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LES SAVANES DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE ET LEUR EXPLOITATION PAR LE SYSTÈME DES "HATOS" Par Rafaël CAMARA* La région traditionnelle d'élevage par excellence de la République Dominicaine était jadis la Plaine Orientale Caraïbe, située à l'est de la capitale, Saint-Domingue, car elle est constituée pour l'essentiel de terrains de parcours en savanes arborées. Aujourd'hui cette activité a pratiquement disparu de la région, mais historiquement d'autres régions de l'île, qui ont également connu ce type d'exploitation, en conservent de nombreux traits. L'élevage dominicain est une activité introduite par les colons espagnols et était une réplique lointaine des pratiques prévalant dans la Meseta castillane. En effet, d'une part les conditions naturelles n'en étaient pas si éloignées et, d'autre part, s'agissant d'une colonie, il était normal de reproduire les mêmes choses. La métropole était fort éloignée et souvent désintéressée des "affaires coloniales", si bien qu'elle toléra des initiatives. Des particularités locales purent se développer qui, une fois bien établies, furent à leur tour exportées vers d'autres colonies comme Cuba ou Porto Rico. Ce fut le cas de l'élevage dominicain dont le modèle fut copié plus tard dans le continent sud-américain et en particulier au Mexique. L'élevage bovin non seulement supposait une bonne harmonie entre l'homme et son environnement mais aussi une adaptation au système économique, par des modifications du système esclavagiste. En outre, il fallait une adéquation au système social en vigueur connu sous le terme de " sociednd hatera" (société d'éleveurs). Ce système avait pris une grande importance tout au long de la période coloniale, se prolongeant après l'Indépendance de Haïti, " Professeur Université de Séville. Cahiers d'outre-Mer. 53 (212) octobre - décembre 2000 (pp.343-366)

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LES SAVANES DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

ET LEUR EXPLOITATION PAR LE SYSTÈME DES "HATOS"

Par Rafaël CAMARA*

La région traditionnelle d'élevage par excellence de la République Dominicaine était jadis la Plaine Orientale Caraïbe, située à l'est de la capitale, Saint-Domingue, car elle est constituée pour l'essentiel de terrains de parcours en savanes arborées. Aujourd'hui cette activité a pratiquement disparu de la région, mais historiquement d'autres régions de l'île, qui ont également connu ce type d'exploitation, en conservent de nombreux traits.

L'élevage dominicain est une activité introduite par les colons espagnols et était une réplique lointaine des pratiques prévalant dans la Meseta castillane. En effet, d'une part les conditions naturelles n'en étaient pas si éloignées et, d'autre part, s'agissant d'une colonie, il était normal de reproduire les mêmes choses. La métropole était fort éloignée et souvent désintéressée des "affaires coloniales", si bien qu'elle toléra des initiatives. Des particularités locales purent se développer qui, une fois bien établies, furent à leur tour exportées vers d'autres colonies comme Cuba ou Porto Rico. Ce fut le cas de l'élevage dominicain dont le modèle fut copié plus tard dans le continent sud-américain et en particulier au Mexique.

L'élevage bovin non seulement supposait une bonne harmonie entre l'homme et son environnement mais aussi une adaptation au système économique, par des modifications du système esclavagiste. En outre, i l fallait une adéquation au système social en vigueur connu sous le terme de "sociednd hatera" (société d'éleveurs). Ce système avait pris une grande importance tout au long de la période coloniale, se prolongeant après l'Indépendance de Haïti,

" Professeur Université de Séville. Cahiers d'outre-Mer. 53 (212) octobre - décembre 2000 (pp.343-366)

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LES CAHIERS D'OUTRE-MER

au milieu du XIX' siècle. Ce n'est qu'après la décision du président Santana, lui-même grand éleveur, d'annexer Saint-Domingue à l'Espagne, en 1861, que le système périclita. En effet, après la Guerre d'Indépendance, Saint Domingue développa des cultures de tabac, de cacaoyers et de caféiers. Le succès de ces cultures permit l'avènement d'une nouvelle classe de propriétaires et mit fin au pouvoir des éleveurs : la sociedad lzatera périclita définitivement.

Aujourd'hui des troupeaux subsistent toujours et l'élevage participe à l'économie du pays, fondée au début du X F siècle sur la canne à sucre puis, à partir des années 1980, sur le tourisme.

1 - Les savanes selon l'historiographie coloniale

La plus ancienne description et référence géographique que l'on ait concernant le milieu naturel de la Espagnola (Saint-Domingue), est le travail du frère Bartolomé de Las Casas, "Apologética Historia Sumaria" de 1522. Y sont consignées les observations de l'auteur effectuées entre 1502, date de sa première visite dans l'île avec son père, et 1520. Il décrit les paysages, les aménagements, l'exploitation de la terre et les manifestations culturelles de l'île. Il consigne notamment (Chap. II à VII) ses expériences au cours des quatre voyages de reconnaissance (régions donnant sur l'Atlantique, sur la mer Caraïbe ou des montagnes intérieures). Il décrit en particulier, au nord de la Cordillère Septentrionale, les bois et les étendues herbeuses plus ou moins entremêlés que les Taïnos (les indigènes) nommaient "sabanas de yerba ". Ces savanes parcourues par Las Casas étaient particulièrement étendues dans les provinces de Higüey et à l'est de la Espafiola. Certaines, très étendues et agrémentées seulement par des boqueteaux, furent évaluées à l'époque à plus d'une dizaine de lieues castillanes de longueur.

D'autres descriptions de savanes furent effectuées dans les provinces de Cayacoa, entre Higüey et la ville de Saint-Domingue. II s'agissait de savanes déjà utilisCes par des éleveurs de troupeaux comme celles du Valle de San Juan ou du Valle del Cibao. Il existait également d'autres savanes éparses sur le piémont méridional de la Cordillère Sud Occidentale où apparemment les Indiens cultivaient du coton.

