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1 D_O_S_SIE_R__ I ~'llllllllll:IJ)II~I.'I;lljll Lutte biologique: quoi de neuf? Lutte biologique, biopesticides, moyens biologiques de protection des cultures ... : ces termes sont de plus en plus souvent cités quand il est question d'alternatives à l'utili- sation de pesticides. Projets "biopes- ticides' des firmes phytosanitaires, programmes de recherche, nou- veaux produits et techniques : l'uti- lisateur a parfois du mal à s'y retrouver entre projets; promesses et disponibilité réelle. Qu'en est-il exactement? Pour trouver son chemin dans ce maquis, voici un article de synthèse sur les différentes méthodes, complé- té par une sélection de publications récentes. Quelle place pour les moyens biologiques des cultures? Tel était le thème du colloque organi- sé par l'ACTA et la FNGPC (Fédéra- tion Nationale des Groupements de Protection des Cultures) le 4 février 1993. Cet article s'appuie principalement sur ce colloque et son compte-rendu (voir p. 32). Quelques définitions tout d'abord: Le terme "moyens biologiques de protection des cultures" regroupe, selon les organisateurs du colloque, cinq techniques: - les moyens agronomiques - l'utilisation des auxiliaires ou lutte biologique au sens strict : utilisation d'arthropodes (= insectes et acariens), nématodes, parasites ou prédateurs des ravageurs - les biopesticides ou lutte microbio- logique: utilisation de microorga- nisme : bactéries, virus, champignons ou de leurs produits - les médiateurs chimiques (phéro- mones mais aussi éliciteurs et phyto- alexines) - la lutte génétique: sélection varié- tale classique et transfert de gènes. Les moyens agronomiques, s'ils n'ont été cités que pour mémoire, sont en agrobiologie la base de la santé des cultures et les autres techniques expo- sées ci-après ne doivent pas faire oublier leur importance; elles ne sont que le complément, et non la pana- cée, des mesures de prévention de base: rotation, diversité des cultures, travail du sol, densité de semis ou de plantation, espèces et variétés adap- tées aux conditions locales, préser- vation de l'environnement des cul- tures... L'utilisation d'auxiliaires ~ Cette méthode s'est surtout dévelop- ê) pée en cultures sous abri où elle est % pratiquée couramment depuis plus ! d'une dizaine d'années (755 ha en 1992). On constate, après une phase de croissance rapide (1979 à 1990) une phase de stagnation actuelle due en partie à l'arrivée ou au développe- ment de ravageurs comme Frankli- niella occidentalis, Bemisia tabaci ou le puceron Aphis gossypi. La com- mercialisation de nouveaux auxiliai- res efficaces sur ces ravageurs (ex: la punaise Orius prédatrice de F. occi- dentalis) devrait permettre de déblo- quer la situation. Orius Anne-Lise DOMANGE (GRAB) Si de nouvelles espèces sont disponi- bles progressivement (ex: Macrolo- ph us caliginosus contre l'aleurode), 4 groupes d'insectes tiennent toujours le haut du pavé: Encarsia formosa (parasitoïde de l'aleurode), Dacnusa et Diglyphus parasitoïdes de la mou- che mineuse, les parasites et préda- teurs de pucerons (Aphelinus abdomi- nalis, Aphidius sp, Aphidoletes aphi- dimyza) et l'acarien prédateur d'aca- riens phytophages: Phytoseiulus persimilis. Diglyphus isaea En plein champ, les applications sont limitées actuellement à l'utilisation du Trichogramme (T. -maïdisi, micro- guêpe parasite des œufs de pyrale du maïs. Cette technique est utilisée depuis plusieurs années avec succès sans qu'elle ne Soit guère plus oné- reuse qu'une lutte chimique classique (voir Alter Agri n? 4 p. 37). D'autres espèces de Trichogrammes sont commercialisées à l'étranger (ex: sur carpocapse des pommes aux USA) ou à l'étude en France: l'utili- sation sur vigne pour lutter contre les tordeuses Eudemis et Cochylis est au stade expérimental et pourrait aboutir d'ici 3 à 5 ans. Une autre espèce de Trichograrnrne est expérimentée pour lutter contre le carpocapse de la ~ o chataîgne. e i} En verger, c'est surtout l'acclimata- ~ tion d'auxiliaires exotiques qui a été ~ utilisée avec succès pour maîtriser des ravageurs indroduits (exemples

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Lutte biologique: quoi de neuf?

