de revigorer et à l'automne vous pourrez vous lancer

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Numéro 9, juin 1979 Paroler ensemble... Il n'est pas bon de demeurer seule ... avec ses questions, ses idées, ses peurs, ses aspirations, ses besoins de revendications et ses goûts d'engagements. Il est plus fécond et plein d'avenir de les partager. C'est ainsi que nous avons souhaité que le colloque de l'été '78 donne naissance à des groupes de réflexion pour assurer l'action de conscientisation et de solidarité de L'autre Parole à travers tout le Québec. De fait, au cours de l'année 78-79, deux groupes ont été formés, à Rimouski et à Montréal, et deux autres sont en voie de formation, à Sherbrooke et à Québec. Le présent numéro vous fera part du che- minement du groupe de Rimouski. Nous espérons que nos premiers pas bien décidés stimuleront des dynamismes chez plusieurs d'entre vous, ce qui permettra de voir émerger d'autres groupes, un peu partout au Québec. Je sais que les forces vives ne manquent pas, la cor- respondance nombreuse et encourageante qui nous par- vient, nous le redit fréquemment et de bien des façons. N'hésitez pas à vous laisser envahir par la vitalité printanière que le soleil de l'été continuera

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Numéro 9, juin 1979

Paroler ensemble...

Il n'est pas bon de demeurer seule ... avec sesquestions, ses idées, ses peurs, ses aspirations, sesbesoins de revendications et ses goûts d'engagements.Il est plus fécond et plein d'avenir de les partager.

C'est ainsi que nous avons souhaité que lecolloque de l'été '78 donne naissance à des groupesde réflexion pour assurer l'action de conscientisationet de solidarité de L'autre Parole à travers tout leQuébec. De fait, au cours de l'année 78-79, deuxgroupes ont été formés, à Rimouski et à Montréal, etdeux autres sont en voie de formation, à Sherbrookeet à Québec. Le présent numéro vous fera part du che-minement du groupe de Rimouski. Nous espérons que nospremiers pas bien décidés stimuleront des dynamismeschez plusieurs d'entre vous, ce qui permettra de voirémerger d'autres groupes, un peu partout au Québec.Je sais que les forces vives ne manquent pas, la cor-respondance nombreuse et encourageante qui nous par-vient, nous le redit fréquemment et de bien des façons.

N'hésitez pas à vous laisser envahir par lavitalité printanière que le soleil de l'été continuera

de revigorer et à l'automne vous pourrez vous lancerdans les premières étapes du partage d'une autreparole. C'est ce que nous désirons... nous sommesbien intéressées à connaître et soutenir vos débuts.

Rimouski Monique Dumais

UN GROUPE DE REFLEXION A RIMOUSKI

Nous sommes un groupe de sept femmes qui ontpris goût à se rencontrer, à échanger, à mettre encommun leurs expériences, leurs idées, leurs réfle-xions ...

Cette cellule a pris naissance à l'automne'78. L'une des membres du collectif de L'autre Pa-role, Monique Dumais, souhaitait mettre sur pied ungroupe de^réflexion. Dans son milieu de travail,Tl'Université du Québec, elle a eu l'occasion de con-naître Janine, l'une de nous sept, qui travaillaittemporairement.

Janine vivement intéressée par le projet ena parlé à ses amies. Chacune de nous était déjàsensibilisée à ce groupe féministe, puisque la presselocale avait livré le compte rendu du colloque deL'autre Parole sur le thème: "le corps de la femme etl'Eglise". Nous- étions cependant motivées à en savoirdavantage, et c'est ainsi, qu'au début de l'automnedernier, nous nous sommes réunies pour la premièrefois chez Janine. Pour nous cette rencontre en étaitune d'information à laquelle participait Monique DumaisCelle-ci nous a présenté L'autre Parole; son histori-que, ses objectifs, son organisation, ses actions, sesdifficultés, ses orientations, son feuillet de liaison,etc. Déjà, nous avons compris que nous avions toutescomme femmes, le même questionnement. Il nous fallaitconsolider cette solidarité naissante.

Cette première réunion nous a permis d'échangernos points de vue sur ce collectif féministe chrétien.Ses objectifs rejoignaient nos préoccupations person-nelles. Chacune avait déjà identifié la discriminationet le sexisme au sein de l'Eglise. "La moitié du mondeest une femme", nous savions pertinemment qu'elle n'estpas ou peu consultée dans l'Eglise, qu'elle ne partici-pe d'aucune façon au niveau décisionnel, que l'Egliseexerce un contrôle certain sur le corps de la femme àcause du pouvoir de parole que la femme n'a pas dansl'Eglise, que c'est l'homme qui a la parole et quipeut orienter l'enseignement de l'Eglise dans le sensqu'il choisit. Après quelques échanges sur le rôledes femmes dans la société et dans l'Eglise, nous avonsexprimé le désir de nous rencontrer à nouveau. Entretemps, nous aurions la possibilité de faire le pointsur notre motivation à continuer d'être un groupe deréflexion et comment nous orienterions la démarche denotre groupe.