Depuis l'époque de Las Casas jusqu'à nos jours, la présence de savanes dans les paysages de la République Dominicaine est une constante qui s'inscrit dans des iconographies multiples et dans de nombreux toponymes ruraux : Sabana Buey, Sabana-Grande de Boya, et Sabana de la Mar en sont trois exemples parmi d'autres. Rodriguez (1915), dans sa Géographie de l'île de Saint Domingue, décrit les savanes comme des "plaines couvertes de

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chiendent et autres herbes, avec quelques ou pas d'arbres", les comparant aux pâturages. Plus tard il précise que la savane est comme "n 'importe quelle autre grande plaine sèche ou marécageuse et sur laquelle ne vient aucune grande .forêtw. Ces plaines, en suivant Rodriguez, présentent des taches ou des îlots de ligneux nommés "saos", "cejas de monte O matas" (crêtes boisées ou de broussailles), en insistant sur le caractère herbeux ("prados", "praderias") qui pourrait être utile à l'élevage. Il distingue même trois types de savanes : les prairies naturelles sans intervention de l'homme, qui s'entretiennent d'elles-mêmes ; les savanes anthropiques, dominées par une ou deux espèces de légumineuses et qui durent un à trois ans; enfin les savanes temporaires, sortes de modèle mélant les deux cas précédant marquées par la présence de graminées et de légumineuses. Il nomme "praderas altas" ("alpages") celles qui occupent les flancs des montagnes, "praderas bajas", les prairies de fond de vallées et "praderas medianas" celles qui sont en situation intermédiaire. Ses observations climatiques s'attachent à montrer que la savane reçoit moins de précipitations que les montagnes et que l'alternance des saisons (sèche et humide) est régulière, la saison sèche durant environ six mois. Il explique ainsi la rareté des arbres et la dominante de hautes herbes à croissance rapide. De son coté, W.D. Durland visite le pays au printemps 1892 pénétrant dans l'intérieur lors de plusieurs voyages. Il subdivise l'île en unités physiographiques, climatiques et biogéographiques (Martinez, 1990). Parmi celles-ci, il décrit la savane comme une formation arborée etfou à arbustes isolés. Pour lui, elles sont particulièrement remarquables en saison sèches lorsque le paysage prend une tonalité grise avec une mention particulière pour les savanes de la Valle de San Juan dans la dépression centrale. Elles donnent lieu à un paysage plat et ouvert, au sol fertile et voué exclusivement à l'élevage.

Il est curieux d'observer comment aujourd'hui à Saint-Domingue, le terme de savane a perdu de son sens originel, au point que le "Dictionnaire encyclopédique dominicain" de 1988 ne relève le terme que pour désigner des noms de localités comme par exemple Sabana de la Mar. La carte botanique du Dr. R. Ciferri de 1938, les travaux de C.E. Chardon (1939- 1940) puis les études des Ressources Forestières de 1'O.E.A. de 1967 et de la Végétation Naturelle de 1'A.I.D. de 1986, n'identifient pas ce type de milieu naturel, le laissant de coté même pour la toponymie. Depuis les travaux de W.D. Durland jusqu'aux publications du Secrétariat d'État de l'Agriculture (S.E.A.) en collaboration avec l'Office Technique de la Coopération Allemande (GTZ) (1990), on ne retrouve plus aucune mention de la savane en tant que formation caracté- ristique du paysage dominicain.

La "résurrection" du terme est due à la mise en place d'études d'évalua- tion du milieu naturel appuyée sur une méthodologie focalisant les aspects biogéographiques, ce qui a amené les différents découpages à une nouvelle

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classification effectuée en terme de "formations végétales". Dans cette nou- velle approche, on retrouve le terme de savane pour désigner les boisements tropophiles de la zone basse et les savanes d'altitude pour les pinèdes claires des cordillères ce qui rappelle la classification de Rodriguez (1915). Les premières se réfèrent aux environs du Lac Enquirillo, décrites comme 'Yor~ization de couverture graminéenne très ouverte, avec de rcires arbres et arbustes isolés, ou en petits groupes" (S.E.A., 1992). Leur origine est attribuée aux conditions extrêmes du climat et du substrat et serait donc entièrement naturelle. Les secondes s'observent dans les pinèdes, sur des sols profonds et saturés en eau. Elles maintiennent une couverture végétale de graminées en touffes recouvrant partiellement le sol, sans autres arbres.

Cette mise au point recouvre la majorité des classifications des savanes, en renforçant l'aspect physionomique en admettant la présence de ligneux.

Nos recherches nous ont permis de constater que les savanes de Saint- Domingue possèdent la plupart des grands traits caractéristiques des savanes américaines. Leurs caractères biogéographiques montrent qu'il s'agit de formations de transition entre la forêt ombrophile et les boisements secs.

II - Les savanes de la République de Saint-Domingue

Par savane on entend une formation végétale et faunistique tropicale où dominent les espèces herbacées héliophiles, de tailles et de couvertures variées, avec quelques boisements ou maquis. Leur rythme biologique est de type alterné (saison humidelsaison sèche).

Les boisernents Des quatre types de boisements présents à Saint-Domingue, trois

présentent des traits savanicoles avec une dominante tantôt mésophile, tantôt tropophile, tantôt tropophile à épineux (fig. 1). On distingue :

- les boisements mésophiles situés dans le domaine humide (parfois très humide) mais qui présentent une période de déficit hydrique importante. Le port des arbres atteint 10 à 15 m et la strate arbustive est relativement bien développée. Les espèces présentent des feuilles de taille moyenne à petite; certaines sont coriaces mais rarement succulentes. Les troncs peuvent présenter des tonalités claires. Il s'agit d'un boisement à épiphytes et lianes ;

- les boisenzents tropophiles qui se rencontrent dans le domaine sub-humide. Il s'agit d'essences basses (de 5 à 8 m) dominées par le palmier Haitielln ekmanii qui peut atteindre plus de 12 in. En conditions plus humides

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LES SAVANES DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE

ces boisements prennent de la hauteur. Les feuilles des arbres sont petites coriaces et caduques. Les branches ont des lianes et des épiphytes mais en moindre quantité que dans le cas précédent ;

- les boisements tropophiles à épineux qui se développent dans l'étage le plus sec caractérisé par l'extension de la saison sèche et la dormance de la végétation. Généralement, ils se présentent en formations arbustives plus ou moins ouvertes, avec de nombreuses cactacées. Le boisement est bas, de 3 à 4 m, avec une croissance lente des espèces. Les feuilles sont petites et coriaces. Très souvent les végétaux sont couverts d'épines et ont des troncs succulents. Les espèces à feuilles caduques dominent.

