De La Loubère Simon - Du Royaume de Siam Tome 2

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 Du Royaume de Siam , par M. de La Loubère,...  Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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De la Loubère Simon - Du Royaume de Siam Tome 2 ; french ; Siam ; ambassy ; explorer

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  • Du Royaume de Siam ,par M. de La Loubre,...

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  • La Loubre, Simon de (1643-1729). Du Royaume de Siam , par M. de La Loubre,.... 1691.

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  • 01

    Af.

    >

    CQ.->>(X-'a

  • zsg& LECTEUR,..

    ;

    fl| ^ n'ay Pre^lu d'autreSSlil part ce Volume, quePliyilli d'en avoir aflembl JesPices. Quelques-unes font desTraductions, qui ne font pas dema fa^on : en quelques autresje n'ay prefque fait que tenir laplume

    ,

    quand on m'en a diclla fubftane. S'il y en a qui pa-roiflnt trop trangres uneRelation de Siam, elle ne le fontpas tant mon Voyage, donton m'auroit peut-tre pardon-n PHiftoire

    ,

    fi i'eufTe entre-pris de la faire

    : & encore moins laconnoiflTance gnrale,

    quej?ay tch de donnerde tout l'O-rient

    ,pour faire mieux conno-

    tre par l le gnie des Siamois,En tout cas je demande grcepour deux ou trois Pices au

  • AU LECTEUR,plus y qui ne dplairont peut-tre pas en elles-mmes, fie quej'ay donnes la curiofite dequelques perfonnes

    ,que j'ho-

    nore.

    VU

  • Ifv}1 *;A VIEWTE VETAT

    TRADUITTE DU BALI.Pf?fjf|| P R E s la naiince de Pou- * Cetiu*Bl ti Sat*

    ,qui par fes bon- f; snS^^^

    ns oeuvres dans la fuitte mona-co-S^ des temps parvint au Ni- Tntreupan, fon pre le Roy Toufou- vis veuttout conflta les devins pour favoir /"*ce qu'il deviendroit, & la fortune Biii,qu'auroit un fils, la naifiance du- c^tquel ilavoitparu tant de merveilles. esia-Tous l'afsrrent qu'il avoit grand Xn **fujet de fe rjouir

    ,puis que fi fon fils dit Pour*

    demeurait, dans le monde, il froit poua*Empereur de toute la terre, ou que Tcho*s'il fe faifoit Talapoin en abandon- pomuanant les plaifrs du ficle

    ,il par- Baii.

    viendroit au Nireupan. Il faut favoirque cet Empereur avoit fept fortesde chofes, qui luy toient tellementparticulires, qu'il n'y avoit que luyqui les et. La premire toit une

    Tome JJ. A

  • i Vu Royaume de Siam.boulle de verre, dont il fe fervoitpour f dfaire de fes Ennemis, enla jetant contre ceux, qu'il vouloirfaire mourir ; laquelle tant lchealloit couper le col l'ennemy, puisretournoit d'elle-mme. La fcondeC'taient des Elphans & des chevauxd'une bont & beaut extraordinai-res

    ,qui voloient avec la mme fa-

    cilit,

    qu'ils marchoient. La troif-me toit une pice de verre, par lemoyen de laquelle il pouvoit avoirtant d'or & d'argent qu'il vouloit car pour cela il n'avoit qu' la jeteren l'air,& del hauteur qu'elle alloit,ileroifioit une colomne d'or ou d'ar-gent. La quatrime toit une Dame,venue du ct du Nord, d'une beau-t merveilleuf, qui avoit une mar-mite de verre foutenu par trois co-lomnes de mme ; puis quand ellevouloit faire cuire du ris, elle n'a-voit qu' y mettre tant foit peu deris, & le feu %'ajlumoit de luy-m-me, & s'teignoit aufli deluy-mmelors que le ris toitcuit :1e ris fe multi-plioit tellement en cuifant, qu'elleen pouvoit nourrir jufqu' 500.hom-mes & davantage. La cinquime -oit un homme, qui avoit loin del

  • "Du RtyMme de Siam. jraifbn, & qui avoir des yeux f p-ritrans

    ,qu'il voyoit l'or, l'argent,

    & les pierreries dans le fein de laterre. La fxime toit un grandMan-darin d'une force & d'une valeur ex-traordinaires. La dernire toit qu'ilavoit mille enfans de la Reyne feule,qui la vrit n'toient pas tous for-tis de fon ventre. Un lul en toitforti, & les autres s'toient engen-drs de Peau, du fang, & de tout cequi fort l'accouchement. Chacunde ces enfans en particulier tant de-venu grand, toit capable de terraf-fer, & de vaincre tous les ennemis

    ,que leur pre et pu avoir. Or il yeut un des devins

    ,qui prenant le p-

    re part,

    luy dit qu'aflrment lbnfils abandonnerait le ficle

    ,quitte-

    ront la Royaut, & fe confacreroit la pnitence en f faifant Talapoiapour pouvoir par fes bonnes oeuvresarriver au Nireupan.

    Ses parents au nombre de dix-mil-le.ayant appris par la rponi des de-vins

    ,que le domaine univerfel de

    tout ce monde,

    ou le Nireupan -toient aflrs ce jeune Prince,rfo-lrent entr'eux de luy donner, quandlferoit un peu avanc en ge, ebi

    A ij

  • ij. "Du Royaume de shm.cun un de leurs fils, pour tre fkfuitte : & ils le firent ainfi. Quanddonc ce Prince,aprs la pnitence dequelques fept annes qu'il fit dans lesbois, fut devenu digne du Mireupan,quantit de ces jeunes gens dontnous yenons de parler qui toient l fuitte

    ,fe firent Talapoins avec

    Jbui : mais parmi cette grande troupeil y en eut fix, qui quoy qu'ils fuf-jfent fes parents

    ,Se f fuitte ne

    voulurent pourtant point le fuivre.Nous en rapporterons les noms

    , caufe que dans la fuitte nous neparlerons plus que d'eux. Le pre-mier s'appelle Rattia

    ,le fcondnourout

    ,le troifime Aanon

    ,le quatrime Packou, le cinquime^"a/.1" Quimila

    ,le fixime * Tvetat :

    'fcntque & c'effc de ce dernier que nous cri-^o^frre vons l'Hiftoire. Un jour les pres dedesom- ces fix jeunes Princes s'tant par h^-dom*"

    parzar^ rencontrez enfemble

    ,aprs

    ne H- avoir parl long-temps de plufieursn-c'aVe cno^es: indiffrentes

    ,l'un d'eux ft

    fon pi. faire reflexion aux autres qu'aucunKm- de leurs fils n'avoit fuivy le Prince

    pour fe faire Talapoin: & ils difoientntr'eux : eft-ce que

    ,parce qu'aucun

    d_en.os enfens n'avoulu fe faire Tala^

    ICIlt.

  • t)H Royaume deSuffi. fpoin, nous ceflrons pour cela d'-tre fes parents ? Voil pourquoy lpred'Anourout l'un de ces fix jeunesPrinces, qui fut le fuccefur du RoyToufoutout, dit fon fils que quoyqu'il ft de fng Royal

    ,

    cependant fiSommona-Codom vouloit le rece-voir fa compagnie pour Talapoin ,qu'il ne l'en empecheroit pas , enco-re que des gens de fa condition nefuiviflnt pas cet exemple.

    Anourout Prince accoutum fesplaifirs & avoir tout ce qu'il fou-haittoit,ne comprenoit pas ce quevouloit dire cette parole de refus,non. Un jour que ces fix jeunes Prin-ces fe divertifioient au jeu de boulle

    ,c joiioient des confitures pour la col-lation, Anourout ayant perdu, en-i voya un homme fa mre la prierde luy envoyer des confitures

    ,ce

    qu'elle fit : puis les ayant manges,ils joiirent une fconde collation,puis iinetroifme, &une quatrime;

    & fa mrc luy envoya des confitu-res

    ,jufqu' ce qu'elles furent ache-

    ves : mais comme Anourout envoulut envoyer encore chercher

    ,Cx

    mre alors dit au ferviteur : non, ilny en a plus. Ce qui ayant trap-

    A iij

  • fe'

    % "Du Royaume de Si4m.port au fils, & le fils ne concevantpas ce que vouloient dire ces parol-les

    ,non il ny en a plus, pour ne les

    avoir jamais oiy dire,

    crt que .mre vouloit dire qu'elle en avoitencore d'autres excellentes, dont lenom devoit tre ces mots, non il n'yen a plus. Il renvoya donc Ton fervi-teur fa. mre pour la prier de luyenvoyer des confitures non il n'y en aplus ; fa mre comprenant par l feque fbn fils n'entendoitpas ces mots, t.- droite, &l'autre l gauche v les uns Kafbp& Pattia, les autres Quimila & PacKou, ou Anourout, mais cequi eft remarquable, perfonne n'enfit Tvetat

    .-

    & on ne parloit noiaplus de luy que G. jamais il n'avoitt au monde, dont il fut extrme^

  • 14 Et* Royaume de Siam.nient indign. Eft-ce, difoit-il, queje ne fuis pas Talapoin aufl bien qules autres? Eft-ce que je ne fuis pasde fng Royal comme eux ? Pour-quoy perfonnc ne m'a-t-il fait aucunprelnt ? Il refolut donc fur l'heu-re de chercher quelqu'un qui luyen fit, & de s attirer des difci-ples. Le Roy de la ville Pimpifaantoit arriv jufqu'au premier degrde la perfection avec cent-dix-millehommesjtous difciples de Sommona.Codom

    : & il voit un fils encore jeu-ne, & qui ne favoitce que c'toit quele mal. Tvetat longeant aller s-duire ce fils, pour le fervir de luydans fes mauvais deflins, fortit dela ville de Pinmefn pour aller Ra-chacreu

    ,& prit, par la puiflnce

    qu'il avoit, la figure d'un petit en-fant

    ,avec un lrpent autour de

    chaque jambe, un autre autour deion col, & un autre autour de iatte. Outre cela il en avoit un quile prenant par defs l'paule gauches'en venoit deCccndrc delfous l'pauledroitepar devant & par derrire. Encet quipage il prit l'eUbr, & s'en allapar les airs la ville de Rachacreu.Il defeendit fur les pies d'Achata*

  • "Du Royaume de Siam. IJtrou,qui toit ce jeune Princeiils duRoy de la ville de*Pimmepifari,& qui * n yenevoyant Tvetat de cette manire, le pjn,p!fLvcorps tout entortill de ferpens, enet grand'frayeur. Tout pouventd'un cas f trange il demanda T-Vetat qui il toit, & Tvetat luy ayantdit Ion nom

    ,

    & l'ayant entirementraflrc reprit l premire forme

    ,c'eft dire {on habit de Talapoin,& fes ferpens dilparrent. Acbata-

    fatrou cont ainf une grande efti-jne de Tvetat, & luy fit de grandspreints

    ,honneur qui acheva de

    perdre Tvetat par 1'orgiieil qu'il encont ; car des lors il forma ledeflin de fe faire le Matre& le chefde fes confrres. Il s'en alla donc au-prs de Sommona-Codom : il le trou-va qui prchoit chez le Roy, le fa-liia, l'approcha, & aprs quelquesxlifeours il luy dit, qu'tantdj dansun ge fort avance

    ,il n'toit pasjufte qu' l'avenir il prit tant de

    peine,

    mais qu'il devoit fonger parler le refte de fes jours doucement& fon aile. Je fuis, ajota-t-il, prt vous ayder en tout ce que je pour-ray, & comme le foin de tant deReligieux vous accable,vous pourrez

  • t "Du Royaume de Shm.k l'avenir vous en dcharger furmoy*C'eft le langage, que luy mettoit labouche le defr extrme de fe voir audeflus de tous. Sommona

    -

    Codomqui le connoilbit, refufa & mprifala demande

    ,dont Tvetat ft u ou-

    trqu'ilne fongeaplus qu'auxmoyensde s'en venger. Il s'en retourna laville de Rachacreu chercher Achata-itrou fon difciple

    ,& luy periuada

    de fe dfaire de fon pre pour mon-ter plutt iir le Thrne, $c pour luydonner enfite les moyens de fairemourir Sommona-Codom, & de fmettre fa place. Achatafatrou fitdonc mettre fon pre dans une baflfolle charg de fers, & s'empara duThrne. Tvetat luy en tmoignafa joye, & le pria de fe fouvenir dela promeffe qu'il luy avoit faite. Lenouveau Roy luy donna tout aufi-tt foo. hommes armez de flches ,pour aller tuer Sommona-Codom.Ils le trouvrent qui fe promenoit aupi d'une montagne ^ & fa feule veuleur imprima tant de crainte & derefpecT:, qu'il n'y en eut aucun, quiost jamais lcher une flche : ils de-meurrent tous immobiles

    ,chacun

    avec l'arc bande. Sommona-Codom

  • Du Royaume de Siami ifles pria de luy dire l'auteur de leur at-tentat ; & quand ils le luy eurentdit, il leur fit une prdication, lafin de laquelle ils parvinrent jufqu'aapremier degr de perfeftion, & s'enretournrent chez eux. Aufl-tt queTvetat vit qu'ils avoient manquleur coup

    ,il s'en alla luy-mme fur

    la montagne, & fe mit rouller despierres en bas

    > defiin de tuer Som-

    ,

    mona-Codom: & quand il crut eft

    avoir aflz roull pour le tuer, ilde-fcendit de l

    ,& l'appelk deux OM

    trois fois par fon nom. Sommona-Codom qui avoit mont la montagnepar un ct, lors que Tvetat deicetvok par l'autre, rpondit qu'il toiten haut : aufl-tt Tvetat remonta ,& en mme temps Sommona-Co-dom, qui le favoit fans le voir d-pendit fans tre vu. Tvetat remon-ta encore inutilement, & il en mou-rait de rage. Cependant Sommona-Codom

    .

    fe voyant ainfi perscut,

    fedifoit luy-mme

    ,quelle faute ay-je fait

    ,quel crime

    ,quel pch ?

