De la schizographie dans les écrits de Joseph Lévy-Valensi

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Communication De la schizographie dans les e ´ crits de Joseph Le ´ vy-Valensi The schizographie in the writings of Joseph Le ´vy-Valensi Jean Garrabe ´ a, *,E ´ lie Peneau b a 7, place Pinel, 75013 Paris, France b CHS Le Vinatier, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France 1. Introduction En 1987, notre colle ` gue Joseph Bie ´ der faisait une commu- nication a ` la Socie ´te ´ Me ´ dico-Psychologique afin de « dissiper les te ´ne ` bres qui enveloppent la me ´ moire de Joseph Le ´ vy-Valensi ». Annales Me ´ dico-Psychologiques 172 (2014) 376–381 INFO ARTICLE Historique de l’article : Disponible sur Internet le 20 juin 2014 Mots cle ´s : De ´ lire Histoire de la psychiatrie Joseph Le ´ vy-Valensi Nosographie psychiatrique Surre ´ alisme Keywords: Delusion History of psychiatry Joseph Le ´ vy-Valensi Psychiatric nosography Surrealism RE ´ SUME ´ Dans l’entre-deux-guerres, Joseph Le ´ vy-Valensi (1879–1943) a publie ´ de nombreux textes sur des sujets d’histoire de la me ´ decine ou de pathologie mentale qu’il a signe ´ s soit seul, soit avec des collaborateurs plus jeunes que lui. Parmi les premiers, signalons le Pre ´cis de psychiatrie, qui eut de son vivant deux e ´ ditions en 1926 et 1939 ; parmi les seconds nous avons retenu ceux publie ´ s avec P. Migault et J. Lacan dans les Annales Me ´dico-Psychologiques en 1931 sur un trouble particulier du langage e ´ crit qu’ils ont nomme ´ « schizographie ». Le ´ vy-Valensi y fera re ´ fe ´rence dans la 2 e e ´ dition de son Pre ´cis ou ` il fait e ´ tat d’autres nouveaute ´ s apparues depuis la premie ` re. Il y mentionne aussi la the ` se soutenue en 1931 par Jacques Lacan, De la psychose paranoı¨aque dans ses rapports avec la personnalite ´, et rapproche ce texte d’e ´ crits surre ´ alistes ; quand ce dernier re ´e ´ ditera beaucoup plus tard, en 1973, cette the ` se, il adjoindra les articles parus dans les Annales cosigne ´s avec ce maı ˆtre. Le ´ vy-Valensi, choisi en 1942 par le Conseil de faculte ´ pour occuper le poste de professeur titulaire a ` la Chaire de Clinique des Maladies Mentales, ne put l’occuper, les lois de Vichy interdisant l’enseignement aux juifs. Re ´ fugie ´a ` Nice, il fut pris en 1943 par l’arme ´ e allemande dans une rafle et de ´ porte ´ le 20 novembre au camp d’Auschwitz ou ` il mourut trois jours apre `s. La 3 e e ´ dition posthume parue en 1948 de son Pre ´cis reproduit a ` l’identique celle de 1939. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´ s. ABSTRACT In between both wars, Joseph Le ´ vy-Valensi (1879–1943) published numerous texts on the history of medicine and/or on mental pathologies that he signed or co-signed with younger collaborators. One of his early works, his Pre ´cis de psychiatrie, had two editions in 1926 and in 1939 during his lifetime. Later works were also published with P. Migault and J. Lacan in the Annales Me ´dico-Psychologiques in 1931 on a specific language disorder that they named ‘‘Schizography’’. Le ´ vi-Valensi mentioned it in his second edition of his Pre ´cis. In it he described other novelties since the first edition. He also refers to J. Lacan’s thesis in 1931 De la psychose paranoı¨aque dans ses rapports avec la personnalite ´, and links this texts to surrealists writings. When he reprints much later his thesis (1973), J. Lacan will add the articles that were published in the Annales co-signed with this professor. Le ´ vi-Valensi was chosen in 1942 by the faculty council to occupy the position of professor at the clinic of mental illnesses. Unfortunately, the Vichy laws at the time prohibited the teachings of Jews. Refuged in Nice, he was caught in 1943 by the German army in a roundup and deported on the 20th of November to Auschwitz’ concentration camp. He died there three days later. The third edition of his Pre ´cis was published in 1948 posthumously but identical to the 1939’ edition. ß 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Garrabe ´). Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.05.011 0003-4487/$ – see front matterß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s.