Au sein même du boisement mésophile existent des savanes telles que nous les avons définies, qui sont composées des espèces suivantes : Cemtoplzyllum demersum (yerba de cotorra = herbe de commère), Cyperus digitatus, Cyperus odoratus (yerba canuto = entre-nœud), Heliotropiurn curassavicum (yerba alacrn'n = herbe scorpion, ne se rencontre que dans les maniguas du littoral), Imperata contracta, Ludwigia erecta (yerba hicotea = herbe tortue), Panicum elephantipes (yerba de elefante = herbe à éléphant des maniguas côtières de l'Amérique tropicale), Panicum purpurascens (hierba pliez), Panicum tenerum (la yerba puy des marais caraïbes), Polygonum punctatum (yerba de burro = herbe de l'âne) et Theineda quadrivalvis (arrocillo).

- les boisements purs ne se rencontrent que dans quelques endroits. Au total le pays présente une mosaïque de paysages.

Par contre les savanes se rencontrent à peu près partout à Saint Domingue.

Les savanes - les savanes herbeuses s'observent dans les régions littorales ou

s'étirent le long des vallées comme celle de I'Ozama, ou dans les dépressions quaternaires des régions calcaires (sud-ouest). On les trouve aussi sur les pié- monts, les alvéoles granitiques des cuvettes endoréïques comme la Dépression Méridionale, et les plates-formes carbonatées. Au total elles ne dépassent pas 92 km', soit environ 6% du total des savanes du pays.

- les savanes arborées représentent 46% du total, soit 428 km2. On dis-

tingue notamment les boisements mésophiles des piémonts méridionaux de la Cordillère Orientale, puis les savanes arborées mésophiles sur argiles et limons (1 1 %) à Izua et dans l'est de la Dépression Septentrionale. Sur le karst, domi- nent les savanes arborées des domaines mésophile et tropophile (10%).

- les savanes à palmiers (8%) sont très localisées dans la Dépression Septentrionale et sur les piémonts nord des Systèmes Oriental et Septentrional, ainsi qu'au sud de Los Haitises. Au total elles couvrent environ 70 km'.

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a LES SAVANES DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE

- les savanes boisées sont moins étendues (36%) que les précédentes. Cependant, dans le domaine tropophile à épineux elles peuvent couvrir de grands espaces. Elles représentent 23% du total soit 200 km2, suivies par les savanes boisées du domaine mésophile (1 0%).

Par secteurs, la Plaine Orientale est la région la plus savanisée couvrant 28% du pays, suivie par l'ouest de la Dépression Septentrionale (Cibao orien- tal), la Dépression Centrale (Valle de San Juan), Azua-Bani et la Dépression Méridionale avec 10%.

La localisation des savanes dominicaines les plus significatives montre que les savanes boisées se trouvent très localisées. Les plus fréquentes sont celles du domaine tropophile à épineux (piémonts N et S du Système Central). Les savanes herbeuses s' observent surtout dans les plaines côtières de Yasica Boba et Yuna, dans la plaine de 1'Ozama et dans la péninsule de Jaragua.

L' analyse des conditions morpho-édaphiques montre une bonne cor- rélation entre savanes boisées et arborées et unités morpho-pédologiques sta- bles. La variété croissante des faciès savanicoles s'explique par une plus forte hétérogénéité de ces conditions. Les savanes herbeuses et à palmiers sont des milieux particulièrement fragiles et instables car ils ont été soit colonisés récemment, soit sont en équilibre climacique instable. Nous avons pu constater qu'il existe un véritable gradient hydrologique lié au comportement hydrique ce qui permet de distinguer les types de savanes en fonction de l'humidité édaphique.

Les résultats de cette corrélation sont synthétisés dans la figure 1 en fonction de la typologie qui suit en tenant compte de la position géomor- phologique et du drainage. Du plus humide au plus sec, on distingue :

a - Savanes avec un excédent d'humidité stationnelle : - savanes arborées du domaine mésophile des alvéoles granitiques ; - savanes herbeuses littorales faisant transition avec la mangrove ; - savanes herbeuses inondables ; - savanes à palmiers à Roystonea hispaniolana ; - savanes boisées du domaine mésophile sur plate-forme corallienne ; - savanes boisées du domaine mésophile sur versants ;

b - Savanes sans excPs d'humidité stationnelle et avec reconstitution des réserves d'humidité des sols :

- savanes à palmiers et Saba1 umbraculifera : - savanes boisées du domaine tropophile sur grès calcaires ; - savanes boisées du domaine tropophile à épineux sur limons et argiles -savanes boisées du domaine tropophile à cactacées sur limons et

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LES SAVANES DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE

c - savanes sans recharge d'humidité des sols : sans sécheresse stationnelle

- savanes boisées du domaine mésophile sur karst ; - savanes arborées du domaine tropophile.

avec sécheresse stationnelle - savanes arborées du domaine tropophile à épineux sur karst ; - savanes arborées à épineux sur plate-forme corallienne ; - savanes herbeuses à drainage déficient ; - savanes herbeuses littorales faisant transition avec la mangrove ; - savanes herbeuses sur substrat salin. Seules les savanes boisCes, arborées et herbeuses du domaine tropophile

correspondent aux sites de sécheresse stationnelle où l'on peut déceler un stress de la végétation assez important. Les précipitations sont inférieures à 800 mm et la température moyenne supérieure à 27" C. Il s'agit de régions à déficit hydrique supérieur à 800 mm et qui dure plus de 300 jourstan. Il y a donc un risque réel de dessiccation du sol avec parfois une absence totale de recharge hydrique dans l'année.

Les savanes arborées du domaine mésophile et à palmiers présentent un très faible risque de dessiccation du sol avec 200 à 300 jours de déficit mais ne dépassant pas 500 mm. Il peut même y avoir un excès du bilan hydrique. La recharge en humidité, typique de ce genre de formation, varie de 30 à 150 mm. Les précipitations sont comprises entre 1300 et 1700 mm avec une température moyenne de 26 à 27 " C.

Certaines savanes boisées du domaine mésophile constituent des formes isolées comme à Jaragua, Los Haitises et dans la péninsule de Higüey. Quand elles sont situées sur le karst elles obéissent à des conditions édaphiques particulières. A coté d'elles, les savanes herbeuses des plaines côtières sont soumises à des conditions pluviométriques fortes (> 1 800 mm) et des températures moyennes comprises entre 26 et 28" C. Il existe ici des risques sérieux d'inondation. Le déficit hydrique, lorsqu'il existe, ne dépasse pas 150 mm et une période de 150 jours. Il n'y a pas pour ces savanes de risque de dessiccation.

