Darmesteter (Arsène), Traité sur la formation des mots composés dans la langue française. 2e...

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Darmesteter (Arsène), Traité sur la formation des mots composés dans la langue française. 2e éd. revue, corrigée et en partie refondue, 1875.http://www.archive.org/details/bibliothquedel19ecol

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    x*^BIBLIOTHQUE

    DE LECOLEDES HAUTES TUDES

    1'1;BL KE SOL'S les AUSI'ICKS

    DU MINISTERE DE L INSTRUCTION PUBLIQUE

    SGIEiNCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    DIX-NEUVIEME FASCICULETRAIIb; DE LA FOg^^ATION DES MOTS COMPOSS DANS

    I.A LA.NUIK FRANAISE COMPARE AUX AUTRES LAJiGUES ROMANE:? ET AU LATIN,PAR ARSNE DARMESTETER , RPT1TUR DE LANGUES ROMANES

    A l'cole des hautes tudes

    PARISLIBRAIRIE A. FRANCK

    K. VIEWEG, l'UOPliiiiTAIRERUE RICHELIEU, (J7

    IS7i

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    FORMATIONDES MOTS COMPOSS

    EN FRANAIS

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    TRAITEDE LA

    FORMATION DES MOTS COMPOSSDANS

    LA LANGUE FRANAISECOMPARE AUX AUTRES LANGUES ROMANES

    ET AU LATIN

    PAR

    ARSNE DARMESTETERRPTITEUR DE LANGUES ROMANES A L'COLE PRATIQUE

    DES HAUTES TUDES

    PARISLIBRAIRIE A. FRANCKF. VIEWEG, PROPRITAIRE

    RUE RICHELIEU, 67^874

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    Sur l'avis de M. Gaston Paris, Directeur de la Confrence deslangues romanes, et de MM. Bral et Thurot, commissaires res-ponsables, le prsent mmoire a valu M. Arsne Darmesteterle titre 'lve diplm de la section d'Histoire et de Philologie del'cole pratique des Hautes tudes.

    Paris, le 19 janvier 1873.

    Le Directeur de la Confrencedes langues romanes ,

    Sign : G. Paris.

    Les Commissaires responsables,Sign : M. Bral, Gh. Tiiurot.

    Le Prsident de la sectionSign : L. Renier.

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    MONSIEUR GASTON PARIS

    PROFESSEUR AU COLLGE DE FRANCE

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    TABLE ANALYTIOUE ES MATlEliES.

    Table des matires xiErrata xviiiPrface 1

    CHAPITRE I.CONSIDRATIONS GENERALES.

    La composition ancienne combine des thmes; la compositionromane, des mots . 9La composition romane , comme la composition ancienne, reposesur l'ellipse iOElle se distingue de la juxtaposition [{

    L'existence des mots composs comprend deux poques dis-tinctes : celle oh. ils apparaissent comme composs et celle oils deviennent simples 13Les juxtaposs ne connaissent que la seconde poque 13De la rduction des lments composants un mot unique ; rlede l'accent; de la soudure des termes 15De la place du dterminant par rapport au dtermin (cf. plusloin, p. 248) 18

    Caractres de la composition par particules 19CHAPITRE II.

    DE LA JUXTAPOSITION.Observation gnrale 20po SECTION. Substantifs issus d'une juxtaposition. ... 21

    l^sRiE. Juxtaposs de coordination ( subst. et adj.qualif. : plafond, coffre-fort) 21

    Les juxtaposs de coordination dans lelatin classique et dans le latinpopulaire 21Les juxtaposs de coordination dans lefranais 23 dans les autres langues romanes. 31

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    XII 2^ SRIE. Juxtaposs de coordination avec synecdoque

    (subst. et adj. qualif. : blanc-bec) 32Sont distinguer des composs pos-

    sessifs espagnols, portugais, ita-liens , provenaux 3i

    SIBRIE. Juxtaposs de subordination (subst. et subst.,l'un rgissant l'autre : chef-d'uvre, arc-en-ciel) 43

    Les juxtaposs de subordination dansle latin classique 43 dans le latin populaire et le v. fr. . 44 dans le franais moderne 32 dans les autres langues romanes. 53

    4*= SRIE. Juxtaposs de subordination avec mtaphore(subst. et subst., l'un rgissant l'autre, letout employ mtaphoriquement : pied-d'alouette) en franais 54 dans les autres langues romanes. . 56

    Remarques sur diverses autres formations des substantifsposs 56

    11'= SECTION. Adjectifs issus d'une juxtaposition 57Adjectifs qualificatifs 57Adjectifs numraux 58

    IIP SECTION. Pronoms issus d'une juxtaposition 59Pronoms dmonstratifs 60Pronoms indfinis 62

    IV* SECTION. Verbes et formes verbales issus d'une jux-taposition 63Verbes 63Formes verbales 64

    V SECTION. Mots invariables issus d'une juxtaposition. 64I. ADVERBES. Sont forms dc quatre manires 64i Par la combinaison de deux ou de plusieurs par-

    ticules {avant) 652 Par la combinaison d'une prposition et d'un nomou d'un adjectif [enfin) , . . . . 663 Par l'emploi l'accusatif ou l'ablatif absolu denoms ou d'adjectifs (toujours) 684 Ils sont forms de phrases (nagure) 69

    II. PRPOSITIONS 70III. CONJONCTIONS 71IV. INTERJECTIONS 71

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    XIII CHAPITRE m.

    DE LA COMPOSITION PAR PARTICULES.Pages.P SECTION. Caractres gnraux des particules 73

    I. De la forme des particules. 1 Les composs latins sedcomposent en roman, et le radical et la particuleprennent chacun l'accent tonique 732 Les particules sont sparables ou insparables. . . 77

    II. De la valeur des particules. Elles sont adverbes ou pr-positions 78

    III. De l'emploi des particules. Elles se combinent de quatremanires 78\ Particule et verbe donnant naissance un verbe. . . 782 Particule et nom ou adjectif donnant naissance un nom ou un adjectif. 793 Particule et nom ou adjectif donnant naissance un verbe (parasynthtique verbal) 79

    I. Verbes de la premire conjugaison for-ms de substantifs 80II. Verbes de la seconde conjugaison for-

    ms de substantifs 82III. Verbes de la premire conjugaison for-ms d'adjectifs 83. IV. Verbes de la seconde conjugaison for-ms d'adjectifs 83

    4 Particule et nom (ou adjectif) donnant naissance un nom (parasynthtique nominal) 8oRapport du franais avec les langues de la mme

    famille 8511= SECTION. tude des diverses particules 86

    I. Particules prpositionnelles 87ab, ad 87ante 88circum, contra 89cum 90de, dis, de-ex 91e , ex 93extra, forts, in, inde , inter 94intra, intro, ob, per 95j)ost, pr, prter, pressus 96pro, re 97rtro, se, sine, siib, siibter, subtus 102super, supra, sursum[susum), truns, ultra, vice. . . 103

    II. Particules quantitatives 104bis 104tri, plus, trop, mi{demi), semi 1 Oo

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    XIV Pages.

    III. Particules qualificatives lOobene '. . . . 103maie 106minus 107bis 108cal. 111

    IV. Particules ngatives 115non lljin 116

    CHAPITRE IV.DE LA COMPOSITION PROPREMENT DITE.

    Caractre gnral de la composition proprement dite 117P* SECTION. Composs par apposition {chou-fleur) 118

    Composs par apposition en latin et en v. fr 119 dans le franais moderne. ... 120 dans les autres langues fomanes. 121Constructions diverses se rattachant l'apposition 121

    II SECTION. Substantifs composs d'une prposition etd'un nom ou d'un verbe (cf. p. 79, n 2,second cas) [aloi , fourhoirc) 123Composs de ce genre dans le latin classique et dans le

    latin populaire 123Composs franais avec 0, ai-anf, aprs, arrire, contre, de. . 127

    en, entre, fors{hors) , outre, par,sa7is, sous 128

    sur 129Exemples de composs dans les autres langues romanes. . . 129

    III SECTION. Adjectifs ou substantifs composs dont lepremier terme est un adverbe 129I. Adjectifs composs dont le premier terme est un ad-

    jectif pris adverbialement (c/fV'U02/a?i

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    XV Pages.

    V SECTION. Verbes composs d'un substantif rgimeet d'un verbe 139I. Composs thmatiques correspondant des juxta-poss latins {colporter) 139Rapport du franais avec les autres langues romanes. 143II. Verbes en ifler et en cfier 143

    VI SECTION. Substantifs composs d'un verbe l'imp-ratif et d'un complment. Compo-sition par phrases {portefeuille) 146

    I. Discussion du temps auquel est le verbe dans le com-pos 147Exemples du bas-latin, du franais, des langues ro-manes et germaniques qui tablissent que c'estun impratif. 148Cet impratif ne cache pas un thme verbal 156Thorie qui admet que le verbe peut tre l'indicatif

    prsent, troisime personne du singulier 161Exemples et arguments l'appui 161Rfutation de cette thorie 166La formation premire est l'impratif; la formationanalogique, l'indicatif. 173

    II. L'ellipse est triple, d'aprs les trois personnes du dis-cours 178Historique des composs franais base verbale, de-

    puis les origines de la langue jusqu'au xvi sicle. 178III. Listes des composs base verbale :

    l'e personne : verbes avec complment direct. . . 191 infinitif. 192 adverbe 192 vocatif. 1922 personne : verbes avec complment direct. . . 192 infinitif. 197 complment indirect. 197 adverbe 197 vocatif. 198doubles impratifs 1983'' personne : verbes avec complment direct. . . 198 indirect. 199 infmitif. 199 adverbe 199 vocatif. 199

    doubles impratifs . . . 200IV. Genre des composs. Les composs avec vocatifont lo genre du vocatif. 200Les composs avec complment sont neutres. . . 201

    Exceptions apparentes ourelles 201V. Locutions adverbiales formes de composs verbaux. 205

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    VI Pages.VU SECTION. Composs irrguliers 206

    Compositions insolites 206Redoublements enfantins 206Onomatopes 206Monosyllabes contenant les voyelles ^, cf, ou 207Composs prsentant la soudure de l'article avec le nom. . 207

    CHAPITRE V.COMPOSS D'ORIGINE NON FRANAISE.

    1^ SECTION. Composs emprunts au grec et au latin. . 209Observations sur la formation savante 209

    I. Composs d'origine latine :Composs de mots emprunts au latin 214Composs de particules emprunts au latin :ab, ad,ante, circum, cum, contra 2i5de, dis[di), e[ex) , extra, in, inter 216intra, intro, oh, per, post, psene, prae, prxter,pro , quasi, re, relro 217satis, se, sub, super, trans, ultra, hene, maie,in, bis, tri. . - 218

    II. Composs d'origine grecque :Composs grecs passs au roman par voie populaire. 219Composs de mots emprunts au grec 220Composs de particules empruntes au grec 224

    privatif 224u.cp, vot, vT, iTo', p-/_( 225fft, J, rW?, (.';(=;), V.('?), h 226i'vS'ov, '^ti), it(, eu, x/xt. 227[AETot, TXiv, Tvap, ^ap , ^po, xpo', o6v 228-rtp, TTO 229

    11 = SECTION. Composs emprunts aux langues tran-gres 229Les mots trangers doivent s'assimiler aux mots franais. . . . 230

    I. Mots d'origine germanique : 1 haut-allemand 232 2 anglais 234 3 nerlandais 23oII. Mots romans : 1 italien 235 2 espagnol 237 3 portugais 237III. Mots bas-bretons 238IV. Mots orientaux 238

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    XVII CHAPITRE VI.CONCLUSION.