    Prefntement que je fuis au comblede la perfection, que j'ay fait une G.grande pnitence, que j'ay tant pr-ch & eniign une fi fainte Do-

  • T> Royaume de Sidm.rine, on ne cefi pourtant/de mepourfuivrepour me faire mourir. Eten s'examinant ainfi il & fouvint,

    *scomo"

  • Du yaume diSiik- 0Elphants, pour luy faire du mal s'ilne ( retiroit pas. Sommona-Codorrine lajfl pas*de continuer fon cheminavec fsTalapoins j & comme ils fu-rent prs des Elphans

    ,Aanon f

    mit au devantde fon Matre,

    pour legarentir de la fureur des Elphansen s'y expofant, mais ils ne firentmal peribnne.

    Au fortir de la ville Sommona-Codom fe retira dans une Pagode,ole Peuple en foulle luy apportoit manger. Il mangea, & prcha en-fuite toute cette multitude, quitoit fbrtie au nombre de dix mil-lions de perfonnes

    ,pour le venir

    entendre: & il s'en convertit quatre-vingt-quatre-mille

    ,dont les uns al-lrent jufqu'au premier degr

    ,les

    autres jufques au fcond, les autresjuiqu'au t roifime,

    d'autres jufqu'auquatrime degr de la perfection.Plufieurs s'tendirent fur les louan-ges d'Aanon

    ,ce qu'il aymoit allezfon Matre, pour avoir expos fa vie

    pour luy. Surquoy Sommona-Co-dom leur dit que ce n'toit pas l lapremire fois qu'Aanon l'avoit fait.Une autrefois leur dit-il, que j'toisRoy des Ong ( c'eft une efpce d'oy-

  • 1# Royaume de Siant.faux) Aanon tant Ong aufl & rrifcadet, il me fuva la vie.en expofaneJa fenne ma place* Quand le RoyAchatafatrou eut entendu ainf loiierAanond'avoir expos fa vie pour fonjMatre

    ,il retira les joo. hommes *qu'il avoit donnez Tvetat : & ain-

    \\ Tvetat fe vit abandonn de toutle monde. Il avoit beau demander

    >perfonne ne luy donnoit ^ non pasmme pour vivre : rduit l'extr-mit de chercher luy-mme l vie, ilretourna auprs de Sommona-Co-*dom

    ,& luy ft cinq propoftions

    qu'il le pria de luy accorder. La pre*miere,que s'il y avoit des Talapoinsqui vouluflnt s'obliger vivre dansles bois & loin du monde le reftede leurs jours, il le leur permit. Lafconde queceux qui voudraients en-gager ne vivre que d'aumnes, pufilent s'y foumettre. La troifme qu'illaifst la libert de s'habiller pauvre*ment ceux qui le dereroient to->jours faire

    ,& qui s'obligeroient

    fe contenter toujours de vieilles pa-gnes rapetafses & falles. La quatri-me qu'il permt ceux qui le vou*droient, de renoncer pour toute leurVie, avoir d'autre Convent ou d'au*

  • Bu Royaume de Shmi iftre logis, que le deflbus d'un arbre;& enfin que ceux qui ne voudroientjamais manger nyviande nypoiflbri,pufnt s'en xter la libert. Sommo-na-Codom luy rpondit qu'il Falloitlaiflr chacun l volont, & n'obli?ger perfoniie plus qu'on ne vou-?droit, ou mme qu'on ne pourvoit,Tvetat le leva pres la rponf de/Sommona-Codom, & dit tout hauf tous les Talapoins qui toient pr*-fnts : que tous ceux qui voudronttre bien-heureuxmefujvent:& aufl-tt une troupe d'ignoransau nombrede cinq-cent, des par la belle appa-rrence de Tes faunes intentions,Tere-folrent de le fuivre, & de gar?der exactement les f. choies qu'il ve-rnoit de propofer. Ils avoient des d-vots qui les'nourriflientj&qui pour-voyoient tous leurs befoins : quoyqu'ils sflnt que Tvetat avoit v,pour aini dire, mis la guerre entreles Talapoins en fe sparant de fonMatre. Quand Sbmmona

    -

    Codonivit qu'il prenoit une fi mchantecon?duite, il tcha de le ramener, par di7verfs prdications qu'il luy ft, pourluy faire voir qu'il n'y avoit pas deJ>lus grand crime que celuy;* l. T*

  • f T>uHoyumt de Siam.vetat l'couta aflz paifiblemerit ;mais fans en faire aucun profit : caril quitta brusquementSommona-Co-dom. Il rencontra en chemin Aanonqui demandoit l'aumne de porte enporte dans la ville de Rachacreu, &luy dit qu'il venoit de quitter fonMatre, pour vivre l'avenir fa fan-taife. Aanon le dit Sommona-Co-dom^qui rponditqu'il le favoit bien,qu'il voyoit que Tvetat toit unmalheureux

    ,qui iroit en Enfer. Voi-

    l juftement, ajota-t-il, commentfont les pcheurs : ils commettentde grandscrimes,& ils appellent ce-la faire du bien, & ce qui eft bien ilsl'appellent mal. Les nommes ver-tueux font le bien fans peine, au lieuque c'eft un fupplie pour les m-chants ; & tout au contraire le maldplat aux bons

    ,Se les mchants

    s'en font un plaifir. Sachant donc lelieu & l'endroit, o Tvetat s etoitretir avec Ces joo. difciples, il y en-voya Mogl & Sariboutpour les luyenlever. Ils trouvrent Tvetat pr-chant

    & lors qu'il les vit, il crt

    qu'ils avoient comme luy quitt leurMatre. C'eft pourquoy aprs fonSermon., il leur dit : je fayque quand

  • Du Royaumede Stam. %$ygus tiez avec Sommona-Codontvous tiez fes deux favoris, & qu'ilvous faifoit afloir l'un fa droite SCl'autre fa gauche

    ,je vous prie d'ac-

    cepter la mme chol auprs de moy.Pour ne le point fcher,& pour mieuxcouvrir leur deflin, ils luy direntqu'ils le vouloient bien, & s'aflrencen eiFet fes cotez. Alors il les priaide prcher place pendant qu'iliroit rcpofer. Saribout prcha

    ,8C

    iaprs ion Sermon tous ces joo. Tala-poins arrivrent jufqu' la perfetioiid'Ange

    ,s'levrent en l'air, & dif-parrent. Consali difciple de Tvc-

    tat courut l'veiller & luy conter toucce qui s etoit pafs. Je vous avoisbien dit de ne pas vous fier eu*,luy dit-il

    : puis il commena fe f-cher

    ,& tel point

    >qu'il battit Con-

    xali jufqua luy faire fortirlefangparla bouche. D'autre part quand lesTalapoins, qui toient avec Sommo?na- Codom, virent revenir Mogl &CSaribout avec leur compagnie

    ,

    ilsallrent aui tt avertir leur Matre,& luy tmoigner 1 tonneraient- oils toient de voir revenir Mogl &;Saribout f bien accompagnez, aprsJes avoir vu partir feuls. Mogl 86

  • 24 &u Royaume de Slam.Sariboutvinrent auiifalur leur Ma-tre, & les Talapoins nouveaux-ve-nus dirent Sommona-Codom, queTvetat l'imitoit en toutes choies.Vous vous trompez fort de croireleur dit-il,qu'ilfal ce que je fais : layerit autrefois il m'a contrefait, maisprfentement il en ufe demme.Pourors fes difciples luy dirent

    : nous la-vons ntre cher Matre que Tvetatvous contrefait prfentement, maisqu'il vous ait contrefait par le pafsjious n'en lavons rien, c'eft pourquoynous vous prions de nous l'expliquer.Il prit donc la parole, & leur dit ;vous faurez qu'autrefois tant oy-feau

    ,mais un oyfeau qui cherhoit

    l vie tantt fur les eaux, tantt furla terre, Tvetat en ce mme tempstoit Oyfeau de terre, & grandspies. Il voulut mon exemple pren-dre du poiflbn, mais il s'embarraiJe col dans des herbes, fans jamaispouvoir en fortir, & il y mourut. Ilme fouvient aufl que j?tois une foisun de ces petits oyfeaux rouges, quimangent les vers des arbres, Tve-tat toit un oyfeau d'une aurre efp-ce, & il affe&oitde le nourrir com-uieinoy. Jhcrchois les vers dans

    les

  • "Oit Royaume de SUm. ^les arbres, qui ont le coeur enfermau milieu du tronc, 8c je cherchoisces arbres dans une grande & Ipa-

    .

    cieufe fort, luy'cherchoit les versdans des arbres fans coeur, mais quiont une apparence de coeur; & l t-te fe brifa par punition. Une au-trefois j'tois n Rachaf

    ,& luy

    ' toit n chien Sauvage. Or lesI Rachaf ne vivent que des El-

    's phans, qu'ils tuent dans les forts : &'$( le chien des bois voulut faire com-;| me moy, mais il luy en prit mal : car ' les Elphans le foulrent aux pics Se

    l'crasrent.Quelqu'autre jour Sommona-Co-

    dom prchant fes difciples leur par-'

    la de Tvetat, & leur dit. Une fois j'-tois un de ces grands oyfeaux terre-ftres grands pis,8clui toit Rachaf.En mangeant de la viande il voulut a-valler un os,qui luy tant demeur augozier l'trangloit. J'eus compaffionde luy,je luy tiray l'os de la gorge laprire qu'il m'en fit, en avouant quequelqueforce qu'il et, il ne pouvoitpourtant fe fecourir. J'entray doncdans f grande gueule, qu'il ouvrit, &lui tay cet os avec mon bec:& com-me il m'avoit promis rcompenfe, je

    Tome II. B

  • Reliure trop serre

  • a6 Vu Royaume de Sam.lui demandayfeulement quelquecho-fe manger, mais il me rpondit quem5ayant laifs entrer dans fa gueule

    ,& en fortir fain & fauf, c'toit la plusgrande grce qu'il pouvoit me faire*j'tais-une autrefois un cerf,&Tve-tat un chafur. Etant all un jour 3la chafl il monta fur un arbre, quiporte de petits fruits que mangent lescerfs, & s'y fit comme une petitemaifon, pour fe tenir l'affu,& cachen attendant fa proye ; & comme le

    * c'cft un cerf * PoHtifat fut arriv fort prs dede'Vm l'arbre, Tvetat luy jeta des fruits

    :

    mena- pour le faire approcher davantage :codom. ma|s 2e cerf poutifat voyant cesfruits tomber de ct & d'autre, le

    douta de l'afFaire,& remarqua le chaC-feur fur l'arbre, auquel il dit de neplus l'attendre

    ,qu'il n'iroit pas le

    chercher plus prs. C'eft ainii queTvetat dlirebeaucoup. Une autre-fois Tvetat toit pefcheur : ayant unjour jet fa ligne,l'hameon fe prit un arbre tomb dans l'eau : luycroyoit que l'hameon tint un grospoiflbn, & fongeant dj qu'il encevroit

    ;faire part .fesamis, il enfut fch,

    parce que ces prfens luyen reroient la meilleure par tie.Pour

  • T>u Royaume de Siam. ijprvenir cet inconvnient il envoyaion fils qu'il avoit avec luy, porter l femme la nouvelle de la prifequ'il croyoit tenir

    ,& ordre de s'en

    aller fur le champ faire querelle tonsfes voifns. Elle prit donc fon petitchien, & s'en alla fur l'heure chez te:plus proche

