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Le patrimoine est lié à une temporalité particulière et à un milieu spécifique. Il est polysémique, on parle de dynamique patrimoniale.

Le territoire est un espace approprié par les populations, ce n'est pas une portion de territoire neutre. Il y a des enjeux autour de ce patrimoine, et qui dit patrimoine dit mémoire. Projets de société. Territoire/patrimoine liés, l'espace est rempli de projets.

Institutions du patrimoine correspondant à des valeurs, reflétant un pouvoir et portant des politiques (UNESCO). Pour arriver à ces institutions, il faut comprendre comment a émergé le patrimoine, qui a permis son émergence, où et pourquoi.

Patrimoine = moyen de résistance à des injonctions/ordres, il est approprié par ce qu'on appelle la société civile. Beaucoup d'acteurs participent à sa création et le moyen de faire parler de soi et de créer un patrimoine. C'est un des éléments de remodelage de territoire : la plupart du temps, le processus de patrimonialisation et la façon de le gérer sont intégrés dans tous les projets urbains, position centrale.

Le patrimoine apparaît de plus en plus comme un des mots-clés du développement des territoires. Période de multiplication des patrimoines car le patrimoine est un élément du développement durable. Le patrimoine est un outil du système de pensée dominant en même temps qu'il est un outil de remodelage du territoire.

Il existe des sites du patrimoine mondial et ceux des patrimoines nationaux/locaux. Penser à la variété des échelles, à ce qu'on pense quand on dit patrimoine (ce que ça veut dire), les acteurs.

CHAPITRES

1. Le construction de concept de patrimoine2. L'élargissement des valeurs patrimoniales3. Politiques et acteurs du patrimoine4. Patrimoine et développement5. La ville et le patrimoine6. Patrimoine immatériel

Mali : 3 villes classées au patrimoine mondial– Tombouctou : statue de la ville décapitée– Gao : les islamistes ont voulu raser le tombeau d'Askia. Ville en train d'être bombardée par l'armée française.– Djenné : construite en terre, grande mosquée (= cœur de la ville) de style soudanno-saëlien.Éthiopie : 2 villes classées– Gondar : château ressemblant à un château fort– Harar : médina classée, et certains bâtiments (maison de Rimbaud).– Lalibela : églises sous terre, toit creusé dans la roche.

* * *CHAP1   : LA CONSTRUCTION DE LA NOTION DE PATRIMOINE

1. Les étapes de la construction du concept

Le concept de patrimoine est lié à l'Europe de la Renaissance et non à une universalité.

A) Prise de conscience

LA PATRIMONIALSIATION DU TERRITOIRE

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De tout temps, mesures prises importantes pour le contrôle de l'espace, dans tous les pays = marquer une continuité, faire passer des valeurs. Tombouctou : fêtes pour l'entretien des mosquées, pareil chez les occidentaux.WWII : on se rend compte que la planète et les biens sont fragiles. Changement dans la façon de voir et la réflexion sur le moyen de conserver au mieux patrimoine/planète. 1992 Conférence de Rio : importance majeure du patrimoine, apparition de la notion de développement durable. B) Mise en place de politiques

Au niveau national :– loi Malraux pour que des secteurs urbains soient considérés dans leur ensemble et classés → loi qui permet de mettre fin à la destruction des centres anciens (le « vieux Rennes » préservé ; centre historique de Bruxelles qui a été détruit en partie mais association porteuse de nouveaux projets, les élus ont changé de politique urbaine).– Dans les villes du sud, cette conservation du patrimoine est plus tardive (1980' Mali ; 2000' Addis Abeba). Plus tardif au sud car manque de moyens (plus limités).Au niveau mondial : ouverture des musées qui se généralise, on a conscience de l'exotisme.– UNESCO (ex : Abou Simbel) et la Charte de Venise (1964 charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites)– 1965 Charte ICOMOS, comité international des monuments et des sites– 1972 Comité intergouvernemental du Patrimoine mondial– 1976 Charte internationale du tourisme culturel : recommandations concernant la sauvegarde des ensembles historiques et traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine– 1987 Charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques

C) Que garder   ?

Très longtemps qu'on a pensé à garder pour transmettre aux générations futures.Collections formées par les souverains à partir du 17è (ancêtre de nos musées). Pratique qui existait aussi en Afrique, étalage de richesse – rapporté par les voyageurs, tradi orale (Michel Leiris et la caravane de Marcel Griault écrit L'Afrique fantôme).Ce qui a fait l'objet très tôt de mise en garde pour le sens de garder : édifices bâtis extra/uniques qui ont statut à part car discours analytiques sur leur archi, émergence d'un corps nouveau de spécialistes, efficacité symbolique. Les donner à voir à un plus grand nombre.Ces bâtis existaient partout mais ceux en matériaux durables (pierre) résistent. Afrique et matériaux non durables (torchis, éléments naturels comme végétaux). Surtout en Europe qu'ont été distingués un certain nombre de bâtiments, en Chine aussi.Renaissance : attitude conservatoire vis-à-vis des témoignages du passé qui se double d'un discours scientifique (qui s'appuie sur une histoire d'une grandeur extra, celle antique gréco-romaine). Sentiment de grandeur apporté par l'antique, dimension particulière donnée aux bâtiments qu'on voulait garder. Époque pourtant où on voulait détruire. Critères établis pour réaliser des inventaires ; la plupart des objets patrimoniaux avaient déjà une double valeur esthé/hist, en Europe.

2. Les valeurs du patrimoine

Aloïs Riegl, Le culte moderne des monuments, 2è moitié 19èAndré Chastel, La notion du patrimoine, 1980'Françoise Choay, L'allégorie du patrimoine

Le patrimoine est un objet d'étude et de savoir, on essaie de lui attribuer une valeur scientifique.Riegl : valeur historique (d'ancienneté et commémorative), valeur esthé (formes déco qui résultent

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d'une volonté artistique, au-delà de la technique, qui permet de donner au monument une nouvelle dimension), valeur d'usage.Chastel : différence fondamentale entre un bien culturel et un patrimoine culturel. Pour que cela devienne patrimoine culturel, il faut une double attitude qu'il repère chez les gens qui ont la capacité de faire un saut dans l'histoire. = Monuments à valeur historique mais qui deviennent patrimoine à partir du moment où on est capable de se replacer dans l'histoire. Caractère très populaire du patrimoine et instrumentalisation politique de ce patrimoine (19è) pour construire des identités nationales en Europe. Valeur historique essentielle.Choay : tout monument n'est pas historique, on a un certain nombre de constructions qui ont été conçues dès le départ pour stimuler la mémoire des hommes. La décision de rendre historique un monument est une notion attribuée à posteriori = manipulation/ajout de valeur inventé en Italie au Quattrocento.= Ces gens ont recherché des critères de classement.

A) Valeur historique 

Elle se construit sur une mesure chrono, entre le moment où un monument est observé et le moment de sa production antérieure. Dimension particulière donnée, valeur d'ancienneté. Pour l'Europe en général, plus c'est ancien, mieux c'est (plus de valeur). Sentiment global qui anime les références euro, on a des sociétés à la recherche de leur origine. Intérêt pour l'Antiquité très important (gréco-romaine, égyptienne).Critère d'ancienneté très important, ceci dit, on a une sélection historique qui porte aussi des constructions idéologiques. Dans ce cas-là, la valorisation d'un monument cherche ce qui pourrait faire cohésion pour l'identité nationale et l'histoire inventorie/classe les cultures. On donne aux cultures un niveau de reconnaissance de valeur = on a des périodes qui se démarquent et d'autres sombres, on garde les plus fastueuses de manière à ce qu'elles fassent patrimoine (ce sont les plus nombreuses). Ce n'est pas tout puisque maintenant on classe au patrimoine des périodes pas vraiment glorieuses (commerce triangulaire). Certains éléments sont repérés donc, ceux porteurs d'images positives et qui servent pour l'identité nationale. On valorise les monuments, mais on a aussi des lieux/personnages patrimoniaux (sites de bataille, Jeanne d'Arc).Importance de la mémoire, pouvant être transmise :– par l'archi   : pyramides/Sphinx ; grand obélisque d'Aksoum en Éthiopie– par l'écrit   : Jules César et sa « Guerre des Gaules » ; manuscrits du Kebrä Nägäst « La gloire des rois » en Éthiopie = récits rapportant la grande épopée biblique du pays avec la rencontre entre la reine de Sabah – péninsule arabique/Éthiopie – et le roi Salomon, fils entre les 2 (Ménélik 1er) qui reprend les tables de la Loi d’Égypte pour retourner en Éthiopie chez sa mère = descendance salomonide des éthiopiens. Ce qui fait la valeur patrimoniale de ces tables est le fait qu'on ne les voit jamais ou sortent juste pour des fêtes comme l'épiphanie.– par la tradi orale   : grands récits mythiques/généalogies comme on n'a pas tout écrit, retransmis par des griots d'Afrique qui sont des chroniqueurs/historiens/journalistes... Mémoire qu'ils transmettent aux gens, l'Empire du Mali avec Soundiata Keïta 12/13è.B) Valeur esthé