III - Les savanes arborées

Avec une couverture qui oscille entre 2 et 15% et une densité d'arbres de l'ordre de 1 OOOIha, les savanes arborées se trouvent au sein des domaines mésophile, tropophile et tropophile à épineux de la classification de Sarmiento. Elles se composent d'un tapis herbeux uniforme dominé par des ligneux épars

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dont la densité est variable ; il s'agit surtout d'arbustes. Ces savanes sont les plus étendues et occupent des unités géomorphologiques variées depuis les alvéoles granitiques (Vila Altagracia; Zambrana) ou les piémonts, en passant par les ter- rasses marines soulevées (Higüey et littoral de la Plaine Orientale ou de La Isabella).

Celles de la forêt tropophile ont une extension assez réduite sauf dans quelques cas comme à Sabana Buey, à l'ouest de Bani. Les savanes à épineux, de plus grandes étendues, sont bien localisées : plaines d'Azua au Sud-Ouest, de Bajo Yaque del Norte au Nord-Ouest. Il s'agit de savanes à paysages prototypiques - pâturages de Rzedowsky (1986) ou savanes de Léopold ( 1950) - où l'on peut observer des différences en fonction du bilan hydrique et de la fertilité des sols (Birot, 1965).

Les savanes arborées occupent un vaste spectre morpho-édaphique au sein du régime hydrique. On les trouve aussi bien sur les plates-formes et les replats structuraux que sur les glacis, les secteurs d'érosion ou les vallées fluviales. Cette grande ubiquité se manifeste aussi dans l'adaptation aux forma- tions superficielles et pédologiques de caractère azonal. Le risque de dessiccation est faible pour les graminées mésophiles et fort pour les tropophiles.

Les savanes à palmiers s'adaptent à une forte humidité édaphique et se localisent indifféremment entre les savanes boisées, arborées et herbeuses. Le risque de dessiccation de ces formations est très faible. Dans la Vega Real, la savane à palmiers royaux s'étend à l'est de la Dépression Septentrionale sur l'interfluve compris entre les vallées du Camu et du Yuna. Sur les Systèmes Oriental et Septentrional ces savanes sont associées aux formations super- ficielles des versants hydromorphes.

Un exemple évolutif de ce type de savanes arborées est donné par les figures 2 et 3 (transect de Loma de La Media Cara - Sud des Haitises - Valle del Ozama) - avec les différentes actions anthropiques intervenues au cours de l'histoire. Ce transect, de près de 40 km de long, se situe au sud du karst des Haitises englobant l'inselberg de la Loma de La Media Cara et le glacis de Los Llanos pour atteindre les plates-formes coralliennes du nord de Saint- Domingue. On y reconnaît un dépôt colluvionné au contact du glacis marqué par un knick prononcé. La catena débute en amont par une formation boisée mésophile, sur lambeaux d'altérite ferrugineuse, passant sur le glacis à une savane arborée mésophile et îlots de savane à palmiers royaux. Elle s'achève en aval, dans la vallée de 170zama, par une savane herbeuse sur sols hydromorphes à traits vertiques.

Cette catena est typique des savanes de Saint-Domingue avec une dominante de Cyperl~s sp. et Imperclta sp., dans les savanes boisées et arborées et de Panicum sp. pour la savane herbeuse, les savanes à palmiers faisant transition.

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IV - Les savanes et l'anthropisation

D'emblée, à son arrivée dans l'île, l'homme a utilisé les ressources de la savane. Selon son emprise au cours de la période pré-hispanique puis coloniale, le milieu a été à peu près préservé, légèrement modifié ou totale- ment bouleversé comme avec l'extension récente des plantations.

Grâce aux très nombreuses références de Las Casas on sait que les Taïnos incendiaient la forêt pour chasser l'agouti (Plagiodontia aedium) mais il est certain qu'il existait également des savanes naturelles. Sur toute la zone littorale, s'il existait une forte présence indigène, attestée par de nombreuses céramiques et des gisements archéologiquesl, il n'y avait pas de traces d'activité agricole. A la lueur de ces enseignements, il est clair que la mise en valeur du milieu par les Taïnos, avant la période coloniale, était de type extensif et avait donc déjà affecté l'environnement, notamment forestier.

L'arrivée des Espagnols a entraîné une modification importante de la mise en valeur du pays. Dans une première phase, la fièvre de l'or et de l'argent a servi de support aux premières exploitations autour des placers de rivière ou de montagne. Un témoignage de cette période est la fondation de Cotui en 1505 qui, après quelques années de prospérité, déclina et ferma en 1520. L'année suivante un moulin à sucre était consti-uit à Concepcion de la Vega. La canne traitée était issue des plants des îles Canaries que Christophe Colomb avait introduit à La Isabella. Par la suite d'autres tentatives eurent lieu dans la région de Nagua et Santo Domingo et à partir de 1508 cette industrie fut dirigée par les Pères Hiéronymites. Le cours des prix du sucre en Europe en 1510 poussait de nombreux colons à développer cette activité lucrative d'ailleurs subventionnée par la Couronne.

De nouveaux inoulins furent construits dans le Sud, et dès 1518, sur le conseil des Pères Hiéronymites, commença l'importation des esclaves noirs d'autant plus que l'industrie minière était décadente. Les premières exportations de sucre commencèrent en 1521 et en 1527 on dénombrait dans l'île 19 sucreries et 6 moulins, la plupart se trouvant sur les rives des rivières Ozama, Haina, Nigua Ocoa Via et Yaque del Sur. Leur nombre s'accrût et passa de 20 en 1545 (Cassa, 1989) à 35 en 1548 (Moya, 1992) pour atteindre 80 en 1568 et une production annuelle de 200 000 arobes2 (Bermejo, 1983).

A partir de la seconde moitié du XVI' siècle, et avec l'apparition du gingembre produit encore plus rentable, débuta la baisse des prix du sucre. De plus, l'attaque de Drake en 1586, et la peste qui entraîna une quarantaine de

1 - Giseineiits archéologiques de San Rafael de Yuma, de Honduras, d' El Caimito, de Hoyo de Toro, d' El Porvenir-Madrigales, de Batey, de Cueva de Berna et Musiepedro. 2 - L' ombe est une mesure ancienne équivalant à 11,502 kg.