    ,monta chez luy

    ,&

    commena luy chanter poiiille & fa femme : de l elle s'en alla chez unautre, & enfin chez tous. Tvetattoit cependant aprs fa ligne qu'ilne pouvoir retirer

    ,

    de forte que pourl'avoir il f dpoiiilla

    ,mit fes ha-

    bits fur le bord de l'eau, fe jeta dansl'eau

    ,& donna contre l'arbre un l

    malheureux coup, qu'il fe creva lesdeux yeux. Les pariants luy drob-rent fes habits : & la querelle de fafemme avec fes voifns luy cotatout le peu d'argent qu'il avoit

    ,par un procez qu'ils luy firent pourcette injure. Aprs cela Sommena-Codom fortit de la ville de Rachacreupour aller Savati : il y fut mala-de dans un couvent o il fe logea : &en mme temps Tvetat fut aufl ma-lade d'une maladie, qui le tint neufmois. Il avoit une extrme paffioride revoir Sommona

    -

    Codom fouBij

  • -*l Vu Royaume de Slam.Matre, &: il le tmoigna fes dififpies, les priant de luy faire la grcede leporter vers luy. Ils luy deman-drent comment il y ofoit penfer, &quel bien & quel fecours il ofoit at-tendre de luy, & aprs l'avoir tantperscut. Il eft vray, leur dit-il, quepour le bien qu'il m'a fait, je ne luy ayfait que du mal : mais n'importe port-iez mo,y luy, cela me luffit. Ilsluy obirent, & l'ayant mis fur uneclaye

    ,ils fe mirent en chemin pour

    aller chercher Sommona-

    Codom,Comme ils approchaient, les difci^pies de So,mmona-Codom coururentavertir leur Matre, que Tvetat ma-lade venojt pour le voir. Je le fay,leur rpondit-il

    je fay qu il vient ,mais, il ne me verra pas. Depuis quevous luy refustes, rpliqurent lesdifciples, la grce qu'il vint vousdemander, touchant les cinq articlesqu'il defroit obferver, nous ne l'a-vons vu iy. A ces mots Sommona-Codom leur dit : Tvetat eft un mis-rable

    ,qui a toujours fuivi fon ca-price, f ne s'eft jamais fouci de

    -garder la Rgie,

    que j'ay tant prisde peine luy enfeigner,- c'eft pour-quoy, quoy qu'il vienne exprs poii?

  • T>u Royaume de Sfam. ime voir, & quelque bonne envie qu ilen ait, il ne me verra pourtant pas ;parce qu'il a voulu s'oppofer moy **& mettre la divilon entre mes difd-ples. Comme Tvetat fut une lieuau lieu, o toit Sommona-Codorh

    -,

    tous ls difciples l'en allrent avertirderechef ;& il leur dit encore : je lefay bien, mais pourtant Tvetat ne

    \ me verra pas. Quand Tvetat fut I une demie lieu de la Ville

    ,les dfci-

    I pies revinrent le dire Sommona-jj Godom : il eu vray, leur dit-il, ce-pendant il ne me verra pas. Quand

    Tvetat fut arriv l'tang, qu'ilsnomment Bukoreni ) prs du lieu otoit Sommona-Codom

    ,les Tala-

    poins allrent encore dire Sommo-na-Codom qu'il toit tout prs

    ,

    quoy il rpondit ; quelque prs qu'ilfoit, nanmoins il ne me verra pas.Tvetat tant donc arriv cet tang,fes difciples le mirent terre fur lebord de l'eau: & comme il voulutcommencer de- marcher

    ,fes pies

    s'enfoncrent, & entrrent dans laterre, & peu peu il y entra jus-qu'au col, puis jufqu'au menton. Sevoyant en cet tat il commena irecommander Sommona-Codom t

    B iij

    .-!

  • 50 "Du RoyMme de Siarn.& s'offrir luy, confeflnt qu'il -toit tres-parfait

    ,trs-grand

    : qu'ilramenoir les perfonnes gares aubon chemin, comme fait un palefre-nier qui a foin de battre ls chevauxpour les corriger quand ils font m-chants

    : qu'il connoiflbit & favoittout: qu'il toit plein de mrites. Ils'humilia

    ,reconnut la faute qu'il a-

    voit faite, & en demanda pardon.Sommona

    -

    Codom cependant pen-nt ce malheureux, fe difoit luy-mme : pourquoy l'as-tu reu cheztoy ? pourquoy luy as-tu donn l'ha-bit ? ne valloit-il pas mieux le laif-fer demeurer dans le monde ?! maisnon, reprit-il,car s'il-y fut demeur,il n'auroit fait que tranfgreflr les

    on void cinq commandements, & pcher. II.S".?' "' auroit t la vie une infinit d'ani-quels fom raaux : il fe feroit fifi du bien d'au-commll- truy, par tout o il en auroit pu at-dements traper : il feroit laifs aller toutetnois,.'*" forte d'impuret : il auroit t men-

    teur Se impofteur : on l'uroit veu:toujours yvre comme une bte : &enfin il n'auroit fait aucun bien, &n'auroit jamais fong , l'avenir.Voilpourquoy je l'ay reu. Aprs cela;:fommona-Codom prophetifa qu'a-

  • t>u Royaume de Siant. J-tp cent mille * Kan dvetatferoit ^^Dieu Se Ce nommeroit Attifaripethie- ii L* ,'quepout. Cependant Tvetat fut en- ^.*
  • 3i J>ti Royaume de Star.fctncmde ni & non jufgu'au convent, qui enDieu.fcje eft proche : & Sommona-Codomne doute r

    , , , ,.pas que prenant la parole leur dit que ce'jjeaif n'^toit pas la premire fois^qu'il toitbail Peut,

    . ,r

    _

    c. , A .

    n, ,

    r,e vienne arrive un iemblable cnatiment a Te-quoy"quc vetat,d tre englouti &c enfeveli dans [;j-.iye VU lesenfers.il me fouvient, pouriiiivit- ;:^"Ire1""" ^

    >Sue Tvetat dans une de {es gn-

    deux mots rations toit chalur , & que pour ;'feurdif lrs J'^t03S Elphant des bois. Com- *ferentes ; me donc un jour il toit la chafl ,"o peu & qu'il/e fut gar & perdu ne fa-exafe dis chant o il toit, moy le voyant dansiiogra/" l!ne fi grande afflidrion

    ,j'eus piti de

    F*". luy, je le mis fur mon dos, le tiray hors des bois, le rendis prs de chez Bluy

    ,& puis m'en revins. Etant re- |$

    tourn une autrefois la chafl ,comme il me vit avec de fi bellesdents

    ,il luy vint en pense que s'il *'

    ,

    en avoit de femblables,il les vendraitfort bien

    ,& fur cela il m'en coupa

    les deux bouts. Ayant mang l'ar-gent qu'il en avoit eu

    ,il revint m'en

    couper autant, & une troiflme fois !il acheva de couper ce qui m'en re-ftoit. J'en fus extrmement afflig, &en tmoignay tout le reflntimentdont j etois capable : mais il ne por-ta pas loin, l faute ? car comme iX,

  • Dit Royaume de SUm. 35n'eut laifs

    ,la terre s'ouvrit &

    l'engloutit, (ans luy donner le tempsde demander pardon. A ces motsde Sommona

    -

    Codom,

    tout lemonde fe rjouit de la mort de Tve*-tat ; & Sommona-Codom dit encore.Je me ibuviens qu'anciennement T-vetat toit n Roy de la ville de Pa-ranaf. Il avoitnomPingqueleraclia

    \ U tourmentoit tellement ls fujets\ qu'il n'y en avoit pas un feulqui Yai-i mt : au contraire tous l'auroient

    voulu voir mort : & fa mort arriva,lors qu'il s'y attendoit le moins. Onen fit des rjoiiiflnces publiques

    ,hormis le Portier de la Ville,

    quipleuroit de tout fon coeur : & commeon luy en demanda la raifbn :ah!dit-il, je pleure, parce que ce mal-heureux,mchant comme il eft, tour-mentera les Diables, comme il nousa tourmentez

    ,& les Diables nele pouvant fouffrir, nous le rendront,

    & nous ferons auffi misrables qu'au-paravant. Voil le fujet de mespleurs.

    Sommona-Codom ayant cefs de'arler,

    les Talapoins le prirent deeur dire o toit alors Tverat

    ,&

    dans quel lieu il toit all renacre:&ilB v

  • 34 T># Royaume de Sidm.leur dit qu'il toic all renatredans le grand Enfer Averhi

    :mais

    ,luy dirent-ils,

    eft-ce qu'aprs avoirtant fouffert en cette vie, il eft enco-re all fouffrir en Enfer? oiiy, leur r-pondit Sommona-Codom, car vousdevez favoir que tous les pcheurs

    ,quels qu'ils foient,

    & de quelquecondition qu'ils puiilnt tre

    ,lbit

    Talapoins, foit laques,

    aprs tou-tes les fouffraaces de ce nionde-cy

    ,en aurontd'autres incomparablement,glus grandes & plus fcheufs.

    Fin de la Vie de Tevetat.On me donna cette Vie de Ttvetat ati

    moment que je partois fourmon retour; &je la reus fans avoir le temps d'y regar-der., J'ay trouv au bout, le commence*ment d'un autre Ouvrage

    ,fur lequel je

    n'ay pu interroger personne. Je donne ceque j'en ay.

    EXPLICATION DU PATIMCWC*eu du Texte du Vinac.

    VO i c Y quatre chofes, que l'ondoit faire avant que d'entrerdans l'explication du Patiinoii, -fe*

  • Du RoyAumede Siam. 35ton ce que Somrnona-Codom a n-fign i. Jl faut balayer la falle o.l'on s'aflmble,zs'. Il faut allumer leslampes ou les bougies, 3". L'on doitprparer de l'eau dans cs gargoulet-tes, ou dans d'autres vafs deftinez cela, pour ceux , qui auront foif.4^. L'on doit tendre des nattespour s'afloir, on des tapis. Aprsdonc que les difciples ont balaye, ilsle vont dire au Matre j qui leur r-pond qu'ils btit bienfait: puisilsluyi&nt qu'ils ont allum leslampesi& le Matre leur dit qu'il n'toit pasnceiire puifgue le Soleil luit, &qu'il fait grand jour.Enfuite les difci-ples luy difent qu'ils ont apport del'eau & tendu les nattes : bon , leurAit le;Mattfe, voil qui eftbien. Voi-l donc, difent les difciples auMatre,ces quatre choies que Sornmona-Co-dom aenfeignes & ordonnes avantque de commencer la lecture du Vi-nae. Oay, rpond le Matre. Le I>lfci-pe. Quelles font les quatre chofesqu'il faut encore faire aprs cellesdont nous venons de parler, & les-quelles Sommona-Codomaaufl pre-fcrites. ? ne tfoiai-ee pas celes-y",%?* QHand ii arrive quelques nau-

    vj

  • 16 DuRoydtime deSUm*veaux Talapoins aprs l'explicatorfcommence, s'ils font moindres en-nombre que les auditeurs, ils font o-bligez de dire qu'ils croyent & re-oivent de tout leur coeur ce que l'ona dj explique : que ii au contraireceux qui arrivent ibnt en plus grandnombre que les premiers, il faut re-commencer tout de nouveau ce quel'on a dj lu

    ,z. Il faut favoir &Cdire dans quelle faifbn de l'anne l'on

    eft, 3. conter le nombre des audi-teurs

    ,4. enfeigner. Commencezdonc, s'il vous plat, par la premirede ces quatre chofes.

    Fin du Fragment.

    LES PRINCIPALES MAXIMES,des Talapoins de Stam traduites

    du Siamois.

    N'E tuez point les hommes. Nonfeulement les Talapoins ne tuentpas*

    mais ils nefrappent jamais perfinne.Ne drobez point. [ chair.Ne commettezpointle pdi de laNe vous glorifiez pas dijnt que

    vous tes arriv la iinret. Touhomme qui n'efl pat Tulapoin, nefannip.

  • 7>u Royaume de Siam, yfdevenir fatnt, c'efi a. dire qu'ilm Jau-nit parvenir un certaindegrde mrite.

    Ne creufez point la terre. Cejl parrefpeB Pour cet lment.

    Ne faites mourir aucun arbre. IlUm efi dfendu d'en couper aucune bran~the.

    Ne tu'z aucun animal.Ne buvez aucune liqueur, qui en-

    u Royaume de Siaf.,

    Un Talapoin. qui mange du fraishors de la fifon de ce fruit, pche.Je fuis ferfuad que ces mets hors delafaifony* doivent entendre avant lafifbn j farce que ceft tuer la fememequi eji dans lefruit, faute de la laijfermrir.

    Un Talapoin qui mange d'une deces huit chairs

    ,ivoir d'homme

    ,d'lphant, de cheval, de ferpent,de tygre, de crocodile, de chien, oude chat;, pche.