Question du beau, conceptualisée à la Renaissance, se construit sur des écrits de philosophes (anciens, Aristote/Platon). Un certain nombre de critères retenus sont empruntés à des sciences exactes :– archi et maths  : mesures rigoureuses/systématiques (proportions, axe, symétrie). On met en valeur des façades. Représentations en plan/perspective pour élargir les supports d'analyse. Monuments = représentation du génie humain.– musique et harmonie  : expliquer le caractère agréable à l’œuvre– nature  : on puise dans l'explication de la nature des éléments essentiels à l'enrichissementDéfinir un canon du genre, de l'Antiquité au 20è : on peut faire un véritable travail de sélection avec

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ces critères. Les architectes définissent à partir d'objets antiques des critères d'esthé qui doivent être scientifiques = créer des formes nouvelles à partir de l'ancien = acteurs de la produc patrimoniale fascinés par ce qu'ils découvrent. Artistes impliqués et même qui s'identifient aux héros antiques par leur signature. Au 20è, on a ajouté des éléments provenant du génie de ce siècle (Viollet-le-Duc ; tour Eiffel).

C) Valeur d'usage

Ce qui fait sens est la rareté de l'objet et la capacité éco à utiliser cet objet de façon à créer des richesses. Beaucoup de monuments sont investis d'une valeur éco au moment du tourisme de masse. 18È, voyages : un certain nombre d'artistes euro qui partent pour s'enrichir des monuments italiens, mais pas vraiment d'enjeu éco.20È, tourisme de masse   et valeur éco : on fait monter en puissance une démarche existant depuis un bout de temps, on s'appuie sur l'idée des 7 merveilles du monde (datant de 2200 ans) : déjà on pensait à sélectionner = pyramides de Gizeh, temple d'Artémis, mausolée d'Halicarnasse, phare d'Alexandrie... C'est ce merveilleux qu'on reprend à l'heure actuelle. Idée des 7 Merveilles qui soulève encore des enthousiasmes aujourd'hui et l'UNESCO a relancé le concours (Tombouctou candidate, chacun était persuadé qu'il allait devenir Merveille du monde).

D) Ajout d'autres critères

Bon état de conservation : UNESCO et liste particulière pour les objets en mauvais état et qui risquent de se dégrader (classement de l'état de ruine, chef d’œuvre en péril pour Tombouctou).Tendances actuelles : juillet 2006 Tombouctou retiré de la liste, plan de gestion/conservation de la vieille ville, extension du bien culturel à toute la médina, candidate pour être une des 7 prochaines Merveilles du monde.

* * *

CHAP2   : L'ELARGISSEMENT DES VALEURS PATRIMONIALES

Patrimoine = construction sociale, il répond au besoin de la société qui le produit, on peut se demander pourquoi tel truc devient patrimoine. Très souvent instrumentalisé. Acceptation d'un raisonnement logique. Il s'élargit au fur et à mesure.

1. Le patrimoine à la découverte du monde A) Patrimoine et temporalités   : temps linéaire et temps cyclique

Idée de patrimoine qui présuppose un rapport au temps spécifique.Temps de l'histoire = linéaire (Occident) : passé/présent/futur, le présent s'explique par ce qui est passé. Successions chrono. Passé révolu, et patrimoine qui sert à restituer/garder ce passé. Fétichisme du passé extra. Témoignage = valeur inestimable.Temps cyclique (sociétés tradi, Afrique de l'Ouest) : le patrimoine n'a pas de valeur en soi. Selon la façon dont les sociétés envisagent le temps, le patrimoine prend une forme différente et varie.– Temps cyclique qui s'accorde avec le présent, présent qui est relié au passé de façon consubstantielle = passé dans le présent (on mange et quand ça tombe par terre « untel mort veut prendre sa part » donc mort qui est toujours avec eux).– Relation avec le temps rond des saisons aussi, elles reviennent. Delta intérieur du Niger (Mali) : fleuve avec grande boucle intérieure et des bras se séparent = grande zone

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marécageuse (delta). 2 saisons au Mali (sèche/des pluies) et quand pluies, crue du Niger qui submerge une grande partie du paysage, des populations vivent en rapport avec ça (culture liée à l'eau) comme les Somono (maisons démontables), les Bozo (pêcheurs sur bateau), les Nono Marka (commerce sur terre ferme et agri), les Peul (passion pour le zébu), les Bambara (agri sur les bordures). Tous ensemble vivent en fonction du retour des saisons, activités dépendantes de cette crue/décrue du fleuve.Recherche de l'authenticité en Occident, l'objet n'a de valeur que si untel l'a touché/construit... fétichisme des reliques. Mais au Mali, cette idée est stupide, pourquoi chercher un truc ancien et le payer plus cher alors qu'on peut en fabriquer un nouveau ? Mais le malien est tolérant alors ok, on va fabriquer des choses anciennes (comme des masques, en 1 ou 2 ans) pour le marché international, ce n'est pas une tricherie. Par contre, dans ces sociétés tradi, une apparence moderne n'est pas forcément contradictoire avec la forme passée, on rend l'objet plus beau.Choay, Japon : tradi vécues au présent, on ne reconnaît d'art ancien/moderne que s'il est vivant (pour appartenir à la culture japonaise, il faut que ça soit vivant). On ne peut garder/apprécier un monument que si on le refait neuf de temps en temps. Manière de conserver = améliorer/reconstruire. Aire Meji (1870') et ouverture du Japon à l'Occident, une autre manière de penser existe = on assimile le temps occidental et une sorte d'Histoire universelle, on adopte même les musées. La culture tradi embellit le monument (« il a été refait tous les... »).Même chose en Chine : ce n'est que très récemment qu'elle a intégré le MH, quand on a découvert le potentiel énorme.= La préservation du monument telle qu'on la pense en Occident est un préservation du passé. Tandis que la préservation par les sociétés tradi au temps rond permet la nouveauté, ça revient et ne disparaît pas. Universalisation de la pensée du patrimoine qui s'est accélérée au cours du 20è. Normes pour privilégier cette vision linéaire.Conférences internationales pour la conservation des MH : 1931 Athènes ; 1964 Venise ; 1972 convention du patrimoine mondial

B) Diffusion spatiale et élargissement du champ historique

Les valeurs historiques/esthé sur lesquelles le patrimoine est fondé ont été multipliées par la marge de l'histoire et le fait que parallèlement depuis la colonisation, on a une montée en puissance de l'exotisme qui a fait réfléchir sur les valeurs, qui a fait avancer le regard sur l'autre, qui a fait prendre conscience que dans le monde on peut avoir des références sociales/politiques...