Lutte biologique, biopesticides,moyens biologiques de protectiondes cultures ... : ces termes sont deplus en plus souvent cités quand ilest question d'alternatives à l'utili-sation de pesticides. Projets "biopes-ticides' des firmes phytosanitaires,programmes de recherche, nou-veaux produits et techniques : l'uti-lisateur a parfois du mal à s'yretrouver entre projets; promesses etdisponibilité réelle. Qu'en est-ilexactement?

Pour trouver son chemin dans cemaquis, voici un article de synthèsesur les différentes méthodes, complé-té par une sélection de publicationsrécentes.

Quelle place pour les moyensbiologiques des cultures?

Tel était le thème du colloque organi-sé par l'ACTA et la FNGPC (Fédéra-tion Nationale des Groupements deProtection des Cultures) le 4 février1993.Cet article s'appuie principalementsur ce colloque et son compte-rendu(voir p. 32).Quelques définitions tout d'abord:Le terme "moyens biologiques deprotection des cultures" regroupe,selon les organisateurs du colloque,cinq techniques:- les moyens agronomiques- l'utilisation des auxiliaires ou luttebiologique au sens strict : utilisationd'arthropodes (= insectes et acariens),nématodes, parasites ou prédateursdes ravageurs- les biopesticides ou lutte microbio-logique: utilisation de microorga-nisme : bactéries, virus, champignonsou de leurs produits- les médiateurs chimiques (phéro-mones mais aussi éliciteurs et phyto-alexines)

- la lutte génétique: sélection varié-tale classique et transfert de gènes.

Les moyens agronomiques, s'ils n'ontété cités que pour mémoire, sont enagrobiologie la base de la santé descultures et les autres techniques expo-sées ci-après ne doivent pas faireoublier leur importance; elles ne sontque le complément, et non la pana-cée, des mesures de prévention debase: rotation, diversité des cultures,travail du sol, densité de semis ou deplantation, espèces et variétés adap-tées aux conditions locales, préser-vation de l'environnement des cul-tures...

L'utilisation d'auxiliaires~Cette méthode s'est surtout dévelop- ê)

pée en cultures sous abri où elle est %pratiquée couramment depuis plus !d'une dizaine d'années (755 ha en1992). On constate, après une phasede croissance rapide (1979 à 1990)une phase de stagnation actuelle dueen partie à l'arrivée ou au développe-ment de ravageurs comme Frankli-niella occidentalis, Bemisia tabaci oule puceron Aphis gossypi. La com-mercialisation de nouveaux auxiliai-res efficaces sur ces ravageurs (ex: lapunaise Orius prédatrice de F. occi-dentalis) devrait permettre de déblo-quer la situation.

Orius

Anne-Lise DOMANGE (GRAB)

Si de nouvelles espèces sont disponi-bles progressivement (ex: Macrolo-ph us caliginosus contre l'aleurode), 4groupes d'insectes tiennent toujours lehaut du pavé: Encarsia formosa(parasitoïde de l'aleurode), Dacnusaet Diglyphus parasitoïdes de la mou-che mineuse, les parasites et préda-teurs de pucerons (Aphelinus abdomi-nalis, Aphidius sp, Aphidoletes aphi-dimyza) et l'acarien prédateur d'aca-riens phytophages: Phytoseiuluspersimilis.

Diglyphus isaea

En plein champ, les applications sontlimitées actuellement à l'utilisation duTrichogramme (T. -maïdisi, micro-guêpe parasite des œufs de pyrale dumaïs. Cette technique est utiliséedepuis plusieurs années avec succèssans qu'elle ne Soit guère plus oné-reuse qu'une lutte chimique classique(voir Alter Agri n? 4 p. 37).

