CycleMerlin

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1 I. Introduction : L’être humain, dans un profond sentiment d’insécurité, s’est toujours évertué à classifier les choses qui l’entourent. Victime d’une volonté frénétique de théorisation, après maintes réflexions ardues, chaque objet trouva son tiroir et chaque tiroir, ses objets. La littérature n’y fit pas exception. C’est au 19 ème siècle, avec Gustave Lanson, que naît l’Histoire de la Littérature. Démarche philologique - pourtant différente de celle de l’historien qui classa l’abondant corpus littéraire par périodes et par genres, eux-mêmes se divisant à volonté. Le genre d’un livre, supposé point de repère, phare dans le brouillard cervical des hommes, convention universelle, c’est le cadre de l’œuvre qui doit indiquer au lecteur la forme précise dun livre et lui permettre de savoir -a priori- à quoi s’attendre. Il existe d’ailleurs des différences fondamentales entre les genres et, à ce moment précis, celui qu’on appelle communément le professeur de français récite la leçon qui se trouve être la base de toute la matière qu’il tente d’inculquer à ses chers élèves : « Il y a trois grands genres littéraires : le genre poétique, le genre narratif et le genre théâtral. Ceux-ci se distinguent principalement en fonction de la longueur de l’œuvre, de l’emploi de la versification, de son objectivité et de la présence et du rôle du narrateur. ». Epoustouflant ou non ses élèves par tant de scientificité, le professeur, quelque peu dépité, se doit malgré tout d’ajouter que toutes les œuvres littéraires n’ont malheureusement pas pu être triées avec autant de clarté et de rigueur. Ce n’est – heureusement pas le cas des œuvres étudiées ci-dessous. Produits littéraires de respectivement 334 et 329 pages, non versifiés, à tendance objective et doté d’un narrateur extérieur aux événements, ce sont indubitablement des romans. Cependant, l’homme ne se contente pas de jeter négligemment tous les romans dans le même tiroir. Existant des sous-catégories (non exemptées des difficultés de classement), nos deux romans arborent fièrement sur leur couverture le tiroir du nom de « fantasy ». En effet, La fantasy vient de l’anglais « fantasy » qui signifie « imagination ». C’est donc un genre littéraire qui relève du merveilleux soit un genre qui « reflète la symbiose

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I. Introduction :

L’être humain, dans un profond sentiment d’insécurité, s’est toujours évertué à

classifier les choses qui l’entourent. Victime d’une volonté frénétique de théorisation,

après maintes réflexions ardues, chaque objet trouva son tiroir et chaque tiroir, ses objets.

La littérature n’y fit pas exception.

C’est au 19ème siècle, avec Gustave Lanson, que naît l’Histoire de la Littérature.

Démarche philologique - pourtant différente de celle de l’historien – qui classa l’abondant

corpus littéraire par périodes et par genres, eux-mêmes se divisant à volonté.

Le genre d’un livre, supposé point de repère, phare dans le brouillard cervical des

hommes, convention universelle, c’est le cadre de l’œuvre qui doit indiquer au lecteur la

forme précise d’un livre et lui permettre de savoir -a priori- à quoi s’attendre.

Il existe d’ailleurs des différences fondamentales entre les genres et, à ce moment

précis, celui qu’on appelle communément le professeur de français récite la leçon qui se

trouve être la base de toute la matière qu’il tente d’inculquer à ses chers élèves : « Il y a

trois grands genres littéraires : le genre poétique, le genre narratif et le genre théâtral.

Ceux-ci se distinguent principalement en fonction de la longueur de l’œuvre, de l’emploi

de la versification, de son objectivité et de la présence et du rôle du narrateur. ».

Epoustouflant – ou non – ses élèves par tant de scientificité, le professeur, quelque peu

dépité, se doit malgré tout d’ajouter que toutes les œuvres littéraires n’ont

malheureusement pas pu être triées avec autant de clarté et de rigueur.

Ce n’est – heureusement – pas le cas des œuvres étudiées ci-dessous. Produits

littéraires de respectivement 334 et 329 pages, non versifiés, à tendance objective et doté

d’un narrateur extérieur aux événements, ce sont indubitablement des romans.

Cependant, l’homme ne se contente pas de jeter négligemment tous les romans dans

le même tiroir. Existant des sous-catégories (non exemptées des difficultés de classement),

nos deux romans arborent fièrement sur leur couverture le tiroir du nom de « fantasy ».

En effet, La fantasy vient de l’anglais « fantasy » qui signifie « imagination ». C’est

donc un genre littéraire qui relève du merveilleux soit un genre qui « reflète la symbiose

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du monde normal et du monde irrationnel ». Les romans de fantasy offrent à leurs lecteurs

assidus des « mondes parallèles, avec leurs créatures imaginaires, leurs mythes, leurs

épopées et leur magie » et se situent principalement au Moyen-Age. Ce genre n’apparaît

vraiment en tant que tel au 19ème avec George MacDonald, auteur écossais, et prend son

envol au 20ème notamment avec Le seigneur des anneaux de Tolkien en 1954-55. A l’heure

actuelle, on ne compte plus le nombre d’oeuvres littéraires appartenant au genre de la

fantasy. De plus, elle a donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques.

Soit, Le pas de Merlin et Brocéliande peuvent être classifiés, catalogués et ordonnés :

Période : 20ème siècle, genre : roman, sous-genre : fantasy.

Les premières pages sont cependant dédiées à un avertissement : « Ce récit est une

fiction, bien sûr, où se mêlent le fantastique et le légendaire médiéval, mais il se déroule

dans le décor qui fut assurément celui du vrai Merlin, celui qui vécut en Grande-Bretagne

au VIe siècle ».

Le cycle de Merlin de Jean-Louis Fetjaine offre donc quelques particularités

importantes qu’on pourrait résumer en le désignant de : roman de fantasy médiévale

historique.

II. Présentation de l’auteur :

Jean-Louis Fetjaine est un des rares auteurs français de fantasy.

Né en 1956, ce brave homme - fêtant ces cinquante-et-un ans cette année, habitant à

Vincennes et père de trois enfants – est diplômé de philosophie et d'histoire médiévale.

Enseignant en Histoire, il se tourne vers le journalisme et travaille dans l’édition à

partir de 1985 comme traducteur aux Presses de la Cité.

En 1991, Il crée la collection Hors collection, qui deviendra une maison d’édition.

Puis, on lui confiera le Pré aux Clercs, édition spécialisée dans la fantasy et l’imaginaire.

Il commence comme écrivain avec des ouvrages humoristiques tel que Le guide du

jeune père en 1988 et se tourne vers la fantasy en 1998 avec son premier roman : Le

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crépuscule des Elfes, début d’une trilogie de fantasy arthurienne qui se complétera avec

L’heure des Elfes en 1999 et la Nuit des Elfes en 2000.

En 2003 paraît Le pas de Merlin, gagnant le prix Imaginales, et en 2004 Brocéliande.

Les voiles de Frédégonde, premier volet des Reines Pourpres, saga dont l’ambition est

de retracer la vie des reines du Haut Moyen Age Mérovingien, est publié en 2005.

Fetjaine est désormais considéré comme l’un des principaux représentants de la

fantasy en France.

III. Résumé du cycle de Merlin :

1. Contexte historique :

6ème siècle, sur l’île qu’on appellera plus tard la Grande-Bretagne vivent de

nombreuses peuplades qui ne souhaitent qu’une seule chose : étendre leur territoire.

Les Celtes, nommés Bretons par les Latins, se sont peu à peu laissés envahir- l’empire

romain moribond entraînant la Bretagne dans sa chute - et se retrouvent encerclés par

des Pictes, des Saxons, des Angles, des Scots et des Gaëls. Si Ambrosius Aurelianus,

dernier Grand-Roi de Bretagne, s’est battu contre l’envahisseur avec ardeur, il n’a pas

eu de successeur. Le territoire breton se retrouve donc morcelé en royaumes, chacun

luttant pour survivre. En outre, une nouvelle ère de christianisation est entamée

depuis le 5ème siècle et les Bretons sont également séparés par leurs croyances.

2. Géographie :

Pour plus de simplicité, la carte fournie dans l’ouvrage sera restituée en annexe.

3. Les Personnages :

a) Les Bretons :

Aldan Ambrosia: Veuve d’Aurelianus Ambrosius, Reine du Dyfed, mère de Merlin.

Artur Mac Aedan : Fils de Gwendoloena et de Merlin.

Aurelianus Ambrosius : Grand-Roi des Bretons vers 469, mort vers 530.

Blaise : Confesseur d’Aldan chargé de la protection de son fils, compagnon de Merlin.

Bradwen : Guerrier dont la famille a été tuée et qui se rend en Petite Bretagne.

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Colum Cille : Evangélisateur de l’Ecosse, installé sur l’île d’Iona, capable de prédictions.

Cylid : Esclave breton des Scots, libéré pour être le serviteur de la reine Gwendoloena.

Daffyd : Homme de Ryderc.

Gurgi : Un des Chefs de la bande d’Ellifer du Gwynedd.

Gwendoleu : Roi de Cumbrie, bref successeur d’Aurelianus Ambrosius.

Gwendoloena : Princesse du Strathclyde, sœur de Ryderc, femme d’Aedan Mac Gabran.

Méen : frère, supérieur de Blaise pendant la dizaine d’année de son excommunion.

Melangell : cousine de Ryderc et de Gwendoloena, promise à Aedan.

Merlin : Fils d’Aldan et de Morvryn, Barde du roi Gwendoleu.

Owen : fils d’Urien Roi du Rheged.

Rhun : Fils de Peredur, élevé par Gurgi, Nouveau roi du Gwynedd.

Ryderc : Roi du Strathclyde, porteur du torque d’or d’Aurelianus.

b) Les Scots :

Aedan : Fils de Gabran (Roi des Dal Riada détrôné par Brude), Roi des Dal Riada.

Conall : Prédécesseur d’Aedan mis sur le trône par Brude, cousin de Aedan.

Garnait : Aîné des fils d’Aedan et Domelach, devient Roi des Pictes grâce à son père.

Eocho Bude : Dernier fils d’Aedan et Gwendoloena, succédera à son père.

c) Les Pictes :

Brude : Roi des Pictes, beau-frère d’Aedan, devient son ennemi à son couronnement.

Domelach : sœur de Brude, femme d’Aedan, mère de Garnait, Eochaid Find et Tuthal.

Wid : un des fils de Brude, neveu d’Aedan.

d) Les Létiviens :

Withur : Comte de Batha et du Léon.

Ceterominus : Prêtre à Batha, successeur de Paulus Aurelianus.

Paulus Aurelianus : Evêque du Léon, Breton venu en Létivia qui chasse un dragon.

e) Les Elfes :

Gwendyd : Demi-sœur de Merlin.

Gwydion : Aîné de la forêt de Brocéliande, père de Morvryn.

Morvryn : Père de Merlin, disparu en partant à la recherche de son fils.

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4. Le pas de Merlin :

Ryderc a convié tous les rois Bretons dans son château de Dun Breatann. Parmi la

troupe du roi Gwendoleu, Merlin ou Emris Myrddin, âgé d’une quinzaine d’années, qui

les accompagne pour la première fois. La réunion commence par un banquet où Merlin

rencontre Ryderc, revoit sa mère et s’aperçoit que des gens le connaissent – dont

Taliesin, le célèbre barde - sans que ce soit réciproque. Lors du conseil des Rois, Ryderc

souhaite que les Bretons s’unissent à nouveau et Owen propose à Aldan de les guider.

Elle refuse et offre et le torque d’or d’Aurelianus Ambrosius à Gwendoleu et sa bague à

Ryderc. Certains rois se retirent, froissés. Aldan charge Blaise de protéger son fils qui a

ses premières relations amoureuses et sexuelles avec Gwendoloena.

Les Bretons repartent ; Gwendoleu est à peine arrivé en Cumbrie qu’un homme de

Ryderc vient demander de l’aide: Les Gaëls ont assailli Dun Breatann. Arrivés à la

plaine d’Arderydd, les Cumbriens sont victimes d’un piège des Scots et des Bretons (la

bande des fils d’Ellifer). Gwendoleu, mourant, donne le torque à Merlin. De minuscules

flèches empoisonnées venant de la forêt viennent se plonger dans le corps de l’homme

qui le menace. Merlin fuit à travers la forêt de Celyddon et s’y cache. Il y est soigné,

habillé et nourri à son insu par des créatures de la forêt. Blaise le retrouve.

A Dun Breatann, Gurgi rapporte la bataille à Ryderc et explique que Merlin a

emporté le torque avec lui. Ryderc le menace et l’oblige à aller le chercher.

Lorsqu’ils sortent des bois, Merlin s’aperçoit qu’il est resté dix jours dans la forêt. Il

fait une tombe pour Gwendoleu. Ils se rendent au Dyfed à pied puis en bateau.

Pendant ce temps, Ryderc, ses hommes, Gwendoloena et Melangell vont voir le roi

Conall et des princes Pictes du Sud pour une éventuelle alliance contre les Saxons. Ils

sont victimes d’une attaque sauvage. Melangell meurt et Ryderc est blessé.

