Déchiffrer la pierre de Rosette...2016/06/19  · CR « Déchiffrer la pierre de Rosette » - 24 h...

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CR « Déchiffrer la pierre de Rosette » - 24 h avec… CHAMPOLLION - Louvre, le 18 juin 2016 JKD 1. http://www.louvre.fr/progtems/24h-avec-champollion/agenda Quelques notes prises lors de la conférence… En préambule, Dominique Farout nous dit se trouver devant « une tâche très rude », car il va en 45 min, nous faire revivre 300 ans d’Histoire en remontant à la Renaissance. Le challenge : chercher un monument bilingue pour faire renaître une écriture disparue depuis des siècles. Le conférencier précise que c’est une aventure unique dans l’Histoire de l’humanité, car personne, avant les hommes dont il va nous parler, n’a pensé faire une chose semblable. Il faut donc remonter à la révolution intellectuelle qu’a été la Renaissance pour comprendre comment et pour- quoi, les hiéroglyphes ont été déchiffrés. Une caractéristique de la Renaissance c’est le goût de l’antique et pour retrouver l’antique, des fouilles sont faites à Rome. À défaut de découvrir un monument bilingue, on trouve des obélisques couverts de hiéroglyphes. 1373, découverte de l’obélisque du Panthéon au nom de Ramsès 2. 1414, on découvre dans un monastère allemand, la traduction grecque d’Hermapion, d’inscriptions hiérogly- phiques recouvrant un obélisque de Rome. Avant Champollion, il est impossible de savoir duquel il s’agit. Déchiffrer la pierre de Rosette Conférence de Dominique Farout, égyptologue, professeur à l’École du Louvre. Le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion constitue l’aboutissement d’une quête trépidante qui a commencé à l’époque des grandes découvertes de la Re- naissance. Les différentes étapes de cette aventure ont été franchies par des personnages passionnants comme Athanasius Kircher ou Jean-Jacques Barthélemy, l’inspirateur méconnu des déchiffreurs de la pierre de Rosette. http://www.louvre.fr/dechiffrer-la-pierre-de-rosette?evenement=123172 Champollion au Louvre par Mazan © DR

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  • CR « Déchiffrer la pierre de Rosette » - 24 h avec… CHAMPOLLION - Louvre, le 18 juin 2016 JKD 1.

    http://www.louvre.fr/progtems/24h-avec-champollion/agenda

    Quelques notes prises lors de la conférence…

    En préambule, Dominique Farout nous dit se trouver devant « une tâche très rude », car il va en 45 min, nous

    faire revivre 300 ans d’Histoire en remontant à la Renaissance.

    Le challenge : chercher un monument bilingue pour faire renaître une écriture disparue depuis des siècles.

    Le conférencier précise que c’est une aventure unique dans l’Histoire de l’humanité, car personne, avant les

    hommes dont il va nous parler, n’a pensé faire une chose semblable.

    Il faut donc remonter à la révolution intellectuelle qu’a été la Renaissance pour comprendre comment et pour-

    quoi, les hiéroglyphes ont été déchiffrés.

    Une caractéristique de la Renaissance c’est le goût de l’antique et pour retrouver l’antique, des fouilles sont

    faites à Rome. À défaut de découvrir un monument bilingue, on trouve des obélisques couverts de hiéroglyphes.

    1373, découverte de l’obélisque du Panthéon au nom de Ramsès 2.

    1414, on découvre dans un monastère allemand, la traduction grecque d’Hermapion, d’inscriptions hiérogly-

    phiques recouvrant un obélisque de Rome. Avant Champollion, il est impossible de savoir duquel il

    s’agit.

    Déchiffrer la pierre de Rosette

    Conférence de Dominique Farout, égyptologue, professeur à

    l’École du Louvre.

    Le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion

    constitue l’aboutissement d’une quête trépidante qui a

    commencé à l’époque des grandes découvertes de la Re-

    naissance.