Toutes les sept nous nous connaissions, maiscertaines avaient des relations d'amitié plus soutenues.Ainsi le cercle amical s'agrandissait... Nous sommestoutes des femmes mariées, mais avec des expériences devie différentes. Quatre ont des enfants, les autrespas. Quelques-unes ont vécu avant leur mariage la viereligieuse en communauté. La plupart ont été ou sontdans l'enseignement; l'une est infirmière, une autreest créateur artisan. Nous nous rejoignons toutes surun terrain commun: nous sommes des femmes chrétienneset nous avons le désir que L'autre parole se fasse en-tendre, la parole des femmes, que la société et l'Eglisetiennent compte de nos compétences et de nos expériences,

Et nous nous sommes retrouvées le 15 mars 1979chez Sophie, deux du groupe étaient absentes pour desraisons maje.'̂ es. La rencontre très animée, avec unestructure très souple, a porté sur nos réactions defemmes chrétiennes face à l'hypothèse énoncée à la

page 26 de la politique globale du Conseil du Statutde la Femme, Pour les Québécoises; Egalité et indé-pendance, à savoir:

"les conflits dans les rapportsentre les sexes proviennent dela division du travail fondéesur le sexe15

Nous avons entamé la discussion en posant trois ques-tions .Je livre ici le fruit de nos réflexions, réactions etsuggestions telles qu'elles ont été exprimées.

1ère question: "Quelle est votre réaction ou votreposition personnelle devant cette affirmation centraledu rapport sur la condition féminine?"

"Il faut conscientiser les femmes au sujet de l'é-ducation à donner à leurs enfants: il ne faut pasqu'elles habituent la petite fille à être au servicedes garçons, il faut qu'elles habituent les garçons àremplir les tâches familiales."

- "Il faut conscientiser les professeurs par rapportà une situation observable à l'école. En SecondaireV, beaucoup de jeunes étudiantes sont convaincuesqu'il n'est pas nécessaire de poursuivre de longuesétudes, que le marché du travail pour elles ne seraque temporaire et qu'elles le délaisseront définiti-vement pour se marier, avoir et éduquer leurs enfants.Les professeurs doivent être éveillés a une éducationplus réaliste et objective à dispenser aux filles:le pourquoi de la continuation de leurs études et lebesoin qu'elles auront de se faire une place sur lemarché du travail et dans la société."

"Au sein de la famille, il ne faut plus définirles rôles à partir des sexes, mais plutôt les définir

par le goût personnel, l'intérêt, les besoins, la gra-tuité, les aptitudes, la disponibilité, etc. Qu'il yait équilibre et partage."

"Bien souvent, la femme mariée est admirée si ellereste au foyer, mais elle l'est moins si elle s'en vasur le marché du travail."

"Très fréquemment, lorsque des femmes posent leurcandidature à un poste de direction, le jury de sélec-tion s'acharne plus à prouver l'incompétence des fem-mes que la compétence des hommes. C'est aberrant devoir ce qui se passe dans ces situations."

"Que le travail accompli à la maison par la "femmeau foyer" soit reconnu comme travail."

2e question; "En quoi cette analyse de la conditiondes femmes rejoint-elle votre conscience chrétienne?

"Le Christ est venu libérer .l'Homme de l'esclavage:l'Homme, c'est toute l'humanité, c'est l'homme et lafemme."

- "Le christianisme donne un sens à ma conception surla condition féminine, plus de dignité, plus d'humanis-me."

- "Le Christ était aussi humain, il a passé sa vieavec des hommes et des femmes. La présence des femmesest très sentie auprès de Lui, il a écouté leurs paro-les. Ceux qui l'ont suivi à travers les siècles, ont-ils mal traduit ou défiguré son message?"

"L'Eglise continue son évolution en se servant desmêmes vieux stéréotypes, comme celui qui dit: "Lafemme est un objet de péché, de séduction et de damna-tion." Que penser des interdits sexuels? N'oublions-

pas que c'est au XIle siècle que les prêtres ont étécanoniquement interdits de se marier."

"Le Christ a dit: "Aimez-vous les uns les autres."Comme chrétienne, je pense que l'on retrouve cet impé-ratif dans le rapport sur la politique d'ensemble duConseil du Statut de la Femme."

"Le fait d'être chrétienne, ce n'est pas un chapeauqui s'ajoute à ma personnalité. Je suis une femmechrétienne bien intégrée, c'est là toute mon identité,et c'est en tant que femme chrétienne que je vis toutesles situations."

3e question; "Selon la réponse que vous donnez auxquestions précédentes, quelles conséquences voyez-vous pour l'Eglise comme agent de socialisation etsource d'influence sur les mentalités?"

"Il faudrait que l'Eglise commence à se conscien-tiser elle-même sur la valeur de l'humanité, soitcelle de l'homme et de la femme, et elle aura unemeilleure influence sur la société."

"Certains prêtres et évêques sont assez ouverts,mais d'autres, par leur enseignement, ne font quecontribuer à l'élargissement du fossé entre les hom-mes et les femmes, entre les sexes et à maintenir lesconflits dans leurs rapports."

"Si l'Eglise change, respecte l'égalité entre leshommes et les femmes, nous aurons aussi une chance dechanger, de nous regarder autrement, de nous considérercomme des égaux et de nous respecter."

"Il faut prendre conscience que les structures del'Eglise institutionnelle ne sont pas faciles à fairebouger ou à changer."

- "Il faudrait que l'Eglise retrouve le sens du mes-sage du Christ: il est venu libérer l'humanité. LeChrist a dit, entre autres paroles: "Aimez-vous lesuns les autres." "Ne jugez pas les autres et vous neserez pas jugés." "Que celui qui est sans péché luilance la première pierre."

"Moi en tant que femme chrétienne et membre del'Eglise, je pense que l'Eglise ne m'aide pas dansma libération: elle n'aide pas du tout la sociétéà sortir de ses préjugés, a régler les conflitsdans les rapports entre les sexes qui proviennentde la division du travail fondé sur le sexe. L'E-glise génère les mêmes conflits au sein de l'assem-blée de ses fidèles. Elle reste attachée au textede saint Paul: "Femmes, soyez soumises à vos maris."L'Homme, (homme et femme) se sent donc brimé dans sadignité. La femme ne doit pas être un "bouche-trou"dans certains diocèses où il y a pénurie de prêtres."