Blaise et Merlin échouent sur l’île de Môn et des moines emmènent Blaise, malade,

pour le soigner. Quand Blaise est totalement rétabli, ils repartent en bateau.

Gurgi a retrouvé le corps de Gwendoleu enterré. Merlin vivant, il part sur ses traces.

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Lorsque Ryderc se réveille chez les Scots, il apprend que Conall est décédé. Il assiste

au couronnement d’Aedan. Le fils de Brude, furieux, apprend que sa tante est morte et

que son oncle s’apprêtait à se marier. Aedan demande la main de Gwendoloena et

annonce que Ryderc doit avoir le torque pour s’allier avec lui. Gwendoloena accepte.

Le bateau dans lequel naviguent Merlin et Blaise se perfore. Ils continuent à pied. Ils

attrapent deux chevaux d’un troupeau libre et rencontrent des villageois leur apprenant

que la ville de Cenarth est en flamme, attaquée par les Gaëls. Blaise leur offre son

cheval et ils repartent vers Caerdyrfinn, la capitale du Dyfed. Le cheval de Merlin est

vite éreinté de devoir porter deux personnes. Arrive une troupe de chevaliers ; Merlin

veut s’enfuir mais Blaise refuse : les Gaëls, en tant que chrétiens, ne tueront jamais un

prêtre. Blaise soutient que c’est un signe du destin, qu’il faut que Merlin rejoigne les

collines de Preseli, où seuls les druides peuvent se rendre le jour des morts. Merlin lui

donne le torque et s’enfuit. Lorsque les Gaëls arrivent, Blaise explique les traces de

sabot par le vol de son cheval et le chef envoie deux hommes à la poursuite du voleur.

Merlin sème rapidement les Gaëls et s’arrête dans une forêt. Blaise, parti vers

Caerfyrdinn, se joint aux villageois dont le hameau a été brûlé. Lorsqu’ils arrivent, la

ville est en flamme et l’armée des Gaëls assaille les remparts. Quand les Gaëls repartent,

Blaise se rend au château et apprend que la reine se meurt et réclame son confesseur.

Aedan et Gwendoloena commencent à s’aimer réellement, malgré ce mariage forcé.

Quand Merlin reprend son chemin, les deux cavaliers Gaëls le retrouvent. Fuyant,

Merlin arrive dans les collines de Preseli le soir de la Samain, jour des morts.

Blaise explique à Caerfyrddin que Gwendoleu est mort, victime d’une embuscade des

Ellifer, qu’il a retrouvé Merlin qui lui donna le torque. Gurgi prétend que Ryderc les

envoya aider Gwendoleu avec la bague d’Aldan, signe d’obéissance, mais qu’ils sont

arrivés trop tard. Les survivants de Caerfyrddin vont confier le torque à Ryderc.

Merlin est sur les collines, il se refroidit lentement. Il sent soudain une présence.

L’âme du premier défunt pénètre en lui. Toute la nuit, l’âme des personnes mortes dans

l’année le traverse : Gwendoleu, des Gaëls, des druides, bardes et autres et il apprend

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tout des défunts, même leur savoir. L’âme d’Aldan est la dernière qu’il reçoit. Elle lui

offre le secret de sa naissance et l’identité de son père : Morvryn, l’elfe.

Blaise et Merlin se retrouvent mais Blaise est stupéfié: les cheveux de Merlin, jadis

noirs sont devenus blancs, il connaît le latin et tous les secrets cachés sur sa naissance. Il

décide de découvrir son passé dans la forêt de Brocéliande au pays d’Eliande, territoire

des elfes qui accueillirent sa mère et Blaise choisit de suivre le pas de Merlin.

5. Brocéliande :

Gwendoloena accouche d’un bâtard puisqu’elle a rencontré son mari il y a six mois.

Merlin et Blaise ont embarqué sur un bateau pour la Létivia (la petite Bretagne). Les

marins veulent tuer et voler les voyageurs mais Merlin s’interpose aidé par Bradwen.

Trois des marins meurent et le dernier saute du bateau. Merlin sait que son fils est né.

En Bretagne, Ryderc et son armée sont en route pour se battre contre les Saxons et

Gwendoloena, impure après son accouchement, apprend que son fils s’appelle Artur.

Ils débarquent sur l’île de Batha. Les voyageurs demandent asile à Withur et les

gardes ont retrouvé le voleur. Les uns l’accusent de tentative de vol et l’autre affirme

qu’il y avait un sorcier à bord. Blaise et Merlin sont amenés devant Withur ; Blaise

révèle que Merlin est l’héritier d’Ambrosius Aurelianus et que Paulus Aurelianus tient

à le voir. Ils acceptent et l’accompagnent pendant que le dernier voleur est pendu.

Les armées bretonnes ont subi une défaite. Ils vont tenter de sauver Car Loew. Owen

est envoyé en éclaireur et Dafydd dans le Gwynedd pour rallier des hommes.

Paulus Aurelianus, juste avant de mourir, demande pardon à Merlin. Withur pense

que l’enfant ne peut être sorcier et Blaise affirme que Merlin est guidé par Dieu. Mais

Cetomerinus l’accuse d’anathème. Ils iront devant les évêques pour qu’ils tranchent.

La mission de Daffyd est un échec : tous les villages par où ils sont passés sont brûlés

par Gurgi et Peredur, dont il espérait le soutien, est mort ; Rhun lui succède.

A la défaite de Ryderc, Garnait se moque des Bretons. Sa belle-mère répond mais, se

faisant des ennemis parmi les Scots, envoie Cylid à la recherche de Merlin.

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Merlin, Blaise et leur escorte arrivent aux abords de l’Yeun Elez, dont les hommes

ont peur. Ils s’y installent malgré tout et Bradwen vient dans la nuit libérer Merlin.

Chez les Bretons, Daffyd et ses hommes, traqués, meurent des mains des hommes de

Rhun et Owen et ses hommes se rendent à Caer Loew qui n’est pas encore tombée.

Bradwen est empoisonné par des petites flèches et sept elfes emmènent Merlin.

A Caer Loew, Owen sauve une femme du viol et passe la nuit avec elle. Il manque le

début de l’assaut des Saxons et, honteux, va se battre mais les Saxons prennent la ville.

Blaise, jugé par les trois évêques, est condamné comme anathème. Son excommunion

n’est pas perpétuelle, il sera sous les ordres du frère Méen qui décidera de son sort.

Ryderc voit revenir sa cavalerie grandement amputée ainsi que le frère Morien

annonçant la mort de Daffyd et ses hommes. Apprenant ce qu’il s’est passé, il décide de

venger cette traîtrise du Gwynedd.

Merlin après un long voyage, se réveille dans une alcôve de feuillage, chez les elfes.

Il rencontre son grand-père Gwydion et apprend qu’il a une sœur, Gwendyd.

Cylid qui n’a pas obéi aux ordres de sa reine décide enfin de rechercher Merlin.

Gwydion apprend à Merlin que sa mère s’est réfugiée dans la forêt pendant la

guerre d’Ambrosius contre Vortigern et que ce dernier la pensait morte. Il imprègne

aussi Merlin du mode de pensée et de vie des elfes. Il l’emmène au bosquet sacré où les

sept Brandui entament le rituel qui cèle son initiation. Au final, il subira toutes sortes

de métamorphoses pendant des années.

En petite Bretagne, Blaise est appelé au chevet de Cylid. Comprenant que

Gwendoloena l’a envoyé chercher Merlin, Il part à sa recherche.

Ils se retrouvent et retournent enfin vers la Bretagne après une dizaine d’années.

Ryderc a soumis le roi Rhun mais le torque ne suffit plus à réunir les Bretons. Il

attend des nouvelles des Scots qui ont vaincu les Pictes pour lutter contre les Angles.

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Merlin et Blaise arrivent à Dun Breatann et Blaise feint de se retourner contre

Merlin : Celui-ci voudrait qu’on sache qu’Artur est son fils pour discréditer

Gwendoloena et Ryderc qu’il considère coupable de la mort de Gwendoleu. Ryderc

emprisonne Merlin et envoie Blaise à Gwendoloena.

Aedan est angoissé par la prédiction que lui a faite, un jour, Columb Cille selon

laquelle tous ses fils mourront au combat sauf le dernier. Blaise propose à Gwendoloena

de s’installer à Dun Breatann durant la guerre.

A Dun Breatann, Gwendoloena va voir Merlin. Elle lui annonce qu’il n’y a plus de

danger et qu’elle est heureuse. Merlin s’évade, retrouve Ryderc, lui reprend le torque,

indifférent à ses menaces puisqu’il prédit qu’il mourra avant la fin du jour et de trois

manières différentes. Il se hisse sur la palissade dominant l’Estuaire de la rivière Clyde,

lance le collier, maudit Ryderc en lui assurant que ses batailles ne mèneront à rien puis

bascule dans le vide, il meurt, empalé par les piquets auxquels on avait mis des filets de

pèche à sécher, étranglé par un filet et noyé dans la Clyde. Trois fois mort : empalé,

noyé, pendu. Malgré cela, son âme dérive et se métamorphose encore et encore …

Les prédictions de Columb Cille se réalisèrent et jamais les Bretons ne parvinrent à

récupérer leurs terres. Quant à Merlin, on dit que son âme se trouve en Brocéliande, en

compagnie de sa sœur, Gwendyd.

IV. Les origines de Merlin :

1. Myrddin, le Merlin celtique :

a) Les triades Galloises :

Ensemble de courtes pièces, chacune abordant trois cas. Une partie date du 12e

siècle; néanmoins, elles contiennent des faits nettement plus archaïques.

Trois bardes y sont mentionnés: « The three chief Christian bards of the Isle of

Britain: Merddin bard of Ambrosius; Taliesin chief of the bards; and Merddin son of

Madawg Morvryn. »1

1 http://en.wikisource.org/wiki/Triads_of_Britain

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Il existerait donc deux Merlin. Par la suite, on appellera le premier « Myrddin

Ambrosius » ou « Myrddin Emris », d’après Villemarqué parce qu’il prend le nom de

son seigneur, et le second sera surnommé : « Myrddin Willt » (Merlin le Sauvage) ou

« Myrddin Caledonensis » à cause de la légende celtique qui le présente comme devenu

fou après la bataille d’Arderydd (ou Arfderydd) et vivant dans la forêt calédonienne.

b) Les Annales Cambriae :

Dans les Annales du Pays de Galles est consignée la bataille d’Arfderydd qui eut lieu

en 573 : « Bellum Erderit inter filios Elifer et Guendoleu filium Keidiae; in quo bello

Guendoleu cecidit: Merlinus insanus effectus est. »2.

Celle-ci met en scène Gurgi et Peledur, fils d’Ellifer, contre le roi Gwendoleu. Merlin

devint fou et vécut comme un homme sauvage dans la forêt Calédonienne.

c) Les poèmes de Myrddin :

Parmi les poésies galloises, sept poèmes apocryphes sont attribués au barde Myrddin.

Ils se retrouvent traduits dans Les grands bardes gallois de Markale sous les noms:

Dialogue entre Merlin et Taliesin, Les pommiers, Le chant des pourceaux, Yscolan,

Dialogue entre Merlin et Gwenddydd et Dit de son tombeau.

Ces poèmes proviennent du livre noir de Carmathen, du livre rouge de Hergest et du

Myvyrian Archaelogy of Wales. Concernant sa vie dans sa forêt, ils sont souvent

incohérents puisque Merlin est fou mais contiennent aussi des prophéties.

Dans le poème « Les pommiers », on peut relier Merlin et Gwendoleu puisque Merlin

parle de lui comme étant « son seigneur ». Il évoque aussi Gwenddyd – qui serait la

sœur de Merlin puisque dans le dialogue entre Merlin et Gwenddyd, elle l’appelle

ainsi- et Ryderch, ainsi qu’un collier d’or qu’il avait à la bataille. Dans le « Dit de son

tombeau « il se nomme : « Mon nom est Merlin, fils de Morvryn ».

2 http://www.kmatthews.org.uk/history/annales_cambrie/ac_b_frames.html

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d) La légende de Lailoken:

La légende de Laikolen est écossaise et nous est parvenue dans une compilation

d’oeuvres anonymes. Il s’agit de deux textes précédant la Vita Kentigerni.

Dans le premier, saint Kentigern se retire du monde et rencontre un fou nu et velu.

« C’était Lailoken, lequel, dit-on, avait porté le nom de Merlin et passait pour le seul

devin au regard des Bretons »3 Il déclare être condamné à errer en compagnie des

bêtes sauvages parce que, lors de « la bataille bien connue […] qui eut lieu sur une

plaine entre Liddel et Carwannok », il entendit une voix lui dire qu’il était la cause de

la mort de toutes les personnes tuées dans la bataille et que pour ça il serait châtié. On

le revoit à la fin du récit ; il demande à Kentigern les derniers sacrements,

prophétisant l’imminence de sa triple mort. Sa prophétie s’accomplira : les bergers du

roi Meldred le frappèrent et le jetèrent dans la rivière où son corps fut percé par un

pieu.

Dans le second texte, le Roi Meldred retient Lailoken prisonnier mais le laisse partir

après que celui-ci ait fait des prédictions : l’adultère de sa femme, sa triple mort et la

décadence des Bretons. Dans cette version, c’est la reine qui est responsable de sa mort.

