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Dans ce numéro Enseignement collégial, enseignement supérieur Comité Femmes : en 2010, ça va marcher ! Israël-Palestine : comprendre l’histoire Solidarité avec la Palestine La campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) Le Forum social éducation en octobre 2010 Une campagne de visibilité pour les syndicats du regroupement privé Finances publiques: l’urgence d’agir. L’ironie est frappante Remboursement des frais de déplacement: favoriser le covoiturage et l’utilisation des transports en commun Ça bouge chez les chargés de cours !

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DDaannss ccee nnuumméérrooEnseignement collégial, enseignement supérieurComité Femmes : en 2010, ça va marcher !Israël-Palestine : comprendre l’histoireSolidarité avec la PalestineLa campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions)Le Forum social éducation en octobre 2010Une campagne de visibilité pour les syndicats du regroupement privéFinances publiques : l’urgence d’agir. L’ironie est frappanteRemboursement des frais de déplacement : favoriser le covoiturage et l’utilisation des transports en communÇa bouge chez les chargés de cours !

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2 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

La nouvelle est tombée le mois dernier etn’a pas fait beaucoup de vagues : les États-Unis ont accepté de joindre le programmeAHELO qui, sous l’égide de l’OCDE, entendélaborer des critères de qualité pour lesapprentissages et les retombées des acti -vités des universités, partout dans lemonde. La crédibilité, voire la faisabilité dece projet, souffrait jusqu’ici beaucoup del’absence des Américains; leur partici -pation maintenant acquise, tout porte àcroire que les travaux vont s’accélérer. On se dirige tout droit vers un classementmondial des universités, dont une versionconcoctée à Shanghai existe déjà.

Établir de prétendus critères de qualitédans l’enseignement universitaire est unprojet qui témoigne de l’évolution de l’en-seignement supérieur, à l’échelle inter-nationale : celle d’un contrôle de plus enplus serré (et lourd!) des établissementsd’enseignement supérieur.

Le Québec à cet égard n’est pas isolé etles manifestations de cette tendance sontnom breuses. Sous prétexte de l’impor -tance de la part publique du financementde l’enseignement supérieur, on entendmultiplier les contrôles de tout acabit.Les projets de loi sur la gouvernance,dans les cégeps comme dans les univer-sités, traduisent cette volonté, qui s’ap-puie sur une vision étroite de la redditionde comptes. Au collégial, l’ampleur descharges découlant de l’imputabilité esttelle que même la Fédération des cégepsl’a dénoncée.

Ce qui est remis en question, par ce nou-veau paradigme directement inspiré d’unevision commerciale de l’éducation, c’estl’autonomie universitaire, et partant, notreautonomie professionnelle. Cette dernièrene se limite d’ailleurs pas à ce qui se passedans une classe, mais concerne égale-ment la place et le rôle du corps pro fes -soral dans un établissement. Ainsi, lesattaques sont nombreuses, par exemple,contre la reconnaissance pleine et entièredes chargé-es de cours dans les universi-tés ou contre la reconnaissance syndicaledans les cégeps.

Il n’est pas seulement question d’impu -tabi lité : il est aussi question de profits.Quand des «standards de qualité» ont étéédictés, les agences de mesure et decontrôle ne sont pas loin. Aux États-Unis,il existe un marché privé de mesure etd’évaluation des apprentissages, et unvéritable marché de services de cotationet d’accréditation des établissements.On peut penser au rôle joué, dans les cégeps, par la Commission d’évaluation del’enseignement collégial : le jour est-il siloin où le gouvernement voudra confier detels mandats à une entreprise privée?

L’ampleur du phénomène est plus qu’in-quiétante. Dans les universités, on assisteà un découpage croissant des tâches d’en-seignement : correcteurs, accompagna-teurs, chargé-es de cours, enseignants,chercheurs. Cela évoque littéralement uneforme de taylorisation de l’enseignementsupérieur. Vous avez dit autonomie?

Le terrain de cette bataille reste celui denos conventions collectives. Il ne faut pasavoir peur de situer les enjeux relatifs àl’autonomie professionnelle dans nos de-mandes et de chercher, dans le cadre desnégociations, à les enraciner dans les tex -tes de convention.

Jean Trudelle, Président

PHOTO: MICHEL GIROUX

SOMMAIRE

3 Enseignement collégial, enseignement supérieur

5 Comité Femmes : en 2010, ça va marcher !

7 Israël-Palestine :Comprendre l’histoire

10 Solidarité avec la Palestine Une implication qui porte à conséquence

12 La campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions)

13 Le Forum social éducationen Palestine en octobre 2010

14 Regroupement privéUne campagne de visibilitépour les syndicats

15 Finances publiquesL’urgence d’agirL’ironie est frappante

17 Remboursement des frais de déplacement : Favoriser le covoiturage et l’utilisation des transports en commun

18 Ça bouge chez les chargés de cours!

CARNETS est une publication de la Fé dé ra -tion des enseignantes et des enseignants du Québec.La FNEEQ–CSN représente près de 27000 mem bresdans les cé geps, les éta blis se ments privés et les uni -ver si tés. Au Québec, elle est l’orga ni sa tion syn dicalela plus re pré senta tive de l’enseignement supérieur.

FNEEQ–CSN1601, av. De Lorimier, Montréal (QC) H2K 4M5 Tél. : 514 598-2241 – Téléc. : 514 598-2190 fneeq.reception@ csn.qc.ca – www.fneeq.qc.ca

Rédactrice en chef :Micheline ThibodeauCoordination et rédaction : France Désaulniers Révision : Ariane Bilodeau Collaborations : Marie Blais, Alexandre Coudé,Denis Kosseim, Odette Lefrançois, Carole Morache, Caroline Senneville, Claire Tremblay,Jean TrudellePhoto de la couverture : Karine L’EcuyerGraphisme : Brunel Design Impression : QuadriscanTirage : 6 000 exemplaires

Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec, Bibliothèque et Archives du Canada.ISBN-13 978-2-923606-18-7

Cette publication est imprimée sur du papier faitde fibres recyclées. Notre forêt nous tient à cœur.

ÉDITO

Vous avez dit autonomie ?

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CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 3

Micheline ThibodeauVice-présidente de la FNEEQ

On comprendra aisément que lanégociation de la convention collec -tive des enseignantes et des en sei -gnants de cégep ait monopolisél’essentiel des débats et des énergiesdu regroupement cégep au coursdes dernières semaines.

Les revendications des enseignanteset des enseignants se concentrentautour de trois grandes priorités :l’ajout de ressources pour les acti-vités d’enseignement proprementdit, l’amélioration des conditionsde travail de celles et ceux qui sontà statut précaire et une mise à jourde la structure salariale touchant àla fois la rémunération à l’entréedans la profession et la valorisationsalariale des échelons de maîtrise et de doctorat du troisième cycle.

Évidem ment, comme à toutes lesnégociations du secteur public, legou vernement nous sert le mêmediscours concernant la précarité desfinances publiques.

Inutile de tenter ici un compte rendude l’évolution de cette négociation.Par contre, il est fort pertinent de re-lever que parallèlement à celle-ci,plusieurs syndicats d’enseignantes etd’enseignants de cégep sont confron-tés à une remise en question de la

Enseignement collégial,enseignement supérieur

Le Front commun du secteur public s’est donné commecadre stratégique la volonté d’arriver à une entente négociéepour le 31 mars, soit à l’échéance des conventions collectivesactuelles. Le gouvernement s’est lui-même inscrit dans cetteperspective. Manifestement aucune conclusion n’est possi-ble dans ce cadre stratégique. Trop d’embûches insurmon-tables se sont présentées dans presque tous les secteurs.