Ces quelques réflexions sont le fruit de notreexpérience, de notre vécu au sein d'une société qui,par ses lois, sa mentalité, ses préjugés, son racisme,ne respecte pas toujours les droits, les besoins, lesaptitudes de ses deux composantes humaines, l'hommeet la femme. Elles révèlent aussi la frustation, lesdéceptions, les interrogations de femmes profondémentchrétiennes qui croient au message libérateur du Christ,mais qui vivent à l'intérieur d'une Eglise institution-nelle qui ne tient pas compte d'elles, qui est oppri-mante dans le sens qu'elle ne les consulte pas suffi-samment et que si elles le sont, c'est en dernier lieula hiérarchie ecclésiastique masculine qui prend lesdécisions, décisions qui engagent les hommes et lesfemmes.

Nous soyons aux objectifs de L'autre Parole;"reprendre le discours théologique en tenant comptede la femme et entreprendre des démarches pour une

participation entière des femmes dans l'Eglise".Notre groupe de réflexion est une première tentativedans ce sens.

Nous souhaitons que d'autres groupes commele nôtre se forment. Seule, on ne peut rien changer,mais ensemble tout est possible. Possible, non paspour détruire, mais pour améliorer et construire...Espérant que L'autre Parole se fasse entendre...il y a de l'espoir.

Rimouski Sophie Lemieux-Guypour le groupe des sept,

"Reconnaître concrè-tement le rôle de lafemme en milieu rural.Faire connaître sa ri-chesse et éventuelle-ment exercer des pres-sions pour que la lé-gislation en tiennecompte ".

Une des priorités re-tenue par l'Assembléedes évêques du Québec,lors de la sessiond'étude sur l'Egliseet le monde rural,tenue à Lorettevilleles 6 et 7 mars 1979.

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Compte rendu du Colloque tenu à Bruxelles du 23 au27 avril 1979, organisé conjointement par Pro mundivita et Femmes et hommes dans l'Eglise.

Les équipes pastorales mixtes

Ce colloque a réuni environ 50 personnes, hommeset femmes, clercs et laïcs, représentant plusieursEglises chrétiennes, venues principalement d'Amériquedu Nord et d'Europe pour partager leurs expériences etélaborer des stratégies pour l'avenir.

Le premier jour, 23 avril, après avoir étéaccueillis par des membres de "Femmes et hommes dansl'Eglise" et "Pro mundi vita", les participants sesont vu soumettre une liste de thèmes possibles deréflexion tirés de l'enquête qui avait précédé latenue du colloque.

Invités à retenir trois thèmes sur une liste dedix, les participants ont majoritairement choisi lestrois suivants:

1. Les équipes pastorales mixtes et les ministères or-donnés ou non ordonnés. Problèmes, différence destatut. Rôles sacramentels, rôles de service.Diaconat. Relations clercs-laïcs dans l'E.P.M.

2. Les équipes pastorales mixtes comme instrument derenouveau pour l'Eglise, le peuple de Dieu. Cerenouveau est-il possible? A quelles conditions?Y a-t-il des blocages? Comment y remédier?

3. Les équipes pastorales mixtes et la promotion desfemmes dans l'Eglise. Les femmes laïques. Lesreligieuses.

Le deuxième jour la part la plus importante dutravail s'est déroulée en ateliers, divisés selon les

affinités (ou les capacités) linguistiques des parti-cipants. Les plénières profitaient de la traductionsimultanée.

Cinq ateliers ont été constitués, trois delangue anglaise, deux de langue française. Ils sesont partagé les thèmes retenus la veille.

Le troisième jour le Père Christian Duquoc,o.p. était le conférencier invité. Après avoir cons-taté l'impuissance du Concile et de la réflexion théo-logique à changer les structures, il a montré la néces-sité d'une profonde mutation des ministères pour donnerle pas à la propagation du message évangélique sur l'as-pect cultuel et sacramentel trop souvent et de façontrop exclusive associé à ceux-ci.

Après avoir noté le peu de reconnaissance quereçoivent dans l'Eglise hiérarchique les divers minis-tères déjà exercés pourtant dans les faits par deshommes et des femmes, des clercs et des laïcs, le con-férencier a attiré l'attention sur le blocage quiexiste dans l'Eglise autour des représentations juri-diques et symboliques de la triade sexualité-sacramen-talité-pouvoir.

En dernier lieu il a insisté sur la nécessitéde ne pas perpétuer dans la vie ecclésiale l'étroitmodèle de la médiation sacerdotale omniprésent dansla liturgie.

Les féministes américaines ont vigoureusementpris à parti sa lecture freudienne du blocage consti-tué par la triade sacramentalité-sexualité-pouvoirqui était apparu comme le noeud du problème à l'ensem-ble des participants.

Les perspectives freudiennes et lacaniennesont été mal accueillies par les participantes des

Etats-Unis. Je soupçonne qu'elles ont été désarçonnéespar un vocabulaire et par une approche qui, à tort ou àraison, leur ont paru sexistes. La seule allusion àDieu père et à la fraternité universelle soulève desprotestations. Il faut dire père et mère, fraternitéet sororité, si l'on veut être entendu. C'est un exer-cice que les théologiens n'ont pas encore pris l'habi-tude de pratiquer. Ils y viennent. C'est touchant àobserverl

Le quatrième jour les ateliers ont tenté d'ap-profondir les implications théologiques qui se déga-geaient des réflexions faites la veille sur les thèmesétudiés.