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Annales Medico-Psychologiques 172 (2014) 376–381

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

Communication

De la schizographie dans les ecrits de J

oseph Levy-Valensi

The schizographie in the writings of Joseph Levy-Valensi

Jean Garrabe a,*, Elie Peneau b

a 7, place Pinel, 75013 Paris, Franceb CHS Le Vinatier, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Disponible sur Internet le 20 juin 2014

Mots cles :

Delire

Histoire de la psychiatrie

Joseph Levy-Valensi

Nosographie psychiatrique

Surrealisme

Keywords:

Delusion

History of psychiatry

Joseph Levy-Valensi

Psychiatric nosography

Surrealism

R E S U M E

Dans l’entre-deux-guerres, Joseph Levy-Valensi (1879–1943) a publie de nombreux textes sur des sujets

d’histoire de la medecine ou de pathologie mentale qu’il a signes soit seul, soit avec des collaborateurs

plus jeunes que lui. Parmi les premiers, signalons le Precis de psychiatrie, qui eut de son vivant deux

editions en 1926 et 1939 ; parmi les seconds nous avons retenu ceux publies avec P. Migault et J. Lacan

dans les Annales Medico-Psychologiques en 1931 sur un trouble particulier du langage ecrit qu’ils ont

nomme « schizographie ». Levy-Valensi y fera reference dans la 2e edition de son Precis ou il fait etat

d’autres nouveautes apparues depuis la premiere. Il y mentionne aussi la these soutenue en 1931 par

Jacques Lacan, De la psychose paranoıaque dans ses rapports avec la personnalite, et rapproche ce texte

d’ecrits surrealistes ; quand ce dernier reeditera beaucoup plus tard, en 1973, cette these, il adjoindra les

articles parus dans les Annales cosignes avec ce maıtre. Levy-Valensi, choisi en 1942 par le Conseil de

faculte pour occuper le poste de professeur titulaire a la Chaire de Clinique des Maladies Mentales, ne put

l’occuper, les lois de Vichy interdisant l’enseignement aux juifs. Refugie a Nice, il fut pris en 1943 par

l’armee allemande dans une rafle et deporte le 20 novembre au camp d’Auschwitz ou il mourut trois

jours apres. La 3e edition posthume parue en 1948 de son Precis reproduit a l’identique celle de 1939.

� 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

A B S T R A C T

In between both wars, Joseph Levy-Valensi (1879–1943) published numerous texts on the history

of medicine and/or on mental pathologies that he signed or co-signed with younger collaborators. One of

his early works, his Precis de psychiatrie, had two editions in 1926 and in 1939 during his lifetime. Later

works were also published with P. Migault and J. Lacan in the Annales Medico-Psychologiques in 1931 on a

specific language disorder that they named ‘‘Schizography’’. Levi-Valensi mentioned it in his second

edition of his Precis. In it he described other novelties since the first edition. He also refers to J. Lacan’s

thesis in 1931 De la psychose paranoıaque dans ses rapports avec la personnalite, and links this texts to

surrealists writings. When he reprints much later his thesis (1973), J. Lacan will add the articles that were

published in the Annales co-signed with this professor. Levi-Valensi was chosen in 1942 by the faculty

council to occupy the position of professor at the clinic of mental illnesses. Unfortunately, the Vichy laws

at the time prohibited the teachings of Jews. Refuged in Nice, he was caught in 1943 by the German army

in a roundup and deported on the 20th of November to Auschwitz’ concentration camp. He died there

three days later. The third edition of his Precis was published in 1948 posthumously but identical to the

1939’ edition.

� 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (J. Garrabe).

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.05.011

0003-4487/$ – see front matter� 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

1. Introduction

En 1987, notre collegue Joseph Bieder faisait une commu-nication a la Societe Medico-Psychologique afin de « dissiper lestenebres qui enveloppent la memoire de Joseph Levy-Valensi ».

J. Garrabe, E. Peneau / Annales Medico-Psychologiques 172 (2014) 376–381 377

Il concluait en formulant son souhait d’une etude systematique del’œuvre de ce maıtre de la psychiatrie de l’entre-deux-guerres.

2. Biographie

Originaire de Marseille, Joseph Levy-Valensi (1879–1943)arrive a Paris en 1899 pour continuer ses etudes medicalescommencees dans le Sud. Il devient externe, puis interne (1906)dans le service du Professeur Roger, « Le Maıtre, dans la plus nobleacception du terme » [18].

Il travaille egalement a la Salpetriere dans le service duprofesseur Nageotte (1866–1948) qui connaıtra des dramesfamiliaux a la fin de la Seconde Guerre mondiale, participantactivement a la mise au point de la Cellule de Nageotte [19]. Maisc’est avec Gilbert Ballet (1853–1916) que Levy-Valensi prendra« gout a la neurologie, la psychiatrie et a l’histoire » [18] pendant sadeuxieme annee d’internat. C’est au cours de sa troisieme anneechez Fulgence Raymond (1844–1910), premier successeur deCharcot a la chaire de la clinique des maladies nerveuses a laSalpetriere, qu’il rencontre Henri Claude (1869–1945), alors jeuneagrege, et dont il deviendra a son tour l’agrege a la chaire de laclinique des maladies mentales de Sainte-Anne et aupres duquel iltravaillera pendant pres de trente ans [17].

Il soutient en 1910 sa these sur « Le Corps calleux ». Nommemedecin des hopitaux de Paris en 1921, puis agrege deneuropsychiatrie en 1929, il occupe successivement un postehospitalier a Brevannes, a Ambroise-Pare, hopital installe en1921 a Boulogne dans l’ancienne clinique du Docteur Sollier,a l’Hotel-Dieu et enfin a la Salpetriere.