    Les différentes étapes de cette aventure ont été franchies

    par des personnages passionnants comme Athanasius

    Kircher ou Jean-Jacques Barthélemy, l’inspirateur

    méconnu des déchiffreurs de la pierre de Rosette.

    http://www.louvre.fr/dechiffrer-la-pierre-de-rosette?evenement=123172

    Champollion au Louvre par Mazan © DR

    http://www.louvre.fr/progtems/24h-avec-champollion/agendahttp://www.louvre.fr/dechiffrer-la-pierre-de-rosette?evenement=123172

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    1419, un exemplaire du traité d’Horapollon « Hierogliphica » est acquis dans une île grecque (publication à

    Venise en 1505).

    HORAPOLLON est connu au 5e s. de notre ère. La redécouverte de son ouvrage provoque alors un engouement pour les hiéroglyphes mais D. Farout nous apprend que « son contenu est une ca-

    tastrophe pour l’histoire du déchiffrement ». En effet, Horapollon décrit les hiéroglyphes mais n’ex-

    plique pas l’écriture hiéroglyphique ; il s’intéresse seulement à la symbolique religieuse des images de

    son époque mais, il ne maîtrise pas tout… Les hommes de la Renaissance, eux non plus, ne dominent

    aucune des connaissances nécessaires, à savoir : lire les hiéroglyphes ptolémaïques, connaître les dieux

    d’Égypte et leurs mythes à l’époque gréco-romaine… Et le traducteur grec d’Horapollon, Philippe,

    ajoute grandement à la confusion…

    http://cura.free.fr/2005/511orus.html

    1526, cinq grammaires et deux lexiques copto-arabes sont rapportés d’Orient.

    Rappel du conférencier : « Le Copte est une langue parlée par les Chrétiens en Égypte, jusqu’au début du

    15e s ». Elle disparaît comme langue d’usage avec le nettoyage ethnique des Mamelouks (90 % des

    Coptes sont massacrés). Toutefois, le Copte a continué d’exister comme langue liturgique (un peu

    comme le Latin en Europe) ; ce n’était plus une langue vivante mais pas une langue morte. « Heureu-sement pour Champollion et les Coptes » D. Farout.

    L’arrivée en Europe de ces ouvrages fondamentaux a permis la suite de l’histoire… En effet, NOUS, nous

    savons que le Copte est la langue des anciens Égyptiens mais eux ne le savaient pas encore et à la Renais-

    sance, on ne le savait pas non plus.

    Les années suivantes, on découvre encore des monuments couverts de hiéroglyphes, à Rome. On trans-

    porte et on érige : http://www.turismoroma.it/wp-content/uploads/2013/08/OBELISCHI-francese.pdf

    - l’obélisque de la Villa Celimontana au nom de Ramsès 2 - l’obélisque du Pincio - l’obélisque du Latran au nom de Touthmosis 3 - l’obélisque de la Trinité des Monts - l’obélisque de la Piazza del Popolo ou obélisque Flaminio aux noms de Séthi 1er et son fils Ramsès 2 - l’obélisque de Montecitorio au nom de Psammétique 2 - l’obélisque de la Piazza della Minerva au nom d’Apriès (éléphant) :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ob%C3%A9lisque_de_la_piazza_della_Minerva#/media/File:Obelix_Place_de_la_Minerve.jpg

    - l’obélisque de la Piazza Navona au nom de Domitien …

    http://cura.free.fr/2005/511orus.htmlhttp://www.turismoroma.it/wp-content/uploads/2013/08/OBELISCHI-francese.pdfhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Ob%C3%A9lisque_de_la_piazza_della_Minerva#/media/File:Obelix_Place_de_la_Minerve.jpg

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    À la Renaissance, chaque Prince employait un mathématicien pour ‘chiffrer’ son courrier ; cela avait pour but de

    le rendre incompréhensible aux non destinataires, grâce à un code. Ce même mathématicien déchiffrait le cour-

    rier des autres Princes en invalidant le code dont il était doté. Ce sont donc les mathématiciens de l’époque qui

    s’intéressèrent aux hiéroglyphes en appliquant les méthodes utilisées pour les courriers secrets. « Voilà d’où vient le mot ‘déchiffrer’ » nous indique le conférencier.