L’étymologie du nom Laikolen n’est pas claire. D’après Jarman, il s’agirait d’un nom

propre du nord de l’Angleterre qui, en arrivant dans la tradition galloise, aurait

désigné « jumeau » sous l’influence du mot gallois « llallogan » signifiant « frère

jumeau ». (Gwenddyd appelle Merlin « llalogan » dans son poème). Cependant, une

autre idée a été avancée par Clarke proposant Lailoken comme nom d’une propriété.

e) La folie de Suibhne :

Bien que ce texte mythique irlandais ne parle pas à proprement dit de Merlin il

semblerait cependant qu’il dérive des mêmes sources légendaires que Merlin et

Laikolen. Il s’inspire également d’un fait historique : la bataille de Mag Roth de 637

après laquelle, Suibne, roi de Dál Araidhe, devint fou et se retira dans la forêt.

3 Le devin Maudit : Merlin, Lailoken, Suibne. Textes et étude. (…)

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2. Merlinus Ambrosius, le Merlin latin:

a) Geoffroy de Monmouth :

Évêque et historien gallois, il naît probablement à Monmouth vers 1100 et décède à

Saint Asaph vers 1150-55.

Il est l'auteur de Historia regum Britanniae écrite en latin entre 1135 et 1138

incluant les « prophécies de Merlin » (paru auparavant - en 1134 - sous le nom de

Prophetiae Merlini). Le personnage de Merlin eut tellement de succès que Geoffroy

de Monmouth écrivit la Vita Merlini vers 1148.

Il est à noter qu’il est le premier à parler d’un « Merlinus ». On ne connaît pas la

raison de ce changement de nom. Certains pensent qu’il est dû à la ressemblance entre

« Myrdinn/ Merdin » et le mot « merde » en français mais rien n’est moins sûr.

Son Historia regnum Britanniae est un récit sur les rois de l’île de Bretagne

commençant par le latin Brutus jusqu’à Cadwaladr. Si l’auteur prétend avoir reçu un

texte original Britannici sermonis liber vetustissimus et l’avoir traduit, il est cependant

intéressant de remarquer qu’il est publié quand Henri II de Plantagenêt souhaite faire

valoir son pouvoir sur les Bretons et rivaliser avec la France. L’œuvre fut toutefois un

très grand succès et, en 1155, adaptée en français par Wace dans son Roman de Brut.

Pour l’écrire, il s’inspira de plusieurs œuvres historiques :

- De Excidio et conquestu Britanniae de Gildas (7ème siècle) décrit la Grande-Bretagne

comme ravagée et corrompue. Il fait allusion à un superbus tyrranus contre qui les

Bretons se battent, réunis autour de la figure d’Ambrosius Aurelianus qui arrive à

remporter de nombreuses batailles.

- Historia ecclesiastica gentis Anglorum de Bède le Vénérable (7ème - 8ème siècle). Dans

son Histoire, il décrit la vague d’évangélisation de son époque en Bretagne. Il reprend

une partie du texte de Gildas et y rajoute le nom du superbus tyrranus : Vurtigern.

- Historia Britonnum d’auteur inconnu, parfois attribué à Nennius (début 9ème). Cette

œuvre est constituée de fragments de différentes natures. On y retrouve Ambrosius et

Guortigirn (variante de Vurtigern), notamment dans un épisode où, pour se défendre,

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Guortigirn essaye de construire une forteresse, sans résultat. Il consulte des sorciers qui

lui disent d’arroser les fondations de la construction du sang d’un enfant sans père. Un

orphelin est amené et explique que la forteresse s’écroule parce qu’il y a deux dragons

dans une nappe d’eau sous les fondations. Le résultat du combat des dragons symbolise

de la défaite de Guortigirn. L’enfant s’appelle Ambrosius.

Cet épisode est repris dans l’Historia regum Britanniae, mais l’enfant, issu de la fille

du roi du Dyfed, vivant dans un couvent, et d’un démon – donc sans père - s’appelle

Merlin et Ambrosius : "Tunc ait Merlinus, qui et Ambrosius dicebatur…"4, autrement

dit : "Alors Merlin, qui s'appelait aussi Ambrosius…".

Outre cet épisode et celui des prophéties, il attribue à Merlin la construction de

Stonehenge et le subterfuge qui permit à Uter et Ygerne de concevoir Arthur.

La Vita Merlini aborde un aspect différent de Merlin qui correspond au Myrddin

Celtique. Cependant, Geoffroy de Monmouth l’a ostensiblement modifié. Merlin est

devin et roi de Démétie. Il aurait effectivement participé à la bataille d’Arderryd mais

« en compagnie de Peredur [chef du Goddodyn] ainsi que de Rodarch, le roi de

Cambrie » et « contre Gwendoleu qui régnait sur les Scots »5. Devenu fou à cause de la

mort de ses trois frères, il se réfugia dans la forêt de Calédonie, abandonnant sa femme

Gwendoloena. Le roi Rodarch parvient à la ramener à sa cour et Merlin devine

l’adultère de sa soeur Ganieda (Gwendydd, dont le nom est latinisé), femme de

Rodarch. Celle-ci cherche à ridiculiser les prophéties de Merlin en demandant trois

fois à son frère quelle sera la mort du même enfant déguisé différemment. Il lui prédit

trois morts différentes : tombant, se noyant et accroché à un arbre. Dès lors, ses

prophéties ne seront plus écoutées jusqu’à ce celle concernant l’enfant se soit réalisée.

Il autorise sa femme à se remarier mais fracassera le crâne du futur mari. Il s’en

retourne dans la forêt où Ganieda le rejoint, après la mort de son mari, ainsi que

Taliesin, son disciple. Il redeviendra sain d’esprit mais refusera de redevenir roi.

4 http://www.decourberon.com/merlin/origines.htm

5 Walter, Philippe, Berthet Jean-Charles., Le devin maudit : Merlin, Lailoken, Suibhne : textes et étude 1999.

Page 14: CycleMerlin

14

b) Robert de Boron :

Mis à part le fait qu’il soit né à Boron, on ne sait rien d’autre de lui. Il écrit Le Roman

du Graal ou Roman de l'estoire du Graal en vers. Celui-ci est composé de trois

parties : Joseph d'Arimathie, le Merlin et le Perceval. Son œuvre n’a cependant pas

été conservée dans son entièreté. C’est pourquoi on s’en remet à la traduction en prose

considérée comme fidèle à l’originale. Le Merlin de Boron semble être fort inspiré de

l’adaptation de Wace. Cependant, on y retrouve certaines nouveautés : Merlin est bien

engendré par un démon mais, la mère est une jeune femme vierge quelconque et il y a

un but à cette conception : les démons veulent donner naissance à un antéchrist.

Toutefois sa mère, conseillée par le moine Blaise, fait baptiser l'enfant à sa naissance.

En résulte un enfant, sachant parler après l’accouchement, ayant la connaissance du

passé, don du démon, et celle de l'avenir, don de Dieu.

Outre cela, Merlin sauve sa mère à neuf mois, prédit la chute de Vortigern, est le

conseiller d’Uter, élève Arthur et assure son avènement… Magicien, prophète,

enchanteur, Boron fait de lui l'instigateur de la Table Ronde et de la Quête du Graal.

Un personnage important apparaît : Blaise, à qui Merlin demande de s’installer dans

la forêt et qu’il rejoint de temps en temps pour se ressourcer et lui dicter ses aventures.

Dans les manuscrits du Perceval de Modène et Didot (écrit ou inspiré par Robert de

Boron), Merlin se fait construire une demeure nommée « esplumeor » dans la forêt où

il vit à l’insu du temps et des hommes et prophétise seulement ce que Dieu lui

demande d’annoncer.

c) Les suites et réadaptations :

La matière de Bretagne – dont les aventures de Merlin – est fort appréciée aux

Moyen-âge, ce qui donne lieu à diverses suites, réadaptations ou insertions de Merlin.

On verra celui-ci combattre les Saxons avec Arthur, être l’instigateur du mariage entre

Arthur et Guenièvre, prédire la naissance de Mordret, commander le vent, préparer

un lit enchanté ou bien même recueillir Tristan. Sa chute serait due à son amour pour

Page 15: CycleMerlin

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Nimue (ou Viviane). Selon les versions, elle l’aurait enterré vivant, ou enfermé dans

une prison d’air dans la forêt de Brocéliande, en Petite Bretagne.

Quelles que soient les aventures qu’on lui attribue, sa naissance particulière ainsi que

ses nombreuses métamorphoses - il apparaît parfois comme un vieillard, comme un

jeune homme, souvent comme un homme des bois ou encore comme un cerf - fait de

lui un personnage ambivalent, mouvant et mystérieux.

V. Les spécificités du Pas de Merlin et de Brocéliande :

1. Son nom :

Jean-Louis Fetjaine nomme son Merlin « Emrys Myrrdin » par analogie avec le nom

de celui qui l’a considéré comme son propre fils, Ambrosius Aurelianus (Emrys

Gwledig en Gallois). Ainsi, il explique ingénieusement l’existence du nom « Myrddin

Emrys » ou « Merlinus Ambrosius » dans les traces écrites de Merlin et les œuvres le

concernant. Il fait cependant des deux Merlin, un seul et même personnage puisqu’il

représente aussi le Myrdinn Willt qui s’enfuit dans la forêt après la bataille d’Arderydd.

Il justifie aussi le nom « Merlin » en faisant de celui-ci le surnom d’Emrys Myrdinn

car il a « le cheveu aussi noir que le merle » (Le pas de Merlin, p. 48).

2. Le mystère de sa conception :

Le pas de Merlin, n’est rien de moins qu’une quête identitaire. Merlin, fermement

convaincu d’être le fils d’ Ambrosius Aurelianus et d’Aldan, ne comprend pas pourquoi

dans sa tendre enfance, « les enfants de son âge s’enfuyaient à son approche, lui jetaient

des pierres et le traitaient de « sans père » » alors que les moines « l’appelaient « fils du

diable », se signant à son passage et priant pour le salut de la reine » (Le pas de Merlin,

p. 50). Après un entretien avec sa mère, Il découvre qu’il n’est qu’un bâtard (Ibid., p.

106) et c’est alors que s’ouvre la question primordiale du roman : « Qui est le père de

Merlin ?».

Il est certain que l’image du Merlin sans père, méprisé par les enfants et fuit par les

moines du roman n’est pas anodine. L’auteur joue sur le parallélisme avec le Merlin de

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Geoffrey de Monmouth et de Robert de Boron : véritable fils d’un démon et choisi par

Vortigern pour être sacrifié parce qu’il est « sans père ».

3. Ses parents :

Le nom exact des parents de Merlin n’est que rarement évoqué. Par ailleurs, pour le

Merlin du 12ème, le plus important est qu’il est le fils d’un démon et d’une femme qui a

priori ne devrait pas en avoir (l’une vivant dans un couvent et l’autre étant vierge).

Toutefois, si la jeune mère de Merlin chez Geoffrey de Monmouth est la fille du roi du

Dyfed ; chez Fetjaine, Aldan est la reine du Dyfed.

Il apparaît cependant que dans la tradition galloise, on retrouve le nom de Aldan

comme étant la mère de Merlin.

Outre cela, dans Brocéliande, Gwydion apprend à Merlin que les elfes appelaient sa

mère « Gwenwyffar » qui signifie « le blanc fantôme » (p. 253). Associant Ambrosius

Aurelianus à Arthur (cf. 10 b) , Fetjaine arrive donc à faire concorder Aldan et

« Guenièvre » la légendaire femme d’Arthur. Bien évidemment, l’amour entre Aldan et

Morvrynn, alors qu’elle vivait en Brocéliande et son retour en Bretagne aux cotés

d’Ambrosius Aurelianus marquant sa fidélité envers son mari n’est pas sans rappeler

l’ambivalente situation de Guenièvre, dans les visions les plus innocentes, dont le cœur

n’a de cesse de balancer entre Lancelot et Arthur.

De même, en ce qui concerne son père, dans son poème « Dit de son tombeau »,

Merlin dit explicitement qu’il est le fils de Morvryn. On retrouve aussi d’autres traces,

notamment dans les triades galloises, de lui comme fils de Morfryn.

Il est aussi à noter que lorsque Merlin se rend à Rome, transformé en cerf, dans Le

livre du Graal, il raconte à l’empereur que sa conception est due au fait que sa mère

s’était égarée en Brocéliande et qu’un homme sauvage profita d’elle. On retrouve, bien

sûr, l’égarement d’Aldan dans la forêt de Brocéliande lors de la guerre contre Vortigern,

et l’homme sauvage correspond à Morvryn, un elfe étant par nature une sorte

« d’homme sauvage ». Cependant l’idée de viol est totalement écartée. Merlin a été

conçu dans l’amour de sa mère et son père, bien que cela soit un adultère.

Page 17: CycleMerlin

17

4. La bataille d’Arderydd :

Elément central du Pas de Merlin, la bataille d’Arderryd de Fetjaine s’inspire très

fortement des sources celtiques et non de la Vita Merlini de Monmouth.