PHOTO: MICHEL GIROUX

PHOTO: BRUCE TOOMBS

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re pré sen tativité syndi ca -le. Cette remise en ques-tion a une influence surles pourparlers en ce sensqu’elle remet en cause laconfiance dans le proces-sus de négocia tion. Nonpas que nos vis-à-vis nesoient pas de bonne foi,mais il y a lieu de croireque peu importe l’issue de la négociation, certai -nes administrations conti-nueront de s’arroger despouvoirs qui, manifeste-ment, relèvent de l’abusdu droit de gérance.

Syndicalisme et pédagogie sont-ils conciliables?

Certaines administrationsde cégeps affirment qu’il y a rup-ture entre les deux. Depuis quandla défense des conditions d’ensei-gne ment remet-elle en cause notrepro fessionnalisme? Quelle est cetteconception de l’être humain de te -nir pour différentes les idées d’uneenseignante ou d’un enseignantselon les nombreux statuts qu’elleou qu’il doit assu mer ? Devrions-nous avoir des positions contradic-toires lorsque nous intervenonscomme syndiqué-es, enseignantesou enseignants, parents ou encoreci toyen nes ou citoyens?

Les attaques contre la représen ta -tivité syndicale se font de plus enplus nombreuses. L’autonomie pro-fessionnelle, quelle soit indivi duel -le ou collective, est entre autrescho ses, une caractéristique de l’en-seignement supérieur.

Les remises en question très gravesde la représentativité syndicale surles questions dites pédagogiquesnous heurtent au plus au point,com me enseignantes et enseignantsdu réseau collégial. Offrir un en sei-gnement de qualité fait partie denos préoccupations quotidiennes.

Quotidiennes dans la préparationdes cours, dans la prestation descours et dans les évaluations des apprentissages : il s’agit de l’autono-mie individuelle.

Quotidiennes aussi dans les nom-breux lieux de concertation : dépar -tements, comités de programmes, co-mités de cours et commission desétudes. Celle-ci, rappelons-le, compteparmi ses mandats celui de donnerson avis au conseild’administration surdifférentes politi quesinstitution nell es,dont celles de l’éva -lua tion des appren-tissa ges, de l’évalua-tion des program -mes d’étu des et de laqua lité de lan gued’enseignement.

Les conventions col-lectives sont claires : lorsque le Col-lège forme un comité qui comptedes enseignantes et des enseignants,seul le Syndicat est habilité à lesnom mer, à moins de dispositionscontraires prévues à la conventioncollective. (FNEEQ 2-2.08, FAC 2-2.09)

Cette disposition de la conventionpourrait difficilement être plustransparente. L’assemblée syndicaledoit élire ses représentantes et ses repré sentants à la Commission.L’assem blée syndicale est le lieu decon certation entre les professeurs.En ce sens, les positions de l’assem -blée concernant les différentes politiques institutionnelles fontpartie de l'autonomie collective.

Le rôle de la commission des études ne doit pas être réduit à celui degroupe de discussionLa volonté de certaines adminis-trations à vouloir nommer les en-sei gnantes et les enseignants qui ysiègeront va de pair avec celle deréduire le rôle de ces personnes,qui dorénavant ne représenteraientqu’elles-mêmes. Voilà qui est abso-lument incompatible avec le prin-cipe d’autonomie professionnellecollective, on l’aura compris.

Il est inacceptable de penser que lesenseignantes et les enseignants, à titre de collectif de travail, ne pour-ront faire entendre leur voix issue deconcertation en assemblée. Nous nepouvons pas accepter que des admi -nistrations soient mieux éclairées que les profes seurs en ce qui con cer -ne par exemple l’évaluation des

apprentissages .Vouloir obtenir àla table de négo-ciation que la no-mination des coor-donnatrices et descoordon nateurs dedépartement et deprogramme soitavalisée par la di -rection des études,exiger qu’ils soientimputables de l’ap-

plication des politiques institution -nel les décidées d’une manière demoins en moins consensuelle, c’estremet tre en question l’appartenancede l’enseignement collégial à l’en-seignement supérieur. �

4 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

Les principes de gestions top-down

n’ont plus cours dans la majorité des entreprises privées :

ils sont encore moins pertinents en enseignement

supérieur.

PHOTO: FRANCE DÉSAULNIERS

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CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 5

Caroline SennevilleSecrétaire générale de la FNEEQ

Carole MoracheComité femmes de la FNEEQ

Cette année, les revendications por -tent sur l’autonomie économi quedes femmes, car l’égalité des droits ac-quise au Québec ne peut se tradui reréellement si les femmes demeurentfinancièrement dépen dantes. Lesac tivités de la Marche mondia le desfemmes, débutées en mars, culmi -ne ront lors de la marche qui auralieu à Rimouski le 17 octobre pro-chain. Inscrivez la date à votreagenda, vous pourrez ainsi vousjoindre aux membres du comitéfemmes de la FNEEQ!

«En 2010, ça va marcher» corres-pond tout à fait au dynamisme quianime les membres du comité fem -mes de la FNEEQ dans la réalisa tiondes mandats qui leur ont été confiésafin d’améliorer la présence desfemmes dans les exécutifs syndicauxet dans les instances de la fédéra-tion. Pour avoir un meilleur aperçude cette présence, nous comp tonspoursuivre le travail de compilationdu taux de présence des femmesdans les structures et les instancessyndicales et fédérales.

Pour aller plus loin dans nos actions,le comité entend également identi-fier, auprès des syndicats et des fem -mes, les obstacles à leur partici -pation à la vie syndicale, et les pra-tiques pouvant lever ces obstacles,

notamment en ce qui a trait à laconciliation famille-travail. Concrè-tement, nous souhaitons former ungroupe de discussion à ce sujet avecles fem mes déléguées à la réunion ducon seil fédéral de juin. Puis, à la ren-trée de l’automne, il faudra visiterune dizaine de syn dicats locaux,choisis en tenant compte de la di-versité de la fédération, pour pour-suivre cette discussion.

L’objectif ultime sera, à l’aide des in-formations recueillies auprès desmi litantes, de produire un ensemblede moyens (outils de sensibilisation,suggestions de pistes d’action) pourles syndicats.

Comme vous le voyez, la tâche ducomité femmes de la FNEEQ est tracée. Nous aurons cependant be-soin de la collaboration de nos syn-dicats affiliés. C’est pourquoi nousferons parvenir bientôt aux syndi-cats, si ce n’est déjà fait, un ques-tion naire afin d’identifier les per-sonnes responsables des dossiersde condition féminine.

Notre objectif est de constituer unréseau d’échanges et d’informa-tions sur le plan de travail du comitéet sur l’actualité féministe.

Merci à l’avance de votre contribu -tion à nos travaux. �

Voilà le thème choisi par le Collectif du 8 mars pour soulignerla Journée internationale des femmes qui marque également

le coup d’envoi de la Marche mondiale des femmes 2010.

Des femmes qui vont marcher ! Les membres du comité femmes de la FNEEQ : Annie Pomerleau, enseignante à l’école Pasteur, regroupement privé, Carole Morache, ensei-gnante au cégep Montmorency, regroupement cégep, Caroline Senneville, secrétairegénérale de la FNEEQ et responsable politique du comité, et Raymonde Simard, chargéede cours à l’Université du Québec à Rimouski, regroupement université

C O M I T É F E M M E S

En 2010 ça va marcher !

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6 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

Devenez membrede la Fédération des femmes du QuébecLe comité femmes souhaite également contribuer à faireconnaître davantage la Fédération des femmes du Québec etses actions à nos membres. Depuis mai 2009, Caroline Senneville, secrétaire générale de la FNEEQ et responsablepolitique du comité, siège au conseil d’administration de laFFQ. Nous vous invitons à en devenir membres. Toute femmedu Québec peut adhérer à titre de membre indi viduelle, etchaque comité de condition féminine des syndicats locauxpeut devenir membre associatif. Le membership permet biensûr de participer aux décisions de la Fédération des femmesdu Québec, d’exercer son droit de vote lors de l’élection de laprésidente, et de prendre part aux discussions de prise de positions politiques. De plus, comme membre, vous serez régulièrement tenue au courant de toutes les activités de laFFQ, ce qui constitue une mine d’or de renseignements pourles comités locaux de condition féminine. Enfin, l’adhésion,bien qu’à un coût minime, est une source de financementpour l’organisme.