    Pages.Caractres gnraux de la composition en franais 239Des drivs de composs 245De la place du dterminant 248Du genre des noms composs 250Du trait d'union 250De la formation du pluriel des noms composs 254

    TABLES DES MOTS CITS.I. Mots composs franais , avec discussion du pluriel

    des noms composs 257II. Noms propres de personnes et de lieux (franais et

    latins) 296III. Mots franais non composs 302IV. Mots latins simples et composs 303V. Mots grecs simples et composs 307VI. Mots romans simples et composs :

    i. Provenal 3102. Italien 3n3. Espagnol 3124. Portugais 3135. Roumain 3136. Ladin 3137. Vaudois 313

    VII.Mots germaniques simples et composs :1. Haut-allemand (ancien, moyen et nouveau);

    gothique 3142. Anglais 3143. Bas-allemand et Scandinave 315

    VIII. Bas-breton 315IX. Slave 315X. Sanscrit 316XI. Persan 316XII. Smitique 316

    Notes additionnelles 317Liste des mots franais contenus dans les notes 329

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    AVIS.Je prie le lecteur d'excuser l'tendue de cet errata, dans lequel je ne noieque les fautes principales; il porte spcialement, comme on le voit, sur lapremire partie de l'ouvrage. Sentant ma maladresse corriger les preuves,

    j'ai eu recours l'obligeance de mon ami et ancien matre, M. le professeurWogue , dont je ne puis assez admirer la sret de coup d'il. Il a dressl'errata des dix premires feuilles dj tires et a corrig les preuves dureste de l'ouvrage, les tables exceptes. Mais il ne s'est pas born au simplerle de correcteur, et m'a souvent soumis des observations dont j'ai profltpour les dernires feuilles ou pour les notes additionnelles. Qu'il en reoiveici mes remerciements.On remarquera des ngligences et des inconsquences dans l'emploi dutrait d'uuion; je n'ai pas cherch les faire disparatre , parce que je n'at-tache aucune importance au trait d'union, et surtout parce que l'orthographedes noms composs, admise par l'Acadmie, est donne et discute dans latable I.

    Enfin, j'ai laiss en dehors de l'errata plusieurs fautes qui se trouvent dansles tables et que le lecteur corrigera facilement, spcialement dans la feuille 23,dont je n'ai pu revoir moi-mme les preuves.

    ERRATA.p. 9, 1. Il et 12, partir d'en bas, au lieu de gellina, lises gallina.P. 15, 1. 27, partir d'en haut, au lieu de s'il fallt, lisez s'il fallait.P. 22, 1. 20 et 21, au lieu de dominga, domingo, lisez domenica,

    domenico.P. 27, note 2, au lieu de se reportent, lisez se rapportent.P. 30, 1. 7, partir d'en haut, au lieu de ortographe, lisez orthographe.P. 34, 1. 24, au lieu de celui-ci, lisez celui-l.P. 41, 1. 2, au lieu de Jacques, Usez Jaques.P. 44, 1. 20, au lieu de entre, lisez rentre.P. 44, 1. 35, ajoutez joubarbe.P. 47, 1. 15 et 16, au Heu de auripigmentum, lisez aurpigmentum.P. 48, dernire ligne, et 49, premire ligne, au lieu de la proposition, lisez la

    prposition.P. 52, 1. 34, partir d'en haut(col. 3), au lieu de vert de terre, lisez ver de terre.P. 52, 1. 42, au lieu de passif, lisez datif.P. 58, 1. 22, au lieu de se rattachent, iiies se rattache.P. 61, 1. 33, au lieu de les pronoms relatifs, lisez lepronoms relatifs suivants.P. 66, 1. 21, au lieu de : {huimais ou mais hui) , lisez :huimais (ou mais hui).p. 68, 1. l, au lieu de au-de, lisez en-de.p. 71, 1. 2, au lieu de dans quelques mots, lisez dangquelques-unes.

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    XIX p. 72, 1. 11 et 12, partir d'en haut, au lieu de corbleu la car Dieu, lisez cor-bleu ; la car Dieu.P. 75, 1. 16 et 17 (col. 3), au lieu de Roland, V, 9, lisez Roland,

    V. 9.P. 77, 1. 20, au lieu de leur suffixe, lisez leur priixe.P. 77, note 1, 1. 2, au lieu de estour, lisez estorer.P. 82, note 1. Cette note n'est pas sa place; une erreur de la mise en pages

    l'a reporte ici au lieu de la laisser p. 85, la fin du premier alina.P. 87, 1. 28, partir d'en haut, au lieu de sans que le d, lisez que le d.P. 92, 1. 2, au lieu de dilivium, lisez diluvium.P. 96, 1. 9, au lieu de patrouver, lisez partrouver.P. 99, 1. 4, au lieu de rcrie, lisez rcrie.P. 105, note 2, 1. 2, au lieu de voir plus, lisez voir plus loin.P. 106, 1. 10, partir d'en haut, au lieu de dans les composs qui suivent leverbe, est, /ies dans les composs qui suivent, le verbe est.

    P. 106, note 1, au lieu de cf. plus haut, p. 66 , lisez cf. plus haut, p. 68.P. 107, dernire ligne du texte, au lieu de nie, lisez m.P. 112,1. 12, partir d'en haut, effacez chai, char, dj donns la ligneprcdente.P. 114, 1. 4, an lieu de confondu, lisez confondre.P. 119, 1. 14, au lieu de leopardus, lisez lopard.P. 121, 1. 21, (col. ire)^ au lieu de autriche, lisez autruche.P. 121, 1. 21, au lieu de albatior, lisez albatros.P. 123, 1. 16, au lieu de hsept, lisez trsept.P. 128, 1. 12, au lieu de foris burgus, lisez foris, burgus.P. 133, 1. 21, (col. 3), au lieu de ormier, lisez orpailleur.P. 134, 1. 26, (col. 4), ajoutez vert-pomme.P. 137, 1. 3, ajoutez chien-cerf avant cocrte.P. 137, 1. 4, ajoutez nerffrure avant quartier-matre.P. 144, 1. 25 et s. La parenthse (lat.) a t omise aprs gra-

    tifier, magnifier, sacrifier, versifier.P. 150, 1. 3 de la note 4, au lieu de rappel dans la note, lisez rappel dans

    la note 3.P. 152, 1. 22, partir d'en haut, au lieu de mordigelina, lisez mordigallina.P. 171, 1. 5 de la note, au lieu de XI, 665, lisez IX, 665.P. 185, 1. 1 de la note I, au lieu de 1237, lisez 1297.P. 194,1. 27, partir d'en haut (col. 2), au lieu de garde-manteau , lisezgarde-marteau.P. 196, 1. 44, (col. 3), au lieu de tourne-vin, lisez tourne-vis.P. 196, 1. 46, (col. 3), au lim de trace souterrain , liseztrace-sautereau.P. 240, 1. 10, au fezf de aux langues germaniques

    et grec, lisez aux langues ger-maniques et au grec.P. 318, 1. 34, au lieu de dans le vers, lisez dans

    les vers.

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    PRFACE.

    Nous nous proposons, dans les pages qui suivent ^ d'tudierles lois de la composition franaise ; nous voulons rechercherles rgles auxquelles elle est soumise et les procds dont elleuse , lorsque , empruntant la langue des mots dj existants ,elle les combine dans des crations nouvelles.

    Les faits que nous avons examiner sont nombreux et com-plexes ; car les mots composs forment une partie trs-dve-loppe et des plus varies de notre lexique. Mais , avant d'enentreprendre l'tude , une question se pose tout d'abord : com-ment les grouper ? quel principe de classification s'attacher ?

    Suivant que l'on considre les mots composs dans leur formeextrieure ou dans leur constitution intime, trois points de vues'offrent l'esprit. Quelques mots prsentent une soudure sicomplte de leurs lments composants qu' peine ceux-ci sont-ils encore visibles aux yeux ; il faut un effort de rflexionpour retrouver lie et col, plat et fond, chat et fouin , danslicol, ylafond, chafouin. La composition dans d'autres estplus apparente ; elle y est mme rendue sensible par des traits-d'union : rouge-gorge , serre-tte, garde- fou. D'autres,enfin , laissent isols , spars les termes composants qui lesconstituent , et ne se montrent tout d'abord que comme ungroupement quelconque de mots sans caractre particulier :pomme de terre, aide de camp. L'agglutination des partiescomposantes offre donc divers degrs de soudure , et ce carac-tre extrieur parat assez notable pour devenir un principe declassification.En considrant encore les mots composs dans leur formeextrieure, on peut les classer d'aprs leurs caractres gramma-

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    ticaux. Alors on groupera ensemble les mots forms de sub-stantifs et de substantifs ; ensemble encore ceux o entrent dessubstantifs et des adjectifs, ou des substantifs et des verbes, etc.,quelle que soit d'ailleurs la nature de la composition qui les com-bine. Cette classification parat naturelle et logique , puisqu'ellerepose sur les caractres essentiels des termes composants.

    Enfin , en se plaant un autre point de vue , l'on peut voirdans la composition non pas une combinaison de mots, substantifset substantifs, substantifs et adjectifs, substantifs et verbes, etc.,mais une combinaison d'ides rendue visible par celle des mots.A ce compte, la composition est soumise des procds lo-giques , et elle suppose certaines oprations de l'esprit qu'ilimporte de dterminer. Il n'est pas vraisemblable que , dansla formation des quelques milliers de mots composs que nousaurons tudier, l'esprit ait recours aux mmes moyens. Quelssont donc les principes de formation des mots composs ? quelssont les diffrents modes de combinaison ? Telle est l'ide essen-tielle qui peut servir de point de dpart un troisime groupe-ment.

    Entre ces trois classifications le choix n'est pas douteux.Autant la dernire est vraie , naturelle , lumineuse , autant

    les deux autres sont artificielles. Pour commencer par la pre-mire , l'agglutination plus ou moins complte qui affecte lesmots composs n'est en effet qu'un accident secondaire et pos-trieur de leur histoire. Le temps et l'action des lois phoniquesaltrent galement la forme des mots , qu'ils soient simples ounon, et ceux-ci, comme des monnaies uses, voient peu peuleur empreinte s'effacer, au point de ne plus souvent laisser detrace de leur effigie primitive . Pour les mots simples , cetteaction organique a pour effet de les rendre plus simples encore :ministerium devient mnestier, mestier, mtier; suspicio-nem passe par souspeon , soupeon , soupon ; sacramen-tum se change ensairement, serement, serment; taticumen edatge, edage, eage, ge. Pour les mots composs , elle apour rsultat d'en faire des mots simples. L'agglutination, sesdiffrents degrs , n'est donc pas un caractre propre de la com-position ; c'est l'effet d'une loi organique gnrale qui agit surtout le domaine de la langue. Prendre cette agglutination pour

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    3 le point de dpart d'une classification, c'est s'attacher un acci-dent tranger.