Une plénière a permis de mettre ces réflexionsen commun.

Le cinquième jour devait en principe être con-sacré à la préparation d'une déclaration commune. Enfait la réunion fut passablement houleuse et on ne puts'entendre que sur un schéma plutôt étriqué.

Les actes du colloque seront publiés par "Promundi vita".

Ce colloque a surtout valu à mes yeux par lescontacts personnels qu'il a permis d'établir entregens d'horizons très divers.

A certains il a donné de l'imagination. Ad'autres, le courage de continuer à aller de l'avant.Quelques-uns y ont trouvé des raisons d'espérer.Plusieurs ont pu mesurer l'énormité de la tâche quireste à accomplir.

Je reste avec deux grandes questions, unethéologique qui porte sur le rôle sacerdotal de plusen plus réduit dans les E0P.M. à son aspect sacramentel

et cultuel et une autre qui se réfère aux stratégiesà mettre en oeuvre pour briser le blocage sacramenta-lité-sexualité-pouvoir.

L'Autre parole a ses lectrices, et ses lec-teurs aussi j'espère, en Europe, qu'il me soit per-mis de les saluer ici chaleureusement.

Sherbrooke Mari e-Gratt on-Boucher

La recherchesur les femmes au Québec.

un colloque interdiscipli-naire, organisé par l'Uni-versité du Québec à Mont-réal, tenu au YWCA à Mont-réal, les 12-13 mai 1979.

Participation de 450 per-sonnes, en majorité desfemmes.

Le 12 mai, 10 ateliers:travail, santé, sexualité-reproduction, groupes mi-noritaires, religion, com-munication culturelle et

artistique, politique et juridique.

L'atelier "religion" était animé par Marie-André Royet Lucie Leboeuf. Trois brèves communications ontété données. Monique Dumais a présenté le travaildu collectif "L'autre Parole". Marie Gratton-Bouchera livré son expérience au colloque de Bruxelles surles équipes pastorales mixtes (voir pp. 9-12).Béatrice Gothscheck, Marie-André Roy et Monique Dumais

ont fait part de leur communication collective àl'ACFAS au sujet de l'événement "Les fées ontsoif". Discussions fructueuses dans l'atelier.

Film: "Les Servantes du bon Dieu", de Diane Létourneau,

Le 12 mai, deux tables rondes: "Le lien entre la re-cherche et le mouvement des femmes" et "Où va le mou-vement des femmes".

Film: "Quelques Féministes américaines" de LuceGuilbeault, Nicole Brossard et Margaret Wescott.

Un colloque étonnant par la participation massive desfemmes universitaires, militantes, engagées dans tou-tes sortes de secteurs. Une variété de compétences,'d'énergies, d'aspirations, de revendications, de cou-leurs (les femmes noires étaient bien présentes).Une volonté et un besoin de garder un lien entre re-cherche et action.

Les Servantes du Bon Dieu, un film émouvantréalisé par Diane Létourneau en 1978, Il s'agit d'undocument-témoin sur une communauté de religieuses qué-bécoises fondée pour "servir" les prêtres, perçus idéa-lement comme les hommes du sacré. Les images sont tou-tes empreintes de simplicité, de candeur même, livrantles traits bien pittoresques de ces femmes qui font

partie d'un monde marginal. Un monde qui semble fini,où il n'y a plus de vies nouvelles, puisqu'il n'y aplus d'entrées et que les mortalités augmententd'année en année. Le film se termine d'ailleurs avecla mort d'une soeur et des images bien floues...

UNE EGLISE IN-VIOLEE?

Le Regroupement desfemmes québécoises a tenu sonpremier Tribunal populaire,le 5 juin au CEGEP du Vieux-Montréal. Le sujet choisiétait le viol. Des femmesvictimes de cette odieuseatteinte à leur dignitésont venues témoigner engrand nombre. Cinq femmespréoccupées de différentesfaçons par ce problème ontsiégé sur ce tribunal. Entant que théologienne fémi-niste, j'avais été invitée à y participer. J'ai acceptéavec joie même s'il fallait consentir à quelques voyagesdans la métropole. Mais l'enjeu était d'importance:celui de travailler avec d'autres femmes qui pourraientme faire profiter de leur compétence et celui d'investirdes paroles de féministes chrétiennes.

Le travail de préparation pour ce Tribunal popu-laire sur le viol m'a fait découvrir quelques dilemmesdans l'Eglise et je vous en fais part:

- L'Eglise parle contre la violence en général, maiselle ne s'est pas prononcée contre la violencefaite aux femmes.

Le discours officiel de l'Eglise se montre trèsfort contre les actes de terrorisme, par exemple (PaulVI, 21 octobre 1970, 11 janvier 1975), contre la vio-lence qui est faite aux jeunes (Paul VI, 19 janvier1978), mais de la violence exercée sur les femmes, iln'en est pas question. (Voir La Documentation Catho-lique) .

La violence des terroristes ressort du domainepublic, on en parle, tandis que le viol semble réservéau domaine privé - on n'en parle pas!

Les Papes ont eu une parole très catégorique contreles moyens mécaniques et chimiques de contraception etle recours à l'avortement - prenant ainsi une positiontrès limitative vis-à-vis le comportement des femmes -mais, quand il s'agit de défendre les femmes violentéesface à des hommes agresseurs, les Papes se taisent.Espérons que ce n'est pas un silence complice.