Pour en savoir plus, ou pour devenir membre, consulter leur site Internet.

www.ffq.qc.ca

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres,

nous serons en marche ! L’année 2010 sera une autre annéemarquante pour le mouvement desfemmes. Avec les femmes du monde,la marche pour contrer la pauvreté etla violence faite aux femmes se pour-suivra. Les femmes seront mobiliséesà la grandeur du Québec, pour l’amé-lioration de leurs conditions de vie etde travail. Elles réclameront des ac-tions concrètes et urgentes des gou-vernements du Québec et du Canada.

Les revendications des femmes s’ins-crivent dans cinq champs d’action :

• autonomie économique des femmes

• bien commun et accès aux ressources

• violence envers les femmes

• paix et démilitarisation

• femmes autochtones

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Israël-Palestine

Comprendre l'histoire

L’impression que l’on a généralement de la questionisraélo-palestinienne est qu’elle est «compliquée» et, parconséquent, qu’il vaudrait mieux laisser aux experts le

soin de discuter du conflit et se garder de porter unjugement, ce qui serait périlleux pour un non-expert.

CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 7

Denis KosseimComité d’action internationale de la FNEEQ

L’impression que la question estcompliquée est précisément le pointde vue des défenseurs d’Israël (Juifsou non). Le point de vue des défen-seurs de la Palestine (Palestiniens ounon) est que l’impression d’avoir àfaire à une question compliquée estfabriquée, crée artificiellement.

Premièrement, je soutiendrai quela question israélo-palestiniennen’est pas compliquée et, deuxiè-me ment, que l’impression d’êtreconfronté à une question compli-quée résulte d’un discours propa-gandiste conçu pour empêcher lespersonnes de bonne foi de souleverdes questions, donnant une lati-tude maximale à une entreprise colonialiste.

Une question compliquée?

La question israélo-palestiniennen’est pas compliquée: c’est une en-treprise de colonisation d’un terri-toire et la résistance des autochtonesà cette colonisation. En ce sens, leconflit israélo-palestinien est unconflit colonial classique pour lecontrôle d’une terre. Un survol his-torique permet de le constater.

Au début du XXe siècle, 8% de lapopulation de la Palestine est juive.Par calcul impérial, la Grande-Bre-tagne s’engage en 1917 à favoriserl’établissement en Palestine d’unfoyer national juif (la DéclarationBalfour) et obtient de la Société desNations le mandat de le faire en1922. Grâce à la Grande-Bretagne,une immigration massive d’Euro-péens juifs1 aura lieu.

En 1947, l’ONU décide de partition -ner la Palestine2. Évidemment, l’ONUn’a pas consulté les autochtones dela Palestine, propriétaires de 93% dela Palestine et toujours majoritairesen Palestine (plus de 70 % de lapopulation totale) malgré l’immi-gration européenne massive depuisun quart de siècle…

Le plan de partage de l’ONU créeainsi deux États, l’un arabe (à 99%de sa population) et l’autre juif (àseulement 55% de sa population).De plus, l’État juif aurait 56% duterritoire. Les Palestiniens et les États

Arabes voisins rejettent ce «partage».C’est le début de la Naqba, le net-toyage ethnique de la Palestine pardes milices juives et par l’armée israélienne. En décembre 1949, à lafin de la première guerre israélo-arabe, le nouvel État juif occupe78% du territoire, et 800 000 à850 000 Palestiniens (deux tiers dela population palestinienne) sontexpulsés. Il importe de préciser icique le nettoyage ethnique est, endroit international, un crime contrel’humanité ; précisons aussi qu’en1949, Israël est accepté comme Étatmembre de l’ONU à la conditiond’appliquer la Résolution 194, quipré cise que les réfugiés palestiniensde 1947-49, ou «les réfugiés de 1948»,doivent être réintégrés dans leursfoyers ou compensés.

De 1948 à 1967, la Cisjordanie, Jéru -salem-Est et la bande de Gaza for-me ront la Palestine (22% de la Pales-tine historique). Mais en six jours,en juin 1967, Israël occupe les terri-toires palestiniens à la suite d’uneguerre éclair (dite préventive). Cetteoccupation dure perdure toujours.Le Golan (appartenant à la Syrie)est toujours occupé (le Sinaï a étérestitué à l’Égypte). Précisons qu’endroit international, un État ne peutacquérir le territoire d’un autre, etque tout territoire occupé à la suited’une guerre doit être restitué. Or en Cisjordanie et à Jérusalem-Est su-bissent une colonisation intensivedepuis plus de quatre décennies.

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Le mur, jugé illégal par la Cour dejus tice internationale en 2004,continue d’être érigé non pas sur la frontière entre Israël et les Terri-toi res palestiniens occupés (TPO),mais en Cisjordanie même, profon -dément et de manière à annexerles meilleures terres et les aquifèressouterrains.

Le rapport de l’ONU (ou rapportGoldstone) est accablant : l'objec-tif de l’agression de Gaza par Israëlen décembre 2008 et en janvier2009 a été «d'humilier et de terro-riser une population civile, dimi-nuer radicalement sa capacité éco-nomique locale à la fois à travailleret à subsister par elle même, et à luiimposer un sentiment croissant etcontinu de dépendance et de vul-nérabilité ». Le blocus de Gaza em-pêche en outre les Palestiniens deGaza de reconstruire…

Quant au million de Palestinienneset de Palestiniens citoyens d’Israël,les descendants des Palestiniensayant échappé au nettoyage ethni -que de 1947-1949, ils vivent commecitoyens de seconde zone dans « ladémocratie juive », constam mentmenacés d’expulsion et de dépos-session en raison de leur identiténon juive, rendant inopérante lanotion d’égalité, pourtant essen-tielle en démocratie.

Nettoyage ethnique, occupation,colonisation, terrorisme d’État, dis-crimination raciale légalement ins-titutionnalisée, mépris des exigen -ces du droit international, près de400 résolutions de l’ONU ignorée.La question israélo-palestinienneest simple : Israël est un État voyouet l’exceptionnalisme dont il jouit àl’ONU grâce au véto des États-Unislui permet de se comporter au XXe

et au XXIe siècles comme un Étatcolonial.

Le discours propagandisteà l'origine d'une perceptionerronnée3

Si la question israélo-palestiniennen’est pas du tout compliquée, d’oùvient l’impression qu’il s’agit d’unconflit compliqué?

Si les médias de masse faisaient leurtravail de quatrième pouvoir, ilschoisiraient plus soigneusement lecadre explicatif à partir duquel ilsrapportent l’information. Sur laquestion israélo-palestinienne, le cadre explicatif retenu au Canadaet au Québec par les médias de masseest le cadre en vigueur à Ottawa (trèsproche de celui de Washington) selon lequel, conformément au récitisraélien, la violence israélien ne estdéfensive et légitime. À partir de ce cadre, chaque acte de violenceisra é lienne est présenté comme légitime afin d’assurer la sécurité de

sa popu lation et de contrôler lesterres et les ressources nécessairespour sa sécurité nationale.

Prenons l’exemple de la «guerre deGaza». Le rapport Goldstone échap -pe au cadre explicatif des médias demasse (le cadre explicatif du jugeGoldstone, qui est Juif et sioniste,représente le droit international), sibien que littéralement 90% du rap-port parle des « crimes de guerred’Israël», voire de ses «crimes contrel’humanité». Les médias de masseont parlé non pas de «massacre àGaza» ou de «crimes d’Israël àGaza». Les médias de masse ont tousparlé de «crimes de guerres des deuxcôtés » dans « la guerre de Gaza»,laissant entendre qu’il y a une équi-valence entre Israël et le Hamas. Siles médias de masse changeaientde cadre explicatif et adoptaient uncadre explicatif juridique ou detype colonial, ils auraient dit qu’ilne s’agit pas d’une «guerre» maisd’un «carnage», de la «populationcivile à Gaza victime du terrorismed’Israël», d’Israël qui « se moque dudroit international », d’« Israël en-core impuni», d’« Israël encore pro-tégée par les États-Unis», d’« Israël àsuspendre des Nations unies ?».