    Un Talapoin qui va tous les joursdemander l'aumne un mme en-droit

    ,pche.

    Un Talapoin qui fait faire un ban-dge ou bafln d'or ou d'argent, poury recevoir les aumnes, pche. Ilsrevivent les aumnes dans un bandegede fer.

    Un>Talapoin quidort dans tin m>-me, lit avec fbs difciples, ou autresperibnnes que ce foit, pche.

    Un Talapoin qui met la main dansla marmite

    ,pche. C'est pour cette

    raifin que l'injure de culire pot efil ou qui

  • Da Royaume de Siam. #pilife de l'eau pour le cuire, pche.Servir au pch eft pch.

    Un Talapoin qui en mangeant febarbouille autour de la bouche com-me un petit enfant, pchc^

    Un Talapoin qui demande l'au-mne, & qui en prend plus qu'iln'enpeut manger en un jour, pche.

    Un Talapoin qui va faire fs n-eeftez en lieu dcouvert, pche.

    Un Talapoin qui prenddu bois, ouautre chofe pour faire du feu, en unlieu o quelque animal a coutume deprendre ion repos, pche. Il y a en-core dans VexprtJJion de ce prceptequelque chofe du gnie de la langue Sia-moife, car ce prcepte ne veut pas direque le Talapoin puijfe pour quelque rai-fin que ce /bit prendre du bois en unlieu

    ,o quelque animal a coutume de

    prendre fon repos, ny qu'il puijfe fairedu feu de quelque bois que ce puijfetre : mais le fins du prcepte ei, quec eft une doublefaute de faire du feu, drdeprendre du bois en un lieu, oit quelque*nimal a choifi fon gte.

    Ua Talapoin, qui allant demanderl'aumne touf, afin qu'on le voye,pche. Il pche tout de mme toutes Usfois qu'il touffe pour attirer les regards iiij

  • '56 Vu Royaume de Sidm.des autres> quandet ne feroit pas tn al-lant demander l'aumne.

    Un Talapoin qui allant dansf lesrues fe couvre la tte avec f pagne,ou met un chapeau

    ,comme font

    quelquefois les sculiers, pche, Les*JTalapoinsfe couvrent du foleil avec leurventail en forme d'cran

    qu'ils appel-lent Talapat.

    Un Talapoin qui te f pagne, afinque quelqu'un voye ion corps

    ,p-

    che.Un Talapoin qui va chanter, ouplutt rciter, chez un mort, pche,

    s'il ne fait rflexion fur la mort,fur ce que tout le monde doit mou-

    rir,

    fur l'infabiJit des chofes hu-maines

    ,fur la fragilit de la vie de

    l'homme. C'eft en partie la matire deleur chant auprs des corps morts.

    Un Talapoin qui en mangeant n'a-.pas les jambes croises, pche.; Engnral ils ne peuvent s'ajfeoir autrementen nulle occafton.

    Un Talapoin qui dort dans un lieu,o d'autres ont couch enfemble ypche.

    .Un Talapoin qui tant avec d'au-tres sculiers, & caufant avec euxtnd {es pies

    ,pche. La modestie

  • Du Royaume deSiam. 57'veut qu'ils croifent leurs jambes.

    MEMOIRE DES FRAISde Jufiice traduit du Siamois.

    QU A N D le Juge reoit la pre-mire requte

    ,pour ce 1. liv. s

    Le Juge,

    ou Tchdou Mtmng faitconter les lignes & les ratures

    ,

    8cfait mettre fon fceau la requte,pour ce 3.1.

    Le TchdoH"Me'ang envoy la re-qute examiner l'un des Confeil-lers

    ,tel qu'il luy plat, mais ordi-

    nairement au N des PartieSj& pourmontrer le logis des deux cautionsdes Parties 1.1.

    Pourceluy qui va fommerles deux;Parties de venir la Salle de Juftice.3. liv.Quand il faut dormir une nuit enchemin. 4.1.

    Pour avoir la libert de donnerchacun une caution

    ,pour le Juge

    i". livres pour le Greffier qui -crit. 3. livres c'eft l'acceptation descautions.

    Pour copier les raifons des deuxtparties pour prfenter auJuge, au

    C v

  • 58 Du Royaume de Siatn.Greffier 3. livres, au Juge 3.livres.

    Pour le Greffier qui va oir les t-moins. 3. livr. Et s'il y a un jour Seune nuit dechemin 4.1. En ce Pdis-laen va chercher les tmoins chez, eux pourvecezioir leur depojition

    ,& on ne dpu-

    .

    te a cela qu'un Greffier. La loy ne pref-crh ny recollement ny confrontation detmoins, quoy que les Juges ne laiffentpas quelquefois de confronter 1 au moinsl'accufateur avec l'accus. Les reprochescontre les tmoins n'y font pas auffi enufage

    y& fouvent l'accus ignore qui

    font les tmoins qui dpofent contre luy.Si les Parties font oiiir plufeurs t-

    moins,

    on prend pour chaque t-moin 1. L

    Pourcopier les diresou productions.

    des deux Parties, & les mettre en.tat d'tre prfntes au Juge pourjuger. 4.1. tant au Confiller qu'auGreffier.

    Pour le Gouverneur ou Juge pourftoiren la Salle de Juftice. j. 1.Quand il y a des Oc-Pr pour Se-cond ou Belat, & pour Confillers y chacun y. 1. aux Oc-Loang 3. LQuand le procs efl: jug, pour ec-luy qui le garde 3.1.

    Collation, ourepas ds Con&iUs3. I*

  • Du Royaumede Sity. 59Quand il eft #. & jug, de yoir ^

    oy du Pais,

    qu'ils appellent z-PfJJiajja rit di ea ajat caati

    > pour leonfeiller qui la, lit,. qu'ils appellentPengt 3. liv. Plus une toile blanched'environ ;quaFe aunes

    ,plus envi-

    ron inqiliiyfcsiipefan^ de ris>

    pluspn bougie i|e ;ire

    ;jajme, plus cinq

    bouches d'Arek, & ^de btel, plusune poule, plus deux pots d'Arak,plus des fleurs & une natte pourjrnejt^e^ ^us;r|es.liyre,s. ; Dequoy lesdeux Parties payent autant l'une qup

    DES MESURES,

    DES POIDS

  • (o Du Royaume de Siam.depuis le coude jusqu'aux bdts desdoits. ''' ''-''' !'
  • DuRoyaume de Siam. tmes, comme en France le mot de .-li-vre ne fignife pas une monnoye

    ,mais la valeur d'une livre pefant decuivre

    ,qui eft une fomme de vingt

    fols.Le pic vaut cinquante Cath.Le eau vaut vint teils.Le teil quatre ticalt.Le tical efune monnoye d'argent*

    & vaut quatre mayons,&c c'eft le poidsd'une demie once, raifon de quoyle cati pfe deux livres & demie.

    Le mayon eft une monnoye d'ar-gent, & vaut deux fo'uangs.

    Le foang eft aufl une monnoyed'argent, & vaut quatre payes.La paye n'eft pas une monnoye, &

    elle vaut deux clams. Mais la fing.paye., c'eft dire les deux payes fontune monnoye d'argent, qui vaut lamoiti d'un foang.

    Le clam aufl] n'eft pas une mon-noye, mais il eft cens pefer douzegrains de ris. Voil ce que l'on m'adit, & fur ce pi l le tical. peferoit768. grains de ris entier. Ce que jen'ay point prouv.

    Tous ces noms-l ne font pas Sia-mois

    ,mais vulgaires parmy les Eu-

    ropans qui fout Siam. Je ne fay de

  • i Pu Royaume de Slam.quelle langue cft k mot de pic. Il f*gnifie aux Echelles du Levant unetorte d'aune, dont les neuf en valentcinq de Paris : Siam c'eft le poidsde cent vingt-cinq livres de iizeonces.

    Le mot de cati elt Chinois, & s'ap-pellefchang en Siamois , mais le catiChinois vaut deux cats Siamois,

    Teil, ou comme d'autres criventtael, eft aufl un mot Chinois, qui fedit tamling en Siamois

    ,mais le cati

    Siamois ne vaut que huit taels Chi-nois, au lieu qu'il en vaut vint Sia^mois, comme j'ay dit.

    Tical & mayon font des mots dontj'ignore l'origine, & que les Siamoisappelknt baai Scjling. Foang, paye& clam font du langage Siamois.

    Quantau rapport de cette monnoye la ntre, le prendre vulgaire-ment, & fans cetteprcifionqui n'effcpasnceflire au commerce, ba&tou tical, quoy qu'il ne pfe qu'uademy cu, vaut nanmoins trente-fcpt fols & demy dentre monnoye, raifondequoy un CA vaut cinquan-te cus.

  • DuRoyaumede Slar. 6$

    LISTE D E S ME U BLE S?,Des Armes

    ,& des Habits des

    Siamois, & des parties deleurs Maijbns.

    Pffi,gros couperet qui leur tient ,.lieu de hache. commumC/W,cifeaudeMenuifer. *tou*''

    Le'ai, fie.JCob, rabot.Kabila, virebrequin.Qmpb

    y.une befche.

    Reiin, maifon.Sam} piliers de bambou, qui por- pt^P

    tent la maifon,quatreou fx en nom- du"5bre j plantez gales diftances fur mu-akdeux rangs : ils ont douze ou treizepies fur terre.

    Root, les deux bambous gifants oupofez en travers, comme des pou-tres fur les piliers, le long de la face ,& le long du derrire de la maifon.

    Ranecng, les autres bambous gifantsou couchez fur les piliers, deux outrois en nombre

    ,le long des deux

    cotez de la maifon, & fur les deux pi-liers du milieu, lors que la maifon eftaffife fur fix piliers.

  • ^ "Ou Royaume de SiatH.Preiidng, clayes fervant de parl*

    cher bas,

    ou de premier plancher.Fak

    ybtois plats & liez parallle-

    ment enfemble, pour mettre fur leplancher, au lieu de carreau, ou deparquetson en met aufl fur les clayesqui fervent de mur

    ,au lieu de lam-bris.

    Mefa, mre-muraille, ce font lesclayes ou la mnuiferie

    ,qui fervent

    de mur extrieur.Fk

    ,

    les clayes qui font les princi-pales cloifons.

    Loukf, fils de cloifons,

    c'eft di-te les moindres cloifons.

    P^k-toa, bouche de devant, c'eft dire la porte du logis. Pa\ veut direbouche.

    N-

    tangy

    garde-vifage ou fen-tre

    ,ce font des manires d'auvent

    que l'on haufl, & que l'on fotientavec un bton, & qu'on laifl re-tomber quand on veut fermer la fe-ntre. Il n'y a nulles vitres. N veutdire vifge, tang, garder.

    Ken, la claye qui fert de plancherd'enhaut, ou de plat-fond.

    Dang, les deux piliers de bamboupour porter le comble.h/i, le bambougifant ou couch

  • Du Royaume de Siam> 'f,forces deuxpiliers, pour faire le dosd'ne du comble.

    Cloon, les clayes du comble mifeSen pente des deux cotez de I'OK-K.

    JCiak,

    feuillages qui fervent dechaume.

    Kraboiang, les tuiles : mais lesmai-fbns des particuliers n'en ont pas

    ,f

    elles ne font de briques : auquel caselles appartiennent aux Europans ,aux Chinois, bu aux Mores.

    P, le comble.Hong, chambre.Gad, lechelle de l maifort.-Toi?g les deux bambous qui font

    les deux cotez de 1 chelle.Koengaddi, leschelons*Ss

    y natte de jonc.Tl-noriy\z place o l'on met la nt- Les Mea-ite pour fe coucher, quand on n'a blcspoint de bois de lit. Non veut diredormir. 77 veut dire lien.

    Tiang-nSn,

    un bois de lit fans que-nouilles ny doffier, mais avec quatreou fxpis, qui ne font pas joints pardes traverfes. Le fond de ce bois delit eft un treillis de gros jonc, com-me en ont ces chaifes, qui nous vien-nent d'Angleterre, 5c doxit les Art-

    ut.

  • '0 t>u jdume de SiaiH.glos nvoyent le bois aux Indes pour l'y faire garnir de jonc.Cri

    y unpareil bois de lit

    >mais fans

    pies. Tous ces bois de lit font forttroits, parce qu'ils ne fervent qu'une feule perfonne. IL n'y a, que lesgens du peuple, qui couchent en immme lit avec leurs femmes ; & ilsn'ont point de bois de lit. Parmy lesgens riches

    ,chacun a fon lit & f

    chambre part, mais en petit.Fouk-reng-nn, matelas

    ,ou pluttlit de capoc, efpce d'ouette au lieu de

    plume. Ils ne Ibnt point piquez, rogVeut dire dtjfous

    ,

    nony

    dormir.Pa-peu-r.on

    ,

    toile dedeflbus dor-mir

    ,ou drap de lit. Ils n'ont point de

    fcond drap de lit, qui foit autre quela couverture.