    Gela apparat clairement quand l'on tente cette classification.On se voit alors amen grouper ensemble des mots qui n'ontde commun entre eux qu'une gale dformation : tocsin, licou,chafouin, chaqueue, dimanche, raifort seraient runis sousune mme rubrique, quoique tocsin et licou offrent l'ellipsequ'on retrouve dans porte -manteau , serre -tte ; quoiquechafouin soit form par apposition : chat, fouin i ; quoiquechaqueue reprsente queue de chat, le premier terme tantau gnitif ; quoique enfin dans dimanche et dans raifort l'onait un adjectif qualifiant simplement un substantif : dies domi-nica, radix fortis.La seconde classification prsente galement des difcults.

    Son tort est d'tre trop extrieure , trop mcanique , et de nepas pntrer assez avant dans l'essence de la composition. Eten effet, des adjectifs et des substantifs ou des substantifs et dessubstantifs peuvent se combiner avec divers degrs de compli-cation. Timbre-poste n'est pas un compos de mme natureque chef-lieu , ni ces deux mots de mme nature que chef-d'uvre ; rouge-gorge ne peut se placer ct de plafond,ni clairvoyant ct de mort-n. Cette classification , il estvrai , est ceUe que suivent les philologues allemands , Grimmdans sa Grammaire allemande , Koch dans sa Grammaire his-torique de la langue anglaise , Diez dans sa Grammaire deslangues romanes. Mais la composition dans les langues germa-niques se prte mieux cette classification. Quant Diez, il a toblig de s'carter parfois du plan qu'il s'impose ; c'est ainsiqu'il est amen faire une section part des composs dont letype e^i portefeuille, en les runissant sous le titre gnral decom2Wsition p)ar phrases. Mais , malgr les correctifs qu'ilpeut y apporter, le dfaut de sa classification apparat bien dansles rapprochements auxquels elle le condamne. C'est ainsi, parexemple, qu'il groupe dans une mme srie (Zusaramensetzwigmit substantiven) Q^jutap)Oss comme chef-d'uvre, clin

    ' Cf. plus bas, ch. IV, sect. I, i.

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    d'il , lundi et des composs comme merluche , terre-noix ;qu'il place l'un ct de l'autre dans la composition avec adjec-tifs, blanc-bec et bonheur.

    II ne reste donc qu'une classification vraiment rigoureuse

    ,

    celle qui repose sur l'analyse intime des procds logiques quel'esprit met en uvre pour former les mots composs. Elle seule,pntrant au fond mme des lois de la composition, permet d'as-signer chacun des composs sa valeur et son sens propres. Etici il ne faut point craindre de faire l'anahse psychologiqueune place trop grande dans une question de simple philologie ;car ce n'est pas , en somme , la partie de la grammaire quitraite de la formation des mots , mais la syntaxe qu'appar-tient la composition, et sa thorie rentre tout entire dans cellede la construction del phrase.

    Les rapports qui unissent la composition la syntaxe sonttrop vidents pour qu'il soit besoin d'y insister. Un mot com-l^os est une proposition en raccourci, et cela est si vrai que laquestion de la place du dtermin par rapport au dterminantse ramne la question de la place de l'attribut dans la phraseindo-europenne primitive.

    C'est donc au principe mme de la formation des mots com-poss que nous devons nous attacher. Or, si nous considronsles diverses sortes de composition en franais, elles se ramnenttoutes trois types fondamentaux : la convposition apparente,OM juxtaposition; la compositionpar particules, et la com-position elliptique, ou composition projorement dite. Sansvouloir entrer dans de grands dtails sur ces trois sortes de com-position , dont les caractres gnraux seront tudis dans le pre-mier chapitre de ce livre, disons que la premire renferme tousles mots forms sans ellipse d'aprs les lois ordinaires de la syn-taxe (clin d'il, chef-d'uvre, bonheur, malap)p)ris , etc.);la dernire exige absolument une ellipse (maintenir = [par la]main tenir; terre-72oix= noix[de] terre; 2^ortefeuille = [cequi] porte [la] feuille, etc. i). Entre elles deux, tenant de l'une et

    ' C'est pour abrgor que nous expliquons ici portefeuille par ce quiporte la feuille. Nous verrons plus tard la nature vritable de l'ellipsequi constitue ce compos et tous les composs analogues.

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    5 de l'autre certains gards, s'en sparant absolument d'autres,se place la composition par particules (per-mettre , ds-arroi, en-dimanch-er, etc.).Les diffrences qui sparent la juxtaposition de la composi-

    tion ont amen un philologue distingu leur chercher desnoms plus prcis que ceux qu'on leur attribue d'ordinaire.M. Francis Meunier, dans sa belle Etude sur les composs syn-tactiques grecs ^ propose et emploie les termes syntactiques etasyntactiques, c'est--dire conformes aux lois de la syntaxeou qui n'y sont pas conformes. Ces dnominations sont bonnespour les langues anciennes, qui combinent non des mots, maisdes thmes nominaux ou verbaux. Comme ceux-ci ne peuventnaturellement se soumettre aux rgles habituelles de la syntaxegrecque ou latine 2, on peut leur donner juste titre le nom de asyntactiques.

    Mais, dans les langues romanes, la composition se ramne engnral une combinaison elliptique de mots. Ces mots , par celamme qu'ils ont la forme de mots , peuvent tre soumis auxrgles de l'accord. Or, si l'on prend pour base de classification ,comme l'exigerait l'emploi des mots syntactique et asyntac-tique , la violation ou l'observance des rgles de la syntaxe ,on se voit amen aux plus singuliers rsultats. Le mot vinaigreest pour M. Meunier ^ un compos asyntactique, son plurieltSintvi7iaigres, won vins aigres. Dans un chevalier porte-glaive , porte-glaive est syntactique , parce que ces mots , sil'on complte l'ellipse , s'analysent en : un chevalier qui portele glaive. Danspor^e et glaive , la syntaxe est observe. Maisau pluriel le compos est asyntactique , car la syntaxe exige :des chevaliers 2^ortent-glaives. La syntaxe est respecte

    ' Dans VAnnuaire de l'association pour l'encouragement des tudes grec-ques, 6e anne, 1872, p. 245 et siiiv.

    2 II est probable que ces mots reprsentent, dans leur formation , untat antrieur de la lan^nie , o , les flexions n'existant pas encore , oncombinait des thmes. En ce sens, ces composs sont aussi syntactiquesque les autres , puisqu'ils suivent des lois de construction, jadis on vi-gueur, et dont ils ont gard les dernires traces; mais il faut entendrece mot d'asyntactique au sens de : qui s'carte des lois habituelles, deslois ordinaires et communes de la syntaxe.

    3 L. c, p. 262.

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    6 dans la souris trotte-menu , viole dans les souris trotte-menu (il faudrait trotte^it-menu) , respecte dans monsieur,vous avez un rendez-vous , viole dans mon cher, tu as unrendez-vous (il faudrait un rends-toi) ^ Or le mot n'a paschang de nature par suite de son emploi au singulier ou au plu-riel. Un porte-glaive est compos tout autant que des porte-glaive. Vinaigres , pour tre employ au pluriel, n'en est pasmoins form par juxtaposition ; l il y a ellipse , ici il n'y en apas. Les composs thmatiques , grecs ou latins , ne peuventse soumettre la syntaxe ; leur caractre fondamental est doncd'tre asyntactiques . Les composs franais peuvent violerou observer, au hasard de leur emploi , les rgles de l'accord ,parce que l'ellipse qui leur donne naissance combine des mots ,c'est--dire des lments variables. L'accord est donc chose se-condaire ; mais ce qui est essentiel , c'est l'ellipse avec ses diversdegrs de complication.Nous renonons donc aux termes de syntactiques et asyn-

    tactiques. Ceux e juxtaposs et de conijjoss nous semblentrendre nettement les diffrences qui sparent les deux classes demots. Ils en expriment les caractres fondamentaux , indiquantpour les uns un rapprochement de mots sans ellipse , pour lesautres une combinaison de termes avec sous-entendu.On voit, par ce qui prcde , les divisions de notre travail.Aprs un premier chapitre sur les caractres gnraux des troissortes de composition, une partie est consacre la juxtaposition,o nous passons successivement en revue les substantifs , adjec-tifs, pronoms, verbes , particules ou mots invariables forms determes juxtaposs. Dans une autre partie , nous embrassons lesdivers composs, que nous tudions non plus dans l'ordre indiquparleurs formes grammaticales, mais dans celui que nous imposele caractre de leur formation. Nous ramenons tous les composs cinq ou six types diffrents , que nous chelonnons d'aprs lesdivers degrs de complication qu'y subit l'ellipse , commenantpar les plus simples , c'est--dire les plus voisins de la juxta-position , pour finir par les plus synthtiques , les plus parfaits.Entre ces deux parties se place la compositionpar particules

    ,

    ' Ihid., p. 302 et 3G3. Cf. p. 398.

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    tantt se confondant arec la juxtaposition , tantt empitantsur la composition elliptique; le plus souvent prsentant destraits absolument nouveaux, et, malgr ses rapports avec la jux-taposition et la composition proprement dite, ne souffrant pas descission, et demandant tre embrasse dans toute son tendue.Pour viter les rptitions , nous indiquerons leur place lapart que peuvent revendiquer dans les formations par particulesl'un ou l'autre des deux autres genres de composition.

    Aprs ces trois chapitres consacrs la juxtaposition , lacomposition par particules, la composition proprement dite, etqui embrassent tout le champ de la formation populaire , nousconsacrerons un quatrime chapitre la composition savante,et une conclusion dduira de l'analyse des faits les traits gn-raux qui caractrisent la composition en franais.

    Tel est le plan que nous avons cru devoir adopter, plan quidiffre sensiblement de celui de Diez , mais qui nous semble plusrigoureux. Il offre aussi l'avantage de pouvoir s'appliquer, sansmodifications essentielles , l'tude de la composition dans lesautres langues romanes. Ce n'est pas dire que nous ne tenionspas compte du dveloppement original de ces langues , et quenous voulions sacrifier ce qu'elles peuvent avoir chacune de par-ticulier au dsir de montrer d'une manire plus sensible leur res-semblance et l'troitesse des rapports qui les unissent entre elles.C'est en gnral l'cueil de la grammaire compare de ne voirque ce qu'il y a de commun aux idiomes d'une mme famille

    ,

    et de perdre de vue les traits spciaux chacun d'eux. Cepen-dant, tout en reconnaissant aux langues surs du franais leuroriginalit propre, nous croyons que les ressemblances qu'ellesdoivent une commune origine sont assez frappantes pourqu'on puisse leur appliquer les divisions , le plan et la mthodeauxquels nous nous sommes attach dans cet ouvrage. Nousavons d'ailleurs indiqu les compositions qui, dans les principaleslangues no-latines, s'accordent avec celles que nous examinonsdans ce livre , signalant en mme temps les points principauxsur lesquels le franais s'loigne des autres langues romanes.

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    DE LA

    EN FRANAIS.

    CHAPITRE I.CONSIDRATIONS GNRALES.