Le processus de paix fournit un autre exemple du regard biaisé desmédias de masse. L’accent est missur le processus et non pas sur le butpoursuivi (la paix). Dans ce proces-

8 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

1947 1949 1967

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sus, en place depuis 20 ans (!), laquestion de fond n’est jamais abor-dée, à savoir le retrait définitif desTPO. Le processus est bloqué de-puis deux décennies par le discoursisraélien qui parle de paix, maisqui, paradoxalement, inten sifie sacolonisation lors du processus depaix (au cours des années 1990, lenombre de colons à et autour de Jéru salem-Est est passé de 200 000 à 450 000, rendant un État palesti-nien invivable en raison de l’ab-sence de contiguïté territoriale). Siles médias de masse changeaientleur cadre explicatif sur la questionisraélienne, les titres seraient: «Israëlparle de paix mais vole la terre »,« Sharon, ennemi de la paix », « lemur d’Israël est illégal », « le mur est la honte d’Israël», etc. Au lieu dedire qu’Israël est « encore victi med’un attentat suicide », les médiasde masse rapporteraient que «Israëldoit mettre fin à son occupationde la Palestine »; au lieu de dire

qu’Israël « riposte à la violence palestinienne», les médias de masseparleraient de la « résistance pa les -tinienne à l’occupation illégale ».Les médias de masse propagentdonc l’image Made in Israel à la-quelle souscrivent nos gouverne-ments, nos ambassadeurs, nos pré-sidents d’universités, plusieurs denos artistes, de nos équipes spor-tives, etc. Cette image est celle d’unpays démocratique, un pays deplages, de vins et de high tech, unpays victime, un pays en danger,un pays qui ne cherche qu’à vivre enpaix et qui, par la force des choses,est contraint de se défendre. Il de-vient dès lors difficile pour les per-sonnes de bonne foi de souleverdes questions, donnant ainsi unelatitude maximale à une entreprisecolonialiste. Lorsque des personnesde bonne foi posent des questions,on sort l’image, créant une disso-nance cognitive qui permet deneutraliser la question.

Comment sortir de l'impasse?

Les personnes de bonne foi de-vraient répondre à l’appel de la société civile palestinienne lancpromouvoir la campagne interna -tio nale de BDS d’Israël (boycott, dés-investissement et sanctions), ce qui,comme jadis avec l’Afrique du Sud,amènera à terme la société israé-lienne à réaliser que le coût demaintenir le statu quo est trop élevéet que les structures de l’apartheidisraélien doivent être démantelées.

Notons au passage que parlerd’apartheid israélien n’a rien de rhé-torique : c’est le terme employé parnul autre qu’Ehud Olmert, ex-pre-mier ministre d’Israël, ainsi que parEhud Barak, ex-premier ministred’Israël et l’actuel ministre de la Défense4. Au Canada, une nouvelleorganisation juive fondée en mars2008, Voix juives indépen dan tes5,endosse la campagne de BDS6.

La campagne de BDS est certes unmoyen coercitif, mais il s’agit d’unmoyen non-violent qui, il importede le souligner, a fait ses preuves enAfrique du Sud. Les revendicationsde la campagne de BDS sont : la finde l’occupation, l’égalité en Israëldes citoyens palestiniens et le retourréfugiés palestiniens tel que stipulédans la Résolution 1947. �

1 Je dis bien Européens juifs et non Juifs européens. Voir SAND, Shlomo, Comment le people juif fut inventé, Paris, Fayard, 2008.

2 Une des raisons menant à la partition de la Palestine est que l’on cherche une solution au problème des «personnes déplacées», euphémisme pourles survivants de l’Holocauste. Pour la majorité des Européens juifs de l’époque, la Terre promise n’est pas la Palestine mais l’Amérique. Le hic, c’estque les États-Unis et le Canada n’en prennent que très peu…

3 Voir JENSEN, Robert, «NY Times and Palestine imbroglio: No conflict of interest with conventional wisdom», The Rag Blog, Febuary 9, 2010, http://theragblog.blogspot.com/2010/02/robert-jensen-mainstream-media-and.html [page consultée le 14 février 2010]. Voir aussi http://www.haqeeqat.org/2009/08/31/video-documentary-peace-propaganda-and-the-promised-land-media-the-israel-palestine-conflict/[page consultée le 14 février 2010].

4 KARON, Tony, «The apartheid will end when Israelis have to face its cost» [page consultée le 14 février 2010] http://www.thenational.ae/apps/pbcs.dll/article?AID=/20100207/OPINION/702069887/1080

5 Voir http://www.independentjewishvoices.ca/ [page consultée le 14 février 2010]

6 Voir http://www.bdsmovement.net/?q=node/453 [page consultée le 14 février 2010]

7 Voir http://www.bdsmovement.net/?q=node/52#French [page consultée le 14 février 2010]

2000 aujourdʼhui

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Pourquoi la FNEEQ se préoccupe-t-elle de la Palestine?

La situation au Moyen-Orient a toujours préoc-cupé la FNEEQ et le tra-vail que le comité actioninternationale a poursuiviau nom de la fédérationdepuis plus de cinq anssur cette question n'étaitpas nouveau du point devue politique. L'isolementplus important de la po-pulation, symbolisé par laconstruction du fameuxmur de la honte et lesévé nements qui se sontpro duits depuis la mortd'Arafat, notamment les coupesdans l'aide internationale et l'inter-vention militaire d'Israël à Gaza endécembre 2008, exigent des orga-nisations démo cratiques interna-tionales de sortir de leur réserve etde faire plus pour la population pa-lestinienne.

Au début des années 2000, un débatavait cours dans le mouvement desolidarité pour un boycott. Mais au -

cun appel n'avait été exprimé par lasociété civile palestinienne en cesens. C'est pourquoi, à la suite de larencontre du groupe Teacher Crea -tivity Center (TCC), l'idée de se ren -dre en territoire occupé pour y ex-pri mer concrètement la solidaritéenseignante d'ici est apparue com -me essentielle. La FNEEQ a donccollaboré avec cette ONG et le syn-dicat enseignant de Palestine à l'organisation d'une conférence

internationale en octobre2004 à Ramallah sur le thè -me de Mon dialisation, édu-cation et changement social.

Quel bilan peut-on tirerde l'action de la FNEEQdepuis ce temps? A-t-elleporté à conséquence?

Il est évident que ce n'estpas la seule action de la fé-dé ra tion qui peut chan -ger quel que cho se à la si-tuation là-bas. Mais laFNEEQ a réelle ment contri-bué au développementd'une plus grande solidaritéici au Québec avec le peu-ple palestinien, qui s'inscrit

aussi dans un renforcement gran dis-sant des appuis internationaux pourla cause palestinienne.

Le rayonnement de notre action alargement dépassé notre participa-tion à la conférence de 2004. Il s'esttraduit, entre autres, par de multi-ples interventions locales de la partdes personnes participantes et parune collaboration plus large avecplusieurs organismes de solida rité,

10 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

La FNEEQ et la solidarité avec la Palestine

Une implication qui porte à conséquenceDepuis quelques années, la FNEEQ est associée à la solidarité avec le peuplepalestinien. En effet, c'est un axe central du travail de solidarité internationalequi se conjugue par ailleurs avec d'autres priorités et orientations comme cellenotamment avec Haïti. C'est particulièrement le cas depuis 2004 alors qu'unevingtaine de membres des syndicats affiliés avaient alors participé à Ramallahà une conférence internationale sur le thème de Mondialisation, éducation etchangement social. Nous avons demandé à Ronald Cameron, qui fut présidentde la FNEEQ jusqu’en juin 2009, de revenir sur la portée et l'implication de lafédération sur cette question.