D'autres espèces de Trichogrammessont commercialisées à l'étranger(ex: sur carpocapse des pommes auxUSA) ou à l'étude en France: l'utili-sation sur vigne pour lutter contre lestordeuses Eudemis et Cochylis est austade expérimental et pourrait aboutird'ici 3 à 5 ans. Une autre espèce deTrichograrnrne est expérimentée pourlutter contre le carpocapse de la

~o chataîgne.ei} En verger, c'est surtout l'acclimata-~ tion d'auxiliaires exotiques qui a été~ utilisée avec succès pour maîtriser

des ravageurs indroduits (exemples

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Il 1••••·.IIII.~lœl.Bœ•••••I.II ••••§.m.llm.~.I.I••••••1classiques: Prospaltella berlesi para-site de la cochenille du murier, Aphe-linus mali parasite du puceron lani-gère. Autre méthode : augmenter lespopulations d'un prédateur naturelle-ment présent pour améliorer son effi-cacité : introduction d'acariens préda-teurs Typhlodromes. Mais la lutte parlâcher comme sous abri n'a pas enco-re été couronnée de succès : difficultéde maîtriser les facteurs externes (TO,humidité) régissant l'activité desinsectes lâchés et de les maintenirdans un espace ouvert !

NématodesA ne pas confondre avec les némato-des phytopathogènes (les méchants),les nématodes entomopathogènes (lesbons) qui offrent des possibilitésd'utilisation en lutte biologique.En fait, il s'agit d'une associationsymbiotique nématode-bactérie natu-relle, l'action combinée des 2 venantà bout de l'insecte: le nématodepénètre dans l'insecte et la bactérieagit. Deux genres de nématodes ontété retenus comme agents de lutte :Steinernema et Heterorhabditis. Ciblevisée : les insectes au dévelopementsouterrain. En France, ils sont dispo-nibles depuis peu (Koppert et Bio-best) : Steinernema contre les larvesd'Otiorrhynque et Heterorhabditiscontre la mouche des terreaux.

Heterorhabditis

Les biopesticidesIls sont apparus il y a une vingtained'années mais ce marché reste encoremarginal puisqu'il ne représente que1% de l'ensemble du marché de laprotection des plantes ; il pourraitatteindre 5 à 10% en l'an 2000.

En haut de l'affiche: le Bacillus thu-rengiensis (Bt) qui détient à lui seul90% (des 1% !).

Bactéries

Les premières préparations à base decette bactérie (rappelIons que la"matière active" est en fait la toxinefabriquée par la bactérie) sont appa-rues sur le marché au début desannées 70 : préparations destinées àlutter contre les chenilles de lépidop-tères. Jusqu'en 1977, on ne connais-sait que des souches de Bt actives surlépidoptères (= souches Kurstakie ;application principale : procession-naire du pin en forêt). En 1977, on adécouvert des souches actives surdiptères (= souche Israelensis ; appli-cation = moustiques) et en 1983, surcoléoptères (= souches Tenebrionisou San Diego; application = dory-phore,...)

Chenille paralysée par le Bt

Les travaux de recherche actuels (tou-tes les firmes ou presque s'intéressentau Bt) portent sur la recherche denouvelles souches actives sur d'autresravageurs (= nématodes, acariens,protozoaires) ou, par manipulationsgénétiques, sur la création de souchescombinant une activité sur plusieursravageurs (lépidoptères-coléoptè-res ... ), sur l'amélioration de leuractivité, par encapsulation dans uneautre bactérie ou encore sur l'intro-duction de gène de Bt codant pour latoxine dans des plantes, ce qui lesrendrait résistantes aux attaques deravageurs ... Un champ d'applicationpour l'apprenti sorcier qui soulèvebien des craintes et des interroga-tions...

Pour en revenir à la réalité, on trouveactuellement en rayon en France 8préparations homologuées (nonmodifiées génétiquement) dont 3 sur

lépidoptères en agriculture = Dipel(vigne, tomate, chou, olive) Bactos-péine (toutes cultures) et plus récem-ment, Collapse (vigne).

De part son mode d'action, par inges-tion, le Bt est surtout efficace sur leschenilles qui ont un comportementbaladeur à leurs premiers stades :elles peuvent alors ingérer le produiten mordant l'épiderme.

De nouvelles spécialités apparaissentrégulièrement, leur efficacité est amé-liorée par augmentation du dosage etprotection contre les UV qui limitentleur durée d'action.

Une préparation active sur Doryphoreest en projet d'homologation.