    La diffrence essentielle entre la composition romane et lacomposition ancienne , c'est que la premire combine des mots

    ,

    la seconde des thmes. Dansi7:'::o-y.p--/), Ysw-Ypao-ia, f(;j,i-y.pav-ia,dans silvi-col-a , largi-flii-us , angui-man-us , on ne trouveque des radicaux nus, dpouills de toute flexion, et suivis seule-ment d'une terminaison qui donne au compos son unit et sonindividualit. Aucun lexique ne cite comme mots , kxo, yzi,?)[;,[, silvi, Ici^gi , a7igui, pas plus que xpax, -^pccv, xpav, col,ffu, man. Le roman, au contraire, combine des termes quignralement ont une existence Tproitre. Beccafico , mo)'di-gellina, arrire-cour, terre-noix se dcomposent en beccatnordi , deux impratifs, en fico, gellina , cour, terre, noix,tous substantifs, en arrire, adverbe. Les langues no-latinesconnaissent bien quelques compositions de radicaux , mais c'estl'exception , et l'on peut dire que le systme antique et le sys-tme moderne prsentent deux caractres entirement opposs ;moins opposs cependant en ralit qu'ils ne le paraissent premire vue ; car Us reposent en somme sur un principe su-prieur en qui ils trouvent leur raison d'tre, l'ellipse. Dansla composition ancienne , en effet , le thme reprsente l'idesous sa forme la plus gnrale et la plus abstraite ; c'est lanotion vague et indtermine du phnomne , action , qualit

    ,

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    10 substance. Deux thmes combins ne peuvent mettre en communque leurs abstractions ; la terminaison seule du compos , luiimprimant son caractre propre de nom, ou d'adjectif ou deverbe , guide l'esprit dans le sens qu'il doit donner aux idescomplexes et synthtiques prsentes par les deux radicaux.De la sorte la composition thmatique, sous-entendant un nombreconsidrable d'ides accessoires , est minemment elliptique ; etl'on peut dire que son trait dominant consiste prcisment dansl'tendue de l'ellipse , dans le nombre d'ides ou d'images qu'ilveille dans la pense.Que la composition thmatique soit , comme il est vraisem-blable de le croire , le dbris d'une construction primitive , quine connaissait pas les flexions et les cas , l'on peut toujours direque l'absence des flexions est le signe extrieur de l'ellipse,et qu'aux ides sous-entendues correspondent des terminaisonssignificatives supprimes. A ce point de vue , la compositionantique n'apparat plus comme si diffrente de la compositionmoderne , ou du moins de la composition romane.

    Celle-ci , en effet , repose galement sur l'ellipse. Si la notionde thme , avec la chute des flexions casuelles , a peu prsentirement disparu des langues no-latines, si celles-ci ne setrouvent plus , pour ainsi dire , qu'en prsence de mots , de par-ties de discours dtermines , la composition , pour se modifierdans sa forme extrieure , n'en reste pas moins ce qu'elle taitdans les langues anciennes , une expression synthtique , veil-lant dans la pense plus d'ides que les parties qui la formentn'en peuvent fournir, prises chacune en elle-mme. L'ellipse yreste toujours le caractre fondamental , bien plus , le caractreunique. Et mme , un certain point de vue , comme l elle estmoins visible que dans la composition thmatique , o l'absencede flexion la signale , devenue plus intime , plus secrte , pluscompltement logique, elle semble gagner en tendue et enforce.

    Si telle est l'essence de la composition romane , il suit de lune distinction entre la composition proprement dite et cettecomposition purement apparente qu'on nomme la juxtaposi-tion. L'ellipse seule, par une drogation la construction ordi-naire de la syntaxe , explique des formations comme L>a7:7ro,TiocwxTji;, timbre-poste , veynnoulu, salvadanojo, qui toutesse rsolvent en priphrases plus ou moins dveloppes : iXviTCTuou ;, 7;6oa wxu, timbre de jjoste, des vers moulu, chesalva i danaj. Tout autre est le procd qui consiste crer

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    11 des mots comme At63xoupot, xptc-aiSey.a, NsiroXi, comme ForumJuin, respublica, quamobrem, comme Citt-Vecchia, chef-d'uvre, bienheureux , bout-rim. Ici il y a simple juxtapo-sition de termes plus ou moins bien souds entre eux , sans quela syntaxe ait subir quelque altration. C'est le mme pro-cd qu'on rencontre dans Ab ttoi, Forum Trajani, matred'cole , mal dispos , etc., o l'on ne s'avisera jamais de voirl'ombre d'une composition. On voit donc en quoi la juxtapositiondiffre de la composition. Pour les caractres extrieurs, ceUe-civarie de forme dans les langues anciennes et dans les langues mo-dernes ; celle-l conserve partout le mme caractre. Aiic/.oupo'.et quamobrem peuvent se comparer gendarme et dor-navant ; NsaTOXt et Jovisglans h Citt-Vecchia et barbade Aaron. Pour l'esprit mme de la formation, la juxtapositionn'est qu'une simple runion de termes rapprochs par leshasards de l'usage ; la composition est une union intime de motsdont le rapprochement a sa raison d'tre dans l'ellipse. Dans lapremire , le nom compos n'ofifre pas plus d'ides l'analyseque chacun des termes qui la composent ; dans la seconde , iloffre une ide nouvelle que l'on ne pourrait retrouver dans leslments pris part. La premire , si je puis me servir de cetteexpression , est un mlange ; la seconde est une combinaison.La juxtaposition dcompose les ides, indique, quand il y alieu , les rapports l'aide de particules , et recourt l'analyse.La composition groupe dans une unit simple des ides qui seprsentaient naturellement spares , et procde par voie desynthse. D'un autre ct, la composition est un instrument deformation de mots bien caractris , qui se distingue nettementdes autres procds de formation, et par suite peut prendre place ct d'eux. La juxtaposition n'a rien de spcial ni de dtermin.Comme elle n'est autre chose qu'une runion de mots faite d'aprsles rgles les plus lmentaires de la syntaxe , seule la plus oumoins apparente fixit que l'usage donnera l'un ou l'autrede ces groupements y fera reconnatre un juxtapos. La compo-sition existe du jour mme o les lments composants sont misen prsence et par l'ellipse combins ensemble. La juxtapositiondoit son existence au temps.

    Si le temps , l'usage seul agit pour crer les juxtaposs , partir de quel moment arrivent-ils l'existence ? Cette questionest aussi importante que dlicate rsoudre. Mais , avant del'aborder, nous sommes oblig d'entrer dans quelques considra-tions sur la transformation des sens dans les mots.

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    12 Il n'est point d'objets simples dans la nature. Chaque chose

    se prsente nous avec un ensemble de qualits diverses dontl'une plus saillante ^ est choisie pour dnommer la chose. Celle-ci est ainsi dsigne par Tune de ses parties dont le nom veiUedans la pense non pas seulement l'image de cette partie , maisl'image totale de l'objet , phnomne remarquable qui se relietroitement celui de l'association des ides et qui est le faitdominant de la succession des sens dans les mots.A l'origine le mot a une valeur significative ; mais son senspropre se perd peu peu , et il devient le reprsentant exact del'objet signifi. De nos jours, fleuve , neige font revivre nosyeux , dans toute leur tendue , les images sensibles des objetsdsigns par ces noms. Primitivement fleuve tait ce quicoule (fluere); neige , la chose humide (sanscrit snih

    ,

    tre humide, auquel se ramnent nix, vi'st, l'angl. snow, l'ail.schnee , l'anc. h. -ail. sneo , le goth. snaics). Le mot a doncd'abord dsign une qualit que l'esprit jugeait alors fondamen-tale , pour finir, le sens tymologique se perdant , par reprsenterl'objet dans sa totalit. Exprimant une qualit, c'tait un ad-jectif; dsignant ensuite un ensemble de qualits, une substance,il est devenu substantif.Ce procd de l'esprit, dans le dveloppement du sens desmots, se retrouve naturellement dans la formation des noms com-poss ; mais l'objet se prsente ici sous un double aspect , avecdeux qualits saillantes, l'une gnrale, l'autre spciale , qui lecaractrisent. Le nom devient alors une sorte de dfinition joerproimum genus et differentimn. Dans chou-fieur , gen-dar^me, portefeuille, il y a le genre : chou, gens, ce quiporte'^,que dtermine l'espce fleur, arme, feuille; c'est pourquoil'on donne au genre le nom de dtermin et l'espce le nomde dterminant 3. Dans ces sortes de mots , le substantifveille donc une double image, et c'est en quoi ils difierent desmots simples, o l'on retrouve bien un dterminant, l'adjectif,mais o le dtermin s'annule en se rduisant la notion la plus

    ' Pour ros])nt du moins. Qu'est-ce qui fait qu'il est phis frapp do tellequalit que de telles autres? qu'est-ce qui dtermine ce choix exclusifdans la dnomination des choses? Problme obscur, qui pntre au fonddes secrets de l'intelligence humaine et dont on ne peut mme encoreentrevoir la solution.^ Voir Prface, p. 4, note.' Eu allemand grundwort (mot fondamental, dtermin), besliinmungs-worl (mot de dtermination, dtenninanl).

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    13 vague et la plus gnrale d'tre i. Mais bientt, comme dansles substantifs ordinaires , la double ide qui se prsentait l'esprit s'efface graduellement devant une ide suprieure quiest celle de l'objet dans toute l'tendue de ses qualits ; et demme que le substantif simple , en perdant sa signification t}--mologique, finit par correspondre entirement l'ide de l'objet,de mme, dans les composs, le dterminant et le dtermin dis-paraissent pour ne faire place qu' une seule image. Le composest devenu simple.De ce principe dcoule une importante consquence pourl'tude des juxtaposs et des composs.Comme la composition repose sur un fait prcis et facile constater , un sous-entendu, elle date de l'instant mme o lesdeux termes composants sont mis en rapport l'un avec l'autre :

    d'o vient que l'existence des mots composs comprend deuxpoques distinctes , celle o dterminants et dtermins viventde leur vie propre, et celle o ces deux termes s'vanouissentdans une unit suprieure ; autrement dit , celle o les com-poss se reconnaissent comme composs et celle o ils devien-nent simples pour l'esprit. Par exemple , licou, mot composqui s'explique par une ellipse : ce qui lie le cou, a vcu d'abordcomme compos , rsoluble pour l'esprit en lie et cou ; puisla double ide donne par les deux mots s'est rduite uneseule, celle qu'indique actuellement le substantif licou. Mais lesjuxtaposs ne connaissent que la dernire de ces deux poques ;car tant que le dterminant et le dtermin ont conserv leurvaleur propre. Us n'ont pas plus le caractre de juxtaposs quetoute autre runion du mme genre forme sans cesse ni fin parl'activit journalire du langage. Ce n'est que du jour o lesdeux termes , perdant leur signification spciale , ont cess dedsigner les deux qualits saillantes de l'objet pour devenir lereprsentant exact et complet de cet objet, que le mot devient enmme tempsjuxtapos. Tel est l'important 6'/'^er^i^/>^ auquel onreconnat l'existence d'un juxtapos. Mais l'unit peut s'trefaite dans l'ide sans qu'elle existe pour cela dans la forme ortho-graphique. L'orthographe en gnral suit de trs-loin les trans-formations de la pense. Dans pidestal, gendarme, plafond,

    ' Ainsi , dans les exemples cits plus haut, fluvius , nix , le dterminest ce, chose {ce qui coule, la chose liumidr), tout ce qu'il y a de plusvague et de plus gnral.