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notamment la Coalition pour la justice et la paix en Palestine (CJPP).À la suite de l'appel de la société civile palestinienne pour le boycott,le désinvestissement et des sanctionscontre l'État israélien (BDS) en 2005,la FNEEQ fut une des premiè res organisations syndicales à travers lemon de à le reprendre et à le faireconnaître. Depuis, plusieurs organi -sations ont emboîté le pas, notam -ment dans le monde de l'éducation,le SNES en France, UCU en Grande-Bretagne et la CSQ au Québec.L'orientation de la FNEEQ a toujoursété, sur ce plan, de lier cette campa -gne à un travail d'éducation poli-tique sur la situation.

C'est pourquoi un numéro spécialde Carnets fut publié à l'automne2007 pour faire le point sur la ques-tion du conflit. Ce numéro a eu unimpact important dans les syndicatsmais aussi auprès de nombre de per-sonnes dans les réseaux de solidaritéet dans le mouvement syndical qué-bécois. Il a servi notamment d'ou-til de formation et de débat à plu-sieurs occasions dans différents mi-lieux et organisations sociales.

La FNEEQ s'est aussi associée auxnombreuses manifestations et acti-vités qui ont marqué la conjoncturepolitique depuis quelques annéessur cette question. Une responsable

de la fédération est retournée en Pa-lestine en mai 2009 avec une délé-gation de la CJPP et la FNEEQ a sou-tenu la délégation de décembre2009 qui a participé au rassemble-ment international pour marchervers Gaza.

Lors du dernier Forum social qué-bécois en octobre 2009, la FNEEQ aparticipé à la constitution d'un co-mité intersyndical de la CJPP en ap-pui à la campagne BDS.

Le Forum mondial sur l'éducationd'octobre 2010

Le congrès de la FNEEQ en juin2009 a réitéré son appui au projet deForum mondial sur l'éducation enPalestine en octobre prochain. Latenue de ce forum est un projet quimijote au sein du Comité interna-tional du Forum social mondial(FSM) depuis le dernier forum quis'est tenu à Bélem en 2009. Main-tenant, l'appel est officiel et la miseen route du projet est engagée. AuQuébec, parmi les organisationsqui ont déjà exprimé un intérêt pourle projet, on retrouve, en plus de laCJPP, d'Alternatives et de la FNEEQ,la CSN, le Conseil central du Mont-réal métropolitain, Oxfam-Québec,le PAJU et la FFQ.

Ce rendez-vous international consti-tue un forum sectoriel du FSM par -mi les plus ambitieux et les plus im-portants au cours de la prochaineannée. C'est une invitation lancéenon seulement au monde de l'édu-cation mais aussi à toutes celles etceux qui s'engagent pour la justicesociale et la solidarité avec le peuplepalestinien. C'est un événementqui, espérons-le, participera nonseu lement à renforcer le rôle del'édu cation dans l'avènement d'unesocié té plus démocratique, maisaussi à contribuer à réduire l'isole-ment de celles et ceux qui luttent en Palestine dans cette perspective.J’en profite pour lancer l'invitationla plus large aux syndicats de la fé-dé ration et à leurs membres à sou-tenir ce forum soit en y participantou en soutenant financièrementcelles et ceux qui vont s'enga ger à yparticiper.

Merci Ronald !

TCC est une ONG fondée par un groupe enseignant de Ramallah et qui se consacreau soutien du personnel enseignant enCisjordanie comme à Gaza pour qu'ils puis-sent mieux assumer leur fonction auprèsdes jeunes dans les conditions traumatiquesd'une occupation militaire.

www.fneeq.qc.ca/fr/accueil/publications/carnets/CARNETS_Palestine-final.pdf

CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 11

PHOTO: FRANCE DÉSAULNIERS

Au Forum social mondial de Caracas en 2006, atelier de préparation de la Conférence internationale de Ramallah.

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A-t-on besoin de d�montrerqu?Isra�l est un �tat criminelalors qu?il viole syst�mati-que ment au vu et au su du

monde entier le droit international

ainsi que plusieurs centainesde r� solutions adopt�es �l?una nimit� sauf par Isra�l,

les Etats-Unis etÉ la Micro-n�sie par l?As sem bl�e g�n�-

rale des Nations Unies?

Alexandre CoudéComité action internationale de la FNEEQ

Les origines de l’appel

Lancée le 9 juillet 2005 par des syn-dicats palestiniens, des associations,des universitaires, des groupes de lasociété civile et des organismespour la défense des droits des réfu-giés, la campagne BDS vise princi-palement à inciter les gens à ne plusconsommer de produits manufac-turés en Israël et dans des entreprisesinternationales qui collaborent avecIsraël. Cet appel invite la commu-nauté internationale à s’engager àmener des actions visant autantdes objectifs de sensibilisation de lacommunauté internationale qu’unepression sur l’État israélien.

Les campagnes de boycott des pro-duits israéliens se concrétisent pardes actions non violentes et direc -tes. L’homme dit « sans pouvoir »peut décider en tant que consom-mateur de choisir de donner son ap-pui dans ce cas aux Palestiniens quicherchent la liberté et la justice.

Cette action pacifique tente d’ame-ner le gouvernement israélien àchoisir la voie d’une solution né-

gociée pour régler le conflit avec les Palestiniens. Elle revendique préci-sément, conformément au droit international, la fin de l’occupationet de la colonisation, le dé-mantèlement du Mur,l’égalité absolue des droitsfondamentaux des Palesti-niens et le respect, la pro-tection et la facilitation dudroit au retour des réfu giésPalestiniens. Une initia tivesemblable avait été prise dans les an-nées 80 pour mettre fin au régimed’apartheid en Afrique du Sud. Lapression internationale avait étépassablement forte pour créer unchangement politique.

Le désinvestissement

Dans le même ordre d’idées, le dé -sin vestissement consiste à mettre finaux investissements en Israël et detenter de dissuader, par la force éco-nomique, les entreprises (fonds depension des travailleurs, fonds de so-lidarité de certains syndicats, fondsde communautés religieuses, d’égli -ses, etc.) qui financent et soutiennentl’oc cupation à respecter les princi pesdu droit international. Le désinves-tissement est une action internatio-nale qui vise à imposer des con train -tes économiques pour contrer l’ap pli -cation des politiques israéliennes.En tentant d’exposer aux différentsacteurs économiques les violations au droit international commises parIsraël et en leur faisant prendreconscience des problèmes causés parleurs investissements, la campagneBDS parviendra, si elle est efficace, àchanger l’image d’Israël. Les inves -tissements en Israël et dans les entre -prises qui participent (directement ouindirectement) à l’oppression dupeuple palestinien doivent être vusaux yeux de la com munau té inter-

nationale comme des actes qui sontmoralement inaccep tables.Les sanctions

Après la décision rendue il ya plus de cinq ans par laCour internationale de Justicesur l’illégalité de la construc-tion du Mur et de la colonisation, noussommes forcés de constaterque nos gouvernements ne

prennent aucune mesure afin deforcer Israël à respecter le droit in-ternational. En limitant le droit decirculation des Pales tiniens, en re fu-sant de reconnaître le droit de retourdes réfugiés palestiniens, en discri-minant gravement les droits démocratiques des citoyenspalestiniens d’Israël, en empêchanttout développement économique, ense rendant coupable à Gaza de crimesde guerre contre toute une popu -lation civile, Israël démontre toujourset encore qu’il n’a aucun recon -nais sance pour les droits des Pales-tiniens. C’est pour ces raisons que lacampa gne BDS appuie les demandesde sanctions (juridiques, diploma-tique et économique) contre Israël,et ce, jusqu’à ce qu’il respecte lesprincipes du droit international et lesdroits de l’Homme.