    Pa-hoHin-nn,-

    toile de defls dor-mir

    ,

    'f dire la couverture. Ceae font que de fimples toiles de co-ton*

    Mon, oreiller lin peu long,

    maislors mme qu'ils couchent enfemble;chacun a le fien, comme en Eipa-gne. Mon vent dire aufliun carreau s'appuyer, car ils nes'afTeyent ja-mais demis.

    Man-cati-t-nn, riefeau de devant

  • Du Royaume de Siam. &fle lieu dormir. Man vtxA dire ri-deau ou tapiflrie. Can Veut dire de-*vant. Ils mettent un rideau devantleur lit pour n'tre pas vus, parceque d'une chambre l'autre il n'y aspoint de porte qui ferme.

    Man-

    can-fak-rcun,

    tapiflrie detoile. Man rideau ou tapiflrie, ctndevant, faj^ les btons plats liez pa-ralllement pour irvir de lambris,rsuan veut dire maifbn.

    Prom, tapis de pi.Kiam

    ,c ef la mme cbofe.

    Tloum, tables rebord & fans pi,appeles autrement bandges, & par'

    nos Marchands platteaux. Quand ilsmangent enfemble, chacun a"fa ta-ble Siam, comme la Chine. Ilsn'ont ny nappe ny frviettes, maisle bois verni de leurs tables f net-toy fort aismentavec de l'eau chau-de

    : & ainfi ils f paflnt aismentde nappe.Jjfip, coffre,Hip

    ychtpokn, coffre du Japon.

    Hip-ltn, cabinet tiroiiers.Tady un plat de cuivre, ils y fer-

    rent d'ordinaire leur poifon.M-can

    ,pot mettre de l'eau ,tan veut dire pot, m veut dire mre.

    iil

  • %% Vu Royaume de Siam>Can-barn

    ,bouli de cuivre faire*

    bouillir de l'eau pour le Th, tiamVeut dire de l'eau.

    Can-nam-no petitcannm. C'eftungobelet arrondy par le bas & fanspatte.

    Kon thooy

    pot biberon.Kn thii, bouli de terre pour le

    th.Tiocnoy, petite tafl th.Tiocyai, tafl plus grande,Tabo-tong-lyin-nam

    ,culiere de Cui-

    vre pour boire de l'eau. Ils en ontau/fi de coco pour cet uige ; ils per-fent une taf de coco de part en part,& pouffent un bton dans les deuxtrous

    ,

    qui traverfe le coco & fert demanche. Tong veut dire galementde l'or & du cuivre jaune^Te^ d, orbon,Tong,leiang,or faux ou Uton.Kmveut dire galement manger & boire,flon qu'il fe dit d'unechofe folide ouliquide. Ainfi ls mots de prendre &d'avaller font communs en ntrelangue, aux aliments folides & aux li^quefs.

    Taoiiac,

    culiere pot. C'efl laplus grande injure qu'on puifle dire quelqu'un, comme fi on le taxoitd'tre afsez gourmand pour prendre

  • Bu Royaume de Siam. %y(de . propre main au pot, & ins atTtendre que le pot foit vuid dans leplat. Il n'y a que les efdaves quifaflfent les culires pot, ou qui lestouchent.

    Toiiai, aliettc,

    ou plat de porce*laine.

    Tcham, jatte de porcelaine met-tre du ris. Ils ufent beaucoup de por-celaine

    ,parce qu'il y en a de fort

    grojire &c trs-vil prix.T;an

    ,

    petite focoupe mettrefbus la tafle prendre du th..

    Moi -cou, poflon cuire le ris, maelpce de pot ou de poflon, caou,ris.

    Quion, cuiller. Ils, n'en ufnt quepourprendre des confitures, dont onfert toujours dans de petites, focou-pes de porcelaineavec le th.Ils n'ontpoint de fourchette, ny de falire. Ilsne fervent point de fel table.

    Mid, couteau, ils en ont chacunun petit pour fendre l'areK

    ,ils ne

    s?en fervent pas comme nous, en te-nant ce qu'ils veulent couper entrele pouce & le trenchant du couteau,mais ils mettent toujours le poucefur le dos du couteau, & ils en gui-dent ie trenhant avec l'index de 1^

  • y0 Du Roydutne de Sam.main droite qu'ils tiennent tendu.

    Mid cone, rafoier ou couteau rafr. Leurs rafoiiers font de cuivre,cone veut dire ralr.

    Tin quian, chandelier. Tin veut di-re pi, quian eft une bougie de cirejaune. Ils ne favent pas blanchir lacire, dont ils ont en abondance; &comme ils n'ontpoint de boucherie

    ,ils n'ont point de iiif, & le iliif fe-roit en ce Pas-l d'un mchant ufa-ge

    ,il fondroit trop caui du

    chaud..Fen

    ,une autre forte de couteau

    plus grand,

    qu'ils portent fur euxpour leur ufage, & qui pourroit leurrvir d'arme en cas de befoin.

    Mid-tok, forte de couteau tra-vailler le bois

    ,avec lequel ils atta-

    chent le feuillage qui leur fert dchaume.

    Krob, bote d'or ou d'argent poufl'areK & le btel. Le Roy les donne,mais ce n'eil qu' certains Officiersconsidrables. Elles font grols &couvertes, & fort lgres : ils lesont devant eux chez leur Roy, Sdans toutes les crmonies.Tiab

    ,autre bote pour le mme

    .

    pfage, mais jCans couvercle,

    & qui

  • Vu Royaume de Shttt. *fidemeure au logis. Ceft comme unigrand gobelet

    ,quelquefois de bois

    verni ; & plus la tige en eft haute,plus il efthonorable. Pour Fufage or-dinaire ils portent fur eux une bour-fe

    ,

    o ils mettent leur arejeSt leurbtel, leur petite tail de chaux roua-ge

    ,& leur petit couteau. Les Portu-

    gais appellent une bourf boffeta, 8ils ont donn ce nom aux Krob ,dont je viens de parler, & aprs eux-nous les avons appeliez boffetus.

    Ou ton, crachoir,

    dont ils ufnttous caufc du btel, qui les faitfort

    :cracher.

    . .Kek, balon ou batteau troit 8longpour un Officier feul.reu,balon pour une famille entire.Moung

    ,rnpfcadiere

    ,c'eft un ciel

    & un tour de lit de gaze,

    dont lesfeuls Talapoins fe fervent pour n'trepas incommodez des coufns, & ne mettre pas dans la nceffit d'entuer. Les sculiersn'ont point de cesmofeadieres, mais ils tuent les cou-fns fans 1erupulc.

    Kkoui, faureiiil. Il nfy a que leRoy, & les Talapoins,qui enayent,pour s afloir plus haut que les au-tres gens, Les Talapoins fe royen

    m

  • ji Du Royaume deShm.fort au defls des autres hommes.'

    Menamotit, pot de chambre. Lesfeuls Talapoins en ufent

    >parce

    qu'il leur eft dfendu d uriner ny fiirla terre,

    ny dans l'eau, ny dans lefeu.

    TVi Lom-fo\y bonnet de crmonie.jLes ha- Zom veut dire bonnet

    ,pok, veut

    dire haut. Il eft blanc d'ordinai-re

    ,mais la chafl & la guerre il

    eft rouge.Pa-noung, toile-autour. Ceft la pa-

    gne,

    qu'ils portent autour des reins& descuifls. Le Roy donne les plusfines, qu'on appelle Pafompae, & onn'enpeutporter de cette finefl 3 qu'ilne les donne.

    Seji-kaou

    la chemifede mouflline,qui eft leur vritable habit. Le motde feii veut dire aufli natte

    ,

    maisalors il a un autre accent, & les Sia^mois l'crivent avec d'autres ara&-res.

    Tchet-na, mouchoir. Les Seigneursle font porter par leurs enclaves, &ne s'enchargent qu'en entrant dansle Palais : mais ils n'oferoient fe mou-cher devant le Roy : la plupart fontfans mouchoir.

    :P(t-bttm,toilfdedeJfns. Ceft cette

    toile

  • Tau Royaume de Strn. f$toile',. qu'ils portent en manire demanteau contre le froid

    ,ou en -

    charpe fur les paules & autour desbras.Rat-fa-yih ceinture dans laquelle

    ils panent leur poignard. Ils la met-tent auffi comme une charpe fur lejufl-au-corps de guerre.

    Pa.fa.bai, charpe de femme.ir&/vefte mettre Cousl chemif de moufliine.r Seii hoam, juit-au-corps ou che-mif rouge pour la guerre

    ,& pour

    la cbafl.Mok

    >chapeau. Ils les aiment de

    routes couleurs, hauts, pointus, 8Cd'un doigt de bord.

    '

    Psun-nok-fap,

    mouiquet ou fuiil. Ar_y,\Peun veut dire canon. Peun y ca- "*non grand, pour dire le gros ca-non.

    To'm, lance la Siamoif.Stok, zagaye,ou lance la MoreC

    que, c'eft comme une lame de fbreau bout d un bton.

    Dab, fbre. Ils le font porter parun efclave, qui le tient par refped:fur l'paule droite, commenous por-tons le mouiquet fur la gauche.

    Krid, poignard que le Roy donneterne //. J>

  • 74 u Royaume de Stant.aux Mandarins, Us le portent pafs?dans une ceinture au ct gauche ,trais beaucoup fur le devant. LesEurpans l'appellent rift par cor^riiptioni

    JCautar, arc.

    Lo, rondafche,Na-mai, arbalefte, mal veut dire?

    bafton.Lan, dard

    ,c'eft un bambou fer-

    r,,

    Laotty dard de bambou durci au feu&ns tre ferr. Lkou crit d'une au-tre forte veut dire toute liqueur, cju$peut enyvrer..

    Mm-taboug, mafl d'armes,Mai-tou, bton s'appuyer.

    LES NOMS DES JOUR, S,Des Mois & des Annes

    des Siamois.

    . X TAn en Siamois veut dire jour*les jours, .y Les noms des jours font.

    : Vm Atbity jour du Soleil, ou Di-jnanche.Van Tchm jour de la Lune

    , omfcundy.

  • D Roytifnede Sum. fiVa Angkaan

    ,jour de Mars

    ,ouf

    Mardy.Van Pont, jour de Mercure 3 ou Mer-

    credy.Van Prahaat, jour de Jupiter, ou

    Jeudy.Van Sme, jour de Vnus j ou Ven-dredy.Van Saoft, jour de Saturne

    , ou Sa-jmedy.Les noms des Plantes font donc

    Achit,

    Tchan,

    AngKaan,

    &c. Ilcfl vray qu'ils ne nomment pas lesPlantes hors des noms des jours,fans leur donner le titre de Prd, le-quel, ainf que je Pay dit plufeursfois, marque une trs-grande excel-lence. Ainfi Pr/i Athit veut dire leSoleil, Prd Tchan veut dire la Lune

    ,Prd Prahaat veut dire Jupiter : maisle mot Prd s'crit avec un P. plusfort que celuy qui cft dans la premi-re fyllabe du mot Prahaat. Tous cesnoms au refte font de la Langue Ba-lie. Le Soleil s'appelle Tavan en Sia-mois

    ,& la LuneDon. Abraham Ro-

    ger dans fon Hiftoire des Moeurs desBramines nous a donn les noms desjours en Samfcortam, qui eft, dit-il,la Langue favarite des Bramines de/

  • y 6 pu Royaume de siam.Paliacate fur la Cpte de Cqromandel.Ils font pris auQ des Plantes. Su*,riavvoeram Dimanche

    ,Jendrawaram

    Lundy,

    Angaracavvaram Mardy,Buttavvaram Mercredy

    ,Brahafpiea-

    vvararn Jeudy,

    Succrawaram Venr;dredy

    ,Sennivvaram Samedy. Il eft

    vident que Vvaram veut dire jour,que Sstria eft le nom du Soleil, peut-tre avec quelque inflexion pourmar-quer le gnitif; & que Jendra elt lenom de la Lune peut tre aufti avecquelque inrlexio.n:)laquelle tant telalroit quelque rellemblance entrece mQt,& le bali TtvW. Quant aux au-tres noms, Angaraca tient allez 'An-gh^aan:Butta,(\u'i\h.\Xl prpiionerBout-ut, n'eft autre chofeque Pont : Prahatconvient avec le commencement deBrhafpita

    ,& fuccra & foii font un

    mme mot. Senni & Sott paroiflntplus loigns, & Sttria &c Athit n'ontrien de commun : mais ce que le m-me Auteur ajoute, eft remarquable,que le Dimanche eft appel Adi-tawaram dans la langue Vulgaire dePaliacate

    : car c'eft l que nous re-itrouvons le mot bali Athit.

