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AR /?\ SOUVENIRS DE L'ANCIENNE EGLISE D'AFRIQUE (1.893) En 1873, le cardinal Lavigerie, présidant, comme arche- vêque d'Alger, la séance d'ouverture du Concile provin- cial, recommandait aux prêtres l'étude du glorieux passé de l'Afrique chrétienne. Après avoir parlé de ses illustres écrivains et de leurs précieux ouvrages, le vénérable archevêque disait au clergé des trois provinces « Il est d'autres tmoins du culte, des traditions, de la discipline de I'Eglise d'Afrique; ceux-là sont encore pré- sents sous notre sol ce sont les inscriptions, les monu- ments de pierre ou de marbre, ensevelis depuis de longs siècles sous les ruines faites par la barbarie. Déjà le hasard en u fait retrouver un grand nombre, mais lorsque l'épée et la charrue de la France auront achevé leur oeuvre, nous pourrons rechercher avec plus de succès ces inappréciables richesses d'un autre àge. Ce que disait de l'Algérie le savant prélat, peut s'appli- quer également à la Tunisie. A mesure que l'armée et les colons ont pénétré dans l'intérieur du pays, les décou- vertes se sont multipliées. Les colons, en s'établissant près Document il I 1 I Iii 1IIIII Il 0000005413386

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L'ANCIENNE EGLISE D'AFRIQUE(1.893)

En 1873, le cardinal Lavigerie, présidant, comme arche-vêque d'Alger, la séance d'ouverture du Concile provin-cial, recommandait aux prêtres l'étude du glorieux passéde l'Afrique chrétienne.

Après avoir parlé de ses illustres écrivains et de leursprécieux ouvrages, le vénérable archevêque disait auclergé des trois provinces

« Il est d'autres tmoins du culte, des traditions, de ladiscipline de I'Eglise d'Afrique; ceux-là sont encore pré-sents sous notre sol ce sont les inscriptions, les monu-ments de pierre ou de marbre, ensevelis depuis de longssiècles sous les ruines faites par la barbarie. Déjà le hasarden u fait retrouver un grand nombre, mais lorsque l'épéeet la charrue de la France auront achevé leur oeuvre, nouspourrons rechercher avec plus de succès ces inappréciablesrichesses d'un autre àge.

Ce que disait de l'Algérie le savant prélat, peut s'appli-quer également à la Tunisie. A mesure que l'armée et lescolons ont pénétré dans l'intérieur du pays, les décou-vertes se sont multipliées. Les colons, en s'établissant près

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d'anciennes villes, les officiers surtout, en conduisant leurstroupes à travers la Régence et en campant sur l'emplace-ment de cités détruites ou en partie encore debout, se sontintéressés aux monuments qu'ils rencontraient, Quelques-uns même,prenant le goût de l'archéologie,se sont livrés àdes recherches habilement suivies et ont entrepris desfouilles très fructueuses. C'est ainsi que, chaque année,l'armée a apporté son large contingent de découvertes quisont venues enrichir le domaine de la science.

Le territoire actuel de la Tunisie avant renfermé autre-fois plus de trois cents évêchés, on ne pouvait manquer d'ytrouver beaucoup de souvenirs chrétiens.

Voici, à ce point de vue spécial, quelques découvertesrécentes qui m'ont éI.t communiquées par leurs auteurs etm'ont paru dignes d'ètre enregistrées et publiées,

SAINTE-MA RIE-DU-ZIT.

L'an dernier, NI. l'abbé Roisard, du diocèse de Lyon, fou-dait un orphelinat dans le domaine de l'Oued-Rhemel. Lenouvel établissement est situé à dix . huit kilomètres de lamontagne de Zaghouan, vers Hammamet, près de l'Oued-Zt. Une montagne qui limite le domaine porte le nom deI)jebet-Zid. Il a probablement dans ces deux mots zit etzid, comme cela a été constaté sur d'autres points del'Afrique du nord, un reste du nom antique de la localité.Celle-ci fut jadis un centre chrétien et peut-être même uneville épiscopale qui n'a laissé que des ruines.