Les entreprises que l’on peut boycotter

Il est possible dans notre vie de tousles jours d’appuyer la campagne BDSen boycottant certaines marques de commerce présentes dans nos habitudes de consommation. Envoici quelques exemples : Coca Cola,McDonalds, L’Oréal, Nestlé, les cafés Starbucks, Home Depot. Enexécutant une simple recherche sur Internet, il est possible de voir uneliste beaucoup plus complète des

12 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

LA CAMPAGNE BDS (boycott, désinvestissement, sanctions)

Sources : Boycott Israël international: http://boycottisraelinternational.com/Boycott divestment sanctions «The non-violent response to Israeli apartheid and occupation: http://www.bigcampaign.org/Global BDS movement: http://www.bdsmovement.net/PILGER, John, For Israel a reckoning, Newstatesman, 14: http://www.newstatesman.com/international-politics/2010/01/pilger-israel-palestinian-gazaWarschawski, Michel. CARNETS, fneeq, Faire plus pour La Palestine, novembre 2007.

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Micheline ThibodeauVice-présidente de la FNEEQ

Un forum social mondial est un espace de débats démocra ti ques,non partisans, non confes sion-nels, d’échanges d’expérien -ces, d’approfondissement deréflexion. Y par ticipent, entreautres, des groupes syn dicauxet sociaux, des organisationsnon gouvernementales qui ont en commun de s’opposer aunéo-libéralisme et à la domina-tion du monde par le capital outoute forme d’impérialisme. Il viseà renforcer les liens nationaux et in-ternationaux entre les différentsgrou pes qui partagent les mêmes va-leurs, celles de la Déclaration uni-verselle des droits de l’Homme. UNAUTRE MONDE EST POSSIBLE, nonviolent, respectueux de la démo-cratie participative, fondée sur la so-lidarité, sur des relations égalitairesentre les person nes, les sexes, les peu -ples et condamnant toute forme dedomination et d’assu jettis se mentd’un être humain par un autre.

Pourquoi tenir un forum social consacréà l’éducation en Palestine?

Pour permettre aux enseignantes et

aux enseignants palestiniens de participer aux débats qui concernent des grands enjeux de l’éducation à travers le monde.

Le forum se tiendra simultanémentdans quelques villes de Cisjordanieet de la Bande de Gaza pour permet -tre une plus grande participation des Palestiennes et Palestiniens. Ce

choix de tenir le forum en Palestineet celui d’y décentraliser les événe-ments relèvent du problème demobilité de la population palesti-nienne, même sur leur territoire !

Le système d’éducation palestiniena été très malmené depuis plusieursdécennies. Le manque de ressourcesde base, les couvre-feux, les salairesde famine, l’isolement ont miné lemoral des enseignantes et des ensei -gnants. C’est pour partager des réflexions et des expériences péda-gogiques de personnes issues detous les continents que des groupesdu milieu de l’éducation palesti-nienne mettent la main à l’organi-sation de ce forum dont les valeurscorrespon dent à la société qu’elleset qu’ils aimeraient construire.

Répondre à la violence du gouver-nement israélien (bombardement,érection du mur, bouclage de laBande de Gaza, apartheid, vol de ter-ritoire, de l’eau, etc.) par la tenue d’unForum mondial éducation axée sur

les valeurs démocratiques con dam-nant la violence comme mode de

résolution des conflits s’inscritdans une réponse pacifiste àl’occupation par Israël de leurterritoire.

C’est à partir de cesconstats que la FNEEQ et laCSN se sont engagées dansle soutien de cet ambitieuxprojet porté en grande par-tie par le Teacher Creativity

Center (TCC) avec lequel nousmaintenons depuis l’an 2000

des liens ininterrompus.

Plusieurs conférences et atelierssont au programme qui n’est tou-tefois pas encore tout à fait finalisé.Il sera possible d’assister à plusieursconférences sur des problématiquessociétales, telles la pauvreté, la vio-lence, la discrimination faite auxfemmes, la justice, etc. D’autres por-teront sur des thè mes éducatifs : évaluation des appren tissages, stra-tégies pédagogiques, motivation,etc. Plusieurs ateliers seront aussi of-ferts, selon ce que les participanteset les participants proposeront,comme c’est la tradition dans les forums sociaux. Enfin, un nombreimportant d’activités culturelles seront organisées.

Les mois qui viennent serviront à fina liser l’organisation. Si vous dési rez participer à cet événement,vous pouvez informer la FNEEQ dès maintenant. Nous vous trans-mettrons toutes les informationsdans les prochaines semaines.

Un autre mondeest possible !

ww.teachercc.org/tcc_fr/index.html

Le Forum social éducationen Palestine en octobre 2010

CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 13

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Odette LefrançoisDéléguée à la coordination du regroupement privé

Au printemps 2007, les membresdes syndicats du regroupementavaient répondu à un sondage surla violence subie par le corps ensei-gnant dans son milieu de travail.Les résultats avaient révélé quelques

situations difficiles vécues par lesenseignantes et les enseignants,mais de manière générale, les ma-nifestations de violence verbale,physique, sexuelle ou psychologi -que se faisaient quand même peufréquentes. Les membres de quel -ques établissements qui présen-taient une problématique particu-lière ont contacté leur syndicat et,accompagné par leur conseiller ou

par la coordination du regroupe-ment, ont pris des moyens pour re-médier à cet état de fait.

Malheureusement, le constat géné-ral qui se dégageait de ce sondage révélait que le syndicat était rare-ment mis au fait des problèmes vé-cus par leurs membres. Il nous fallait

pallier cette situation pour leur per-mettre de véritablement jouer leurrôle. Ainsi, face à cette situation, lessyndicats du regroupement ont sou-haité rendre leur existence, mais sur-tout leurs interventions plus visi-bles auprès de leurs membres. C’estpourquoi, lors de la réunion du regroupement privé de septembre2009, nous avons présenté un projetde campagne de visibilité autour

d’une affiche. En réponse aux com-mentaires des membres présents àcette réunion, nous avons élargi cemoyen de visibilité en y ajoutantun signet à être distribué aux ensei-gnantes et aux enseignants de nossyndicats. Les affiches, quant à elles,seraient pla cardées dans les locauxoù se réunit le corps enseignant.

Bien que cette initiative aitpris naissance à la suite dusondage sur la violence, nousne voulions pas limiter lemessage à cet uni que aspectde la vie des mem bres. En effet, le travail syndical ne se résume pas seulement àaccompagner quel qu’un quisubit une manifestation deviolence, mais également àtrouver des solutions à desproblèmes et à fournir des réponses à une quantité dequestions sur des sujets aussidivers que les droits paren-taux, la retraite, les assuran -ces, l’obtention de la perma-nence, pour n’en nommerque quelques-uns.

Bref, l’affiche finale, présen-tée à la réunion du regroupementde janvier 2010, a reçu l’approba-tion des délégué-es qui verront àutiliser ces outils de visibilité afin desensibiliser leurs membres au rôleque peut et doit jouer leur syndicat.

Le regroupement privé verra à fairele suivi de cette campagne afin devoir si elle a véritablement sensibi-lisé les membres des syndicats.

14 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

Regroupement privé

Une campagnede visibilité

pour les syndicats

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CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 15

Jean TrudellePrésident de la FNEEQ

Qu’il ait été nécessaire de lefaire, ne serait-ce que pourles milliers de travailleuses etde travailleurs dont on a pu,au passage, préserver l’em-ploi, c’est une chose ! Maisque rien de concret n’aitété fait pour réguler ensuitele cours des marchés finan-ciers spéculatifs, c’est pro-pre ment scandaleux. Dansson mot d’ouverture aumoment du dernier congrès de la FNEEQ, le comité exé-cutif re levait que «malgréles discours d’hommes etde fem mes po litiques, mal-gré les empor tements à laSarkozy, l’impensable est entrain de se produire : le sys-tème ca pitaliste est en passede repren dre son train-trainhabituel, le «business as usual ». Lacrise pourrait n’avoir provoqué aucunchangement structurel important,aucu ne mesure crédible de contrôlesupplémentaire, aucune véritable re-mi se en question des principes sacrésdu profit à n’importe quel prix.»