Évolution de la conception du patrimoine, en découvrant la richesse du monde. Ouverture importante à la confrontation de sociétés différentes. Les valeurs ne sont plus uniquement liées à l'ancienneté. Ce qui a permis cette ouverture : les grands voyages = début du tourisme. Dans des espaces déjà connus, comment un certain nombre de personnes entreprennent des voyages pour s'enrichir, se faire plaisir ? Voyages accompagnés d'hommes de sciences. Découverte du Moyen-Orient, de l'Extrême-Orient = montée de l'exotisme, archi exotique valorisée en Europe et on tente de la reproduire = importation de la diversité, de choses qui se faisaient dans des contrées sur lesquelles on avait un regard étonné. Dans les jardins, on reproduit des folies égyptiennes (mini pyramides, sphinx) ou orientales (constructions arabisantes).Période coloniale (19/20è) : on continue d'importer des idées mais aussi exportation des valeurs patrimoniales. On introduit un modèle dans les pays colonisés qui est le modèle de l'Occident. Mais les références évoluent et dans un premier temps, les témoignages des gens des sociétés « primitives » sont plus ou moins effacés par les colonisateurs. On apporte le christianisme et des valeurs sociales/artistiques... Le regard patrimonial sur les formes bâties évolue car on se rend compte que certaines d'entre elles sont exceptionnelles (devant des palais/mosquées/temples...). Les colonisateurs sont sensibles et entreprennent des inventaires de «   monuments indigènes   » et mettent en place des mesures conservatoires pour préserver ces bâtiments. Certains gouverneurs des colonies encouragent même des architectes à dessiner les bâtiments des capitales coloniales en

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insérant des influences de chez eux :– architecture baroque des pays de l'Amérique du Sud – Maroc et bâtiments modernes construits par des français (invités par le gouverneur)– Afrique occidentale française, style néo-soudanais (style euro + local)– Cochard a travaillé au Maroc, en Syrie, et a produit un certain nombre de bâtiments qui sont aujourd'hui en voie de classement ou qu'on tente de garder.Les architectes euro deviennent des ambassadeurs de la culture française et essaient d'enrichir leur vision avec ce qui se passe ailleurs, dans leurs colonies.Parallèlement, administration mise en place, capable de repérer des MH = listes. La colonisation a suscité un regard nouveau. Listes faites dans les pays étrangers, il faudrait le faire aussi dans son propre pays. Fr : Mérimée (1830) = premier représentant du corps des inspecteurs, chargé de parcourir la France pour dresser une première liste des monuments nationaux.20è : accélération des mutations éco/techno, un certain nombre de bâtiments perdent leur usage, on les détruit. Or, un courant de pensée se développe progressivement et on a une prise de conscience du fait que si on détruit certains bâtiments, on perd la mémoire (des fonctions associées au bâtiment), ils cessent d'être produits comme on n'en a plus besoin (Halles Baltard détruites 70'). Il ne faut peut-être pas tout détruire mais en garder un certain nombre, ils font partie de notre mémoire et il faut les transmettre. Classement de ceux-ci, mais aussi de bâtiments récents :– 1960 : la France reconstruit ses villes (Le Havre) tandis que les autres pays construisent les villes (Brasilia nouvelle capitale). Les deux veulent être classées.– 1970 : diminution importante des activités secondaires (friches entières abandonnées), classement sur certains témoignages des bâtis industriels souvent monumentaux.

= Des choses éminemment différentes sont classées (des éléments anciens ou récents, qui ont perdu leur valeur éco), importations de savoir-faire de nos colonies, exportation de notre propre savoir-faire.

2. Le patrimoine recomposé

Institution planétaire qu'est ce patrimoine recomposé. On se pose les mêmes questions partout.Exportations des valeurs patrimoniales occidentales (pendant les conquêtes). Idée de garder et de créer un produit consommable. On patrimonialise un peu tout, mais tout est dynamique. On a patrimonialisé progressivement des espaces et on a construit en Occident un discours autour de l'authenticité du patrimoine.

A) Du monument à l'espace

Monument isolé qu'on peut classer (église, clocher, palais...). Puis peu à peu vient l'idée que comme le monument abrite des fonctions, il n'a de sens que si on prend en compte son pourtour = il s'inscrit par rapport à ce qui existe alentours. Harmonie globale qui peut se comprendre à travers l'observation des façades, on recherche une certaine homogénéité.

Patrimoine urbain : récent en terme de patrimonialisation officielle. Françoise Choay nous rappelle que le premier à parler de ce patrimoine urbain est Gustavo Giovannoni = la ville elle-même est un monument, elle est en même temps un organisme vivant. On ne peut pas seulement sélectionner quelques bâtiments. Il faut comprendre/traiter le tout. Patrimoine comme construit social : patrimoine investi de fonctions/représentations/sens. On a plus des logiques sociales qu'un objet patrimonial.– Tout élément urbain doit être intégré dans un plan d'aménagement global, qui symbolise la société de l'époque.– Ces monuments historiques ne sont pas isolés, il faut faire un traitement particulier des abords du monument car ils forment un tout.

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– Les ensembles urbains appellent les mêmes procédures de préservation/restauration qui sont définies à l'époque par Camille Voito qui préconisait de respecter échelle/morphologie de la ville, préserver les rapports entre les parcelles (où il y a les bâtiments) et le réseau de circulation.On traite ce patrimoine de plus en plus comme un paysage.– Mont Saint-Michel déclassé au Patrimoine mondial de l'humanité si on y met des éoliennes.– On classe des centre-villes entiers en France (Lyon).– Idem pour les médina, Fès, Maroc : on classe la porte d'entrée mais surtout tout un ensemble architectural complexe. On garde l'ambiance faite par une tonalité sociale très populaire. On garde aussi les fonctions comme les tanneries.– Djenné, Mali  : on classe la mosquée et la ville entière car toutes les maisons autour font sens avec la mosquée.

B) Un patrimoine métis et approprié

Généralisation du patrimoine, mouvement systématique de conservation de l'apparence des paysages/édifices, notamment quand on travaille sur la restauration.Ville mosaïque : les lieux de mémoire particuliers sont détournés de leur sens = sorte de juxtaposition de différentes périodes historiques dans une ville (avec des monuments d'époques différentes) mais qui ne font pas toujours sens au niveau de la ville. = Espaces composés avec des patrimoines différents. Folie patrimoniale et risque de tout sacraliser.Façadisme : on travaille la façade pour donner un style architectural mais pas le reste du bâtiment.Accumulation historique et métissage : monument et ses alentours qui font référence à des dates différentes de l'Histoire. Traces visibles actuellement qui se reflètent dans la forme de l'urbanisme.– Place Saint-Marc de Venise  : ensemble homogène figé dans sa forme élaborée qui se veut du 11è mais non, tout a bougé et ça continue d'évoluer, collages successifs (campanile reconstruit en 1908). Les choix politiques de mise en valeur du patrimoine se font pour valoriser l'authenticité.– Addis-Abeba, Éthiopie : demeure de style Zaouditu et influences étrangères (toit de tôle ondulée neuve) en plus de leur style local. Mixité/proximité sociale qui fait sens : gens riches avec grosses demeures entourées de celles plus misérables des serviteurs. Églises anciennes typiques de la pensée chrétienne/orthodoxe (Pawolos ; octogonales, 2 niveaux et une ombrelle contenant les Tables de la Loi), avec bois autour (ville écologique). Mairie construite par les français (1960'), bâtiments italiens aussi = vraie ville mosaïque. Projet de modernité voulu (contre ceux qui veulent préserver la ville) : construire en hauteur (tours jumelles), grand centre commercial, énorme parking souterrain... L'attentat du 11/09 à NY les a refroidit.– Harar, Éthiopie  : Rimbaud y a vécu, on nous fait visiter sa maison mais mensonge, elle n'existait pas quand il y vivait. Maison construite par un riche marchand et reprise par les français après.– Djenné, Mali  : grande mosquée en terre détruite, le français décide de la faire reconstruire (les gens ne voulaient pas, travail forcé donc).

3. Le patrimoine matériel et immatériel

A) Matériel

18è, château de Gondar, Éthiopie : Gondar construit son image dans le monde autour du patrimoine. Château classé au Patrimoine mondial de l'humanité.Lalibela, Éthiopie : grand programme de l'UE qui protège les toits des églises. La 2è Jérusalem. On passe d'une église à l'autre par les souterrains. Tombeau d'Abraham reconstitué, lieu touristique mais qui porte cette symbolique religieuse.« Dans de nombreuses régions, le patrimoine matériel n'a de valeur que par sa dimension immatérielle » Françoise Benhamou.