VirusParmi les virus, les baculovirus plusprécisément, 2 font l'objet d'applica-tion : le Virus de la Granulose et leVirus de la Polyedrose Nucléaire.

Le Virus de la Granulose du carpo-capse des pommes est commercialisésous forme de 3 préparations enEurope: Granupom en Allemagne,Madex en Suisse, Carpovirusineenfin en France. Enfin, car il se seraécoulé 30' ans entre sa découverte, en1964, et sa commercialisation, en1994 par la société Calliope (homolo-gation fin 1992).

Un autre Virus de la Granulose estefficace sur la tordeuse de la pelure,Capua, et commercialisé en Suissesous le nom de Capex (sociétéAndermatt Bio Control).Le Virus de la Polyedrose Nucléairevient d'être homologué sur noctuelledu chou (Mamestra) et est à l'étudesur d'autres lépidoptères (noctuelle dela tomate notamment). A l'étranger, ilest commercialisé sur d'autres lépi-doptères (cotonnier, tabac, soja,forêts...).L'avantage de ces virus est leur spé-cificité. Leur inconvénient majeur,outre leur dégradabilité par les UVqui fait l'objet d'amélioration des for-mulations, est la relative lenteur deleur mode d'action : la mort des che-nilles n'intervient que progressive-ment, par septicémie, après ingestiondes particules virales. L'efficacitén'est pas immédiate.

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Pour réduire ce délai, il est envisagéd'introduire dans le génome des virusun gène codant pour des toxines (Btou... venin de scorpion !).

Champignons

Plusieurs préparations à base dechampignons pathogènes d'insectessont commercialisées dans le monde.En France, le champignon Beauveriabassiana est sur le point d'être com-mercialisé sur la pyrale du maïs.La contrainte principale de la métho-de étant le besoin d'une certainehumidité pour permettre la germina-tion des spores, elle est plus facile-ment applicable aux ravageurs vivantdans le sol. Un champignon, Artho-botrys irregularis, efficace sur lesnématodes Meloïdogynes, a fait l'ob-jet d'un brevet INRA et a été com-mercialisé en France sous le nom deS350 puis Nematus. Il n'est malheu-reusement plus commercialisé enFrance.Les champignons peuvent égalementfaire l'objet de préparations fongici-des: un fongicide anti mildiou à basede champignons antagonistes a étémis au point aux USA. Il serait effi-cace en vigne, vergers, céréales,pourrait trouver des débouchés enEurope (Rhône-Poulenc semble s'yintéresser).Un autre fongicide issu d'un champi-gnon, Strobilurus tenacellus, est enpréparation chez BASF, efficace surun grand nombre de maladies fongi-ques dont différents oïdium, la tave-lure du pommier et le mildiou de lavigne. Nouvelle fort intéressante enagrobiologie dans la perspective detrouver des alternatives à l'utilisationdu cuivre (cf. Alter Agri nOSp.23).

Enfin, les champignons peuvent êtreutilisés à des fins herbicides : ce sontles mycoherbicides. Actuellement 5sont commercialisés dans le monde(riz, soja, agrumes) et 8 en coursd'expérimentation.

Les médiateurs chimiquesLes plus connus sont les phéromo-nes : substances émises par les insec-tes qui régissent les comportementsentre individus de la même espèce :phéromones d'alarme, de ponte,sexuelles.

Ce sont ces dernières qui, jusqu'à pré-sent, ont fait l'objet des principalesutilisations opérationnelles:

• Piégeage sexuel permettant lasurveillance des ravageurs et le rai-sonnement des interventions. Desdizaines de phéromones sont utiliséessur des cultures très variées.

• Confusion sexuelle commeméthode de protection à part entière.La confusion est principalement utili-sée sur les cultures pérennes. En Fran-ce, elle est commercialisée depuisplusieurs années sur Tordeuse orien-tale du pêcher (RAK 5 de BASF,

. Confusaline de Calliope). Les mêmesdiffuseurs pourraient être utilisés ~nverger de prunier contre le carpocapse(cf. revue de presse p. 31).