- L'Eglise se décrit comme "mère et maîtresse" (Materet Magistra" de Jean XXIIl, de l'humanité, comme ladéfenderesse de tous les droits des êtres humains,notamment de leur dignité, pourtant elle ne s'impliquepas explicitement dans la protection de la liberté etdu respect des femmes violées. Elle se contente d'e-xalter certains modèles de femmes, tout particulière-ment celui de Marie, vierge et mère, parfaite en tout,un modèle inaccessible... Il y a aussi, bien sûr,l'exemple de sainte Maria Goretti qui a dû mourir pourdéfendre sa pureté!

Les féministes chrétiennes prennent consciencede ces dilemmes, ré-affirment le message libérateur del'Evangile qui est d'apporter la vie et la libérationà tout l'être humain, à tous les êtres humains, notam-ment aux femmes qui doivent être sauvées dans leurcorps, leurs émotions. "Ceci est mon corps livré pourle salut du monde". Le corps de Jésus re-présenteaussi le corps des femmes!

Rimouski Monique Dumais

UN SONDAGE SUR LA PARTICIPATION DES FEMMES

DANS LE TRAVAIL PASTORAL OFFICIEL DE

L'EGLISE CATHOLIQUE AU CANADA

La Conférence Catholique des Evêques Canadiens(C.E.C.C.) nous a livré en mars 1979 les résultats d'unsondage sur la participation des femmes dans le travailpastoral officiel de l'Eglise canadienne.

Les résultats sont d'ordre quantitatif et n'in-diquent pas "la manière dont les femmes sont acceptéeslorsqu'elles sont intégrées dans les équipes de travailpastoral" (p.2). Ainsi, "le mot participation a été entermes purement numériques et ne concerne que le travailpastoral officiel", comme il est exécuté dans le cadredes:- offices diocésains,- commissions diocésaines (permanentes et spéciales)- ministères non ordonnés,- conseils diocésains de pastorale,- conseils paroissiaux, (p. 1)

De l'avis des compilateurs, "les chiffres sontapproximatifs et indiquent seulement les tendances gé-nérales et l'ensemble de la situation".(p. 8)

Je retranscris pour le bénéfice de celles etceux qui veulent être informées (ès) et échanger surle sujet le Chapitre X: résumé et conclusion du son-dage.

1. Les hommes détiennent plus que le double des postesde directeurs d'offices diocésains (7~5% d'hommes et27% de femmes).

2. Les femmes détiennent un nombre important de postesde directrices adjointes (60%).De ce groupe, 38% sont des religieuses et 22% deslaïques.La proportion d'hommes et de femmes à ce poste estpratiquement à l'inverse des directeurs d'offices(directeurs: 73% d'hommes et 27% de femmes; direc-teurs adjoints: 40% d'hommes et 60% de femmes).

3. De la même manière, le nombre de laïcs aux postesde directeur adjoint est beaucoup plus élevé qu'auxpostes de directeur (42% dans le premier cas etseulement 17% dans le second).

4. La différence de la répartition entre les sexes,lorsqu'on combine les catégories des directeurset des directeurs adjoints, diminue d'environ 10%(63% d'hommes et 37% de femmes).

5. Presque les deux tiers des directeurs d'officesdiocésains sont des prêtres.Si l'on combine les résultats concernant les direc-teurs et les directeurs adjoints, cette proportiondiminue et nous trouvons une répartition à peu prèségale entre les prêtres, d'une part, et les laïcsou les religieuses, de l'autre.

6. Lorsque les femmes ont des postes de direction dansles offices, il s'agit presque toujours d'éducationreligieuse, et ensuite d'action sociale et de ser-vices familiaux.

7. Les hommes sont plus nombreux que les femmes danspresque toutes les commissions diocésaines, perma-nentes ou spéciales (64% contre 36% dans les com-missions permanentes).L'absence des femmes, et non celle des laïcs en gé-néral, est particulièrement frappante dans le sec-teur des finances et dans les structures de chancel-lerie.

8. Parmi toutes les commissions, ce sont les commis-sions de liturgie qui regroupent le plus grandnombre de membres des deux sexes.

9. Sauf pour leur engagement dans les commissions deliturgie, les femmes semblent participer aux com-missions chargées plutôt de questions spirituellesqu'administratives.

10. Les ministères non ordonnés sont surtout exercéspar des femmes.

11. Le pourcentage d'hommes dépasse de près de 20%celui des femmes chez les membres de conseils dio-césains (64% d'hommes et 36% de femmes).

12. Les femmes occupent des fonctions officielles dansles conseils diocésains de pastorale se regroupentsurtout au poste de secrétaire. Pour ce qui estde la présidence, cependant, on trouve une femmepour quatre hommes.

13. Sauf pour le Québec, la proportion approximatived'hommes (2/3) et de femmes (1/3) dans les con-seils paroissiaux est pratiquement la même quedans les conseils diocésains de pastorale (b4%d'hommes et 36% de femmes).

Les résultats de ce sondage n'ont rien de trèsétonnant et confirment mes observations et perceptions.Voici quelques-unes de mes réflexions:- Les postes de direction dans les diocèses sont lemonopole des hommes, plus particulièrement des prêtres.Les laïcs en général sont peu présents au niveau déci-sionnel et nous sommes bien conscientes qu'en luttantpour les femmes, nous luttons aussi pour les hommeslaïcs.- Les femmes sont encore de "bonnes" adjointes, vic-times d'un complexe d'infériorité ou maintenues cons-ciemment et inconsciemment sous la tutelle masculine?