Merlin a à peine seize ans et il est le barde de Gwendoleu alors que Geoffrey de

Monmouth le décrit comme roi de Démétie (il est a fortiori très improbable d’être roi à

16 ans). Quant à Gwendoleu, roi de Cumbrie, il n’est pas le chef des Scots et Ryderc est

le roi du Strathclyde et non de la Cambrie (Le pas de Merlin, p. 29). Enfin, élément

important : Ryderc devient l’ennemi de Merlin lorsqu’il apprend que ce massacre n’est

qu’un piège qu’il a orchestré pour avoir le torque d’or (Ibid., p. 120) et n’a jamais été

son allié.

Certes, Merlin s’enfuit dans la forêt de Celyddon, en quelque sorte devenu fou après

les horreurs d’un tel massacre (Ibid., p. 135). Cependant, il n’y reste pas à tout jamais !

Cela étant, sa vision de la bataille étant autrement différente, le roman prend une

tournure totalement dissociée de la Vita Merlini.

5. Blaise :

Jean-Louis Fetjaine a repris un personnage installé dans la légende de Merlin par

Robert de Boron et qui n’a aucun lien propre avec le Merlin des textes celtiques.

Pareillement, Blaise est le confesseur de sa mère et deviendra son fidèle compagnon ; il

ne s’installera cependant pas dans la forêt attendant le retour de Merlin lui dictant ses

mémoires mais suivra le pas de Merlin, presque tout au long de sa vie.

Un lien qui unira Blaise et Merlin tout leur vie durant, d’autant plus improbable que

Merlin est un jeune garçon, attaché aux anciennes divinités celtes, qui n’a que peu

d’estime pour la religion chrétienne après avoir vu le carnage que des rois bretons

chrétiens ont fait à la bataille d’Arderydd, alors que Blaise est l’homme d’une Eglise

considérant que seule sa foi est authentique, agissant au nom du Juste, du Bien et

condamnant tout ce qui ne s’y réfère pas. Cette amitié est le symbole de la coexistence

possible de deux croyances totalement différentes. Merlin apprendra que tous les

chrétiens ne sont pas aussi fourbes et aveuglés par leur foi qu’il le pensait et Blaise

dépassera la dualité Mal-Bien. Ils ont en effet une discussion pour le moins théologique

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dans Brocéliande où Merlin avance, à la page 113, que si Dieu est tout, alors Dieu est

aussi le Diable (une idée similaire est retrouvée dans le Merlin de Robert de Boron). De

plus, Blaise est convaincu que Merlin a été choisi par Dieu alors que lui se considère

comme un bouc émissaire (Brocéliande, p. 109).

Blaise et Merlin sont, en réalité, les représentants de la scission religieuse de

l’époque, un thème primordial du cycle de Merlin.

6. Ses pouvoirs, la connaissance du passé et du futur :

Jean-Louis Fetjaine n’a pas fait de Merlin un enfant aux pouvoirs magiques

étonnants tel qu’on le raconte dans les Merlin moyenâgeux.

Il touche cependant au côté prophétique de Merlin par trois fois :

- Lors du conseil des rois, en regardant le prince Owen, il a une vision à son sujet :

« Des images confuses l’assaillaient. Des images terribles, hélas, effrayantes. Batailles,

sang fumant, éclats d’acier… Il vit des hommes ivres, gavés d’hydromel, titubant sous

les coups des ennemis. Il perçut des pleurs, des cris de haine et des gémissements

d’agonie… Malgré sa jeunesse et son étrange beauté, la mort était la compagne du

prince, la mort, la douleur, la tristesse et le remords » (Le pas de Merlin, p. 78).

Il est cependant impuissant face à cette vision : « l’enfant ressentit l’impression

désespérante d’avoir gâché quelque chose, sans parvenir à comprendre ce qui, peut-être

était un message… » (Ibid., p. 80). De plus, il est loin de se douter qu’elle se réalisera.

Effectivement, Owen mourra lors de la bataille de Cattraeth, protégeant des Saxons

le Royaume du Goddodin du roi Mynydog. Aneirin, le barde de Mynydog écrivit « Y

Goddodin » pour célébrer la mémoire des Bretons morts durant la bataille. On peut

relier la prophétie de Merlin et le poème par l’évocation de l’hydromel.

En effet, on peut lire chez Aneurin que :

« Les hommes se lancèrent à l'assaut, avançant comme un seul.

Brève leur vie, enivrés de pur hydromel,

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19

La troupe de Mynyddawg, renommée au combat.

Pour un festin d'hydromel ils donnèrent leur vie, »6

- La deuxième vision qu’il a est l’attaque de Caerfyrddin et la flèche qui touche sa mère

(Ibid., p. 278) et cette vision lui parvient sous la forme d’un rêve. Le lecteur apprendra

que ce rêve est une vision à la page 283 : « Comme une vague se brisant sur la falaise,

l’armée des Gaëls se pressait contre les remparts, accablée de flèches, de rochers et de

lances » et à la page 288 : « il venait de remarquer le tronçon brisé d’une flèche saillant

des bandages qui enserraient étroitement le torse de la reine ».

- La troisième prédiction qu’il fait est sa triple mort : « Avant la fin du jour je mourrai :

je mourrai de trois morts, empalé, noyé et pendu » (Brocéliande, p. 323). Ici, ce n’est

plus un vague pressentiment, des images qui s’imposent à lui mais une affirmation

claire, nette et dure. Il est, bien entendu, inutile de souligner la ressemblance de cette

prédiction avec la légende de Lailoken. Cependant, Merlin n’est pas poursuivi par ses

assaillants mais saute de son propre gré. C’est probablement pour cette raison qu’une de

ses morts est la pendaison et non due aux coups et blessures.

Ces trois visions marquent bien l’évolution que subit Merlin durant ces romans.

S’apparentant aux bildungsromans, Merlin part en quête de ses origines mais avant tout

de lui-même. De sa confusion, on ne retrouve plus de trace à la fin du roman ; en

retrouvant ses origines, il a appris à se connaître et se reconnaître enfin.

Sa connaissance du passé, don du démon chez Boron, est expliquée par une fête

celtique chez Fetjaine : La Samain (cf. ci-dessous), nuit des morts.

Seulement, si Merlin se retrouve au bon endroit, au bon moment, ce n’est que pur

hasard : « Les Gaëls l’avaient poussé loin de Caerfyrddin, vers l’est et l’intérieur des

terres au lieu de descendre vers le sud et la mer. […] Il n’avait pas la moindre idée de

l’endroit où il se trouvait [...] Le hasard avait voulu qu’il trouve justement refuge dans

ses terres interdites. Les collines de Preseli » (Le pas de Merlin, p. 298-300).

6 http://perso.orange.fr/sejh/keltia/version-fr/gododdin_fr.html

Page 20: CycleMerlin

20

De plus, Il n’a pas reçu ses pouvoirs en pactisant avec le Diable ou avec la mort.

Ceux-ci se sont imposés à lui : « Merlin était une statue de gel […] incapable du

moindre mouvement […]. Quelque chose montait jusqu’à lui […] Une abomination

indicible et pernicieuse qui s’emparait de son corps et son âme. De tout son être il

voulut crier, hurler de terreur devant cette horreur invisible, mais une pierre ne crie

pas. […] Ainsi était Merlin lorsque le souffle du premier défunt le traversa. » (Ibid., p.

313-314). Ces âmes lui font « le don suprême de tout ce qu’avait été leur vie et

ouvraient son esprit au plus immense des savoirs » (Ibid., p. 316).

Cette épreuve, imposée, le changera définitivement. Il saura enfin qui est son père en

recevant l’âme de sa mère et prendra conscience de son appartenance à un clan, une

race différente de ce qu’il a connu. Cependant ce changement sera tant intérieur

qu’extérieur : « La voix était celle de Merlin, bien dans sa manière d’ironie amère, mais

l’être qui lui faisait face n’avait plus rien de l’enfant qu’il avait laissé à la lisière de la

forêt. Ses longs cheveux noirs étaient devenus blancs, blancs comme neige et son visage

creusé paraissait plus pâle encore. Mais le pire était son regard. Il y avait une lueur, à

présent, dans les yeux de Merlin, qui changeait tout, et que le moine ne parvenait pas à

déchiffrer. » (Ibid., p. 327-328). Il n’est plus le prince Emrys Myrdinn qu’il a été,

l’enfant en colère et désorienté. C’est en quelque sorte « le prix à payer » (Ibid., p. 328)

en contrepartie de l’extraordinaire savoir qu’il a récolté.

Il recevra encore plusieurs fois l’âme de certains morts. Premièrement, sur le bateau

qui les emmène en Létivia : « Autour de lui se répandait dans le petit jour un halo

livide, une brume lente qui semblait suinter des cadavres allongés sur le pont pour le

rejoindre. » (Brocéliande, p. 28). Deuxièmement lors de la mort de Paulus Aurelianus

(Ibid., p.106) et enfin l’âme de Cylid (Ibid., p. 286).

Lors du passage de l’âme de Paulus Aurelianus, nous comprendrons qu’il peut

désormais se métamorphoser, très fugacement, prenant l’apparence de la personne qui

l’habite. Antérieurement, dans le pas de Merlin, il affirme à Blaise « Je suis Aldan […]

Regarde mes yeux » (Le pas de Merlin, p. 333) et le moine y retrouve effectivement le

regard de la reine. Dans Brocéliande, il se métamorphose brièvement en Paulus

Page 21: CycleMerlin

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Aurelianus mais il semble qu’il ne maîtrise absolument pas cette métamorphose. Il s’agit

premièrement de faire connaître le dernier message de l’évêque à son disciple puis

enfin une sorte de mécanisme de défense (Merlin essaye de sortir, bouleversé par la

réception de l’âme de Paulus Aurelianus et Cetomerinus le tient par le bras) : « En

l’espace d’un instant, il eut devant lui la gueule menaçante d’un loup, celle, diaphane,

d’une fée, puis celle encore d’Aurélien lui-même. Des voix multiples, tonnantes ou

caressantes, lui ordonnèrent si impérieusement de lâcher l’enfant qu’il céda à la panique

et battit en retraite » (Brocéliande, p. 107) puisque Cetomerinus est le seul à le voir.

Le savoir qu’il a intégré lui aura permis d’avoir une ouverture d’esprit peu commune,

de savoir contrer certaines attaques orales - notamment grâce à l’effet de surprise - et

physiques : le marin qui « s’approcha de l’enfant en brandissant son coutelas. Lorsque

l’homme fut assez près et à l’instant même où il levait son bras, il s’arrêta, sembla

vaciller, puis poussa un gémissement étranglé et s’effondra en tremblant sans que

l’enfant ait seulement levé la main. » (Ibid., p. 26-27). De plus, il apparaît qu’entre les

deux livres, il ait appris à maîtriser ses pouvoirs et à les développer : S’il connaissait la

vie des morts dont l’âme passait à travers lui, il a maintenant la capacité de recevoir des

informations de personnes vivantes : « Il lui suffisait de dévisager un être avec attention

pour deviner sa vie, connaître ses pensées et s’enrichir tout à la fois de son savoir, de ses

bassesses et de ses craintes ». Mais aussi de personnes n’étant pas dans son chant de

vision : Il sait que son fils est né parce que Gwendoloena, qui est à Dunadd a pensé à lui

et prononcé son nom (Ibid., p. 48)

7. Les elfes:

a) Origines :

Le mot elfe vient du norrois (langue scandinave médiévale) elf ou alf et évoque une

créature surnaturelle de la mythologie nordique associée à la nature. Les elfes seraient

intelligents, plus fins que les humains, dotés d'une longévité inhabituelle et d’oreilles

pointues.

Cependant ils sont de petite taille et ce n’est qu’avec Tolkien qu’ils acquièrent leur

grande taille. Tolkien fortifiera aussi l’idée des elfes en symbiose avec la nature et

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vivant dans les forêts. Cette vision sera largement reprise dans les œuvres littéraires

postérieures ou dans les jeux de rôles.

b) Les caractéristiques des elfes de Fetjaine:

Les elfes sont plusieurs fois évoqués dans le cycle de Merlin. Initialement par les

flèches empoisonnées tuant l’agresseur Merlin (Le pas de Merlin, p.132). Rien

n’indique, bien évidemment, que ces flèches proviennent des elfes si ce n’est leur

caractère indigène face aux armes humaines ainsi que leur réapparition dans

Brocéliande (p. 177). Ce sont en effet « de minuscules flèches […] aussi fines que des

aiguilles, longues et noires avec un empennage de plumes blanches qui ne

ressemblaient à rien de ce que pouvait utiliser les archers de Bretagne ».