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B) Immatériel

"Le patrimoine immatériel doit être compris dans ses deux acceptions complémentaires : en tant qu'il est le prolongement et le donneur de sens du patrimoine matériel, et en tant que patrimoine intangible par nature..." Françoise Benhamou.2003 : convention de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine immatériel.

* * *

CHAP3   : POLITIQUES ET ACTEURS DU PATRIMOINE

Le patrimoine fait l'objet partout dans le monde de politiques publiques, qui s'expriment au niveau institutionnel à différentes échelles, comme celle internationale (inscription au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO).Des acteurs œuvrent pour la sélection et la mise en œuvre du patrimoine (architectes...). Le patrimoine est de plus en plus créé à partir des populations qui se rassemblent, et qui ont une prise de conscience sur l'importance de la conservation. Des organisations de conservation du patrimoine se mobilisent également. Le patrimoine est extrêmement divers car tous ces acteurs choisissent un patrimoine varié, et la présentation au public nécessite des gestions particulières de la part de ces associations.

1. Décideurs et financeurs

A) Organisations internationales

Conventions : UNESCO, le principal organisme international qui intervient sur la conservation du patrimoine, il produit les chartes internationales. Créé au moment de la WWII. L'UNESCO s'occupe de la science/culture/éducation au niveau mondial et aussi du patrimoine. Il y a une mondialisation des valeurs et des références essentiellement occidentales, et cela entraîne une sorte de fétichisme du patrimoine. Dans les premières années de conservation du patrimoine, l'Afrique était absente, car on avait un cliché : l'Afrique n'avait pas de monuments. Mais cela s'est ouvert depuis qu'on s'est penché sur le patrimoine immatériel, et l'Afrique est devenu un élément central. L'UNESCO ne finance pas mais cherche des fonds pour pouvoir aider les organismes. → 2008, World Heritage Volunteer : créé par l'UNESCO, rassembler de jeunes bénévoles du monde autour d'un projet de protection du patrimoine mondial.ONG : en relation formelle avec l' UNESCO– 1946 ICOM  : Conseil international des musées, seule organisation de musées et de professionnels de musées à l’échelon mondial. Promouvoir/protéger le patrimoine culturel/ naturel, présent/futur, tangible/intangible. Il s'occupe beaucoup du patrimoine africain. On juge que l'Afrique a un grand patrimoine et qu'il faudrait le présenter dans des musées, mais comment les soutenir ?– 1965 ICOMOS  : Conseil institutionnel des monuments/sites, qui se consacre à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel. C'est la seule organisation internationale non gouvernementale de ce type qui se consacre à promouvoir la théorie, la méthodologie et la technologie appliquées à la conservation, la protection et la mise en valeur des monuments et des sites.1972   Patrimoine mondial : l'UNESCO crée un label de patrimoine commun à l'humanité, et signature de la convention du Patrimoine Mondial (appuyer la mission de l'UNESCO, encourager les autres pays à signer cette convention pour protéger leur patrimoine, et à proposer des sites).

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Liste composée de 962 biens répartis dans 157 États (Italie 47 sites ; Europe/Amérique Nord 48%).1950' ICCROM : Centre international d'étude pour la conservation et la restauration des biens naturels. Organisation intergouvernementale qui s'intéresse plutôt aux méthodes de restauration.Le point commun de ces organisations est la lutte pour le développement durable.

B) Financeurs et bailleurs de fonds

Intervention des pouvoirs publics nécessaire notamment en raison des défaillances du marché et du caractère de bien public du patrimoine. Mais on le sait, les budgets publics sont limités pour le financement du patrimoine bâti. Les pouvoirs publics ne sont pas tous en mesure d'apporter toutes les ressources nécessaires ou souhaitables. Il faut trouver des arguments choc (retombées positives sur la société, notamment avec les revenus du tourisme) pour persuader l’État d'accorder une part plus importante de son budget au patrimoine, car il y a des choses à côté toutes aussi importantes.2003 Fr, redéploiement et nouvelle clé de répartition des crédits : le ministère entend par cette remise à niveau, privilégier l’entretien plutôt que la restauration (coût limité des interventions d’entretien comparées aux opérations de restauration).– Banque mondiale  : accorde des prêts et finance des projets d'ONG– Commission Européenne ou Conseil de l'Europe  : 1966, inciter les gouvernements à mettre en place des mesures fiscales (réductions d'impôts) et financières (prêts/subventions) pour aider les propriétaires de monuments, et autres organismes intervenant dans le secteur, à protéger le patrimoine architectural.– Fondations privées   : The Getty Foundation (1964 création, 1990 530 subventions sont offertes soit 20 millions de dollars pour des historiens d'art/conservateurs/musées de 18 pays), Ford (1er bailleur de la SAVAMA-DCI – sauvegarde/valorisation des manuscrits islamiques maliens – 2005 et 2009 subventions pour la rénovation des bibliothèques et la conservation des manuscrits anciens et des livres au Mali)...– Coopérations multilatérales entre le public et l'international...Lalibela, Éthiopie : aidée par des bailleurs italiens, euro, pour conserver les églises enterrées. Montagnes de Simien : les populations continuent à exploiter la nature malgré les interdictions de l'UNESCO = arrestations/amendes..

C) Les États

Ce sont des gros financeurs quand ils sont riches. Aide au développement grâce aux :– Bras financiers des ministères  : AFD (Agence Française de Développement), GTZ (Allemagne), USAID (Agence de EU pour le développement international, aide à réduire la pauvreté, promouvoir la démocratie et la croissance économique, soulager les victimes des catastrophes naturelles et prévenir les conflits = développement éco et humanitaire).– Initiatives  : ISTED (Institut des Sciences et des Techniques de l’Équipement et de l'Environnement pour le Développement, association dissolue depuis 2010, interventions prioritairement auprès des pays en développement/émergents/en transition, avec pour objectifs la sécurité, l’accessibilité des territoires et l’intégration économique), des exemples de politiques internes en France (1913 loi sur les MH, 1930 loi de protection des sites, 1962 loi Malraux pour la protection des centre-villes...)– États eux-mêmes  : Mali.

Protection du patrimoine par le haut (États, monde) et par le bas (associations).

2. La production et la gestion du patrimoine

Le patrimoine n'est pas quelque chose de spontané, d'évident. Différents groupes et types d'acteurs s'occupent de cette "entreprise". La plupart des études sur le patrimoine sont transdisciplinaires et

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évoquent les fins du patrimoine.

A) Professionnels du patrimoine

Des scientifiques/collectionneurs/artistes/urbanistes/corps de fonctionnaires repèrent et produisent du patrimoine.Alain Bourdin, sociologue, parle de la production savante du patrimoine : elle procède du travail des experts/collectionneurs/savants (historiens/archéo/ethno/musicologues). La production devient politique quand elle résulte d'une volonté de construction du patrimoine (intérêt d'un groupe/idéologie). Les logiques savantes de production ne correspondent pas forcément aux logiques politiques. Ces professionnels du patrimoine peuvent être regroupés en associations de façon à affirmer leur voie et s'imposer sur les scènes locale/nationale/internationale.1920' Association générale des conservateurs des collections publiques, Fr : qui compte aujourd'hui plus de 1000 membres. Établir des liens réguliers/durables entre tous les responsables scientifiques des biens constitutifs du patrimoine national, contribuer à la conservation/transmission/étude des collections, représenter la profession et les fonctions exercées par ses membres. Ils sont en relation avec des associations internationales de gestion et conservation du patrimoine (ICOM qui a entraîné l'établissement des comités locaux ; ICOMOS).Artisans du patrimoine   (Fr) : artisans qui perpétuent les techniques anciennes et œuvrent à la préservation/restauration du patrimoine architectural, immobilier et mobilier, qu'il s'agisse de petit patrimoine (ensemble des constructions ayant eu, dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours = chapelle/moulin/lavoir...) ou de Monument Historique. Ces artisans sont reconnus par les labels (label Entreprise du Patrimoine Vivant).Fr : Ministère de la culture et de la communication (mise en œuvre de la politique), Direction de l’Architecture et du Patrimoine (en charge principalement de la conservation du patrimoine), DRAC/Services départementaux de l’architecture et du patrimoine (sur le terrain, représentants de l’État), conservateurs du patrimoine formés par l’Institut national du patrimoine.