    Les Chinois,

    flon le P. fyla.rtinidans fon, Jtf'jtoria Sinia

    ,p. }i. ue

  • IDu jt/dunie de SUto. yf

    Ifomment pas les jours pat ls Plainetes, mais par les foixantc noms,qu'ils donnent aux foixante annesde chaque Cycle : de forte que leur fe-maine, pour m'expliquer ainf, eftune rvolution de foixante jours.

    Les Siamois nomment les mois par i r.*. j Les Mou.leur ordre.

    Deiian,

    veut dire mois.Deiian ai, mois premier.Deiian Tgii, mois fcond.

    _

    Deiian Sam, mois troifime. .]Deiian f, moisquatrime.

    t Deiian haa, mois cinquime.Deiian bou\, mis fixime.Deiian k*t, mois ieptime.

    ...

    Deiian peet, mois huitime.Deiian cdou

    ,mois neuvime.

    Deiian fib, mois dixime.Deiianfib-&, mois onzimeDeiianfib-fong

    ,mois douzime.

    Le Peuple Siamois n'entend pas lesmots ai & Tgii, qui font les nomsles deux premiers mois ; mais il y aapparence que ce font deux vieuxmots numriques

    ,qui veulent dire

    un 8cdeux:c cela eil mme vident dmot Tgii parce que les Siamois difcntTgii-fib pourdire vint, ce qui eft mot mot deux-dix. Tous les autres noms

    D iij

  • III.

    *? pu Royaume de Fiant;de mois font encore en uige pour Sugnifier des nombres

    ,avec cette dif-jfrence que quand ils font mis de*

    yant le fbftantif ils lignifient de pursnombres, & que quand ils font misaprs, ils deviennent des noms quimarquent l'ordre. Ainfi fam Deuattveut dire trois mois, & Deion fam mois troifime.

    ni. Pii veut dire anne., Les douzei An. noms des annes font.**"' PU ma mia , Tanne de la petiteJument.

    PU ma mi

    Tanne de la grandfeJument..

    PU vok>

    Tanne du finge..PU Racaa

    3Tanne de la corneille*

    PU. Tchio, Tanne du Mouton.PU Cou/Me, Tanne du Cochon-PU ho'mt,Tanne duLapin.PU Tchlou, Tanne du Lzarda

    yjPUITan*Tannedes Poules.PU Thoy Tanne du Bouc.PU maRongy l'anne de la Canne

    -4e mer-.

    PU ma $ng > Tanne a grand Sers-jeotvALa plupart de ces noms font aufl

    de la langue Balic, Or comme les Sia-mois.iiervent. x C^cle de foixante

  • ilfes, is ewoktitmmkibixaintnoms, pour nommer les ibixante an-nes de Chaque Cycle ; Se pourtantles perfonnes, que j'ay pu confulter,ne m'en ont su donner que douze,qui fe rptent cinq fois en chaqueCycle, pour parvenir au nombre dibixante : mais je ne doute pointque ce ne foit avec quelques addi-tions qui en font les diffrences ,' &je croy en avoir trouv la preuve endeux dates de lettres Siamoifes

    ,quej'ay prifs avec foin fur les origi-

    naux, La premire effc telle, Dansie premier mois

    sle 'nc; jour depuis ta

    pleine Lme dans l'Ere iziy. l'anneTchlou ftpfoc. Et la fconde eft ainf.f->e huitime mois, * le premier jourdtt dconrs de la Lune de l'anne PiiThfapfecde l'Ere zip. Le mot d'E-re dans ces deux dates veut dire Am-plement anne, flon le langage Es-pagnol

    ,de forte que c'eft tout un dedire l'Ers vtz% &c de dire Tanne

    TchloiT ipfoc:

    de dire l'Ere 2151. &de dire l'anne pii tho fapfoc. D'ail-leurscomme le mot PU veut dire an-ne

    ,ils pouvoient mettre Tho- fa~jpfoc au lieu de Pii tho fapfoc,commc

    *& ont rois Tchlou Ipfoc,

    & nottD iiij.

  • |8 Vu. Royaume deSUm.pas Pii Tchlou fpfoc. r ces deux"annes qui font celles de itfSy. &16^87. de JESUS-CHRIST

    ,ne font pas

    Amplement nomms ou par Tchloit& Tho

    ,c'eft dire du Lez.ard & du

    J5cc : mais on a ajout aux mots deTchlou & de Tho le mot de Sapfocque je n'entens pas, & qui s'ajotoitaux noms de la douzaine d'annes

    ,qui couroit alors,

    pour la diftin*guer des quatre autres douzainesd'annes du mme Cycle.

    DES MOUONS ET DS,5Maries du Golphe de Siam.

    NO u s prouvons fur nos Mers ,que quoy que les vents y foientfort changeants, ils changent pour-

    tant avec cette rgie prefque infail-lible, de ne paflr du Nordau Midy,que par le Levant ; ny du Midy auNord, que par le Couchant ; ny duLevant au Couchant, que par le Mi-dy

    ,- ny du Couchantau Levant, quepar le Nord. De forte que le ventfait toujours ainfi le tour du Ciel,panant du Nord vers le Levant, &du Levant vers le Midy, & du Midy

  • Du jidume de Siami SiVers le Couchant, &

    >

    du Couchantvers le Nord, & prefque jamais en uftfens contraire, que les Pilotes appel-lent contre. Cependant dans la Zo-ne Tempre

    ,qui eft au Midy de la

    Ligne, lorfque nous Naviguions cesMers, qui lont au Levant de l'Affri-que

    ,nous avons ntre retour de

    Siam prouv que les vents alloienttoujours contre,' mais pour afsrerque cela doive tre toujours ainfi

    ,

    ilfaudroit plus d'une preuve. Qubyqu'il en foit le vent ne va point contre dans le Golphe de Siam, maisil n'y fait le tour du Ciel qu'en unan ; au lieu que fur nos Mers il le faiten un petit nombrede jours, & quel-quefois en un. jour. Lorfque dans lesIndes le vent fait" le tour du Ciel enun jour, il eft orageux : c'elt ce qu'on,appelle proprement un ouragan.:

    Dans les mois de Mars ,d'Avril,&de May le vent du Midy rgne Siam

    ,

    le Ciel s'y brouille, les pluyescommencent,- & font dj aiez fr-quentes en Avril. En Juin elles fontprefque continuelles, & les ventstournent au Couchant, ceft dretiennent du Couchant & du Midy.Lin juillet, Aouft & Septembre ks

    D v

  • $r &KoyMme de Siam.Vents font au Couchant on prefqueau Couchant, & toujours accompa-gnez de pluyesjles eaux inondant lesTerres la largeur de neuf ou dixlieues, & plus de cent cinquante:Jieu's au Nord du Golphe.

    Pendant toutce temps-l, & prin-cipalement vers la my

    -

    Juillet, lesMares font fi fortes, qu'elles mon-tent jufqu'au deis de Siam, &quel-quefois jufqu' Louvo ; & elles d-croifnt en vint-quatre heures aveccette mefre, que l'eau ne redevientdouce devant BancoK que pendantune heure,- quoy que Bancok foit fcpt lieues de l'embouchure de la Ri..viere tencore l'eau y eft-ellc tou-jours un peu faumaftre.

    En OAobre les vents tiennent duCouchant & du Nord, &lespluyesceflnt. En Novembre&en Dcenvtore les vents font Nord, ncttoyentle ciel, cfemblent abbatre fi fort laMer, qu'elle reoit en peu de jourstoutes les eaux.de l'inondation.Alorsls Mares- font fi peu fnfblcs, quejeau eft toujours douce deux ou;trois lieues dans la Rivire, & qu'certaines heures du jour

    ,elle Teifc

    mme, une lieue dans la- Rade. Mais

  • Du Royaume de Sam. 3,Cri tout temps il n'y a Siaisr, qu'onflux, & qu'un reflux en 24. heures.En Janvier les vents ont dj tournau Levant, & en Fvrier ils tiennentdu Levant & du Midy.

    C'eft une circonftance confdra-fele, que dans le tempsque les ventsfont au Couchant ou qu'ils tiennentdu Couchant, les courants du Golpheportent rapidement les VaineauX'finrla cte Orientale, qui eft celle deCamboya, & les empchent des'evelever ; & qmdans le temps qwe 1&vents font au Levant ,ou qu'ils tien-aenc duLevant, les courants portent'fer la cote Occidentale

    ,de forte

    qu'alors il faut craindre en Navi-guant de s'y affilier, comme difnetes Pilotes, c'eft dire de s'y abbat-tre. Or cela prouve, ce me femble,qjue les vents ont beaucoup de partaux mouvements de la- Mer, d'autantplus qu'on a prouv, que ces cou-rants ne font qu'en la partie fup--rieure des eaux, & qu'au deflous el--ls ont un courant tout contraire

    ,>parce que l'eau fuprieure tantcoa--tinuellement roulle fur*le rivage,s?n retourne par deflus vers le cted'o&ell eftyenu. De mme itfcm^

  • &4 D Royaume de Si4m.:

    ble que ce font les vents de Midy,qui pouflntle flux

    ,& le fotienneht

    pendant fix mois bien avant dans laRivire, & que ce font les vents deNord

    ,qui luy dfendent prefque

    Tentre de la Rivire pendant les llxautres mois.

    DESCRIPTION DES PRINCIPAUXFruits de Siam.

    L'Es figues d'Inde, que les Siamoisappellent Trompes-d'Elphant

    ,Clo'ey-ngoan-tchang,

    n'ont point du:tout le got de nos figues

    ,& flon

    moy elles n'en ont pas le mrite.Ainfi les melons de Siam ne font pasde vrais melons, mais le fruit d'un,arbre connu dans les Iiies de l'Am-rique fous le nom de Papayer. Jen'ay point mang de ce fruitl. Maispour revenir la figue, elle eft de lagrandeur & de la figure d'un cerve-Jat. Sa peau verte, qui devient jaune& tachete de noir dans fa maturit,fe spare aisment de fa chair molle& pteui ; & c'eil ce qui luy a faitdonner le nom de figue : mais dansle milieu de fa chair il n'y a point de

  • Qa RofAtmederSid^ $$Vuide,ny de ces pepin
  • S& fa Royaumede $hm

    lettres,

    & la Balie trente-trois,mais ce font toutes confbnnes. Quant

    aux voyles&aux diphtongues, dontil y a un grand nombre dans Tune &l'autre langue,

    elles ont la vritdes caractres particuliers,

    dont onfait d'autres alphabets: mais de ces

    caractres quelques-uns fe placenttoujours devant la confonne

    ,quel-

    ques-autres toujours aprs, d'autresdcffis

    ,d'autres deflus

    : & nan-moins toutes Ces voyles & toutesces diphtongues ainfi diversement fi-tues l'gard del confonne,ne fdoivent prononcer qu'aprs elle.

    ,-Que fi dans la prononciation laiyllabe commence par une voyle ,ou par une diphtongue

    ,ou fi elle

    neft qu'une pure yoyl, ou une pt*

  • "Du HLfaumedeStar. $fdans les deux alphabets Siamois 86Bali. Dans le Siamois il a la figure dentre o , & il vaut en effet un o, lorsqu'il fe doit prononcer

    ,& n'tre pas

    confonne muette,

    c'efl dire lorsqu'il efl prcd d'une confonne, oudeluy-rrirne. Dans l'alphabethBalice dernier caractre vaut ang, quandil n'eft pas confonne muette ; mais fafigure n'a nul rapport pas une denos lettres. Ainfi la premire lettrede l'Alphabeth Hbreu qui eft VA-Itfh, frt de confonne muette

    ,par

    rapport laquelle on place les pointsqui font les ' voyles j & il y a appa-rence que l'Aleph s'eft: prononc au-trefois

    ,comme l'Alpha des Grecs,

    qui a pris fon nom de YAleph.Les prononciations Siamoifes nous

    font trs-difficiles imiter : & ellesrpondent fi mal la plupart ds n-tres

    ,que de dix mots Siamois crits

    en caractres Franois, & lus par unFranois, il n'y en aura peut-trepas un, qui foit reconnu & entendupar un Siamois naturel

    ,quelque

    loin qu'on prenne d'accommoderntre orthographe leur prononcia-tion.

    Is ont l'r. que les Chinois rj'on

  • 94 E* ZojaUme de Stant.pas. Ils ont ntre v confonne, maisils le prononcent fouvent comme leW. des hauts Allemans, & quelque-fois comme le w. des Anglois. Ils ontauffi le ^ des Allemans

    ,que nous

    n'avons point : car les Allemans pro-noncent Engel-, par exemple

    ,d'une

    manire que nous attrapons difficilenient, & qui n'eft qu'un g. prononcjdevant l'e & \'i, comme devant Va,piais fort mollement & beaucoup dunez.