    À cette période, on n’avait pas connaissance de la relation langue-écriture ; on n’avait pas imaginé que les hié-

    roglyphes représentaient une langue, avec une grammaire spécifique à comprendre, avant de déterminer la va-

    leur des signes ; on pensait que ces signes étaient tous symboliques.

    « Les hiéroglyphes n’ont rien à voir avec un code secret, mais on ne peut pas reprocher à des hommes de la Renaissance

    de penser de cette manière » D. Farout.

    À la Renaissance, on découvre de nouveaux mondes ; les relations commerciales et politiques se développent

    avec l’Extrême Orient. On étudie des langues qui sont transcrites par des écritures qui n’ont rien de commun

    avec les nôtres. Tout cela va être favorable au déchiffrement car on s’interroge sur la nature des langues et des

    écritures, et leur relation.

    Aux 16e et 17

    e s., on est persuadé que « les hiéroglyphes constituent une écriture philosophale qui parle au cœur

    du philosophe ou de l’alchimiste sans avoir besoin d’être prononcée » citation faite par le conférencier. D. Farout précise que le mot ‘alchimiste’ est un mot arabe venant de l’ancien égyptien ‘kémi’ et ‘kémi’ en égyptien veut

    dire ‘égyptien’.

    1re

    étape au 17e s. Athanasius KIRCHER (1601-1680)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanasius_Kircher

    C’est un jésuite allemand.

    Il est normal qu’il s’intéresse aux hiéroglyphes « car c’est peut-être l’homme,

    de tous les temps, qui a parlé le plus de langues… » D. Farout. Mais, il croit que

    les hiéroglyphes sont une écriture secrète.

    D. Farout : « On ne peut pas lui reprocher d’avoir été un homme du 17e s. car il a

    le mérite d’avoir fait avancer les prémisses de l’égyptologie. C’est lui, l’arrière-

    grand-père de Champollion ».

    Grâce à lui, on a des copies de vrais monuments égyptiens. Pour la pre-

    mière fois on a des dessins qui permettent de reconnaître quelque chose.

    Autre point important, c’est Kircher qui a traduit les dictionnaires copto-

    arabes en dictionnaires copto-arabo-latins. Il est le premier à penser que les

    Anciens Égyptiens parlaient Copte, donc que la langue des pharaons était

    le Copte. Mais il ne pouvait pas présager que les hiéroglyphes étaient l’é-

    criture normale pour restituer cette langue copte.

    Kircher va comparer les hiéroglyphes avec tout ce qu’il va pouvoir : les peintures mexicaines, l’écriture chi-

    noise… Il pensait que le Chinois dérivait des hiéroglyphes.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanasius_Kircher

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    Le grand tournant au 18e s. William WARBURTON (1698-1779)

    C’est un prêtre anglican.

    En 1744, en France, il doit son succès à la tra-

    duction publiée par Léonard des Malpeines d'u-

    ne partie d’un livre édité en 1742.

    Ne sont traduits que les passages sur les hiéro-

    glyphes ; Malpeines y a joint tout ce qu’il a

    trouvé sur les hiéroglyphes de cette époque et a

    même ajouté des notes.

    https://archive.org/details/essaisurleshiro03warbgoog

    Titre de la parution : « Essai sur les hiéroglyphes des

    Égyptiens où l'on voit l'origine et le progrès du lan-

    gage et de l'écriture, l’antiquité des sciences en

    Égypte, et l'origine du culte des animaux ».

    Le conférencier nous fait remarquer l’importance de l’imprimerie et de la communication au 18e s. (siècle des

    Lumières) ; pour comparaison : William Warburton a mis 2 ans pour être traduit et annoté… Horapollon a

    mis 86 ans à être publié à partir du moment où on l’a redécouvert.