B) L'appel au privé

Cela pose certaines questions. Puisque le patrimoine appartient à un groupe d'individus, c'est un bien commun. Cette mise sur le marché en fait un bien marchand et intéresse les entreprises. Françoise Choay revient de nombreuses fois sur cette question dans ses "best-sellers" sur le patrimoine.Le grand courant de décentralisation mondiale vise à gérer les territoires au plus près de leurs ressources. Les éléments qui peuvent être exploités sont au cœur des recherches. → 1983 Loi Deferre (de décentralisation), Fr : donne plus de responsabilités aux collectivités territoriales pour gérer leur patrimoine et encourage le développement local.L'Etat se retire pour laisser la place à des collectivités locales souvent pauvres qui doivent faire appel à des privés. Les ressources se privatisent, ce qui entraine des conflits entre les acteurs locaux.Amérique latine : montée en puissance des acteurs privés. 1997 SIRCHAL = organisation qui s'occupe de la revitalisation des centres historiques, créée à partir de la Direction de l’Architecture et du Patrimoine (Fr). Perspective de développement partagé et durable.

C) Mise en place de partenariats

PPP = partenariat public/privéChaque pays, chaque corps professionnel, chaque université a sa propre culture.AFD : bras financier du Ministère des Affaires Etrangères en France. Un partenariat pour un tourisme responsable et durable. Accord entre l'AFD et l'UNESCO : renforcer leur coopération dans

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les domaines de la protection/mise en valeur/restauration de villes et monuments, ainsi que de la transformation/réaménagement pour des activités nouvelles d’équipements publics/privés.Luang Prabang, Laos : ancienne capitale royale. L'AFD accompagne le développement urbain et touristique de la ville, aussi sauvegarder son patrimoine et améliorer les conditions de vie de ses habitants (meilleur fonctionnement des réseaux publics urbains au bénéfice de tout le monde). Sauvegarde/mise en valeur des quartiers historiques de la ville. Le classement international tente de freiner la modernisation voulue par les locaux.

D) La patrimonialisation citoyenne

Volonté de se rendre visible.Institutionnalisation du patrimoine culturel immatériel (2003 UNESCO), qui est recréé en permanence par les communautés/groupes en fonction de leur milieu/histoire et qui leur procure un sentiment d'identité/continuité. Olivier Givre : le patrimoine fait partie des "tiers-objets" qui construisent des rapports entre institutions/populations, décideurs/habitants... Mettre les acteurs engagés dans la promo de leur patrimoine en capacité d'agir, faire en sorte que ce patrimoine fasse l'objet d'une véritable appropriation. Cela suppose des médiations.SAVAMA-DCI (ONG) : Association pour la sauvegarde et la valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique de Tombouctou. Devenue une ONG en signant le 10/06/2005 avec le Gouvernement de la République du Mali un accord cadre, renouvelé fin 2007.

Certaines formes de patrimoine ne sont pas encore encadrées/reconnues : rites, plats culinaires, savoir-faire... = ce qui constitue une identité locale.Le patrimoine ne sert pas qu'à une mémoire désintéressée et permet des revendications identitaires, d'asseoir des politiques.

3. L'instrumentalisation du patrimoine

A) Patrimoine au service des politiques

Politiques nationales/internationales, pour le développement durable. Dominique Poulot, Le monument historique : identité nationale au 19è : sélection de monuments "historiques" que l'on juge représentatifs, qui prouvent l'existence et la légitimité de la Nation. La nation française se construit autour des symboles patrimoniaux.Harar, Ethiopie : utilisation de l'argument du patrimoine de la médina, la vieille ville arabo-musulmane. Création d'une région administrative minuscule d'Harari (appuyée par la France) qui a un pouvoir gigantesque par rapport à sa taille, les habitants s'y sont créé une légitimité.Caveau des Patriarches/tombeau de Rachel, Israël : 2 lieux saints de la Cisjordanie. Signification multi-religieuse (judaïsme, islam, chrétienté). Ce projet a entrainé des heurts.Bourdin : "Il ne s'agit pas d'un simple habillage, mais d'un véritable discours sur le sens du présent par la définition d'un sens présent aux objets.""Plus la fonctionnalité ou la valeur symbolique résiduelle se trouve affaiblie, plus il est possible de faire dire ce que l'on veut au patrimoine."Palestine : l'admission de la Palestine comme membre de l'UNESCO (31/10/11) a réaffirmé le caractère éminemment politique de la reconnaissance internationale des objets du patrimoine palestinien, au cœur du conflit de légitimité territoriale avec l'Etat d'Israël.

B) Patrimoine au service des identités

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Il peut servir de preuve d'existence pour des collectivités qui se sentiraient oubliées, ou comme pruve d'existence d'une nation en constitution = politique d'Etat. C'est ce qui pousse à créer des associations dans le monde.Les Juifs de Gondar, Ethiopie : châteaux forts, 200 000 hab environ, région assez riche (montagne, beaucoup de gens mais très pauvres). En périphérie sont rassemblés les derniers Juifs d'Ethiopie (= Fellasha, communauté assez importante historiquement). 2 grandes migrations organisées vers Israël, un peu embarqués de force, donc il ne reste plus grand monde. Les touristes vont voir leur village (artisanat = statuettes du lion de Juda). Identité juive récupérée par une poignée de chrétiens (croix tatouée sur le front des soit-disants Juifs) qui sont dans le discours Fellasha, qui font la promo du patrimoine de cette communauté-là et revendiquent des intentions spéciales.Vieux Québec, Canada : affirmation communautaire. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité = ça sert un projet à finalité nationaliste, économique, touristique. Projet lancé en 1960, rénover le Vieux Québec qui a conduit à détruire les anciens bâtiments pour reconstruire (sans base scientifique) des édifices à l'architecture française du 18è pour affirmer la particularité québecoise.Allemagne : reconstruction à l'identique de certaines villes après la WWII. On y ajoute des ercompositions historiques inventées et pour lesquelles on a parfois détruit des quartiers anciens (non bombardés/détruits) = reconstitution idéale/améliorée, des choses plus emblématique).Gdansk, Pologne : la plus grande prio était de reconstruire la ville à l'identique, plutôt que les services sociaux (écoles), puisqu'il faut montrer son patrimoine.= Question identitaire très marquée partout sur la planète, pour survivre.

C) Patrimoine au service de l'économie

Souvent un lien entre les politiques identitaires/éco. Les populations se vendent au niveau national et attirer les touristes.Avec la croissance du tourisme international, de masse (récent), le patrimoine a acquis une valeur économique et il est généralement considéré systématiquement comme un outil du développement = ressource locale.

* * *

CHAP4 : PATRIMOINE ET DEVELOPPEMENT

Mondialisation qui favorise 2 échelles géo : globale (planète), locale. Elle permet à des ressources locales, ancrées dans le territoire, de s'inscrire dans des réseaux mondiaux. Les villes tiennent une place particulière dans la mesure où par nature elles sont le lieu de la diversité. Elles permettent le brassage des hommes/identités. On y crée des objets/éléments symbolisant l'enrichissement. Avec la spécialisation de la ville au niveau planétaire, tendance à l'appauvrissement de cette diversité globale, à cause de cette homogénéisation.Aujourd'hui, on prête attention à tout ça, et on tente de freiner cette homogénéisation, garder dans les villes des éléments essentiels de la culture permettant un développement. Recherche d'opportunités économiques essentielle.