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    14 les deux termes se sont souds , comme les deux ides se sontrduites l'unit ; la forme et l'ide s'accordent. Dans arc-en-ciel, chef-d'uvre, la soudure est moins parfaitement indi-que par le trait d'union. Dans pomme de tertre rien n'indiqueextrieurement la juxtaposition, et cependant ce mot est bienun juxtapos, puisqu'il a cess de prsenter l'esprit cette idecomplexe de pomme {ou fruit semblable une pomme) recueil-lie dans la terre et ne donne plus que l'image simple et unedu tubercule connu sous ce nom. C'est donc l'unit de l'image,qu'elle soit rendue visible ou non par l'orthographe, qui tablitl'existence du juxtapos. Cependant il faut reconnatre que, si cecritrium est prcis , l'emploi en est des plus dlicats. Puisquel'usage et le temps sont les seules forces qui agissent sur leslocutions juxtaposes, et les amnent, de l'tat complexe delocutions, l'tat simple de juxtaposs, la transformation nepeut se faire tout d'un coup ; il est un moment o elles flottententre les deux tats, n'tant pas encore assez simples pour m-riter le nom de juxtaposs, mais dj trop simplifies pour nepas tre considres comme des locutions spciales. Cet tatneutre, btard doit tre not et dsign, et nous rservons le nomparticulier de locutions juxtaposes aux expressions o nousle rencontrons. Mais cette distinction des locutions juxtapo-ses et des juxtaposs ne supprime pas toute difficult, car icitout dpend des apprciations personnelles , et celles-ci varientsuivant l'emploi que chacun fait de ces mots. Le ferblancn'est assurment plus pour personne du fer blanc ; mais , si leblanc de cruse est encore du blanc fait avec de la cruse

    ,

    pour les ouvriers qui fabriquent cette matire et se donnentle nom de blanc-de-crusiers , la locution a d passer l'tatde mot simple. Pour le Petit-Journal , le fait divers doitprsenter une ide aussi simple que celle de Haides-Etudesaux lves de l'cole qui porte ce nom. Pour les Belltrie7isde Genve seuls , les belles-lettres se sont rduites l'tatd'unit , et le bmol tait sans doute dj pour le musicien unsigne unique que le peuple y voyait encore un b mol. Unsergent de ville, mes yeux, est une unit simple, vivante,ayant pour caractre principal de se promener dans les ruesrevtu d'un uniforme particulier. Mais un age^it de police nereste pour moi qu'un agent de la- police. Pour un paysan, ilest fort probable qu'un sergent de ville n'est qu'un sergent dela ville, qui garde la ville. On voit donc combien est dlicate dterminer la valeur exacte des juxtaposs. Pour quelques-uns,

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    ceux , entre autres , dont les termes composants sont souds ,le doute n'est pas permis ; pour les autres , il faut se dciderd'aprs des apprciations individuelles , chose toujours hasar-deuse.La rduction des deux ides l'unit dans les composs etles juxtaposs se manifeste souvent par une modification ap-porte la forme extrieure du mot. L'on exprime gnrale-ment le fait en disant que le dterminant et le dtermin sesoudent en un mot unique ; mais cette soudure se fait en vertude lois spciales qu'il est utile d'examiner. Ici l'accent joue ungrand rle.

    Tant que les deux termes vivent de leur vie propre et gar-dent leur signification prcise , ils conservent en mme tempsleur accentuation ; et si l'accent du dernier mot est hien carac-tris, celui du premier, pour tre un peu plus faible, n'en est pasmoins sensible : sapevr-pompir, prte-cigdres ^. Mais si lafusion s'opre entre les deux termes, le premier perd peu peuson accentuation propre, et, quand elle est totalement acheve, Qne reste plus d'accent que sur la dernire syllabe du dernier mot :2'ndesidl , licou, lundi. L'affaiblissement de l'accentuationne correspond pas cependant exactement l'affaiblissement del'image, et telle expression juxtapose s'est rduite un simplejuxtapos , que l'accentuation est encore doubl. Assurment

    ,

    dsiuspomme de terre, qui est un vritable juxtapos, i^ommen'a pas l'accent qu'il reoit dans pomme d'acajou ; nanmoinsil se prononce avec un demi-accent encore assez sensible pourque , s'il fallt juger d'aprs lui , l'on ft tent de voir encoredans 2^omme de terre une locution juxtapose.

    Voici d'autres exemples de cette contradiction de l'ide avecl'accentuation. Les composs suivants ont franchi la deuximetape et sont arrivs l'unit d'image, et cependant ont un demi-accent sur le premier terme :

    prte-manteau

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    16 Ces mots cependant sont pour l'esprit aussi simples que ces

    composs qui ont un accent unique :licou affaire -compte cachenez soucoupe

    ou que ces juxtaposs dans lesquels l'accent second est tombaussi :

    bdane

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    17 dans l'intrieur des mots ; eUe rduira donc le compos liecouet les juxtaposs cUemanche , rraiement licou, dimmiche ,vraiment, comme eUe rduit j^loierai, lierai (prononcez i^loi-e-rai, li-e-rai), i:)loirai, lirai (crits ploierai, lierai). EUesupprimera le t de platfond , parce que de deux muettes con-scutives la premire disparat toujours. Ainsi dubito devientdub'to, doute; sapidus , sap'dus, sade ; aptus , ate , ade(ans malade). Dans nonobstant , dornavant , etc. , Ynperdra le son nasal qu'elle a dans non, dans en, parce quejamais n entre deux voyelles ne peut avoir le son nasal enfranais.On peut tendre et dvelopper ces exemples ; ils suffisent tablir que, du jour o les mots composs et les locutions jux-

    taposes arrivent a perdre les accents propres chacun destermes composants et se rduisent un accent unique , ils de-viennent des mots simples et se soumettent aux lois gnralesde la phontique franaise , d'aprs lesquelles s'achve la sou-dure 1

    .

    CeUe-ci naturellement est plus ou moins complte suivantqu'elle remonte une poque plus ou moins haute 2.

    Toutefois l'antiquit de la composition n'est pas une conditionessentielle de la soudure ; car, d'ahord, tel mot compos, devenusimple dans la vieille langue , a pu se rajeunir et reprendre laforme d'un mot compos la premire poque de son existence ;exemple : couvre-chef, qu'on trouve en vieux franc, crit :queuvrechier, cacrechi , etc., formes o les lments compo-sants se sont videmment combins en un mot unique. D'un autrect , les conditions de soudure des mots varient avec la naturedes sons qui les constituent. On voit tel mot simple subir des trans-formations phoniques qui le rendent mconnaissable : ainsi sacra-mentwn, serment; d'autres, au contraire, se maintenir sanschangement sensible ds les premiers temps de la langue jusqu'

    ' L'exemple le plus frappant o l'on saisisse sui- le fait l'action do ces loisest le juxtapos dmandie, de diem dominicain ou mieux die dominica, quidevient le juxtapos diedoininica. Sous cette forme il arrive se souder^ et,comme mot simple, perd la protonique et la post-tonique ((/iedmmca,-enclie), et le d du groupe dm {diemenche) ; d'o diemenche, dimanche.

    ^ On doit distinguer au moins quatre poques pour la formation descomposs et des juxtaposs : l. poque latine : Forum, Julii = Frjiis1. poque romane : iunw dies= lundi; 3. poque du moyen ge: hlel-Dieu ; 4. poque moderne : limbre-posle. Les distinctions de dates ont leurimportance, surtout pour la composition avec gnitif.

    2

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    18 nos jours : ornamentum, ornement. Il en est de mme des com-poss et des juxtaposs. Il est difficile de reconnatre ecce hic etquare dans ci et car. Le grec 7:apa6o).Y], passant par parabo-lari, aboutit parler, mot simple aujourd'hui, s'il en ft ; maisorpiment et bisaigu ^emhl&ni ns d'hier, quoique aussi vieuxque la langue. Or on ne niera pas que le maintien des formes et,par suite, des sens tymologiques ne soit un srieux obstacle lasoudure des termes. Enfin, souvent l'un des lments composantspeut avoir une valeur assez considrable pour rsister toutefusion. On ne voit gure, par exemple, comment hotel-Bieu,aujourd'hui cependant simple sjnonj-me 'hosjnce , arriverait se rduire un mot unique. La soudure, but auquel tendentncessairement composs et juxtaposs , n'est donc pas tou-jours la consquence immdiate de la rduction l'unit destermes composants. Ncessaire , invitable logiquement , ellen'en est pas moins soumise l'action de circonstances multiplesqui peuvent en retarder ou en arrter le progrs , et o il estimpossible de dterminer une loi. EUe n'est donc , en somme

    ,

    qu'un accident extrieur et secondaire ; nous n'avons aucunedistinction essentielle tablir entre les mots o on la constate et ceux qui ne la prsentent pas, et l'unit de forme doitcder a l'unit de sens , l'unit pliysiologique l'unit psycho-logique.

    Pour rsumer les observations qui prcdent , rduction l'unit de la double image prsente par les deux termes , chutede l'accent second, fusion plus ou moins complte du dterminantet du dtermin en un mot unique, telles sont les transformationsque peuvent subir les lments que dans les composs combinel'ellipse et dans les juxtaposs unit l'usage. Une question resteencore rsoudre : comment se groupent ces lments ? autre-ment dit, quelle est la place du dterminant par rapport au d-termin ?Nous avons vu plus haut que les noms composs sont de vri-tables dfinitions par genres et par espces o l'un des termesprcise, spcifie, en un mot dte)-niine l'autre. C'est dire que ledterminant exprime dans l'objet la qualit, dans la substance lephnomne. Or, chez les intelligences encore neuves des peuplesprimitifs ou des enfants, ce qui dans l'objet frappe avant tout lapense, c'est la qualit, le phnomne. De l vient que les nomscommuns l'origine sont des adjectifs, et que dans la construc-tion antique l'attribut gnralement prcde le sujet. Il est doncnaturel que, dans les composs, ces propositions en raccourci,

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    I

    19 le dterminant ou l'attribut prcde le dtermin ou le sujet '

    .

    C'est ce que nous montrent le sanscrit, l'allemand et leslangues classiques. Le grec cependant, pouss par son espritanalytique , s'carte dj de cette rgle , place dans un cer-tain nombre de mots le dtermin au premier rang : tXoeTvo,y6ou, etc., et forme mme des composs o le dterminant et ledtermin peuvent indiffremment changer de place entre eux :oixo^opc? et opsof/.c;;, -/wpctXsTv et otXoywpstv, IirTrXuTo et Auitctto,'iTKC/.pa-ur^; et KpaTix-o;, etc. 2. Le latin offre aussi des exemplesquoique plus rares, o le dtermin prcde : respublica , jus-Jurandum , latusclavus, angustusclavus (plus tard : laticL,angusticl.), l'topulusRomanus , etc. Le roman^ avec son besoind'analyse, devait s'loigner encore plus de la construction primi-tive ; et , de fait , dans les compositions o elle est possible , lesdeux cinquimes des exemples ne la reproduisent point. Cepen-dant la majorit y est encore fidle, ce qui semblerait tablir quele souvenir n'en est pas absolument oblitr. Quant aux excep-tions, sans pouvoir les expliquer autrement que par l'esprit ana-lytique des langues no-latines , nous nous contenterons , dansla suite de ce travail , de les signaler l'attention du lecteur.

