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  • PARTICIPATION ET CAUSALITE SELON SAINT THOMAS DAQUIN

    de Cornelio Fabro

    Note de lecture et saute dhumeur

    1- UN VRAI FILS DE THOMAS ................................................................................................................. 2

    2- LESSE INTENSIF, UN TRAIT DE GENIE ............................................................................................. 2

    3- PRISONNIER DE MAUVAISES INFLUENCES ......................................................................................... 4

    - Un cadre de dichotomies dsastreux .......................................................................................... 5

    - Une mcomprhension dAristote .............................................................................................. 7

    - Une thse centrale de la mtaphysique de saint Thomas ? ....................................................... 7

    - Thomas, un no-platonicien ? ..................................................................................................... 8

    - Les concepts fondamentaux de la mtaphysique no-scolastique........................................... 10

    - Une quantit desse ? ................................................................................................................ 13

    4- TRADUIRE ESSE ............................................................................................................................. 14

    - quivoque en franais ............................................................................................................... 14

    - Esse est un verbe ....................................................................................................................... 15

    - Esse, vivere, intelligere .............................................................................................................. 18

    5- LE CHEMIN DE CROIX DE FABRO ...................................................................................................... 20

    - Forma dat esse .......................................................................................................................... 22

    - Participation .............................................................................................................................. 25

    - La causalit quivoque .............................................................................................................. 26

    6- CONCLUSION .................................................................................................................................... 31

  • Note de lecture et saute dhumeur

    Grand Portail Thomas dAquin 2 www.thomas-d-aquin.com

    1- Un vrai fils de Thomas

    La qute de la Mtaphysique de lacte dtre passe invitablement par Cornelio Fabro. La

    Bibliothque de la Revue Thomiste, avec le concours des ditions Parole et Silence, a eu la bonne

    ide de rditer son matre ouvrage : Participation et causalit selon Saint Thomas dAquin1.

    Je mattendais, comme dans mes explorations prcdentes chez Gilson, Mercier et autres,

    dcouvrir un auteur didactique, plus dialecticien et historien que philosophe, pour qui les ptitions

    de principe psent peu devant la faconde des dissertations. Mais au contraire, je dois reconnatre

    que nous avons devant les yeux un exercice de philosophie de trs grande classe, sans comparaison

    avec les prcits. Tout le mal que jen pourrai dire par la suite, cause de mon temprament

    atrabilaire, doit tre mesur laune de ce jugement premier. Il y a longtemps que je navais lu un

    ouvrage de philosophie dune telle longueur, largeur et profondeur. En gnral, lorsquun critique

    commence comme je viens de la faire, cest trs mauvais signe pour la suite, qui promet dtre une

    mise mort en bonne et due forme. Mais l, il nen est rien, jai rellement prouv du plaisir lire

    Fabro. galement reu une grande dmonstration de pratique philosophique.

    Lauteur nous apprend, en effet, comment utiliser Thomas, pleines tirades et non avec de petites

    citations de fortune, en suivant sa cadence et non en vadrouillant droite et gauche, et dans le

    contexte de lintention premire, indpendamment de nos propres vises. Il nous montre comment

    traiter des lieux parallles, qui se confortent mutuellement sans jamais se superposer. Il nous fait

    dcouvrir la complexit de la pense de Thomas dAquin, qui nest pourtant nulle part ni

    contradictoire ni redondante ; toujours tendue vers lunit. Lire Fabro est une extraordinaire leon de

    lecture de Thomas. Au-del dune parfaite connaissance de son uvre, on sent chez lui une

    admiration, une affection ; oui, un amour filial de celui qui reprsente ses yeux le seul matre, du

    moins lchelle simplement humaine.

    Ce seul bnfice mrite largement douvrir son livre. Une bonne recension devrait dailleurs sen

    tenir l, car, aller plus loin dans la prsentation devient trs difficile, sauf rcrire louvrage en

    entier, tant la lettre de Fabro est de celles qui ne se rsument pas sans perte. Par ailleurs, la

    progression de sa pense nest pas linaire, et il est presque impossible de tirer un fil conducteur.