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l'île et une forte mortalité des esclaves noirs et donc de la main-d'œuvre, donnèrent un coup fatal à l'industrie sucrière. Celle-ci disparut pratiquement à la fin du XVI' siècle de telle sorte qu'en 1606 il ne restait plus que 12 sucreries produisant annuellement 8 000 arobes.

Ces plantations, tout au long du XVIe siècle, ont largement modifié le

paysage des vallées fluviales notamment sur la côte sud entre Saint-Domingue et Azua. Les sucreries cédèrent la place à une nouvelle activité : l'élevage. Celui-ci avait débuté de façon marginale mais allait connaître du XVI' au XVIII' siècles une emprise telle que les historiens parlent de la "sociedad hatera" pour désigner cette société d'éleveurs (Silie, 1976, 1990 ; Bosch, 1988 ; Cassa, 1989 ; Moya, 1992).

V - Les sociétés coloniales d'élevage

Les premiers élevages apparurent avec certains encomenderos3, fonctionnaires ou ordres religieux. La chute de l'activité sucrière incita la population à se tourner massivement vers cette activité qui était souvent de type familial et avait l'avantage de ne pas demander beaucoup de main-d'œuvre. Dès 1600, la société de la Espaiïola était organisée autour de l'élevage.

Il représentait un système d'exploitation régi par la Loi di1 15 avril 1541 qui stipulait que "les pâturages, parcours et ressources en eau seraient com- muns à tous les voisins de Saint-Donzingue" afin que chacun puisse en jouir librement et utiliser les cabanes pour y abriter le bétail, regroupé ou non. Le texte s'appliquait à "un rayon de dix lieues castillanes" autour de la ville de Saint-Domingue. Ailleurs il était possible d'avoir des propriétés privées pour le bétail mais d'un rayon d'une lieue (environ 97 ha) au sein de laquelle "nul autre troupeau ne pouvait pénétrer".

Au départ l'élevage se composait d'un troupeau de bovins n'excédant pas 2 000 têtes. En 1547 l'Évêque Bastidas en possédait entre 20 000 et 30 000 répartis en 11 fermes et certains propriétaires en avaient davantage comme Doiïa Maria Arana qui en avait 42 000 (Bosch, 1988).

A partir de la parution de cette Loi, I'habitude fut prise de désigner du terme "hato" l'hacienda (ferme d'élevage) ou encore les pâturages parcourus par les bêtes (Silie, 1990). Ces derniers avaient une forme plus ou moins circulaire à partir d'un point central représenté par un arbre marqué d'une croix ou d'un mat nommé bramad der^"^. Entre les différents hatos les terres étaient

3 - Eiicoinei~dero : en Ainérique latine, i l s'agir do propriétaire d'un ou de plusieurs Indiens sous le régiine cle 1' "er~corrrieiidn ". 4 - Brciri~adrro : endroit où se réunissent les animaux sauvages. En Amérique latine le terme désigne le poteau et par extension le lieu où se trouvent attachés ou parqués les animaux domestiques.

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LES CAHIERS D'OUTRE-MER

à usage commun ou réservés à l'agriculture. Certaines propriétés eurent jusqu'à 3 lieues castillanes de rayon et plus de 10 000 têtes (Cassa, 1989). Les hatos n'avaient pas de limites, clôtures ou bornes. Leur seule référence était ces points centraux et les levés cartographiques réalisés par les Audiencias (l'administration) mais ces derniers étaient rares : c'est pourquoi les conflits étaient nombreux comme en attestent les archives de la Real Audiencia de Saint-Domingue. Bref le hato colonial était une terre ouverte, privée, parfois avec des actionnaires (Gutierrez, 1985).

Ce n'est qu'avec la disparition de la "société hatera" et le dévelop- pement des cultures que l'on marqua physiquement les limites des propriétés par des clôtures, des murs de pierres sèches ou des palissades puis, à partir du XXe siècle, la loi obligea à clôturer en haie de "cagüey" (Neoabottia paniculata) dans les secteurs secs ou en pin cubain (Gliricidia sepium) dans les secteurs les plus humides.

Dans le cadre des limites du hato se trouvaient les maisons du maître, du gérant et des peones. Une partie de la surface était consacrée à la pâture et une autre, plus petite, aux cultures vivrières. Un bois était réservé à la chasse car le propriétaire avait l'habitude de laisser quelques bêtes, notamment des porcs, retourner à l'état sauvage afin qu'ils servent ultérieurement de nourriture d'appoint (Guttierez, 1985). L'exploitation du hato était de type bovin extensif (la charge pastorale ne dépassait que rarement 2 bêteslha), c'est pourquoi on s'attacha à étendre les terrains de parcours au détriment de la forêt, tout en fabriquant du charbon de bois. Au XXc siècle furent introduits des manguiers dont on vendait les fruits.

La situation des hatos était fonction des installations humaines et des voies de communication qui les reliaient car il ne faut pas oublier que la sécu- rité était imparfaite et que jusqu'au XVIII" siècle, perdurèrent des révoltes indiennes ou d'esclaves enfuis. Les seules routes (les "voies royales") existant alors étaient celles qui reliaient les villes aux fermes d'élevage dessinant un système radial à partir de Saint-Domingue, suivant les trois grandes Dépressions (Septentrionale, Centrale et Méridionale) et la Plaine Orientale.

La route est unissait Saint-Domingue à Bani et Azua se divisant là en deux tronçons, l'un vers la Dépression Méridionale (Neyba et Puerto Principe), l'autre vers la Centrale (San Juan et Baniqué). La route ouest par- courait les savanes de la Plaine Orientale reliant la capitale à Monte Plata, puis Bayaguana, El Seybo et Higüey vers l'est et Boy5 et Cotui au nord-ouest. Enfin, la voie centrale colonne vertébrale de la colonie, parcourait l'île du sud au nord jusqu'à Santiago en passant par Cotui et La Vega. D'autre rameaux secondaires en partaient. Si l'on en croit les dessins de Samuel Hazaed (1 873) cet axe était bien entretenu et jalonné de palmiers royaux. Il était le plus fréquenté notamment par les troupeaux se dirigeant vers la capitale à des fins

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commerciales. L'encombrement était tel qu'il y eut des tentatives pour trouver d'autres sorties aux productions de l'intérieur soit par la baie de Samani soit par voie ferrée vers Puerto Plata.

L'importance économique de l'élevage est avérée par les chroniques et les recensements de l'époque. En 1540 il existait des centaines de milliers de bovins et en 1568 au moment de l'"âge d'or", le troupeau culmina à environ 400 000 têtes (Gilbermejo, 1983).