    Les hiéroglyphes ne sont pas le but de Warburton ; il fait l’Histoire générale des écritures (forme des signes

    et fonction des systèmes). Il prend les hiéroglyphes pour centre mais ne s’intéresse pas à la question chinoise. Il

    voit le développement de l’écriture en 4 étapes :

    1. les peintures ou représentations naturelles des choses (ex. peintures mexicaines signes pictogra-phiques).

    2. l’écriture guidée (hiéroglyphes égyptiens).

    3. l’écriture courante en simplifiant les signes hiéroglyphiques (ex. Chinois mais surtout le Hiératique) D. Farout : « Il suppose, mais sans rien vérifier, que le hiératique dérive des hiéroglyphes pour en faire une

    écriture courante ; ce qui est bien vu ».

    4. l’écriture des lettres (écriture uniquement phonétique).

    Il est le premier à passer outre un tabou religieux absolu, en disant que « l’alphabet hébreu n’est pas une dona-

    tion de dieu aux hommes, mais s’inscrit dans cette évolution ». Les écritures sont pour lui, un tout lié et di-

    vers, et il remarque en Égypte, l’emploi simultané de hiéroglyphes de différents niveaux d’évolution. D. Farout : « Nous savons aujourd’hui qu’il a raison, mais lui ne peut pas le prouver ».

    https://archive.org/details/essaisurleshiro03warbgoog

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    « C’est grâce à Warburton qu’entre en scène l’homme dont ne parle jamais,

    Jean-Jacques BARTHÉLÉMY (1716-1795), nous pourrions dire, le père de Champollion » D. Farout.

    Barthélémy c’est l’inventeur de la méthode de déchiffrement ; il a

    appris à tout le monde comment il fallait procéder.

    À partir des ouvrages de Warburton, Barthélémy comprend que les écri-

    tures dérivent les unes des autres et qu’à partir de la plus récente, il faut

    les déchiffrer en remontant dans le temps. Le but de Barthélémy, ce

    sont les hiéroglyphes.

    Pour déchiffrer une écriture, il faut :

    - trouver une inscription bilingue, - compter les signes, - comparer les signes avec les signes d’une seule langue qui lui res-

    semble (ne pas se disperser en prenant ci et là des informations…).

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84124396

    Lorsqu’on dispose de l’inscription bilingue, il faut repérer dans la langue connue, les noms propres, puis les

    identifier dans l’écriture inconnue. Ensuite, il faut retrouver la valeur des lettres composant les noms propres.

    La règle de Barthélémy : il faut qu’une lettre de même valeur soit toujours la même ; il faut une valeur par

    lettre et une lettre par valeur et ne pas en changer. D. Farout : « Il a raison mais pas pour les hiéroglyphes ».

    Barthélémy déchiffre le Palmyrénien et présente sa découverte à l’Académie des Inscriptions et Belles-

    Lettres le 12 février 1754.

    http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1971_num_115_4_12698?q=Jean%20jacques%20barth%C3%A9l%C3%A9my

    Barthélémy déchiffre le Phénicien en utilisant des moulages de monuments maltais et présente le résultat de

    ses recherches à l’Académie le 12 avril 1758. Il est directeur du cabinet des médailles de Louis XV et son

    fondateur, aussi a-t-il matière pour alimenter ses études.

    http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1971_num_115_4_12698?q=Jean%20jacques%20barth%C3%A9l%C3%A9my

    http://classes.bnf.fr/ecritures/arret/lesecritures/phenicie/04.htm

    http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19233&langue=fr

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84124396http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1971_num_115_4_12698?q=Jean%20jacques%20barth%C3%A9l%C3%A9myhttp://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1971_num_115_4_12698?q=Jean%20jacques%20barth%C3%A9l%C3%A9myhttp://classes.bnf.fr/ecritures/arret/lesecritures/phenicie/04.htmhttp://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=19233&langue=fr

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    En 1760-61, Barthélémy recherche quel est l’obélisque dont Hermapion a fait la traduction des hiéroglyphes en

    Grec… sans succès.

