Décryptage R&D FAURECIA - Innovation REVIEW · L a consommation énergétique apparaît comme...

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N°90 I DÉCEMBRE 2015 l INNOVATION REVIEW l 37 l INNOVATION REVIEW l l INNOVATION REVIEW l Décryptage R&D FAURECIA Présenté pour la première fois au Salon de Francfort, en septembre, l’habitacle d’Intuition de Faurecia. HS COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE HS COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE

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Page 1: Décryptage R&D FAURECIA - Innovation REVIEW · L a consommation énergétique apparaît comme l’axe principal de la R&D de l’équipementier français. Une des dernières innovations

N°90 I D ÉC EMBRE 2015 l I N NOVAT ION RE V I E W l 37l I N NOVAT ION RE V I E W l l I N NOVAT ION RE V I E W l

Décryptage R&D

FAURECIAPrésenté pour la première fois au Salon de Francfort, en septembre, l’habitacle d’Intuition de Faurecia.

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La consommation énergétique apparaît comme l’axe principal de la R&D de l’équipementier français. Une des dernières innovations de Faurecia, présentée au Salon de Francfort en septembre, concerne

justement la récupération de l’énergie. Un véhicule utilise traditionnellement un tiers de son carburant pour avancer et un tiers pour le circuit de refroidissement ; le dernier tiers part dans la ligne d’échappement. Faurecia a ainsi travaillé à la mise au point d’un système EHPG (Exhaust Heat Power Generation), basé sur le cycle de Rankine, pour récupérer une partie de cette énergie. La chaleur émise par le moteur est récupérée afi n de chauffer un liquide, qui actionne ensuite une turbine. L’énergie créée vient alors soit alimenter la batterie en électricité pour une voiture hybride, soit le moteur en force mécanique pour un camion. « Le système peut apporter entre 2 et 3 chevaux au moteur. Cela peut paraître minime, mais sur un cycle de 10 chevaux, ce n’est pas négligeable. Le gain est plus important encore sur un camion, avec un apport de 13 à 20 chevaux », explique Christophe Aufrère, vice-président en charge de la stratégie technologique de l’équipementier français Faurecia. Cette avancée technologique ne doit pas faire oublier la poursuite des travaux dans des secteurs sur lesquels les constructeurs font peser depuis longtemps leurs efforts de R&D. Le premier d’entre eux concerne le poids des véhicules. « En réduisant simplement la masse du véhicule, on pourrait atteindre les objectifs en termes de réduction d’émissions de CO2 », affi rme Christophe Aufrère. Faurecia est consciente de son rôle à jouer sur ce secteur, puisque la société fournit en moyenne 300 kilos d’équipements par véhicule. Elle poursuit ainsi depuis trois ans son objectif de réduire de 100 kilos le poids de ses équipements. « Une réduction de 100 kilos correspond à une baisse de 10 grammes de CO2 par kilomètre », précise Christohpe Aufrère. Longtemps arme secrète pour remplacer l’acier, les composites de fi bre carbone ne sont désormais plus seuls pour permettre de réduire le poids des équipements. Les nouveaux alliages, par exemple à base de bore, d’aluminium ou de magnésium, sont des alternatives étudiées par Faurecia.

Mais la grande innovation concerne les matériaux biosourcés. L’équipementier a ainsi créé son matériau maison, Nafi Lean, qui combine des fi bres de chanvre et une résine polypropylène. Affi chant de bonnes propriétés mécaniques, il permet de réduire de 20 à 25 % la masse des pièces. Reste que ce type de matériau ne peut remplacer encore que des pièces semi-structurelles.La question de la motorisation va également devoir évoluer, alors que les nouveaux tests de conduite en situation réelle

imposés par l’Union européenne pour mesurer les émissions des véhicules vont se durcir après le scandale Volkswagen. Actuellement de 1 à 5, le rapport entre les émissions de NOx des véhicules diesel lors des tests et en conduite en conditions réelles va devoir se réduire. Ainsi, Faurecia s’attend que son système SCR de réduction des émissions de NOx, grâce à l’injection d’ammoniac dans la ligne d’échappement, se généralise. Pour l’instant la technologie est disponible chez PSA sous la marque Blue HDI, et permet de réduire jusqu’à 90 % les émissions de NOx, et de 4 % les émissions de CO

2.