VI - Les abandons ou "dévastations" de 1606

En 1606, par ordre du Gouverneur de Saint-Domingue, Antonio Osorio alla expulser les populations de Montecristi, Puerto Plata, Bayaji et Yaguana, épisode qui est connu à Saint-Domingue sous l'expression de "dévasrations d' Osorio". Avec les gens de Montecristi et de Puerto Plata, Osorio fonda Monte Plata et avec ceux de Bayaji et deYaguana, la nouvelle ville de Bayaguana, toutes deux au nord de la savane de Guabatico. Ces villes furent reliées à Higüey et Sabana Grande, Boya Cotui par une nouvelle route au centre de laquelle fut créé un nouvel hato pour le troupeau du Roi devenu plus tard Hato Mayor del Rey.

Au moment du recensement de 1606 à cause des "dévastations" il ne restait dans le pays que 189 hatos et 110 000 têtes (Bosch, 1988). Cela représentait un total de 1 127 familles, 5 000 à 6 000 personnes, auxquelles il faut ajouter les esclaves (près de 10 000).

En 1608 le nouveau président, Don Ger6nimo de Sandoval, demanda un nouveau recensement qui montra une nouvelle perte de 61 hatos et de 24 000 bovins. Deux autres recensements, l'un en 1743, l'autre en 1772 donnèrent respectivement 1 12 098 et 27 1 000 têtes de bétail (Sevilla, 198 1). La différence entre les deux s'explique surtout par de fausses déclarations ou des omissions lors du premier recensement.

La crise de 1606 fut surmontée au cours du XVIII' siècle si bien que l'in- fluence de la "société hatera" perdura jusqu'à la moitié du XIX' siècle. Son apogée coïncida avec l'accès à la présidence de la République de Pedro Santana, un "hatero" d' El Seybo devenu général lors de la guerre d'Indépendance contre Haïti (1 844). Dès lors la prépondérance des idées con- servatrices, de l'élevage et de l'exploitation forestière et en fait du Sud sur le Nord, allait durer jusqu'au rattachement volontaire à l'Espagne en 1861. Ensuite la "société hntera" allait perdre de sa superbe.

Cependant on peut penser que son impact sur le milieu naturel n'a pas été très important car la population de la ville de Saint-Domingue ne dépassait pas 5 000 habitants au XVII' siècle pour un total de seulement 300 hntos pour le pays.

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a) Ecosystème de la Plaine Orientale à l'Holocène (6 000 BP)

Colline de la Media Cara

b) XIVe et XV' siècles : Occupation du milieu naturel par des groupes humains de la culture taina

Incendies de savane pour la chasse aux petits mamifères

pour établir des villages à grandes places cérémoniales

- Développement d'indurations et rubéfaction des sols par oxydation des profils

-Augmentation de l'érosion laminaire - Inactivité de la matière organique par mélanisation

* Disparition de la "hojarasca" Diminution de la faune édophique 600 m

Culture du manioc en périphérie ' Pertes en N et K Baisse du pH et acidification

300 m S

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Figure 2 - Evolution écodynamique le long du transect de la Media Cara de l'Holocène (a) au XVe siècle

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c) 1493-1 844 : Développement de la colonisation espagnole

Elevage (Hatos ganaderos) (Surpâturage)

Compactage des horizons superficiels du sol Pertes de porosité

"Apparition d'encroûtements superficiels Colline de la Media Cara * Baisse du pH et acidification

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d) 1844.1 998 : Indépendance et développement de la République Dominicaine

Culture de la canne à sucre

1 Déforestation pour agrandir les superficies cultivables l I Déforestation pour l'exploitation

des bois nobles tropicaux

canne après la récolte les inondations Colline de la Media Cara

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . , . . . . , , . , , , , . , , . . . . , . . , . . . , , . ,

Figure 3 - Evolution écodynamique le long du transect de la Media Cara entre le X V siècle (c) et 1998 (d)

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LES SAVANES DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE

VI1 - Les grandes propriétés d'élevage au XX' siècle.

Les hntos actuels sont sous le contrôle de grands propriétaires éleveurs qui exploitent toujours sous une forme extensive. Du hato colonial et de sa structure territoriale et sociale, il ne subsiste plus que le nom et un grand pouvoir car l'influence des grands propriétaires subsiste.

Selon le recensement agraire de 1982 il existait à cette date 16 2 19 haros répartis majoritairement dans les provinces de San Cristobal (2 43 l), La Vega (1 294), Distrito Nacional (1 282), San Juan (1 054), El Seybo (942), Duarte (922) et Peravia (901). Cela correspond aux aires traditionnelles d'élevage depuis la colonisation : les alentours de Saint-Domingue, la Plaine Orientale, la Dépression Centrale et la Vega Real dans la Dépression Septentrionale. Le troupeau était de 59 000 têtes dont la moitié dans les provinces ci-dessus nommées, le pourcentage le plus élevé étant dans les provinces de Santiago et de Duarte. Cependant la répartition est très inégale avec des Izatos de 3 à 5 bovins et d'autres où la centaine est dépassée (fig. 2).

D'un total de 42 560 000 tareas' de surface en exploitation, 1 614 000 (environ 1 0 15 km2) soit 4%, sont des pâtures qui se décomposent en savanes naturelles (577 km

2) ou entretenues et cultivées (438 km

2). Ces données

montrent bien que l'élevage ne pèse plus d'un très grand poids dans l'économie du pays (fig. 3).

La charge bovine la plus élevée est détenue par le Distrito Nacional avec 1,5 bêtelha ce qui montre le caractère extensif toujours prévalent. L'ouest de la Dépression Septentrionale, le Distrito Nacional et l'est de la Plaine Orientale sont les régions où la marque de l'élevage est la plus importante. La gestion des terrains est très variable : certains sont bien entretenus et reçoivent des injections de capitaux, d'autres n'utilisent que les parcours naturels en savane. Les parcours naturels sont constitués essentiellement de pajon lzaitinno ou pangolilla (= chaume haïtien) et de chiendent. Ils peuvent également être bonifiés par des introductions telles que estrella africana (Cyizodon nelnzefiren- sis), pangola (Digitaria decumbens), guinea (Panicum maxinzunz), napier (Pennisetum purpureum) et Braquaria sp.. Ces parcours améliorés ont permis d'augmenter de 30% la production de lait et de viande (Martinez, 1990) car leur apport en protéines est supérieur. Mais en fait il y a peu de fermes d'élevage qui cherchent à améliorer les pâturages (Vargas, 199 1 ).