    Cependant, il découvre que les ovales qui sont sur les monuments égyptiens, entourant des hiéroglyphes,

    encerclent les noms des pharaons. Il leur donne le nom de cartouches. C’est donc Barthélémy, le premier

    homme à déchiffrer un hiéroglyphe. Puis, faute de document bilingue, il abandonne.

    Il annonce que les hiéroglyphes sont une écriture qui transpose une langue et que cette langue est le Copte. Donc

    il faut apprendre le Copte pour lire les hiéroglyphes et quand on lira les hiéroglyphes on s’apercevra que c’est du

    Copte. « Sur ce point, il a raison » signale le conférencier. Barthélémy meurt trop tôt pour voir la pierre de Rosette.

    Joseph de GUIGNES (1721-1800)

    En 1785, il reprend la découverte de Barthélémy, relative aux cartouches, mais il fait régresser l’évolution du

    déchiffrement, car il considère que l’Égyptien est à l’origine du Chinois… Tout cela parce que la Chine a été

    envahie par l’Égypte et est devenue, un temps, colonie égyptienne.

    La pierre de Rosette

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-

    Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Rosetta_Stone.JPG

    http://www.museechampollion-isere.fr/1842-la-pierre-de-rosette.htm

    Elle est découverte le 19 juillet 1799, avant la vic-

    toire d’Aboukir, par Pierre-François-Xavier Bou-

    chard, un lieutenant du génie, lors du renforcement

    du Fort délabré de la ville côtière de Rosette.

    Sur cette pierre noire, on découvre une stèle trilin-

    gue ; elle est couverte de haut en bas de :

    - Hiéroglyphes - Démotique - Grec

    Si cette pierre a été découverte, c’est que les of-

    ficiers et la plupart des soldats de l’armée révo-

    lutionnaire française savent lire, précise D. Farout.

    Le 29 juillet 1799, lors de la 31e séance de l’Institut

    d’Égypte, parmi les sujets abordés, on traduit la

    partie grecque de la pierre de Rosette. Par ailleurs,

    on essaie d’en copier le contenu en faisant intervenir

    plusieurs Savants de l’Expédition d’Égypte ; il faut

    en faire parvenir des copies en France.

    Lorsque les Français sont battus par les Ottomans et

    les Anglais en 1801, ces derniers exigent un certain

    nombre de monuments dont la pierre de Rosette.

    Lorsqu’on entre dans le département des Antiquités

    égyptiennes du British Museum, on voit en premier

    la pierre de Rosette et sur la tranche il est indiqué

    « Prise par l’armée Britannique en 1801 ».

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Rosetta_Stone.JPGhttps://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Rosetta_Stone.JPGhttp://www.museechampollion-isere.fr/1842-la-pierre-de-rosette.htm

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    « L’ultime bataille contre les hiéroglyphes peut s’engager » D. Farout.

    Tout le monde emboîte le pas à Barthélémy et on commence par la partie démotique.

    Antoine-Isaac SILVESTRE de SACY (1757-1838)

    Il est polyglotte et enseigne l’Arabe et le Persan au Collège de France. C’est

    la référence orientaliste de l’époque. Il suit les instructions de Barthélémy, lui

    aussi, et repère 5 noms royaux sur la pierre de Rosette, dans le texte égyptien.

    Il en fait la publication en 1802.

    Parmi ses étudiants, il y a un Suédois, que l’on connaît peu, Johan-David

    Akerblad.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-

    Isaac_Silvestre_de_Sacy#/media/File:Silvestre_de_Sacy.jpg

    Johan-David AKERBLAD (1763-1819)

    Akerblad maîtrise plus de 20 langues et il suit les préceptes de Barthélémy en débutant par le démotique. Il uti-

    lise les découvertes de Silvestre de Sacy et il reconnaît tous les noms propres ainsi qu’un certain nombre de

    mots de vocabulaire. C’est le déchiffreur du démotique. Cependant, il est persuadé que l’égyptien est une écri-

    ture de sons. « Ça ne marche pas » dit D. Farout.