Mais ce n’est pas tout. Au Québec, oùles services publics ont largementcontribué à amortir les effets de lacrise, le reliquat principal de cette der-nière est un retour à l’obsession du dé-ficit zéro, à la «démonisation» de ladette et, en conséquence, à des orien-tations budgétaires de restrictions.

Déjà le Québec a perdu, dans desmarges de profits exagérées prises aupassage par l’entreprise privée, unepart importante des milliards qu’il a consentie pour la relance dans lesinfrastructures. Ceci fait, place àl’austérité : il est temps, nous dit-on,de nous serrer la ceinture ! Le gou-vernement n’a pas d’argent: il bradeles services publics.

L’occasion aurait pourtant été belled’initier un véritable débat sur les re-venus de l’État. Mais ce débat, court-circuité par les ténors d’une écono-mie de droite qui sévissent dans plu-

sieurs médias, n’aura pas lieu sile mouvement progressiste nel’impose pas.

Une autre vision des choses

On peut difficilement blâmermonsieur et madame tout lemonde de finir par prendre pouracquis ces «canons» économi -ques qui leur sont assénés tousles jours. Dans La Presse, dans lespages du « scab » Journal deMontréal et sur diverses tribu nestélévisées consacrées à l’écono-mie, le prêt à penser est clair : ladette va ruiner les générationsfutures, il faut réduire les dépen -ses et tarifer davantage. Et ne pastoucher aux impôts !

La réaction du gouvernementCharest aux propositions de la CSNà ce chapitre en est une d’évitement.Ce que préconise le mouvementsyndical, ce n’est pas une hausse pa-ramétrique des impôts, bien qu’à lalimite cette dernière serait tout à faitdéfendable. C’est une révision enprofondeur de la fiscalité, dans lebut de la rendre plus progressive enaugmentant le nombre des paliersd’imposition, en augmentant lestaux de cotisation des mieux nantis,en révisant de façon radicale les me-sures d’évitement fiscal et en s’atta -quant avec vigueur aux échappa-toires fiscales.

Finances publiques : l’urgence d’agir

L’IRONIE EST FRAPPANTE

La crise économique de 2008 a mené à un détournement colossal d’argent public vers l’entreprise privée. Des milliards de dollars, fruit d’impôts et de taxes normalement des-ti nés pour l’essentiel (les services publics au premier chef), ont été détournés et consentisà des banques et à d’autres entreprises financières pour les sauver de la déroute.

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16 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

Quand Jean Charest répondqu’il n’est pas question dehausser les impôts, il réduitde manière populiste les pro-positions avancées, évitantla véritable question et cou-pant court du même coupau débat réclamé.

Agir ensemble

Il est évident qu’on ne peutcompter sur un gouverne-ment néolibéral pour porterà l’égard des finances publi -ques un débat progressiste :il appartient au mouvementsyndical, communautaire etpopulaire d’en imposer lapertinence.

Une imposante coalition, à laquelle la FNEEQ a adhéré en décembre, a proposé cet objectif. Elle compte, au moment d’écrire ceslignes, plus d’une cinquantaine d’or-ganisations parmi lesquelles, outrela FNEEQ, la Fédération autonomede l’enseignement (FAE), la Fédérationdes femmes du Québec, et le Front

d’action populaire en réaména -gement urbain (FRAPRU), pour nenom mer que celles-là. Une cam pa -gne de courriels et de fax a déjà été lancée, à laquelle ont participé les syndicats de la FNEEQ, et une manifestation importante a eu lieule 1er avril à Montréal.

Ces actions ne constituentqu’un début. Le budget qui aété adopté par le gouverne-ment Charest ne va pas mar-quer la fin de la bataille des finances publiques : des bud-gets, il y en aura d’autres, et lesservices publics vont conti-nuer en en constituer l’enjeuprincipal.

Le travail de sensibilisation à faire est peut-être colossal,compte tenu notamment de la convergence médiatique,mais il est possible. Nos vuesfont leur petit bonhomme dechemin… le jour n’est peut-être pas si lointain où sera ramenée, au devant de lascène, l’idée d’une journée degrève sociale, enracinée dans

l’expression de quelques enjeuxbien ciblés et capables de rejoindrela population québécoise dans son ensemble? �

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CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 17

Marie BlaisVice-présidente de la FNEEQ

La plupart des chercheurs s’enten-dent pour dire que les gaz à effetsde serre (GES) engendrent deschangements climatiques majeurs.Pourtant, en décembre 2009, à Copenhague, les gouvernementsn’ont pas réussi à négocier un nou-vel accord en limitant la produc-tion. Plusieurs pays, notamment lesÉtats membres de l’Union europé -enne, visaient une réduction desGES de 25% par rapport aux ni -veaux de 1990. D’autres pays,dont la Chine, les États-Unis et leCanada, s’opposaient à toutes ci-bles précises. Ce sont ces derniersqui ont imposé leurs perspectives.

Pourtant, des efforts urgents doi-vent être faits pour réduire les GES.Souscrivant aux réflexions initiéespar le Groupe d'experts intergou-vernemental sur l'évolution du cli-mat (GIEC) et Équiterre, la FNEEQa adopté lors de son congrès spécialtenu en novembre 2009, une poli-tique de remboursement des fraisde déplacement qui cherche à ré-duire de 30% son empreinte éco-logique, en favorisant l’utilisationde moyens de transport autres quela voiture.

Désormais, pour les délégations of-ficielles en provenance d’un syndi-cat participant à une instance, leremboursement du kilométrages’établira à partir du ratio d’une voi-ture pour 3 délégué-es. Par ailleurs,

la FNEEQ introduit des rembourse-ments incitatifs qui devraient favo-riser le covoiturage. Ainsi, à partirde deux passagers, la FNEEQ rem-boursera aux syndicats l’équivalentde 0,12$ du kilomètre par personnevoyageant dans une même voiture.Par exemple, s’il y a 3 personnesdans une voiture, le syndicat rece-vra 0,36$ de plus que le rembour-sement du kilométrage de base.

Afin de favoriser l’usage du trans-port en commun en milieu urbain,la Fédération double le rembourse-ment d’un déplacement en trans-port en commun. Par exemple, lecoût d’un passage passera de 2,75$à 5,50$. En milieu interurbain, elleremboursera au syndicat 150 % ducoût d’un déplacement en autobusou en train.

Pour le comité santé, sécurité et en-vironnement de la FNEEQ, une réduction de 30% de l’empreinteécologique exige un réel change-ment d’habitudes voire de culturequant à l’utilisation de la voiture etne se réalisera que si la politique deremboursement des frais de dépla-cement favorise le transport encommun et le covoiturage. Déjà en2003, la Fédération avait adopté leprincipe du covoiturage, mais cetélément de la politique avait étépeu appliqué. En proposant des me -sures incitatives, la FNEEQ espèreque cette fois-ci, les objectifs de favoriser le covoiturage et l’uti lisa-tion des transports en commun seront atteints.

Remboursement des f ra is de dép lacement

Favoriser le covoiturage et l’utilisationdes transports en commun

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Les chargées et chargés de cours du regroupement université ont participé à une conférence de presse en appui à leurs collègues de l’UQAT le 23 avril 2009 à Rouyn. Dans l’ordre habituel : Marie Blais, Isabelle Morasse, Claire Tremblay, Carmen Charrette, VP condition féminine, Louise Lemieux ; debout : Louis-Charles Sirois, Puma Freytag, Sylvie Pelletier, Jacques Thériault, Francis Lagacé, Marie Methot, VP secteur public, Denis Geoffroy.

Ça bouge chez les chargés de cours!