    Dans les pages prcdentes nous n'avons parl que de la com-position proprement dite et de la juxtaposition. Les principesque nous venons d'exposer trouvent en partie leur applicationdans le troisime genre de composition que nous avons signaldans la prface : la composition par particules, celle dontsurplis, d-faire, em-barq-uer, etc., nous offrent le type,et qui tantt donne de purs juxtaposs {mal-traiter, bien-heureux), tantt des composs elliptiques [arrire-cour, pour-boire), tantt enfin des composs sui generis {e^n-barq-uera-douc-ir, en-table-nient) . Cette conjposition est soumise des lois de formation et d'accentuation tout--fait spciales.Nous ne pouvons les aborder ici, et nous en rservons l'tudepour le Iir chapitre que nous lui consacrons.

    ' Cf. M. Bral, Granirn. compar. (Introduct. du t. IV, p. xxir.) Nous ne par-tageons pas toutefois la manire de voir de M. Ural qui donne pourraison dernire de cette construction le dnir de r&erver pour la fin l'idela plus vnporlante. L'ide la plus importante au contraire est l'ide qu'ex-prime le dterminant.

    ^ Cf. Ad. Rgnier, TraiU de la formalion des mois grecs, g 288.

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    CHAPITKE II.DE LA JUXTAPOSITION.

    Nous avons montr , dans le premier chapitre , les difficultsqu'offre la dtermination exacte et complte de tous les juxta-poss de la langue. Le plus souvent on est oblig de se laisserguider par des apprciations personnelles, chose toujours pleinede risques. On se condamne donc , si l'on veut en dresser letableau , donner des listes trop compltes d'un ct , incom-pltes de l'autre , puisque quelques-uns de ces juxtaposs pour-ront prsenter au lecteur des ides complexes qui nous parais-sent simples ; que d'autres , au contraire , omis sciemment luisembleront offrir une unit d'image que nous n'y trouvons pas.Comment classer les juxtaposs ? On peut avoir gard lanature des termes qui entrent dans la composition ; on peut aussiconsidrer la nature du mot qui rsulte de la juxtaposition. Ainsil'on peut grouper ensemble :

    chef, uvre, jrs^uu^t Sna ^ ' chef-d'uvren nom et un nomUn nom et un adj. :Unnomet uneprp.Un adj. et un adj. :Un adj. et un adv. :Un adj. et une prp.Unpron.etunpron.Un pron. et un adv.Un verbe et un adv.Un adv. et une prp.

    'plat, fondtous, joursmal, grde, boutsourd, muetmal, heureuxsub, longumquisque, unusecce, illemal, traitermis, horsde, intus

    un nom : plafondun adv. : toujoursune prp. : malgrun adv. : deboutun adj. : sourd-muetun adj. : malheureuxune prp. : selonun pron.un pron.un verbeune prp.chacuncilmaltraiter

    : hormisune prp. : dansOn voit combien les combinaisons sont varies ; peut-tre en

    oublions-nous ; mais comme l'esprit de la juxtaposition ne diffredans aucun de ces cas, que l'on se trouve en prsence d'un pro-cd toujours constant, il est plus utile et plus simple de classerles juxtaposs d'aprs la nature des mots qu'ils produisent. Nousavons autant de classes que de parties du discours : substantifs,adjectifs, pronoms, verbes, mots invariables.

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    21 PREMIRE SECTION.

    SUBSTANTIFS ISSUS D'UNE JUXTAPOSITION.

    PREMIRE SRIE.JUXTAPOSS DE COORDINATION.

    Termes composants : substantif et adjectif. Types : plafond ,coffre-fort.

    Il est impossible de dterminer d'une manire gnrale dansquel cas l'adjectif prcde le substantif, dans quel cas il le suit.Cependant le souvenir de la construction primitive est encoreassez net, puisque les deux tiers au moins de la srie qui vasuivre placent le dtermin aprs le dterminant, et reproduisentla construction antique -/.ay.oga-'ixoiv.

    Les juxtaposs latins de cette nature sont assez rares. Nousavons cit plus haut respublica, jusjurandum , angustuscla-vus, latusclavus . On ne peut ajouter ces mots ple7iiluniiimdonn par Maetzner {Franzs. Grammatik, p. 332) , commetype de la juxtaposition d'un nom et d'un adjectif, puisque p/e-nilunium est un compos et non un juxtapos. Mais on peutencore citer : sacer ignis (rysiple) , fnuin grcum (fenu-grec), herba impia (Pline, XXIV, 113; Filagogallica, deLinne) , et quelques autres noms de plantes : labrum Veyie-reum (PL, XXV, 108; dipsacus silvestris, h.), persicapoma (pches) , ros mariniis , etc. Je trouve dans Corssen{Aussprache 2, II, p. 884) , donns comme juxtaposs : viril-liistris , equesRomdnus , prtorurbdnus , popidusRomd-nus. On peut citer surtout des noms de lieux , composs d'unnom et d'un adjectif, et qui de toute ncessit sont devenus-des juxtaposs sous l'action du temps. De nos jours Villeneuve,Belle-Ile, Bellemlle , Montrouge , etc., sont des juxtapo-ss, qui reprsentent l'esprit non les ides indiques par chacundes lments constitutifs des noms , mais la ville , le lieu auquelces noms sont appliqus. Il en a d tre de mme des nomspropres qui suivent : Alba longa; Apta Jidia; Augusta Eme-

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    22 rita, Finna, Gemella, etc.; Bulla regia; Campestris Julia;Carthago Nova ; Castra Cornelia, Gemina, Prtoria, etc. ;Castrum Julium , novu7n, etc.; Colonia Agrippinensis, etc.;Constantia Julia, etc.; Forum Julium (devenu Frioul),Novum; Fossa Cloclia; Foss Marian ; Longi Mri;Mo7is Sacer; Oppidum Novum., etc., etc. Corssen (ibid.,p. 885) donne les formes AptaiUa , Summasdlpes, Triacd-pita , Lepidoigio, Sacrdvia , noms de lieux o la juxtaposi-tion est arrive la soudure des lments constitutifs. Citonsencore Aqu Sexti, devenu Ai.Le latin populaire a peu enrichi cette liste. On peut citerdimanche, outarde, orfrai et vimaire, qui remontent l'po-que primitive. Nous allons examiner chacun de ces mots.Dimanche, en v. fr. diemenche, drive de diedorainica(= diem dominicam) , o inica devient naturellement enche,et o la protonique o brve tombe : d'o diedmenche, et par con-traction diemenche t. Biesa conserv ici le genre fminin qu'ilavait souvent en latin ; car la terminaison masculine inicus don-nerait difficilement enche , et d'ailleurs l'italien dit dominga etnon domingo. C'est, ce que je sache, le seul exemple, endehors de l'archaque miedi , o dies paraisse avec ce genre ;partout ailleurs il est masculin. Quant miedi, on a voulu }'voir une influence de l'expression analogue miejiuit ; l'analogiesuffirait-elle expliquer ce changement de genre ? Nous ne lepensons pas , et il nous parat plus simple d'y reconnaitre unedernire trace du fminin dies conserv dans diemenche.

    Outarde, dans Palsgrave ostarde, primitivement austarde,est le lat. avis tarda, nom donn par les Espagnols cet oiseau,s'il faut en croire Pline : Quas Hispania aves tardas appellat

    ,

    Graecia otidas (H. N., X, 29). Dans avis tarda, avis estdevenu avs, ans , comme arica est devenu avca, auca 2, Leprov. ahetarda et l'ital. ottarda viennent aussi du nominatif.Le portugais vient de l'accusatif : abetarda = avem tardam;l'espagnol avutarda a redoubl avis {= av-u-tarda pourav-o-tarda = av-au-tarda) ^.

    ' Cf. plus haut, p. 17, note 1. M. Braclict (Dict. tym., s. v. dimanche)suppose pour ce mot la filire die{d)ome7ichc , die-omenche, dieman'-hi'

    ,

    qui est inexacte. La protouique brve a d tomber tout d'abord sui-vaut la loi tablie par M. Brachet lui-mme. D'ailleurs dieomejiche serduirait plutt diomenche qu' diemenche.2 Diez, Gloss. Rom., Glosses de Gassel, s. v. auca.' Diez, El. V/.,l, s. v. ottarda.

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    23 Orfroi, v. fr. orfrois ^ d'o orfroisel , orfroiseler, est

    form 6 or = auruon , et d'un mot f/-ois dont l'origine estdiscute. Frois suppose une forme fris ou fres avec i brefou e long non en position. Diez y voit un radical germaniquequ'il retrouve dans le nom de pays Frise (Friesland; Fri-sons = hommes aux cheveux boucls), et dans l'anglais frizzle,et le frison frisle = boucl. Mais , dans le radical germa-nique \'i est long, soit par nature, friese, soit par position

    ,

    frisle , et n'a pu passer en roman sous la forme fris on frs.Il vaut donc mieux voir avec Littr, Gachet, etc., le latinPhrygium. Diez objecte des difficults de phontique ; maisphrygium a pu aussi bien donner frois que *fragea = fragiade fraga a donn fraise , que *gigerium a donn gsier etgengiva gencive. Quant au sens, dans l'antiquit classiquephrygi vestes sont des toffes broches d'or , eiphrygio dansIsidore de Sville signifie brodeur. L'tymologie est doncassure; mais comme phrygiimi ne se retrouve pas isol enV. fr., et qu'il n'a pu par suite se combiner avec or, l'poquedu moyen ge, orfroi doit remonter l'poque primitive duroman, au latin populaire. Il se retrouve dans le prov. aurfres,l'esp. orofres, mais manque en ital. et en val,Vimaire (vis major), proprement force majeure , mot quine s'est conserv que dans le langage technique , o il signifieles dgts causs par les orages dans les forts, et, dans le patoisnormand , vimar, accidents morbides chez les nouveaux-ns(Littr). Ce mot date de l'poque romane primitive, attendu quevis n'a pas pass en franais ; disparu rapidement de la languecommune, il s'est spcialis de bonne heure, et, ds le xiii^ sicle,on en avait perdu le sens tymologique, puisqu'on le rendait enlatm par vimarium (Ducange)

    .

    Le franais a largement dvelopp la juxtaposition du nom etde l'adjectif. Voici les principaux de ces juxtaposs.

    I. Le dterminant prcde le dtermin :aubpine (l) ' bas-dessus bas-empirebas-Breton bas-fond bas-mt

    ' Li fuerres d'orfrois de Vene< e [Cresl.de Troxjes, dans Barlsch, Ghrcstom. ',141, yi]. Fleur t/'orfrois (Fi. et BL, v. 977). Demies d'orfrois (Rom. de laViolette, p. 88). Cliapel d'orfrois (Rose, v. 558). //oc awifrigitim, orft'oiz(vocab. lat.-fr. du xi\' s., p. p. Ul. Robert, dans la Bibl. de l'Ec. desCharles, 1873).