1. Patrimoine et développement durable

A) Politiques labellisées et nouvelles pratiques

= politiques labellisées "développement durable" : systématiquement différents affichages dont 2 sont récurrents = labels patrimonial/environnemental (dans les préoccupations environnementales,

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parfois le patrimoine est affiché). La dimension des 2 est incontournable, il n'y a pas de discours où on n'utilise pas les termes "développement durable" et "patrimoine". Patrimoine = central dans les préoccupations environnementales, dans les : discours, politiques, offres de financement, pratiques sociales.Lancement des grands sommets mondiaux :– 1992 Rio , conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement.– 2002 Johannesbourg , conférence sur le développement durable qui renforce celle de Rio.Différentes échelles d'intervention existent.– Monde ("Gaïa) : il faut préserver notre planète, dimension patrimoniale de la nature, du vivant et de nous-mêmes. Refus des pays riches de remettre en cause des modalités de leur développement qui nuisent pourtant à la planète. On n'arrive pas à répartir les richesses du monde. Malgré ça, on continue de se servir de certains parties de la planète (pays pauvres au Sud) pour que les riches en bénéficient. Ressources culturelles de Tombouctou : à quelle fin et pour qui ? En parlant de l'aménagement des espaces publics internationaux, on doit faire référence aux autres sommets : Sommet des altermondialistes.– Locale : se saisir d'opportunités pour ouvrir des espaces de médiation entre les autorités publiques et la société civile (tissu associatif) de façon à renouveler la gestion des territoires, faire participer la population à l'amélioration de l'environnement locale (à travers la valorisation patrimoniale). Faire perdurer les cultures et éviter de passer sous l'égide de la mondialisation.Quels rapports de la société à l'Histoire ? Rapport à la mémoire et quelle place pour les traumatismes ? cf doc1 Henry Rousso. Doit-on patrimonialiser/garder au niveau local les événements traumatisants comme la période de l'esclavage (commerce triangulaire) ? L'UNESCO a fait le classement de la "route des esclaves", pour que ça ne se reproduise plus ? Marchandisation de cette mémoire-là ? Puisque des touristes parcourent se chemin en pleurant.Le patrimoine mondial de l'humanité appartient-il à ce nouveau champ des biens publics ? Gouvernance mondiale et frontières entre pouvoirs privé/public au niveau international. On a sélectionné un certain nombre de lieux, les préserver pour la mémoire mondiale, les transformer en lieux de consommation à l'échelle mondiale. Payer un ticket d'entrée, donc c'est au final une privatisation. La gestion du site est faite par des entrepreneurs privés. Nécessité de sélectionner les éléments pour les gérer au niveau international et qu'ils échappent à la privatisation mais c'est difficile, il n'y a pas d'autorité supranationale. Cf doc8, les 2 conceptions des Biens Publics Mondiaux :– Vision minimaliste de la coopération internationale. Elle prévaut. Unilatéralisme ONUsien. en terme de défaillance des marchés.– Vision maximaliste de la coopération internationale, référent constitué par les patrimoines communs, analyse politique. Pluralité des acteurs au niveau des centres de décision internationaux = démocratie internationale participative (elle ne fonctionne pas très bien).Evolutions générales en cours, qui apparaîssent très nettement dans la conférence de Johannesbourg. Des nouvelles pratiques de gestion sont mises en place et répondent aux recommandations mondiales.– Renforcement des initiatives privées– PPP (partenariats publics privés) : pour les nouveaux projets– Privatisation planétaire et déréglementation des services publics : répercussions au niveau localCf doc2, ceux qui font la ville sont avant tout les acteurs privés, dans le cadre des PPP certes, mais ils sont interlocuteurs permanents des pouvoirs publics. Les collectivités locales sont là mais ne servent que de lien. = Privatisation de certains espaces urbains.

B) Les contradictions

1) Bien commun/bien privé : cf doc4, PNUD (organisme de l'UNESCO) et 4 biens publics globaux = environnement, santé, connaissance/information, paix/sécurité. Biens/services qui présentent la

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non-rivalité (tout le monde pour consommer ce bien). Universalité des BPM (air/eau) = patrimoine commun. Lalibela, Ethiopie : riche patrimoine mondial mais pauvreté persistante de la ville et de ses habitants, pas logique... Les habitants ne vivent pas dans des conditions idéales. Les petits gains qu'ils ont arrivent par des touristes visitant les églises. Un peu choquant, très bel aéroport et goudron entre ça et les hôtels. Violence locale qui augmente, les locaux se battent pour avoir leurs touristes. Donc ce qui est censé être leur bien commun est "privatisé" par les supérieurs.

2) Participation citoyenne/exclusion : participation citoyenne = objectif de favoriser le local, elle est demandée (les citoyens doivent être là, donner leur avis). Mais la plupart du temps ça se réduit à une simple consultation des citoyens et le projet final est ce que les gens pensaient faire avant cette consultation.

3) Long terme/court terme : la mise en patrimoine telle qu'elle est réalisée à l'heure actuelle se fait plutôt en pensant à la rentabilité à court terme. Mise sur le marché qui nécessite de penser à ce que les ressources rapportent le plus rapidement possible. Un certain nombre d'interventions ne privilégient pas la pensée à long terme. Le patrimoine est une mémoire et des objets qu'on doit transmettre (au moins à nos enfants ou petits-enfants).

4) Approche moins gestionnaire que financière

5) Solidarité/compétition : La labellisation du patrimoine ; décerner un titre qui permet de montrer que les choses classées sont meilleures que les autres. Villes en compétition = marketing, compétition entre les collectivités locales mais aujourd'hui aussi sur la scène internationale.

C) Comment concilier patrimoine et logique de rentabilité ?

Est-ce qu'en intégrant la culture dans le champ ethnique, on n'est pas en train de jouer sur la rentabilité (qui est en contradiction avec le patrimoine) ?1999, tournant historique pris par la stratégie de la Banque Mondiale en intégrant la culture comme un des vecteurs à part entière des processus de développement économique. Dimensions culturelles/sociales qui prennent de l'importance. Promouvoir un développement culturellement viable et économiquement efficace. → Redynamiser les centres urbains anciens et autres lieux historiques : restauration des bâtiments, tourisme culturel.= développer les territoires à travers le patrimoine et la culture (ça crée des jobs...).

2. Le patrimoine comme opportunité économique

Formidable moyen de produire des ressources, culture/mémoire transformées en ressources.

A) Faire du patrimoine un jeu à somme positive

Les territoires évoluent, ainsi que leur gestion.Au départ, le patrimoine peut être quelque chose de négatif, les éléments sont souvent dégradés et si on peut les faire durer, il faut les entretenir, ce qui coûte cher. D'autant plus qu'il y a des aménagements coûteux pour le transformer en moyen touristique. Si on veut que ça marche, que ça rapporte, il faut trouver des éléments qu'on désigne comme patrimoine. Quel est l'endroit sur Terre où on n'a pas une mémoire ?! Boulimie patrimoniale car frénésie à trouver des ressources pour générer des richesses.Trouver un mode d'articulation entre le social et l'économie, entre le développement de plus en plus libéral et la préservation de ressources "collectives" (dont le patrimoine). Le patrimoine n'est pas un jeu à somme positive dès le départ, on l'a dit, ça coûte cher. Vieilles choses à charge qui deviennent

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ensuite des ressources. Une fois que c'est créé comme patrimoine (grâce à des experts en entreprises), ok mais la société évolue. Aussi bien, dans quelques années, ça n'intéressera plus.Conception dynamique du patrimoine : de la valeur économique à un patrimoine porteur d'activités. Sa disparition peut constituer une perte pour la communauté donc. Par contre, à d'autres époques, la destruction du patrimoine peut aussi apporter de la richesse ailleurs (matériaux rares/de valeur comme les belles pierres des arènes qui vont servir pour autre chose). = À partir du moment où on a compris qu'on pouvait faire porter des activités à des monuments qui ne rapportent pas, ça entre dans le champ économique.