Le printemps dernier, nous vous fai-sions part du bilan du cycle de négo-ciation 2005-2009, même si ce cyclese terminait dans les faits avec la né-gociation du Syndicat des chargées etchargés de cours de l’Université duQuébec en Abitibi–Témiscamingue(SCCCUQAT) (voir encadré). Enmême temps, la machine du Syndicatdes chargées et chargés de cours del’Université de Montréal (SCCCUM)se mettait en marche pour amorcer

une nouvelle période de négociation.Les choses se sont précisées au coursde l’automne avec la signature del’entente de solidarité et des rencon-tres de travail des vice-présidences àla convention collective, travaux quise poursuivent ce trimestre.

Les 3 et 4 décembre 2009, le regrou -pement université, qui tenait sa réu-nion à l’Université de Montréal pourmarquer son appui à la négociation

du SCCCUM, a entériné la qua-trième entente de solida rité de sonhistoire. Cette entente prévoit, en-tre autres choses, les mécanismes decoordination entre les syndicatspendant toute la durée des négocia-tions, sans doute une des négocia-tions regroupées les plus impor-tantes entre des syndicats CSN.Cette négociation regroupe en effetneuf syndicats en provenance de six régions.

La négociation regroupée : c’est reparti !

18 CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010

Après plus d’un an de négociation et un vote de grèvegénérale illimitée, les chargées et chargés de cours del’UQAT bénéficient enfin d’une nouvelle conventioncollective. Outre les avancées aux chapitres de l’attri-bution des cours, de l’intégration pédagogique et duperfectionnement, des gains importants ont été réali-sés en ce qui a trait à la rémunération. En effet, le tauxd’une charge de cours passe de 7662$ en décembre2008 à 8749$ en janvier 2012, montant auquel s’ajou-

te ra le taux de la politique salariale du gouver nementdu Québec pour 2012. On parle donc de plus de 11,5%d’augmentation en quatre ans. Des libérations syndi-cales supplémentaires ont également été obtenues. Unfait important à souligner dans cette victoire syndicaleest l’appui sans réserve que les étudiantes et les étu-diants ont démontré à l’égard de leurs enseignantschargées et chargés de cours.

Enfin une nouvelle convention collective à l’UQAT

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Au moment d’écrire ces lignes, les chargées et chargés decours de l’Université de Montréal en sont à leur 33e jourde grève. Pourtant, quand on regarde attentivement lespoints en liti ge, rien ne justifie l’impasse actuelle.

Outre un rattrapage salarial, les chargées et chargés decours demandent des mesures pour atténuer les impactsde la taille des groupes, le maintien des règles de réparti-tion des tâches des accompagnateurs et coachs musicauxainsi que le respect de la propriété intellectuelle et de l’an-cienneté. Sur ces trois derniers points, l’Université pro-pose plutôt des reculs.

Dans ces conditions, comment expliquer qu’un mois degrève n’ait pas permis une entente? Regardons du côtédes journées de négociation. À plusieurs reprises, l’Uni-versité a refusé de s’asseoir à la table de négociation,malgré les demandes pressantes du syndicat. Du 24 fé-vrier au 8 mars, les négociateurs patronaux n’étaientpas disponibles. Refus également de négocier les 16, 17et 18 mars, l’Université attendait le résul tat de l’as-semblée générale, qui devait se prononcer le 18 sur sonoffre finale et globale. Verdict : rejet de l’offre à 84% etpoursuite de la grève à 77%. L’Université annule la ren-

contre de négociation prévue le 19 mars et se rend dis-ponible… le 25 ! À force d’insister, le syndicat a finale-ment obtenu la poursuite de la négociation les jours sui-vants, en espérant que des pourparlers intensifspermettront de dénouer l’impasse. Un retour en classe leplus tôt possible est le plus grand souhait des chargéeset chargés de cours, mais pas à n’importe quel prix !

Dernière heure : une entente a été acceptée par les membres du syndicat, le 11 avril 2010.

CARNETS 22 – PRINTEMPS 2010 19

Grève des chargées et chargés de cours de l’Université de Montréal

Ça bouge chez les chargés de cours!Par ailleurs, les vice-présidences àla convention collective des syndi-cats du regroupement université serencontrent régulièrement pour pa-ver la voie d’une éventuelle plate-forme commune. Ces réunions per-mettent d’analyser en profondeurcertains dossiers techniques et deréfléchir sur des avenues com-munes de bonification des conven-tions collectives. Ces rencontresrendent également possibles deséchanges sur les problématiques lo-cales et sur des pistes de solutions.Rappelons pour les non-initiés queles négociations dans les universitésse déroulent de façon autonomedans chacun des établissements,qu’il n’y a aucune table centrale.Les syndicats sont maîtres absolusdu contenu et de la stratégie de leurnégociation. L’adhésion à l’entente

de solidarité et à la plateforme com-mune est donc tout à fait libre. Maistous y trouvent sûrement des avan-tages, car tous y adhèrent ! Pour re-venir au mode de fonctionnement,mentionnons seulement que lesvice-présidences à la conventioncollective déposent le fruit de leursréflexions et des propositions dethèmes pour la plateforme com-mune au regroupement, qui en dis-cute et en dispose selon ses règles defonctionnement. Concrètement, ildevrait ressortir quelque part auprintemps une entente sur les élé-ments de cette plateforme, juste àtemps pour le démarrage des négo-ciations à l’Université du Québecen Outaouais et à Rimouski, dontles conventions échoient en maiprochain.

Des formations adaptées aux be-soins des syndicats en matière denégociation, de communication, demobilisation ou d’analyse d’états financiers s’ajoutent à ces travaux.

Tout est donc en place pour assurerune bonne préparation et uneconcertation optimale entre lessyndicats de façon à maximiser lesgains de ce prochain cycle de né-gociation. Le bilan du cycle 2005-2009 a d’ailleurs établi que la pré-paration à la négociation s’étaitrévélée aussi importante que la né-gociation elle-même en ce sensqu’elle avait permis d’établir le cli-mat de confiance indispensable àtoute discussion. Bref, c’est avec dé-termination que les syndicats duregroupement université abordentce nouveau cycle.

Page 20: Dans ce numéro - FNEEQ · dans la profession et la valorisation salariale des échelons de maîtrise et de doctorat du troisième cycle. Évidemment, comme à toutes les né gociations

Calendrier des congrès des conseils centrauxde la CSN oblige, le conseil fédéral de la FNEEQaura lieu ce printemps un peu plus tard qued'habitude et ne durera que deux jours. Il sedéroulera à Québec, à l'hôtel Pur, les 7 et 8 juinprochain.

Inutile de dire qu’il s’agira d’une instance aumenu bien rempli. Le comité école et sociétéy déposera deux documents impor tants, quiseront discutés par les délégué-es en prove-nance des trois regrou pements de la FNEEQ.Le premier, Cette école que nous voulons, réaliseun mandat confié par le dernier congrès en expli citant de ma nière approfondie les posi-tions défendues par la fédération concernantl’ensei gnement privé. Le second est un premierdossier sur la formation à distance, dont lesformes de développement interpellent de plusen plus les syndicats du regrou pement cégepcomme ceux du regroupement université.

Concernant les dossiers internationaux, uneplace importante sera faite à la question de la

reconstruction en Haïti. Nous aurons l’occa-sion de faire le point sur la situation, six moisaprès le terrible tremblement de terre qui afrappé ce pays. Ceci dans une approche qui nevoudra pas se limiter aux seuls aspects humanitaires. Les dimensions internationaleset natio na les de la reconstruction y seront sou le vées. Nous pourrons probablement déga ger des pistes d’aide à des groupes syn-dicaux d’ensei gnantes et d’enseignants.

D’autres sujets seront également abordés dontle Forum social éducation qui se tiendra enPalestine en octobre 2010 et les dossiersfemmes. Deux journées qui promettent d’êtreintenses, et auxquelles sont cha leu reu se mentconviées les délégations de tous nos syndicats !

www.fneeq.qc.ca

Rendez-vous au Conseil fédéral !