❚ LA VOITURE AUTONOME POUSSE FAURECIA À INNOVERL’autre grand défi que s’est lancé Faurecia, c’est de rendre la voiture plus confortable. Dégagé des contraintes de la conduite, le

conducteur dispose de plus de temps libre dans sa voiture. « Il peut ainsi vouloir travailler, manger ou jouer dans son véhicule lorsqu’il n’est pas au volant. Il faut que nous nous adaptions à ces nouveaux usages. » C’est pourquoi l’équipementier a fait porter ses recherches sur l’esthétique et le confort des nouveaux véhicules, afi n de proposer une voiture à l’esthétique plus personnalisée. L’ensemble des dernières innovations du groupe concernant l’habitacle sont réunies au sein du démonstrateur Intuition. Présenté pour la première fois au Salon de Francfort en septembre, l’habitacle d’Intuition offre la possibilité de recharger son téléphone en le plaçant simplement dans les portières ou la boîte à gants. L’écran de nos smartphones peut également s’affi cher sur l’écran de bord grâce à la technologie Mirror Link. Le démonstrateur affi che enfi n une esthétique apaisante, voire « zen », en mariant notamment les matériaux : on retrouve du bois, de l’aluminium, et, plus

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Décryptage R&D

Faurecia L’innovation à grande vitesse

La mobilité durable est plus que jamais au cœur de la politique d’innovation de Faurecia. La lutte contre la pollution dans le secteur du transport sera d’autant plus contraignante que le scandale Volkswagen devrait durcir les tests d’homologation. Plus vert, le véhicule sera également plus autonome, développant de nouvelles attentes des conducteurs. Faurecia veut également répondre à ces derniers qui, bientôt, exigeront de pouvoir mener de nouvelles activités depuis l’intérieur de leur voiture. TEXTE : FLORENT DETROY. PHOTOS : FAURECIA.

Système EHPG (Exhaust Heat Power Generation), basé sur le cycle de Rankine, pour récupérer une partie de cette énergie.

Christophe Aufrère,vice-présidenten charge de la stratégie technologique de l’équipementier français Faurecia.

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étonnant, de l’ardoise dans l’habitacle. Le démonstrateur est également le réceptacle de technologies plus innovantes. Faurecia a fait disparaître tous les boutons de l’habitacle pour les rendre plus intuitifs. Ils ont été remplacés par des boutons capacitifs qui vibrent et envoient un signal lumineux pour confi rmer l’action. De même, la technologie Black Panel permet de fusionner complètement l’écran de contrôle dans la planche de bord afi n de créer un effet « panneau noir ». Si l’habitacle du démonstrateur Intuition préfi gure l’habitacle de demain, Faurecia a également soigné l’esthétique extérieure. Présenté également lors du Salon de Francfort, le démonstrateur Urban Liftgate est ainsi doté d’un troisième feu à l’arrière, pratiquement invisible. La carrosserie est également recouverte d’un spray imitation métal qui permet d’alléger le véhicule. Enfi n, le hayon est automatisé, ce qui permet de gagner de la place. Si Faurecia accompagne plus que participe au développement de la voiture autonome, le groupe a toutefois développé plusieurs innovations grâce à l’essor

des capteurs. Ainsi, la société a mis au point le siège Active Wellness, qui permet de suivre le rythme cardiaque et la respiration du conducteur grâce à une batterie de capteurs piézo-électriques. A partir de ces données, le véhicule peut actionner un discret massage relaxant, ou au contraire produire un massage « énergisant » en cas d’endormissement. « Nous n’avons pas voulu nous arrêter à la simple mesure, nous avons voulu traiter le problème, apporter une thérapie », explique Christophe Aufrère. A l’avenir, Faurecia veut s’attaquer à un autre problème lié à l’essor de la voiture autonome, le mal des transports. « Le conducteur peut vouloir profi ter de son temps libre pour lire ou jouer aux cartes dans la voiture. Nous devons trouver une solution pour les personnes qui risquent de souffrir du mal des transports. » Il reste que l’acceptabilité de la voiture autonome reste un défi pour les équipementiers comme Faurecia. Le groupe est conscient que les constructeurs ne peuvent pas proposer des véhicules couverts de nouvelles technologies, au risque de noyer les acheteurs sous les nouvelles fonctions. C’est pourquoi le groupe préfère d’abord travailler sur les