- Le rôle d'éducatrice demeure un lieu d'excellencepour les femmes qui leur est réservé. Ne pouvons-nous pas explorer d'autres types de service?- La conclusion 10 est vraiment captivante. Les mi-nistères non ordonnés regroupent les fonctions decatéchète, d'assistant(e) à la paroisse, d'adjoint(e)à l'aumônier de l'hôpital, d'adjoint(e) pastoral(e)dans les institutions pénitentiaires, d'adjoint(e)< àl'aumônier de l'université, de responsable de la mu-sique sacrée, d'assistant(e) au tribunal.

Au Québec, 212 femmes et 137 hommes remplis-sent le ministère de catéchète, tandis que 138 femmeset 37 hommes sont assistant(e)s à la paroisse. Plusieursfemmes possèdent des capacités et des compétences, maiselles doivent se limiter aux ministères non ordonnés.L'ordination semble une ligne de démarcation basée surle sexe auquel on appartient qu'aucune femme ne peutfranchir. D'autre part, les aspirations, la disponi-bilité et les compétences ne manquent pas - car ilfaut souvent autant de compétences pour exercer un mi-nistère non ordonné qu'ordonné - alors les femmes in-téressées vont jusqu'où elles peuvent aller... pasétonnant de constater que "les ministères non ordonnéssont surtout exercés par des femmes".

- Il est aussi à noter que "le Québec et l'Ouest onttous deux rapporté une repartition relativement élevéeen faveur des femmes dans les diverses fonctions pas-torales" (p. 4). Nous avons donc des femmes prêteset décidées au Québec.

Les résultats de ce sondage constituent uneautre prise de conscience que les femmes ont une par-ticipation officielle dans l'Eglise, mais qui estencore bien limitée, et qui ne reflète pas suffisammentune Eglise, peuple de Dieu, où femmes et hommes peuvents'exprimer et jouir de la liberté des enfants de Dieu!

Rimouski Monique Dumais

MESSAGE DE PAUL (L'APOTRE)

Très chères,

Je suis un vieil homme tiraillé par le nouveau.Je vous sais femmes et nouvelles. Alors...

Informé par une camarade que j'étais devenu unsujet de conférence, je ne me suis pas trop étonné.Mais lorsqu'elle me parla du thème qui avait attiréune cinquantaine de personnes pour écouter MadameOlivette Genest, alors là j'ai réagi. J'ai vraimentle goût de vous raconter ce qu'en bon observateurj'ai retenu de ce qui s'est dit. Je vous sais inté-ressées par la "chose". Permettez...

En entendant "Paul à l'heure du féminisme",je me suis dit: "Ah! Ah!... attention!Danger!Impasse! Je me contredis, paraît-il ... On a res-sorti deux bouts de textes: je vous les confie!

"L'homme n'a pas été créé pour la femme, maisla femme pour l'homme" (1 Co 11, 9;.

"Il n'y a plus l'homme et la femme, car tousvous n'êtes qu'un en Jésus-Christ" (Gai. 3, 18).

Comment s'en sortir?D'aucuns m'accusent de misogynie et s'attar-

dent à filtrer mes autres lettres pour appuyer leurthèse. D'autres me veulent absolument féministe etrécupèrent tout ce qui semble aller en ce sens.Soupir et sourire...

Cerner l'intelligence d'un texte, ce n'estpas une mince affaire! Question d'honnêteté et deméthode! A mon avis, ça ne doit pas se faire n'im-porte comment... Faut dire que je me sens concerné...

Au moment où j'ai écrit ces lettres, la situa-tion de la femme était ce qu'elle était, c'est-à-dire,guère reluisante aux yeux des femmes d'aujourd'hui endémarche d'autodétermination.

La dépendance des femmes vis-à-vis des hommesétait réelle et entravait lourdement leurs désirs.Et j'étais un homme de mon temps... Mais vous recon-naîtrez cependant l'originalité de mes relations aveccertaines femmes: je les aimais beaucoup - nous tra-vaillions ensemble avec détermination.

Mais j'étais un homme, marginal sans doute,de mon temps.

Au plaisir d'entendre votre parole là-dessus.

Paul(l'apôtre)

P.S. Ginette Boyer de Montréal lui a bien prêté unpeu de papier et un crayon...

L'AUTRE PAROLE A L'ACFAS

Le collectif L'autre Parole a participé au con-grès de l'ACFAS (Association canadienne-française pourl'avancement des sciences) qui s'est tenu à Montréal,du 9 au 11 mai 1979. Nous avons présenté une analyseféministe, socio-politique et théologique de la^situa-tion des femmes et du phénomène religieux au Québec àpartir de l'événement "Les fées ont soif". Une pré-sentation collective qui a été faite par Judith Dufour-Vaillancourt, Monique Dumais, Béatrice Gothscheck,Marie-André Roy. Ces quatre communications seront pu-bliées au cours de l'été, ce sera le premier Cahier deL'autre Parole. Nous vous en reparlerons.

JEAN-PAUL Il ET LES FEMMES

Nous sommes à l'ère de l'électronique. KarolWojtyla depuis son accession au trône papal en a lar-gement bénéficié. Il occupe une place importantedans les médias. Radios, journaux, télévisions dumonde entier sont branchés sur l'antenne Wojtyla.L'Evêque polonais a un regard séduisant, il plaîtaux foules, bref, il sait être un homme populaire.