La première fois que Merlin est en contact avec eux, c’est lorsqu’il s’est réfugié dans

la forêt de Celyddon (Le pas de Merlin, p. 134-135). Ils sont décrits comme « des êtres

frêles et pâles » (Ibid., p. 135) et de forme humaine. Ils ne réapparaîtront que dans

Brocéliande lorsque Merlin est parti à la recherche des siens et de la forêt de

Brocéliande. Lorsqu’ils emportent Merlin – sans lui demander son avis - leur

description se précise : ils sont « pâles, avec des yeux immenses, de longs cheveux noirs

et ce même manteau couleur des sous-bois » (Brocéliande, p. 177). Arrivé au cœur de

Brocéliande, Merlin se réveille dans « une chambre en forme de cloche, entièrement

recouverte d’un clayonnage d’osier et dont le sol paraissait être fait d’un épais tapis de

fougères […] Quelques marches de bois menaient à une trouée masquée par un rideau

de cuir » (Ibid., p. 237) et, inséré dans leur communauté, ils peut les observer avec plus

d’attention : « Certains étaient vêtus de tuniques moirées aux reflets brun-vert […]

d’autres allaient nus, avec leurs cheveux dégoulinants de pluie. Leur peau était si pâle

qu’elle en paraissait bleutée, leur corps glabres, en dehors de leur longue chevelure que

d’aucuns portaient tressée. Ils étaient minces sans maigreur, beaux sans nul doute et

pourtant effrayants […]. Leur gestes, leur démarche, leurs regards semblaient

davantage animaux qu’humains. » (Ibid., p. 240).

Les elfes retrouvés dans ce cycle correspondent à ceux de la Trilogie des Elfes. Les

elfes de Jean-Louis Fetjaine sont donc graciles, élancés et impudiques. Ils incarnent

Page 23: CycleMerlin

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l’animalité et sa beauté et connaissent le savoir des arbres, de la nature, des animaux et

des runes tels les druides.

c) Les indices sur les origines de Merlin:

Dès le début du roman, on retrouve certains indices au sujet de la nature différente

de Merlin. Aux pages 48 et 49 du Pas de Merlin, on aborde son indifférence au

froid : »La pluie et le vent glissaient sur lui comme sur l’écorce d’un bouleau. Alors que

les hommes les plus endurcis grelottaient, il n’avait jamais froid, jamais » ainsi que son

apparence frêle : « Merlin […] paraissait aussi frêle qu’une jeune fille, même si cette

apparence se révélait rapidement trompeuse à quiconque venait se mesurer à lui ».

Bien entendu, ses cheveux noirs et mais surtout sa peau pâle (Le pas de Merlin, p. 48)

sont des indices révélateurs à partir du moment où Fetjaine décrit les elfes.

De même, inconsciemment sa nature particulière apparaît dans son intérêt pour les

druides et les vates ainsi que dans volonté d’apprendre la langue des arbres et les vieilles

légendes (Ibid, p. 50 -51). Son ouïe (Ibid, p. 155-156) et sa vue (Ibid, p. 200) sont

également plus développées ; à la page 158 du Pas de Merlin, il montre une peur bleue

de l’eau (cf. 7. f et le génocide des elfes) ; personne n’a jamais su le pister lorsqu’il était

enfant (Ibid, p. 198) ; il sait rester parfaitement immobile, se confondant avec un rocher

ou des fourrés, trompant même les oiseaux (Ibid, p. 208-209) ; il arrive à « apprivoiser »

deux chevaux alors que lorsque Blaise arrive, ils s’enfuient (Ibid, p. 246) ; il se sent en

paix dans la forêt malgré l’obscurité et les prédateurs (Ibid, p. 276) et il se sent en

osmose avec un arbre (Ibid, p. 191) : « L’écorce de l’arbre, sous ses doigts, était

délicieusement rugueuse et craquante. Il en percevait la chaleur […]. Il en humait

l’odeur suave, terreuse, éprouvait sous ses pieds les griffures des ronces et le

craquement du mort-bois », et avec un cheval (Ibid., p. 274), il fait « si étroitement

corps avec son alezan qu’on eut dit un centaure surgi des entrailles de la terre ».

De plus, plusieurs personnes sont au courant de son caractère hybride et sans le lui

dire clairement, ils y font quelques allusions : Taliesin, lorsque Merlin lui demande qui

est son maître qui lui a donné l’illumination du chant, celui-ci répond : « L’un des tiens,

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jeune merle » et ajoute qu’il ne pense pas au Dyfed mais à son véritable clan (Ibid, p.

68). Plus tard, lors de son entretien avec Aldan, celle-ci lui dit qu’Ambrosius Aurelianus

n’est pas son père et ajoute l’argument de son physique : « Ton père n’est pas

Ambrosius ! Regarde-toi ! Qu’est-ce que tu crois ? » (Ibid, p. 106). Blaise, qui a entendu

la confession de la reine, connaît aussi la véritable origine de Merlin et laisse échapper

quelques sous-entendus lorsqu’il retrouve Merlin dans la Forêt de Celyddon : Il pense

que ce sont les elfes qui ont donné les vêtements que Merlin portent (Ibid., p. 140) et

lui demande à quoi ils ressemblent. Lorsque Merlin lui répond « Ils sont comme nous »

(Ibid., p. 141), Blaise répond : « Comme toi, oui, sûrement. Mais pas comme nous ! ».

Merlin a fort bien compris qu’il le prend pour un elfe mais refuse d’accepter cette

possibilité ; il affirme ne pas croire en leur existence. Gwenfaen, sur l’île de Môn

évoque aussi « un peuple disparu, semblable aux animaux de la forêt […] qui ont bâti le

mont de la Chambre-Sombre [tertre où les anciens pratiquaient des rites de guérison] et

levé toutes les hautes pierres de l’île. » (Ibid., p. 204-205) et il est certain que Merlin

peut les aider à comprendre toutes les choses étranges de l’île. Mais Merlin ne

comprend pas – ou refuse de comprendre – en quoi il pourrait l’aider. Il semble qu’il

soit totalement dépassé par les événements. Fetjaine l’expose comme un enfant se

demandant « quel était ce monde où tous semblaient attendre de lui des prodiges alors

que lui-même n’était qu’ignorance ? » (Ibid., p. 206).

Mais ce qui en fait indubitablement un elfe, c’est le fait qu’ils s’occupent de lui et se

montrent à lui - notamment dans la forêt de Celyddon où ils le soignent, l’habillent

avec d’une étoffe fine, verte et brune aux reflets moirés (Ibid., p. 134-35) - puisque s’ils

sont considérés comme une légende chez les hommes, c’est parce qu’ils essaient de se

cacher de cette race qui ne leur réserve plus un bon accueil.

d) Lailoken :

Lailoken est un mot récurrent du roman. Lorsqu’il s’enfonce dans la forêt de

Celyddon, ce mot lui revient sans cesse à l’esprit sans qu’il sache ce qu’il signifie mais

lui paraissant amical (Le pas de Merlin, p. 134). Enfin, les elfes l’appellent ainsi, autant à

Celyddon (Ibid., p. 135) qu’à Brocéliande (Brocéliande, p. 203).

Page 25: CycleMerlin

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Jean-Louis Fetjaine arrive à recouvrir cet aspect de la légende en expliquant que les

elfes appellent Merlin ainsi parce que cela signifie ami, proche parent (Ibid., p. 248).

e) Son apprentissage :

Lorsque Merlin fait la connaissance de son grand-père, celui-ci va lui raconter ce

pourquoi Merlin était parti : la raison de relation entre sa mère, une humaine et son

père, un elfe (Brocéliande, p. 253).

Par après, il essaye de lui faire redécouvrir sa nature profonde ; il lui apprend

comment manger, dormir, vivre comme un elfe (Ibid., p. 259) et lui assure qu’il sait

parler la langue des elfes mais qu’il l’a simplement oubliée (Ibid., p. 251).

Enfin, il l’emmène au bosquet sacré où les sept brandui, représentant chacune un

arbre - le bouleau, l’aulne, le houx, le saule, le noisetier, le chêne et enfin le

pommier-, inscrivent chacune la rune qui lui correspond sur le bras de l’enfant.

(Ibid., p. 263-65). Elles cèleront son apprentissage, son total retour à sa nature d’elfe

en le faisant « savant par les arbres » (Ibid., p.268). Et enfin, au terme de cet

apprentissage, il se transformera des années durant : « une larme coula sur sa joue,

perla à l’angle de sa mâchoire et tomba dans le bassin. A l’instant même où elle

toucha l’eau, le bosquet disparut. Il était dans l’eau. Il coulait avec elle. Il était l’eau,

goutte parmi les gouttes […] Plus loin, il glissa sur un goujon et devint poisson […]

Tout un coup, une loutre le saisit […] Il fut la loutre […] puis devint l’herbe contre

laquelle l’animal se frotta […]. Ainsi se passa la vie de Merlin durant des années. »

(Ibid., p. 268-69).

Cependant, si Merlin pense être l’eau et ce pour les autres transformations aussi, ce

n’est pas la réalité. En effet, tout au long de ces années, il ne se métamorphose pas

mais son âme passe d’un corps à un autre alors que son corps reste à l’endroit où il l’a

abandonné : « Au fil des ans, le lierre et la mousse l’avaient en partie recouvert, si

bien qu’il ressemblait davantage à une souche d’arbre ou à une roche faisant partie

de la fontaine qu’à un être vivant » (Ibid., p. 281)

Lorsqu’il se réveille, Merlin a retrouvé son âme d’elfe, sait parler la langue des elfes

(Ibid., p. 285) et est, à nouveau, une autre personne.

Page 26: CycleMerlin

26

Une personne heureuse, en phase avec la nature et sa simplicité. Il regrette de

devoir la quitter lorsqu’il apprend que Gwendoloena a envoyé un homme à sa

recherche, craignant pour sa vie et celle de leur fils.

Le nouveau Merlin représente l’image actuelle de l’homme sauvage : épanoui et

possédant un rapport harmonieux avec la nature.

f) Les elfes et la religion chrétienne:

Bien que Jean-Louis Fetjaine ait remplacé le géniteur diabolique de Merlin par un

elfe, il a réussi à garder l’ambivalence Dieu-Diable par un stratagème assez ingénieux.

Comme le dénonce Taliesin : « Le diable est une belle trouvaille, qui recouvre tellement

de choses… Tout ce qui fait peur, tout ce qui est inconnu, tout ce qui est étrange » (Le

pas de Merlin, p.68). La religion chrétienne qui s’étend, s’impose et tente d’enrayer la

culture celtique, les mythes et croyances a fait des elfes des créatures du Diable que l’on

doit redouter (Ibid., p.143).

Non seulement les elfes sont associés au Diable mais aussi à toutes les créatures

pouvant le représenter. Ainsi, Paulus Aurelianus, célèbre pour avoir chassé le Dragon

de l’île de Batha a en réalité participé au génocide des elfes occupant cette

île (Brocéliande, p. 53). Ce génocide, consistant à les forcer de se jeter dans la mer, il

rappelle la peur de l’eau de Merlin (cf. 7 c). Cependant, lors de sa mort, Paulus

Aurelianus demandera le pardon de Merlin en ces termes : « Tout… ce que j’ai fait,

ici… c’est pour la gloire de Dieu. Mais vous êtes… aussi… des créatures de Dieu […]

Pardonne-moi » (Ibid., p. 104).

On apprendra aussi que malgré l’installation de la religion chrétienne, les

superstitions ont la vie dure. Lorsque l’escorte de Merlin et de Blaise arrive près d’un

marais qu’ils nomment l’Yeun Elez, la porte de l’enfer, les hommes refusent d’y

pénétrer. C’est le frère Cetomerinus qui les oblige à poursuivre, ne pouvant tolérer que

des chrétiens prêtent foi à des superstitions n’ayant pas d’origines chrétiennes. Par

après, lorsqu’ils se sont arrêtés dans ce marais pour la nuit, ils entendent un air de flûte

(Ibid., p.149) que les hommes attribuent aux korrigans ou autres créatures maléfiques

qui viendront les tuer pendant la nuit. En réalité, Gwydion apprendra à Merlin qu’il fut

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27

joué par le clan des elfes appelés « Genip firas » (Ibid., p. 248). Ses superstitions sont

dues en réalité à la réminiscence de l’existence des elfes modifiées par la tradition orale,

Merlin déclare: « Les seuls diables qui vivent ici sont du même sang que moi. […]

Korrigans, poulpiquets, lutins, farfadets, fées ou elfes, peu importe le nom qu’on leur

donne.» (Ibid., p. 146)

8. Les multiples visages de Merlin :

Dans son cycle de Merlin, Jean-Louis Fetjaine joue avec les différentes

représentations que l’on se fait de Merlin pour rejoindre le Merlin Latin de Monmouth

et Boron. Ces rumeurs parcourent les deux romans et certaines ont des explications

rationnelles. Ainsi, à la page 52 du Pas de Merlin, Fetjaine explique « On racontait

toutes sortes d’histoire à son sujet, qui parfois le confondait avec son père. Certains

disaient qu’il avait prédit la chute de Vortigern, alors que ce dernier était mort bien des

années avant que Merlin voie le jour, d’autres qu’il pouvait invoquer des dragons ou

parler le langage des oiseaux. ».

En réalité, malgré son jeune âge, Merlin est connu de tous les Bretons, soit en sa

qualité de Barde exceptionnel pour son jeune âge, soit en sa qualité de fils d’elfe ou de

fils du Diable pour les chrétiens. Il y a certes les moines du Dyfed qui le traitent de « fils

du diable » pendant son enfance (Le pas de Merlin, p. 50) Mais aussi tout au long des

romans, il se retrouve face à des images de lui dans lesquels il ne se reconnaît pas.