Au cours de ces decennies, dite des « annees folles », JosephLevy-Valensi, ancien combattant de la Guerre de 14–18, va publiertantot avec son maıtre Henri Claude, tantot seul, tantot avec descollaborateurs plus jeunes, de nombreuses etudes sur les delireschroniques dans diverses revues, dont les Annales Medico-

Psychologiques, ainsi que dans un Precis de psychiatrie qui aurade son vivant deux editions [18,19].

Nous sommes la du point de vue de l’histoire de la psychiatrieen France a une periode ou ces deux nouveautes que sont, d’unepart, la psychanalyse de Sigmund Freud (1856–1939) et, del’autre, l’introduction par Eugen Bleuler (1857–1939) en 1911 duconcept de « groupe des psychoses schizophreniques » ensubstitution a celui de dementia praecox des auteurs allemands,vont bouleverser la nosographie des delires chroniques construitepar les alienistes francais du XIX

e siecle, telle qu’elle etait encoreetablie par Emile Kraepelin (1856–1926) dans la derniere editionde son Lehrbuch parue en 1915, au tout debut de la Grande Guerre[4].

Levy-Valensi commence par faire, de janvier a avril 1925 dans le« service des psychopathes » cree a l’Hotel-Dieu par son maıtreGilbert Ballet et qui etait depuis 1919 dirige par le ProfesseurRoger, des « conferences de clinique psychiatrique (sic)elementaire » sur Les Delires [17]. Ces dix lecons restent encoreau niveau de la psychopathologie descriptive des auteurs duXIX

e siecle, meme s’il y evoque deja Henri Claude qui avait etenomme, a la disparition prematuree d’Ernest Dupre en 1922,professeur a la Chaire de Clinique des Maladies Mentales deSainte-Anne et dont il sera lui-meme, a partir de 1929, commenous l’avons dit, l’agrege. C’est en effet « l’Ecole de Claude » quiva etre a l’origine en France des changements conceptuelsconcernant le groupe des delires et des psychoses chroniqueshallucinatoires ou non, changements dont on peut apprecierl’importance en comparant, comme nous allons le faire, sur cepoint les deux editions du Precis.

Mais a l’Infirmerie Speciale du Depot, Ernest Dupre, intro-ducteur en psychopathologie des notions de « mythomanie » et de

« delire d’imagination », sera remplace comme medecin-chef parBenjamin Logre (1883–1963), qui sera lui-meme remplace parGaetan Gatian de Clerambault (1872–934), puis, apres le suicidede ce dernier [5], par Georges Heuyer (1884–1977). Il se creeainsi a Paris deux centres concurrents d’enseignement clinique,Sainte-Anne et la « Tour pointue », et deux ecoles, entre lesquellesnaviguaient les internes en medecine des asiles d’alienes de laSeine.

L’enseignement de Pierre Janet (1859–1947) au College deFrance restait, lui, plus theorique puisque ce medecin philosophene pouvait recevoir dans cette institution des malades enconsultation comme il le faisait auparavant au laboratoire depsychologie experimentale cree pour lui a la Salpetriere parCharcot et d’ou l’avait expulse Jules Dejerine (1849–1917) quandcelui-ci occupa a son tour la chaire de clinique des maladiesnerveuses. Janet ne pouvait pas non plus « presenter » devant lessocietes savantes les malades qu’il recevait a son cabinet prive de larue de Varenne, mais il a publie les observations de certains d’entreeux dans ses ouvrages, le plus connu etant Raymond Roussel(1877–1933) qui a lui-meme revele que son histoire clinique avaitete rapportee sous le nom de « Martial » dans De l’angoisse a l’extase,comme l’un de nous l’a rappele ici meme [10]. Cet ecrivain vientenfin d’acceder a la gloire dont il revait depuis un siecle et uneimportante exposition consacree a son œuvre circule actuellementdans les musees internationaux ; nous avons pu la voir a Paris auPalais de Tokyo. Notons qu’a la fin de sa vie Roussel etait traite parle Docteur Logre, notamment a la clinique de Neuilly-sur-Seine,specialisee dans le traitement des toxicomanies et qui comme tellerecevait de nombreux artistes, ou il fit la connaissance de JeanCocteau (1889–1963).

Ces « presentations de sujets » souffrant de troubles mentaux,dont la tradition remonte aux Lecons du Mardi de Charcot, ont etedepuis longtemps denoncees comme des exhibitions, surtout sielles sont ouvertes a un public de non-professionnels.

Claude et Levy-Valensi ont dirige pour l’editeur NorbertMaloine une « Bibliotheque de Neurologie et Psychiatrie » dontle premier volume par Levy-Valensi et E. Halphern est consacre auxVertiges et le second par Genil-Perrin aux Paranoıaques (1926) ousont annonces « en preparation » pas moins de neuf ouvrages dontil serait interessant de verifier quels sont ceux qui ont pu etrepublies avant la guerre.