Les Directeurs de l'Orphelinat étaient à peine installés àSainte- Marie- du-Zit qu'ils découvraient à côté de leur habi-tation une inscription chrétienne. C'est l'épitaphe d'unprêtre nommé Saturinu, mort en paix à l'âge de 53 ans.Gràca à une copie prise par M. le colonel Jeannerod et un

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EXTRAIT DES MISSIONS CATHOLIQUES

SOUVENIRSDE

L'ANCIENNE ÉGLISED'AFRIQUE

(1893)

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Le R. P. DELATTREdes Missionnaires d'_4 lgr

LYONIMPRIMERIEIMPRIMERIE MOUGIN-IWSÀND

3, rue Stella, 3

1894

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estampage que je dois à l'obligeance des prêtres qui diri-gent l'orphelinat, je puis donner ici une lecture certaine del'épitaphe de ce prêtre

SATUHINUS

IN PAGE BISIT ANIS

Liii

Hauteur des lettres, de 5 à C centimètres.

D'après les renseignements qui me sont communiqués,la pierre (lui porte cette inscription mesure environ unmètre quarante de longueur et quarante-cinq centimètresde largeur.

Le texte offre plusieurs particularités.D'abord tous les S sont gravés à rebours, c'est-à-dire que

leur boucle supérieure s'ouvre à gauche, au lieu de s'ouvrirà droite.

Les trois lettres PRS surmontées d'une barre formentl'abréviation du mot PRESI1YTER.

L'expression BISIT est mise pour VIXIT et ANIS est mispour ANNIS.

Dans ce texte funéraire, la forme négligée des carac-tères est en rapport avec l'orthographe.Le prêtre Saturnusa dû exercer son ministère auprès des fidèles de la contréeentre le vo et le Vu e siècle.

IIENCHIR-THINA.

L'ancienne Thenae dont les ruines se voient sur le bordde la mer à deux heures de cheval au-delà de Sfaks, futsans doute à l'origine un comptoir phénicien. A l'époqueromaine, c'est de cette ville que partait l'immense fossé

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pratiqué par Scipion le Jeune pour marquer la limite entrel'Afrique ancienne et l'Afrique nouvelle. Ce fossé se pro-longeait dans l'intérieur des terres jusqu'à l'emboucliurde la Tusca, c'est-à-dire jusqu'à Tabarka, point qui fut tou-jours une frontière naturelle. Ce n'est qu'on notre siècle quecette frontière fut déplacée et poussée plus loin vers laGalle, lorsque la France s'empara de l'Algérie.

Theiae devint un évêché et Morcelli dit, dans son Af'icachrietiana, qu'un concile y fut tenu. On connaît le nom decinq évêques de Thenae Eucratiis, Latonius, Pseasius,Pontic'.ntes et Félix.

Les ruines de Thina Ont été visitées par Victor Guérin etplus tard par un bon nombre d'archéologues, de touristeset damateurs. Quelques-uns y ont tenté des fouilles etn'ont trouvé le plus souvent que des chambres funérairespaïennes de l'époque romaine. M. le colonel Dechizelle estle seul, à ma connaissance, qui yait découvert une antiquitéchrétienne. Il a eu la bonne fortune de rapporter des ruinesde l'antique Jctzac une bague de cuivre sur le chaton do

Chaton de bague sur eqoei est rsprsent N.. S. Jtsus-ChrsLrcssuc.itant Lazare.

laquelle est représenté Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuss-citant Lazare. Cette intéressante pièce d'archéologie chré-tienne, que M. le colonel I)echizellc a eu l'obligeance de mecommuniquer, fait aujourd'hui partie de sa belle collectionparticulière.

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MED ÉÏNA

Medeïna,qui en arabe signifie « ville ,est le nom que lesindigènes donnent en Tunisie à plusieurs cités antiquesaujourd'hui ruinées. La Medéïncz dont il s'agit ici, est situéeà l'extrémité de la Régence,près de la Tripolitaine, non loinde la mer au fond du Bahirat-el-l3iljân, l'ancien Zuchisicteus. On y voit des restes considérables, entre autresdes magasins et un quai de cinq cents mètres de longueur.Très peu d'Européens ont visité ces ruines ; mais le com-mandant Rebillet qui a relevé le plan de la contrée, a eul'occasion de les étudier. s Le sol, dit-il, est jonché depièces de monnaies. n

L'été dernier, plusieurs missionnaires se trouvant àZarzis, se sont rendus par barque aux ruines de Medéïna.L'un d'eux y a trouvé à fleur de sol une lampe chrétienne.