Mais nous nourrissons actuellement quelquesinquétudes vis-à-vis cet engouement pour l'évêquede Rome. La puissance du pouvoir romain ne s'exprimeplus comme dans le passé par la collusion avec le pou-voir politique. Il n'y a plus de "bras séculier",exécuteur des volontés romaines. Mais nous constatonsque Jean-Paul Il gagne indéniablement du terrain chezles masses populaires. Partout, on l'acclame. Ilentre dans tous les foyers par les écrans de télévision.La presse écrite et télévisée contrôlée par les pou-voirs en place, devient l'outil privilégié pour ladiffusion d'une certaine idéologie religieuse. Si lesmédias n'hésitent pas à assurer à Jean-Paul Il unetelle antenne, on peut soupçonner que le discoursqu'il véhicule ne bouscule pas trop les projets poli-tiques de nos dirigeants.

Avec le vent de conservatisme qui plane au-dessus de nos têtes, les femmes ont plus que raisonde s'inquiéter. Nous sommes les premières à êtreconcernées par cette.remontée de la droite.

Le mouvement féministe a profondément bousculéces dernières années les modèles féminins et masculinsde notre société. Les droits à la contraception, l'a-vortement, au divorce commencent à peine à être recon-nus pour les femmes. Mais ils ne sont pas acquis dé-finitivement. Ils sont en équilibre instable sur le

fil de l'opinion publique. Il s'en faudrait de peupour tout faire balancer.

Les nombreuses interventions de Jean-Paul Iln'ont rien de réjouissant: un non catégorique àl'avortement tout en ne modifiant rien des positionsde l'Eglise concernant la contraception. Le divorcen'est toujours pas permis.,etc.

En même temps qu'on voit l'étau du pouvoirclérical se resserrer autour des femmes on entendJean-Paul Il louer ardemment Marie. Son homélie àla Basilique Notre-Dame de Guadeloupe au Mexique le27 janvier dernier est particulièrement éloquent ence sens. La Reine, la Servante, la Mère, sont accla-mées avec ferveur par le pape.

Est-ce que la restriction de la liberté desfemmes est liée à la glorification d'un modèle im-possible? On fait de Marie de Nazareth une reine,une vierge et mère.

Comme femmes nous ne voulons plus être rédui-tes à la maternité ou à la virginité. Mais nous nepouvons nous empêcher d'être inquiètes quand nousentendons les propos du premier Homme de l'Eglise.Nous ne voulons pas être des prophétesses de malheurmais notre espérance se sent peu nourrie ces-temps-ci.

Au chapitre des solidarités nous voudrionsrappeler que le discours du pape ne fait pas qu'in-quiéter les femmes "ordinaires". Les religieusesaussi reçoivent leur appel à réintégrer les rangsde l'ordre et de la modération. Le discours deJean-Paul Il aux religieuses du Mexique (27 janvier1979) est fort éloquent en ce sens. On vous l'offreen méditation. ...

Montréal Marie-André Roy

RENCONTRE DU SAINT PERE A LA BASILIQUE DE GUADALUPEAVEC LES RELIGIEUSES DU MEXIQUE (27 janvier 1979)

Chères filles, religieuses du Mexique,

"Nous ne pouvions trouver un lieu plus propiceà une rencontre du Pape avec les religieuses mexicainesque cette basilique ou, avec tant de dévotion, on vé-nère la Vierge de Guadalupe, la mère, le modèle parfaitde la femme, le meilleur exemple de vie dédié entière-ment à son fils le Sauveur, dans une constante attitudeintérieure de foi, d'espérance, de consécration aimanteà une mission surnaturelle.

En ce lieu privilégié et devant cette image dela Vierge, le Pape veut passer un moment avec vous,les nombreuses religieuses ici présentes, et qui enreprésentez plus de vingt mille dispersées sur toutela surface du Mexique et à l'extérieur de la patrie.

Vous êtes une force très importante à l'inté-rieur de l'Eglise et de la société, dispersées dansd'innombrables services, comme celui des écoles etdes collèges, des cliniques et des hôpitaux, du do-maine de la charité et de l'assistance, des oeuvresparoissiales, de la catéchèse, des groupes d'aposto-lat et de tant d'autres. Vous faites partie de di-verses familles religieuses, mais avec un même idéalà travers des charismes différents: suivre le Christ,être témoignage vivant de la perpétuité de son message.

( ... )

En même temps, cependant, vous me permettrezd'ajouter quelques réflexions que je soumets à votreconsidération et à votre examen.

Il est certain que chez un grand nombre de^re-ligieuses prévaut un admirable esprit de fidélité à

l'engagement ecclésial qui leur est propre, et qu'onremarque des aspects de grande vitalité dans la viereligieuse par un retour à une vision plus évangélique,une solidarité croissante entre les familles religieu-ses, un plus grand rapprochement vers les pauvres,objet d'une juste et prioritaire attention. Ce sontlà des motifs de joie et d'optimisme.

Mais les exemples de confusion au sujet del'essence même de la vie consacrée et du charisme nemanquent pas non plus. Parfois on abandonne la prière,la remplaçant par l'action; on interprète les voeuxselon la mentalité sécularisante qui obscurcit lesmotivations religieuses de son état; on abandonneavec une certaine légèreté la vie en commun; onadopte des positions socio-politiques comme le véri-table objectif à poursuivre, y compris des radicali-sations idéologiques bien arrêtées.

Et quand s'obscurcissent, parfois, les certi-tudes de la foi, on allègue des motifs de recherchede nouveaux horizons et des expériences, peut-êtreavec le prétexte d'être plus près des hommes, etparfois de groupes bien concrets, choisis avec descritères pas toujours évangéliques.