Levy-Valensi avait, avant celui de psychiatrie, publie dans cettememe « Bibliotheque du doctorat » un Precis de Neurologie qu’ilserait interessant de comparer entre eux. Il precise, pour celui depsychiatrie, que s’il s’adresse avant tout aux etudiants auxquelscette collection est destinee, son ambition est plus vaste et qu’il« desire que le praticien y trouve, sous une forme concrete, lesnotions elementaires de medecine mentale qui, trop souvent luifont defaut et dont l’ignorance le laisse perplexe en face dupsychopathe le plus banal » [19, p. 1]. La question de la formationdes medecins generalistes a la psychiatrie se posait deja ; oncitera d’ailleurs ses propos lors de la Lecon du 31 janvier 1922 al’Hotel-Dieu : « Tous les psychiatres sont des medecins, mais, helas,la reciproque n’est pas vraie : la plupart des medecins ne saventrien de la psychiatrie – quelle lacune » [23] ; c’est sans doute poureux que la presentation de malades comme forme d’enseignementclinique se justifie le plus. Dans la premiere edition, il estmentionne que le Docteur Levy-Valensi est « medecin des hopitauxde Paris » et, dans la deuxieme, « professeur agrege a la Faculte deMedecine de Paris » et « medecin de l’hospice de la Salpetriere »,titres qui indiquent les lieux de sa pratique institutionnelle d’ouil va tirer les exemples d’observations cliniques exposes dansses publications.

Parmi les textes ecrits pendant cette periode avec de jeunescollaborateurs, on remarque tout particulierement celui qu’il aconsacre a la « Schizographie » publie avec P. Migault et J. Lacan

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dans les Annales Medico-Psychologiques en 1931 [23] a propos del’observation d’une malade qu’ils avaient presentee a la SocieteMedico-Psychologique. La phrase « notons que la malade sequalifie elle-meme frequemment au masculin » est accompagneed’une note de bas de page assez enigmatique : « Andre Breton,Manifeste du surrealisme (1924) » car elle ne precise pas a quelpassage de ce manifeste elle se refere. Migault va soutenir sathese, inspiree par Henri Claude, sur les rapports entre manie ettroubles mentaux de la choree en 1929 [19, p. 229] ; quant aJacques Lacan, interne des asiles d’alienes de la Seine depuis1927, il soutient la sienne, De la psychose paranoıaque dans ses

rapports avec la personnalite [21], cette meme annee 1931 devantun jury preside par le professeur Georges Heuyer qui lui demandes’il a lu tous les ouvrages cites dans son impressionnantebibliographie.

Levy-Valensi consacre plusieurs chapitres de son Precis

aux « maladies mentales constitutionnelles » qui, dans sanosographie, couvrent la quasi-totalite du champ des nevroseset des psychoses. Dans celui sur les « etats paranoıaquesconstitutionnels », il dit de la these de Lacan que « la doctrineselon laquelle la constitution paranoıaque, sous une influencequelconque, voit ses elements s’intensifier pour aboutir au delire :delire des paranoıaques... inspiree de Kraepelin, Gilbert Ballet,Serieux et Capgras, etc., a trouve d’eminents contradicteurs, enparticulier Bleuler, Kretschmer, Gaupp et plus recemment Lacan, ala these remarquable de qui nous renvoyons, de telles considera-tions depassant le cadre d’un livre qui se veut elementaire »[19, p. 261–262].

Levy-Valensi y fait aussi figurer une autre communication faiteensemble par ces trois auteurs « Ecrits inspires : Schizographie »[21] Pour ce qui est du « delire d’interpretation », la referenceprimordiale est le travail de Serieux et Capgras sur Les folies

raisonnantes paru trente ans auparavant [25].Reciproquement, Lacan fait figurer dans la bibliographie de sa

these leur communication commune a la Societe Medico-Psychologique sur la « Schizographie », ainsi que quatre autresreferences a des textes signes par Levy-Valensi, soit seul pour celuisur les « crimes passionnels », soit avec Vinchon pour celui sur« Delire d’imagination et psychose periodique », outre les troiscosignes par le trio Levy-Valensi, Migault, Lacan [12,23,25].L’ouvrage de Serieux et Capgras figure aussi dans cette biblio-graphie, ainsi que le chapitre « Paranoıa » tel qu’il figure dansl’edition de 1915 du Lehrbuch de Kraepelin.