B) Le difficile partage des richesses

Ces richesses générées sont convoitées, partage assez compliqué.Forêt équatoriale africaine, République Centre Africaine, Peggy Ouoko : la forêt génère des ressources par l'exploitation du bois. Mais il y a des populations comme les Pygmées Aka et ce qui fait leur richesse est la biodiversité de la forêt (relation intime de cette culture avec la nature). Bois rares et grandes compagnies forestières. Redistribution des richesses mais aussi affrontement entre les types de gestion de cet espace : on ne peut pas exploiter sans détruire la biodiversité.– Relation forêt/Pygmées : habitats extra (éléments indispensables pour le patrimoine de l'humanité) et en relation avec la forêt, arbres protégés par cette communauté (défrichement quand même mais ils protègent certaines espèces comme l'arbre sacré tricentenaire), rafraîchissement avec l'eau de liane.– Mais voilà les compagnies forestières qui peuvent générer plus de richesses que les Pygmées. Elles sont privées, donc les populations locales n'en tirent aucun bénéfice et sont en plus employées.Est-ce qu'on ne peut pas développer la région en mettant en tourisme (comme c'est classé à l'UNESCO) ? Il y a un peu de tourisme pour le safari (gens friqués) mais pourrait-on faire un toursime un peu plus équitable/équilibré ?

C) Mettre le patrimoine en tourisme

a) Attirer, orienter et gérer les flux touristiques

Gérer la fréquentation : selon la notoriété du site, on a plus ou moins de difficultés à garder son authenticité. De l'usage traditionnel à la touristification :– Grotte de Lascaux : trop de monde et dégradation donc on ferme le site et en fait une réplique pour les touristes. Carnac : on a carrément fermé le site (1991) à cause de la surfréquentation, les menhirs commençaient à se déchausser. Réaction des habitants et des gens qui avaient l'habitude de se balader là.– Confrontation tradition/modernité : est-ce qu'il faut implanter, dans un milieu naturel, des bâtiments avec des équipements dans lequel le patrimoine va pouvoir rentrer (boutiques) ? Est-ce qu'on peut accepter un parc d'éoliennes à côté du Mont-Saint-Michel (menace de l'UNESCO de le déclasser du coup) ?– Touristes du "nord" et touristes "locaux" : touristes essentiellement occidentaux en Afrique. De plus en plus de touristes locaux des que le pays s'enrichit (Maroc, sentiment de la visite du patrimoine et de la mémoire). Essentiellement les asiatiques et surtout les chinois visitent la Cité Interdite (Pékin).

Image : mettre en image les villes et essayer d'exporter leur notoriété à l'étranger. L'image permet de faire fructifier la ressources. Tombouctou : image d'une ville au bout du monde qui plaît aux USA (poste avec le timbre Tombouctou).

Signalétique : pour diriger/accueillir les touristes dans les lieux.

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– Tombouctou : mise en place d'un itinéraire touristique = médina, maisons des explorateurs et savants locaux, mosquée de Sankore... Panneaux pour expliquer que telle chose est en restauration. Faut-il mettre des pavés en ciment pour guider les touristes ? Oui pour le droit à la modernité (hab) et la propreté (touristes), non puisque c'est chaud en plein soleil (hab) et si on vient c'est pour être dans le sable (touristes).– Ethiopie : tourisme interne aussi ? Donc écriture en éthiopien/anglais.

Logistique, infrastructures : question des guides = parfois dur d'en trouver, parfois on se bat pour être pris car trop de candidats. Question de l'hébergement = pour qui ? Où ? Quel style d'archi ? Engager les citoyens ; pas de développement local mais développement qui sert à la capitale (ceux qui investissent ne sont pas des locaux mais viennent habiter là). Aksoum : ravitailler en eau les hôtels donc ça crée de l'emploi.

Labels : meilleur moyen pour conserver les ressources. Quel tourisme mettre en place : tourisme durable (?), tourisme responsable (enclencher un développement local), éco-tourisme (respectueux de l'environnement et pas là pour détruire).– AFD, tourisme responsable : proposition d'un partenariat pour un tourisme responsable/durable = la société française Jet Tours signe un accord avec le Centre du patrimoine mondial pour promouvoir le tourisme durable (actions concrètes avec de l'artisanat local par exemple) et le développement économique local à l'intérieur et surtout autour des sites du patrimoine mondial.– Ankober (Ethiopie), éco-tourisme : ancien palais de Ménélik donc patrimoine historique (dormir dedans) mais aussi environnement naturel extra à préserver (promenades pour les touristes, plantes locales identifiées). Tout se fait à pied, ambiance la plus naturelle possible.– Amérique centrale, tourisme naturel/écologique (région Mundo Maya) : partenariat avec la France, organisations transfrontalières, zone très riche écologiquement (sites importants vers la mer des Caraïbes/récifs de corail) et dimension culturelle maya.

b) La consommation culturelle et ses limites

Choay : industrie culturelle et du patrimoine moderne = consommation culturelle. Bruges = la ville dépérissait il y a 20 ans...

c) Les différents usages

* * *

CHAP5 : PATRIMOINE ET DEVELOPPEMENT URBAIN

1. Le patrimoine, élément de la ville ?

Les villes participent le plus à la croissance économique mais elles apportent aussi le plus de pollution et de nuisances. Développement de manière explosive mais qui étonne toujours. Il faut contrôler la croissance de ces villes.

A) Principes de la ville durable

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Les principaux traits de la ville durable :– mixité fonctionnelle/sociale– maîtrise/réduction de la mobilité (pollution), gestion économe de la ville– démocratie participative (les populations doivent avoir quelque chose à dire)– gestion écosystémique de la ville– ville patrimoniale, recyclable mais dont on garde la mémoire– ville adaptable/flexible et plus compacte (dense, si on rassemble les gens dans une ville verticale, on fait des économies) ?Leviers d'action : fiscalité écologique, innovation, décentralisation politique, planification, information/évaluation, réseaux d'échanges, réglementations.Charte pour l'environnement : thème phare = ville patrimoine. On réhabilite un espace entier et pas seulement une maison ; ville verte (label éco-city), réhabilitation/protection des milieux aquatiques.La ville bouge tout le temps, elle est tout sauf "durable". Projets patrimoniaux parce que le reste de la ville risque de disparaître. Grande mode : on reconstruit la ville sur la ville, en gardant des éléments, chose compliquée (on peut reproduire mais pas à l'identique, en innovant). Le patrimoine est une invention de la société et s'adapte aux cultures/demandes.

B) Le patrimoine comme levier du développement local

Pensé de le cadre des politiques de décentralisation : le patrimoine peut être une ressource de la ville. Ces ressources sont sollicitées avec ces politiques qui remettent aux territoires la responsabilité de trouver des ressources = mobiliser la mémoire, le culture (à travers le patrimoine). Le patrimoine dépasse largement la notion de conservation. Il faut prendre en considération des stratégies de redéveloppement urbain ou de régénération urbaine, qui doivent intégrer les notions de conservation/renouvellement = nécessité de planification intégrée (inventaires, tester différentes options selon différents intérêts...). On ne fait pas de renouvellement urbain sans un concensus minimal, il faut se mettre d'accord.Importance des labels : Fayolle-Lussac et article sur l'impact du label du "patrimoine mondial" dans les stratégies de développement local fondées sur le tourisme culturel.– Pingyao, Chine : mise en valeur du patrimoine local sous les valeurs de l'UNESCO. Petite ville patrimoniale, une des vitrines de la façon dont la Chine gère le patrimoine mondial. Panneau d'indication du classement et recommandations pour les touristes (chinois notamment). Ancienne ville minière (charbon), très grise de poussière. Garder cette mémoire, reconversion complète pour en faire une des images de la Chine : toute une cité industrielle. Mixité sociale = il faut garder les populations et leur esprit qui étaient là. Mixité fonctionnelle = temple, on garde la fonction religieuse en plus de celle touristique. Pas de voitures = éco-city.– Echelle nationale, "Villes d'art et d'histoire" (Fr) : plus de 170 villes/territoires = association très répendue sur le territoire. 100 villes à secteur sauvegardé. 600 zones de protection du patrimoine architectural/paysagé. Conventions signées par un groupe de communes avec l'Etat. On désigne du patrimoine mais aussi pense à la mise en tourisme. 51 villes d'art, 53 villes de pays d'art et d'histoire (expo/animations pour les habitants, ateliers pour les enfants), 14 pays d'art et d'histoire. Visites guidées, animateur du patrimoine.= On ne part plus seulement d'un monument mais du tourisme = consommation culturelle.