    Mme la table des matires nest daucun secours. Se dgage au cours de la lecture, le sentiment

    dune rflexion volutive et sinueuse. Ce livre ne fut sans doute pas crit dune traite, mais tout au

    long dune priode de sa vie intellectuelle. Fabro est un dfricheur, qui se fraye un chemin dans la

    jungle de la pense, au hasard des opportunits douvertures et de passages. Souvent, il revient sur

    ses pas, parfois il se contredit quelques pages de distance. Mais cela est sans consquences graves,

    tant quil reste tendu vers les intuitions de fond qui constituent la valeur et la personnalit du livre.

    Certainement, cela ne contribue pas peu lintrt de luvre ; elle est comme le droul dune vie

    intellectuelle leffort.

    Pour ces raisons et dautres dont nous parlerons par la suite, nous ne pourrons pas en faire une

    prsentation squentielle chapitre aprs chapitre.

    2- Lesse intensif, un trait de gnie

    Fabro est le pre de lesse intensif. Pourtant, le terme ne se trouve nulle part chez Thomas, encore

    moins sa justification2. Damble, le sens nen est pas ais. Fabro consacre presquentirement

    1 Participation et causalit selon S. Thomas dAquin, Ed. Parole et Silence, Coll. Bibliothque de la Revue thomiste , 2015. Reprint de ldition franaise de 1961. 2 Tout de mme, Fabro nhsite pas crire, page 253, note 18 : Cette terminologie desse intensif se rencontre explicitement chez saint Thomas dans la discussion sur linfini ; cf. de Veritate, q. 29, a. 3 : Si enim

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    lesse, les trois cents premires pages de son livre. Il brasse les perspectives historiques, de

    Parmnide Heidegger, sans hsiter soutenir une querelle sur ce quon pourrait appeler un oubli

    de lesse propre lcole. Une de ses grandes proccupations fut de montrer que la notion desse

    thomiste chappe totalement la mortelle critique heideggrienne dontothologisme. Il eut

    galement cur de manifester jy reviendrai pour protester combien la mtaphysique de

    Thomas dAquin mtamorphose et mme subvertit de fond en comble celle dAristote, jusque dans

    le sens des mots.

    Il me semble avoir mieux compris ce quil entendait par tre intensif en voquant pour moi-mme

    des notions comme effort intensif, lumire, couleur ou got intense. Un rouge est intense

    lorsquil est plus rouge que les autres, au point mme dblouir la vue par son rayonnement. Tous les

    autres rouges paraissent plus ou moins fades en comparaison, proportion du mlange avec une

    autre couleur, du blanc ou du noir. Plus le rouge se purifie de ce qui nest pas rouge en lui, plus il

    sintensifie et sapproche du rouge intensif par soi qui serait le rouge pur, sans aucun mlange de

    non-rouge. Le rouge le plus intense qui soit est donc la cause de la rougeur de ce qui sen approche

    plus ou moins, et ce quil y a de non-rouge dans lobjet est la cause du fait quil sen loigne.

    Comme dit saint Thomas : esse simpliciter et absolute dictum, de solo divino esse intelligitur. Unde

    quantum creatura accedit ad Deum, tantum habet de esse; quantum vero ab eo recedit, tantum

    habet de non esse 3. Plus son esse saffadit, en quelque sorte, comme notre rouge. Ainsi, lesse de

    Dieu, qui est pur esse, sans mlange, est lesse par soi dont la gloire blouit toute intelligence cre

    dune intensit insupportable. Comme lil ne supporte pas sans dommage la vue de lacier port au

    rouge incandescent.

    Lesse intensif est donc lexact symtrique de lesse commune. Les spare toute la distance entre la

    causalit universelle intensivement concentre en un seul tre et la prdication universelle,

    extensivement dissmine parmi tous les tres. Autant le dernier est pauvre en signification pour

    pouvoir sadapter indiffremment nimporte quel tre, autant le premier runit en lui la ralit de

    tous les esse dgrads des cratures, et plus encore, et dans lunit et la simplicit parfaites. Le

    terme desse, pris en ce sens, ne peut donc convenir qu un seul tre, parfait et simple. Lesse absolu

    est intensment tout ce que les autres esse dgrads sont pour partie :

    La dialectique double dcrite plus haut, montre comment les perfections

    transcendantales esse, vivere et intelligere, concident dans