Nous ne pouvons, dans le cadre de la presente communicationconsacree a la « schizographie », analyser integralement le contenude la deuxieme edition du Precis de psychiatrie de Levy-Valensi ni lecomparer avec les autres ouvrages de psychiatrie a viseepedagogique concurrents publies a la meme epoque comme laPsychiatrie medicale, physiologique et experimentale (1938) d’HenriBaruk (1997–1999), qui, etudiant, prenait des notes lors des leconscliniques de Levy-Valensi a l’Hotel-Dieu, ouvrage dont ce dernierfait etat dans son Precis (p. 808) ou la Psychiatrie du medecin

praticien de Maurice Dide (1873–1944), lui aussi mort endeportation, et de Paul Guiraud (1892–1974) dont la deuxiemeedition date de 1929 et que toutefois Levy-Valensi ne mentionnepas. Guiraud publiera apres la Seconde Guerre mondiale, sous letitre Psychiatrie clinique [25], une troisieme edition refondue de cetouvrage ; la memoire de Dide sera ainsi plus honoree que ne le futcelle de Levy-Valensi puisque la deuxieme edition du Precis decelui-ci sera reimprimee apres la guerre comme « troisiemeedition » sans etre revisee et sans meme que soient indiquees lescirconstances dramatiques de la disparition de son auteur. C’estdonc le « Dide et Guiraud », qui deviendra apres la Seconde Guerremondiale l’ouvrage ou les medecins francais vont « apprendre lapsychiatrie », jusqu’a la parution en 1960 de la premiere editiondu Manuel de Psychiatrie d’Henri Ey (1900–1977), Paul Bernard

(1908–1995) et Charles Brisset (1914–1989) qui n’aura pas moinsde six editions revisees jusqu’en 1989, la derniere ayant eterepubliee en 2010 [8].

Disons seulement que dans la premiere partie du Precis de 1939,« Etiologie generale », Levy-Valensi consacre plusieurs pages a la« doctrine psychanalytique » [19, p. 25–26] ou il expose la doctrine« orthodoxe » de Freud avant de dire quelques mots des principaux« dissidents » : Stekel, Adler, Jung. Il va parler des idees de Freud end’autres occasions, par exemple a propos des obsessions ou iloppose la theorie de la psychasthenie de Pierre Janet a cellepsychanalytique ou « le caractere incomprehensible a notrerationalisme de l’obsession tient a son origine affective, c’est-a-dire prelogique et a sa naissance a une epoque ou l’enfant ignore lelangage... L’anxiete serait entretenue par un complexe plusnouvellement introduit dans le dogme psychanalytique : lecomplexe de castration... Les phobies seraient d’un mecanismedifferent (mecanisme œdipien) » (p. 179). Levy-Valensi met aucourant assez rapidement les etudiants en medecine francais desnouveautes de cette theorie puisque l’Odipus Komplex etait apparusous la plume de Freud en 1910 avant la Grande Guerre, mais il lefait en employant un vocabulaire qui fait de ce denier le fondateurd’une sorte de nouvelle religion avec des dogmes, des orthodoxeset des dissidents.

En ce qui concerne la « psychose d’angoisse », comme il ladesigne, Levy-Valensi ne croit pas a la neurasthenie de GeorgeBeard (1839–1883) et approuve que Raymond et Janet en aientretire la « psychasthenie » et que Freud y ait puise sa « nevrosed’angoisse », dont il note, que selon ce dernier, elle « resulte del’insatisfaction sexuelle » [19, p. 181]. Ce sont la evidemment desreferences a l’article de Freud de 1895 sur la nevrose d’angoisse [9]et a l’ouvrage de Janet sur les « obsessions et la psychasthenie »[11]. Dans la bibliographie de sa these, Lacan fait aussi reference acet ouvrage ainsi qu’a quatre autres textes publies par Janetentre 1898 et 1923.

C’est dans la deuxieme partie sur « Les symptomes mentaux »qu’a propos des ecrits des alienes, dont l’importance semeiolo-gique dans l’etude des delires avait ete soulignee par Louis-VictorMarce (1828–1964) dans un de ses tout derniers articles avant sonsuicide [15], que Levy-Valensi parle de la schizographie qu’ildecrit comme une « incoherence graphique calquee sur laschizophasie », ajoutant qu’« elle peut d’ailleurs, chez leschizophrene, etre independante de la schizophasie » et qu’ilmentionne a ce propos la communication faite avec ses deuxeleves Migault et Lacan [19, p. 113]. En ce qui concerne les« dessins des psychopathes » il renvoie a l’ouvrage sur L’Art chez les

alienes publie en 1924 par un autre de ses eleves, Jean Vinchon(1884–1964). Il s’agit de L’art et la folie dont la deuxieme editionpubliee par celui-ci en 1950 est si considerablement remaniee etdeveloppee qu’elle constitue un autre ouvrage temoignant del’evolution considerable des idees a ce propos au cours du quart desiecle qui les separe.

Enfin, c’est dans la quatrieme partie du Precis consacree aux« maladies mentales » que Levy-Valensi traite successivement dela demence precoce [19, p. 298–317)], puis de la « schizophreniede Bleuler » [19, p. 318–320], enfin de la « schizophrenie deClaude » [19, p. 321–323], marquant ainsi les trois etapes del’evolution, selon lui, des idees concernant cette maladie ou cegroupe de psychoses chroniques. Apres avoir expose la « demenceprecoce classique », celle de Kraepelin, il expose les opinions deBleuler et de Claude telles qu’elles ont ete discutees lors duCongres des alienistes de langue francaise de 1928 a Geneve. Cecongres avait permis a Bleuler d’exposer directement dans notrelangue ses idees en soulignant, par courtoisie, que s’il avaitentendu parler des « folies discordantes » de Chaslin, il n’aurait pasforge ce neologisme a partir du grec skhizein, scission. PhilippeChaslin (1857–1923) isolait, parmi les « maladies mentales de