    2 Les numros entre parenthses renvoient aux remarques qui suiventla liste.

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    24 bas otflcierbas-latin,-grecbas-mtierbas-reliefbasse-courbasse-toffebasse-fossebasse-lissebasse-marchebasse-taillebasse-verguebasse-voilebas-ventrebeau-fils, -frre, -prebeau-chasseurbeaux-artsbelle-fille, -mre,-surbelles-lettresblanc-auneblanc-boisblanc-estocblanc-treblanche-uvre(-2)blanc-mangerblanc-pendartbonhommebon - chrtien (3)bonheurbonjourbon sensbonsoirbonne aventurecent-gardescent-Suisseschicheface (4)claire-voiechaudebouillure (5)chaude-chassechaude-pissechauve -souriscloporte? (= claumsporcus ?)court-bandagecourt-btoncourt-bouilloncourt-boutoncourt-ctcourt-cureaucourte-boulecourte-pecourte-pinecourte-graissecourte-lettrecourte paillecourte-paumedemi-aigrette (6)demi-air

    demi-amazonedemi-anglaisedemi-arpenteusedemi-aunedemi-autourdemi-baindemi-bandedemi-bastiondemi-battoirdemi-baudemi-bossedemi-bottedemi-brigadedema-casedemi-cercledemi-ceintdemi-chanedemi-clefdemi-coupdemi-coursedemi-doubledemi-lunedemi-moulinetdouble-aubierdouble-becdouble-bcassinedouble-canondouble-chaloupedouble-feuilledouble-macreusedouble-maintanbord uu tambot (7)tanflcheextrme-onctionfaufil (= faux fil)fausse-cleffausse-monnaiefaux-bondfaux-bourdonfaux-marchfaux-marqufaux-monnayeur (8)faux-saunierfranc-alleufi'anc-archerfranc-bordfranc-fieffranc- fi linfranc-fileur (nolog.)franc-funinfranc-maeonfi'anc-quartierfranc-ralfranc-salfranc-tillacfranc-tireurfranc-taupin

    franche-mullegentilhommegrand-pre, -mregrand-livrehautboishaut-bordhaute-courhaute-justicehaute-futaiehaut-fondhaut-fourneauhaute-ligehaut malhaute-paiehaute-taillelse-majestde longue-main (main= travail)longue vuemalaisemalaventure (9)maldehait (arch.)malebtemalebouchemalechancemalefortunemalegouvernemalemortmalencombremalencontremalepestemalepeurmaleragemalfaonmalgr (d'o maugrer)malherbemalheur la malheuremaltalent (arch.)malttemarsault (10)mi-aot, -septemb., etc.mi-carmemi-corpsmidi (arch. miedi)milieuminuit (arch. mienuit)mort-boismorte-eau

    .

    morte-saisonmort-pelin ou m.-plainmorfil (= mort fil)moyen genouveau-mondenouvel-annoirprun ou nerprunnu-tte, -pieds, etc. (Il)

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    25 oriflamme (ll^ipetit-fils, -neveUj etc.petit-laitpetit-matrepetite-fillej-nice, etc.petite-matressepetites-maisonspetite -oiepetite -vrolepetit-grispetits-enfantspetits-fourspetit-ptplain-cliantplafond (= plat fond)de plain pied

    plat-bordplate-Landeplate-faceplate-formeplate longela plupart(= plus part)primevre (du plurielneutre priinavera)primesaut (13)printempsprudhommeprudefemme (arch.)quintessence (mot deformation savante)quote-partronde-bosse

    rond-pointsage-fommesaint-officesainboissainfoinsaint-sacrementsaint-sigesaint-spulcresauf-conduit (li)sauvegardetiers-tattiers-ordretiers-pointverjusvieux-franaisvif-argent

    Remarques. 1. Aubpine = aube (blanche) pine. L'ad-jectif /^, albe, ou aub, aube, de bonne heure a t remplacpar le germanique blanc. Il n'est rest que dans quelques ex-pressions : l'aube du jour, Yaube du prtre (toile blanche),l'aube d'un moulin vent (primitivement toile blanche des ailes)

    ,

    par ext. , l'aube d'une roue eau. Le v.-fr. disait aussi : unenfant mort dans ses aubes (dans ses langes).2. Blanche-uvre (arch.), outils tranchants. Blanches, ici

    le mme sens que dans arme blanche. Blanche-uvre a dis-paru, ne laissant de trace que dans le driv blanchuvrier

    .

    3. Bon-chrtien (poire de). Ce nom , d'aprs Caseneuve ,vient de St-Franois de Paule , dit le bon chrtien , qui apportaces poires d'Italie en France. Cette tymologie est confirmepar deux pices de vers qu'on lit dans le Journal historique surles matires du ^em/Ji- (Journal de Verdun, 1730, fvrier etmars). C'est une nigme avec son explication, de laquelle ilressort que c'est Louis XI lui-mme qui aurait donn ces poiresle surnom du saint. L'tymologie de Mnage zav/pricrra n'estpas mme discuter.

    4. Chicheface ou chincheface. Voir sur ce mot l'Histoirelittraire, XXIII, p. 247.

    5. Chaudebouillure est un mot dialectal (Lalanne , Gloss.poitev.). On dit encore dans l'ouest et dans le centre chau-bouillure , contraction de chaudebouillure (Jaubert, Gloss.du centre; Lalanne, op. c; Favre, Gloss. duPoit.).'De chau-bouillure , qui n'est autre chose que chauboulure avec 1'^mouille, drive notre chauboulure , d'o chauboid.

    6. Demi et mi en composition restent invariables. C'est unergle toute moderne ; la vieille langue gardait l'accord : En mie

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    26 nuit s'enfuit de la citet (Alexis , 38, d.) En demie lieuene pot il mot soner (Cli. des Saines, II, 95). Un soir lamienuit (Villehard., p. 89). Palsgrave, en 1530, dit encore :Une demie douzaine (p. 859). Remarquons le genre des jux-taposs mi-carme, mi-aot, etc., o le dtermin est mas-culin. Il faut y voir une influence des expressions : la Saint-Jean, la Saint-Martin, etc., o fte est sous-entendu.

    7. Etambord (par corruption tambot) , tanfiche sontcomposs de bord (au sens de bord d'un na^dre, planche) ou defiche et de estant = debout.

    8. Fau-monnayeur n'est pas 'monnayeur en faux; c'estun driv de fausse-monnaie . Monnaie ayant donn mon-nayeiir, fausse s'est appliqu monnayeur par une analogiede forme plutt que d'ide, et, en en prenant le genre, est devenufaur. Il en est de mme de bas-Breton , bas-Justicier, fauxtmoin, etc., forms de basse-Bretagne, basse-justice, fauxtmoignage, etc.

    9. Malfaon, maltote, malheure, etc. Ces mots avaientprimitivement maie avec Ve muet : aucun autre vice de ma-iefaon (Et. Boil., p. 94) ; malle /iem-e(Palsgr.,p. 62); toutesles matelotes (Froissard, I, 1, 65). Maltalent signifie mau-vaise passion, colre : Molt fu iris et plains de mautalent (Aliscans, d. Guessard, v. 694). Maldhait veut dire mau-vais souhait ; c'est une formule d'imprcation qui s'employaitcomme malepeste , malheur : Maudahez ait tel saintueresQui en tel guise fait baler Giaus qui le veulent aorer (Renard18419). Maldhait ki sans cop frir Cor ne buisine i sonnera (Ph. Mousket, v. 6897-98).

    10. Marsaidt , sorte de saule i. C'est un compos de mar =mle, et de saidt , forme drive de salix qu'on trouve ctde saule , ce dernier d'origine germanique. Marsault est tra-duit dans Ducange par massalix. L'adjectif 7nar, lat. mas,maris, a laiss peu de trace en roman ; cependant son existenceest incontestable. Diez {Et. W, II, b. marron) a dmontrque l'esp. maron ou ynarron, blier, drive de mas; de l leport, marrar, frapper avec les cornes. D'accord avec Burguy(III, s. V. marer), je rattache cette racine le vieux verbefranais marer qui signifie aussi frapper violemment : Quantplus me maire s'amours et point (Romvart, 299). J'exphque

    Moins bien marceau (dans Rousseau, Rver, d'un promen. salit., V).

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    27 encore par la mme racine un mot de la Chronique des ducs deNormandie : Kar mult est la terre gerrive. Et de bones gensplenteve, Forz de recez et de passages, E de granz fluns, par-funz , marages. (v. 19410-13). Ces fiums parfunz , tna-rages, sont des fleuves profonds et violents. L'adjectif ?>iar(/edrive selon nous d'un substantifou d'un adjectif mar signifiantfort, mais non du verbe inarer, qui donnerait par drivationun substantif et non un adjectif. Marer , lui-mme , vient trs-bien, comme niarrar, de ma7\ Mcw a disparu de la langue, rem-plac par masle masculus , et comme tant d'autres motsanciens, n'a plus laiss de trace que dans la langue technique i.

    11. Nu-tte,-pieds, etc. Il ne faut pas voir dans ces expres-sions une composition semblable celle du grec [j^sYaOuixoc

    ,

    ^(ou, ou du latin longinianus, alhicomus. Nu est un adjectifqui doit s'accorder avec le nom suivant, et qui a subi rgulire-ment l'accord jusqu'au sicle dernier. Les exemples produits parM. Littr (s. v. nu) montrent premptoirement combien peu estjustifi le rcent usage qui fait nu invariable. Marivaux crivaitencore en 1733 : Je suis nue tte (Marianne, 3^ part.).

    12. Ori/famme , de aurea , v. fr. orie et de flmmna. Unvers du Roland nous montre les deux mots encore spars : Ge-freiz d'Anjou portet Yo)-ie flambe ^ . Orie se prononait rjeavec un yod, et non yre; avec la soudure rie est devenu ori.

    13. Printeynps , primesaut , p)Hmev/-e. Primesaiddevait tre et a t jusqu' la Renaissance (Rabelais, Montaigne)prinsaut. L'adjectif archaque tait prm, prime. Prme seuls'est conserv dans quelques expressions, et, devenant des deuxgenres, a remplac le masc. prew, comme le prouvent ^jr?/;it'-saut et de pynme abord. Le v.-fr. avait encore d'autres juxta-poss de fyrimiis : prinsoir, le commencement de la soire;prinsome, non le premier sommeil, mais le temps des premires

    ' Dans Amis el Amiks , on lit (v. 1301-2) : De joins marraiges et d'es-pines poignans Vos coronerent cel mauvaise jant. M. C. Hofmannexplique ces joins marraigts par des joncs de mer (Mecrrohren); il faitainsi de marraigi; (qui est videmment notre maragc) un synonyme demarin. Cette explication est condamne par le contexte : marraige doitcorrespondre pour l'ide poignans, vt par le passage de la Chronique, o(les fleuves marins n'aurait | as de sens. Quant au vers de Cliarlem. Jrusal. D'un grand peisuu mage qui fut fait en mer (v. 5S2), vers f[ueM. Hofman corrige en D'un giaml ijcisun maraige qui fut fait outremer le passage; est trop corrompu ])our ([u'on en puisse tirer quelquechose; d'ailleurs notre explication de marage y convient tout aussi bien.

    ^ V. a093. Nos citations se reportent la grande dition de M. L.Gautier.

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    28 heures du sommeil : Vers prinsome , qui est nuit obscure (Chr. des Ducs de Norm., v. 35758).