5 - Les espèces d'arbres les plus fréquentes sur les terrains de pâtiires sont les suivants: Albiziri lebheck, Ctr.ssicrfi.stirlri. Cassin grondis. Crescerttin crrjete, Be1orii.r regin. Enterolohirrrn cyclo- cnrl~irrn. Ef.vrhrirltr pocp/~i~,yirrnrr, Gllri-idicin sepium. Gunziirrta rtlnzifolio, Mnir,y<fern indicci, Moringu oleifern, Snrrroirecr S ~ I I ~ I U I I , Sp(ithodea cnmpanulo, Spondin pirrprr,~cr. Trernn cloinir~gueitsis, Treintr niicr~ctn- thn, et Trerria Itirrinrrkit~n~r. dans les zones humides, et Prirkin rouhrrrgltii, Prosol,is jrrliflnr~r, et Trrmtir~irtt1ir.s iridicn . dans les zones sèches.

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LES CAHIERS D'OUTRE-MER

Les pâturages améliorés sont l'objet d'une gestion particulière qui consiste en une coupe et un labour léger de la terre. Puis on laisse le terrain reposer une quinzaine de jours pour que germent les semences, puis on désherbe au moins deux fois, avec 15 jours de repos entre les deux opérations. Ce n'est qu'ensuite que l'on fertilise la terre avec des engrais, et que l'on sème des graminées dans des sillons espacés d'un mètre. Cette opération s'effectue en pleine saison des pluies (mai-octobre) pour profiter de l'humidité de la terre. Deux mois plus tard, les parcours peuvent être pâturés (Martinez, 1990). Plus le fourrage a de feuilles, plus le bétail absorbera de calcium, phosphore, potas- sium et magnésium. C'est pourquoi l'on cherche à favoriser la feuillaison au détriment des tiges (Caro-Costas, 1990). On peut aussi recourir à des épandages de chaux (environ 5 tlha) pour réguler l'acidité des sols.

La rotation des pâtures est une façon d'éviter leur épuisement. Généralement il faut deux à trois semaines de repos pendant la saison des pluies ce qui permet une bonne repousse, et près d'un mois en saison sèche. Le problème du surpâturage en saison sèche peut trouver une solution dans la mise en culture de la canne à sucre, la fenaison ou tout simplement la mise à l'écart du troupeau (Vargas, 1991). La rotation permet en définitive une plus grande charge animale. Le non-respect de ces pauses aboutit à une diminution des réserves racinaires, notamment en hydrates de carbone, et à une grande sensi- bilité des terrains à la sécheresse et à l'invasion par des mauvaises herbes, ce qui diminue les rendements et la qualité de la production (Caro-Costas, 1990).

Les techniciens du pays recommandent l'observation des règles suivantes (Vargas, 199 1) :

- mettre les bêtes sur la prairie lorsque les herbes sont à leur optimum de croissance ;

- respecter les habitudes du troupeau qui paît entre 5 et 10 heures du matin puis de 16 à 20 heures l'après-midi ;

- respecter le temps de repos entre un lieu de pâture ensemencé d'une façon et un autre portant d'autres graminées ;

- le temps passé dans un lieu de pâture ne doit pas excéder 3 jours ; - s'assurer de la possibilité d'abreuver le troupeau (environ de 120 à

170 llvache) en eau saine ; - disposer de suffisamment de lieux ombragés (avec des arbres ) La modernisation des hatos a amené la division et l'isolement des

propriétés par des haies vives de Pitheceliobiurn dulce, Hura crepitnns, Gliricidia sepiun1 (pin cubain), et Haematoxylon cainpechiarturn. Ces clôtures, à Saint-Domingue, ne doivent être ni en pierres sèches ni en palissades (loi 284/85), mais en végétaux vivants.

Cependant, aujourd'hui le troupeau de Saint Domingue n'est plus seule- ment bovin. Il existe également un grand nombre de chèvres (72 000 têtes),

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notamment dans la province de Sanchez Ramirez (21 450 têtes), parcourant les différents milieux du pays. Ce troupeau caprin est en extension car il représente une alternative économique intéressante même si les animaux, que l'on laisse en liberté, causent davantage de dégâts au milieu naturel. Les autres troupeaux d'importance sont ceux des chevaux (près de 16 000 têtes) et des ovins (2 700).

Le hato ganadero, inscrit dans le paysage des savanes arborées de la République de Saint-Domingue, a été au cours de l'histoire la principale struc- ture socio-kconomique de l'île depuis la colonisation espagnole, et ce jusqu'au début du XXe siècle. La dominante de l'élevage a été ensuite concui-rencée et supplantée par celle de la culture de la canne à sucre, en particulier dans la Plaine Orientale où se trouvaient les fermes d'élevage les plus importantes. La toponymie du pays abonde en termes évoquant cette emprise (Hato Mayor del Rey, Hato Grande, Hato Viejo, etc.) comme ceux qui font référence aux savanes : Sabana de la Mar, Sabana Buey, Sabana Grande, Sabana de Boya, Sabaneta, etc.

L'étude de ces savanes a permis d'établir les relations existant entre l'homme et le milieu de savane, de même que les impacts qui en ont découlé et qui, en définitive, ont établi le maintien d'un équilibre sur près de 4 siècles. Il n'a été rompu que par le développement de l'économie de plantation (canne à sucre, tabac, caféiers, cacaoyers) amenant corollairement un bouleversement des structures socio-économiques du pays.

Aujourd'hui, si l'élevage continue à représenter un volet important de l'économie du pays, il n'est plus l'axe central de son économie ni sa principale source de devises. Le relais a été pris par le tourisme (en plein essor) car l'économie de plantation, insuffisamment modernisée, a subi à son tour les secousses du marché et de la chute des prix.

ANNEXES

Espèces rencontrées dans les savanes arborées de la République Dominicaine (noms vernaculaires et scientifiques).

a - Savane arborée à boisement mésophile.