C) Des pôles d'économie du patrimoine ?

Ce n'est plus simplement le tourisme = développement d'un territoire entier avec des réseaux autour du patrimoine. Soucis de créer des emplois. Réflexions des centres d'incubation autour du patrimoine (Lalibela, moyens limités).Patrimoine urbain comme opportunité économique :– Suzhou, Chine (100km à l'Ouest de Shanghai) : on travaille aussi à partir d'un patrimoine

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naturel (Lac Taï, en plus de celui culturel). 19È : 1ère destination touristique chinoise (jeunes mariés), symboles forts de la beauté/mémoire/culture. La peinture réfère souvent à ses jardins (4 classés à l'UNESCO aujourd'hui). Mouvement d'industrialisation du centre-ancien = erreur, désindustrialisation (1980') et nouveaux quartiers industriels à l'extérieur de la ville. Crise industrielle qui a entraîné une reconversion de la ville.– Les jardins chinois : un des fleurons du patrimoine chinois, eau/pierre porteurs d'une symbolique et piliers essentiels de la symbolique des jardins. On s'y promène comme dans une peinture. Différentes catégories de jardins : d'Empereur (Palais d'été, Pékin), privé (Jardin de la Politique des Humbles, Suzhou), de temple (temple Lingyin, Hangzhou). Jardins ouverts aux touristes.Patrimoine et fonctions commerciales : réhabilitation des marchés centraux (alors congestionnés).– Bamako : 20è développement d'un marché central = construction archi coloniale enfouie sous les boutiques/tôles/bâches... Secteur informel développé : petits commerçants qui s'installent, galère de circuler tellement ils sont partout, à cause des espaces prévus à cet effet qui sont pleins. L'AFD lance des projets pour régler le problème : améliorer la qualité du service rendu aux commerçants (hygiène/salubrité), rationaliser les espaces commerciaux, désengorger les espaces publics, réorganiser la gestion, améliorer le rendement de l'équipement afin de renforcer la capacité d'autofinancement. Reconstruction à l'identique de ce Marché Rose.– Harar : cité emmurée "Jugol" classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO (dimension totale du patrimoine et du paysage urbain = multifonctionalité de la ville). Activités commerciales/artisanales relevées. Projet pour la ville au-delà du patrimoine.

D) Des gestions délicates

C'est compliqué d'associer les différents acteurs (politiques/économiques/du patrimoine/les populations). Difficile gestion patrimoniale, on oublie des gens parfois, ils ne sont pas au courant du programme de gestion ou se sentent à l'écart. = associer les populations.Tombouctou, restauration des 3 mosquées classées : Islam, imam, croyants. La Mission culturelle locale travaille avec les imams et les divers représentants du pouvoir traditionnel (dans chaque quartier, qui connaissent les familles) et du pouvoir moderne (commune, maire, conseil municipal). Ils choisissent ensemble de mettre en place une restauration et de faire intervenir l'association CRAterre (Grenoble, labo de recherches, spé de la restauration des bâtiments en terre).Djenné, crépissage de la mosquée, démonstration de la cohésion sociale : ville entière en terre, la mosquée centrale est un joyau de l'architecture en terre. Tous les ans, les gens font une grande fête autour (ils se balancent de la boue) et crépissent le bâtiment, ils s'organisent entre eux. Tout le monde participe, obligé. Gestion traditionnelle = partage des tâches. – Rôle des maçons incontournable : respecté car pouvoir magique, à la main, ils ont intérêt à bien faire le travail ; méprisé car sale, creuse les tombes.– Par quartier : compétition = ils séparent la ville en 2, les quartiers Est font cette façade et ceux Ouest l'autre ?– Par âge : quels jeunes montent sur la mosquée ? Les petits vont chercher la terre au bord du fleuve tandis que les plus vieux supportent.– Par sexe : les jeunes filles ne montent pas, vont chercher l'eau. Les femmes font la cuisine.Mais il y a des conflits à Djenné, des gens sont morts. Le classement au patrimoine a amené des fonds importants (venant de l'UE, fondation Aga Khan, projet nééerlandais... pour différentes raisons). Les sous attisent les convoîtises et font des exclus (déficit de redistribution, toujours pauvreté des gens). Les maçons profitent et ça ne plaît pas du tout. Quand la restauration a commencé avec les experts de l'Aga Khan, les jeunes ont tout cassé en ville.Dans toutes les actions menées, on a des énoncés de bonnes intentions venant des villes. Ils affichent tous qu'ils vont faire participer les populations et on met en place des boîtes aux lettres dans lesquelles les gens metent s'ils sont ok ou non.

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E) Stratégies d'appropriation et "expropriation/exclusion"

Les populations locales seraient-elles souvent dépossédées quand on a une mise en patrimoine ?Shanxi, Chine : depuis les années 90, la culture est une ressource économique. Dès 1996, elle est considérée comme un capital, un secteur de l'économie en tant que tel. Concept inédit chez eux : tourisme culturel = ils visitent des sites transportant de la culture. Complicité de l'Etat, du marché, des médias. Contexte de plus en plus marqué par la concurrence des régions.Stratégie d'appropriation du territoire mais populations écartées (elles ont du patrimoine pour les autres et ne profitent de rien, dépossédées de leurs monuments). Plus il y a d'argent, moins les populations profitent. Les gens sont écartés de l'entretien traditionnel.– Tombouctou : fête aussi avant pour refaire la mosquée comme à Djenné, aujourd'hui c'est délégué aux experts de CRAterre.– Djenné : si les experts n'interviennent pas, ça va s'effondrer, mais quand même...Populations aussi évincées à cause de la gentrification (embourgeoisement).– Marrakech : après les Français, les Italiens/Anglais se mettent aux riads, ça plaît tellement aux occidentaux qu'ils en achètent (très chers mais la vie est moins chère ici). Le centre de la ville se vide de ses habitants, frustration locale. Agence Riads du Maroc = transformer les riads en maisons d'hôtes pour accueillir les touristes.– Harar : même phénomène mais moindre car plus difficile d'accès et classement (sur le respect des activités traditionnelles) du centre de la ville plus récent. Riches éthiopiens qui reprennent le centre, tandis que les pauvres doivent s'en aller (quartiers périphériques) pour restaurer les maisons.Choay, "L'Allgéorie du patrimoine" : industrie patrimoniale qui permet le développement du tourisme, la survie/avenir du futur économique mais il y a des effets secondaires. Activités traditionnelles remplacées ou on paie les gens pour les continuer.

2. Se réapproprier le patrimoine urbain

A) Patrimoine et utopie

Choay : critique/observatrice de la façon dont évolue la patrimoine et sa marchandisation. Patrimoine dépersonnalisé/muséifié quand il est transformé en patrimoine économique. La vie des habitants (des villes classées) a disparu, les populations ont souvent déserté. La ville est pourtant un endroit où les populations se croisent, ça bouge. Il faut être capable d'innover mais en gardant. Choay reprend Thomas More (15/16è, humaniste) "Utopie" : système idéal de gouvernement affirmé par un projet portant l'innovation. D'après elle, l'utopie est de retrouver quelque chose qui dépasse le modèle mais dans le cadre d'un scénario, dans lequel il faut rendre à la ville sa dynamique. = sortir le patrimoine de la marchandisation/muséification.

B) Principes de valorisation

1964 Charte de Venise : authenticité à la base de la transmission patrimoniale (idyllique). Djenné doit respecter cette charte et crépisser la mosquée comme le faisaient les maçons (enquête pour retrouver le savoir-faire d'il y a 50 ans). On respecte l'architecture, interdit de casser quoique ce soit et même de se payer des canapés et tout ça.1995 Conférence de Nara, Japon : prendre en compte l'évolution, ils peuvent utiliser d'autres matériaux tant que ça ne gâche rien.Reconstruire à l'identique ? De manière artificielle, dans un même lieu.

C) Entre protection du patrimoine et mise en scène touristique

3. La réhabilitation des centres anciens

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