    14. Sauf-conduit et sauve-garde prsentent un sens desauf trs-rare : qui rend sauf. Je le trouve encore dans cevers de Marot cit par M. Littr (s. v. sauf) : Donne-moisauve assurance de tant d'ennemis inhumains Dans sauf-conduit, ^aw/ fait plonasme, du moins dans la vieille langueo conduit signifie prcisment sauf-conduit : Dune enveia lihers al cunte dous ahez Qu'il li duinse cunduit (Th. leMart. 51, dans Littr, s. v. conduit). En lui tant se fia quesenz cunduit est si venuz (Chr. des D. d. N., v. 23221).Le V. fr. disait galement bo7 conduit : Car en tel lieu mainneon I homme Sous boin conduit. . . (Ph. Mousket, v. 22927).A la liste prcdente, ajoutons les mots suivants, o le secondterme est un adjectif ou un infinitif pris substantivement : beau-cuit, beau-frais, beau-partir, beau-retoir.On peut citer encore les noms propres , par exemple :

    Aigrefouille (Loire-Infrieure)Aubeterre (Charente)Beaufort(Jura, etc.)Beaulieu (Corrze, etc.)Beaumesnil (Meurthe)Beauprau (Haut-Rhin)Beauvoir (Deux-Svres, etc.)Belfort (Haut-Rhin)BeHc-Isip (Ctes-du-Nord)Belleville (Paris)Belmont (Aveyron)Belpech (= b.-podium , Aude)Bonntable (Sarthe)Bonneval (Eure-et-Loir)Boupre (= alba pelra, Vende)Ghaveroche (Corrze)Chaumont (Haute-Marne)Clermont (Puy-de-Dme)Courbevoie (Seine)Disouche (= duas aucas, Loire)Grandcombe (Gard)

    Grandcouronne (Seine-Infrieure)Grandpr (Ardennes)GranviUe (Manche)Grossuvre (= gr. sylva, Eure)Hauteville (Ain)Islerousse (Corse)Longueville (Seine-Infrieure)Malesherbes (Loiret)Moyenneville (Oise)Moycnvic (Meurthe)Neuvic (Dordogne)Noirotable (Loire)Noirmoutier (Vende)Omont (= altus ?non., Ardennes, etc.Petite-Pierre (Bas-Rhin)Rahnont (Tarn)Richelieu (Indre-et-Loire)Sauveterre (Basses-Pyrnes)Vieilmur (Tarn)

    Etc., etc.

    II. Le dterminant suit le dtermin :amour-proprearc-boutantarc-doubleauarvol (1)artimage (2)buf-gras la boule vuebois-gentil

    bouts-rims (el par cx-ien5io?i un bout-ri ni,pice en bouls-rims)branche-ursine

    branle-bascarme-prenantcaillot-rosatcanepetire (3)

    chapechutecharcutier (4)chasse-partiechtcau-furtchteau-gaillardchat-huant (5)chat-cervierchat-marin

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    29 chat-musquchgros (= chef gros)chien marinchou cabuschristc-marinecoffre-fortcorps-saint (G)cote -pointe {culcilapuncta; fr. mod.,

    courte-pointe)eau -fortepuise-YoIantetat-majortat-civilfait diversfauperdrieux (= fau-con perdrieux , quipoursuit la perdrix)ferblancfeu follet forfait (for = forum)fourche-fire (7)

    garde-bourgeoisegarde-franaisegarde-nationalegarde-royalegarde-champtregarde nationalguet-apens et arch. ap-pens et pourpenshuis-closloup-cervierloup-marinmain-bassemain-chaudemain-fortemain-leveormier (v. fr. or mier,or pur,aurum?)e; um)ortie griche (= grec-que)patentre (8)passe bleu (9)passe-vert

    passe-follepivert ( pic vert)pinne-marinepont-levispont-neufprocs-verbalrat-bailletraifort (= raz de radix,

    et fort)saindouxsang-froidsens communsole battue (d'oi solba-

    iure et solbatu)taille-douceTerre-Sainteterremoete (10)veau-marinver-luisantverglasvinaigre

    Remarques. 1. Arvol (arch), ])ro])rement arc vont. Les fenestres et les arvols (Gort. d'Arras. cit par Du Mrildans FI. et Blancefl. Gloss.). Tut li arrol et tut li lambre (G. de Cambr., Barl. et Jos., p. 293) Fors des arvols delparleor (B. de Sainte-More, v. 1172).

    2. Artimage, v.-fr., signifiant art magique; mot de forma-tion obscure. Les lois de la phontique empchent de voir dansYi de artimage , Ye de artemagica; il est plus simple d'ad-mettre une vieille formation savante l'imitation des composslatins en ^. Ce mot se prsente avec diverses variantes : artimal(Roi. V. 1392), artimaire (B. de Ste-More, v. 14784), arru-maire (Montaiglon, Rec. gn. de Fahl., I, v. 215), artimaige(FI. etBL, V. 459). Cf. A. Tobler, dans la Romania , II,p. 243.

    3. Canepetire; primitivement cane petire ( Cigoingnes,cannes petires, flammans Babel., Garg., 1 , 37). Le sens del'adjectif est obscur. Canepetire ou cannepetire s'emploieencore en Normandie , mais avec la signification de cannecreuse dont les enfants se servent pour lancer bruyamment desballes de fi[lasse (Ed. du Mril, Diction, norm.). Ici la can-nepetire est une canne bruyante.

    4. Charcutier, au xvii sicle chaircuitier . Ce mot n'estpas, proprement parler, un juxtapos ; c'est un driv du jux-tapos chaircuiie; le charcutier est celui qui vend ou jirparede la chair cuite.

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    30 5. Chat-huant, altration de chouan. Le vulgaire, par une

    fausse analogie de sons, et en faisant un rapprochement entre latte arrondie du chat et celle du hibou , a transform le chouanen chat-huant.

    6. Cor^ps-saint, dans l'expression : enlever comme un corps-saint. Nous donnons ici ce mot pour signaler le contre-sens queconsacre l'ortographe corps-saint. Ce n'est pas un juxtapos ;il faut lire corsin (voyez Littr : s. v. corsii).

    7. Fourche-fire de furca fera et non de furca ferreaque M. Littr propose cot de f. fera, mais que repoussent lesrgles de la phontique franaise. Ce mot n'est plus gure quedialectal. Assez usit dans la vieille langue, il est pris au propredans ce vers : Li autre prend sa fourchefre , Dont devoitespandre son tiens (Renard, 3458-9) et au figur dans cet autre : Qui pur Deu le suen despend De feres furches se despend (B. N. ms.fr. 902, fol. 109a.; Mart. deSt-Georges, v. 115-16).

    8. Patentre, de j^citernoster. En v.-fr. , ce mot a signifiaussi chapelet. De l le driv patentrier : Patenotriersfesanz j)atenotres d'os et de cor (corne). (E, Boileau, Mes-tiers, p. 66.)9. Passe-bleu , passe-folle. Le mot passe est ici le latinpasser. Passe est des deux genres, ainsi que passer, qui, masc.dans le latin classique , a t aussi fm. dans la basse latinit.Dans un man. latin du viii^ ou du ix* sicle (B. N., fonds latin13246 , fol. 2), on lit : duo paseres quas dicit spirito et ani-mam intelleguntur. L'italien dit passera , au fminin. Lepasse-hleu , le passe-vert sont des espces de passereaux ; lapasse proprement dite dsigne spcialement la fauvette ; \d.passe-folle est une mouette, dsignation singulire, mais dont en sommeil ne faut pas s'tonner ; on donne bien le nom de huse certaineespce de fauvette {}a. passe-huse, appele aussi la husette).

    10. Terremoete, c'est--dire terre mue, terra mota,ivem-blement de terre , en vieux franais : E terre moete o i adveirement (Roland, v. 1427). Le vieux franais ne connaissaitpas le juxtapos terrmotus qui a pass en italien. (Voir plusbas, troisime srie de cette section, note finale.)Le premier terme peut tre un adjectif pris substantivement :clair-obscur, blanc-soudant, blanc-bourgeois, gras-fondu

    (d'o gras-fondure), gras-double, noir-vein (agaric), noir-brun (poisson), revenant-bon.A cette liste, on peut ajouter les noms propres, qui apportent

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    31 un contingent considrable. Nous nous contentons de donner lessuivants :Aiguebel'e (Savoie) Montastruc(=.l/on5 astrulus; Haute-Aigueperse (Puy-de-Dme) Garonne)Aigues-Mortes (Gard) MonLbenot (Doubs)Bourgneuf (Loire-Infrieure) Montfort (Ille-et-Vilaine, etc.)Castelnau (Gironde) Montrouge (Seine)Chteauneuf (Charente, Haute- Piinarin (= /'orfmm t?^. ; Vaucluse)Vienne, etc.) Pierrefiche , -fitte , -faite , etc.Campbon (Loire-Infrieure) (Seine, etc.)Ghamptoc(= Castrum Celsum; Pierrofort (Cantal)Maine-et-Loire) Koclaefort (Charente-Infrieure)

    Coclois ( Curlis Clodia ; Aube) Roquecourbe (Sane-et-Loire)Corgoloin (Cwr/('5 Godelanus ; Cte- Roquevaire {{.-varia; Bouchcs-du-d'Or) Rhne)Fontaine-Franraise (Cte-dOr) Vaucluse (Vaucluse)Forcalquier (= /''ur/iti Calcarius ; Vaavert (Gard)Basses-Alpes) Villeneuve (Lot-et-Garonne, etc.)Fondremond ( = Fons Romanus ; Villeral (Lot-et-Garonne)Haute-Sane) ViUefranche (Rhne)Lillebonne (Seine-Infrieure) Villcfort (Lozre)Montaigu, Monthc (Meurthe, etc.) Etc., etc.Vaucluse est le latin vallis clusa. Vallis , fminin en latin,

    est devenu masculin dans le substantif commun val, grce laterminaison masculine de ce dernier ; mais il a gard son genreprimitif dans les noms propres (cf. Laval, chef- lieu de laMayenne). Palsgrave (p. 161) place r^ parmi les noms d'ungenre douteux et incertain : of uncerta^ne and doutfullgendre ; et il cite l'appui un vers d'Alain Chartier o valest masculin (o je trouvai un tride val) et trois passages deJehan le Mayre, un o val est mascuhn (ce val transitoire) etdeux o il est fminin (la val d'Avoste) i.

    Quelques-uns des noms prcdents offrent des altrations quisouvent les rendent mconnaissables. Il s'en trouve de semblablesdans ceux que nous avons cits p. 28, et dans d'autres que nousaurons encore l'occasion de rappeler. On peut consulter ce sujetle petit trait de M. Quicherat sur la forrm tion franaise desnoms de lieux. Il est inutile de dire que les noms de plu-sieurs dpartements que nous donnons entre parenthses pour-raient juste titre entrer dans la liste prcdente ou dans celleque nous avons donne plus haut 2.

    ' Cf. entre autres , dans la chanson de Roland : Justin de Val ferre(u. 1370), Val penose {v. 325G), Val Sevre (u. 3313), etc.

    ^ La juxtaposition que nous venons d'tudier dans ce chapitre pr-sente les mmes caractres dans les autres langues romanes :1 Le dterminant prcde : Ital. : primavera, belvdre (infinitif pris

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    32 DEUXIME SRIE.

    JUXTAPOSS DE COORDINATION AVEC SYNECDOQUE.Termes composants : substantifs et adjectifs. Type : blanc-bec.

    Il est une srie de mots, forms d'un nom et d'un adjectif, danslesquels jusqu'ici on a voulu voir des composs ; on leur a mmedonn le nom de composs possessifs ^ , par assimilation auxcomposs sanscrits, grecs ou latins, avec lesquels ils ont quel-ques airs de ressemblance. Ce sont les mots dont blanc-bec,rouge-gorge sont les tjpes. Nous croyons qu'il y a l uneerreur reposant sur une fausse analj^se , et nous esprons quenotre dmonstration ne laissera aucun doute snr la vraie naturede ces mots.

    Prenons pour exemple blanc-bec. Quel est le s