nouveaux usages. « Notre travail, aujourd’hui, c’est d’utiliser la production de nouvelles données sonores et visuelles disponibles en fonction des nouveaux usages. Un thème

important concerne les interfaces homme-machine. Par exemple, nous devons permettre au conducteur de reprendre le contrôle de son véhicule en quelques secondes. » C’est pour développer ce type d’usage que Faurecia a signé en novembre dernier deux partenariats avec l’université de Stanford et l’université du Michigan. Le groupe a également pu expérimenter ses technologies sur le Mcity, un circuit spécialement conçu pour tester les voitures autonomes.A l’avenir, Faurecia veut continuer à rester au cœur de l’innovation en étoffant son réseau start-up. Pour ce faire, le groupe compte sur son réseau de think tanks présents en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. « Ce réseau travaille sur les “megatrends“, explique Christophe Aufrère, et nous permet de repérer les technologies les plus intéressantes pour nous.

Cette veille technologique nous a par exemple permis de repérer les technologies de capteurs de rythme cardiaque développées à l’origine pour le secteur médical. Nous l’avons adapté à l’automobile. Notre but est de constituer un réseau de start-up mondial. »

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Décryptage R&D

La personnalisation de l’habitacle a franchi un nouveau cap avec la technologie Cover Carving. Elle permet de personnaliser les sièges des véhicules tout en réduisant les coûts liés à la différenciation de petits volumes. Jusque-là, l’habillement et la personnalisation des sièges étaient réalisés vers la fi n du programme, sur des sièges déjà développés. « Cette personnalisation exigeait la création de nouveaux patrons et de nouveaux tissus pour chaque nouveau motif ou chaque nouvelles texture », explique Nicolas Michot, directeur R&D, confort et garnissage. Faurecia développe alors une technologie qui permet de sculpter les coiffes de sièges en utilisant une fi ne couche de mousse polyuréthane. La coiffe est insérée dans un moule pour lui donner la

forme choisie. Elle permet ainsi d’apporter des motifs variés en plus petites séries, comme des couleurs différentes ou des formes 3D. Surtout, la technologie représente d’importantes économies en termes de coûts et de temps.La technologie permet d’abord d’accélérer le temps de développement d’une nouvelle coiffe, qui passe de 18 mois en moyenne à moins d’un an. Elle rend également plus abordable les technologies de différenciation, puisque la même couche de polyuréthane est sculptée à loisir selon l’esthétique de la gamme. Les temps d’assemblage et d’installation des sièges sont également réduits considérablement, alors que les techniques antérieures de gainage demandaient un effort

physique particulier. Ces améliorations constituent une baisse considérable du coût des sièges. Ainsi, les coûts d’outillages liés à la production de coiffes sont réduits de 80 %. Cette technologie permet également d’alléger le véhicule, puisque les sièges conçus selon le Cover Carving pèsent près de 1,8 kilo de moins que les sièges traditionnels. En prime, ces coiffes affi chent une plus grande résistance, avec une résistance à 900 000 cycles, contre 300 000 pour celles en tissu. Si cette technologie répond aux besoins des constructeurs d’accélérer et de centraliser l’installation des sièges sans quitter la plateforme de construction, elle répond également au souci de différenciation du consommateur. « Désormais, même les

clients des modèles d’entrée

de gamme recherchent

la différenciation. Cette

technologie va permettre

de différencier l’esthétique

de toutes les gammes de

voiture. Grâce à elle, même

l’arrière des dossiers de

sièges avant, d’habitude

tristes, peuvent être traités

de manière design et

esthétique », ajoute Nicolas

Michot. C’est également

sur l’habitabilité que les

consommateurs vont

constater la différence. « Les

sièges traditionnels avaient

l’habitude d’être creux à

l’intérieur, parce que le tissu

tendu laissaient des espaces

avec les armatures. Avec

le Cover Carving, la coque

arrière en polyuréthane

s’intègre à l’armature du

siège. Le gain de place peut

allé jusqu’à 3 centimètres. »

COVER CARVING, LA GENÈSE D’UNE TECHNOLOGIE

Le siège Active Wellness permet de suivre le rythme cardiaque et la respiration du conducteur. A partir de ces données, le véhicule peut actionner un massage relaxant, ou « énergisant » en cas d’endormissement.

Le siège Active Wellness.

Le démonstrateur Urban Liftgate.

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