Durant le banquet, Taliesin le chef des bardes de Bretagne lui déclare qu’il le pensait

plus vieux et sachant prévoir l’avenir (Ibid., p. 63). De même Aneurin, barde d’Urien du

Reghed admet qu’il croyait qu’il était plus vieux et l’enfant ayant prophétisé la mort de

Vortigern. Merlin répond que si c’était le cas, il aurait plus de 100 ans (Ibid., p. 69-70).

Par après Gwenfaen lui prête un rôle de médiateur entre les hommes et les mystères les

entourant (cf. 7c; Ibid, p. 204-205).

Les villageois qui apprennent à Blaise et à Merlin que la ville de Cenarth est en

flammes se rient de lui quand il annonce qu’il est Emrys Myrddin (Ibid., p. 249).

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Lorsqu’ils comprennent qu’il est réellement Merlin, ils reculent avec frayeur et dégoût

(Ibid., p. 250) et une fois parti, ils le traitent de « fils du diable » (Ibid., p. 254).

Dans Brocéliande, les marins non plus n’y croient pas. L’un dit que Merlin a été tué

par les Gaëls qui lui ont tranché la tête (p. 28) et un autre affirme que « Merlin était un

guerrier haut comme deux hommes et fort comme un bœuf » (p. 29). Cette image

semble rejoindre un texte d’un conteur gallois anonyme du 13-14ème siècle décrivant

Merlin comme aussi grand que deux hommes de ce monde.

De même, après que Merlin a passé la nuit des morts dans les collines de Preseli et

acquis ses étranges pouvoirs, différentes théories sont développées pour expliquer ses

pouvoirs surnaturels. Blaise affirme qu’il est un nécromant à la fin du Pas de Merlin (p.

333); seulement Merlin récuse cette dénomination, il ne connaît pas l’avenir grâce aux

morts et ne leur parle pas, ceux-ci entrent en lui.

Par après, le dernier marin l’accusera de sorcellerie (Brocéliande, p. 69). Il est évident

pour le lecteur que Merlin ne pratique pas du tout la magie noire. Toutefois, le fait qu’il

ait tué un homme sans le toucher, dans le bateau, réveille le mysticisme de chacun. Et,

bien qu’on ne soit pas à l’époque de la chasse aux sorcières (12ème siècle), le comte

Withur le fait interpeller pour décider de son sort en tant que sorcier-ou non. Il se

réfère au code de l’alliance - le plus ancien recueil de lois de l'Ancien Testament – en

déclarant : « Tu ne laisseras pas vivre la sorcière » (Ibid., p. 85). Tout cela est

totalement cohérent puisqu’il n’existe ni inquisition, ni Malleus Maleficarum…

La dernière description intéressante de Merlin est celle faite par le dernier marin,

Gorthyn, lorsqu’il l’accuse de Sorcellerie. Il dit de lui : « Parfois on dirait un enfant,

parfois une femme, parfois un vieillard. ». Cette description peut être expliquée de

façon rationnelle : Merlin n’est encore qu’un enfant puisque, au début du Pas de

Merlin, il n’a qu’à peu près 16 ans. Cependant ses cheveux blancs lui donnent une

certaine ressemblance avec un vieillard et son allure frêle et ses longs cheveux peuvent

correspondre à l’image d’une femme.

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29

Toutefois, il n’est pas sans importance de relier ce caractère hybride et changeant de

Merlin à l’image fondamentale qui est dégagée des Merlin du Moyen âge : Personnage

aux multiples visages, mystérieux, mouvant et incernable.

9. Les références et la culture celtiques :

Certains termes sont, bien sûr, repris pour ce qu’ils représentent sans s’appuyer

totalement sur leur fonction dans la culture celtique.

a) Recherche d’authenticité:

Jean-Louis Fetjaine s’est grandement documenté pour écrire ce roman qu’il veut

fidèle à l’Histoire et aux termes utilisés à l’époque qu’il explique lui-même dans ces

deux romans.

Quelques exemples sont : L’Irlande nommée « Yfferdon » qui est le nom gallois (Le

pas de Merlin, p. 45), à la page 51 il évoque Don, qui est le nom gallois de la déesse

Dana, déesse primordiale des anciens celtes et les Gwyr y Gogledd, comme se nomment

les hommes du Nord, c’est-à-dire les habitants du Nord de la Bretagne. Le terme Cymri

est intégré dans le roman, utilisé et expliqué page 58 du Pas de Merlin. En effet, après

les invasions saxonnes, on peut remarquer que les gallois se nomment « Cymru », ce qui

veut dire « compatriote » - se disant « Cymri » en breton – pour marquer l’opposition

entre eux et les Saxons.

b) Les citations :

Identiquement, la plupart des citations insérées par Fetjaine dans le cycle de Merlin

sont expliquées par une note de bas de page.

A la page 43 du Pas de Merlin, il insère une phrase dite par Hengist, roi saxon

rapporté par Nennius et Monmouth, lorsqu’il cite la Bible, il en donne les références

(exemple : p. 81), pour d’autres le manuscrit, le traducteur (p. 167)…

c) Slea Maith, les elfes :

Lorsque Blaise aborde le sujet des elfes avec Merlin (Le pas de Merlin, p. 141) il

déclare : « Eux-mêmes se nomment Slea Maith, les « Bonnes Gens » ».

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Et Gwydion expliquant à Merlin les noms des différents clans dénotera : « Ceux du

Nord, dans l’île de Bretagne, Sleah maith, « les bonnes gens »… » (Brocéliande, p. 248)

Dans le folklore écossais, on retrouve le mot « Sleagh Maith » pour désigner les fées.

d) Le Sid :

Le Sid est plusieurs fois abordé dans Le pas de Merlin.

Premièrement, lorsque Blaise et Merlin construisent un monument funéraire pour

que Gwendoleu « rejoigne le Sid, la ville du dessous, le séjour des Mort » (Le pas de

Merlin, p. 153). Deuxièmement quand Gwenfaen demande à Merlin « Que sais-tu du

Sid de Preseli ? » (Ibid., p. 205).

En réalité écrit Sidh, il représente l’Autre Monde dans la mythologie celtique où

vivent les dieux, les héros et les défunts, et signifie « paix ». Dans la littérature

médiévale, on y retrouve trois lieux distincts pour le Sidh : à l'ouest, dans des îles

magnifiques ; sous la mer ou sous les collines et les tertres qui sont devenus les

résidences des Tuatha Dé Danann (les gens de la déesse Dana, des Dieux).

Cependant, il n’y a pas de séparation comme entre le « paradis » et l’ « enfer » ; c’est

un monde où tous les morts vivent heureux et en paix.

e) Samain :

A la page 209 du Pas de Merlin, Merlin repense à la question que Gwenfaen lui a

posé et évoque alors la Samain, fête où les druides seuls peuvent se rendre à Mynid

Preseli, et au cours de laquelle « l’esprit des défunts se répandait sur la Terre du Milieu,

afin que la sagesse des ancêtres vienne inspirer les vivants ».

Par après, lorsque Merlin et Blaise croisent les villageois (Le Pas de Merlin, p. 248),

ils apprennent que dans deux jours aura lieu La Samain, la fête des morts, appelée

« Toussaint » par Blaise (Ibid., p. 253).

Dans la culture celtique, la Samain est une fête druidique. L’année celtique est

divisée en quatre grandes fêtes importantes et obligatoires (Samain, Imbolc, Beltaine,

Lugnasad) mais la Samain est irrémédiablement la plus fondamentale.

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Elle a lieu à la pleine lune la plus proche du premier novembre et signifie « la fin de

l’été ». La nuit, le temps est aboli et le monde du Sidh est ouvert aux vivants. Durant

trois jours avant et trois jours après, elle consiste en rites druidiques, assemblées, et

banquets rituels. Toute absence est punie de mort.

f) L’île de Môn et Les collines de Preseli :

L’île d’Anglesey et Preseli Hills se trouvent bel et bien en Grande-Bretagne. Jean-

Louis Fetjaine a choisi ces lieux pour leurs particularités. Le premier est évoqué à la

page 192 du Pas de Merlin : « Tu te trouve sur l’île de Môn et nous dépendons de Rhun,

prince du royaume de Gwynedd ! ». A la page suivante, Fetjaine explique que c’est une

terre sacrée appartenant premièrement aux druides qui se révoltèrent contre Rome puis

aux moines dont Gwenfaen fait partie. En effet, l’île de Môn est le nom gallois de l’île

d’Annglesey qui fut habitée par des druides avant que les romains ne détruisent les

temples et les bosquets sacrés pour détruire leur autorité.

Que l’île était un lieu druidique à part entière et que Gwenfaen ressente une

présence qu’il n’identifie pas totalement à Dieu et peut-être liée à Merlin (Le pas de

Merlin, p. 205) n’est certainement pas une coïncidence !

Quant aux « Preseli Hills », en anglais, ce sont des collines du Pembrokeshire dans le

Pays de Galles. Lieu particulier pour ses pierres bleues dont certaines auraient été

apportés à Stonehenge situé à 220 Km d là, Fetjaine les évoque aux pages 264 et 300 du

Pas de Merlin comme localisation du Sid. Selon la légende pourrait se situer sous les

collines et les tertres sans que la localisation soit définie. Effectivement, ces collines

pourraient être celles de Preseli. De plus, c’est à Merlin qu’on attribue l’arrivée des

pierres à Stonehenge.

g) L’Yeun Elez :

L’Yeun Elez est un marais où les hommes qui forment l’escorte de Merlin et de

Blaise refusent de pénétrer. Ils le considèrent comme étant la porte de l’enfer. (p. 143).

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Effectivement, L’Yeun Elez est une « dépression marécageuse des monts d’Arée en

Bretagne armoricaine » (Markale). Dans le folklore de petite Bretagne, on la considère

comme une porte des enfers.

h) Brocéliande :

La Forêt de Brocéliande est très célèbre par son existence dans les légendes celtiques

et dans les romans de la Table Ronde. Cependant, avec les nombreux déboisements, les

parties les plus importantes à l’heure actuelle sont les forêts de Paimpont et de Quintin.

Il apparaît que la forêt de Brocéliande était l'un des endroits préférés de Merlin, et

que ce fut dans cette même forêt qu’il rencontra Viviane et qu’elle l’emprisonna.

Ils se rencontrèrent à la Fontaine de Barenton située au cœur de la forêt de

Brocéliande, au milieu d'une clairière sacrée. Source qui jaillit entre les racines d'un

chêne et entourée de pierres sèches ; selon les légendes, en versant un peu de son eau

sur les pierres de la fontaine, on provoque la pluie.

Brocéliande fait partie intégrante du cycle de Merlin puisque Jean-Louis Fetjaine en

fait le titre du second volet. La forêt est évoquée pour la première fois à la fin du Pas de

Merlin quand Merlin parle des souvenirs de sa mère et d’une forêt qu’elle nomme

« Brocéliande » ou le pays d’Eliande (en réalité Bro Eliande signifie le pays d’Eliande).

Blaise et Merlin vont partir à sa recherche car bien que Merlin sache que son père est

un elfe de Brocéliande, il ne sait pas ce qu’il s’est passé là-bas lorsque sa mère y était. A

partir du moment où Merlin retrouvera son grand-père (Brocéliande, p. 237) et jusqu’à

ce qu’il reparte vers la grande Bretagne (Ibid., p. 289), il séjournera dans Brocéliande, la

forêt des elfes. Et effectivement, elle s’y prête bien, forêt des enchantements et de la

féerie ; Brocéliande conserve un caractère magique dans l’imaginaire collectif.

La fontaine de Baranton peut aussi être associée à la fontaine se situant au milieu du

bosquet sacré : « Le « cœur de la forêt » […] était cette immense clairière, cernée de tous

côtés par un océan d’arbres […] en contrebas […] un boqueteau [composé de] sept

arbres [et] au milieu jaillissait une source, formant un mince ruisseau qui s’écoulait dans

le vallon » (Ibid., p. 262).

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i) Cill Dara :

Gwydion se dit être « le gardien de cette partie des bois qu’on nomme Cill Dara,

« l’ermitage des chênes », au pays d’Eliande …» (Brocéliande, p. 142).

Toutefois, Cill Dara est, en réalité, un comté d’Irlande : le comté de Kildare et

signifierait « église au chêne ».

j) Les Bandrui :

Lors de son apprentissage, Gwydion l’emmène voir « La sororité du Sid. Les sept

Bandrui, gardiennes du bosquet sacré » (Brocéliande, p. 261). Celles-ci sont « sept

femmes agées, fées ou sorcières, enveloppées dans de longues robes noires sur lesquelles

coulaient leurs cheveux gris » (Ibid., p. 262).

Le mot « bandrui » existe bel et bien dans la culture celtique et signifie « femme

druide ». Cependant ces femmes druides n’appartiennent à la classe sacerdotale

druidique qu’en tant que poétesse ou prophétesse.

k) Le druidisme :

Comme il a déjà été souligné, les elfes de Jean-Louis Fetjaine ont de grandes

similitudes avec les pratiques du druidisme mais aucun rapport avec le druide en lui-

même.