    Thomas YOUNG (1773-1829)

    Il est physicien, mathématicien, polyglotte… et médecin avant tout. En 1813, il

    est l’inventeur de la notion des langues indo-européennes.

    Young va s’attaquer à la pierre de Rosette. Il obéit à Barthélémy, utilise les tra-

    vaux d’Akerblad et étudie la relation entre la forme des signes démotiques-

    hiératiques et hiéroglyphiques. Il propose la traduction d’environ 200 mots dont

    près de la moitié est juste. En 1814, il présente ses résultats à Silvestre de Sacy

    qui le soutient.

    http://www.unmuseum.org/rosetta2.htm

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Isaac_Silvestre_de_Sacy#/media/File:Silvestre_de_Sacy.jpghttps://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Isaac_Silvestre_de_Sacy#/media/File:Silvestre_de_Sacy.jpghttp://www.unmuseum.org/rosetta2.htm

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    Les Frères Jacques-Joseph CHAMPOLLION-Figeac (1778-1867)

    et Jean-François CHAMPOLLION « le Jeune » (1790-1832)

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Jacques-

    Joseph_Champollion-Figeac_young.jpg

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-

    Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Leon_Cogniet_-_Jean-Francois_Champollion.jpg

    Jean-François Champollion étudie toutes les langues possibles et en connaît une vingtaine. Il apprend l’Arabe

    avec Silvestre de Sacy.

    Il va s’intéresser à la pierre de Rosette et obéir aux principes de Barthélémy ; donc, il commence par le démo-

    tique. En 1808, il considère que les signes cursifs sont ligaturés et qu’il n’y a pas de voyelles. « C’est une belle

    avancée » D. Farout. Mais, il part parfois dans tous les sens et peut avoir des idées surprenantes (ex. les Étrusques

    viennent d’Égypte…) ; dans ces cas-là, son frère Jacques-Joseph, le guide et le remet sur le bon chemin.

    Dès 1811, il compte le nombre de mots du texte grec de la pierre de Rosette et de signes hiéroglyphiques. Il en

    déduit que cette dernière écriture est composée de signes alphabétiques (phonogrammes) et d’imitations d’objets

    naturels (idéogrammes).

    Silvestre de Sacy réagit particulièrement mal aux

    découvertes de JF Champollion.

    En 1815, il écrit à Thomas Young. (p 747 du CR de l’Académie des Inscriptions par Jean Leclant - 1991).

    http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15043

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Jacques-Joseph_Champollion-Figeac_young.jpghttps://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Jacques-Joseph_Champollion-Figeac_young.jpghttps://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Leon_Cogniet_-_Jean-Francois_Champollion.jpghttps://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:Leon_Cogniet_-_Jean-Francois_Champollion.jpghttp://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15043

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    Champollion a amélioré ce que les autres ont fait jusqu’alors. Mais sa grande chance va être de disposer de copies

    de cartouches d’Égypte, ramenés par un architecte, Jean-Nicolas Huyot, qui est allé à Abou Simbel (Ramsès 2) et à

    Amada en Nubie (Touthmosis 3…).

    Ramsès Touthmosis

    Sur ces copies, il identifie les 2 derniers signes du cartouche de gauche et le signe final du cartouche de droite :

    ‘s’ (esse) figurant dans le cartouche royal de Ptolémée. Grâce à sa connaissance du Copte, il voit à gauche, un

    cercle qu’il reconnaît comme le soleil (Ra)… à droite, un ibis sur un perchoir (animal sacré du dieu Thoth), etc…

    D. Farout nous signale qu’il a raison pratiquement sur tout, sauf sur la lettre ‘ms’ (mès), qu’il lit ‘m’ (ème),

    mais il ne le saura jamais.

    Champollion (1822)

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Champollion_table.jpg/

    800px-Champollion_table.jpg

    La découverte de Champollion est

    datée du 14 septembre 1822.