Chères religieuses, n'oubliez jamais que pourmaintenir un concept clair de la valeur de votre vieconsacrée, vous avez besoin d'une vision profonde dela foi, qui se nourrit et se maintient par la prière(cf. Perfectae caritatis, 6.). La même qui vous ferasurpasser toute incertitude à propos de votre propreidentité, qui vous gardera fidèles à cette dimensionverticale qui vous est essentielle pour vous identifierau Christ à partir des Béatitudes et pour être témoinsauthentiques du royaume de Dieu pour les hommes dumonde actuel.

C'est seulement avec cette sollicitude pourles intérêts du Christ (Cf. 1 Cor. 7,32) que vous

serez capables de donner au charisme de prophétismela dimension qui lui convient de témoigner du Sei-gneur. Si les options pour les pauvres et pourceux qui sont dans le besoin n'émanent pas de cri-tères évangéliques, mais s'inspirent de motivationssocio-politiques, ces options, comme je le disaisrécemment à Rome aux Supérieurs généraux des reli-gieux, se révèlent à la longue inopportunes et con-tre productives.

( ... )

Je pourrais vous dire beaucoup de chosesencore. Considérez, comme si c'est à vous que jel'avais dit, ce que j'ai indiqué aux Supérieuresgénérales des religieuses dans mon discours du 16novembre dernier. - Tout ce que vous pouvez faireaujourd'hui pour l'Eglise et pour l'humanité. -Elles attendent votre don généreux, le don de votrecoeur libre, qu'il étende de manière insoupçonnéeses possibilités d'amour dans un monde qui est entrain de perdre la capacité à l'altruisme, à l'amoursacrifié et désintéressé. Rappelez-vous, en effet,que vous êtes les épouses mystiques du Christ etdu Christ crucifié (cf. 2 Cor. 4,5).

L'Eglise vous répète aujourd'hui sa confiance:soyez des témoignages vivants de cette nouvelle civi-lisation de l'Amour que proclama avec à propos mon pré-décesseur Paul VI.

Pour que cette entreprise magnifique et remplied'espérance vous donne la force d'en haut, pour qu'ellevous garde, en une jeunesse spirituelle renouvelée, fi-dèles à ces propos, je vous accompagne par une bénédic-tion particulière, que j'étends à toutes les religieusesdu Mexique".

Jean-Paul IlTraduit pas le Comité Québec-Puebla 1979853 est, rue Sherbrooke, Montréal, H2L 1K6

PAROLES BREVES DES LIVRES, DES ARTICLES

Micheline Dumont-Johnson s'intéresse aux communautésreligieuses. Elle a publié "Les communautés religi-euses et la condition féminine" dans Recherches so-ciographiques, XIX, 1, (janvier-avril 1978), pp. 79-102.Emilien Lamirande nous présente la vision des femmeschez saint Ambroise, "Quelques visages de séductrices.Pour une théologie de la condition féminine selonsaint Ambroise", Science et Esprit, XXX1/2 (1979),pp. 173-189."Monique Dumais: être religieuse... et féministe",une entrevue de Jean Martel dans Le Soleil du 24mars 1979, qui a suscité beaucoup de réactions: despositives et des négatives.

L'autre Parole est un feuillet de liaison pour lesfemmes,chrétiennes et féministes. Le feuillet pa-raît de trois à quatre fois par année. Nous demandonsà nos abonnées(és) pour l'année 1978-79 une contribu-tion de $2.00. On vit modestement ... mais votre con-tribution est importante pour la poursuite de notreaction. En vous remerciant de votre bonne collabora-tion...Faites parvenir vos commentaires et envoi monétaire à:L'autre Parole, a/s Monique Dumais, Département desSciences religieuses, Université du Québec, 300, Avedes Ursulines, Rimouski, G5L 3A1.

Dépôt légal: Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada.

PAROLES BREVES... DES LIVRES. DES ARTICLES

Relations de mai 1979 présente un dossier sur "la femmedans l'Eglise". On y trouve des articles d'ElisabethJ. Lacelle, "Femme en recherche de parole symbolique";Louise Melançon, "Parler-femme dans l'Eglise"; d'Oli-vette Genest, "La femme dans saint Paul", de MarieGratton-Boucher, "Pour les Québécoises: égalité et in-dépendance" : un lieu de réflexion théologique".

Vie ouvrière, dossier 133 (mars 1979) est consacrée à:"Le petit monde des secrétaires". Marie-Andrée Roy ya écrit un article: "L'Eglise et le travail des femmes",pp. 187-192.

Atlantis, un journal bilingue d'Etudes sur la Femme, adeux articles sur les femmes et la religion dans sonnuméro de printemps 1979, vol. 4, no 2: "Les femmeset la religion dans les écrits de langue française auQuébec", par Monique Dumais, pp. 152-162 et "Women andReligion" par Sheila McDonough, pp. 163-167Adresse: Atlantis, Box 294, Acadia University, Wolf-ville, Nova Scotia.

Publications récentes sur Marie:

Raymond E. Brown, Karl. P. Donfried, Joseph A. FitzmyerJohn Reumann, éd., Mary in the New Testament, Philadel-phia, Fortress Press, 1978.

Andrew M. Greeley, The Mary Myth. On the Feminity ofGod. New York, The Seabury Press, 1977.

Albert Rouet, Marie. (Coll. Croire et comprendre).Paris, Le Centurion, 1975.

Rosemary Radford Ruether, Mary. The Féminine Face ofthe Church. Philadelphia, The Westminster Press, 1977.

Marina Warner, Alone of All Her Sex. The Myth and the Cult of the Virgin Mary. New York, Alfred A. Knopf,

1976.RND, mai 1979. "Marie: le dilemme de la féminité".