Sur le disque de cette lampe, se voit un personnagefoulé aux pieds d'un lion. Cette scène est encadrée dansune zone ornée de disques et de fleurons cruciformes.

On ignore quel était dans l'antiquité le nom deMedéïna.

Voici une remarque faite par M. le commandant Rebillet:s E141cléïna, bon, excellent port, est le port Je plus

voisin de Ghadamès sur la côte méditerranéenne, et commeil est établi que le commerce transaharien a dû autrefoisse diriger vers un point de la côte compris entre Tripoliet Cabès, Medéna était peut-être ce point. »

A l'époque chrétienne, la ville en question faisait partiede la province tripolitaine.

HADJEB EL-AYOUN

Cette localité est située au centre de la Tunisie entreSbaïtla et Kaïrouan. On y voit des ruines que l'on croit

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être celles de Mascliana, ville épiscopale citée par Morcelli,qui nomme trois de ses évêques : Vctorianus, P1atiaius etBon ifatius.

Au commencement de 1803, M. le lieutenant Jiannezo,déjà connu par plusieurs découvertes très intéressantesfaites sur divers points de la Tunisie, ayant à tenir garni-son à Iladjehel-Aïouri, en profita pour faire quelquesfouilles. Ses recherches se portèrent d'abord sur le plateaud'lladjeb. Là, il trouva une nécropole païenne.

Quittant la hauteur, il vint tenter une fouille au pied duplateau dans un endroit couvert de ruines. En praliquantune longue et profonde tranchée à travers les décombresd'un monument chrétien, il découvrit une grande quantitéde fragments de carreaux de terre cuifë dot la face étaitornée de personnages. Voici la reproduction d'un despremiers fragments sortis des fouilles (voit' la pagesuivante).

Pendant que le lieutenant I [annezo faisait cette intéres-sante découverte, un de ses camarades trouvait trois épi-taphes gravées en mauvais caractères, Une d'elles se termi-nait par un monogramme du Christ formé des lettres X etP, initiales du mot XPICI'OC, comme sur le labarum deConstantin.

Les officiers, continuant les fouilles, constatèrent que lemonument découvert par le lieutenant Hannezo était unebasilique chrétienne. On y recueillit des portions demosaïques sut' lesquels ou reconnaissait des oiseaux, despoissons, des rosaces, un cheval avec le vase, etc.,. Maisavant d'arriver au sol de l'église, on avait rencontré desfûts de colonne, des chapiteaux-et beaucoup d'autres frag-ments de carreaux qui permettaient de reconstituer uncertain nombre de sujets. Ce sont les méines que sut' noslampes chrétiennes de C.trthage le lion, le cheval, le cerf,le lièvre, deux paons se désaltérant dans un calice, etc..

Un de ces carreaux,dont la face, est divisée en deux com-partiments, montre un lion debout tourné à droite et au-

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dessous, dans la même direction, un lièvre poursuivi parun chien.

Un fragment qui malheureusement n'a pu être complété,offre l'image d'un personnage à ample chevelure; au-dessus,se lisent les deux lettres SC sans doute pour SANCTUS.li serait curieux de savoir quel saint était représenté surce carreau. 13e nouvelles fouilles nous l'apprendront peut-étre un jour.

F,an,nt de carriuu de ivi re ciite, dII adj eb-eL-Ai)un.

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M. Edmond Le Blant, membre de l'institut, a fait connaitreà l'Académie quelques-uns de ces carreaux, qui sont autantde spécimens de l'imagerie ieligieuse dans l'ancienneAfrique chrétienne.

Voici, d'après le Inli rnal officie?, le Compte-rendu de lacommunication du savant archéologue chrétien

M. Le Blant rappelle à l'Académie qu'un article paruen 1888 dans la Revue archéolojique,signalait la découvertefaite en Tunisie d'une série de carreaux de terre cuitedécorés de figures ou d'ornements tels que des rosaces,des cerfs, des lions, des paons, des boeufs, divers sujetschrétiens ou mémo païens. L'un do ces carreaux portaitl'inscription suivante entre deux croix

j- SCT MARIA AIVBA NOS j-

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Une nouvelle série de tuiles semblables, représentantdes sujets chrétiens, vient d'être trouvée dans les ruinesd'une basilique, à lladjeb el-Aïoun, par M. Ilannezo, lieu-tenant au 4 1 régiment de tirailleurs, avec l'aide de deux deses camarades de régiment, MM. Molins et Laurent. Lessujets représentés sur les carreaux sont

ii 1° Adam et Eve entre lesquels on voit Farbre où s'enroulele serpent.

u 2 Le Christ entre deux apôtres nimbés comme lui, 11multiplie les poissons et les pains que portent les apôtres.

u 3° Saint Pierre recevant une clef des mains du Christ,dont la tête manque.