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cause inconnue » dans le « groupe provisoire des foliesdiscordantes » une « folie discordante verbale » [4, p. 808].Levy-Valensi qui rappelle l’opinion de Bleuler (p. 299) expose lanotion de schizophrenie a partir de « l’ouvrage capital deMinkowski ». Celui-ci, autre medecin ancien combattant de14–18, avait du, pour pouvoir s’installer definitivement en Franceet y exercer, soutenir une troisieme these qu’il a consacree a laschizophrenie ou apparaıt la celebre definition de l’autismecomme perte de contact de l’elan vital avec la realite. La

Schizophrenie. Psychopathologie des schizoıdes et des schizophrenes

fera l’objet en 1953 d’une nouvelle edition revue et augmenteedans la Bibliotheque Neuro-Psychiatrique de Langue Francaisedirigee apres la guerre par Henri Ey [24]. Eugene Minkowski(1885–1972) fut plus heureux que Levy-Valensi puisque, arrete aParis avec sa femme Francoise Minkoswka (1882–1950), eleved’Eugen Bleuler, sous l’Occupation pour ne pas porter l’etoilejaune, il put echapper a la deportation, la police francaisene l’ayant pas encore remis aux autorites allemandes quand sesamis prevenus par leur fille alerterent le Prefet de Police decette arrestation ; il fut ensuite un temps cache a l’internatde Sainte-Anne, devenant ainsi sans doute, comme il le disait,l’interne le plus age de France et de Navarre.

Dans un de ses premiers ouvrages, Hallucinations et Delire. Les

formes hallucinatoires de l’automatisme verbal [7], couronne par laSociete Medico-Psychologique, Henri Ey cite en reference pasmoins de huit textes signes par Levy-Valensi seul ou avec d’autres,dont celui avec lui-meme, « Delire spirite, ecriture automatique »,publie dans les Annales Medico-Psychologiques en 1931 [20]. Lathese de Lacan figure bien entendu dans la bibliographie de celivre de son ami et camarade d’internat. En revanche, nousn’avons pas retrouve la reference a cet article qu’il avait cosigneavec Levy-Valensi dans les Annales dans la bibliographie dumonumental Traite des hallucinations (1973) publie a la fin de savie par le maıtre de Bonneval et qui vient d’etre reedite en2012 avec l’aide du Centre National du Livre a Perpignan par leCREHEY.

On remarque que Levy-Valensi et Ey parlent en 1931 a proposd’un delire spirite de l’« ecriture automatique », sujets qui vontavoir tous deux le succes que l’on sait chez les ecrivainssurrealistes ; plusieurs etudiants en medecine ou medecinsparticipaient au mouvement surrealiste, a commencer par AndreBreton (1896–1966), mobilise comme medecin-auxiliaire pendantla Grande Guerre mais qui ne soutint pas sa these, Gaston Ferdiere(1907–1990) et Jacques Lacan.

C’est a propos de l’erotomanie que Levy-Valensi mentionne lathese de Ferdiere sur L’Erotomanie. Illusion delirante d’etre aime

(1937), que celui-ci a soutenue la meme annee que celle sur Les

causes affectives de l’erotomanie de Jean Fretet, eleve de Logre, quivenait lui-meme de publier dans Le Temps un article, « L’erotoma-nie, principalement chez l’homme » (p. 281). Levy-Valensi publielui-meme dans La Gazette des hopitaux du 20 octobre 1937 unarticle sur les « syndromes erotomaniaques » (p. 282). Il nementionne aucun des textes de Clerambault sur ce sujet,contrairement a Lacan qui, dans la bibliographie de sa these surla paranoıa, en fait figurer quatre. C’est on le sait, Fretet, dernierinterne de Clerambault a l’Infirmerie speciale, l’avant-dernier etantJacques Lacan et l’antepenultieme Paul Sivadon (1906–1992), quiest parvenu a publier en 1942 sous l’Occupation un recueil desecrits du maıtre de la « Tour Pointue » sous le titre Œuvre

psychiatrique, avec une preface de Paul Guiraud [1] en lesrepartissant en plusieurs parties : la premiere consacree auxdelires collectifs et associations d’alienes, la deuxieme auxpsychoses toxiques, la quatrieme aux psychoses passionnelles(c’est ici que figurent les textes de Clerambault sur l’erotomanie), lacinquieme a l’automatisme mental avec un chapitre « automatismemental et delire spirite ».

Mais les relations vont se tendre entre les surrealistes et lesalienistes surtout avec la publication par Andre Breton de sonroman Nadja [3] et de la malencontreuse phrase qui y figure : « Jesais que si j’etais fou, et depuis quelque temps interne, je profiteraid’une remission que me laisserait mon delire pour assassiner avecfroideur un de ceux, le medecin de preference, qui me tomberaientsous la main, j’y gagnerais au moins de prendre place, comme lesagites, dans un compartiment seul. On me ficherait peut-etre lapaix » [20], percue comme un appel au crime par ses confreres,d’autant que l’un d’entre eux venait d’etre justement assassine parune malade.