- Arbres : Acacia scleroxyla, Ateramnus lucidus, Bumelia ohovata, Burnelia

salicifolia, Bursera sirnaruba (almacigo), Bucida buceras (gri-gri), Canella winterana, Cassia grandis (canafistula cimarrona), Catalpa longissima, Coccoloba diversifolia (uvero), Coccoloba pubescens (hoja ancha),

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Crescentia cujete (higüero), Erythroxylonareolatum., Eugenia sp., Genipa americana, Guaiacum sanctum, Guazuma ulmifolia (guicima), Krugiodendron ferreum, Lonchocarpus domingensis, Mastichodendroi? foetidissimum, Metopium toxiferum, Metopium brownei, Plumeria obtusa, Oxandra lanceolata, Peltophorum berteroantrm (abey), Pithecellobium dulce Cjina), Roystonea hispaniolaiza (palma real), Simarouba glauca, Swietenia inahagoni (caoba), Tabebuia berterii (roble), Tabebuia ekmanii (botoncillo cimarron), Tabebuia acrophylla (paragua) y Tetragastris balsamifera.

- Herbacées : Chamaesyce berteriana, Clzamaesyce hypericifolia, Chamae.~yce

hyp.ssopifolia, Chamaesyce serpens (toutes les espèces de Chamaesyce sont connues comme "herbes à poulets"), Eupatorium microstemon, Justicia pectoralis, Ludwigia leptocarpa (yerba hicotea), Ludvvigia octovalvis, Ludwigia peruviana, Panicum xalapense (pachuli de sabana), Panicum adpersuliz (arrocillo), Panicum fascicullatum (yerba de indio), Panicum reptans, Panicuin trichoides (ilusion), Panicum zizanioides (carice), Paspalum coizjugatum (cafiamazo), Paspaluinfimbriatum (yerba peluda), Paspalum liizdenianum (pajon), Paspalum notatum (yerba bahia), Paspalunz virgafunz (yerba novillo), Paspalum millegrama (pajon), Pilea nummula- rifolia, Pilea repens (las dos ultimas llamadas yerba buena cimarrona), Rorippa portoricensis (yerba de invierno), Salvia occidentalis, Setaria geniculata (pajon blanco), Sporobolus domingensis (yerba de elefante), Spoi-obol~~s indicus (pojun), Verbesina domingensis, Wedelia trilobara, Wedelia gracilis.

b. - Savane arborée à boisement tropophile - Arbres : Byrsoniina lucida, Cameraria linearifolia, Capparis mynophallophora,

Capparis ferruginea, Casia emargii~ata, Coccoloba pubescens (hoja ancha), Coccothrinax argentea (palma de guano ou yarey), Comocladiu clodonaea, Coperiiicia berteronna, Croton sp., Guaiacum officinale (guayacin), Guaiacum sacrum (guayacancillo), G ~ ~ a p i r c ~ trevipetiolulata, Haitiella ekmanii, Lonc11ocarpu.s pycnophyllus, Maytenus buxifolia, Phyllostylon brasiliense, Plumeria subses.silis, Saba1 umhrac~~lifera (palma cana), Taheh~lia ostenfeldi, Thoucnidium inaequilaterum, Ziziplzus rignoni, et Prosopis jul[jlora (cambron) et Lemaireocereus hysrrix (cayuco) en secteurs dégradés.

Ab~~tilon americanum, Abutilon hirtum, Ageratunz coi~yzoides, Alternanthera pungens, Andropogon bicornis (rabo de mulo, pajon haitiano).

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Andropogon glomeratus (paj6n de laderas), Andropogon gracilis (maicoté), Aizdropogon leucostachys, Andropogon pertusus (paj6n haitiano), Andropogon sacclzaroides, Andropogon urbanianus (yerba cayé), Aizdropogon virgatus (pajon), Bastardia viscosa, Chamaesyce prostrata, Corchorus hirtus, Croton sidifolius, Crysaizthellum ame- ricanum,Cynodon dactylon, Digitaria decumbens (hierba pangola), Gouanin lupuloides, Hyptis americana, Hyptis escohilla, Malvastrum nmericanum, Malvastrum coromandelianum, Malvastrum corchorifoli~im, Parthenium hysterophorus, Paspaluin distortum, Paspaluni filiforme, Paspalum Izeterotrichum, Paspcilum .secans, Securidcica virgata (yerba maravedi), Setaria tenacis.sima, Sida spinosa, Sida ciliaris, Sida cordifolia, Sida acuta, Sollanum americanum, Sporohulus jacquemontii (Maicoté de sabana, paj6n haitiano), Sporobolus cuhensis, Sporobolus purpurascens, Sporobolus pyramidatus, Sporobolus tenuissimus, Sporoholus sirgiizicu.~, Stylosanthes hamnta, Trichachne insularis (rabo de zorra) y Waltheria americana.

Ré.siimé: Les savanes de la République Dominicaine prennent toute leur extension dans la Plaine Orientale Caraïbe, où l'élevage est pratiqué de façon traditionnelle depuis les débuts de la colonisation espagnole. Le terme même de savane est originaire de ce pays. Ce milieu naturel, sous ses différentes variantes, herbeuse, arborée et boisée, et en relation avec les actions anthropiques, a marqué l'histoire du pays lors des cinq siècles passés. Aujourd'hui encore la savane constitue une entité importante, bien que moindre que dans le passé, de l'économie du pays.

Resumen : Las savanas de la Republica Domicana y su explotaciuii por el sistema de los "Hatos". Las sabana.~ de Repdblicn Dominicana tienen su nzdxima expresibn en la Llaniircr Oriental de Caribe, donde la garîaderia se prcrctica de fornza tradicioncrl desde los inicios de lu colonizacibn e.spafiola. u1 presencia cle .sabanas EI I este paiv es un dato que crirrzque desconocido no es ajeno ni et su realiclcrcl izi al propio origen de la palabra sabaiîa. Lu presencia de este medio nat~rral en sus cliferentes tipolngias cle lîerbdcea, arbolarfa y forestal con sus respectivas acciones cle antropizaci(in lian mcrrcado In historia clel pais en los Liltinîos 500 atïo.s J auil hoy es iina realidad inzportctiite, airnque rzofirnclnrnental conio en el pasado, de la ecoiiomia clel pais.

Mots-clés : dégradation, économie coloniale, élevage, végétation inésophile, végé- tation tropophile, Saint-Domingue.

Palabras clave : devastaciones, economia colonial, gmzaderia, haro, rnes4fïlo, sabana, Santo-Doiningo, trol)bfilo.

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LES CAHIERS D'OUTRE-MER

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