['Il:us,: I.IJ .li,I• I[ç;iU ltO\çdans I,.s 1 tiines dune basiliquo 1 lladjeb-el-Ai&itj.

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« 4° Le sacrifice d'Abraharn. A gauche, le patriarche lèvele glaive sur le fragment de droite, ou voit sa main poséesur la téte d'isaac nu et agenouillé ; au-dessus de ce der-nier, le bélier devant lui, l'autel carié d'où s'élève uneflamme.

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u 5' La Samaritaine écoutant le Christ, nimbé, qui porteune longue croix. Elle tient de la main droite la corde àlaquelle est. attaché le vase qu'elle tire du puits.

« Au moment de la découverte, plusieurs des carreauxadhéraient encore aux murs de la basilique dont ils cou-raient autrefois la nudité. De quelle époque datent-ils ? Il

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serait assez difficile de le préciser; mais d'après la formedes caractères de l'inscription, M. Le l3lant croit pouvoirleur assigner une époque voisine du vi e siècle. La salle danslaquelle ils ont été trouvés était pavée dune jolie mosaïquereprésentant des colombes dans des rinceaux.

KAIBOUAN.

C'est, on le sait, la ville sainte des musulmans de laTunisie. Avant l'occupation française, les habitants en inter-disaient l'entrée aux chrétiens. Ce n'est que par exceptionqu'ils autorisèrent quelques Européens à y pénétrer. Aujour-d'hui il en est autrement. Non seulement on peut librementvisiter la ville de Kairouan, qui est devenue une paroisse dudiocèse, mais on obtient assez facilement de pénétrerdans les mosquées.

L'an dernier, un de mes confrères, le P. Vellard ayant eul'occasion de se rendre à Kairouan m'en rapporta la copied'une inscription chrétienne qu'il avait remarquée dansl'escalier conduisant au minaret de la grande mosquée. Elleservait de dalle dans l'encoignure du palier de la vingt-septième marche en partant du sol de la cour.

Malheureusement le marbre était en partie recouvertd'une couche de chaux et mon confr're ne put copier quele centre de l'inscription. On y lisait SANCTI MA[tTYI1ISexpressions bien faites pour piquet' la curiosité.

Grace à M. le lieutenant Ilannezo je pus avoir cetteannée une copie et un estampage de cet intéressant textequi avait été dégagé de la couche do chaux qui le recou-vrait.

L'inscription n'est pas encore complète, mais on y lit uncertain nombre de mots qui semblent révéler que ce marbreprovient d'un monastère placé sous le patronage du prote-martyr saint Etienne dont le culte, d'après le témoignage

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de saint Augustin plusieurs fois confirmé par les décou-vertes archéologiques, était si répandu en Afrique. Voici lesmots qui frappent le plus dans les lignes tronquées de cetexte

ABI3ATEM deux fois)PRESBVTEIIESSE INIQVITATII3VS ALIENVMMINISTR!SSANCTI MAHTVIUS STEPIJANIMONASTER1O-CONSTITVTAE.....

A ma demande, M. le lieutenant Han nezo a bien vouluinterroger les anciens du pays pour savoir d'où a été appor-tée cette inscription, mais ses recherches sont demeuréesinfructueuses,

Lu Ei.i

On connaissait déjà dans l'antique Sicca Vencria deuxbasiliques. L'une d'elles sert aujourd'hui d'église parois-siale.

Une troisième église a été découverte par M. le lieutenantDenis claris les bètiments d'une mosquée. Ce sanctuaire atrois absides disposées en feuille de trèfle. C'est la formedes premières chapelles des catacombes de Rome et c'estaussi celle du trichorcm de notre basilique de Damous-el-Karita, à Carthage.

Lyon.— linpr. Mougin-Ilusand, rue Stella, 3

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