Breton ne semble pas, malgre sa formation medicale etpsychiatrique qu’il avait acquise pendant la Grande Guerre en1916 au centre neuro–psychiatrique de la Deuxieme Armee aSaint-Dizier aupres du docteur Raoul Leroy (1869–1941) (celui-ci afait l’objet d’une notice par notre collegue Bieder dans leDictionnaire biographique des Annales, en 2007, 165, 608–615),et bien qu’il dise avoir ecrit ce recit comme une observationclinique, avoir percu le caractere pathologique, c’est-a-dire desouffrance, de l’experience delirante vecue pendant six mois parLeona-Camille-Ghislaine Delcourt, veritable nom de la jeunefemme qu’il a connue le 4 octobre 1926 et frequentee jusqu’ason internement le 21 mars 1927 en placement d’office, sa logeuseayant du faire appel a Police-Secours en raison de l’etat d’abandonou se trouvait la malade. Il ne s’inquieta pas d’ailleurs de son sort,ne lui rendant meme pas visite, a la surprise indignee de ses amis, aSainte-Anne, ou elle etait internee. Il ecrira : « Le mepris qu’engeneral je porte a la psychiatrie, a ses pompes et a ses œuvres, esttel que je n’ai pas encore ose m’enquerir de ce qu’il est advenu deNadja » [3, p. 167]. Ce sont les parents de Mademoiselle Delcourt,qui elevaient la fille qu’elle avait eue a 16 ans d’un officier anglais,qui demanderent son transfert a l’hopital psychiatrique de Bailleuldans le Nord, d’ou la famille etait originaire, ou elle mourut le15 janvier 1941 a l’age de 39 ans. Dans l’exemplaire des Folies

raisonnantes appartenant a Clerambault figure, dans une notemanuscrite, le nom de L. Delcourt comme etant celui d’une desmalades examinees par Logre lors de son passage a l’infirmeriespeciale [2].

L’observation du malade delirant qui croyait a l’irrealite de laguerre recueillie a Saint-Dizier par Leroy et Breton a fait l’objetd’une communication a la Societe Medico-Psychologique parG. Demay et J.-P. Renaud, intitulee « Refus d’obeissance d’originedelirante. Conviction de l’irrealite de la guerre chez uncombattant » publiee dans les Annales Medico-Psychologiques

1919, p. 397–400 [2, p. 36].Lors d’une seance de la Societe Medico-Psychologique, Paul

Abely fit etat de cette phrase ecrite par Breton dans Nadja et ils’ensuivit une discussion au cours de laquelle Pierre Janet etClerambault qualifierent les surrealistes de « procedistes », leprocedisme consistant a « s’epargner la peine de pensee, etspecialement de l’observation pour s’en remettre a une facture ouformule determinee du soin de produire un effet lui-meme unique,schematique et conventionnel : ainsi l’on reproduit facilement,avec les apparences d’un style, et en evitant les critiques que lesressemblances avec la vie faciliteraient » [1]. Breton, qui dut etrevexe par ce jugement sur la qualite litteraire de ses travauxlitteraires, en particulier ses pastiches d’ecrits d’alienes, reprodui-sit ironiquement le compte rendu de cette seance dans le Second

Manifeste du surrealisme, en 1931, annee decidement tresproductive.

Cependant plusieurs psychiatres vont, dans les annees trente,ecrire des articles dans des revues surrealistes, notammentJacques Lacan. Celui-ci publie dans le premier numero de larevue Le Minotaure « Le probleme du style et la conceptionpsychiatrique des formes paranoıaques de l’existence » [2]. Puisdans le numero 3 de la meme revue, « Motifs du crime

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paranoıaque : le crime des sœurs Papin », affaire criminelle quipassionna les surrealistes. Il dedie son texte au Docteur GeorgesDumas (1866–1946), cite sa propre these en reference et rapportele temoignage a la barre du Docteur Logre qui concluait al’irresponsabilite des sœurs Papin, ce qui va dans le sens de laparanoıa. Si Logre ne s’est pas trompe en ce qui concerne le casdes sœurs Papin, on peut penser qu’il ne s’est pas trompepour celui de Nadja. Salvador Dali (1904–1989) publie dans lememe numero son article sur La methode paranoıaque-critique,« methode spontanee de connaissance irrationnelle basee surl’objectivation critique et systematique des phenomenesdelirants » que lui avait inspiree la lecture de la these de Lacan.Il en est resulte la fameuse rencontre entre l’artiste et le psychiatredont nous avons plusieurs versions differentes de la part desprotagonistes eux-memes.