Carpocapse

Elle vient d'être homologuée sur car-pocapse des pommes en Suisse (dif-fuseurs EcoPom) et la société distri-butrice s'intéresse aux vergers fran-çais. En étant optimiste, on peut espé-rer une homologation d'ici 2 à 4 ans.Homologuée en Suisse également: laconfusion sur Tordeuses de la pelure(cf. revue de presse p. 31).A l'étude en France: Zeuzère et Tor-deuses de la pelure, toujours en ver-ger de pommier.En vigne, la confusion est homolo-guée sur Cochylis en Allemagne. Elleest à l'étude sur Eudemis et on attenddes diffuseurs doubles qui permettentde lutter contre ces 2 espèces enmême temps (BASF).La confusion est une méthode trèsrespectueuse de l'environnement maisson utilisation est limitée à des par-celles suffisamment grandes ou à une.lutte collective.D'autres médiateurs sont ceux quiinterviennent dans les mécanismes dedéfense d'une plante vis-à-vis desagents patho,$ènes : éliciteurs quiinduisent la reaction de défense chezla plante et phytoalexines qui sont lesproduits de réaction de la plante.

L'étude de ces substances est relative-ment récente et celle de leurs applica-tions n'en est qu'à ses balbutiementsmais devrait constituer une nouvellevoie de recherche (cf. Alter Agri n"Ip.33).

La lutte génétiqueLa sélection variétale classique per-met, par croisement de variétés com-mercialement intéressantes avec desvariétés possédant un ou plusieursgènes de résistance, d'obtenir desvariétés résistantes. Les applicationssont nombreuses (cf. variétés de pom-mes résistantes à la tavelure, AlterAgri nOSp.27). Une nouvelle voie estouverte par le développement dugénie génétique et de la biologiemoléculaire: introduction de gènes,transferts de génomes... Mais revoicipoindre le nez de notre apprenti sor-cier et bien des problèmes éthiques..Et si l'on reconsidérait les moyensagronomiques?

AlterAgri •

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PROTECTION DES CULTURES

Auxiliaires et virusWorldwide guide to beneficial ani-mais insects, mites, nemato-des used for pest control pur posesGuide mondial des auxiliaires (insec-tes, acariens, nématodes) disponiblespour la lutte biologiqueThompson, W. T.A1992 - 91 P.(Thomson Publications PO Box 9935,Fresno, CA 93791, USA)

Ce guide pratique recense plus de100 auxiliaires (insectes, acariens,nématodes), dont 72 déjà bien éprou-vés, commercialisés pour la lutte bio-logique à travers le monde. Chaqueespèce fait l'objet d'une présentationconcise (1 à 3 pages) : synonymes etnoms commerciaux, firmes productri-ces, description-biologie, histoire, sta-de utilisé, insectes ciblés, application,informations complémentaires. Lesadresses des firmes productricescomplètent ce guide: 86 y sont réper-toriées. Si les informations semblenttrès complètes pour l'Amérique duNord (ouvrage américain), des lacu-nes concernant l'Europe seront rele-vées par le spécialiste. Mais la pro-duction d'auxiliaires est en constanteévolution et un ouvrage de ce type sedoit d'être remis à jour très régulière-ment.

Protection intégrée en culturesfruitières et légumières : où en est-on en France ?Veschambre D., Baudry O., Trottin-Caudal Y., Grassely D. CTlFLINFOS CTlFL n094 - 1993 - P.43-44

Cet article fait rapidement le point surl'état actuel de la pratique de laprotection intégrée en France. Lesdifférentes techniques composant laprotection intégrée sont recensées enarboriculture et en cultures légumiè-res : lutte biologique (lâcher d'auxiliai-res), microbiologique, médiateurs chi-miques, variétés résistantes, techni-ques culturales et raisonnement de lalutte chimique. Conclusion : la luttebiologique reste le fait des culturessous serres tandis que le stade de lut-te chimique raisonnée domine en cul-ture légumière de plein champ et enarboriculture. Les auteurs insistentsur le fait que ces pratiques nécessi-tent une plus grande technicité et queleur développement passe par la pos-sibilité d'un appui technique au pro-ducteur et de formations.

