Le commandant del'opération contre la Libye, le général canadienBouchard, fait ce qu'il peut avec ce qu'il a. Trèspeu d'alliés de l'Otan ont accepté de participerà l'opération. C'est un grand échec des diplo-maties françaises et britanniques. Alors, c'estvrai, vu le manque d'avions à sa disposition,Bouchard est obligé de bricoler. »

Les Américains se retirent...

La pénurie est d'autant plus grande que, autredéconvenue magistrale, l'Amérique a retiré trèstôt ses dizaines de chasseurs-bombardiers, enparticulier les A10 « tueurs de chars » que l'USAir Force est la seule à posséder. « Obama avaitprévenu Sarkozy dès le début que les Etats-Unisne resteraient pas en première ligne, dit un re-sponsable français. Le Congrès était très hostileà cette opération. Et le Pentagone ne voulait pas

d'une nouvelle guerre de l'Amérique contre desArabes. Mais on n'avait pas compris que ce re-trait interviendrait au bout de dix jours. » Pariset Londres ont bien réussi à convaincre Wash-ington d'envoyer des moyens de frappe plusdiscrets, des drones armés, et de laisser leursavions antiradars. Mais pour le reste, c'était : «Débrouillez-vous ! »Français et Britanniques décident de pallier cemanque par leurs propres moyens. Début mai,quand l'enlisement devient évident, ils entre-prennent d'envoyer des renforts : une vingtained'hélicoptères. C'est tout ce qu'ils peuventfournir. Et encore faudra-t-il un mois pour que leporte-hélicoptères « Tonnerre », une des fertésde l'armée française, arrive sur zone. « Dire que,dans les hangars de l'Otan, il y a 150 hélicop-tères américains que Washington refuse d'en-voyer en Libye ! », relève un officier français.

... mais restent indispensables sur le terrain

« C'est l'une des grandes leçons de cette guerreà laquelle on ne s'attendait pas, dit un respons-able français : Washington a vraiment com-mencé son repli stratégique. » Seulement voilà: sur le terrain, les Américains sont toujours in-dispensables. « Rien ne serait possible sans leursoutien. Ils nous tiennent par la barbichette. Cesont toujours eux les patrons. » Certes, l'arméefrançais fait bonne figure. Elle assure plus dutiers des frappes, certains jours près de lamoitié. Ses avions sont les plus nombreux dansle ciel libyen - entre 15 et 20. Elle est la seule àdisposer d'un porte-avions nucléaire. La tech-nologie militaire made in France demeure l'unedes meilleures. La guerre a permis de testeravec succès le dernier cri de ses productions :le Rafale 3, le missile modulaire AASM, l'hélicop-tère Tigre...Mais la supériorité américaine est écrasante :33 des 41 avions ravitailleurs utilisés dansl'opération sont américains, la plupart desAwacs aussi, tous les drones également, comme100% des missiles antiradars et des kits deguidage laser des bombes. Et ce n'est pas tout.« L'essentiel des moyens de commandement etde contrôle de l'Otan comme la gigantesquebande passante qui permet de transmettretoutes les données sont américains », dit le spé-cialiste François Heisbourg. « Quand les pilotesfrançais arrivent au-dessus de la Libye, expliqueun officier, ce sont des avions américains dotésde radars spéciaux, des JStar, qui les guidentjusqu'à leurs cibles. Les Américains ont desmoyens de renseignement colossaux : des U2,des capteurs dont nous ne disposerons jamais,

des dizaines de satellites... »

Les Américains dirigent lesopérations en coulisse

Un chiffre résume tout : devant la délégationparlementaire sur le renseignement, le di-recteur du renseignement militaire, le généralDidier Bolelli, a révélé que plus de 80% descibles affectées aux pilotes français en Libyeétaient désignées par les services américains !Autrement dit, si Français et Britanniquesréalisent la majorité des frappes, les Américainsdirigent les opérations en coulisses « from be-hind », dit le grand magazine « New Yorker ». «Ils nous donnent juste ce qu'il faut pour quenous ne nous cassions pas la figure », assure undiplomate.Comment terminer cette guerre sans un coupde pouce de Washington ? Pour l'arméefrançaise, le temps presse. « En mer depuis huitmois, le «Charles-de-Gaulle» est à bout, dit unofficier. Certaines réparations ne peuvent pasêtre faites à bord. Le nombre de sorties duporte-avions chute. » Le « Charles-de-Gaulle »devait rentrer le 30 juin, mais les marins de-vront attendre. Pour le remplacer, on cherchedes bases aériennes proches du théâtre desopérations. On voudrait aussi envoyer un dronefrançais au-dessus du ciel libyen. Mais les négo-ciations avec les pays qui pourraient accueillirces aéronefs traînent.

L'Elysée décide de livrer dumatériel aux rebelles

Alors on compte surtout sur l'avancée des re-belles. Ils doivent faire vite. Les chaleurs tor-rides et le ramadan arrivent, peu propices à degrandes offensives. Il faut régler le problèmeavant août. Comment ? L'Elysée a décidé d'in-terpréter à sa façon les résolutions de l'ONU surla Libye. Certaines capitales, dont Londres, es-timent qu'elles interdisent de fournir des armesaux rebelles. Pas Paris. « Le Figaro » vient derévéler que, début juin, la France a parachuté40 tonnes de matériel militaire aux forces re-belles. Selon d'autres sources, elle enverraitaussi des armes par voie terrestre via des paysfrontaliers. L'Elysée pense qu'une progressiondes rebelles jusqu'à quelques kilomètres deTripoli devrait susciter une révolte à l'intérieurde la capitale libyenne. Et Kadhafi serait con-traint de partir. Si, pour une fois, tout se passaitcomme prévu...

▉Vincent Jauvert

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NE LES oUBLIoNS pAS!