    Ils ont une prononciation moyen-ne entre nos deux prononciations dejo & de ;,& de lvient que les Euro-pens difent tantt camboja, & tan-tt camboya, parce qu'ils ne laventprononcer jufte la Siamoife ces for-ces de mots.

    Il en eft de mme du mot Kik quiveut dire, coeur. L'on ne fait s'ils di-jfent plutt JCia que ciai prononc l'Italienne, parce qu'en effet ils nedifent exaement ny l'un ny l'autre,mais quelque chofe qui tient de l'un& de l'autre.

    Us ont ntre afpiration qu'ils pro-noncent pourtant plus doucement, 8quand ils en mettent le caractreRvant un.conibflfte(ce que hlm-

  • Eu Royaume de SUtfK 9fgue Franoife ne ibiifre jamais )M$fne le font que pour affoiblir la prornonciation de la confbne,- & en g?lierai ils parlentf mollement,..qu?oitne fait fuvent s'ils prononcent unpt, ou un#. tioci^Tchip.

    .ils .n'ont'point nptrc a voyelle queJes Chinois ont, mais ils pnt ntre jel que.nous le, pronononsdans nosmonofyllabes et, ,Ip, me^que j/r, /e-j-mais cet ne fbaffre point d'lifonen leur langue, comme en; la ntr^l'ofe mgm dire qu'ils n'ont pointd'autre e que celuy-l ? non pas mVme dans ls cris des Pagayeurs, 'ho,ke, he, qu'ils prononcent

    ,comme

    nptus prononcerions ho ,htu, heu ; ny.dans les fyllabes qui inifntpar uneconlbnne, commeclle-^cy, pet, quiveut dire diamant brut, & qu'ils.pro-floncentpltpt^e*, quept. fIls ontUn a extrmement brefqu?ils;crivent par deux points, ainfi, : ,& qu'ils prononcent nettement la

    fin des mots, comme en ce motBaly, Prd

    ,qu'ils donnent tout'ce

    qu'ils honorent le plus : mais quandcet 4 fe trouve aumilieu d'un mot,il paf fi vte qu'on ne le difbern||>as,. & qu'il, revient ntre f niwe4

  • 96 3u "Royaume de Slam.>e l vient que le mot Pa*yaqu?on itraduit par celuy de Prince, & doncle premier a s'crit par deux points

    , prononce Pe-yk, ou Pia, quoy quedans les Relatiqns on le trouve critPej & Puj, par la confufon de Vemuet avec Vu 8c de 1 je avec Vj con-fonne. Cet a marqu par deux pointsne,,fouffre point d'autre lettre aprsJuy dan une mme fyllabe.idCft une choie fort fingulire quedans les fyllabes qui finifentparnecpnlbnnej ils n'achvent pas de laprononcer ntre manire : masleur

    ,

    langue demeure attache ou aupalais, ou aux dents, flon la natu-re de la conbnne ; ou bien leurs l-vres demeurent fermes : & c'eft ain-fi qu'ils terminent ces fortes de pro*nonciations, je veux dire fans red-tacher la langue, & fans rouvrir leslvres. Ils ne fauroient mme pro-noncerune alpirate la fin d'une fyl-labe

    ,ft-elle au milieud'un mot. Ils

    prononcent Petpaytong. quoy qu'ilscrivent Petchpayutong. Ils appellentle Convent du Palais vat Jt farapettquoy qu'ils crivent farapetch. Ainfquand ils voulaient dire m oeuf ilsgifoient m tank i mais ils ne imi-yrojen

  • Du Royautote de sUnt. $7vroient pas les lvrespour achever ntre manire la prononciation duh. Par la mme raifon ils prononce-ront une n pour une r & pour une/. la fin d'un mot, parce qu' la findes mots ils ne dtachent pas la lan-gue du palais, comme il l'en fautdtacher dans la prononciation deIV. ou de 17 : car dans celle de 17.la langue ne tient point au palaispar les cotez. Lis criront Tahar, &/I4ar, Se ils diront Tahan & Ma??.

    .Ils ont beaucoup d'accent commeles Chinois : ils chantent prefque enparlant; & l'Alphabeth Siamois com-mence par fix caractres differens,qui ne valent tous qu'un K. plus onmoins fort, & diversement accen-tu. Carquoy que dans la pronon-ciation les accents foient naturelle-ment fur les voyles

    ,ils en mar-

    quent nanmoins quelques-uns envariant les conformes, qui d'ailleursfont d'une mme valeur. D'o il effcpeut-trepermis de conjecturer qu'ilsont crit au commencement fansvoyles'

    ,comme les Hbreux

    ,&

    qu'enfin ils les ont marques par destraits trangers leur Alphabeth

    ,&

    qui pour la plupart fc ^hT>taorsTerne II. /f/: %\

    ')'

  • 98 Va Royaumede Shm.du rang des kttres,commees pointf,que les Hbreux rcents ont ajout kleur anciennemanire d'crire. Qui-conque donc a appris donner lvray accent aux fx premierscaract-res de l'Alphabeth Siamois, pronon-ce aisment les autres; parce qu'ilsC>nt tous rangez avec cet artiiiee

    ,que dans leur prononciation il fautrepter peu prs les mmes accents.Ils lifnt l'Alphabeth Baly de mme

    ,finon qu'ils ne luy donnent que cinqaccents, qu'ils rptent'cjnq fois dansles vingt-cinq premires lettres

    ,les

    huit dernires n'ayant point d'accent.Et autant que je puis juger du Hancrit, par 1 Alphbeth, que le P. KirrKer nous en a donn dans Ion Chinaillnfirata

    ,cette langue, qui eft la

    langue favante des Etats du Mogol,a cinq accents Comme la langueBa-lte : car les caractres de fon Alph-beth font diviiez de cinq en cinq.

    Ditpremier Alphbeth Siamois.

    LE premier Alphbeth eft ds con-f'nnes qui io'nt trente

    -

    fept ennombre, & que j'ay mifes dans leurrdre naturel avec leur valeur au

  • Urou JUphabetri Siamou..* Ko Khh Kho Kfib KkooKhoo-riyocho chp^cho 4 ohooy>o I c/o o tho tho

    t. p 2> & & 99 t2r^p &> f> 97 fT?? 9> KCLOIC JCam. Kct-.

    f9X> 97? 9ZKeiu, Ka^i: Kou. ">"- &"- &sgy ^ JCoiy, Kc*&

    3.

  • cf&conUe planche- tlo. SL .-pa-qr. a g,

    Kta-, Ketxi JCeit-cL. Koiicu / KoLier JCe \- K&; c=^5 c% =% Q^/

  • >Jroiiem& pLxnche^Jom,s. .paa, pg-

    Ko. Ka.a~ Ki^ Ku^ Kou Ko\ JeQ. ifD' a^ m en ^ys art etn

    ^^s^Ka-t ^/jCo Kctu. Karr/ K.'u75 !/ o~j 0 4e Nornj riLtmer-auzc SLCL/TLOIS.

    I. -2. 3- -f- } 6- y- t- J io- il-Nencjf. Jorvj. Sam. Sii. ITM-CL.

    KouK. JCe.t. peet. Ca-ou.. Jih.Szb-et, >'a'

    ^SLO 30 Rfjk

    rtib-tfong Jaii^Sil?.

  • Du Royaume de Shm. 99-eS} exprime par nos cara&i-res, autant qu'il ma t poffblc;Ce double trait ( \ j ) qui s'y trou-ve iix fois j eft pour marquer les en-droits o ils s arrtent en difnt leurAlphabeth par coeur : car c'eft uneefpce de chant. Ils difent d'abordfept lettres, & puis les autres de iixen frx.

    Le tiret qui eft entre les nomsde deux lettres

    ,marque qu'ils pro-

    noncent fort vite la lettre qui pr-cde le tiret, & qu'elle fait unambe avec la lettre fuivante

    ,lors

    qu'ils difent leur Alphabeth parcoeur.

    J'ay mis des accents aigus ou gra-ves fur ]a valeur de certains cara-irts, pour marquer qu'en ceux lles Siamois hauflnt, ou baillent litvoix. L'aigu marque l'lvation dela voix, &: le grave en marque l'abillement

    ,mais Pabailment n'elfc

    pas gal l'lvation. O ils l-vent la voix

    ,

    c'eft de plus d'unequarte, & prcfque d'une quinte , &o ils l'abaiicnt, ce neft de gureplus d'un demy-ton.

    O j'ay mis une h aprs le K, c'eltpour marquer que le K. fe doit pro-

    E i;

  • ioo Du Royaume d $iam.noncer avec une afpiration l'Alle-mande

    ,& non auffi Amplement que

    noftre c. dur ; &o j'ay mis deux pp.c'eil pour marquer un p. plus dur quele ntre.

    Le Ngo fe prononce devant toutesles voyelles

    ,comme ntre g. de-

    vant l'a, o8cl'n; avec cette diffc,rence qu'il fe prononce beaucoupplus nonchalamment & tout faitdu nez

    ,ce qui luy donne quelque

    chofe de \'n au commencement de laprononciation. A la fin des mots il feprononce fans dtacher la langue ditpalais : on dira Tong, & non Ton-.

    Les trois premires lettres de la f-conde diviiion fe prononcent entrele qmo & le cio des Italiens,

    ,

    Le fo fe prononce la Caftillaneen grailiant.

    Le do qui effc la troifime divi-fion fe prononce comme un to la,fin des mots,, S ils n'ont point d'au-tre to final.

    Ils ont un double yo, l'un la f-conde diviiion & l'antre la cinqui-me ; ils les prononcent entre ntre

    yo &c ntre jo,

    & il n'y a entre cesdeux lettres d'autre diffrence,

    fnon

  • pu Royaume de Staffl. tque le dernier yo qui eft celuy de lacinquime divifion eft le vritable yofinal : ils le mettent aprs les voyel-les pour faire des diphtongues

    ,quoy

    qu'ils ne laiflntpas d'y mettre quel-quefois l'autre, mais par ignorance :car cette ortographe jti eft pas dansleur Alphabet, o font toutes leursDiphtongues. Or ces yo font pour-tant cernez des confbnnes

    ,comme

    IV eft cens confonne enAlleman Seen Efpagnol dans ces diphtongues taie, io

    ,

    tu,avec lefquelles une voyel-le qui les prcde dans les Vers,ne econfond point, mais fait fa fyllabe part. Et nanmoins quoy que les Sia-mois mettent les jvo parmy les con^Tonnes, ils fentent fi bienqu ellesTon-nent comme des voyles, qu'en cri-vant les mots y qui commencent parun yo dans la prononciation, ils pla-cent la tte un o muet} comme ilsfont la tte des mots, qui commen-cent par une voyle : cela n'en: pasrgulier, mais ils font incapables detoutes ces petites attentions.

    Le No qui eft la dernire lettre dela troifime divifion ne fe prononcpas la fin des mots comme ntre n.mais comme l' des Gafcons & des

    E iij

  • ioz Vu Royaume de S'tant.Espagnols. Je l'ay crit par une mfimple, en crivant les mots Siamoispar nos caractres; & quelquefois,pour viter des rencontres ridicules,que ces mots faifoient avec des motsde ntre langue, j'y ay ajout un efminin

    , quoy que cela foit mal, crtce que les Siamois n'en prononcent,point, puis qu'ils ne dtachent pasla langue du palais en prononantleur la fin des mots.

    Le Vb & prononce indifFermrnenccomme ntre^confonne, ou com-me le w. des hauts Allemans, qui eftnn b. prononc mollement,, 8c iansachever de fermer les lvres, ou en-fin comme l'w des Anglois, c'eft dire commenotre e dans le mot oiii..Le PoSt met auffi aprs ds voyellespour former certaines diphtongues

    ,auquel cas ili prononce comme n-tre ou*

    Les trois fp de la dernire divifiorront l'accent tant foit peu-plus aigu?l'un que l'autre

    ,

    la. voix montant pardegrez julqu'au dernier.Le ho fc met quelquefois devant

    les, conibnnes pour en adoucir la;prononciation.

    LlO eil,.

    une con&nne muette

  • "U Royaume de Siafit. 103Comme j'ay dit qui jfcft placer le*voyelles

    ,comme VAleph fert pa-

    cef les points des Hcbreux,

    lorsque la fyllabe commence par unevoyelle

    ,ou qu'elle n'eft qu'une

    Voyelle : mais io devient voyle,& le prononce comme ntre quand

    il eft prcd d'une autre conlonneou de luy-mtme.