En effet, le druide est un personnage très important dans la société celtique au point

d’être « à la fois ministre du culte, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse,

historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière ».

Intermédiaire entre les dieux et les hommes, il célèbre les cérémonies sacrées et

pratique les sacrifices. Le mot druide est un terme général qui regroupe tous les

membres de la classe sacerdotale mais représente aussi les membres considérés comme

les théologiens. Il y aussi les vates, spécialisés dans les prophéties, la médecine et le

culte et les bardes qui sont chargés d’assurer la louange ou le blâme à la cour du roi.

Il est à noter que si l’on retrouve des bardes dans les romans de Fetjaine comme

Merlin, Taliesin, Aneurin, Dygineleoun… (Le pas de Merlin, p.65), on ne fait que des

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allusions aux druides et aux vates (Ibid., p.51). La relation étroite entre le druide et le

roi n’est pas présente chez Fetjaine ; les rois se christianisent et prennent des

ecclésiastiques comme conseillers.

On retrouve donc des références aux pratiques du druidisme dans les romans de

Fetjaine au sujet de la magie végétale et de la médecine magique, lorsque Gwenfaen

soigne Blaise et avoue à Merlin que « Blaise avait besoin d’une autre médecine, plus

puissante que celle « de Dieu (Ibid., p.203). Egalement au sujet du bosquet sacré, des

oghams et de l’alphabet des arbres (cf. ci-dessous). Mais encore au niveau de

l’apprentissage : premièrement, Gwydion fait l'initiation de Merlin dans la forêt

(Brocéliande, p.258-60) qui est le lieu normal où les druides dispensent leur

enseignement et deuxièmement, Merlin se transforme sans cesse pendant près de 12ans

(Ibid., p. 288), ce qui est le nombre d’années de l’enseignement spécialisé druidique

selon les traités irlandais. Enfin, la croyance de l’immortalité de l’âme des druides et de

la métempsychose dont Merlin est le sujet : la métempsychose est le « passage

d’éléments psychiques d’un corps à l’autre » contraire à la métamorphose ou un être

prend une autre forme mais reprend sa forme initiale entre chaque métamorphose.

C’est en effet ce qui arrive à Merlin durant ces douze ans puisque son âme se retrouve

dans différents représentants de la faune et de la flore (Ibid., p. 268-69) mais que son

corps reste dans le bosquet sacré (Ibid., p. 281). L’immortalité de son âme est décrite à

la fin du roman : « L’âme de Merlin dériva dans le fleuve, vers la mer » (Ibid., p. 325)

« Merlin […] dont on dit que l’âme vit toujours en Brocéliande, auprès de Gwendydd »

(Ibid., p. 329).

l) Bosquet sacré et ogham :

Le bosquet sacré des druides est un lieu de culte (nommé aussi néméton) et est

composé de sept - symbole de la perfection dans de nombreuses cultures - arbres :

l’aulne, le bouleau, le chêne, le houx, le noisetier, le pommier et le saule et ayant

chacun leur spécificités.

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L’écriture oghamique est une « écriture irlandaise verticale gravée sur la pierre ou le

bois utilisée par les druides pour des incantations. ». Chaque lettre correspond à un

arbre; il existe 20 lettres divisées en 4 familles.

Dans Brocéliande, Merlin arrive dans un boqueteau composé de sept arbres

d’essences distinctes, ceux du bosquet sacré druidique et les sept Bandrui, gardiennes

des arbres, représentant chacune un arbre, le couvrent d’oghams (p. 262-69). La

première Bandrui « sortit un petit bol de terre rempli d’une teinture visqueuse dans

laquelle elle trempa son doigt avant de dessiner une longue ligne sur le côté gauche de

l’enfant, depuis sa mâchoire, son cou et son épaule, jusqu’au bout de son bras et l’ongle

de son pouce. Puis, trempant de nouveau son doigt dans le bol, elle traça un simple trait

horizontal à la droite de la ligne, à hauteur du poignet. Un ogham. La rune de Beth, le

bouleau, l’arbre de l’amour et de la renaissance à la vie dont elle était la gardienne. »

(Brocéliande, p. 263) Ensuite, chaque arbre est associé à son ogham : Fearn pour l’aulne,

Tinne pour le houx, Saille pour le saule, Coll pour le noisetier Duir pour le chêne et

Quert pour le pommier.

Fetjaine explique aussi l’importance du pommier dans le druidisme, arbre de l’Autre

monde Ibid. p. 265). Les celtes considéraient que la pomme était le fruit de la science,

de la magie et de la révélation et Fetjaibe s’en raproche en parlant du pommier comme

« l’arbre de la connaissance, de la révélation » (Ibid., p. 265). Il fait du pommier l’abre

qui relie les trois mondes celui « des morts et du passé », celui « de l’errance et du

présent », nommé « Abred », et Gwynfyd, celui « des dieux et des idées » (Ibid. p.265).

Ce principe existe effectivement chez les druides. On retrouve d’ailleurs leur trace dans

les Triades : «Trois conditions indispensables pour arriver à la plénitude (science et

vertu) : transmigrer dans abred, transmigrer dans gwynfyd, et se ressouvenir de toutes

choses passées jusque dans anoufn.»7. Il faudrait partir de l’Anoufn, le monde des morts,

passer son existence dans l’Abred et arriver dans le Gwynyd, le monde de la félicité.

7 http://perso.orange.fr/charles.kempf/destinee/dest17.htm#n14r

Page 36: CycleMerlin

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Par contre, bien qu’il soit un arbre important dans la culture celtique, il n’y a pas de

lien explicite avec le pommier.

Il donne aussi une étymologie du mot druide : Dru wid « savant par les arbres »

(Ibid., p. 268) contraire à celle acceptée à l’heure actuelle qui est dru- « trè », -wid

« savants ». Quoiqu’on le relia pendant longtemps au mot « chêne » : « deruo ».

10. Les autres personnages :

a) Aedan Mac Gabran :

Chez Fetjaine, Aedan est l’allié de Ryderc et l’a aidé à assassiner Gwendoleu en

envoyant ses troupes dans la bataille d’Arderydd (p. 234). Totalement contraire à la

Vita Merlini où on associe Gwendoleu aux Scots.

b) Ambrosius Aurelianus :

Dans son avertissement, l’auteur précise que, après avoir effectué de nombreuses

recherches sur Merlin et Arthur, il est parvenu à la conclusion – nettement personnelle

et non scientifique – suivante : Merlin serait un personnage historique (barde de

Gwendoleu, roi de Cumbrie, mentionné dans la bataille d’Arderydd en 573) alors que

l’existence d’Arthur, en tant que grand roi des Bretons, est nettement plus compromise.

D’après lui, le nom « Arthur » viendrait du terme britonnique « Art-gur » signifiant

« l’homme-ours » et aurait probablement été attribué à un chef de guerre historique

particulièrement valeureux. En effet, il explique que les Celtes associaient les guerriers

à des arbres ou à des animaux et que, dans les textes gallois, on comparait les guerriers à

des ours en raison de leur force ou de leur férocité. De plus, les surnoms étaient

courants puisque connaître le nom d’une personne signifiait s’approprier son âme.

Il ajoute d’ailleurs que la présence du père d’Arthur, Uther Pendragon est une erreur

d’interprétation (Pendragon étant aussi un surnom désignant la force).

C’est pourquoi, l’association de ce chef de guerre nommé Arthur à Ambrosius

Aurelianus et à « Pendragon » se retrouve comme fait avéré dans ses deux romans.

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c) Artur Mac Aedan :

Fils d’Aedan Mac Gabran, de nouvelles théories tendent à faire de lui la figure qui

engendra le légendaire Arthur. Bien que Jean-Louis Fetjaine aborde cette possibilité

dans son avertissement, il ne l’a pas mise en pratique dans son roman.

Cependant, il en fait le fils de Merlin, lui-même le « fils » d’Ambrosius, potentiel

Arthur également. Soit, Merlin, engendré par « Arthur », engendre « Arthur ».

d) Columb Cille :

Saint Colomba ou Columb Cille (« Colombe de l'église » en gaélique irlandais) est un

missionnaire irlandais qui établit un nouvel ordre monastique s’installant sur l’île

d’Iona vers 563 et réintroduit le christianisme en Écosse et dans le nord de l'Angleterre.

Selon la légende, Colomba fut exilé pour avoir réalisé et emporté la copie d’un

inestimable manuscrit sans l'accord de Finian de Moville (Il rconte cette histoire dans

Brocéliande aux pages 60-61). Dans La vie de Saint Columba, on aborde ses nombreuses

prédictions réalisées.

Identiquement, Fetjaine en fait un prophète réputé et écouté des chrétiens, bien plus

célèbre que son Merlin. Il fait deux prédictions sur demande : Celle de la mort de

Rydderc (Le pas de Merlin, p. 44-45) qui se passera dans son lit et non sous la main de

ses ennemis et celle d’Aedan selon laquelle tous ses fils mourront sauf l’aîné, qui

deviendra roi des Pictes et le petit dernier qui lui succèdera (Brocéliande, p. 311). Dans

l’épilogue (Ibid., p. 327), le contexte de la réalisation de ses prophéties sera expliqué.

e) Gwendoloena :

Merlin n’étant encore qu’un adolescent, Fetjaine n’aurait pas pu faire de

Gwendoloena sa femme. Elle constitue cependant son premier amour et la mère de son

fils. Il ajoute aussi un élément qui ne se retrouve pas dans la Vita Merlini :

Gwendoloena est la sœur de Ryderc, ennemi de Merlin.

f) Gwendydd :

Fetjaine n’a pas repris le nom latinisé par Monmouth mais bien le nom retrouvé dans

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les poèmes de Myrddin. Il ne suit pas non plus l’histoire de la Vita Merlini mais il va

de soi que Gwendydd, en tant qu’elfe, n’aurait pu être la femme de Ryderc au niveau

cohérence.

g) Gwydion :

Le nom de Gwydion n’est pas une création de Fetjaine. Gwyddyon est un des plus

célèbres héros de la tradition Galloise. Bien que ses aventures n’aient aucun rapport

avec le Gwydion de Fetjaine, d’après Taliesin, c’est lui qui transforme les Bretons en

arbres pour lutter contre leurs ennemis. Par ailleurs, son nom signifie peut-être

« savant » et il représente la puissance magique des anciens druides.

h) Kentigen :

Personnage historique, Fetjaine a repris de lui l’image de l’apôtre du Strathclyde.

i) Langoreth :

Gwendydd n’étant pas la femme de Ryderc, celui-ci est marié à Langoreth. Il

apparaît cependant que dans certaines sources, c’est bien Langoreth qui est nommée

comme étant la femme de Ryderc.

j) Owen :

Owain, Owein ou Owen chez Fetjaine est considéré dans l’Histoire comme l'un des

quatre fils de Urien, roi de Rheged. Il combattit avec son père et d’autres bretons

contre les Angles de Bernicie vers 590 et mourut vers 595.

Cependant, il est repris dans la légende arthurienne où il devient le « Yvain ou le

chevalier au lion » de Chrétien de Troyes.

k) Paulus Aurelianus :

Saint Pol Aurélien est un breton du VIème siècle ayant émigré en Petite -Bretagne.

Il est le premier évêque du pays du Léon . Dans la vie des saints de la Bretagne

armoricaine où il est évoqué, il y a effectivement un passage où il chasse le dragon en

lui ordonnant de se jeter à l’eau, brandissant son étole.

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l) Taliesin :

Taliesin est une figure importante de la culture celtique. Entre mythe et réalité,

poète et barde d’Urien du Rheged au VIe siècle, il est parfois associé à Arthur. La

légende en fait le « Chef des Bardes de Bretagne ».

Chez Fetjaine est abordée sa double naissance : Se nommant d’abord Gwyon Bach, il

est poursuivi par la sorcière Ceridwenn qui le mange alors qu’il est transformé en

graine et elle donne naissance à un autre enfant qu’elle confie aux flots et qui est

recueilli par un dénommé « Elfin » l’appelant « Taliesin » ce qui signifie « Front

Rayonnant » (Le pas de Merlin, p. 65-68).

Jean-Louis Fetjaine fait d’Elfin le maître de Taliesin qui lui donna l’illumination du

chant (p. 68) mais aussi un elfe dont la nature est à peine cachée sous cette

dénomination (p. 277). L’épisode de ses nombreuses métamorphoses, lorsqu’il est

poursuivi par Ceridwenn, se dissocie du poème « Cad Goddeu » dont la métempsychose

de Merlin est totalement inspirée. Par ailleurs, Merlin lui-même dit à Blaise : « Tu te

souviens du chant des arbres ? […] Je sais maintenant ce que Taliesin signifiait quand il

a écrit ça » (Brocéliande, p. 288)

VI. Conclusion :

Merlin, Myrddin, Marzin, … Quelque soit le nom qu’on lui ait attribué, sa part

d’existence historique et sa large part mythique, Merlin n’en est pas moins une figure

légendaire de la littérature.

Inspirant toute l’Europe, on le retrouve sous la plume de nombreux auteurs.

Certains l’intégrant dans leurs œuvres de façon burlesque tels que Rabelais,

Cervantès ou Shakespeare tandis que d’autres cherchent à retrouver ses origines tel que le

gallois Elis Gruffud qui rédigea un Myrddin Wyllt.