    Pour une valeur phonétique,

    Champollion fait figurer ci-con-

    tre une grande quantité de lettres

    différentes. L’équivalent d’une

    lettre alphabétique correspond à

    une multitude de choses.

    La lettre à M. Dacier porte la date du

    27 septembre 1822.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k396352/f1.im

    age

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Champollion_table.jpg/800px-Champollion_table.jpghttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Champollion_table.jpg/800px-Champollion_table.jpghttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k396352/f1.imagehttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k396352/f1.image

  • CR « Déchiffrer la pierre de Rosette » - 24 h avec… CHAMPOLLION - Louvre, le 18 juin 2016 JKD 10.

    À ce moment, JF Champollion a saisi comment fonctionnait l’égyptien : ce sont des rébus, pensés en Copte.

    C’est un mélange de signes ‘sons’ obtenus à l’aide de rébus et de signes ‘idées’ qui donnent le sens des mots.

    « Une fois, qu’il a trouvé ça, puisqu’il pense en Copte, il lit l’égyptien directement » D. Farout.

    JF Champollion a désobéi aux préceptes de Barthélémy et personne n’avait osé le faire jusqu’alors. Mais « c’est

    ce qui a fait différence » D. Farout. Nous avons vu que Barthélémy disait qu’un seul signe devait avoir une

    seule valeur ; Champollion dit qu’un seul signe peut avoir plusieurs valeurs (de ‘sons’ ou ‘d’idées’ suivant

    l’utilisation) et qu’une valeur peut être exprimée par plusieurs signes.

    Pourquoi a-t-il procédé de cette manière ? Selon le conférencier c’est à cause du Chinois que Champollion a ap-

    pris et, pour démontrer que Joseph de Guignes se trompait. Le Chinois n’est pas une écriture purement phoné-

    tique ; c’est un mélange, avec des signes qui changent de valeur suivant la manière dont ils sont associés à

    d’autres. À partir de ce constat, JF Champollion a compris que l’écriture égyptienne est un système ouvert et

    non un alphabet avec un nombre fixe de signes.

    1826, JF Champollion devient Conservateur au Louvre.

    31 juillet 1828, il embarque pour un voyage de 18 mois en Égypte.

    Voir les magnifiques lettres écrites pendant son périple

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5772928d.r=champollion.langFR

    12 mars 1831, il devient professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'archéologie égyptienne, créée

    pour lui par ordonnance royale.

    4 mars 1832, décès de JF Champollion.

    Heureusement que JF Champollion n’était pas un génie seul, nous rappelle D. Farout ; son frère Jacques-Joseph

    a terminé le travail entrepris et a publié entre 1835 et 1847, la « Grammaire égyptienne », son « Dictionnaire »

    et les 4 volumes des « Monuments de l'Égypte et de la Nubie ».

    La compétition Young-Champollion vient du fait que Champollion refuse de reconnaître que les découvertes de

    Young ont joué, ne serait-ce qu’un petit rôle dans son déchiffrement des hiéroglyphes. Young, reconnaît la pa-

    ternité du déchiffrement des hiéroglyphes à Champollion et souhaite que ce dernier lui reconnaisse ce qu’il lui

    doit ; ce que Champollion réfute. http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15043 p 743-762 « Aux sources

    de l’égyptologie européenne : Champollion, Young… » par Jean Leclant - 1991. En 1831, Champollion lors de sa séance

    inaugurale au Collège de France, mentionnera les résultats obtenus par Young (voir lien persee ci-avant, bas p 748 et

    p 749 du CR de l’Académie des Inscriptions par Jean Leclant - 1991).

    Les deux ont raison, dit D. Farout. Champollion est l’héritier de Barthélémy, Silvestre de Sacy, Akerblad,

    Young, etc… mais il a été le seul à oser désobéir à des préceptes, à utiliser ce qui pouvait l’être chez ses prédé-

    cesseurs et à dire le contraire sur ce qui était fondamental. Et, il n’était pas un génie isolé.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5772928d.r=champollion.langFRhttp://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15043