    Dttfceotjd Alfhabtth Sictmo.LE fcond Alphabeth Siamois

    eft celuy des voyelles places l'gard du premier Jto

    ,comme

    on les place l'gard de toute au*tre confonne

    ,& l'gard de l'a

    muet..J'ay mis fiir chique voyelle f va-leur exprime par nos cara&res*l'accent aigu marque que la voyelle

    eft brve & d'un ton lev, l'ac*cent circonflexe marque que lvoyeli eft longue & d'un ton bas.Et la diffrence de ces deux toneft d'un peu plus d'une tierce ma-jeure.

    LV, & l' tiennent toujours unpeude ntre tu , quoy que la prononcia-tion de l' {bit beaucoup plus ouverte;E iii;;

  • O4 DuRoyaume deStant.que celle de IV, & qu'elle tiennemoins de ntre eu.

    Eu, OH & ai font des prononcia-tions {impies} quoy que nous les cri-vions chacune par deux lettres.

    A eft une diphtongue & non unefimple voyelle

    ,& le prononce com-

    me dans ntre exclamation de plain-te

    ,ai.

    Aou eft suffi une diphtongue qui fedoitprononcer commet en Italien& en Efpagnol ; mais l'orthographeSiamoif en eft tout--fait bizarre :car elle vaut ea.

    Am eftfune fyllabe 8c non pas uneVoyelle. L'a y eft marque nettementaprs le I&,& ce petit o qui eft pardefls

    ,marque Ym finale. Ils ont

    mis Vm finale parmy les voyelles.,parce qu'ils l'ont marque au deflsds confonnes la manire desvoyelles : ils placent auff quelque-fois la fin des fyllabes & des motsVm qui eft dans leur Alphabeth desconfonnes.-;Le dernier a qui { marque pardeux points eft un a fort bref, quine fouffre point d'autre lettre aprsluy dans une mme fyllabe, & quine fe,prononce gure qu' la fin des

  • "Du oyaUmde SirH. iojrinots : car au milieu il fe perd fou-tent

    ,& devient ntre e muet ,tel que le premier t de puret : c'efl

    pourquoy en plufieurs mots Siamoisjr'ay obmis esta

    ,

    & quelquefois jel'ay erit par un e. Ainfi j'ay misfoebat pour Joccabat, B-lat ou /?/

  • Xo6 Du Royaumede SUm.L'm finale marque par un petit #

    fe met toujours fur la confonne,

    &i prononce fans redtacher les l-Trs.

    Va bref & aigu marqu par deuxpoints fe met toujours aprs la con-fbnne,& ne foufFre nulle lettre aprsluy dans la mme fyllabe.Toutes ces voyelles ainf difpo-

    ses,

    tantt dells,

    tantt deflbus,tantt devant, tantt aprs la con-jfonne, fe prononcent toujours aprselle

    ,comme je l'ay dj dit. Cela

    feroit un embarras pour nous, quandla fyllable commence par une mute& une liquide

    ,comme celle

    -

    cyprt, dont ils arrangeroient les let-tres de cette manire prt, de forteque nous ne faurions s'il faudroitdire prt ou pcrt : mais ils pronon-cent toujours la liquide devant lavoyelle, difnt prt, & non pen.Ils ne fauroient mme prononcerfert, mais petit ; ils diront auffi peutpour pelt, & ils arrangeront ainuleslettres

    ,lept ou rept ou mpt. L'e fe

    prononant toujours aprs la confon-ne, qui le fuit dans l'criture, ne kmlaifl aucun doute dans cette ortho-graphe.

  • >ti Roj/Aumede siam- -1?)titroifime Alphabeth Siamois*

    CE T Alphabeth eft des diphtoii-gues> dont la plupart font bien

    orthographies & aises lire ; maisdont quelques

    -

    unes fe prononcentd'une manire aiss diffrente deleur orthographe; On remarqueradans celles l que les voyelles s'yprononcent flon leur arrangement,celles qui prcdent la confonne fcprononant les premires

    ,quoy

    quelles fe prononcent pourtant au-prs la confonne* Par o il parotque voulant placer certaines voyel-les devant l confonne

    ,ils ont

    choif celles,

    qui dans la pronon-ciation des diphtongues fe pronon-cent les premires. Il y a al danscet Alphabeth quelques fyllabes

    ,qui ne font pas des dipthongues*

    )'m quatrime Alphabeth Siamois,quejen'ay pasfaitgraver*

    CET Alphabeth eft des fylla-.bes qui commencent, & quifiniflent par des confonnes ; & il ap-prend deux chofes, JU premire **TomeJl. vj

  • Io8 tfu Royaume de Siam.ce font deux voyelles, un a & un, qwi ne doivent jamais ny com-mencer la fyllable ny la finir, maisitrs toujours entre deux confort-nes. Elles ont un accent particu-lier. Ua fe marque par un accentaigu '

    ,fouvent fort allong

    ,8e

    toujours plac fur Ja premire con-fonne de la fyllable ; & lV fe mar-que par un double accent aigu ' 'qu'ils mettent auffi fur la premireconfonnede la fyllabe. Quand dansU prononciation la fyllabe ne finitpas par une confonne, ils mettentIV muet la place de la fconde con-fonne, comme on le pe>.vc voir dansJa fyllabe K "o dans l'Alphabcrhdes Diphtongues Siamoifes r ilss'en difpenfnt nanmoins quelques-fois aprs- l'accent ''

    ,qui mar-

    que Va., niais jamais aprs lesdeux accents ", qui marquent IV.Quelquefois auf au lieu du dou-ble accent, qui marque IV ils met-tent un petit fur la premireconfonne

    ,& quelquefois ils- ne

    -mettent rien,

    & toutes les foisque deux conformes font im fyl-kbe

    ,ccffc IV qu'il y faut focts-

    catcudre. La. fconde cJbofe que cet

  • "Du Royaume de Siam. 105*Xphabeth apprend, ce >nt les cou-ronnes finales : lavoir le premierk>,\&ngo^s.
  • no Du RoyaumedeSiani.ne font pas aujourd'huyde valeur du>frente des cinq, qui les prcdentimmdiatement t mais peut-tre celatoit-il autrement, lors que cette lan*gue toit vivante.

    Vfs Chiffres Siamoisi

    JE n'ay rien dire des chifiesSia-mois

    ,fnon qu'un habile homme

    m'a dit qu'ils reflmblent ceux, qu'ila trouvez dans quelques mdaillesArabes de quatrecinq cent ans d'an-ciennet.Voicy les Noms Siamois desPuiflnces du nombre dix.

    .

    Nee, qu'ils prononcent Noai veutdire nombre.Sib, qu'ils prononcent^

    ,veut di*

    re dix,& dixaine*

    Rt, qu'ils prononcent Rie t veutdire cent, & centaine*Pan, mille.ie'ing, dix-mille*Seen, ou sen, cent-mille

    >ou ceri*

    taint'de mille* Abraham Roger, pag*104. Des Moeurs des Bramines

    ,dit

    qu' Paliacate Lac veut dire cent*mille, 8c Bernier dit Leque, dans faRelation des Gentils de t'indoujian,pag. ui,

  • Vu Royaumede S'tam. 1tiCot, million. Abraham Roger Vent

    droitcit, dit quaPaliacate, Coii vautdix millions.

    Lan j dixmillions*Les nombres fe mettent devant lefubftantif, comme en ntre langue :mais ces mmes nombres fe mettentaprs le fubftahtif pour lignifier lesnoms d'ordre. Ainfi Sam dt'an veutdire trois mois

    ,& De'uanfam Ietroi-

    fime mois

    Des Pronoms de U premireperfonnt.

    COu,

    ca,

    rdou,

    tamapapp, c*Tchdo

    ,C-ppa tchott, atatiou,,font huit manires de dire je

    ,ou

    nom : car il n'y a point de diffrencedu pluriel au fingulier.Co eft du Matre parlant fon en-

    clave.Ca eft un terme refpe&ueux de l'in>

    frieur au fuprieur,

    & par civilitentre gaux : les Talapoins ne s'enfervent jamais caufe qu'il* fe cfo-yent au defls des autres hommes.

    Raotiymarque quelque fuperiorit

    ou dignit, comme quand nous d-fons, Nous tel, dans les aes-,Moub veut dire proprement, corps

  • in VtiRoyaume de Si/im.c'eir. comme fi l'on ffoir ma csifjtpour dire moy x il n'y aque les Tafaspoins qui s'en fervent quelquefois.

    jitAmpafp,dkun. terme baliaffeftplus qu'aucun autre aux Talapoins.

    C Tchkou j eft compos de c, quiveut dire mey. > & de Tchaou qui veutdire Seignt*rr comme quidifoit moy-du-Seigneur

    ,ou moy qui appar-

    tiens vous Monfeigneur, c'eft- di-re, qui fuis vtre efclave. Les efcla-ves en aient envers leurs Matres, lemenu peuple envers les Grands, tout le monde en parlant aux Tala-poins*

    C-ppa-Tcboeoua encore qeqwe'chof-fe de plus ibmis.AianeH eft un mot bali introduit

    depuis trois ouquatre ans dans la kn-*ge Siamife, pour pouvoir parle?de foy avec une entire indiffrence*c'eft dire &ns hauteur & jEans fij-Jniilon..

    Des Prtwomt de /# fceondt # d* Utraifiemt pfrfoniif.

    TE, Tai Eng, Man , Otcham ,fervent galement ld fconde

    & k la troiiime gerfonne.s pour les

  • Du Royaume de Siant. it$nombres fingulier & pluriel : maisibuvent on fe fert du nom ou de laqualit de la perfbnne qui l'onparle,

    Te eft un terme tres-honorable

    mais on ne s'en fert gure que pourla troifimc perfbnne

    ,ou pour les

    Talapoins en la fconde perfonne,

    c'eft dire en parlant eux.Tan, eft un termede civilit.entre

    perfonnes gales. Les Franois l'onttraduitpar le mot de Monfieur;

    Eng une perfonne bafl.Man avec mpris.Otchdou une perfonne baffequ'on

    ne connoc pas.

    Des Particules qui tiennent lieu deconjugaijofts.

    LE temps prfent eft fans particu-le. Par exemple pen veut dire tre,& rdeu pen veut dire, je fuis

    ,eng

    pen, tu es,& /'/ eft Et derechef rdoH

    pen veut dire, nous

    femmes. Tan umg-Id pen

    >fous tes. Kon Tang-l pen.

    Ils font. Tang-ld veut dire tous, oubeaucoup, & c'eft la marque du pluriel,Kon veut dire gents, comme quidirent les gents font, pour dire en,

  • 114 &a RofAttme de Siam.gnral ils font, ou l'on efl.

    L'imparfait fc dit mot mot, tace temps moytr , ou temps ce tftquand ce moy tre ', pour dire fitois it/ieii nan rko pen. Mona VCut diretemps, OU quand

    ,nan veutdire c;. Le

    J>als fmarque cardai, ou par lion,& quelquefois par tous l'es deux. Maisdai fe met toujours devant le verbef& leu aprs : aifflfi dai pen , Ou rodd fen j'ay t , ou bien rdou penlou, ou bien encore Rdou dd penJou.Ddyfeut dire trouver, Iott veutdire fin.-.

    Le plus que parfait f compfe desparticules de l'imparfait, & du pafs*Ainf pour dire, quand vous vntesj avois dj- mangeras dirons, moiktan ma r rdott da fan fanrred Lou ,e'effe dire mot mot, temps, oueptandvous venirvffoy dj&maflgeracheter. Ma veut dire &

  • Du Royaume de Siam. iijprcde toujours le verbe.

    Hd marque l'impratif, & f mecdevant le verbe. Tem le marqueau/& fe met toujours la fin del phraferha h*, mangs, ou bien, kjn teut,ou bien ha ktfl teut. Hai veut direproprement donner, & on s'en 1reaum pour dire, Afin.

    Reu effc la marque de l'interroge-?tion. kin lion re a-t-il mang ? ouavs vous mang ? Lou, commenous avons dit

    ,

    cil la marque duafs,

    ru fe met.toujours la fin detphrafe.

    Pour dire;> mangerois, ils difent,/* vaudray manger

    ,tcha era kjn.

    Tcha eftlamarque du futur ,crdveutdire vouloir

    ,& ainfi tchoe erai veuc

    dire j je voudray , & Rin veut direManger.

    Pour dire fi f itois k Siamy je feraiteontent, ils difosnt mot mot

    ,fi

    tnoy tre ville Siam, moy coeur bon beau-coup. Coeur bon veut dire content, 6CH verbe, jeferais j eft ibus-entendu..

    De la ConfiruBkn.

    Ils ont des pronoms dmonft'ratifs^& point de relatifs. Ils ont des prV

  • II6 Du Royaume de Siaf.polirions & des adverbes

    ,ou ait

    moins des noms pris en ce fens l.Le nominatif prcde toujours le

    verbe, & le verbe prcde les autresrgimes.

    L