Harmonia axyridis : nouveau pré-dateur exotique pour lutter contreles pullulations aphidiennesBrun J.INRAInfos 1993 - CTlFL - n094 - P.41-42

Harmonia axyridis est une coccinelleoriginaire de Chine. Ses nombreusesqualités la rendent plus prometteuseque nos espèces indigènes pour lalutte biologique:

- prédateur essentiellement de puce-rons mais aussi d'autres homoptères(psylles, cochenilles ... ) d'où une utili-sation diversifiée- grande résistance au froid (- 10°C)- seuil thermique d'activité relative-ment bas permettant son utilisation tôten saison- plurivoltisme (certainement 3 géné-rations/an), grande voracité- fécondité nettement supérieure àcelles des autres espèces.

Cette dernière qualité et sa polypha-gie rendent son élevage facile: l'INRAa mis au point une unité de produc-tion de masse sur nourriture de subs-titution, les œufs de teigne de la fari-ne déjà fabriqués pour produire les tri-chogrammes. Mais d'autres nourritu-res moins onéreuses sont recher-chées. Si la production est opération-nelle, l'utilisation n'en est qu'au stadeexpérimental sur différents pucerons:

- en horticulture d'agrément, les résul-tats semblent suffisants pour envisa-ger sa commercialisation (ville deParis et jardins particuliers)

- en verger de pêchers : c'est l'appli-cation la plus attendue en tant que

moyen de lutte contre le puceron vert.De nombreux essais de lâchers sontréalisés par différents organismes (leGRAB et le Civam Bio LR participent)avec des résultats encore insuffisants.Les modalités des lâchers (stade,nombre ...) sont à affiner.

- en maraîchage sous serre, enfin, oùdes essais d'utilisation contre Aphisgossypii ont démarré cette année.

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___ P_R_O_T_E_CT_I_O_N_D_E_S_C_U_LT_U_R_E_S ~~~ •••••••RElIlJEDEPREssi:·

Confusion sexuelle et Carpocapse• Aux Etats-Unis

La confusion sexuelle: une alter-native dans la lutte contre le carpo-capse des pommesMartha BrownThe cultivar - 1992 - Vol. 10(1) - P. 7-16

Les chercheurs du Programme "Agro-ecology" de l'Université de Californietestent la confusion sexuelle contre lecarpocapse des pommes depuis1990. Le premier essai, en 1990, surun site où la pression de carpocapseétait modérée, a donné de très bonsrésultats. Pas plus de fruits attaquésavec la confusion qu'avec un pro-gramme insecticide classique à condi-tion de respecter une densité de diffu-seurs suffisante. Les résultats ont étécomplétés par une autre année d'ex-périmentation, en 1991, sur 4 sitesavec des pressions de carpocapsevariables. Conclusion : ça marchetoujours très bien quand la pressionde carpocapse n'est pas trop élevée.Sinon, il est difficile d'obtenir un con-trôle de même niveau qu'avec desinsecticides de synthèse. Une obser-vation complémentaire intéressante :les chercheurs ont constaté une pré-sence de tordeuses beaucoup plusimportante dans les parcelles traitéesclassiquement que dans celles confu-sées et donnent comme explicationune diminution de la faune auxiliairedue à l'utilisation des insecticides.

• En Italie

La confusione sessuale : un nuovometodo di defesa per la carpo-capsa?(La confusion sexuelle : une nouvelleméthode de lutte contre le carpocap-se des pommes ?)Schiatti P., Accorsi E., Beldi F.Bioagricultura - 1992 - n° 18 - P. 29-31

La confusion sexuelle contre le carpo-capse des pommes a été testée enItalie (Emilie Romagne), en 1990 et1991. La parcelle confusée avait unesurface totale de 4,6 ha et était divi-sée en 4 blocs de variétés différentes(pommes-poires). Les résultats ontété très satisfaisants sur tous lesblocs (0% d'attaques en 1990 et 0 à5% en 1991) sauf sur 1, le plus exter-ne où le taux d'attaque a atteint 15%.La raison est certainement la migra-tion extérieure de papillons, facteurlimitant l'utilisation de cette méthodepour des parcelles trop petites, deformes irrégulières ou non isolées. Aquand cette technique disponible enFrance?

• En Suisse ~;

Un nouveau diffuseur homologuépour la lutte par confusion envergerCharmillot P.J., Pasquier D.Revue Suisse Vitic. Arboric. Hortic. -Vo125(2) 1993 - p. 123-128

En Suisse, la confusion sexuellecontre le carpocapse des pommes estexpérimentée depuis plus de 10 ans.