Merlin en tant que personnage de la littérature arthurienne, refait une brève

apparition au 18ème siècle notamment avec Boulard, Immerman, et la réédition de textes

médiévaux alors qu’au 19ème, Merlin est représenté dans l’oeuvre de Quinet comme un

« génie universel, incarnation de l’histoire et de la culture d’Occident.».

Page 40: CycleMerlin

40

Dans la première moitié du 20ème siècle, le thème de Merlin est réutilisé de manière

assez libre par Apollinaire, Hellens, Cocteau, Aragon, Dorst etc.

Mais la seconde moitié du 20ème voit renaître Merlin dans l’imaginaire collectif.

Merlin l’enchanteur, dessin animé de Walt Disney, façonne et imprime dans l’imaginaire

de nombreux enfants l’image d’un Merlin un peu sénile et extravagant, capable de voyager

dans le temps et enseignant les leçons de la vie à un jeune garçon un peu niais qui, bien

qu’on ait du mal à le croire, deviendra le roi Arthur.

Certes des auteurs se sont penchés sur la figure de Merlin tel que Barjavel, Fetjaine, Guy

d’Amours ou Mary Stewart, il y eut aussi des films dont le « Merlin » de Steve Baron en

1997 et plus récent, des visions humoristiques dans des BD ou des séries comme

« Kaamelot » toutefois Merlin est bien souvent intégré au monde arthurien, l’univers

médiéval renaissant grâce à la propagation de la fantasy et du roman historique.

La fantasy tente de toucher au Merveilleux, au légendaire, à l’épique et surtout au

Moyen-Âge. Genre de prédilection de nombreux lecteurs actuels, c’est une forme littéraire

qui favorise l’évasion, des aventures ne se trouvant pas dans le monde du train-train

quotidien. Bref, elle offre un bout de rêve à chacun.

Cette volonté d’aventures et de dépaysement qu’a le lecteur, il la satisfait aussi avec

le roman historique. Fetjaine se situe entre les deux.

Très soucieux du cadre historique qu’il offre à ces lecteurs, il passa une majeure

partie de son temps à faire les recherches nécessaires. Tout en étant le plus fidèle possible à

l’Histoire de la Bretagne et à sa culture, son livre n’en est pas moins une œuvre

fictionnelle. Entre Histoire, mythes, et intertextualité, Fetjaine a façonné une image du

célèbre Merlin bien particulière : un enfant torturé, désillusionné et cynique mais aussi

malicieux, son sourire narquois toujours accroché aux lèvres. Un garçon, dont l’enfance

fut volée par les hommes, capables des pires gestes pour un peu de pouvoir. Un enfant

partant à la recherche la seule famille qui lui reste, retrouvant sa sérénité à travers son

osmose avec la nature. Là où la folie des hommes ne peut l’atteindre.

Page 41: CycleMerlin

41

VII. Bibliographie :

1. Bibliographie primaire :

- FETJAINE Jean-Louis, Le pas de Merlin, Paris, Pocket (Coll. « Science-fiction »,

n°5813), 2002, 336 p.

- FETJAINE Jean-Louis, Brocéliande, Paris, Pocket (Coll. « Science-fiction », n°5859),

2004, 332 p.

2. Bibliographie Secondaire : a) Source papier :

- BASTIAENSEN Michel, Littératures romanes comparées. Sorcières et magiciens, pactes et prodiges, Bruxelles, PUB, 2006, 119 p.

- BASTIAENSEN Michel, Cours de littératures romanes comparées, 2006-2007

- BORON (de) Robert, Merlin : roman du XIIIe siècle, éd. critique par Alexandre

Micha, Genève, Droz, 1979, 340 p.

- BRUCE Christopher W., The Arthurian name dictionary, New York, Garland, 1999,

504 p.

- BRUNEL Pierre (dir.), Dictionnaire des mythes littéraires, Nouvelle édition

augmentée, Monaco, Éditions du Rocher, 2000, p. 1039 -1052

- FARHI Sylvain, Merlin ou la réconciliation de l'homme et de la nature. De l'homme sauvage à l'Amour Absolu, Mémoire de licence, Bruxelles, U.L.B., 2004, 1 v.

- FERRÉ Jean, Dictionnaire des symboles, des mythes et des mythologies, Monaco,

Rocher, 2003, 747 p.

- GUYONVARC'H, Christian-J. & LE ROUX Françoise, Les druides, 4e édition revue et

augmentée, Rennes, Ouest-France, 1986, 448 p.

- MARKALE Jean, Les Grands Bardes gallois, préface d’André Breton, Paris, Gallimard,

1981, 138 p.

- MARKALE Jean, Nouveau dictionnaire de mythologie celtique, Paris, Pygmalion,

1999, 246 p.

- MOREL Corinne, Dictionnaire des symboles, mythes et croyances, Paris, Archipel,

2004, 958 p.

- PERSIGOUT Jean-Paul, Dictionnaire de mythologie celtique : dieux et héros, Monaco,

Editions du Rocher, 1985, 214 p.

- RAGER Catherine, Dictionnaire des fées et du peuple invisible dans l'Occident païen,

Turnhout, Brepols, 2003, 1041 p.

- RIO Bernard, L'arbre philosophal, Lausanne, Age d’homme, 2001,299 p.

- VILLEMARQUÉ (de la) Théodore Hersart, Myrddhin ou l’enchanteur Merlin, Paris,

Didier et Cie, 1862, 435 p.

Page 42: CycleMerlin

42

- WALTER Philippe (dir.), Le devin maudit : Merlin, Lailoken, Suibhne : textes et étude, Grenoble, ELLUG, 1999, 252 p.

b) Sources Internet :

- Annales Cambriae, http://www.kmatthews.org.uk/history/annales_cambrie/ac_b_frames.html

- Bruno Paul, Entretien avec Jean-Louis Fetjaine,

http://www.yozone.fr/article.php3?id_article=1530

- Culbreath Steven A., Encyclopedia of the Celts, mis à jour le 11 avril 2004,

http://www.celticgrounds.com/chapters/encyclopedia/a.html

- D’amours Guy, Origines littéraires de Merlin, crée en 1996,

http://www.decourberon.com/merlin/origines.htm

- Les vies successives. Preuves historiques, http://perso.orange.fr/charles.kempf/destinee/dest17.htm#n14

- Loicq Jean, Les druides dans l’ancienne société celtique, créé en 2001,

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/01/Druides.html

- Heather Rose Jones, Names of Women of the Brythonic North in the 5-7th Centuries: Languoreth, créé en 2003,

http://www.sca.org/heraldry/laurel/names/brythonic/languoreth.html

- Roussel Guillaume, le Cad Goddeu, créé en 1999, http://www.arbre-

celtique.com/encyclopedie/cad-goddeu-le-combat-des-arbrisseaux-1089.htm

- Science-fiction Magazine, Interview de Jean-Louis Fetjaine, créé le 7 aôut 2001,

http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=30

- Serge Jodra, Brocéliande, créé en 2004,

http://www.cosmovisions.com/$Broceliande.htm

- Serge Jodra, Robert de Boron, créé en 2004,

http://www.cosmovisions.com/Boron.htm

- Stohellou Eric, Le Gododdin ou Canu Aneirin, crée en 1998,

http://perso.orange.fr/sejh/keltia/version-fr/gododdin_fr.html

- Wikipédia, Aedan Dal Riada, http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%81edan_de_Dalriada

- Wikipédia, Anglesey, http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglesey

- Wikipédia, Ceirt, http://en.wikipedia.org/wiki/Ceirt

- Wikipédia, Colomba d'Iona, http://fr.wikipedia.org/wiki/Colomba_d'Iona

- Wikipédia, Comtés d’Irlande, http://fr.wikipedia.org/wiki/Comt%C3%A9s_d'Irlande

- Wikipédia, Druides, http://fr.wikipedia.org/wiki/Druide

- Wikipédia, Elfes, http://fr.wikipedia.org/wiki/Elfe

- Wikipédia, Fantasy, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fantasy

Page 43: CycleMerlin

43

- Wikipédia, Merlin, http://fr.wikipedia.org/wiki/Merlin

- Wikipédia, Owain ap Urien, http://fr.wikipedia.org/wiki/Owain_mab_Urien

- Wikipédia, Saint Kentigern, http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Mungo

- Wikipédia, Samain, http://fr.wikipedia.org/wiki/Samain

- Wikipédia, Le Sidh, http://fr.wikipedia.org/wiki/Sidh

- Wikipédia , Stonehenge, http://fr.wikipedia.org/wiki/Stonehenge

- Wikisource, Extrait de « la vie des Saints de la Bretagne armoricaine »,

http://fr.wikisource.org/wiki/Vie_des_saints_de_la_Bretagne_armoricaine

- Wikisource, Triads of Britain, http://en.wikisource.org/wiki/Triads_of_Britain

Page 44: CycleMerlin

44

VIII. Annexes :

1. Carte de la Bretagne :

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45

IX. Table des Matières:

I. Introduction :..................................................................................................................... 1

II. Présentation de l’auteur : .................................................................................................. 2

III. Résumé du cycle de Merlin : ........................................................................................ 3

1. Contexte historique : ..................................................................................................... 3

2. Géographie : ................................................................................................................... 3

3. Les Personnages : ........................................................................................................... 3

a) Les Bretons : ............................................................................................................... 3

b) Les Scots : ................................................................................................................... 4

c) Les Pictes : .................................................................................................................. 4

d) Les Létiviens : ............................................................................................................ 4

e) Les Elfes : ................................................................................................................... 4

4. Le pas de Merlin : .......................................................................................................... 5

5. Brocéliande : .................................................................................................................. 7

IV. Les origines de Merlin : ................................................................................................. 9

1. Myrddin, le Merlin celtique : ....................................................................................... 9

a) Les triades Galloises : ................................................................................................ 9

b) Les Annales Cambriae : ........................................................................................... 10

c) Les poèmes de Myrddin : ........................................................................................ 10

d) La légende de Lailoken:........................................................................................... 11

e) La folie de Suibhne : ................................................................................................ 11

2. Merlinus Ambrosius, le Merlin latin: ......................................................................... 12

a) Geoffroy de Monmouth : ........................................................................................ 12

b) Robert de Boron : .................................................................................................... 14

c) Les suites et réadaptations : .................................................................................... 14

V. Les spécificités du Pas de Merlin et de Brocéliande : .................................................... 15

1. Son nom : ..................................................................................................................... 15

2. Le mystère de sa conception : ..................................................................................... 15

3. Ses parents : ................................................................................................................. 16

4. La bataille d’Arderydd : ............................................................................................... 17

5. Blaise : .......................................................................................................................... 17

6. Ses pouvoirs, la connaissance du passé et du futur : .................................................. 18

7. Les elfes: ....................................................................................................................... 21

a) Origines : .................................................................................................................. 21

b) Les caractéristiques des elfes de Fetjaine: .............................................................. 22

c) Les indices sur les origines de Merlin: ................................................................... 23

d) Lailoken : ................................................................................................................. 24

e) Son apprentissage : .................................................................................................. 25

f) Les elfes et la religion chrétienne: .......................................................................... 26

8. Les multiples visages de Merlin : ................................................................................ 27

9. Les références et la culture celtiques : ........................................................................ 29

a) Recherche d’authenticité: ....................................................................................... 29

Page 46: CycleMerlin

46

b) Les citations : ........................................................................................................... 29

c) Slea Maith, les elfes : ............................................................................................... 29

d) Le Sid : ...................................................................................................................... 30

e) Samain : .................................................................................................................... 30

f) L’île de Môn et Les collines de Preseli : ................................................................. 31

g) L’Yeun Elez : ............................................................................................................ 31

h) Brocéliande : ............................................................................................................ 32

i) Cill Dara : ................................................................................................................. 33

j) Les Bandrui : ............................................................................................................ 33

k) Le druidisme : .......................................................................................................... 33

l) Bosquet sacré et ogham : ......................................................................................... 34

10. Les autres personnages : .......................................................................................... 36

a) Aedan Mac Gabran : ................................................................................................ 36

b) Ambrosius Aurelianus : ........................................................................................... 36

c) Artur Mac Aedan :................................................................................................... 37

d) Columb Cille : .......................................................................................................... 37

e) Gwendoloena : ......................................................................................................... 37

f) Gwendydd : ............................................................................................................. 37

g) Gwydion : ................................................................................................................ 38

h) Kentigen : ................................................................................................................. 38

i) Langoreth : ............................................................................................................... 38

j) Owen : ...................................................................................................................... 38

k) Paulus Aurelianus : .................................................................................................. 38

l) Taliesin : ................................................................................................................... 39

VI. Conclusion : ................................................................................................................. 39

VII. Bibliographie : ............................................................................................................. 41

1. Bibliographie primaire : .............................................................................................. 41

2. Bibliographie Secondaire : .......................................................................................... 41

a) Source papier : ......................................................................................................... 41

b) Sources Internet : .................................................................................................... 42

VIII. Annexes : ................................................................................................................. 44

1. Carte de la Bretagne : .................................................................................................. 44

IX. Table des Matières: ...................................................................................................... 45