Lorsque Lacan fait quarante ans plus tard, en 1973, reediter sathese [12], il fait suivre son texte de ce qu’il intitule ses Premiers

ecrits sur la paranoıa. Ces premiers ecrits comprennent lescommunications de Levy-Valensi, Migault et Lacan, « Ecritsinspires : schizographie » (p. 365–381), et les deux articles signesde Lacan seul publies dans Le Minotaure ([13,14,22], p. 389–398).Dans un « expose des titres et travaux » non date, ecrit sans doutepour un concours hospitalier, peut-etre celui de medecin desasiles d’alienes, qu’il joint a cette reedition, on releve aussi celuiparu dans la Semaine des hopitaux en juillet 1931, « Structure despsychoses paranoıaques » signe de Lacan seul, reference dans sathese mais qu’il ne fait pas figurer parmi ses « premiers ecrits surla paranoıa » lorsqu’il la reedite. Pourquoi ? Peut-etre parce qu’ilconsidere que Clerambault n’etait pas son seul maıtre enpsychiatrie et qu’il en avait au moins un autre en la personnede Levy-Valensi. C’est d’ailleurs l’article paru dans la Semaine des

hopitaux qui avait entraıne la brouille entre le maıtre et ledisciple.

Dans un article recent [6], Cyrille Delors a rappele que Levy-Valensi s’est souvenu au moins deux fois de Marcelle C. En 1935,ou dans son etude sur l’inspiration poetique et la psychopathologie

[16] il ecrit a propos de la « verbigeration sans signification » : « J’aiavec MM. Migault et Lacan rapporte l’observation d’une malade sedisant inspiree et qui arrivait a des productions incomprehensiblesa elle-meme. M. Lacan rapporte cette observation de certainsessais de l’Ecole surrealiste (Breton et Eluard). » (Ces essais sont lestextes de l’Immaculee conception publies par Paul Eluard et AndreBreton en 1931) et dans la deuxieme edition de son Precis de

psychiatrie [3] dont nous avons ici relu la partie correspondante.Pour Delors, Marcelle C. est « rediagnostiquee du cote de laschizophrenie ».

3. Conclusion

Mais il faudrait souligner, pour conclure, que le jeuneLacan n’a pas ete le seul a beneficier de l’enseignement cliniquede Levy-Valensi et qu’il faudrait, pour repondre au vœu denotre ami Joseph Bieder, afin de rendre sa place a ce maıtre del’entre-deux-guerres, etudier aussi l’influence qu’il a eue sur des

auteurs comme Henri Ey ou Jean Vinchon, pour ne citer quedeux de ceux dont nous avons mentionne le nom dans cettecommunication.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets enrelation avec cet article.

References

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Temps; 2012.[3] Breton A, Nadja. Edition entierement revue par l’auteur. Paris: Gallimard;

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[10] Garrabe J. Martial, Roussel P., Janet P. Ann Med Psychol 2008;166:225–31.[11] Janet P. Les obsessions et la psychasthenie (Deux volumes). Paris: Felix Alcan;

1903.[12] Lacan J. De la psychose paranoıaque dans ses rapports avec la personnalite

(1931) suivi de Premiers ecrits sur la paranoıa. Paris: Le Seuil; 1973.[13] Lacan J. Le probleme du style et les formes paranoıaques de l’existence. Le

Minotaure 1933;1.[14] Lacan J. Motifs du crime paranoıaque : le crime des sœurs Papin. Le Minotaure

1933;3.[15] Lemperiere T, Luaute JP, Garrabe J. Dictionnaire biographique : Louis-Victor

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[18] Levy-Valensi J. In: Gibert et A, Fournier L, editors. Precis de psychiatrie.Bibliotheque du doctorat en medecine. Paris: J.B. Bailliere & fils; 1926[504 p.].

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[20] Levy-Valensi J, Ey H. Delire spirite, ecriture automatique. Ann Med Psychol1931.

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Discussion

Pr E. Pewzner-Apeloig.– Merci a tous les deux pour ce travailqui nous en apprend beaucoup sur l’œuvre trop meconnue deLevi-Valensi, en souligne l’interet et lui rend toute sa place dansles ecrits psychiatriques du XX

e siecle. Il etait important de parlerde lui autrement qu’en traitant uniquement de sa fin tragique, etde sa deportation a Auschwitz durant la Seconde Guerremondiale.

Dr D. Tesu-Rollier.– Comment caracterisez-vous la notion de« schizonevrose » evoquee par les auteurs que vous citez dans votrecommunication ? Quels sont les items psychopathologiques ?

DOI de l’article original :http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.05.011

0003-4487/$ – see front matter

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.05.012

Reponse du Rapporteur.– Lorsque en 1911 Eugen Bleuler et seseleves proposerent de substituer a la notion de « Dementia Praecox »des ecoles de langue allemande celle de « groupe des psychoses » aParis, Claude et ses eleves estimerent qu’il fallait distinguer dans cegroupe des formes rapidement evolutives vers un etat hebephreno-catatonique, sans doute en rapport avec un mecanisme neuro-biologique, et d’autres qui paraissent repondre a des mecanismespsychopathologiques comparables a ceux des nevroses comme ladissociation ou la scission, d’ou ce terme de « schizonevrose » quin’a pas ete retenu dans le vocabulaire psychiatrique.