Elle vient d'aboutir commercialementpar une homologation provisoire dediffuseurs du nom d'Ecopom (sociétéIsagro).

D'autres diffuseurs combinant la lutteCarpocapse à celle contre les Tor-deuses de la pelure sont en dévelop-pement sous le nom d'Ecopom-Combi.

Cet article relate les résultats de 4années d'essais avec ces 2 types dediffuseurs. Les résultats sont trèspositifs (taux d'attaque n'ayant jamaisdépassé le seuil de tolérance de 1%).Mais l'auteur rappelle de façon détail-lée en conclusion les conditions indis-pensables à respecter pour que laconfusion réussisse sur pommier.Parmi celles-ci: des parcelles isoléesd'au moins 2 à 3 ha, de forme régu-lière, des populations de départ decarpocapse pas trop élevées.

Les diffuseurs Ecopom s'utilisent à300/ha en 2 poses par saison (la cod-lemone, phéromone sexuelle ducarpocapse, diffuse et se dégradetrès rapidement).

Bon à savoir par ailleurs: les diffu-seurs sont expérimentés en Francedès 1993 en vue d'une homologation.

Prune, Carpocapse : peut-onenvisager la confusion sexuelle?Carlot D.Fruits et Légumes n° 11 - 1993

Le contrôle du Carpocapse des pru-nes (Cydia funebrana) est problémati-que en agrobiologie.1I n'existe actuel-lement pas de techniques de lutte effi-caces:

- préparations à base de Bacillus thu-rengiensis inefficaces (la larve a unstade baladeur très bref et pénètrerapidement dans le fruit sans ingérerles particules sur l'épiderme)

- Virus de la Granulose spécifiqued'une autre espèce, le Carpocapsedes pommes Cydia pomonella.

Par contre, la phéromone sexuelle dela funebrana est proche de celle de C.molestra, la Tordeuse orientale dupêcher. La lutte par confusion utilisantcette phéromone est opérationnelle,pratiquée depuis plusieurs années àgrande échelle (RAK 5, Confusali-ne). D'où l'idée d'utiliser ces diffu-seurs dans les vergers de pruniers,idée mise en œuvre à titre expérimen-tai depuis quelques années. Plusieursessais ont été mis en place, dontceux réalisés par des CTR de l'ITAB(Civam Bio LR, ARDAB, Agribiodrô-me, GRAB) et ceux du BIP (BureauInterprofessionnel du Pruneau) rap-portés dans cet article. Les premiersrésultats sont positifs : moins de 4%de dégâts en 1991 et en 1992. Maiscet article a été rédigé avant la campa-gne 1993-et dans le Sud-Ouest où estréalisé cet essai, les résultats seraientmoins bons cette année où la pressiondu Carpocapse fut plus élevée (com-munication personnelle de l'auteur).Alors ? Perspectives encourageantes,oui, mais à conditions que:

- fondamentalement, soient approfon-dies les connaissances sur le com-portement de cette espèce, encoremal connue (végétaux hôtes, cycle.i.)

- expérimentalement, que soient réité-rés des essais dans des conditionsvariées

- pratiquement, que soient respectéesles conditions de mise en œuvre de laconfusion, conditions indispensablesà sa réussite (parcelles de taille suffi-sante (> 1 ha), de forme régulière,renforcement de la protection en bor-dure, pression modérée ...)

- institutionnellement, que l'homologa-tion soit étendue sur prunier.

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iiEvtJ:EIJEPRESSE .~L-/ P_R_O_T_EC_T_I_O_N_D_E_S_C_U~LT_U_R_E_S _

Pour vos bibli "bio" thèques ...Moyens biologiques, les ressour-ces du vivant. Compte-rendu ducolloque "Quelle place pour lesmoyens biologiques en protectiondes cultures ?" (FNGPC-ACTA du 4février 1993. Paris)Phytoman0452 - Juillet 93 (n° spécial) - 48 p.

Combattre les ravageurs des cultu-res - enjeux et perspectivesRiba G., Silvy C.INRA 1989 - 280 P.(INRA, 147 rue de l'Université, 75388Paris cedex 07)

La lutte biologiqueVincent C. et Coderre D.Tec. & Doc. Lavoisier - 1992 - 671 P.

Lutte biologiqueLes Dossiers de la Cellule Environne-ment -INRA - n05 - 1993 - 238 P.

Une sélection de 23 articles (publiésdans diverses revues) pour démys-tifier la lutte biologique.

De l'origine (domestication du chat) àl'an 2000 (lutte microbiologique) tou-tes les méthodes se retrouvent:lâchers d'auxiliaires, utilisation deplantes résistantes, de champignons,bactéries, virus ... bio insecticides dedemain!

Une multitude d'exemples de luttes,réussis ou non.

Des encadrés explicatifs sur des thè-mes comme le développement destrichogrammes ou les méthodes alter-natives de la lutte chimique.

Un glossaire et un carnet d'adressesutiles à l'appui et, pour les insatisfaits,une abondante bibliographie. (N. C.)

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Perspectives de lutte biologiquecontre les rongeurs cnsmpêtres.Pascal M.Cellule Environnement n°19 - P.45-52- 1993

"Qu'attendez-vous pour leur collerune bonne maladie ?' Ainsi commen-ce l'article ... "La lutte chimique contreces déprédateurs (les rongeurs)semble avoir une longue vie devantelle". Ainsi finit l'article ... Car, malheu-reusement, les solutions alternativessemblent vouées à l'échec, "du moinsdans l'état actuel de nos connaissan-ces" comme le précise l'auteur. lalutte microbiologique est impraticable.Trop de risques de transmission àd'autres mammifères dont l'homme.Des mesures prises par l'OMS et laCommunauté Européenne verrouillentsévèrement cette voie. le recours àdes prédateurs n'est pas envisagea-ble : l'introduction d'espèces exogè-nes présente le danger de déséquili-brer les écosystèmes, l'espèce intro-duite risquant de s'attaquer à d'autresespèces que celle ciblée. Nombred'expériences négatives étayent cetargument. l'autre solution, renforcerles populations de prédateurs autoch-tones, se heurte à des difficultés prati-ques (mise au point d'élevages enmasse de carnivores) et de coût. Enrevanche, la protection des popula-tions naturelles ou l'usage de moyensdestinés à en développer les effectifsdans le milieu naturel sont des mesu-res bénéfiques. On s'attardera surcette considération car l'auteur réduità néant nos derniers espoirs : luttepar effarouchement, répulsifs naturelsou moyens mécaniques inefficacesou inapplicables. Perspectives peuréjouissantes, donc ...

L'industrie de la lutte biologique enCalifornieRison N.Rapport 1992 - Ecole d'Agriculture dePurpan

la Californie a une grande traditionde recherche en lutte biologique.C'est pourquoi de nombreuses entre-prises de biopesticides sont installéesdans cet état. Ce mémoire d'étudiantaborde le sujet au travers de l'étudede 3 de ces entreprises et la présen-tation de leur produit phare respectif.

- Rincon Vitova, un des plus ancienset célèbre insectarium produisantentre autre le parasite trichogramme ;plusieurs espèces sont commercia-lisées, permettant de lutter contre ungrand nombre de ravageurs sur descultures variées. Ex : Piéride du chou,Carpocapse des pommes, mouchesdes truitsc.

- Sandoz Crop Protections Corp, filia-le de Sandoz International spécialiséedans les biopesticides à base deBacillus thurengiensis. Elle détient25% des parts de ce marché après A.Bott qui en détient 45%. Autre chiffreéloquent, 25% des efforts de recher-che et développement chez Sandoz .sont consacrés au Bt.

- Biosys, société créée il y a dix ansspécialisée dans la production denématodes pathogènes d'insectes.Actuellement, l'application ne vise queles insectes du sol, le manque d'hu-midité et la dégradation étant les fac-teurs limitants de la viabilité de cesnématodes sur les parties aériennesdes végétaux. Cet obstacle devraitêtre contourné bientôt grâce à la miseau point de nouvelles formulations.

On regrettera que ces 3 exemples nes'inscrivent pas dans une présenta-tion globale du sujet correspondantau titre car il est difficile de relativiserl'intérêt et l'importance de ces 3 cas.

Revuede Presseréaliséepar Anne-LiseDomange